10.07.2015 Views

Faire travailler les finances - Social Watch

Faire travailler les finances - Social Watch

Faire travailler les finances - Social Watch

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

que 100 mille Roumains étaient au chômage et el<strong>les</strong>prévoyaient que 30 mille supplémentaires allaientperdre leur emploi en 2009.En novembre 2008, le Ministre du Travail et desAffaires Socia<strong>les</strong> a déclaré qu’en 2009, la Roumaniepourrait absorber jusqu’à 500 mille retours detravailleurs de l’étranger, principalement en raisonde la pénurie de main d’œuvre sur des projets d’infrastructureet du secteur agricole. Néanmoins, cesdéclarations semblent destinées essentiellementà apaiser <strong>les</strong> inquiétudes de l’Italie et de l’Espagnepar rapport au fait que <strong>les</strong> travailleurs Roumainsdeviendraient une charge pour leurs plans d’allocationschômage, déjà trop tendus. Quoi qu’il en soit,d’après un sondage réalisé par la Fondation Sorosen septembre 2008, seulement 14 % des Roumainstravaillant en Espagne avaient l’intention de rentrerau pays en 2009.Banques étrangères, FMI et populationQuasiment toutes <strong>les</strong> banques roumaines ont étéprivatisées ces dernières années et vendues auxbanques étrangères. Jusqu’au début de la crisefinancière, <strong>les</strong> banques étrangères ont réalisé desgains énormes sur un marché en pleine et rapideexpansion. En 2008, BCR (Este Group/Autriche) acommuniqué sur une augmentation de ses gainsnets de 119,8 %, BRD Société Générale (France) aenregistré une hausse de 46 % et la banque Raiffeisen(Autriche) a augmenté ses gains de 75,6 % parrapport à 2007. Seulement pour ces trois banques,<strong>les</strong> plus importantes de Roumanie, le résultat netdépasse un milliard d’EUR.Lorsque la crise a éclaté, la Banque Nationale deRoumanie est intervenue afin de tenter de calmer lafolie des prêts liés à la concurrence, en imposant unesérie de restrictions visant à prévenir la cessation depaiements. Le niveau d’endettement a malgré toutbrusquement augmenté. Tout ceci a conduit à unscénario dans lequel, comme dans la majeure partiede l’Europe Centrale et de l’Est, <strong>les</strong> dettes roumainessont dues à des banques d’Europe occidentale,surtout basées en Autriche, France, Grèce et Italie.Sans jamais prendre en ligne de compte l’impactnégatif de leurs actions, <strong>les</strong> banques ont encouragéune tendance de consommation non pas basée surla production réelle de la véritable économie localemais sur une augmentation des importations en provenanced’Europe de l’ouest. Pour faire simple, avecl’argent prêté par l’Europe de l’ouest, ces banquesont soutenu leurs propres économies nationa<strong>les</strong> etont endettés la Roumanie et ses citoyens.Cette situation s’est aggravée du fait que <strong>les</strong>Gouvernements d’Europe de l’ouest ont fait pressionsur leurs banques pour se retirer en bradant<strong>les</strong> filia<strong>les</strong> installées en Europe de l’Est. La BanqueEuropéenne pour la Reconstruction et le Développement(BERD) s’attend à une cessation de paiementsallant jusqu’à 20 % pour <strong>les</strong> prêts d’Europe de l’Est,la Roumanie se trouverait parmi <strong>les</strong> pays <strong>les</strong> plustouchés. Les décideurs politiques de Bucarest sevoient limités au niveau des possibilités des politiquesfisca<strong>les</strong> du fait des restrictions qui s’imposentpour corriger <strong>les</strong> valeurs négatives de la balance despaiements. En même temps, un affaiblissement de lamonnaie nationale pourrait éventuellement déclencherune cessation de paiements qui malmènerait lastabilité financière. Afin de contrecarrer ces dangers,le Gouvernement a demandé et a reçu un prêt de 19,9milliards d’EUR du FMI, de la Commission Européenne,de la Banque Mondiale et de la BERD. Le FMIapportera 12,9 milliards d’EUR sur la totalité.Le Gouvernement a insisté sur le fait que le prêtest lié à l’engagement des banques étrangères enRoumanie de relancer le crédit sans externaliser <strong>les</strong>ressources du pays ni affecter <strong>les</strong> obligations dubudget national en matière d’éducation et santé. Finmars 2008, le FMI a obtenu des engagements écritsdes sièges centraux des principa<strong>les</strong> succursa<strong>les</strong>bancaires en Roumanie qui devraient continuer àsoutenir ces filia<strong>les</strong> et ne retireraient pas leur capital.Cependant, le Gouvernement a un mauvais vécu enmatière de résistance contre la pression étrangère.Il manque aussi de moyens pour trouver <strong>les</strong> « solutions» étrangères permettant de faire face aux problèmesnationaux. Que ce soit le Gouvernement ou lasociété civile, à quelques exceptions près, ils ont ététrès lents à exposer réellement <strong>les</strong> enjeux. Les mesuresd’austérité proposées par le Gouvernement,comprenant le gel des salaires et des retraites publiquesainsi que <strong>les</strong> hausses fisca<strong>les</strong> ont provoqué lemécontentement et la mobilisation des syndicats.Le prêt du FMI semble avoir été contractésous des pressions externes, principalement poursauver <strong>les</strong> intérêts des compagnies étrangères baséesen Roumanie. Il ne servira pas à rembourserla dette externe du pays mais à couvrir <strong>les</strong> dettesdes succursa<strong>les</strong> loca<strong>les</strong> des banques étrangères.On utilisera donc des fonds publics pour réparer <strong>les</strong>dégâts occasionnés par le capital privé. En général,<strong>les</strong> Gouvernements d’Europe Occidentale ont réussià manipuler ce dommage. Néanmoins, <strong>les</strong> réclamationsdésespérées du Gouvernement autrichienpour que le FMI et l’Union Européenne interviennentet sauvent leurs banques en Europe de l’est, démontrentque <strong>les</strong> banques étrangères prennent parfoisdes risques démesurés (par exemple, <strong>les</strong> banquesautrichiennes ont prêté à la région l’équivalent de70 % du PIB de l’Autriche). Le remboursement d’unprêt représentant 40 % du budget annuel de la Roumaniene sera possible dans <strong>les</strong> prochaines annéesqu’en diminuant le niveau de vie de la population.Crise de l’aide au développementEn 2007, en intégrant l’Union Européenne, la Roumanies’est engagée à contribuer en tant que paysdonateur au soulagement de la pauvreté dans lemonde, par sa participation à la politique d’aide del’Union Européenne et en configurant sa propre politiqued’aide officielle au développement (AOD). Il estprobable que la crise financière actuelle ait un effetradical sur <strong>les</strong> flux d’aide roumains. Le budget del’AOD géré par le Ministère des Affaires Étrangères(MAE) est passé de 5 millions d’EUR en 2008 à 1,9millions d’EUR en 2009. Pendant ce temps, le prêt duFMI portant sur plusieurs millions a déjà imposé deslimites budgétaires aux domaines « non essentiels »et le remboursement du prêt (en 2015) affectera lebudget de l’AOD pour de nombreuses années. Mêmelorsque <strong>les</strong> contributions multilatéra<strong>les</strong> d’AOD semaintiennent à un niveau relativement constant, i<strong>les</strong>t très peu probable que l’on atteigne l’objectif de0,17 % d’AOD auquel le Gouvernement s’est engagépour 2015.Les organisations de la société civile (OSC) ontsignalé que l’ensemble de la politique de coopérationau développement roumaine était en danger de disparition.Il est déterminant que tout l’investissementantérieur sur la capacité institutionnelle récemmentdéveloppée pour le MAE sera touché. Le Gouvernementa fait face à la majeure partie de ses besoinsinternes de développement de compétence par latertiairisation de tâches spécifiques avec le PNUDRoumanie. Les OSC s’inquiètent parce que, de cettefaçon, le Gouvernement perd son principal objectif àcourt terme: Renforcer la capacité nationale.Un signe clair des impacts de cette approchea été le changement de la structure administrativeinterne du MAE au début de l’année 2009. Alors quele Gouvernement a consacré des ressources financièresimportantes au PNUD Roumanie pour recruterdes experts, l’agence de l’Aide au Développement,sous tutelle du MAE, est descendue de catégorie etson personnel a été réduit de moitié avec la diminutionconséquente de sa capacité de programmationet de gestion de l’aide au développement. Même si entemps de crise, <strong>les</strong> coupes budgétaires sont compréhensib<strong>les</strong>,le fait de détruire la capacité administrativedes institutions publiques n’est pas acceptablelorsque <strong>les</strong> conséquences portent à long terme. Lesreprésentants du PNUD devraient comprendre quele fait de détourner des ressources et de retarder <strong>les</strong>processus de renforcement du pouvoir, risque deporter préjudice aux acteurs locaux de la coopérationau développement en Roumanie. n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 151 Roumanie

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!