10.07.2015 Views

Faire travailler les finances - Social Watch

Faire travailler les finances - Social Watch

Faire travailler les finances - Social Watch

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Stabilité du marché hypothécaireLa politique bancaire en vigueur qui fixe à 30 % le montantexigé de contribution propre, écarte toute possibilitéd’achat de logement individuel pour la majorité de la population,dans le même temps il manque environ deuxmillions d’appartements sur le marché 8 . La conséquencela plus probable sera une hausse radicale des loyers, mais<strong>les</strong> prix des appartements à la vente ne devront pas nécessairementbaisser rapidement. De même, <strong>les</strong> frais d’amortissementdes prêts hypothécaires en devise étrangère(79 % à 81 % du total du portefeuille de crédit en 2008 9 )ont énormément augmenté en raison de la subite chute dela valeur du zloty et du changement très peu favorable enpolitique bancaire du calcul des marges de flottaison.La population pense que <strong>les</strong> banques manipulent letaux de change au détriment des clients. A l’heure actuelle,la différence entre <strong>les</strong> valeurs d’achat et de vente peutatteindre 12 % 10 ; et pas même l’Agence de la Concurrenceet de la Protection des Consommateurs ne peut imposerde restrictions sur le taux de change. Des groupes deconsommateurs se réunissent via Internet afin de se procurerdes devises étrangères en grosses quantités dansl’espoir de négocier le montant du spread et même parfoisde renégocier <strong>les</strong> conditions de leurs contrats de crédit 11 .La crise du crédit et la menace debanqueroute généralisée15 % des entreprises ont déjà des problèmes pour obtenirdes crédits de fonctionnement 12 . Les banques ont durci<strong>les</strong> conditions de délivrance des prêts pour 50 % des entreprises,situation qui s’aggravera certainement en 2009.D’après <strong>les</strong> pronostics préliminaires, la banque disposerade deux fois moins de fonds à prêter en 2009 que l’annéeprécédente. Il est tout à fait probable qu’el<strong>les</strong> aient commencéà démarcher <strong>les</strong> entreprises pour qu’el<strong>les</strong> soldentou renégocient leurs prêts en réclamant des indemnitésde retard selon <strong>les</strong> conditions du contrat de crédit 13 . En2008, par pression de la concurrence, <strong>les</strong> banques ontdélivré de nombreux prêts avec des marges d’intérêt réduitesau minimum, ces prêts sont aujourd’hui devenusune charge pour <strong>les</strong> banques. Les petites et moyennesentreprises qui manquent de garanties significatives dansleur capital privé sont particulièrement menacées.En plus de la crise du crédit, des milliers de sociétéssont tombées dans le piège des stock options et el<strong>les</strong>frôlent aujourd’hui la banqueroute. Encouragées par <strong>les</strong>banques, <strong>les</strong> entreprises ont acquis des stock optionsen grandes quantités pour protéger <strong>les</strong> bénéfices deleurs exportations. A la suite de la rapide dévaluation duzloty, non seulement ces entreprises ont perdu la totalité8 Enquête sur Internet menée par Money.pl disponible sur :.9 Données fournies par l’Association des Banques Polonaiseset rendues public lors d’une conférence en décembre 2008.Disponible sur : .10 Enquête sur Internet menée par Money.pl disponible sur :.11 Dominiak, T. “Polacy buntuj¹ siê przeciwko bankom.”POLSKA The Times, 25 février 2009.12 Enquête réalisée par la Confédération polonaise des Chefsd’Entreprises du Privé Lewiatan. Voir : .13 Niklewicz, K, Samcik, M et Hałabuz, N. “Znikające taniekredyty.” Gazeta Wyborcza, 24 février 2009.de leur capital de départ mais el<strong>les</strong> ont aussi cumulé desdettes colossa<strong>les</strong> en raison de contrats mal protégés.Le déficit démocratiqueD’autres gros problèmes sont la baisse des revenus del’état et l’augmentation des dépenses du paiement de ladette publique. Ces deux points sont étroitement liés à ladéficience démocratique régnante : aucun débat publicn’est venu encadrer le nouveau prêt d’urgence de la BanqueMondiale pour un montant de 3.750 millions d’euroset <strong>les</strong> activités de l’État sont, dans une grande mesure, peuclaires pour <strong>les</strong> médias, <strong>les</strong> élus et le public. Lorsque laDepository Trust & Clearing Corp. (qui intervient commeregistre central du commerce d’échange de crédits) apublié ses rapports, avec <strong>les</strong> mille contrats <strong>les</strong> plus importants,il s’est avéré que la République de Pologne ainsi qued’autres états souverains, avaient participé au commercede produits dérivés comme le secteur privé. Depuis ledébut du XXI ème siècle, l’OCDE, la Banque Mondiale etle Fonds Monétaire International (FMI) ont organisé desformations et séminaires pour <strong>les</strong> fonctionnaires du Ministèrede l’Économie afin de participer à la création et à lanégociation des marchés de dette publique. Lorsque l’Étatintervient en tant que société commerciale, il abandonneses citoyens, en particulier ceux qui ne génèrent pas derevenus pour l’État ou le marché.Conséquences – disparités hommes-femmesEn 1989 et 1990, lorsque la Pologne a emprunté lavoie du libre marché, <strong>les</strong> premières victimes ont été <strong>les</strong>ouvrières du secteur textile, <strong>les</strong> usines non-compétitivesfermaient et rien ne venait <strong>les</strong> remplacer. A l’heureactuelle, le secteur textile rajeuni, où prédominent <strong>les</strong>femmes, fait une nouvelle fois l’objet de réduction : àmesure que <strong>les</strong> commandes d’importations (principalementdepuis l’Allemagne) diminuent, <strong>les</strong> sous-traitantslocaux réduisent leurs activités ou ferment, ce qui mèneà une perte sèche évaluée à 40.000 emplois 14 .Prisonniers de l’économie souterraineLa baisse des revenus familiaux attribuée à la crise économiquepourrait générer l’appauvrissement de groupessociaux entiers, en particuliers <strong>les</strong> classes populaires etmoyennes. Il est tout à fait probable que l’impact soit plussignificatif chez <strong>les</strong> femmes, ce sont el<strong>les</strong> qui, par tradition,prennent la plus grosse responsabilité quant au bien-êtrefamilial (ceci est vrai en particulier dans <strong>les</strong> groupes aux revenus<strong>les</strong> plus faib<strong>les</strong>). Certains analystes signalent que lacrise amplifie le secteur « au noir »(informel) de l’économiepolonaise à mesure que de nombreux chefs d’entreprise,en particulier <strong>les</strong> petits, tentent de minimiser <strong>les</strong> coûts salariauxet évitent la fiscalité et autres coûts liés au travail légal.Il semble très probable que le développement de l’économieau noir affecte davantage <strong>les</strong> femmes que <strong>les</strong> hommes,ce sont el<strong>les</strong> qui sont embauchées sur <strong>les</strong> emplois faiblementrémunérateurs, en particulier dans le secteur desservices privés (par exemple la vente au détail).Limites à la génération de revenusLa diminution des moyens financiers transfère <strong>les</strong> coûtssociaux de la crise financière sur <strong>les</strong> foyers et <strong>les</strong> fem-14 Brzoska, P. “Lodz cienko przedzie, szwaczki znow tracaprace.” Polska – Dziennik Łódzki, 29 décembre 2008. Voir :.mes en particulier. Environ 60 à 70 % du travail non-rémunéréd’aide à la famille est effectué par <strong>les</strong> femmes 15 .La classe sociale, l’origine ethnique, l’âge et la situationgéographique sont <strong>les</strong> éléments déterminants pourdistinguer l’impact qu’a cette crise économique sur <strong>les</strong>hommes et <strong>les</strong> femmes. Par exemple, en raison desfrais élevés de location d’un logement, la mobilité surle marché du travail devient limitée pour <strong>les</strong> habitantsde petits villages situés dans des zones où la récessionéconomique est importante. L’obligation, enracinée auniveau institutionnel, de fournir le travail domestiqueau sein du foyer, limitent encore davantage la capacitédes femmes en âge de se reproduire à chercher desmoyens alternatifs de création de ressources.Organisations de femmesDe nombreuses organisations de défense des droitsde la femme, y compris des ONG, savent déjà ce quesignifie perdre des fonds à mesure que <strong>les</strong> dons des entreprisesprivées et des particuliers diminuent fortement.Les fonds publics ont également diminué en raison de labaisse estimée du PIB pour 2009, obligeant à faire descoupes dans de nombreux programmes budgétaires.Le budget du Fond d’Initiatives Civiques, un programmegouvernemental qui soutient <strong>les</strong> organisations à butnon lucratif, sera diminué de moitié. Tant que <strong>les</strong> objectifsnéolibéraux sont la priorité (gestion de la diversité,discrimination, esprit d’entreprise) et que <strong>les</strong> ONG endossentle rôle de prestataires de services à mesure quel’État se retire du secteur social, le fond a apporté desressources importantes pour soutenir <strong>les</strong> activités desONG. Il est tout à fait probable que le financement que <strong>les</strong>ONG reçoivent des autorités loca<strong>les</strong> chute également.Par ailleurs, la crise économique a déjà eu uneconséquence négative sur la capacité des ONG defemmes à recevoir des fonds aussi bien de la part desdonateurs privés que publics pour leur participation àun projet financé conjointement avec la CommissionEuropéenne. Ceci est spécialement alarmant car, alorsque <strong>les</strong> fonds de l’Union Européenne ont généré de nouvel<strong>les</strong>opportunités pour <strong>les</strong> ONG en Pologne, ni l’État,ni <strong>les</strong> autorités loca<strong>les</strong> n’ont développé <strong>les</strong> mécanismesnécessaires pour apporter un soutien financier aux ONGqui obtiennent des fonds de l’Union Européenne.Un scénario lugubreIl est possible qu’une situation d’aggravation économiques’installant dans le temps cause des conflits sociauxet politiques au cours des prochaines années. L’éventuellepolarisation économique, le chômage montant et lecuisant échec des marchés financiers ainsi que le budgetpublic pourraient être l’antichambre du développementde comportements et partis radicaux, conservateurs etde droite. La montée du néo-conservatisme pourraitencourager des valeurs traditionnel<strong>les</strong>, patriarca<strong>les</strong> etcantonner <strong>les</strong> femmes à leur rôle traditionnel. « cuisine,enfants et peut-être l’église ». De plus, parce qu’on <strong>les</strong>considère comme bien plus importantes, <strong>les</strong> questionséconomiques peuvent dominer le discours public etcauser une marginalisation des problèmes sociaux etdes problèmes liés aux rapports hommes-femmes. n15 Budlender, D. “The statistical evidence of care and non-carework in six countries.” Genève : Institut de Recherche desNations Unies pour le Développement <strong>Social</strong> (UNRISD). 2008.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 139 Pologne

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!