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Faire travailler les finances - Social Watch

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foyers. Il est possible également qu’il y ait une augmentationde la recherche d’emploi pour son proprecompte. De tel<strong>les</strong> stratégies pourraient avoir des effetssignificatifs sur l’augmentation du travail non rémunéréau sein des famil<strong>les</strong>, avec une retombée du fardeau sur<strong>les</strong> femmes et <strong>les</strong> enfants. En même temps, la saturationde ce type d’emplois tendrait à réduire encore plus<strong>les</strong> revenus par tête et par foyers qui en dépendent, car<strong>les</strong> niveaux de pauvreté associés à ce type d’emploissont déjà très importants.D’autre part, la hausse des prix des alimentsobservée en 2007 et 2008 a eu un sévère impactsur <strong>les</strong> plus pauvres, leur accès aux aliments a étéfortement réduis et ceci a contribué à aggraver leursituation. En décembre 2007 l’indice de prix desaliments avait augmenté de 24,9 % par rapport àdécembre 2006, tandis qu’en décembre 2008 il avaitencore augmenté de 22,5 % en plus.Cette restriction dans l’accès aux aliments neconcernerait pas uniquement <strong>les</strong> catégories urbainesdéfavorisées qui, selon L’Organisation des NationsUnies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO),constituent 93,8 % des acheteurs nets d’aliments,mais elle concerne également <strong>les</strong> catégories <strong>les</strong> plusdéfavorisées en milieu rural, dont 73 % seraientaussi des acheteurs nets d’aliments. La dégradationde la situation économique des foyers pourrait compliquerdavantage l’accès aux aliments et pourraitaggraver la situation de faim dans un pays où 22 %de la population souffre de sous-nutrition.Les femmes sont <strong>les</strong> plus touchéesLes femmes constituent un groupe de la populationspécialement vulnérable face aux effets de la crise. Selonl’Institut National d’Information du Développement(INIDE), 71 % des femmes qui vivent dans <strong>les</strong> zonesrura<strong>les</strong> en âge de <strong>travailler</strong>, et 58 % de cel<strong>les</strong> qui viventdans <strong>les</strong> agglomérations, ne s’incorporent pas au marchédu travail et, par conséquent, n’ont pas de sourcesde revenus propres. La diminution des revenus familiauxpourrait se traduire par une surcharge du travailféminin au sein des foyers, dans le but de produire <strong>les</strong>biens qui ne pourront plus être acquis sur le marché.D’autre part, 86,5 % des Nicaraguayennes travaillentdans <strong>les</strong> secteurs liés aux services (35,8 %),au commerce (32,3 %) et à l’industrie manufacturière(18,4 %). Ce sont <strong>les</strong> secteurs qui pourraientêtre <strong>les</strong> plus touchés par le chômage ou par la précarisationde l’emploi à conséquence de la crise. Defait, <strong>les</strong> femmes ont été <strong>les</strong> plus touchées par la perted’emplois dans <strong>les</strong> zones franches.Les mesures pour contenir <strong>les</strong> effetsde la criseLimiter <strong>les</strong> effets de la crise économique internationa<strong>les</strong>ignifierait principalement d’atténuer la décélération de lademande globale ou des frais orientés vers l’acquisitionde biens et de services domestiques. L’instrument auquelont recours le plus fréquemment <strong>les</strong> gouvernementspour faire face aux pressions récessives est la mise enœuvre d’une politique monétaire et de crédit expansive,pour relancer la consommation et l’investissement etatténuer <strong>les</strong> problèmes de liquidité, ce qui signifie quela Banque Centrale pourrait : 1) réduire le coefficient deréserve légale, 2) acquérir à nouveau <strong>les</strong> lettres de changeplacées à travers des opérations à marché ouvert, ou 3)réduire le taux de remise qu’elle applique aux lignes decrédit qu’elle accorde au système financier.Dans tous <strong>les</strong> cas, il sera indispensable de disposerde lignes de crédit pour soutenir <strong>les</strong> banques quipourraient, éventuellement, éprouver des problèmesde liquidité – dû, par exemple, au retrait de leurs sourcesde financement externe–ou bien pour qu’el<strong>les</strong>puissent soutenir <strong>les</strong> entreprises qui ont des problèmesde liquidité. Dans un cas extrême, il faudra êtreen mesure de recapitaliser <strong>les</strong> banques qui pourraientavoir des problèmes de solvabilité. Ceci ne signifie pasque le secteur financier sera traité de manière privilégiée,mais le fait qu’il soit instable pourrait avoir desrépercussions extrêmement graves sur l’économieréelle (l’actuelle crise mondiale a commencé par une« simple crise » du secteur financier).Jusqu’à présent, la mesure la plus importanteentreprise par le Gouvernement a été d’obtenir uneligne de crédit de la Banque Centraméricaine d’IntégrationÉconomique (BCIE), qui sera utilisée dansl’éventualité ou des banques éprouveraient des difficultésfinancières.Toutefois, il est difficile que <strong>les</strong> banques développentdes opérations offensives de crédit face auxperspectives précaires et incertaines des différentssecteurs de l’économie. Le crédit bancaire tend à êtrepro-cyclique, c’est-à-dire, qu’il se restreint lorsque<strong>les</strong> circonstances économiques se détériorent, <strong>les</strong>détériorant davantage.Pour contrecarrer la contraction de la demandeglobale, résultat de la diminution de la consommationprivée et de l’investissement, il serait logiqued’accroître <strong>les</strong> dépenses publiques. Cel<strong>les</strong>-ci représentent,tout comme <strong>les</strong> frais privés, une partie de lademande globale, capab<strong>les</strong> de relancer l’activité économiqueet l’emploi. Au contraire, si au lieu d’augmenter<strong>les</strong> dépenses publiques cel<strong>les</strong>-ci diminuent,la récession va s’aggraver ; c’est-à-dire que la réductiondes dépenses publiques sera pro-cyclique.La meilleure option pour résister à une telledécélération de la demande globale serait de proposerun plan d’investissements publics qui permettede compenser la chute de la croissance des autrescomposantes de cette demande. C’est le schémaprivilégié partout dans le monde.Un programme offensif d’investissements publicsen infrastructure de base, de mise en place rapide, telque – la réparation et l’entretien de chemins et l’améliorationdu réseau relatif à la voierie, l’expansion etl’amélioration du réseau de distribution d’eau potable etd’assainissement, l’expansion du réseau de distributiond’énergie, le maintien, la réparation et la construction denouvel<strong>les</strong> sal<strong>les</strong> de classe, de logements, etc. –, ainsiqu’un programme pour améliorer la productivité des petiteset moyennes unités économiques, urbaines et rura<strong>les</strong>,présenteraient plusieurs avantages. Non seulementils contribueraient à contrecarrer ou du moins à atténuerl’impact de la crise, mais ils permettraient aussi de créerdes actifs et des capacités qui contribueraient au futurdéveloppement du pays. De tels investissements constituentune des conditions préalab<strong>les</strong> et <strong>les</strong> éléments fondamentauxdu processus de développement.Il s’avérera essentiel, en outre, de protéger partous <strong>les</strong> moyens possib<strong>les</strong> <strong>les</strong> dépenses essentiel<strong>les</strong>à l’investissement en capital humain, notamment<strong>les</strong> frais liés à l’éducation, à la santé, à l’accès auxmédicaments essentiels et à la nutrition. Il faudraégalement accroître <strong>les</strong> dépenses en protectionsociale, car elle constitue l’amortisseur des effets<strong>les</strong> plus graves de la pauvreté dans un contexte defluctuations non désirées de l’économie.Les mesures à long termeToutefois, il ne suffit pas de faire face à l’impact de lacrise seulement à court terme. Il est indispensabled’amorcer le changement de direction du pays. Il fautdépasser, de manière ferme, <strong>les</strong> conditions qui produisentle retard et qui marginalise l’agriculture 5 et <strong>les</strong> zonesrura<strong>les</strong>. Il faut remettre en question l’actuel modèlede croissance et il faut effectuer un effort extraordinaired’investissement en capital humain et en infrastructurede base. Notre proposition est de faire un effort nationalsans précédent pour atteindre, dans un délai sansappel, une série d’objectifs fondamentaux :• Eradiquer l’analphabétisme des adultes. Il faudraarriver, à la date fixée, à un taux d’alphabétisationde 100 % de la population âgée deplus de 15 ans.• Généraliser l’éducation avant l’école primaire,élevant à 100 % le taux net d’inscription desenfants de 3 à 5 ans.• Atteindre un taux d’inscription nette à l’écoleprimaire de 100 %.• Obtenir qu’au moins 80 % des fil<strong>les</strong> et garçonsinscrits en première année de l’éducation primaire,puissent terminer le cycle complet del’enseignement primaire.• Atteindre un taux net d’inscription en Secondairede 75 %.• Elever de manière significative la qualité et la pertinencede l’éducation pour tous <strong>les</strong> niveaux.• Obtenir, dans le délai établi, que l’on puisse atteindreune scolarité moyenne au niveau national,de 9 ans. n5 L’agriculture représente 21 % de la valeur ajoutéebrute produite par <strong>les</strong> divers secteurs de l’économienicaraguayenne, et elle emploie autour de 30 % des forcesde travail du pays. Il s’agit du secteur qui génère le plusd’emplois.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 125 Nicaragua

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