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Faire travailler les finances - Social Watch

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tégrité Publique, mettent l’accent sur l’importance decompter sur une loi capable de contrôler <strong>les</strong> conflitsd’intérêts, du fait que la plupart des entrepreneursnationaux vont de pair avec avec l’élite politique. Unexemple remarquable est celui du président de laRépublique qui possède des actions dans un grandnombre d’entreprises installées au Mozambique 4 .Agriculture et faimPlus de la moitié de la population survit grâce à l’agriculturede subsistance. Cependant, <strong>les</strong> investissementsdans ce secteur ont été faib<strong>les</strong>. L’agriculturereçoit entre 3 % et 4 % par an du Budget Général del’État, un chiffre trois ou quatre fois inférieur à l’argentdestiné aux services de sécurité. Dans ce sens,le pays a encouragé la production de jatrophe, uneplante vénéneuse, matière première pour la productionde biocombustib<strong>les</strong>, ayant pour conséquenceque plusieurs secteurs de la population ont laisséde côté la production agricole pour se consacrer àla culture de cette plante. La population de Mogincualreprésente un exemple concret : elle a connu lafamine en 2008 à cause de la baisse de productivitéagricole et de la priorité donnée à la production de jatrophe,dont le marché n’a pas encore été développédans le pays 5 . Les terres choisies pour la culture dujatrophe, notamment dans <strong>les</strong> provinces de Gaza,Manica, Solafa, Tete et Nampula sont très ferti<strong>les</strong> cequi pourrait réduire, dans <strong>les</strong> années qui viennent, laproduction pour la consommation familiale et, parconséquent, intensifier le problème de la famine. Deplus, des entreprises spécialisées se sont consacréesà d’autres types de cultures destinées à l’exportationcomme, par exemple, la canne à sucre.Défis en éducation et en santéD’après l’UNICEF, plus d’un million d’enfants sontexclus du système éducatif et un enseignant du Mozambiquea sous sa responsabilité une moyennede 74 élèves 6 . Pour améliorer l’éducation il seraitnécessaire d’abolir <strong>les</strong> frais d’inscription et, en mêmetemps, d’augmenter <strong>les</strong> investissements en éducationet en matériel scolaire ainsi que le nombre deprofesseurs ; l’accès des jeunes à l’éducation devraitêtre élargi. Le rapport de l’UNICEF signale que<strong>les</strong> progrès significatifs en matière d’expansion del’enseignement n’ont pas été accompagnés d’uneaugmentation des investissements dans le secteur. I<strong>les</strong>t bien connu que près de la moitié des enseignantsprimaires n’a pas reçu de formation professionnelleformelle.Les services nationaux de santé n’atteignentque 30 % de la population. Plus de 65 % des enfantsont un déficit en vitamine A 7 . En 2008 le G-19 a injectédans le budget général 308 millions d’euros environ,4 Voir : .5 Voir : .6 Voir : .7 Voir : Rafael Machava, “A situaçao da pobreza enMoçambique: diferenciaçoes regionais e principaisdesafios”, sur : < www.cecemca.rc.unesp.br/ojs/index.php/estgeo/article/view/542>.et a même conseillé le Mozambique de renforcer lasécurité sociale, l’accès à la justice et la lutte contrela malaria (la maladie la plus meurtrière du pays),le choléra, et le VIH/SIDA. Les programmes pourprévenir et combattre <strong>les</strong> maladies sont tout à faitinsuffisants et sont concentrés dans <strong>les</strong> principa<strong>les</strong>zones urbaines, au détriment des régions rura<strong>les</strong> 8 . Ilexiste encore d’autres problèmes dans le secteur dela santé tels que le manque de ressources humainesqualifiées pour la formation et le besoin de plus deressources techniques et financières.La situation du VIH/SIDA est très grave. Lacontagion a été estimée à 500 personnes par jour 9et, actuellement, elle atteint 16,2 % de la population.Les Nations Unies affirment que le taux d’incidenceest 1,7 fois plus élevé chez <strong>les</strong> femmes 10 . Certainesestimations indiquent que le VIH/SIDA réduira lacroissance économique per capita du pays entre 0,1et 0,3 % chaque année. On prévoit que l’espérancede vie va chuter de 37,1 ans en 2006, à 35,9 ans en2010 11 .Autres défisLes pays du G-19 ont demandé au gouvernement derenforcer sa capacité pour garantir la sécurité socialeet d’améliorer l’accès à la justice. Ils ont égalementmanifesté leur préoccupation du fait de l’excès debureaucratie, du manque d’énergie pour combattrela pauvreté en général et des progrès insuffisantsdans le domaine de la lutte contre la corruption ayantété identifiée comme la cause de tous <strong>les</strong> maux quifreinent le développement du Mozambique.Pour attaquer l’inégalité de la distribution desrevenus, le Gouvernement a créé un fonds connucomme « Sept millions de metica<strong>les</strong> » (environ264.000 d’USD), afin de stimuler <strong>les</strong> districts ruraux,à travers la formation, pour que la population,organisée en associations, puisse entreprendre desinitiatives loca<strong>les</strong> de génération de revenus. Cependant,l’initiative du fonds local a été très critiquéepour avoir été lancée sans objectifs clairs ni modalitéd’administration prédéfinie. Les administrations dedistrict ayant été mises en fonction ne possèdent pas<strong>les</strong> compétences nécessaires à la gestion bancaireou pour gérer <strong>les</strong> institutions de micro <strong>finances</strong>.De plus, <strong>les</strong> travailleurs de ces districts rurauxse trouvent parmi <strong>les</strong> moins qualifiés du pays. Lesrapports publiés jusqu’à maintenant indiquent que,outre <strong>les</strong> associations fantômes créées pour recevoirl’argent, plus de la moitié des débiteurs ne sont plussusceptib<strong>les</strong> d’être localisés et il n’y a pas de garantiesde remboursement des prêts. Certains critiquesaffirment que le fonds a été créé pour assurer au Frelimo,parti au pouvoir depuis 1975, une plus grandevisibilité et plus de présence dans <strong>les</strong> districts et dans<strong>les</strong> zones rura<strong>les</strong>.Le programme, démarré en 2007, n’atteint toujourspas de résultats dans la pratique ; <strong>les</strong> fonds8 Ibid.9 Institut Nacional des Statistiques. “Contendo dados do HIV/SIDA.”. CD-Rom. 2004.10 Voir : .11 Voir : .sont administrés de manière subjective, il existe uneutilisation politique de l’initiative favorisant notamment<strong>les</strong> associations de personnes affiliées au partiau pouvoir, le Frelimo.Le Gouvernement a approuvé une politique salarialede moyen terme dans le but de séduire et deretenir le personnel qualifié, notamment dans <strong>les</strong> districtsruraux. Mais dans la pratique, <strong>les</strong> techniciensplus qualifiés préfèrent <strong>travailler</strong> dans le secteur privéqui leur permet d’accéder à de meilleurs salaires et àde meilleures conditions de travail.À partir de novembre 2008, le Mozambique aété réorganisé en 43 conseils municipaux (contre 33auparavant). L’initiative de continuer avec la décentralisationdes fonds sectoriels et des compétencesconcernant leur gestion, est encore en vigueur. Lesdistricts sont considérés comme des pô<strong>les</strong> de développementayant commencé le processus de décentralisationde fonds. Il a cependant été vérifié qu’unegrande partie du budget est encore administrée auniveau central et/ou provincial. Ces ressources doiventsubir une décentralisation similaire à celle del’administration. Pour ce faire, il faut former <strong>les</strong> genset développer <strong>les</strong> infrastructures, dont l’électricité, leréseau téléphonique et <strong>les</strong> institutions bancaires.De cette manière, le défi de décentraliser <strong>les</strong> ressourcesainsi que <strong>les</strong> compétences, revient à créerdes capacités en matière de ressources humaines.ConclusionsBien que le Gouvernement ait réussi à soutenir unepolitique appréciée à l’étranger, au niveau interne, iln’arrive pas a maintenir un dialogue constant, inclusifet participatif avec <strong>les</strong> citoyens ; de ce fait, il estpresque impossible d’obtenir des progrès vis-à-visdu développement humain à court et à moyen terme.Les faib<strong>les</strong>ses du système judiciaire ainsi que la discriminationen fonction des préférences politiques,représentent de grands obstac<strong>les</strong> pour le développement.Le défi est toujours là : la démocratie doit êtrerenforcée et l’administration publique doit devenirplus juste et transparente. n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 121 Mozambique

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