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Faire travailler les finances - Social Watch

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aux fonds de garantie et d’autres instruments d’aidepour l’industrie, aux investissements en actifs et aux relancesfisca<strong>les</strong>. Les quatre objectifs principaux du plande relance sont la protection et la création d’emplois, laréduction du poids de la crise sur la population, l’assistanceau secteur privé et la formation pour l’avenir.Avec l’augmentation de la perte d’emplois et la perspectivede davantage de licenciements, le Gouvernement acommencé à revoir sa politique par rapport aux travailleursétrangers qui ont représenté une source indispensablepour beaucoup de secteurs. Inquiet du grand nombrede licenciements, le Gouvernement a annoncé que <strong>les</strong>entreprises qui souhaitent réduire leur personnel devrontlicencier <strong>les</strong> travailleurs étrangers avant <strong>les</strong> Malaisiens.La Malaisie – un des plus grands importateurs demain-d’œuvre d’Asie – compte deux millions de travailleursétrangers (venant principalement de son voisin l’Indonésie– 66 % – suivi du Népal et de l’Inde) qui sont le principalsoutien des plantations et du secteur manufacturier. Maisà présent que le chômage augmente, le Gouvernementa interdit l’embauche de travailleurs étrangers dans <strong>les</strong>secteurs des produits et des services. Les permis de travailauraient été réduits de plus de 70 % cette année. LeGouvernement a aussi approuvé une proposition pourdoubler la charge que <strong>les</strong> entreprises doivent payer pour <strong>les</strong>travailleurs étrangers afin de décourager leur embauche.Cependant <strong>les</strong> activistes craignent que <strong>les</strong> entreprisestransfèrent l’augmentation de ces coûts surleurs travailleurs étrangers, leur portant d’autant pluspréjudice qu’ils se trouvent déjà accablés par <strong>les</strong> tarifsconsidérab<strong>les</strong> que leur imposent <strong>les</strong> agents de travail.Ils proposent à la place l’établissement de salaires minimumspour réduire l’engagement de travailleurs étrangerspuisque <strong>les</strong> entreprises ont tendance à <strong>les</strong> engagercar moins chers à l’embauche que <strong>les</strong> Malaisiens. Enconséquence de quoi leurs salaires sont généralementen dessous du seuil de pauvreté.Le plan de relance et son résultat incertainLe budget infime du Gouvernement comprend plusieursmesures à moyen et long terme, mais certainsobservateurs signalent le manque d’initiatives qui permettentd’aborder la nécessité immédiate et urgented’affronter la chute de l’économie, de relancer la demandeet d’augmenter <strong>les</strong> affaires, qui sont considérésdes facteurs critiques de tout budget de relance prévupour surmonter une crise. Par contre, le budget a étécritiqué parce qu’il se concentre sur ce qui semble êtrele sauvetage des entreprises, car presque la moitié del’argent sera destiné à l’assistance du secteur privé etque seulement 17 % le sera à l’aide de la population, quisubit dans son ensemble <strong>les</strong> conséquences du coût dela vie élevé. L’inquiétude portant sur le fait que pendantla crise économique <strong>les</strong> besoins spécifiques des femmes,à l’exception des mères célibataires, ne soient paspris en compte existe également, puisque seulement1,4 % du budget a été destiné aux moins favorisés.Le succès du plan de relance économique dépendrade son exécution, de son instrumentation etde sa transparence pour le déboursement des fonds.Ce qui déterminera si l’effet compte-gouttes et multiplicateurdu plan de relance comprend une grandepartie de la population sans favoriser seulement <strong>les</strong>entreprises et <strong>les</strong> individus qui entretiennent de bonsrapports avec le Gouvernement comme par le passé.En réponse aux demandes de transparence etd’élaboration d’un compte rendu, le Gouvernement aannoncé qu’il mettra en place un site web spécial poursuperviser <strong>les</strong> dépenses des fonds du plan de relanceéconomique. Ce site offrira au public l’information sur<strong>les</strong> postes attribués et le montant dépensé, <strong>les</strong> programmeset <strong>les</strong> projets mis en place et leur progression. Cegenre d’initiative est quelque chose de relativementnouveau et correspond à une réponse à la pressioncroissante exigeant que le gouvernement rende davantagede comptes alors qu’il se caractérisait jusque là parsa corruption et son clientélisme politique. Mais commepour tout ce qui se passe avec <strong>les</strong> politiques du Gouvernement,la mise en place de ce site est en instance.Un scénario incertainEn dépit du panorama plutôt sombre, <strong>les</strong> économistessignalent souvent <strong>les</strong> solides bases économiques dela Malaisie et son expérience après la crise financièreasiatique de 1997, pensant qu’el<strong>les</strong> lui permettront desurmonter la crise actuelle. Mais cette crise internationalecontinue à se développer et personne ne connaîtréellement quel<strong>les</strong> en seront la profondeur et la durée.Tandis que le secteur bancaire, pour l’instant, se montrerésilient, il sera éventuellement touché à mesure que <strong>les</strong>entreprises présenteront des difficultés pour amortirleurs prêts. Et bien que <strong>les</strong> prêts non recouvrab<strong>les</strong> puissentêtre gérés, pour le moment encore, il n’en sera pasde même dans l’avenir puisque déjà certains analystesprévoient que la récession qui viendra pourrait être pireque celle issue de la crise asiatique de 1997.La crainte que le chômage cause des problèmessociaux est présente. Ces problèmes comprennent untaux de délinquance plus élevé à cause de la détériorationdes valeurs que provoque la pauvreté et une plus grandeinégalité du revenu au fur et à mesure que beaucoup detravailleurs perdent leurs emplois. Sur la base de l’expériencede la récession qui a eu lieu pendant la deuxièmemoitié des années 1980, encore présente dans la mémoirecollective, une proposition pour un plan intégral desécurité sociale a été présentée. De plus en plus de voixréclament un fonds national contre <strong>les</strong> licenciements,protégeant <strong>les</strong> travailleurs contre la perte de leurs emplois.Le Gouvernement a déclaré qu’il considérait la question.La crise et l’insécurité alimentaireAlors que <strong>les</strong> prix élevés des matières premières en ontfavorisé certains, <strong>les</strong> prix élevés des aliments ont causédes ravages parmi la plupart des Malaisiens qui ont dufaire face aux coûts élevés des aliments et d’autres artic<strong>les</strong>de base, causés par la forte hausse du prix du pétroleen 2008. L’inflation a diminué pendant <strong>les</strong> derniers moislorsque la bulle des prix agrico<strong>les</strong> a éclaté et que le prix dupétrole a chuté de son point culminant. Cependant <strong>les</strong> prixdes aliments continuent a être élevés et l’indice des prix àla consommation des aliments montre une forte haussede 9,2 % en février 2009. Le riz, le pain et d’autres céréa<strong>les</strong>ont augmenté sensiblement, avec une énorme haussede leurs indices de 18 %. Le prix du pétrole, bien qu’il soitdescendu plusieurs fois pendant <strong>les</strong> derniers mois de2008 en accord avec la chute des prix internationaux dupétrole, continue à être plus élevé qu’avant la crise.Une grande partie de l’augmentation des prix desaliments est due au fait que la Malaisie en est un grandimportateur, et la laisse par conséquent à la merci de lahausse des prix et de la spéculation. La rapidité du développementpendant <strong>les</strong> dernières décennies a déplacél’objectif de la planification économique vers l’industrialisationet l’agriculture industrielle au détriment dela production d’aliments, puisqu’il était moins cher d’enacheter ailleurs. Outre le riz, la Malaisie importe aussi deslégumes, des fruits, de la viande et des céréa<strong>les</strong>.Actuellement en ce qui concerne le riz, la Malaisieest autosuffisante à environ 60 %. Le Gouvernementprévoit d’injecter quelque 2 milliards d’USD pour augmentersa production et atteindre de nouveau le niveaud’autosuffisance de 90 %. La politique de sécurité alimentairea été présentée en avril 2008 et des subventionset des primes d’incitation ont été versées pour renforcerla production de riz dans tout le pays. En même tempsla campagne Bumi Hijau (Terre verte), une initiative semblableà celle lancée pendant <strong>les</strong> années 1970, cherche àencourager la culture de légumes d’autres comestib<strong>les</strong>verts par <strong>les</strong> Malaisiens, en plus de l’élevage de poulets etde poissons pour leur propre consommation.En dépit de ces initiatives, une planification à longterme plus efficace est nécessaire pour atteindre larécupération économique. Le Gouvernement doit sérieusementconsidérer <strong>les</strong> différents aspects du problème– une utilisation plus efficace de la terre, de lamain-d’oeuvre et de la technologie – qui pourraiententraver la réussite des objectifs envisagés.La réponse de la société civileDifférentes organisations et ONG de la société civile ontréalisé une série de manifestations et d’activités, quicomprennent des débats publics, pour faire prendreconscience des conséquences négatives de cette crise,spécialement dans <strong>les</strong> groupes <strong>les</strong> plus vulnérab<strong>les</strong>.Le réseau des peup<strong>les</strong> opprimés (JERIT, dont l’acronymesignifie « cri »), une coalition de groupes de la sociétécivile, a été spécialement actif. Le groupe a réalisé unemanifestation contre l’augmentation du prix du pétrole enjanvier 2008 et a fini l’année avec une campagne cycliste« Le peuple : la force du changement », pour exprimerson inquiétude sur <strong>les</strong> droits et <strong>les</strong> épreuves de la classeouvrière face à la décélération de l’économie.La campagne consistait en différents groupes de cyclistespartis de trois points de concentration sur <strong>les</strong> côtesNord, Sud et Est de la Malaisie péninsulaire, et qui avaientpédalé ensemble jusqu’au parlement à Kuala Lumpur, lacapitale, pour présenter au gouvernement et au parti del’opposition leurs inquiétudes et revendications.Leurs principa<strong>les</strong> revendications sont l’adoption dusalaire minimum, le logement digne, le contrôle des prixpour <strong>les</strong> artic<strong>les</strong> de base et la fin des privatisations desservices de base. Ils ont aussi rattaché ces demandes àcel<strong>les</strong> de droits civils et politiques plus étendus. Ceci comprendle rétablissement des élections de gouvernementslocaux et la révocation de la loi de sécurité intérieure, quipermet une détention illimitée sans droit à un procès.Sur leur chemin ils ont remis des brochures aupublic et ils ont présenté leurs revendications devantle chef des ministres des différents états (la Malaisiepossède un système de gouvernement fédéral). Endépit des nombreux obstac<strong>les</strong> interposés par la police,y compris des interpellations, ils sont parvenus aubout. Pendant ces deux semaines de décembre 2008,la campagne a bénéficié de beaucoup de publicité et dusoutien du public le long de son parcours. n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 113 Malaisie

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