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Faire travailler les finances - Social Watch

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es adoptées sont absolument déficientes, pour deuxraisons. En premier lieu, <strong>les</strong> ressources allouées sontinsuffisantes, surtout quand on <strong>les</strong> compare à cel<strong>les</strong>des autres pays européens (5 milliards d’EUR en Italiecontre 60 milliards d’EUR en Allemagne, 38 milliardsd’EUR en Espagne, 26 milliards d’ EUR en France et22 milliards d’ EUR au Royaume Uni). En second lieu,el<strong>les</strong> ne renforceront pas le système de production.L’évasion fiscale prend des proportions inquiétantes enItalie : autour de 18 % du PIB, ce qui signifie que plus de100 milliards de revenus sont perdus chaque année 8 .Famil<strong>les</strong> : Les mesures <strong>les</strong> plus importantes sont<strong>les</strong> rétributions uniques et <strong>les</strong> chèques pour <strong>les</strong> famil<strong>les</strong>à bas revenus. Toute augmentation du revenu de la familleest bienvenue pour le foyer qui la reçoit, mais lasomme de 40 EUR par mois (la valeur de ce que l’onappelle la « carte sociale ») ne suffit pas à couvrir sesdépenses et ne la protège pas non plus des problèmesactuels et futurs.Travail : Le Gouvernement propose des aides aucrédit et des fonds d’indemnisation pour licenciementpour <strong>les</strong> entreprises de taille plus importante. Cependant,comme 90 % des firmes italiennes sont des PME,la plus grande partie des entreprises et des travailleursn’auront pas accès à ce bénéfice. En outre, le secteur quien tirera le plus d’avantages est l’industrie automobile.Le Gouvernement aurait dû coupler ces transferts à desinvestissements dans la durabilité environnementale etl’innovation. De plus, il existe d’autres secteurs, commele vêtement, qui ont besoin d’une aide urgente pour nepas perdre leur compétitivité.Bien-être social : Aucune politique de transfertsde fonds pour le bien être social n’a été définie ; le gouvernementdistribue l’argent sans mettre en place deréseaux de sécurité, de politiques d’emploi actives,d’inclusion sociale, de promotion, de formation professionnelle,etc. Il y aura bientôt des dizaines de chômeursqui ne bénéficieront d’aucune structure capablede leur assurer <strong>les</strong> services essentiels nécessairesà une vie décente. En même temps, et pour ne pasavoir à faire face à des problèmes budgétaires, le gouvernementa réduit <strong>les</strong> fonds spécifiques alloués auxpolitiques socia<strong>les</strong>, à l’autonomie, au transport publiclocal et à l’intégration des immigrants.Economie : Les obligations dénommées Tremonti,émises par le Ministère de l’Economie et desFinances, sont essentiellement des prêts publics que<strong>les</strong> banques peuvent utiliser pour renforcer leurs étatsfinanciers. Leur but est de relancer le système de crédit,surtout pour <strong>les</strong> PME. Il faudra voir quels en sont<strong>les</strong> effets.D’autres mesures : Les plans du Gouvernementpour l’avenir incluent des réductions du budget alloué àla recherche et développement et aux investissementsdans l’énergie nucléaire. Les mesures qui sont censéesrelancer la demande comportent des investissementsdans le transport à grande vitesse et dans l’immensepont sur le détroit de Messine, comme l’assouplissementde la législation sur l’environnement et <strong>les</strong>permis pour l’industrie privée de la construction. Lessujets tels que l’énergie renouvelable, ou la réductiondes émissions, ou <strong>les</strong> centaines de petits projets d’in-8 Pisani, S. y Polito, C. (éd.). Analisi dell’evasione fondata suidati IRAP Anni 1998-2002. Agenzia delle Entrate. 2006.frastructure que le pays nécessite d’urgence n’ont faitl’objet d’aucune attention.Outre <strong>les</strong> mesures anticrise, le Gouvernementpropose une consultation très réduite à propos dumodèle de bien-être social. Le programme inclut despropositions inquiétantes, a savoir une plus grandeflexibilité de l’emploi, la mise en place de modè<strong>les</strong>« workfare » (des programmes de travail en échanged’assistance sociale), la vision de l’immigration commeun problème et non comme une ressource, et le manquede reconnaissance du secteur sans but lucratifcomme acteur essentiel du système de bien-être socialitalien, en se référant seulement aux volontaires et enpassant sous silence le rôle des milliers d’initiativessocia<strong>les</strong> existantes.Les propositions de la Coalition Italienne de<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>Afin d’apporter une réponse différente à la crise etde relancer l’économie du pays du point de vue desplus affectés, la Coalition Italienne de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>propose une série de mesures :Famille et bien-être social : Les mots-clefs devaientêtre « lutter contre la pauvreté et redistribuer<strong>les</strong> ressources ». Une véritable politique de bien-êtresocial qui fasse bénéficier des services publics ceuxqui ont réellement besoin d’aide, au lieu de transférerde l’argent directement, constitue l’outil principalpour assurer la redistribution des ressources dans lasociété. Le Gouvernement, à niveau central et local,doit améliorer <strong>les</strong> services essentiels, la santé, l’assistance,<strong>les</strong> crèches, <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> publiques, l’intégrationdes immigrants et <strong>les</strong> politiques de logement, car detel<strong>les</strong> mesures représentent la véritable lutte contrela pauvreté et la vulnérabilité, ainsi qu’une politiqueéconomique contra-cyclique pour <strong>travailler</strong> contre <strong>les</strong>impacts de la crise.Travail : L’impératif moral de tout gouvernementest d’éviter que <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> conséquences de lacrise ne retombent sur <strong>les</strong> travailleurs. Parmi <strong>les</strong> mesuresprioritaires se trouve la défense des travailleurs<strong>les</strong> plus démunis du point de vue contractuel par lamise en place d’un plan de sécurité sociale pour <strong>les</strong>travailleurs précaires, ainsi que des mesures d’incitationpour <strong>les</strong> entreprises qui décident de garderleurs employés.Pour façonner une économie différente il faut uneaide urgente pour permettre aux secteurs de la recherchepublique et privée d’initier des processus innovants.Plus encore, il est essentiel de mettre en place un plan àgrande échelle en matière d’énergie renouvelable pourréduire la dépendance à l’égard des hydrocarbures,pour combattre le changement climatique et pour appuyer<strong>les</strong> secteurs économiques durab<strong>les</strong> et tournésvers le futur.En réponse à la crise, <strong>les</strong> propriétaires de comptesbancaires en Italie font de plus en plus incursion dans lemonde de la finance éthique. Le client qui soutient la financeéthique s’intéresse à la manière d’utiliser l’argentet au fait que sa banque ne fasse pas faillite. C’est ainsique beaucoup de banques redoublent aujourd’hui leursefforts pour améliorer leur image. Le retour à la missionoriginelle du système bancaire de soutenir l’économieréelle doit être un point de référence constant dans larecherche d’issues de la crise.Le démantèlement de l’APDLes directives 2009-2011 du Ministère des AffairesEtrangères de coopération pour le développement établissentdes priorités claires 9 . L’Afrique subsahariennerecevra 50 % du financement bilatéral et des pays prioritairesseront identifiés dans toutes <strong>les</strong> régions. Au cœurde la coopération internationale figureront, dans l’ordre,l’agriculture, l’eau et l’environnement, la santé mondiale,l’éducation et la gouvernance. Les questions relativesaux femmes et aux droits des enfants et des personneshandicapées seront établies de manière transversale.De tels sujets constituent le cœur du programmepour le développement de l’Italie pour la réunion du G8 de2009, dont elle est l’hôte 10 . En dépit de ces affirmations ambitieuses,la coopération italienne pour le développementse trouve au plus bas niveau de son histoire. Si l’Aide Publiqueau Développement (APD) a obtenu 0,20 % du PIB en2008 11 , selon le budget de 2009 <strong>les</strong> ressources baisserontde 56 % ; el<strong>les</strong> passeront de 733 millions d’EUR en 2008à 322 millions d’EUR en 2009 ; et el<strong>les</strong> baisseront encoreplus dans <strong>les</strong> deux prochaines années, jusqu’à atteindre215 millions d’EUR en 2011 12 . Les ONG comme <strong>les</strong> analystesconsidèrent que <strong>les</strong> ressources consacrées à l’APD en2009 pourraient tomber à un niveau aussi bas que 0,09 %du PIB si l’on n’y adjoint pas d’autres ressources 13 , ce quis’éloigne beaucoup non seulement de l’objectif général des0,7 % mais aussi de l’engagement européen de 0,51 %que l’Italie devrait atteindre en 2010. Dans la perspectivedu G8, l’Italie a également essayé de mettre sur le tapis unnouveau concept pour rendre compte de l’aide, qui tentede prendre en considération <strong>les</strong> contributions effectuéespar « le système italien en général » (l’État, <strong>les</strong> autoritésloca<strong>les</strong>, <strong>les</strong> agents à but non lucratif, <strong>les</strong> fondations et <strong>les</strong>entreprises privées), minimisant ainsi l’importance del’APD afin de cacher la trajectoire déficiente du pays dansl’accomplissement de ses promesses.Les ONG subiront particulièrement <strong>les</strong> conséquencesde cette tendance, car leurs ressources seront réduitesde moitié. De plus, <strong>les</strong> fonds pour <strong>les</strong> organisationsinternationa<strong>les</strong> ont été réduits de 68 %, ce qui met endanger l’accomplissement de la plus grande partie desengagements italiens auprès des Nations Unies. Le dangerconcerne surtout le financement du Fonds Mondialpour la lutte contre le SIDA, la tuberculose et la malaria,que le Gouvernement a promu lors de la réunion du G8à Gênes en 2001.En plus, l’aide limitée apportée par l’Italie est loind’être efficiente et continue d’être profondément liée àl’achat de biens et de services italiens, comme l’a clairementrévélé le récent bilan de l’Aide OCDE-CAD par desgroupes paritaires. Les politiques étrangères de l’Italiedoivent être sérieusement révisées. Le Gouvernementdoit comprendre le rôle fondamental que joue la coopérationau développement dans la construction de larenommée d’un pays. n9 Ministère des Affaires Étrangères (2008). La cooperazioneitaliana allo sviluppo nel triennio 2009-2011.10 Voir : .11 OCDE-CAD, “Aide au développement en 2008 à son plus hautniveau”, Paris, 30 mars 2009.12 La cooperazione italiana allo sviluppo nel triennio 2009-2011.13 Voir : Viciani, I. et de Fraia, L. (éd.). Aiuto pubblico allosviluppo italiano nel 2009. Previsione dopo la finanziaria.ActionAid. 2009 .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 107 Italie

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