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Faire travailler les finances - Social Watch

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De nouvel<strong>les</strong> menaces pour la populationruraleL’industrie minière est en hausse depuis la Réformede la Loi des Industries Minières de 1996, réaliséesur la requête de la Banque Nationale. Ainsi, 17 départementsdu pays sont l’objet d’exploration et/oud’exploitation minière. L’industrie touristique menacela propriété paysanne et indigène dans le Nordet le Sud du pays. L’urbanisation et la construction depô<strong>les</strong> commerciaux déplacent le territoire rural, enexpulsant ses habitants et en affaiblissant la capacitéde production, particulièrement celle des ressourcesalimentaires. L’industrie de l’élevage extensif abîmela terre productive et dévaste <strong>les</strong> forêts d’énormesextensions, en expulsant des paysans et indigènes,que ce soit au moyen d’arguments « légaux » ou parla pression des armes. Les expulsions ont mêmelieu dans <strong>les</strong> zones déclarées protégées (pour la protectionet le maintien de la diversité biologique etdes ressources naturel<strong>les</strong>), de connivence avec labureaucratie du secteur.Sont maintenant encouragés l’instauration etl’élargissement de méga-monocultures agrico<strong>les</strong>orientées vers l’exportation, tel<strong>les</strong> que la canne àsucre, le palmier africain et le pignon, qui expulsentde manière implicite la population paysanne descampagnes. Les plantations de canne à sucre occupaient6 % de la superficie totale en 1995 et 11 %en 2007. La zone réservée à la culture de la cannea augmenté en moyenne de 3,6 % entre 1990 et2005, alors que pendant la seule période entre 2005et 2007 la croissance a été de 17,7 %. Le Syndicatdes Hui<strong>les</strong> a estimé pour 2012 à 150.000 le nombred’hectares semés de canne, soit un investissementde 32,5 millions d’USD pour l’achat de terres qui expulsentde manière implicite la population paysannedes campagnes, un nombre qui peut désormais êtrefacilement dépassé.Ces nouvel<strong>les</strong> extensions destinées à l’exportationdétruisent de vastes zones de culture alimentaireet expulsent au quotidien des centaines de famil<strong>les</strong>de paysans puisque, par ailleurs, el<strong>les</strong> ne demandentpas d’emploi massif. Rompre <strong>les</strong> schémas culturelsde la population expulsée génère non seulement lapauvreté économique, sociale, culturelle et spirituelle,mais aussi du désespoir et de la violence.Le trafic de drogues est une nouvelle menace,parfois associée à l’élevage extensif qui repose surla protection des forces de l’État pour expulser despaysans et opérer sur leurs terres. Les famil<strong>les</strong> depaysans sont sans défense face aux pressions pouracheter la terre provenant du trafic de drogue et dulatifundio mono-cultivateur.Réponses de l’ÉtatParmi <strong>les</strong> politiques et <strong>les</strong> actions que propose leGouvernement dans le cadre de son Programmed’Urgence et de Récupération Économique on distingueune politique fiscale contre-cyclique, unepolitique de protection sociale et d’autres politiquessectoriel<strong>les</strong> prioritaires (développement rural, programmesd’agriculture compétitive amplifiée, développementagricole et assistance alimentaire, durabilitédes Ressources Naturel<strong>les</strong> et renforcement dela location des terres).La priorité reste de maintenir la stabilité macroéconomiqueà n’importe quel prix. Ceci comporte desréserves internationa<strong>les</strong> élevées, de faib<strong>les</strong> salaires,attirer des industries par la suppression d’impôts,entre autres mesures. Le paradigme fondamentalpour l’État et <strong>les</strong> secteurs oligarchiques est d’élargirla zone des traités de libre échange. Deux d’entreeux sont considérés comme <strong>les</strong> plus importants :le Traité de Libre Echange avec l’Amérique du Nord,en vigueur depuis déjà trois ans et l’Accord d’Associationavec l’Union Européenne (en négociation).Aucun de ces deux schémas ne propose de lignes debénéfices pour le petit producteur.D’autre part le Gouvernement a instauré desprogrammes de transferts monétaires et de boursessolidaires qui génèrent un changement qualitatifdans la formation du capital humain – ce qui aurait unimpact plus important si, en outre, des politiques dedéveloppement rural et fiscal étaient mises en placeet si l’institutionnalisme de l’État se consolidait. Cesmesures, ainsi que le développement de modè<strong>les</strong>internationaux adaptés à la réalité nationale sont envogue dans divers pays de la région.L’un des mécanismes gouvernementaux pouratténuer <strong>les</strong> effets de la crise a été l’élargissementde contingents d’importation bénéficiant d’un tarifdouanier zéro pour des produits comme le maïsjaune, la farine de blé et le riz courant. Cependantl’un des groupes importateurs, le Groupe Buena,a obtenu à lui seul 82 % des quotas d’importation,du fait de la structure oligopolistique de l’importationd’aliments dans le pays. Cette situation, qui n’apas entraîné de baisse des prix, s’est réduite dans lapratique à un subside pour cette entreprise qui nepartage pas avec le consommateur <strong>les</strong> bénéfices destarifs douaniers non payés.D’autre part, le déficit fiscal est couvert prioritairementpar la dette extérieure et intérieure. Les possibilitésde réforme fiscale n’existent pas. 20 % desimpôts sont directs et 80 % indirects. La promessedu Gouvernement de commencer un processus deréforme fiscale qui renverserait ce modèle n’est pastenue. Dans le cadre de cette crise, la réforme projetées’est réduite aux réformes qui favorisent le cyclemacroéconomique et <strong>les</strong> programmes d’assistancepour la population en situation d’extrême pauvreté.Quant à la production agricole, il y a des programmesd’assistance pour la location de terres. Cen’est pas le cas pour l’accès à la propriété et pour lecrédit accordé aux paysans. Le nouveau Gouvernementa eu davantage recours aux expulsions forcéesde paysans (50 expulsions au 31 mars 2009)ce qui a généré instabilité et mécontentement ausein des organisations indigènes et paysannes quiespéraient l’approbation et la mise en place de laPolitique Agraire de Développement Rural promise.Le leadership communautaire est actuellementcoopté par le Gouvernement et <strong>les</strong> transnationa<strong>les</strong>d’extraction, qui génèrent leur propre mouvementsocial parallèle de style clientéliste, en finançant desreprésentants des bases socia<strong>les</strong> très discutés. Cecia entraîné une substitution du leadership traditionnelpar le leadership financé et des affrontements entre<strong>les</strong> organisations paysannes de base. A cela s’ajoutela criminalisation et la persécution des dirigeantspaysans qui luttent pour accéder à la terre afin deproduire leurs propres aliments.Alternatives socia<strong>les</strong>En accord avec la Constitution Politique de la Républiquedu Guatémala, « la propriété privée est undroit inhérent à la personne humaine », c’est à direque tous <strong>les</strong> guatémaltèques ont le droit d’accéderà la propriété. A cet effet, « la propriété pourra êtreexpropriée dans des cas concrets pour des raisonsd’utilité collective, de bénéfice social ou d’intérêtpublic dûment démontrées ». La malnutrition, lapauvreté et l’extrême pauvreté, le chômage et àprésent l’approfondissement de la crise alimentairerécurrente trouvent leur origine dans l’impossibilitépour la population de se procurer des moyens desubsistance, par manque d’actifs, en particulier deterre. Voici un cas évident d’utilité et de nécessité publiquedémontré ; en d’autres termes, il s’agit d’uneproposition qui s’inscrit dans l’ordonnance juridiquenationale.L’agriculture est une issue de secours pourle développement et il faut abandonner le modèleféodal de production. La distribution équitable dela terre est une stratégie adéquate pour le développementde l’emploi rural et pour accroître la productivitédans <strong>les</strong> campagnes, ce qui entraînerait lacroissance de l’économie, de la capacité de prévisionet de provision alimentaires. La réforme agraire nepeut plus attendre. Il s’agit d’un instrument de paixsociale et de possibilité de gouvernement qui mettrafin aux conflits provoqués par l’usurpation de la terreindigène et paysanne et qui évitera la déprédation desforêts, faisant émerger en même temps de vastessecteurs ayant une capacité de production et d’investissement.À partir de cette réforme, <strong>les</strong> générationsfutures pourront disposer de meilleures et plusnombreuses opportunités d’auto-développement etaugmentera leur pouvoir d’achat, ce qui dynamiserala chaîne de production 3 . n3 Avec des données et des analyses de la Coordinationd’ONG et Coopératives, par l’intermédiaire de ses deuxinstituts d’analyse : l’Institut d’Etudes pour la Démocratie enformation et l’Institut d’Etudes Agraires et de DéveloppementRural. Guatemala, 2009<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>97Guatémala

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