Faire travailler les finances - Social Watch

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Espagne100On ne s’attaque pas à l’essentiel10088100470900100L’économie espagnole, qui a retardé trop longtemps ses ajustements, laisse entrevoir des déficiences prononcées.471009856Face à 77 la montée fulgurante 100 du chômage et à la diminution 100 du crédit, 100 le Gouvernement se porte 100 garant98mais il ne traite pas les problèmes fondamentaux, comme la fragilité et la précarité de l’emploi, l’accès aulogement et l’extension de nombreux droits sociaux de base. Quelque chose de semblable se passe avec l’aideIEG of Niger = 44,4 BCI of Paraguay = 95,3IEG of Paraguay = 66,8internationale : bien que l’Espagne se réaffirme dans son rôle de pays solidaire, des sujets essentiels comme leréchauffement de la planète ou les subventions agricoles ne sont pas abordées comme ils le devraient.100 10010076Plataforma 2015 y másPablo José Martínez OsésIntermon Oxfam 1Deborah ItriagoLa crise en Espagne possède des caractéristiques propresau pays qui indiquent que ses causes ne résidentIndice des Capacités de Base (ICB)100 100ICB = 99+* IEG = 77Enfants atteignantla cinquième annéed’écolepas uniquement dans les « failles » du système financierinternational ou dans leurs mauvaises pratiques.00En septembre 2008, alors que le président José LuisRodríguez Zapatero 5899100se trouvait à New York à l’Assemblée100 100 100100 100Générale de l’ONU où il réaffirmait sa confiance 98 en la Accouchements assurés par du Survivance jusqu’àrobustesse du système financier espagnol, il a assisté en personnel médical spécialisél’âge de 5 ansmême temps, à l’effondrement IEG of Spain des grandes = 76,9 compagniesBCI of España = 99,6financières américaines. En dépit de cela, son gouvernements’est empressé d’accorder une garantie publiqueà ses risques, en accord avec le Trésor public, pour unmontant de 3 milliards d’EUR, ce qui suppose plus de650 EUR par personne, alors que le pays consacre 30EUR par personne à l’Aide 100 au Développement. Dans lecontexte actuel de crise, on tente de gagner du temps aulieu de voir en elle une opportunité de réel changement.La destruction de l’emploiLes chiffres actuels concernant l’effondrement et la destructionde l’emploi sont terrifiants. Sur un an, de janvier0 s/d2008 à janvier 2009, le chômage 15 a augmenté de plusd’un million de personnes ce qui constitue plus de trois100100 100millions et demi de personnes (des niveaux similaires 99à 1996). Ceci représente 14 % de la population activeainsi que près de deux fois la moyenne européenne. Enlestina = 0 2008, plus Cisjordania de 840.000 postes o Palestina de travail S/D ont (español) disparu et latendance ne semble pas s’inverser.Le Gouvernement a cherché à pallier la diminutiondu pouvoir d’achat en octroyant des diminutionsfiscales aux travailleurs et en facilitant les démarchespour la création de nouvelles activités économiques. Il100a aussi diminué les intérêts en cas de non-paiementsou d’ajournements pour éviter l’asphyxie économiquedéfinitive des entreprises. Ces mesures prétendent,tout au plus, fournir aux travailleurs des moyens poursubsister pendant un certain temps dans l’attente d’unerécupération de l’activité économique 0 n/d et de la confiancedans les marchés. Il est nécessaire 15 de constater d’autrepart, que jusqu’à présent le Gouvernement a su résister100100 100* « Accouchements assurés … » selon la procédure “1”99à lap. 209.1 La contribution d’Intermon/Oxfam à ce document a étélestina = 0 Cisjordania o Palestina N/D (inglés)réalisé par son équipe de recherche, sous la coordinationde Deborah Itriago, et se circonscrit au deuxième point dudocument: “l’Espagne à l’extérieur”.10074aux demandes opportunistes des patrons qui ont exigé,comme d’habitude, une majeure précarisation du travailpar l’assouplissement et la diminution des coûts de licenciementscomme condition à la création d’emploi.La diminution du crédit100Bien que le taux d’intérêt de référence pour l’Union Européenne(Euribor) ait diminué et 66ait atteint des minimumshistoriques, les organismes financiers ne paraissentpas décidés à assumer de nouveaux risques, par conséquentl’accès au crédit reste faible. Il est évident que la0garantie publique de 3 milliards d’EUR octroyée par leGouvernement et les autres mesures de réassurance83des opérations sous garantie publique, n’ont 80pas produit100 100jusqu’à présent, la relance du crédit par le secteur financierafin que les capitaux circulent pour relancer l’activitééconomique. D’autre part, en décembre 2008, selon desdonnées BCI de of la Rep. Banque Dem. d’Espagne, del Congo le portefeuille = 76,3 de créditsaux familles a diminué pour la première fois depuishuit ans, ce qui contraste avec la croissance des portefeuillesde crédits approuvés auprès des administrationspubliques. Ce paradoxe s’explique par la prédilectionpour les garanties publiques qu’ont les organismes financiersau moment de choisir les risques et par lesénormes difficultés de financement que présentent lesadministrations locales (municipalités).En ce sens, le Gouvernement s’est donné pourpriorité de servir de garant public afin de maintenir laconfiance dans l’équilibre et dans la stabilité du systèmefinancier, duquel dépendent une grande quantité de dépôtset d’épargnes de citoyens. Mais le problème exigeune plus grande décision car, tandis que les organismesfinanciers continuent à présenter des profits spectaculairesdans leurs résultats trimestriels, la dévaluationincontrôlable des actifs financiers et hypothécaires a faitque, jusqu’à présent, la citoyenneté n’a pas pu prendrepart à la stabilité attendue. Différents acteurs provenantIndice d’Equité de Genre (IEG)1000Empowerment58100 10098Activité économiqueÉducationIEG of Spain = 76,9de nombreux mouvements sociaux, mais aussi de secteursacadémiques et politiques, commencent à parlerde la nécessité de recréer des organismes financiers àcaractère public qui permettent, en ces temps de crise,de donner la priorité aux fonctions du service public aulieu de maintenir des marges 100 de bénéfices.Le retard des ajustementsIl est frappant de constater que le Gouvernement arépondu aux nécessités du secteur bancaire et financierde manière très rapide 13 alors que sa réaction0a été tardive et limitée quand il s’est agi de résoudreles problèmes de l’économie réelle, où le processusd’ajustement est 57 abrupt et tardif – et 65 où il était le plus100 100nécessaire de réagir avant la crise déjà.Les trois principaux problèmes, largement mentionnésdans diverses analyses pendant le cycle expansifprécédent, IEG étaient of Rep. : les Dem. dimensions del Congo spectaculaires = 45.1 dela « bulle immobilière » et l’importance relative du secteurde la construction dans le PIB et dans la croissancede l’emploi, l’excessif endettement des particuliers etdes chefs d’entreprise et les taux de compétitivité etd’épargnes peu élevés au niveau national. Durant lapériode précédente, très peu de mesures avaient étéprises pour faire face aux processus d’ajustements,peut-être pour ne pas devoir assumer les coûts sociauxet politiques inhérents à ceux-ci. La crise financièreinternationale a maintenant accéléré et synchronisé cesprocessus qui étaient restés en suspens, en affectant demanière très grave la viabilité des affaires requérant unendettement élevé à court terme ainsi que l’emploi.Le Gouvernement a répondu en combinant deuxaxes. D’une part, il maintient sa résistance aux pressionsdes secteurs politiques conservateurs et des secteurspatronaux qui souhaitent l’octroi de diminutions fiscalessur les gros revenus, la diminution des impôts dessociétés et des mesures d’assouplissement des licen-74100Rapports nationaux 88 Social Watch

ciements. D’autre part, il adopte des mesures à caractèresocial, puisqu’elles sont fondamentalement destinéesaux chômeurs, aux personnes à faibles revenus et auxsecteurs à haut risque. Cette double réaction, qui viseà ne pas détériorer le système des garanties sociales(de sorte qu’il serve à amortir les coups de la crise) estloin, toutefois, d’inverser les tendances et d’offrir desrésultats en ce qui concerne la récupération du crédit, del’emploi ou de l’indice des prix.On constate que le pari du Gouvernementconsiste à contenir les pressions et les conséquences,jusqu’à ce que la confiance sur les marchés financiersinternationaux soit revenue et que ceux-ci amortissentun nouveau cycle expansif. Toutefois, la question ne seréduit pas à savoir quand la récupération surviendrat-elle,ni jusqu’à quel point il est possible de grossir ledéficit public qui supporte les mesures entreprises (lespremières mesures ont déjà épuisé l’excédent accumulédurant les années précédentes et l’Union Européennea déjà donné ses premiers avertissements).Il s’agit, en outre, de savoir comment aborder les problèmesfondamentaux de l’économie espagnole, quisont principalement liés à la fragilité et à la précaritéde l’emploi, aux difficultés d’accès au logement et àl’accès, pour une grande partie de la population, à denombreux droits sociaux de base.L’Espagne à l’extérieurL’année 2009 est celle des transformations profondes enmatière de développement économique, et entre autresdans la manière dont la coopération est menée dans lalutte contre la pauvreté. Tout au long de 2007 et 2008,l’Espagne a su montrer sa vocation de pays solidaire,non seulement dans la gestion de la crise mondiale quiaffecte surtout les pays en développement mais aussi, demanière générale, dans les compromis établis en matièred’Aide Officielle au Développement (AOD). Toutefois,on observe que bien que des initiatives très importantesont été entreprises, il subsiste une timidité excessivepour aborder les questions plus fondamentales. Parmiles quelques aspects à souligner, nous notons :AOD : Entre l’année 2004 et 2007, l’AOD espagnolea augmenté de plus de 20 % (chiffres en valeurscourantes). Bien que la situation économique actuellen’a pas permis d’augmenter le budget 2009 alloué à lacoopération (il s’est maintenu à 5,5 milliards, c.-à-d. lemême niveau que 2008), l’Espagne se maintient parmiles donneurs les plus solidaires. En décembre 2007,le Pacte de l’État contre la Pauvreté a été signé, et tousles partis politiques espagnols se sont engagés à respecterle compromis international qui destine 0,7 % duPNB à l’AOD à partir de 2012.Action humanitaire : Pendant 2008, une série deprocessus qui ont pris fin aideront à affirmer l’Espagneen tant qu’acteur mondial dans l’action humanitaire.Le pays dispose maintenant d’une stratégie cohérentequi respecte des paramètres et des normes acceptéesinternationalement. Le pays s’est renforcé institutionnellementafin d’augmenter sa capacité de gestion faceaux crises humanitaires 2 . En ce qui concerne ce sujet,l’Espagne devra éviter la pression médiatique exercée2 En 2008, un Bureau d’Action Humanitaire a été créé au seinde l’Agence Espagnole de Coopération Internationale pour leDéveloppement (AECID).pour faire la sélection des crises humanitaires auxquelleselle prendra part.Crise des aliments : Lors du sommet de la FAO enjuin 2008, l’Espagne a fait part de sa volonté d’octroyer500 millions d’ EUR afin de répondre à la crise actuelle.Ainsi, en janvier 2009, l’Espagne a organisé à Madrid,avec le Secrétariat Général de l’ONU, la Réunion de hautniveau sur la sécurité alimentaire (RANSA), dans le butde contribuer au processus de coordination des différentesinstitutions impliquées dans le sujet (la FAO, leProgramme alimentaire mondial, le Fond Internationalpour le Développement de l’Agriculture, la Banque Mondiale,le FMI), et promouvoir l’initiative du Partenariatmondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire(GPAFS, sigles en Anglais). Lors de la Réunion, le PrésidentRodriguez Zapatero a accordé 1 milliard d’EURsupplémentaire à ces fins, qui sera versé sur cinq ans.Cette somme de 1,5 milliard d’EUR ne constitue pas denouvelles ressources mais elle fait partie du compromisd’assignation du budget prévu pour l’AOD. Cependant, ilsemble bizarre que l’on ne s’interroge pas sur l’impactnégatif des politiques agricoles de l’Union Européennesur la sécurité alimentaire mondiale, qui mettent en risqueles possibilités de succès de ces initiatives.Dans le cadre du G20 et en accord avec ce quiprécède, l’Espagne s’est prononcée pour que les Banquesmultilatérales de développement augmententleurs flux nets destinés aux pays à faibles et moyensrevenus pendant les périodes de basse croissance,mesure faisant partie du plan de mesures qu’il proposepour gérer la crise financière.La solidarité n’est pas suffisanteBien que toutes ces initiatives reflètent une certaine solidaritéespagnole, elles contrastent toutefois avec saposition dans les matières cruciales pour les pays en développementcomme le commerce, l’agriculture, les migrationsinternationales ou le changement climatique :Commerce : En ce qui concerne la réponse internationaleà la crise financière actuelle, un des risquesqui pourrait se produire serait que les pays optent pourle protectionnisme commercial comme stratégie unilatéralede sortie de crise. Contrairement à d’autres paysde l’UE, l’Espagne a toujours maintenu une positionplus rigide et a eu plus de mal à incorporer le développementcomme élément principal des négociationscommerciales. Lors de la réunion du G20 tenu fin 2008,on a demandé que les États s’abstiennent d’augmenterleurs tarifs douaniers. Rien n’a été dit sur la possibilitéd’utiliser des subventions et des plans étatiques desauvetage. De cette manière, on a remis en question lesseuls outils de protection à la portée de la majorité despays en développement et on a permis qu’ils deviennentinaccessibles pour ceux-ci (qui peuvent, en outre,s’avérer dévastateurs pour leurs agricultures).Agriculture : De la même manière, il est préoccupantde constater l’incohérence entre les initiatives globalesque l’Espagne soutient et celles que le Secrétariatd’État du milieu rural prétend conduire pour promouvoirune plate-forme européenne visant à bloquer les réformesnécessaires de la Politique Agricole Commune(PAC). Cette initiative a été présentée avec l’intention dela transformer en porte-drapeau de la présidence espagnolede l’UE, en ignorant que les impacts des politiquesagricoles des pays riches sont par ailleurs responsablesde la dégradation de l’agriculture des pays pauvres et dela crise des prix alimentaires.Immigration : La crise économique internationalea durement frappé le travail de millions de migrants quisont directement menacés par le chômage (dans lessecteurs de la construction et de l’hôtellerie, les plustouchés par la crise en Espagne, et les principaux employeursde travailleurs d’origine étrangère). Elle a égalementeu un fort impact sur les envois de fonds que cestravailleurs envoient à leurs familles et qui constituentun salaire transnational en pleine décroissance 3 . Face àcette réalité, la réaction du gouvernement espagnol a étédécevante : il a proposé des mesures telles que le « plande retour volontaire » qui n’a pas eu l’accueil attenduparmi la population étrangère parce que les politiquesmigratrices très fermées font que les immigrants, unefois franchies les nombreuses barrières pour résider enEspagne, ne renoncent pas facilement à ce droit 4 . Enoutre, on a éliminé radicalement les places disponiblespour la migration régulière et on a intensifié les contrôlespour détecter, arrêter et déporter les travailleurs ensituation irrégulière. En exemple de cela, l’approbationen décembre 2008, de la nouvelle Loi sur l’Asile et leRefuge qui, après la directive européenne approuvéedans le même esprit en juillet 2008, comme l’affirme laCommission Espagnole d’Aide au Réfugié, « renforceraen Europe, le préoccupant développement de politiquesnon-solidaires et même xénophobes, plus préoccupéespar les intérêts des États que par le droit a l’asile » 5 .Changement climatique : Fin 2009 il faudra arriverà la conclusion d’un accord mondial sur le climat quipuisse succéder à l’actuel Protocole de Kyoto. Pour celail faudra arriver à des consensus en ce qui concerneles principaux sujets en discussion: le partage des effortspour la réduction des émissions de gaz à effet deserre et le financement de l’adaptation dans les pays endéveloppement. L’Espagne contribue avec les fondsinternationaux déjà existants, bien que comme cela cepasse dans le reste de la Communauté internationale,on soit très loin des nécessités qu’Oxfam chiffre à 50milliards d’ USD annuels 6 . En outre, l’Espagne se résisteà assumer de nouveaux compromis de financementpour l‘atténuation et l’adaptation dans les pays en développement.Dans le cadre de l’Union Européenne, on utilisela crise financière comme excuse pour diluer le plande financement déjà assez limité. On n’est pas arrivénon plus, à un accord sur des mécanismes innovateursqui permettent de rassembler les fonds nécessaires,comme l’attribution des droits d’émission de gaz, ni surles compromis qui sont en mesure d’être acquis dans lecadre d’un accord mondial. n3 Dans le cas de l’Equateur ou du Mexique, la chute est estiméeà 20% environ pour 2008.4 Le plan consiste à donner aux immigrants la possibilité detoucher la totalité de leur chômage accumulé dans leur paysd’origine, dans le cas ou ils décident de rentrer, et de soutenirles possibles initiatives entrepreneuriales qu’ils pourraientcommencer.En février 2009, seulement 2.000 immigrants environ (alorsqu’il y a 200 000 étrangers environ de l’espace non-européenen situation de chômage) avaient souscrit à ce plan.5 Commission Espagnole d’Aide au Réfugié (CEAR).6 Oxfam (2008). “Credibility Crunch, Poverty and ClimateChange: An Agenda for Rich-Country Leaders”. Juin.Disponible sur : .Social Watch89Espagne

ciements. D’autre part, il adopte des mesures à caractèresocial, puisqu’el<strong>les</strong> sont fondamentalement destinéesaux chômeurs, aux personnes à faib<strong>les</strong> revenus et auxsecteurs à haut risque. Cette double réaction, qui viseà ne pas détériorer le système des garanties socia<strong>les</strong>(de sorte qu’il serve à amortir <strong>les</strong> coups de la crise) estloin, toutefois, d’inverser <strong>les</strong> tendances et d’offrir desrésultats en ce qui concerne la récupération du crédit, del’emploi ou de l’indice des prix.On constate que le pari du Gouvernementconsiste à contenir <strong>les</strong> pressions et <strong>les</strong> conséquences,jusqu’à ce que la confiance sur <strong>les</strong> marchés financiersinternationaux soit revenue et que ceux-ci amortissentun nouveau cycle expansif. Toutefois, la question ne seréduit pas à savoir quand la récupération surviendrat-elle,ni jusqu’à quel point il est possible de grossir ledéficit public qui supporte <strong>les</strong> mesures entreprises (<strong>les</strong>premières mesures ont déjà épuisé l’excédent accumulédurant <strong>les</strong> années précédentes et l’Union Européennea déjà donné ses premiers avertissements).Il s’agit, en outre, de savoir comment aborder <strong>les</strong> problèmesfondamentaux de l’économie espagnole, quisont principalement liés à la fragilité et à la précaritéde l’emploi, aux difficultés d’accès au logement et àl’accès, pour une grande partie de la population, à denombreux droits sociaux de base.L’Espagne à l’extérieurL’année 2009 est celle des transformations profondes enmatière de développement économique, et entre autresdans la manière dont la coopération est menée dans lalutte contre la pauvreté. Tout au long de 2007 et 2008,l’Espagne a su montrer sa vocation de pays solidaire,non seulement dans la gestion de la crise mondiale quiaffecte surtout <strong>les</strong> pays en développement mais aussi, demanière générale, dans <strong>les</strong> compromis établis en matièred’Aide Officielle au Développement (AOD). Toutefois,on observe que bien que des initiatives très importantesont été entreprises, il subsiste une timidité excessivepour aborder <strong>les</strong> questions plus fondamenta<strong>les</strong>. Parmi<strong>les</strong> quelques aspects à souligner, nous notons :AOD : Entre l’année 2004 et 2007, l’AOD espagnolea augmenté de plus de 20 % (chiffres en valeurscourantes). Bien que la situation économique actuellen’a pas permis d’augmenter le budget 2009 alloué à lacoopération (il s’est maintenu à 5,5 milliards, c.-à-d. lemême niveau que 2008), l’Espagne se maintient parmi<strong>les</strong> donneurs <strong>les</strong> plus solidaires. En décembre 2007,le Pacte de l’État contre la Pauvreté a été signé, et tous<strong>les</strong> partis politiques espagnols se sont engagés à respecterle compromis international qui destine 0,7 % duPNB à l’AOD à partir de 2012.Action humanitaire : Pendant 2008, une série deprocessus qui ont pris fin aideront à affirmer l’Espagneen tant qu’acteur mondial dans l’action humanitaire.Le pays dispose maintenant d’une stratégie cohérentequi respecte des paramètres et des normes acceptéesinternationalement. Le pays s’est renforcé institutionnellementafin d’augmenter sa capacité de gestion faceaux crises humanitaires 2 . En ce qui concerne ce sujet,l’Espagne devra éviter la pression médiatique exercée2 En 2008, un Bureau d’Action Humanitaire a été créé au seinde l’Agence Espagnole de Coopération Internationale pour leDéveloppement (AECID).pour faire la sélection des crises humanitaires auxquel<strong>les</strong>elle prendra part.Crise des aliments : Lors du sommet de la FAO enjuin 2008, l’Espagne a fait part de sa volonté d’octroyer500 millions d’ EUR afin de répondre à la crise actuelle.Ainsi, en janvier 2009, l’Espagne a organisé à Madrid,avec le Secrétariat Général de l’ONU, la Réunion de hautniveau sur la sécurité alimentaire (RANSA), dans le butde contribuer au processus de coordination des différentesinstitutions impliquées dans le sujet (la FAO, leProgramme alimentaire mondial, le Fond Internationalpour le Développement de l’Agriculture, la Banque Mondiale,le FMI), et promouvoir l’initiative du Partenariatmondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire(GPAFS, sig<strong>les</strong> en Anglais). Lors de la Réunion, le PrésidentRodriguez Zapatero a accordé 1 milliard d’EURsupplémentaire à ces fins, qui sera versé sur cinq ans.Cette somme de 1,5 milliard d’EUR ne constitue pas denouvel<strong>les</strong> ressources mais elle fait partie du compromisd’assignation du budget prévu pour l’AOD. Cependant, ilsemble bizarre que l’on ne s’interroge pas sur l’impactnégatif des politiques agrico<strong>les</strong> de l’Union Européennesur la sécurité alimentaire mondiale, qui mettent en risque<strong>les</strong> possibilités de succès de ces initiatives.Dans le cadre du G20 et en accord avec ce quiprécède, l’Espagne s’est prononcée pour que <strong>les</strong> Banquesmultilatéra<strong>les</strong> de développement augmententleurs flux nets destinés aux pays à faib<strong>les</strong> et moyensrevenus pendant <strong>les</strong> périodes de basse croissance,mesure faisant partie du plan de mesures qu’il proposepour gérer la crise financière.La solidarité n’est pas suffisanteBien que toutes ces initiatives reflètent une certaine solidaritéespagnole, el<strong>les</strong> contrastent toutefois avec saposition dans <strong>les</strong> matières crucia<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> pays en développementcomme le commerce, l’agriculture, <strong>les</strong> migrationsinternationa<strong>les</strong> ou le changement climatique :Commerce : En ce qui concerne la réponse internationaleà la crise financière actuelle, un des risquesqui pourrait se produire serait que <strong>les</strong> pays optent pourle protectionnisme commercial comme stratégie unilatéralede sortie de crise. Contrairement à d’autres paysde l’UE, l’Espagne a toujours maintenu une positionplus rigide et a eu plus de mal à incorporer le développementcomme élément principal des négociationscommercia<strong>les</strong>. Lors de la réunion du G20 tenu fin 2008,on a demandé que <strong>les</strong> États s’abstiennent d’augmenterleurs tarifs douaniers. Rien n’a été dit sur la possibilitéd’utiliser des subventions et des plans étatiques desauvetage. De cette manière, on a remis en question <strong>les</strong>seuls outils de protection à la portée de la majorité despays en développement et on a permis qu’ils deviennentinaccessib<strong>les</strong> pour ceux-ci (qui peuvent, en outre,s’avérer dévastateurs pour leurs agricultures).Agriculture : De la même manière, il est préoccupantde constater l’incohérence entre <strong>les</strong> initiatives globa<strong>les</strong>que l’Espagne soutient et cel<strong>les</strong> que le Secrétariatd’État du milieu rural prétend conduire pour promouvoirune plate-forme européenne visant à bloquer <strong>les</strong> réformesnécessaires de la Politique Agricole Commune(PAC). Cette initiative a été présentée avec l’intention dela transformer en porte-drapeau de la présidence espagnolede l’UE, en ignorant que <strong>les</strong> impacts des politiquesagrico<strong>les</strong> des pays riches sont par ailleurs responsab<strong>les</strong>de la dégradation de l’agriculture des pays pauvres et dela crise des prix alimentaires.Immigration : La crise économique internationalea durement frappé le travail de millions de migrants quisont directement menacés par le chômage (dans <strong>les</strong>secteurs de la construction et de l’hôtellerie, <strong>les</strong> plustouchés par la crise en Espagne, et <strong>les</strong> principaux employeursde travailleurs d’origine étrangère). Elle a égalementeu un fort impact sur <strong>les</strong> envois de fonds que cestravailleurs envoient à leurs famil<strong>les</strong> et qui constituentun salaire transnational en pleine décroissance 3 . Face àcette réalité, la réaction du gouvernement espagnol a étédécevante : il a proposé des mesures tel<strong>les</strong> que le « plande retour volontaire » qui n’a pas eu l’accueil attenduparmi la population étrangère parce que <strong>les</strong> politiquesmigratrices très fermées font que <strong>les</strong> immigrants, unefois franchies <strong>les</strong> nombreuses barrières pour résider enEspagne, ne renoncent pas facilement à ce droit 4 . Enoutre, on a éliminé radicalement <strong>les</strong> places disponib<strong>les</strong>pour la migration régulière et on a intensifié <strong>les</strong> contrô<strong>les</strong>pour détecter, arrêter et déporter <strong>les</strong> travailleurs ensituation irrégulière. En exemple de cela, l’approbationen décembre 2008, de la nouvelle Loi sur l’Asile et leRefuge qui, après la directive européenne approuvéedans le même esprit en juillet 2008, comme l’affirme laCommission Espagnole d’Aide au Réfugié, « renforceraen Europe, le préoccupant développement de politiquesnon-solidaires et même xénophobes, plus préoccupéespar <strong>les</strong> intérêts des États que par le droit a l’asile » 5 .Changement climatique : Fin 2009 il faudra arriverà la conclusion d’un accord mondial sur le climat quipuisse succéder à l’actuel Protocole de Kyoto. Pour celail faudra arriver à des consensus en ce qui concerne<strong>les</strong> principaux sujets en discussion: le partage des effortspour la réduction des émissions de gaz à effet deserre et le financement de l’adaptation dans <strong>les</strong> pays endéveloppement. L’Espagne contribue avec <strong>les</strong> fondsinternationaux déjà existants, bien que comme cela cepasse dans le reste de la Communauté internationale,on soit très loin des nécessités qu’Oxfam chiffre à 50milliards d’ USD annuels 6 . En outre, l’Espagne se résisteà assumer de nouveaux compromis de financementpour l‘atténuation et l’adaptation dans <strong>les</strong> pays en développement.Dans le cadre de l’Union Européenne, on utilisela crise financière comme excuse pour diluer le plande financement déjà assez limité. On n’est pas arrivénon plus, à un accord sur des mécanismes innovateursqui permettent de rassembler <strong>les</strong> fonds nécessaires,comme l’attribution des droits d’émission de gaz, ni sur<strong>les</strong> compromis qui sont en mesure d’être acquis dans lecadre d’un accord mondial. n3 Dans le cas de l’Equateur ou du Mexique, la chute est estiméeà 20% environ pour 2008.4 Le plan consiste à donner aux immigrants la possibilité detoucher la totalité de leur chômage accumulé dans leur paysd’origine, dans le cas ou ils décident de rentrer, et de soutenir<strong>les</strong> possib<strong>les</strong> initiatives entrepreneuria<strong>les</strong> qu’ils pourraientcommencer.En février 2009, seulement 2.000 immigrants environ (alorsqu’il y a 200 000 étrangers environ de l’espace non-européenen situation de chômage) avaient souscrit à ce plan.5 Commission Espagnole d’Aide au Réfugié (CEAR).6 Oxfam (2008). “Credibility Crunch, Poverty and ClimateChange: An Agenda for Rich-Country Leaders”. 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