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Faire travailler les finances - Social Watch

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19.400 demandes réalisées en 2005-2006 le situeà peine au-dessus d’états détruits et chaotiquescomme la Somalie, l’Iraq et le Zimbabwe 4 .Le pays le plus militariséLa militarisation excessive est un autre de ses gravesproblèmes. Les élèves de l’enseignement secondairesont obligés de s’inscrire à des camps militairespour recevoir une « éducation formelle ». Le Campd’Entraînement Militaire Sawa, tristement célèbre,est un des endroits où <strong>les</strong> étudiants sont disciplinésconformément au strict règlement militaire. L’abusifProgramme de Service Militaire National (PSMN),qui commence à dix-huit ans et qui ne se terminejamais, fait partie de l’étape préparatoire de l’endoctrinement.Les nombreux et détestab<strong>les</strong> abus desdroits humains perpétrés sous le PSMN incluent desviols et autres genres de violence sexuelle contre<strong>les</strong> recrues. Durant <strong>les</strong> dernières années, la totalitédes institutions académiques ont été placées sousle contrôle effectif de commandants militaires. En2003, le pays se considérait comme l’état le plusmilitarisé au monde ; en outre, il avait le troisièmepourcentage le plus élevé de Produit National Brutdestiné aux dépenses militaires 5 , après la Corée duNord et l’Angola. Vers la moitié de l’année 2000, <strong>les</strong>forces armées comptaient dans leurs rangs 300.000personnes, plus que dans toute autre période deleur histoire. Depuis lors on croit que la quantitéd’effectifs a augmenté de manière exponentielle.Les recrues constituent 45,27 % du total de l’arméenationale, et sa vulnérabilité est proportionnelle àsa quantité.La crise qui domine le pays a été exacerbée parla récession de l’économie mondiale, qui a provoquél’arrêt des envois de fonds provenant de l’étranger.Les coûts des aliments et du carburant sont montésen flèche. On dit que <strong>les</strong> prix du carburant dans <strong>les</strong>stations service strictement contrôlées par le Gouvernementsont <strong>les</strong> plus élevés au monde. De fait,il est pratiquement impossible de trouver du carburant.Les aliments peuvent être achetés seulement demanière légale dans <strong>les</strong> magasins du Gouvernementet <strong>les</strong> agriculteurs doivent vendre leur grain à cesmagasins à un prix préétabli. La vente de grains sur<strong>les</strong> marchés locaux est punie, comme le présidentlui-même l’a déclaré dans une conférence de presseen janvier 2009.La réponse du GouvernementLe Gouvernement rejette catégoriquement <strong>les</strong> rap-4 Haut-Commissariat des Nations Unies pour <strong>les</strong> Réfugiés(2007). Global Trends: Refugees, Asylum Seekers,Returnees, Internally Displaced and State<strong>les</strong>s Persons.Genève. Disponible sur : .5 Awate Team (2003). Defending Indefensible, IndulgingIncompetence. Disponible sur : .ports sur <strong>les</strong> problèmes économiques ou sur la répressionpolitique, et il <strong>les</strong> qualifie de « propagandeennemie ». De fait, le président a expliqué que <strong>les</strong>rapports qui font part des pénuries économiques dupays sont l’expression des frustrations « de personnessuralimentées et capricieuses » qui ne saventpas administrer leurs ressources. En réalité, <strong>les</strong> gensmeurent littéralement de faim – à cause de la famineprovoquée par le FPDJ.L’Erythrée ne possède pas d’outils législatifs,administratifs ou institutionnels qui permettent derépondre adéquatement à la crise mondiale actuellecar le pays n’a pas de Constitution ni de Parlementqui fonctionnent adéquatement, pas de système judiciaireindépendant ni de presse libre, pas de transparenceadministrative et encore moins un budgetnational publié officiellement. En outre, <strong>les</strong> mécanismestraditionnels pour faire face à des problèmescomme celui de l’émigration sont, pratiquement,inexistants. Sous une suffocante loi martiale, <strong>les</strong>points d’entrée et de sortie sont fermés de manièrehermétique. Après avoir consommé <strong>les</strong> faib<strong>les</strong> ressourcesdont peut disposer la population affamée– spécialement <strong>les</strong> femmes, <strong>les</strong> personnes âgéeset <strong>les</strong> enfants – cette population ne peut se déplacernulle part ailleurs et doit se résigner à mourir dans<strong>les</strong> villages. Le Gouvernement n’a pas encore adoptéde programme pour protéger la population la plusvulnérable.Les ONG manipulées par le GouvernementUn agenda de développement solide qui se base sur<strong>les</strong> Droits, doit donner une préférence stratégique àl’autonomisation et à la responsabilisation des communautésloca<strong>les</strong>. Cette perspective doit accorderaux personnes le pouvoir et la capacité de devenir <strong>les</strong>principaux acteurs de leurs vies. Une manière éventuelled’y parvenir serait la participation d’organisationsde la société civile et d’ONG loca<strong>les</strong> indépendantesreprésentant <strong>les</strong> intérêts de leurs communautés.Mais malheureusement, l’atmosphère répressiverend le travail de la société civile indépendante impossible.Le pays a seulement trois organisationsloca<strong>les</strong> compromises avec l’agenda de développementnational pour le prétendu bénéfice de la populationen général : le Syndicat National de FemmesErythréennes, le Syndicat National de la Jeunesse etdes Etudiants Erythréens et la Confédération Nationaledes Travailleurs Erythréens. Il y existe d’autres« organisations de la société civile » plus redoutab<strong>les</strong>,mais dont on ne connait que le nom.Cependant, comme tout le monde le sait, cestrois organisations actives ne sont ni authentiquesni suffisamment indépendantes pour représenter<strong>les</strong> intérêts de leurs membres. El<strong>les</strong> fonctionnentcomme des ligues (branches) féminine, juvénile etde travailleurs du parti au gouvernement, qui choisitses chefs et qui exige leur loyauté. Autrement dit,ce sont des exemp<strong>les</strong> typiques d’ONG manipuléespar le Gouvernement, conçues pour dissimuler ladépendance du pays de l’aide externe et pour feindreune participation de la société civile qui n’existepas. Les seu<strong>les</strong> organisations de la société civileindépendantes, comme le Mouvement Erythréenpour la Démocratie et <strong>les</strong> Droits Humains, travaillentdepuis l’exil et sont accusées par le Gouvernementde « marionnettes de l’ennemi » ; s’ils sont attrapésdans le pays, leurs membres sont emprisonnés ettorturés.La coopération internationaleLa coopération internationale est cruciale pour résoudre<strong>les</strong> multip<strong>les</strong> crises mondia<strong>les</strong> qui frappentde manière disproportionnée <strong>les</strong> populations despays en développement. Pendant de nombreusesannées, le déficit alimentaire de l’Erythrée a étécouvert par l’aide alimentaire donnée par la Communautéinternationale (même si le Gouvernementne le reconnaît pas). Les organisations d’aide et <strong>les</strong>ONG internationa<strong>les</strong> ont joué un rôle fondamentaldans cet aspect. Toutefois, beaucoup d’entre el<strong>les</strong>ont été expulsées à la suite de la politique duGouvernement d’« autosuffisance », politique illusoire.Bien qu’il ne rejette pas l’aide alimentaire,le Gouvernement complique <strong>les</strong> démarches pourqu’elle puisse entrer dans le pays. Il préfère l’aideinternationale en espèces.L’Union Européenne demeure toujours l’un desprincipaux fournisseurs internationaux d’alimentset d’aide au développement de l’Erythrée. Elle a récemmentapprouvé un lot d’aide au développementpour 122 millions d’EUR (approximativement 161millions d’USD) du 10 ème Fonds de DéveloppementEuropéen, mais elle a des préoccupations légitimesquant au dédain montré par le gouvernementérythréen envers <strong>les</strong> exigences léga<strong>les</strong> qu’entraînetout plan d’aide au développement responsable. Cesexigences consistent à s’engager pour <strong>les</strong> principesde bonne gouvernance, de reddition de comptes etde respect des droits humains ainsi que de l’état dedroit, des principes qui n’existent pas en Erythrée. Lepays n’a ni la volonté politique, ni <strong>les</strong> moyens d’assurerune véritable politique de développement et il n’ya pas de processus transparent de prise de décisionsqui permette de formuler et de mettre en pratique <strong>les</strong>politiques étatiques pouvant aider à surmonter lacrise mondiale actuelle.Il est immédiatement nécessaire de mener lepays vers un système démocratique de gouvernanceet soutenu par la Communauté internationale. Enmême temps, l’aide humanitaire contrôlée par desONG internationa<strong>les</strong> indépendantes se présentecomme la façon la plus efficace de sauver la viede la population sans défense, asphyxiée par lagrave répression politique et l’effondrement économique.n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>87Érythrée

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