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l'evangile selon le spiritisme - O Consolador

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L’EVANGILESELON LE SPIRITISMECONTENANTL’EXPLICATION DES MAXIMES MORALES DU CHRISTLEUR CONCORDANCE AVEC LE SPIRITISMEET LEUR APPLICATION AUX DIVERSES POSITIONS DE LA VIEPAR ALLAN KARDECAuteur du Livre des Esprits.Il n’y a de foi inébranlab<strong>le</strong> quecel<strong>le</strong> qui peut regarder la raison faceà face, à tous <strong>le</strong>s âges de l’humanité.TROISIEME EDITIONREVUE, CORRIGEE ET MODIFIEENOUVELLE EDITIONUNION SPIRITE FRANÇAISE ETFRANCOPHONE


PREFACELes Esprits du Seigneur, qui sont <strong>le</strong>s vertus des cieux, comme uneimmense armée qui s'ébran<strong>le</strong> dès qu'el<strong>le</strong> en a reçu <strong>le</strong> commandement, serépandent sur toute la surface de la terre ; semblab<strong>le</strong>s à des étoi<strong>le</strong>s quitombent du ciel, ils viennent éclairer la route et ouvrir <strong>le</strong>s yeux desaveug<strong>le</strong>s.Je vous <strong>le</strong> dis en vérité, <strong>le</strong>s temps sont arrivés où toutes choses doiventêtre rétablies dans <strong>le</strong>ur sens véritab<strong>le</strong> pour dissiper <strong>le</strong>s ténèbres,confondre <strong>le</strong>s orgueil<strong>le</strong>ux et glorifier <strong>le</strong>s justes.Les grandes voix du ciel retentissent comme <strong>le</strong> son de la trompette, et<strong>le</strong>s choeurs des anges s'assemb<strong>le</strong>nt. Hommes, nous vous convions audivin concert ; que vos mains saisissent la lyre ; que vos voix s'unissent,et qu'en un hymne sacré el<strong>le</strong>s s'étendent et vibrent d'un bout de l'universà l'autre.Hommes, frères que nous aimons, nous sommes près de vous ; aimezvousaussi <strong>le</strong>s uns <strong>le</strong>s autres, et dites du fond de votre coeur, en faisant<strong>le</strong>s volontés du Père qui est au ciel : «Seigneur ! Seigneur !» et vouspourrez entrer dans <strong>le</strong> royaume des cieux.L'ESPRIT DE VERITE.NOTA. L'instruction ci-dessus, transmise par voie médianimique,résume à la fois <strong>le</strong> véritab<strong>le</strong> caractère du Spiritisme et <strong>le</strong> but de cetouvrage ; c'est pourquoi el<strong>le</strong> est placée ici comme préface.


INTRODUCTIONI. BUT DE CET OUVRAGE.On peut diviser <strong>le</strong>s matières contenues dans <strong>le</strong>s Evangi<strong>le</strong>s en cinqparties : Les actes ordinaires de la vie du Christ, <strong>le</strong>s mirac<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>sprédictions, <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s qui ont servi à l'établissement des dogmes del'Eglise et l'enseignement moral. Si <strong>le</strong>s quatre premières parties ont étél'objet de controverses, la dernière est demeurée inattaquab<strong>le</strong>. Devant cecode divin, l'incrédulité el<strong>le</strong>-même s'incline ; c'est <strong>le</strong> terrain où tous <strong>le</strong>scultes peuvent se rencontrer, <strong>le</strong> drapeau sous <strong>le</strong>quel tous peuvents'abriter, quel<strong>le</strong>s que soient <strong>le</strong>urs croyances, car el<strong>le</strong> n'a jamais fait <strong>le</strong>sujet des disputes religieuses, toujours et partout sou<strong>le</strong>vées par <strong>le</strong>squestions de dogme ; en <strong>le</strong>s discutant, d'ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>s sectes y eussenttrouvé <strong>le</strong>ur propre condamnation, car la plupart se sont plus attachées àla partie mystique qu'à la partie mora<strong>le</strong>, qui exige la réforme de soimême.Pour <strong>le</strong>s hommes en particulier, c'est une règ<strong>le</strong> de conduiteembrassant toutes <strong>le</strong>s circonstances de la vie privée ou publique, <strong>le</strong>principe de tous <strong>le</strong>s rapports sociaux fondés sur la plus rigoureusejustice ; c'est enfin, et par-dessus tout, la route infaillib<strong>le</strong> du bonheur àvenir, un coin du voi<strong>le</strong> <strong>le</strong>vé sur la vie future. C'est cette partie qui faitl'objet exclusif de cet ouvrage.Tout <strong>le</strong> monde admire la mora<strong>le</strong> évangélique ; chacun en proclame lasublimité et la nécessité, mais beaucoup <strong>le</strong> font de confiance, sur cequ'ils en ont entendu dire, ou sur la foi de quelques maximes devenuesproverbia<strong>le</strong>s ; mais peu la connaissent à fond, moins encore lacomprennent et savent en déduire <strong>le</strong>s conséquences. La raison en est engrande partie dans la difficulté que présente la <strong>le</strong>cture de l'Evangi<strong>le</strong>,inintelligib<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> plus grand nombre. La forme allégorique, <strong>le</strong>mysticisme intentionnel du langage, font que la plupart <strong>le</strong> lisent paracquit de conscience et par devoir, comme ils lisent <strong>le</strong>s prières sans <strong>le</strong>scomprendre, c'est-à-dire sans fruit. Les préceptes de mora<strong>le</strong>, disséminésçà et là, confondus dans la masse des autres récits, passent inaperçus ; ildevient alors impossib<strong>le</strong> d'en saisir l'ensemb<strong>le</strong>, et d'en faire l'objet d'une<strong>le</strong>cture et d'une méditation séparées.On a fait, il est vrai, des traités de mora<strong>le</strong> évangélique, maisl'arrangement en sty<strong>le</strong> littéraire moderne <strong>le</strong>ur ôte la naïveté primitive quien fait à la fois <strong>le</strong> charme et l'authenticité. Il en est de même desmaximes détachées, réduites à <strong>le</strong>ur plus simp<strong>le</strong> expression proverbia<strong>le</strong> ;


6 INTRODUCTIONce ne sont plus alors que des aphorismes qui perdent une partie de <strong>le</strong>urva<strong>le</strong>ur et de <strong>le</strong>ur intérêt, par l'absence des accessoires et descirconstances dans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s ils ont été donnés.Pour obvier à ces inconvénients, nous avons réuni dans cet ouvrage <strong>le</strong>sartic<strong>le</strong>s qui peuvent constituer, à proprement par<strong>le</strong>r, un code de mora<strong>le</strong>universel<strong>le</strong>, sans distinction de culte ; dans <strong>le</strong>s citations, nous avonsconservé tout ce qui était uti<strong>le</strong> au développement de la pensée,n'élaguant que <strong>le</strong>s choses étrangères au sujet. Nous avons en outrescrupu<strong>le</strong>usement respecté la traduction origina<strong>le</strong> de Sacy, ainsi que ladivision par versets. Mais, au lieu de nous attacher à un ordrechronologique impossib<strong>le</strong> et sans avantage réel dans un pareil sujet, <strong>le</strong>smaximes ont été groupées et classées méthodiquement <strong>selon</strong> <strong>le</strong>ur nature,de manière à ce qu'el<strong>le</strong>s se déduisent autant que possib<strong>le</strong> <strong>le</strong>s unes desautres. Le rappel des numéros d'ordre des chapitres et des versets permetde recourir à la classification vulgaire, si on <strong>le</strong> juge à propos.Ce n'était là qu'un travail matériel qui, seul, n'eût été que d'une utilitésecondaire ; l'essentiel était de <strong>le</strong> mettre à la portée de tous, parl'explication des passages obscurs, et <strong>le</strong> développement de toutes <strong>le</strong>sconséquences en vue de l'application aux différentes positions de la vie.C'est ce que nous avons essayé de faire avec l'aide des bons Esprits quinous assistent.Beaucoup de points de l'Evangi<strong>le</strong>, de la Bib<strong>le</strong> et des auteurs sacrés engénéral, ne sont inintelligib<strong>le</strong>s, beaucoup même ne paraissentirrationnels que faute de la c<strong>le</strong>f pour en comprendre <strong>le</strong> véritab<strong>le</strong> sens ;cette c<strong>le</strong>f est tout entière dans <strong>le</strong> Spiritisme, ainsi qu'ont déjà pu s'enconvaincre ceux qui l'ont étudié sérieusement, et ainsi qu'on <strong>le</strong>reconnaîtra mieux encore plus tard. Le Spiritisme se retrouve partoutdans l'antiquité et à tous <strong>le</strong>s âges de l'humanité : partout on en trouve destraces dans <strong>le</strong>s écrits, dans <strong>le</strong>s croyances et sur <strong>le</strong>s monuments ; c'estpour cela que, s'il ouvre des horizons nouveaux pour l'avenir, il jette unelumière non moins vive sur <strong>le</strong>s mystères du passé.Comme complément de chaque précepte, nous avons ajouté quelquesinstructions choisies parmi cel<strong>le</strong>s qui ont été dictées par <strong>le</strong>s Esprits endivers pays, et par l'entremise de différents médiums. Si ces instructionsfussent sorties d'une source unique, el<strong>le</strong>s auraient pu subir une influencepersonnel<strong>le</strong> ou cel<strong>le</strong> du milieu, tandis que la diversité d'origines prouve


INTRODUCTION 7que <strong>le</strong>s Esprits donnent <strong>le</strong>urs enseignements partout, et qu'il n'y apersonne de privilégié sous ce rapport 1 .Cet ouvrage est à l'usage de tout <strong>le</strong> monde ; chacun peut y puiser <strong>le</strong>smoyens de conformer sa conduite à la mora<strong>le</strong> du Christ. Les spirites ytrouveront en outre <strong>le</strong>s applications qui <strong>le</strong>s concernent plusspécia<strong>le</strong>ment. Grâce aux communications établies désormais d'unemanière permanente entre <strong>le</strong>s hommes et <strong>le</strong> monde invisib<strong>le</strong>, la loiévangélique, enseignée à toutes <strong>le</strong>s nations par <strong>le</strong>s Esprits eux-mêmes,ne sera plus une <strong>le</strong>ttre morte, parce que chacun la comprendra, et seraincessamment sollicité de la mettre en pratique par <strong>le</strong>s conseils de sesguides spirituels. Les instructions des Esprits sont véritab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s voixdu ciel qui viennent éclairer <strong>le</strong>s hommes et <strong>le</strong>s convier à la pratique del'Evangi<strong>le</strong>.II. AUTORITE DE LA DOCTRINE SPIRITE.Contrô<strong>le</strong> universel de l'enseignement des Esprits.Si la doctrine spirite était une conception purement humaine, el<strong>le</strong>n'aurait pour garant que <strong>le</strong>s lumières de celui qui l'aurait conçue ; orpersonne ici-bas ne saurait avoir la prétention fondée de posséder à luiseul la vérité absolue. Si <strong>le</strong>s Esprits qui l'ont révélée se fussentmanifestés à un seul homme, rien n'en garantirait l'origine, car il faudraitcroire sur paro<strong>le</strong> celui qui dirait avoir reçu <strong>le</strong>ur enseignement. Enadmettant de sa part une parfaite sincérité, tout au plus pourrait-ilconvaincre <strong>le</strong>s personnes de son entourage ; il pourrait avoir dessectaires, mais il ne parviendrait jamais à rallier tout <strong>le</strong> monde.1 Nous aurions pu, sans doute, donner sur chaque sujet un plus grand nombre decommunications obtenues dans une multitude d'autres vil<strong>le</strong>s et centres spirites que ceux quenous citons ; mais nous avons dû, avant tout, éviter la monotonie des répétitions inuti<strong>le</strong>s, etlimiter notre choix à cel<strong>le</strong>s qui, pour <strong>le</strong> fond et pour la forme, rentraient plus spécia<strong>le</strong>mentdans <strong>le</strong> cadre de cet ouvrage, réservant pour des publications ultérieures cel<strong>le</strong>s qui n'ont putrouver place ici.Quant aux médiums, nous nous sommes abstenu d'en nommer aucun ; pour la plupart, c'estsur <strong>le</strong>ur demande qu'ils n'ont pas été désignés, et dès lors il ne convenait pas de faire desexceptions. Les noms des médiums n'auraient d'ail<strong>le</strong>urs ajouté aucune va<strong>le</strong>ur à l'oeuvre desEsprits ; ce n'eût donc été qu'une satisfaction d'amour-propre à laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s médiums vraimentsérieux ne tiennent nul<strong>le</strong>ment ; ils comprennent que, <strong>le</strong>ur rô<strong>le</strong> étant purement passif, la va<strong>le</strong>urdes communications ne rehausse en rien <strong>le</strong>ur mérite personnel, et qu'il serait puéril de tirervanité d'un travail d'intelligence auquel on ne prête qu'un concours mécanique.


8 INTRODUCTIONDieu a voulu que la nouvel<strong>le</strong> révélation arrivât aux hommes par unevoie plus rapide et plus authentique ; c'est pourquoi il a chargé <strong>le</strong>sEsprits d'al<strong>le</strong>r la porter d'un pô<strong>le</strong> à l'autre, en se manifestant partout, sansdonner à personne <strong>le</strong> privilège exclusif d'entendre <strong>le</strong>ur paro<strong>le</strong>. Unhomme peut être abusé, peut s'abuser lui-même ; il n'en saurait être ainsiquand des millions voient et entendent la même chose : c'est une garantiepour chacun et pour tous. D'ail<strong>le</strong>urs on peut faire disparaître un homme,on ne fait pas disparaître des masses ; on peut brû<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s livres, mais onne peut brû<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s Esprits ; or, brûlât-on tous <strong>le</strong>s livres, la source de ladoctrine n'en serait pas moins intarissab<strong>le</strong>, par cela même qu'el<strong>le</strong> n'estpas sur la terre, qu'el<strong>le</strong> surgit de partout, et que chacun peut y puiser. Adéfaut des hommes pour la répandre, il y aura toujours <strong>le</strong>s Esprits, quiatteignent tout <strong>le</strong> monde et que personne ne peut atteindre.Ce sont donc en réalité <strong>le</strong>s Esprits qui font eux-mêmes la propagande,à l'aide des innombrab<strong>le</strong>s médiums qu'ils suscitent de tous <strong>le</strong>s côtés. S'iln'avait eu qu'un interprète unique, quelque favorisé qu'il fût, <strong>le</strong>Spiritisme serait à peine connu ; cet interprète lui-même, à quelqueclasse qu'il appartînt, eût été l'objet de préventions de la part debeaucoup de gens ; toutes <strong>le</strong>s nations ne l'eussent pas accepté, tandis que<strong>le</strong>s Esprits, se communiquant partout, à tous <strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>s, à toutes <strong>le</strong>ssectes et à tous <strong>le</strong>s partis, sont acceptés par tous ; <strong>le</strong> Spiritisme n'a pas denationalité ; il est en dehors de tous <strong>le</strong>s cultes particuliers ; il n'estimposé par aucune classe de la société, puisque chacun peut recevoir desinstructions de ses parents et de ses amis d'outre-tombe. Il fallait qu'il enfût ainsi pour qu'il pût appe<strong>le</strong>r tous <strong>le</strong>s hommes à la fraternité ; s'il ne sefût pas placé sur un terrain neutre, il aurait maintenu <strong>le</strong>s dissensions aulieu de <strong>le</strong>s apaiser.Cette universalité dans l'enseignement des Esprits fait la force duSpiritisme ; là aussi est la cause de sa propagation si rapide ; tandis quela voix d'un seul homme, même avec <strong>le</strong> secours de l'imprimerie, eut misdes sièc<strong>le</strong>s avant de parvenir à l'oreil<strong>le</strong> de tous, voilà que des milliers devoix se font entendre simultanément sur tous <strong>le</strong>s points de la terre pourproclamer <strong>le</strong>s mêmes principes, et <strong>le</strong>s transmettre aux plus ignorantscomme aux plus savants, afin que personne ne soit déshérité. C'est unavantage dont n'a joui aucune des doctrines qui ont paru jusqu'à ce jour.Si donc <strong>le</strong> Spiritisme est une vérité, il ne craint ni <strong>le</strong> mauvais vouloir deshommes, ni <strong>le</strong>s révolutions mora<strong>le</strong>s, ni <strong>le</strong>s bou<strong>le</strong>versements physiques duglobe, parce qu'aucune de ces choses ne peut atteindre <strong>le</strong>s Esprits.


INTRODUCTION 9Mais ce n'est pas <strong>le</strong> seul avantage qui résulte de cette positionexceptionnel<strong>le</strong> ; <strong>le</strong> Spiritisme y trouve une garantie toute-puissantecontre <strong>le</strong>s schismes que pourraient susciter soit l'ambition de quelquesuns,soit <strong>le</strong>s contradictions de certains Esprits. Ces contradictions sontassurément un écueil, mais qui porte en soi <strong>le</strong> remède à côté du mal.On sait que <strong>le</strong>s Esprits, par suite de la différence qui existe dans <strong>le</strong>urscapacités, sont loin d'être individuel<strong>le</strong>ment en possession de toute lavérité ; qu'il n'est pas donné à tous de pénétrer certains mystères ; que<strong>le</strong>ur savoir est proportionné à <strong>le</strong>ur épuration ; que <strong>le</strong>s Esprits vulgairesn'en savent pas plus que <strong>le</strong>s hommes, et moins que certains hommes ;qu'il y a parmi eux, comme parmi ces derniers, des présomptueux et desfaux savants qui croient savoir ce qu'ils ne savent pas ; dessystématiques qui prennent <strong>le</strong>urs idées pour la vérité ; enfin que <strong>le</strong>sEsprits de l'ordre <strong>le</strong> plus é<strong>le</strong>vé, ceux qui sont complètementdématérialisés, ont seuls dépouillé <strong>le</strong>s idées et <strong>le</strong>s préjugés terrestres ;mais on sait aussi que <strong>le</strong>s Esprits trompeurs ne se font pas scrupu<strong>le</strong> des'abriter sous des noms d'emprunt, pour faire accepter <strong>le</strong>urs utopies. Il enrésulte que, pour tout ce qui est en dehors de l'enseignementexclusivement moral, <strong>le</strong>s révélations que chacun peut obtenir ont uncaractère individuel sans authenticité ; qu'el<strong>le</strong>s doivent être considéréescomme des opinions personnel<strong>le</strong>s de tel ou tel Esprit, et qu'il y auraitimprudence à <strong>le</strong>s accepter et à <strong>le</strong>s promulguer légèrement comme desvérités absolues.Le premier contrô<strong>le</strong> est sans contredit celui de la raison, auquel il fautsoumettre, sans exception, tout ce qui vient des Esprits ; toute théorie encontradiction manifeste avec <strong>le</strong> bon sens, avec une logique rigoureuse, etavec <strong>le</strong>s données positives que l'on possède, de quelque nom respectab<strong>le</strong>qu'el<strong>le</strong> soit signée, doit être rejetée. Mais ce contrô<strong>le</strong> est incomp<strong>le</strong>t dansbeaucoup de cas, par suite de l'insuffisance des lumières de certainespersonnes, et de la tendance de beaucoup à prendre <strong>le</strong>ur propre jugementpour unique arbitre de la vérité. En pareil cas, que font <strong>le</strong>s hommes quin'ont pas en eux-mêmes une confiance absolue ? Ils prennent l'avis duplus grand nombre, et l'opinion de la majorité est <strong>le</strong>ur guide. Ainsi doit-i<strong>le</strong>n être à l'égard de l'enseignement des Esprits, qui nous en fournissenteux-mêmes <strong>le</strong>s moyens.La concordance dans l'enseignement des Esprits est donc <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>urcontrô<strong>le</strong> ; mais il faut encore qu'el<strong>le</strong> ait lieu dans certaines conditions. Lamoins sûre de toutes, c'est lorsqu'un médium interroge lui-mêmeplusieurs Esprits sur un point douteux ; il est bien évident que, s'il est


10 INTRODUCTIONsous l'empire d'une obsession, ou s'il a affaire à un Esprit trompeur, cetEsprit peut lui dire la même chose sous des noms différents. Il n'y a pasnon plus une garantie suffisante dans la conformité qu'on peut obtenirpar <strong>le</strong>s médiums d'un seul centre, parce qu'ils peuvent subir la mêmeinfluence.La seu<strong>le</strong> garantie sérieuse de l'enseignement des Esprits est dans laconcordance qui existe entre <strong>le</strong>s révélations faites spontanément, parl'entremise d'un grand nombre de médiums étrangers <strong>le</strong>s uns aux autres,et dans diverses contrées.On conçoit qu'il ne s'agit point ici des communications relatives à desintérêts secondaires, mais de ce qui se rattache aux principes mêmes dela doctrine. L'expérience prouve que lorsqu'un principe nouveau doitrecevoir sa solution, il est enseigné spontanément sur différents points àla fois, et d'une manière identique, sinon pour la forme, du moins pour <strong>le</strong>fond. Si donc il plaît à un Esprit de formu<strong>le</strong>r un système excentrique,basé sur ses seu<strong>le</strong>s idées et en dehors de la vérité, on peut être certainque ce système restera circonscrit, et tombera devant l'unanimité desinstructions données partout ail<strong>le</strong>urs, ainsi qu'on en a déjà eu plusieursexemp<strong>le</strong>s. C'est cette unanimité qui a fait tomber tous <strong>le</strong>s systèmespartiels éclos à l'origine du Spiritisme, alors que chacun expliquait <strong>le</strong>sphénomènes à sa manière, et avant qu'on ne connût <strong>le</strong>s lois qui régissent<strong>le</strong>s rapports du monde visib<strong>le</strong> et du monde invisib<strong>le</strong>.Tel<strong>le</strong> est la base sur laquel<strong>le</strong> nous nous appuyons quand nousformulons un principe de la doctrine ; ce n'est pas parce qu'il est <strong>selon</strong>nos idées que nous <strong>le</strong> donnons comme vrai ; nous ne nous posonsnul<strong>le</strong>ment en arbitre suprême de la vérité, et nous ne disons à personne :«Croyez tel<strong>le</strong> chose, parce que nous vous <strong>le</strong> disons.» Notre opinion n'està nos propres yeux qu'une opinion personnel<strong>le</strong> qui peut être juste oufausse, parce que nous ne sommes pas plus infaillib<strong>le</strong> qu'un autre. Cen'est pas non plus parce qu'un principe nous est enseigné qu'il est pournous la vérité, mais parce qu'il a reçu la sanction de la concordance.Dans notre position, recevant <strong>le</strong>s communications de près de mil<strong>le</strong>centres spirites sérieux, disséminés sur <strong>le</strong>s divers points du globe, noussommes à même de voir <strong>le</strong>s principes sur <strong>le</strong>squels cette concordances'établit ; c'est cette observation qui nous a guidé jusqu'à ce jour, et c'estéga<strong>le</strong>ment cel<strong>le</strong> qui nous guidera dans <strong>le</strong>s nouveaux champs que <strong>le</strong>Spiritisme est appelé à explorer. C'est ainsi qu'en étudiant attentivement<strong>le</strong>s communications venues de divers côtés, tant de la France que del'étranger, nous reconnaissons, à la nature toute spécia<strong>le</strong> des révélations,


INTRODUCTION 11qu'il y a tendance à entrer dans une nouvel<strong>le</strong> voie, et que <strong>le</strong> moment estvenu de faire un pas en avant. Ces révélations, parfois faites à motscouverts, ont souvent passé inaperçues pour beaucoup de ceux qui <strong>le</strong>sont obtenues ; beaucoup d'autres ont cru <strong>le</strong>s avoir seuls. Prises isolément,el<strong>le</strong>s seraient pour nous sans va<strong>le</strong>ur ; la coïncidence seu<strong>le</strong> <strong>le</strong>ur donne dela gravité ; puis, quand <strong>le</strong> moment est venu de <strong>le</strong>s livrer au grand jour dela publicité, chacun alors se rappel<strong>le</strong> avoir reçu des instructions dans <strong>le</strong>même sens. C'est ce mouvement général que nous observons, que nousétudions, avec l'assistance de nos guides spirituels, et qui nous aide àjuger de l'opportunité qu'il y a pour nous de faire une chose ou de nousabstenir.Ce contrô<strong>le</strong> universel est une garantie pour l'unité future du Spiritisme,et annu<strong>le</strong>ra toutes <strong>le</strong>s théories contradictoires. C'est là, que, dans l'avenir,on cherchera <strong>le</strong> critérium de la vérité. Ce qui a fait <strong>le</strong> succès de ladoctrine formulée dans <strong>le</strong> Livre des Esprits et dans <strong>le</strong> Livre desMédiums, c'est que partout chacun a pu recevoir directement des Espritsla confirmation de ce qu'ils renferment. Si, de toutes parts, <strong>le</strong>s Espritsfussent venus <strong>le</strong>s contredire, ces livres auraient depuis longtemps subi <strong>le</strong>sort de toutes <strong>le</strong>s conceptions fantastiques. L'appui même de la presse ne<strong>le</strong>s eût pas sauvés du naufrage, tandis que, privés de cet appui, ils n'enont pas moins fait un chemin rapide, parce qu'ils ont eu celui des Esprits,dont <strong>le</strong> bon vouloir, a compensé, et au-delà, <strong>le</strong> mauvais vouloir deshommes. Ainsi en sera-t-il de toutes <strong>le</strong>s idées émanant des Esprits ou deshommes qui ne pourraient supporter l'épreuve de ce contrô<strong>le</strong>, dontpersonne ne peut contester la puissance.Supposons donc qu'il plaise à certains Esprits de dicter, sous un titrequelconque, un livre en sens contraire ; supposons même que, dans uneintention hosti<strong>le</strong>, et en vue de discréditer la doctrine, la malveillancesuscitât des communications apocryphes, quel<strong>le</strong> influence pourraientavoir ces écrits, s'ils sont démentis de tous côtés par <strong>le</strong>s Esprits ? C'est del'adhésion de ces derniers qu'il faudrait s'assurer avant de lancer unsystème en <strong>le</strong>ur nom. Du système d'un seul à celui de tous, il y a ladistance de l'unité à l'infini. Que peuvent même tous <strong>le</strong>s arguments desdétracteurs sur l'opinion des masses, quand des millions de voix amies,parties de l'espace, viennent de tous <strong>le</strong>s coins de l'univers, et dans <strong>le</strong> seinde chaque famil<strong>le</strong> <strong>le</strong>s battre en brèche ? L'expérience, sous ce rapport,n'a-t-el<strong>le</strong> pas déjà confirmé la théorie ? Que sont devenues toutes cespublications qui devaient, soi-disant, anéantir <strong>le</strong> Spiritisme ? Quel<strong>le</strong> estcel<strong>le</strong> qui en a seu<strong>le</strong>ment arrêté la marche ? Jusqu'à ce jour on n'avait pas


12 INTRODUCTIONenvisagé la question sous ce point de vue, l'un des plus graves, sanscontredit ; chacun a compté sur soi, mais sans compter avec <strong>le</strong>s Esprits.Le principe de la concordance est encore une garantie contre <strong>le</strong>saltérations que pourraient faire subir au Spiritisme <strong>le</strong>s sectes quivoudraient s'en emparer à <strong>le</strong>ur profit, et l'accommoder à <strong>le</strong>ur guise.Quiconque tenterait de <strong>le</strong> faire dévier de son but providentiel échouerait,par la raison bien simp<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s Esprits, par l'universalité de <strong>le</strong>urenseignement, feront tomber toute modification qui s'écarterait de lavérité.Il ressort de tout ceci une vérité capita<strong>le</strong>, c'est que quiconque voudraitse mettre à la traverse du courant d'idées établi et sanctionné pourraitbien causer une petite perturbation loca<strong>le</strong> et momentanée, mais jamaisdominer l'ensemb<strong>le</strong>, même dans <strong>le</strong> présent, et encore moins dans l'avenir.Il en ressort de plus que <strong>le</strong>s instructions données par <strong>le</strong>s Esprits sur <strong>le</strong>spoints de la doctrine non encore élucidés ne sauraient faire loi, tantqu'el<strong>le</strong>s resteront isolées ; qu'el<strong>le</strong>s ne doivent, par conséquent, êtreacceptées que sous toutes réserves et à titre de renseignement.De là la nécessité d'apporter à <strong>le</strong>ur publication la plus grandeprudence ; et, dans <strong>le</strong> cas où l'on croirait devoir <strong>le</strong>s publier, il importe dene <strong>le</strong>s présenter que comme des opinions individuel<strong>le</strong>s, plus ou moinsprobab<strong>le</strong>s, mais ayant, dans tous <strong>le</strong>s cas, besoin de confirmation. C'estcette confirmation qu'il faut attendre avant de présenter un principecomme vérité absolue, si l'on ne veut être accusé de légèreté ou decrédulité irréfléchie.Les Esprits supérieurs procèdent dans <strong>le</strong>urs révélations avec uneextrême sagesse ; ils n'abordent <strong>le</strong>s grandes questions de la doctrine quegraduel<strong>le</strong>ment, à mesure que l'intelligence est apte à comprendre desvérités d'un ordre plus é<strong>le</strong>vé, et que <strong>le</strong>s circonstances sont propices pourl'émission d'une idée nouvel<strong>le</strong>. C'est pour quoi, dès <strong>le</strong> commencement,ils n'ont pas tout dit, et n'ont pas encore tout dit aujourd'hui, ne cédantjamais à l'impatience des gens trop pressés qui veu<strong>le</strong>nt cueillir <strong>le</strong>s fruitsavant <strong>le</strong>ur maturité. Il serait donc superflu de vouloir devancer <strong>le</strong> tempsassigné à chaque chose par la Providence, car alors <strong>le</strong>s Esprits vraimentsérieux refusent positivement <strong>le</strong>ur concours ; mais <strong>le</strong>s Esprits légers, sesouciant peu de la vérité, répondent à tout ; c'est pour cette raison que,sur toutes <strong>le</strong>s questions prématurées, il y a toujours des réponsescontradictoires.Les principes ci-dessus ne sont point <strong>le</strong> fait d'une théorie personnel<strong>le</strong>,mais la conséquence forcée des conditions dans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s Esprits se


INTRODUCTION 13manifestent. Il est bien évident que, si un Esprit dit une chose d'un côté,tandis que des millions d'Esprits disent <strong>le</strong> contraire ail<strong>le</strong>urs, laprésomption de vérité ne peut être pour celui qui est seul ou à peu prèsde son avis ; or prétendre avoir seul raison contre tous serait aussiillogique de la part d'un Esprit que de la part des hommes. Les Espritsvraiment sages, s'ils ne se sentent pas suffisamment éclairés sur unequestion, ne la tranchent jamais d'une manière absolue ; ils déclarent nela traiter qu'à <strong>le</strong>ur point de vue, et conseil<strong>le</strong>nt eux-mêmes d'en attendre laconfirmation.Quelque grande, bel<strong>le</strong> et juste que soit une idée, il est impossib<strong>le</strong>qu'el<strong>le</strong> rallie, dès <strong>le</strong> début, toutes <strong>le</strong>s opinions. Les conflits qui enrésultent sont la conséquence inévitab<strong>le</strong> du mouvement qui s'opère ; ilssont même nécessaires pour mieux faire ressortir la vérité, et il est uti<strong>le</strong>qu'ils aient lieu au commencement pour que <strong>le</strong>s idées fausses soient pluspromptement usées. Les spirites qui en concevraient quelques craintesdoivent donc être parfaitement rassurés. Toutes <strong>le</strong>s prétentions isoléestomberont, par la force des choses, devant <strong>le</strong> grand et puissant critériumdu contrô<strong>le</strong> universel.Ce n'est pas à l'opinion d'un homme qu'on se ralliera, c'est à la voixunanime des Esprits ; ce n'est pas un homme, pas plus nous qu'un autre,qui fondera l'orthodoxie spirite ; ce n'est pas non plus un Esprit venants'imposer à qui que ce soit : c'est l'universalité des Esprits secommuniquant sur toute la terre par l'ordre de Dieu ; là est <strong>le</strong> caractèreessentiel de la doctrine spirite ; là est sa force, là est son autorité. Dieu avoulu que sa loi fût assise sur une base inébranlab<strong>le</strong>, c'est pourquoi il nel'a pas fait reposer sur la tête fragi<strong>le</strong> d'un seul.C'est devant ce puissant aréopage, qui ne connaît ni <strong>le</strong>s coteries, ni <strong>le</strong>srivalités jalouses, ni <strong>le</strong>s sectes, ni <strong>le</strong>s nations, que viendront se brisertoutes <strong>le</strong>s oppositions, toutes <strong>le</strong>s ambitions, toutes <strong>le</strong>s prétentions à lasuprématie individuel<strong>le</strong> ; que nous nous briserions nous-même, si nousvoulions substituer nos propres idées à ses décrets souverains ; c'est luiseul qui tranchera toutes <strong>le</strong>s questions litigieuses, qui fera taire <strong>le</strong>sdissidences, et donnera tort ou raison à qui de droit. Devant cet imposantaccord de toutes <strong>le</strong>s voix du ciel, que peut l'opinion d'un homme ou d'unEsprit ? Moins que la goutte d'eau qui se perd dans l'Océan, moins que lavoix de l'enfant étouffée par la tempête.L'opinion universel<strong>le</strong>, voilà donc <strong>le</strong> juge suprême, celui qui prononceen dernier ressort ; el<strong>le</strong> se forme de toutes <strong>le</strong>s opinions individuel<strong>le</strong>s ; sil'une d'el<strong>le</strong>s est vraie, el<strong>le</strong> n'a que son poids relatif dans la balance ; si


14 INTRODUCTIONel<strong>le</strong> est fausse, el<strong>le</strong> ne peut l'emporter sur toutes <strong>le</strong>s autres. Dans cetimmense concours, <strong>le</strong>s individualités s'effacent, et c'est là un nouveléchec pour l'orgueil humain.Cet ensemb<strong>le</strong> harmonieux se dessine déjà ; or ce sièc<strong>le</strong> ne passera pasqu'il ne resp<strong>le</strong>ndisse de tout son éclat, de manière à fixer toutes <strong>le</strong>sincertitudes ; car d'ici là des voix puissantes auront reçu mission de sefaire entendre pour rallier <strong>le</strong>s hommes sous <strong>le</strong> même drapeau, dès que <strong>le</strong>champ sera suffisamment labouré. En attendant, celui qui flotterait entredeux systèmes opposés peut observer dans quel sens se forme l'opiniongénéra<strong>le</strong> : c'est l'indice certain du sens dans <strong>le</strong>quel se prononce lamajorité des Esprits sur <strong>le</strong>s divers points où ils se communiquent ; c'estun signe non moins certain de celui des deux systèmes qui l'emportera.III. NOTICES HISTORIQUES.Pour bien comprendre certains passages des Evangi<strong>le</strong>s, il estnécessaire de connaître la va<strong>le</strong>ur de plusieurs mots qui y sontfréquemment employés, et qui caractérisent l'état des moeurs et de lasociété juive à cette époque. Ces mots n'ayant plus pour nous <strong>le</strong> mêmesens ont été souvent mal interprétés, et par cela même ont laissé unesorte d'incertitude. L'intelligence de <strong>le</strong>ur signification explique en outre<strong>le</strong> sens véritab<strong>le</strong> de certaines maximes qui semb<strong>le</strong>nt étranges au premierabord.SAMARITAINS. Après <strong>le</strong> schisme des dix tribus, Samarie devint lacapita<strong>le</strong> du royaume dissident d'Israël. Détruite et rebâtie à plusieursreprises, el<strong>le</strong> fut, sous <strong>le</strong>s Romains, <strong>le</strong> chef-lieu de la Samarie, l'une desquatre divisions de la Pa<strong>le</strong>stine. Hérode, dit <strong>le</strong> Grand, l'embellit desomptueux monuments, et, pour flatter Auguste, lui donna <strong>le</strong> nomd'Augusta, en grec Sébaste.Les Samaritains furent presque toujours en guerre avec <strong>le</strong>s rois deJuda ; une aversion profonde, datant de la séparation, se perpétuaconstamment entre <strong>le</strong>s deux peup<strong>le</strong>s, qui fuyaient toutes relationsréciproques. Les Samaritains, pour rendre la scission plus profonde etn'avoir point à venir à Jérusa<strong>le</strong>m pour la célébration des fêtes religieuses,se construisirent un temp<strong>le</strong> particulier, et adoptèrent certaines réformes ;ils n'admettaient que <strong>le</strong> Pentateuque contenant la loi de Moïse, etrejetaient tous <strong>le</strong>s livres qui y furent annexés depuis. Leurs livres sacrésétaient écrits en caractères hébreux de la plus haute antiquité. Aux yeuxdes Juifs orthodoxes ils étaient hérétiques, et, par cela même, méprisés,anathématisés et persécutés. L'antagonisme des deux nations avait donc


INTRODUCTION 15pour unique principe la divergence des opinions religieuses, quoique<strong>le</strong>urs croyances eussent la même origine ; c'étaient <strong>le</strong>s Protestants de cetemps-là.On trouve encore aujourd'hui des Samaritains dans quelques contréesdu Levant, particulièrement à Naplouse et à Jaffa. Ils observent la loi deMoïse avec plus de rigueur que <strong>le</strong>s autres Juifs, et ne contractentd'alliance qu'entre eux.NAZAREENS, nom donné, dans l'ancienne loi, aux Juifs qui faisaientvoeu, soit pour la vie, soit pour un temps, de conserver une puretéparfaite ; ils s'engageaient à la chasteté, à l'abstinence des liqueurs et à laconservation de <strong>le</strong>ur chevelure. Samson, Samuel et Jean-Baptiste étaientNazaréens.Plus tard <strong>le</strong>s Juifs donnèrent ce nom aux premiers chrétiens, parallusion à Jésus de Nazareth.Ce fut aussi <strong>le</strong> nom d'une secte hérétique des premiers sièc<strong>le</strong>s de l'èrechrétienne, qui, de même que <strong>le</strong>s Ebionites, dont el<strong>le</strong> adoptait certainsprincipes, mêlait <strong>le</strong>s pratiques du Mosaïsme aux dogmes chrétiens. Cettesecte disparut au quatrième sièc<strong>le</strong>.PUBLICAINS. On appelait ainsi, dans l'ancienne Rome, <strong>le</strong>schevaliers fermiers des taxes publiques, chargés du recouvrement desimpôts et des revenus de toute nature, soit à Rome même, soit dans <strong>le</strong>sautres parties de l'empire. Ils étaient l'analogue des fermiers généraux ettraitants de l'ancien régime en France, et tels qu'ils existent encore danscertaines contrées. Les risques qu'ils couraient faisaient fermer <strong>le</strong>s yeuxsur <strong>le</strong>s richesses qu'ils acquéraient souvent, et qui, chez beaucoup,étaient <strong>le</strong> produit d'exactions et de bénéfices scanda<strong>le</strong>ux. Le nom depublicain s'étendit plus tard à tous ceux qui avaient <strong>le</strong> maniement desdeniers publics et aux agents subalternes. Aujourd'hui ce mot se prenden mauvaise part pour désigner <strong>le</strong>s financiers et agents d'affaires peuscrupu<strong>le</strong>ux ; on dit quelquefois : «Avide comme un publicain ; richecomme un publicain,» pour une fortune de mauvais aloi.De la domination romaine, l'impôt fut ce que <strong>le</strong>s Juifs acceptèrent <strong>le</strong>plus diffici<strong>le</strong>ment, et ce qui causa parmi eux <strong>le</strong> plus d'irritation ; ils'ensuivit plusieurs révoltes, et l'on en fit une question religieuse, parcequ'on <strong>le</strong> regardait comme contraire à la loi. Il se forma même un partipuissant à la tête duquel était un certain Juda, dit <strong>le</strong> Gaulonite, qui avaitpour principe <strong>le</strong> refus de l'impôt. Les Juifs avaient donc en horreurl'impôt, et, par suite, tous ceux qui étaient chargés de <strong>le</strong> percevoir ; de là


16 INTRODUCTION<strong>le</strong>ur aversion pour <strong>le</strong>s publicains de tous rangs, parmi <strong>le</strong>squels pouvaientse trouver des gens très estimab<strong>le</strong>s, mais qui, en raison de <strong>le</strong>ursfonctions, étaient méprisés, ainsi que ceux qui <strong>le</strong>s fréquentaient, et quiétaient confondus dans la même réprobation. Les Juifs de distinctionauraient cru se compromettre en ayant avec eux des rapports d'intimité.Les PEAGERS étaient <strong>le</strong>s percepteurs de bas étage, chargésprincipa<strong>le</strong>ment du recouvrement des droits à l'entrée des vil<strong>le</strong>s. Leursfonctions correspondaient à peu près à cel<strong>le</strong>s des douaniers et desreceveurs d'octroi ; ils partageaient la réprobation des publicains engénéral. C'est pour cette raison que, dans l'Evangi<strong>le</strong>, on trouvefréquemment <strong>le</strong> nom de publicain accolé à celui de gens de mauvaisevie ; cette qualification n'impliquait point cel<strong>le</strong> de débauchés et de genssans aveu ; c'était un terme de mépris synonyme de gens de mauvaisecompagnie, indignes de fréquenter <strong>le</strong>s gens comme il faut.PHARISIENS (de l'Hébreu Parasch division, séparation). Latradition formait une partie importante de la théologie juive ; el<strong>le</strong>consistait dans <strong>le</strong> recueil des interprétations successives données sur <strong>le</strong>sens des Ecritures, et qui étaient devenues des artic<strong>le</strong>s de dogme. C'était,parmi <strong>le</strong>s docteurs, <strong>le</strong> sujet d'interminab<strong>le</strong>s discussions, <strong>le</strong> plus souventsur de simp<strong>le</strong>s questions de mots ou de formes, dans <strong>le</strong> genre desdisputes théologiques et des subtilités de la scolastique du moyen âge ;de là naquirent différentes sectes qui prétendaient avoir chacune <strong>le</strong>monopo<strong>le</strong> de la vérité, et, comme cela arrive presque toujours, sedétestaient cordia<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s unes <strong>le</strong>s autres.Parmi ces sectes la plus influente était cel<strong>le</strong> des Pharisiens, qui eutpour chef Hil<strong>le</strong>l, docteur juif né à Babylone, fondateur d'une éco<strong>le</strong>célèbre où l'on enseignait que la foi n'était due qu'aux Ecritures. Sonorigine remonte à l'an 180 ou 200 avant J.-C. Les Pharisiens furentpersécutés à diverses époques, notamment sous Hyrcan, souverainpontife et roi des Juifs, Aristobu<strong>le</strong> et A<strong>le</strong>xandre, roi de Syrie ; cependant,ce dernier <strong>le</strong>ur ayant rendu <strong>le</strong>urs honneurs et <strong>le</strong>urs biens, ils ressaisirent<strong>le</strong>ur puissance qu'ils conservèrent jusqu'à la ruine de Jérusa<strong>le</strong>m, l'an 70de l'ère chrétienne, époque à laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong>ur nom disparut à la suite de ladispersion des Juifs.Les Pharisiens prenaient une part active dans <strong>le</strong>s controversesreligieuses. Servi<strong>le</strong>s observateurs des pratiques extérieures du culte etdes cérémonies, p<strong>le</strong>ins d'un zè<strong>le</strong> ardent de prosélytisme, ennemis desnovateurs, ils affectaient une grande sévérité de principes ; mais, sous <strong>le</strong>s


INTRODUCTION 17apparences d'une dévotion méticu<strong>le</strong>use, ils cachaient des moeursdissolues, beaucoup d'orgueil, et par-dessus tout un amour excessif dedomination. La religion était pour eux plutôt un moyen d'arriver quel'objet d'une foi sincère. Ils n'avaient que <strong>le</strong>s dehors et l'ostentation de lavertu ; mais par là ils exerçaient une grande influence sur <strong>le</strong> peup<strong>le</strong>, auxyeux duquel ils passaient pour de saints personnages ; c'est pourquoi ilsétaient très puissants à Jérusa<strong>le</strong>m.Ils croyaient, ou du moins faisaient profession de croire à laProvidence, à l'immortalité de l'âme, à l'éternité des peines et à larésurrection des morts. (Ch. IV, nº 4.) Jésus, qui prisait avant tout lasimplicité et <strong>le</strong>s qualités du coeur, qui préférait dans la loi l'esprit quivivifie à la <strong>le</strong>ttre qui tue, s'attacha, durant toute sa mission, à démasquer<strong>le</strong>ur hypocrisie, et s'en fit par conséquent des ennemis acharnés ; c'estpourquoi ils se liguèrent avec <strong>le</strong>s princes des prêtres pour ameuter <strong>le</strong>peup<strong>le</strong> contre lui et <strong>le</strong> faire périr.SCRIBES, nom donné dans <strong>le</strong> principe aux secrétaires des rois deJuda, et à certains intendants des armées juives ; plus tard cettedésignation fut appliquée spécia<strong>le</strong>ment aux docteurs qui enseignaient laloi de Moïse et l'interprétaient au peup<strong>le</strong>. Ils faisaient cause communeavec <strong>le</strong>s Pharisiens, dont ils partageaient <strong>le</strong>s principes et l'antipathiecontre <strong>le</strong>s novateurs ; c'est pourquoi Jésus <strong>le</strong>s confond dans la mêmeréprobation.SYNAGOGUE (du grec Sunagoguê, assemblée, congrégation). Il n'yavait en Judée qu'un seul temp<strong>le</strong>, celui de Salomon, à Jérusa<strong>le</strong>m, où secélébraient <strong>le</strong>s grandes cérémonies du culte. Les Juifs s'y rendaient tous<strong>le</strong>s ans en pè<strong>le</strong>rinage pour <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s fêtes, tel<strong>le</strong>s que cel<strong>le</strong>s de laPâque, de la Dédicace et des Tabernac<strong>le</strong>s. C'est dans ces occasions queJésus y fit plusieurs voyages. Les autres vil<strong>le</strong>s n'avaient point detemp<strong>le</strong>s, mais des synagogues, édifices où <strong>le</strong>s Juifs se rassemblaient auxjours de sabbat pour faire des prières publiques, sous la direction desAnciens, des scribes ou docteurs de la loi ; on y faisait aussi des <strong>le</strong>cturestirées des livres sacrés que l'on expliquait et commentait ; chacunpouvait y prendre part ; c'est pourquoi Jésus, sans être prêtre, enseignaitdans <strong>le</strong>s synagogues <strong>le</strong>s jours de sabbat.Depuis la ruine de Jérusa<strong>le</strong>m et la dispersion des Juifs, <strong>le</strong>s synagogues,dans <strong>le</strong>s vil<strong>le</strong>s qu'ils habitent, <strong>le</strong>ur servent de temp<strong>le</strong>s pour la célébrationdu culte.


18 INTRODUCTIONSADUCEENS, secte juive qui se forma vers l'an 248 avant Jésus-Christ ; ainsi nommée de Sadoc, son fondateur. Les Saducéens necroyaient ni à l'immortalité de l'âme, ni à la résurrection, ni aux bons etmauvais anges. Cependant ils croyaient à Dieu, mais n'attendant rienaprès la mort, ils ne <strong>le</strong> servaient qu'en vue de récompenses temporel<strong>le</strong>s,ce à quoi, <strong>selon</strong> eux, se bornait sa providence ; aussi la satisfaction dessens était-el<strong>le</strong> à <strong>le</strong>urs yeux <strong>le</strong> but essentiel de la vie. Quant aux Ecritures,ils s'en tenaient au texte de la loi ancienne, n'admettant ni la tradition, niaucune interprétation ; ils plaçaient <strong>le</strong>s bonnes oeuvres et l'exécutionpure et simp<strong>le</strong> de la loi au-dessus des pratiques extérieures du culte.C'étaient, comme on <strong>le</strong> voit, <strong>le</strong>s matérialistes, <strong>le</strong>s déistes et <strong>le</strong>ssensualistes de l'époque. Cette secte était peu nombreuse, mais el<strong>le</strong>comptait des personnages importants, et devint un parti politiqueconstamment opposé aux Pharisiens.ESSENlENS ou ESSEENS, secte juive fondée vers l'an 450 avantJésus-Christ, au temps des Machabées, et dont <strong>le</strong>s membres, quihabitaient des espèces de monastères, formaient entre eux une sorted'association mora<strong>le</strong> et religieuse. Ils se distinguaient par des moeursdouces et des vertus austères, enseignaient l'amour de Dieu et duprochain, l'immortalité de l'âme, et croyaient à la résurrection. Ilsvivaient dans <strong>le</strong> célibat, condamnaient la servitude et la guerre, mettaient<strong>le</strong>urs biens en commun, et se livraient à l'agriculture. Opposés auxSaducéens sensuels qui niaient l'immortalité, aux Pharisiens rigides pour<strong>le</strong>s pratiques extérieures, et chez <strong>le</strong>squels la vertu n'était qu'apparente, ilsne prirent aucune part aux querel<strong>le</strong>s qui divisèrent ces deux sectes. Leurgenre de vie se rapprochait de celui des premiers chrétiens, et <strong>le</strong>sprincipes de mora<strong>le</strong> qu'ils professaient ont fait penser à quelquespersonnes que Jésus fit partie de cette secte avant <strong>le</strong> commencement desa mission publique. Ce qui est certain, c'est qu'il a dû la connaître, maisrien ne prouve qu'il y fût affilié, et tout ce qu'on a écrit à ce sujet esthypothétique 2 .THERAPEUTES (du grec thérapeutaï, fait de thérapeueïn, servir,soigner ; c'est-à-dire serviteurs de Dieu ou guérisseurs) ; sectaires juifscontemporains du Christ, établis principa<strong>le</strong>ment à A<strong>le</strong>xandrie en Egypte.2 La Mort de Jésus, soi-disant écrite par un frère essénien, est un livre complètement apocryphe,écrit en vue de servir une opinion, et qui renferme en lui-même la preuve de son originemoderne.


INTRODUCTION 19Ils avaient un grand rapport avec <strong>le</strong>s Esséniens, dont ils professaient <strong>le</strong>sprincipes ; comme ces derniers ils s'adonnaient à la pratique de toutes <strong>le</strong>svertus. Leur nourriture était d'une extrême frugalité ; voués au célibat, àla contemplation et à la vie solitaire, ils formaient un véritab<strong>le</strong> ordrereligieux. Philon, philosophe juif platonicien d'A<strong>le</strong>xandrie, est <strong>le</strong> premierqui ait parlé des Thérapeutes ; il en fait une secte du judaïsme. Eusèbe,saint Jérôme et d'autres Pères pensent qu'ils étaient chrétiens. Qu'ilsfussent juifs ou chrétiens, il est évident que, de même que <strong>le</strong>s Esséniens,ils forment <strong>le</strong> trait d'union entre <strong>le</strong> judaïsme et <strong>le</strong> christianisme.IV. SOCRATE ET PLATON PRECURSEURS DE L'IDEECHRETIENNE ET DU SPIRITISME.De ce que Jésus a dû connaître la secte des Esséniens, on aurait tortd'en conclure qu'il y a puisé sa doctrine, et que, s'il eût vécu dans unautre milieu, il eût professé d'autres principes. Les grandes idéesn'éclatent jamais subitement ; cel<strong>le</strong>s qui ont pour base la vérité onttoujours des précurseurs qui en préparent partiel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s voies ; puis,quand <strong>le</strong> temps est venu, Dieu envoie un homme avec mission derésumer, coordonner et compléter ces éléments épars, et d'en former uncorps ; de cette façon l'idée, n'arrivant pas brusquement, trouve, à sonapparition, des esprits tout disposés à l'accepter. Ainsi en a-t-il été del'idée chrétienne, qui a été pressentie plusieurs sièc<strong>le</strong>s avant Jésus et <strong>le</strong>sEsséniens, et dont Socrate et Platon ont été <strong>le</strong>s principaux précurseurs.Socrate, de même que Christ, n'a rien écrit, ou du moins n'a laisséaucun écrit ; comme lui, il est mort de la mort des criminels, victime dufanatisme, pour avoir attaqué <strong>le</strong>s croyances reçues, et mis la vertu réel<strong>le</strong>au-dessus de l'hypocrisie et du simulacre des formes, en un mot pouravoir combattu <strong>le</strong>s préjugés religieux. Comme Jésus fut accusé par <strong>le</strong>sPharisiens de corrompre <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> par ses enseignements, lui aussi futaccusé par <strong>le</strong>s Pharisiens de son temps, car il y en a eu à toutes <strong>le</strong>sépoques, de corrompre la jeunesse, en proclamant <strong>le</strong> dogme de l'unité deDieu, de l'immortalité de l'âme et de la vie future. De même encore quenous ne connaissons la doctrine de Jésus que par <strong>le</strong>s écrits de sesdiscip<strong>le</strong>s, nous ne connaissons cel<strong>le</strong> de Socrate que par <strong>le</strong>s écrits de sondiscip<strong>le</strong> Platon. Nous croyons uti<strong>le</strong> d'en résumer ici <strong>le</strong>s points <strong>le</strong>s plussaillants pour en montrer la concordance avec <strong>le</strong>s principes duchristianisme.A ceux qui regarderaient ce parallè<strong>le</strong> comme une profanation, etprétendraient qu'il ne peut y avoir de parité entre la doctrine d'un païen et


20 INTRODUCTIONcel<strong>le</strong> du Christ, nous répondrons que la doctrine de Socrate n'était paspaïenne, puisqu'el<strong>le</strong> avait pour but de combattre <strong>le</strong> paganisme ; que ladoctrine de Jésus, plus complète et plus épurée que cel<strong>le</strong> de Socrate, n'arien à perdre à la comparaison ; que la grandeur de la mission divine duChrist n'en saurait être amoindrie ; que d'ail<strong>le</strong>urs c'est de l'histoire qui nepeut être étouffée. L'homme est arrivé à un point où la lumière sortd'el<strong>le</strong>-même de dessous <strong>le</strong> boisseau ; il est mûr pour la regarder en face ;tant pis pour ceux qui n'osent ouvrir <strong>le</strong>s yeux. Le temps est venud'envisager <strong>le</strong>s choses largement et d'en haut, et non plus au point de vuemesquin et rétréci des intérêts de sectes et de castes.Ces citations prouveront en outre que, si Socrate et Platon ontpressenti l'idée chrétienne, on trouve éga<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong>ur doctrine <strong>le</strong>sprincipes fondamentaux du Spiritisme.Résumé de la doctrine de Socrate et de Platon.I. L'homme est une âme incarnée. Avant son incarnation, el<strong>le</strong> existait unie auxtypes primordiaux, aux idées du vrai, du bien et du beau ; el<strong>le</strong> s'en sépare ens'incarnant, et, se rappelant son passé, el<strong>le</strong> est plus ou moins tourmentée par <strong>le</strong>désir d'y revenir.On ne peut énoncer plus clairement la distinction et l'indépendance duprincipe intelligent et du principe matériel ; c'est en outre la doctrine dela préexistence de l'âme ; de la vague intuition qu'el<strong>le</strong> conserve d'unautre monde auquel el<strong>le</strong> aspire, de sa survivance au corps, de sa sortie dumonde spirituel pour s'incarner, et de sa rentrée dans ce même mondeaprès la mort ; c'est enfin <strong>le</strong> germe de la doctrine des Anges déchus.II. L'âme s'égare et se troub<strong>le</strong> quand el<strong>le</strong> se sert du corps pour considérerquelque objet ; el<strong>le</strong> a des vertiges comme si el<strong>le</strong> était ivre, parce qu'el<strong>le</strong> s'attache àdes choses qui sont, de <strong>le</strong>ur nature, sujettes à des changements ; au lieu que,lorsqu'el<strong>le</strong> contemp<strong>le</strong> sa propre essence, el<strong>le</strong> se porte vers ce qui est pur, éternel,immortel, et, étant de même nature, el<strong>le</strong> y demeure attachée aussi longtempsqu'el<strong>le</strong> <strong>le</strong> peut ; alors ses égarements cessent, car el<strong>le</strong> est unie à ce qui estimmuab<strong>le</strong>, et cet état de l'âme est ce qu'on appel<strong>le</strong> sagesse.Ainsi l'homme qui considère <strong>le</strong>s choses d'en bas, terre à terre, au pointde vue matériel, se fait illusion ; pour <strong>le</strong>s apprécier avec justesse, il faut<strong>le</strong>s voir d'en haut, c'est-à-dire du point de vue spirituel. Le vrai sage doitdonc en quelque sorte iso<strong>le</strong>r l'âme du corps, pour voir avec <strong>le</strong>s yeux del'esprit. C'est ce qu'enseigne <strong>le</strong> Spiritisme. (Ch. II, nº 5.)III. Tant que nous aurons notre corps et que l'âme se trouvera plongée dans cettecorruption, jamais nous ne posséderons l'objet de nos désirs : la vérité. En effet, <strong>le</strong>


INTRODUCTION 21corps nous suscite mil<strong>le</strong> obstac<strong>le</strong>s par la nécessité où nous sommes d'en prendresoin ; de plus, il nous remplit de désirs, d'appétits, de craintes, de mil<strong>le</strong> chimères etde mil<strong>le</strong> sottises, de manière qu'avec lui il est impossib<strong>le</strong> d'être sage un instant.Mais, s'il est possib<strong>le</strong> de rien connaître purement pendant que l'âme est unie aucorps, il faut de deux choses l'une, ou que l'on ne connaisse jamais la vérité, ouqu'on la connaisse après la mort. Affranchis de la folie du corps, nousconverserons alors, il y a lieu de l'espérer, avec des hommes éga<strong>le</strong>ment libres, etnous connaîtrons par nous-mêmes l'essence des choses. C'est pourquoi <strong>le</strong>svéritab<strong>le</strong>s philosophes s'exercent à mourir, et la mort ne <strong>le</strong>ur parait nul<strong>le</strong>mentredoutab<strong>le</strong>. (Ciel et Enfer, 1° partie, ch. II ; 2° partie, ch. I.)C'est là <strong>le</strong> principe des facultés de l'âme obscurcies par l'intermédiairedes organes corporels, et de l'expansion de ces facultés après la mort.Mais il ne s'agit ici que des âmes d'élite, déjà épurées ; il n'en est pas demême des âmes impures.IV. L'âme impure, en cet état, est appesantie et entraînée de nouveau vers <strong>le</strong>monde visib<strong>le</strong> par l'horreur de ce qui est invisib<strong>le</strong> et immatériel ; el<strong>le</strong> erre alors,dit-on, autour des monuments et des tombeaux, auprès desquels on a vu parfoisdes fantômes ténébreux, comme doivent être <strong>le</strong>s images des âmes qui ont quitté <strong>le</strong>corps sans être entièrement pures, et qui retiennent quelque chose de la formematériel<strong>le</strong>, ce qui fait que l'oeil peut <strong>le</strong>s apercevoir. Ce ne sont pas <strong>le</strong>s âmes desbons, mais des méchants, qui sont forcées d'errer dans ces lieux, où el<strong>le</strong>s portent lapeine de <strong>le</strong>ur première vie, et où el<strong>le</strong>s continuent d'errer jusqu'à ce que <strong>le</strong>s appétitsinhérents à la forme matériel<strong>le</strong> qu'el<strong>le</strong>s se sont donnée <strong>le</strong>s ramènent dans uncorps ; et alors el<strong>le</strong>s reprennent sans doute <strong>le</strong>s mêmes moeurs qui, pendant <strong>le</strong>urpremière vie, étaient l'objet de <strong>le</strong>urs prédi<strong>le</strong>ctions.Non-seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> principe de la réincarnation est ici clairementexprimé, mais l'état des âmes qui sont encore sous l'empire de la matière,est décrit tel que <strong>le</strong> Spiritisme <strong>le</strong> montre dans <strong>le</strong>s évocations. Il y a plus,c'est qu'il est dit que la réincarnation dans un corps matériel est uneconséquence de l'impureté de l'âme, tandis que <strong>le</strong>s âmes purifiées en sontaffranchies. Le Spiritisme ne dit pas autre chose ; seu<strong>le</strong>ment il ajoute quel'âme qui a pris de bonnes résolutions dans l'erraticité, et qui a desconnaissances acquises, apporte en renaissant moins de défauts, plus devertus, et plus d'idées intuitives qu'el<strong>le</strong> n'en avait dans sa précédenteexistence ; et qu'ainsi chaque existence marque pour el<strong>le</strong> un progrèsintel<strong>le</strong>ctuel et moral. (Ciel et Enfer, 2°, partie : Exemp<strong>le</strong>s.)V. Après notre mort, <strong>le</strong> génie (daïmon, démon) qui nous avait été assignépendant notre vie nous mène dans un lieu où se réunissent tous ceux qui doiventêtre conduits dans <strong>le</strong> Hadès pour y être jugés. Les âmes, après avoir séjourné dans<strong>le</strong> Hadès <strong>le</strong> temps nécessaire, sont ramenées à cette vie dans de nombreuses etlongues périodes.


22 INTRODUCTIONC'est la doctrine des Anges gardiens ou Esprits protecteurs, et desréincarnations successives après des interval<strong>le</strong>s plus ou moins longsd'erraticité.VI. Les démons remplissent l'interval<strong>le</strong> qui sépare <strong>le</strong> ciel de la terre ; ils sont <strong>le</strong>lien qui unit <strong>le</strong> Grand Tout avec lui-même. La divinité n'entrant jamais encommunication directe avec l'homme, c'est par l'intermédiaire des démons que <strong>le</strong>sdieux commercent et s'entretiennent avec lui, soit pendant la veil<strong>le</strong>, soit pendant <strong>le</strong>sommeil.Le mot daïmon, dont on a fait démon, n'était pas pris en mauvaise partdans l'antiquité comme chez <strong>le</strong>s modernes ; il ne se disait pointexclusivement des êtres malfaisants, mais de tous <strong>le</strong>s Esprits en général,parmi <strong>le</strong>squels on distinguait <strong>le</strong>s Esprits supérieurs appelés <strong>le</strong>s dieux, et<strong>le</strong>s Esprits moins é<strong>le</strong>vés, ou démons proprement dits, quicommuniquaient directement avec <strong>le</strong>s hommes. Le Spiritisme dit aussique <strong>le</strong>s Esprits peup<strong>le</strong>nt l'espace ; que Dieu ne se communique auxhommes que par l'intermédiaire des purs Esprits chargés de transmettreses volontés ; que <strong>le</strong>s Esprits se communiquent à eux pendant la veil<strong>le</strong> etpendant <strong>le</strong> sommeil. Au mot démon substituez <strong>le</strong> mot Esprit, et vousaurez la doctrine spirite ; mettez <strong>le</strong> mot ange, et vous aurez la doctrinechrétienne.VII. La préoccupation constante du philosophe (tel que <strong>le</strong> comprenaient Socrateet Platon) est de prendre <strong>le</strong> plus grand soin de l'âme, moins pour cette vie, qui n'estqu'un instant, qu'en vue de l'éternité. Si l'âme est immortel<strong>le</strong>, n'est-il pas sage devivre en vue de l'éternité ?Le christianisme et <strong>le</strong> Spiritisme enseignent la même chose.VIII. Si l'âme est immatériel<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> doit se rendre, après cette vie, dans unmonde éga<strong>le</strong>ment invisib<strong>le</strong> et immatériel, de même que <strong>le</strong> corps, en sedécomposant, retourne à la matière. Seu<strong>le</strong>ment il importe de bien distinguer l'âmepure, vraiment immatériel<strong>le</strong>, qui se nourrit, comme Dieu, de science et de pensées,de l'âme plus ou moins entachée d'impuretés matériel<strong>le</strong>s qui l'empêchent des'é<strong>le</strong>ver vers <strong>le</strong> divin, et la retiennent dans <strong>le</strong>s lieux de son séjour terrestre.Socrate et Platon, comme on <strong>le</strong> voit, comprenaient parfaitement <strong>le</strong>sdifférents degrés de dématérialisation de l'âme ; ils insistent sur ladifférence de situation qui résulte pour el<strong>le</strong>s de <strong>le</strong>ur plus ou moins depureté. Ce qu'ils disaient par intuition, <strong>le</strong> Spiritisme <strong>le</strong> prouve par <strong>le</strong>snombreux exemp<strong>le</strong>s qu'il met sous nos yeux. (Ciel et Enfer, 2° partie.)IX. Si la mort était la dissolution de l'homme tout entier, ce serait un grand gainpour <strong>le</strong>s méchants, après <strong>le</strong>ur mort, d'être délivrés en même temps de <strong>le</strong>ur corps, de<strong>le</strong>ur âme et de <strong>le</strong>urs vices. Celui qui a orné son âme, non d'une parure étrangère,


INTRODUCTION 23mais de cel<strong>le</strong> qui lui est propre, celui-là seul pourra attendre tranquil<strong>le</strong>ment l'heurede son départ pour l'autre monde.En d'autres termes, c'est dire que <strong>le</strong> matérialisme, qui proclame <strong>le</strong>néant après la mort, serait l'annulation de toute responsabilité mora<strong>le</strong>ultérieure, et par conséquent un excitant au mal ; que <strong>le</strong> méchant a tout àgagner au néant ; que l'homme qui s'est dépouillé de ses vices et s'estenrichi de vertus peut seul attendre tranquil<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> réveil dans l'autrevie. Le <strong>spiritisme</strong> nous montre, par <strong>le</strong>s exemp<strong>le</strong>s qu'il met journel<strong>le</strong>mentsous nos yeux, combien est pénib<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> méchant <strong>le</strong> passage d'une vieà l'autre, et l'entrée dans la vie future (Ciel et Enfer, 2° partie, ch. I.)X. Le corps conserve <strong>le</strong>s vestiges bien marqués des soins qu'on a pris de lui oudes accidents qu'il a éprouvés ; il en est de même de l'âme ; quand el<strong>le</strong> estdépouillée du corps, el<strong>le</strong> porte <strong>le</strong>s traces évidentes de son caractère, de sesaffections et <strong>le</strong>s empreintes que chacun des actes de sa vie y a laissées. Ainsi <strong>le</strong>plus grand malheur qui puisse arriver à l'homme, c'est d'al<strong>le</strong>r dans l'autre mondeavec une âme chargée de crimes. Tu vois, Calliclès, que ni toi, ni Polus, niGorgias, vous ne sauriez prouver qu'on doive mener une autre vie qui nous serauti<strong>le</strong> quand nous serons là-bas. De tant d'opinions diverses, la seu<strong>le</strong> qui demeureinébranlab<strong>le</strong>, c'est qu'il vaut mieux recevoir que commettre une injustice, etqu'avant toutes choses on doit s'appliquer, non à paraître homme de bien, mais àl'être. (Entretiens de Socrate avec ses discip<strong>le</strong>s dans sa prison.)Ici on retrouve cet autre point capital, confirmé aujourd'hui parl'expérience, que l'âme non épurée conserve <strong>le</strong>s idées, <strong>le</strong>s tendances, <strong>le</strong>caractère et <strong>le</strong>s passions qu'el<strong>le</strong> avait sur la terre. Cette maxime : Il vautmieux recevoir que commettre une injustice, n'est-el<strong>le</strong> pas toutechrétienne ? C'est la même pensée que Jésus exprime par cette figure :«Si quelqu'un vous frappe sur une joue, tendez-lui encore l'autre.» (Ch.XII, n° 7, 8.)XI. De deux choses l'une : ou la mort est une destruction absolue, ou el<strong>le</strong> est <strong>le</strong>passage d'une âme dans un autre lieu. Si tout doit s'éteindre, la mort sera commeune de ces rares nuits que nous passons sans rêve et sans aucune conscience denous-mêmes. Mais si la mort n'est qu'un changement de séjour, <strong>le</strong> passage dans unlieu où <strong>le</strong>s morts doivent se réunir, quel bonheur d'y rencontrer ceux qu'on aconnus ! Mon plus grand plaisir serait d'examiner de près <strong>le</strong>s habitants de ce séjouret d'y distinguer, comme ici, ceux qui sont sages de ceux qui croient l'être et ne <strong>le</strong>sont pas. Mais il est temps de nous quitter, moi pour mourir, vous pour vivre.(Socrate à ses juges.)Selon Socrate, <strong>le</strong>s hommes qui ont vécu sur la terre se retrouvent aprèsla mort, et se reconnaissent. Le Spiritisme nous <strong>le</strong>s montre continuant <strong>le</strong>srapports qu'ils ont eus, de tel<strong>le</strong> sorte que la mort n'est ni une interruption,


24 INTRODUCTIONni une cessation de la vie, mais une transformation, sans solution decontinuité.Socrate et Platon auraient connu <strong>le</strong>s enseignements que <strong>le</strong> Christdonna cinq cents ans plus tard, et ceux que donnent maintenant <strong>le</strong>sEsprits, qu'ils n'auraient pas parlé autrement. En cela il n'est rien quidoive surprendre, si l'on considère que <strong>le</strong>s grandes vérités sontéternel<strong>le</strong>s, et que <strong>le</strong>s Esprits avancés ont dû <strong>le</strong>s connaître avant de venirsur la terre, où ils <strong>le</strong>s ont apportées ; que Socrate, Platon et <strong>le</strong>s grandsphilosophes de <strong>le</strong>ur temps ont pu être, plus tard, du nombre de ceux quiont secondé Christ dans sa divine mission, et qu'ils ont été choisisprécisément parce qu'ils étaient plus que d'autres à même de comprendreses sublimes enseignements ; qu'ils peuvent enfin faire aujourd'hui partiede la pléiade des Esprits chargés de venir enseigner aux hommes <strong>le</strong>smêmes vérités.XII. Il ne faut jamais rendre injustice pour injustice, ni faire de mal à personne,quelque tort qu'on nous ait fait. Peu de personnes, cependant, admettront ceprincipe, et <strong>le</strong>s gens qui sont divisés là-dessus ne doivent que se mépriser <strong>le</strong>s uns<strong>le</strong>s autres.N'est-ce pas là <strong>le</strong> principe de la charité qui nous enseigne de ne pointrendre <strong>le</strong> mal pour <strong>le</strong> mal, et de pardonner à nos ennemis ?XIII. C'est aux fruits qu'on reconnaît l'arbre. Il faut qualifier chaque action<strong>selon</strong> ce qu'el<strong>le</strong> produit : l'appe<strong>le</strong>r mauvaise quand il en provient du mal, bonnequand il en naît du bien.Cette maxime : «C'est aux fruits qu'on reconnaît l'arbre,» se trouvetextuel<strong>le</strong>ment répétée plusieurs fois dans l'Evangi<strong>le</strong>.XIV. La richesse est un grand danger. Tout homme qui aime la richesse n'aimeni lui ni ce qui est à lui, mais une chose qui lui est encore plus étrangère que ce quiest à lui. (Ch. XVI.)XV. Les plus bel<strong>le</strong>s prières et <strong>le</strong>s plus beaux sacrifices plaisent moins à laDivinité qu'une âme vertueuse qui s'efforce de lui ressemb<strong>le</strong>r. Ce serait une chosegrave que <strong>le</strong>s dieux eussent plus d'égards à nos offrandes qu'à notre âme ; par cemoyen, <strong>le</strong>s plus coupab<strong>le</strong>s pourraient se <strong>le</strong>s rendre propices. Mais non, il n'y a devraiment justes et sages que ceux qui, par <strong>le</strong>urs paro<strong>le</strong>s et par <strong>le</strong>urs actes,s'acquittent de ce qu'ils doivent aux dieux et aux hommes. (Ch. X, n° 7, 8.)XVI. J'appel<strong>le</strong> homme vicieux cet amant vulgaire qui aime <strong>le</strong> corps plutôt quel'âme. L'amour est partout dans la nature qui nous invite à exercer notreintelligence ; on <strong>le</strong> retrouve jusque dans <strong>le</strong> mouvement des astres. C'est l'amourqui orne la nature de ses riches tapis ; il se pare et fixe sa demeure là où il trouve


INTRODUCTION 25des f<strong>le</strong>urs et des parfums. C'est encore l'amour qui donne la paix aux hommes, <strong>le</strong>calme à la mer, <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce aux vents et <strong>le</strong> sommeil à la dou<strong>le</strong>ur.L'amour, qui doit unir <strong>le</strong>s hommes par un lien fraternel, est uneconséquence de cette théorie de Platon sur l'amour universel comme loide nature. Socrate ayant dit que «l'amour n'est ni un dieu ni un mortel,mais un grand démon,» c'est-à-dire un grand Esprit présidant à l'amouruniversel, cette paro<strong>le</strong> lui fut surtout imputée à crime.XVII. La vertu ne peut pas s'enseigner ; el<strong>le</strong> vient par un don de Dieu à ceux quila possèdent.C'est à peu près la doctrine chrétienne sur la grâce ; mais si la vertu estun don de Dieu, c'est une faveur, et l'on peut demander pourquoi el<strong>le</strong>n'est pas accordée à tout <strong>le</strong> monde ; d'un autre côté, si c'est un don, el<strong>le</strong>est sans mérite pour celui qui la possède. Le Spiritisme est plusexplicite ; il dit que celui qui possède la vertu l'a acquise par ses effortsdans ses existences successives en se dépouillant peu à peu de sesimperfections. La grâce est la force dont Dieu favorise tout homme debonne volonté pour se dépouil<strong>le</strong>r du mal et pour faire <strong>le</strong> bien.XVIII. Il est une disposition naturel<strong>le</strong> à chacun de nous, c'est de s'apercevoirbien moins de nos défauts que de ceux d'autrui.L'Evangi<strong>le</strong> dit : «Vous voyez la pail<strong>le</strong> dans l'oeil de votre voisin, etvous ne voyez pas la poutre qui est dans <strong>le</strong> vôtre.» (Ch. X, n° 9, 10.)XIX. Si <strong>le</strong>s médecins échouent dans la plupart des maladies, c'est qu'ils traitent<strong>le</strong> corps sans l'âme, et que, <strong>le</strong> tout n'étant pas en bon état, il est impossib<strong>le</strong> que lapartie se porte bien.Le Spiritisme donne la c<strong>le</strong>f des rapports qui existent entre l'âme et <strong>le</strong>corps, et prouve qu'il y a réaction incessante de l'un sur l'autre. Il ouvreainsi une nouvel<strong>le</strong> voie à la science ; en lui montrant la véritab<strong>le</strong> causede certaines affections, il lui donne <strong>le</strong>s moyens de <strong>le</strong>s combattre. Quandel<strong>le</strong> tiendra compte de l'action de l'élément spirituel dans l'économie, el<strong>le</strong>échouera moins souvent.XX. Tous <strong>le</strong>s hommes, à commencer depuis l'enfance, font beaucoup plus demal que de bien.Cette paro<strong>le</strong> de Socrate touche à la grave question la prédominance dumal sur la terre, question insolub<strong>le</strong> sans la connaissance de la pluralitédes mondes et de la destination de la terre, où n'habite qu'une très petitefraction de l'humanité. Le Spiritisme seul en donne la solution, qui estdéveloppée ci-après dans <strong>le</strong>s chapitres II, III et V.


26 INTRODUCTIONXXI. Il y a de la sagesse à ne pas croire savoir ce que tu ne sais pas.Ceci va à l'adresse des gens qui critiquent ce dont souvent ils nesavent pas <strong>le</strong> premier mot. Platon complète cette pensée de Socrate endisant : «Essayons de <strong>le</strong>s rendre d'abord, si c'est possib<strong>le</strong>, plus honnêtesen paro<strong>le</strong>s ; sinon, ne nous soucions pas d'eux, et ne cherchons que lavérité. Tâchons de nous instruire, mais ne nous injurions pas.» C'estainsi que doivent agir <strong>le</strong>s spirites à l'égard de <strong>le</strong>urs contradicteurs debonne ou de mauvaise foi. Platon revivrait aujourd'hui, qu'il trouverait<strong>le</strong>s choses à peu près comme de son temps, et pourrait tenir <strong>le</strong> mêmelangage ; Socrate aussi trouverait des gens pour se moquer de sacroyance aux Esprits, et <strong>le</strong> traiter de fou, ainsi que son discip<strong>le</strong> Platon.C'est pour avoir professé ces principes que Socrate fut d'abord tournéen ridicu<strong>le</strong>, puis accusé d'impiété, et condamné à boire de ciguë ; tant i<strong>le</strong>st vrai que <strong>le</strong>s grandes vérités nouvel<strong>le</strong>s, sou<strong>le</strong>vant contre el<strong>le</strong>s <strong>le</strong>sintérêts et <strong>le</strong>s préjugés qu'el<strong>le</strong>s froissent, ne peuvent s'établir sans lutte etsans faire des martyrs.


L'EVANGILESELON LE SPIRITISME_____________________________________________CHAPITRE I-JE NE SUIS POINT VENU DETRUIRE LA LOI.Les trois révélations : Moïse ; Christ ; <strong>le</strong> Spiritisme. - Alliance de la science etde la religion. - Instructions des Esprits : L'ère nouvel<strong>le</strong>.1. Ne pensez point que je sois venu détruire la loi ou <strong>le</strong>s prophètes ; je ne suispoint venu <strong>le</strong>s détruire, mais <strong>le</strong>s accomplir ; - car je vous dis en vérité que <strong>le</strong> ciel etla terre ne passeront point que tout ce qui est dans la loi ne soit accompliparfaitement, jusqu'à un seul iota et à un seul point. (Saint Matthieu, ch. V, v. 17,18.)Moïse.2. Il y a deux parties distinctes dans la loi mosaïque : la loi de Dieupromulguée sur <strong>le</strong> mont Sinaï, et la loi civi<strong>le</strong> ou disciplinaire établie parMoïse ; l'une est invariab<strong>le</strong> ; l'autre, appropriée aux moeurs et aucaractère du peup<strong>le</strong>, se modifie avec <strong>le</strong> temps.La loi de Dieu est formulée dans <strong>le</strong>s dix commandements suivants :I. Je suis <strong>le</strong> Seigneur, votre Dieu, qui vous ai tirés de l'Egypte, de lamaison de servitude. - Vous n'aurez point d'autres dieux étrangers devantmoi. - Vous ne ferez point d'image taillée, ni aucune figure de tout ce quiest en haut dans <strong>le</strong> ciel et en bas sur la terre, ni de tout ce qui est dans <strong>le</strong>seaux sous la terre. Vous ne <strong>le</strong>s adorerez point, et vous ne <strong>le</strong>ur rendrezpoint <strong>le</strong> souverain culte.II. Vous ne prendrez point en vain <strong>le</strong> nom du Seigneur votre Dieu.III. Souvenez-vous de sanctifier <strong>le</strong> jour du sabbat.IV. Honorez votre père et votre mère, afin que vous viviez longtempssur la terre que <strong>le</strong> Seigneur votre Dieu vous donnera.V. Vous ne tuerez point.VI. Vous ne commettrez point d'adultère.VII. Vous ne déroberez point.


28 CHAPITRE IVIII. Vous ne porterez point de faux témoignage contre votreprochain.IX. Vous ne désirerez point la femme de votre prochain.X. Vous ne désirerez point la maison de votre prochain, ni sonserviteur, ni sa servante, ni son boeuf, ni son âne, ni aucune de toutes <strong>le</strong>schoses qui lui appartiennent.Cette loi est de tous <strong>le</strong>s temps et de tous <strong>le</strong>s pays, et a, par cela même,un caractère divin. Tout autres sont <strong>le</strong>s lois établies par Moïse, obligé demaintenir par la crainte un peup<strong>le</strong> naturel<strong>le</strong>ment turbu<strong>le</strong>nt et indiscipliné,chez <strong>le</strong>quel il avait à combattre des abus enracinés et des préjugés puisésdans la servitude d'Egypte. Pour donner de l'autorité à ses lois, il a dû<strong>le</strong>ur attribuer une origine divine, ainsi que l'ont fait tous <strong>le</strong>s législateursdes peup<strong>le</strong>s primitifs ; l'autorité de l'homme devait s'appuyer surl'autorité de Dieu ; mais l'idée d'un Dieu terrib<strong>le</strong> pouvait seu<strong>le</strong>impressionner des hommes ignorants, en qui <strong>le</strong> sens moral et <strong>le</strong>sentiment d'une exquise justice étaient encore peu développés. Il est bienévident que celui qui avait mis dans ses commandements : «Tu ne tueraspoint ; tu ne feras point de tort à ton prochain,» ne pouvait se contredireen faisant un devoir de l'extermination. Les lois mosaïques, proprementdites, avaient donc un caractère essentiel<strong>le</strong>ment transitoire.Christ.3. Jésus n'est point venu détruire la loi, c'est-à-dire la loi de Dieu ; i<strong>le</strong>st venu l'accomplir, c'est-à-dire la développer, lui donner son véritab<strong>le</strong>sens, et l'approprier au degré d'avancement des hommes ; c'est pourquoion trouve dans cette loi <strong>le</strong> principe des devoirs envers Dieu et envers <strong>le</strong>prochain, qui fait la base de sa doctrine. Quant aux lois de Moïseproprement dites, il <strong>le</strong>s a au contraire profondément modifiées, soit dans<strong>le</strong> fond, soit dans la forme ; il a constamment combattu l'abus despratiques extérieures et <strong>le</strong>s fausses interprétations, et il ne pouvait pas<strong>le</strong>ur faire subir une réforme plus radica<strong>le</strong> qu'en <strong>le</strong>s réduisant à ces mots :«Aimer Dieu par-dessus toutes choses, et son prochain comme soimême,»et en disant : c'est là toute la loi et <strong>le</strong>s prophètes.Par ces paro<strong>le</strong>s : «Le ciel et la terre ne passeront point que tout ne soitaccompli jusqu'à un seul iota,» Jésus a voulu dire qu'il fallait que la loide Dieu reçût son accomplissement, c'est-à-dire fût pratiquée sur toute laterre, dans toute sa pureté, avec tous ses développements et toutes sesconséquences ; car, que servirait d'avoir établi cette loi, si el<strong>le</strong> devaitrester <strong>le</strong> privilège de quelques hommes ou même d'un seul peup<strong>le</strong> ? Tous


JE NE SUIS POINT VENU DETRUIRE LA LOI. 29<strong>le</strong>s hommes étant <strong>le</strong>s enfants de Dieu sont, sans distinction, l'objet d'unemême sollicitude.4. Mais <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de Jésus n'a pas été simp<strong>le</strong>ment celui d'un législateurmoraliste, sans autre autorité que sa paro<strong>le</strong> ; il est venu accomplir <strong>le</strong>sprophéties qui avaient annoncé sa venue ; il tenait son autorité de lanature exceptionnel<strong>le</strong> de son Esprit et de sa mission divine ; il est venuapprendre aux hommes que la vraie vie n'est pas sur la terre, mais dans <strong>le</strong>royaume des cieux ; <strong>le</strong>ur enseigner la voie qui y conduit, <strong>le</strong>s moyens dese réconcilier avec Dieu, et <strong>le</strong>s pressentir sur la marche des choses àvenir pour l'accomplissement des destinées humaines. Cependant il n'apas tout dit, et sur beaucoup de points il s'est borné à déposer <strong>le</strong> germede vérités qu'il déclare lui-même ne pouvoir être encore comprises ; il aparlé de tout, mais en termes plus ou moins explicites ; pour saisir <strong>le</strong>sens caché de certaines paro<strong>le</strong>s, il fallait que de nouvel<strong>le</strong>s idées et denouvel<strong>le</strong>s connaissances vinssent en donner la c<strong>le</strong>f, et ces idées nepouvaient venir avant un certain degré de maturité de l'esprit humain. Lascience devait puissamment contribuer à l'éclosion et au développementde ces idées ; il fallait donc donner à la science <strong>le</strong> temps de progresser.Le Spiritisme.5. Le <strong>spiritisme</strong> est la science nouvel<strong>le</strong> qui vient révé<strong>le</strong>r aux hommes,par des preuves irrécusab<strong>le</strong>s, l'existence et la nature du monde spirituel,et ses rapports avec <strong>le</strong> monde corporel ; il nous <strong>le</strong> montre, non pluscomme une chose surnaturel<strong>le</strong>, mais, au contraire, comme une des forcesvives et incessamment agissantes de la nature, comme la source d'unefou<strong>le</strong> de phénomènes incompris jusqu'alors et rejetés, par cette raison,dans <strong>le</strong> domaine du fantastique et du merveil<strong>le</strong>ux. C'est à ces rapportsque <strong>le</strong> Christ fait allusion en maintes circonstances, et c'est pourquoibeaucoup de choses qu'il a dites sont restées inintelligib<strong>le</strong>s ou ont étéfaussement interprétées. Le <strong>spiritisme</strong> est la c<strong>le</strong>f à l'aide de laquel<strong>le</strong> touts'explique avec facilité.6. La Loi de l'Ancien Testament est personnifiée dans Moïse ; cel<strong>le</strong> duNouveau Testament l'est dans <strong>le</strong> Christ ; <strong>le</strong> Spiritisme est la troisièmerévélation de la loi de Dieu, mais il n'est personnifié dans aucunindividu, parce qu'il est <strong>le</strong> produit de l'enseignement donné, non par unhomme, mais par <strong>le</strong>s Esprits, qui sont <strong>le</strong>s voix du ciel, sur tous <strong>le</strong>s pointsde la terre, et par une multitude innombrab<strong>le</strong> d'intermédiaires ; c'est enquelque sorte un être col<strong>le</strong>ctif comprenant l'ensemb<strong>le</strong> des êtres du monde


30 CHAPITRE Ispirituel, venant chacun apporter aux hommes <strong>le</strong> tribut de <strong>le</strong>urs lumièrespour <strong>le</strong>ur faire connaître ce monde et <strong>le</strong> sort qui <strong>le</strong>s y attend.7. De même que Christ a dit : «Je ne viens point détruire la loi, maisl'accomplir,» <strong>le</strong> <strong>spiritisme</strong> dit éga<strong>le</strong>ment : «Je ne viens point détruire laloi chrétienne, mais l'accomplir.» Il n'enseigne rien de contraire à cequ'enseigne <strong>le</strong> Christ, mais il développe, complète et explique, en termesclairs pour tout <strong>le</strong> monde, ce qui n'avait été dit que sous la formeallégorique ; il vient accomplir, aux temps prédits, ce que Christ aannoncé, et préparer l'accomplissement des choses futures. Il est doncl'oeuvre du Christ qui préside lui-même, ainsi qu'il l'a pareil<strong>le</strong>mentannoncé, à la régénération qui s'opère, et prépare <strong>le</strong> règne de Dieu sur laterre.Alliance de la science et de la religion.8. La science et la religion sont <strong>le</strong>s deux <strong>le</strong>viers de l'intelligencehumaine ; l'une révè<strong>le</strong> <strong>le</strong>s lois du monde matériel et l'autre <strong>le</strong>s lois dumonde moral ; mais <strong>le</strong>s unes et <strong>le</strong>s autres, ayant <strong>le</strong> même principe, quiest Dieu, ne peuvent se contredire ; si el<strong>le</strong>s sont la négation l'une del'autre, l'une a nécessairement tort et l'autre raison, car Dieu ne peutvouloir détruire son propre ouvrage. L'incompatibilité qu'on a cru voirentre ces deux ordres d'idées tient à un défaut d'observation et à tropd'exclusivisme de part et d'autre ; de là un conflit d'où sont néesl'incrédulité et l'intolérance.Les temps sont arrivés où <strong>le</strong>s enseignements du Christ doiventrecevoir <strong>le</strong>ur complément ; où <strong>le</strong> voi<strong>le</strong> jeté à dessein sur quelques partiesde cet enseignement doit être <strong>le</strong>vé ; où la science, cessant d'êtreexclusivement matérialiste, doit tenir compte de l'élément spirituel, et oùla religion cessant de méconnaître <strong>le</strong>s lois organiques et immuab<strong>le</strong>s de lamatière, ces deux forces, s'appuyant l'une sur l'autre, et marchant deconcert, se prêteront un mutuel appui. Alors la religion, ne recevant plusde démenti de la science, acquerra une puissance inébranlab<strong>le</strong>, parcequ'el<strong>le</strong> sera d'accord avec la raison, et qu'on ne pourra lui opposerl'irrésistib<strong>le</strong> logique des faits.La science et la religion n'ont pu s'entendre jusqu'à ce jour, parce que,chacune envisageant <strong>le</strong>s choses à son point de vue exclusif, el<strong>le</strong>s serepoussaient mutuel<strong>le</strong>ment. Il fallait quelque chose pour comb<strong>le</strong>r <strong>le</strong> videqui <strong>le</strong>s séparait, un trait d'union qui <strong>le</strong>s rapprochât ; ce trait d'union estdans la connaissance des lois qui régissent <strong>le</strong> monde spirituel et ses


JE NE SUIS POINT VENU DETRUIRE LA LOI. 31rapports avec <strong>le</strong> monde corporel, lois tout aussi immuab<strong>le</strong>s que cel<strong>le</strong>s quirèg<strong>le</strong>nt <strong>le</strong> mouvement des astres et l'existence des êtres. Ces rapports unefois constatés par l'expérience, une lumière nouvel<strong>le</strong> s'est faite : la fois'est adressée à la raison, la raison n'a rien trouvé d'illogique dans la foi,et <strong>le</strong> matérialisme a été vaincu. Mais en cela comme en toutes choses, ily a des gens qui restent en arrière, jusqu'à ce qu'ils soient entraînés par <strong>le</strong>mouvement général qui <strong>le</strong>s écrase s'ils veu<strong>le</strong>nt y résister au lieu de s'yabandonner. C'est toute une révolution mora<strong>le</strong> qui s'opère en ce momentet travail<strong>le</strong> <strong>le</strong>s esprits ; après s'être élaborée pendant plus de dix-huitsièc<strong>le</strong>s, el<strong>le</strong> touche à son accomplissement, et va marquer une nouvel<strong>le</strong>ère dans l'humanité. Les conséquences de cette révolution sont faci<strong>le</strong>s àprévoir ; el<strong>le</strong> doit apporter, dans <strong>le</strong>s rapports sociaux, d'inévitab<strong>le</strong>smodifications, auxquel<strong>le</strong>s il n'est au pouvoir de personne de s'opposer,parce qu'el<strong>le</strong>s sont dans <strong>le</strong>s desseins de Dieu, et qu'el<strong>le</strong>s ressortent de laloi du progrès, qui est une loi de Dieu.INSTRUCTIONS DES ESPRITS.L'ère nouvel<strong>le</strong>.9. Dieu est unique, et Moïse est l'Esprit que Dieu a envoyé en missionpour <strong>le</strong> faire connaître, non seu<strong>le</strong>ment aux Hébreux, mais encore auxpeup<strong>le</strong>s païens. Le peup<strong>le</strong> hébreu a été l'instrument dont Dieu s'est servipour faire sa révélation par Moïse et par <strong>le</strong>s prophètes, et <strong>le</strong>s vicissitudesde ce peup<strong>le</strong> étaient faites pour frapper <strong>le</strong>s yeux et faire tomber <strong>le</strong> voi<strong>le</strong>qui cachait aux hommes la divinité.Les commandements de Dieu donnés par Moïse portent <strong>le</strong> germe de lamora<strong>le</strong> chrétienne la plus étendue ; <strong>le</strong>s commentaires de la Bib<strong>le</strong> enrétrécissaient <strong>le</strong> sens, parce que, mise en oeuvre dans toute sa pureté, el<strong>le</strong>n'aurait pas été comprise alors ; mais <strong>le</strong>s dix commandements de Dieun'en restaient pas moins comme <strong>le</strong> frontispice brillant, comme <strong>le</strong> pharequi devait éclairer l'humanité dans la route qu'el<strong>le</strong> avait à parcourir.La mora<strong>le</strong> enseignée par Moïse était appropriée à l'état d'avancementdans <strong>le</strong>quel se trouvaient <strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>s qu'el<strong>le</strong> était appelée à régénérer, etces peup<strong>le</strong>s, à demi sauvages quant au perfectionnement de <strong>le</strong>ur âme,n'auraient pas compris qu'on pût adorer Dieu autrement que par desholocaustes, ni qu'il fallût faire grâce à un ennemi. Leur intelligence,remarquab<strong>le</strong> au point de vue de la matière, et même sous celui des arts etdes sciences, était très arriérée en moralité, et ne se serait pas convertiesous l'empire d'une religion entièrement spirituel<strong>le</strong> ; il <strong>le</strong>ur fallait une


32 CHAPITRE Ireprésentation semi-matériel<strong>le</strong>, tel<strong>le</strong> que l'offrait alors la religionhébraïque. C'est ainsi que <strong>le</strong>s holocaustes parlaient à <strong>le</strong>urs sens, pendantque l'idée de Dieu parlait à <strong>le</strong>ur esprit.Le Christ a été l'initiateur de la mora<strong>le</strong> la plus pure, la plus sublime ;de la mora<strong>le</strong> évangélique chrétienne qui doit rénover <strong>le</strong> monde,rapprocher <strong>le</strong>s hommes et <strong>le</strong>s rendre frères ; qui doit faire jaillir de tous<strong>le</strong>s coeurs humains la charité et l'amour du prochain, et créer entre tous<strong>le</strong>s hommes une solidarité commune ; d'une mora<strong>le</strong> enfin qui doittransformer la terre, et en faire un séjour pour des Esprits supérieurs àceux qui l'habitent aujourd'hui. C'est la loi du progrès, à laquel<strong>le</strong> lanature est soumise, qui s'accomplit, et <strong>le</strong> <strong>spiritisme</strong> est <strong>le</strong> <strong>le</strong>vier dontDieu se sert pour faire avancer l'humanité.Les temps sont arrivés où <strong>le</strong>s idées mora<strong>le</strong>s doivent se développerpour accomplir <strong>le</strong>s progrès qui sont dans <strong>le</strong>s desseins de Dieu ; el<strong>le</strong>sdoivent suivre la même route que <strong>le</strong>s idées de liberté ont parcourue, etqui en étaient l'avant-coureur. Mais il ne faut pas croire que cedéveloppement se fera sans luttes ; non, el<strong>le</strong>s ont besoin, pour arriver àmaturité, de secousses et de discussions, afin qu'el<strong>le</strong>s attirent l'attentiondes masses ; une fois l'attention fixée, la beauté et la sainteté de lamora<strong>le</strong> frapperont <strong>le</strong>s esprits, et ils s'attacheront à une science qui <strong>le</strong>urdonne la c<strong>le</strong>f de la vie future et <strong>le</strong>ur ouvre <strong>le</strong>s portes du bonheur éternel.C'est Moïse qui a ouvert la voie ; Jésus a continué l'oeuvre ; <strong>le</strong> <strong>spiritisme</strong>l'achèvera. (UN ESPRIT ISRAELITE. Mulhouse, 1861.)10. Un jour, Dieu, dans sa charité inépuisab<strong>le</strong>, permit à l'homme devoir la vérité percer <strong>le</strong>s ténèbres ; ce jour était l'avènement du Christ.Après la lumière vive, <strong>le</strong>s ténèbres sont revenues ; <strong>le</strong> monde, après desalternatives de vérité et d'obscurité, se perdait de nouveau. Alors,semblab<strong>le</strong>s aux prophètes de l'Ancien Testament, <strong>le</strong>s Esprits se mettent àpar<strong>le</strong>r et à vous avertir ; <strong>le</strong> monde est ébranlé dans ses bases ; <strong>le</strong> tonnerregrondera ; soyez fermes !Le <strong>spiritisme</strong> est d'ordre divin, puisqu'il repose sur <strong>le</strong>s lois mêmes dela nature, et croyez bien que tout ce qui est d'ordre divin a un but grandet uti<strong>le</strong>. Votre monde se perdait, la science, développée aux dépens de cequi est d'ordre moral, tout en vous menant au bien-être matériel, tournaitau profit de l'esprit des ténèbres. Vous <strong>le</strong> savez, chrétiens, <strong>le</strong> coeur etl'amour doivent marcher unis à la science. Le règne du Christ, hélas !après dix-huit sièc<strong>le</strong>s, et malgré <strong>le</strong> sang de tant de martyrs, n'est pasencore venu. Chrétiens, revenez au maître qui veut vous sauver. Tout estfaci<strong>le</strong> à celui qui croit et qui aime ; l'amour <strong>le</strong> remplit d'une joie


JE NE SUIS POINT VENU DETRUIRE LA LOI. 33ineffab<strong>le</strong>. Oui, mes enfants, <strong>le</strong> monde est ébranlé ; <strong>le</strong>s bons Esprits vous<strong>le</strong> disent assez ; ployez sous <strong>le</strong> souff<strong>le</strong> avant-coureur de la tempête, afinde n'être point renversés ; c'est-à-dire préparez-vous, et ne ressemb<strong>le</strong>zpas aux vierges fol<strong>le</strong>s qui furent prises au dépourvu à l'arrivée del'époux.La révolution qui s'apprête est plutôt mora<strong>le</strong> que matériel<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s grandsEsprits, messagers divins, souff<strong>le</strong>nt la foi, pour que vous tous, ouvrierséclairés et ardents, fassiez entendre votre humb<strong>le</strong> voix ; car vous êtes <strong>le</strong>grain de sab<strong>le</strong>, mais sans grains de sab<strong>le</strong> il n'y aurait pas de montagnes.Ainsi donc, que cette paro<strong>le</strong> : «Nous sommes petits,» n'ait plus de senspour vous. A chacun sa mission, à chacun son travail. La fourmi neconstruit-el<strong>le</strong> pas l'édifice de sa république, et des animalcu<strong>le</strong>simperceptib<strong>le</strong>s n'élèvent-ils pas des continents ? La nouvel<strong>le</strong> croisade estcommencée ; apôtres de la paix universel<strong>le</strong> et non d'une guerre, saintsBernard modernes, regardez et marchez en avant : la loi des mondes estla loi du progrès. (FENELON. Poitiers, 1861.)11. Saint Augustin est l'un des plus grands vulgarisateurs du<strong>spiritisme</strong> ; il se manifeste presque partout ; nous en trouvons la raisondans la vie de ce grand philosophe chrétien. Il appartient à cettevigoureuse phalange des Pères de l'Eglise auxquels la chrétienté doit sesplus solides assises. Comme beaucoup, il fut arraché au paganisme,disons mieux, à l'impiété la plus profonde, par l'éclat de la vérité. Quand,au milieu de ses débordements, il sentit en son âme cette vibrationétrange qui <strong>le</strong> rappela à lui-même, et lui fit comprendre que <strong>le</strong> bonheurétait ail<strong>le</strong>urs que dans des plaisirs énervants et fugitifs ; quand enfin, surson chemin de Damas, il entendit, lui aussi, la voix sainte lui crier : Saul,Saul, pourquoi me persécutes-tu ? il s'écria : Mon Dieu ! mon Dieu !pardonnez-moi, je crois, je suis chrétien ! et depuis lors il devint un desplus fermes soutiens de l'Evangi<strong>le</strong>. On peut lire, dans <strong>le</strong>s confessionsremarquab<strong>le</strong>s que nous a laissées cet éminent Esprit, <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>scaractéristiques et prophétiques en même temps, qu'il prononça aprèsavoir perdu sainte Monique : «Je suis convaincu que ma mère reviendrame visiter et me donner des conseils en me révélant ce qui nous attenddans la vie future.» Quel enseignement dans ces paro<strong>le</strong>s, et quel<strong>le</strong>prévision éclatante de la future doctrine ! C'est pour cela qu'aujourd'hui,voyant l'heure arrivée pour la divulgation de la vérité qu'il avaitpressentie jadis, il s'en est fait l'ardent propagateur, et se multiplie, pourainsi dire, pour répondre à tous ceux qui l'appel<strong>le</strong>nt. (ERASTE, discip<strong>le</strong>de saint Paul. Paris, 1863.)


34 CHAPITRE IRemarque. Saint Augustin vient-il donc renverser ce qu'il a é<strong>le</strong>vé ?non assurément ; mais comme tant d'autres, il voit avec <strong>le</strong>s yeux del'esprit ce qu'il ne voyait pas comme homme ; son âme dégagée entrevoitde nouvel<strong>le</strong>s clartés ; el<strong>le</strong> comprend ce qu'el<strong>le</strong> ne comprenait pasauparavant ; de nouvel<strong>le</strong>s idées lui ont révélé <strong>le</strong> véritab<strong>le</strong> sens decertaines paro<strong>le</strong>s ; sur la terre il jugeait <strong>le</strong>s choses <strong>selon</strong> <strong>le</strong>sconnaissances qu'il possédait, mais, lorsqu'une nouvel<strong>le</strong> lumière s'estfaite pour lui, il a pu <strong>le</strong>s juger plus sainement ; c'est ainsi qu'il a dûrevenir sur sa croyance concernant <strong>le</strong>s Esprits incubes et succubes, et surl'anathème qu'il avait lancé contre la théorie des antipodes. Maintenantque <strong>le</strong> christianisme lui apparaît dans toute sa pureté, il peut, sur certainspoints, penser autrement que de son vivant, sans cesser d'être l'apôtrechrétien ; il peut, sans renier sa foi, se faire <strong>le</strong> propagateur du <strong>spiritisme</strong>,parce qu'il y voit l'accomplissement des choses prédites. En <strong>le</strong>proclamant aujourd'hui, il ne fait que nous ramener à une interprétationplus saine et plus logique des textes. Ainsi en est-il des autres Esprits quise trouvent dans une position analogue.


CHAPITRE II-MON ROYAUME N'EST PAS DE CE MONDE.La vie future. - La royauté de Jésus. - Le point de vue. - Instructions desEsprits : Une royauté terrestre.1. Pilate, étant donc rentré dans <strong>le</strong> palais, et ayant fait venir Jésus, lui dit : Etesvous<strong>le</strong> roi des Juifs ? - Jésus lui répondit : Mon royaume n'est pas de ce monde. Simon royaume était de ce monde, mes gens auraient combattu pour m'empêcher detomber dans <strong>le</strong>s mains des Juifs ; mais mon royaume n'est point ici.Pilate lui dit alors : Vous êtes donc roi ? - Jésus lui repartit : Vous <strong>le</strong> dites ; jesuis roi ; je ne suis né, et ne suis venu dans ce monde que pour rendre témoignageà la vérité ; quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. (Saint Jean, chap.XVIII, v. 33, 36, 37.)La vie future.2. Par ces paro<strong>le</strong>s, Jésus désigne clairement la vie future, qu'il présenteen toutes circonstances comme <strong>le</strong> terme où aboutit l'humanité, et commedevant faire l'objet des principa<strong>le</strong>s préoccupations de l'homme sur laterre ; toutes ses maximes se rapportent à ce grand principe. Sans la viefuture, en effet, la plupart de ses préceptes de mora<strong>le</strong> n'auraient aucuneraison d'être ; c'est pourquoi ceux qui ne croient pas à la vie future sefigurant qu'il ne par<strong>le</strong> que de la vie présente, ne <strong>le</strong>s comprennent pas, ou<strong>le</strong>s trouvent puéri<strong>le</strong>s.Ce dogme peut donc être considéré comme <strong>le</strong> pivot de l'enseignementdu Christ ; c'est pourquoi il est placé un des premiers en tête de cetouvrage, parce qu'il doit être <strong>le</strong> point de mire de tous <strong>le</strong>s hommes ; seul ilpeut justifier <strong>le</strong>s anomalies de la vie terrestre et s'accorder avec la justicede Dieu.3. Les Juifs n'avaient que des idées très incertaines touchant la viefuture ; ils croyaient aux anges, qu'ils regardaient comme <strong>le</strong>s êtresprivilégiés de la création, mais ils ne savaient pas que <strong>le</strong>s hommespussent devenir un jour des anges et partager <strong>le</strong>ur félicité. Selon eux,l'observation des lois de Dieu était récompensée par <strong>le</strong>s biens de la terre,la suprématie de <strong>le</strong>ur nation, <strong>le</strong>s victoires sur <strong>le</strong>urs ennemis ; <strong>le</strong>scalamités publiques et <strong>le</strong>s défaites étaient <strong>le</strong> châtiment de <strong>le</strong>urdésobéissance. Moïse ne pouvait en dire davantage à un peup<strong>le</strong> pasteurignorant, qui devait être touché avant tout par <strong>le</strong>s choses de ce monde.


36 CHAPITRE IIPlus tard Jésus est venu <strong>le</strong>ur révé<strong>le</strong>r qu'il est un autre monde où la justicede Dieu suit son cours ; c'est ce monde qu'il promet à ceux qui observent<strong>le</strong>s commandements de Dieu, et où <strong>le</strong>s bons trouveront <strong>le</strong>ur récompense ;ce monde est son royaume ; c'est là qu'il est dans toute sa gloire, et où ilva retourner en quittant la terre.Cependant Jésus, conformant son enseignement à l'état des hommes deson époque, n'a pas cru devoir <strong>le</strong>ur donner une lumière complète qui <strong>le</strong>seût éblouis sans <strong>le</strong>s éclairer, parce qu'ils ne l'auraient pas comprise ; ils'est borné à poser en quelque sorte la vie future en principe, comme uneloi de nature à laquel<strong>le</strong> nul ne peut échapper. Tout chrétien croit doncforcément à la vie future ; mais l'idée que beaucoup s'en font est vague,incomplète, et par cela même fausse en plusieurs points ; pour un grandnombre, ce n'est qu'une croyance sans certitude absolue ; de là <strong>le</strong>s douteset même l'incrédulité.Le <strong>spiritisme</strong> est venu compléter en ce point, comme en beaucoupd'autres, l'enseignement du Christ, lorsque <strong>le</strong>s hommes ont été mûrs pourcomprendre la vérité. Avec <strong>le</strong> <strong>spiritisme</strong>, la vie future n'est plus unsimp<strong>le</strong> artic<strong>le</strong> de foi, une hypothèse ; c'est une réalité matériel<strong>le</strong>démontrée par <strong>le</strong>s faits, car ce sont <strong>le</strong>s témoins oculaires qui viennent ladécrire dans toutes ses phases et dans toutes ses péripéties ; de tel<strong>le</strong> sorteque non seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> doute n'est plus possib<strong>le</strong>, mais l'intelligence la plusvulgaire peut se la représenter sous son véritab<strong>le</strong> aspect, comme on sereprésente un pays dont on lit une description détaillée ; or, cettedescription de la vie future est tel<strong>le</strong>ment circonstanciée, <strong>le</strong>s conditionsd'existence heureuse ou malheureuse de ceux qui s'y trouvent sont sirationnel<strong>le</strong>s, qu'on se dit malgré soi qu'il n'en peut être autrement, et quec'est bien là la vraie justice de Dieu.La royauté de Jésus.4. Le royaume de Jésus n'est pas de ce monde, c'est ce que chacuncomprend ; mais sur la terre n'a-t-il pas aussi une royauté ? Le titre de roin'implique pas toujours l'exercice du pouvoir temporel ; il est donné d'unconsentement unanime à celui que son génie place au premier rang dansun ordre d'idées quelconques, qui domine son sièc<strong>le</strong>, et influe sur <strong>le</strong>progrès de l'humanité. C'est dans ce sens qu'on dit : Le roi ou <strong>le</strong> princedes philosophes, des artistes, des poètes, des écrivains, etc. Cetteroyauté, née du mérite personnel, consacrée par la postérité, n'a-t-el<strong>le</strong> passouvent une prépondérance bien autrement grande que cel<strong>le</strong> qui porte <strong>le</strong>diadème ? El<strong>le</strong> est impérissab<strong>le</strong>, tandis que l'autre est <strong>le</strong> jouet des


MON ROYAUME N'EST PAS DE CE MONDE. 37vicissitudes ; el<strong>le</strong> est toujours bénie des générations futures, tandis quel'autre est parfois maudite. La royauté terrestre finit avec la vie ; laroyauté mora<strong>le</strong> gouverne encore, et surtout après la mort. A ce titre Jésusn'est-il pas roi plus puissant que maints potentats ? C'est donc avecraison qu'il disait à Pilate : Je suis roi, mais mon royaume n'est pas de cemonde.Le point de vue.5. L'idée nette et précise qu'on se fait de la vie future donne une foiinébranlab<strong>le</strong> dans l'avenir, et cette foi a des conséquences immenses surla moralisation des hommes, en ce qu'el<strong>le</strong> change complètement <strong>le</strong> pointde vue sous <strong>le</strong>quel ils envisagent la vie terrestre. Pour celui qui se place,par la pensée, dans la vie spirituel<strong>le</strong> qui est indéfinie, la vie corporel<strong>le</strong>n'est plus qu'un passage, une courte station dans un pays ingrat. Lesvicissitudes et <strong>le</strong>s tribulations de la vie ne sont plus que des incidentsqu'il prend avec patience, parce qu'il sait qu'ils ne sont que de courtedurée et doivent être suivis d'un état plus heureux ; la mort n'a plus riend'effrayant ; ce n'est plus la porte du néant, mais cel<strong>le</strong> de la délivrancequi ouvre à l'exilé l'entrée d'un séjour de bonheur et de paix. Sachantqu'il est dans une place temporaire et non définitive, il prend <strong>le</strong>s soucisde la vie avec plus d'indifférence, et il en résulte pour lui un calmed'esprit qui en adoucit l'amertume.Par <strong>le</strong> simp<strong>le</strong> doute sur la vie future, l'homme reporte toutes sespensées sur la vie terrestre ; incertain de l'avenir, il donne tout auprésent ; n'entrevoyant pas des biens plus précieux que ceux de la terre,il est comme l'enfant qui ne voit rien au-delà de ses jouets ; pour se <strong>le</strong>sprocurer, il n'est rien qu'il ne fasse ; la perte du moindre de ses biens estun chagrin cuisant ; un mécompte, un espoir déçu, une ambition nonsatisfaite, une injustice dont il est victime, l'orgueil ou la vanité b<strong>le</strong>sséesont autant de tourments qui font de sa vie une angoisse perpétuel<strong>le</strong>, sedonnant ainsi volontairement une véritab<strong>le</strong> torture de tous <strong>le</strong>s instants.Prenant son point de vue de la vie terrestre au centre de laquel<strong>le</strong> il estplacé, tout prend autour de lui de vastes proportions ; <strong>le</strong> mal qui l'atteint,comme <strong>le</strong> bien qui incombe aux autres, tout acquiert à ses yeux unegrande importance. De même, à celui qui est dans l'intérieur d'une vil<strong>le</strong>,tout paraît grand : <strong>le</strong>s hommes qui sont en haut de l'échel<strong>le</strong>, comme <strong>le</strong>smonuments ; mais qu'il se transporte sur une montagne, hommes etchoses vont lui paraître bien petits.


38 CHAPITRE IIAinsi en est-il de celui qui envisage la vie terrestre du point de vue dela vie future : l'humanité, comme <strong>le</strong>s étoi<strong>le</strong>s du firmament, se perd dansl'immensité ; il s'aperçoit alors que grands et petits sont confonduscomme <strong>le</strong>s fourmis sur une motte de terre ; que prolétaires et potentatssont de la même tail<strong>le</strong>, et il plaint ces éphémères qui se donnent tant desoucis pour y conquérir une place qui <strong>le</strong>s élève si peu et qu'ils doiventgarder si peu de temps. C'est ainsi que l'importance attachée aux biensterrestres est toujours en raison inverse de la foi en la vie future.6. Si tout <strong>le</strong> monde pensait de la sorte, dira-t-on, nul ne s'occupant plusdes choses de la terre, tout y péricliterait. Non ; l'homme chercheinstinctivement son bien-être, et, même avec la certitude de n'être quepour peu de temps à une place, encore veut-il y être <strong>le</strong> mieux ou <strong>le</strong> moinsmal possib<strong>le</strong> ; il n'est personne qui, trouvant une épine sous sa main, nel'ôte pour ne pas se piquer. Or, la recherche du bien-être force l'homme àaméliorer toutes choses, poussé qu'il est par l'instinct du progrès et de laconservation, qui est dans <strong>le</strong>s lois de la nature. Il travail<strong>le</strong> donc parbesoin, par goût et par devoir, et en cela il accomplit <strong>le</strong>s vues de laProvidence qui l'a placé sur la terre à cette fin. Seu<strong>le</strong>ment celui quiconsidère l'avenir n'attache au présent qu'une importance relative, et seconso<strong>le</strong> aisément de ses échecs en pensant à la destinée qui l'attend.Dieu ne condamne donc point <strong>le</strong>s jouissances terrestres, mais l'abus deces jouissances au préjudice des choses de l'âme ; c'est contre cet abusque sont prémunis ceux qui s'appliquent cette paro<strong>le</strong> de Jésus : Monroyaume n'est pas de ce monde.Celui qui s'identifie avec la vie future est semblab<strong>le</strong> à un homme richequi perd une petite somme sans s'en émouvoir ; celui qui concentre sespensées sur la vie terrestre est comme un homme pauvre qui perd tout cequ'il possède et se désespère.7. Le <strong>spiritisme</strong> élargit la pensée et lui ouvre de nouveaux horizons ;au lieu de cette vue étroite et mesquine qui la concentre sur la vieprésente, qui fait de l'instant qu'on passe sur la terre l'unique et fragi<strong>le</strong>pivot de l'avenir éternel, il montre que cette vie n'est qu'un anneau dansl'ensemb<strong>le</strong> harmonieux et grandiose de l'oeuvre du Créateur ; il montrela solidarité qui relie toutes <strong>le</strong>s existences du même être, tous <strong>le</strong>s êtresd'un même monde et <strong>le</strong>s êtres de tous <strong>le</strong>s mondes ; il donne ainsi unebase et une raison d'être à la fraternité universel<strong>le</strong>, tandis que la doctrinede la création de l'âme au moment de la naissance de chaque corps, rendtous <strong>le</strong>s êtres étrangers <strong>le</strong>s uns aux autres. Cette solidarité des parties


MON ROYAUME N'EST PAS DE CE MONDE. 39d'un même tout explique ce qui est inexplicab<strong>le</strong>, si l'on ne considèrequ'un seul point. C'est cet ensemb<strong>le</strong> qu'au temps du Christ <strong>le</strong>s hommesn'auraient pu comprendre, c'est pourquoi il en a réservé la connaissanceà d'autres temps.INSTRUCTIONS DES ESPRITS.Une royauté terrestre.8. Qui mieux que moi peut comprendre la vérité de cette paro<strong>le</strong> deNotre-Seigneur : Mon royaume n'est pas de ce monde ? L'orgueil m'aperdue sur la terre ; qui donc comprendrait <strong>le</strong> néant des royaumes d'icibas,si je ne <strong>le</strong> comprenais pas ? Qu'ai-je emporté avec moi de maroyauté terrestre ? Rien, absolument rien ; et comme pour rendre la <strong>le</strong>çonplus terrib<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> ne m'a pas suivie jusqu'à la tombe ! Reine j'étais parmi<strong>le</strong>s hommes, reine je croyais entrer dans <strong>le</strong> royaume des cieux. Quel<strong>le</strong>désillusion ! quel<strong>le</strong> humiliation quand, au lieu d'y être reçue ensouveraine, j'ai vu au-dessus de moi, mais bien au-dessus, des hommesque je croyais bien petits et que je méprisais, parce qu'ils n'étaient pasd'un nob<strong>le</strong> sang ! Oh ! qu'alors j'ai compris la stérilité des honneurs etdes grandeurs que l'on recherche avec tant d'avidité sur la terre !Pour se préparer une place dans ce royaume, il faut l'abnégation,l'humilité, la charité dans toute sa cé<strong>le</strong>ste pratique, la bienveillance pourtous ; on ne vous demande pas ce que vous avez été, quel rang vous avezoccupé, mais <strong>le</strong> bien que vous avez fait, <strong>le</strong>s larmes que vous avezessuyées.Oh ! Jésus, tu l'as dit, ton royaume n'est pas ici-bas, car il faut souffrirpour arriver au ciel, et <strong>le</strong>s marches du trône ne vous en rapprochent pas ;ce sont <strong>le</strong>s sentiers <strong>le</strong>s plus pénib<strong>le</strong>s de la vie qui y conduisent ;cherchez-en donc la route à travers <strong>le</strong>s ronces et <strong>le</strong>s épines, et non parmi<strong>le</strong>s f<strong>le</strong>urs.Les hommes courent après <strong>le</strong>s biens terrestres comme s'ils devaient <strong>le</strong>sgarder toujours ; mais ici plus d'illusion ; ils s'aperçoivent bientôt qu'ilsn'ont saisi qu'une ombre, et ont négligé <strong>le</strong>s seuls biens solides etdurab<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s seuls qui <strong>le</strong>ur profitent au cé<strong>le</strong>ste séjour, <strong>le</strong>s seuls quipeuvent <strong>le</strong>ur en ouvrir l'accès.Ayez pitié de ceux qui n'ont pas gagné <strong>le</strong> royaume des cieux ; aidez<strong>le</strong>sde vos prières, car la prière rapproche l'homme du Très-Haut ; c'est <strong>le</strong>trait d'union entre <strong>le</strong> ciel et la terre : ne l'oubliez pas. (UNE REINE DEFRANCE. Le Havre, 1863.)


CHAPITRE III-IL Y A PLUSIEURS DEMEURES DANS LA MAISON DEMON PERE.Différents états de l'âme dans l'erraticité. - Différentes catégories de mondeshabités. - Destination de la terre. Cause des misères terrestres. - Instructions desEsprits : Mondes supérieurs et mondes inférieurs. - Mondes d'expiations etd'épreuves. - Mondes régénérateurs. - Progression des mondes.1. Que votre coeur ne se troub<strong>le</strong> point. - Vous croyez en Dieu, croyez aussi enmoi. - Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père ; si cela n'était, jevous l'aurais déjà dit, car je m'en vais pour préparer <strong>le</strong> lieu ; - et après que je m'enserai allé et que je vous aurai préparé <strong>le</strong> lieu, je reviendrai, et vous retirerai à moi,afin que là où je serai, vous y soyez aussi. (Saint Jean, ch. XIV, v. 1, 2, 3.)Différents états de l'âme dans l'erraticité.2. La maison du Père, c'est l'univers ; <strong>le</strong>s différentes demeures sont <strong>le</strong>smondes qui circu<strong>le</strong>nt dans l'espace infini, et offrent aux Esprits incarnésdes séjours appropriés à <strong>le</strong>ur avancement.Indépendamment de la diversité des mondes, ces paro<strong>le</strong>s peuvent aussis'entendre de l'état heureux ou malheureux de l'Esprit dans l'erraticité.Suivant qu'il est plus ou moins épuré et dégagé des liens matériels, <strong>le</strong>milieu où il se trouve, l'aspect des choses, <strong>le</strong>s sensations qu'il éprouve,<strong>le</strong>s perceptions qu'il possède varient à l'infini ; tandis que <strong>le</strong>s uns nepeuvent s'éloigner de la sphère où ils ont vécu, d'autres s'élèvent etparcourent l'espace et <strong>le</strong>s mondes ; tandis que certains Esprits coupab<strong>le</strong>serrent dans <strong>le</strong>s ténèbres, <strong>le</strong>s heureux jouissent d'une clartéresp<strong>le</strong>ndissante et du sublime spectac<strong>le</strong> de l'infini ; tandis, enfin, que <strong>le</strong>méchant, bourrelé de remords et de regrets, souvent seul, sansconsolations, séparé des objets de son affection, gémit sous l'étreinte dessouffrances mora<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> juste, réuni à ceux qu'il aime, goûte <strong>le</strong>s douceursd'une indicib<strong>le</strong> félicité. Là aussi il y a donc plusieurs demeures,quoiqu'el<strong>le</strong>s ne soient ni circonscrites, ni localisées.Différents catégories de mondes habités.3. De l'enseignement donné par <strong>le</strong>s Esprits, il résulte que <strong>le</strong>s diversmondes sont dans des conditions très différentes <strong>le</strong>s unes des autresquant au degré d'avancement ou d'infériorité de <strong>le</strong>urs habitants. Dans <strong>le</strong>


IL Y A PLUSIEURS DEMEURES. 41nombre, il en est dont ces derniers sont encore inférieurs à ceux de laterre physiquement et mora<strong>le</strong>ment ; d'autres sont au même degré, etd'autres lui sont plus ou moins supérieurs à tous égards. Dans <strong>le</strong>s mondesinférieurs l'existence est toute matériel<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s passions règnent ensouveraines, la vie mora<strong>le</strong> est à peu près nul<strong>le</strong>. A mesure que cel<strong>le</strong>-ci sedéveloppe, l'influence de la matière diminue, de tel<strong>le</strong> sorte que dans <strong>le</strong>smondes <strong>le</strong>s plus avancés la vie est pour ainsi dire toute spirituel<strong>le</strong>.4. Dans <strong>le</strong>s mondes intermédiaires il y a mélange de bien et de mal,prédominance de l'un ou de l'autre, <strong>selon</strong> <strong>le</strong> degré d'avancement.Quoiqu'il ne puisse être fait des divers mondes une classificationabsolue, on peut néanmoins, en raison de <strong>le</strong>ur état et de <strong>le</strong>ur destination,et en se basant sur <strong>le</strong>s nuances <strong>le</strong>s plus tranchées, <strong>le</strong>s diviser d'unemanière généra<strong>le</strong>, ainsi qu'il suit, savoir : <strong>le</strong>s mondes primitifs, affectésaux premières incarnations de l'âme humaine ; <strong>le</strong>s mondes d'expiations etd'épreuves, où <strong>le</strong> mal domine ; <strong>le</strong>s mondes régénérateurs, où <strong>le</strong>s âmes quiont encore à expier puisent de nouvel<strong>le</strong>s forces, tout en se reposant desfatigues de la lutte ; <strong>le</strong>s mondes heureux, où <strong>le</strong> bien l'emporte sur <strong>le</strong> mal ;<strong>le</strong>s mondes cé<strong>le</strong>stes ou divins, séjour des Esprits épurés, où <strong>le</strong> bien règnesans partage. La terre appartient à la catégorie des mondes d'expiationset d'épreuves, c'est pourquoi l'homme y est en butte à tant de misères.5. Les Esprits incarnés sur un monde n'y sont point attachésindéfiniment, et n'y accomplissent pas toutes <strong>le</strong>s phases progressivesqu'ils doivent parcourir pour arriver à la perfection. Quand ils ont atteintsur un monde <strong>le</strong> degré d'avancement qu'il comporte, ils passent dans unautre plus avancé, et ainsi de suite jusqu'à ce qu'ils soient arrivés à l'étatde purs Esprits. Ce sont autant de stations à chacune desquel<strong>le</strong>s ilstrouvent des éléments de progrès proportionnés à <strong>le</strong>ur avancement. C'estpour eux une récompense de passer dans un monde d'un ordre plusé<strong>le</strong>vé, comme c'est un châtiment de prolonger <strong>le</strong>ur séjour dans un mondemalheureux, ou d'être relégués dans un monde plus malheureux encoreque celui qu'ils sont forcés de quitter, quand ils se sont obstinés dans <strong>le</strong>mal.Destination de la terre. Causes des misères humaines.6. On s'étonne de trouver sur la terre tant de méchanceté et demauvaises passions, tant de misères et d'infirmités de toutes sortes, etl'on en conclut que l'espèce humaine est une triste chose. Ce jugementprovient du point de vue borné où l'on se place, et qui donne une fausse


42 CHAPITRE IIIidée de l'ensemb<strong>le</strong>. Il faut considérer que sur la terre on ne voit pas toutel'humanité, mais une très petite fraction de l'humanité. En effet, l'espècehumaine comprend tous <strong>le</strong>s êtres doués de raison qui peup<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>sinnombrab<strong>le</strong>s mondes de l'univers ; or, qu'est-ce que la population de laterre auprès de la population tota<strong>le</strong> de ces mondes ? Bien moins quecel<strong>le</strong> d'un hameau par rapport à cel<strong>le</strong> d'un grand empire. La situationmatériel<strong>le</strong> et mora<strong>le</strong> de l'humanité terrestre n'a plus rien qui étonne, sil'on se rend compte de la destination de la terre et de la nature de ceuxqui l'habitent.7. On se ferait des habitants d'une grande cité une idée très fausse si on<strong>le</strong>s jugeait par la population des quartiers infimes et sordides. Dans unhospice, on ne voit que des malades ou des estropiés ; dans un bagne, onvoit toutes <strong>le</strong>s turpitudes, tous <strong>le</strong>s vices réunis ; dans <strong>le</strong>s contréesinsalubres, la plupart des habitants sont pâ<strong>le</strong>s, malingres et souffreteux.Eh bien, qu'on se figure la terre comme étant un faubourg, un hospice,un pénitencier, un pays malsain, car el<strong>le</strong> est à la fois tout cela, et l'oncomprendra pourquoi <strong>le</strong>s afflictions l'emportent sur <strong>le</strong>s jouissances, caron n'envoie pas à l'hospice <strong>le</strong>s gens qui se portent bien, ni dans <strong>le</strong>smaisons de correction ceux qui n'ont point fait de mal ; et ni <strong>le</strong>shospices, ni <strong>le</strong>s maisons de correction ne sont des lieux de délices.Or, de même que dans une vil<strong>le</strong> toute la population n'est pas dans <strong>le</strong>shospices ou dans <strong>le</strong>s prisons, toute l'humanité n'est pas sur la terre ;comme on sort de l'hospice quand on est guéri, et de la prison quand ona fait son temps, l'homme quitte la terre pour des mondes plus heureuxquand il est guéri de ses infirmités mora<strong>le</strong>s.INSTRUCTIONS DES ESPRITS.Mondes inférieurs et mondes supérieurs.8. La qualification de mondes inférieurs et de mondes supérieurs estplutôt relative qu'absolue ; tel monde est inférieur ou supérieur parrapport à ceux qui sont au-dessus ou au-dessous de lui dans l'échel<strong>le</strong>progressive.La terre étant prise pour point de comparaison, on peut se faire uneidée de l'état d'un monde inférieur en y supposant l'homme au degré desraces sauvages ou des nations barbares que l'on trouve encore à sasurface, et qui sont <strong>le</strong>s restes de son état primitif. Dans <strong>le</strong>s plus arriérés,<strong>le</strong>s êtres qui <strong>le</strong>s habitent sont en quelque sorte rudimentaires ; ils ont la


IL Y A PLUSIEURS DEMEURES. 43forme humaine, mais sans aucune beauté ; <strong>le</strong>s instincts n'y sont tempéréspar aucun sentiment de délicatesse ou de bienveillance, ni par <strong>le</strong>s notionsdu juste et de l'injuste ; la force bruta<strong>le</strong> y fait seu<strong>le</strong> la loi. Sans industrie,sans inventions, <strong>le</strong>s habitants dépensent <strong>le</strong>ur vie à la conquête de <strong>le</strong>urnourriture. Cependant Dieu n'abandonne aucune de ses créatures ; aufond des ténèbres de l'intelligence gît, latente, la vague intuition d'unEtre suprême, développée plus ou moins. Cet instinct suffit pour <strong>le</strong>srendre supérieurs <strong>le</strong>s uns aux autres et préparer <strong>le</strong>ur éclosion à une vieplus complète ; car ce ne sont point des êtres dégradés, mais des enfantsqui grandissent.Entre ces degrés inférieurs et <strong>le</strong>s plus é<strong>le</strong>vés, il y a d'innombrab<strong>le</strong>séchelons, et dans <strong>le</strong>s Esprits purs, dématérialisés et resp<strong>le</strong>ndissants degloire, on a peine à reconnaître ceux qui ont animé ces êtres primitifs, demême que dans l'homme adulte on a peine à reconnaître l'embryon.9. Dans <strong>le</strong>s mondes arrivés à un degré supérieur, <strong>le</strong>s conditions de lavie mora<strong>le</strong> et matériel<strong>le</strong> sont tout autres, même que sur la terre. La formedu corps est toujours, comme partout, la forme humaine, mais embellie,perfectionnée, et surtout purifiée. Le corps n'a rien de la matérialitéterrestre, et n'est, par conséquent, sujet ni aux besoins, ni aux maladies,ni aux détériorations qu'engendre la prédominance de la matière ; <strong>le</strong>ssens, plus exquis, ont des perceptions qu'étouffe ici-bas la grossièretédes organes ; la légèreté spécifique des corps rend la locomotion rapideet faci<strong>le</strong> ; au lieu de se traîner pénib<strong>le</strong>ment sur <strong>le</strong> sol, il glisse, pour ainsidire, à la surface, ou plane dans l'atmosphère sans antre effort que celuide la volonté, à la manière dont on représente <strong>le</strong>s anges, ou dont <strong>le</strong>sAnciens se figuraient <strong>le</strong>s mânes dans <strong>le</strong>s Champs Elysées. Les hommesconservent à <strong>le</strong>ur gré <strong>le</strong>s traits de <strong>le</strong>urs migrations passées et paraissent à<strong>le</strong>urs amis tels qu'ils <strong>le</strong>s ont connus, mais illuminés par une lumièredivine, transfigurés par <strong>le</strong>s impressions intérieures, qui sont toujoursé<strong>le</strong>vées. Au lieu de visages ternes, ravagés par <strong>le</strong>s souffrances et <strong>le</strong>spassions, l'intelligence et la vie rayonnent de cet éclat que <strong>le</strong>s peintresont traduit par <strong>le</strong> nimbe ou l'auréo<strong>le</strong> des saints.Le peu de résistance qu'offre la matière à des Esprits déjà très avancés,rend <strong>le</strong> développement des corps rapide et l'enfance courte ou presquenul<strong>le</strong> ; la vie, exemp<strong>le</strong> de soucis et d'angoisses, est proportionnel<strong>le</strong>mentbeaucoup plus longue que sur la terre. En principe, la longévité estproportionnée au degré d'avancement des mondes. La mort n'y a rien deshorreurs de la décomposition ; loin d'être un sujet d'effroi, el<strong>le</strong> estconsidérée comme une transformation heureuse, parce que là <strong>le</strong> doute


44 CHAPITRE IIIsur l'avenir n'existe pas. Pendant la vie, l'âme, n'étant point enserrée dansune matière compacte, rayonne et jouit d'une lucidité qui la met dans unétat presque permanent d'émancipation, et permet la libre transmissionde la pensée.10. Dans ces mondes heureux, <strong>le</strong>s relations de peup<strong>le</strong> à peup<strong>le</strong>,toujours amica<strong>le</strong>s, ne sont jamais troublées par l'ambition d'asservir sonvoisin, ni par la guerre qui en est la suite. Il n'y a ni maîtres, ni esclaves,ni privilégiés de naissance ; la supériorité mora<strong>le</strong> et intelligente établitseu<strong>le</strong> la différence des conditions et donne la suprématie. L'autorité esttoujours respectée, parce qu'el<strong>le</strong> n'est donnée qu'au mérite, et qu'el<strong>le</strong>s'exerce toujours avec justice. L'homme ne cherche point à s'é<strong>le</strong>ver audessusde l'homme, mais au-dessus de lui-même en se perfectionnant.Son but est de parvenir au rang des purs Esprits, et ce désir incessantn'est point un tourment, mais une nob<strong>le</strong> ambition qui <strong>le</strong> fait étudier avecardeur pour arriver à <strong>le</strong>s éga<strong>le</strong>r. Tous <strong>le</strong>s sentiments tendres et é<strong>le</strong>vés dela nature humaine s'y trouvent agrandis et purifiés ; <strong>le</strong>s haines, <strong>le</strong>smesquines jalousies, <strong>le</strong>s basses convoitises de l'envie y sont inconnues ;un lien d'amour et de fraternité unit tous <strong>le</strong>s hommes ; <strong>le</strong>s plus fortsaident <strong>le</strong>s plus faib<strong>le</strong>s. Ils possèdent plus ou moins, <strong>selon</strong> qu'ils ont plusou moins acquis par <strong>le</strong>ur intelligence, mais nul ne souffre par <strong>le</strong> manquedu nécessaire, parce que nul n'y est en expiation ; en un mot, <strong>le</strong> mal n'yexiste pas.11. Dans votre monde, vous avez besoin du mal pour sentir <strong>le</strong> bien, dela nuit pour admirer la lumière, de la maladie pour apprécier la santé ; là,ces contrastes ne sont point nécessaires ; l'éternel<strong>le</strong> lumière, l'éternel<strong>le</strong>beauté, l'éternel calme de l'âme, procurent une éternel<strong>le</strong> joie que netroub<strong>le</strong>nt ni <strong>le</strong>s angoisses de la vie matériel<strong>le</strong>, ni <strong>le</strong> contact des méchants,qui n'y ont point accès. Voilà ce que l'esprit humain a <strong>le</strong> plus de peine àcomprendre ; il a été ingénieux pour peindre <strong>le</strong>s tourments de l'enfer, iln'a jamais pu se représenter <strong>le</strong>s joies du ciel ; et pourquoi cela ? Parceque, étant inférieur, il n'a enduré que peines et misères, et n'a pointentrevu <strong>le</strong>s cé<strong>le</strong>stes clartés ; il ne peut par<strong>le</strong>r que de ce qu'il connaît ;mais, à mesure qu'il s'élève et s'épure, l'horizon s'éclaircit, et il comprend<strong>le</strong> bien qui est devant lui, comme il a compris <strong>le</strong> mal qui est resté derrièrelui.12. Cependant ces mondes fortunés ne sont point des mondesprivilégiés, car Dieu n'est partial pour aucun de ses enfants ; il donne àtous <strong>le</strong>s mêmes droits et <strong>le</strong>s mêmes facilités pour y arriver ; il <strong>le</strong>s fait


IL Y A PLUSIEURS DEMEURES. 45tous partir du même point, et n'en dote aucun plus que <strong>le</strong>s autres ; <strong>le</strong>spremiers rangs sont accessib<strong>le</strong>s à tous : à eux de <strong>le</strong>s conquérir par <strong>le</strong>urtravail ; à eux de <strong>le</strong>s atteindre <strong>le</strong> plus tôt possib<strong>le</strong>, ou de languir pendantdes sièc<strong>le</strong>s de sièc<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>s bas-fonds de l'humanité. (Résumé del'enseignement de tous <strong>le</strong>s Esprits supérieurs.)Mondes d'expiations et d'épreuves.13. Que vous dirai-je des mondes d'expiations que vous ne sachiezdéjà, puisqu'il vous suffit de considérer la terre que vous habitez ? Lasupériorité de l'intelligence chez un grand nombre de ses habitantsindique qu'el<strong>le</strong> n'est pas un monde primitif destiné à l'incarnationd'Esprits à peine sortis des mains du Créateur. Les qualités innées qu'ilsapportent avec eux sont la preuve qu'ils ont déjà vécu, et qu'ils ontaccompli un certain progrès ; mais aussi <strong>le</strong>s vices nombreux auxquels ilssont enclins sont l'indice d'une grande imperfection mora<strong>le</strong> ; c'estpourquoi Dieu <strong>le</strong>s a placés sur une terre ingrate pour y expier <strong>le</strong>ursfautes par un travail pénib<strong>le</strong> et par <strong>le</strong>s misères de la vie, jusqu'à ce qu'ilsaient mérité d'al<strong>le</strong>r dans un monde plus heureux.14. Cependant tous <strong>le</strong>s Esprits incarnés sur la terre n'y sont pasenvoyés en expiation. Les races que vous appe<strong>le</strong>z sauvages sont desEsprits à peine sortis de l'enfance, et qui y sont, pour ainsi dire, enéducation, et se développent au contact d'Esprits plus avancés. Viennentensuite <strong>le</strong>s races à demi civilisées formées de ces mêmes Esprits enprogrès. Ce sont là, en quelque sorte, <strong>le</strong>s races indigènes de la terre, quiont grandi peu à peu à la suite de longues périodes séculaires, et dontquelques-unes ont pu atteindre <strong>le</strong> perfectionnement intel<strong>le</strong>ctuel despeup<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s plus éclairés.Les Esprits en expiation y sont, si l'on peut s'exprimer ainsi,exotiques ; ils ont déjà vécu sur d'autres mondes d'où ils ont été excluspar suite de <strong>le</strong>ur obstination dans <strong>le</strong> mal, et parce qu'ils y étaient unecause de troub<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s bons ; ils ont été relégués, pour un temps,parmi des Esprits plus arriérés, et qu'ils ont pour mission de faireavancer, car ils ont apporté avec eux <strong>le</strong>ur intelligence développée et <strong>le</strong>germe des connaissances acquises ; c'est pourquoi <strong>le</strong>s Esprits punis setrouvent parmi <strong>le</strong>s races <strong>le</strong>s plus intelligentes ; ce sont cel<strong>le</strong>s aussi pour<strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s misères de la vie ont <strong>le</strong> plus d'amertume, parce qu'il y a enel<strong>le</strong>s plus de sensibilité, et qu'el<strong>le</strong>s sont plus éprouvées par <strong>le</strong>froissement que <strong>le</strong>s races primitives dont <strong>le</strong> sens moral est plus obtus.


46 CHAPITRE III15. La terre fournit donc un des types des mondes expiatoires, dont <strong>le</strong>svariétés sont infinies, mais qui ont pour caractère commun de servir delieu d'exil aux Esprits rebel<strong>le</strong>s à la loi de Dieu. Là ces Esprits ont à lutterà la fois contre la perversité des hommes et contre l'inclémence de lanature, doub<strong>le</strong> travail pénib<strong>le</strong> qui développe en même temps <strong>le</strong>s qualitésdu coeur et cel<strong>le</strong>s de l'intelligence. C'est ainsi que Dieu, dans sa bonté,fait tourner <strong>le</strong> châtiment même au profit du progrès de l'Esprit. (SAINTAUGUSTIN. Paris, 1862.)Mondes régénérateurs.16. Parmi ces étoi<strong>le</strong>s qui scintil<strong>le</strong>nt dans la voûte azurée, combien estilde mondes, comme <strong>le</strong> vôtre, désignés par <strong>le</strong> Seigneur pour l'expiationet l'épreuve ! Mais il en est aussi de plus misérab<strong>le</strong>s et de meil<strong>le</strong>urs,comme il en est de transitoires que l'on peut appe<strong>le</strong>r régénérateurs.Chaque tourbillon planétaire, courant dans l'espace autour d'un foyercommun, entraîne avec lui ses mondes primitifs, d'exil, d'épreuve, derégénération et de félicité. Il vous a été parlé de ces mondes où l'âmenaissante est placée, alors qu'ignorante encore du bien et du mal, el<strong>le</strong>peut marcher à Dieu, maîtresse d'el<strong>le</strong>-même, en possession de son librearbitre ; il vous a été dit de quel<strong>le</strong>s larges facultés l'âme a été douée pourfaire <strong>le</strong> bien ; mais, hélas ! il en est qui succombent, et Dieu, ne voulantpas <strong>le</strong>s anéantir, <strong>le</strong>ur permet d'al<strong>le</strong>r dans ces mondes où, d'incarnationsen incarnations, el<strong>le</strong>s s'épurent, se régénèrent, et reviendront dignes de lagloire qui <strong>le</strong>ur était destinée.17. Les mondes régénérateurs servent de transition entre <strong>le</strong>s mondesd'expiation et <strong>le</strong>s mondes heureux ; l'âme qui se repent y trouve <strong>le</strong> calmeet <strong>le</strong> repos en achevant de s'épurer. Sans doute, dans ces mondes,l'homme est encore sujet des lois qui régissent la matière ; l'humanitééprouve vos sensations et vos désirs, mais el<strong>le</strong> est affranchie despassions désordonnées dont vous êtes esclaves ; là plus d'orgueil qui faittaire <strong>le</strong> coeur, plus d'envie qui <strong>le</strong> torture, plus de haine qui l'étouffe ; <strong>le</strong>mot amour est écrit sur tous <strong>le</strong>s fronts ; une parfaite équité règ<strong>le</strong> <strong>le</strong>srapports sociaux ; tous se montrent Dieu, et tentent d'al<strong>le</strong>r à lui ensuivant ses lois.Là, pourtant, n'est point encore <strong>le</strong> parfait bonheur, mais c'est l'auroredu bonheur. L'homme y est encore chair, et par cela même sujet à desvicissitudes dont ne sont exempts que <strong>le</strong>s êtres complètementdématérialisés ; il a encore des épreuves à subir, mais el<strong>le</strong>s n'ont point


IL Y A PLUSIEURS DEMEURES. 47<strong>le</strong>s poignantes angoisses de l'expiation. Comparés à la terre, ces mondessont très heureux, et beaucoup d'entre vous seraient satisfaits de s'yarrêter, car c'est <strong>le</strong> calme après la tempête, la conva<strong>le</strong>scence après unecruel<strong>le</strong> maladie ; mais l'homme, moins absorbé par <strong>le</strong>s chosesmatériel<strong>le</strong>s, entrevoit mieux l'avenir que vous ne <strong>le</strong> faites ; il comprendqu'il est d'autres joies que <strong>le</strong> Seigneur promet à ceux qui s'en rendentdignes, quand la mort aura de nouveau moissonné <strong>le</strong>urs corps pour <strong>le</strong>urdonner la vraie vie. C'est alors que l'âme affranchie planera sur tous <strong>le</strong>shorizons ; plus de sens matériels et grossiers, mais <strong>le</strong>s sens d'un périspritpur et cé<strong>le</strong>ste, aspirant <strong>le</strong>s émanations de Dieu même sous <strong>le</strong>s parfumsd'amour et de charité qui s'épandent de son sein.18. Mais, hélas ! dans ces mondes, l'homme est encore faillib<strong>le</strong>, etl'Esprit du mal n'y a pas complètement perdu son empire. Ne pas avancerc'est recu<strong>le</strong>r, et s'il n'est pas ferme dans la voie du bien, il peut retomberdans <strong>le</strong>s mondes d'expiation, où l'attendent de nouvel<strong>le</strong>s et plus terrib<strong>le</strong>sépreuves.Contemp<strong>le</strong>z donc cette voûte azurée, <strong>le</strong> soir, à l'heure du repos et de laprière, et dans ces sphères innombrab<strong>le</strong>s qui bril<strong>le</strong>nt sur vos têtes,demandez-vous ceux qui mènent à Dieu, et priez-<strong>le</strong> qu'un monderégénérateur vous ouvre son sein après l'expiation de la terre. (SAINTAUGUSTIN. Paris, 1862.)Progression des mondes.19. Le progrès est une des lois de la nature ; tous <strong>le</strong>s êtres de lacréation, animés et inanimés, y sont soumis par la bonté de Dieu, quiveut que tout grandisse et prospère. La destruction même, qui semb<strong>le</strong>aux hommes <strong>le</strong> terme des choses, n'est qu'un moyen d'arriver par latransformation à un état plus parfait, car tout meurt pour renaître, et rienne rentre dans <strong>le</strong> néant.En même temps que <strong>le</strong>s êtres vivants progressent mora<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>smondes qu'ils habitent progressent matériel<strong>le</strong>ment. Qui pourrait suivreun monde dans ses diverses phases depuis l'instant où se sontagglomérés <strong>le</strong>s premiers atomes qui ont servi à <strong>le</strong> constituer, <strong>le</strong> verraitparcourir une échel<strong>le</strong> incessamment progressive, mais par des degrésinsensib<strong>le</strong>s pour chaque génération, et offrir à ses habitants un séjourplus agréab<strong>le</strong> à mesure que ceux-ci avancent eux-mêmes dans la voie duprogrès. Ainsi marchent parallè<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> progrès de l'homme, celui desanimaux ses auxiliaires, des végétaux et de l'habitation, car rien n'est


48 CHAPITRE IIIstationnaire dans la nature. Combien cette idée est grande et digne de lamajesté du Créateur ! et qu'au contraire el<strong>le</strong> est petite et indigne de sapuissance cel<strong>le</strong> qui concentre sa sollicitude et sa providence surl'imperceptib<strong>le</strong> grain de sab<strong>le</strong> de la terre, et restreint l'humanité auxquelques hommes qui l'habitent !La terre, suivant cette loi, a été matériel<strong>le</strong>ment et mora<strong>le</strong>ment dans unétat inférieur à ce qu'el<strong>le</strong> est aujourd'hui, et atteindra sous ce doub<strong>le</strong>rapport un degré plus avancé. El<strong>le</strong> est arrivée à une de ses périodes detransformation, où de monde expiatoire el<strong>le</strong> va devenir monderégénérateur ; alors <strong>le</strong>s hommes y seront heureux parce que la loi deDieu y régnera. (SAINT AUGUSTIN. Paris, 1862.)


CHAPITRE IV-PERSONNE NE PEUT VOIR LE ROYAUME DE DIEUS'IL NE NAIT DE NOUVEAU.Résurrection et réincarnation. - Liens de famil<strong>le</strong> fortifiés par la réincarnation etbrisés par l'unité d'existence. - Instructions des Esprits : Limites de l'incarnation. -L'incarnation est-el<strong>le</strong> un châtiment ?1. Jésus étant venu aux environs de Césarée-de-Philippe, interrogea sesdiscip<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>ur dit : Que disent <strong>le</strong>s hommes touchant <strong>le</strong> Fils de l'Homme ? Quidisent-ils que je suis ? - Ils lui répondirent : Les uns disent que vous êtes Jean-Baptiste ; <strong>le</strong>s autres Elie, <strong>le</strong>s autres Jérémie ou quelqu'un des prophètes. - Jésus<strong>le</strong>ur dit : Et vous autres, qui dites-vous que je suis ? - Simon-Pierre, prenant laparo<strong>le</strong>, lui dit : Vous êtes <strong>le</strong> Christ, <strong>le</strong> Fils de Dieu vivant. - Jésus lui répondit :Vous êtes bienheureux, Simon, fils de Jean, parce que ce n'est point la chair ni <strong>le</strong>sang qui vous ont révélé ceci, mais mon Père qui est dans <strong>le</strong>s cieux. (SaintMatthieu, ch. XVI, v. de 13 à 17 ; saint Marc, ch. VIII, v. de 27 à 30.)2. Cependant Hérode <strong>le</strong> Tétrarque entendit par<strong>le</strong>r de tout ce que faisait Jésus, etson esprit était en suspens, - parce que <strong>le</strong>s uns disaient que Jean était ressuscitéd'entre <strong>le</strong>s morts ; <strong>le</strong>s autres qu'Elie était apparu, et d'autres qu'un des anciensprophètes était ressuscité. - Alors Hérode dit : J'ai fait couper la tête à Jean ; maisqui est celui de qui j'entends dire de si grandes choses ? Et il avait envie de <strong>le</strong> voir.(Saint Marc, ch. VI, v. 14, 15 ; saint Luc, ch. IX, v. 7, 8, 9.)3. (Après la transfiguration.) Ses discip<strong>le</strong>s l'interrogèrent alors et lui dirent :Pourquoi donc <strong>le</strong>s scribes disent-ils qu'il faut qu'Elie revienne auparavant ? - MaisJésus <strong>le</strong>ur répondit : Il est vrai qu'Elie doit revenir et rétablir toutes choses ; - maisje vous déclare qu'Elie est déjà venu, et ils ne l'ont point connu, mais ils l'ont traitécomme il <strong>le</strong>ur a plu. C'est ainsi qu'ils feront souffrir <strong>le</strong> Fils de l'Homme. - Alors sesdiscip<strong>le</strong>s comprirent que c'était de Jean-Baptiste qu'il <strong>le</strong>ur avait parlé. (SaintMathieu, ch. XVIII, v, de 10 à 13 ; saint Marc, ch. IX, v. 10, 11, 12.)Résurrection et réincarnation.4. La réincarnation faisait partie des dogmes juifs sous <strong>le</strong> nom derésurrection ; seuls <strong>le</strong>s Sadducéens, qui pensaient que tout finit à lamort, n'y croyaient pas. Les idées des Juifs sur ce point, comme surbeaucoup d'autres, n'étaient pas clairement définies, parce qu'ilsn'avaient que des notions vagues et incomplètes sur l'âme et sa liaisonavec <strong>le</strong> corps. Ils croyaient qu'un homme qui a vécu pouvait revivre, sansse rendre un compte précis de la manière dont la chose pouvait avoirlieu ; ils désignaient par <strong>le</strong> mot résurrection ce que <strong>le</strong> <strong>spiritisme</strong> appel<strong>le</strong>


50 CHAPITRE IVplus judicieusement réincarnation. En effet, la résurrection suppose <strong>le</strong>retour à la vie du corps qui est mort, ce que la science démontre êtrematériel<strong>le</strong>ment impossib<strong>le</strong>, surtout quand <strong>le</strong>s éléments de ce corps sontdepuis longtemps dispersés et absorbés. La réincarnation est <strong>le</strong> retour del'âme ou Esprit à la vie corporel<strong>le</strong>, mais dans un autre corpsnouvel<strong>le</strong>ment formé pour lui, et qui n'a rien de commun avec l'ancien. Lemot résurrection pouvait ainsi s'appliquer à Lazare, mais non à Elie, niaux autres prophètes. Si donc, <strong>selon</strong> <strong>le</strong>ur croyance, Jean-Baptiste étaitElie, <strong>le</strong> corps de Jean ne pouvait être celui d'Elie, puisqu'on avait vu Jeanenfant et que l'on connaissait son père et sa mère. Jean pouvait donc êtreElie réincarné, mais non ressuscité.5. Or, il y avait un homme d'entre <strong>le</strong>s Pharisiens, nommé Nicodème, sénateurdes Juifs, - qui vint la nuit trouver Jésus, et lui dit : Maître, nous savons que vousêtes venu de la part de Dieu pour nous instruire comme un docteur ; car personnene saurait faire <strong>le</strong>s mirac<strong>le</strong>s que vous faites, si Dieu n'est avec lui.Jésus lui répondit : En vérité, en vérité, je vous <strong>le</strong> dis : Personne ne peut voir <strong>le</strong>royaume de Dieu s'il ne naît de nouveau.Nicodème lui dit : Comment peut naître un homme qui est déjà vieux ? Peut-ilrentrer dans <strong>le</strong> sein de sa mère, pour naître une seconde fois ?Jésus lui répondit : En vérité, en vérité, je vous <strong>le</strong> dis : Si un homme ne renaît del'eau et de l'Esprit, il ne peut entrer dans <strong>le</strong> royaume de Dieu. - Ce qui est né de lachair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est Esprit. - Ne vous étonnez pas de ceque je vous ai dit, qu'il faut que vous naissiez de nouveau. - L'Esprit souff<strong>le</strong> où ilveut, et vous entendez sa voix, mais vous ne savez d'où il vient, ni où il va ; il enest de même de tout homme qui est né de l'Esprit.Nicodème lui répondit : Comment cela peut-il se faire ? - Jésus lui dit : Quoi !vous êtes maître en Israël, et vous ignorez ces choses ! - En vérité, en vérité, jevous dis que nous ne disons que ce que nous savons, et que nous ne rendonstémoignage que de ce que nous avons vu ; et cependant vous ne recevrez pointnotre témoignage. - Mais si vous ne me croyez pas lorsque je vous par<strong>le</strong> deschoses de la terre, comment me croirez-vous lorsque je vous par<strong>le</strong>rai des choses duciel ? (Saint Jean, ch. III, v. de 1 à 12.)6. La pensée que Jean-Baptiste était Elie, et que <strong>le</strong>s prophètespouvaient revivre sur la terre, se retrouve en maints passages desEvangi<strong>le</strong>s, notamment dans ceux relatés ci-dessus (n°, 1, 2, 3). Si cettecroyance avait été une erreur, Jésus n'eût pas manqué de la combattre,comme il en a combattu tant d'autres ; loin de là, il la sanctionne de touteson autorité, et la pose en principe et comme une condition nécessairequand il dit : Personne ne peut voir <strong>le</strong> royaume des cieux s'il ne naît de


IL FAUT QUE VOUS NAISSIEZ DE NOUVEAU. 51nouveau ; et il insiste en ajoutant : Ne vous étonnez pas de ce que je vousdis qu'il FAUT que vous naissiez de nouveau.7. Ces mots : «Si un homme ne renaît de l'eau et de l'Esprit, ont étéinterprétés dans <strong>le</strong> sens de la régénération par l'eau du baptême ; mais <strong>le</strong>texte primitif portait simp<strong>le</strong>ment : Ne renaît de l'eau et de l'Esprit, tandisque, dans certaines traductions, à de l'Esprit on a substitué : du Saint-Esprit, ce qui ne répond plus à la même pensée. Ce point capital ressortdes premiers commentaires faits sur l'Evangi<strong>le</strong>, ainsi que cela sera unjour constaté sans équivoque possib<strong>le</strong> 3 .8. Pour comprendre <strong>le</strong> sens véritab<strong>le</strong> de ces paro<strong>le</strong>s, il faut éga<strong>le</strong>mentse reporter à la signification du mot eau qui n'était point employé dansson acception propre.Les connaissances des Anciens sur <strong>le</strong>s sciences physiques étaient trèsimparfaites ; ils croyaient que la terre était sortie des eaux, c'est pourquoiils regardaient l'eau comme l'élément générateur absolu ; c'est ainsi quedans la Genèse il est dit : «L'Esprit de Dieu était porté sur <strong>le</strong>s eaux ;flottait à la surface des eaux ; - Que <strong>le</strong> firmament soit fait au milieu deseaux ; - Que <strong>le</strong>s eaux qui sont sous <strong>le</strong> ciel se rassemb<strong>le</strong>nt en un seul lieu,et que l'élément aride paraisse ; - Que <strong>le</strong>s eaux produisent des animauxvivants qui nagent dans l'eau, et des oiseaux qui vo<strong>le</strong>nt sur la terre etsous <strong>le</strong> firmament.»D'après cette croyance, l'eau était devenue <strong>le</strong> symbo<strong>le</strong> de la naturematériel<strong>le</strong>, comme l'Esprit était celui de la nature intelligente. Ces mots :«Si l'homme ne renaît de l'eau et de l'Esprit, ou en eau et en Esprit,»signifient donc : «Si l'homme ne renaît avec son corps et son âme.» C'estdans ce sens qu'ils ont été compris dans <strong>le</strong> principe.Cette interprétation est d'ail<strong>le</strong>urs justifiée par ces autres paro<strong>le</strong>s : Cequi est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est l'Esprit.Jésus fait ici une distinction positive entre l'Esprit et <strong>le</strong> corps. Ce qui estné de la chair est chair, indique clairement que <strong>le</strong> corps seul procède ducorps, et que l'Esprit est indépendant du corps.9. L'Esprit souff<strong>le</strong> où il veut ; vous entendez sa voix, mais vous nesavez ni d'où il vient ni où il va, peut s'entendre de l'Esprit de Dieu quidonne la vie à qui il veut, ou de l'âme de l'homme ; dans cette dernièreacception, «Vous ne savez d'où il vient ni où il va» signifie que l'on ne3 La traduction d'Osterwald est conforme au texte primitif ; el<strong>le</strong> porte : ne renaît de l'eau et del'Esprit ; cel<strong>le</strong> de Sacy dit : du Saint-Esprit ; cel<strong>le</strong> de Lamennais : de l'Esprit-Saint.


52 CHAPITRE IVconnaît ni ce qu'a été, ni ce que sera l'Esprit. Si l'Esprit, ou âme, étaitcréé en même temps que <strong>le</strong> corps, on saurait d'où il vient, puisqu'onconnaîtrait son commencement. En tout état de cause, ce passage est laconsécration du principe de la préexistence de l'âme, et par conséquentde la pluralité des existences.10. Or, depuis <strong>le</strong> temps de Jean-Baptiste jusqu'à présent, <strong>le</strong> royaume des Cieuxse prend par vio<strong>le</strong>nce, et ce sont <strong>le</strong>s vio<strong>le</strong>nts qui l'emportent ; - car, jusqu'à Jean,tous <strong>le</strong>s prophètes, aussi bien que la loi, ont prophétisé ; - et si vous vou<strong>le</strong>zcomprendre ce que je vous dis, c'est lui-même qui est Elie qui doit venir. - Quecelui-là entende qui a des oreil<strong>le</strong>s pour entendre. (Saint Matthieu, ch XI, v. de 12 à15.)11. Si <strong>le</strong> principe de la réincarnation exprimé dans saint Jean pouvait,à la rigueur, être interprété dans un sens purement mystique, il ne sauraiten être de même dans ce passage de saint Matthieu, qui est sanséquivoque possib<strong>le</strong> : c'est LUI-MEME qui est Elie qui doit venir ; il n'ya là ni figure, ni allégorie : c'est une affirmation positive. - «Depuis <strong>le</strong>temps de Jean-Baptiste jusqu'à présent <strong>le</strong> royaume des cieux se prend parvio<strong>le</strong>nce.» Que signifient ces paro<strong>le</strong>s, puisque Jean-Baptiste vivaitencore à ce moment-là ? Jésus <strong>le</strong>s explique en disant : «Si vous vou<strong>le</strong>zcomprendre ce que je dis, c'est lui-même qui est Elie qui doit venir.» Or,Jean n'étant autre qu'Elie, Jésus fait allusion au temps où Jean vivait sous<strong>le</strong> nom d'Elie. «Jusqu'à présent <strong>le</strong> royaume des cieux se prend parvio<strong>le</strong>nce,» est une autre allusion à la vio<strong>le</strong>nce de la loi mosaïque quicommandait l'extermination des infidè<strong>le</strong>s pour gagner la Terre Promise,Paradis des Hébreux, tandis que, <strong>selon</strong> la nouvel<strong>le</strong> loi, <strong>le</strong> ciel se gagnepar la charité et la douceur.Puis il ajoute : Que celui-là entende qui a des oreil<strong>le</strong>s pour entendre.Ces paro<strong>le</strong>s, si souvent répétées par Jésus, disent clairement que tout <strong>le</strong>monde n'était pas en état de comprendre certaines vérités.12. Ceux de votre peup<strong>le</strong> qu'on avait fait mourir vivront de nouveau ; ceux quiétaient tués au milieu de moi ressusciteront. Réveil<strong>le</strong>z-vous de votre sommeil, etchantez <strong>le</strong>s louanges de Dieu, vous qui habitez dans la poussière ; parce que larosée qui tombe sur vous est une rosée de lumière, et que vous ruinerez la terre et<strong>le</strong> règne des géants. (Isaïe, ch. XXVI, v. 19.)13. Ce passage d'Isaïe est tout aussi explicite : «Ceux de votre peup<strong>le</strong>qu'on avait fait mourir vivront de nouveau.» Si <strong>le</strong> prophète avait entendupar<strong>le</strong>r de la vie spirituel<strong>le</strong>, s'il avait voulu dire que ceux que l'on a faitmourir n'étaient pas morts en Esprit, il aurait dit : vivent encore, et nonvivront de nouveau. Dans <strong>le</strong> sens spirituel, ces mots seraient un non-


IL FAUT QUE VOUS NAISSIEZ DE NOUVEAU. 53sens, puisqu'ils impliqueraient une interruption dans la vie de l'âme.Dans <strong>le</strong> sens de régénération mora<strong>le</strong>, ils seraient la négation des peineséternel<strong>le</strong>s, puisqu'ils établissent en principe que tous ceux qui sont mortsrevivront.14. Mais quand l'homme est mort une fois, que son corps, séparé de son esprit,est consumé, que devient-il ? L'homme étant mort une fois, pourrait-il bien revivrede nouveau ? Dans cette guerre où je me trouve tous <strong>le</strong>s jours de ma vie, j'attendsque mon changement arrive. (JOB, ch. XIV, v. 10, 14. Traduction de Le Maistrede Sacy.)Quand l'homme meurt, il perd toute sa force, il expire ; puis où est-il ? - Sil'homme meurt, revivra-t-il ? Attendrai-je tous <strong>le</strong>s jours de mon combat, jusqu'à cequ'il m'arrive quelque changement ? (Id. Traduction protestante d'Osterwald.)Quand l'homme est mort, il vit toujours ; en finissant <strong>le</strong>s jours de mon existenceterrestre, j'attendrai, car j'y reviendrai de nouveau. (Id. Version de l'Eglisegrecque.)15. Le principe de la pluralité des existences est clairement exprimédans ces trois versions. On ne peut supposer que Job ait voulu par<strong>le</strong>r dela régénération par l'eau du baptême qu'il ne connaissait certainementpas. «L'homme étant mort une fois, pourrait-il bien revivre denouveau ?» L'idée de mourir une fois et de revivre, implique cel<strong>le</strong> demourir et de revivre plusieurs fois. La version de l'Eglise grecque estencore plus explicite, si c'est possib<strong>le</strong>. «En finissant <strong>le</strong>s jours de monexistence terrestre, j'attendrai, car j'y reviendrai ;» c'est-à-dire, jereviendrai à l'existence terrestre. Ceci est aussi clair que si quelqu'undisait : «Je sors de ma maison, mais j'y reviendrai.»«Dans cette guerre où je me trouve tous <strong>le</strong>s jours de ma vie, j'attendsque mon changement arrive.» Job veut évidemment par<strong>le</strong>r de la luttequ'il soutient contre <strong>le</strong>s misères de la vie ; il attend son changement,c'est-à-dire il se résigne. Dans la version grecque, j'attendrai semb<strong>le</strong>plutôt s'appliquer à la nouvel<strong>le</strong> existence : «Lorsque mon existenceterrestre sera finie, j'attendrai, car j'y reviendrai ;» Job semb<strong>le</strong> se placer,après sa mort, dans l'interval<strong>le</strong> qui sépare une existence de l'autre, et direque là il attendra son retour.16. Il n'est donc pas douteux que, sous <strong>le</strong> nom de résurrection, <strong>le</strong>principe de la réincarnation était une des croyances fondamenta<strong>le</strong>s desJuifs ; qu'il est confirmé par Jésus et <strong>le</strong>s prophètes d'une manièreformel<strong>le</strong> ; d'où il suit que nier la réincarnation, c'est renier <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s duChrist. Ses paro<strong>le</strong>s feront un jour autorité sur ce point, comme surbeaucoup d'autres, quand on <strong>le</strong>s méditera sans parti pris.


54 CHAPITRE IV17. Mais à cette autorité, au point de vue religieux, vient s'ajouter, aupoint de vue philosophique, cel<strong>le</strong> des preuves qui résultent del'observation des faits ; quand des effets on veut remonter aux causes, laréincarnation apparaît comme une nécessité absolue, comme unecondition inhérente à l'humanité, en un mot, comme une loi de nature ;el<strong>le</strong> se révè<strong>le</strong> par ses résultats d'une manière pour ainsi dire matériel<strong>le</strong>,comme <strong>le</strong> moteur caché se révè<strong>le</strong> par <strong>le</strong> mouvement ; el<strong>le</strong> seu<strong>le</strong> peut direà l'homme d'où il vient, où il va, pourquoi il est sur la terre, et justifiertoutes <strong>le</strong>s anomalies et toutes <strong>le</strong>s injustices apparentes que présente lavie 4 .Sans <strong>le</strong> principe de la préexistence de l'âme et de la pluralité desexistences, la plupart des maximes de l'Evangi<strong>le</strong> sont inintelligib<strong>le</strong>s ;c'est pourquoi el<strong>le</strong>s ont donné lieu à des interprétations sicontradictoires ; ce principe est la c<strong>le</strong>f qui doit <strong>le</strong>ur restituer <strong>le</strong>urvéritab<strong>le</strong> sens.Les liens de famil<strong>le</strong> fortifiés par la réincarnation et brisés par l'unitéd'existence.18. Les liens de famil<strong>le</strong> ne sont point détruits par la réincarnation,ainsi que <strong>le</strong> pensent certaines personnes ; ils sont au contraire fortifiés etresserrés : c'est <strong>le</strong> principe opposé qui <strong>le</strong>s détruit.Les Esprits forment dans l'espace des groupes ou famil<strong>le</strong>s unis parl'affection, la sympathie et la similitude des inclinations ; ces Esprits,heureux d'être ensemb<strong>le</strong>, se recherchent ; l'incarnation ne <strong>le</strong>s sépare quemomentanément, car, après <strong>le</strong>ur rentrée dans l'erraticité, ils se retrouventcomme des amis au retour d'un voyage. Souvent même ils se suiventdans l'incarnation, où ils sont réunis dans une même famil<strong>le</strong>, ou dans unmême cerc<strong>le</strong>, travaillant ensemb<strong>le</strong> à <strong>le</strong>ur mutuel avancement. Si <strong>le</strong>s unssont incarnés et que <strong>le</strong>s autres ne <strong>le</strong> soient pas, ils n'en sont pas moinsunis par la pensée ; ceux qui sont libres veil<strong>le</strong>nt sur ceux qui sont encaptivité ; <strong>le</strong>s plus avancés cherchent à faire progresser <strong>le</strong>s retardataires.Après chaque existence ils ont fait un pas dans la voie de la perfection ;de moins en moins attachés à la matière, <strong>le</strong>ur affection est plus vive parcela même qu'el<strong>le</strong> est plus épurée, qu'el<strong>le</strong> n'est plus troublée parl'égoïsme ni par <strong>le</strong>s nuages des passions. Ils peuvent donc ainsi parcourir4 Voir, pour <strong>le</strong>s développements du dogme de la réincarnation, <strong>le</strong> Livre des Esprits, ch. IV etV ; Qu'est-ce que <strong>le</strong> Spiritisme ? chap. II, par Allan Kardec ; la Pluralité des existences, parPezzani.


IL FAUT QUE VOUS NAISSIEZ DE NOUVEAU. 55un nombre illimité d'existences corporel<strong>le</strong>s sans qu'aucune atteinte soitportée à <strong>le</strong>ur mutuel<strong>le</strong> affection.Il est bien entendu qu’il s'agit ici de l'affection réel<strong>le</strong> d'âme à âme, laseu<strong>le</strong> qui survive à la destruction du corps, car <strong>le</strong>s êtres qui ne s'unissentici-bas que par <strong>le</strong>s sens n'ont aucun motif de se rechercher dans <strong>le</strong> mondedes Esprits. Il n'y a de durab<strong>le</strong>s que <strong>le</strong>s affections spirituel<strong>le</strong>s ; <strong>le</strong>saffections charnel<strong>le</strong>s s'éteignent avec la cause qui <strong>le</strong>s a fait naître ; orcette cause n'existe plus dans <strong>le</strong> monde des Esprits, tandis que l'âmeexiste toujours. Quant aux personnes unies par <strong>le</strong> seul mobi<strong>le</strong> de l'intérêt,el<strong>le</strong>s ne sont réel<strong>le</strong>ment rien l'une à l'autre : la mort <strong>le</strong>s sépare sur la terreet dans <strong>le</strong> ciel.19. L'union et l'affection qui existent entre parents sont l'indice de lasympathie antérieure qui <strong>le</strong>s a rapprochés ; aussi dit-on en parlant d'unepersonne dont <strong>le</strong> caractère, <strong>le</strong>s goûts et <strong>le</strong>s inclinations n'ont aucunesimilitude avec ceux de ses proches, qu'el<strong>le</strong> n'est pas de la famil<strong>le</strong>. Endisant cela, on énonce une plus grande vérité qu'on ne <strong>le</strong> croit. Dieupermet, dans <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s, ces incarnations d'Esprits antipathiques ouétrangers, dans <strong>le</strong> doub<strong>le</strong> but de servir d'épreuve pour <strong>le</strong>s uns, et demoyen d'avancement pour <strong>le</strong>s autres. Puis <strong>le</strong>s mauvais s'améliorent peu àpeu au contact des bons et par <strong>le</strong>s soins qu'ils en reçoivent ; <strong>le</strong>urcaractère s'adoucit, <strong>le</strong>urs moeurs s'épurent, <strong>le</strong>s antipathies s'effacent ;c'est ainsi que s'établit la fusion entre <strong>le</strong>s différentes catégories d'Esprits,comme el<strong>le</strong> s'établit sur la terre entre <strong>le</strong>s races et <strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>s.20. La crainte de l'augmentation indéfinie de la parenté, par suite de laréincarnation, est une crainte égoïste, qui prouve que l'on ne se sent pasun amour assez large pour <strong>le</strong> reporter sur un grand nombre de personnes.Un père qui a plusieurs enfants <strong>le</strong>s aime-t-il donc moins que s'il n'enavait qu'un seul ? Mais, que <strong>le</strong>s égoïstes se rassurent, cette crainte n'estpas fondée. De ce qu'un homme aura eu dix incarnations, il ne s'ensuitpas qu'il retrouvera dans <strong>le</strong> monde des Esprits dix pères, dix mères, dixfemmes et un nombre proportionné d'enfants et de nouveaux parents ; iln'y retrouvera toujours que <strong>le</strong>s mêmes objets de son affection qui luiauront été attachés sur la terre, à des titres différents, et peut-être aumême titre.21. Voyons maintenant <strong>le</strong>s conséquences de la doctrine de la nonréincarnation.Cette doctrine annu<strong>le</strong> nécessairement la préexistence del'âme ; <strong>le</strong>s âmes étant créées en même temps que <strong>le</strong> corps, il n'existeentre el<strong>le</strong>s aucun lien antérieur ; el<strong>le</strong>s sont complètement étrangères <strong>le</strong>s


56 CHAPITRE IVunes aux autres ; <strong>le</strong> père est étranger à son fils ; la filiation des famil<strong>le</strong>sse trouve ainsi réduite à la seu<strong>le</strong> filiation corporel<strong>le</strong>, sans aucun lienspirituel. Il n'y a donc aucun motif de se glorifier d'avoir eu pourancêtres tels ou tels personnages illustres. Avec la réincarnation,ancêtres et descendants peuvent s'être connus, avoir vécu ensemb<strong>le</strong>,s'être aimés, et se trouver réunis plus tard pour resserrer <strong>le</strong>urs lienssympathiques.22. Voilà pour <strong>le</strong> passé. Quant à l'avenir, <strong>selon</strong> un des dogmesfondamentaux qui décou<strong>le</strong>nt de la non-réincarnation, <strong>le</strong> sort des âmes estirrévocab<strong>le</strong>ment fixé après une seu<strong>le</strong> existence ; la fixation définitive dusort implique la cessation de tout progrès, car s'il y a progrèsquelconque, il n'y a plus de sort définitif ; <strong>selon</strong> qu'el<strong>le</strong>s ont bien ou malvécu, el<strong>le</strong>s vont immédiatement dans <strong>le</strong> séjour des bienheureux ou dansl'enfer éternel ; el<strong>le</strong>s sont ainsi immédiatement séparées pour toujours,et sans espoir de se rapprocher jamais, de tel<strong>le</strong> sorte que pères, mères etenfants, maris et femmes, frères, soeurs, amis, ne sont jamais certains dese revoir : c'est la rupture la plus absolue des liens de famil<strong>le</strong>.Avec la réincarnation, et <strong>le</strong> progrès qui en est la conséquence, tousceux qui se sont aimés se retrouvent sur la terre et dans l'espace, etgravitent ensemb<strong>le</strong> pour arriver à Dieu. S'il en est qui faillissent en route,ils retardent <strong>le</strong>ur avancement et <strong>le</strong>ur bonheur, mais tout espoir n'est pasperdu ; aidés, encouragés et soutenus par ceux qui <strong>le</strong>s aiment, ilssortiront un jour du bourbier où ils sont engagés. Avec la réincarnationenfin, il y a solidarité perpétuel<strong>le</strong> entre <strong>le</strong>s incarnés et <strong>le</strong>s désincarnés, delà <strong>le</strong> resserrement des liens d'affection.23. En résumé, quatre alternatives se présentent à l'homme pour sonavenir d'outre-tombe : 1º <strong>le</strong> néant, <strong>selon</strong> la doctrine matérialiste ; 2ºl'absorption dans <strong>le</strong> tout universel, <strong>selon</strong> la doctrine panthéiste ; 3°l'individualité avec fixation définitive du sort, <strong>selon</strong> la doctrine del'Eglise ; 4º l'individualité avec progression indéfinie, <strong>selon</strong> la doctrinespirite. Selon <strong>le</strong>s deux premières <strong>le</strong>s liens de famil<strong>le</strong> sont rompus après lamort, et il n'y a nul espoir de se retrouver ; avec la troisième, il y achance de se revoir, pourvu que l'on soit dans <strong>le</strong> même milieu, et cemilieu peut être l'enfer comme <strong>le</strong> paradis ; avec la pluralité desexistences, qui est inséparab<strong>le</strong> de la progression graduel<strong>le</strong>, il y acertitude dans la continuité des rapports entre ceux qui se sont aimés, etc'est là ce qui constitue la véritab<strong>le</strong> famil<strong>le</strong>.


IL FAUT QUE VOUS NAISSIEZ DE NOUVEAU. 57INSTRUCTIONS DES ESPRITS.Limite de l'incarnation.24. Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s limites de l'incarnation ?L'incarnation n'a point, à proprement par<strong>le</strong>r, de limites nettementtracées, si l'on entend par là l'enveloppe qui constitue <strong>le</strong> corps de l'Esprit,attendu que la matérialité de cette enveloppe diminue à mesure quel'Esprit se purifie. Dans certains mondes plus avancés que la terre, el<strong>le</strong>est déjà moins compacte, moins lourde et moins grossière, et parconséquent sujette à moins de vicissitudes ; à un degré plus é<strong>le</strong>vé, el<strong>le</strong>est diaphane et presque fluidique ; de degré en degré, el<strong>le</strong> sedématérialise et finit par se confondre avec <strong>le</strong> périsprit. Selon <strong>le</strong> mondesur <strong>le</strong>quel l'Esprit est appelé à vivre, celui-ci prend l'enveloppeappropriée à la nature de ce monde.Le périsprit lui-même subit des transformations successives ; ils'ethérise de plus en plus jusqu'à l'épuration complète qui constitue <strong>le</strong>spurs Esprits. Si des mondes spéciaux sont affectés, comme stations, auxEsprits très avancés, ces derniers n'y sont point attachés comme dans <strong>le</strong>smondes inférieurs ; l'état de dégagement où ils se trouvent <strong>le</strong>ur permet dese transporter partout où <strong>le</strong>s appel<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s missions qui <strong>le</strong>ur sont confiées.Si l'on considère l'incarnation au point de vue matériel, tel<strong>le</strong> qu'el<strong>le</strong> alieu sur la terre, on peut dire qu'el<strong>le</strong> est limitée aux mondes inférieurs ; ildépend de l'Esprit, par conséquent, de s'en affranchir plus ou moinspromptement en travaillant à son épuration.Il est à considérer aussi que dans l'état errant, c'est-à-dire dansl'interval<strong>le</strong> des existences corporel<strong>le</strong>s, la situation de l'Esprit est enrapport avec la nature du monde auquel <strong>le</strong> lie son degré d'avancement ;qu'ainsi, dans l'erraticité, il est plus ou moins heureux, libre et éclairé,<strong>selon</strong> qu'il est plus ou moins dématérialisé. (SAINT LOUIS, Paris,1859.)Nécessité de l'incarnation.25. L'incarnation est-el<strong>le</strong> une punition, et n'y a-t-il que <strong>le</strong>s Espritscoupab<strong>le</strong>s qui y soient assujettis ?Le passage des Esprits par la vie corporel<strong>le</strong> est nécessaire pour queceux-ci puissent accomplir, à l'aide d'une action matériel<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s desseinsdont Dieu <strong>le</strong>ur confie l'exécution ; el<strong>le</strong> est nécessaire pour eux-mêmes,parce que l'activité qu'ils sont obligés de déployer aide au


58 CHAPITRE IVdéveloppement de l'intelligence. Dieu étant souverainement juste doitfaire une part éga<strong>le</strong> à tous ses enfants ; c'est pour cela qu'il donne à tousun même point de départ, la même aptitude, <strong>le</strong>s mêmes obligations àremplir et la même liberté d'agir ; tout privilège serait une préférence, ettoute préférence une injustice. Mais l'incarnation n'est pour tous <strong>le</strong>sEsprits qu'un état transitoire ; c'est une tâche que Dieu <strong>le</strong>ur impose à <strong>le</strong>urdébut dans la vie, comme première épreuve de l'usage qu'ils feront de<strong>le</strong>ur libre arbitre. Ceux qui remplissent cette tâche avec zè<strong>le</strong> franchissentrapidement et moins pénib<strong>le</strong>ment ces premiers degrés de l'initiation, etjouissent plus tôt du fruit de <strong>le</strong>urs travaux. Ceux, au contraire, qui fontun mauvais usage de la liberté que Dieu <strong>le</strong>ur accorde retardent <strong>le</strong>uravancement ; c'est ainsi que, par <strong>le</strong>ur obstination, ils peuvent prolongerindéfiniment la nécessité de se réincarner, et c'est alors que l'incarnationdevient un châtiment. (SAINT LOUIS, Paris, 1859.)26. Remarque. Une comparaison vulgaire fera mieux comprendre cettedifférence. L'écolier n'arrive aux grades de la science qu'après avoirparcouru la série des classes qui y conduisent. Ces classes, quel que soit<strong>le</strong> travail qu'el<strong>le</strong>s exigent, sont un moyen d'arriver au but, et non unepunition. L'écolier laborieux abrège la route, et y trouve moins d'épines ;il en est autrement pour celui que sa négligence et sa paresse obligent àredoub<strong>le</strong>r certaines classes. Ce n'est pas <strong>le</strong> travail de la classe qui est unepunition, mais l'obligation de recommencer <strong>le</strong> même travail.Ainsi en est-il de l'homme sur la terre. Pour l'Esprit du sauvage qui estpresque au début de la vie spirituel<strong>le</strong>, l'incarnation est un moyen dedévelopper son intelligence ; mais pour l'homme éclairé en qui <strong>le</strong> sensmoral est largement développé, et qui est obligé de redoub<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s étapesd'une vie corporel<strong>le</strong> p<strong>le</strong>ine d'angoisses, tandis qu'il pourrait déjà êtrearrivé au but, c'est un châtiment par la nécessité où il est de prolongerson séjour dans <strong>le</strong>s mondes inférieurs et malheureux. Celui, au contraire,qui travail<strong>le</strong> activement à son progrès moral peut, non seu<strong>le</strong>ment abrégerla durée de l'incarnation matériel<strong>le</strong>, mais franchir en une seu<strong>le</strong> fois <strong>le</strong>sdegrés intermédiaires qui <strong>le</strong> séparent des mondes supérieurs.Les Esprits ne pourraient-ils s'incarner qu'une seu<strong>le</strong> fois sur <strong>le</strong> mêmeglobe, et accomplir <strong>le</strong>urs différentes existences dans des sphèresdifférentes ? Cette opinion ne serait admissib<strong>le</strong> que si tous <strong>le</strong>s hommesétaient, sur la terre, exactement au même niveau intel<strong>le</strong>ctuel et moral.Les différences qui existent entre eux, depuis <strong>le</strong> sauvage jusqu'à l'hommecivilisé, montrent <strong>le</strong>s degrés qu'ils sont appelés à franchir. L'incarnation,d'ail<strong>le</strong>urs, doit avoir un but uti<strong>le</strong> ; or, quel serait celui des incarnations


IL FAUT QUE VOUS NAISSIEZ DE NOUVEAU. 59éphémères des enfants qui meurent en bas âge ? Ils auraient souffert sansprofit pour eux ni pour autrui : Dieu, dont toutes <strong>le</strong>s lois sontsouverainement sages, ne fait rien d'inuti<strong>le</strong>. Par la réincarnation sur <strong>le</strong>même globe, il a voulu que <strong>le</strong>s mêmes Esprits se trouvant de nouveau encontact, eussent occasion de réparer <strong>le</strong>urs torts réciproques ; par <strong>le</strong> faitde <strong>le</strong>urs relations antérieures, il a voulu, en outre, fonder <strong>le</strong>s liens defamil<strong>le</strong> sur une base spirituel<strong>le</strong>, et appuyer sur une loi de nature <strong>le</strong>sprincipes de solidarité, de fraternité et d'égalité.


CHAPITRE V-BIENHEUREUX LES AFFLIGES.Justice des afflictions. - Causes actuel<strong>le</strong>s des afflictions. - Causes antérieuresdes afflictions. - Oubli du passé. - Motifs de résignation. - Le suicide et la folie. -Instructions des Esprits : Bien et mal souffrir. - Le mal et <strong>le</strong> remède. - Le bonheurn'est pas de ce monde. - Perte des personnes aimées. Morts prématurées. - Si c'étaitun homme de bien, il se serait tué. - Les tourments volontaires. - Le malheur réel. -La mélancolie. - Epreuves volontaires. - Le vrai cilice. - Doit-on mettre un termeaux épreuves de son prochain ? - Est-il permis d'abréger la vie d'un malade quisouffre sans espoir de guérison ? - Sacrifice de sa propre vie. - Profit dessouffrances pour autrui.1. Bienheureux ceux qui p<strong>le</strong>urent, parce qu'ils seront consolés. - Bienheureuxceux qui sont affamés et altérés de justice, parce qu'ils seront rassasiés. -Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, parce que <strong>le</strong> royaumedes cieux est à eux. (Saint Matthieu, ch. V, v. 5, 6, 10.)2. Vous êtes bienheureux, vous qui êtes pauvres, parce que <strong>le</strong> royaume descieux est à vous. - Vous êtes bienheureux, vous qui avez faim maintenant, parceque vous serez rassasiés. - Vous êtes heureux, vous qui p<strong>le</strong>urez maintenant, parceque vous rirez. (Saint Luc, ch. VI, v. 20, 21.)Mais malheur à vous, riches ! parce que vous avez votre consolation dans <strong>le</strong>monde. - Malheur à vous qui êtes rassasiés, parce que vous aurez faim. - Malheurà vous qui riez maintenant, parce que vous serez réduits aux p<strong>le</strong>urs et aux larmes.(Saint Luc, ch. VI, v. 24, 25.)Justice des afflictions.3. Les compensations que Jésus promet aux affligés de la terre nepeuvent avoir lieu que dans la vie future ; sans la certitude de l'avenir,ces maximes seraient un non-sens, bien plus, ce serait un <strong>le</strong>urre. Aveccette certitude même on comprend diffici<strong>le</strong>ment l'utilité de souffrir pourêtre heureux. C'est, dit-on, pour avoir plus de mérite ; mais alors on sedemande pourquoi <strong>le</strong>s uns souffrent plus que <strong>le</strong>s autres ; pourquoi <strong>le</strong>suns naissent dans la misère et <strong>le</strong>s autres dans l'opu<strong>le</strong>nce, sans avoir rienfait pour justifier cette position ; pourquoi aux uns rien ne réussit, tandisqu'à d'autres tout semb<strong>le</strong> sourire ? Mais ce que l'on comprend encoremoins, c'est de voir <strong>le</strong>s biens et <strong>le</strong>s maux si inéga<strong>le</strong>ment partagés entre <strong>le</strong>vice et la vertu ; de voir <strong>le</strong>s hommes vertueux souffrir à côté desméchants qui prospèrent. La foi en l'avenir peut conso<strong>le</strong>r et faire prendre


BIENHEUREUX LES AFFLIGES. 61patience, mais el<strong>le</strong> n'explique pas ces anomalies qui semb<strong>le</strong>nt démentirla justice de Dieu.Cependant, dès lors qu'on admet Dieu, on ne peut <strong>le</strong> concevoir sansl'infini des perfections ; il doit être toute puissance, toute justice, toutebonté, sans cela il ne serait pas Dieu. Si Dieu est souverainement bon etjuste, il ne peut agir par caprice ni avec partialité. Les vicissitudes de lavie ont donc une cause, et puisque Dieu est juste, cette cause doit êtrejuste. Voilà ce dont chacun doit se bien pénétrer. Dieu a mis <strong>le</strong>s hommessur la voie de cette cause par <strong>le</strong>s enseignements de Jésus, et aujourd'hui,<strong>le</strong>s jugeant assez mûrs pour la comprendre, il la <strong>le</strong>ur révè<strong>le</strong> tout entièrepar <strong>le</strong> <strong>spiritisme</strong>, c'est-à-dire par la voix des Esprits.Causes actuel<strong>le</strong>s des afflictions.4. Les vicissitudes de la vie sont de deux sortes, ou, si l'on veut, ontdeux sources bien différentes qu'il importe de distinguer ; <strong>le</strong>s unes ont<strong>le</strong>ur cause dans la vie présente, <strong>le</strong>s autres en dehors de cette vie.En remontant à la source des maux terrestres, on reconnaîtra quebeaucoup sont la conséquence naturel<strong>le</strong> du caractère et de la conduite deceux qui <strong>le</strong>s endurent.Que d'hommes tombent par <strong>le</strong>ur propre faute ! Combien sont victimesde <strong>le</strong>ur imprévoyance, de <strong>le</strong>ur orgueil et de <strong>le</strong>ur ambition !Que de gens ruinés par défaut d'ordre, de persévérance, par inconduiteou pour n'avoir pas su borner <strong>le</strong>urs désirs !Que d'unions malheureuses parce qu'el<strong>le</strong>s sont un calcul d'intérêt ou devanité, et que <strong>le</strong> coeur n'y est pour rien !Que de dissensions, de querel<strong>le</strong>s funestes on aurait pu éviter avec plusde modération et moins de susceptibilité !Que de maladies et d'infirmités sont la suite de l'intempérance et desexcès de tous genres.Que de parents sont malheureux dans <strong>le</strong>urs enfants, parce qu'ils n'ontpas combattu <strong>le</strong>s mauvaises tendances de ceux-ci dans <strong>le</strong>ur principe ! Parfaib<strong>le</strong>sse ou indifférence, ils ont laissé se développer en eux <strong>le</strong>s germesde l'orgueil, de l'égoïsme et de la sotte vanité qui dessèchent <strong>le</strong> coeur,puis, plus tard, récoltant ce qu'ils ont semé, ils s'étonnent et s'affligent de<strong>le</strong>ur manque de déférence et de <strong>le</strong>ur ingratitude.Que tous ceux qui sont frappés au coeur par <strong>le</strong>s vicissitudes et <strong>le</strong>sdéceptions de la vie interrogent froidement <strong>le</strong>ur conscience ; qu'ilsremontent de proche en proche à la source des maux qui <strong>le</strong>s affligent, et


62 CHAPITRE Vils verront si, <strong>le</strong> plus souvent, ils ne peuvent pas dire : Si j'avais fait, oun'avais pas fait tel<strong>le</strong> chose, je ne serais pas dans tel<strong>le</strong> position.A qui donc s'en prendre de toutes ces afflictions, si ce n'est à soimême? L'homme est ainsi, dans un grand nombre de cas, l'artisan de sespropres infortunes ; mais, au lieu de <strong>le</strong> reconnaître, il trouve plus simp<strong>le</strong>,moins humiliant pour sa vanité d'en accuser <strong>le</strong> sort, la Providence, lachance défavorab<strong>le</strong>, sa mauvaise étoi<strong>le</strong>, tandis que sa mauvaise étoi<strong>le</strong> estdans son incurie.Les maux de cette nature forment assurément un très notab<strong>le</strong>contingent dans <strong>le</strong>s vicissitudes de la vie ; l'homme <strong>le</strong>s évitera quand iltravail<strong>le</strong>ra à son amélioration mora<strong>le</strong> autant qu'à son améliorationintel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>.5. La loi humaine atteint certaines fautes et <strong>le</strong>s punit ; <strong>le</strong> condamnépeut donc se dire qu'il subit la conséquence de ce qu'il a fait ; mais la loin'atteint pas et ne peut atteindre toutes <strong>le</strong>s fautes ; el<strong>le</strong> frappe plusspécia<strong>le</strong>ment cel<strong>le</strong>s qui portent préjudice à la société, et non cel<strong>le</strong>s qui nenuisent qu'à ceux qui <strong>le</strong>s commettent. Mais Dieu veut <strong>le</strong> progrès detoutes ses créatures ; c'est pourquoi il ne laisse impunie aucune déviationdu droit chemin ; il n'est pas une seu<strong>le</strong> faute, quelque légère qu'el<strong>le</strong> soit,pas une seu<strong>le</strong> infraction à sa loi, qui n'ait des conséquences forcées etinévitab<strong>le</strong>s plus ou moins fâcheuses ; d'où il suit que, dans <strong>le</strong>s petiteschoses comme dans <strong>le</strong>s grandes, l'homme est toujours puni par où il apéché. Les souffrances qui en sont la suite sont pour lui un avertissementqu'il a mal fait ; el<strong>le</strong>s lui donnent l'expérience, lui font sentir ladifférence du bien et du mal, et la nécessité de s'améliorer pour éviter àl'avenir ce qui a été pour lui une source de chagrins, sans cela il n'auraitaucun motif de s'amender ; confiant dans l'impunité, il retarderait sonavancement, et par conséquent son bonheur futur.Mais l'expérience vient quelquefois un peu tard ; quand la vie a étégaspillée et troublée, que <strong>le</strong>s forces sont usées et que <strong>le</strong> mal est sansremède, alors l'homme se prend à dire : Si au début de la vie j'avais su ceque je sais maintenant, que de faux pas j'aurais évités ! Si c'était àrecommencer, je m'y prendrais tout autrement ; mais il n'est plus temps !Comme l'ouvrier paresseux dit : J'ai perdu ma journée, lui aussi se dit :J'ai perdu ma vie ; mais de même que pour l'ouvrier <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il se lève <strong>le</strong><strong>le</strong>ndemain, et une nouvel<strong>le</strong> journée commence qui lui permet de réparer<strong>le</strong> temps perdu, pour lui aussi, après la nuit de la tombe, luira <strong>le</strong> so<strong>le</strong>ild'une nouvel<strong>le</strong> vie dans laquel<strong>le</strong> il pourra mettre à profit l'expérience dupassé et ses bonnes résolutions pour l'avenir.


BIENHEUREUX LES AFFLIGES. 63Causes antérieures des afflictions.6. Mais s'il est des maux dont l'homme est la première cause dans cettevie, il en est d'autres auxquels il est, en apparence du moins,complètement étranger, et qui semb<strong>le</strong>nt <strong>le</strong> frapper comme par fatalité.Tel<strong>le</strong> est, par exemp<strong>le</strong>, la perte d'êtres chéris, et cel<strong>le</strong> des soutiens defamil<strong>le</strong> ; tels sont encore <strong>le</strong>s accidents que nul<strong>le</strong> prévoyance ne pouvaitempêcher ; <strong>le</strong>s revers de fortune qui déjouent toutes <strong>le</strong>s mesures deprudence ; <strong>le</strong>s fléaux naturels ; puis <strong>le</strong>s infirmités de naissance, cel<strong>le</strong>ssurtout qui ôtent à des malheureux <strong>le</strong>s moyens de gagner <strong>le</strong>ur vie par <strong>le</strong>travail : <strong>le</strong>s difformités, l'idiotie, <strong>le</strong> crétinisme, etc.Ceux qui naissent dans de pareil<strong>le</strong>s conditions n'ont assurément rienfait dans cette vie pour mériter un sort si triste, sans compensation, qu'ilsne pouvaient éviter, qu'ils sont dans l'impuissance de changer par euxmêmes,et qui <strong>le</strong>s met à la merci de la commisération publique. Pourquoidonc des êtres si disgraciés, tandis qu'à côté, sous <strong>le</strong> même toit, dans lamême famil<strong>le</strong>, d'autres sont favorisés sous tous <strong>le</strong>s rapports ?Que dire enfin de ces enfants qui meurent en bas âge et n'ont connu dela vie que <strong>le</strong>s souffrances ? Problèmes qu'aucune philosophie n'a encorepu résoudre, anomalies qu'aucune religion n'a pu justifier, et qui seraientla négation de la bonté, de la justice et de la providence de Dieu, dansl'hypothèse que l'âme est créée an même temps que <strong>le</strong> corps, et que sonsort est irrévocab<strong>le</strong>ment fixé après un séjour de quelques instants sur laterre. Qu'ont-el<strong>le</strong>s fait, ces âmes qui viennent de sortir des mains duCréateur, pour endurer tant de misères ici-bas, et mériter dans l'avenirune récompense ou une punition quelconque, alors qu'el<strong>le</strong>s n'ont pu faireni bien ni mal ?Cependant, en vertu de l'axiome que tout effet a une cause, ces misèressont des effets qui doivent avoir une cause ; et dès lors qu'on admet unDieu juste, cette cause doit être juste. Or, la cause précédant toujoursl'effet, puisqu'el<strong>le</strong> n'est pas dans la vie actuel<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> doit être antérieure àcette vie, c'est-à-dire appartenir à une existence précédente. D'un autrecôté, Dieu ne pouvant punir pour <strong>le</strong> bien qu'on a fait, ni pour <strong>le</strong> malqu'on n'a pas fait, si nous sommes punis, c'est que nous avons fait <strong>le</strong>mal ; si nous n'avons pas fait <strong>le</strong> mal dans cette vie, nous l'avons fait dansune autre. C'est une alternative à laquel<strong>le</strong> il est impossib<strong>le</strong> d'échapper, etdans laquel<strong>le</strong> la logique dit de quel côté est la justice de Dieu.L'homme n'est donc pas toujours puni, ou complètement puni dans sonexistence présente, mais il n'échappe jamais aux conséquences de ses


64 CHAPITRE Vfautes. La prospérité du méchant n'est que momentanée, et s'il n'expieaujourd'hui, il expiera demain, tandis que celui qui souffre en est àl'expiation de son passé. Le malheur qui, au premier abord, semb<strong>le</strong>immérité, a donc sa raison d'être, et celui qui souffre peut toujours dire :«Pardonnez-moi, Seigneur, parce que j'ai péché.»7. Les souffrances pour causes antérieures sont souvent, comme cel<strong>le</strong>sdes fautes actuel<strong>le</strong>s, la conséquence naturel<strong>le</strong> de la faute commise ; c'està-direque, par une justice distributive rigoureuse, l'homme endure cequ'il a fait endurer aux autres ; s'il a été dur et inhumain, il pourra être àson tour traité durement et avec inhumanité ; s'il a été orgueil<strong>le</strong>ux, ilpourra naître dans une condition humiliante ; s'il a été avare, égoïste, ous'il a fait un mauvais usage de sa fortune, il pourra être privé dunécessaire ; s'il a été mauvais fils, il pourra souffrir dans ses enfants, etc.Ainsi s'expliquent, par la pluralité des existences, et par la destinationde la terre, comme monde expiatoire, <strong>le</strong>s anomalies que présente larépartition du bonheur et du malheur entre <strong>le</strong>s bons et <strong>le</strong>s méchants icibas.Cette anomalie n'existe en apparence que parce qu'on ne prend sonpoint de vue que de la vie présente ; mais si l'on s'élève, par la pensée, demanière à embrasser une série d'existences, on verra qu'il est fait àchacun la part qu'il mérite, sans préjudice de cel<strong>le</strong> qui lui est faite dans <strong>le</strong>monde des Esprits, et que la justice de Dieu n'est jamais interrompue.L'homme ne doit jamais perdre de vue qu'il est sur un monde inférieuroù il n'est maintenu que par ses imperfections. A chaque vicissitude, ildoit se dire que s'il appartenait à un monde plus avancé cela n'arriveraitpas, et qu'il dépend de lui de ne plus revenir ici-bas, en travaillant à sonamélioration.8. Les tribulations de la vie peuvent être imposées à des Espritsendurcis, ou trop ignorants pour faire un choix en connaissance decause, mais el<strong>le</strong>s sont librement choisies et acceptées par des Espritsrepentants qui veu<strong>le</strong>nt réparer <strong>le</strong> mal qu'ils ont fait et s'essayer à mieuxfaire. Tel est celui qui, ayant mal fait sa tâche, demande à larecommencer pour ne pas perdre <strong>le</strong> bénéfice de son travail. Cestribulations sont donc à la fois des expiations pour <strong>le</strong> passé qu'el<strong>le</strong>schâtient, et des épreuves pour l'avenir qu'el<strong>le</strong>s préparent. Rendons grâcesà Dieu qui, dans sa bonté, accorde à l'homme la faculté de la réparation,et ne <strong>le</strong> condamne pas irrévocab<strong>le</strong>ment sur une première faute.9. Il ne faudrait pas croire cependant que toute souffrance endurée icibassoit nécessairement l'indice d'une faute déterminée ; ce sont souvent


BIENHEUREUX LES AFFLIGES. 65de simp<strong>le</strong>s épreuves choisies par l'Esprit pour achever son épuration ethâter son avancement. Ainsi l'expiation sert toujours d'épreuve, maisl'épreuve n'est pas toujours une expiation ; mais, épreuves ou expiations,ce sont toujours <strong>le</strong>s signes d'une infériorité relative, car ce qui est parfaitn'a plus besoin d'être éprouvé. Un Esprit peut donc avoir acquis uncertain degré d'élévation, mais, voulant avancer encore, il sollicite unemission, une tâche à remplir, dont il sera d'autant plus récompensé, s'i<strong>le</strong>n sort victorieux, que la lutte aura été plus pénib<strong>le</strong>. Tel<strong>le</strong>s sont plusspécia<strong>le</strong>ment ces personnes aux instincts naturel<strong>le</strong>ment bons, à l'âmeé<strong>le</strong>vée, aux nob<strong>le</strong>s sentiments innés qui semb<strong>le</strong>nt n'avoir apporté rien demauvais de <strong>le</strong>ur précédente existence, et qui endurent avec unerésignation toute chrétienne <strong>le</strong>s plus grandes dou<strong>le</strong>urs, demandant à Dieude <strong>le</strong>s supporter sans murmure. On peut, au contraire, considérer commeexpiations <strong>le</strong>s afflictions qui excitent <strong>le</strong>s murmures et poussent l'hommeà la révolte contre Dieu.La souffrance qui n'excite pas de murmures peut sans doute être uneexpiation, mais c'est l'indice qu'el<strong>le</strong> a été plutôt choisie volontairementqu'imposée, et la preuve d'une forte résolution, ce qui est un signe deprogrès.10. Les Esprits ne peuvent aspirer au parfait bonheur que lorsqu'ilssont purs : toute souillure <strong>le</strong>ur interdit l'entrée des mondes heureux. Telssont <strong>le</strong>s passagers d'un navire atteint de la peste, auxquels l'entrée d'unevil<strong>le</strong> est interdite jusqu'à ce qu'ils se soient purifiés. C'est dans <strong>le</strong>ursdiverses existences corporel<strong>le</strong>s que <strong>le</strong>s Esprits se dépouil<strong>le</strong>nt peu à peude <strong>le</strong>urs imperfections. Les épreuves de la vie avancent quand on <strong>le</strong>ssupporte bien ; comme expiations, el<strong>le</strong>s effacent <strong>le</strong>s fautes et purifient ;c'est <strong>le</strong> remède qui nettoie la plaie et guérit <strong>le</strong> malade ; plus <strong>le</strong> mal estgrave, plus <strong>le</strong> remède doit être énergique. Celui donc qui souffrebeaucoup doit se dire qu'il avait beaucoup à expier, et se réjouir d'êtrebientôt guéri ; il dépend de lui, par sa résignation, de rendre cettesouffrance profitab<strong>le</strong>, et de n'en pas perdre <strong>le</strong> fruit par ses murmures,sans quoi ce serait à recommencer pour lui.Oubli du passé.11. C'est en vain qu'on objecte l'oubli comme un obstac<strong>le</strong> à ce que l'onpuisse profiter de l'expérience des existences antérieures. Si Dieu a jugéà propos de jeter un voi<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> passé, c'est que cela devait être uti<strong>le</strong>. Eneffet, ce souvenir aurait des inconvénients très graves ; il pourrait, dans


66 CHAPITRE Vcertains cas, nous humilier étrangement, ou bien aussi exalter notreorgueil, et par cela même entraver notre libre arbitre ; dans tous <strong>le</strong>s cas,il eût apporté un troub<strong>le</strong> inévitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s relations socia<strong>le</strong>s.L'Esprit renaît souvent dans <strong>le</strong> même milieu où il a déjà vécu, et setrouve en relation avec <strong>le</strong>s mêmes personnes, afin de réparer <strong>le</strong> mal qu'il<strong>le</strong>ur a fait. S'il reconnaissait en el<strong>le</strong>s cel<strong>le</strong>s qu'il a haïes, sa haine seréveil<strong>le</strong>rait peut-être ; et dans tous <strong>le</strong>s cas il serait humilié devant cel<strong>le</strong>squ'il aurait offensées.Dieu nous a donné, pour nous améliorer, juste ce qui nous estnécessaire et peut nous suffire : la voix de la conscience et nos tendancesinstinctives ; il nous ôte ce qui pourrait nous nuire.L'homme apporte en naissant ce qu'il a acquis ; il naît ce qu'il s'estfait ; chaque existence est pour lui un nouveau point de départ ; peu luiimporte de savoir ce qu'il a été : il est puni, c'est qu'il a fait <strong>le</strong> mal ; sestendances mauvaises actuel<strong>le</strong>s sont l'indice de ce qui reste à corriger enlui, et c'est là sur quoi il doit concentrer toute son attention, car de cedont il s'est complètement corrigé, il ne reste plus de trace. Les bonnesrésolutions qu'il a prises sont la voix de la conscience qui l'avertit de cequi est bien ou mal, et lui donne la force de résister aux mauvaisestentations.Du reste, cet oubli n'a lieu que pendant la vie corporel<strong>le</strong>. Rentré dansla vie spirituel<strong>le</strong>, l'Esprit retrouve <strong>le</strong> souvenir du passé : ce n'est doncqu'une interruption momentanée, comme cel<strong>le</strong> qui a lieu dans la vieterrestre pendant <strong>le</strong> sommeil, et qui n'empêche pas de se souvenir <strong>le</strong><strong>le</strong>ndemain de ce qu'on a fait la veil<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s jours précédents.Ce n'est même pas seu<strong>le</strong>ment après la mort que l'Esprit recouvre <strong>le</strong>souvenir de son passé ; on peut dire qu'il ne <strong>le</strong> perd jamais, carl'expérience prouve que dans l'incarnation, pendant <strong>le</strong> sommeil du corps,alors qu'il jouit d'une certaine liberté, l'Esprit a la conscience de ses actesantérieurs ; il sait pourquoi il souffre, et qu'il souffre justement ; <strong>le</strong>souvenir ne s'efface que pendant la vie extérieure de relations. Mais àdéfaut d'un souvenir précis qui pourrait lui être pénib<strong>le</strong> et nuire à sesrapports sociaux, il puise de nouvel<strong>le</strong>s forces dans ces instantsd'émancipation de l'âme, s'il a su <strong>le</strong>s mettre à profit.Motifs de résignation.12. Par ces mots : Bienheureux <strong>le</strong>s affligés, car ils seront consolés,Jésus indique à la fois la compensation qui attend ceux qui souffrent, et


BIENHEUREUX LES AFFLIGES. 67la résignation qui fait bénir la souffrance comme <strong>le</strong> prélude de laguérison.Ces mots peuvent encore être traduits ainsi : Vous devez vous estimerheureux de souffrir, parce que vos dou<strong>le</strong>urs d'ici-bas sont la dette de vosfautes passées, et ces dou<strong>le</strong>urs, endurées patiemment sur la terre, vousépargnent des sièc<strong>le</strong>s de souffrance dans la vie future. Vous devez doncêtre heureux que Dieu réduise votre dette en vous permettant de vousacquitter présentement, ce qui vous assure la tranquillité pour l'avenir.L'homme qui souffre est semblab<strong>le</strong> à un débiteur qui doit une grossesomme, et à qui son créancier dit : «Si vous m'en payez aujourd'huimême la centième partie, je vous tiens quitte de tout <strong>le</strong> reste, et vousserez libre ; si vous ne <strong>le</strong> faites pas, je vous poursuivrai jusqu'à ce quevous ayez payé la dernière obo<strong>le</strong>.» Le débiteur ne serait-il pas heureuxd'endurer toutes sortes de privations pour se libérer en payant seu<strong>le</strong>ment<strong>le</strong> centième de ce qu'il doit ? Au lieu de se plaindre de son créancier, nelui dira-t-il pas merci ?Tel est <strong>le</strong> sens de ces paro<strong>le</strong>s : «Bienheureux <strong>le</strong>s affligés, car ils serontconsolés ;» ils sont heureux, parce qu'ils s'acquittent, et qu'aprèsl'acquittement ils seront libres. Mais si, tout en s'acquittant d'un côté, ons'endette de l'autre, on n'arrivera jamais à la libération. Or, chaque fautenouvel<strong>le</strong> augmente la dette, parce qu'il n'en est pas une seu<strong>le</strong>, quel<strong>le</strong>qu'el<strong>le</strong> soit, qui n'entraîne avec el<strong>le</strong> sa punition forcée, inévitab<strong>le</strong> ; si cen'est aujourd'hui, ce sera demain ; si ce n'est dans cette vie, ce sera dansl'autre. Parmi ces fautes, il faut placer au premier rang <strong>le</strong> défaut desoumission à la volonté de Dieu ; donc, si dans <strong>le</strong>s afflictions onmurmure, si on ne <strong>le</strong>s accepte pas avec résignation et comme une choseque l'on a dû mériter, si l'on accuse Dieu d'injustice, on contracte unenouvel<strong>le</strong> dette qui fait perdre <strong>le</strong> bénéfice que l'on pouvait retirer de lasouffrance ; c'est pourquoi il faudra recommencer, absolument commesi, à un créancier qui vous tourmente, vous payez des acomptes, tandisqu'à chaque fois vous lui empruntez de nouveau.A son entrée dans <strong>le</strong> monde des Esprits, l'homme est encore commel'ouvrier qui se présente au jour de la paye. Aux uns <strong>le</strong> maître dira :«Voici <strong>le</strong> prix de vos journées de travail» ; à d'autres, aux heureux de laterre, à ceux qui auront vécu dans l'oisiveté, qui auront mis <strong>le</strong>ur félicitédans <strong>le</strong>s satisfactions de l'amour-propre et <strong>le</strong>s joies mondaines, il dira :«A vous il ne revient rien, car vous avez reçu votre salaire sur la terre.Al<strong>le</strong>z et recommencez votre tâche.»


68 CHAPITRE V13. L'homme peut adoucir ou accroître l'amertume de ses épreuves parla manière dont il envisage la vie terrestre. Il souffre d'autant plus qu'ilvoit la durée de la souffrance plus longue ; or, celui qui se place au pointde vue de la vie spirituel<strong>le</strong> embrasse d'un coup d'oeil la vie corporel<strong>le</strong> ; illa voit comme un point dans l'infini, en comprend la brièveté, et se ditque ce moment pénib<strong>le</strong> est bien vite passé ; la certitude d'un avenirprochain plus heureux <strong>le</strong> soutient et l'encourage, et, au lieu de seplaindre, il remercie <strong>le</strong> ciel des dou<strong>le</strong>urs qui <strong>le</strong> font avancer. Pour celui,au contraire, qui ne voit que la vie corporel<strong>le</strong>, cel<strong>le</strong>-ci lui paraîtinterminab<strong>le</strong>, et la dou<strong>le</strong>ur pèse sur lui de tout son poids. Le résultat decette manière d'envisager la vie est de diminuer l'importance des chosesde ce monde, de porter l'homme à modérer ses désirs, et à se contenter desa position sans envier cel<strong>le</strong> des autres, d'atténuer l'impression mora<strong>le</strong>des revers et des mécomptes qu'il éprouve ; il y puise un calme et unerésignation aussi uti<strong>le</strong>s à la santé du corps qu'à cel<strong>le</strong> de l'âme, tandis quepar l'envie, la jalousie et l'ambition, il se met volontairement à la torture,et ajoute ainsi aux misères et aux angoisses de sa courte existence.Le suicide et la folie.14. Le calme et la résignation puisés dans la manière d'envisager la vieterrestre, et dans la foi en l'avenir, donnent à l'esprit une sérénité qui est<strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur préservatif contre la folie et <strong>le</strong> suicide. En effet, il est certainque la plupart des cas de folie sont dus à la commotion produite par <strong>le</strong>svicissitudes que l'homme n'a pas la force de supporter ; si donc, par lamanière dont <strong>le</strong> <strong>spiritisme</strong> lui fait envisager <strong>le</strong>s choses de ce monde, ilprend avec indifférence, avec joie même, <strong>le</strong>s revers et <strong>le</strong>s déceptions quil'eussent désespéré en d'autres circonstances, il est évident que cetteforce, qui <strong>le</strong> place au-dessus des événements, préserve sa raison dessecousses qui, sans cela, l'eussent ébranlée.15. Il en est de même du suicide ; si l'on en excepte ceux quis'accomplissent dans l'ivresse et la folie et qu'on peut appe<strong>le</strong>rinconscients, il est certain que, quels qu'en soient <strong>le</strong>s motifs particuliers,il a toujours pour cause un mécontentement ; or, celui qui est certain den'être malheureux qu'un jour et d'être mieux <strong>le</strong>s jours suivants, prendaisément patience ; il ne se désespère que s'il ne voit pas de terme à sessouffrances. Qu'est-ce donc que la vie humaine par rapport à l'éternité,sinon bien moins qu'un jour ? Mais pour celui qui ne croit pas àl'éternité, qui croit que tout finit en lui avec la vie, s'il est accablé par <strong>le</strong>


BIENHEUREUX LES AFFLIGES. 69chagrin et l'infortune, il n'y voit de terme que dans la mort ; n'espérantrien, il trouve tout naturel, très logique même, d'abréger ses misères par<strong>le</strong> suicide.16. L'incrédulité, <strong>le</strong> simp<strong>le</strong> doute sur l'avenir, <strong>le</strong>s idées matérialistes enun mot, sont <strong>le</strong>s plus grands excitants au suicide : el<strong>le</strong>s donnent lalâcheté mora<strong>le</strong>. Et quand on voit des hommes de science s'appuyer surl'autorité de <strong>le</strong>ur savoir pour s'efforcer de prouver à <strong>le</strong>urs auditeurs ou à<strong>le</strong>urs <strong>le</strong>cteurs qu'ils n'ont rien à attendre après la mort, n'est-ce pas <strong>le</strong>samener à cette conséquence que, s'ils sont malheureux, ils n'ont rien demieux à faire que de se tuer ? Que pourraient-ils <strong>le</strong>ur dire pour <strong>le</strong>s endétourner ? Quel<strong>le</strong> compensation peuvent-ils <strong>le</strong>ur offrir ? Quel<strong>le</strong>espérance peuvent-ils <strong>le</strong>ur donner ? Rien autre chose que <strong>le</strong> néant. D'oùil faut conclure que si <strong>le</strong> néant est <strong>le</strong> seul remède héroïque, la seu<strong>le</strong>perspective, mieux vaut y tomber tout de suite que plus tard, et souffrirainsi moins longtemps.La propagation des idées matérialistes est donc <strong>le</strong> poison qui inocu<strong>le</strong>chez un grand nombre la pensée du suicide, et ceux qui s'en font <strong>le</strong>sapôtres assument sur eux une terrib<strong>le</strong> responsabilité. Avec <strong>le</strong> <strong>spiritisme</strong><strong>le</strong> doute n'étant plus permis, l'aspect de la vie change ; <strong>le</strong> croyant sait quela vie se prolonge indéfiniment au-delà de la tombe, mais dans de toutautres conditions ; de là la patience et la résignation qui détournent toutnaturel<strong>le</strong>ment de la pensée du suicide ; de là, en un mot, <strong>le</strong> couragemoral.17. Le <strong>spiritisme</strong> a encore, sous ce rapport, un autre résultat tout aussipositif, et peut-être plus déterminant. Il nous montre <strong>le</strong>s suicidés euxmêmesvenant rendre compte de <strong>le</strong>ur position malheureuse, et prouverque nul ne vio<strong>le</strong> impunément la loi de Dieu, qui défend à l'hommed'abréger sa vie. Parmi <strong>le</strong>s suicidés, il en est dont la souffrance, pourn'être que temporaire au lieu d'être éternel<strong>le</strong>, n'en est pas moins terrib<strong>le</strong>,et de nature à donner à réfléchir à quiconque serait tenté de partir d'iciavant l'ordre de Dieu. Le spirite a donc pour contrepoids à la pensée dusuicide plusieurs motifs : la certitude d'une vie future dans laquel<strong>le</strong> ilsait qu'il sera d'autant plus heureux qu'il aura été plus malheureux et plusrésigné sur la terre ; la certitude qu'en abrégeant sa vie il arrive juste à unrésultat tout autre que celui qu'il espérait ; qu'il s'affranchit d'un mal pouren avoir un pire, plus long et plus terrib<strong>le</strong> ; qu'il se trompe s'il croit, en setuant, al<strong>le</strong>r plus vite au ciel ; que <strong>le</strong> suicide est un obstac<strong>le</strong> à ce qu'ilrejoigne dans l'autre monde <strong>le</strong>s objets de ses affections qu'il espérait y


70 CHAPITRE Vretrouver ; d'où la conséquence que <strong>le</strong> suicide, ne lui donnant que desdéceptions, est contre ses propres intérêts. Aussi <strong>le</strong> nombre des suicidesempêchés par <strong>le</strong> <strong>spiritisme</strong> est-il considérab<strong>le</strong>, et l'on peut en conclureque lorsque tout <strong>le</strong> monde sera spirite, il n'y aura plus de suicidesconscients. En comparant donc <strong>le</strong>s résultats des doctrines matérialistes etspirites au seul point de vue du suicide, on trouve que la logique de l'uney conduit, tandis que la logique de l'autre en détourne, ce qui estconfirmé par l'expérience.INSTRUCTIONS DES ESPRITS.Bien et mal souffrir.18. Quand Christ a dit : «Bienheureux <strong>le</strong>s affligés, <strong>le</strong> royaume descieux est à eux,» il n'entendait pas ceux qui souffrent en général, car tousceux qui sont ici-bas souffrent, qu'ils soient sur <strong>le</strong> trône ou sur la pal<strong>le</strong> ;mais, hélas ! peu souffrent bien ; peu comprennent que ce sont <strong>le</strong>sépreuves bien endurées qui seu<strong>le</strong>s peuvent <strong>le</strong>s conduire au royaume deDieu. Le découragement est une faute ; Dieu vous refuse desconsolations, parce que vous manquez de courage. La prière est unsoutien pour l'âme, mais el<strong>le</strong> ne suffit pas : il faut qu'el<strong>le</strong> soit appuyéesur une foi vive en la bonté de Dieu. Il vous a souvent été dit qu'iln'envoyait pas un lourd fardeau sur des épau<strong>le</strong>s faib<strong>le</strong>s ; mais <strong>le</strong> fardeauest proportionné aux forces, comme la récompense sera proportionnée àla résignation et au courage ; la récompense sera plus magnifique quel'affliction n'est pénib<strong>le</strong> ; mais cette récompense il faut la mériter, et c'estpour cela que la vie est p<strong>le</strong>ine de tribulations.Le militaire que l'on n'envoie pas au feu n'est pas content, parce que <strong>le</strong>repos du camp ne lui procure pas d'avancement ; soyez donc comme <strong>le</strong>militaire, et ne souhaitez pas un repos dans <strong>le</strong>quel s'énerverait votrecorps et s'engourdirait votre âme. Soyez satisfaits quand Dieu vousenvoie la lutte. Cette lutte, ce n'est pas <strong>le</strong> feu de la batail<strong>le</strong>, mais <strong>le</strong>samertumes de la vie, où il faut quelquefois plus de courage que dans uncombat sanglant, car tel qui restera ferme devant l'ennemi, fléchira sousl'étreinte d'une peine mora<strong>le</strong>. L'homme n'a point de récompense pourcette sorte de courage, mais Dieu lui réserve des couronnes et une placeglorieuse. Quand il vous arrive un sujet de peine ou de contrariété,tâchez de prendre <strong>le</strong> dessus, et quand vous serez parvenus à maîtriser <strong>le</strong>sélans de l'impatience, de la colère ou du désespoir, dites-vous avec unejuste satisfaction : «J'ai été <strong>le</strong> plus fort.»


BIENHEUREUX LES AFFLIGES. 71Bienheureux <strong>le</strong>s affligés, peut donc se traduire ainsi : Bienheureuxceux qui ont l'occasion de prouver <strong>le</strong>ur foi, <strong>le</strong>ur fermeté, <strong>le</strong>urpersévérance et <strong>le</strong>ur soumission à la volonté de Dieu, car ils auront aucentup<strong>le</strong> la joie qui <strong>le</strong>ur manque sur la terre, et après <strong>le</strong> labeur viendra <strong>le</strong>repos. (LACORDAIRE, <strong>le</strong> Havre, 1863.)Le mal et <strong>le</strong> remède.19. Votre terre est-el<strong>le</strong> donc un lieu de joie, un paradis de délices ? Lavoix du prophète ne retentit-el<strong>le</strong> donc plus à vos oreil<strong>le</strong>s ? n'a-t-el<strong>le</strong> pointcrié qu'il y aurait des p<strong>le</strong>urs et des grincements de dents pour ceux quinaîtraient dans cette vallée de dou<strong>le</strong>urs ? Vous qui venez y vivre,attendez-vous donc aux larmes cuisantes et aux peines amères, et plusvos dou<strong>le</strong>urs seront aiguës et profondes, regardez <strong>le</strong> ciel et bénissez <strong>le</strong>Seigneur d'avoir voulu vous éprouver !... O hommes ! vous nereconnaîtrez donc la puissance de votre maître que quand il aura guéri<strong>le</strong>s plaies de votre corps et couronné vos jours de béatitude et de joie !Vous ne reconnaîtrez donc son amour que quand il aura paré votre corpsde toutes <strong>le</strong>s gloires, et lui aura rendu son éclat et sa blancheur ! Imitezcelui qui vous fut donné pour exemp<strong>le</strong> ; arrivé au dernier degré del'abjection et de la misère, il est étendu sur un fumier, et dit à Dieu :«Seigneur ! j'ai connu toutes <strong>le</strong>s joies de l'opu<strong>le</strong>nce, et vous m'avezréduit à la misère la plus profonde ; merci, merci, mon Dieu, de vouloirbien éprouver votre serviteur !» Jusques à quand vos regardss'arrêteront-ils aux horizons marqués par la mort ? Quand votre âmevoudra-t-el<strong>le</strong> enfin s'élancer au-delà des limites d'un tombeau ? Maisdussiez-vous p<strong>le</strong>urer et souffrir toute une vie, qu'est-ce à côté del'éternité de gloire réservée à celui qui aura subi l'épreuve avec foi,amour et résignation ? Cherchez donc des consolations à vos maux dansl'avenir que Dieu vous prépare, et la cause de vos maux dans votrepassé ; et vous qui souffrez <strong>le</strong> plus, considérez-vous comme <strong>le</strong>sbienheureux de la terre.A l'état de désincarnés, quand vous planiez dans l'espace, vous avezchoisi votre épreuve, parce que vous vous êtes crus assez forts pour lasupporter ; pourquoi murmurer à cette heure ? Vous qui avez demandé lafortune et la gloire, c'était pour soutenir la lutte de la tentation et lavaincre. Vous qui avez demandé à lutter d'esprit et de corps contre <strong>le</strong> malmoral et physique, c'est que vous saviez que plus l'épreuve serait forte,plus la victoire serait glorieuse, et que si vous en sortiez triomphants, dûtvotre chair être jetée sur un fumier, à sa mort el<strong>le</strong> laisserait échapper une


72 CHAPITRE Vâme éclatante de blancheur et redevenue pure par <strong>le</strong> baptême del'expiation et de la souffrance.Quel remède donc ordonner à ceux qui sont atteints d'obsessionscruel<strong>le</strong>s et de maux cuisants ? Un seul est infaillib<strong>le</strong>, c'est la foi, c'est <strong>le</strong>regard au ciel. Si, dans l'accès de vos plus cruel<strong>le</strong>s souffrances, votrevoix chante <strong>le</strong> Seigneur, l'ange, à votre chevet, de sa main vous montrera<strong>le</strong> signe du salut et la place que vous devez occuper un jour... La foi,c'est <strong>le</strong> remède certain de la souffrance ; el<strong>le</strong> montre toujours <strong>le</strong>shorizons de l'infini devant <strong>le</strong>squels s'effacent <strong>le</strong>s quelques jours sombresdu présent. Ne nous demandez donc plus quel remède il faut employerpour guérir tel ulcère ou tel<strong>le</strong> plaie, tel<strong>le</strong> tentation ou tel<strong>le</strong> épreuve ;souvenez-vous que celui qui croit est fort du remède de la foi, et quecelui qui doute une seconde de son efficacité est puni sur l'heure, parcequ'il ressent à l'instant même <strong>le</strong>s poignantes angoisses de l'affliction.Le Seigneur a marqué de son sceau tous ceux qui croient en lui. Christvous a dit qu'avec la foi on transporte <strong>le</strong>s montagnes, et moi je vous disque celui qui souffre et qui aura la foi pour soutien, sera placé sous sonégide et ne souffrira plus ; <strong>le</strong>s moments des plus fortes dou<strong>le</strong>urs serontpour lui <strong>le</strong>s premières notes de joie de l'éternité. Son âme se détacheratel<strong>le</strong>ment de son corps, que, tandis que celui-ci se tordra sous <strong>le</strong>sconvulsions, el<strong>le</strong> planera dans <strong>le</strong>s cé<strong>le</strong>stes régions en chantant avec <strong>le</strong>sanges <strong>le</strong>s hymnes de reconnaissance et de gloire au Seigneur.Heureux ceux qui souffrent et qui p<strong>le</strong>urent ! que <strong>le</strong>urs âmes soientdans la joie, car el<strong>le</strong>s seront comblées par Dieu. (S. AUGUSTIN, Paris,1863.)Le bonheur n'est pas de ce monde.20. Je ne suis pas heureux ! Le bonheur n'est pas fait pour moi ! s'écriegénéra<strong>le</strong>ment l'homme dans toutes <strong>le</strong>s positions socia<strong>le</strong>s. Ceci, mes chersenfants, prouve mieux que tous <strong>le</strong>s raisonnements possib<strong>le</strong>s la vérité decette maxime de l'Ecclésiaste : «Le bonheur n'est pas de ce monde.» Eneffet, ni la fortune, ni <strong>le</strong> pouvoir, ni même la jeunesse florissante, ne sont<strong>le</strong>s conditions essentiel<strong>le</strong>s du bonheur ; je dis plus : ni même la réunionde ces trois conditions si enviées, puisqu'on entend sans cesse, au milieudes classes <strong>le</strong>s plus privilégiées, des personnes de tout âge se plaindreamèrement de <strong>le</strong>ur condition d'être.Devant un tel résultat, il est inconcevab<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s classes laborieuses etmilitantes envient avec tant de convoitise la position de ceux que lafortune semb<strong>le</strong> avoir favorisés. Ici-bas, quoi qu'on fasse, chacun a sa part


BIENHEUREUX LES AFFLIGES. 73de labeur et de misère, son lot de souffrances et de déceptions. D'où i<strong>le</strong>st faci<strong>le</strong> d'arriver à cette conclusion que la terre est un lieu d'épreuves etd'expiations.Ainsi donc, ceux qui prêchent que la terre est l'unique séjour del'homme, et que c'est là seu<strong>le</strong>ment, et dans une seu<strong>le</strong> existence, qu'il luiest permis d'atteindre <strong>le</strong> plus haut degré des félicités que sa naturecomporte, ceux-là s'abusent et trompent ceux qui <strong>le</strong>s écoutent, attenduqu'il est démontré, par une expérience archi-séculaire, que ce globe nerenferme qu'exceptionnel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s conditions nécessaires au bonheurcomp<strong>le</strong>t de l'individu.En thèse généra<strong>le</strong>, on peut affirmer que <strong>le</strong> bonheur est une utopie à lapoursuite de laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s générations s'élancent successivement sanspouvoir jamais y atteindre ; car si l'homme sage est une rareté ici-bas,l'homme absolument heureux ne s'y rencontre pas davantage.Ce en quoi consiste <strong>le</strong> bonheur sur la terre est une chose tel<strong>le</strong>mentéphémère pour celui que la sagesse ne guide pas, que pour une année, unmois, une semaine de complète satisfaction, tout <strong>le</strong> reste s'écou<strong>le</strong> dansune suite d'amertumes et de déceptions ; et notez, mes chers enfants, queje par<strong>le</strong> ici des heureux de la terre, de ceux qui sont enviés par <strong>le</strong>s fou<strong>le</strong>s.Conséquemment, si <strong>le</strong> séjour terrestre est affecté aux épreuves et àl'expiation, il faut bien admettre qu'il existe ail<strong>le</strong>urs des séjours plusfavorisés où l'Esprit de l'homme, encore emprisonné dans une chairmatériel<strong>le</strong>, possède dans <strong>le</strong>ur plénitude <strong>le</strong>s jouissances attachées à la viehumaine. C'est pourquoi Dieu a semé dans votre tourbillon ces bel<strong>le</strong>splanètes supérieures vers <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s vos efforts et vos tendances vousferont graviter un jour, quand vous serez suffisamment purifiés etperfectionnés.Néanmoins, ne déduisez pas de mes paro<strong>le</strong>s que la terre soit à jamaisvouée à une destination pénitentiaire ; non, certes ! car, des progrèsaccomplis vous pouvez faci<strong>le</strong>ment déduire <strong>le</strong>s progrès futurs, et desaméliorations socia<strong>le</strong>s conquises, de nouvel<strong>le</strong>s et plus fécondesaméliorations. Tel<strong>le</strong> est la tâche immense que doit accomplir la nouvel<strong>le</strong>doctrine que <strong>le</strong>s Esprits vous ont révélée.Ainsi donc, mes chers enfants, qu'une sainte émulation vous anime, etque chacun d'entre vous dépouil<strong>le</strong> énergiquement <strong>le</strong> vieil homme. Vousvous devez tous à la vulgarisation de ce <strong>spiritisme</strong> qui a déjà commencévotre propre régénération. C'est un devoir de faire participer vos frèresaux rayons de la lumière sacrée. A l'oeuvre donc, mes bien chersenfants ! Que dans cette réunion so<strong>le</strong>nnel<strong>le</strong> tous vos coeurs aspirent à ce


74 CHAPITRE Vbut grandiose de préparer aux futures générations un monde où <strong>le</strong>bonheur ne sera plus un vain mot. (FRANÇOIS-NICOLAS-MADELEINE, cardinal MORLOT. Paris, 1863.)Pertes de personnes aimées. Morts prématurées.21. Quand la mort vient faucher dans vos famil<strong>le</strong>s, emportant sansmesure <strong>le</strong>s jeunes gens avant <strong>le</strong>s vieillards, vous dites souvent : Dieun'est pas juste, puisqu'il sacrifie ce qui est fort et p<strong>le</strong>in d'avenir, pourconserver ceux qui ont vécu de longues années p<strong>le</strong>ines de déceptions ;puisqu'il enlève ceux qui sont uti<strong>le</strong>s, et laisse ceux qui ne servent plus àrien ; puisqu'il brise <strong>le</strong> coeur d'une mère en la privant de l'innocentecréature qui faisait toute sa joie.Humains, c'est là que vous avez besoin de vous é<strong>le</strong>ver au-dessus duterre à terre de la vie pour comprendre que <strong>le</strong> bien est souvent là où vouscroyez voir <strong>le</strong> mal, la sage prévoyance là où vous croyez voir l'aveug<strong>le</strong>fatalité du destin. Pourquoi mesurer la justice divine à la va<strong>le</strong>ur de lavôtre ? Pouvez-vous penser que <strong>le</strong> maître des mondes veuil<strong>le</strong>, par unsimp<strong>le</strong> caprice, vous infliger des peines cruel<strong>le</strong>s ? Rien ne se fait sans unbut intelligent, et, quoi que ce soit qui arrive, chaque chose a sa raisond'être. Si vous scrutiez mieux toutes <strong>le</strong>s dou<strong>le</strong>urs qui vous atteignent,vous y trouveriez toujours la raison divine, raison régénératrice, et vosmisérab<strong>le</strong>s intérêts seraient une considération secondaire que vousrejetteriez au dernier plan.Croyez-moi, la mort est préférab<strong>le</strong>, pour l'incarnation de vingt ans, àces dérèg<strong>le</strong>ments honteux qui déso<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s honorab<strong>le</strong>s, brisent <strong>le</strong>coeur d'une mère, et font, avant <strong>le</strong> temps, blanchir <strong>le</strong>s cheveux desparents. La mort prématurée est souvent un grand bienfait que Dieuaccorde à celui qui s'en va, et qui se trouve ainsi préservé des misères dela vie, ou des séductions qui auraient pu l'entraîner à sa perte. Celui quimeurt à la f<strong>le</strong>ur de l'âge n'est point victime de la fatalité, mais Dieu jugequ'il lui est uti<strong>le</strong> de ne pas rester plus longtemps sur la terre.C'est un affreux malheur, dites-vous, qu'une vie si p<strong>le</strong>ine d'espérancessoit sitôt brisée ! De quel<strong>le</strong>s espérances vou<strong>le</strong>z-vous par<strong>le</strong>r ? de cel<strong>le</strong>s dela terre où celui qui s'en va aurait pu bril<strong>le</strong>r, faire son chemin et safortune ? Toujours cette vue étroite qui ne peut s'é<strong>le</strong>ver au-dessus de lamatière. Savez-vous quel aurait été <strong>le</strong> sort de cette vie si p<strong>le</strong>ined'espérances <strong>selon</strong> vous ? Qui vous dit qu'el<strong>le</strong> n'eût pas été abreuvéed'amertumes ? Vous comptez donc pour rien <strong>le</strong>s espérances de la viefuture, que vous <strong>le</strong>ur préférez cel<strong>le</strong>s de la vie éphémère que vous traînez


BIENHEUREUX LES AFFLIGES. 75sur la terre ? Vous pensez donc qu'il vaut mieux avoir un rang parmi <strong>le</strong>shommes que parmi <strong>le</strong>s Esprits bienheureux ?Réjouissez-vous au lieu de vous plaindre quand il plaît à Dieu deretirer un de ses enfants de cette vallée de misères. N'y a-t-il pas del'égoïsme à souhaiter qu'il y restât pour souffrir avec vous ? Ah ! cettedou<strong>le</strong>ur se conçoit chez celui qui n'a pas la foi, et qui voit dans la mortune séparation éternel<strong>le</strong> ; mais vous, spirites, vous savez que l'âme vitmieux débarrassée de son enveloppe corporel<strong>le</strong> ; mères, vous savez quevos enfants bien-aimés sont près de vous ; oui, ils sont tout près ; <strong>le</strong>urscorps fluidiques vous entourent, <strong>le</strong>urs pensées vous protègent, votresouvenir <strong>le</strong>s enivre de joie ; mais aussi vos dou<strong>le</strong>urs déraisonnab<strong>le</strong>s <strong>le</strong>saffligent, parce qu'el<strong>le</strong>s dénotent un manque de foi, et qu'el<strong>le</strong>s sont unerévolte contre la volonté de Dieu.Vous qui comprenez la vie spirituel<strong>le</strong>, écoutez <strong>le</strong>s pulsations de votrecoeur en appelant ces chers bien-aimés, et si vous priez Dieu pour <strong>le</strong>bénir, vous sentirez en vous de ces consolations puissantes qui sèchent<strong>le</strong>s larmes, de ces aspirations prestigieuses qui vous montreront l'avenirpromis par <strong>le</strong> souverain Maître. (SANSON, anc. membre de la Sociétéspirite de Paris, 1863.)Si c'était un homme de bien, il se serait tué.22. - Vous dites souvent en parlant d'un mauvais homme qui échappeà un danger : Si c'était un homme de bien, il se serait tué. Eh bien, endisant cela vous êtes dans <strong>le</strong> vrai, car effectivement il arrive bien souventque Dieu donne à un Esprit, jeune encore dans <strong>le</strong>s voies du progrès, uneplus longue épreuve qu'à un bon, qui recevra, en récompense de sonmérite, la faveur que son épreuve soit aussi courte que possib<strong>le</strong>. Ainsidonc, quand vous vous servez de cet axiome, vous ne vous doutez pasque vous commettez un blasphème.S'il meurt un homme de bien, et qu'à côté de sa maison soit cel<strong>le</strong> d'unméchant, vous vous hâtez de dire : Il vaudrait bien mieux que ce fûtcelui-ci. Vous êtes grandement dans l'erreur, car celui qui part a fini satâche, et celui qui reste ne l'a peut-être pas commencée. Pourquoivoudriez-vous donc que <strong>le</strong> méchant n'eût pas <strong>le</strong> temps de l'achever, etque l'autre restât attaché à la glèbe terrestre ? Que diriez-vous d'unprisonnier qui aurait fini son temps, et qu'on retiendrait en prison tandisqu'on donnerait la liberté à celui qui n'y a pas droit ? Sachez donc que lavraie liberté est dans l'affranchissement des liens du corps, et que tantque vous êtes sur la terre, vous êtes en captivité.


76 CHAPITRE VHabituez-vous à ne pas blâmer ce que vous ne pouvez pascomprendre, et croyez que Dieu est juste en toutes choses ; souvent cequi vous paraît un mal est un bien ; mais vos facultés sont si bornées,que l'ensemb<strong>le</strong> du grand tout échappe à vos sens obtus. Efforcez-vous desortir, par la pensée, de votre étroite sphère, et à mesure que vous vousélèverez, l'importance de la vie matériel<strong>le</strong> diminuera à vos yeux, car el<strong>le</strong>ne vous apparaîtra que comme un incident dans la durée infinie de votreexistence spirituel<strong>le</strong>, la seu<strong>le</strong> véritab<strong>le</strong> existence. (FENELON, Sens,1861.)Les tourments volontaires.23. L'homme est incessamment à la poursuite du bonheur qui luiéchappe sans cesse, parce que <strong>le</strong> bonheur sans mélange n'existe pas surla terre. Cependant, malgré <strong>le</strong>s vicissitudes qui forment <strong>le</strong> cortègeinévitab<strong>le</strong> de cette vie, il pourrait tout au moins jouir d'un bonheurrelatif, mais il <strong>le</strong> cherche dans <strong>le</strong>s choses périssab<strong>le</strong>s et sujettes auxmêmes vicissitudes, c'est-à-dire dans <strong>le</strong>s jouissances matériel<strong>le</strong>s, au lieude <strong>le</strong> chercher dans <strong>le</strong>s jouissances de l'âme qui sont un avant-goût desjouissances cé<strong>le</strong>stes impérissab<strong>le</strong>s ; au lieu de chercher la paix du coeur,seul bonheur réel ici-bas, il est avide de tout ce qui peut l'agiter et <strong>le</strong>troub<strong>le</strong>r ; et, chose singulière, il semb<strong>le</strong> se créer à dessein des tourmentsqu'il ne tiendrait qu'à lui d'éviter.En est-il de plus grands que ceux que causent l'envie et la jalousie ?Pour l'envieux et <strong>le</strong> jaloux il n'est point de repos : ils ont perpétuel<strong>le</strong>mentla fièvre ; ce qu'ils n'ont pas et ce que d'autres possèdent <strong>le</strong>ur cause desinsomnies ; <strong>le</strong>s succès de <strong>le</strong>urs rivaux <strong>le</strong>ur donnent <strong>le</strong> vertige ; <strong>le</strong>urémulation ne s'exerce qu'à éclipser <strong>le</strong>urs voisins, toute <strong>le</strong>ur joie estd'exciter dans <strong>le</strong>s insensés comme eux la rage de jalousie dont ils sontpossédés. Pauvres insensés, en effet, qui ne songent pas que demainpeut-être il <strong>le</strong>ur faudra quitter tous ces hochets dont la convoitiseempoisonne <strong>le</strong>ur vie ! Ce n'est pas à eux que s'applique cette paro<strong>le</strong> :«Bienheureux <strong>le</strong>s affligés, parce qu'ils seront consolés,» car <strong>le</strong>urs soucisne sont pas de ceux qui ont <strong>le</strong>ur compensation dans <strong>le</strong> ciel.Que de tourments, au contraire, s'épargne celui qui sait se contenter dece qu'il a, qui voit sans envie ce qu'il n'a pas, qui ne cherche pas àparaître plus qu'il n'est. Il est toujours riche, car s'il regarde au-dessousde lui, au lieu de regarder au-dessus, il verra toujours des gens qui ontencore moins ; il est calme, parce qu'il ne se crée pas des besoins


BIENHEUREUX LES AFFLIGES. 77chimériques, et <strong>le</strong> calme au milieu des orages de la vie n'est-il pas dubonheur ? (FENELON, Lyon, 1860.)Le malheur réel.24. Tout <strong>le</strong> monde par<strong>le</strong> du malheur, tout <strong>le</strong> monde l'a ressenti et croitconnaître son caractère multip<strong>le</strong>. Moi, je viens vous dire que presquetout <strong>le</strong> monde se trompe, et que <strong>le</strong> malheur réel n'est point du tout ce que<strong>le</strong>s hommes, c'est-à-dire <strong>le</strong>s malheureux, <strong>le</strong> supposent. Ils <strong>le</strong> voient dansla misère, dans la cheminée sans feu, dans <strong>le</strong> créancier menaçant, dans <strong>le</strong>berceau vide de l'ange qui souriait, dans <strong>le</strong>s larmes, dans <strong>le</strong> cercueilqu'on suit <strong>le</strong> front découvert et <strong>le</strong> coeur brisé, dans l'angoisse de latrahison, dans <strong>le</strong> dénuement de l'orgueil qui voudrait se draper dans lapourpre, et qui cache à peine sa nudité sous <strong>le</strong>s haillons de la vanité ;tout cela, et bien d'autres choses encore, s'appel<strong>le</strong> <strong>le</strong> malheur dans <strong>le</strong>langage humain. Oui, c'est <strong>le</strong> malheur pour ceux qui ne voient que <strong>le</strong>présent ; mais <strong>le</strong> vrai malheur est dans <strong>le</strong>s conséquences d'une chose plusque dans la chose el<strong>le</strong>-même. Dites-moi si l'événement <strong>le</strong> plus heureuxpour <strong>le</strong> moment, mais qui a des suites funestes, n'est pas en réalité plusmalheureux que celui qui cause d'abord une vive contrariété, et finit parproduire du bien. Dites-moi si l'orage qui brise vos arbres, mais assainitl'air en dissipant <strong>le</strong>s miasmes insalubres qui eussent causé la mort, n'estpas plutôt un bonheur qu'un malheur.Pour juger une chose, il faut donc en voir la suite ; c'est ainsi que pourapprécier ce qui est réel<strong>le</strong>ment heureux ou malheureux pour l'homme, ilfaut se transporter au-delà de cette vie, parce que c'est là que <strong>le</strong>sconséquences s'en font sentir ; or, tout ce qu'il appel<strong>le</strong> malheur <strong>selon</strong> sacourte vue, cesse avec la vie, et trouve sa compensation dans la viefuture.Je vais vous révé<strong>le</strong>r <strong>le</strong> malheur sous une nouvel<strong>le</strong> forme, sous la formebel<strong>le</strong> et f<strong>le</strong>urie que vous accueil<strong>le</strong>z et désirez par toutes <strong>le</strong>s forces de vosâmes trompées. Le malheur, c'est la joie, c'est <strong>le</strong> plaisir, c'est <strong>le</strong> bruit,c'est la vaine agitation, c'est la fol<strong>le</strong> satisfaction de la vanité qui font tairela conscience, qui compriment l'action de la pensée, qui étourdissentl'homme sur son avenir ; <strong>le</strong> malheur, c'est l'opium de l'oubli que vousappe<strong>le</strong>z de tous vos voeux.Espérez, vous qui p<strong>le</strong>urez ! tremb<strong>le</strong>z, vous qui riez, parce que votrecorps est satisfait ! On ne trompe pas Dieu ; on n'esquive pas ladestinée ; et <strong>le</strong>s épreuves, créancières plus impitoyab<strong>le</strong>s que la meutedéchaînée par la misère, guettent votre repos trompeur pour vous


78 CHAPITRE Vplonger tout à coup dans l'agonie du vrai malheur, de celui qui surprendl'âme amollie par l'indifférence et l'égoïsme.Que <strong>le</strong> <strong>spiritisme</strong> vous éclaire donc et replace dans <strong>le</strong>ur vrai jour lavérité et l'erreur, si étrangement défigurées par votre aveug<strong>le</strong>ment !Alors vous agirez comme de braves soldats qui, loin de fuir <strong>le</strong> danger,préfèrent <strong>le</strong>s luttes des combats hasardeux, à la paix qui ne peut <strong>le</strong>urdonner ni gloire ni avancement. Qu'importe au soldat de perdre dans labagarre ses armes, ses bagages et ses vêtements, pourvu qu'il en sortevainqueur et avec gloire ! Qu'importe à celui qui a foi en l'avenir delaisser sur <strong>le</strong> champ de batail<strong>le</strong> de la vie sa fortune et son manteau dechair, pourvu que son âme entre radieuse dans <strong>le</strong> cé<strong>le</strong>ste royaume ?(DELPHINE DE GIRARDIN, Paris, 1861.)La mélancolie.25. Savez-vous pourquoi une vague tristesse s'empare parfois de voscoeurs et vous fait trouver la vie si amère ? C'est votre Esprit qui aspireau bonheur et à la liberté, et qui, rivé au corps qui lui sert de prison,s'épuise en vains efforts pour en sortir. Mais, en voyant qu'ils sontinuti<strong>le</strong>s, il tombe dans <strong>le</strong> découragement, et <strong>le</strong> corps subissant soninfluence, la langueur, l'abattement et une sorte d'apathie s'emparent devous, et vous vous trouvez malheureux.Croyez-moi, résistez avec énergie à ces impressions qui affaiblissenten vous la volonté. Ces aspirations vers une vie meil<strong>le</strong>ure sont innéesdans l'esprit de tous <strong>le</strong>s hommes, mais ne <strong>le</strong>s cherchez pas ici-bas ; et àprésent que Dieu vous envoie ses Esprits pour vous instruire du bonheurqu'il vous réserve, attendez patiemment l'ange de la délivrance qui doitvous aider à rompre <strong>le</strong>s liens qui tiennent votre Esprit captif. Songez quevous avez à remplir pendant votre épreuve sur la terre une mission dontvous ne vous doutez pas, soit en vous dévouant à votre famil<strong>le</strong>, soit enremplissant <strong>le</strong>s divers devoirs que Dieu vous a confiés. Et si, dans <strong>le</strong>cours de cette épreuve, et en vous acquittant de votre tâche, vous voyez<strong>le</strong>s soucis, <strong>le</strong>s inquiétudes, <strong>le</strong>s chagrins fondre sur vous, soyez forts etcourageux pour <strong>le</strong>s supporter. Bravez-<strong>le</strong>s franchement ; ils sont de courtedurée et doivent vous conduire près des amis que vous p<strong>le</strong>urez, qui seréjouissent de votre arrivée parmi eux, et vous tendront <strong>le</strong>s bras pourvous conduire dans un lieu où n'ont point accès <strong>le</strong>s chagrins de la terre.(FRANÇOIS DE GENEVE. Bordeaux.)


BIENHEUREUX LES AFFLIGES. 79Epreuves volontaires. Le vrai cilice.26. Vous demandez s'il est permis d'adoucir ses propres épreuves ;cette question revient à cel<strong>le</strong>-ci : Est-il permis à celui qui se noie dechercher à se sauver ? à celui qui s'est enfoncé une épine de la retirer ? àcelui qui est malade d'appe<strong>le</strong>r <strong>le</strong> médecin ? Les épreuves ont pour butd'exercer l'intelligence aussi bien que la patience et la résignation ; unhomme peut naître dans une position pénib<strong>le</strong> et embarrassée,précisément pour l'obliger à chercher <strong>le</strong>s moyens de vaincre <strong>le</strong>sdifficultés. Le mérite consiste à supporter sans murmure <strong>le</strong>sconséquences des maux qu'on ne peut éviter, à persévérer dans la lutte, àne se point désespérer si l'on ne réussit pas, mais non dans un laisseral<strong>le</strong>rqui serait de la paresse plus que de la vertu.Cette question en amène naturel<strong>le</strong>ment une autre. Puisque Jésus a dit :«Bienheureux <strong>le</strong>s affligés,» y a-t-il du mérite à chercher <strong>le</strong>s afflictions enaggravant ses épreuves par des souffrances volontaires ? A cela jerépondrai très nettement : Oui, il y a un grand mérite quand <strong>le</strong>ssouffrances et <strong>le</strong>s privations ont pour but <strong>le</strong> bien du prochain, car c'est dela charité par <strong>le</strong> sacrifice ; non, quand el<strong>le</strong>s n'ont pour but que soi-même,car c'est de l'égoïsme par fanatisme.Il y a ici une grande distinction à faire ; pour vous, personnel<strong>le</strong>ment,contentez-vous des épreuves que Dieu vous envoie, et n'en augmentezpas la charge déjà si lourde parfois ; acceptez-<strong>le</strong>s sans murmure et avecfoi, c'est tout ce qu'il vous demande. N'affaiblissez point votre corps pardes privations inuti<strong>le</strong>s et des macérations sans but, car vous avez besoinde toutes vos forces pour accomplir votre mission de travail sur la terre.Torturer volontairement et martyriser votre corps, c'est contrevenir à laloi de Dieu, qui vous donne <strong>le</strong> moyen de <strong>le</strong> soutenir et de <strong>le</strong> fortifier ;l'affaiblir sans nécessité, est un véritab<strong>le</strong> suicide. Usez, mais n'abusezpas : tel<strong>le</strong> est la loi ; l'abus des meil<strong>le</strong>ures choses porte sa punition parses conséquences inévitab<strong>le</strong>s.Il en est autrement des souffrances que l'on s'impose pour <strong>le</strong>soulagement de son prochain. Si vous endurez <strong>le</strong> froid et la faim pourréchauffer et nourrir celui qui en a besoin, et si votre corps en pâtit, voilà<strong>le</strong> sacrifice qui est béni de Dieu. Vous qui quittez vos boudoirs parfuméspour al<strong>le</strong>r dans la mansarde infecte porter la consolation ; vous quisalissez vos mains délicates en soignant <strong>le</strong>s plaies ; vous qui vous privezde sommeil pour veil<strong>le</strong>r au chevet d'un malade qui n'est que votre frèreen Dieu ; vous enfin qui usez votre santé dans la pratique des bonnes


80 CHAPITRE Voeuvres, voilà votre cilice, vrai cilice de bénédiction, car <strong>le</strong>s joies dumonde n'ont point desséché votre coeur ; vous ne vous êtes pointendormis au sein des voluptés énervantes de la fortune, mais vous vousêtes faits <strong>le</strong>s anges consolateurs des pauvres déshérités.Mais vous qui vous retirez du monde pour éviter ses séductions etvivre dans l'iso<strong>le</strong>ment, de quel<strong>le</strong> utilité êtes-vous sur la terre ? où estvotre courage dans <strong>le</strong>s épreuves, puisque vous fuyez la lutte et désertez<strong>le</strong> combat ? Si vous vou<strong>le</strong>z un cilice, appliquez-<strong>le</strong> sur votre âme et nonsur votre corps ; mortifiez votre Esprit et non votre chair ; fustigez votreorgueil ; recevez <strong>le</strong>s humiliations sans vous plaindre ; meurtrissez votreamour-propre ; raidissez-vous contre la dou<strong>le</strong>ur de l'injure et de lacalomnie plus poignante que la dou<strong>le</strong>ur corporel<strong>le</strong>. Voilà <strong>le</strong> vrai cilicedont <strong>le</strong>s b<strong>le</strong>ssures vous seront comptées, parce qu'el<strong>le</strong>s attesteront votrecourage et votre soumission à la volonté de Dieu. (UN ANGEGARDIEN, Paris, 1863.)27. Doit-on mettre un terme aux épreuves de son prochain quand on<strong>le</strong> peut, ou faut-il, par respect pour <strong>le</strong>s desseins de Dieu, <strong>le</strong>s laissersuivre <strong>le</strong>ur cours ?Nous vous avons dit et répété bien souvent que vous êtes sur cetteterre d'expiation pour achever vos épreuves, et que tout ce qui vousarrive est une conséquence de vos existences antérieures, l'intérêt de ladette que vous avez à payer. Mais cette pensée provoque chez certainespersonnes des réf<strong>le</strong>xions qu'il est nécessaire d'arrêter, car el<strong>le</strong>s pourraientavoir de funestes conséquences.Quelques-uns pensent que du moment qu'on est sur la terre pourexpier, il faut que <strong>le</strong>s épreuves aient <strong>le</strong>ur cours. Il en est même qui vontjusqu'à croire, que non seu<strong>le</strong>ment il ne faut rien faire pour <strong>le</strong>s atténuer,mais qu'il faut, au contraire, contribuer à <strong>le</strong>s rendre plus profitab<strong>le</strong>s en<strong>le</strong>s rendant plus vives. C'est une grande erreur. Oui, vos épreuvesdoivent suivre <strong>le</strong> cours que Dieu <strong>le</strong>ur a tracé, mais connaissez-vous cecours ? Savez-vous jusqu'à quel point el<strong>le</strong>s doivent al<strong>le</strong>r, et si votre Pèremiséricordieux n'a pas dit à la souffrance de tel ou tel de vos frères : «Tun'iras pas plus loin ?» Savez-vous si sa providence ne vous a pas choisi,non comme un instrument de supplice pour aggraver <strong>le</strong>s souffrances ducoupab<strong>le</strong>, mais comme <strong>le</strong> baume de consolation qui doit cicatriser <strong>le</strong>splaies que sa justice avait ouvertes ? Ne dites donc pas, quand vousvoyez un de vos frères frappé : C'est la justice de Dieu, il faut qu'el<strong>le</strong> aitson cours ; mais dites-vous, au contraire : Voyons quels moyens notrePère miséricordieux a mis en mon pouvoir pour adoucir la souffrance de


BIENHEUREUX LES AFFLIGES. 81mon frère. Voyons si mes consolations mora<strong>le</strong>s, mon appui matériel, mesconseils, ne pourront pas l'aider à franchir cette épreuve avec plus deforce, de patience et de résignation. Voyons même si Dieu n'a pas mis enmes mains <strong>le</strong> moyen de faire cesser cette souffrance ; s'il ne m'a pas étédonné, à moi comme épreuve aussi, comme expiation peut-être, d'arrêter<strong>le</strong> mal et de <strong>le</strong> remplacer par la paix.Aidez-vous donc toujours dans vos épreuves respectives, et ne vousregardez jamais comme des instruments de torture ; cette pensée doitrévolter tout homme de coeur, tout spirite surtout ; car <strong>le</strong> spirite, mieuxque tout autre, doit comprendre l'étendue infinie de la bonté de Dieu. Lespirite doit penser que sa vie entière doit être un acte d'amour et dedévouement ; que quoi qu'il fasse pour contrecarrer <strong>le</strong>s décisions duSeigneur, sa justice aura son cours. Il peut donc, sans crainte, faire tousses efforts pour adoucir l'amertume de l'expiation, mais c'est Dieu seulqui peut l'arrêter ou la prolonger <strong>selon</strong> qu'il <strong>le</strong> juge à propos.N'y aurait-il pas un bien grand orgueil de la part de l'homme, de secroire <strong>le</strong> droit de retourner, pour ainsi dire, l'arme dans la plaie ?d'augmenter la dose de poison dans la poitrine de celui qui souffre, sousprétexte que tel<strong>le</strong> est son expiation ? Oh ! regardez-vous toujours commeun instrument choisi pour la faire cesser. Résumons-nous ici : vous êtestous sur la terre pour expier ; mais tous, sans exception, devez faire tousvos efforts pour adoucir l'expiation de vos frères, <strong>selon</strong> la loi d'amour etde charité. (BERNARDIN, Esprit protecteur. Bordeaux, 1863.)28. Un homme est à l'agonie, en proie à de cruel<strong>le</strong>s souffrances ; onsait que son état est sans espoir ; est-il permis de lui épargner quelquesinstants d'angoisse en hâtant sa fin ?Qui donc vous donnerait <strong>le</strong> droit de préjuger <strong>le</strong>s desseins de Dieu ? Nepeut-il conduire un homme au bord de la fosse pour l'en retirer, afin delui faire faire un retour sur lui-même et de l'amener à d'autres pensées ?A quelque extrémité que soit un moribond, nul ne peut dire aveccertitude que sa dernière heure est venue. La science ne s'est-el<strong>le</strong> jamaistrompée dans ses prévisions ?Je sais bien qu'il est des cas que l'on peut regarder avec raison commedésespérés ; mais s'il n'y a aucun espoir fondé d'un retour définitif à lavie et à la santé, n'a-t-on pas d'innombrab<strong>le</strong>s exemp<strong>le</strong>s qu'au moment derendre <strong>le</strong> dernier soupir, <strong>le</strong> malade se ranime, et recouvre ses facultéspour quelques instants ! Eh bien ! cette heure de grâce qui lui estaccordée peut être pour lui de la plus grande importance ; car vous


82 CHAPITRE Vignorez <strong>le</strong>s réf<strong>le</strong>xions qu'a pu faire son Esprit dans <strong>le</strong>s convulsions del'agonie, et quels tourments peut lui épargner un éclair de repentir.Le matérialiste qui ne voit que <strong>le</strong> corps, et ne tient nul compte del'âme, ne peut comprendre ces choses-là ; mais <strong>le</strong> spirite, qui sait ce quise passe au-delà de la tombe, connaît <strong>le</strong> prix de la dernière pensée.Adoucissez <strong>le</strong>s dernières souffrances autant qu'il est en vous ; maisgardez-vous d'abréger la vie, ne fût-ce que d'une minute, car cette minutepeut épargner bien des larmes dans l'avenir. (SAINT LOUIS. Paris,1860.)29. Celui qui est dégoûté de la vie, mais ne veut pas se l'ôter, est-ilcoupab<strong>le</strong> de chercher la mort sur un champ de batail<strong>le</strong>, avec la penséede rendre sa mort uti<strong>le</strong> ?Que l'homme se donne la mort ou qu'il se la fasse donner, <strong>le</strong> but esttoujours d'abréger sa vie, et par conséquent il y a suicide d'intentionsinon de fait. La pensée que sa mort servira à quelque chose estillusoire ; ce n'est qu'un prétexte pour colorer son action et l'excuser àses propres yeux ; s'il avait sérieusement <strong>le</strong> désir de servir son pays, ilchercherait à vivre, tout en <strong>le</strong> défendant, et non à mourir, car une foismort il ne lui sert plus à rien. Le vrai dévouement consiste à ne pascraindre la mort quand il s'agit d'être uti<strong>le</strong>, à braver <strong>le</strong> péril, à faired'avance et sans regret <strong>le</strong> sacrifice de sa vie si cela est nécessaire ; maisl'intention préméditée de chercher la mort en s'exposant à un danger,même pour rendre service, annu<strong>le</strong> <strong>le</strong> mérite de l'action. (SAINT LOUIS.Paris, 1860.)30. Un homme s'expose à un danger imminent pour sauver la vie à unde ses semblab<strong>le</strong>s, sachant d'avance que lui-même succombera ; celapeut-il être regardé comme un suicide ?Du moment que l'intention de chercher la mort n'y est pas, il n'y a passuicide, mais dévouement et abnégation, eût-on la certitude de périr.Mais qui peut avoir cette certitude ? Qui dit que la Providence ne réservepas un moyen inespéré de salut dans <strong>le</strong> moment <strong>le</strong> plus critique ? Nepeut-el<strong>le</strong> sauver celui même qui serait à la bouche d'un canon ? Souventel<strong>le</strong> peut vouloir pousser l'épreuve de la résignation jusqu'à sa dernièrelimite, alors une circonstance inattendue détourne <strong>le</strong> coup fatal. (Id.)31. Ceux qui acceptent <strong>le</strong>urs souffrances avec résignation parsoumission à la volonté de Dieu et en vue de <strong>le</strong>ur bonheur futur, netravail<strong>le</strong>nt-ils que pour eux-mêmes, et peuvent-ils rendre <strong>le</strong>urssouffrances profitab<strong>le</strong>s à d'autres ?


BIENHEUREUX LES AFFLIGES. 83Ces souffrances peuvent être profitab<strong>le</strong>s à autrui matériel<strong>le</strong>ment etmora<strong>le</strong>ment. Matériel<strong>le</strong>ment, si, par <strong>le</strong> travail, <strong>le</strong>s privations et <strong>le</strong>ssacrifices qu'ils s'imposent, ils contribuent au bien-être matériel de <strong>le</strong>ursproches ; mora<strong>le</strong>ment, par l'exemp<strong>le</strong> qu'ils donnent de <strong>le</strong>ur soumission àla volonté de Dieu. Cet exemp<strong>le</strong> de la puissance de la foi spirite peutexciter des malheureux à la résignation, <strong>le</strong>s sauver du désespoir et de sesfunestes conséquences pour l'avenir. (SAINT LOUIS. Paris, 1860.)


CHAPITRE VI-LE CHRIST CONSOLATEUR.Le joug léger. - Consolateur promis. - Instructions des Esprits : Avènement del'Esprit de Vérité.Le joug léger.1. Venez à moi, vous tous qui êtes affligés et qui êtes chargés, et je voussoulagerai. - Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi que je suis doux ethumb<strong>le</strong> de coeur, et vous trouverez <strong>le</strong> repos de vos âmes ; car mon joug est doux etmon fardeau est léger. (Saint Matthieu, ch. XI, v. 28, 29, 30.)2. Toutes <strong>le</strong>s souffrances : misères, déceptions, dou<strong>le</strong>urs physiques,pertes d'êtres chéris, trouvent <strong>le</strong>ur consolation dans la foi en l'avenir,dans la confiance en la justice de Dieu, que <strong>le</strong> Christ est venu enseigneraux hommes. Sur celui, au contraire, qui n'attend rien après cette vie, ouqui doute simp<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>s afflictions pèsent de tout <strong>le</strong>ur poids, et nul<strong>le</strong>espérance ne vient en adoucir l'amertume. Voilà ce qui fait dire à Jésus :Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués, et je vous soulagerai.Cependant Jésus met une condition à son assistance, et à la félicitéqu'il promet aux affligés ; cette condition est dans la loi qu'il enseigne ;son joug est l'observation de cette loi ; mais ce joug est léger et cette loiest douce, puisqu'ils imposent pour devoir l'amour et la charité.Consolateur promis.3. Si vous m'aimez, gardez mes commandements ; - et je prierai mon Père, et ilvous enverra un autre consolateur, afin qu'il demeure éternel<strong>le</strong>ment avec vous : -L'Esprit de Vérité que <strong>le</strong> monde ne peut recevoir, parce qu'il ne <strong>le</strong> voit point, etqu'il ne <strong>le</strong> connaît point. Mais pour vous, vous <strong>le</strong> connaîtrez, parce qu'il demeureraavec vous et qu'il sera en vous. - Mais <strong>le</strong> consolateur, qui est <strong>le</strong> Saint-Esprit, quemon Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous feraressouvenir de tout ce que je vous ai dit. (Saint Jean, ch. XIV, v. 15, 16, 17, 26.)4. Jésus promet un autre consolateur : c'est l'Esprit de Vérité, que <strong>le</strong>monde ne connaît point encore, parce qu'il n'est pas mûr pour <strong>le</strong>comprendre, que <strong>le</strong> Père enverra pour enseigner toutes choses, et pourfaire souvenir de ce que Christ a dit. Si donc l'Esprit de Vérité doit venirplus tard enseigner toutes choses, c'est que Christ n'a pas tout dit ; s'il


LE CHRIST CONSOLATEUR. 85vient faire souvenir de ce que Christ a dit, c'est qu'on l'aura oublié oumal compris.Le <strong>spiritisme</strong> vient au temps marqué accomplir la promesse du Christ :l'Esprit de Vérité préside à son établissement ; il rappel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s hommes àl'observance de la loi ; il enseigne toutes choses en faisant comprendrece que <strong>le</strong> Christ n'a dit qu'en parabo<strong>le</strong>s. Le Christ a dit : «Que ceux-làentendent qui ont des oreil<strong>le</strong>s pour entendre ;» <strong>le</strong> <strong>spiritisme</strong> vient ouvrir<strong>le</strong>s yeux et <strong>le</strong>s oreil<strong>le</strong>s, car il par<strong>le</strong> sans figures et sans allégories ; il lève<strong>le</strong> voi<strong>le</strong> laissé à dessein sur certains mystères ; il vient enfin apporter unesuprême consolation aux déshérités de la terre et à tous ceux quisouffrent, en donnant une cause juste et un but uti<strong>le</strong> à toutes <strong>le</strong>sdou<strong>le</strong>urs.Le Christ a dit : «Bienheureux <strong>le</strong>s affligés, parce qu'ils serontconsolés ;» mais comment se trouver heureux de souffrir, si l'on ne saitpourquoi on souffre ? Le <strong>spiritisme</strong> en montre la cause dans <strong>le</strong>sexistences antérieures et dans la destination de la terre où l'homme expieson passé ; il en montre <strong>le</strong> but en ce que <strong>le</strong>s souffrances sont comme <strong>le</strong>scrises salutaires qui amènent la guérison, et qu'el<strong>le</strong>s sont l'épuration quiassure <strong>le</strong> bonheur dans <strong>le</strong>s existences futures. L'homme comprend qu'il amérité de souffrir, et il trouve la souffrance juste ; il sait que cettesouffrance aide à son avancement, et il l'accepte sans murmure, commel'ouvrier accepte <strong>le</strong> travail qui doit lui valoir son salaire. Le <strong>spiritisme</strong> luidonne une foi inébranlab<strong>le</strong> dans l'avenir, et <strong>le</strong> doute poignant n'a plus deprise sur son âme ; en lui faisant voir <strong>le</strong>s choses d'en haut, l'importancedes vicissitudes terrestres se perd dans <strong>le</strong> vaste et sp<strong>le</strong>ndide horizon qu'i<strong>le</strong>mbrasse, et la perspective du bonheur qui l'attend lui donne la patience,la résignation et <strong>le</strong> courage d'al<strong>le</strong>r jusqu'au bout du chemin.Ainsi <strong>le</strong> <strong>spiritisme</strong> réalise ce que Jésus a dit du consolateur promis :connaissance des choses qui fait que l'homme sait d'où il vient, où il va,et pourquoi il est sur la terre ; rappel aux vrais principes de la loi deDieu, et consolation par la foi et l'espérance.INSTRUCTIONS DES ESPRITS.Avènement de l'Esprit de Vérité.5. Je viens, comme autrefois, parmi <strong>le</strong>s fils égarés d'Israël, apporter lavérité et dissiper <strong>le</strong>s ténèbres. Ecoutez-moi. Le <strong>spiritisme</strong>, commeautrefois ma paro<strong>le</strong>, doit rappe<strong>le</strong>r aux incrédu<strong>le</strong>s qu'au-dessus d'euxrègne l'immuab<strong>le</strong> vérité : <strong>le</strong> Dieu bon, <strong>le</strong> Dieu grand qui fait germer la


86 CHAPITRE VIplante et soulève <strong>le</strong>s flots. J'ai révélé la doctrine divine ; j'ai, comme unmoissonneur, lié en gerbes <strong>le</strong> bien épars dans l'humanité, et j'ai dit :Venez à moi, vous tous qui souffrez !Mais <strong>le</strong>s hommes ingrats se sont détournés de la voie droite et largequi conduit au royaume de mon Père, et ils se sont égarés dans <strong>le</strong>s âpressentiers de l'impiété. Mon Père ne veut pas anéantir la race humaine ; ilveut que, vous aidant <strong>le</strong>s uns <strong>le</strong>s autres, morts et vivants, c'est-à-diremorts <strong>selon</strong> la chair, car la mort n'existe pas, vous vous secouriez, et que,non plus la voix des prophètes et des apôtres, mais la voix de ceux quine sont plus se fasse entendre pour vous crier : Priez et croyez ! car lamort, c'est la résurrection, et la vie, c'est l'épreuve choisie pendantlaquel<strong>le</strong> vos vertus cultivées doivent grandir et se développer comme <strong>le</strong>cèdre.Hommes faib<strong>le</strong>s, qui comprenez <strong>le</strong>s ténèbres de vos intelligences,n'éloignez pas <strong>le</strong> flambeau que la clémence divine place entre vos mainspour éclairer votre route et vous ramener, enfants perdus, dans <strong>le</strong> gironde votre Père.Je suis trop touché de compassion pour vos misères, pour votreimmense faib<strong>le</strong>sse, pour ne pas tendre une main secourab<strong>le</strong> auxmalheureux égarés qui, voyant <strong>le</strong> ciel, tombent dans l'abîme de l'erreur.Croyez, aimez, méditez <strong>le</strong>s choses qui vous sont révélées ; ne mê<strong>le</strong>z pasl'ivraie au bon grain, <strong>le</strong>s utopies aux vérités.Spirites ! aimez-vous, voilà <strong>le</strong> premier enseignement ; instruisez-vous,voilà <strong>le</strong> second. Toutes vérités se trouvent dans <strong>le</strong> Christianisme ; <strong>le</strong>serreurs qui y ont pris racine sont d'origine humaine ; et voilà qu'au-delàdu tombeau que vous croyiez <strong>le</strong> néant, des voix vous crient : Frères !rien ne périt ; Jésus-Christ est <strong>le</strong> vainqueur du mal, soyez <strong>le</strong>s vainqueursde l'impiété. (L'ESPRIT DE VERITE. Paris, 1860.)6. Je viens enseigner et conso<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s pauvres déshérités ; je viens <strong>le</strong>urdire qu'ils élèvent <strong>le</strong>ur résignation au niveau de <strong>le</strong>urs épreuves ; qu'ilsp<strong>le</strong>urent, car la dou<strong>le</strong>ur a été sacrée au jardin des Oliviers ; mais qu'ilsespèrent, car <strong>le</strong>s anges consolateurs viendront aussi essuyer <strong>le</strong>urs larmes.Ouvriers, tracez votre sillon ; recommencez <strong>le</strong> <strong>le</strong>ndemain la rudejournée de la veil<strong>le</strong> ; <strong>le</strong> labeur de vos mains fournit <strong>le</strong> pain terrestre à voscorps, mais vos âmes ne sont pas oubliées ; et moi, <strong>le</strong> divin jardinier, je<strong>le</strong>s cultive dans <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce de vos pensées ; lorsque l'heure du repos aurasonné, lorsque la trame s'échappera de vos mains, et que vos yeux sefermeront à la lumière, vous sentirez sourdre et germer en vous maprécieuse semence. Rien n'est perdu dans <strong>le</strong> royaume de notre Père, et


LE CHRIST CONSOLATEUR. 87vos sueurs, vos misères forment <strong>le</strong> trésor qui doit vous rendre richesdans <strong>le</strong>s sphères supérieures, où la lumière remplace <strong>le</strong>s ténèbres, et où<strong>le</strong> plus dénué de vous tous sera peut-être <strong>le</strong> plus resp<strong>le</strong>ndissant.Je vous <strong>le</strong> dis en vérité, ceux qui portent <strong>le</strong>urs fardeaux et qui assistent<strong>le</strong>urs frères sont mes bien-aimés ; instruisez-vous dans la précieusedoctrine qui dissipe l'erreur des révoltes, et qui vous enseigne <strong>le</strong> butsublime de l'épreuve humaine. Comme <strong>le</strong> vent balaye la poussière, que <strong>le</strong>souff<strong>le</strong> des Esprits dissipe vos jalousies contre <strong>le</strong>s riches du monde quisont souvent très misérab<strong>le</strong>s, car <strong>le</strong>urs épreuves sont plus péril<strong>le</strong>uses que<strong>le</strong>s vôtres. Je suis avec vous, et mon apôtre vous enseigne. Buvez à lasource vive de l'amour, et préparez-vous, captifs de la vie, à vous élancerun jour libres et joyeux dans <strong>le</strong> sein de Celui qui vous a créés faib<strong>le</strong>spour vous rendre perfectib<strong>le</strong>s, et qui veut que vous façonniez vousmêmesvotre mol<strong>le</strong> argi<strong>le</strong>, afin d'être <strong>le</strong>s artisans de votre immortalité.(L'ESPRIT DE VERITE, Paris, 1861.)7. Je suis <strong>le</strong> grand médecin des âmes, et je viens vous apporter <strong>le</strong>remède qui doit <strong>le</strong>s guérir ; <strong>le</strong>s faib<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s souffrants et <strong>le</strong>s infirmes sontmes enfants de prédi<strong>le</strong>ction, et je viens <strong>le</strong>s sauver. Venez donc à moi,vous tous qui souffrez et qui êtes chargés, et vous serez soulagés etconsolés ; ne cherchez pas ail<strong>le</strong>urs la force et la consolation, car <strong>le</strong>monde est impuissant à <strong>le</strong>s donner. Dieu fait à vos coeurs un appelsuprême par <strong>le</strong> <strong>spiritisme</strong> ; écoutez-<strong>le</strong>. Que l'impiété, <strong>le</strong> mensonge,l'erreur, l'incrédulité soient extirpés de vos âmes endolories ; ce sont desmonstres qui s'abreuvent de votre sang <strong>le</strong> plus pur, et qui vous font desplaies presque toujours mortel<strong>le</strong>s. Qu'à l'avenir, humb<strong>le</strong>s et soumis auCréateur, vous pratiquiez sa loi divine. Aimez et priez ; soyez doci<strong>le</strong>saux Esprits du Seigneur ; invoquez-<strong>le</strong> du fond du coeur; alors il vousenverra son Fils bien-aimé pour vous instruire et vous dire ces bonnesparo<strong>le</strong>s : Me voilà ; je viens à vous, parce que vous m'avez appelé.(L'ESPRIT DE VERITE. Bordeaux, 1861.)8. Dieu conso<strong>le</strong> <strong>le</strong>s humb<strong>le</strong>s et donne la force aux affligés qui la luidemandent. Sa puissance couvre la terre, et partout à côté d'une larme ila placé un baume qui conso<strong>le</strong>. Le dévouement et l'abnégation sont uneprière continuel<strong>le</strong>, et renferment un enseignement profond ; la sagessehumaine réside en ces deux mots. Puissent tous <strong>le</strong>s Esprits souffrantscomprendre cette vérité, au lieu de se récrier contre <strong>le</strong>s dou<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>ssouffrances mora<strong>le</strong>s qui sont ici-bas votre lot. Prenez donc pour deviseces deux mots : dévouement et abnégation, et vous serez forts, parce


88 CHAPITRE VIqu'ils résument tous <strong>le</strong>s devoirs que vous imposent la charité etl'humilité. Le sentiment du devoir accompli vous donnera <strong>le</strong> repos del'esprit et la résignation. Le coeur bat mieux, l'âme se calme et <strong>le</strong> corpsn'a plus de défaillance, car <strong>le</strong> corps souffre d'autant plus que l'esprit estplus profondément atteint. (L'ESPRIT DE VERITE. Le Havre, 1863.)


CHAPITRE VII-BIENHEUREUX LES PAUVRES D'ESPRIT.Ce qu'il faut entendre par <strong>le</strong>s pauvres d'esprit. - Quiconque s'élève sera abaissé.-Mystères cachés aux sages et aux prudents. - Instructions des Esprits : Orgueil ethumilité. - Mission de l'homme intelligent sur la terre.Ce qu'il faut entendre par <strong>le</strong>s pauvres d'esprit.1. Bienheureux <strong>le</strong>s pauvres d'esprit, parce que <strong>le</strong> royaume des cieux est à eux.(Saint Matthieu, ch. V, v. 3.)2. L'incrédulité s'est égayée sur cette maxime : Bienheureux <strong>le</strong>spauvres d'esprit, comme sur beaucoup d'autres choses, sans lacomprendre. Par <strong>le</strong>s pauvres d'esprit, Jésus n'entend pas <strong>le</strong>s hommesdépourvus d'intelligence, mais <strong>le</strong>s humb<strong>le</strong>s : il dit que <strong>le</strong> royaume descieux est pour eux, et non pour <strong>le</strong>s orgueil<strong>le</strong>ux.Les hommes de science et d'esprit, <strong>selon</strong> <strong>le</strong> monde, ont généra<strong>le</strong>mentune si haute opinion d'eux-mêmes et de <strong>le</strong>ur supériorité, qu'ils regardent<strong>le</strong>s choses divines comme indignes de <strong>le</strong>ur attention ; <strong>le</strong>urs regardsconcentrés sur <strong>le</strong>ur personne ne peuvent s'é<strong>le</strong>ver jusqu'à Dieu. Cettetendance à se croire au-dessus de tout ne <strong>le</strong>s porte que trop souvent ànier ce qui étant au-dessus d'eux pourrait <strong>le</strong>s rabaisser, à nier même laDivinité ; ou, s'ils consentent à l'admettre, ils lui contestent un de sesplus beaux attributs : son action providentiel<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s choses de cemonde, persuadés qu'eux seuls suffisent pour <strong>le</strong> bien gouverner. Prenant<strong>le</strong>ur intelligence pour la mesure de l'intelligence universel<strong>le</strong>, et sejugeant aptes à tout comprendre, ils ne peuvent croire à la possibilité dece qu'ils ne comprennent pas ; quand ils ont prononcé, <strong>le</strong>ur jugement estpour eux sans appel.S'ils refusent d'admettre <strong>le</strong> monde invisib<strong>le</strong> et une puissance extrahumaine,ce n'est pas cependant que cela soit au-dessus de <strong>le</strong>ur portée,mais c'est que <strong>le</strong>ur orgueil se révolte à l'idée d'une chose au-dessus delaquel<strong>le</strong> ils ne peuvent se placer, et <strong>le</strong>s ferait descendre de <strong>le</strong>ur piédestal.C'est pourquoi ils n'ont que des sourires de dédain pour tout ce qui n'estpas du monde visib<strong>le</strong> et tangib<strong>le</strong> ; ils s'attribuent trop d'esprit et descience pour croire à des choses bonnes, <strong>selon</strong> eux, pour <strong>le</strong>s genssimp<strong>le</strong>s, tenant ceux qui <strong>le</strong>s prennent au sérieux pour des pauvresd'esprit.


90 CHAPITRE VIICependant, quoi qu'ils en disent, il <strong>le</strong>ur faudra entrer, comme <strong>le</strong>sautres, dans ce monde invisib<strong>le</strong> qu'ils tournent en dérision ; c'est là que<strong>le</strong>urs yeux seront ouverts et qu'ils reconnaîtront <strong>le</strong>ur erreur. Mais Dieu,qui est juste, ne peut recevoir au même titre celui qui a méconnu sapuissance et celui qui s'est humb<strong>le</strong>ment soumis à ses lois, ni <strong>le</strong>ur faireune part éga<strong>le</strong>.En disant que <strong>le</strong> royaume des cieux est aux simp<strong>le</strong>s, Jésus entend quenul n'y est admis sans la simplicité du coeur et l'humilité de l'esprit ; quel'ignorant qui possède ces qualités sera préféré au savant qui croit plusen lui qu'en Dieu. En toutes circonstances il place l'humilité au rang desvertus qui rapprochent de Dieu, et l'orgueil parmi <strong>le</strong>s vices qui enéloignent ; et cela par une raison très naturel<strong>le</strong>, c'est que l'humilité est unacte de soumission à Dieu, tandis que l'orgueil est une révolte contre lui.Mieux vaut donc, pour <strong>le</strong> bonheur futur de l'homme, être pauvre enesprit, dans <strong>le</strong> sens du monde, et riche en qualités mora<strong>le</strong>s.Quiconque s'élève sera abaissé.3. En ce même temps <strong>le</strong>s discip<strong>le</strong>s s'approchèrent de Jésus, et lui dirent : Qui est<strong>le</strong> plus grand dans <strong>le</strong> royaume des cieux ? - Jésus ayant appelé un petit enfant, <strong>le</strong>mit au milieu d'eux, et <strong>le</strong>ur dit : Je vous dis en vérité que si vous ne vousconvertissez, et si vous ne devenez comme de petits enfants, vous n'entrerez pointdans <strong>le</strong> royaume des cieux. - Quiconque donc s'humiliera et se rendra petit commecet enfant, celui-là sera <strong>le</strong> plus grand dans <strong>le</strong> royaume des cieux, - et quiconquereçoit en mon nom un enfant tel que je viens de dire, c'est moi-même qu'il reçoit.(Saint Matthieu, ch. XVIII, v. 1 à 5.)4. Alors la mère des enfants de Zébédée s'approcha de lui avec ses deux fils, etl'adora en lui témoignant qu'el<strong>le</strong> voulait lui demander quelque chose. - Il lui dit :Que vou<strong>le</strong>z-vous ? Ordonnez, lui dit-el<strong>le</strong>, que mes deux fils que voici soient assisdans votre royaume, l'un à votre droite et l'autre à votre gauche. - Mais Jésus <strong>le</strong>urrépondit : Vous ne savez pas ce que vous demandez ; pouvez-vous boire <strong>le</strong> caliceque je vais boire ? Ils lui dirent : Nous <strong>le</strong> pouvons. - Il <strong>le</strong>ur répondit : Il est vraique vous boirez <strong>le</strong> calice que je boirai ; mais pour ce qui est d'être assis à madroite ou à ma gauche, ce n'est pas à moi à vous <strong>le</strong> donner, mais ce sera pour ceuxà qui mon Père l'a préparé. - Les dix autres apôtres ayant entendu ceci, enconçurent de l'indignation contre <strong>le</strong>s deux frères. - Et Jésus <strong>le</strong>s ayant appelés à lui,<strong>le</strong>ur dit : Vous savez que <strong>le</strong>s princes des nations <strong>le</strong>s dominent, et que <strong>le</strong>s grands <strong>le</strong>straitent avec empire. - Il n'en doit pas être de même parmi vous ; mais que celuiqui voudra devenir <strong>le</strong> plus grand, soit votre serviteur ; - et que celui qui voudraêtre <strong>le</strong> premier d'entre vous soit votre esclave ; - comme <strong>le</strong> Fils de l'homme n'estpas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie pour la rédemption deplusieurs. (Saint Matthieu, ch. XX, v. de 20 à 28.)


BIENHEUREUX LES PAUVRES D'ESPRIT. 915. Jésus entra un jour de sabbat dans la maison d'un des principaux Pharisienspour y prendre son repas, et ceux qui étaient là l'observaient. - Alors, considérantcomme <strong>le</strong>s conviés choisissaient <strong>le</strong>s premières places, il <strong>le</strong>ur proposa cetteparabo<strong>le</strong>, et <strong>le</strong>ur dit : - Quand vous serez conviés à des noces, n'y prenez point lapremière place, de peur qu'il ne se trouve parmi <strong>le</strong>s conviés une personne plusconsidérab<strong>le</strong> que vous, et que celui qui vous aura invité ne vienne vous dire :Donnez votre place à celui-ci, et qu'alors vous ne soyez réduit à vous tenir avechonte au dernier lieu. - Mais quand vous aurez été conviés, al<strong>le</strong>z vous mettre à ladernière place, afin que, lorsque celui qui vous a conviés sera venu, il vous dise :Mon ami, montez plus haut. Et alors ce sera un sujet de gloire devant ceux quiseront à tab<strong>le</strong> avec vous ; - car quiconque s'élève sera abaissé, et quiconques'abaisse sera é<strong>le</strong>vé. (Saint Luc, ch. XIV, v. 1 et de 7 à 11.)6. Ces maximes sont <strong>le</strong>s conséquences du principe d'humilité queJésus ne cesse de poser comme condition essentiel<strong>le</strong> de la félicitépromise aux élus du Seigneur, et qu'il a formulé par ces paro<strong>le</strong>s :«Bienheureux <strong>le</strong>s pauvres d'esprit, parce que <strong>le</strong> royaume des cieux est àeux.» Il prend un enfant comme type de la simplicité du coeur et il dit :Celui-là sera <strong>le</strong> plus grand dans <strong>le</strong> royaume des cieux qui s'humiliera etse fera petit comme un enfant ; c'est-à-dire qui n'aura aucune prétentionà la supériorité ou à l'infaillibilité.La même pensée fondamenta<strong>le</strong> se retrouve dans cette autre maxime :«Que celui qui voudra devenir <strong>le</strong> plus grand soit votre serviteur,» et danscel<strong>le</strong>-ci : «Quiconque s'abaisse sera é<strong>le</strong>vé, et quiconque s'élève seraabaissé.»Le <strong>spiritisme</strong> vient sanctionner la théorie par l'exemp<strong>le</strong>, en nousmontrant grands dans <strong>le</strong> monde des Esprits ceux qui étaient petits sur laterre, et souvent bien petits ceux qui y étaient <strong>le</strong>s plus grands et <strong>le</strong>s pluspuissants. C'est que <strong>le</strong>s premiers ont emporté en mourant ce qui seul faitla véritab<strong>le</strong> grandeur dans <strong>le</strong> ciel et ne se perd pas : <strong>le</strong>s vertus ; tandisque <strong>le</strong>s autres ont dû laisser ce qui faisait <strong>le</strong>ur grandeur sur la terre, et nes'emporte pas : la fortune, <strong>le</strong>s titres, la gloire, la naissance ; n'ayant rienautre chose, ils arrivent dans l'autre monde dépourvus de tout, commedes naufragés qui ont tout perdu, jusqu'à <strong>le</strong>urs vêtements ; ils n'ontconservé que l'orgueil qui rend <strong>le</strong>ur nouvel<strong>le</strong> position plus humiliante,car ils voient au-dessus d'eux, et resp<strong>le</strong>ndissants de gloire, ceux qu'ilsont foulés aux pieds sur la terre.Le <strong>spiritisme</strong> nous montre une autre application de ce principe dans <strong>le</strong>sincarnations successives où ceux qui ont été <strong>le</strong>s plus é<strong>le</strong>vés dans uneexistence sont abaissés au dernier rang dans une existence suivante, s'ilsont été dominés par l'orgueil et l'ambition. Ne cherchez donc point la


92 CHAPITRE VIIpremière place sur la terre, ni à vous mettre au-dessus des autres, si vousne vou<strong>le</strong>z être obligés de descendre ; cherchez, au contraire, la plushumb<strong>le</strong> et la plus modeste, car Dieu saura bien vous en donner une plusé<strong>le</strong>vée dans <strong>le</strong> ciel si vous la méritez.Mystères cachés aux sages et aux prudents.7. Alors Jésus dit ces paro<strong>le</strong>s : Je vous rends gloire, mon Père, Seigneur du cie<strong>le</strong>t de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents, etque vous <strong>le</strong>s avez révélées aux simp<strong>le</strong>s et aux petits. (Saint Matthieu, ch. XI, v.25.)8. Il peut paraître singulier que Jésus rende grâce à Dieu d'avoir révéléces choses aux simp<strong>le</strong>s et aux petits, qui sont <strong>le</strong>s pauvres d'esprit, et de<strong>le</strong>s avoir cachées aux sages et aux prudents, plus aptes, en apparence, à<strong>le</strong>s comprendre. C'est qu'il faut entendre par <strong>le</strong>s premiers, <strong>le</strong>s humb<strong>le</strong>squi s'humilient devant Dieu, et ne se croient pas supérieurs à tout <strong>le</strong>monde ; et par <strong>le</strong>s seconds, <strong>le</strong>s orgueil<strong>le</strong>ux, vains de <strong>le</strong>ur sciencemondaine, qui se croient prudents, parce qu'ils nient, traitant Dieu d'égalà égal quand ils ne <strong>le</strong> désavouent pas ; car, dans l'antiquité, sage étaitsynonyme de savant ; c'est pourquoi Dieu <strong>le</strong>ur laisse la recherche dessecrets de la terre, et révè<strong>le</strong> ceux du ciel aux simp<strong>le</strong>s et aux humb<strong>le</strong>s quis'inclinent devant lui.9. Ainsi en est-il aujourd'hui des grandes vérités révélées par <strong>le</strong><strong>spiritisme</strong>. Certains incrédu<strong>le</strong>s s'étonnent que <strong>le</strong>s Esprits fassent si peude frais pour <strong>le</strong>s convaincre ; c'est que ces derniers s'occupent de ceuxqui cherchent la lumière de bonne foi et avec humilité, de préférence àceux qui croient posséder toute la lumière, et semb<strong>le</strong>nt penser que Dieudevrait être trop heureux de <strong>le</strong>s ramener à lui, en <strong>le</strong>ur prouvant qu'i<strong>le</strong>xiste.La puissance de Dieu éclate dans <strong>le</strong>s plus petites choses comme dans<strong>le</strong>s plus grandes ; il ne met pas la lumière sous <strong>le</strong> boisseau, puisqu'il larépand à flots de toutes parts ; aveug<strong>le</strong>s donc ceux qui ne la voient pas.Dieu ne veut pas <strong>le</strong>ur ouvrir <strong>le</strong>s yeux de force, puisqu'il <strong>le</strong>ur plaît de <strong>le</strong>stenir fermés. Leur tour viendra, mais il faut auparavant qu'ils sentent <strong>le</strong>sangoisses des ténèbres et reconnaissent Dieu, et non <strong>le</strong> hasard, dans lamain qui frappe <strong>le</strong>ur orgueil. Il emploie pour vaincre l'incrédulité <strong>le</strong>smoyens qui lui conviennent <strong>selon</strong> <strong>le</strong>s individus ; ce n'est pas à l'incrédu<strong>le</strong>de lui prescrire ce qu'il doit faire, et de lui dire : Si vous vou<strong>le</strong>z meconvaincre, il faut vous y prendre de tel<strong>le</strong> ou tel<strong>le</strong> façon, à tel momentplutôt qu'à tel autre, parce que ce moment est à ma convenance.


BIENHEUREUX LES PAUVRES D'ESPRIT. 93Que <strong>le</strong>s incrédu<strong>le</strong>s ne s'étonnent donc pas si Dieu, et <strong>le</strong>s Esprits quisont <strong>le</strong>s agents de ses volontés, ne se soumettent pas à <strong>le</strong>urs exigences.Qu'ils se demandent ce qu'ils diraient si <strong>le</strong> dernier de <strong>le</strong>urs serviteursvoulait s'imposer à eux. Dieu impose ses conditions et n'en subit pas ; ilécoute avec bonté ceux qui s'adressent à lui avec humilité, et non ceuxqui se croient plus que lui.10. Dieu, dira-t-on, ne pourrait-il <strong>le</strong>s frapper personnel<strong>le</strong>ment par dessignes éclatants en présence desquels l'incrédu<strong>le</strong> <strong>le</strong> plus endurci devraits'incliner ? Sans doute il <strong>le</strong> pourrait, mais alors où serait <strong>le</strong>ur mérite, etd'ail<strong>le</strong>urs à quoi cela servirait-il ? N'en voit-on pas tous <strong>le</strong>s jours serefuser à l'évidence et même dire : Si je voyais, je ne croirais pas, parceque je sais que c'est impossib<strong>le</strong> ? S'ils refusent de reconnaître la vérité,c'est que <strong>le</strong>ur esprit n'est pas encore mûr pour la comprendre, ni <strong>le</strong>urcoeur pour la sentir. L'orgueil est la taie qui obscurcit <strong>le</strong>ur vue ; à quoisert de présenter la lumière à un aveug<strong>le</strong> ? Il faut donc d'abord guérir lacause du mal ; c'est pourquoi, en médecin habi<strong>le</strong>, il châtie premièrementl'orgueil. Il n'abandonne donc pas ses enfants perdus ; il sait que tôt outard <strong>le</strong>urs yeux s'ouvriront, mais il veut que ce soit de <strong>le</strong>ur proprevolonté, et alors que, vaincus par <strong>le</strong>s tourments de l'incrédulité, ils sejetteront d'eux-mêmes dans ses bras, et, comme l'enfant prodigue, luidemanderont grâce !INSTRUCTIONS DES ESPRITS.L'orgueil et l'humilité.11. Que la paix du Seigneur soit avec vous, mes chers amis ! Je viensvers vous pour vous encourager à suivre la bonne voie.Aux pauvres Esprits qui, autrefois, habitaient la terre, Dieu donnemission de venir vous éclairer. Béni soit-il de la grâce qu'il nous accordede pouvoir aider à votre amélioration. Que l'Esprit-Saint m'éclaire etm'aide à rendre ma paro<strong>le</strong> compréhensib<strong>le</strong> et qu'il me fasse la grâce de lamettre à la portée de tous ! Vous tous incarnés, qui êtes dans la peine etcherchez la lumière, que la volonté de Dieu me soit en aide pour la faireluire à vos yeux !L'humilité est une vertu bien oubliée parmi vous ; <strong>le</strong>s grands exemp<strong>le</strong>squi vous en ont été donnés sont bien peu suivis, et pourtant, sansl'humilité, pouvez-vous être charitab<strong>le</strong>s envers votre prochain ? Oh !non, car ce sentiment nivel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s hommes ; il <strong>le</strong>ur dit qu'ils sont frères,


94 CHAPITRE VIIqu'ils doivent s'entraider, et <strong>le</strong>s amène au bien. Sans l'humilité, vousvous parez des vertus que vous n'avez pas, comme si vous portiez unhabit pour cacher <strong>le</strong>s difformités de votre corps. Rappe<strong>le</strong>z-vous Celuiqui nous sauva ; rappe<strong>le</strong>z-vous son humilité qui l'a fait si grand, et l'amis au-dessus de tous <strong>le</strong>s prophètes.L'orgueil est <strong>le</strong> terrib<strong>le</strong> adversaire de l'humilité. Si <strong>le</strong> Christ promettait<strong>le</strong> royaume des cieux aux plus pauvres, c'est que <strong>le</strong>s grands de la terre sefigurent que <strong>le</strong>s titres et <strong>le</strong>s richesses sont des récompenses données à<strong>le</strong>ur mérite, et que <strong>le</strong>ur essence est plus pure que cel<strong>le</strong> du pauvre ; ilscroient que cela <strong>le</strong>ur est dû, c'est pourquoi, lorsque Dieu <strong>le</strong> <strong>le</strong>ur retire, ilsl'accusent d'injustice. Oh ! dérision et aveug<strong>le</strong>ment ! Dieu fait-il unedistinction entre vous par <strong>le</strong> corps ? L'enveloppe du pauvre n'est-el<strong>le</strong> pasla même que cel<strong>le</strong> du riche ? Le Créateur a-t-il fait deux espècesd'hommes ? Tout ce que Dieu fait est grand et sage ; ne lui attribuezjamais <strong>le</strong>s idées qu'enfantent vos cerveaux orgueil<strong>le</strong>ux.O riche, tandis que tu dors sous tes lambris dorés à l'abri du froid, nesais-tu pas que des milliers de tes frères qui te va<strong>le</strong>nt sont gisants sur lapail<strong>le</strong> ? Le malheureux qui souffre de la faim n'est-il pas ton égal ? A cemot, ton orgueil se révolte, je <strong>le</strong> sais bien ; tu consentiras à lui donnerl'aumône, mais à lui serrer fraternel<strong>le</strong>ment la main, jamais ! «Quoi ! distu; moi, issu d'un nob<strong>le</strong> sang, grand de la terre, je serais l'égal de cemisérab<strong>le</strong> qui porte des haillons ! Vaine utopie des soi-disantphilosophes ! Si nous étions égaux, pourquoi Dieu l'aurait-il placé si baset moi si haut ?» Il est vrai que vos habits ne se ressemb<strong>le</strong>nt guère ; maisque vous en soyez dépouillés tous deux, quel<strong>le</strong> différence y aura-t-i<strong>le</strong>ntre vous ? La nob<strong>le</strong>sse du sang, diras-tu ; mais la chimie n'a pointtrouvé de différence entre <strong>le</strong> sang du grand seigneur et celui duplébéien ; entre celui du maître et celui de l'esclave. Qui te dit que, toiaussi, tu n'as pas été misérab<strong>le</strong> et malheureux comme lui ? Que tu n'aspas demandé l'aumône ? Que tu ne la demanderas pas un jour à celuimême que tu méprises aujourd'hui ? Les richesses sont-el<strong>le</strong>s éternel<strong>le</strong>s ?ne finissent-el<strong>le</strong>s pas avec ce corps, enveloppe périssab<strong>le</strong> de ton Esprit ?Oh ! un retour d'humilité sur toi-même ! Jette enfin <strong>le</strong>s yeux sur la réalitédes choses de ce monde, sur ce qui fait la grandeur et l'abaissement dansl'autre ; songe que la mort ne t'épargnera pas plus qu'un autre ; que testitres ne t'en préserveront pas ; qu'el<strong>le</strong> peut te frapper demain,aujourd'hui, dans une heure ; et si tu t'ensevelis dans ton orgueil, oh !alors je te plains, car tu seras digne de pitié !


BIENHEUREUX LES PAUVRES D'ESPRIT. 95Orgueil<strong>le</strong>ux ! qu'étiez-vous avant d'être nob<strong>le</strong>s et puissants ? Peut-êtreétiez-vous plus bas que <strong>le</strong> dernier de vos va<strong>le</strong>ts. Courbez donc vos frontsaltiers que Dieu peut rabaisser au moment où vous <strong>le</strong>s é<strong>le</strong>vez <strong>le</strong> plushaut. Tous <strong>le</strong>s hommes sont égaux dans la balance divine ; <strong>le</strong>s vertusseu<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s distinguent aux yeux de Dieu. Tous <strong>le</strong>s Esprits sont d'unemême essence, et tous <strong>le</strong>s corps sont pétris de la même pâte ; vos titres etvos noms n'y changent rien ; ils restent dans la tombe, et ce ne sont paseux qui donnent <strong>le</strong> bonheur promis aux élus ; la charité et l'humilité sont<strong>le</strong>urs titres de nob<strong>le</strong>sse.Pauvre créature ! tu es mère, tes enfants souffrent ; ils ont froid ; ilsont faim ; tu vas, courbée sous <strong>le</strong> poids de ta croix, t'humilier pour <strong>le</strong>uravoir un morceau de pain. Oh ! je m'incline devant toi ; combien tu esnob<strong>le</strong>ment sainte et grande à mes yeux ! Espère et prie ; <strong>le</strong> bonheur n'estpas encore de ce monde. Aux pauvres opprimés et confiants en lui, Dieudonne <strong>le</strong> royaume des cieux.Et toi, jeune fil<strong>le</strong>, pauvre enfant vouée au travail, aux privations,pourquoi ces tristes pensées ? pourquoi p<strong>le</strong>urer ? Que ton regard s'élèvepieux et serein vers Dieu : aux petits oiseaux il donne la pâture ; aieconfiance en lui, et il ne t'abandonnera pas. Le bruit des fêtes, desplaisirs du monde fait battre ton coeur ; tu voudrais aussi orner ta tête def<strong>le</strong>urs et te mê<strong>le</strong>r aux heureux de la terre ; tu te dis que tu pourrais,comme ces femmes que tu regardes passer, fol<strong>le</strong>s et rieuses, être richeaussi. Oh ! tais-toi, enfant ! Si tu savais combien de larmes et dedou<strong>le</strong>urs sans nom sont cachées sous ces habits brodés, combien desanglots sont étouffés sous <strong>le</strong> bruit de cet orchestre joyeux, tu préféreraiston humb<strong>le</strong> retraite et ta pauvreté. Reste pure aux yeux de Dieu, si tu neveux que ton ange gardien remonte vers lui, <strong>le</strong> visage caché sous sesai<strong>le</strong>s blanches, et te laisse avec tes remords, sans guide, sans soutiendans ce monde où tu serais perdue en attendant que tu sois punie dansl'autre.Et vous tous qui souffrez des injustices des hommes, soyez indulgentspour <strong>le</strong>s fautes de vos frères, en vous disant que vous-mêmes n'êtes passans reproches : c'est de la charité, mais c'est aussi de l'humilité. Si voussouffrez par <strong>le</strong>s calomnies, courbez <strong>le</strong> front sous cette épreuve. Que vousimportent <strong>le</strong>s calomnies du monde ? Si votre conduite est pure, Dieu nepeut-il vous en dédommager ? Supporter avec courage <strong>le</strong>s humiliationsdes hommes, c'est être humb<strong>le</strong> et reconnaître que Dieu seul est grand etpuissant.


96 CHAPITRE VIIOh ! mon Dieu, faudra-t-il que <strong>le</strong> Christ revienne une seconde fois surcette terre pour apprendre aux hommes tes lois qu'ils oublient ? Devra-ti<strong>le</strong>ncore chasser <strong>le</strong>s vendeurs du temp<strong>le</strong> qui salissent ta maison qui n'estqu'un lieu de prière ? Et qui sait ? ô hommes ! si Dieu vous accordaitcette grâce, peut-être <strong>le</strong> renieriez-vous comme autrefois ; vousl'appel<strong>le</strong>riez blasphémateur, parce qu'il abaisserait l'orgueil desPharisiens modernes ; peut-être lui feriez-vous recommencer <strong>le</strong> chemindu Golgotha.Lorsque Moïse fut sur <strong>le</strong> mont Sinaï recevoir <strong>le</strong>s commandements deDieu, <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> d'Israël, livré à lui-même, délaissa <strong>le</strong> vrai Dieu ; hommeset femmes donnèrent <strong>le</strong>ur or et <strong>le</strong>urs bijoux, pour se faire une ido<strong>le</strong> qu'ilsadorèrent. Hommes civilisés, vous faites comme eux ; <strong>le</strong> Christ vous alaissé sa doctrine ; il vous a donné l'exemp<strong>le</strong> de toutes <strong>le</strong>s vertus, et vousavez délaissé exemp<strong>le</strong> et préceptes ; chacun de vous apportant sespassions, vous vous êtes fait un Dieu à votre gré : <strong>selon</strong> <strong>le</strong>s uns, terrib<strong>le</strong>et sanguinaire ; <strong>selon</strong> <strong>le</strong>s autres, insouciant des intérêts du monde ; <strong>le</strong>Dieu que vous vous êtes fait est encore <strong>le</strong> veau d'or que chacunapproprie à ses goûts et à ses idées.Revenez à vous, mes frères, mes amis ; que la voix des Esprits touchevos coeurs ; soyez généreux et charitab<strong>le</strong>s sans ostentation ; c'est-à-direfaites <strong>le</strong> bien avec humilité ; que chacun démolisse peu à peu <strong>le</strong>s autelsque vous avez é<strong>le</strong>vés à l'orgueil, en un mot, soyez de véritab<strong>le</strong>schrétiens, et vous aurez <strong>le</strong> règne de la vérité. Ne doutez plus de la bontéde Dieu, alors qu'il vous en donne tant de preuves. Nous venons préparer<strong>le</strong>s voies pour l'accomplissement des prophéties. Lorsque <strong>le</strong> Seigneurvous donnera une manifestation plus éclatante de sa clémence, quel'envoyé cé<strong>le</strong>ste ne trouve plus en vous qu'une grande famil<strong>le</strong> ; que voscoeurs doux et humb<strong>le</strong>s soient dignes d'entendre la paro<strong>le</strong> divine qu'ilviendra vous apporter ; que l'élu ne trouve sur sa route que <strong>le</strong>s palmesdéposées pour votre retour au bien, à la charité, à la fraternité, et alorsvotre monde deviendra <strong>le</strong> paradis terrestre. Mais si vous restezinsensib<strong>le</strong>s à la voix des Esprits envoyés pour épurer, renouve<strong>le</strong>r votresociété civilisée, riche en sciences et pourtant si pauvre en bonssentiments, hélas ! il ne nous resterait plus qu'à p<strong>le</strong>urer et à gémir survotre sort. Mais non, il n'en sera pas ainsi ; revenez à Dieu votre père, etalors nous tous, qui aurons servi à l'accomplissement de sa volonté, nousentonnerons <strong>le</strong> cantique d'actions de grâces, pour remercier <strong>le</strong> Seigneurde son inépuisab<strong>le</strong> bonté, et pour <strong>le</strong> glorifier dans tous <strong>le</strong>s sièc<strong>le</strong>s dessièc<strong>le</strong>s. Ainsi soit-il. (LACORDAIRE. Constantine, 1863.)


BIENHEUREUX LES PAUVRES D'ESPRIT. 9712. Hommes, pourquoi vous plaignez-vous des calamités que vousavez vous-mêmes amoncelées sur vos têtes ? Vous avez méconnu lasainte et divine mora<strong>le</strong> du Christ, ne soyez donc pas étonnés que lacoupe de l'iniquité ait débordé de toutes parts.Le malaise devient général ; à qui s'en prendre, si ce n'est à vous quicherchez sans cesse à vous écraser <strong>le</strong>s uns <strong>le</strong>s autres ? Vous ne pouvezêtre heureux sans bienveillance mutuel<strong>le</strong>, et comment la bienveillancepeut-el<strong>le</strong> exister avec l'orgueil ? L'orgueil, voilà la source de tous vosmaux ; attachez-vous donc à <strong>le</strong> détruire, si vous n'en vou<strong>le</strong>z voirperpétuer <strong>le</strong>s funestes conséquences. Un seul moyen s'offre à vous pourcela, mais ce moyen est infaillib<strong>le</strong>, c'est de prendre pour règ<strong>le</strong> invariab<strong>le</strong>de votre conduite la loi du Christ, loi que vous avez ou repoussée, oufaussée dans son interprétation.Pourquoi avez-vous en si grande estime ce qui bril<strong>le</strong> et charme <strong>le</strong>syeux, plutôt que ce qui touche <strong>le</strong> coeur ? Pourquoi <strong>le</strong> vice dansl'opu<strong>le</strong>nce est-il l'objet de vos adulations, alors que vous n'avez qu'unregard de dédain pour <strong>le</strong> vrai mérite dans l'obscurité ? Qu'un richedébauché, perdu de corps et d'âme, se présente quelque part, toutes <strong>le</strong>sportes lui sont ouvertes, tous <strong>le</strong>s égards sont pour lui, tandis qu'ondaigne à peine accorder un salut de protection à l'homme de bien qui vitde son travail. Quand la considération que l'on accorde aux gens estmesurée au poids de l'or qu'ils possèdent ou au nom qu'ils portent, quelintérêt peuvent-ils avoir à se corriger de <strong>le</strong>urs défauts ?Il en serait tout autrement si <strong>le</strong> vice doré était fustigé par l'opinioncomme <strong>le</strong> vice en haillons ; mais l'orgueil est indulgent pour tout ce qui<strong>le</strong> flatte. Sièc<strong>le</strong> de cupidité et d'argent, dites-vous. Sans doute, maispourquoi avez-vous laissé <strong>le</strong>s besoins matériels empiéter sur <strong>le</strong> bon senset la raison ? Pourquoi chacun veut-il s'é<strong>le</strong>ver au-dessus de son frère ?Aujourd'hui la société en subit <strong>le</strong>s conséquences.Ne l'oubliez pas, un tel état de choses est toujours un signe dedécadence mora<strong>le</strong>. Lorsque l'orgueil atteint <strong>le</strong>s dernières limites, c'estl'indice d'une chute prochaine, car Dieu frappe toujours <strong>le</strong>s superbes. S'il<strong>le</strong>s laisse parfois monter, c'est pour <strong>le</strong>ur donner <strong>le</strong> temps de réfléchir etde s'amender sous <strong>le</strong>s coups que, de temps à autre, il porte à <strong>le</strong>ur orgueilpour <strong>le</strong>s avertir ; mais, au lieu de s'abaisser, ils se révoltent ; alors quandla mesure est comb<strong>le</strong>, il <strong>le</strong>s renverse tout à fait, et <strong>le</strong>ur chute est d'autantplus terrib<strong>le</strong>, qu'ils étaient montés plus haut.Pauvre race humaine, dont l'égoïsme a corrompu toutes <strong>le</strong>s voies,reprends courage cependant ; dans sa miséricorde infinie, Dieu t'envoie


98 CHAPITRE VIIun puissant remède à tes maux, un secours inespéré dans ta détresse.Ouvre <strong>le</strong>s yeux à la lumière : voici <strong>le</strong>s âmes de ceux qui ne sont plus quiviennent te rappe<strong>le</strong>r à tes véritab<strong>le</strong>s devoirs ; ils te diront, avec l'autoritéde l'expérience, combien <strong>le</strong>s vanités et <strong>le</strong>s grandeurs de votre passagèreexistence sont peu de chose auprès de l'éternité ; ils te diront que celui-làest <strong>le</strong> plus grand qui a été <strong>le</strong> plus humb<strong>le</strong> parmi <strong>le</strong>s petits d'ici-bas ; quecelui qui a <strong>le</strong> plus aimé ses frères est aussi celui qui sera <strong>le</strong> plus aimédans <strong>le</strong> ciel ; que <strong>le</strong>s puissants de la terre, s'ils ont abusé de <strong>le</strong>ur autorité,seront réduits à obéir <strong>le</strong>urs serviteurs ; que la charité et l'humilité enfin,ces deux soeurs qui se donnent la main, sont <strong>le</strong>s titres <strong>le</strong>s plus efficacespour obtenir grâce devant l'Eternel. (ADOLPHE, évêque d'Alger.Marmande, 1862.)Mission de l'homme intelligent sur la terre.13. Ne soyez pas fiers de ce que vous savez, car ce savoir a des bornesbien limitées dans <strong>le</strong> monde que vous habitez. Mais je suppose que voussoyez une des sommités intelligentes de ce globe, vous n'avez aucundroit d'en tirer vanité. Si Dieu, dans ses desseins, vous a fait naître dansun milieu où vous avez pu développer votre intelligence, c'est qu'il veutque vous en fassiez usage pour <strong>le</strong> bien de tous ; car c'est une missionqu'il vous donne, en mettant dans vos mains l'instrument à l'aide duquelvous pouvez développer à votre tour <strong>le</strong>s intelligences retardataires et <strong>le</strong>samener à Dieu. La nature de l'instrument n'indique-t-el<strong>le</strong> pas l'usagequ'on en doit faire ? La bêche que <strong>le</strong> jardinier met entre <strong>le</strong>s mains de sonouvrier ne lui montre-t-el<strong>le</strong> pas qu'il doit bêcher ? Et que diriez-vous sicet ouvrier, au lieu de travail<strong>le</strong>r, <strong>le</strong>vait sa bêche pour en frapper sonmaître ? Vous diriez que c'est affreux, et qu'il mérite d'être chassé. Ehbien, n'en est-il pas de même de celui qui se sert de son intelligence pourdétruire l'idée de Dieu et de la Providence parmi ses frères ? Ne lève-t-ilpas contre son maître la bêche qui lui a été donnée pour défricher <strong>le</strong>terrain ? A-t-il droit au salaire promis, et ne mérite-t-il pas, au contraire,d'être chassé du jardin ? Il <strong>le</strong> sera, n'en doutez pas, et traînera desexistences misérab<strong>le</strong>s et remplies d'humiliations jusqu'à ce qu'il se soitcourbé devant Celui à qui il doit tout.L'intelligence est riche de mérites pour l'avenir, mais à la conditiond'en faire un bon emploi ; si tous <strong>le</strong>s hommes qui en sont doués s'enservaient <strong>selon</strong> <strong>le</strong>s vues de Dieu, la tâche des Esprits serait faci<strong>le</strong> pourfaire avancer l'humanité ; malheureusement beaucoup en font uninstrument d'orgueil et de perdition pour eux-mêmes. L'homme abuse de


BIENHEUREUX LES PAUVRES D'ESPRIT. 99son intelligence comme de toutes ses autres facultés, et cependant <strong>le</strong>s<strong>le</strong>çons ne lui manquent pas pour l'avertir qu'une main puissante peut luiretirer ce qu'el<strong>le</strong> lui a donné. (FERDINAND, Esprit protecteur.Bordeaux, 1862.)


CHAPITRE VIII-BIENHEUREUX CEUX QUI ONT LE COEUR PUR.Laissez venir à moi <strong>le</strong>s petits enfants. - Péché en pensée. Adultère. -Vraie pureté. Mains non lavées. - Scanda<strong>le</strong>s. Si votre main est un sujetde scanda<strong>le</strong>, coupez-la. - Instructions des Esprits: Laissez venir à moi <strong>le</strong>spetits enfants. - Bienheureux ceux qui ont <strong>le</strong>s yeux fermés.Laissez venir à moi <strong>le</strong>s petits enfants.1. Bienheureux ceux qui ont <strong>le</strong> coeur pur, parce qu'ils verront Dieu. (SaintMatthieu, ch. V, v. 8.)2. Alors on lui présenta de petits enfants, afin qu'il <strong>le</strong>s touchât ; et comme sesdiscip<strong>le</strong>s repoussaient avec des paro<strong>le</strong>s rudes ceux qui <strong>le</strong>s lui présentaient, - Jésus<strong>le</strong> voyant s'en fâcha et <strong>le</strong>ur dit : Laissez venir à moi <strong>le</strong>s petits enfants, et ne <strong>le</strong>sempêchez point ; car <strong>le</strong> royaume des cieux est pour ceux qui <strong>le</strong>ur ressemb<strong>le</strong>nt. - Jevous <strong>le</strong> dis en vérité, quiconque ne recevra point <strong>le</strong> royaume de Dieu comme unenfant, n'y entrera point. - Et <strong>le</strong>s ayant embrassés, il <strong>le</strong>s bénit en <strong>le</strong>ur imposant <strong>le</strong>smains. (Saint Marc, ch. X, v. de 13 à 16.)3. La pureté du coeur est inséparab<strong>le</strong> de la simplicité et de l'humilité ;el<strong>le</strong> exclut toute pensée d'égoïsme et d'orgueil ; c'est pourquoi Jésusprend l'enfance pour l'emblème de cette pureté, comme il l'a prise pourcelui de l'humilité.Cette comparaison pourrait ne pas semb<strong>le</strong>r juste, si l'on considère quel'Esprit de l'enfant peut être très ancien, et qu'il apporte en renaissant à lavie corporel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s imperfections dont il ne s'est pas dépouillé dans sesexistences précédentes ; un Esprit arrivé à la perfection pourrait seulnous donner <strong>le</strong> type de la vraie pureté. Mais el<strong>le</strong> est exacte au point devue de la vie présente ; car <strong>le</strong> petit enfant, n'ayant encore pu manifesteraucune tendance perverse, nous offre l'image de l'innocence et de lacandeur ; aussi Jésus ne dit-il point d'une manière absolue que <strong>le</strong>royaume de Dieu est pour eux, mais pour ceux qui <strong>le</strong>ur ressemb<strong>le</strong>nt.4. Puisque l'Esprit de l'enfant a déjà vécu, pourquoi ne se montre-t-ilpas, dès la naissance, ce qu'il est ? Tout est sage dans <strong>le</strong>s oeuvres deDieu. L'enfant a besoin de soins délicats que la tendresse maternel<strong>le</strong> peutseu<strong>le</strong> lui rendre, et cette tendresse s'accroît de la faib<strong>le</strong>sse et del'ingénuité de l'enfant. Pour une mère, son enfant est toujours un ange, et


BIENHEUREUX CEUX QUI ONT LE COEUR PUR. 101il fallait qu'il en fût ainsi pour captiver sa sollicitude ; el<strong>le</strong> n'aurait puavoir avec lui <strong>le</strong> même abandon, si, au lieu de la grâce naïve, el<strong>le</strong> eûttrouvé en lui, sous des traits enfantins, un caractère viril et <strong>le</strong>s idées d'unadulte, et encore moins si el<strong>le</strong> eût connu son passé.Il fallait, d'ail<strong>le</strong>urs, que l'activité du principe intelligent fûtproportionnée à la faib<strong>le</strong>sse du corps qui n'aurait pu résister à uneactivité trop grande de l'Esprit, ainsi qu'on <strong>le</strong> voit chez <strong>le</strong>s sujets tropprécoces. C'est pour cela que, dès <strong>le</strong>s approches de l'incarnation, l'Esprit,entrant dans <strong>le</strong> troub<strong>le</strong>, perd peu à peu la conscience de lui-même ; il est,durant une certaine période, dans une sorte de sommeil pendant <strong>le</strong>queltoutes ses facultés demeurent à l'état latent. Cet état transitoire estnécessaire pour donner à l'Esprit un nouveau point de départ, et lui faireoublier, dans sa nouvel<strong>le</strong> existence terrestre, <strong>le</strong>s choses qui eussent pul'entraver. Son passé, cependant, réagit sur lui ; il renaît à la vie plusgrand, plus fort mora<strong>le</strong>ment et intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>ment, soutenu et secondé parl'intuition qu'il conserve de l'expérience acquise.A partir de la naissance, ses idées reprennent graduel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>ur essorau fur et à mesure du développement des organes ; d'où l'on peut direque, pendant <strong>le</strong>s premières années, l'Esprit est véritab<strong>le</strong>ment enfant,parce que <strong>le</strong>s idées qui forment <strong>le</strong> fond de son caractère sont encoreassoupies. Pendant <strong>le</strong> temps où ses instincts sommeil<strong>le</strong>nt, il est plussoup<strong>le</strong>, et, par cela même, plus accessib<strong>le</strong> aux impressions qui peuventmodifier sa nature et <strong>le</strong> faire progresser, ce qui rend plus faci<strong>le</strong> la tâcheimposée aux parents.L'Esprit revêt donc pour un temps la robe d'innocence, et Jésus estdans <strong>le</strong> vrai quand, malgré l'antériorité de l'âme, il prend l'enfant pouremblème de la pureté et de la simplicité.Péché en pensées. Adultère.5. Vous avez appris qu'il a été dit aux Anciens : Vous ne commettrez pointd'adultère. - Mais moi je vous dis que quiconque aura regardé une femme avec unmauvais désir pour el<strong>le</strong> a déjà commis l'adultère avec el<strong>le</strong> dans son coeur. (SaintMatthieu, ch. V, v. 27 et 28.)6. Le mot adultère ne doit point être entendu ici dans <strong>le</strong> sens exclusifde son acception propre, mais dans un sens plus général ; Jésus l'asouvent employé par extension pour désigner <strong>le</strong> mal, <strong>le</strong> péché, et toutemauvaise pensée quelconque, comme, par exemp<strong>le</strong>, dans ce passage :«Car si quelqu'un rougit de moi et de mes paro<strong>le</strong>s parmi cette raceadultère et pécheresse, <strong>le</strong> Fils de l'homme rougira aussi de lui, lorsqu'il


102 CHAPITRE VIIIviendra accompagné des saints anges dans la gloire de son Père.» (SaintMarc, ch. VIII, v. 38.)La vraie pureté n'est pas seu<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong>s actes ; el<strong>le</strong> est aussi dansla pensée, car celui qui a <strong>le</strong> coeur pur ne pense même pas au mal ; c'estce qu'a voulu dire Jésus : il condamne <strong>le</strong> péché, même en pensée, parceque c'est un signe d'impureté.7. Ce principe amène naturel<strong>le</strong>ment cette question : Subit-on <strong>le</strong>sconséquences d'une mauvaise pensée non suivie d'effet ?Il y a ici une importante distinction à faire. A mesure que l'âmeengagée dans la mauvaise voie, avance dans la vie spirituel<strong>le</strong>, el<strong>le</strong>s'éclaire et se dépouil<strong>le</strong> peu à peu de ses imperfections, <strong>selon</strong> <strong>le</strong> plus oumoins de bonne volonté qu'el<strong>le</strong> y apporte en vertu de son libre arbitre.Toute mauvaise pensée est donc <strong>le</strong> résultat de l'imperfection de l'âme ;mais <strong>selon</strong> <strong>le</strong> désir qu'el<strong>le</strong> a conçu de s'épurer, cette mauvaise penséemême devient pour el<strong>le</strong> une occasion d'avancement, parce qu'el<strong>le</strong> larepousse avec énergie ; c'est l'indice d'une tache qu'el<strong>le</strong> s'efforced'effacer ; el<strong>le</strong> ne cédera pas si l'occasion se présente de satisfaire unmauvais désir ; et après qu'el<strong>le</strong> aura résisté, el<strong>le</strong> se sentira plus forte etjoyeuse de sa victoire.Cel<strong>le</strong>, au contraire, qui n'a pas pris de bonnes résolutions cherchel'occasion, et si el<strong>le</strong> n'accomplit pas l'acte mauvais, ce n'est pas l'effet desa volonté, mais c'est l'occasion qui lui manque ; el<strong>le</strong> est donc aussicoupab<strong>le</strong> que si el<strong>le</strong> <strong>le</strong> commettait.En résumé, chez la personne qui ne conçoit même pas la pensée dumal, <strong>le</strong> progrès est accompli ; chez cel<strong>le</strong> à qui vient cette pensée, maisqui la repousse, <strong>le</strong> progrès est en train de s'accomplir ; chez cel<strong>le</strong>, enfin,qui a cette pensée et s'y complaît, <strong>le</strong> mal est encore dans toute sa force ;chez l'une <strong>le</strong> travail est fait, chez l'autre il est à faire. Dieu, qui est juste,tient compte de toutes ces nuances dans la responsabilité des actes et despensées de l'homme.Vraie pureté. Mains non lavées.8. Alors des scribes et des pharisiens qui étaient venus de Jérusa<strong>le</strong>ms'approchèrent de Jésus et lui dirent : - Pourquoi vos discip<strong>le</strong>s vio<strong>le</strong>nt-ils latradition des Anciens ? car ils ne lavent point <strong>le</strong>urs mains lorsqu'ils prennent <strong>le</strong>ursrepas.Mais Jésus <strong>le</strong>ur répondit : Pourquoi vous-mêmes vio<strong>le</strong>z-vous <strong>le</strong> commandementde Dieu pour suivre votre tradition ? car Dieu a fait ce commandement : - Honorezvotre père et votre mère ; et cet autre : Que celui qui dira des paro<strong>le</strong>s outrageuses à


BIENHEUREUX CEUX QUI ONT LE COEUR PUR. 103son père ou à sa mère soit puni de mort. - Mais vous autres vous dites : Quiconqueaura dit à son père ou à sa mère : Tout don que je fais à Dieu vous est uti<strong>le</strong>,satisfait à la loi, - encore qu'après cela il n'honore et n'assiste point son père ou samère ; et ainsi vous avez rendu inuti<strong>le</strong> <strong>le</strong> commandement de Dieu par votretradition.Hypocrites, Isaïe a bien prophétisé de vous quand il a dit : - Ce peup<strong>le</strong> m'honoredes lèvres, mais son coeur est loin de moi ; - et c'est en vain qu'ils m'honorent enenseignant des maximes et des ordonnances humaines.Puis ayant appelé <strong>le</strong> peup<strong>le</strong>, il <strong>le</strong>ur dit : Ecoutez et comprenez bien ceci : - Cen'est pas ce qui entre dans la bouche qui souil<strong>le</strong> l'homme ; mais c'est ce qui sort dela bouche de l'homme qui <strong>le</strong> souil<strong>le</strong>. - Ce qui sort de la bouche part du coeur, etc'est ce qui rend l'homme impur ; - car c'est du coeur que partent <strong>le</strong>s mauvaisespensées, <strong>le</strong>s meurtres, <strong>le</strong>s adultères, <strong>le</strong>s fornications, <strong>le</strong>s larcins, <strong>le</strong>s fauxtémoignages, <strong>le</strong>s blasphèmes et <strong>le</strong>s médisances ; - ce sont là <strong>le</strong>s choses qui rendentl'homme impur ; mais de manger sans avoir lavé ses mains, ce n'est point ce quirend un homme impur.Alors ses discip<strong>le</strong>s s'approchant de lui, lui dirent : Savez-vous bien que <strong>le</strong>sPharisiens ayant entendu ce que vous venez de dire en sont scandalisés ? - Mais ilrépondit : Toute plante que mon Père cé<strong>le</strong>ste n'a point plantée sera arrachée. -Laissez-<strong>le</strong>s ; ce sont des aveug<strong>le</strong>s qui conduisent des aveug<strong>le</strong>s ; si un aveug<strong>le</strong> enconduit un autre, ils tombent tous <strong>le</strong>s deux dans la fosse. (Saint Matthieu, ch. XV,v. de 1 à 20.)9. Pendant qu'il parlait, un Pharisien <strong>le</strong> pria de dîner chez lui ; et Jésus y étantallé se mit à tab<strong>le</strong>. - Le Pharisien commença alors à dire en lui-même : Pourquoi nes'est-il pas lavé <strong>le</strong>s mains avant de dîner ? - Mais <strong>le</strong> Seigneur lui dit : Vous autresPharisiens, vous avez grand soin de nettoyer <strong>le</strong> dehors de la coupe et du plat ; mais<strong>le</strong> dedans de vos coeurs est p<strong>le</strong>in de rapines et d'iniquités. Insensés que vous êtes !celui qui a fait <strong>le</strong> dehors n'a-t-il pas fait aussi <strong>le</strong> dedans ? (Saint Luc, ch. XI, v. de37 à 40.)10. Les Juifs avaient négligé <strong>le</strong>s véritab<strong>le</strong>s commandements de Dieu,pour s'attacher à la pratique des règ<strong>le</strong>ments établis par <strong>le</strong>s hommes etdont <strong>le</strong>s rigides observateurs se faisaient des cas de conscience ; <strong>le</strong> fond,très simp<strong>le</strong>, avait fini par disparaître sous la complication de la forme.Comme il était plus aisé d'observer des actes extérieurs que de seréformer mora<strong>le</strong>ment, de se laver <strong>le</strong>s mains que de nettoyer son coeur,<strong>le</strong>s hommes se firent illusion à eux-mêmes, et se croyaient quittes enversDieu, parce qu'ils se conformaient à ces pratiques, tout en restant cequ'ils étaient ; car on <strong>le</strong>ur enseignait que Dieu n'en demandait pasdavantage. C'est pourquoi <strong>le</strong> prophète dit : C'est en vain que ce peup<strong>le</strong>m'honore des lèvres, en enseignant des maximes et des ordonnanceshumaines.


104 CHAPITRE VIIIAinsi en a-t-il été de la doctrine mora<strong>le</strong> du Christ, qui a fini par êtremise au second rang, ce qui fait que beaucoup de chrétiens, à l'exemp<strong>le</strong>des anciens Juifs, croient <strong>le</strong>ur salut plus assuré par <strong>le</strong>s pratiquesextérieures que par cel<strong>le</strong>s de la mora<strong>le</strong>. C'est à ces additions faites par <strong>le</strong>shommes à la loi de Dieu que Jésus fait allusion quand il dit : Touteplante que mon Père cé<strong>le</strong>ste n'a point plantée sera arrachée.Le but de la religion est de conduire l'homme à Dieu ; or, l'hommen'arrive à Dieu que lorsqu'il est parfait ; donc toute religion qui ne rendpas l'homme meil<strong>le</strong>ur n'atteint pas <strong>le</strong> but ; cel<strong>le</strong> sur laquel<strong>le</strong> on croitpouvoir s'appuyer pour faire <strong>le</strong> mal est, ou fausse, ou faussée dans sonprincipe. Tel est <strong>le</strong> résultat de toutes cel<strong>le</strong>s où la forme l'emporte sur <strong>le</strong>fond. La croyance à l'efficacité des signes extérieurs est nul<strong>le</strong>, si el<strong>le</strong>n'empêche pas de commettre des meurtres, des adultères, des spoliations,de dire des calomnies, et de faire tort à son prochain en quoi que ce soit.El<strong>le</strong> fait des superstitieux, des hypocrites ou des fanatiques, mais ne faitpas des hommes de bien.Il ne suffit donc pas d'avoir <strong>le</strong>s apparences de la pureté, il faut avanttout avoir cel<strong>le</strong> du coeur.Scanda<strong>le</strong>s. Si votre main est un sujet de scanda<strong>le</strong>, coupez-la.11. Malheur au monde à cause des scanda<strong>le</strong>s ; car il est nécessaire qu'il arrivedes scanda<strong>le</strong>s ; mais malheur à l'homme par qui <strong>le</strong> scanda<strong>le</strong> arrive.Si quelqu'un scandalise un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieuxpour lui qu'on lui pendît au cou une de ces meu<strong>le</strong>s qu'un âne tourne, et qu'on <strong>le</strong>jetât au fond de la mer.Prenez bien garde de mépriser aucun de ces petits ; je vous déclare que dans <strong>le</strong>ciel <strong>le</strong>urs anges voient sans cesse la face de mon Père qui est dans <strong>le</strong>s cieux ; car <strong>le</strong>Fils de l'homme est venu sauver ce qui était perdu.Si votre main ou votre pied vous est un sujet de scanda<strong>le</strong>, coupez-<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s jetezloin de vous ; il vaut bien mieux pour vous que vous entriez dans la vie n'ayantqu'un pied ou qu'une main, que d'en avoir deux et d'être jeté dans <strong>le</strong> feu éternel. -Et si votre oeil vous est un sujet de scanda<strong>le</strong>, arrachez-<strong>le</strong>, et jetez-<strong>le</strong> loin de vous ;il vaut mieux pour vous que vous entriez dans la vie n'ayant qu'un oeil que d'enavoir deux et d'être précipité dans <strong>le</strong> feu de l'enfer. (Saint Matthieu, ch. XVIII, v.de 6 à 10.)12. Dans <strong>le</strong> sens vulgaire, scanda<strong>le</strong> se dit de toute action qui choque lamora<strong>le</strong> ou <strong>le</strong>s bienséances d'une manière ostensib<strong>le</strong>. Le scanda<strong>le</strong> n'estpas dans l'action en el<strong>le</strong>-même, mais dans <strong>le</strong> retentissement qu'el<strong>le</strong> peutavoir. Le mot scanda<strong>le</strong> implique toujours l'idée d'un certain éclat.


BIENHEUREUX CEUX QUI ONT LE COEUR PUR. 105Beaucoup de personnes se contentent d'éviter <strong>le</strong> scanda<strong>le</strong>, parce que <strong>le</strong>urorgueil en souffrirait, <strong>le</strong>ur considération en serait amoindrie parmi <strong>le</strong>shommes ; pourvu que <strong>le</strong>urs turpitudes soient ignorées, cela <strong>le</strong>ur suffit, et<strong>le</strong>ur conscience est en repos. Ce sont, <strong>selon</strong> <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s de Jésus : «dessépulcres blanchis à l'extérieur, mais p<strong>le</strong>ins de pourriture à l'intérieur ;des vases nettoyés en dehors, malpropres en dedans.»Dans <strong>le</strong> sens évangélique, l'acception du mot scanda<strong>le</strong>, si fréquemmentemployé, est beaucoup plus généra<strong>le</strong>, c'est pourquoi on n'en comprendpas l'acception dans certains cas. Ce n'est plus seu<strong>le</strong>ment ce qui froisse laconscience d'autrui, c'est tout ce qui est <strong>le</strong> résultat des vices et desimperfections des hommes, toute réaction mauvaise d'individu à individuavec ou sans retentissement. Le scanda<strong>le</strong>, dans ce cas, est <strong>le</strong> résultateffectif du mal moral.13. Il faut qu'il y ait du scanda<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> monde, a dit Jésus, parce que<strong>le</strong>s hommes étant imparfaits sur la terre sont enclins à faire <strong>le</strong> mal, et quede mauvais arbres donnent de mauvais fruits. Il faut donc entendre parces paro<strong>le</strong>s que <strong>le</strong> mal est une conséquence de l'imperfection deshommes, et non qu'il y a pour eux obligation de <strong>le</strong> faire.14. Il est nécessaire que <strong>le</strong> scanda<strong>le</strong> arrive, parce que <strong>le</strong>s hommesétant en expiation sur la terre se punissent eux-mêmes par <strong>le</strong> contact de<strong>le</strong>urs vices dont ils sont <strong>le</strong>s premières victimes, et dont ils finissent parcomprendre <strong>le</strong>s inconvénients. Lorsqu'ils seront las de souffrir du mal,ils chercheront <strong>le</strong> remède dans <strong>le</strong> bien. La réaction de ces vices sert doncà la fois de châtiment pour <strong>le</strong>s uns et d'épreuve pour <strong>le</strong>s autres ; c'estainsi que Dieu fait sortir <strong>le</strong> bien du mal, que <strong>le</strong>s hommes eux-mêmesutilisent <strong>le</strong>s choses mauvaises ou de rebut.15. S'il en est ainsi, dira-t-on, <strong>le</strong> mal est nécessaire et durera toujours ;car s'il venait à disparaître, Dieu serait privé d'un puissant moyen dechâtier <strong>le</strong>s coupab<strong>le</strong>s ; donc il est inuti<strong>le</strong> de chercher à améliorer <strong>le</strong>shommes. Mais s'il n'y avait plus de coupab<strong>le</strong>s, il n'y aurait plus besoin dechâtiments. Supposons l'humanité transformée en hommes de bien,aucun ne cherchera à faire du mal à son prochain, et tous seront heureux,parce qu'ils seront bons. Tel est l'état des mondes avancés d'où <strong>le</strong> mal estexclu ; tel sera celui de la terre quand el<strong>le</strong> aura suffisamment progressé.Mais tandis que certains mondes avancent, d'autres se forment, peuplésd'Esprits primitifs, et qui servent en outre d'habitation, d'exil et de lieuexpiatoire pour <strong>le</strong>s Esprits imparfaits, rebel<strong>le</strong>s, obstinés dans <strong>le</strong> mal, etqui sont rejetés des mondes devenus heureux.


106 CHAPITRE VIII16. Mais malheur à celui par qui <strong>le</strong> scanda<strong>le</strong> arrive ; c'est-à-dire que<strong>le</strong> mal étant toujours <strong>le</strong> mal, celui qui a servi à son insu d'instrument pourla justice divine, dont <strong>le</strong>s mauvais instincts ont été utilisés, n'en a pasmoins fait <strong>le</strong> mal et doit être puni. C'est ainsi, par exemp<strong>le</strong>, qu'un enfantingrat est une punition ou une épreuve pour <strong>le</strong> père qui en souffre, parceque ce père a peut-être été lui-même un mauvais fils qui a fait souffrirson père, et qu'il subit la peine du talion ; mais <strong>le</strong> fils n'en est pas plusexcusab<strong>le</strong>, et devra être châtié à son tour dans ses propres enfants oud'une autre manière.17. Si votre main vous est une cause de scanda<strong>le</strong>, coupez-la ; figureénergique qu'il serait absurde de prendre à la <strong>le</strong>ttre, et qui signifiesimp<strong>le</strong>ment qu'il faut détruire en soi toute cause de scanda<strong>le</strong>, c'est-à-direde mal ; arracher de son coeur tout sentiment impur et tout principevicieux ; c'est-à-dire encore qu'il vaudrait mieux pour un homme avoireu la main coupée, que si cette main eût été pour lui l'instrument d'unemauvaise action ; être privé de la vue, que si ses yeux lui eussent donnéde mauvaises pensées. Jésus n'a rien dit d'absurde pour quiconque saisit<strong>le</strong> sens allégorique et profond de ses paro<strong>le</strong>s ; mais beaucoup de chosesne peuvent être comprises sans la c<strong>le</strong>f qu'en donne <strong>le</strong> <strong>spiritisme</strong>.INSTRUCTIONS DES ESPRITS.Laissez venir à moi <strong>le</strong>s petits enfants.18. Le Christ a dit : «Laissez venir à moi <strong>le</strong>s petits enfants.» Cesparo<strong>le</strong>s, profondes dans <strong>le</strong>ur simplicité, n'emportaient pas avec el<strong>le</strong>s <strong>le</strong>simp<strong>le</strong> appel des enfants, mais celui des âmes qui gravitent dans <strong>le</strong>scerc<strong>le</strong>s inférieurs où <strong>le</strong> malheur ignore l'espérance. Jésus appelait à luil'enfance intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> de la créature formée : <strong>le</strong>s faib<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s esclaves,<strong>le</strong>s vicieux ; il ne pouvait rien enseigner à l'enfance physique, engagéedans la matière, soumise au joug de l'instinct, et n'appartenant pas encoreà l'ordre supérieur de la raison et de la volonté qui s'exercent autourd'el<strong>le</strong> et pour el<strong>le</strong>.Jésus voulait que <strong>le</strong>s hommes vinssent à lui avec la confiance de cespetits êtres aux pas chancelants, dont l'appel lui conquérait <strong>le</strong> coeur desfemmes qui sont toutes mères ; il soumettait ainsi <strong>le</strong>s âmes à sa tendre etmystérieuse autorité. Il fut <strong>le</strong> flambeau qui éclaire <strong>le</strong>s ténèbres, <strong>le</strong> claironmatinal qui sonne <strong>le</strong> réveil : il fut l'initiateur du <strong>spiritisme</strong> qui doit à sontour appe<strong>le</strong>r à lui, non <strong>le</strong>s petits enfants, mais <strong>le</strong>s hommes de bonne


BIENHEUREUX CEUX QUI ONT LE COEUR PUR. 107volonté. L'action viri<strong>le</strong> est engagée ; il ne s'agit plus de croireinstinctivement et d'obéir machina<strong>le</strong>ment, il faut que l'homme suive laloi intelligente qui lui révè<strong>le</strong> son universalité.Mes bien-aimés, voici <strong>le</strong> temps où <strong>le</strong>s erreurs expliquées seront desvérités ; nous vous enseignerons <strong>le</strong> sens exact des parabo<strong>le</strong>s, et nousvous montrerons la corrélation puissante qui relie ce qui a été et ce quiest. Je vous dis en vérité : la manifestation spirite grandit à l'horizon ; etvoici son envoyé qui va resp<strong>le</strong>ndir comme <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il sur la cime desmonts. (JEAN l'Evangéliste. Paris, 1863.)19. Laissez venir à moi <strong>le</strong>s petits enfants, car je possède <strong>le</strong> lait quifortifie <strong>le</strong>s faib<strong>le</strong>s. Laissez venir à moi ceux qui, craintifs et débi<strong>le</strong>s, ontbesoin d'appui et de consolation. Laissez venir à moi <strong>le</strong>s ignorants pourque je <strong>le</strong>s éclaire ; laissez venir à moi tous ceux qui souffrent, lamultitude des affligés et des malheureux ; je <strong>le</strong>ur enseignerai <strong>le</strong> grandremède pour adoucir <strong>le</strong>s maux de la vie, je <strong>le</strong>ur donnerai <strong>le</strong> secret deguérir <strong>le</strong>urs b<strong>le</strong>ssures ! Quel est-il, mes amis, ce baume souverain,possédant la vertu par excel<strong>le</strong>nce, ce baume qui s'applique sur toutes <strong>le</strong>splaies du coeur et <strong>le</strong>s ferme ? C'est l'amour, c'est la charité ! Si vous avezce feu divin, que craindrez-vous ? Vous direz à tous <strong>le</strong>s instants de votrevie : Mon père, que votre volonté soit faite et non la mienne ; s'il vousplaît de m'éprouver par la dou<strong>le</strong>ur et <strong>le</strong>s tribulations, soyez béni, car c'estpour mon bien, je <strong>le</strong> sais, que votre main s'appesantit sur moi. S'il vousconvient, Seigneur, d'avoir pitié de votre faib<strong>le</strong> créature, si vous donnezà son coeur <strong>le</strong>s joies permises, soyez encore béni ; mais faites quel'amour divin ne s'endorme pas dans son âme, et que sans cesse el<strong>le</strong> fassemonter à vos pieds la voix de sa reconnaissance !...Si vous avez l'amour, vous aurez tout ce qui est à désirer sur votreterre, vous posséderez la per<strong>le</strong> par excel<strong>le</strong>nce que ni <strong>le</strong>s événements, ni<strong>le</strong>s méchancetés de ceux qui vous haïssent et vous persécutent nepourront vous ravir. Si vous avez l'amour, vous aurez placé vos trésors làoù <strong>le</strong>s vers et la rouil<strong>le</strong> ne peuvent <strong>le</strong>s atteindre, et vous verrez s'effacerinsensib<strong>le</strong>ment de votre âme tout ce qui peut en souil<strong>le</strong>r la pureté ; voussentirez <strong>le</strong> poids de la matière s'alléger de jour en jour, et, pareil àl'oiseau qui plane dans <strong>le</strong>s airs et ne se souvient plus de la terre, vousmonterez sans cesse, vous monterez toujours, jusqu'à ce que votre âmeenivrée puisse s'abreuver à son élément de vie dans <strong>le</strong> sein du Seigneur.(UN ESPRIT PROTECTEUR. Bordeaux, 1861.)


108 CHAPITRE VIIIBienheureux ceux qui ont <strong>le</strong>s yeux fermés 5 .20. Mes bons amis, vous m'avez appelé, pourquoi ? Est-ce pour mefaire imposer <strong>le</strong>s mains sur la pauvre souffrante qui est ici, et la guérir ?Eh ! quel<strong>le</strong> souffrance, bon Dieu ! El<strong>le</strong> a perdu la vue, et <strong>le</strong>s ténèbres sefont pour el<strong>le</strong>. Pauvre enfant ! qu'el<strong>le</strong> prie et qu'el<strong>le</strong> espère ; je ne saispoint faire de mirac<strong>le</strong>s, moi, sans la volonté du bon Dieu. Toutes <strong>le</strong>sguérisons que j'ai pu obtenir, et qui vous ont été signalées, ne <strong>le</strong>sattribuez qu'à celui qui est notre Père à tous. Dans vos afflictions,regardez donc toujours <strong>le</strong> ciel, et dites du fond de votre coeur : «MonPère, guérissez-moi, mais faites que mon âme malade soit guérie avant<strong>le</strong>s infirmités de mon corps ; que ma chair soit châtiée, s'il <strong>le</strong> faut, pourque mon âme s'élève vers vous avec la blancheur qu'el<strong>le</strong> avait quandvous l'avez créée.» Après cette prière, mes bons amis, que <strong>le</strong> bon Dieuentendra toujours, la force et <strong>le</strong> courage vous seront donnés, et peut-êtreaussi cette guérison que vous n'aurez demandée que craintivement, enrécompense de votre abnégation.Mais puisque je suis ici, dans une assemblée où il s'agit avant toutd'études, je vous dirai que ceux qui sont privés de la vue devraient seconsidérer comme <strong>le</strong>s bienheureux de l'expiation. Rappe<strong>le</strong>z-vous queChrist a dit qu'il fallait arracher votre oeil s'il était mauvais et qu'il valaitmieux qu'il fût jeté au feu que d'être la cause de votre damnation. Hélas !combien en est-il sur votre terre qui maudiront un jour dans <strong>le</strong>s ténèbresd'avoir vu la lumière ! Oh ! oui, qu'ils sont heureux ceux-là qui, dansl'expiation, sont frappés par la vue ! <strong>le</strong>ur oeil ne sera point un sujet descanda<strong>le</strong> et de chute ; ils peuvent vivre tout entiers de la vie des âmes ;ils peuvent voir plus que vous qui voyez clair... Quand Dieu me permetd'al<strong>le</strong>r ouvrir la paupière à quelqu'un de ces pauvres souffrants et de luirendre la lumière, je me dis : Chère âme, pourquoi ne connais-tu pointtoutes <strong>le</strong>s délices de l'Esprit qui vit de contemplation et d'amour ? tu nedemanderais pas à voir des images moins pures et moins suaves quecel<strong>le</strong>s qu'il t'est donné d'entrevoir dans ta cécité.Oh ! oui, bienheureux l'aveug<strong>le</strong> qui veut vivre avec Dieu ; plusheureux que vous qui êtes ici, il sent <strong>le</strong> bonheur, il <strong>le</strong> touche, il voit <strong>le</strong>sâmes et peut s'élancer avec el<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>s sphères spirites que <strong>le</strong>sprédestinés de votre terre même ne voient point. L'oeil ouvert est5 Cette communication a été donnée à propos d'une personne aveug<strong>le</strong>, pour laquel<strong>le</strong> on avaitévoqué l'Esprit de J. B. VIANNEY, curé d'Ars.


BIENHEUREUX CEUX QUI ONT LE COEUR PUR. 109toujours prêt à faire faillir l'âme ; l'oeil fermé, au contraire, est toujoursprêt à la faire monter à Dieu. Croyez-moi bien, mes bons et chers amis,l'aveug<strong>le</strong>ment des yeux est souvent la véritab<strong>le</strong> lumière du coeur, tandisque la vue, c'est souvent l'ange ténébreux qui conduit à la mort.Et maintenant quelques mots pour toi, ma pauvre souffrante : espère etprends courage ! si je te disais : Mon enfant, tes yeux vont s'ouvrir,comme tu serais joyeuse ! et qui sait si cette joie ne te perdrait pas ? Aieconfiance dans <strong>le</strong> bon Dieu qui a fait <strong>le</strong> bonheur et permis la tristesse ! Jeferai tout ce qu'il me sera permis pour toi ; mais, à ton tour, prie, etsurtout songe à tout ce que je viens de te dire.Avant que je m'éloigne, vous tous qui êtes ici, recevez ma bénédiction.(VIANNEY, curé d'Ars. Paris, 1863.)21. Remarque. Lorsqu'une affliction n'est pas une suite des actes de lavie présente, il faut en chercher la cause dans une vie antérieure. Ce quel'on appel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s caprices du sort, ne sont autre chose que <strong>le</strong>s effets de lajustice de Dieu. Dieu n'inflige point de punitions arbitraires ; il veutqu'entre la faute et la peine, il y ait toujours corrélation. Si, dans sabonté, il a jeté un voi<strong>le</strong> sur nos actes passés, il nous met cependant sur lavoie, en disant : «Qui a tué par l’épée, périra par l'épée ;» paro<strong>le</strong>s quipeuvent se traduire ainsi : «On est toujours puni par où l'on a péché.» Sidonc quelqu'un est affligé par la perte de la vue, c'est que la vue a étépour lui une cause de chute. Peut-être aussi a-t-il été cause de la perte dela vue chez un autre ; peut-être quelqu'un est-il devenu aveug<strong>le</strong> parl'excès de travail qu'il lui a imposé, ou par suite de mauvais traitements,de manque de soins, etc., et alors il subit la peine du talion. Lui-même,dans son repentir, a pu choisir cette expiation, s'appliquant cette paro<strong>le</strong>de Jésus : «Si votre oeil vous est un sujet de scanda<strong>le</strong>, arrachez-<strong>le</strong>.»


CHAPITRE IX-BIENHEUREUX CEUX QUI SONT DOUX ETPACIFIQUES.Injures et vio<strong>le</strong>nces. - Instructions des Esprits : L’affabilité et la douceur. - Lapatience. - Obéissance et résignation. - La colère.Injures et vio<strong>le</strong>nces.1. Bienheureux ceux qui sont doux, parce qu'ils posséderont la terre. (SaintMatthieu, ch. V, v. 4.)2. Bienheureux <strong>le</strong>s pacifiques, parce qu’ils seront appelés enfants de Dieu. (Id.,v. 9.)3. Vous avez appris qu'il a été dit aux Anciens : Vous ne tuerez point, etquiconque tuera méritera d'être condamné par <strong>le</strong> jugement. - Mais moi je vous disque quiconque se mettra en colère contre son frère méritera d'être condamné par <strong>le</strong>jugement ; que celui qui dira à son frère : Racca, méritera d'être condamné par <strong>le</strong>conseil ; et que celui qui lui dira : Vous êtes fou, méritera d'être condamné au feude l'enfer. (Id., v. 21, 22.)4. Par ces maximes, Jésus fait une loi de la douceur, de la modération,de la mansuétude, de l'affabilité et de la patience ; il condamne parconséquent la vio<strong>le</strong>nce, la colère et même toute expression désobligeanteà l'égard de ses semblab<strong>le</strong>s. Racca était chez <strong>le</strong>s Hébreux un terme demépris qui signifiait homme de rien, et se prononçait en crachant et endétournant la tête. Il va même plus loin, puisqu'il menace du feu del'enfer celui qui dira à son frère : Vous êtes fou.Il est évident qu'ici, comme en toute circonstance, l'intention aggraveou atténue la faute ; mais en quoi une simp<strong>le</strong> paro<strong>le</strong> peut-el<strong>le</strong> avoir assezde gravité pour mériter une réprobation si sévère ? C'est que toute paro<strong>le</strong>offensante est l'expression d'un sentiment contraire à la loi d'amour et decharité qui doit rég<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s rapports des hommes et maintenir entre eux laconcorde et l'union ; que c'est une atteinte portée à la bienveillanceréciproque et à la fraternité ; qu'el<strong>le</strong> entretient la haine et l'animosité ;enfin qu'après l'humilité envers Dieu, la charité envers <strong>le</strong> prochain est lapremière loi de tout chrétien.5. Mais qu'entend Jésus par ces paro<strong>le</strong>s : «Bienheureux ceux qui sontdoux, parce qu'ils posséderont la terre,» lui qui dit de renoncer aux biensde ce monde et promet ceux du ciel ?


BIENHEUREUX CEUX QUI SONT DOUX ET PACIFIQUES. 111En attendant <strong>le</strong>s biens du ciel, l'homme a besoin de ceux de la terrepour vivre ; seu<strong>le</strong>ment il lui recommande de ne point attacher à cesderniers plus d'importance qu'aux premiers.Par ces paro<strong>le</strong>s, il veut dire que, jusqu'à ce jour, <strong>le</strong>s biens de la terresont accaparés par <strong>le</strong>s vio<strong>le</strong>nts au préjudice de ceux qui sont doux etpacifiques ; que ceux-ci manquent souvent du nécessaire, tandis qued'autres ont <strong>le</strong> superflu ; il promet que justice <strong>le</strong>ur sera rendue sur laterre comme dans <strong>le</strong> ciel, parce qu'ils sont appelés <strong>le</strong>s enfants de Dieu.Lorsque la loi d'amour et de charité sera la loi de l'humanité, il n'y auraplus d'égoïsme ; <strong>le</strong> faib<strong>le</strong> et <strong>le</strong> pacifique ne seront plus exploités niécrasés par <strong>le</strong> fort et <strong>le</strong> vio<strong>le</strong>nt. Tel sera l'état de la terre lorsque, <strong>selon</strong> laloi du progrès et la promesse de Jésus, el<strong>le</strong> sera devenue un mondeheureux par l'expulsion des méchants.INSTRUCTIONS DES ESPRITS.L'affabilité et la douceur.6. La bienveillance pour ses semblab<strong>le</strong>s, fruit de l'amour du prochain,produit l'affabilité et la douceur qui en sont la manifestation. Cependantil ne faut pas toujours se fier aux apparences ; l'éducation et l'usage dumonde peuvent donner <strong>le</strong> vernis de ces qualités. Combien en est-il dontla feinte bonhomie n'est qu'un masque pour l'extérieur, un habit dont lacoupe calculée dissimu<strong>le</strong> <strong>le</strong>s difformités cachées ! Le monde est p<strong>le</strong>in deces gens qui ont <strong>le</strong> sourire sur <strong>le</strong>s lèvres et <strong>le</strong> venin dans <strong>le</strong> coeur ; quisont doux pourvu que rien ne <strong>le</strong>s froisse mais qui mordent à la moindrecontrariété ; dont la langue dorée, quand ils par<strong>le</strong>nt en face, se change endard empoisonné quand ils sont par-derrière.A cette classe appartiennent encore ces hommes, aux dehors bénins,qui, chez eux, tyrans domestiques, font souffrir à <strong>le</strong>ur famil<strong>le</strong> et à <strong>le</strong>urssubordonnés <strong>le</strong> poids de <strong>le</strong>ur orgueil et de <strong>le</strong>ur despotisme ; ils semb<strong>le</strong>ntvouloir se dédommager de la contrainte qu'ils se sont imposée ail<strong>le</strong>urs ;n'osant faire acte d'autorité sur des étrangers qui <strong>le</strong>s remettraient à <strong>le</strong>urplace, ils veu<strong>le</strong>nt au moins se faire craindre de ceux qui ne peuvent <strong>le</strong>urrésister ; <strong>le</strong>ur vanité jouit de pouvoir dire : «Ici je commande et je suisobéi ;» sans songer qu'ils pourraient ajouter avec plus de raison : «Et jesuis détesté.»Il ne suffit pas que des lèvres décou<strong>le</strong>nt <strong>le</strong> lait et <strong>le</strong> miel ; si <strong>le</strong> coeurn'y est pour rien, c'est de l'hypocrisie. Celui dont l'affabilité et la douceurne sont pas feintes, ne se dément jamais ; il est <strong>le</strong> même devant <strong>le</strong> monde


112 CHAPITRE IXet dans l'intimité ; il sait d'ail<strong>le</strong>urs que si l'on trompe <strong>le</strong>s hommes par desapparences, on ne trompe pas Dieu. (LAZARE. Paris, 1861.)La patience.7. La dou<strong>le</strong>ur est une bénédiction que Dieu envoie à ses élus ; ne vousaffligez donc pas quand vous souffrez, mais bénissez au contraire <strong>le</strong>Dieu tout-puissant qui vous a marqués par la dou<strong>le</strong>ur ici-bas pour lagloire dans <strong>le</strong> ciel.Soyez patients ; c'est une charité aussi que la patience, et vous devezpratiquer la loi de charité enseignée par <strong>le</strong> Christ, envoyé de Dieu. Lacharité qui consiste dans l'aumône donnée aux pauvres est la plus faci<strong>le</strong>des charités ; mais il en est une bien plus pénib<strong>le</strong> et conséquemment bienplus méritoire, c'est de pardonner à ceux que Dieu a placés sur notreroute pour être <strong>le</strong>s instruments de nos souffrances et mettre notrepatience à l'épreuve.La vie est diffici<strong>le</strong>, je <strong>le</strong> sais ; el<strong>le</strong> se compose de mil<strong>le</strong> riens qui sontdes coups d'éping<strong>le</strong> et finissent par b<strong>le</strong>sser ; mais il faut regarder auxdevoirs qui nous sont imposés, aux consolations et aux compensationsque nous avons d'un autre côté, et alors nous verrons que <strong>le</strong>sbénédictions sont plus nombreuses que <strong>le</strong>s dou<strong>le</strong>urs. Le fardeau semb<strong>le</strong>moins lourd quand on regarde en haut que lorsqu'on courbe son frontvers la terre.Courage, amis, <strong>le</strong> Christ est votre modè<strong>le</strong> ; il a plus souffert qu'aucunde vous, et il n'avait rien à se reprocher, tandis que vous, vous avez àexpier votre passé et à vous fortifier pour l'avenir. Soyez donc patients ;soyez chrétiens, ce mot renferme tout. (UN ESPRIT AMI. Le Havre,1862.)Obéissance et résignation.8. La doctrine de Jésus enseigne partout l'obéissance et la résignation,deux vertus compagnes de la douceur, très militantes quoique <strong>le</strong>shommes <strong>le</strong>s confondent à tort avec la négation du sentiment et de lavolonté. L'obéissance est <strong>le</strong> consentement de la raison ; la résignationest <strong>le</strong> consentement du coeur ; toutes deux sont des forces actives, carel<strong>le</strong>s portent <strong>le</strong> fardeau des épreuves que la révolte insensée laisseretomber. Le lâche ne peut être résigné, pas plus que l'orgueil<strong>le</strong>ux etl'égoïste ne peuvent être obéissants. Jésus a été l'incarnation de cesvertus méprisées par la matériel<strong>le</strong> antiquité. Il vint au moment où la


BIENHEUREUX CEUX QUI SONT DOUX ET PACIFIQUES. 113société romaine périssait dans <strong>le</strong>s défaillances de la corruption ; il vintfaire luire, au sein de l'humanité affaissée, <strong>le</strong>s triomphes du sacrifice etdu renoncement charnel.Chaque époque est ainsi marquée au coin de la vertu ou du vice quidoit la sauver ou la perdre. La vertu de votre génération est l'activitéintel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> ; son vice est l'indifférence mora<strong>le</strong>. Je dis seu<strong>le</strong>mentactivité, car <strong>le</strong> génie s'élève tout à coup et découvre à un seul <strong>le</strong>shorizons que la multitude ne verra qu'après lui, tandis que l'activité est laréunion des efforts de tous pour atteindre un but moins éclatant, mais quiprouve l'élévation intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> d'une époque. Soumettez-vous àl'impulsion que nous venons donner à vos esprits ; obéissez à la grandeloi du progrès qui est <strong>le</strong> mot de votre génération. Malheur à l'espritparesseux, à celui qui bouche son entendement ! Malheur ! car nous quisommes <strong>le</strong>s guides de l'humanité en marche, nous <strong>le</strong> frapperons du fouet,et forcerons sa volonté rebel<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> doub<strong>le</strong> effort du frein et del'éperon ; toute résistance orgueil<strong>le</strong>use devra céder tôt ou tard ; maisbienheureux ceux qui sont doux, car ils prêteront une oreil<strong>le</strong> doci<strong>le</strong> auxenseignements. (LAZARE. Paris, 1863.)La colère.9. L'orgueil vous porte à vous croire plus que vous n'êtes ; à nepouvoir souffrir une comparaison qui puisse vous rabaisser ; à vous voir,au contraire, tel<strong>le</strong>ment au-dessus de vos frères, soit comme esprit, soitcomme position socia<strong>le</strong>, soit même comme avantages personnels, que <strong>le</strong>moindre parallè<strong>le</strong> vous irrite et vous froisse ; et qu'advient-il alors ? c'estque vous vous livrez à la colère.Cherchez l'origine de ces accès de démence passagère qui vousassimi<strong>le</strong>nt à la brute en vous faisant perdre <strong>le</strong> sang-froid et la raison ;cherchez, et vous trouverez presque toujours pour base l'orgueil froissé.N'est-ce pas l'orgueil froissé par une contradiction qui vous fait rejeter<strong>le</strong>s observations justes, qui vous fait repousser avec colère <strong>le</strong>s plus sagesconseils ? Les impatiences même que causent des contrariétés souventpuéri<strong>le</strong>s, tiennent à l'importance que l'on attache à sa personnalité devantlaquel<strong>le</strong> on croit que tout doit plier.Dans sa frénésie, l'homme colère s'en prend à tout, à la nature brute,aux objets inanimés qu'il brise, parce qu'ils ne lui obéissent pas. Ah ! sidans ces moments-là il pouvait se voir de sang-froid, il aurait peur de lui,ou se trouverait bien ridicu<strong>le</strong> ! Qu'il juge par là de l'impression qu'il doitproduire sur <strong>le</strong>s autres. Quand ce ne serait que par respect pour lui-


114 CHAPITRE IXmême, il devrait s'efforcer de vaincre un penchant qui fait de lui un objetde pitié.S'il songeait que la colère ne remédie à rien, qu'el<strong>le</strong> altère sa santé,compromet même sa vie, il verrait qu'il en est la première victime ; maisune autre considération devrait surtout l'arrêter, c'est la pensée qu'il rendmalheureux tous ceux qui l'entourent ; s'il a du coeur, n'est-ce pas unremords pour lui de faire souffrir <strong>le</strong>s êtres qu'il aime <strong>le</strong> plus ? Et quelregret mortel si, dans un accès d'emportement, il commettait un acte qu'i<strong>le</strong>ût à se reprocher toute sa vie !En somme, la colère n'exclut pas certaines qualités du coeur ; mais el<strong>le</strong>empêche de faire beaucoup de bien, et peut faire faire beaucoup de mal ;cela doit suffire pour exciter à faire des efforts pour la dominer. Lespirite est en outre sollicité par un autre motif, c'est qu'el<strong>le</strong> est contraire àla charité et à l'humilité chrétiennes. (UN ESPRIT PROTECTEUR.Bordeaux, 1863.)10. D'après l'idée très fausse qu'on ne peut pas réformer sa proprenature, l'homme se croit dispensé de faire des efforts pour se corriger desdéfauts dans <strong>le</strong>squels il se complaît volontiers, ou qui exigeraient trop depersévérance ; c'est ainsi, par exemp<strong>le</strong>, que l'homme enclin à la colères'excuse presque toujours sur son tempérament ; plutôt que de s'avouercoupab<strong>le</strong>, il rejette la faute sur son organisation, accusant ainsi Dieu deses propres méfaits. C'est encore une suite de l'orgueil que l'on trouvemêlé à toutes ses imperfections.Sans contredit, il est des tempéraments qui se prêtent plus que d'autresaux actes vio<strong>le</strong>nts, comme il est des musc<strong>le</strong>s plus soup<strong>le</strong>s qui se prêtentmieux aux tours de force ; mais ne croyez pas que là soit la causepremière de la colère, et soyez persuadés qu'un Esprit pacifique, fût-ildans un corps bilieux, sera toujours pacifique ; et qu'un Esprit vio<strong>le</strong>nt,dans un corps lymphatique, n'en sera pas plus doux ; seu<strong>le</strong>ment, lavio<strong>le</strong>nce prendra un autre caractère ; n'ayant pas un organisme propre àseconder sa vio<strong>le</strong>nce, la colère sera concentrée, et dans l'autre cas el<strong>le</strong>sera expansive.Le corps ne donne pas plus la colère à celui qui ne l'a pas, qu'il nedonne <strong>le</strong>s autres vices ; toutes <strong>le</strong>s vertus et tous <strong>le</strong>s vices sont inhérents àl'Esprit ; sans cela où serait <strong>le</strong> mérite et la responsabilité ? L'homme quiest contrefait ne peut se rendre droit parce que l'Esprit n'y est pour rien,mais il peut modifier ce qui est de l'Esprit quand il en a la ferme volonté.L'expérience ne vous prouve-t-el<strong>le</strong> pas, spirites, jusqu'où peut al<strong>le</strong>r lapuissance de la volonté, par <strong>le</strong>s transformations vraiment miracu<strong>le</strong>uses


BIENHEUREUX CEUX QUI SONT DOUX ET PACIFIQUES. 115que vous voyez s'opérer ? Dites-vous donc que l'homme ne reste vicieuxque parce qu'il veut rester vicieux ; mais que celui qui veut se corriger <strong>le</strong>peut toujours, autrement la loi du progrès n'existerait pas pour l'homme.(HAHNEMANN. Paris, 1863.)


CHAPITRE X-BIENHEUREUX CEUX QUI SONT MISERICORDIEUX.Pardonnez pour que Dieu vous pardonne. - S'accorder avec ses adversaires. - Lesacrifice <strong>le</strong> plus agréab<strong>le</strong> à Dieu. - La pail<strong>le</strong> et la poutre dans l'oeil. - Ne jugez pasafin que vous ne soyez pas jugés. Que celui qui est sans péché lui jette la premièrepierre. - Instructions des Esprits : Pardon des offenses. - L'indulgence. - Est-ilpermis de reprendre <strong>le</strong>s autres ; d'observer <strong>le</strong>s imperfections d'autrui ; de divulguer<strong>le</strong> mal d'autrui ?Pardonnez pour que Dieu vous pardonne.1. Bienheureux ceux qui sont miséricordieux, parce qu'ils obtiendront euxmêmesmiséricorde. (Saint Matthieu, ch. V, v. 7.)2. Si vous pardonnez aux hommes <strong>le</strong>s fautes qu'ils font contre vous, votre Pèrecé<strong>le</strong>ste vous pardonnera aussi vos péchés ; - mais si vous ne pardonnez point auxhommes lorsqu'ils vous ont offensés, votre Père ne vous pardonnera point non plusvos péchés. (Id., ch. VI, v. 14, 15.)3. Si votre frère a péché contre vous, al<strong>le</strong>z lui représenter sa faute en particulier,entre vous et lui ; s'il vous écoute, vous aurez gagné votre frère. - Alors Pierres'approchant lui dit : Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frèrelorsqu'il aura péché contre moi ? Sera-ce jusqu'à sept fois ? - Jésus lui répondit : Jene vous dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à septante fois sept fois. (Id., ch.XVIII, v. 15, 21, 22.)4. La miséricorde est <strong>le</strong> complément de la douceur ; car celui qui n'estpas miséricordieux ne saurait être doux et pacifique ; el<strong>le</strong> consiste dansl'oubli et <strong>le</strong> pardon des offenses. La haine et la rancune dénotent uneâme sans élévation ni grandeur ; l'oubli des offenses est <strong>le</strong> propre del'âme é<strong>le</strong>vée qui est au-dessus des atteintes qu'on peut lui porter ; l'uneest toujours anxieuse, d'une susceptibilité ombrageuse et p<strong>le</strong>ine de fiel ;l'autre est calme, p<strong>le</strong>ine de mansuétude et de charité.Malheur à celui qui dit : Je ne pardonnerai jamais, car s'il n'est pascondamné par <strong>le</strong>s hommes, il <strong>le</strong> sera certainement par Dieu ; de queldroit réclamerait-il <strong>le</strong> pardon de ses propres fautes si lui-même nepardonne pas cel<strong>le</strong>s des autres ? Jésus nous enseigne que la miséricordene doit pas avoir de limites, quand il dit de pardonner à son frère, nonpas sept fois, mais septante fois sept fois.Mais il y a deux manières bien différentes de pardonner : l'une grande,nob<strong>le</strong>, vraiment généreuse, sans arrière-pensée, qui ménage avec


BIENHEUREUX CEUX QUI SONT MISERICORDIEUX. 117délicatesse l'amour-propre et la susceptibilité de l'adversaire, ce derniereût-il même tous <strong>le</strong>s torts ; la seconde par laquel<strong>le</strong> l'offensé, ou celui quicroit l'être, impose à l'autre des conditions humiliantes, et fait sentir <strong>le</strong>poids d'un pardon qui irrite au lieu de calmer ; s'il tend la main, ce n'estpas avec bienveillance, mais avec ostentation afin de pouvoir dire à tout<strong>le</strong> monde : Voyez combien je suis généreux ! Dans de tel<strong>le</strong>scirconstances, il est impossib<strong>le</strong> que la réconciliation soit sincère de partet d'autre. Non, ce n'est pas là de la générosité, c'est une manière desatisfaire l'orgueil. Dans toute contestation, celui qui se montre <strong>le</strong> plusconciliant, qui prouve <strong>le</strong> plus de désintéressement, de charité et devéritab<strong>le</strong> grandeur d'âme se conciliera toujours la sympathie des gensimpartiaux.S'accorder avec ses adversaires.5. Accordez-vous au plus tôt avec votre adversaire pendant que vous êtes enchemin avec lui, de peur que votre adversaire ne vous livre au juge, et que <strong>le</strong> jugene vous livre au ministre de la justice, et que vous ne soyez mis en prison. - Jevous dis, en vérité, que vous ne sortirez point de là que vous n'ayez payé jusqu'à ladernière obo<strong>le</strong>. (Saint Matthieu, ch. V, v. 25, 26.)6. Il y a dans la pratique du pardon, et dans cel<strong>le</strong> du bien en général,plus qu'un effet moral, il y a aussi un effet matériel. La mort, on <strong>le</strong> sait,ne nous délivre pas de nos ennemis ; <strong>le</strong>s Esprits vindicatifs poursuiventsouvent de <strong>le</strong>ur haine, au-delà de la tombe, ceux contre <strong>le</strong>squels ils ontconservé de la rancune ; c'est pourquoi <strong>le</strong> proverbe qui dit : «Morte labête, mort <strong>le</strong> venin,» est faux quand on l'applique à l'homme. L'Espritmauvais attend que celui à qui il veut du mal soit enchaîné à son corps etmoins libre, pour <strong>le</strong> tourmenter plus faci<strong>le</strong>ment, l'atteindre dans sesintérêts ou dans ses affections <strong>le</strong>s plus chères. Il faut voir dans ce fait lacause de la plupart des cas d'obsession, de ceux surtout qui présententune certaine gravité, comme la subjugation et la possession. L'obsédé et<strong>le</strong> possédé sont donc presque toujours victimes d'une vengeanceantérieure, à laquel<strong>le</strong> ils ont probab<strong>le</strong>ment donné lieu par <strong>le</strong>ur conduite.Dieu <strong>le</strong> permet pour <strong>le</strong>s punir du mal qu'ils ont fait eux-mêmes, ou, s'ilsn'en ont pas fait, pour avoir manqué d'indulgence et de charité en nepardonnant pas. Il importe donc, au point de vue de sa tranquillité future,de réparer au plus tôt <strong>le</strong>s torts que l'on a eus envers son prochain, depardonner à ses ennemis, afin d'éteindre, avant de mourir, tout sujet dedissensions, toute cause fondée d'animosité ultérieure ; par ce moyen,d'un ennemi acharné en ce monde, on peut se faire un ami dans l'autre ;


118 CHAPITRE Xtout au moins on met <strong>le</strong> bon droit de son côté, et Dieu ne laisse pas celuiqui a pardonné en butte à la vengeance. Quand Jésus recommande des'arranger au plus tôt avec son adversaire, ce n'est pas seu<strong>le</strong>ment en vued'apaiser <strong>le</strong>s discordes pendant l'existence actuel<strong>le</strong>, mais d'éviter qu'el<strong>le</strong>sne se perpétuent dans <strong>le</strong>s existences futures. Vous ne sortirez point de là,dit-il, que vous n'ayez payé jusqu'à la dernière obo<strong>le</strong>, c'est-à-dire satisfaitcomplètement à la justice de Dieu.Le sacrifice <strong>le</strong> plus agréab<strong>le</strong> à Dieu.7. Si donc, lorsque vous présentez votre offrande à l'autel, vous vous souvenezque votre frère a quelque chose contre vous, - laissez là votre don au pied del'autel, et al<strong>le</strong>z vous réconcilier auparavant avec votre frère, et puis vousreviendrez offrir votre don. (Saint Matthieu, ch. V, v. 23, 24.)8. Lorsque Jésus dit : «Al<strong>le</strong>z vous réconcilier avec votre frère avant deprésenter votre offrande à l'autel,» il enseigne que <strong>le</strong> sacrifice <strong>le</strong> plusagréab<strong>le</strong> au Seigneur est celui de son propre ressentiment ; qu'avant dese présenter à lui pour être pardonné, il faut avoir soi-même pardonné, etque si l'on a un tort envers un de ses frères, il faut l'avoir réparé ; alorsseu<strong>le</strong>ment l'offrande sera agréée, parce qu'el<strong>le</strong> viendra d'un coeur pur detoute mauvaise pensée. Il matérialise ce précepte, parce que <strong>le</strong>s Juifsoffraient des sacrifices matériels ; il devait conformer ses paro<strong>le</strong>s à <strong>le</strong>ursusages. Le chrétien n'offre pas de dons matériels ; il a spiritualisé <strong>le</strong>sacrifice, mais <strong>le</strong> précepte n'en a que plus de force ; il offre son âme àDieu, et cette âme doit être purifiée ; en entrant dans <strong>le</strong> temp<strong>le</strong> duSeigneur, il doit laisser en dehors tout sentiment de haine et d'animosité,toute mauvaise pensée contre son frère ; alors seu<strong>le</strong>ment sa prière seraportée par <strong>le</strong>s anges aux pieds de l'Eternel. Voilà ce qu'enseigne Jésuspar ces paro<strong>le</strong>s : Laissez votre offrande au pied de l'autel, et al<strong>le</strong>z d'abordvous réconcilier avec votre frère, si vous vou<strong>le</strong>z être agréab<strong>le</strong> auSeigneur.La pail<strong>le</strong> et la poutre dans l'oeil.9. Pourquoi voyez-vous une pail<strong>le</strong> dans l'oeil de votre frère, vous qui ne voyezpas une poutre dans votre oeil ? - Ou comment dites-vous à votre frère : Laissezmoitirer une pail<strong>le</strong> de votre oeil, vous qui avez une poutre dans <strong>le</strong> vôtre ? -Hypocrites, ôtez premièrement la poutre de votre oeil, et alors vous verrezcomment vous pourrez tirer la pail<strong>le</strong> de l'oeil de votre frère. (Saint Matthieu, ch.VII, v. 3, 4, 5.)


BIENHEUREUX CEUX QUI SONT MISERICORDIEUX. 11910. Un des travers de l'humanité, c'est de voir <strong>le</strong> mal d'autrui avant devoir celui qui est en nous. Pour se juger soi-même, il faudrait pouvoir seregarder dans un miroir, se transporter en quelque sorte en dehors de soi,et se considérer comme une autre personne, en se demandant : Quepenserais-je si je voyais quelqu'un faire ce que je fais ? C'estincontestab<strong>le</strong>ment l'orgueil qui porte l'homme à se dissimu<strong>le</strong>r ses propresdéfauts, au moral comme au physique. Ce travers est essentiel<strong>le</strong>mentcontraire à la charité, car la vraie charité est modeste, simp<strong>le</strong> etindulgente ; la charité orgueil<strong>le</strong>use est un non-sens, puisque ces deuxsentiments se neutralisent l'un l'autre. Comment, en effet, un hommeassez vain pour croire à l'importance de sa personnalité et à lasuprématie de ses qualités, peut-il avoir en même temps assezd'abnégation pour faire ressortir, dans autrui, <strong>le</strong> bien qui pourraitl'éclipser, au lieu du mal qui pourrait <strong>le</strong> rehausser ? Si l'orgueil est <strong>le</strong>père de beaucoup de vices, il est aussi la négation de beaucoup devertus ; on <strong>le</strong> retrouve au fond et comme mobi<strong>le</strong> de presque toutes <strong>le</strong>sactions. C'est pourquoi Jésus s'est attaché à <strong>le</strong> combattre comme <strong>le</strong>principal obstac<strong>le</strong> au progrès.Ne jugez pas afin que vous ne soyez pas jugés. Que celui qui est sanspéché lui jette la première pierre.11. Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés ; - car vous serez jugés<strong>selon</strong> que vous aurez jugé <strong>le</strong>s autres ; et on se servira envers vous de la mêmemesure dont vous vous serez servis envers eux. (Saint Matthieu, ch. VII, v. 1, 2.)12. Alors <strong>le</strong>s Scribes et <strong>le</strong>s Pharisiens lui amenèrent une femme qui avait étésurprise en adultère, et la faisant tenir debout au milieu du peup<strong>le</strong>, - ils dirent àJésus : Maître, cette femme vient d'être surprise en adultère ; or, Moïse nousordonne dans la loi de lapider <strong>le</strong>s adultères. Quel est donc sur cela votresentiment ? - Ils disaient ceci en <strong>le</strong> tentant, afin d'avoir de quoi l'accuser. MaisJésus, se baissant, écrivit avec son doigt sur la terre. - Comme ils continuaient àl'interroger, il se <strong>le</strong>va, et <strong>le</strong>ur dit : Que celui d'entre vous qui est sans péché luijette la première pierre. - Puis se baissant de nouveau, il continua à écrire sur laterre. - Mais pour eux, l'ayant entendu par<strong>le</strong>r de la sorte, ils se retirèrent l'un aprèsl'autre, <strong>le</strong>s vieillards sortant <strong>le</strong>s premiers ; et ainsi Jésus demeura seul avec lafemme, qui était au milieu de la place.Alors Jésus, se re<strong>le</strong>vant, lui dit : Femme, où sont vos accusateurs ? Personne nevous a-t-il condamnée ? - El<strong>le</strong> lui dit : Non, Seigneur. Jésus lui répondit : Je nevous condamnerai pas non plus. Al<strong>le</strong>z-vous-en, et à l'avenir ne péchez plus. (SaintJean, ch. VIII, v. de 3 à 11.)


120 CHAPITRE X13. «Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre,» a ditJésus. Cette maxime nous fait un devoir de l'indulgence, parce qu'il n'estpersonne qui n'en ait besoin pour son propre compte. El<strong>le</strong> nous apprendque nous ne devons pas juger <strong>le</strong>s autres plus sévèrement que nous nenous jugeons nous-mêmes, ni condamner en autrui ce que nous excusonsen nous. Avant de reprocher une faute à quelqu'un, voyons si <strong>le</strong> mêmeblâme ne peut retomber sur nous.Le blâme jeté sur la conduite d'autrui peut avoir deux mobi<strong>le</strong>s :réprimer <strong>le</strong> mal, ou discréditer la personne dont on critique <strong>le</strong>s actes ; cedernier motif n'a jamais d'excuse, car c'est de la médisance et de laméchanceté. Le premier peut être louab<strong>le</strong>, et devient même un devoirdans certains cas, puisqu'il en doit résulter un bien, et que sans cela <strong>le</strong>mal ne serait jamais réprimé dans la société ; l'homme, d'ail<strong>le</strong>urs, ne doitilpas aider au progrès de son semblab<strong>le</strong> ? Il ne faudrait donc pas prendredans <strong>le</strong> sens absolu ce principe : «Ne jugez pas, si vous ne vou<strong>le</strong>z pasêtre jugé», car la <strong>le</strong>ttre tue, et l'esprit vivifie.Jésus ne pouvait défendre de blâmer ce qui est mal, puisque lui-mêmenous en a donné l'exemp<strong>le</strong>, et l'a fait en termes énergiques ; mais il avoulu dire que l'autorité du blâme est en raison de l'autorité mora<strong>le</strong> decelui qui <strong>le</strong> prononce ; se rendre coupab<strong>le</strong> de ce que l'on condamne enautrui, c'est abdiquer cette autorité ; c'est de plus s'en<strong>le</strong>ver <strong>le</strong> droit derépression. La conscience intime, du reste, refuse tout respect et toutesoumission volontaire à celui qui, étant investi d'un pouvoir quelconque,vio<strong>le</strong> <strong>le</strong>s lois et <strong>le</strong>s principes qu'il est chargé d'appliquer. Il n'y ad'autorité légitime aux yeux de Dieu, que cel<strong>le</strong> qui s'appuie sur l'exemp<strong>le</strong>qu'el<strong>le</strong> donne du bien ; c'est ce qui ressort éga<strong>le</strong>ment des paro<strong>le</strong>s deJésus.INSTRUCTIONS DES ESPRITS.Pardon des offenses.14. Combien de fois pardonnerai-je à mon frère ? Vous luipardonnerez non pas sept fois, mais septante fois sept fois. Voilà une deces paro<strong>le</strong>s de Jésus qui doivent frapper <strong>le</strong> plus votre intelligence etpar<strong>le</strong>r <strong>le</strong> plus haut à votre coeur. Rapprochez ces paro<strong>le</strong>s de miséricordede l'oraison si simp<strong>le</strong>, si résumée et si grande dans ses aspirations queJésus donne à ses discip<strong>le</strong>s, et vous trouverez toujours la même pensée.Jésus, <strong>le</strong> juste par excel<strong>le</strong>nce, répond à Pierre : Tu pardonneras, maissans limites ; tu pardonneras chaque offense aussi souvent que l'offense


BIENHEUREUX CEUX QUI SONT MISERICORDIEUX. 121te sera faite ; tu enseigneras à tes frères cet oubli de soi-même qui rendinvulnérab<strong>le</strong> contre l'attaque, <strong>le</strong>s mauvais procédés et <strong>le</strong>s injures ; tuseras doux et humb<strong>le</strong> de coeur, ne mesurant jamais ta mansuétude ; tuferas enfin ce que tu désires que <strong>le</strong> Père cé<strong>le</strong>ste fasse pour toi ; n'a-t-ilpas à te pardonner souvent, et compte-t-il <strong>le</strong> nombre de fois que sonpardon descend effacer tes fautes ?Ecoutez donc cette réponse de Jésus, et, comme Pierre, appliquez-la àvous-mêmes ; pardonnez, usez d'indulgence, soyez charitab<strong>le</strong>s,généreux, prodigues même de votre amour. Donnez, car <strong>le</strong> Seigneurvous rendra ; pardonnez, car <strong>le</strong> Seigneur vous pardonnera ; abaissezvous,car <strong>le</strong> Seigneur vous relèvera ; humiliez-vous, car <strong>le</strong> Seigneur vousfera asseoir à sa droite.Al<strong>le</strong>z, mes bien-aimés, étudiez et commentez ces paro<strong>le</strong>s que je vousadresse de la part de Celui qui, du haut des sp<strong>le</strong>ndeurs cé<strong>le</strong>stes, regardetoujours vers vous, et continue avec amour la tâche ingrate qu'il acommencée il y a dix-huit sièc<strong>le</strong>s. Pardonnez donc à vos frères commevous avez besoin qu'on vous pardonne à vous-mêmes. Si <strong>le</strong>urs actesvous ont été personnel<strong>le</strong>ment préjudiciab<strong>le</strong>s, c'est un motif de plus pourêtre indulgents, car <strong>le</strong> mérite du pardon est proportionné à la gravité dumal ; il n'y en aurait aucun à passer sur <strong>le</strong>s torts de vos frères, s'ils nevous avaient fait que des b<strong>le</strong>ssures légères.Spirites, n'oubliez jamais qu'en paro<strong>le</strong>s, comme en actions, <strong>le</strong> pardondes injures ne doit pas être un vain mot. Si vous vous dites spirites,soyez-<strong>le</strong> donc ; oubliez <strong>le</strong> mal qu'on a pu vous faire, et ne pensez qu'àune chose : <strong>le</strong> bien que vous pouvez rendre. Celui qui est entré dans cettevoie ne s'en doit point écarter même par la pensée, car vous êtesresponsab<strong>le</strong>s de vos pensées que Dieu connaît. Faites donc qu'el<strong>le</strong>ssoient dépouillées de tout sentiment de rancune ; Dieu sait ce quidemeure au fond du coeur de chacun. Heureux donc celui qui peutchaque soir s'endormir en disant : Je n'ai rien contre mon prochain.(SIMEON. Bordeaux, 1862.)15. Pardonner à ses ennemis, c'est demander pardon pour soi-même ;pardonner à ses amis, c'est <strong>le</strong>ur donner une preuve d'amitié ; pardonner<strong>le</strong>s offenses, c'est montrer qu'on devient meil<strong>le</strong>ur. Pardonnez donc, mesamis, afin que Dieu vous pardonne, car si vous êtes durs, exigeants,inf<strong>le</strong>xib<strong>le</strong>s, si vous tenez rigueur même pour une légère offense,comment vou<strong>le</strong>z-vous que Dieu oublie que chaque jour vous avez <strong>le</strong> plusgrand besoin d'indulgence ? Oh ! malheur à celui qui dit : «Je nepardonnerai jamais,» car il prononce sa propre condamnation. Qui sait,


122 CHAPITRE Xd'ail<strong>le</strong>urs, si, en descendant en vous-même, vous n'avez pas étél'agresseur ? Qui sait si, dans cette lutte qui commence par un coupd'éping<strong>le</strong> et finit par une rupture, vous n'avez pas commencé à porter <strong>le</strong>premier coup ? si une paro<strong>le</strong> b<strong>le</strong>ssante ne vous est pas échappée ? sivous avez usé de toute la modération nécessaire ? Sans doute votreadversaire a tort de se montrer trop susceptib<strong>le</strong>, mais c'est une raisonpour vous d'être indulgent et de ne pas mériter <strong>le</strong> reproche que vous luiadressez. Admettons que vous ayez été réel<strong>le</strong>ment l'offensé dans unecirconstance, qui dit que vous n'avez pas envenimé la chose par desreprésail<strong>le</strong>s, et que vous n'avez pas fait dégénérer en querel<strong>le</strong> sérieuse cequi aurait pu faci<strong>le</strong>ment tomber dans l'oubli ? S'il dépendait de vous d'enempêcher <strong>le</strong>s suites, et si vous ne l'avez pas fait, vous êtes coupab<strong>le</strong>.Admettons enfin que vous n'ayez absolument aucun reproche à vousfaire, vous n'en aurez que plus de mérite à vous montrer clément.Mais il y a deux manières bien différentes de pardonner : il y a <strong>le</strong>pardon des lèvres et <strong>le</strong> pardon du coeur. Bien des gens disent de <strong>le</strong>uradversaire : «Je lui pardonne,» tandis qu'intérieurement ils éprouvent unsecret plaisir du mal qui lui arrive, disant en eux-mêmes qu'il n'a que cequ'il mérite. Combien disent : «Je pardonne» et qui ajoutent : «mais je neme réconcilierai jamais ; je ne <strong>le</strong> reverrai de ma vie.» Est-ce là <strong>le</strong> pardon<strong>selon</strong> l'Evangi<strong>le</strong> ? Non ; <strong>le</strong> véritab<strong>le</strong> pardon, <strong>le</strong> pardon chrétien, est celuiqui jette un voi<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> passé ; c'est <strong>le</strong> seul dont il vous sera tenu compte,car Dieu ne se contente pas de l'apparence : il sonde <strong>le</strong> fond des coeurs et<strong>le</strong>s plus secrètes pensées ; on ne lui en impose pas par des paro<strong>le</strong>s et devains simulacres. L'oubli comp<strong>le</strong>t et absolu des offenses est <strong>le</strong> propre desgrandes âmes ; la rancune est toujours un signe d'abaissement etd'infériorité. N'oubliez pas que <strong>le</strong> vrai pardon se reconnaît aux actes bienplus qu'aux paro<strong>le</strong>s. (PAUL apôtre. Lyon, 1861.)L'indulgence.16. Spirites, nous voulons vous par<strong>le</strong>r aujourd'hui de l'indulgence, cesentiment si doux, si fraternel que tout homme doit avoir pour ses frères,mais dont bien peu font usage.L'indulgence ne voit point <strong>le</strong>s défauts d'autrui, ou si el<strong>le</strong> <strong>le</strong>s voit, el<strong>le</strong>se garde d'en par<strong>le</strong>r, de <strong>le</strong>s colporter ; el<strong>le</strong> <strong>le</strong>s cache au contraire, afinqu'ils ne soient connus que d'el<strong>le</strong> seu<strong>le</strong>, et si la malveillance <strong>le</strong>sdécouvre, el<strong>le</strong> a toujours une excuse prête pour <strong>le</strong>s pallier, c'est-à-direune excuse plausib<strong>le</strong>, sérieuse, et rien de cel<strong>le</strong>s qui ayant l'air d'atténuerla faute la font ressortir avec une perfide adresse.


BIENHEUREUX CEUX QUI SONT MISERICORDIEUX. 123L'indulgence ne s'occupe jamais des actes mauvais d'autrui, à moinsque ce ne soit pour rendre un service, encore a-t-el<strong>le</strong> soin de <strong>le</strong>s atténuerautant que possib<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> ne fait point d'observation choquante, n'a pointde reproches aux lèvres, mais seu<strong>le</strong>ment des conseils, <strong>le</strong> plus souventvoilés. Quand vous jetez la critique, quel<strong>le</strong> conséquence doit-on tirer devos paro<strong>le</strong>s ? c'est que vous, qui blâmez, n'auriez pas fait ce que vousreprochez, c'est que vous va<strong>le</strong>z mieux que <strong>le</strong> coupab<strong>le</strong>. O hommes !quand donc jugerez-vous vos propres coeurs, vos propres pensées, vospropres actes, sans vous occuper de ce que font vos frères ? Quandn'ouvrirez-vous vos yeux sévères que sur vous-mêmes ?Soyez donc sévères envers vous, indulgents envers <strong>le</strong>s autres. Songezà celui qui juge en dernier ressort, qui voit <strong>le</strong>s secrètes pensées dechaque coeur, et qui, par conséquent, excuse souvent <strong>le</strong>s fautes que vousblâmez, ou condamne ce que vous excusez, parce qu'il connaît <strong>le</strong> mobi<strong>le</strong>de tous <strong>le</strong>s actes, et que vous, qui criez si haut : anathème ! auriez peutêtrecommis des fautes plus graves.Soyez indulgents, mes amis, car l'indulgence attire, calme, redresse,tandis que la rigueur décourage, éloigne et irrite. (JOSEPH, Esp. protect.Bordeaux, 1863.)17. Soyez indulgents pour <strong>le</strong>s fautes d'autrui, quel<strong>le</strong>s qu'el<strong>le</strong>s soient ;ne jugez avec sévérité que vos propres actions, et <strong>le</strong> Seigneur userad'indulgence envers vous, comme vous en aurez usé envers <strong>le</strong>s autres.Soutenez <strong>le</strong>s forts : encouragez-<strong>le</strong>s à la persévérance ; fortifiez <strong>le</strong>sfaib<strong>le</strong>s en <strong>le</strong>ur montrant la bonté de Dieu qui compte <strong>le</strong> moindrerepentir ; montrez à tous l'ange de la repentance étendant son ai<strong>le</strong>blanche sur <strong>le</strong>s fautes des humains, et <strong>le</strong>s voilant ainsi aux yeux de celuiqui ne peut voir ce qui est impur. Comprenez tous la miséricorde infiniede votre Père, et n'oubliez jamais de lui dire par votre pensée et surtoutpar vos actes : «Pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnonsà ceux qui nous ont offensés.» Comprenez bien la va<strong>le</strong>ur de ces sublimesparo<strong>le</strong>s ; la <strong>le</strong>ttre n'en est pas seu<strong>le</strong> admirab<strong>le</strong>, mais aussi l'enseignementqu'el<strong>le</strong> renferme.Que demandez-vous au Seigneur en lui demandant votre pardon ? Estceseu<strong>le</strong>ment l'oubli de vos offenses ? oubli qui vous laisse dans <strong>le</strong> néant,car si Dieu se contente d'oublier vos fautes, il ne punit pas, mais nonplus il ne récompense pas. La récompense ne peut être <strong>le</strong> prix du bienque l'on n'a pas fait, et encore moins du mal que l'on a fait, ce mal fût-iloublié ? En lui demandant pardon de vos transgressions, vous luidemandez la faveur de ses grâces pour n'y plus retomber ; la force


124 CHAPITRE Xnécessaire pour entrer dans une voie nouvel<strong>le</strong>, voie de soumission etd'amour dans laquel<strong>le</strong> vous pourrez ajouter la réparation au repentir.Quand vous pardonnez à vos frères, ne vous contentez pas d'étendre <strong>le</strong>voi<strong>le</strong> de l'oubli sur <strong>le</strong>urs fautes ; ce voi<strong>le</strong> est souvent bien transparent àvos yeux ; apportez-<strong>le</strong>ur l'amour en même temps que <strong>le</strong> pardon ; faitespour eux ce que vous demanderez à votre Père cé<strong>le</strong>ste de faire pourvous. Remplacez la colère qui souil<strong>le</strong> par l'amour qui purifie. Prêchezd'exemp<strong>le</strong> cette charité active, infatigab<strong>le</strong>, que Jésus vous a enseignée ;prêchez-la comme il <strong>le</strong> fit lui-même tout <strong>le</strong> temps qu'il vécut sur la terrevisib<strong>le</strong> aux yeux du corps, et comme il la prêche encore sans cessedepuis qu'il n'est plus visib<strong>le</strong> qu'aux yeux de l'esprit. Suivez ce divinmodè<strong>le</strong> ; marchez sur ses traces : el<strong>le</strong>s vous conduiront au lieu de refugeoù vous trouverez <strong>le</strong> repos après la lutte. Comme lui, chargez-vous tousde votre croix, et gravissez pénib<strong>le</strong>ment, mais courageusement votrecalvaire : au sommet est la glorification. (JEAN, év. de Bordeaux, 1862.)18. Chers amis, soyez sévères pour vous-mêmes, indulgents pour <strong>le</strong>sfaib<strong>le</strong>sses des autres ; c'est encore une pratique de la sainte charité quebien peu de personnes observent. Tous vous avez de mauvais penchantsà vaincre, des défauts à corriger, des habitudes à modifier ; tous vousavez un fardeau plus ou moins lourd à déposer pour gravir <strong>le</strong> sommet dela montagne du progrès. Pourquoi donc être si clairvoyants pour <strong>le</strong>prochain et si aveug<strong>le</strong>s pour vous-mêmes ? Quand donc cesserez-vousd'apercevoir dans l'oeil de votre frère <strong>le</strong> fétu de pail<strong>le</strong> qui <strong>le</strong> b<strong>le</strong>sse, sansregarder dans <strong>le</strong> vôtre la poutre qui vous aveug<strong>le</strong> et vous fait marcher dechute en chute ? Croyez-en vos frères <strong>le</strong>s Esprits : Tout homme assezorgueil<strong>le</strong>ux pour se croire supérieur en vertu et en mérite à ses frèresincarnés est insensé et coupab<strong>le</strong>, et Dieu <strong>le</strong> châtiera au jour de sa justice.Le véritab<strong>le</strong> caractère de la charité est la modestie et l'humilité quiconsistent à ne voir que superficiel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s défauts d'autrui pours'attacher à faire valoir ce qu'il y en a lui de bon et de vertueux ; car si <strong>le</strong>coeur humain est un abîme de corruption, il existe toujours dansquelques-uns de ses replis <strong>le</strong>s plus cachés <strong>le</strong> germe de quelques bonssentiments, étincel<strong>le</strong> vivace de l'essence spirituel<strong>le</strong>.Spiritisme, doctrine consolante et bénie, heureux ceux qui teconnaissent et qui mettent à profit <strong>le</strong>s salutaires enseignements desEsprits du Seigneur ! Pour eux, la voie est éclairée, et tout <strong>le</strong> long de laroute ils peuvent lire ces mots qui <strong>le</strong>ur indiquent <strong>le</strong> moyen d'arriver aubut : charité pratique, charité de coeur, charité pour <strong>le</strong> prochain commepour soi-même ; en un mot, charité pour tous et amour de Dieu par-


BIENHEUREUX CEUX QUI SONT MISERICORDIEUX. 125dessus toute chose, parce que l'amour de Dieu résume tous <strong>le</strong>s devoirs, etqu'il est impossib<strong>le</strong> d'aimer réel<strong>le</strong>ment Dieu sans pratiquer la charitédont il fait une loi à toutes ses créatures (DUFETRE, évêque de Nevers.Bordeaux.)19. Personne n'étant parfait, s'ensuit-il que personne n'a <strong>le</strong> droit dereprendre son voisin ?Assurément non, puisque chacun de vous doit travail<strong>le</strong>r au progrès detous, et surtout de ceux dont la tutel<strong>le</strong> vous est confiée ; mais c'est uneraison de <strong>le</strong> faire avec modération, dans un but uti<strong>le</strong>, et, non, comme on<strong>le</strong> fait la plupart du temps, pour <strong>le</strong> plaisir de dénigrer. Dans ce derniercas, <strong>le</strong> blâme est une méchanceté ; dans <strong>le</strong> premier, c'est un devoir que lacharité commande d'accomplir avec tous <strong>le</strong>s ménagements possib<strong>le</strong>s ; etencore <strong>le</strong> blâme qu'on jette sur autrui, doit-on en même temps sel'adresser à soi-même et se demander si on ne <strong>le</strong> mérite pas. (SAINTLOUIS. Paris, 1860.)20. Est-on répréhensib<strong>le</strong> d'observer <strong>le</strong>s imperfections des autres,lorsqu'il n'en peut résulter aucun profit pour eux, et alors qu'on ne <strong>le</strong>sdivulgue pas ?Tout dépend de l'intention ; certainement il n'est pas défendu de voir <strong>le</strong>mal, quand <strong>le</strong> mal existe ; il y aurait même de l'inconvénient à ne voirpartout que <strong>le</strong> bien : cette illusion nuirait au progrès. Le tort est de fairetourner cette observation au détriment du prochain, en <strong>le</strong> décriant sansnécessité dans l'opinion. On serait encore répréhensib<strong>le</strong> de ne <strong>le</strong> faireque pour s'y complaire soi-même avec un sentiment de malveillance etde joie de trouver <strong>le</strong>s autres en défaut. Il en est tout autrement lorsque,jetant un voi<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> mal pour <strong>le</strong> public, on se borne à l'observer pour enfaire son profit personnel, c'est-à-dire pour s'étudier à éviter ce qu'onblâme dans <strong>le</strong>s autres. Cette observation, d'ail<strong>le</strong>urs, n'est-el<strong>le</strong> pas uti<strong>le</strong> aumoraliste ? Comment peindrait-il <strong>le</strong>s travers de l'humanité s'il n'étudiaitpas <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s ? (SAINT LOUIS. Paris, 1860.)21. Est-il des cas où il soit uti<strong>le</strong> de dévoi<strong>le</strong>r <strong>le</strong> mal en autrui ?Cette question est très délicate, et c'est ici qu'il faut faire appel à lacharité bien comprise. Si <strong>le</strong>s imperfections d'une personne ne nuisentqu'à el<strong>le</strong>-même, il n'y a jamais utilité à <strong>le</strong>s faire connaître ; mais si el<strong>le</strong>speuvent porter préjudice à d'autres, il faut préférer l'intérêt du plus grandnombre à l'intérêt d'un seul. Suivant <strong>le</strong>s circonstances, démasquerl'hypocrisie et <strong>le</strong> mensonge peut être un devoir ; car il vaut mieux qu'unhomme tombe que si plusieurs deviennent ses dupes ou ses victimes. En


126 CHAPITRE Xpareil cas, il faut peser la somme des avantages et des inconvénients.(SAINT LOUIS. Paris, 1860.)


CHAPITRE XI-AIMER SON PROCHAIN COMME SOI-MEME.Le plus grand commandement. Faire pour <strong>le</strong>s autres ce que nous voudrions que<strong>le</strong>s autres fissent pour nous. Parabo<strong>le</strong> des créanciers et des débiteurs. - Rendez àCésar ce qui est à César. - Instructions des Esprits : La loi d'amour. - L'égoïsme. -La foi et la charité - Charité envers <strong>le</strong>s criminels. - Doit-on exposer sa vie pour unmalfaiteur ?Le plus grand commandement.1. Les Pharisiens ayant appris qu'il avait fermé la bouche aux Sadducéens,s'assemblèrent ; - et l'un d'eux, qui était docteur de la loi, vint lui faire cettequestion pour <strong>le</strong> tenter : - Maître, quel est <strong>le</strong> plus grand commandement de la loi ?- Jésus <strong>le</strong>ur répondit : Vous aimerez <strong>le</strong> Seigneur votre Dieu de tout votre coeur, detoute votre âme et de tout votre esprit ; c'est <strong>le</strong> plus grand et <strong>le</strong> premiercommandement. Et voici <strong>le</strong> second qui est semblab<strong>le</strong> à celui-là : Vous aimerezvotre prochain comme vous-mêmes. - Toute la loi et <strong>le</strong>s prophètes sont renfermésdans ces deux commandements. (Saint Matthieu, ch. XXII, v. 34 à 40.)2. Faites aux hommes tout ce que vous vou<strong>le</strong>z qu'ils vous fassent ; car c'est la loiet <strong>le</strong>s prophètes. (Id., ch. VII, v. 12.)Traitez tous <strong>le</strong>s hommes de la même manière que vous voudriez qu'ils voustraitassent. (Saint Luc, ch. VI, v. 31.)3. Le royaume des cieux est comparé à un roi qui voulut faire rendre compte àses serviteurs ; - et ayant commencé à <strong>le</strong> faire, on lui en présenta un qui lui devaitdix mil<strong>le</strong> ta<strong>le</strong>nts. - Mais comme il n'avait pas <strong>le</strong>s moyens de <strong>le</strong>s lui rendre, sonmaître commanda qu'on <strong>le</strong> vendît, lui, sa femme et ses enfants, et tout ce qu'ilavait, pour satisfaire à cette dette. - Le serviteur, se jetant à ses pieds, <strong>le</strong> conjurait,en lui disant : Seigneur, ayez un peu de patience, et je vous rendrai <strong>le</strong> tout. - Alors<strong>le</strong> maître de ce serviteur, étant touché de compassion, <strong>le</strong> laissa al<strong>le</strong>r et lui remit sadette. - Mais ce serviteur ne fut pas plutôt sorti, que trouvant un de sescompagnons qui lui devait cent deniers, il <strong>le</strong> prit à la gorge et l'étouffait presque enlui disant : Rends-moi ce que tu me dois. - Et son compagnon, se jetant à ses pieds,<strong>le</strong> conjurait en lui disant : Ayez un peu de patience et je vous rendrai <strong>le</strong> tout. -Mais il ne voulut pas l'écouter ; et il s'en alla, et <strong>le</strong> fit mettre en prison, pour l'ytenir jusqu'à ce qu'il lui rendît ce qu'il lui devait.Les autres serviteurs, ses compagnons, voyant ce qui se passait, en furentextrêmement affligés, et avertirent <strong>le</strong>ur maître de tout ce qui était arrivé. - Alors <strong>le</strong>maître l'ayant fait venir lui dit : Méchant serviteur, je vous avais remis tout ce quevous me deviez, parce que vous m'en aviez prié ; - ne fallait-il donc pas que vouseussiez aussi pitié de votre compagnon, comme j'avais eu pitié de vous. Et son


128 CHAPITRE XImaître, étant ému de colère, <strong>le</strong> livra entre <strong>le</strong>s mains des bourreaux jusqu'à ce qu'ilpayât tout ce qu'il devait.C'est ainsi que mon Père qui est dans <strong>le</strong> ciel vous traitera, si chacun de vous nepardonne du fond de son coeur à son frère <strong>le</strong>s fautes qu'il aura commises contrelui. (Saint Matthieu. ch. XVIII, v. de 23 à 35.)4. «Aimer son prochain comme soi-même ; faire pour <strong>le</strong>s autres ce quenous voudrions que <strong>le</strong>s autres fissent pour nous,» est l'expression la pluscomplète de la charité, car el<strong>le</strong> résume tous <strong>le</strong>s devoirs envers <strong>le</strong>prochain. On ne peut avoir de guide plus sûr à cet égard qu'en prenantpour mesure de ce que l'on doit faire aux autres ce que l'on désire poursoi. De quel droit exigerait-on de ses semblab<strong>le</strong>s plus de bons procédés,d'indulgence, de bienveillance et de dévouement que l'on n'en a soimêmepour eux ? La pratique de ces maximes tend à la destruction del'égoïsme ; quand <strong>le</strong>s hommes <strong>le</strong>s prendront pour règ<strong>le</strong> de <strong>le</strong>ur conduiteet pour base de <strong>le</strong>urs institutions, ils comprendront la véritab<strong>le</strong> fraternité,et feront régner entre eux la paix et la justice ; il n'y aura plus ni hainesni dissensions, mais union, concorde et bienveillance mutuel<strong>le</strong>.Rendez à César ce qui est à César.5. Alors <strong>le</strong>s Pharisiens s'étant retirés firent dessein entre eux de <strong>le</strong> surprendredans ses paro<strong>le</strong>s. - Ils lui envoyèrent donc <strong>le</strong>urs discip<strong>le</strong>s avec <strong>le</strong>s Hérodiens, luidire : Maître, nous savons que vous êtes véritab<strong>le</strong>, et que vous enseignez la voiedu Dieu dans la vérité, sans avoir égard à qui que ce soit, parce que vous neconsidérez point la personne dans <strong>le</strong>s hommes ; - dites-nous donc votre avis surceci : Nous est-il libre de payer <strong>le</strong> tribut à César, ou de ne pas <strong>le</strong> payer ?Mais Jésus, connaissant <strong>le</strong>ur malice, <strong>le</strong>ur dit : Hypocrites, pourquoi me tentezvous? Montrez-moi la pièce d'argent qu'on donne pour <strong>le</strong> tribut. Et eux lui ayantprésenté un denier, Jésus <strong>le</strong>ur dit : De qui est cette image et cette inscription ? - DeCésar, lui dirent-ils. Alors Jésus <strong>le</strong>ur répondit : Rendez donc à César ce qui est àCésar, et à Dieu ce qui est à Dieu.L'ayant entendu par<strong>le</strong>r de la sorte, ils admirèrent sa réponse, et <strong>le</strong> laissant, ils seretirèrent. (Saint Matth., ch. XXII, v. de 15 à 22 ; Saint Marc, ch. XII, v. de 13 à17.)6. La question posée à Jésus était motivée par cette circonstance que<strong>le</strong>s Juifs ayant en horreur <strong>le</strong> tribut qui <strong>le</strong>ur était imposé par <strong>le</strong>s Romains,en avaient fait une question religieuse ; un parti nombreux s'était formépour refuser l'impôt ; <strong>le</strong> payement du tribut était donc pour eux unequestion irritante d'actualité, sans cela la demande faite à Jésus : «Nousest-il libre de payer ou de ne pas payer <strong>le</strong> tribut à César ?» n'aurait eu


AIMER SON PROCHAIN COMME SOI-MEME. 129aucun sens. Cette question était un piège ; car, suivant sa réponse, ilsespéraient exciter contre lui soit l'autorité romaine, soit <strong>le</strong>s Juifsdissidents. Mais «Jésus, connaissant <strong>le</strong>ur malice,» élude la difficulté en<strong>le</strong>ur donnant une <strong>le</strong>çon de justice, et en disant de rendre à chacun ce quilui est dû. (Voir l'introduction, artic<strong>le</strong> : Publicains.)7. Cette maxime : «Rendez à César ce qui est à César,» ne doit points'entendre d'une manière restrictive et absolue. Comme tous <strong>le</strong>senseignements de Jésus, c'est un principe général résumé sous une formepratique et usuel<strong>le</strong>, et déduit d'une circonstance particulière. Ce principeest une conséquence de celui qui dit d'agir envers <strong>le</strong>s autres comme nousvoudrions que <strong>le</strong>s autres agissent envers nous ; il condamne toutpréjudice matériel et moral porté à autrui, toute violation de ses intérêts ;il prescrit <strong>le</strong> respect des droits de chacun, comme chacun désire qu'onrespecte <strong>le</strong>s siens ; il s'étend à l'accomplissement des devoirs contractésenvers la famil<strong>le</strong>, la société, l'autorité, aussi bien qu'envers <strong>le</strong>s individus.INSTRUCTIONS DES ESPRITS.La loi d'amour.8. L'amour résume la doctrine de Jésus tout entière, car c'est <strong>le</strong>sentiment par excel<strong>le</strong>nce, et <strong>le</strong>s sentiments sont <strong>le</strong>s instincts é<strong>le</strong>vés à lahauteur du progrès accompli. A son point de départ, l'homme n'a que desinstincts ; plus avancé et corrompu, il n'a que des sensations ; maisinstruit et purifié, il a des sentiments ; et <strong>le</strong> point exquis du sentiment,c'est l'amour, non l'amour dans <strong>le</strong> sens vulgaire du mot, mais ce so<strong>le</strong>ilintérieur qui condense et réunit dans son ardent foyer tontes <strong>le</strong>saspirations et toutes <strong>le</strong>s révélations surhumaines. La loi d'amourremplace la personnalité par la fusion des êtres ; el<strong>le</strong> anéantit <strong>le</strong>s misèressocia<strong>le</strong>s. Heureux celui qui, dépassant son humanité, aime d'un largeamour ses frères en dou<strong>le</strong>urs ! heureux celui qui aime, car il ne connaîtni la détresse de l'âme, ni cel<strong>le</strong> du corps ; ses pieds sont légers, et il vitcomme transporté hors de lui-même. Lorsque Jésus eut prononcé ce motdivin d'amour, ce mot fit tressaillir <strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>s, et <strong>le</strong>s martyrs, ivresd'espérance, descendirent dans <strong>le</strong> cirque.Le <strong>spiritisme</strong>, à son tour, vient prononcer un second mot de l'alphabetdivin ; soyez attentifs, car ce mot soulève la pierre des tombeaux vides,et la réincarnation, triomphant de la mort, révè<strong>le</strong> à l'homme ébloui sonpatrimoine intel<strong>le</strong>ctuel ; ce n'est plus aux supplices qu'el<strong>le</strong> <strong>le</strong> conduit,


130 CHAPITRE XImais à la conquête de son être, é<strong>le</strong>vé et transfiguré. Le sang a rachetél'Esprit, et l'Esprit doit aujourd'hui racheter l'homme de la matière.J'ai dit qu'à son début l'homme n'a que des instincts ; celui donc en qui<strong>le</strong>s instincts dominent est plus près du point de départ que du but. Pouravancer vers <strong>le</strong> but, il faut vaincre <strong>le</strong>s instincts au profit des sentiments,c'est-à-dire perfectionner ceux-ci en étouffant <strong>le</strong>s germes latents de lamatière. Les instincts sont la germination et <strong>le</strong>s embryons du sentiment ;ils portent avec eux <strong>le</strong> progrès, comme <strong>le</strong> gland recè<strong>le</strong> <strong>le</strong> chêne, et <strong>le</strong>sêtres <strong>le</strong>s moins avancés sont ceux qui, ne dépouillant que peu à peu <strong>le</strong>urchrysalide, demeurent asservis à <strong>le</strong>urs instincts. L'Esprit doit être cultivécomme un champ ; toute la richesse future dépend du labour présent, etplus que des biens terrestres, il vous apportera la glorieuse élévation ;c'est alors que, comprenant la loi d'amour qui unit tons <strong>le</strong>s êtres, vous ychercherez <strong>le</strong>s suaves jouissances de l'âme qui sont <strong>le</strong> prélude des joiescé<strong>le</strong>stes. (LAZARE, Paris, 1862)9. L'amour est d'essence divine, et depuis <strong>le</strong> premier jusqu'au dernier,vous possédez au fond du coeur l'étincel<strong>le</strong> de ce feu sacré. C'est un faitque vous avez pu constater bien des fois : l'homme <strong>le</strong> plus abject, <strong>le</strong> plusvil, <strong>le</strong> plus criminel, a pour un être ou pour un objet quelconque uneaffection vive et ardente, à l'épreuve de tout ce qui tendrait à la diminuer,et atteignant souvent des proportions sublimes.J'ai dit pour un être ou un objet quelconque, parce qu'il existe parmivous des individus qui dépensent des trésors d'amour dont <strong>le</strong>ur coeursurabonde, sur des animaux, sur des plantes, et même sur des objetsmatériels : espèces de misanthropes se plaignant de l'humanité engénéral, se raidissant contre la pente naturel<strong>le</strong> de <strong>le</strong>ur âme qui chercheautour d'el<strong>le</strong> l'affection et la sympathie ; ils rabaissent la loi d'amour àl'état d'instinct. Mais, quoi qu'ils fassent, ils ne sauraient étouffer <strong>le</strong>germe vivace que Dieu a déposé dans <strong>le</strong>ur coeur à <strong>le</strong>ur création ; cegerme se développe et grandit avec la moralité et l'intelligence, et,quoique souvent comprimé par l'égoïsme, il est la source des saintes etdouces vertus qui font <strong>le</strong>s affections sincères et durab<strong>le</strong>s, et vous aidentà franchir la route escarpée et aride de l'existence humaine.Il est quelques personnes à qui l'épreuve de la réincarnation répugne,en ce sens que d'autres participent aux sympathies affectueuses dont ilssont jaloux. Pauvres frères ! c'est votre affection qui vous rend égoïstes ;votre amour est restreint à un cerc<strong>le</strong> intime de parents ou d'amis, et tous<strong>le</strong>s autres vous sont indifférents. Eh bien ! pour pratiquer la loi d'amourtel<strong>le</strong> que Dieu l'entend, il faut que vous arriviez par degrés à aimer tous


AIMER SON PROCHAIN COMME SOI-MEME. 131vos frères indistinctement. La tâche sera longue et diffici<strong>le</strong>, mais el<strong>le</strong>s'accomplira : Dieu <strong>le</strong> veut, et la loi d'amour est <strong>le</strong> premier et <strong>le</strong> plusimportant précepte de votre nouvel<strong>le</strong> doctrine, parce que c'est cel<strong>le</strong>-làqui doit un jour tuer l'égoïsme sous quelque forme qu'il se présente ; car,outre l'égoïsme personnel, il y a encore l'égoïsme de famil<strong>le</strong>, de caste, denationalité. Jésus a dit : «Aimez votre prochain comme vous-mêmes ;»or, quel<strong>le</strong> est la limite du prochain ? est-ce la famil<strong>le</strong>, la secte, la nation ?Non, c'est l'humanité tout entière. Dans <strong>le</strong>s mondes supérieurs, c'estl'amour mutuel qui harmonise et dirige <strong>le</strong>s Esprits avancés qui <strong>le</strong>shabitent, et votre planète destinée à un progrès prochain, par satransformation socia<strong>le</strong>, verra pratiquer par ses habitants cette sublime loi,ref<strong>le</strong>t de la Divinité.Les effets de la loi d'amour sont l'amélioration mora<strong>le</strong> de la racehumaine et <strong>le</strong> bonheur pendant la vie terrestre. Les plus rebel<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>splus vicieux devront se réformer quand ils verront <strong>le</strong>s bienfaits produitspar cette pratique : Ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pasqui vous fût fait, mais faites-<strong>le</strong>ur au contraire tout <strong>le</strong> bien qu'il est envotre pouvoir de <strong>le</strong>ur faire.Ne croyez pas à la stérilité et à l'endurcissement du coeur humain ; ilcède malgré lui à l'amour vrai ; c'est un aimant auquel il ne peut résister,et <strong>le</strong> contact de et amour vivifie et féconde <strong>le</strong>s germes de cette vertu quiest dans vos coeurs à l'état latent. La terre, séjour d'épreuve et d'exil, seraalors purifiée par ce feu sacré, et verra pratiquer la charité, l'humilité, lapatience, <strong>le</strong> dévouement, l'abnégation, la résignation, <strong>le</strong> sacrifice, toutesvertus fil<strong>le</strong>s de l'amour. Ne vous lassez donc pas d'entendre <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>sde Jean l'Evangéliste ; vous <strong>le</strong> savez, quand l'infirmité et la vieil<strong>le</strong>ssesuspendirent <strong>le</strong> cours de ses prédications, il ne répétait que ces doucesparo<strong>le</strong>s : «Mes petits enfants, aimez-vous <strong>le</strong>s uns <strong>le</strong>s autres.»Chers frères aimés, mettez à profit ces <strong>le</strong>çons ; la pratique en estdiffici<strong>le</strong>, mais l'âme en retire un bien immense. Croyez-moi, faites <strong>le</strong>sublime effort que je vous demande : «Aimez-vous,» vous verrez bientôtla terre transformée et devenir l'Elysée où <strong>le</strong>s âmes des justes viendrontgoûter <strong>le</strong> repos. (FENELON. Bordeaux, 1861.)10. Mes chers condiscip<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s Esprits ici présents vous disent par mavoix : Aimez bien, afin d'être aimés. Cette pensée est si juste, que voustrouverez en el<strong>le</strong> tout ce qui conso<strong>le</strong> et calme <strong>le</strong>s peines de chaque jour ;ou plutôt, en pratiquant cette sage maxime, vous vous élèverez tel<strong>le</strong>mentau-dessus de la matière, que vous vous spiritualiserez avant votredépouil<strong>le</strong>ment terrestre. Les études spirites ayant développé chez vous la


132 CHAPITRE XIcompréhension de l'avenir, vous avez une certitude : l'avancement versDieu, avec toutes <strong>le</strong>s promesses qui répondent aux aspirations de votreâme ; aussi devez-vous vous é<strong>le</strong>ver assez haut pour juger sans <strong>le</strong>sétreintes de la matière, et ne pas condamner votre prochain avant d'avoirreporté votre pensée vers Dieu.Aimer, dans <strong>le</strong> sens profond du mot, c'est être loyal, probe,consciencieux, pour faire aux autres ce que l'on voudrait pour soimême; c'est chercher autour de soi <strong>le</strong> sens intime de toutes <strong>le</strong>s dou<strong>le</strong>ursqui accab<strong>le</strong>nt vos frères pour y apporter un adoucissement ; c'estregarder la grande famil<strong>le</strong> humaine comme la sienne, car cette famil<strong>le</strong>,vous la retrouverez dans une certaine période, en des mondes plusavancés, et <strong>le</strong>s Esprits qui la composent sont, comme vous, enfants deDieu, marqués au front pour s'é<strong>le</strong>ver vers l'infini. C'est pour cela quevous ne pouvez refuser à vos frères ce que Dieu vous a libéra<strong>le</strong>mentdonné, parce que, de votre côté, vous seriez bien aises que vos frèresvous donnassent ce dont vous auriez besoin. A toutes <strong>le</strong>s souffrancesdonnez donc une paro<strong>le</strong> d'espérance et d'appui, afin que vous soyez toutamour, toute justice.Croyez que cette sage paro<strong>le</strong> : «Aimez bien pour être aimés,» fera sonchemin ; el<strong>le</strong> est révolutionnaire, et suit la route qui est fixe, invariab<strong>le</strong>.Mais vous avez déjà gagné, vous qui m'écoutez ; vous êtes infinimentmeil<strong>le</strong>urs qu'il y a cent ans ; vous avez tel<strong>le</strong>ment changé à votre avantageque vous acceptez sans conteste une fou<strong>le</strong> d'idées nouvel<strong>le</strong>s sur la libertéet la fraternité que vous eussiez rejetées jadis ; or, dans cent ans d'ici,vous accepterez avec la même facilité cel<strong>le</strong>s qui n'ont pu encore entrerdans votre cerveau.Aujourd'hui que <strong>le</strong> mouvement spirite a fait un grand pas, voyez avecquel<strong>le</strong> rapidité <strong>le</strong>s idées de justice et de rénovation renfermées dans <strong>le</strong>sdictées des Esprits sont acceptées par la moyenne partie du mondeintelligent ; c'est que ces idées répondent à tout ce qu'il y a de divin envous ; c'est que vous êtes préparés par une semence féconde : cel<strong>le</strong> dusièc<strong>le</strong> dernier, qui a implanté dans la société <strong>le</strong>s grandes idées deprogrès ; et comme tout s'enchaîne sous <strong>le</strong> doigt du Très-Haut, toutes <strong>le</strong>s<strong>le</strong>çons reçues et acceptées seront renfermées dans cet échange universelde l'amour du prochain ; par lui, <strong>le</strong>s Esprits incarnés jugeant mieux,sentant mieux, se tendront la main des confins de votre planète ; on seréunira pour s'entendre et s'aimer, pour détruire toutes <strong>le</strong>s injustices,toutes <strong>le</strong>s causes de mésintelligence entre <strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>s.


AIMER SON PROCHAIN COMME SOI-MEME. 133Grande pensée de rénovation par <strong>le</strong> <strong>spiritisme</strong>, si bien décrite dans <strong>le</strong>Livre des Esprits, tu produiras <strong>le</strong> grand mirac<strong>le</strong> du sièc<strong>le</strong> à venir, celui dela réunion de tous <strong>le</strong>s intérêts matériels et spirituels des hommes, parl'application de cette maxime bien comprise : Aimez bien, afin d'êtreaimé. (SANSON, ancien membre de la Société spirite de Paris, 1863.)L'égoïsme.11. L'égoïsme, cette plaie de l'humanité, doit disparaître de la terre,dont il arrête <strong>le</strong> progrès moral ; c'est au <strong>spiritisme</strong> qu'est réservée la tâchede la faire monter dans la hiérarchie des mondes. L'égoïsme est donc <strong>le</strong>but vers <strong>le</strong>quel tous <strong>le</strong>s vrais croyants doivent diriger <strong>le</strong>urs armes, <strong>le</strong>ursforces, <strong>le</strong>ur courage ; je dis <strong>le</strong>ur courage, car il en faut plus pour sevaincre soi-même que pour vaincre <strong>le</strong>s autres. Que chacun mette donctous ses soins à <strong>le</strong> combattre en soi, car ce monstre dévorant de toutes <strong>le</strong>sintelligences, cet enfant de l'orgueil est la source de toutes <strong>le</strong>s misèresd'ici-bas. Il est la négation de la charité, et par conséquent <strong>le</strong> plus grandobstac<strong>le</strong> au bonheur des hommes.Jésus vous a donné l'exemp<strong>le</strong> de la charité, et Ponce-Pilate del'égoïsme ; car lorsque <strong>le</strong> Juste va parcourir <strong>le</strong>s saintes stations de sonmartyre, Pilate se lave <strong>le</strong>s mains en disant : Que m'importe ! Il dit auxJuifs : Cet homme est juste, pourquoi vou<strong>le</strong>z-vous <strong>le</strong> crucifier ? etcependant il <strong>le</strong> laisse conduire au supplice.C'est à cet antagonisme de la charité et de l'égoïsme, c'est àl'envahissement de cette lèpre du coeur humain que <strong>le</strong> christianisme doitde n'avoir pas encore accompli toute sa mission. C'est à vous, apôtresnouveaux de la foi et que <strong>le</strong>s Esprits supérieurs éclairent, qu'incombentla tâche et <strong>le</strong> devoir d'extirper ce mal pour donner au christianisme toutesa force et déblayer la route des ronces qui entravent sa marche. Chassezl'égoïsme de la terre pour qu'el<strong>le</strong> puisse graviter dans l'échel<strong>le</strong> desmondes, car il est temps que l'humanité revête sa robe viri<strong>le</strong>, et pour celail faut d'abord <strong>le</strong> chasser de votre coeur. (EMMANUEL. Paris, 1861.)12. Si <strong>le</strong>s hommes s'aimaient d'un commun amour, la charité seraitmieux pratiquée ; mais il faudrait pour cela que vous vous efforçassiezde vous débarrasser de cette cuirasse qui couvre vos coeurs, afin d'êtreplus sensib<strong>le</strong>s envers ceux qui souffrent. La rigidité tue <strong>le</strong>s bonssentiments ; <strong>le</strong> Christ ne se rebutait pas ; celui qui s'adressait à lui, quelqu'il fût, n'était pas repoussé : la femme adultère, <strong>le</strong> criminel étaientsecourus par lui ; il ne craignait jamais que sa propre considération eût à


134 CHAPITRE XIen souffrir. Quand donc <strong>le</strong> prendrez-vous pour modè<strong>le</strong> de toutes vosactions ? Si la charité régnait sur la terre, <strong>le</strong> méchant n'aurait plusd'empire ; il fuirait honteux ; il se cacherait, car il se trouverait déplacépartout. C'est alors que <strong>le</strong> mal disparaîtrait ; soyez bien pénétrés de ceci.Commencez par donner l'exemp<strong>le</strong> vous-mêmes ; soyez charitab<strong>le</strong>senvers tous indistinctement ; efforcez-vous de ne plus remarquer ceuxqui vous regardent avec dédain, et laissez à Dieu <strong>le</strong> soin de toute justice,car chaque jour, dans son royaume, il sépare <strong>le</strong> bon grain de l'ivraie.L'égoïsme est la négation de la charité ; or, sans la charité point derepos dans la société ; je dis plus, point de sécurité ; avec l'égoïsme etl'orgueil, qui se donnent la main, ce sera toujours une course au plusadroit, une lutte d'intérêts où sont foulées aux pieds <strong>le</strong>s plus saintesaffections, où <strong>le</strong>s liens sacrés de la famil<strong>le</strong> ne sont pas même respectés.(PASCAL. Sens, 1862.)La foi et la charité.13. Je vous ai dit dernièrement, mes chers enfants, que la charité sansla foi ne suffisait point pour maintenir parmi <strong>le</strong>s hommes un ordre socialcapab<strong>le</strong> de <strong>le</strong>s rendre heureux. J'aurais dû dire que la charité estimpossib<strong>le</strong> sans la foi. Vous pourrez bien trouver, à la vérité, des élansgénéreux même chez la personne privée de religion, mais cette charitéaustère qui ne s'exerce que par l'abnégation, par <strong>le</strong> sacrifice constant detout intérêt égoïste, il n'y a que la foi qui puisse l'inspirer, car il n'y aqu'el<strong>le</strong> qui nous fasse porter avec courage et persévérance la croix decette vie.Oui, mes enfants, c'est en vain que l'homme avide de jouissancesvoudrait se faire illusion sur sa destinée ici-bas, en soutenant qu'il lui estpermis de ne s'occuper que de son bonheur. Certes, Dieu nous créa pourêtre heureux dans l'éternité ; cependant la vie terrestre doit uniquementservir à notre perfectionnement moral, <strong>le</strong>quel s'acquiert plus faci<strong>le</strong>mentavec l'aide des organes et du monde matériel. Sans compter <strong>le</strong>svicissitudes ordinaires de la vie, la diversité de vos goûts, de vospenchants, de vos besoins, est aussi un moyen de vous perfectionner envous exerçant dans la charité. Car, ce n'est qu'à force de concessions etde sacrifices mutuels que vous pouvez maintenir l'harmonie entre deséléments aussi divers.Vous aurez cependant raison en affirmant que <strong>le</strong> bonheur est destiné àl'homme ici-bas, si vous <strong>le</strong> cherchez, non dans <strong>le</strong>s jouissancesmatériel<strong>le</strong>s, mais dans <strong>le</strong> bien. L'histoire de la chrétienté par<strong>le</strong> de martyrs


AIMER SON PROCHAIN COMME SOI-MEME. 135qui allaient au supplice avec joie ; aujourd'hui, et dans votre société, il nefaut pour être chrétien, ni l'holocauste du martyre, ni <strong>le</strong> sacrifice de lavie, mais uniquement et simp<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> sacrifice de votre égoïsme, devotre orgueil et de votre vanité. Vous triompherez, si la charité vousinspire et si la foi vous soutient. (ESPRIT PROTECTEUR. Cracovie,1861.)Charité envers <strong>le</strong>s criminels.14. La vraie charité est un des plus sublimes enseignements que Dieuait donnés au monde. Il doit exister entre <strong>le</strong>s véritab<strong>le</strong>s discip<strong>le</strong>s de sadoctrine une fraternité complète. Vous devez aimer <strong>le</strong>s malheureux, <strong>le</strong>scriminels, comme des créatures de Dieu, auxquel<strong>le</strong>s <strong>le</strong> pardon et lamiséricorde seront accordés s'ils se repentent, comme à vous-mêmes,pour <strong>le</strong>s fautes que vous commettez contre sa loi. Songez que vous êtesplus répréhensib<strong>le</strong>s, plus coupab<strong>le</strong>s que ceux auxquels vous refusez <strong>le</strong>pardon et la commisération, car souvent ils ne connaissent pas Dieucomme vous <strong>le</strong> connaissez, et il <strong>le</strong>ur sera moins demandé qu'à vous.Ne jugez point, oh ! ne jugez point, mes chers amis, car <strong>le</strong> jugementque vous portez vous sera appliqué plus sévèrement encore, et vous avezbesoin d'indulgence pour <strong>le</strong>s péchés que vous commettez sans cesse. Nesavez-vous pas qu'il y a bien des actions qui sont des crimes aux yeux duDieu de pureté, et que <strong>le</strong> monde ne considère pas même comme desfautes légères ?La vraie charité ne consiste pas seu<strong>le</strong>ment dans l'aumône que vousdonnez, ni même dans <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s de consolation dont vous pouvezl'accompagner ; non, ce n'est pas seu<strong>le</strong>ment ce que Dieu exige de vous.La charité sublime enseignée par Jésus consiste aussi dans labienveillance accordée toujours et en toutes choses à votre prochain.Vous pouvez encore exercer cette sublime vertu sur bien des êtres quin'ont que faire d'aumônes, et que des paro<strong>le</strong>s d'amour, de consolation,d'encouragement amèneront au Seigneur.Les temps sont proches, je <strong>le</strong> dis encore, où la grande fraternitérégnera sur ce globe ; la loi du Christ est cel<strong>le</strong> qui régira <strong>le</strong>s hommes :cel<strong>le</strong>-là seu<strong>le</strong> sera <strong>le</strong> frein et l'espérance, et conduira <strong>le</strong>s âmes aux séjoursbienheureux. Aimez-vous donc comme <strong>le</strong>s enfants d'un même père ; nefaites point de différence entre <strong>le</strong>s autres malheureux, car c'est Dieu quiveut que tous soient égaux ; ne méprisez donc personne ; Dieu permetque de grands criminels soient parmi vous, afin qu'ils vous serventd'enseignement. Bientôt, quand <strong>le</strong>s hommes seront amenés aux vraies


136 CHAPITRE XIlois de Dieu, il n'y aura plus besoin de ces enseignements-là, et tous <strong>le</strong>sEsprits impurs et révoltés seront dispersés dans des mondes inférieursen harmonie avec <strong>le</strong>urs penchants.Vous devez à ceux dont je par<strong>le</strong> <strong>le</strong> secours de vos prières : c'est lavraie charité. Il ne faut point dire d'un criminel : «C'est un misérab<strong>le</strong> ; ilfaut en purger la terre ; la mort qu'on lui inflige est trop douce pour unêtre de cette espèce.» Non, ce n'est point ainsi que vous devez par<strong>le</strong>r.Regardez votre modè<strong>le</strong>, Jésus ; que dirait-il, s'il voyait ce malheureuxprès de lui ? Il <strong>le</strong> plaindrait ; il <strong>le</strong> considérerait comme un malade bienmisérab<strong>le</strong> ; il lui tendrait la main. Vous ne pouvez <strong>le</strong> faire en réalité,mais au moins vous pouvez prier pour lui, assister son Esprit pendant <strong>le</strong>squelques instants qu'il doit encore passer sur votre terre. Le repentir peuttoucher son coeur, si vous priez avec la foi. Il est votre prochain comme<strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur d'entre <strong>le</strong>s hommes ; son âme égarée et révoltée est créée,comme la vôtre, pour se perfectionner ; aidez-<strong>le</strong> donc à sortir du bourbieret priez pour lui. (ELISABETH DE FRANCE. Le Havre, 1862.)15. Un homme est en danger de mort ; pour <strong>le</strong> sauver, il faut exposersa vie ; mais on sait que cet homme est un malfaiteur, et que, s'il enréchappe, il pourra commettre de nouveaux crimes. Doit-on, malgrécela, s'exposer pour <strong>le</strong> sauver ?Ceci est une question fort grave et qui peut se présenter naturel<strong>le</strong>mentà l'esprit. Je répondrai <strong>selon</strong> mon avancement moral, puisque nous ensommes sur ce point de savoir si l'on doit exposer sa vie même pour unmalfaiteur. Le dévouement est aveug<strong>le</strong> : on secourt un ennemi, on doitdonc secourir l'ennemi de la société, un malfaiteur en un mot. Croyezvousque ce soit seu<strong>le</strong>ment à la mort que l'on court arracher cemalheureux ? c'est peut-être à sa vie passée tout entière. Car, songez-y,dans ces rapides instants qui lui ravissent <strong>le</strong>s dernières minutes de la vie,l'homme perdu revient sur sa vie passée, ou plutôt el<strong>le</strong> se dresse devantlui. La mort, peut-être, arrive trop tôt pour lui ; la réincarnation pourraêtre terrib<strong>le</strong> ; élancez-vous donc, hommes ! vous que la science spirite aéclairés ; élancez-vous, arrachez-<strong>le</strong> à sa damnation, et alors, peut-être,cet homme qui serait mort en vous blasphémant se jettera dans vos bras.Toutefois, il ne faut pas vous demander s'il <strong>le</strong> fera ou s'il ne <strong>le</strong> fera point,mais al<strong>le</strong>r à son secours, car, en <strong>le</strong> sauvant, vous obéissez à cette voix ducoeur qui vous dit : «Tu peux <strong>le</strong> sauver, sauve-<strong>le</strong> !» (LAMENNAIS.Paris, 1862.)


CHAPITRE XII-AIMEZ VOS ENNEMIS.Rendre <strong>le</strong> bien pour <strong>le</strong> mal. - Les ennemis désincarnés. - Si quelqu'un vous afrappé sur la joue droite, présentez-lui encore l'autre. - Instructions des Esprits :La vengeance. - La haine. - Le duel.Rendre <strong>le</strong> bien pour <strong>le</strong> mal.1. Vous avez appris qu'il a été dit : Vous aimerez votre prochain et vous haïrezvos ennemis. Et moi je vous dis : Aimez vos ennemis ; faites du bien à ceux quivous haïssent, et priez pour ceux qui vous persécutent et vous calomnient ; afinque vous soyez <strong>le</strong>s enfants de votre Père qui est dans <strong>le</strong>s cieux, qui fait <strong>le</strong>ver sonso<strong>le</strong>il sur <strong>le</strong>s bons et sur <strong>le</strong>s méchants, et fait p<strong>le</strong>uvoir sur <strong>le</strong>s justes et <strong>le</strong>s injustes ;- car si vous n'aimez que ceux qui vous aiment, quel<strong>le</strong> récompense en aurez-vous ?Les publicains ne <strong>le</strong> font-ils pas aussi ? - Et si vous ne saluez que vos frères, quefaites-vous en cela de plus que <strong>le</strong>s autres ? Les païens ne <strong>le</strong> font-ils pas aussi ? - Jevous dis que si votre justice n'est pas plus abondante que cel<strong>le</strong> des Scribes et desPharisiens, vous n'entrerez point dans <strong>le</strong> royaume des cieux. (Saint Matthieu, ch.V, v. 20 et de 43 à 47.)2. Si vous n'aimez que ceux qui vous aiment, quel gré vous en saura-t-on,puisque <strong>le</strong>s gens de mauvaise vie aiment aussi ceux qui <strong>le</strong>s aiment ? - Et si vous nefaites du bien qu'à ceux qui vous en font, quel gré vous en saura-t-on, puisque <strong>le</strong>sgens de mauvaise vie font la même chose ? - Et si vous ne prêtez qu'à ceux de quivous espérez recevoir la même grâce, quel gré vous en saura-t-on, puisque <strong>le</strong>s gensde mauvaise vie s'entre-prêtent de la sorte, pour recevoir <strong>le</strong> même avantage ? -Mais pour vous, aimez vos ennemis, faites du bien à tous, et prêtez sans en rienespérer, et alors votre récompense sera très grande, et vous serez <strong>le</strong>s enfants duTrès-Haut, parce qu'il est bon aux ingrats, et même aux méchants. - Soyez doncp<strong>le</strong>ins de miséricorde, comme votre Dieu est p<strong>le</strong>in de miséricorde. (Saint Luc, ch.VI, v. de 32 à 36.)3. Si l'amour du prochain est <strong>le</strong> principe de la charité, aimer sesennemis en est l'application sublime, car cette vertu est une des plusgrandes victoires remportées sur l'égoïsme et l'orgueil.Cependant on se méprend généra<strong>le</strong>ment sur <strong>le</strong> sens du mot aimer encette circonstance ; Jésus n'a point entendu, par ces paro<strong>le</strong>s, que l'on doitavoir pour son ennemi la tendresse qu'on a pour un frère ou un ami ; latendresse suppose la confiance ; or, on ne peut avoir confiance en celuiqu'on sait nous vouloir du mal ; on ne peut avoir avec lui <strong>le</strong>sépanchements de l'amitié, parce qu'on <strong>le</strong> sait capab<strong>le</strong> d'en abuser ; entre


138 CHAPITRE XIIgens qui se méfient <strong>le</strong>s uns des autres, il ne saurait y avoir <strong>le</strong>s élans desympathie qui existent entre ceux qui sont en communion de pensées ;on ne peut enfin avoir <strong>le</strong> même plaisir à se trouver avec un ennemiqu'avec un ami.Ce sentiment même résulte d'une loi physique : cel<strong>le</strong> de l'assimilationet de la répulsion des fluides ; la pensée malveillante dirige un courantfluidique dont l'impression est pénib<strong>le</strong> ; la pensée bienveillante vousenveloppe d'un effluve agréab<strong>le</strong> ; de là la différence des sensations quel'on éprouve à l'approche d'un ami ou d'un ennemi. Aimer ses ennemisne peut donc signifier qu'on ne doit faire aucune différence entre eux et<strong>le</strong>s amis ; ce précepte ne semb<strong>le</strong> diffici<strong>le</strong>, impossib<strong>le</strong> même à pratiquer,que parce qu'on croit faussement qu'il prescrit de <strong>le</strong>ur donner la mêmeplace dans <strong>le</strong> coeur. Si la pauvreté des langues humaines oblige à seservir du même mot pour exprimer diverses nuances de sentiments, laraison doit en faire la différence <strong>selon</strong> <strong>le</strong>s cas.Aimer ses ennemis, ce n'est donc point avoir pour eux une affectionqui n'est pas dans la nature, car <strong>le</strong> contact d'un ennemi fait battre <strong>le</strong> coeurd'une tout autre manière que celui d'un ami ; c'est n'avoir contre eux nihaine, ni rancune, ni désir de vengeance ; c'est <strong>le</strong>ur pardonner sansarrière-pensée et sans condition <strong>le</strong> mal qu'ils nous font ; c'est n'apporteraucun obstac<strong>le</strong> à la réconciliation ; c'est <strong>le</strong>ur souhaiter du bien au lieu de<strong>le</strong>ur souhaiter du mal ; c'est se réjouir au lieu de s'affliger du bien qui<strong>le</strong>ur arrive ; c'est <strong>le</strong>ur tendre une main secourab<strong>le</strong> en cas de besoin ; c'ests'abstenir en paro<strong>le</strong>s et en actions de tout ce qui peut <strong>le</strong>ur nuire ; c'estenfin <strong>le</strong>ur rendre en tout <strong>le</strong> bien pour <strong>le</strong> mal, sans intention de <strong>le</strong>shumilier. Quiconque fait cela remplit <strong>le</strong>s conditions du commandement :Aimez vos ennemis.4. Aimer ses ennemis, est un non-sens pour l'incrédu<strong>le</strong> ; celui pour quila vie présente est tout ne voit dans son ennemi qu'un être nuisib<strong>le</strong>troublant son repos, et dont il croit que la mort seu<strong>le</strong> peut <strong>le</strong> débarrasser ;de là <strong>le</strong> désir de la vengeance ; il n'a aucun intérêt à pardonner, si ce n'estpour satisfaire son orgueil aux yeux du monde ; pardonner même, danscertains cas, lui semb<strong>le</strong> une faib<strong>le</strong>sse indigne de lui ; s'il ne se venge pas,il n'en conserve pas moins de la rancune et un secret désir du mal.Pour <strong>le</strong> croyant, mais pour <strong>le</strong> spirite surtout, la manière de voir est toutautre, parce qu'il porte ses regards sur <strong>le</strong> passé et sur l'avenir, entre<strong>le</strong>squels la vie présente n'est qu'un point ; il sait que, par la destinationmême de la terre, il doit s'attendre à y trouver des hommes méchants etpervers ; que <strong>le</strong>s méchancetés auxquel<strong>le</strong>s il est en butte font partie des


AIMER VOS ENNEMIS. 139épreuves qu'il doit subir, et <strong>le</strong> point de vue é<strong>le</strong>vé où il se place lui rend<strong>le</strong>s vicissitudes moins amères, qu'el<strong>le</strong>s viennent des hommes ou deschoses ; s'il ne murmure pas contre <strong>le</strong>s épreuves, il ne doit pasmurmurer contre ceux qui en sont <strong>le</strong>s instruments ; si, au lieu de seplaindre, il remercie Dieu de l'éprouver, il doit remercier la main qui luifournit l'occasion de montrer sa patience et sa résignation. Cette pensée<strong>le</strong> dispose naturel<strong>le</strong>ment au pardon ; il sent en outre que plus il estgénéreux, plus il grandit à ses propres yeux et se trouve hors de l'atteintedes traits malveillants de son ennemi.L'homme qui occupe un rang é<strong>le</strong>vé dans <strong>le</strong> monde ne se croit pasoffensé par <strong>le</strong>s insultes de celui qu'il regarde comme son inférieur ; ainsien est-il de celui qui s'élève dans <strong>le</strong> monde moral au-dessus del'humanité matériel<strong>le</strong> ; il comprend que la haine et la rancune l'aviliraientet l'abaisseraient ; or, pour être supérieur à son adversaire, il faut qu'il aitl'âme plus grande, plus nob<strong>le</strong>, plus généreuse.Les ennemis désincarnés.5. Le spirite a encore d'autres motifs d'indulgence envers ses ennemis.Il sait d'abord que la méchanceté n'est point l'état permanent deshommes ; qu'el<strong>le</strong> tient à une imperfection momentanée, et que, de mêmeque l'enfant se corrige de ses défauts, l'homme méchant reconnaîtra unjour ses torts, et deviendra bon.Il sait encore que la mort ne <strong>le</strong> délivre que de la présence matériel<strong>le</strong> deson ennemi, mais que celui-ci peut <strong>le</strong> poursuivre de sa haine, mêmeaprès avoir quitté la terre ; qu'ainsi la vengeance manque son but ; qu'el<strong>le</strong>a au contraire pour effet de produire une irritation plus grande qui peutse continuer d'une existence à l'autre. Il appartenait au <strong>spiritisme</strong> deprouver, par l'expérience et la loi qui régit <strong>le</strong>s rapports du monde visib<strong>le</strong>et du monde invisib<strong>le</strong>, que l'expression : Eteindre la haine dans <strong>le</strong> sang,est radica<strong>le</strong>ment fausse, et que ce qui est vrai, c'est que <strong>le</strong> sang entretientla haine même au-delà de la tombe ; de donner, par conséquent, uneraison d'être effective et une utilité pratique au pardon, et à la sublimemaxime du Christ : Aimez vos ennemis. Il n'est pas de coeur si perversqui ne soit touché des bons procédés, même à son insu ; par <strong>le</strong>s bonsprocédés, on ôte du moins tout prétexte de représail<strong>le</strong>s ; d'un ennemi, onpeut se faire un ami avant et après sa mort. Par <strong>le</strong>s mauvais procédés onl'irrite, et c'est alors qu'il sert lui-même d'instrument à la justice de Dieupour punir celui qui n'a pas pardonné.


140 CHAPITRE XII6. On peut donc avoir des ennemis parmi <strong>le</strong>s incarnés et parmi <strong>le</strong>sdésincarnés ; <strong>le</strong>s ennemis du monde invisib<strong>le</strong> manifestent <strong>le</strong>urmalveillance par <strong>le</strong>s obsessions et <strong>le</strong>s subjugations auxquel<strong>le</strong>s tant degens sont en butte, et qui sont une variété dans <strong>le</strong>s épreuves de la vie ;ces épreuves, comme <strong>le</strong>s autres, aident à l'avancement et doivent êtreacceptées avec résignation, et comme conséquence de la natureinférieure du globe terrestre ; s'il n'y avait pas des hommes mauvais surla terre, il n'y aurait pas d'Esprits mauvais autour de la terre. Si donc ondoit avoir de l'indulgence et de la bienveillance pour des ennemisincarnés, on doit en avoir éga<strong>le</strong>ment pour ceux qui sont désincarnés.Jadis on sacrifiait des victimes sanglantes pour apaiser <strong>le</strong>s dieuxinfernaux, qui n'étaient autres que <strong>le</strong>s Esprits méchants. Aux dieuxinfernaux ont succédé <strong>le</strong>s démons, qui sont la même chose. Le <strong>spiritisme</strong>vient prouver que ces démons ne sont autres que <strong>le</strong>s âmes des hommespervers qui n'ont point encore dépouillé <strong>le</strong>s instincts matériels ; qu'on ne<strong>le</strong>s apaise que par <strong>le</strong> sacrifice de sa haine, c'est-à-dire par la charité ;que la charité n'a pas seu<strong>le</strong>ment pour effet de <strong>le</strong>s empêcher de faire <strong>le</strong>mal, mais de <strong>le</strong>s ramener dans la voie du bien, et de contribuer à <strong>le</strong>ursalut. C'est ainsi que la maxime : Aimez vos ennemis, n'est pointcirconscrite au cerc<strong>le</strong> étroit de la terre et de la vie présente, mais qu'el<strong>le</strong>rendre dans la grande loi de la solidarité et de la fraternité universel<strong>le</strong>s.Si quelqu'un vous a frappé sur la joue droite, présentez-lui encorel'autre.7. Vous avez appris qu'il a été dit : oeil pour oeil, et dent pour dent. - Et moi jevous dis de ne point résister au mal que l'on veut vous faire ; mais si quelqu'unvous a frappé sur la joue droite, présentez-lui encore l'autre ; - et si quelqu'unveut plaider contre vous pour prendre votre robe, abandonnez-lui encore votremanteau ; - et si quelqu'un veut vous contraindre de faire mil<strong>le</strong> pas avec lui, faitesenencore deux mil<strong>le</strong>. - Donnez à celui qui vous demande, et ne rejetez point celuiqui veut emprunter de vous. (Saint Matthieu, ch. V, v. de 38 à 42.)8. Les préjugés du monde, sur ce que l'on est convenu d'appe<strong>le</strong>r <strong>le</strong>point d'honneur, donnent cette susceptibilité ombrageuse, née del'orgueil et de l'exaltation de la personnalité, qui porte l'homme à rendreinjure pour injure, b<strong>le</strong>ssure pour b<strong>le</strong>ssure, ce qui semb<strong>le</strong> la justice pourcelui dont <strong>le</strong> sens moral ne s'élève pas au-dessus des passions terrestres ;c'est pourquoi la loi mosaïque disait : oeil pour oeil, dent pour dent, loien harmonie avec <strong>le</strong> temps où vivait Moïse. Christ est venu qui a dit :Rendez <strong>le</strong> bien pour <strong>le</strong> mal. Il dit de plus : «Ne résistez point au mal


AIMER VOS ENNEMIS. 141qu'on veut vous faire ; si l'on vous frappe sur une joue, tendez l'autre.»A l'orgueil<strong>le</strong>ux, cette maxime semb<strong>le</strong> une lâcheté, car il ne comprend pasqu'il y ait plus de courage à supporter une insulte qu'à se venger, et celatoujours par cette cause qui fait que sa vue ne se porte pas au-delà duprésent. Faut-il, cependant, prendre cette maxime à la <strong>le</strong>ttre ? Non, pasplus que cel<strong>le</strong> qui dit d'arracher son oeil, s'il est une occasion descanda<strong>le</strong> ; poussée dans toutes ses conséquences, ce serait condamnertoute répression, même léga<strong>le</strong>, et laisser <strong>le</strong> champ libre aux méchants en<strong>le</strong>ur ôtant toute crainte ; si l'on n'opposait un frein à <strong>le</strong>urs agressions,bientôt tous <strong>le</strong>s bons seraient <strong>le</strong>urs victimes. L'instinct même deconservation, qui est une loi de nature, dit qu'il ne faut pas tendrebénévo<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> cou à l'assassin. Par ces paro<strong>le</strong>s Jésus n'a donc pointinterdit la défense, mais condamné la vengeance. En disant de tendreune joue quand l'autre est frappée, c'est dire, sous une autre forme, qu'ilne faut pas rendre <strong>le</strong> mal pour <strong>le</strong> mal ; que l'homme doit accepter avechumilité tout ce qui tend à rabaisser son orgueil ; qu'il est plus glorieuxpour lui d'être frappé que de frapper, de supporter patiemment uneinjustice que d'en commettre une lui-même ; qu'il vaut mieux être trompéque trompeur, être ruiné que de ruiner <strong>le</strong>s autres. C'est en même temps lacondamnation du duel, qui n'est autre qu'une manifestation de l'orgueil.La foi en la vie future et en la justice de Dieu, qui ne laisse jamais <strong>le</strong> malimpuni, peut seu<strong>le</strong> donner la force de supporter patiemment <strong>le</strong>s atteintesportées à nos intérêts et à notre amour-propre ; c'est pourquoi nousdisons sans cesse : Portez vos regards en avant ; plus vous vous élèverezpar la pensée au-dessus de la vie matériel<strong>le</strong>, moins vous serez froisséspar <strong>le</strong>s choses de la terre.INSTRUCTIONS DES ESPRITS.La vengeance.9. La vengeance est une dernière épave abandonnée par <strong>le</strong>s moeursbarbares qui tendent à s'effacer du milieu des hommes. El<strong>le</strong> est, avec <strong>le</strong>duel, un des derniers vestiges de ces moeurs sauvages sous <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s sedébattait l'humanité dans <strong>le</strong> commencement de l'ère chrétienne. C'estpourquoi la vengeance est un indice certain de l'état arriéré des hommesqui s'y livrent et des Esprits qui peuvent encore l'inspirer. Donc, mesamis, ce sentiment ne doit jamais faire vibrer <strong>le</strong> coeur de quiconque sedit et s'affirme spirite. Se venger, est, vous <strong>le</strong> savez, tel<strong>le</strong>ment contraire àcette prescription du Christ : «Pardonnez à vos ennemis !» que celui qui


142 CHAPITRE XIIse refuse à pardonner, non seu<strong>le</strong>ment n'est pas spirite, mais il n'est pasmême chrétien. La vengeance est une inspiration d'autant plus funesteque la fausseté et la bassesse sont ses compagnes assidues ; en effet,celui qui s'abandonne à cette fata<strong>le</strong> et aveug<strong>le</strong> passion ne se vengepresque jamais à ciel ouvert. Quand il est <strong>le</strong> plus fort, il fond comme unebête fauve sur celui qu'il appel<strong>le</strong> son ennemi, lorsque la vue de celui-civient enflammer sa passion, sa colère et sa haine. Mais <strong>le</strong> plus souvent ilrevêt une apparence hypocrite, en dissimulant au plus profond de soncoeur <strong>le</strong>s mauvais sentiments qui l'animent ; il prend des cheminsdétournés, il suit dans l'ombre son ennemi sans défiance et attend <strong>le</strong>moment propice pour <strong>le</strong> frapper sans danger ; il se cache de lui tout enl'épiant sans cesse ; il lui tend des pièges odieux et sème à l'occasion <strong>le</strong>poison dans sa coupe. Quand sa haine ne va pas jusqu'à ces extrémités, ill'attaque alors dans son honneur et dans ses affections ; il ne recu<strong>le</strong> pasdevant la calomnie, et ses insinuations perfides, habi<strong>le</strong>ment semées àtous <strong>le</strong>s vents, vont grossissant en chemin. Aussi, lorsque celui qu'ilpoursuit se présente dans <strong>le</strong>s milieux où son souff<strong>le</strong> empoisonné a passé,il est étonné de trouver des visages froids où il rencontrait autrefois desvisages amis et bienveillants ; il est stupéfait quand des mains quirecherchaient la sienne se refusent à la serrer maintenant ; enfin il estanéanti quand ses amis <strong>le</strong>s plus chers et ses proches se détournent ets'enfuient de lui. Ah ! <strong>le</strong> lâche qui se venge ainsi est cent fois pluscoupab<strong>le</strong> que celui qui va droit à son ennemi et l'insulte à visagedécouvert.Arrière donc ces coutumes sauvages ! Arrière ces moeurs d'un autretemps ! Tout spirite qui prétendrait aujourd'hui avoir encore <strong>le</strong> droit dese venger serait indigne de figurer plus longtemps dans la phalange qui apris pour devise : Hors la charité, pas de salut ! Mais non, je ne sauraism'arrêter à une tel<strong>le</strong> idée qu'un membre de la grande famil<strong>le</strong> spiritepuisse jamais à l'avenir céder à l'impulsion de la vengeance autrementque pour pardonner. (JULES OLIVIER. Paris, 1862.)La haine.10. Aimez-vous <strong>le</strong>s uns <strong>le</strong>s autres, et vous serez heureux. Prenezsurtout à tâche d'aimer ceux qui vous inspirent de l'indifférence, de lahaine et du mépris. Le Christ, dont vous devez faire votre modè<strong>le</strong>, vous adonné l'exemp<strong>le</strong> de ce dévouement ; missionnaire d'amour, il a aiméjusqu'à donner son sang et sa vie. Le sacrifice qui vous oblige à aimerceux qui vous outragent et vous persécutent est pénib<strong>le</strong> ; mais c'est


AIMER VOS ENNEMIS. 143précisément ce qui vous rend supérieurs à eux ; si vous <strong>le</strong>s haïssezcomme ils vous haïssent, vous ne va<strong>le</strong>z pas mieux qu'eux ; c'est l'hostiesans tache offerte à Dieu sur l'autel de vos coeurs, hostie d'agréab<strong>le</strong>odeur, dont <strong>le</strong>s parfums montent jusqu'à lui. Quoique la loi d'amourveuil<strong>le</strong> que l'on aime indistinctement tous ses frères, el<strong>le</strong> ne cuirasse pas<strong>le</strong> coeur contre <strong>le</strong>s mauvais procédés ; c'est au contraire l'épreuve la pluspénib<strong>le</strong>, je <strong>le</strong> sais, puisque pendant ma dernière existence terrestre j'aiéprouvé cette torture ; mais Dieu est là, et il punit dans cette vie et dansl'autre ceux qui faillissent à la loi d'amour. N'oubliez pas, mes chersenfants, que l'amour rapproche de Dieu, et que la haine en éloigne.(FENELON. Bordeaux, 1861.)Le duel.11. Celui-là seul est véritab<strong>le</strong>ment grand qui, considérant la viecomme un voyage qui doit <strong>le</strong> conduire à un but, fait peu de cas desaspérités du chemin ; il ne se laisse jamais un instant détourner de la voiedroite ; l'oeil sans cesse dirigé vers <strong>le</strong> terme, il lui importe peu que <strong>le</strong>sronces et <strong>le</strong>s épines du sentier menacent de lui faire des égratignures ;el<strong>le</strong>s l'eff<strong>le</strong>urent sans l'atteindre, et il n'en poursuit pas moins sa course.Exposer ses jours pour se venger d'une injure, c'est recu<strong>le</strong>r devant <strong>le</strong>sépreuves de la vie ; c'est toujours un crime aux yeux de Dieu, et si vousn'étiez pas abusés comme vous l'êtes par vos préjugés, ce serait uneridicu<strong>le</strong> et suprême folie aux yeux des hommes.Il y a crime dans l'homicide par <strong>le</strong> duel ; votre législation même <strong>le</strong>reconnaît ; nul n'a <strong>le</strong> droit, dans aucun cas, d'attenter à la vie de sonsemblab<strong>le</strong> ; crime aux yeux de Dieu qui vous a tracé votre ligne deconduite ; ici, plus que partout ail<strong>le</strong>urs, vous êtes juges dans votre proprecause. Souvenez-vous qu'il vous sera pardonné <strong>selon</strong> que vous aurezpardonné vous-mêmes ; par <strong>le</strong> pardon vous vous rapprochez de laDivinité, car la clémence est soeur de la puissance. Tant qu'une goutte desang humain cou<strong>le</strong>ra sur la terre par la main des hommes, <strong>le</strong> vrai règnede Dieu ne sera pas encore arrivé, ce règne de pacification et d'amour quidoit à tout jamais bannir de votre globe l'animosité, la discorde, laguerre. Alors <strong>le</strong> mot duel n'existera plus dans votre langue que commeun lointain et vague souvenir d'un passé qui n'est plus ; <strong>le</strong>s hommes neconnaîtront entre eux d'autre antagonisme que la nob<strong>le</strong> rivalité du bien.(ADOLPHE, évêque d'Alger. Marmande,1861.)


144 CHAPITRE XII12. Le duel peut, sans doute, dans certains cas, être une preuve decourage physique, du mépris de la vie, mais c'est incontestab<strong>le</strong>ment lapreuve d'une lâcheté mora<strong>le</strong>, comme dans <strong>le</strong> suicide. Le suicidé n'a pas<strong>le</strong> courage d'affronter <strong>le</strong>s vicissitudes de la vie : <strong>le</strong> duelliste n'a pas celuid'affronter <strong>le</strong>s offenses. Christ ne vous a-t-il point dit qu'il y a plusd'honneur et de courage à tendre la joue gauche à celui qui a frappé lajoue droite, qu'à se venger d'une injure ? Christ n'a-t-il point dit à Pierreau jardin des Oliviers : «Remettez votre épée dans son fourreau, car celuiqui tuera par l'épée périra par l'épée ?» Par ces paro<strong>le</strong>s, Jésus necondamne-t-il point à jamais <strong>le</strong> duel ? En effet, mes enfants, qu'est-cedonc que ce courage né d'un tempérament vio<strong>le</strong>nt, sanguin et colère,rugissant à la première offense ? Où donc est la grandeur d'âme de celuiqui, à la moindre injure, veut la laver dans <strong>le</strong> sang ? Mais qu'il tremb<strong>le</strong> !car toujours, au fond de sa conscience, une voix lui criera : Caïn ! Caïn !qu'as-tu fait de ton frère ? Il m'a fallu du sang pour sauver mon honneur,dira-t-il à cette voix ; mais el<strong>le</strong> lui répondra : Tu as voulu <strong>le</strong> sauverdevant <strong>le</strong>s hommes pour quelques instants qui te restaient à vivre sur laterre, et tu n'as pas songé à <strong>le</strong> sauver devant Dieu ! Pauvre fou ! que desang vous demanderait donc Christ pour tous <strong>le</strong>s outrages qu'il a reçus !Non seu<strong>le</strong>ment vous l'avez b<strong>le</strong>ssé avec l'épine et la lance, non seu<strong>le</strong>mentvous l'avez attaché à un gibet infamant, mais encore au milieu de sonagonie, il a pu entendre <strong>le</strong>s rail<strong>le</strong>ries qui lui étaient prodiguées. Quel<strong>le</strong>réparation, après tant d'outrages, vous a-t-il demandée ? Le dernier cri del'agneau fut une prière pour ses bourreaux. Oh ! comme lui, pardonnez etpriez pour ceux qui vous offensent.Amis, rappe<strong>le</strong>z-vous ce précepte : «Aimez-vous <strong>le</strong>s uns <strong>le</strong>s autres,» etalors au coup donné par la haine vous répondrez par un sourire, et àl'outrage par <strong>le</strong> pardon. Le monde sans doute se dressera furieux, et voustraitera de lâche ; <strong>le</strong>vez la tête haute, et montrez alors que votre front necraindrait pas, lui aussi, de se charger d'épines à l'exemp<strong>le</strong> du Christ,mais que votre main ne veut point être complice d'un meurtrequ'autorise, soi-disant, un faux-semblant d'honneur qui n'est que del'orgueil et de l'amour-propre. En vous créant, Dieu vous a-t-il donné <strong>le</strong>droit de vie et de mort <strong>le</strong>s uns sur <strong>le</strong>s autres ? Non, il n'a donné ce droitqu'à la nature seu<strong>le</strong>, pour se réformer et se reconstruire ; mais à vous, iln'a pas même permis de disposer de vous-mêmes. Comme <strong>le</strong> suicidé, <strong>le</strong>duelliste sera marqué de sang quand il arrivera à Dieu, et à l'un et àl'autre <strong>le</strong> Souverain Juge prépare de rudes et longs châtiments. S'il amenacé de sa justice celui qui dit à son frère Racca, combien la peine ne


AIMER VOS ENNEMIS. 145sera-t-el<strong>le</strong> pas plus sévère pour celui qui paraîtra devant lui <strong>le</strong>s mainsrougies du sang de son frère ! (SAINT AUGUSTIN. Paris, 1862.)13. Le duel est, comme autrefois ce qu'on appelait <strong>le</strong> jugement deDieu, une de ces institutions barbares qui régissent encore la société.Que diriez-vous cependant si vous voyiez plonger <strong>le</strong>s deux antagonistesdans l'eau bouillante ou soumis au contact d'un fer brûlant pour vider<strong>le</strong>ur querel<strong>le</strong>, et donner raison à celui qui subirait <strong>le</strong> mieux l'épreuve ?vous traiteriez ces coutumes d'insensées. Le duel est encore pis que toutcela. Pour <strong>le</strong> duelliste émérite, c'est un assassinat commis de sang-froidavec toute la préméditation voulue ; car il est sûr du coup qu'il portera ;pour l'adversaire presque certain de succomber en raison de sa faib<strong>le</strong>sseet de son inhabi<strong>le</strong>té, c'est un suicide commis avec la plus froideréf<strong>le</strong>xion. Je sais que souvent on cherche à éviter cette alternativeéga<strong>le</strong>ment criminel<strong>le</strong> en s'en remettant au hasard ; mais alors n'est-cepas, sous une autre forme, en revenir au jugement de Dieu du moyenâge ? Et encore à cette époque était-on infiniment moins coupab<strong>le</strong> ; <strong>le</strong>nom même de jugement de Dieu indique une foi, naïve il est vrai, maisenfin une foi en la justice de Dieu qui ne pouvait laisser succomber uninnocent, tandis que dans <strong>le</strong> duel on s'en remet à la force bruta<strong>le</strong>, de tel<strong>le</strong>sorte que c'est souvent l'offensé qui succombe.O amour-propre stupide, sotte vanité et fol orgueil, quand donc serezvousremplacés par la charité chrétienne, l'amour du prochain etl'humilité dont Christ a donné l'exemp<strong>le</strong> et <strong>le</strong> précepte ? Alors seu<strong>le</strong>mentdisparaîtront ces préjugés monstrueux qui gouvernent encore <strong>le</strong>shommes, et que <strong>le</strong>s lois sont impuissantes à réprimer, parce qu'il ne suffitpas d'interdire <strong>le</strong> mal et de prescrire <strong>le</strong> bien, il faut que <strong>le</strong> principe dubien et l'horreur du mal soient dans <strong>le</strong> coeur de l'homme. (UN ESPRITPROTECTEUR. Bordeaux, 1861.)14. Quel<strong>le</strong> opinion aura-t-on de moi, dites-vous souvent, si je refuse laréparation qui m'est demandée, ou si je n'en demande pas une à celui quim'a offensé ? Les fous, comme vous, <strong>le</strong>s hommes arriérés vousblâmeront ; mais ceux qui sont éclairés par <strong>le</strong> flambeau du progrèsintel<strong>le</strong>ctuel et moral diront que vous agissez <strong>selon</strong> la véritab<strong>le</strong> sagesse.Réfléchissez un peu ; pour une paro<strong>le</strong> souvent dite en l'air ou trèsinoffensive de la part d'un de vos frères, votre orgueil se trouve froissé,vous lui répondez d'une manière piquante, et de là une provocation.Avant d'arriver au moment décisif, vous demandez-vous si vous agissezen chrétien ? quel compte vous devrez à la société si vous la privez d'un


146 CHAPITRE XIIde ses membres ? Pensez-vous au remords d'avoir en<strong>le</strong>vé à une femmeson mari, à une mère son enfant, à des enfants <strong>le</strong>ur père et <strong>le</strong>ur soutien ?Certainement celui qui a fait l'offense doit une réparation ; mais n'est-ilpas plus honorab<strong>le</strong> pour lui de la donner spontanément en reconnaissantses torts, que d'exposer la vie de celui qui a droit de se plaindre ? Quantà l'offensé, je conviens que quelquefois on peut se trouver gravementatteint, soit dans sa personne, soit par rapport à ceux qui nous tiennent deprès ; l'amour-propre n'est plus seu<strong>le</strong>ment en jeu, <strong>le</strong> coeur est b<strong>le</strong>ssé, ilsouffre ; mais outre qu'il est stupide de jouer sa vie contre un misérab<strong>le</strong>capab<strong>le</strong> d'une infamie, est-ce que, celui-ci étant mort, l'affront, quel qu'ilsoit, n'existe plus ? Le sang répandu ne donne-t-il pas plus de renomméeà un fait qui, s'il est faux, doit tomber de lui-même, et qui, s'il est vrai,doit se cacher sous <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce ? Il ne reste donc que la satisfaction de lavengeance assouvie ; hélas ! triste satisfaction qui souvent laisse dèscette vie de cuisants regrets. Et si c'est l'offensé qui succombe, où est laréparation ?Quand la charité sera la règ<strong>le</strong> de conduite des hommes, ilsconformeront <strong>le</strong>urs actes et <strong>le</strong>urs paro<strong>le</strong>s à cette maxime : «Ne faitespoint aux autres ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fît ;» alorsdisparaîtront toutes <strong>le</strong>s causes de dissensions, et avec el<strong>le</strong>s cel<strong>le</strong>s desduels, et des guerres, qui sont <strong>le</strong>s duels de peup<strong>le</strong> à peup<strong>le</strong>.(FRANÇOIS-XAVIER. Bordeaux, 1861.)15. L'homme du monde, l'homme heureux, qui, pour un mot b<strong>le</strong>ssant,une cause légère, joue sa vie qu'il tient de Dieu, joue la vie de sonsemblab<strong>le</strong> qui n'appartient qu'à Dieu, celui-là est plus coupab<strong>le</strong> cent foisque <strong>le</strong> misérab<strong>le</strong> qui, poussé par la cupidité, par <strong>le</strong> besoin quelquefois,s'introduit dans une demeure pour y dérober ce qu'il convoite, et tue ceuxqui s'opposent à son dessein. Ce dernier est presque toujours un hommesans éducation, n'ayant que des notions imparfaites du bien et du mal,tandis que <strong>le</strong> duelliste appartient presque toujours à la classe la pluséclairée ; l'un tue bruta<strong>le</strong>ment, l'autre avec méthode et politesse, ce quifait que la société l'excuse. J'ajoute même que <strong>le</strong> duelliste est infinimentplus coupab<strong>le</strong> que <strong>le</strong> malheureux qui, cédant à un sentiment devengeance, tue dans un moment d'exaspération. Le duelliste n'a pointpour excuse l'entraînement de la passion, car entre l'insulte et laréparation il a toujours <strong>le</strong> temps de réfléchir ; il agit donc froidement etde dessein prémédité ; tout est calculé et étudié pour tuer plus sûrementson adversaire. Il est vrai qu'il expose aussi sa vie, et c'est là ce quiréhabilite <strong>le</strong> duel aux yeux du monde, parce qu'on y voit un acte de


AIMER VOS ENNEMIS. 147courage et un mépris de sa propre vie ; mais y a-t-il du vrai couragequand on est sûr de soi ? Le duel, reste des temps de barbarie où <strong>le</strong> droitdu plus fort faisait la loi, disparaîtra avec une plus saine appréciation duvéritab<strong>le</strong> point d'honneur, et à mesure que l'homme aura une foi plusvive en la vie future. (AUGUSTIN. Bordeaux, 1861.)16. Remarque. - Les duels deviennent de plus en plus rares, et si l'onen voit encore de temps en temps de douloureux exemp<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> nombren'en est pas comparab<strong>le</strong> à ce qu'il était autrefois. Jadis un homme nesortait pas de chez lui sans prévoir une rencontre, aussi prenait-iltoujours ses précautions en conséquence. Un signe caractéristique desmoeurs du temps et des peup<strong>le</strong>s est dans l'usage du port habituel,ostensib<strong>le</strong> ou caché, des armes offensives et défensives ; l'abolition decet usage témoigne de l'adoucissement des moeurs, et il est curieux d'ensuivre la gradation depuis l'époque où <strong>le</strong>s chevaliers ne chevauchaientjamais que bardés de fer et armés de la lance, jusqu'au port d'une simp<strong>le</strong>épée, devenue plutôt une parure et un accessoire du blason qu'une armeagressive. Un autre trait de moeurs, c'est que jadis <strong>le</strong>s combats singuliersavaient lieu en p<strong>le</strong>ine rue, devant la fou<strong>le</strong> qui s'écartait pour laisser <strong>le</strong>champ libre, et qu'aujourd'hui on se cache ; aujourd'hui la mort d'unhomme est un événement, on s'en émeut ; jadis on n'y faisait pasattention. Le Spiritisme emportera ces derniers vestiges de la barbarie, eninculquant aux hommes l'esprit de charité et de fraternité.


CHAPITRE XIII-QUE VOTRE MAIN GAUCHE NE SACHE PAS CE QUEDONNE VOTRE MAIN DROITE.Faire <strong>le</strong> bien sans ostentation. - Les infortunes cachées. - Denier de la veuve. -Convier <strong>le</strong>s pauvres et <strong>le</strong>s estropiés. Obliger sans espoir de retour. - Instructionsdes Esprits : La charité matériel<strong>le</strong> et la charité mora<strong>le</strong>. - La bienfaisance. - La pitié.- Les orphelins. - Bienfaits payés par l'ingratitude. - Bienfaisance exclusive.Faire <strong>le</strong> bien sans ostentation.1. Prenez garde de ne pas faire vos bonnes oeuvres devant <strong>le</strong>s hommes pour enêtre regardés, autrement vous n'en recevrez point la récompense de votre Père quiest dans <strong>le</strong>s cieux. - Lors donc que vous donnerez l'aumône, ne faites point sonnerla trompette devant vous, comme font <strong>le</strong>s hypocrites dans <strong>le</strong>s synagogues et dans<strong>le</strong>s rues pour être honorés des hommes. Je vous dis, en vérité, ils ont reçu <strong>le</strong>urrécompense. - Mais lorsque vous faites l'aumône, que votre main gauche ne sachepas ce que fait votre main droite ; - afin que l'aumône soit dans <strong>le</strong> secret ; et votrePère, qui voit ce qui se passe dans <strong>le</strong> secret, vous en rendra la récompense. (SaintMatthieu, ch. VI, v. de 1 à 4.)2. Jésus étant descendu de la montagne, une grande fou<strong>le</strong> de peup<strong>le</strong> <strong>le</strong> suivit ; -et en même temps un lépreux vint à lui et l'adora en lui disant : Seigneur, si vousvou<strong>le</strong>z, vous pouvez me guérir. - Jésus étendant la main, <strong>le</strong> toucha et lui dit : Je <strong>le</strong>veux, soyez guéri ; et à l'instant la lèpre fut guérie. - Alors Jésus lui dit : Gardezvousbien de par<strong>le</strong>r de ceci à personne ; mais al<strong>le</strong>z vous montrer aux prêtres, etoffrez <strong>le</strong> don prescrit par Moïse, afin que cela <strong>le</strong>ur serve de témoignage. (SaintMatthieu, ch. VIII, v. de 1 à 4.)3. Faire <strong>le</strong> bien sans ostentation est un grand mérite ; cacher la mainqui donne est encore plus méritoire ; c'est <strong>le</strong> signe incontestab<strong>le</strong> d'unegrande supériorité mora<strong>le</strong> : car pour voir <strong>le</strong>s choses de plus haut que <strong>le</strong>vulgaire, il faut faire abstraction de la vie présente et s'identifier avec lavie future ; il faut, en un mot, se placer au-dessus de l'humanité pourrenoncer à la satisfaction que procure <strong>le</strong> témoignage des hommes etattendre l'approbation de Dieu. Celui qui prise <strong>le</strong> suffrage des hommesplus que celui de Dieu, prouve qu'il a plus de foi dans <strong>le</strong>s hommes qu'enDieu, et que la vie présente est plus pour lui que la vie future, ou mêmequ'il ne croit pas à la vie future ; s'il dit <strong>le</strong> contraire, il agit comme s'il necroyait pas à ce qu'il dit.


NE SACHE PAS CE QUE DONNE LA DROITE. 149Combien y en a-t-il qui n'obligent qu'avec l'espoir que l'obligé ira crier<strong>le</strong> bienfait sur <strong>le</strong>s toits ; qui, au grand jour, donneront une grosse somme,et dans l'ombre ne donneraient pas une pièce de monnaie ! C'estpourquoi Jésus a dit : «Ceux qui font <strong>le</strong> bien avec ostentation ont déjàreçu <strong>le</strong>ur récompense ;» en effet, celui qui cherche sa glorification sur laterre par <strong>le</strong> bien qu'il fait, s'est déjà payé lui-même ; Dieu ne lui doit plusrien ; il ne lui reste à recevoir que la punition de son orgueil.Que la main gauche ne sache pas ce que donne la main droite, est unefigure qui caractérise admirab<strong>le</strong>ment la bienfaisance modeste ; mais s'il ya la modestie réel<strong>le</strong>, il y a aussi la modestie jouée, <strong>le</strong> simulacre de lamodestie ; il y a des gens qui cachent la main qui donne, en ayant soind'en laisser passer un bout, regardant si quelqu'un ne la <strong>le</strong>ur voit pascacher. Indigne parodie des maximes du Christ ! Si <strong>le</strong>s bienfaiteursorgueil<strong>le</strong>ux sont dépréciés parmi <strong>le</strong>s hommes, que sera-ce donc auprèsde Dieu ! Ceux-là aussi ont reçu <strong>le</strong>ur récompense sur la terre. On <strong>le</strong>s avus ; ils sont satisfaits d'avoir été vus : c'est tout ce qu'ils auront.Quel<strong>le</strong> sera donc la récompense de celui qui fait peser ses bienfaits surl'obligé, qui lui impose en quelque sorte des témoignages dereconnaissance, lui fait sentir sa position en exaltant <strong>le</strong> prix dessacrifices qu'il s'impose pour lui ? Oh ! pour celui-là, il n'a pas même larécompense terrestre, car il est privé de la douce satisfaction d'entendrebénir son nom, et c'est là un premier châtiment de son orgueil ; <strong>le</strong>slarmes qu'il tarit au profit de sa vanité, au lieu de monter au ciel, sontretombées sur <strong>le</strong> coeur de l'affligé et l'ont ulcéré. Le bien qu'il fait estsans profit pour lui, puisqu'il <strong>le</strong> reproche, car tout bienfait reproché estune monnaie altérée et sans va<strong>le</strong>ur.L'obligeance sans ostentation a un doub<strong>le</strong> mérite ; outre la charitématériel<strong>le</strong>, c'est la charité mora<strong>le</strong> ; el<strong>le</strong> ménage la susceptibilité del'obligé ; el<strong>le</strong> lui fait accepter <strong>le</strong> bienfait sans que son amour-propre ensouffre, et en sauvegardant sa dignité d'homme, car tel acceptera unservice qui ne recevrait pas l'aumône ; or, convertir <strong>le</strong> service en aumônepar la manière dont on <strong>le</strong> rend, c'est humilier celui qui <strong>le</strong> reçoit, et il y atoujours orgueil et méchanceté à humilier quelqu'un. La vraie charité, aucontraire, est délicate et ingénieuse à dissimu<strong>le</strong>r <strong>le</strong> bienfait, à éviterjusqu'aux moindres apparences b<strong>le</strong>ssantes, car tout froissement moralajoute à la souffrance qui naît du besoin ; el<strong>le</strong> sait trouver des paro<strong>le</strong>sdouces et affab<strong>le</strong>s qui mettent l'obligé à son aise en face du bienfaiteur,tandis que la charité orgueil<strong>le</strong>use l'écrase. Le sublime de la vraiegénérosité, c'est lorsque <strong>le</strong> bienfaiteur, changeant de rô<strong>le</strong>, trouve <strong>le</strong>


150 CHAPITRE XIII. - QUE LA MAIN GAUCHEmoyen de paraître lui-même l'obligé vis-à-vis de celui à qui il rendservice. Voilà ce que veu<strong>le</strong>nt dire ces paro<strong>le</strong>s : Que la main gauche nesache pas ce que donne la main droite.Les infortunes cachées.4. Dans <strong>le</strong>s grandes calamités, la charité s'émeut, et l'on voit degénéreux élans pour réparer <strong>le</strong>s désastres ; mais, à côté de ces désastresgénéraux, il y a des milliers de désastres particuliers qui passentinaperçus, des gens qui gisent sur un grabat sans se plaindre. Ce sont cesinfortunes discrètes et cachées que la vraie générosité sait al<strong>le</strong>r découvrirsans attendre qu'el<strong>le</strong>s viennent demander assistance.Quel<strong>le</strong> est cette femme à l'air distingué, à la mise simp<strong>le</strong> quoiquesoignée, suivie d'une jeune fil<strong>le</strong> vêtue aussi modestement ? El<strong>le</strong> entredans une maison de sordide apparence où el<strong>le</strong> est connue sans doute, carà la porte on la salue avec respect. Où va-t-el<strong>le</strong> ? El<strong>le</strong> monte jusqu'à lamansarde : là gît une mère de famil<strong>le</strong> entourée de petits enfants ; à sonarrivée la joie bril<strong>le</strong> sur ces visages amaigris ; c'est qu'el<strong>le</strong> vient calmertoutes ces dou<strong>le</strong>urs ; el<strong>le</strong> apporte <strong>le</strong> nécessaire assaisonné de douces etconsolantes paro<strong>le</strong>s qui font accepter <strong>le</strong> bienfait sans rougir, car cesinfortunés ne sont point des mendiants de profession ; <strong>le</strong> père est àl'hôpital, et pendant ce temps la mère ne peut suffire aux besoins. Grâceà el<strong>le</strong>, ces pauvres enfants n'endureront ni <strong>le</strong> froid ni la faim ; ils iront àl'éco<strong>le</strong> chaudement vêtus, et <strong>le</strong> sein de la mère ne tarira pas pour <strong>le</strong>s pluspetits. S'il en est un de malade parmi eux, aucun soin matériel ne luirépugnera. De là el<strong>le</strong> se rend à l'hospice pour porter au père quelquesdouceurs et <strong>le</strong> tranquilliser sur <strong>le</strong> sort de sa famil<strong>le</strong>. Au coin de la rue,l'attend une voiture, véritab<strong>le</strong> magasin de tout ce qu'el<strong>le</strong> porte à sesprotégés qu'el<strong>le</strong> visite ainsi successivement ; el<strong>le</strong> ne <strong>le</strong>ur demande ni <strong>le</strong>urcroyance, ni <strong>le</strong>ur opinion, car pour el<strong>le</strong> tous <strong>le</strong>s hommes sont frères etenfants de Dieu. Sa tournée finie, el<strong>le</strong> se dit : J'ai bien commencé majournée. Quel est son nom ? où demeure-t-el<strong>le</strong> ? Nul ne <strong>le</strong> sait ; pour <strong>le</strong>smalheureux, c'est un nom qui ne trahit rien ; mais c'est l'ange deconsolation ; et, <strong>le</strong> soir, un concert de bénédictions s'élève pour el<strong>le</strong> vers<strong>le</strong> Créateur : catholiques, juifs, protestants, tous la bénissent.Pourquoi cette mise si simp<strong>le</strong> ? C'est qu'el<strong>le</strong> ne veut pas insulter à lamisère par son luxe. Pourquoi se fait-el<strong>le</strong> accompagner par sa jeunefil<strong>le</strong> ? C'est pour lui apprendre comment on doit pratiquer labienfaisance. Sa fil<strong>le</strong> aussi veut faire la charité, mais sa mère lui dit :«Que peux-tu donner, mon enfant, puisque tu n'as rien à toi ? Si je te


NE SACHE PAS CE QUE DONNE LA DROITE. 151remets quelque chose pour <strong>le</strong> passer à d'autres, quel mérite auras-tu ?C'est en réalité moi qui ferais la charité et toi qui en aurais <strong>le</strong> mérite ; cen'est pas juste. Quand nous allons visiter <strong>le</strong>s malades, tu m'aides à <strong>le</strong>ssoigner ; or, donner des soins, c'est donner quelque chose. Cela ne tesemb<strong>le</strong>-t-il pas suffisant ? rien n'est plus simp<strong>le</strong> ; apprends à faire desouvrages uti<strong>le</strong>s, et tu confectionneras des vêtements pour ces petitsenfants ; de cette façon tu donneras quelque chose venant de toi.» C'estainsi que cette mère vraiment chrétienne forme sa fil<strong>le</strong> à la pratique desvertus enseignées par <strong>le</strong> Christ. Est-el<strong>le</strong> spirite ? Qu'importe !Dans son intérieur, c'est la femme du monde, parce que sa positionl'exige ; mais on ignore ce qu'el<strong>le</strong> fait, parce qu'el<strong>le</strong> ne veut d'autreapprobation que cel<strong>le</strong> de Dieu et de sa conscience. Pourtant un jour unecirconstance imprévue conduit chez el<strong>le</strong> une de ses protégées qui luirapportait de l'ouvrage ; cel<strong>le</strong>-ci la reconnut et voulut bénir sabienfaitrice. «Chut ! lui dit-el<strong>le</strong> ; ne <strong>le</strong> dites à personne.» Ainsi parlaitJésus.Le denier de la veuve.5. Jésus étant assis vis-à-vis du tronc, considérait de quel<strong>le</strong> manière <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> yjetait de l'argent, et que plusieurs gens riches y en mettaient beaucoup. - Il vintaussi une pauvre veuve qui y mit seu<strong>le</strong>ment deux petites pièces de la va<strong>le</strong>ur d'unquart de sou. - Alors Jésus ayant appelé ses discip<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>ur dit : Je vous dis envérité, cette pauvre veuve a plus donné que tous ceux qui ont mis dans <strong>le</strong> tronc ; -car tous <strong>le</strong>s autres ont donné de <strong>le</strong>ur abondance, mais cel<strong>le</strong>-ci a donné de sonindigence, même tout ce qu'el<strong>le</strong> avait et tout ce qui lui restait pour vivre. (SaintMarc, ch. XII, v. de 41 à 44. - Saint Luc, ch. XXI, v. de 1 à 4.)6. Beaucoup de gens regrettent de ne pouvoir faire autant de bienqu'ils <strong>le</strong> voudraient, faute de ressources suffisantes, et s'ils désirent lafortune, c'est, disent-ils, pour en faire un bon usage. L'intention estlouab<strong>le</strong>, sans doute, et peut être très sincère chez quelques-uns ; maisest-il bien certain qu'el<strong>le</strong> soit chez tous complètement désintéressée ? N'yen a-t-il pas qui, tout en souhaitant faire du bien aux autres, seraient bienaises de commencer par s'en faire à eux-mêmes, de se donner quelquesjouissances de plus, de se procurer un peu du superflu qui <strong>le</strong>ur manque,sauf à donner <strong>le</strong> reste aux pauvres ? Cette arrière-pensée, qu'ils sedissimu<strong>le</strong>nt peut-être, mais qu'ils trouveraient au fond de <strong>le</strong>ur coeur s'ilsvoulaient y fouil<strong>le</strong>r, annu<strong>le</strong> <strong>le</strong> mérite de l'intention, car la vraie charitépense aux autres avant de penser à soi. Le sublime de la charité, dans cecas, serait de chercher dans son propre travail, par l'emploi de ses forces,


152 CHAPITRE XIII. - QUE LA MAIN GAUCHEde son intelligence, de ses ta<strong>le</strong>nts, <strong>le</strong>s ressources qui manquent pourréaliser ses intentions généreuses ; là serait <strong>le</strong> sacrifice <strong>le</strong> plus agréab<strong>le</strong>au Seigneur. Malheureusement la plupart rêvent des moyens plus faci<strong>le</strong>sde s'enrichir tout d'un coup et sans peine, en courant après des chimères,comme <strong>le</strong>s découvertes de trésors, une chance aléatoire favorab<strong>le</strong>, <strong>le</strong>recouvrement d'héritages inespérés, etc. Que dire de ceux qui espèrenttrouver, pour <strong>le</strong>s seconder dans <strong>le</strong>s recherches de cette nature, desauxiliaires parmi <strong>le</strong>s Esprits ? Assurément ils ne connaissent ni necomprennent <strong>le</strong> but sacré du <strong>spiritisme</strong>, et encore moins la mission desEsprits, à qui Dieu permet de se communiquer aux hommes ; aussi ensont-ils punis par <strong>le</strong>s déceptions. (Livre des Médiums, n° 294, 295.)Ceux dont l'intention est pure de toute idée personnel<strong>le</strong> doivent seconso<strong>le</strong>r de <strong>le</strong>ur impuissance à faire autant de bien qu'ils <strong>le</strong> voudraientpar la pensée que l'obo<strong>le</strong> du pauvre, qui donne en se privant, pèse plusdans la balance de Dieu que l'or du riche qui donne sans se priver derien. La satisfaction serait grande sans doute de pouvoir largementsecourir l'indigence ; mais si el<strong>le</strong> est refusée, il faut se soumettre et seborner à faire ce qu'on peut. D'ail<strong>le</strong>urs, n'est-ce qu'avec l'or qu'on peuttarir <strong>le</strong>s larmes, et faut-il rester inactif parce qu'on n'en possède pas ?Celui qui veut sincèrement se rendre uti<strong>le</strong> à ses frères en trouve mil<strong>le</strong>occasions ; qu'il <strong>le</strong>s cherche, et il <strong>le</strong>s trouvera ; si ce n'est d'une manière,c'est d'une autre, car il n'est personne, ayant la libre jouissance de sesfacultés, qui ne puisse rendre un service quelconque, donner uneconsolation, adoucir une souffrance physique ou mora<strong>le</strong>, faire unedémarche uti<strong>le</strong> ; à défaut d'argent, chacun n'a-t-il pas sa peine, sontemps, son repos, dont il peut donner une partie ? Là aussi est l'obo<strong>le</strong> dupauvre, <strong>le</strong> denier de la veuve.Convier <strong>le</strong>s pauvres et <strong>le</strong>s estropiés.7. Il dit aussi à celui qui l'avait invité : Lorsque vous donnerez à dîner ou àsouper, n'y conviez ni vos amis, ni vos frères, ni vos parents, ni vos voisins quiseront riches, de peur qu'ils ne vous invitent ensuite à <strong>le</strong>ur tour, et qu'ainsi ils nevous rendent ce qu'ils avaient reçu de vous. - Mais lorsque vous faites un festin,conviez-y <strong>le</strong>s pauvres, <strong>le</strong>s estropiés, <strong>le</strong>s boiteux et <strong>le</strong>s aveug<strong>le</strong>s ; - et vous serezheureux de ce qu'ils n'auront pas <strong>le</strong> moyen de vous <strong>le</strong> rendre ; car cela vous serarendu dans la résurrection des justes.Un de ceux qui étaient à tab<strong>le</strong>, ayant entendu ces paro<strong>le</strong>s, lui dit : Heureux celuiqui mangera du pain dans <strong>le</strong> royaume de Dieu ! (Saint Luc, ch. XIV, v. de 12 à15.)


NE SACHE PAS CE QUE DONNE LA DROITE. 1538. «Lorsque vous faites un festin, dit Jésus, n'y conviez pas vos amis,mais <strong>le</strong>s pauvres et <strong>le</strong>s estropiés.» Ces paro<strong>le</strong>s, absurdes, si on <strong>le</strong>s prendà la <strong>le</strong>ttre, sont sublimes si l'on en cherche l'esprit. Jésus ne peut avoirvoulu dire qu'au lieu de ses amis il faut réunir à sa tab<strong>le</strong> <strong>le</strong>s mendiants dela rue ; son langage était presque toujours figuré, et à des hommesincapab<strong>le</strong>s de comprendre <strong>le</strong>s nuances délicates de la pensée, il fallaitdes images fortes, produisant l'effet des cou<strong>le</strong>urs tranchantes. Le fond desa pensée se révè<strong>le</strong> dans ces mots : «Vous serez heureux de ce qu'ilsn'auront pas <strong>le</strong> moyen de vous <strong>le</strong> rendre ;» c'est dire qu'on ne doit pointfaire <strong>le</strong> bien en vue d'un retour, mais pour <strong>le</strong> seul plaisir de <strong>le</strong> faire. Pourdonner une comparaison saisissante, il dit : Conviez à vos festins <strong>le</strong>spauvres, car vous savez que ceux-là ne pourront rien vous rendre ; et parfestins il faut entendre, non <strong>le</strong>s repas proprement dits, mais laparticipation à l'abondance dont vous jouissez.Cette paro<strong>le</strong> peut cependant aussi recevoir son application dans unsens plus littéral. Que de gens n'invitent à <strong>le</strong>ur tab<strong>le</strong> que ceux quipeuvent, comme ils <strong>le</strong> disent, <strong>le</strong>ur faire honneur, ou qui peuvent <strong>le</strong>sconvier à <strong>le</strong>ur tour ! D'autres, au contraire, trouvent de la satisfaction àrecevoir ceux de <strong>le</strong>urs parents ou amis qui sont moins heureux ; or, quiest-ce qui n'en a pas parmi <strong>le</strong>s siens ? C'est parfois <strong>le</strong>ur rendre un grandservice sans en avoir l'air. Ceux-là, sans al<strong>le</strong>r recruter <strong>le</strong>s aveug<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>sestropiés, pratiquent la maxime de Jésus, s'ils <strong>le</strong> font par bienveillance,sans ostentation, et s'ils savent dissimu<strong>le</strong>r <strong>le</strong> bienfait par une sincèrecordialité.INSTRUCTIONS DES ESPRITS.La charité matériel<strong>le</strong> et la charité mora<strong>le</strong>.9. «Aimons-nous <strong>le</strong>s uns <strong>le</strong>s autres et faisons à autrui ce que nousvoudrions qui nous fût fait.» Toute la religion, toute la mora<strong>le</strong> setrouvent renfermées dans ces deux préceptes ; s'ils étaient suivis ici-bas,vous seriez tous parfaits : plus de haines, plus de dissentiments ; je diraiplus encore : plus de pauvreté, car du superflu de la tab<strong>le</strong> de chaqueriche, bien des pauvres se nourriraient, et vous ne verriez plus, dans <strong>le</strong>ssombres quartiers que j'ai habités pendant ma dernière incarnation, depauvres femmes traînant après el<strong>le</strong>s de misérab<strong>le</strong>s enfants manquant detout.Riches ! pensez un peu à cela ; aidez de votre mieux <strong>le</strong>s malheureux ;donnez, pour que Dieu vous rende un jour <strong>le</strong> bien que vous aurez fait,


154 CHAPITRE XIII. - QUE LA MAIN GAUCHEpour que vous trouviez, au sortir de votre enveloppe terrestre, un cortèged'Esprits reconnaissants qui vous recevront au seuil d'un monde plusheureux.Si vous pouviez savoir la joie que j'ai éprouvée en retrouvant là-hautceux que j'avais pu obliger dans ma dernière vie !...Aimez donc votre prochain ; aimez-<strong>le</strong> comme vous-mêmes, car vous <strong>le</strong>savez maintenant, ce malheureux que vous repoussez est peut-être unfrère, un père, un ami que vous rejetez loin de vous ; et alors quel seravotre désespoir en <strong>le</strong> reconnaissant dans <strong>le</strong> monde des Esprits !Je souhaite que vous compreniez bien ce que peut être la charitémora<strong>le</strong>, cel<strong>le</strong> que chacun peut pratiquer ; cel<strong>le</strong> qui ne coûte rien dematériel, et cependant cel<strong>le</strong> qui est plus diffici<strong>le</strong> à mettre en pratique.La charité mora<strong>le</strong> consiste à se supporter <strong>le</strong>s uns <strong>le</strong>s autres, et c'est ceque vous faites <strong>le</strong> moins, en ce bas monde où vous êtes incarnés pour <strong>le</strong>moment. Il y a un grand mérite, croyez-moi, à savoir se taire pour laisserpar<strong>le</strong>r un plus sot que soi ; et c'est encore là un genre de charité. Savoirêtre sourd quand un mot moqueur s'échappe d'une bouche habituée àrail<strong>le</strong>r ; ne pas voir <strong>le</strong> sourire dédaigneux qui accueil<strong>le</strong> votre entrée chezdes gens qui, souvent à tort, se croient au-dessus de vous, tandis que,dans la vie spirite, la seu<strong>le</strong> réel<strong>le</strong>, ils en sont quelquefois bien loin ; voilàun mérite, non pas d'humilité, mais de charité ; car ne pas remarquer <strong>le</strong>storts d'autrui, c'est la charité mora<strong>le</strong>.Cependant cette charité ne doit pas empêcher l'autre ; mais pensezsurtout à ne pas mépriser votre semblab<strong>le</strong> ; rappe<strong>le</strong>z-vous tout ce que jevous ai déjà dit : Il faut se souvenir sans cesse que, dans <strong>le</strong> pauvrerebuté, vous repoussez peut-être un Esprit qui vous a été cher, et qui setrouve momentanément dans une position inférieure à la vôtre. J'ai revuun des pauvres de votre terre que j'avais pu, par bonheur, obligerquelquefois, et qu'il m'arrive maintenant d'implorer à mon tour.Rappe<strong>le</strong>z-vous que Jésus a dit que nous sommes frères, et penseztoujours à cela avant de repousser <strong>le</strong> lépreux ou <strong>le</strong> mendiant. Adieu ;pensez à ceux qui souffrent, et priez. (SOEUR ROSALIE. Paris, 1860.)10. Mes amis, j'ai entendu plusieurs d'entre vous se dire : Commentpuis-je faire la charité ? souvent je n'ai pas même <strong>le</strong> nécessaire !La charité, mes amis, se fait de bien des manières ; vous pouvez fairela charité en pensées, en paro<strong>le</strong>s et en actions. En pensées : en priantpour <strong>le</strong>s pauvres délaissés qui sont morts sans avoir été à même de voirla lumière ; une prière du coeur <strong>le</strong>s soulage. En paro<strong>le</strong>s : en adressant àvos compagnons de tous <strong>le</strong>s jours quelques bons avis ; dites aux hommes


NE SACHE PAS CE QUE DONNE LA DROITE. 155aigris par <strong>le</strong> désespoir, <strong>le</strong>s privations, et qui blasphèment <strong>le</strong> nom du Très-Haut : «J'étais comme vous ; je souffrais, j'étais malheureux, mais j'ai cruau Spiritisme, et voyez, je suis heureux maintenant.» Aux vieillards quivous diront : «C'est inuti<strong>le</strong> ; je suis au bout de ma carrière ; je mourraicomme j'ai vécu.» Dites à ceux-là : «Dieu a pour nous tous une justiceéga<strong>le</strong> ; rappe<strong>le</strong>z-vous <strong>le</strong>s ouvriers de la dixième heure.» Aux petitsenfants qui, déjà viciés par <strong>le</strong>ur entourage, s'en vont rôder par <strong>le</strong>schemins, tout prêts à succomber aux mauvaises tentations, dites-<strong>le</strong>ur :«Dieu vous voit, mes chers petits,» et ne craignez pas de <strong>le</strong>ur répétersouvent cette douce paro<strong>le</strong> ; el<strong>le</strong> finira par prendre germe dans <strong>le</strong>ur jeuneintelligence, et au lieu de petits vagabonds, vous aurez fait des hommes.C'est encore là une charité.Plusieurs d'entre vous disent aussi : «Bah ! nous sommes si nombreuxsur la terre, Dieu ne peut pas nous voir tous.» Ecoutez bien ceci, mesamis : Quand vous êtes sur <strong>le</strong> sommet d'une montagne, est-ce que votreregard n'embrasse pas <strong>le</strong>s milliards de grains de sab<strong>le</strong> qui couvrent cettemontagne ? Eh bien ! Dieu vous voit de même ; il vous laisse votre librearbitre, comme vous laissez ces grains de sab<strong>le</strong> al<strong>le</strong>r au gré du vent qui<strong>le</strong>s disperse ; seu<strong>le</strong>ment, Dieu, dans sa miséricorde infinie, a mis au fondde votre coeur une sentinel<strong>le</strong> vigilante qu'on appel<strong>le</strong> la conscience.Ecoutez-la ; el<strong>le</strong> ne vous donnera que de bons conseils. Parfois vousl'engourdissez en lui opposant l'esprit du mal ; el<strong>le</strong> se tait alors ; maissoyez sûrs que la pauvre délaissée se fera entendre aussitôt que vous luiaurez laissé apercevoir l'ombre du remords. Ecoutez-la, interrogez-la, etsouvent vous vous trouverez consolés du conseil que vous en aurez reçu.Mes amis, à chaque régiment nouveau <strong>le</strong> général remet un drapeau ; jevous donne, moi, cette maxime du Christ : «Aimez-vous <strong>le</strong>s uns <strong>le</strong>sautres.» Pratiquez cette maxime ; réunissez-vous tous autour de cetétendard, et vous en recevrez <strong>le</strong> bonheur et la consolation. (UN ESPRITPROTECTEUR. Lyon, 1860.)La bienfaisance.11. La bienfaisance, mes amis, vous donnera dans ce monde <strong>le</strong>s pluspures et <strong>le</strong>s plus douces jouissances, <strong>le</strong>s joies du coeur qui ne sonttroublées ni par <strong>le</strong> remords, ni par l'indifférence. Oh ! puissiez-vouscomprendre tout ce que renferme de grand et de doux la générosité desbel<strong>le</strong>s âmes, ce sentiment qui fait que l'on regarde autrui du même oeilque l'on se regarde soi-même, qu'on se dépouil<strong>le</strong> avec joie pour couvrirson frère. Puissiez-vous, mes amis, n'avoir de plus douce occupation que


156 CHAPITRE XIII. - QUE LA MAIN GAUCHEcel<strong>le</strong> de faire des heureux ! Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s fêtes du monde que vouspuissiez comparer à ces fêtes joyeuses, quand, représentants de laDivinité, vous rendez la joie à ces pauvres famil<strong>le</strong>s qui ne connaissent dela vie que <strong>le</strong>s vicissitudes et <strong>le</strong>s amertumes ; quand vous voyez soudainces visages flétris rayonner d'espérance, car ils n'avaient pas de pain, cesmalheureux, et <strong>le</strong>urs petits enfants, ignorant que vivre c'est souffrir,criaient, p<strong>le</strong>uraient et répétaient ces paro<strong>le</strong>s qui s'enfonçaient comme unglaive aigu dans <strong>le</strong> coeur maternel : J'ai faim !... Oh ! comprenezcombien sont délicieuses <strong>le</strong>s impressions de celui qui voit renaître la joielà où, un instant auparavant, il ne voyait que désespoir ! Comprenezquel<strong>le</strong>s sont vos obligations envers vos frères ! Al<strong>le</strong>z, al<strong>le</strong>z au devant del'infortune ; al<strong>le</strong>z au secours des misères cachées surtout, car ce sont <strong>le</strong>splus douloureuses. Al<strong>le</strong>z, mes bien-aimés, et souvenez-vous de cesparo<strong>le</strong>s du Sauveur : «Quand vous vêtirez un de ces petits, songez quec'est à moi que vous <strong>le</strong> faites !»Charité ! mot sublime qui résume toutes <strong>le</strong>s vertus, c'est toi qui doisconduire <strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>s au bonheur ; en te pratiquant, ils se créeront desjouissances infinies pour l'avenir, et pendant <strong>le</strong>ur exil sur la terre, tuseras <strong>le</strong>ur consolation, l'avant-goût des joies qu'ils goûteront plus tardquand ils s'embrasseront tous ensemb<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> sein du Dieu d'amour.C'est toi, vertu divine, qui m'as procuré <strong>le</strong>s seuls moments de bonheurque j'aie goûtés sur la terre. Puissent mes frères incarnés croire la voix del'ami qui <strong>le</strong>ur par<strong>le</strong> et <strong>le</strong>ur dit : C'est dans la charité que vous devezchercher la paix du coeur, <strong>le</strong> contentement de l'âme, <strong>le</strong> remède contre <strong>le</strong>safflictions de la vie. Oh ! quand vous êtes sur <strong>le</strong> point d'accuser Dieu,jetez un regard au-dessous de vous ; voyez que de misères à soulager ;que de pauvres enfants sans famil<strong>le</strong> ; que de vieillards qui n'ont pas unemain amie pour <strong>le</strong>s secourir et <strong>le</strong>ur fermer <strong>le</strong>s yeux quand la mort <strong>le</strong>sréclame ! Que de bien à faire ! Oh ! ne vous plaignez pas ; mais, aucontraire, remerciez Dieu, et prodiguez à p<strong>le</strong>ines mains votre sympathie,votre amour, votre argent à tous ceux qui, déshérités des biens de cemonde, languissent dans la souffrance et dans l'iso<strong>le</strong>ment. Vousrecueil<strong>le</strong>rez ici-bas des joies bien douces, et plus tard... Dieu seul <strong>le</strong>sait !... (ADOLPHE, évêque d'Alger. Bordeaux, 1861.)12. Soyez bons et charitab<strong>le</strong>s, c'est la c<strong>le</strong>f des cieux que vous tenez envos mains ; tout <strong>le</strong> bonheur éternel est renfermé dans cette maxime :Aimez-vous <strong>le</strong>s uns <strong>le</strong>s autres. L'âme ne peut s'é<strong>le</strong>ver dans <strong>le</strong>s régionsspirituel<strong>le</strong>s que par <strong>le</strong> dévouement au prochain ; el<strong>le</strong> ne trouve debonheur et de consolation que dans <strong>le</strong>s élans de la charité ; soyez bons,


NE SACHE PAS CE QUE DONNE LA DROITE. 157soutenez vos frères, laissez de côté l'affreuse plaie de l'égoïsme ; cedevoir rempli doit vous ouvrir la route du bonheur éternel. Du reste, quid'entre vous n'a senti son coeur bondir, sa joie intérieure se dilater aurécit d'un beau dévouement, d'une oeuvre vraiment charitab<strong>le</strong> ? Si vousne recherchiez que la volupté que procure une bonne action, vousresteriez toujours dans <strong>le</strong> chemin du progrès spirituel. Les exemp<strong>le</strong>s nevous manquent pas ; il n'y a que <strong>le</strong>s bonnes volontés qui sont rares.Voyez la fou<strong>le</strong> des hommes de bien dont votre histoire vous rappel<strong>le</strong> <strong>le</strong>pieux souvenir.Le Christ ne vous a-t-il pas dit tout ce qui concerne ces vertus decharité et d'amour ? Pourquoi laisse-t-on de côté ses divinsenseignements ? Pourquoi ferme-t-on l'oreil<strong>le</strong> à ses divines paro<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>coeur à toutes ses douces maximes ? Je voudrais qu'on apportât plusd'intérêt, plus de foi aux <strong>le</strong>ctures évangéliques ; on délaisse ce livre, onen fait un mot creux, une <strong>le</strong>ttre close ; on laisse ce code admirab<strong>le</strong> dansl'oubli : vos maux ne proviennent que de l'abandon volontaire que vousfaites de ce résumé des lois divines. Lisez donc ces pages toutesbrûlantes du dévouement de Jésus, et méditez-<strong>le</strong>s.Hommes forts, ceignez-vous ; hommes faib<strong>le</strong>s, faites-vous des armesde votre douceur, de votre foi ; ayez plus de persuasion, plus deconstance dans la propagation de votre nouvel<strong>le</strong> doctrine ; ce n'est qu'unencouragement que nous sommes venus vous donner, ce n'est que pourstimu<strong>le</strong>r votre zè<strong>le</strong> et vos vertus que Dieu nous permet de nousmanifester à vous ; mais si on voulait, on n'aurait besoin que de l'aide deDieu et de sa propre volonté : <strong>le</strong>s manifestations spirites ne sont faitesque pour <strong>le</strong>s yeux fermés et <strong>le</strong>s coeurs indoci<strong>le</strong>s.La charité est la vertu fondamenta<strong>le</strong> qui doit soutenir tout l'édifice desvertus terrestres ; sans el<strong>le</strong> <strong>le</strong>s autres n'existent pas. Sans la charité pointd'espoir dans un sort meil<strong>le</strong>ur, pas d'intérêt moral qui nous guide ; sansla charité point de foi, car la foi n'est qu'un pur rayon qui fait bril<strong>le</strong>r uneâme charitab<strong>le</strong>.La charité est l'ancre éternel<strong>le</strong> du salut dans tous <strong>le</strong>s globes : c'est laplus pure émanation du Créateur lui-même ; c'est sa propre vertu qu'ildonne à la créature. Comment voudrait-on méconnaître cette suprêmebonté ? Quel serait, avec cette pensée, <strong>le</strong> coeur assez pervers pourrefou<strong>le</strong>r et chasser ce sentiment tout divin ? Quel serait l'enfant assezméchant pour se mutiner contre cette douce caresse : la charité ?Je n'ose pas par<strong>le</strong>r de ce que j'ai fait, car <strong>le</strong>s Esprits ont aussi la pudeurde <strong>le</strong>urs oeuvres ; mais je crois cel<strong>le</strong> que j'ai commencée une de cel<strong>le</strong>s


158 CHAPITRE XIII. - QUE LA MAIN GAUCHEqui doivent <strong>le</strong> plus contribuer au soulagement de vos semblab<strong>le</strong>s. Je voissouvent <strong>le</strong>s Esprits demander pour mission de continuer ma tâche ; je <strong>le</strong>svois, mes douces et chères soeurs, dans <strong>le</strong>ur pieux et divin ministère ; je<strong>le</strong>s vois pratiquer la vertu que je vous recommande, avec toute la joieque procure cette existence de dévouement et de sacrifices ; c'est ungrand bonheur pour moi de voir combien <strong>le</strong>ur caractère est honoré,combien <strong>le</strong>ur mission est aimée et doucement protégée. Hommes debien, de bonne et forte volonté, unissez-vous pour continuer grandementl'oeuvre de propagation de la charité ; vous trouverez la récompense decette vertu par son exercice même ; il n'est pas de joie spirituel<strong>le</strong> qu'el<strong>le</strong>ne donne dès la vie présente. Soyez unis ; aimez-vous <strong>le</strong>s uns <strong>le</strong>s autres<strong>selon</strong> <strong>le</strong>s préceptes du Christ. Ainsi soit-il. (SAINT VINCENT DEPAUL. Paris, 1858.)13. Je me nomme la charité, je suis la route principa<strong>le</strong> qui conduit versDieu ; suivez-moi, car je suis <strong>le</strong> but où vous devez tous viser.J'ai fait ce matin ma tournée habituel<strong>le</strong>, et, <strong>le</strong> coeur navré, je viensvous dire : Oh ! mes amis, que de misères, que de larmes, et combienvous avez à faire pour <strong>le</strong>s sécher toutes ! J'ai vainement cherché àconso<strong>le</strong>r de pauvres mères ; je <strong>le</strong>ur disais à l'oreil<strong>le</strong> : Courage ! il y a debons coeurs qui veil<strong>le</strong>nt sur vous ; on ne vous abandonnera pas ;patience ! Dieu est là ; vous êtes ses aimées, vous êtes ses élues. El<strong>le</strong>sparaissaient m'entendre et tournaient de mon côté de grands yeuxégarés ; je lisais sur <strong>le</strong>ur pauvre visage que <strong>le</strong>ur corps, ce tyran del'Esprit, avait faim, et que si mes paro<strong>le</strong>s rassérénaient un peu <strong>le</strong>ur coeur,el<strong>le</strong>s ne remplissaient pas <strong>le</strong>ur estomac. Je répétais encore : Courage !courage ! Alors une pauvre mère, toute jeune, qui allaitait un petitenfant, l'a pris dans ses bras et l'a tendu dans l'espace vide, comme pourme prier de protéger ce pauvre petit être qui ne prenait à un sein stéri<strong>le</strong>qu'une nourriture insuffisante.Ail<strong>le</strong>urs, mes amis, j'ai vu de pauvres vieillards sans travaux et bientôtsans asi<strong>le</strong>, en proie à toutes <strong>le</strong>s souffrances du besoin, et, honteux de <strong>le</strong>urmisère, n'osant pas, eux qui n'ont jamais mendié, al<strong>le</strong>r implorer la pitiédes passants. Le coeur ému de compassion, moi qui n'ai rien, je me suisfaite mendiante pour eux, et je vais de tous côtés stimu<strong>le</strong>r labienfaisance, souff<strong>le</strong>r de bonnes pensées aux coeurs généreux etcompatissants. C'est pourquoi je viens à vous, mes amis, et je vous dis :Là-bas il y a des malheureux dont la huche est sans pain, <strong>le</strong> foyer sansfeu et <strong>le</strong> lit sans couverture. Je ne vous dis pas ce que vous devez faire ;j'en laisse l'initiative à vos bons coeurs ; si je vous dictais votre ligne de


NE SACHE PAS CE QUE DONNE LA DROITE. 159conduite, vous n'auriez plus <strong>le</strong> mérite de votre bonne action ; je vous disseu<strong>le</strong>ment : Je suis la charité, et je vous tends la main pour vos frèressouffrants.Mais si je demande, je donne aussi et je donne beaucoup ; je vousconvie à un grand banquet, et je fournis l'arbre où vous vous rassasiereztous ! Voyez comme il est beau, comme il est chargé de <strong>le</strong>urs et defruits ! Al<strong>le</strong>z, al<strong>le</strong>z, cueil<strong>le</strong>z, prenez tous <strong>le</strong>s fruits de ce bel arbre quis'appel<strong>le</strong> la bienfaisance. A la place des rameaux que vous aurez pris,j'attacherai toutes <strong>le</strong>s bonnes actions que vous ferez, et je rapporterai cetarbre à Dieu pour qu'il <strong>le</strong> charge de nouveau, car la bienfaisance estinépuisab<strong>le</strong>. Suivez-moi donc, mes amis, afin que je vous compte parmiceux qui s'enrô<strong>le</strong>nt sous ma bannière ; soyez sans crainte ; je vousconduirai dans la voie du salut, car je suis la Charité. (CARITA,martyrisée à Rome. Lyon, 1861.)14. Il y a plusieurs manières de faire la charité que beaucoup d'entrevous confondent avec l'aumône ; il y a pourtant une grande différence.L'aumône, mes amis, est quelquefois uti<strong>le</strong>, car el<strong>le</strong> soulage <strong>le</strong>s pauvres ;mais el<strong>le</strong> est presque toujours humiliante et pour celui qui la fait et pourcelui qui la reçoit. La charité, au contraire, lie <strong>le</strong> bienfaiteur et l'obligé, etpuis el<strong>le</strong> se déguise de tant de manières ! On peut être charitab<strong>le</strong> mêmeavec ses proches, avec ses amis, en étant indulgents <strong>le</strong>s uns envers <strong>le</strong>sautres, en se pardonnant ses faib<strong>le</strong>sses, en ayant soin de ne froisserl'amour-propre de personne ; pour vous, spirites, dans votre manièred'agir envers ceux qui ne pensent pas comme vous ; en amenant <strong>le</strong>smoins clairvoyants à croire, et cela sans <strong>le</strong>s heurter, sans rompre envisière avec <strong>le</strong>urs convictions, mais en <strong>le</strong>s amenant tout doucement à nosréunions où ils pourront nous entendre, et où nous saurons bien trouverla brèche du coeur par où nous devrons pénétrer. Voilà pour un côté dela charité.Ecoutez maintenant la charité envers <strong>le</strong>s pauvres, ces déshérités icibas,mais ces récompensés de Dieu, s'ils savent accepter <strong>le</strong>urs misèressans murmurer, et cela dépend de vous. Je vais me faire comprendre parun exemp<strong>le</strong>.Je vois plusieurs fois dans la semaine une réunion de dames : il y en ade tous <strong>le</strong>s âges ; pour nous, vous <strong>le</strong> savez, el<strong>le</strong>s sont toutes soeurs. Quefont-el<strong>le</strong>s donc ? El<strong>le</strong>s travail<strong>le</strong>nt vite, vite ; <strong>le</strong>s doigts sont agi<strong>le</strong>s ; aussivoyez comme <strong>le</strong>s visages sont radieux, et comme <strong>le</strong>s coeurs battent àl'unisson ! mais quel est <strong>le</strong>ur but ? c'est qu'el<strong>le</strong>s voient approcher l'hiverqui sera rude pour <strong>le</strong>s pauvres ménages ; <strong>le</strong>s fourmis n'ont pas pu


160 CHAPITRE XIII. - QUE LA MAIN GAUCHEamasser pendant l'été <strong>le</strong> grain nécessaire à la provision, et la plupart deseffets sont engagés ; <strong>le</strong>s pauvres mères s'inquiètent et p<strong>le</strong>urent ensongeant aux petits enfants qui, cet hiver, auront froid et faim ! Maispatience, pauvres femmes ! Dieu en a inspiré de plus fortunées quevous ; el<strong>le</strong>s se sont réunies et vous confectionnent de petits vêtements ;puis un de ces jours, quand la neige aura couvert la terre et que vousmurmurerez en disant : «Dieu n'est pas juste,» car c'est votre paro<strong>le</strong>ordinaire à vous qui souffrez ; alors vous verrez apparaître un desenfants de ces bonnes travail<strong>le</strong>uses qui se sont constituées <strong>le</strong>s ouvrièresdes pauvres ; oui, c'est pour vous qu'el<strong>le</strong>s travaillaient ainsi, et votremurmure se changera en bénédiction, car dans <strong>le</strong> coeur des malheureuxl'amour suit de bien près la haine.Comme il faut à toutes ces travail<strong>le</strong>uses un encouragement, je vois <strong>le</strong>scommunications des bons Esprits <strong>le</strong>ur arriver de toutes parts ; <strong>le</strong>shommes qui font partie de cette société apportent aussi <strong>le</strong>ur concours enfaisant une de ces <strong>le</strong>ctures qui plaisent tant ; et nous, pour récompenser<strong>le</strong> zè<strong>le</strong> de tous et de chacun en particulier, nous promettons à cesouvrières laborieuses une bonne clientè<strong>le</strong> qui <strong>le</strong>s payera, argentcomptant, en bénédictions, seu<strong>le</strong> monnaie qui ait cours au ciel, <strong>le</strong>urassurant en outre, et sans crainte de trop nous avancer, qu'el<strong>le</strong> ne <strong>le</strong>urmanquera pas. (CARITA. Lyon, 1861.)15. Mes chers amis, chaque jour j'en entends parmi vous qui disent :«Je suis pauvre, je ne puis pas faire la charité ;» et chaque jour je vousvois manquer d'indulgence pour vos semblab<strong>le</strong>s ; vous ne <strong>le</strong>ur pardonnezrien, et vous vous érigez en juges souvent sévères, sans vous demandersi vous seriez satisfaits qu'on en fît autant à votre égard. L'indulgencen'est-el<strong>le</strong> pas aussi de la charité ? Vous qui ne pouvez faire que la charitéindulgente, faites-la au moins, mais faites-la grandement. Pour ce qui estde la charité matériel<strong>le</strong>, je veux vous raconter une histoire de l'autremonde.Deux hommes venaient de mourir ; Dieu avait dit : Tant que ces deuxhommes vivront, on mettra dans un sac chacune de <strong>le</strong>urs bonnes actions,et à <strong>le</strong>ur mort on pèsera ces sacs. Quand ces deux hommes arrivèrent à<strong>le</strong>ur dernière heure, Dieu se fit apporter <strong>le</strong>s deux sacs ; l'un était gros,grand, bien bourré, il résonnait <strong>le</strong> métal qui <strong>le</strong> remplissait ; l'autre étaittout petit, et si mince, qu'on voyait à travers <strong>le</strong>s rares sous qu'ilcontenait ; et chacun de ces hommes reconnut son sac : Voici <strong>le</strong> mien, dit<strong>le</strong> premier : je <strong>le</strong> reconnais ; j'ai été riche et j'ai beaucoup donné. Voilà <strong>le</strong>mien, dit l'autre ; j'ai toujours été pauvre, hélas ! je n'avais presque rien à


NE SACHE PAS CE QUE DONNE LA DROITE. 161partager. Mais, ô surprise ! <strong>le</strong>s deux sacs mis dans la balance, <strong>le</strong> plusgros devint léger, et <strong>le</strong> petit s'alourdit, si bien qu'il emporta de beaucoupl'autre côté de la balance. Alors Dieu dit au riche : Tu as beaucoupdonné, c'est vrai, mais tu as donné par ostentation, et pour voir ton nomfigurer à tous <strong>le</strong>s temp<strong>le</strong>s de l'orgueil, et de plus en donnant tu ne t'esprivé de rien ; vas à gauche et sois satisfait que l'aumône te soit comptéeencore pour quelque petite chose. Puis il dit au pauvre : Tu as bien peudonné, toi, mon ami ; mais chacun des sous qui sont dans cette balancereprésente une privation pour toi ; si tu n'as pas fait l'aumône, tu as fait lacharité, et ce qu'il y a de mieux, tu as fait la charité naturel<strong>le</strong>ment, sanspenser qu'on t'en tiendrait compte ; tu as été indulgent ; tu n'as pas jugéton semblab<strong>le</strong>, tu l'as au contraire excusé dans toutes ses actions : passeà droite, et va recevoir ta récompense. (UN ESPRIT PROTECTEUR.Lyon, 1861.)16. La femme riche, heureuse, qui n'a pas besoin d'employer sontemps aux travaux de son ménage, ne peut-el<strong>le</strong> consacrer quelquesheures à des travaux uti<strong>le</strong>s pour ses semblab<strong>le</strong>s ? Qu'avec <strong>le</strong> superflu deses joies el<strong>le</strong> achète de quoi couvrir <strong>le</strong> malheureux qui grelotte de froid ;qu'el<strong>le</strong> fasse, de ses mains délicates, de grossiers mais chaudsvêtements ; qu'el<strong>le</strong> aide la mère à couvrir l'enfant qui va naître ; si sonenfant, à el<strong>le</strong>, a quelques dentel<strong>le</strong>s de moins, celui du pauvre aura pluschaud. Travail<strong>le</strong>r pour <strong>le</strong>s pauvres, c'est travail<strong>le</strong>r à la vigne du Seigneur.Et toi, pauvre ouvrière, qui n'as pas de superflu, mais qui veux, danston amour pour tes frères, donner aussi du peu que tu possèdes, donnequelques heures de ta journée, de ton temps ton seul trésor ; fais de cesouvrages élégants qui tentent <strong>le</strong>s heureux ; vends <strong>le</strong> travail de ta veil<strong>le</strong>, ettu pourras aussi procurer à tes frères ta part de soulagement ; tu auraspeut-être quelques rubans de moins, mais tu donneras des souliers à celuiqui a <strong>le</strong>s pieds nus.Et vous, femmes vouées à Dieu, travail<strong>le</strong>z aussi à son oeuvre, maisque vos ouvrages délicats et coûteux ne soient pas faits seu<strong>le</strong>ment pourorner vos chapel<strong>le</strong>s, pour attirer l'attention sur votre adresse et votrepatience ; travail<strong>le</strong>z, mes fil<strong>le</strong>s, et que <strong>le</strong> prix de vos ouvrages soitconsacré au soulagement de vos frères en Dieu ; <strong>le</strong>s pauvres sont sesenfants bien-aimés ; travail<strong>le</strong>r pour eux, c'est <strong>le</strong> glorifier. Soyez-<strong>le</strong>ur laProvidence qui dit : Aux oiseaux du ciel Dieu donne la pâture. Que l'oret l'argent qui se tissent sous vos doigts se changent en vêtements et ennourriture pour ceux qui en manquent. Faites cela, et votre travail serabéni.


162 CHAPITRE XIII. - QUE LA MAIN GAUCHEEt vous tous qui pouvez produire, donnez ; donnez votre génie,donnez vos inspirations, donnez votre coeur que Dieu bénira. Poètes,littérateurs, qui n'êtes lus que par <strong>le</strong>s gens du monde, satisfaites <strong>le</strong>ursloisirs, mais que <strong>le</strong> produit de quelques-unes de vos oeuvres soitconsacré au soulagement des malheureux ; peintres, sculpteurs, artistesen tous genres, que votre intelligence vienne aussi en aide à vos frères,vous n'en aurez pas moins de gloire, et il y aura quelques souffrances demoins.Tous vous pouvez donner ; dans quelque classe que vous soyez, vousavez quelque chose que vous pouvez partager ; quoi que ce soit queDieu vous ait donné, vous en devez une partie à celui qui manque dunécessaire, parce qu'à sa place vous seriez bien aises qu'un autrepartageât avec vous. Vos trésors de la terre seront un peu moindres, maisvos trésors dans <strong>le</strong> ciel seront plus abondants ; vous y recueil<strong>le</strong>rez aucentup<strong>le</strong> ce que vous aurez semé en bienfaits ici-bas. (JEAN. Bordeaux,1861.)La pitié.17. La pitié est la vertu qui vous rapproche <strong>le</strong> plus des anges ; c'est lasoeur de charité qui vous conduit vers Dieu. Ah ! laissez votre coeurs'attendrir à l'aspect des misères et des souffrances de vos semblab<strong>le</strong>s ;vos larmes sont un baume que vous versez sur <strong>le</strong>urs b<strong>le</strong>ssures, et lorsque,par une douce sympathie, vous parvenez à <strong>le</strong>ur rendre l'espérance et larésignation, quel charme n'éprouvez-vous pas ! Ce charme, il est vrai, aune certaine amertume, car il naît à côté du malheur ; mais s'il n'a pasl'âcreté des jouissances mondaines, il n'a pas <strong>le</strong>s poignantes déceptionsdu vide que cel<strong>le</strong>s-ci laissent après el<strong>le</strong>s ; il a une suavité pénétrante quiréjouit l'âme. La pitié, une pitié bien sentie, c'est de l'amour ; l'amour,c'est du dévouement ; <strong>le</strong> dévouement, c'est l'oubli de soi-même ; et cetoubli, cette abnégation en faveur des malheureux, c'est la vertu parexcel<strong>le</strong>nce, cel<strong>le</strong> qu'a pratiquée toute sa vie <strong>le</strong> divin Messie, et qu'il aenseignée dans sa doctrine si sainte et si sublime. Lorsque cette doctrinesera rendue à sa pureté primitive, qu'el<strong>le</strong> sera admise par tous <strong>le</strong>speup<strong>le</strong>s, el<strong>le</strong> donnera <strong>le</strong> bonheur à la terre en y faisant régner enfin laconcorde, la paix et l'amour.Le sentiment <strong>le</strong> plus propre à vous faire progresser en domptant votreégoïsme et votre orgueil, celui qui dispose votre âme à l'humilité, à labienfaisance et à l'amour de votre prochain, c'est la pitié ! cette pitié quivous émeut jusque dans vos entrail<strong>le</strong>s devant <strong>le</strong>s souffrances de vos


NE SACHE PAS CE QUE DONNE LA DROITE. 163frères, qui vous fait <strong>le</strong>ur tendre une main secourab<strong>le</strong> et vous arrache desympathiques larmes. N'étouffez donc jamais dans vos coeurs cetteémotion cé<strong>le</strong>ste, ne faites pas comme ces égoïstes endurcis quis'éloignent des affligés, parce que la vue de <strong>le</strong>ur misère troub<strong>le</strong>rait uninstant <strong>le</strong>ur joyeuse existence ; redoutez de rester indifférents lorsquevous pouvez être uti<strong>le</strong>s. La tranquillité achetée au prix d'une indifférencecoupab<strong>le</strong>, c'est la tranquillité de la mer Morte, qui cache au fond de seseaux la vase fétide et la corruption.Que la pitié est loin cependant de causer <strong>le</strong> troub<strong>le</strong> et l'ennui donts'épouvante l'égoïste ! Sans doute l'âme éprouve, au contact du malheurd'autrui et en faisant un retour sur el<strong>le</strong>-même, un saisissement naturel etprofond qui fait vibrer tout votre être et vous affecte pénib<strong>le</strong>ment ; maisla compensation est grande, quand vous parvenez à rendre <strong>le</strong> courage etl'espoir à un frère malheureux qu'attendrit la pression d'une main amie, etdont <strong>le</strong> regard, humide à la fois d'émotion et de reconnaissance, se tournedoucement vers vous avant de se fixer sur <strong>le</strong> ciel pour <strong>le</strong> remercier de luiavoir envoyé un consolateur, un appui. La pitié est <strong>le</strong> mélancolique maiscé<strong>le</strong>ste précurseur de la charité, cette première des vertus dont el<strong>le</strong> est lasoeur et dont el<strong>le</strong> prépare et ennoblit <strong>le</strong>s bienfaits. (MICHEL. Bordeaux,1862.)Les orphelins.18. Mes frères, aimez <strong>le</strong>s orphelins ; si vous saviez combien il est tristed'être seul et abandonné, surtout dans <strong>le</strong> jeune âge ! Dieu permet qu'il yait des orphelins pour nous engager à <strong>le</strong>ur servir de pères. Quel<strong>le</strong> divinecharité d'aider une pauvre petite créature délaissée, de l'empêcher desouffrir de la faim et du froid, de diriger son âme afin qu'el<strong>le</strong> ne s'égarepas dans <strong>le</strong> vice ! Qui tend la main à l'enfant abandonné est agréab<strong>le</strong> àDieu, car il comprend et pratique sa loi. Pensez aussi que souventl'enfant que vous secourez vous a été cher dans une autre incarnation ; etsi vous pouviez vous souvenir, ce ne serait plus de la charité mais undevoir. Ainsi donc, mes amis, tout être souffrant est votre frère et a droità votre charité, non pas cette charité qui b<strong>le</strong>sse <strong>le</strong> coeur, non cetteaumône qui brû<strong>le</strong> la main dans laquel<strong>le</strong> el<strong>le</strong> tombe, car vos obo<strong>le</strong>s sontsouvent bien amères ! Que de fois el<strong>le</strong>s seraient refusées si, au grenier, lamaladie et <strong>le</strong> dénuement ne <strong>le</strong>s attendaient pas ! Donnez délicatement,ajoutez au bienfait <strong>le</strong> plus précieux de tous : une bonne paro<strong>le</strong>, unecaresse, un sourire d'ami ; évitez ce ton de protection qui retourne <strong>le</strong> fer


164 CHAPITRE XIII. - QUE LA MAIN GAUCHEdans un coeur qui saigne, et pensez qu'en faisant <strong>le</strong> bien, vous travail<strong>le</strong>zpour vous et <strong>le</strong>s vôtres. (UN ESPRIT FAMILIER. Paris, 1860.)19. Que faut-il penser des gens qui, ayant été payés de <strong>le</strong>urs bienfaitspar l'ingratitude, ne font plus de bien de peur de rencontrer desingrats ?Ces gens-là ont plus d'égoïsme que de charité ; car ne faire <strong>le</strong> bien quepour en recevoir des marques de reconnaissance, ce n'est pas <strong>le</strong> faireavec désintéressement, et <strong>le</strong> bienfait désintéressé est <strong>le</strong> seul qui soitagréab<strong>le</strong> à Dieu. C'est aussi de l'orgueil, car ils se complaisent dansl'humilité de l'obligé qui vient mettre sa reconnaissance à <strong>le</strong>urs pieds.Celui qui cherche sur la terre la récompense du bien qu'il fait ne larecevra pas au ciel ; mais Dieu tiendra compte à celui qui ne la cherchepas sur la terre.Il faut toujours aider <strong>le</strong>s faib<strong>le</strong>s, quoique sachant d'avance que ceux àqui on fait <strong>le</strong> bien n'en sauront pas gré. Sachez que si celui à qui vousrendez service oublie <strong>le</strong> bienfait, Dieu vous en tiendra plus de compteque si vous étiez déjà récompensés par la reconnaissance de votre obligé.Dieu permet que vous soyez parfois payés d'ingratitude pour éprouvervotre persévérance à faire <strong>le</strong> bien.Que savez-vous, d'ail<strong>le</strong>urs, si ce bienfait, oublié pour <strong>le</strong> moment, neportera pas plus tard de bons fruits ? Soyez certains, au contraire, quec'est une semence qui germera avec <strong>le</strong> temps. Malheureusement vous nevoyez toujours que <strong>le</strong> présent ; vous travail<strong>le</strong>z pour vous, et non en vuedes autres. Les bienfaits finissent par amollir <strong>le</strong>s coeurs <strong>le</strong>s plusendurcis ; ils peuvent être méconnus ici-bas, mais lorsque l'Esprit seradébarrassé de son voi<strong>le</strong> charnel, il se souviendra, et ce souvenir sera sonchâtiment ; alors il regrettera son ingratitude ; il voudra réparer sa faute,payer sa dette dans une autre existence, souvent même en acceptant unevie de dévouement envers son bienfaiteur. C'est ainsi que, sans vous endouter, vous aurez contribué à son avancement moral, et vousreconnaîtrez plus tard toute la vérité de cette maxime : Un bienfait n'estjamais perdu. Mais vous aurez aussi travaillé pour vous, car vous aurez<strong>le</strong> mérite d'avoir fait <strong>le</strong> bien avec désintéressement, et sans vous êtrelaissé décourager par <strong>le</strong>s déceptions.Ah ! mes amis, si vous connaissiez tous <strong>le</strong>s liens qui, dans la vieprésente, vous rattachent à vos existences antérieures ; si vous pouviezembrasser la multitude des rapports qui rapprochent <strong>le</strong>s êtres <strong>le</strong>s uns desautres pour <strong>le</strong>ur progrès mutuel, vous admireriez bien mieux encore la


NE SACHE PAS CE QUE DONNE LA DROITE. 165sagesse et la bonté du Créateur qui vous permet de revivre pour arriver àlui. (GUIDE PROTECTEUR. Sens, 1862.)20. La bienfaisance est-el<strong>le</strong> bien entendue quand el<strong>le</strong> est exclusiveentre <strong>le</strong>s gens d'une même opinion, d'une même croyance ou d'un mêmeparti ?Non, c'est surtout l'esprit de secte et de parti qu'il faut abolir, car tous<strong>le</strong>s hommes sont frères. Le vrai chrétien ne voit que des frères dans sessemblab<strong>le</strong>s, et avant de secourir celui qui est dans <strong>le</strong> besoin, il neconsulte ni sa croyance, ni son opinion en quoi que ce soit. Suivrait-il <strong>le</strong>précepte de Jésus-Christ, qui dit d'aimer même ses ennemis, s'ilrepoussait un malheureux, parce que celui-ci aurait une autre foi que lasienne ? Qu'il <strong>le</strong> secoure donc sans lui demander aucun compte de saconscience, car si c'est un ennemi de la religion, c'est <strong>le</strong> moyen de la luifaire aimer ; en <strong>le</strong> repoussant, on la lui ferait haïr. (SAINT LOUIS. Paris,1860.)


CHAPITRE XIV-HONOREZ VOTRE PERE ET VOTRE MERE.Piété filia<strong>le</strong>. - Qui est ma mère et qui sont mes frères ? - Parenté corporel<strong>le</strong> etparenté spirituel<strong>le</strong>. - Instructions des Esprits : L'ingratitude des enfants.1. Vous savez <strong>le</strong>s commandements : vous ne commettrez point d'adultère ; vousne tuerez point ; vous ne déroberez point ; vous ne porterez point de fauxtémoignage ; vous ne ferez tort à personne ; honorez votre père et votre mère.(Saint Marc, ch. X, v. 19 ; saint Luc, ch. XVIII, v. 20 ; saint Matthieu, ch. XIX, v.19.)2. Honorez votre père et votre mère, afin que vous viviez longtemps sur la terreque <strong>le</strong> Seigneur votre Dieu vous donnera. (Décalogue ; Exode, ch. XX, v. 12.)Piété filia<strong>le</strong>.3. Le commandement : «Honorez votre père et votre mère,» est uneconséquence de la loi généra<strong>le</strong> de charité et d'amour du prochain, car onne peut aimer son prochain sans aimer son père et sa mère ; mais <strong>le</strong> mothonorez renferme un devoir de plus à <strong>le</strong>ur égard, celui de la piété filia<strong>le</strong>.Dieu a voulu montrer par là qu'à l'amour il faut ajouter <strong>le</strong> respect, <strong>le</strong>ségards, la soumission et la condescendance, ce qui implique l'obligationd'accomplir envers eux d'une manière plus rigoureuse encore tout ce quela charité commande envers <strong>le</strong> prochain. Ce devoir s'étend naturel<strong>le</strong>mentaux personnes qui tiennent lieu de père et de mère, et qui en ont d'autantplus de mérite, que <strong>le</strong>ur dévouement est moins obligatoire. Dieu punittoujours d'une manière rigoureuse toute violation de ce commandement.Honorer son père et sa mère, ce n'est pas seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s respecter, c'estaussi <strong>le</strong>s assister dans <strong>le</strong> besoin ; c'est <strong>le</strong>ur procurer <strong>le</strong> repos sur <strong>le</strong>ursvieux jours ; c'est <strong>le</strong>s entourer de sollicitude comme ils l'ont fait pournous dans notre enfance.C'est surtout envers <strong>le</strong>s parents sans ressources que se montre lavéritab<strong>le</strong> piété filia<strong>le</strong>. Satisfont-ils à ce commandement ceux qui croientfaire un grand effort en <strong>le</strong>ur donnant tout juste de quoi ne pas mourir defaim, alors qu'eux-mêmes ne se privent de rien ? en <strong>le</strong>s reléguant dans<strong>le</strong>s plus infimes réduits de la maison, pour ne pas <strong>le</strong>s laisser dans la rue,alors qu'ils se réservent ce qu'il y a de mieux, de plus confortab<strong>le</strong> ?Heureux encore lorsqu'ils ne <strong>le</strong> font pas de mauvaise grâce et ne <strong>le</strong>urfont pas acheter <strong>le</strong> temps qui <strong>le</strong>ur reste à vivre en se déchargeant sur eux


HONOREZ VOTRE PERE ET VOTRE MERE. 167des fatigues du ménage ! Est-ce donc aux parents vieux et faib<strong>le</strong>s à être<strong>le</strong>s serviteurs des enfants jeunes et forts ? Leur mère a-t-el<strong>le</strong> marchandéson lait quand ils étaient au berceau ? a-t-el<strong>le</strong> compté ses veil<strong>le</strong>s quandils étaient malades, ses pas pour <strong>le</strong>ur procurer ce dont ils avaient besoin ?Non, ce n'est pas seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> strict nécessaire que <strong>le</strong>s enfants doivent à<strong>le</strong>urs parents pauvres, ce sont aussi, autant qu'ils <strong>le</strong> peuvent, <strong>le</strong>s petitesdouceurs du superflu, <strong>le</strong>s prévenances, <strong>le</strong>s soins délicats, qui ne sont quel'intérêt de ce qu'ils ont reçu, <strong>le</strong> payement d'une dette sacrée. Làseu<strong>le</strong>ment est la piété filia<strong>le</strong> acceptée par Dieu.Malheur donc à celui qui oublie ce qu'il doit à ceux qui l'ont soutenudans sa faib<strong>le</strong>sse, qui avec la vie matériel<strong>le</strong> lui ont donné la vie mora<strong>le</strong>,qui souvent se sont imposé de dures privations pour assurer son bienêtre; malheur à l'ingrat, car il sera puni par l'ingratitude et l'abandon ; ilsera frappé dans ses plus chères affections, quelquefois dès la vieprésente, mais certainement dans une autre existence, où il endurera cequ'il aura fait endurer aux autres.Certains parents, il est vrai, méconnaissent <strong>le</strong>urs devoirs, et ne sont paspour <strong>le</strong>urs enfants ce qu'ils devraient être ; mais c'est à Dieu de <strong>le</strong>s puniret non à <strong>le</strong>urs enfants ; ce n'est pas à ceux-ci de <strong>le</strong> <strong>le</strong>ur reprocher, parceque peut-être eux-mêmes ont mérité qu'il en fût ainsi. Si la charité faitune loi de rendre <strong>le</strong> bien pour <strong>le</strong> mal, d'être indulgent pour <strong>le</strong>simperfections d'autrui, de ne point médire de son prochain, d'oublier etde pardonner <strong>le</strong>s torts, d'aimer même ses ennemis, combien cetteobligation n'est-el<strong>le</strong> pas plus grande encore à l'égard des parents ! Lesenfants doivent donc prendre pour règ<strong>le</strong> de <strong>le</strong>ur conduite envers cesderniers, tous <strong>le</strong>s préceptes de Jésus concernant <strong>le</strong> prochain, et se direque tout procédé blâmab<strong>le</strong> vis-à-vis d'étrangers l'est encore plus vis-à-visdes proches, et que ce qui peut n'être qu'une faute dans <strong>le</strong> premier caspeut devenir crime dans <strong>le</strong> second, parce qu'alors au manque de charitése joint l'ingratitude.4. Dieu a dit : «Honorez votre père et votre mère, afin que vous viviezlongtemps sur la terre que <strong>le</strong> Seigneur votre Dieu vous donnera ;»pourquoi donc promet-il comme récompense la vie sur la terre et non lavie cé<strong>le</strong>ste ? L'explication en est dans ces mots : «Que Dieu vousdonnera,» supprimés dans la formu<strong>le</strong> moderne du décalogue, ce qui endénature <strong>le</strong> sens. Pour comprendre cette paro<strong>le</strong>, il faut se reporter à lasituation et aux idées des Hébreux à l'époque où el<strong>le</strong> a été dite ; ils necomprenaient pas encore la vie future ; <strong>le</strong>ur vue ne s'étendait pas au-delàde la vie corporel<strong>le</strong> ; ils devaient donc être plus touchés de ce qu'ils


168 CHAPITRE XIVvoyaient que de ce qu'ils ne voyaient pas ; c'est pourquoi Dieu <strong>le</strong>ur par<strong>le</strong>un langage à <strong>le</strong>ur portée, et, comme à des enfants, <strong>le</strong>ur donne enperspective ce qui peut <strong>le</strong>s satisfaire. Ils étaient alors dans <strong>le</strong> désert ; laterre que Dieu <strong>le</strong>ur donnera était la Terre Promise, but de <strong>le</strong>ursaspirations : ils ne désiraient rien de plus, et Dieu <strong>le</strong>ur dit qu'ils y vivrontlongtemps, c'est-à-dire qu'ils la posséderont longtemps s'ils observent sescommandements.Mais à l'avènement de Jésus, <strong>le</strong>urs idées étaient plus développées ; <strong>le</strong>moment étant venu de <strong>le</strong>ur donner une nourriture moins grossière, il <strong>le</strong>sinitie à la vie spirituel<strong>le</strong> en <strong>le</strong>ur disant : «Mon royaume n'est pas de cemonde ; c'est là, et non sur la terre, que vous recevrez la récompense devos bonnes oeuvres.» Sous ces paro<strong>le</strong>s, la Terre Promise matériel<strong>le</strong> setransforme en une patrie cé<strong>le</strong>ste ; aussi, quand il <strong>le</strong>s rappel<strong>le</strong> àl'observation du commandement : «Honorez votre père et votre mère,»ce n'est plus la terre qu'il <strong>le</strong>ur promet, mais <strong>le</strong> ciel. (Chap. II et III.)Qui est ma mère et qui sont mes frères ?5. Et étant venu dans la maison, il s'y assembla une si grande fou<strong>le</strong> de peup<strong>le</strong>qu'ils ne pouvaient pas même prendre <strong>le</strong>ur repas. - Ce que ses proches ayantappris, ils vinrent pour se saisir de lui, car ils disaient qu'il avait perdu l'esprit.Cependant sa mère et ses frères étant venus, et se tenant en dehors, envoyèrentl'appe<strong>le</strong>r. - Or, <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> était assis autour de lui, et on lui dit : Votre mère et vosfrères sont là dehors qui vous demandent. - Mais il <strong>le</strong>ur répondit : Qui est mamère, et qui sont mes frères ? - Et regardant ceux qui étaient assis autour de lui :Voici, dit-il, ma mère et mes frères ; - car quiconque fait la volonté de Dieu, celuilàest mon frère, ma soeur et ma mère. (Saint Marc, ch. III, v. 20, 21 et de 31 à 35 ;saint Matthieu, ch. XII, v. de 46 à 50.)6. Certaines paro<strong>le</strong>s semb<strong>le</strong>nt étranges dans la bouche de Jésus, etcontrastent avec sa bonté et son inaltérab<strong>le</strong> bienveillance pour tous. Lesincrédu<strong>le</strong>s n'ont pas manqué de s'en faire une arme en disant qu'il secontredisait lui-même. Un fait irrécusab<strong>le</strong>, c'est que sa doctrine a pourbase essentiel<strong>le</strong>, pour pierre angulaire, la loi d'amour et de charité ; il nepouvait donc détruire d'un côté ce qu'il établissait de l'autre ; d'où il fauttirer cette conséquence rigoureuse, que, si certaines maximes sont encontradiction avec <strong>le</strong> principe, c'est que <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s qu'on lui prête ont étémal rendues, mal comprises, ou qu'el<strong>le</strong>s ne sont pas de lui.7. On s'étonne avec raison de voir, en cette circonstance, Jésus montrertant d'indifférence pour ses proches, et en quelque sorte renier sa mère.


HONOREZ VOTRE PERE ET VOTRE MERE. 169Pour ce qui est de ses frères, on sait qu'ils n'avaient jamais eu desympathie pour lui ; Esprits peu avancés, ils n'avaient point compris samission ; sa conduite, à <strong>le</strong>urs yeux, était bizarre, et ses enseignements ne<strong>le</strong>s avaient point touchés, puisqu'il n'eut aucun discip<strong>le</strong> parmi eux ; ilparaîtrait même qu'ils partageaient jusqu'à un certain point <strong>le</strong>spréventions de ses ennemis ; il est certain, du reste, qu'ils l'accueillaientplus en étranger qu'en frère quand il se présentait dans la famil<strong>le</strong>, et saintJean dit positivement (ch. XII, v. 5) «qu'ils ne croyaient pas en lui.»Quant à sa mère, nul ne saurait contester sa tendresse pour son fils ;mais il faut bien convenir aussi qu'el<strong>le</strong> ne paraît pas s'être fait une idéetrès juste de sa mission, car on ne l'a jamais vue suivre sesenseignements, ni lui rendre témoignage, comme l'a fait Jean-Baptiste ;la sollicitude maternel<strong>le</strong> était, chez el<strong>le</strong>, <strong>le</strong> sentiment dominant. A l'égardde Jésus, lui supposer d'avoir renié sa mère, ce serait méconnaître soncaractère ; une tel<strong>le</strong> pensée ne pouvait animer celui qui a dit : Honorezvotre père et votre mère. Il faut donc chercher un autre sens à sesparo<strong>le</strong>s, presque toujours voilées sous la forme allégorique.Jésus ne négligeait aucune occasion de donner un enseignement ; ilsaisit donc cel<strong>le</strong> que lui offrait l'arrivée de sa famil<strong>le</strong> pour établir ladifférence qui existe entre la parenté corporel<strong>le</strong> et la parenté spirituel<strong>le</strong>.La parenté corporel<strong>le</strong> et la parenté spirituel<strong>le</strong>.8. Les liens du sang n'établissent pas nécessairement <strong>le</strong>s liens entre <strong>le</strong>sEsprits. Le corps procède du corps, mais l'Esprit ne procède pas del'Esprit, parce que l'Esprit existait avant la formation du corps ; ce n'estpas <strong>le</strong> père qui crée l'Esprit de son enfant, il ne fait que lui fournir uneenveloppe corporel<strong>le</strong>, mais il doit aider à son développement intel<strong>le</strong>ctue<strong>le</strong>t moral pour <strong>le</strong> faire progresser.Les Esprits qui s'incarnent dans une même famil<strong>le</strong>, surtout entreproches parents, sont <strong>le</strong> plus souvent des Esprits sympathiques, unis pardes relations antérieures qui se traduisent par <strong>le</strong>ur affection pendant lavie terrestre ; mais il peut arriver aussi que ces Esprits soientcomplètement étrangers <strong>le</strong>s uns aux autres, divisés par des antipathieséga<strong>le</strong>ment antérieures, qui se traduisent de même par <strong>le</strong>ur antagonismesur la terre pour <strong>le</strong>ur servir d'épreuve. Les véritab<strong>le</strong>s liens de famil<strong>le</strong> nesont donc pas ceux de la consanguinité, mais ceux de la sympathie et dela communion de pensées qui unissent <strong>le</strong>s Esprits avant, pendant etaprès <strong>le</strong>ur incarnation. D'où il suit que deux êtres issus de pèresdifférents peuvent être plus frères par l'Esprit que s'ils l'étaient par <strong>le</strong>


170 CHAPITRE XIVsang ; ils peuvent s'attirer, se rechercher, se plaire ensemb<strong>le</strong>, tandis quedeux frères consanguins peuvent se repousser, ainsi qu'on <strong>le</strong> voit tous <strong>le</strong>sjours ; problème moral que <strong>le</strong> <strong>spiritisme</strong> seul pouvait résoudre par lapluralité des existences. (Ch. IV, n° 13.)Il y a donc deux sortes de famil<strong>le</strong>s : <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s par <strong>le</strong>s liens spirituels,et <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s par <strong>le</strong>s liens corporels ; <strong>le</strong>s premières, durab<strong>le</strong>s, sefortifient par l'épuration, et se perpétuent dans <strong>le</strong> monde des Esprits, àtravers <strong>le</strong>s diverses migrations de l'âme ; <strong>le</strong>s secondes, fragi<strong>le</strong>s comme lamatière, s'éteignent avec <strong>le</strong> temps et souvent se dissolvent mora<strong>le</strong>mentdès la vie actuel<strong>le</strong>. C'est ce qu'a voulu faire comprendre Jésus en disantde ses discip<strong>le</strong>s : Voilà ma mère et mes frères, c'est-à-dire ma famil<strong>le</strong> par<strong>le</strong>s liens de l'Esprit, car quiconque fait la volonté de mon Père qui estdans <strong>le</strong>s cieux est mon frère, ma soeur et ma mère.L'hostilité de ses frères est clairement exprimée dans <strong>le</strong> récit de saintMarc, puisque, dit-il, ils se proposaient de se saisir de lui, sous <strong>le</strong>prétexte qu'il avait perdu l'esprit. A l'annonce de <strong>le</strong>ur arrivée,connaissant <strong>le</strong>ur sentiment à son égard, il était naturel qu'il dît en parlantde ses discip<strong>le</strong>s, au point de vue spirituel : «Voilà mes véritab<strong>le</strong>sfrères ;» sa mère se trouvait avec eux, il généralise l'enseignement, cequi n'implique nul<strong>le</strong>ment qu'il ait prétendu que sa mère <strong>selon</strong> <strong>le</strong> corps nelui était rien comme Esprit, et qu'il n'eût pour el<strong>le</strong> que de l'indifférence ;sa conduite, en d'autres circonstances, a suffisamment prouvé <strong>le</strong>contraire.INSTRUCTIONS DES ESPRITS.L'ingratitude des enfants et <strong>le</strong>s liens de famil<strong>le</strong>.9. L'ingratitude est un des fruits <strong>le</strong>s plus immédiats de l'égoïsme ; el<strong>le</strong>révolte toujours <strong>le</strong>s coeurs honnêtes ; mais cel<strong>le</strong> des enfants à l'égard desparents a un caractère encore plus odieux ; c'est à ce point de vue plusspécia<strong>le</strong>ment que nous allons l'envisager pour en analyser <strong>le</strong>s causes et<strong>le</strong>s effets. Ici, comme partout, <strong>le</strong> <strong>spiritisme</strong> vient jeter la lumière sur undes problèmes du coeur humain.Quand l'Esprit quitte la terre, il emporte avec lui <strong>le</strong>s passions ou <strong>le</strong>svertus inhérentes à sa nature, et va dans l'espace se perfectionnant ourestant stationnaire jusqu'à ce qu'il veuil<strong>le</strong> voir la lumière. Quelques-unssont donc partis, emportant avec eux des haines puissantes et des désirsde vengeance inassouvis ; mais à quelques-uns de ceux-là, plus avancésque <strong>le</strong>s autres, il est permis d'entrevoir un coin de la vérité ; ils


HONOREZ VOTRE PERE ET VOTRE MERE. 171reconnaissent <strong>le</strong>s funestes effets de <strong>le</strong>urs passions, et c'est alors qu'ilsprennent de bonnes résolutions ; ils comprennent que pour al<strong>le</strong>r à Dieu,il n'est qu'un seul mot de passe : charité ; or, pas de charité sans oublides outrages et des injures ; pas de charité avec des haines au coeur etsans pardon.Alors, par un effort inouï, ils regardent ceux qu'ils ont détestés sur laterre ; mais à cette vue <strong>le</strong>ur animosité se réveil<strong>le</strong> ; ils se révoltent à l'idéede pardonner, encore plus qu'à cel<strong>le</strong> de s'abdiquer eux-mêmes, à cel<strong>le</strong>surtout d'aimer ceux qui ont détruit peut-être <strong>le</strong>ur fortune, <strong>le</strong>ur honneur,<strong>le</strong>ur famil<strong>le</strong>. Cependant <strong>le</strong> coeur de ces infortunés est ébranlé ; ilshésitent, ils flottent, agités par ces sentiments contraires ; si la bonnerésolution l'emporte, ils prient Dieu, ils implorent <strong>le</strong>s bons Esprits de<strong>le</strong>ur donner la force au moment <strong>le</strong> plus décisif de l'épreuve.Enfin, après quelques années de méditations et de prières, l'Espritprofite d'une chair qui se prépare dans la famil<strong>le</strong> de celui qu'il a détesté,et demande aux Esprits chargés de transmettre <strong>le</strong>s ordres suprêmes,d'al<strong>le</strong>r remplir sur la terre <strong>le</strong>s destinées de cette chair qui vient de seformer. Quel<strong>le</strong> sera donc sa conduite dans cette famil<strong>le</strong> ? El<strong>le</strong> dépendradu plus ou moins de persistance de ses bonnes résolutions. Le contactincessant des êtres qu'il a haïs est une épreuve terrib<strong>le</strong> sous laquel<strong>le</strong> ilsuccombe parfois, si sa volonté n'est pas assez forte. Ainsi, <strong>selon</strong> que labonne ou la mauvaise résolution l'emportera, il sera l'ami ou l'ennemi deceux au milieu desquels il est appelé à vivre. Par là s'expliquent ceshaines, ces répulsions instinctives que l'on remarque chez certainsenfants et qu'aucun acte antérieur ne semb<strong>le</strong> justifier ; rien, en effet, danscette existence, n'a pu provoquer cette antipathie ; pour s'en rendrecompte, il faut porter son regard sur <strong>le</strong> passé.O spirites ! comprenez aujourd'hui <strong>le</strong> grand rô<strong>le</strong> de l'humanité ;comprenez que quand vous produisez un corps, l'âme qui s'y incarnevient de l'espace pour progresser ; sachez vos devoirs, et mettez toutvotre amour à rapprocher cette âme de Dieu : c'est la mission qui vousest confiée, et dont vous recevrez la récompense si vous l'accomplissezfidè<strong>le</strong>ment. Vos soins, l'éducation que vous lui donnerez aideront à sonperfectionnement et à son bien-être futur. Songez qu'à chaque père et àchaque mère, Dieu demandera : Qu'avez-vous fait de l'enfant confié àvotre garde ? S'il est resté arriéré par votre faute, votre châtiment sera de<strong>le</strong> voir parmi <strong>le</strong>s Esprits souffrants, tandis qu'il dépendait de vous qu'ilfût heureux. Alors vous-mêmes, bourrelés de remords, vous demanderezà réparer votre faute ; vous solliciterez une nouvel<strong>le</strong> incarnation pour


172 CHAPITRE XIVvous et pour lui, dans laquel<strong>le</strong> vous l'entourerez de soins plus éclairés, etlui, p<strong>le</strong>in de reconnaissance, vous entourera de son amour.Ne rebutez donc point l'enfant au berceau qui repousse sa mère, nicelui qui vous paye d'ingratitude ; ce n'est pas <strong>le</strong> hasard qui l'a fait ainsiet qui vous l'a donné. Une intuition imparfaite du passé se révè<strong>le</strong>, et de làjugez que l'un ou l'autre a déjà bien haï ou a été bien offensé ; que l'unou l'autre est venu pour pardonner ou pour expier. Mères ! embrassezdonc l'enfant qui vous cause du chagrin, et dites-vous : L'un de nousdeux a été coupab<strong>le</strong>. Méritez <strong>le</strong>s jouissances divines que Dieu attache àla maternité, en apprenant à cet enfant qu'il est sur la terre pour seperfectionner, aimer et bénir. Mais, hélas ! beaucoup d'entre vous, aulieu de chasser par l'éducation <strong>le</strong>s mauvais principes innés des existencesantérieures, entretiennent, développent ces mêmes principes par unecoupab<strong>le</strong> faib<strong>le</strong>sse ou par insouciance, et, plus tard, votre coeur, ulcérépar l'ingratitude de vos enfants, sera pour vous, dès cette vie, <strong>le</strong>commencement de votre expiation.La tâche n'est pas aussi diffici<strong>le</strong> que vous pourriez <strong>le</strong> croire ; el<strong>le</strong>n'exige point <strong>le</strong> savoir du monde ; l'ignorant comme <strong>le</strong> savant peut laremplir, et <strong>le</strong> <strong>spiritisme</strong> vient la faciliter en faisant connaître la cause desimperfections du coeur humain.Dès <strong>le</strong> berceau, l'enfant manifeste <strong>le</strong>s instincts bons ou mauvais qu'ilapporte de son existence antérieure ; c'est à <strong>le</strong>s étudier qu'il fauts'appliquer ; tous <strong>le</strong>s maux ont <strong>le</strong>ur principe dans l'égoïsme et l'orgueil ;épiez donc <strong>le</strong>s moindres signes qui révè<strong>le</strong>nt <strong>le</strong> germe de ces vices, etattachez-vous à <strong>le</strong>s combattre sans attendre qu'ils aient pris des racinesprofondes ; faites comme <strong>le</strong> bon jardinier, qui arrache <strong>le</strong>s mauvaisbourgeons à mesure qu'il <strong>le</strong>s voit poindre sur l'arbre. Si vous laissez sedévelopper l'égoïsme et l'orgueil, ne vous étonnez pas d'être plus tardpayés par l'ingratitude. Quand des parents ont fait tout ce qu'ils doiventpour l'avancement moral de <strong>le</strong>urs enfants, s'ils ne réussissent pas, ilsn'ont point de reproches à se faire, et <strong>le</strong>ur conscience peut être en repos ;mais au chagrin bien naturel qu'ils éprouvent de l'insuccès de <strong>le</strong>ursefforts, Dieu réserve une grande, une immense consolation, par lacertitude que ce n'est qu'un retard, et qu'il <strong>le</strong>ur sera donné d'achever dansune autre existence l'oeuvre commencée dans cel<strong>le</strong>-ci, et qu'un jourl'enfant ingrat <strong>le</strong>s récompensera par son amour. (Chap. XIII, n° 19.)Dieu n'a point fait l'épreuve au-dessus des forces de celui qui lademande ; il ne permet que cel<strong>le</strong>s qu'on peut accomplir ; si l'on ne réussitpas, ce n'est donc pas la possibilité qui manque, mais la volonté, car


HONOREZ VOTRE PERE ET VOTRE MERE. 173combien y en a-t-il qui au lieu de résister aux mauvais entraînements s'ycomplaisent ; c'est à ceux-là que sont réservés <strong>le</strong>s p<strong>le</strong>urs et <strong>le</strong>sgémissements dans <strong>le</strong>urs existences postérieures ; mais admirez la bontéde Dieu, qui ne ferme jamais la porte du repentir. Un jour vient où <strong>le</strong>coupab<strong>le</strong> est las de souffrir, où son orgueil est enfin dompté, c'est alorsque Dieu ouvre ses bras paternels à l'enfant prodigue qui se jette à sespieds. Les fortes épreuves, entendez-moi bien, sont presque toujoursl'indice d'une fin de souffrance et d'un perfectionnement de l'Esprit,lorsqu'el<strong>le</strong>s sont acceptées en vue de Dieu. C'est un moment suprême, etc'est là surtout qu'il importe de ne pas faillir en murmurant, si l'on neveut en perdre <strong>le</strong> fruit et avoir à recommencer. Au lieu de vous plaindre,remerciez Dieu, qui vous offre l'occasion de vaincre pour vous donner <strong>le</strong>prix de la victoire. Alors quand, sorti du tourbillon du monde terrestre,vous entrerez dans <strong>le</strong> monde des Esprits, vous y serez acclamé comme <strong>le</strong>soldat qui sort victorieux du milieu de la mêlée.De toutes <strong>le</strong>s épreuves, <strong>le</strong>s plus pénib<strong>le</strong>s sont cel<strong>le</strong>s qui affectent <strong>le</strong>coeur ; tel supporte avec courage la misère et <strong>le</strong>s privations matériel<strong>le</strong>s,qui succombe sous <strong>le</strong> poids des chagrins domestiques, meurtri parl'ingratitude des siens. Oh ! c'est une poignante angoisse que cel<strong>le</strong>-là !Mais qui peut mieux, en ces circonstances, re<strong>le</strong>ver <strong>le</strong> courage moral quela connaissance des causes du mal, et la certitude que, s'il y a de longsdéchirements, il n'y a point de désespoirs éternels, car Dieu ne peutvouloir que sa créature souffre toujours ? Quoi de plus consolant, deplus encourageant que cette pensée qu'il dépend de soi, de ses propresefforts, d'abréger la souffrance en détruisant en soi <strong>le</strong>s causes du mal ?Mais pour cela il ne faut pas arrêter son regard sur la terre et ne voirqu'une seu<strong>le</strong> existence ; il faut s'é<strong>le</strong>ver, planer dans l'infini du passé et del'avenir ; alors la grande justice de Dieu se révè<strong>le</strong> à vos regards, et vousattendez avec patience, parce que vous vous expliquez ce qui voussemblait des monstruosités sur la terre ; <strong>le</strong>s b<strong>le</strong>ssures que vous y recevezne vous paraissent plus que des égratignures. Dans ce coup d'oeil jeté surl'ensemb<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s liens de famil<strong>le</strong> apparaissent sous <strong>le</strong>ur véritab<strong>le</strong> jour ; cene sont plus <strong>le</strong>s liens fragi<strong>le</strong>s de la matière qui en réunissent <strong>le</strong>smembres, mais <strong>le</strong>s liens durab<strong>le</strong>s de l'Esprit qui se perpétuent et seconsolident en s'épurant, au lieu de se briser par la réincarnation.Les Esprits que la similitude des goûts, l'identité du progrès moral etl'affection portent à se réunir, forment des famil<strong>le</strong>s ; ces mêmes Esprits,dans <strong>le</strong>urs migrations terrestres, se recherchent pour se grouper commeils <strong>le</strong> font dans l'espace ; de là naissent <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s unies et homogènes ;


174 CHAPITRE XIVet si, dans <strong>le</strong>urs pérégrinations, ils sont momentanément séparés, ils seretrouvent plus tard, heureux de <strong>le</strong>urs nouveaux progrès. Mais comme ilsne doivent pas travail<strong>le</strong>r seu<strong>le</strong>ment pour eux, Dieu permet que desEsprits moins avancés viennent s'incarner parmi eux pour y puiser desconseils et de bons exemp<strong>le</strong>s dans l'intérêt de <strong>le</strong>ur avancement ; ils ycausent parfois du troub<strong>le</strong>, mais là est l'épreuve, là est la tâche.Accueil<strong>le</strong>z-<strong>le</strong>s donc en frères ; venez-<strong>le</strong>ur en aide, et plus tard, dans <strong>le</strong>monde des Esprits, la famil<strong>le</strong> se félicitera d'avoir sauvé des naufragésqui, à <strong>le</strong>ur tour, pourront en sauver d'autres. (SAINT AUGUSTIN. Paris,1862.)


CHAPITRE XV-HORS LA CHARITE POINT DE SALUT.Ce qu'il faut pour être sauvé. Parabo<strong>le</strong> du bon Samaritain. - Le plus grandcommandement. - Nécessité de la charité <strong>selon</strong> saint Paul. - Hors l'Eglise point desalut. Hors la vérité point de salut. - Instructions des Esprits : Hors la charité pointde salut.Ce qu'il faut pour être sauvé. Parabo<strong>le</strong> du bon Samaritain.1. Or, quand <strong>le</strong> Fils de l'homme viendra dans sa majesté, accompagné de tous<strong>le</strong>s anges, il s'assoira sur <strong>le</strong> trône de sa gloire ; - et toutes <strong>le</strong>s nations étantassemblées devant lui, il séparera <strong>le</strong>s uns d'avec <strong>le</strong>s autres, comme un bergersépare <strong>le</strong>s brebis d'avec <strong>le</strong>s boucs, - et il placera <strong>le</strong>s brebis à sa droite, et <strong>le</strong>s boucsà sa gauche.Alors <strong>le</strong> Roi dira à ceux qui seront à sa droite : Venez, vous qui avez été bénispar mon Père, possédez <strong>le</strong> royaume qui vous a été préparé dès <strong>le</strong> commencementdu monde ; - car j'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger ; j'ai eu soif, et vousm'avez donné à boire ; j'ai eu besoin de logement, et vous m'avez logé ; - j'ai éténu, et vous m'avez revêtu ; j'ai été malade, et vous m'avez visité ; j'ai été en prison,et vous m'êtes venu voir.Alors <strong>le</strong>s justes lui répondront : Seigneur, quand est-ce que nous vous avons vuavoir faim, et que nous vous avons donné à manger, ou avoir soif, et que nousvous avons donné à boire ? - Quand est-ce que nous vous avons vu sans logement,et que nous vous avons logé ; ou sans habits, et que nous vous avons revêtu ? - Etquand est-ce que nous vous avons vu malade ou en prison, et que nous sommesvenus vous visiter ? - Et <strong>le</strong> Roi <strong>le</strong>ur répondra : Je vous dis en vérité, autant de foisque vous l'avez fait à l'égard de l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moimêmeque vous l'avez fait.Il dira ensuite à ceux qui seront à sa gauche : Retirez-vous de moi, maudits ;al<strong>le</strong>z au feu éternel, qui a été préparé pour <strong>le</strong> diab<strong>le</strong> et pour ses anges ; - car j'ai eufaim, et vous ne m'avez pas donné à manger ; j'ai eu soif, et vous ne m'avez pasdonné à boire ; - j'ai eu besoin de logement, et vous ne m'avez pas logé ; j'ai étésans habits, et vous ne m'avez pas revêtu ; j'ai été malade et en prison, et vous nem'avez point visité.Alors ils lui répondront aussi : Seigneur, quand est-ce que nous vous avons vuavoir faim, avoir soif, ou sans logement, ou sans habits, ou malade, ou dans laprison, et que nous avons manqué à vous assister ? - Mais il <strong>le</strong>ur répondra : Jevous dis en vérité, autant de fois que vous avez manqué à rendre ces assistances àl'un de ces plus petits, vous avez manqué à me <strong>le</strong>s rendre à moi-même.


176 CHAPITRE XVEt alors ceux-ci iront dans <strong>le</strong> supplice éternel, et <strong>le</strong>s justes dans la vie éternel<strong>le</strong>.(Saint Matthieu, ch. XXV, v. de 31 à 46.)2. Alors un docteur de la loi s'étant <strong>le</strong>vé, lui dit pour <strong>le</strong> tenter : Maître, que fautilque je fasse pour posséder la vie éternel<strong>le</strong> ? - Jésus lui répondit : Qu'y a-t-ild'écrit dans la loi ? Qu'y lisez-vous ? - Il lui répondit : Vous aimerez <strong>le</strong> Seigneurvotre Dieu de tout votre coeur, de toute votre âme, de toutes vos forces et de toutvotre esprit, et votre prochain comme vous-même. - Jésus lui dit : Vous avez fortbien répondu ; faites cela et vous vivrez.Mais cet homme, voulant faire paraître qu'il était juste, dit à Jésus : Et qui estmon prochain ? - Et Jésus prenant la paro<strong>le</strong> lui dit :Un homme qui descendait de Jérusa<strong>le</strong>m à Jéricho tomba entre <strong>le</strong>s mains desvo<strong>le</strong>urs qui <strong>le</strong> dépouillèrent, <strong>le</strong> couvrirent de plaies, et s'en allèrent, <strong>le</strong> laissant àdemi mort. - Il arriva ensuite qu'un prêtre descendait par <strong>le</strong> même chemin, <strong>le</strong>quel,l'ayant aperçu, passa outre. - Un lévite, qui vint aussi au même lieu, l'ayantconsidéré, passa outre encore. - Mais un Samaritain qui voyageait, étant venu àl'endroit où était cet homme, et l'ayant vu, en fut touché de compassion. - Ils'approcha donc de lui, versa de l'hui<strong>le</strong> et du vin dans ses plaies, et <strong>le</strong>s banda ; etl'ayant mis sur son cheval, il <strong>le</strong> mena dans une hôtel<strong>le</strong>rie, et prit soin de lui. - Le<strong>le</strong>ndemain il tira deux deniers qu'il donna à l'hôte, et lui dit : Ayez bien soin de cethomme, et tout ce que vous dépenserez de plus, je vous <strong>le</strong> rendrai à mon retour.Lequel de ces trois vous semb<strong>le</strong>-t-il avoir été <strong>le</strong> prochain de celui qui tombaentre <strong>le</strong>s mains des vo<strong>le</strong>urs ? - Le docteur lui répondit : Celui qui a exercé lamiséricorde envers lui. - Al<strong>le</strong>z donc, lui dit Jésus, et faites de même. (Saint Luc,ch. X, v. de 25 à 37.)3. Toute la mora<strong>le</strong> de Jésus se résume dans la charité et l'humilité,c'est-à-dire dans <strong>le</strong>s deux vertus contraires à l'égoïsme et à l'orgueil.Dans tous ses enseignements, il montre ces vertus comme étant <strong>le</strong>chemin de l'éternel<strong>le</strong> félicité : Bienheureux, dit-il, <strong>le</strong>s pauvres d'esprit,c'est-à-dire <strong>le</strong>s humb<strong>le</strong>s, parce que <strong>le</strong> royaume des cieux est à eux ;bienheureux ceux qui ont <strong>le</strong> coeur pur ; bienheureux ceux qui sont douxet pacifiques ; bienheureux ceux qui sont miséricordieux ; aimez votreprochain comme vous-même ; faites aux autres ce que vous voudriezqu'on vous fît ; aimez vos ennemis ; pardonnez <strong>le</strong>s offenses, si vousvou<strong>le</strong>z être pardonné ; faites <strong>le</strong> bien sans ostentation ; jugez-vous vousmêmeavant de juger <strong>le</strong>s autres. Humilité et charité, voilà ce qu'il necesse de recommander et ce dont il donne lui-même l'exemp<strong>le</strong> ; orguei<strong>le</strong>t égoïsme, voilà ce qu'il ne cesse de combattre ; mais il fait plus que derecommander la charité, il la pose nettement et en termes explicitescomme la condition absolue du bonheur futur.


HORS LA CHARITE POINT DE SALUT. 177Dans <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au que donne Jésus du jugement dernier, il faut, commedans beaucoup d'autres choses, faire la part de la figure et de l'allégorie.A des hommes comme ceux à qui il parlait, encore incapab<strong>le</strong>s decomprendre <strong>le</strong>s choses purement spirituel<strong>le</strong>s, il devait présenter desimages matériel<strong>le</strong>s, saisissantes et capab<strong>le</strong>s d'impressionner ; pour mieuxêtre accepté, il devait même ne pas trop s'écarter des idées reçues, quantà la forme, réservant toujours pour l'avenir la véritab<strong>le</strong> interprétation deses paro<strong>le</strong>s et des points sur <strong>le</strong>squels il ne pouvait s'expliquer clairement.Mais à côté de la partie accessoire et figurée du tab<strong>le</strong>au, il y a une idéedominante : cel<strong>le</strong> du bonheur qui attend <strong>le</strong> juste et du malheur réservé auméchant.Dans ce jugement suprême, quels sont <strong>le</strong>s considérants de lasentence ? sur quoi porte l'enquête ? Le juge demande-t-il si l'on a remplitel<strong>le</strong> ou tel<strong>le</strong> formalité, observé plus ou moins tel<strong>le</strong> ou tel<strong>le</strong> pratiqueextérieure ? Non ; il ne s'enquiert que d'une chose : la pratique de lacharité, et il prononce en disant : Vous qui avez assisté vos frères, passezà droite ; vous qui avez été durs pour eux, passez à gauche. S'informe-t-ilde l'orthodoxie de la foi ? fait-il une distinction entre celui qui croitd'une façon et celui qui croit d'une autre ? Non ; car Jésus place <strong>le</strong>Samaritain, regardé comme hérétique, mais qui a l'amour du prochain,au-dessus de l'orthodoxe qui manque de charité. Jésus ne fait donc pasde la charité seu<strong>le</strong>ment une des conditions du salut, mais la seu<strong>le</strong>condition ; s'il y en avait d'autres à remplir, il <strong>le</strong>s aurait exprimées. S'ilplace la charité au premier rang des vertus, c'est qu'el<strong>le</strong> renfermeimplicitement toutes <strong>le</strong>s autres : l'humilité, la douceur, la bienveillance,l'indulgence, la justice, etc. ; et parce qu'el<strong>le</strong> est la négation absolue del'orgueil et de l'égoïsme.Le plus grand commandement.4. Mais <strong>le</strong>s Pharisiens, avant appris qu'il avait fermé la bouche aux Sadducéens,s'assemblèrent ; - et l'un d'eux, qui était docteur de la loi, vint lui faire cettequestion pour <strong>le</strong> tenter : - Maître, quel est <strong>le</strong> grand commandement de la loi ? -Jésus lui répondit : Vous aimerez <strong>le</strong> Seigneur votre Dieu de tout votre coeur, detoute votre âme, et de tout votre esprit. - C'est là <strong>le</strong> plus grand et <strong>le</strong> premiercommandement. - Et voici <strong>le</strong> second qui est semblab<strong>le</strong> à celui-là : Vous aimerezvotre prochain comme vous-même. - Toute la loi et <strong>le</strong>s prophètes sont renfermésdans ces deux commandements. (Saint Matthieu, ch. XXII, v. de 34 à 40.)5. Charité et humilité, tel<strong>le</strong> est donc la seu<strong>le</strong> voie du salut ; égoïsme etorgueil, tel<strong>le</strong> est cel<strong>le</strong> de la perdition. Ce principe est formulé en termes


178 CHAPITRE XVprécis dans ces paro<strong>le</strong>s : «Vous aimerez Dieu de toute votre âme et votreprochain comme vous-même ; toute la loi et <strong>le</strong>s prophètes sontrenfermés dans ces deux commandements.» Et pour qu'il n'y ait pasd'équivoque sur l'interprétation de l'amour de Dieu et du prochain, ilajoute : «Et voici <strong>le</strong> second commandement qui est semblab<strong>le</strong> aupremier ;» c'est-à-dire qu'on ne peut vraiment aimer Dieu sans aimer sonprochain, ni aimer son prochain sans aimer Dieu ; donc tout ce que l'onfait contre <strong>le</strong> prochain, c'est <strong>le</strong> faire contre Dieu. Ne pouvant aimer Dieusans pratiquer la charité envers <strong>le</strong> prochain, tous <strong>le</strong>s devoirs de l'hommese trouvent résumés dans cette maxime : HORS LA CHARITE POINTDE SALUT.Nécessité de la charité <strong>selon</strong> saint Paul.6. Quand je par<strong>le</strong>rais toutes <strong>le</strong>s langues des hommes, et la langue des angesmême, si je n'ai point la charité, je ne suis que comme un airain sonnant, et unecymba<strong>le</strong> retentissante ; - et quand j'aurais <strong>le</strong> don de prophétie, que je pénétreraistous <strong>le</strong>s mystères, et que j'aurais une parfaite science de toutes choses ; quandj'aurais encore toute la foi possib<strong>le</strong>, jusqu'à transporter <strong>le</strong>s montagnes, si je n'aipoint la charité, je ne suis rien. - Et quand j'aurais distribué mon bien pour nourrir<strong>le</strong>s pauvres, et que j'aurais livré mon corps pour être brûlé, si je n'ai point lacharité, tout cela ne me sert de rien.La charité est patiente ; el<strong>le</strong> est douce et bienfaisante ; la charité n'est pointenvieuse ; el<strong>le</strong> n'est point téméraire et précipitée ; el<strong>le</strong> ne s'enf<strong>le</strong> point d'orgueil ; -el<strong>le</strong> n'est point dédaigneuse ; el<strong>le</strong> ne cherche point ses propres intérêts ; el<strong>le</strong> ne sepique et ne s'aigrit de rien ; el<strong>le</strong> n'a point de mauvais soupçons ; el<strong>le</strong> ne se réjouitpoint de l'injustice, mais el<strong>le</strong> se réjouit de la vérité ; el<strong>le</strong> supporte tout, el<strong>le</strong> croittout, el<strong>le</strong> espère tout, el<strong>le</strong> souffre tout.Maintenant ces trois vertus : la foi, l'espérance et la charité demeurent ; maisentre el<strong>le</strong>s la plus excel<strong>le</strong>nte est la charité. (Saint Paul, 1° Epître aux Corinthiens,ch. XIII, v. de 1 à 7 et 13.)7. Saint Paul a tel<strong>le</strong>ment compris cette grande vérité, qu'il dit : «Quandj'aurais <strong>le</strong> langage des anges ; quand j'aurais <strong>le</strong> don de prophétie, que jepénétrerais tous <strong>le</strong>s mystères ; quand j'aurais toute la foi possib<strong>le</strong>jusqu'à transporter <strong>le</strong>s montagnes, si je n'ai point la charité, je ne suisrien. Entre ces trois vertus : la foi, l'espérance et la charité, la plusexcel<strong>le</strong>nte est la charité.» Il place ainsi, sans équivoque, la charité audessusmême de la foi ; c'est que la charité est à la portée de tout <strong>le</strong>monde, de l'ignorant et du savant, du riche et du pauvre, et parce qu'el<strong>le</strong>est indépendante de toute croyance particulière. Il fait plus : il définit lavraie charité ; il la montre, non pas seu<strong>le</strong>ment dans la bienfaisance, mais


HORS LA CHARITE POINT DE SALUT. 179dans la réunion de toutes <strong>le</strong>s qualités du coeur, dans la bonté et labienveillance à l'égard du prochain.Hors l'Eglise point de salut. Hors la vérité point de salut.8. Tandis que la maxime : Hors la charité point de salut, s'appuie surun principe universel, ouvre à tous <strong>le</strong>s enfants de Dieu l'accès dubonheur suprême, <strong>le</strong> dogme : Hors l'Eglise point de salut, s'appuie, nonpas sur la foi fondamenta<strong>le</strong> en Dieu et en l'immortalité de l'âme, foicommune à toutes <strong>le</strong>s religions, mais sur la foi spécia<strong>le</strong> en des dogmesparticuliers ; il est exclusif et absolu ; au lieu d'unir <strong>le</strong>s enfants de Dieu,il <strong>le</strong>s divise ; au lieu de <strong>le</strong>s exciter à l'amour de <strong>le</strong>urs frères, il entretientet sanctionne l'irritation entre <strong>le</strong>s sectaires des différents cultes qui seconsidèrent réciproquement comme maudits dans l'éternité, fussent-ilsparents ou amis dans ce monde ; méconnaissant la grande loi d'égalitédevant la tombe, il <strong>le</strong>s sépare même dans <strong>le</strong> champ du repos. Lamaxime : Hors la charité point de salut, est la consécration du principede l'égalité devant Dieu et de la liberté de conscience ; avec cettemaxime pour règ<strong>le</strong>, tous <strong>le</strong>s hommes sont frères, et quel<strong>le</strong> que soit <strong>le</strong>urmanière d'adorer <strong>le</strong> Créateur, ils se tendent la main et prient <strong>le</strong>s uns pour<strong>le</strong>s autres. Avec <strong>le</strong> dogme : Hors l'Eglise point de salut, ils se lancentl'anathème, se persécutent et vivent en ennemis ; <strong>le</strong> père ne prie pas pour<strong>le</strong> fils, ni <strong>le</strong> fils pour <strong>le</strong> père, ni l'ami pour l'ami, s'ils se croientréciproquement damnés sans retour. Ce dogme est donc essentiel<strong>le</strong>mentcontraire aux enseignements du Christ et à la loi évangélique.9. Hors la vérité point de salut serait l'équiva<strong>le</strong>nt de : Hors l'Eglisepoint de salut, et tout aussi exclusif, car il n'est pas une seu<strong>le</strong> secte quine prétende avoir <strong>le</strong> privilège de la vérité. Quel est l'homme qui peut seflatter de la posséder tout entière, alors que <strong>le</strong> cerc<strong>le</strong> des connaissancesgrandit sans cesse, et que <strong>le</strong>s idées se rectifient chaque jour ? La véritéabsolue n'est <strong>le</strong> partage que des Esprits de l'ordre <strong>le</strong> plus é<strong>le</strong>vé, etl'humanité terrestre ne saurait y prétendre, parce qu'il ne lui est pasdonné de tout savoir ; el<strong>le</strong> ne peut aspirer qu'à une vérité relative etproportionnée à son avancement. Si Dieu avait fait de la possession de lavérité absolue la condition expresse du bonheur futur, ce serait un arrêtde proscription généra<strong>le</strong> ; tandis que la charité, même dans son acceptionla plus large, peut être pratiquée par tous. Le <strong>spiritisme</strong>, d'accord avecl'Evangi<strong>le</strong>, admettant que l'on peut être sauvé quel<strong>le</strong> que soit sacroyance, pourvu que l'on observe la loi de Dieu, ne dit point : Hors <strong>le</strong>


180 CHAPITRE XV<strong>spiritisme</strong> point de salut ; et comme il ne prétend pas enseigner encoretoute la vérité, il ne dit pas non plus : Hors la vérité point de salut,maxime qui diviserait au lieu d'unir, et perpétuerait l'antagonisme.INSTRUCTIONS DES ESPRITS.Hors la charité point de salut.10. Mes enfants, dans la maxime : Hors la charité point de salut, sontcontenues <strong>le</strong>s destinées des hommes sur la terre et dans <strong>le</strong> ciel ; sur laterre, parce qu'à l'ombre de cet étendard ils vivront en paix ; dans <strong>le</strong> ciel,parce que ceux qui l'auront pratiquée trouveront grâce devant <strong>le</strong>Seigneur. Cette devise est <strong>le</strong> flambeau cé<strong>le</strong>ste, la colonne lumineuse quiguide l'homme dans <strong>le</strong> désert de la vie pour <strong>le</strong> conduire à la TerrePromise ; el<strong>le</strong> bril<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> ciel comme une auréo<strong>le</strong> sainte au front desélus, et sur la terre el<strong>le</strong> est gravée dans <strong>le</strong> coeur de ceux à qui Jésus dira :Al<strong>le</strong>z à droite, vous <strong>le</strong>s bénis de mon Père. Vous <strong>le</strong>s reconnaissez auparfum de charité qu'ils répandent autour d'eux. Rien n'exprime mieux lapensée de Jésus, rien ne résume mieux <strong>le</strong>s devoirs de l'homme que cettemaxime d'ordre divin ; <strong>le</strong> <strong>spiritisme</strong> ne pouvait mieux prouver sonorigine qu'en la donnant pour règ<strong>le</strong>, car el<strong>le</strong> est <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t du plus purchristianisme ; avec un tel guide, l'homme ne s'égarera jamais.Appliquez-vous donc, mes amis, à en comprendre <strong>le</strong> sens profond et <strong>le</strong>sconséquences, à en chercher pour vous-mêmes toutes <strong>le</strong>s applications.Soumettez toutes vos actions au contrô<strong>le</strong> de la charité, et votreconscience vous répondra ; non seu<strong>le</strong>ment el<strong>le</strong> vous évitera de faire <strong>le</strong>mal, mais el<strong>le</strong> vous fera faire <strong>le</strong> bien : car il ne suffit pas d'une vertunégative, il faut une vertu active ; pour faire <strong>le</strong> bien, il faut toujoursl'action de la volonté ; pour ne pas faire <strong>le</strong> mal, il suffit souvent del'inertie et de l'insouciance.Mes amis, remerciez Dieu qui a permis que vous pussiez jouir de lalumière du <strong>spiritisme</strong> ; non pas que ceux qui la possèdent puissent seulsêtre sauvés, mais parce qu'en vous aidant à mieux comprendre <strong>le</strong>senseignements du Christ, el<strong>le</strong> fait de vous de meil<strong>le</strong>urs chrétiens ; faitesdonc qu'en vous voyant on puisse dire que vrai spirite et vrai chrétiensont une seu<strong>le</strong> et même chose, car tous ceux qui pratiquent la charitésont <strong>le</strong>s discip<strong>le</strong>s de Jésus à quelque culte qu'ils appartiennent. (PAUL,apôtre. Paris, 1860.)


CHAPITRE XVI-ON NE PEUT SERVIR DIEU ET MAMMON.Salut des riches. - Se garder de l'avarice. - Jésus chez Zachée. - Parabo<strong>le</strong> dumauvais riche. - Parabo<strong>le</strong> des ta<strong>le</strong>nts. - Utilité providentiel<strong>le</strong> de la fortune.Epreuves de la richesse et de la misère. - Inégalité des richesses. - Instructions desEsprits : La vraie propriété. - Emploi de la fortune. - Détachement des biensterrestres. - Transmission de la fortune.Salut des riches.1. Nul ne peut servir deux maîtres ; car ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou ils'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir tout ensemb<strong>le</strong> Dieu etMammon. (Saint Luc, ch. XVI, v.13)2. Alors un jeune homme s'approcha de lui et lui dit : Bon maître, quel bienfaut-il que je fasse pour acquérir la vie éternel<strong>le</strong> ? - Jésus lui répondit : Pourquoim'appe<strong>le</strong>z-vous bon ? Il n'y a que Dieu seul qui soit bon. Si vous vou<strong>le</strong>z entrerdans la vie, gardez <strong>le</strong>s commandements. - Quels commandements, lui dit-il ? Jésuslui dit : Vous ne tuerez point ; vous ne commettrez point d'adultère ; vous nedéroberez point ; vous ne direz point de faux témoignages. - Honorez votre père etvotre mère, et aimez votre prochain comme vous-même.Ce jeune homme lui répondit : J'ai gardé tous ces commandements dès majeunesse ; que me manque-t-il encore ? - Jésus lui dit : Si vous vou<strong>le</strong>z être parfait,al<strong>le</strong>z, vendez ce que vous avez, et <strong>le</strong> donnez aux pauvres, et vous aurez un trésordans <strong>le</strong> ciel ; puis venez et me suivez.Ce jeune homme entendant ces paro<strong>le</strong>s s'en alla tout triste, parce qu'il avait degrands biens. - Et Jésus dit à ses discip<strong>le</strong>s : Je vous dis en vérité qu'il est biendiffici<strong>le</strong> qu'un riche entre dans <strong>le</strong> royaume des cieux. - Je vous <strong>le</strong> dis encore unefois : Il est plus aisé qu'un chameau passe par <strong>le</strong> trou d'une aiguil<strong>le</strong>, qu'il ne l'estqu'un riche entre dans <strong>le</strong> royaume des cieux 6 . (Saint Matthieu, ch. XIX, v. de 16 à24. - Saint Luc, ch. XVIII, v. de 18 à 25. - Saint Marc, ch X, v. de 17 à 25.)Se garder de l'avarice.3. Alors un homme lui dit du milieu de la fou<strong>le</strong> : Maître, dites à mon frère qu'ilpartage avec moi la succession qui nous est échue. - Mais Jésus lui dit : O6 Cette figure hardie peut paraître un peu forcée, car on ne voit pas <strong>le</strong> rapport qui existe entre unchameau et une aiguil<strong>le</strong>. Cela vient de ce qu'en hébreu <strong>le</strong> même mot se disait d'un câb<strong>le</strong> etd'un chameau. Dans la traduction on lui a donné cette dernière acception ; il est probab<strong>le</strong> quec'est la première qui était dans la pensée de Jésus ; el<strong>le</strong> est du moins plus naturel<strong>le</strong>.


182 CHAPITRE XVIhomme ! qui m'a établi pour vous juger, ou pour faire vos partages ? - Puis il <strong>le</strong>urdit : Ayez soin de vous garder de toute avarice ; car en quelque abondance qu'unhomme soit, sa vie ne dépend point des biens qu'il possède.Il <strong>le</strong>ur dit ensuite cette parabo<strong>le</strong> : Il y avait un homme riche dont <strong>le</strong>s terresavaient extraordinairement rapporté ; - et il s'entretenait en lui-même de cespensées : Que ferai-je, car je n'ai point de lieu où je puisse serrer tout ce que j'ai àrecueillir ? -Voici, dit-il, ce que je ferai : J'abattrai mes greniers et j'en bâtirai deplus grands, et j'y mettrai toute ma récolte et tous mes biens ; - et je dirai à monâme : Mon âme, tu as beaucoup de biens en réserve pour plusieurs années ; reposetoi,mange, bois, fais bonne chère. - Mais Dieu en même temps dit à cet homme :Insensé que tu es ! on va te reprendre ton âme cette nuit même ; et pour qui sera ceque tu as amassé ?C'est ce qui arrive à celui qui amasse des trésors pour soi-même, et qui n'estpoint riche devant Dieu. (Saint Luc, ch. XII, v. 13 à 21.)Jésus chez Zachée.4. Jésus étant entré dans Jéricho, passait par la vil<strong>le</strong> ; - et il y avait un hommenommé Zachée, chef des publicains et fort riche, - qui, ayant envie de voir Jésuspour <strong>le</strong> connaître, ne <strong>le</strong> pouvait à cause de la fou<strong>le</strong>, parce qu'il était fort petit ; -c'est pourquoi il courut devant et monta sur un sycomore pour <strong>le</strong> voir, parce qu'ildevait passer par là. - Jésus étant venu en cet endroit, <strong>le</strong>va <strong>le</strong>s yeux en haut ; etl'ayant vu, il lui dit : Zachée, hâtez-vous de descendre, parce qu'il faut que je logeaujourd'hui dans votre maison. - Zachée descendit aussitôt, et <strong>le</strong> reçut avec joie. -Tous voyant cela en murmuraient, disant : Il est allé loger chez un homme demauvaise vie. (Voy. Introduction ; art. Publicains.)Cependant Zachée, se présentant devant <strong>le</strong> Seigneur, lui dit : Seigneur, je donnela moitié de mon bien aux pauvres ; et si j'ai fait tort à quelqu'un en quoi que cesoit, je lui en rends quatre fois autant. - Sur quoi Jésus lui dit : Cette maison a reçuaujourd'hui <strong>le</strong> salut, parce que celui-ci est aussi enfant d'Abraham ; - car <strong>le</strong> Fils del'homme est venu pour chercher et pour sauver ce qui était perdu. (Saint Luc, ch.XIX, v. de 1 à 10.)Parabo<strong>le</strong> du mauvais riche.5. Il y avait un homme riche, qui était vêtu de pourpre et de lin, et qui se traitaitmagnifiquement tous <strong>le</strong>s jours. - Il y avait aussi un pauvre nommé Lazare, étendu àsa porte, tout couvert d'ulcères, - qui eût bien voulu se rassasier des miettes quitombaient de la tab<strong>le</strong> du riche ; mais personne ne lui en donnait, et <strong>le</strong>s chiensvenaient lui lécher ses plaies. - Or il arriva que ce pauvre mourut, et fut emportépar <strong>le</strong>s anges dans <strong>le</strong> sein d'Abraham. Le riche mourut aussi, et eut l'enfer poursépulcre. - Et lorsqu'il était dans <strong>le</strong>s tourments, il <strong>le</strong>va <strong>le</strong>s yeux en haut, et vit deloin Abraham, et Lazare dans son sein ; -et s'écriant, il dit ces paro<strong>le</strong>s : PèreAbraham, ayez pitié de moi, et envoyez-moi Lazare, afin qu'il trempe <strong>le</strong> bout de


ON NE PEUT SERVIR DIEU ET MAMMON. 183son doigt dans l'eau pour me rafraîchir la langue, parce que je souffre d'extrêmestourments dans cette flamme.Mais Abraham lui répondit : Mon fils, souvenez-vous que vous avez reçu vosbiens dans votre vie, et que Lazare n'y a eu que des maux ; c'est pourquoi il estmaintenant dans la consolation, et vous dans <strong>le</strong>s tourments.De plus, il y a pour jamais un grand abîme entre nous et vous ; de sorte queceux qui voudraient passer d'ici vers vous ne <strong>le</strong> peuvent, comme on ne peut passerici du lieu où vous êtes.Le riche lui dit : Je vous supplie donc, père Abraham, de l'envoyer dans lamaison de mon père, - où j'ai cinq frères, afin qu'il <strong>le</strong>ur atteste ces choses, de peurqu'ils ne viennent aussi eux-mêmes dans ce lieu de tourments. - Abraham luirepartit : Ils ont Moïse et <strong>le</strong>s prophètes ; qu'ils <strong>le</strong>s écoutent. - Non, dit-il, pèreAbraham ; mais si quelqu'un des morts va <strong>le</strong>s trouver, ils feront pénitence. -Abraham lui répondit : S'ils n'écoutent ni Moïse ni <strong>le</strong>s prophètes, ils ne croirontpas non plus, quand même quelqu'un des morts ressusciterait. (Saint Luc, ch. XVI,v. de 19 à 31.)Parabo<strong>le</strong> des ta<strong>le</strong>nts6. Le Seigneur agit comme un homme qui, devant faire un long voyage hors deson pays, appela ses serviteurs et <strong>le</strong>ur mit son bien entre <strong>le</strong>s mains. - Et ayantdonné cinq ta<strong>le</strong>nts à l'un, deux à l'autre, un à l'autre, <strong>selon</strong> la capacité différente dechacun, il partit aussitôt. - Celui donc qui avait reçu cinq ta<strong>le</strong>nts, s'en alla ; iltrafiqua avec cet argent, et il en gagna cinq autres. - Celui qui en avait reçu deux,en gagna de même encore deux autres. Mais celui qui n'en avait reçu qu'un, allacreuser dans la terre et y cacha l'argent de son maître. - Longtemps après, <strong>le</strong> maîtrede ces serviteurs étant revenu, <strong>le</strong>ur fit rendre compte. - Et celui qui avait reçu cinqta<strong>le</strong>nts vint lui en présenter cinq autres, en lui disant : Seigneur, vous m'aviez miscinq ta<strong>le</strong>nts entre <strong>le</strong>s mains ; en voici, outre ceux-là, cinq autres que j'ai gagnés. -Son maître lui répondit : O bon et fidè<strong>le</strong> serviteur, parce que vous avez été fidè<strong>le</strong>en peu de chose, je vous établirai sur beaucoup d'autres ; entrez dans la joie devotre Seigneur. - Celui qui avait reçu deux ta<strong>le</strong>nts vint aussitôt se présenter à lui etlui dit : Seigneur, vous m'aviez mis deux ta<strong>le</strong>nts entre <strong>le</strong>s mains ; en voici, outreceux-là, deux autres que j'ai gagnés. - Son maître lui répondit : O bon et fidè<strong>le</strong>serviteur, parce que vous avez été fidè<strong>le</strong> en peu de chose, je vous établirai surbeaucoup d'autres ; entrez dans la joie de votre Seigneur. - Celui qui n'avait reçuqu'un ta<strong>le</strong>nt vint ensuite, et lui dit : Seigneur, je sais que vous êtes un homme dur,que vous moissonnez où vous n'avez pas semé, et que vous recueil<strong>le</strong>z où vousn'avez rien mis ; - c'est pourquoi, comme je vous appréhendais, j'ai été cachervotre ta<strong>le</strong>nt dans la terre ; <strong>le</strong> voici, je vous rends ce qui est à vous. - Mais sonmaître lui répondit : Serviteur méchant et paresseux, vous saviez que je moissonneoù je n'ai point semé, et que je recueil<strong>le</strong> où je n'ai rien mis, - vous deviez doncmettre mon argent entre <strong>le</strong>s mains des banquiers, afin qu'à mon retour je retirasseavec usure ce qui est à moi. - Qu'on lui ôte donc <strong>le</strong> ta<strong>le</strong>nt qu'il a, et qu'on <strong>le</strong> donne


184 CHAPITRE XVIà celui qui a dix ta<strong>le</strong>nts ; - car on donnera à tous ceux qui ont déjà, et ils serontcomblés de biens ; mais pour celui qui n'a point, on lui ôtera même ce qu'il semb<strong>le</strong>avoir ; et qu'on jette ce serviteur inuti<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s ténèbres extérieures ; c'est là qu'ily aura des p<strong>le</strong>urs et des grincements de dents. (Saint Matthieu, ch. XXV, v. de 14 à30.)Utilité providentiel<strong>le</strong> de la fortune.7. Si la richesse devait être un obstac<strong>le</strong> absolu au salut de ceux qui lapossèdent, ainsi qu'on pourrait en inférer de certaines paro<strong>le</strong>s de Jésusinterprétées <strong>selon</strong> la <strong>le</strong>ttre et non <strong>selon</strong> l'esprit, Dieu, qui la dispense,aurait mis entre <strong>le</strong>s mains de quelques-uns un instrument de perditionsans ressources, pensée qui répugne à la raison. La richesse est sansdoute une épreuve très glissante, plus dangereuse que la misère par sesentraînements, <strong>le</strong>s tentations qu'el<strong>le</strong> donne, et la fascination qu'el<strong>le</strong>exerce ; c'est <strong>le</strong> suprême excitant de l'orgueil, de l'égoïsme et de la viesensuel<strong>le</strong> ; c'est <strong>le</strong> lien <strong>le</strong> plus puissant qui attache l'homme à la terre etdétourne ses pensées du ciel ; el<strong>le</strong> produit un tel vertige que l'on voitsouvent celui qui passe de la misère à la fortune oublier vite sa premièreposition, ceux qui l'ont partagée, ceux qui l'ont aidé, et devenirinsensib<strong>le</strong>, égoïste et vain. Mais de ce qu'el<strong>le</strong> rend la route diffici<strong>le</strong>, il nes'ensuit pas qu'el<strong>le</strong> la rende impossib<strong>le</strong>, et ne puisse devenir un moyen desalut entre <strong>le</strong>s mains de celui qui sait s'en servir, comme certains poisonspeuvent rendre la santé s'ils sont employés à propos et avecdiscernement.Lorsque Jésus dit au jeune homme qui l'interrogeait sur <strong>le</strong>s moyens degagner la vie éternel<strong>le</strong> : «Défaites-vous de tous vos biens et suivez-moi,»il n'entendait point poser en principe absolu que chacun doit sedépouil<strong>le</strong>r de ce qu'il possède, et que <strong>le</strong> salut n'est qu'à ce prix, maismontrer que l'attachement aux biens terrestres est un obstac<strong>le</strong> au salut.Ce jeune homme, en effet, se croyait quitte parce qu'il avait observécertains commandements, et pourtant il recu<strong>le</strong> à l'idée d'abandonner sesbiens ; son désir d'obtenir la vie éternel<strong>le</strong> ne va pas jusqu'à ce sacrifice.La proposition que lui fait Jésus était une épreuve décisive pour mettreà jour <strong>le</strong> fond de sa pensée ; il pouvait sans doute être un parfait honnêtehomme <strong>selon</strong> <strong>le</strong> monde, ne faire de tort à personne, ne point médire deson prochain, n'être ni vain ni orgueil<strong>le</strong>ux, honorer son père et sa mère ;mais il n'avait pas la vraie charité, car sa vertu n'allait pas jusqu'àl'abnégation. Voilà ce que Jésus a voulu démontrer ; c'était uneapplication du principe : Hors la charité point de salut.


ON NE PEUT SERVIR DIEU ET MAMMON. 185La conséquence de ces paro<strong>le</strong>s prises dans <strong>le</strong>ur acception rigoureuse,serait l'abolition de la fortune comme nuisib<strong>le</strong> au bonheur futur, etcomme source d'une fou<strong>le</strong> de maux sur la terre ; ce serait de plus lacondamnation du travail qui peut la procurer ; conséquence absurde quiramènerait l'homme à la vie sauvage, et qui, par cela même, serait encontradiction avec la loi du progrès, qui est une loi de Dieu.Si la richesse est la source de beaucoup de maux, si el<strong>le</strong> excite tant demauvaises passions, si el<strong>le</strong> provoque tant de crimes même, il faut s'enprendre non à la chose, mais à l'homme qui en abuse, comme il abuse detous <strong>le</strong>s dons de Dieu ; par l'abus, il rend pernicieux ce qui pourrait luiêtre <strong>le</strong> plus uti<strong>le</strong> ; c'est la conséquence de l'état d'infériorité du mondeterrestre. Si la richesse ne devait produire que du mal, Dieu ne l'auraitpas mise sur la terre ; c'est à l'homme d'en faire sortir <strong>le</strong> bien. Si el<strong>le</strong> n'estpas un élément direct du progrès moral, el<strong>le</strong> est, sans contredit, unpuissant élément de progrès intel<strong>le</strong>ctuel.En effet, l'homme a pour mission de travail<strong>le</strong>r à l'améliorationmatériel<strong>le</strong> du globe ; il doit <strong>le</strong> défricher, l'assainir, <strong>le</strong> disposer pourrecevoir un jour toute la population que comporte son étendue ; pournourrir cette population qui croît sans cesse, il faut augmenter laproduction ; si la production d'une contrée est insuffisante, il faut al<strong>le</strong>r lachercher au loin. Par cela même, <strong>le</strong>s relations de peup<strong>le</strong> à peup<strong>le</strong>deviennent un besoin ; pour <strong>le</strong>s rendre plus faci<strong>le</strong>s, il faut détruire <strong>le</strong>sobstac<strong>le</strong>s matériels qui <strong>le</strong>s séparent, rendre <strong>le</strong>s communications plusrapides. Pour des travaux qui sont l'oeuvre des sièc<strong>le</strong>s, l'homme a dûpuiser des matériaux jusque dans <strong>le</strong>s entrail<strong>le</strong>s de la terre ; il a cherchédans la science <strong>le</strong>s moyens de <strong>le</strong>s exécuter plus sûrement et plusrapidement ; mais, pour <strong>le</strong>s accomplir, il lui faut des ressources : lanécessité lui a fait créer la richesse, comme el<strong>le</strong> lui a fait découvrir lascience. L'activité nécessitée par ces mêmes travaux grandit et développeson intelligence ; cette intelligence qu'il concentre d'abord sur lasatisfaction des besoins matériels, l'aidera plus tard à comprendre <strong>le</strong>sgrandes vérités mora<strong>le</strong>s. La richesse étant <strong>le</strong> premier moyen d'exécution,sans el<strong>le</strong> plus de grands travaux, plus d'activité, plus de stimulant, plusde recherches ; c'est donc avec raison qu'el<strong>le</strong> est considérée comme unélément du progrès.Inégalité des richesses.8. L'inégalité des richesses est un de ces problèmes que l'on cherche envain à résoudre, si l'on ne considère que la vie actuel<strong>le</strong>. La première


186 CHAPITRE XVIquestion qui se présente est cel<strong>le</strong>-ci : Pourquoi tous <strong>le</strong>s hommes ne sontilspas éga<strong>le</strong>ment riches ? Ils ne <strong>le</strong> sont pas par une raison très simp<strong>le</strong>,c'est qu'ils ne sont pas éga<strong>le</strong>ment intelligents, actifs et laborieux pouracquérir, sobres et prévoyants pour conserver. C'est d'ail<strong>le</strong>urs un pointmathématiquement démontré, que la fortune éga<strong>le</strong>ment répartiedonnerait à chacun une part minime et insuffisante ; qu'en supposantcette répartition faite, l'équilibre serait rompu en peu de temps par ladiversité des caractères et des aptitudes ; qu'en la supposant possib<strong>le</strong> etdurab<strong>le</strong>, chacun ayant à peine de quoi vivre, ce serait l'anéantissement detous <strong>le</strong>s grands travaux qui concourent au progrès et au bien-être del'humanité ; qu'en supposant qu'el<strong>le</strong> donnât à chacun <strong>le</strong> nécessaire, il n'yaurait plus l'aiguillon qui pousse aux grandes découvertes et auxentreprises uti<strong>le</strong>s. Si Dieu la concentre sur certains points, c'est pour quede là el<strong>le</strong> se répande en quantité suffisante, <strong>selon</strong> <strong>le</strong>s besoins.Ceci étant admis, on se demande pourquoi Dieu la donne à des gensincapab<strong>le</strong>s de la faire fructifier pour <strong>le</strong> bien de tous. Là encore est unepreuve de la sagesse et de la bonté de Dieu. En donnant à l'homme <strong>le</strong>libre arbitre, il a voulu qu'il arrivât, par sa propre expérience, à faire ladifférence du bien et du mal, et que la pratique du bien fût <strong>le</strong> résultat deses efforts et de sa propre volonté. Il ne doit être conduit fata<strong>le</strong>ment ni aubien ni au mal, sans cela il ne serait qu'un instrument passif etirresponsab<strong>le</strong>, comme <strong>le</strong>s animaux. La fortune est un moyen del'éprouver mora<strong>le</strong>ment ; mais comme, en même temps, c'est un puissantmoyen d'action pour <strong>le</strong> progrès, il ne veut pas qu'el<strong>le</strong> reste longtempsimproductive, c'est pourquoi il la déplace incessamment. Chacun doit laposséder, pour s'essayer à s'en servir et prouver l'usage qu'il en saitfaire ; mais comme il y a impossibilité matériel<strong>le</strong> à ce que tous l'aient enmême temps ; que d'ail<strong>le</strong>urs, si tout <strong>le</strong> monde la possédait, personne netravail<strong>le</strong>rait, et l'amélioration du globe en souffrirait, chacun la possèdeà son tour : tel qui ne l'a pas aujourd'hui l'a déjà eue ou l'aura dans uneautre existence, et tel qui l'a maintenant pourra ne plus l'avoir demain. Ily a des riches et des pauvres, parce que Dieu étant juste, chacun doittravail<strong>le</strong>r à son tour ; la pauvreté est pour <strong>le</strong>s uns l'épreuve de la patienceet de la résignation ; la richesse est pour <strong>le</strong>s autres l'épreuve de la charitéet de l'abnégation.On gémit avec raison de voir <strong>le</strong> pitoyab<strong>le</strong> usage que certaines gensfont de <strong>le</strong>ur fortune, <strong>le</strong>s ignob<strong>le</strong>s passions que provoque la convoitise, etl'on se demande si Dieu est juste de donner la richesse à de tel<strong>le</strong>s gens ?Il est certain que si l'homme n'avait qu'une seu<strong>le</strong> existence, rien ne


ON NE PEUT SERVIR DIEU ET MAMMON. 187justifierait une tel<strong>le</strong> répartition des biens de la terre ; mais si, au lieu deborner sa vue à la vie présente, on considère l'ensemb<strong>le</strong> des existences,on voit que tout s'équilibre avec justice. Le pauvre n'a donc plus de motifd'accuser la Providence, ni d'envier <strong>le</strong>s riches, et <strong>le</strong>s riches n'en ont plusde se glorifier de ce qu'ils possèdent. S'ils en abusent, ce n'est ni avec <strong>le</strong>sdécrets, ni avec <strong>le</strong>s lois somptuaires qu'on remédiera au mal ; <strong>le</strong>s loispeuvent momentanément changer l'extérieur, mais el<strong>le</strong>s ne peuventchanger <strong>le</strong> coeur ; c'est pourquoi el<strong>le</strong>s n'ont qu'une durée temporaire, etsont toujours suivies d'une réaction plus effrénée. La source du mal estdans l'égoïsme et l'orgueil ; <strong>le</strong>s abus de toute nature cesseront d'euxmêmesquand <strong>le</strong>s hommes se rég<strong>le</strong>ront sur la loi de charité.INSTRUCTIONS DES ESPRITS.La vraie propriété.9. L'homme ne possède en propre que ce qu'il peut emporter de cemonde. Ce qu'il trouve en arrivant et ce qu'il laisse en partant, il en jouitpendant son séjour ; mais, puisqu'il est forcé de l'abandonner, il n'en aque la jouissance et non la possession réel<strong>le</strong>. Que possède-t-il donc ?Rien de ce qui est à l'usage du corps, tout ce qui est à l'usage de l'âme :l'intelligence, <strong>le</strong>s connaissances, <strong>le</strong>s qualités mora<strong>le</strong>s ; voilà ce qu'ilapporte et ce qu'il emporte, ce qu'il n'est au pouvoir de personne de luien<strong>le</strong>ver, ce qui lui servira plus encore dans l'autre monde que dans celuici; de lui dépend d'être plus riche à son départ qu'à son arrivée, car de cequ'il aura acquis en bien dépend sa position future. Quand un homme vadans un pays lointain, il compose sa pacotil<strong>le</strong> d'objets qui ont cours dans<strong>le</strong> pays ; mais il ne se charge point de ceux qui lui seraient inuti<strong>le</strong>s.Faites donc de même pour la vie future, et faites provision de tout ce quipourra vous y servir.Au voyageur qui arrive dans une auberge, on donne un beau logements'il peut <strong>le</strong> payer ; à celui qui a peu de chose, on en donne un moinsagréab<strong>le</strong> ; quant à celui qui n'a rien, il couche sur la pail<strong>le</strong>. Ainsi en est-ilde l'homme à son arrivée dans <strong>le</strong> monde des Esprits : sa place y estsubordonnée à son avoir ; mais ce n'est pas avec de l'or qu'il la paye. Onne lui demandera point : Combien aviez-vous sur la terre ? quel rang yoccupiez-vous ? étiez-vous prince ou artisan ? Mais on lui demandera :Qu'en rapportez-vous ? On ne supputera point la va<strong>le</strong>ur de ses biens nide ses titres, mais la somme de ses vertus ; or, à ce compte, l'artisan peutêtre plus riche que <strong>le</strong> prince. En vain alléguera-t-il qu'avant son départ il


188 CHAPITRE XVIa payé son entrée avec de l'or, on lui répondra : Les places ne s'achètentpoint ici, el<strong>le</strong>s se gagnent par <strong>le</strong> bien qu'on a fait ; avec la monnaieterrestre, vous avez pu acheter des champs, des maisons, des palais ; icitout se paye avec <strong>le</strong>s qualités du coeur. Etes-vous riche de ces qualités ?soyez <strong>le</strong> bienvenu, et al<strong>le</strong>z à la première place où toutes <strong>le</strong>s félicités vousattendent ; êtes-vous pauvre ? al<strong>le</strong>z à la dernière où vous serez traité enraison de votre avoir. (PASCAL. Genève, 1860.)10. Les biens de la terre appartiennent à Dieu qui <strong>le</strong>s dispense à songré, et l'homme n'en est que l'usufruitier, l'administrateur plus ou moinsintègre et intelligent. Ils sont si peu la propriété individuel<strong>le</strong> de l'homme,que Dieu déjoue souvent toutes <strong>le</strong>s prévisions ; que la fortune échappe àcelui qui croit la posséder aux meil<strong>le</strong>urs titres.Vous direz peut-être que cela se comprend pour la fortune héréditaire,mais qu'il n'en est pas de même de cel<strong>le</strong> que l'on acquiert par son travail.Sans aucun doute, s'il est une fortune légitime, c'est cel<strong>le</strong>-là, quand el<strong>le</strong>est acquise honnêtement, car une propriété n'est légitimement acquiseque, lorsque, pour la posséder, on n'a fait de tort à personne. Il serademandé compte d'un denier mal acquis au préjudice d'autrui. Mais de cequ'un homme doit sa fortune à lui-même, en emporte-t-il davantage enmourant ? Les soins qu'il prend de la transmettre à ses descendants nesont-ils pas souvent superflus ? car si Dieu ne veut pas qu'el<strong>le</strong> <strong>le</strong>uréchoie, rien ne saurait prévaloir contre sa volonté. Peut-il en user et enabuser impunément pendant sa vie sans avoir de compte à rendre ? Non ;en lui permettant de l'acquérir, Dieu a pu vouloir récompenser en lui,pendant cette vie, ses efforts, son courage, sa persévérance ; mais s'il nela fait servir qu'à la satisfaction de ses sens ou de son orgueil ; si el<strong>le</strong>devient une cause de chute entre ses mains, mieux eût valu pour lui qu'ilne la possédât pas ; il perd d'un côté ce qu'il a gagné de l'autre enannulant <strong>le</strong> mérite de son travail, et quand il quittera la terre, Dieu luidira qu'il a déjà reçu sa récompense. (M. ESPRIT PROTECTEUR,Bruxel<strong>le</strong>s, 1861.)Emploi de la fortune.11. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon ; retenez bien ceci, vousque l'amour de l'or domine, vous qui vendriez votre âme pour posséderdes trésors, parce qu'ils peuvent vous é<strong>le</strong>ver au-dessus des autreshommes et vous donner <strong>le</strong>s jouissances des passions ; non, vous nepouvez servir Dieu et Mammon ! Si donc vous sentez votre âme


ON NE PEUT SERVIR DIEU ET MAMMON. 189dominée par <strong>le</strong>s convoitises de la chair, hâtez-vous de secouer <strong>le</strong> jougqui vous accab<strong>le</strong>, car Dieu, juste et sévère, vous dira : Qu'as-tu fait,économe infidè<strong>le</strong>, des biens que je t'avais confiés ? Ce puissant mobi<strong>le</strong>des bonnes oeuvres, tu ne l'as fait servir qu'à ta satisfaction personnel<strong>le</strong>.Quel est donc <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur emploi de la fortune ? cherchez dans cesparo<strong>le</strong>s : «Aimez-vous <strong>le</strong>s uns <strong>le</strong>s autres,» la solution de ce problème ; làest <strong>le</strong> secret de bien employer ses richesses. Celui qui est animé del'amour du prochain a sa ligne de conduite toute tracée ; l'emploi quiplaît à Dieu, c'est la charité ; non pas cette charité froide et égoïste quiconsiste à répandre autour de soi <strong>le</strong> superflu d'une existence dorée, maiscette charité p<strong>le</strong>ine d'amour qui cherche <strong>le</strong> malheur, qui <strong>le</strong> relève sansl'humilier. Riche, donne de ton superflu ; fais mieux : donne un peu deton nécessaire, car ton nécessaire est encore du superflu, mais donneavec sagesse. Ne repousse pas la plainte de peur d'être trompé, mais va àla source du mal ; soulage d'abord, informe-toi ensuite, et vois si <strong>le</strong>travail, <strong>le</strong>s conseils, l'affection même ne seront pas plus efficaces que tonaumône. Répands autour de toi, avec l'aisance, l'amour de Dieu, l'amourdu travail, l'amour du prochain. Place tes richesses sur un fonds qui ne temanquera jamais et te rapportera de gros intérêts : <strong>le</strong>s bonnes oeuvres.La richesse de l'intelligence doit te servir comme cel<strong>le</strong> de l'or ; répandsautour de toi <strong>le</strong>s trésors de l'instruction ; répands sur tes frères <strong>le</strong>s trésorsde ton amour, et ils fructifieront. (CHEVERUS. Bordeaux, 1861.)12. Lorsque je considère la brièveté de la vie, je suis douloureusementaffecté de l'incessante préoccupation dont <strong>le</strong> bien-être matériel est pourvous l'objet, tandis que vous attachez si peu d'importance, et neconsacrez que peu ou point de temps à votre perfectionnement moral quidoit vous compter pour l'éternité. On croirait, à voir l'activité que vousdéployez, qu'il s'y rattache une question du plus haut intérêt pourl'humanité, tandis qu'il ne s'agit presque toujours que de vous mettre àmême de satisfaire à des besoins exagérés, à la vanité, ou de vous livrerà des excès. Que de peines, de soucis, de tourments l'on se donne, que denuits sans sommeil, pour augmenter une fortune souvent plus quesuffisante ! Pour comb<strong>le</strong> d'aveug<strong>le</strong>ment, il n'est pas rare de voir ceuxqu'un amour immodéré de la fortune et des jouissances qu'el<strong>le</strong> procure,assujettit à un travail pénib<strong>le</strong>, se prévaloir d'une existence dite desacrifice et de mérite, comme s'ils travaillaient pour <strong>le</strong>s autres et nonpour eux-mêmes. Insensés ! vous croyez donc réel<strong>le</strong>ment qu'il vous seratenu compte des soins et des efforts dont l'égoïsme, la cupidité oul'orgueil sont <strong>le</strong> mobi<strong>le</strong>, tandis que vous négligez <strong>le</strong> soin de votre avenir,


190 CHAPITRE XVIainsi que <strong>le</strong>s devoirs que la solidarité fraternel<strong>le</strong> impose à tous ceux quijouissent des avantages de la vie socia<strong>le</strong> ! Vous n'avez songé qu'à votrecorps ; son bien-être, ses jouissances étaient l'unique objet de votresollicitude égoïste ; pour lui qui meurt, vous avez négligé votre Espritqui vivra toujours. Aussi ce maître tant choyé et caressé est devenu votretyran ; il commande à votre Esprit qui s'est fait son esclave. Etait-ce là <strong>le</strong>but de l'existence que Dieu vous avait donnée ? (UN ESPRITPROTECTEUR. Cracovie, 1861.)13. L'homme étant <strong>le</strong> dépositaire, <strong>le</strong> gérant des biens que Dieu remetentre ses mains, il lui sera demandé un compte sévère de l'emploi qu'il enaura fait en vertu de son libre arbitre. Le mauvais emploi consiste à ne<strong>le</strong>s faire servir qu'à sa satisfaction personnel<strong>le</strong> ; au contraire, l'emploi estbon toutes <strong>le</strong>s fois qu'il en résulte un bien quelconque pour autrui ; <strong>le</strong>mérite est proportionné au sacrifice que l'on s'impose. La bienfaisancen'est qu'un mode d'emploi de la fortune ; el<strong>le</strong> soulage la misère actuel<strong>le</strong> ;el<strong>le</strong> apaise la faim, préserve du froid et donne un asi<strong>le</strong> à celui qui n'en apas ; mais un devoir tout aussi impérieux, tout aussi méritoire, consiste àprévenir la misère ; c'est là surtout la mission des grandes fortunes par<strong>le</strong>s travaux de tous genres qu'el<strong>le</strong>s peuvent faire exécuter ; et dussentel<strong>le</strong>sen tirer un profit légitime, <strong>le</strong> bien n'en existerait pas moins, car <strong>le</strong>travail développe l'intelligence et rehausse la dignité de l'hommetoujours fier de pouvoir dire qu'il a gagné <strong>le</strong> pain qu'il mange, tandis quel'aumône humilie et dégrade. La fortune concentrée dans une main doitêtre comme une source d'eau vive qui répand la fécondité et <strong>le</strong> bien-êtreautour d'el<strong>le</strong>. O vous, riches, qui l'emploierez <strong>selon</strong> <strong>le</strong>s vues du Seigneur,votre coeur, <strong>le</strong> premier, se désaltérera à cette source bienfaisante ; vousaurez en cette vie <strong>le</strong>s ineffab<strong>le</strong>s jouissances de l'âme au lieu desjouissances matériel<strong>le</strong>s de l'égoïste qui laissent <strong>le</strong> vide dans <strong>le</strong> coeur.Votre nom sera béni sur la terre, et quand vous la quitterez, <strong>le</strong> souverainmaître vous adressera <strong>le</strong> mot de la parabo<strong>le</strong> des ta<strong>le</strong>nts : «O bon et fidè<strong>le</strong>serviteur, entrez dans la joie de votre Seigneur.» Dans cette parabo<strong>le</strong>, <strong>le</strong>serviteur qui enfouit dans la terre l'argent qui lui a été confié, n'est-il pasl'image des avares entre <strong>le</strong>s mains desquels la fortune est improductive ?Si cependant Jésus par<strong>le</strong> principa<strong>le</strong>ment des aumônes, c'est qu'en cetemps-là et dans <strong>le</strong> pays où il vivait on ne connaissait pas <strong>le</strong>s travaux que<strong>le</strong>s arts et l'industrie ont créés depuis, et auxquels la fortune peut êtreemployée uti<strong>le</strong>ment pour <strong>le</strong> bien général. A tous ceux qui peuventdonner, peu ou beaucoup, je dirai donc : Faites l'aumône quand cela sera


ON NE PEUT SERVIR DIEU ET MAMMON. 191nécessaire, mais autant que possib<strong>le</strong> convertissez-la en salaire, afin quecelui qui la reçoit n'en rougisse pas. (FENELON. Alger, 1860.)Détachement des biens terrestres.14. Je viens, mes frères, mes amis, apporter mon obo<strong>le</strong> pour vous aiderà marcher hardiment dans la voie d'amélioration où vous êtes entrés.Nous nous devons <strong>le</strong>s uns aux autres ; ce n'est que par une union sincèreet fraternel<strong>le</strong> entre Esprits et incarnés que la régénération est possib<strong>le</strong>.Votre amour pour <strong>le</strong>s biens terrestres est une des plus fortes entraves àvotre avancement moral et spirituel ; par cet attachement à la possession,vous brisez vos facultés aimantes en <strong>le</strong>s reportant toutes sur <strong>le</strong>s chosesmatériel<strong>le</strong>s. Soyez sincères ; la fortune donne-t-el<strong>le</strong> un bonheur sansmélange : Quand vos coffres sont p<strong>le</strong>ins, n'y a-t-il pas toujours un videdans <strong>le</strong> coeur ? Au fond de cette corbeil<strong>le</strong> de f<strong>le</strong>urs, n'y a-t-il pastoujours un repti<strong>le</strong> caché ? Je comprends que l'homme qui, par un travailassidu et honorab<strong>le</strong>, a gagné la fortune, éprouve une satisfaction, bienjuste du reste ; mais de cette satisfaction, très naturel<strong>le</strong> et que Dieuapprouve, à un attachement qui absorbe tout autre sentiment et paralyse<strong>le</strong>s élans du coeur, il y a loin ; aussi loin que de l'avarice sordide à laprodigalité exagérée, deux vices entre <strong>le</strong>squels Dieu a placé la charité,sainte et salutaire vertu qui apprend au riche à donner sans ostentation,pour que <strong>le</strong> pauvre reçoive sans bassesse.Que la fortune vous vienne de votre famil<strong>le</strong>, ou que vous l'ayez gagnéepar votre travail, il est une chose que vous ne devez jamais oublier, c'estque tout vient de Dieu, tout retourne à Dieu. Rien ne vous appartient surla terre, pas même votre pauvre corps : la mort vous en dépouil<strong>le</strong> commede tous <strong>le</strong>s biens matériels ; vous êtes dépositaires et non propriétaires,ne vous y trompez pas ; Dieu vous a prêté, vous devez rendre, et il vousprête à la condition que <strong>le</strong> superflu, au moins, revienne à ceux qui n'ontpas <strong>le</strong> nécessaire.Un de vos amis vous prête une somme ; pour peu que vous soyezhonnête, vous vous faites un scrupu<strong>le</strong> de la lui rendre, et vous lui engardez de la reconnaissance. Eh bien, voilà la position de tout hommeriche ; Dieu est l'ami cé<strong>le</strong>ste qui lui a prêté la richesse ; il ne demandepour lui que l'amour et la reconnaissance, mais il exige qu'à son tour <strong>le</strong>riche donne aux pauvres qui sont ses enfants au même titre que lui.Le bien que Dieu vous a confié excite en vos coeurs une ardente etfol<strong>le</strong> convoitise ; avez-vous réfléchi, quand vous vous attachezimmodérément à une fortune périssab<strong>le</strong> et passagère comme vous, qu'un


192 CHAPITRE XVIjour viendra où vous devrez rendre compte au Seigneur de ce qui vientde lui ? Oubliez-vous que, par la richesse, vous êtes revêtus du caractèresacré de ministres de la charité sur la terre pour en être <strong>le</strong>s dispensateursintelligents ? Qu'êtes-vous donc quand vous usez à votre seul profit dece qui vous a été confié, sinon des dépositaires infidè<strong>le</strong>s ? Que résulte-tilde cet oubli volontaire de vos devoirs ? La mort inf<strong>le</strong>xib<strong>le</strong>, inexorab<strong>le</strong>,vient déchirer <strong>le</strong> voi<strong>le</strong> sous <strong>le</strong>quel vous vous cachiez, et vous force àrendre vos comptes à l'ami même qui vous avait obligés, et qui à cemoment se revêt pour vous de la robe de juge.C'est en vain que sur la terre vous cherchez à vous faire illusion àvous-mêmes, en colorant du nom de vertu ce qui souvent n'est que del'égoïsme ; que vous appe<strong>le</strong>z économie et prévoyance ce qui n'est que dela cupidité et de l'avarice, ou générosité ce qui n'est que la prodigalité àvotre profit. Un père de famil<strong>le</strong>, par exemp<strong>le</strong>, s'abstiendra de faire lacharité, économisera, entassera or sur or, et cela, dit-il, pour laisser à sesenfants <strong>le</strong> plus de bien possib<strong>le</strong>, et <strong>le</strong>ur éviter de tomber dans la misère ;c'est fort juste et paternel, j'en conviens, et on ne peut l'en blâmer ; maisest-ce bien là toujours <strong>le</strong> seul mobi<strong>le</strong> qui <strong>le</strong> guide ? N'est-ce pas souventun compromis avec sa conscience pour justifier à ses propres yeux et auxyeux du monde son attachement personnel aux biens terrestres ?Cependant j'admets que l'amour paternel soit son unique mobi<strong>le</strong> ; est-ceun motif pour oublier ses frères devant Dieu ? Quand lui-même a déjà <strong>le</strong>superflu, laissera-t-il ses enfants dans la misère, parce qu'ils auront unpeu moins de ce superflu ? N'est-ce pas <strong>le</strong>ur donner une <strong>le</strong>çon d'égoïsmeet endurcir <strong>le</strong>ur coeur ? N'est-ce pas étouffer en eux l'amour duprochain ? Pères et mères, vous êtes dans une grande erreur, si vouscroyez par là augmenter l'affection de vos enfants pour vous ; en <strong>le</strong>urapprenant à être égoïstes pour <strong>le</strong>s autres, vous <strong>le</strong>ur apprenez à l'être pourvous-mêmes.Quand un homme a bien travaillé, et qu'à la sueur de son front il aamassé du bien, vous l'entendrez souvent dire que lorsque l'argent estgagné on en connaît mieux <strong>le</strong> prix : rien n'est plus vrai. Eh bien ! que cethomme qui avoue connaître toute la va<strong>le</strong>ur de l'argent, fasse la charité<strong>selon</strong> ses moyens, il aura plus de mérite que celui qui, né dansl'abondance, ignore <strong>le</strong>s rudes fatigues du travail. Mais qu'au contraire cemême homme qui se rappel<strong>le</strong> ses peines, ses travaux, soit égoïste, durpour <strong>le</strong>s pauvres, il est bien plus coupab<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s autres ; car plus onconnaît par soi-même <strong>le</strong>s dou<strong>le</strong>urs cachées de la misère, plus on doit êtreporté à <strong>le</strong>s soulager dans <strong>le</strong>s autres.


ON NE PEUT SERVIR DIEU ET MAMMON. 193Malheureusement il y a toujours dans l'homme qui possède unsentiment aussi fort que l'attachement à la fortune : c'est l'orgueil. Il n'estpas rare de voir <strong>le</strong> parvenu étourdir <strong>le</strong> malheureux qui implore sonassistance du récit de ses travaux et de son savoir-faire, au lieu de luivenir en aide, et finir par lui dire ; «Faites ce que j'ai fait.» D'après lui, labonté de Dieu n'est pour rien dans sa fortune ; à lui seul en revient tout <strong>le</strong>mérite ; son orgueil met un bandeau sur ses yeux et bouche ses oreil<strong>le</strong>s ;il ne comprend pas qu'avec toute son intelligence et son adresse, Dieupeut <strong>le</strong> renverser d'un seul mot.Gaspil<strong>le</strong>r sa fortune, ce n'est pas <strong>le</strong> détachement des biens terrestres,c'est de l'insouciance et de l'indifférence ; l'homme, dépositaire de cesbiens, n'a pas plus <strong>le</strong> droit de <strong>le</strong>s dilapider que de <strong>le</strong>s confisquer à sonprofit ; la prodigalité n'est pas la générosité, c'est souvent une forme del'égoïsme ; tel qui jette l'or à p<strong>le</strong>ines mains pour satisfaire une fantaisiene donnerait pas un écu pour rendre service. Le détachement des biensterrestres consiste à apprécier la fortune à sa juste va<strong>le</strong>ur, à savoir s'enservir pour <strong>le</strong>s autres et non pour soi seul, à n'y point sacrifier <strong>le</strong>s intérêtsde la vie future, à la perdre sans murmurer s'il plaît à Dieu de vous laretirer. Si, par des revers imprévus, vous devenez un autre Job, commelui, dites : «Seigneur, vous me l'aviez donnée, vous me l'avez ôtée ; quevotre volonté soit faite.» Voilà <strong>le</strong> vrai détachement. Soyez soumisd'abord ; ayez foi en celui qui vous ayant donné et ôté peut vous rendre ;résistez avec courage à l'abattement, au désespoir qui paralysent votreforce ; n'oubliez jamais, quand Dieu vous frappera, qu'à côté de la plusgrande épreuve, il place toujours une consolation. Mais songez surtoutqu'il est des biens infiniment plus précieux que ceux de la terre, et cettepensée aidera à vous détacher de ces derniers. Le peu de prix qu'onattache à une chose fait qu'on est moins sensib<strong>le</strong> à sa perte. L'homme quis'attache aux biens de la terre est comme l'enfant qui ne voit que <strong>le</strong>moment présent ; celui qui n'y tient pas est comme l'adulte qui voit deschoses plus importantes, car il comprend ces paro<strong>le</strong>s prophétiques duSauveur : Mon royaume n'est pas de ce monde.Le Seigneur n'ordonne point de se dépouil<strong>le</strong>r de ce qu'on possède pourse réduire à une mendicité volontaire, car alors on devient une chargepour la société ; agir ainsi serait mal comprendre <strong>le</strong> détachement desbiens terrestres ; c'est un égoïsme d'un autre genre, car c'est s'affranchirde la responsabilité que la fortune fait peser sur celui qui la possède.Dieu la donne à qui bon lui semb<strong>le</strong> pour la gérer au profit de tous ; <strong>le</strong>riche a donc une mission, mission qu'il peut rendre bel<strong>le</strong> et profitab<strong>le</strong>


194 CHAPITRE XVIpour lui ; rejeter la fortune quand Dieu vous la donne, c'est renoncer aubénéfice du bien que l'on peut faire en l'administrant avec sagesse.Savoir s'en passer quand on ne l'a pas, savoir l'employer uti<strong>le</strong>ment quandon l'a, savoir la sacrifier quand cela est nécessaire, c'est agir <strong>selon</strong> <strong>le</strong>svues du Seigneur. Que celui à qui il arrive ce qu'on appel<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>monde une bonne fortune, s'écrie : Mon Dieu, vous m'envoyez unenouvel<strong>le</strong> charge, donnez-moi la force de la remplir <strong>selon</strong> votre saintevolonté.Voilà, mes amis, ce que j'entendais vous enseigner par <strong>le</strong> détachementdes biens terrestres ; je me résume en disant : Sachez vous contenter depeu. Si vous êtes pauvre, n'enviez pas <strong>le</strong>s riches, car la fortune n'est pasnécessaire au bonheur ; si vous êtes riche, n'oubliez pas que ces biensvous sont confiés, et que vous en devrez justifier l'emploi comme dansun compte de tutel<strong>le</strong>. Ne soyez pas dépositaire infidè<strong>le</strong>, en <strong>le</strong>s faisantservir à la satisfaction de votre orgueil et de votre sensualité ; ne vouscroyez pas <strong>le</strong> droit de disposer pour vous uniquement de ce qui n'estqu'un prêt, et non un don. Si vous ne savez pas rendre, vous n'avez plus<strong>le</strong> droit de demander, et rappe<strong>le</strong>z-vous que celui qui donne aux pauvress'acquitte de la dette qu'il a contractée envers Dieu. (LACORDAIRE.Constantine, 1863.)15. Le principe en vertu duquel l'homme n'est que <strong>le</strong> dépositaire de lafortune dont Dieu lui permet de jouir pendant sa vie, lui ôte-t-il <strong>le</strong> droitde la transmettre à ses descendants ?L'homme peut parfaitement transmettre après sa mort ce dont il a eu lajouissance pendant sa vie, parce que l'effet de ce droit est toujourssubordonné à la volonté de Dieu qui peut, quand il veut, empêcher sesdescendants d'en jouir ; c'est ainsi qu'on voit s'écrou<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s fortunes quiparaissent <strong>le</strong> plus solidement assises. La volonté de l'homme pourmaintenir sa fortune dans sa lignée est donc impuissante, ce qui ne luiôte pas <strong>le</strong> droit de transmettre <strong>le</strong> prêt qu'il a reçu, puisque Dieu <strong>le</strong> retireraquand il <strong>le</strong> jugera à propos. (SAINT LOUIS, Paris, 1860.)


CHAPITRE XVII-SOYEZ PARFAITS.Caractères de la perfection. - L'homme de bien. - Les bons spirites. - Parabo<strong>le</strong>de la semence. - Instructions des Esprits : Le devoir. - La vertu. - Les supérieurs et<strong>le</strong>s inférieurs. - L'homme dans <strong>le</strong> monde. - Soignez <strong>le</strong> corps et l'esprit.Caractères de la perfection.1. Aimez vos ennemis ; faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pourceux qui vous persécutent et qui vous calomnient ; - car si vous n'aimez que ceuxqui vous aiment, quel<strong>le</strong> récompense en aurez-vous ? Les publicains ne <strong>le</strong> font-ilspas aussi ? - Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous en cela de plusque <strong>le</strong>s autres ? Les Païens ne <strong>le</strong> font-ils pas aussi ? - Soyez donc, vous autres,parfaits, comme votre Père cé<strong>le</strong>ste est parfait. (Saint Matthieu, ch. V, v. 44, 46,47, 48.)2. Puisque Dieu possède la perfection infinie en toutes choses, cettemaxime : «Soyez parfaits comme votre Père cé<strong>le</strong>ste est parfait,» prise àla <strong>le</strong>ttre, présupposerait la possibilité d'atteindre à la perfection absolue.S'il était donné à la créature d'être aussi parfaite que <strong>le</strong> Créateur, el<strong>le</strong> luideviendrait éga<strong>le</strong>, ce qui est inadmissib<strong>le</strong>. Mais <strong>le</strong>s hommes auxquelss'adressait Jésus n'auraient point compris cette nuance ; il se borne à <strong>le</strong>urprésenter un modè<strong>le</strong> et <strong>le</strong>ur dit de s'efforcer de l'atteindre.Il faut donc entendre par ces paro<strong>le</strong>s la perfection relative, cel<strong>le</strong> dontl'humanité est susceptib<strong>le</strong> et qui la rapproche <strong>le</strong> plus de la Divinité. Enquoi consiste cette perfection ? Jésus <strong>le</strong> dit : «Aimer ses ennemis, fairedu bien à ceux qui nous haïssent, prier pour ceux qui nous persécutent.»Il montre par là que l'essence de la perfection, c'est la charité dans saplus large acception, parce qu'el<strong>le</strong> implique la pratique de toutes <strong>le</strong>sautres vertus.En effet, si l'on observe <strong>le</strong>s résultats de tous <strong>le</strong>s vices, et même dessimp<strong>le</strong>s défauts, on reconnaîtra qu'il n'en est aucun qui n'altère plus oumoins <strong>le</strong> sentiment de la charité, parce que tous ont <strong>le</strong>ur principe dansl'égoïsme et l'orgueil, qui en sont la négation ; car tout ce qui surexcite <strong>le</strong>sentiment de la personnalité détruit, ou tout au moins affaiblit <strong>le</strong>séléments de la vraie charité, qui sont : la bienveillance, l'indulgence,l'abnégation et <strong>le</strong> dévouement. L'amour du prochain, porté jusqu'àl'amour de ses ennemis, ne pouvant s'allier avec aucun défaut contraire àla charité, est, par cela même, toujours l'indice d'une plus ou moins


196 CHAPITRE XVIIgrande supériorité mora<strong>le</strong> ; d'où il résulte que <strong>le</strong> degré de la perfectionest en raison de l'étendue de cet amour ; c'est pourquoi Jésus, après avoirdonné à ses discip<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s de la charité dans ce qu'el<strong>le</strong> a de plussublime, <strong>le</strong>ur dit : «Soyez donc parfaits comme votre Père cé<strong>le</strong>ste estparfait.»L'homme de bien.3. Le véritab<strong>le</strong> homme de bien est celui qui pratique la loi de justice,d'amour et de charité dans sa plus grande pureté. S'il interroge saconscience sur ses propres actes, il se demande s'il n'a point violé cetteloi ; s'il n'a point fait de mal ; s'il a fait tout <strong>le</strong> bien qu'il a pu ; s'il anégligé volontairement une occasion d'être uti<strong>le</strong> ; si nul n'a à se plaindrede lui ; enfin s'il a fait à autrui tout ce qu'il eût voulu qu'on fît pour lui.Il a foi en Dieu, en sa bonté, en sa justice et en sa sagesse ; il sait querien n'arrive sans sa permission, et il se soumet en toutes choses à savolonté.Il a foi en l'avenir ; c'est pourquoi il place <strong>le</strong>s biens spirituels audessusdes biens temporels.Il sait que toutes <strong>le</strong>s vicissitudes de la vie, toutes <strong>le</strong>s dou<strong>le</strong>urs, toutes<strong>le</strong>s déceptions, sont des épreuves ou des expiations, et il <strong>le</strong>s accepte sansmurmures.L'homme pénétré du sentiment de charité et d'amour du prochain fait<strong>le</strong> bien pour <strong>le</strong> bien, sans espoir de retour, rend <strong>le</strong> bien pour <strong>le</strong> mal, prendla défense du faib<strong>le</strong> contre <strong>le</strong> fort, et sacrifie toujours son intérêt à lajustice.Il trouve sa satisfaction dans <strong>le</strong>s bienfaits qu'il répand, dans <strong>le</strong>sservices qu'il rend, dans <strong>le</strong>s heureux qu'il fait, dans <strong>le</strong>s larmes qu'il tarit,dans <strong>le</strong>s consolations qu'il donne aux affligés. Son premier mouvementest de penser aux autres avant de penser à lui, de chercher l'intérêt desautres avant <strong>le</strong> sien propre. L'égoïste, au contraire, calcu<strong>le</strong> <strong>le</strong>s profits et<strong>le</strong>s pertes de toute action généreuse.Il est bon, humain et bienveillant pour tout <strong>le</strong> monde, sans acceptionde races ni de croyances, parce qu'il voit des frères dans tous <strong>le</strong>shommes.Il respecte en autrui toutes <strong>le</strong>s convictions sincères, et ne jette pointl'anathème à ceux qui ne pensent pas comme lui.En toutes circonstances la charité est son guide ; il se dit que celui quiporte préjudice à autrui par des paro<strong>le</strong>s malveillantes, qui froisse lasusceptibilité de quelqu'un par son orgueil et son dédain, qui ne recu<strong>le</strong>


SOYEZ PARFAITS. 197pas à l'idée de causer une peine, une contrariété, même légère, quand ilpeut l'éviter, manque au devoir de l'amour du prochain, et ne mérite pasla clémence du Seigneur.Il n'a ni haine, ni rancune, ni désir de vengeance ; à l'exemp<strong>le</strong> de Jésus,il pardonne et oublie <strong>le</strong>s offenses, et ne se souvient que des bienfaits ;car il sait qu'il lui sera pardonné comme il aura pardonné lui-même.Il est indulgent pour <strong>le</strong>s faib<strong>le</strong>sses d'autrui, parce qu'il sait qu'il a luimêmebesoin d'indulgence, et se rappel<strong>le</strong> cette paro<strong>le</strong> du Christ : Quecelui qui est sans péché lui jette la première pierre.Il ne se complaît point à rechercher <strong>le</strong>s défauts d'autrui ni à <strong>le</strong>s mettreen évidence. Si la nécessité l'y oblige, il cherche toujours <strong>le</strong> bien qui peutatténuer <strong>le</strong> mal.Il étudie ses propres imperfections, et travail<strong>le</strong> sans cesse à <strong>le</strong>scombattre. Tous ses efforts tendent à pouvoir se dire <strong>le</strong> <strong>le</strong>ndemain qu'il ya en lui quelque chose de mieux que la veil<strong>le</strong>.Il ne cherche à faire valoir ni son esprit, ni ses ta<strong>le</strong>nts aux dépensd'autrui ; il saisit, au contraire, toutes <strong>le</strong>s occasions de faire ressortir cequi est à l'avantage des autres.Il ne tire aucune vanité ni de sa fortune, ni de ses avantagespersonnels, parce qu'il sait que tout ce qui lui a été donné peut lui êtreretiré.Il use, mais n'abuse point des biens qui lui sont accordés, parce qu'ilsait que c'est un dépôt dont il devra compte, et que l'emploi <strong>le</strong> pluspréjudiciab<strong>le</strong> qu'il en puisse faire pour lui-même, c'est de <strong>le</strong>s faire servirà la satisfaction de ses passions.Si l'ordre social a placé des hommes sous sa dépendance, il <strong>le</strong>s traiteavec bonté et bienveillance, parce que ce sont ses égaux devant Dieu ; iluse de son autorité pour re<strong>le</strong>ver <strong>le</strong>ur moral, et non pour <strong>le</strong>s écraser deson orgueil ; il évite tout ce qui pourrait rendre <strong>le</strong>ur position subalterneplus pénib<strong>le</strong>.Le subordonné, de son côté, comprend <strong>le</strong>s devoirs de sa position, et sefait un scrupu<strong>le</strong> de <strong>le</strong>s remplir consciencieusement. (Ch. XVII, nº 9.)L'homme de bien, enfin, respecte dans ses semblab<strong>le</strong>s tous <strong>le</strong>s droitsque donnent <strong>le</strong>s lois de la nature, comme il voudrait qu'on <strong>le</strong>s respectâtenvers lui.Là n'est pas l'énumération de toutes <strong>le</strong>s qualités qui distinguentl'homme de bien, mais quiconque s'efforce de posséder cel<strong>le</strong>s-ci est surla voie qui conduit à toutes <strong>le</strong>s autres.


198 CHAPITRE XVIILes bons spirites.4. Le <strong>spiritisme</strong> bien compris, mais surtout bien senti, conduitforcément aux résultats ci-dessus, qui caractérisent <strong>le</strong> vrai spirite comme<strong>le</strong> vrai chrétien, l'un et l'autre ne faisant qu'un. Le <strong>spiritisme</strong> ne créeaucune mora<strong>le</strong> nouvel<strong>le</strong> ; il facilite aux hommes l'intelligence et lapratique de cel<strong>le</strong> du Christ, en donnant une foi solide et éclairée à ceuxqui doutent ou qui chancel<strong>le</strong>nt.Mais beaucoup de ceux qui croient aux faits des manifestations n'encomprennent ni <strong>le</strong>s conséquences ni la portée mora<strong>le</strong>, ou, s'ils <strong>le</strong>scomprennent, ils ne se <strong>le</strong>s appliquent point à eux-mêmes. A quoi celatient-il ? Est-ce à un défaut de précision de la doctrine ? Non, car el<strong>le</strong> necontient ni allégories, ni figures qui puissent donner lieu à de faussesinterprétations ; son essence même est la clarté, et c'est ce qui fait sapuissance, parce qu'el<strong>le</strong> va droit à l'intelligence. El<strong>le</strong> n'a rien demystérieux, et ses initiés ne sont en possession d'aucun secret caché auvulgaire.Faut-il donc, pour la comprendre, une intelligence hors ligne ? Non,car on voit des hommes d'une capacité notoire qui ne la comprennentpas, tandis que des intelligences vulgaires, des jeunes gens même à peinesortis de l'ado<strong>le</strong>scence, en saisissent avec une admirab<strong>le</strong> justesse <strong>le</strong>snuances <strong>le</strong>s plus délicates. Cela vient de ce que la partie en quelque sortematériel<strong>le</strong> de la science ne requiert que des yeux pour observer, tandisque la partie essentiel<strong>le</strong> veut un certain degré de sensibilité qu'on peutappe<strong>le</strong>r la maturité du sens moral, maturité indépendante de l'âge et dudegré d'instruction, parce qu'el<strong>le</strong> est inhérente au développement, dansun sens spécial, de l'Esprit incarné.Chez quelques-uns, <strong>le</strong>s liens de la matière sont encore trop tenacespour permettre à l'Esprit de se dégager des choses de la terre ; <strong>le</strong>brouillard qui <strong>le</strong>s environne <strong>le</strong>ur dérobe la vue de l'infini ; c'est pourquoiils ne rompent faci<strong>le</strong>ment ni avec <strong>le</strong>urs goûts, ni avec <strong>le</strong>urs habitudes, necomprenant pas quelque chose de mieux que ce qu'ils ont ; la croyanceaux Esprits est pour eux un simp<strong>le</strong> fait, mais ne modifie que peu ou point<strong>le</strong>urs tendances instinctives ; en un mot, ils ne voient qu'un rayon de lalumière, insuffisant pour <strong>le</strong>s conduire et <strong>le</strong>ur donner une aspirationpuissante, capab<strong>le</strong> de vaincre <strong>le</strong>urs penchants. Ils s'attachent auxphénomènes plus qu'à la mora<strong>le</strong>, qui <strong>le</strong>ur semb<strong>le</strong> bana<strong>le</strong> et monotone ; ilsdemandent aux Esprits de <strong>le</strong>s initier sans cesse à de nouveaux mystères,sans se demander s'ils se sont rendus dignes d'être mis dans <strong>le</strong>s secrets


SOYEZ PARFAITS. 199du Créateur. Ce sont <strong>le</strong>s spirites imparfaits, dont quelques-uns restent enchemin ou s'éloignent de <strong>le</strong>urs frères en croyance, parce qu'ils recu<strong>le</strong>ntdevant l'obligation de se réformer eux-mêmes, ou bien ils réservent <strong>le</strong>urssympathies pour ceux qui partagent <strong>le</strong>urs faib<strong>le</strong>sses ou <strong>le</strong>urs préventions.Cependant l'acceptation du principe de la doctrine est un premier pas qui<strong>le</strong>ur rendra <strong>le</strong> second plus faci<strong>le</strong> dans une autre existence.Celui que l'on peut, avec raison, qualifier de vrai et sincère spirite, està un degré supérieur d'avancement moral ; l'Esprit qui domine pluscomplètement la matière lui donne une perception plus claire del'avenir ; <strong>le</strong>s principes de la doctrine font vibrer en lui des fibres quirestent muettes chez <strong>le</strong>s premiers ; en un mot, il est touché au coeur ;aussi sa foi est-el<strong>le</strong> inébranlab<strong>le</strong>. L'un est comme <strong>le</strong> musicien qui s'émeutà certains accords, tandis qu'un autre n'entend que des sons. Onreconnaît <strong>le</strong> vrai spirite à sa transformation mora<strong>le</strong>, et aux efforts qu'ilfait pour dompter ses mauvaises inclinations ; tandis que l'un secomplaît dans son horizon borné, l'autre, qui comprend quelque chose demieux, s'efforce de s'en détacher, et il y parvient toujours quand il en a laferme volonté.Parabo<strong>le</strong> de la semence.5. Ce même jour, Jésus, étant sorti de la maison, s'assit auprès de la mer ; - et ils'assembla autour de lui une grande fou<strong>le</strong> de peup<strong>le</strong> ; c'est pourquoi il monta surune barque, où il s'assit, tout <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> se tenant sur <strong>le</strong> rivage ; - et il <strong>le</strong>ur ditbeaucoup de choses en parabo<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>ur parlant de cette sorte :Celui qui sème s'en alla semer ; - et pendant qu'il semait, quelque partie de lasemence tomba <strong>le</strong> long du chemin, et <strong>le</strong>s oiseaux du ciel étant venus la mangèrent.Une autre tomba dans des lieux pierreux où el<strong>le</strong> n'avait pas beaucoup de terre ;et el<strong>le</strong> <strong>le</strong>va aussitôt, parce que la terre où el<strong>le</strong> était n'avait pas de profondeur. -Mais <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il s'étant <strong>le</strong>vé ensuite, el<strong>le</strong> en fut brûlée ; et comme el<strong>le</strong> n'avait point deracine, el<strong>le</strong> sécha.Une autre tomba dans des épines, et <strong>le</strong>s épines venant à croître l'étouffèrent.Une autre enfin tomba dans de bonne terre, et el<strong>le</strong> porta du fruit, quelquesgrains rendant cent pour un, d'autres soixante, et d'autres trente.Que celui-là entende, qui a des oreil<strong>le</strong>s pour entendre. (Saint Matthieu, ch. XIII,v. de 1 à 9.)Ecoutez donc, vous autres, la parabo<strong>le</strong> de celui qui sème.Quiconque écoute la paro<strong>le</strong> du royaume et n'y fait point d'attention, l'espritmalin vient et enlève ce qui avait été semé dans son coeur ; c'est celui-là qui a reçula semence <strong>le</strong> long du chemin.


200 CHAPITRE XVIICelui qui reçoit la semence au milieu des pierres, c'est celui qui écoute laparo<strong>le</strong>, et qui la reçoit à l'heure même avec joie ; - mais il n'a point en soi deracine, et il n'est que pour un temps ; et lorsqu'il survient des traverses et despersécutions à cause de la paro<strong>le</strong>, il en prend aussitôt un sujet de scanda<strong>le</strong> et dechute.Celui qui reçoit la semence parmi <strong>le</strong>s épines, c'est celui qui entend la paro<strong>le</strong> ;mais ensuite <strong>le</strong>s sollicitudes de ce sièc<strong>le</strong> et l'illusion des richesses étouffent en luicette paro<strong>le</strong> et la rendent infructueuse.Mais celui qui reçoit la semence dans une bonne terre, c'est celui qui écoute laparo<strong>le</strong>, qui y fait attention et qui porte du fruit, et rend cent, ou soixante, ou trentepour un. (Saint Matthieu, ch. XIII, v. de 18 à 23.)6. La parabo<strong>le</strong> de la semence représente parfaitement <strong>le</strong>s nuances quiexistent dans la manière de mettre à profit <strong>le</strong>s enseignements del'Evangi<strong>le</strong>. Combien est-il de gens, en effet, pour <strong>le</strong>squels ce n'est qu'une<strong>le</strong>ttre morte qui, pareil<strong>le</strong> à la semence tombée sur <strong>le</strong> roc, ne produitaucun fruit !El<strong>le</strong> trouve une application non moins juste dans <strong>le</strong>s différentescatégories de spirites. N'est-el<strong>le</strong> pas l'emblème de ceux qui ne s'attachentqu'aux phénomènes matériels, et n'en tirent aucune conséquence, parcequ'ils n'y voient qu'un objet de curiosité ? de ceux qui ne cherchent que<strong>le</strong> brillant dans <strong>le</strong>s communications des Esprits, et ne s'y intéressentqu'autant qu'el<strong>le</strong>s satisfont <strong>le</strong>ur imagination, mais qui, après <strong>le</strong>s avoirentendues, sont aussi froids et indifférents qu'auparavant ? qui trouvent<strong>le</strong>s conseils fort bons et <strong>le</strong>s admirent, mais en font l'application auxautres et non à eux-mêmes ? de ceux, enfin, pour qui ces instructionssont comme la semence tombée dans la bonne terre, et produisent desfruits ?INSTRUCTIONS DES ESPRITS.Le devoir.7. Le devoir est l'obligation mora<strong>le</strong>, vis-à-vis de soi d'abord, et desautres ensuite. Le devoir est la loi de la vie ; il se retrouve dans <strong>le</strong>s plusinfimes détails, aussi bien que dans <strong>le</strong>s actes é<strong>le</strong>vés. Je ne veux par<strong>le</strong>r icique du devoir moral, et non de celui qu'imposent <strong>le</strong>s professions.Dans l'ordre des sentiments, <strong>le</strong> devoir est très diffici<strong>le</strong> à remplir, parcequ'il se trouve en antagonisme avec <strong>le</strong>s séductions de l'intérêt et ducoeur ; ses victoires n'ont pas de témoins, et ses défaites n'ont pas derépression. Le devoir intime de l'homme est abandonné à son libre


SOYEZ PARFAITS. 201arbitre ; l'aiguillon de la conscience, cette gardienne de la probitéintérieure, l'avertit et <strong>le</strong> soutient, mais el<strong>le</strong> demeure souvent impuissantedevant <strong>le</strong>s sophismes de la passion. Le devoir du coeur, fidè<strong>le</strong>mentobservé, élève l'homme ; mais ce devoir, comment <strong>le</strong> préciser ? Oùcommence-t-il ? où s'arrête-t-il ? Le devoir commence précisément aupoint où vous menacez <strong>le</strong> bonheur ou <strong>le</strong> repos de votre prochain ; il setermine à la limite que vous ne voudriez pas voir franchir pour vousmême.Dieu a créé tous <strong>le</strong>s hommes égaux pour la dou<strong>le</strong>ur ; petits ou grands,ignorants ou éclairés, souffrent par <strong>le</strong>s mêmes causes, afin que chacunjuge sainement <strong>le</strong> mal qu'il peut faire. Le même critérium n'existe paspour <strong>le</strong> bien, infiniment plus varié dans ses expressions. L'égalité devantla dou<strong>le</strong>ur est une sublime prévoyance de Dieu, qui veut que ses enfants,instruits par l'expérience commune, ne commettent pas <strong>le</strong> mal enarguant de l'ignorance de ses effets.Le devoir est <strong>le</strong> résumé pratique de toutes <strong>le</strong>s spéculations mora<strong>le</strong>s ;c'est une bravoure de l'âme qui affronte <strong>le</strong>s angoisses de la lutte ; il estaustère et soup<strong>le</strong> ; prompt à se plier aux complications diverses, ildemeure inf<strong>le</strong>xib<strong>le</strong> devant <strong>le</strong>urs tentations. L'homme qui remplit sondevoir aime Dieu plus que <strong>le</strong>s créatures, et <strong>le</strong>s créatures plus que luimême; il est à la fois juge et esclave dans sa propre cause.Le devoir est <strong>le</strong> plus beau f<strong>le</strong>uron de la raison ; il relève d'el<strong>le</strong>, comme<strong>le</strong> fils relève de sa mère. L'homme doit aimer <strong>le</strong> devoir, non parce qu'ilpréserve des maux de la vie, auxquels l'humanité ne peut se soustraire,mais parce qu'il donne à l'âme la vigueur nécessaire à sondéveloppement.Le devoir grandit et rayonne sous une forme plus é<strong>le</strong>vée dans chacunedes étapes supérieures de l'humanité ; l'obligation mora<strong>le</strong> ne cesse jamaisde la créature à Dieu ; el<strong>le</strong> doit refléter <strong>le</strong>s vertus de l'Eternel quin'accepte pas une ébauche imparfaite, parce qu'il veut que la beauté deson oeuvre resp<strong>le</strong>ndisse devant lui. (LAZARE. Paris, 1863.)La vertu.8. La vertu, à son plus haut degré, comporte l'ensemb<strong>le</strong> de toutes <strong>le</strong>squalités essentiel<strong>le</strong>s qui constituent l'homme de bien. Etre bon,charitab<strong>le</strong>, laborieux, sobre, modeste, ces qualités sont de l'hommevertueux. Malheureusement el<strong>le</strong>s sont souvent accompagnées de petitesinfirmités mora<strong>le</strong>s qui <strong>le</strong>s déparent et <strong>le</strong>s atténuent. Celui qui fait paradede sa vertu n'est pas vertueux, puisqu'il lui manque la qualité principa<strong>le</strong> :


202 CHAPITRE XVIIla modestie, et qu'il a <strong>le</strong> vice <strong>le</strong> plus contraire : l'orgueil. La vertuvraiment digne de ce nom n'aime pas à s'éta<strong>le</strong>r ; on la devine, mais el<strong>le</strong>se dérobe dans l'obscurité et fuit l'admiration des fou<strong>le</strong>s. Saint Vincentde Paul était vertueux ; <strong>le</strong> digne curé d'Ars était vertueux, et beaucoupd'autres peu connus du monde, mais connus de Dieu. Tous ces hommesde bien ignoraient eux-mêmes qu'ils fussent vertueux ; ils se laissaiental<strong>le</strong>r au courant de <strong>le</strong>urs saintes inspirations, et pratiquaient <strong>le</strong> bien avecun désintéressement comp<strong>le</strong>t et un entier oubli d'eux-mêmes.C'est à la vertu ainsi comprise et pratiquée que je vous convie, mesenfants ; c'est à cette vertu vraiment chrétienne et vraiment spirite que jevous engage à vous consacrer ; mais éloignez de vos coeurs la pensée del'orgueil, de la vanité, de l'amour-propre qui déparent toujours <strong>le</strong>s plusbel<strong>le</strong>s qualités. N'imitez pas cet homme qui se pose comme un modè<strong>le</strong> etprône lui-même ses propres qualités à toutes <strong>le</strong>s oreil<strong>le</strong>s complaisantes.Cette vertu d'ostentation dérobe souvent une fou<strong>le</strong> de petites turpitudeset d'odieuses lâchetés.En principe, l'homme qui s'exalte lui-même, qui élève une statue à sapropre vertu, annihi<strong>le</strong> par ce fait seul tout <strong>le</strong> mérite effectif qu'il peutavoir. Mais que dirai-je de celui dont toute la va<strong>le</strong>ur est de paraître cequ'il n'est pas ? Je veux bien admettre que l'homme qui fait <strong>le</strong> bien enressente au fond du coeur une satisfaction intime, mais dès que cettesatisfaction se traduit au-dehors pour en recueillir des éloges, el<strong>le</strong>dégénère en amour-propre.O vous tous que la foi spirite a réchauffés de ses rayons, et qui savezcombien l'homme est loin de la perfection, ne donnez jamais dans unpareil travers. La vertu est une grâce que je souhaite à tous <strong>le</strong>s sincèresspirites, mais je <strong>le</strong>ur dirai : Mieux vaut moins de vertus avec la modestieque beaucoup avec de l'orgueil. C'est par l'orgueil que <strong>le</strong>s humanitéssuccessives se sont perdues, c'est par l'humilité qu'el<strong>le</strong>s doivent seracheter un jour. (FRANÇOIS, NICOLAS, MADELEINE. Paris, 1863.)Les supérieurs et <strong>le</strong>s inférieurs.9. L'autorité, de même que la fortune, est une délégation dont il serademandé compte à celui qui en est revêtu ; ne croyez pas qu'el<strong>le</strong> lui soitdonnée pour lui procurer <strong>le</strong> vain plaisir de commander, ni, ainsi que <strong>le</strong>croient faussement la plupart des puissants de la terre, comme un droit,une propriété. Dieu, cependant, <strong>le</strong>ur prouve assez que ce n'est ni l'un nil'autre, puisqu'il la <strong>le</strong>ur retire quand cela lui plaît. Si c'était un privilègeattaché à <strong>le</strong>ur personne, el<strong>le</strong> serait inaliénab<strong>le</strong>. Nul ne peut donc dire


SOYEZ PARFAITS. 203qu'une chose lui appartient, quand el<strong>le</strong> peut lui être ôtée sans sonconsentement. Dieu donne l'autorité à titre de mission ou d'épreuvequand cela lui convient, et la retire de même.Quiconque est dépositaire de l'autorité, de quelque étendue qu'el<strong>le</strong>soit, depuis <strong>le</strong> maître sur son serviteur jusqu'au souverain sur son peup<strong>le</strong>,ne doit pas se dissimu<strong>le</strong>r qu'il a charge d'âmes ; il répondra de la bonneou de la mauvaise direction qu'il aura donnée à ses subordonnés, et <strong>le</strong>sfautes que ceux-ci pourront commettre, <strong>le</strong>s vices auxquels ils serontentraînés par suite de cette direction ou des mauvais exemp<strong>le</strong>s,retomberont sur lui, tandis qu'il recueil<strong>le</strong>ra <strong>le</strong>s fruits de sa sollicitudepour <strong>le</strong>s amener au bien. Tout homme a sur la terre une mission petite ougrande ; quel<strong>le</strong> qu'el<strong>le</strong> soit, el<strong>le</strong> est toujours donnée pour <strong>le</strong> bien ; c'estdonc y faillir que de la fausser dans son principe.Si Dieu demande au riche : Qu'as-tu fait de la fortune qui devait êtreentre tes mains une source répandant la fécondité tout à l'entour ? ildemandera à celui qui possède une autorité quelconque : Quel usage astufait de cette autorité ? quel mal as-tu arrêté ? quel progrès as-tu faitfaire ? Si je t'ai donné des subordonnés, ce n'était pas pour en faire <strong>le</strong>sesclaves de ta volonté, ni <strong>le</strong>s instruments doci<strong>le</strong>s de tes caprices ou de tacupidité ; je t'ai fait fort, et je t'ai confié des faib<strong>le</strong>s pour <strong>le</strong>s soutenir et<strong>le</strong>s aider à monter vers moi.Le supérieur qui est pénétré des paro<strong>le</strong>s du Christ ne méprise aucun deceux qui sont au-dessous de lui, parce qu'il sait que <strong>le</strong>s distinctionssocia<strong>le</strong>s n'en établissent pas devant Dieu. Le <strong>spiritisme</strong> lui apprend ques'ils lui obéissent aujourd'hui, ils ont pu lui commander, ou pourront luicommander plus tard, et qu'alors il sera traité comme il <strong>le</strong>s aura traitéslui-même.Si <strong>le</strong> supérieur a des devoirs à remplir, l'inférieur en a de son côté quine sont pas moins sacrés. Si ce dernier est spirite, sa conscience lui diramieux encore qu'il n'en est pas dispensé, alors même que son chef neremplirait pas <strong>le</strong>s siens, parce qu'il sait qu'on ne doit pas rendre <strong>le</strong> malpour <strong>le</strong> mal, et que <strong>le</strong>s fautes des uns n'autorisent pas <strong>le</strong>s fautes desautres. S'il souffre de sa position, il se dit qu'il l'a sans doute méritée,parce que lui-même a peut-être abusé jadis de son autorité, et qu'il doitressentir à son tour <strong>le</strong>s inconvénients de ce qu'il a fait souffrir aux autres.S'il est forcé de subir cette position, faute d'en trouver une meil<strong>le</strong>ure, <strong>le</strong><strong>spiritisme</strong> lui apprend à s'y résigner comme à une épreuve pour sonhumilité, nécessaire à son avancement. Sa croyance <strong>le</strong> guide dans saconduite ; il agit comme il voudrait que ses subordonnés agissent envers


204 CHAPITRE XVIIlui s'il était chef. Par cela même il est plus scrupu<strong>le</strong>ux dansl'accomplissement de ses obligations, car il comprend que toutenégligence dans <strong>le</strong> travail qui lui est confié est un préjudice pour celuiqui <strong>le</strong> rémunère et à qui il doit son temps et ses soins ; en un mot, il estsollicité par <strong>le</strong> sentiment du devoir que lui donne sa foi, et la certitudeque toute déviation du droit chemin est une dette qu'il faudra payer tôtou tard. (FRANCOIS, NICOLAS, MADELEINE, card. MORLOT,Paris, 1863.)L'homme dans <strong>le</strong> monde.10. Un sentiment de piété doit toujours animer <strong>le</strong> coeur de ceux qui seréunissent sous <strong>le</strong>s yeux du Seigneur et implorent l'assistance des bonsEsprits. Purifiez donc vos coeurs ; n'y laissez séjourner aucune penséemondaine ou futi<strong>le</strong> ; é<strong>le</strong>vez votre esprit vers ceux que vous appe<strong>le</strong>z, afinque, trouvant en vous <strong>le</strong>s dispositions nécessaires, ils puissent jeter àprofusion la semence qui doit germer dans vos coeurs et y porter desfruits de charité et de justice.Ne croyez pas pourtant qu'en vous excitant sans cesse à la prière et àl'évocation menta<strong>le</strong>, nous vous engagions à vivre d'une vie mystique quivous tienne en dehors des lois de la société où vous êtes condamnés àvivre. Non, vivez avec <strong>le</strong>s hommes de votre époque, comme doiventvivre des hommes ; sacrifiez aux besoins, aux frivolités même du jour,mais sacrifiez-y avec un sentiment de pureté qui puisse <strong>le</strong>s sanctifier.Vous êtes appelés à vous trouver en contact avec des esprits de naturedifférente, des caractères opposés : ne heurtez aucun de ceux avec<strong>le</strong>squels vous vous trouvez. Soyez gais, soyez heureux, mais de la gaietéque donne une bonne conscience, du bonheur de l'héritier du cielcomptant <strong>le</strong>s jours qui <strong>le</strong> rapprochent de son héritage.La vertu ne consiste pas à revêtir un aspect sévère et lugubre, àrepousser <strong>le</strong>s plaisirs que vos conditions humaines permettent ; il suffitde rapporter tous <strong>le</strong>s actes de sa vie au Créateur qui a donné cette vie ; ilsuffit, quand on commence ou achève une oeuvre, d'é<strong>le</strong>ver sa penséevers ce Créateur et de lui demander, dans un élan de l'âme, soit saprotection pour réussir, soit sa bénédiction pour l'oeuvre achevée. Quoique vous fassiez, remontez vers la source de toutes choses ; ne faitesjamais rien sans que <strong>le</strong> souvenir de Dieu ne vienne purifier et sanctifiervos actes.La perfection est tout entière, comme l'a dit <strong>le</strong> Christ, dans la pratiquede la charité absolue ; mais <strong>le</strong>s devoirs de la charité s'étendent à toutes


SOYEZ PARFAITS. 205<strong>le</strong>s positions socia<strong>le</strong>s, depuis <strong>le</strong> plus petit jusqu'au plus grand. L'hommequi vivrait seul n'aurait pas de charité à exercer ; ce n'est que dans <strong>le</strong>contact de ses semblab<strong>le</strong>s, dans <strong>le</strong>s luttes <strong>le</strong>s plus pénib<strong>le</strong>s qu'il en trouvel'occasion. Celui donc qui s'iso<strong>le</strong> se prive volontairement du pluspuissant moyen de perfection ; n'ayant à penser qu'à lui, sa vie est cel<strong>le</strong>d'un égoïste. (Chap. V, nº 26.)Ne vous imaginez donc pas que pour vivre en communicationconstante avec nous, pour vivre sous l'oeil du Seigneur, il fail<strong>le</strong> revêtir <strong>le</strong>cilice et se couvrir de cendres ; non, non, encore une fois ; soyezheureux suivant <strong>le</strong>s nécessités de l'humanité, mais que dans votrebonheur il n'entre jamais ni une pensée, ni un acte qui puisse l'offenser,ou faire voi<strong>le</strong>r la face de ceux qui vous aiment et qui vous dirigent. Dieuest amour et bénit ceux qui aiment saintement. (UN ESPRITPROTECTEUR. Bordeaux, 1863.)Soigner <strong>le</strong> corps et l'esprit.11. La perfection mora<strong>le</strong> consiste-t-el<strong>le</strong> dans la macération du corps ?Pour résoudre cette question, je m'appuie sur <strong>le</strong>s principes élémentaires,et je commence par démontrer la nécessité de soigner <strong>le</strong> corps, qui, <strong>selon</strong><strong>le</strong>s alternatives de santé et de maladie, influe d'une manière trèsimportante sur l'âme, qu'il faut considérer comme captive dans la chair.Pour que cette prisonnière vive, s'ébatte et conçoive même <strong>le</strong>s illusionsde la liberté, <strong>le</strong> corps doit être sain, dispos, vaillant. Suivons lacomparaison : Les voici donc en parfait état tous <strong>le</strong>s deux ; que doiventilsfaire pour maintenir l'équilibre entre <strong>le</strong>urs aptitudes et <strong>le</strong>urs besoins sidifférents ?Ici deux systèmes sont en présence : celui des ascétiques, qui veu<strong>le</strong>ntterrasser <strong>le</strong> corps, et celui des matérialistes, qui veu<strong>le</strong>nt abaisser l'âme :deux vio<strong>le</strong>nces qui sont presque aussi insensées l'une que l'autre. A côtéde ces grands partis fourmil<strong>le</strong> la nombreuse tribu des indifférents, qui,sans conviction et sans passion, aiment avec tiédeur et jouissent avecéconomie. Où donc est la sagesse ? Où donc est la science de vivre ?Nul<strong>le</strong> part ; et ce grand problème resterait tout entier à résoudre si <strong>le</strong><strong>spiritisme</strong> ne venait en aide aux chercheurs en <strong>le</strong>ur démontrant <strong>le</strong>srapports qui existent entre <strong>le</strong> corps et l'âme, et en disant que, puisqu'ilssont nécessaires l'un à l'autre, il faut <strong>le</strong>s soigner tous <strong>le</strong>s deux. Aimezdonc votre âme, mais soignez aussi <strong>le</strong> corps, instrument de l'âme ;méconnaître <strong>le</strong>s besoins qui sont indiqués par la nature el<strong>le</strong>-même, c'estméconnaître la loi de Dieu. Ne <strong>le</strong> châtiez pas pour <strong>le</strong>s fautes que votre


206 CHAPITRE XVIIlibre arbitre lui a fait commettre, et dont il est aussi irresponsab<strong>le</strong> quel'est <strong>le</strong> cheval mal dirigé, des accidents qu'il cause. Serez-vous donc plusparfaits si, tout en martyrisant <strong>le</strong> corps, vous n'en restez pas moinségoïstes, orgueil<strong>le</strong>ux et peu charitab<strong>le</strong>s pour votre prochain ? Non, laperfection n'est pas là ; el<strong>le</strong> est tout entière dans <strong>le</strong>s réformes que vousferez subir à votre Esprit ; pliez-<strong>le</strong>, soumettez-<strong>le</strong>, humiliez-<strong>le</strong>, mortifiez<strong>le</strong>: c'est <strong>le</strong> moyen de <strong>le</strong> rendre doci<strong>le</strong> à la volonté de Dieu et <strong>le</strong> seul quiconduise à la perfection. GEORGES, ESPRIT PROTECTEUR. Paris,1863.)


CHAPITRE XVIII-BEAUCOUP D'APPELES ET PEU D'ELUS.Parabo<strong>le</strong> du festin de noces. - La porte étroite. - Ceux qui disent : Seigneur !Seigneur ! n'entreront pas tous dans <strong>le</strong> royaume des cieux. - On demanderabeaucoup à celui qui a beaucoup reçu. - Instructions des Esprits : On donnera àcelui qui a. - On reconnaît <strong>le</strong> chrétien à ses oeuvres.Parabo<strong>le</strong> du festin de noces.1. Jésus parlant encore en parabo<strong>le</strong>, <strong>le</strong>ur dit :Le royaume des cieux est semblab<strong>le</strong> à un roi, qui voulant faire <strong>le</strong>s noces de sonfils, - envoya ses serviteurs pour appe<strong>le</strong>r aux noces ceux qui y étaient conviés ;mais ils refusèrent d'y venir. - Il envoya encore d'autres serviteurs avec ordre dedire de sa part aux conviés : J'ai préparé mon dîner ; j'ai fait tuer mes boeufs et toutce que j'avais fait engraisser ; tout est prêt, venez aux noces. - Mais eux, ne s'enmettant point en peine, s'en allèrent, l'un à sa maison des champs, et l'autre à sonnégoce. - Les autres se saisirent de ses serviteurs, et <strong>le</strong>s tuèrent après <strong>le</strong>ur avoir faitplusieurs outrages. - Le roi l'ayant appris en fut ému de colère, et ayant envoyé sesarmées, il extermina ces meurtriers et brûla <strong>le</strong>ur vil<strong>le</strong>.Alors il dit à ses serviteurs : Le festin de noces est tout prêt ; mais ceux qui yavaient été appelés n'en ont pas été dignes. Al<strong>le</strong>z donc dans <strong>le</strong>s carrefours, etappe<strong>le</strong>z aux noces tous ceux que vous trouverez. - Ses serviteurs s'en allant alorspar <strong>le</strong>s rues, assemblèrent tous ceux qu'ils trouvèrent, bons et mauvais ; et la sal<strong>le</strong>de noces fut remplie de personnes qui se mirent à tab<strong>le</strong>.Le roi entra ensuite pour voir ceux qui étaient à tab<strong>le</strong>, et y ayant aperçu unhomme qui n'était pas revêtu de la robe nuptia<strong>le</strong>, - il lui dit : Mon ami, commentêtes-vous entré ici sans avoir la robe nuptia<strong>le</strong> ? Et cet homme resta muet. - Alors <strong>le</strong>roi dit à ses gens : Liez-lui <strong>le</strong>s mains et <strong>le</strong>s pieds, et jetez-<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s ténèbresextérieures : c'est là qu'il y aura des p<strong>le</strong>urs et des grincements de dents ; - car il yen a beaucoup d'appelés et peu d'élus. (Saint Matthieu, ch. XXII, v. de 1 à 14.)2. L'incrédu<strong>le</strong> sourit à cette parabo<strong>le</strong> qui lui semb<strong>le</strong> d'une puéri<strong>le</strong>naïveté, car il ne comprend pas qu'on puisse faire tant de difficultés pourassister à un festin, et encore moins que des invités poussent larésistance jusqu'à massacrer <strong>le</strong>s envoyés du maître de la maison. «Lesparabo<strong>le</strong>s, dit-il, sont sans doute des figures, mais encore faut-il qu'el<strong>le</strong>sne sortent pas des limites du vraisemblab<strong>le</strong>.»On peut en dire autant de toutes <strong>le</strong>s allégories, des fab<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s plusingénieuses, si on ne <strong>le</strong>s dépouil<strong>le</strong> pas de <strong>le</strong>ur enveloppe pour enchercher <strong>le</strong> sens caché. Jésus puisait <strong>le</strong>s siennes dans <strong>le</strong>s usages <strong>le</strong>s plus


208 CHAPITRE XVIIIvulgaires de la vie, et <strong>le</strong>s adaptait aux moeurs et au caractère du peup<strong>le</strong>auquel il parlait ; la plupart ont pour but de faire pénétrer dans <strong>le</strong>smasses l'idée de la vie spirituel<strong>le</strong> ; <strong>le</strong> sens n'en paraît souventinintelligib<strong>le</strong> que parce qu'on ne part pas de ce point de vue.Dans cette parabo<strong>le</strong>, Jésus compare <strong>le</strong> royaume des cieux, où tout estjoie et bonheur, à un festin. Par <strong>le</strong>s premiers conviés, il fait allusion auxHébreux que Dieu avait appelés <strong>le</strong>s premiers à la connaissance de sa loi.Les envoyés du maître sont <strong>le</strong>s prophètes qui venaient <strong>le</strong>s exhorter àsuivre la route de la vraie félicité ; mais <strong>le</strong>urs paro<strong>le</strong>s étaient peuécoutées ; <strong>le</strong>urs avertissements étaient méprisés ; plusieurs même furentmassacrés comme <strong>le</strong>s serviteurs de la parabo<strong>le</strong>. Les invités qui s'excusentsur <strong>le</strong>s soins à donner à <strong>le</strong>urs champs et à <strong>le</strong>ur négoce, sont l'emblèmedes gens du monde qui, absorbés par <strong>le</strong>s choses terrestres, sontindifférents sur <strong>le</strong>s choses cé<strong>le</strong>stes.C'était une croyance, chez <strong>le</strong>s Juifs d'alors, que <strong>le</strong>ur nation devaitacquérir la suprématie sur toutes <strong>le</strong>s autres. Dieu n'avait-il pas, en effet,promis à Abraham que sa postérité couvrirait toute la terre ? Maistoujours, prenant la forme pour <strong>le</strong> fond, ils croyaient à une dominationeffective et matériel<strong>le</strong>.Avant la venue du Christ, à l'exception des Hébreux, tous <strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>sétaient idolâtres et polythéistes. Si quelques hommes supérieurs auvulgaire conçurent l'idée de l'unité divine, cette idée resta à l'état desystème personnel, mais nul<strong>le</strong> part el<strong>le</strong> ne fut acceptée comme véritéfondamenta<strong>le</strong>, si ce n'est par quelques initiés qui cachaient <strong>le</strong>ursconnaissances sous un voi<strong>le</strong> mystérieux impénétrab<strong>le</strong> aux masses. LesHébreux furent <strong>le</strong>s premiers qui pratiquèrent publiquement <strong>le</strong>monothéisme ; c'est à eux que Dieu transmit sa loi, d'abord par Moïse,puis par Jésus ; c'est de ce petit foyer qu'est partie la lumière qui devaitse répandre sur <strong>le</strong> monde entier, triompher du paganisme, et donner àAbraham une postérité spirituel<strong>le</strong> «aussi nombreuse que <strong>le</strong>s étoi<strong>le</strong>s dufirmament.» Mais <strong>le</strong>s Juifs, tout en repoussant l'idolâtrie, avaient négligéla loi mora<strong>le</strong> pour s'attacher à la pratique plus faci<strong>le</strong> des formesextérieures. Le mal était à son comb<strong>le</strong> ; la nation asservie était déchiréepar <strong>le</strong>s factions, divisée par <strong>le</strong>s sectes ; l'incrédulité même avait pénétréjusque dans <strong>le</strong> sanctuaire. C'est alors que parut Jésus, envoyé pour <strong>le</strong>srappe<strong>le</strong>r à l'observation de la loi, et <strong>le</strong>ur ouvrir <strong>le</strong>s horizons nouveaux dela vie future ; conviés des premiers au grand banquet de la foiuniversel<strong>le</strong>, ils repoussèrent la paro<strong>le</strong> du cé<strong>le</strong>ste Messie, et <strong>le</strong> firent


BEAUCOUP D'APPELES ET PEU D'ELUS. 209périr ; c'est ainsi qu'ils perdirent <strong>le</strong> fruit qu'ils eussent recueilli de <strong>le</strong>urinitiative.Il serait injuste, toutefois, d'accuser <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> entier de cet état dechoses ; la responsabilité en incombe principa<strong>le</strong>ment aux Pharisiens etaux Sadducéens qui ont perdu la nation, par l'orgueil et <strong>le</strong> fanatisme desuns, et par l'incrédulité des autres. Ce sont eux surtout que Jésus assimi<strong>le</strong>aux invités qui refusent de se rendre au repas de noces. Puis il ajoute :«Le Maître voyant cela, fit convier tous ceux que l'on trouva dans <strong>le</strong>scarrefours, bons et mauvais ;» il entendait par là que la paro<strong>le</strong> allait êtreprêchée à tous <strong>le</strong>s autres peup<strong>le</strong>s, païens et idolâtres, et que ceux-cil'acceptant seraient admis au festin à la place des premiers conviés.Mais il ne suffit pas d'être invité ; il ne suffit pas de porter <strong>le</strong> nom dechrétien, ni de s'asseoir à la tab<strong>le</strong> pour prendre part au cé<strong>le</strong>ste banquet ; ilfaut avant tout, et de condition expresse, être revêtu de la robe nuptia<strong>le</strong>,c'est-à-dire avoir la pureté du coeur, et pratiquer la loi <strong>selon</strong> l'esprit ; orcette loi est tout entière dans ces mots : Hors la charité point de salut.Mais parmi tous ceux qui entendent la paro<strong>le</strong> divine, combien peu enest-il qui la gardent et la mettent à profit ! Combien peu se rendentdignes d'entrer dans <strong>le</strong> royaume des cieux ! C'est pourquoi Jésus dit : Il yaura beaucoup d'appelés et peu d'élus.La porte étroite.3. Entrez par la porte étroite, parce que la porte de la perdition est large, et <strong>le</strong>chemin qui y mène est spacieux, et il y en a beaucoup qui y entrent. - Que la portede la vie est petite ! que la voie qui y mène est étroite ! et qu'il y en a peu qui latrouvent ! (Saint Matthieu, ch. VII, v. 13, 14.)4. Quelqu'un lui ayant fait cette demande : Seigneur, y en aura-t-il peu desauvés ? Il <strong>le</strong>ur répondit : - Faites effort pour entrer par la porte étroite, car je vousassure que plusieurs chercheront à y entrer, et ne <strong>le</strong> pourront pas. - Et quand <strong>le</strong>père de famil<strong>le</strong> sera entré et aura fermé la porte, et que vous, étant dehors, vouscommencerez à heurter, en disant : Seigneur, ouvrez-nous ; il vous répondra : Jene sais d'où vous êtes. - Alors vous commencerez à dire : Nous avons mangé et buen votre présence, et vous avez enseigné dans nos places publiques. - Et il vousrépondra : Je ne sais d'où vous êtes ; retirez-vous de moi, vous tous qui commettezl'iniquité.Ce sera alors qu'il y aura des p<strong>le</strong>urs et des grincements de dents, quand vousverrez qu'Abraham, Isaac, Jacob et tous <strong>le</strong>s prophètes seront dans <strong>le</strong> royaume deDieu, et que vous autres vous serez chassés dehors. - Il en viendra d'Orient etd'Occident, du Septentrion et du Midi, qui auront place au festin dans <strong>le</strong> royaume


210 CHAPITRE XVIIIde Dieu. - Alors ceux qui sont <strong>le</strong>s derniers seront <strong>le</strong>s premiers, et ceux qui sont <strong>le</strong>spremiers seront <strong>le</strong>s derniers. (Saint Luc, ch. XIII, v. de 23 à 30.)5. La porte de la perdition est large, parce que <strong>le</strong>s mauvaises passionssont nombreuses, et que la route du mal est fréquentée par <strong>le</strong> plus grandnombre. Cel<strong>le</strong> du salut est étroite, parce que l'homme qui veut la franchirdoit faire de grands efforts sur lui-même pour vaincre ses mauvaisestendances, et que peu s'y résignent ; c'est <strong>le</strong> complément de la maxime :Il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus.Tel est l'état actuel de l'humanité terrestre, parce que la terre étant unmonde d'expiation <strong>le</strong> mal y domine ; quand el<strong>le</strong> sera transformée, laroute du bien sera la plus fréquentée. Ces paro<strong>le</strong>s doivent doncs'entendre dans <strong>le</strong> sens relatif et non dans <strong>le</strong> sens absolu. Si tel devaitêtre l'état normal de l'humanité, Dieu aurait volontairement voué à laperdition l'immense majorité de ses créatures ; supposition inadmissib<strong>le</strong>,dès lors qu'on reconnaît que Dieu est toute justice et toute bonté.Mais de quels méfaits cette humanité aurait-el<strong>le</strong> pu se rendre coupab<strong>le</strong>pour mériter un sort si triste, dans son présent et dans son avenir, si el<strong>le</strong>était toute reléguée sur la terre, et si l'âme n'avait pas eu d'autresexistences ? Pourquoi tant d'entraves semées sur sa route ? Pourquoicette porte si étroite qu'il est donné au plus petit nombre de franchir, si <strong>le</strong>sort de l'âme est fixé pour jamais après la mort ? C'est ainsi qu'avecl'unité d'existence on est incessamment en contradiction avec soi-mêmeet avec la justice de Dieu. Avec l'antériorité de l'âme et la pluralité desmondes, l'horizon s'élargit ; la lumière se fait sur <strong>le</strong>s points <strong>le</strong>s plusobscurs de la foi ; <strong>le</strong> présent et l'avenir sont solidaires du passé ; alorsseu<strong>le</strong>ment on peut comprendre toute la profondeur, toute la vérité ettoute la sagesse des maximes du Christ.Ceux qui disent : Seigneur ! Seigneur !6. Ceux qui me disent : Seigneur ! Seigneur ! n'entreront pas tous dans <strong>le</strong>royaume des cieux ; mais celui-là seu<strong>le</strong>ment entrera qui fait la volonté de monPère qui est dans <strong>le</strong>s cieux. - Plusieurs me diront ce jour-là : Seigneur ! Seigneur !n'avons-nous pas prophétisé en votre nom ? n'avons-nous pas chassé <strong>le</strong>s démonsen votre nom, et n'avons-nous pas fait plusieurs mirac<strong>le</strong>s en votre nom ? - Et alorsje <strong>le</strong>ur dirai hautement : Retirez-vous de moi, vous qui faites des oeuvresd'iniquité. (Saint Matthieu, ch. VII, v. 21, 22, 23.)7. Quiconque donc entend ces paro<strong>le</strong>s que je dis et <strong>le</strong>s pratique, sera comparé àun homme sage qui a bâti sa maison sur la pierre ; - et lorsque la pluie est tombée,que <strong>le</strong>s f<strong>le</strong>uves se sont débordés, que <strong>le</strong>s vents ont soufflé et sont venus fondre surcette maison, el<strong>le</strong> n'est point tombée, parce qu'el<strong>le</strong> était fondée sur la pierre. - Mais


BEAUCOUP D'APPELES ET PEU D'ELUS. 211quiconque entend ces paro<strong>le</strong>s que je dis et ne <strong>le</strong>s pratique point, sera semblab<strong>le</strong> àun homme insensé qui a bâti sa maison sur <strong>le</strong> sab<strong>le</strong> ; et lorsque la pluie est tombée,que <strong>le</strong>s f<strong>le</strong>uves se sont débordés, que <strong>le</strong>s vents ont soufflé et sont venus fondre surcette maison, el<strong>le</strong> a été renversée, et sa ruine a été grande. (Saint Matthieu, ch. VII,v. de 24 à 27. - Saint Luc, ch. VI, v. de 46 à 49.)8. Celui donc qui vio<strong>le</strong>ra un de ces moindres commandements, et qui apprendraaux hommes à <strong>le</strong>s vio<strong>le</strong>r, sera regardé dans <strong>le</strong> royaume des cieux comme <strong>le</strong>dernier ; mais celui qui fera et enseignera sera grand dans <strong>le</strong> royaume des cieux.(Saint Matthieu, ch. V, v. 19.)9. Tous ceux qui confessent la mission de Jésus disent : Seigneur !Seigneur ! Mais à quoi sert de l'appe<strong>le</strong>r Maître ou Seigneur si l'on ne suitpas ses préceptes ? Sont-ils chrétiens ceux qui l'honorent par des actesextérieurs de dévotion et sacrifient en même temps à l'orgueil, àl'égoïsme, à la cupidité et à toutes <strong>le</strong>urs passions ? Sont-ils ses discip<strong>le</strong>sceux qui passent des journées en prières et n'en sont ni meil<strong>le</strong>urs, ni pluscharitab<strong>le</strong>s, ni plus indulgents pour <strong>le</strong>urs semblab<strong>le</strong>s ? Non, car, ainsique <strong>le</strong>s Pharisiens, ils ont la prière sur <strong>le</strong>s lèvres et non dans <strong>le</strong> coeur.Avec la forme, ils peuvent en imposer aux hommes, mais non à Dieu.C'est en vain qu'ils diront à Jésus : «Seigneur, nous avons prophétisé,c'est-à-dire enseigné en votre nom ; nous avons chassé <strong>le</strong>s démons envotre nom ; nous avons bu et mangé avec vous ;» il <strong>le</strong>ur répondra : «Jene sais qui vous êtes ; retirez-vous de moi, vous qui commettez desiniquités, vous qui démentez vos paro<strong>le</strong>s par vos actions, qui calomniezvotre prochain, qui spoliez <strong>le</strong>s veuves et commettez l'adultère ; retirezvousde moi, vous dont <strong>le</strong> coeur distil<strong>le</strong> la haine et <strong>le</strong> fiel, vous quirépandez <strong>le</strong> sang de vos frères en mon nom, qui faites cou<strong>le</strong>r des larmesau lieu de <strong>le</strong>s sécher. Pour vous il y aura des p<strong>le</strong>urs et des grincements dedents, car <strong>le</strong> royaume de Dieu est pour ceux qui sont doux, humb<strong>le</strong>s etcharitab<strong>le</strong>s. N'espérez pas fléchir la justice du Seigneur par lamultiplicité de vos paro<strong>le</strong>s et de vos génuf<strong>le</strong>xions ; la seu<strong>le</strong> voie qui vousest ouverte pour trouver grâce devant lui, c'est la pratique sincère de laloi d'amour et de charité.»Les paro<strong>le</strong>s de Jésus sont éternel<strong>le</strong>s, parce qu'el<strong>le</strong>s sont la vérité. El<strong>le</strong>ssont non seu<strong>le</strong>ment la sauvegarde de la vie cé<strong>le</strong>ste, mais <strong>le</strong> gage de lapaix, de la tranquillité et de la stabilité dans <strong>le</strong>s choses de la vieterrestre ; c'est pourquoi toutes <strong>le</strong>s institutions humaines, politiques,socia<strong>le</strong>s et religieuses qui s'appuieront sur ces paro<strong>le</strong>s seront stab<strong>le</strong>scomme la maison bâtie sur la pierre ; <strong>le</strong>s hommes <strong>le</strong>s conserveront parcequ'ils y trouveront <strong>le</strong>ur bonheur ; mais cel<strong>le</strong>s qui en seront la violation,


212 CHAPITRE XVIIIseront comme la maison bâtie sur <strong>le</strong> sab<strong>le</strong> : <strong>le</strong> vent des révolutions et <strong>le</strong>f<strong>le</strong>uve du progrès <strong>le</strong>s emporteront.On demandera beaucoup à celui qui a beaucoup reçu.10. Le serviteur qui aura su la volonté de son maître, et qui néanmoins ne sesera pas tenu prêt et n'aura pas fait ce qu'il désirait de lui, sera battu rudement ; -mais celui qui n'aura pas su sa volonté, et qui aura fait des choses dignes dechâtiment, sera moins battu. On demandera beaucoup à celui à qui on aurabeaucoup donné, et on fera rendre un plus grand compte à celui à qui on auraconfié plus de choses. (Saint Luc, ch. XII, v. 47, 48.)11. Je suis venu dans ce monde pour exercer un jugement, afin que ceux qui nevoient point voient, et que ceux qui voient deviennent aveug<strong>le</strong>s. - Quelquespharisiens qui étaient avec lui entendirent ces paro<strong>le</strong>s et lui dirent : Sommes-nousdonc aussi aveug<strong>le</strong>s ? - Jésus <strong>le</strong>ur répondit : Si vous étiez aveug<strong>le</strong>s, vous n'auriezpoint de péché ; mais maintenant vous dites que vous voyez, et c'est pour cela quevotre péché demeure en vous. (Saint Jean, ch. IX, v. 39, 40, 41.)12. Ces maximes trouvent surtout <strong>le</strong>ur application dans l'enseignementdes Esprits. Quiconque connaît <strong>le</strong>s préceptes du Christ est coupab<strong>le</strong>assurément de ne pas <strong>le</strong>s pratiquer ; mais outre que l'Evangi<strong>le</strong> qui <strong>le</strong>scontient n'est répandu que dans <strong>le</strong>s sectes chrétiennes, parmi cel<strong>le</strong>s-ci,combien est-il de gens qui ne <strong>le</strong> lisent pas, et parmi ceux qui <strong>le</strong> lisent,combien en est-il qui ne <strong>le</strong> comprennent pas ! Il en résulte que <strong>le</strong>sparo<strong>le</strong>s même de Jésus sont perdues pour <strong>le</strong> plus grand nombre.L'enseignement des Esprits qui reproduit ces maximes sous différentesformes, qui <strong>le</strong>s développe et <strong>le</strong>s commente pour <strong>le</strong>s mettre à la portée detous, a cela de particulier qu'il n'est point circonscrit, et que chacun,<strong>le</strong>ttré ou il<strong>le</strong>ttré, croyant ou incrédu<strong>le</strong>, chrétien ou non, peut <strong>le</strong> recevoir,puisque <strong>le</strong>s Esprits se communiquent partout ; nul de ceux qui <strong>le</strong>reçoivent, directement ou par entremise, ne peut prétexter ignorance ; ilne peut s'excuser ni sur son défaut d'instruction, ni sur l'obscurité du sensallégorique. Celui donc qui ne <strong>le</strong>s met pas à profit pour son amélioration,qui <strong>le</strong>s admire comme choses intéressantes et curieuses sans que soncoeur en soit touché, qui n'en est ni moins vain, ni moins orgueil<strong>le</strong>ux, nimoins égoïste, ni moins attaché aux biens matériels, ni meil<strong>le</strong>ur pour sonprochain, est d'autant plus coupab<strong>le</strong> qu'il a plus de moyens de connaîtrela vérité.Les médiums qui obtiennent de bonnes communications sont encoreplus répréhensib<strong>le</strong>s de persister dans <strong>le</strong> mal, parce que souvent ilsécrivent <strong>le</strong>ur propre condamnation, et que, s'ils n'étaient aveuglés parl'orgueil, ils reconnaîtraient que c'est à eux que <strong>le</strong>s Esprits s'adressent.


BEAUCOUP D'APPELES ET PEU D'ELUS. 213Mais, au lieu de prendre pour eux <strong>le</strong>s <strong>le</strong>çons qu'ils écrivent, ou qu'ilsvoient écrire, <strong>le</strong>ur unique pensée est de <strong>le</strong>s appliquer aux autres, réalisantainsi cette paro<strong>le</strong> de Jésus : «Vous voyez une pail<strong>le</strong> dans l'oeil de votrevoisin, et vous ne voyez pas la poutre qui est dans <strong>le</strong> vôtre.» (Ch. X, nº9.)Par cette autre paro<strong>le</strong> : «Si vous étiez aveug<strong>le</strong>s vous n'auriez pointpéché», Jésus entend que la culpabilité est en raison des lumières quel'on possède ; or, <strong>le</strong>s Pharisiens, qui avaient la prétention d'être, et quiétaient, en effet, la partie la plus éclairée de la nation, étaient plusrépréhensib<strong>le</strong>s aux yeux de Dieu que <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> ignorant. Il en est demême aujourd'hui.Aux spirites, il sera donc beaucoup demandé, parce qu'ils ontbeaucoup reçu, mais aussi à ceux qui auront profité il sera beaucoupdonné.La première pensée de tout spirite sincère doit être de chercher, dans<strong>le</strong>s conseils donnés par <strong>le</strong>s Esprits, s'il n'y a pas quelque chose qui puisse<strong>le</strong> concerner.Le <strong>spiritisme</strong> vient multiplier <strong>le</strong> nombre des appelés ; par la foi qu'ildonne, il multipliera aussi <strong>le</strong> nombre des élus.INSTRUCTIONS DES ESPRITS.On donnera à celui qui a.13. Ses discip<strong>le</strong>s s'approchant, lui dirent : Pourquoi <strong>le</strong>ur par<strong>le</strong>z-vous enparabo<strong>le</strong>s ? - Et <strong>le</strong>ur répondant, il <strong>le</strong>ur dit : C'est parce que pour vous autres, ilvous a été donné de connaître <strong>le</strong>s mystères du royaume des cieux, mais pour eux, ilne <strong>le</strong>ur a pas été donné. - Car quiconque a déjà, on lui donnera encore, et il seradans l'abondance ; mais pour celui qui n'a point, on lui ôtera même ce qu'il a. -C'est pourquoi je <strong>le</strong>ur par<strong>le</strong> en parabo<strong>le</strong>s ; parce qu'en voyant ils ne voient point, etqu'en écoutant ils n'entendent ni ne comprennent point. - Et la prophétie d'Isaïes'accomplit en eux, lorsqu'il dit : Vous écouterez de vos oreil<strong>le</strong>s, et vousn'entendrez point ; vous regarderez de vos yeux, et vous ne verrez point. (SaintMatthieu, ch. XIII, v. 10 à 14.)14. Prenez bien garde à ce que vous entendez ; car on se servira envers vous dela même mesure dont vous vous serez servis envers <strong>le</strong>s autres, et il vous seradonné encore davantage ; - car on donnera à celui qui a déjà, et pour celui qui n'apoint, on lui ôtera même ce qu'il a. (Saint Marc, ch. IV, v. 24, 25.)15. «On donne à celui qui a déjà et on retire à celui qui n'a pas ;»méditez ces grands enseignements qui vous ont souvent sembléparadoxaux. Celui qui a reçu est celui qui possède <strong>le</strong> sens de la paro<strong>le</strong>


214 CHAPITRE XVIIIdivine ; il n'a reçu que parce qu'il a tenté de s'en rendre digne, et que <strong>le</strong>Seigneur, dans sou amour miséricordieux, encourage <strong>le</strong>s efforts quitendent au bien. Ces efforts soutenus, persévérants, attirent <strong>le</strong>s grâces duSeigneur ; c'est un aimant qui appel<strong>le</strong> à lui <strong>le</strong> mieux progressif, <strong>le</strong>sgrâces abondantes qui vous rendent forts pour gravir la montagne sainte,au sommet de laquel<strong>le</strong> est <strong>le</strong> repos après <strong>le</strong> travail.«On ôte à celui qui n'a rien, ou qui a peu ;» prenez ceci comme uneopposition figurée. Dieu ne retire pas à ses créatures <strong>le</strong> bien qu'il adaigné <strong>le</strong>ur faire. Hommes aveug<strong>le</strong>s et sourds ! ouvrez vos intelligenceset vos coeurs ; voyez par votre esprit ; entendez par votre âme, etn'interprétez pas d'une manière aussi grossièrement injuste <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s decelui qui a fait resp<strong>le</strong>ndir à vos yeux la justice du Seigneur. Ce n'est pasDieu qui retire à celui qui avait peu reçu, c'est l'Esprit lui-même qui,prodigue et insouciant, ne sait pas conserver ce qu'il a, et augmenter, enla fécondant, l'obo<strong>le</strong> tombée dans son coeur.Celui qui ne cultive pas <strong>le</strong> champ que <strong>le</strong> travail de son père lui a gagnéet dont il hérite, voit ce champ se couvrir d'herbes parasites. Est-ce sonpère qui lui reprend <strong>le</strong>s récoltes qu'il n'a pas voulu préparer ? S'il a laissé<strong>le</strong>s graines destinées à produire dans ce champ moisir faute de soin, doitilaccuser son père si el<strong>le</strong>s ne produisent rien ? Non, non ; au lieud'accuser celui qui avait tout préparé pour lui, de reprendre ses dons,qu'il accuse <strong>le</strong> véritab<strong>le</strong> auteur de ses misères, et qu'alors, repentant etactif, il se mette à l'oeuvre avec courage ; qu'il brise <strong>le</strong> sol ingrat parl'effort de sa volonté ; qu'il <strong>le</strong> laboure jusqu'au coeur à l'aide du repentiret de l'espérance ; qu'il y jette avec confiance la graine qu'il aura choisiebonne entre <strong>le</strong>s mauvaises, qu'il l'arrose de son amour et de sa charité, etDieu, <strong>le</strong> Dieu d'amour et de charité, donnera à celui qui a déjà reçu.Alors il verra ses efforts couronnés de succès, et un grain en produirecent, et un autre mil<strong>le</strong>. Courage, laboureurs ; prenez vos herses et voscharrues ; labourez vos coeurs ; arrachez-en l'ivraie ; semez-y <strong>le</strong> bongrain que <strong>le</strong> Seigneur vous confie, et la rosée d'amour lui fera porter desfruits de charité. (UN ESPRIT AMI. Bordeaux, 1862.)On reconnaît <strong>le</strong> chrétien à ses oeuvres.16. «Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur, n'entreront pas tous auroyaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père quiest dans <strong>le</strong>s cieux.»


BEAUCOUP D'APPELES ET PEU D'ELUS. 215Ecoutez cette paro<strong>le</strong> du maître, vous tous qui repoussez la doctrinespirite comme une oeuvre du démon. Ouvrez vos oreil<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> momentd'entendre est arrivé.Suffit-il de porter la livrée du Seigneur pour être un fidè<strong>le</strong> serviteur ?Suffit-il de dire : «Je suis chrétien,» pour suivre Christ ? Cherchez <strong>le</strong>svrais chrétiens et vous <strong>le</strong>s reconnaîtrez à <strong>le</strong>urs oeuvres. «Un bon arbre nepeut porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits.»- «Tout arbre qui ne porte pas de bons fruits est coupé et jeté au feu.»Voilà <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s du maître ; discip<strong>le</strong>s de Christ, comprenez-<strong>le</strong>s bien.Quels sont <strong>le</strong>s fruits que doit porter l'arbre du christianisme, arbrepuissant dont <strong>le</strong>s rameaux touffus couvrent de <strong>le</strong>ur ombre une partie dumonde, mais n'ont pas encore abrité tous ceux qui doivent se rangerautour de lui ? Les fruits de l'arbre de vie sont des fruits de vie,d'espérance et de foi. Le christianisme, tel qu'on l'a fait depuis bien dessièc<strong>le</strong>s, prêche toujours ces divines vertus ; il cherche à répandre sesfruits, mais combien peu <strong>le</strong>s cueil<strong>le</strong>nt ! L'arbre est toujours bon, mais <strong>le</strong>sjardiniers sont mauvais. Ils ont voulu <strong>le</strong> façonner à <strong>le</strong>ur idée ; ils ontvoulu <strong>le</strong> mode<strong>le</strong>r suivant <strong>le</strong>urs besoins ; ils l'ont taillé, rapetissé, mutilé ;ses branches stéri<strong>le</strong>s ne portent pas de mauvais fruits, mais el<strong>le</strong>s n'enportent plus. Le voyageur altéré qui s'arrête sous son ombre pourchercher <strong>le</strong> fruit d'espérance qui doit lui rendre la force et <strong>le</strong> courage,n'aperçoit que des branches arides faisant pressentir la tempête. En vainil demande <strong>le</strong> fruit de vie à l'arbre de vie : <strong>le</strong>s feuil<strong>le</strong>s tombentdesséchées ; la main de l'homme <strong>le</strong>s a tant maniées qu'el<strong>le</strong> <strong>le</strong>s a brûlées !Ouvrez donc vos oreil<strong>le</strong>s et vos coeurs, mes bien-aimés ! Cultivez cetarbre de vie dont <strong>le</strong>s fruits donnent la vie éternel<strong>le</strong>. Celui qui l'a plantévous engage à <strong>le</strong> soigner avec amour, et vous <strong>le</strong> verrez porter encoreavec abondance ses fruits divins. Laissez-<strong>le</strong> tel que Christ vous l'adonné : ne <strong>le</strong> muti<strong>le</strong>z pas ; son ombre immense veut s'étendre surl'univers : ne raccourcissez pas ses rameaux. Ses fruits bienfaisantstombent en abondance pour soutenir <strong>le</strong> voyageur altéré qui veut atteindre<strong>le</strong> but, ne <strong>le</strong>s ramassez pas, ces fruits, pour <strong>le</strong>s enfermer et <strong>le</strong>s laisserpourrir afin qu'ils ne servent à aucun. «Il y a beaucoup d'appelés et peud'élus ;» c'est qu'il y a des accapareurs pour <strong>le</strong> pain de vie, comme il y ena souvent pour <strong>le</strong> pain matériel. Ne vous rangez pas de ce nombre ;l'arbre qui porte de bons fruits doit <strong>le</strong>s répandre pour tous. Al<strong>le</strong>z doncchercher ceux qui sont altérés ; amenez-<strong>le</strong>s sous <strong>le</strong>s rameaux de l'arbre etpartagez avec eux l'abri qu'il vous offre. - «On ne cueil<strong>le</strong> pas de raisinssur <strong>le</strong>s épines.» Mes frères, éloignez-vous donc de ceux qui vous


216 CHAPITRE XVIIIappel<strong>le</strong>nt pour vous présenter <strong>le</strong>s ronces du chemin, et suivez ceux quivous conduisent à l'ombre de l'arbre de vie.Le divin Sauveur, <strong>le</strong> juste par excel<strong>le</strong>nce, l'a dit, et ses paro<strong>le</strong>s nepasseront pas : «Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur, n'entreront pastous dans <strong>le</strong> royaume des cieux, mais ceux-là seuls qui font la volonté demon Père qui est dans <strong>le</strong>s cieux.»Que <strong>le</strong> Seigneur de bénédiction vous bénisse ; que <strong>le</strong> Dieu de lumièrevous éclaire ; que l'arbre de vie répande sur vous ses fruits avecabondance ! Croyez et priez. (SIMEON, Bordeaux, 1863.)


CHAPITRE XIX-LA FOI TRANSPORTE LES MONTAGNES.Puissance de la foi. - La foi religieuse. Condition de la foi inébranlab<strong>le</strong>. -Parabo<strong>le</strong> du figuier desséché. - Instructions des Esprits : La foi mère del'espérance et de la charité. - La foi divine et la foi humaine.Puissance de la foi.1. Lorsqu'il fut venu vers <strong>le</strong> peup<strong>le</strong>, un homme s'approcha de lui, qui se jeta àgenoux à ses pieds, et lui dit : Seigneur, ayez pitié de mon fils, qui est lunatique, etqui souffre beaucoup, car il tombe souvent dans <strong>le</strong> feu et souvent dans l'eau. Je l'aiprésenté à vos discip<strong>le</strong>s, mais ils n'ont pu <strong>le</strong> guérir. - Et Jésus répondit en disant :O race incrédu<strong>le</strong> et dépravée, jusqu'à quand serai-je avec vous ? jusqu'à quandvous souffrirai-je ? Amenez-moi ici cet enfant. - Et Jésus ayant menacé <strong>le</strong> démon,il sortit de l'enfant, <strong>le</strong>quel fut guéri au même instant. - Alors <strong>le</strong>s discip<strong>le</strong>s vinrenttrouver Jésus en particulier, et lui dirent : Pourquoi n'avons-nous pu, nous autres,chasser ce démon ? - Jésus <strong>le</strong>ur répondit : C'est à cause de votre incrédulité. Car jevous <strong>le</strong> dis en vérité, si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriezà cette montagne : Transporte-toi d'ici là, et el<strong>le</strong> s'y transporterait, et rien ne vousserait impossib<strong>le</strong>. (Saint Matthieu, ch. XVII, v. de 14 à 19.)2. Au sens propre, il est certain que la confiance en ses propres forcesrend capab<strong>le</strong> d'exécuter des choses matériel<strong>le</strong>s qu'on ne peut faire quandon doute de soi ; mais ici c'est uniquement dans <strong>le</strong> sens moral qu'il fautentendre ces paro<strong>le</strong>s. Les montagnes que la foi soulève sont <strong>le</strong>sdifficultés, <strong>le</strong>s résistances, <strong>le</strong> mauvais vouloir, en un mot, que l'onrencontre parmi <strong>le</strong>s hommes, alors même qu'il s'agit des meil<strong>le</strong>ureschoses ; <strong>le</strong>s préjugés de la routine, l'intérêt matériel, l'égoïsme,l'aveug<strong>le</strong>ment du fanatisme, <strong>le</strong>s passions orgueil<strong>le</strong>uses sont autant demontagnes qui barrent <strong>le</strong> chemin de quiconque travail<strong>le</strong> au progrès del'humanité. La foi robuste donne la persévérance, l'énergie et <strong>le</strong>sressources qui font vaincre <strong>le</strong>s obstac<strong>le</strong>s, dans <strong>le</strong>s petites choses commedans <strong>le</strong>s grandes ; cel<strong>le</strong> qui est chancelante donne l'incertitude,l'hésitation dont profitent ceux que l'on veut combattre ; el<strong>le</strong> ne cherchepas <strong>le</strong>s moyens de vaincre, parce qu'el<strong>le</strong> ne croit pas pouvoir vaincre.3. Dans une autre acception la foi se dit de la confiance que l'on a dansl'accomplissement d'une chose, de la certitude d'atteindre un but ; el<strong>le</strong>donne une sorte de lucidité qui fait voir, dans la pensée, <strong>le</strong> terme vers<strong>le</strong>quel on tend et <strong>le</strong>s moyens d'y arriver, de sorte que celui qui la possède


218 CHAPITRE XIXmarche pour ainsi dire à coup sûr. Dans l'un et l'autre cas el<strong>le</strong> peut faireaccomplir de grandes choses.La foi sincère et vraie est toujours calme ; el<strong>le</strong> donne la patience quisait attendre, parce qu'ayant son point d'appui sur l'intelligence et lacompréhension des choses, el<strong>le</strong> est certaine d'arriver ; la foi douteusesent sa propre faib<strong>le</strong>sse ; quand el<strong>le</strong> est stimulée par l'intérêt, el<strong>le</strong> devientfuribonde, et croit suppléer à la force par la vio<strong>le</strong>nce. Le calme dans lalutte est toujours un signe de force et de confiance ; la vio<strong>le</strong>nce, aucontraire, est une preuve de faib<strong>le</strong>sse et de doute de soi-même.4. Il faut se garder de confondre la foi avec la présomption. La vraiefoi s'allie à l'humilité ; celui qui la possède met sa confiance en Dieuplus qu'en lui-même, parce qu'il sait que, simp<strong>le</strong> instrument de la volontéde Dieu, il ne peut rien sans lui ; c'est pourquoi <strong>le</strong>s bons Esprits luiviennent en aide. La présomption est moins la foi que l'orgueil, etl'orgueil est toujours châtié tôt ou tard par la déception et <strong>le</strong>s échecs quilui sont infligés.5. La puissance de la foi reçoit une application directe et spécia<strong>le</strong> dansl'action magnétique ; par el<strong>le</strong> l'homme agit sur <strong>le</strong> fluide, agent universel ;il en modifie <strong>le</strong>s qualités, et lui donne une impulsion pour ainsi direirrésistib<strong>le</strong>. C'est pourquoi celui qui, à une grande puissance fluidiquenorma<strong>le</strong>, joint une foi ardente, peut, par la seu<strong>le</strong> volonté dirigée vers <strong>le</strong>bien, opérer ces phénomènes étranges de guérisons et autres qui jadispassaient pour des prodiges, et ne sont cependant que <strong>le</strong>s conséquencesd'une loi naturel<strong>le</strong>. Tel est <strong>le</strong> motif pour <strong>le</strong>quel Jésus dit à ses apôtres : sivous n'avez pas guéri, c'est que vous n'aviez pas la foi.La foi religieuse. Condition de la foi inébranlab<strong>le</strong>.6. Au point de vue religieux, la foi est la croyance dans <strong>le</strong>s dogmesparticuliers, qui constituent <strong>le</strong>s différentes religions ; toutes <strong>le</strong>s religionsont <strong>le</strong>urs artic<strong>le</strong>s de foi. Sous ce rapport, la foi peut être raisonnée ouaveug<strong>le</strong>. La foi aveug<strong>le</strong> n'examinant rien, accepte sans contrô<strong>le</strong> <strong>le</strong> fauxcomme <strong>le</strong> vrai, et se heurte à chaque pas contre l'évidence et la raison ;poussée à l'excès, el<strong>le</strong> produit <strong>le</strong> fanatisme. Quand la foi repose surl'erreur, el<strong>le</strong> se brise tôt ou tard ; cel<strong>le</strong> qui a pour base la vérité est seu<strong>le</strong>assurée de l'avenir, parce qu'el<strong>le</strong> n'a rien à redouter du progrès deslumières, attendu que ce qui est vrai dans l'ombre, l'est éga<strong>le</strong>ment augrand jour. Chaque religion prétend être en possession exclusive de la


LA FOI TRANSPORTE LES MONTAGNES. 219vérité ; préconiser la foi aveug<strong>le</strong> sur un point de croyance, c'est avouerson impuissance à démontrer qu'on a raison.7. On dit vulgairement que la foi ne se commande pas, de là beaucoupde gens disent que ce n'est pas <strong>le</strong>ur faute s'ils n'ont pas la foi. Sans doutela foi ne se commande pas, et ce qui est encore plus juste : la foi nes'impose pas. Non, el<strong>le</strong> ne se commande pas, mais el<strong>le</strong> s'acquiert, et iln'est personne à qui il soit refusé de la posséder, même parmi <strong>le</strong>s plusréfractaires. Nous parlons des vérités spirituel<strong>le</strong>s fondamenta<strong>le</strong>s, et nonde tel<strong>le</strong> ou tel<strong>le</strong> croyance particulière. Ce n'est pas à la foi à al<strong>le</strong>r à eux,c'est à eux à al<strong>le</strong>r au-devant de la foi, et s'ils la cherchent avec sincérité,ils la trouveront. Tenez donc pour certain que ceux qui disent : «Nous nedemanderions pas mieux que de croire, mais nous ne <strong>le</strong> pouvons pas,» <strong>le</strong>disent des lèvres et non du coeur, car en disant cela ils se bouchent <strong>le</strong>soreil<strong>le</strong>s. Les preuves cependant abondent autour d'eux ; pourquoi doncrefusent-ils de <strong>le</strong>s voir ? Chez <strong>le</strong>s uns c'est insouciance ; chez d'autres lacrainte d'être forcés de changer <strong>le</strong>urs habitudes ; chez la plupart c'estl'orgueil qui refuse de reconnaître une puissance supérieure, parce qu'il<strong>le</strong>ur faudrait s'incliner devant el<strong>le</strong>.Chez certaines personnes, la foi semb<strong>le</strong> en quelque sorte innée ; uneétincel<strong>le</strong> suffit pour la développer. Cette facilité à s'assimi<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s véritésspirituel<strong>le</strong>s est un signe évident de progrès antérieur ; chez d'autres, aucontraire, el<strong>le</strong>s ne pénètrent qu'avec difficulté, signe non moins évidentd'une nature en retard. Les premières ont déjà cru et compris ; el<strong>le</strong>sapportent en renaissant l'intuition de ce qu'el<strong>le</strong>s ont su : <strong>le</strong>ur éducationest faite ; <strong>le</strong>s secondes ont tout à apprendre : <strong>le</strong>ur éducation est à faire ;el<strong>le</strong> se fera, et si el<strong>le</strong> n'est pas terminée dans cette existence, el<strong>le</strong> <strong>le</strong> seradans une autre.La résistance de l'incrédu<strong>le</strong>, il faut en convenir, tient souvent moins àlui qu'à la manière dont on lui présente <strong>le</strong>s choses. A la foi il faut unebase, et cette base c'est l'intelligence parfaite de ce que l'on doit croire ;pour croire il ne suffit pas de voir, il faut surtout comprendre. La foiaveug<strong>le</strong> n'est plus de ce sièc<strong>le</strong> ; or, c'est précisément <strong>le</strong> dogme de la foiaveug<strong>le</strong> qui fait aujourd'hui <strong>le</strong> plus grand nombre des incrédu<strong>le</strong>s, parcequ'el<strong>le</strong> veut s'imposer, et qu'el<strong>le</strong> exige l'abdication d'une des plusprécieuses prérogatives de l'homme : <strong>le</strong> raisonnement et <strong>le</strong> libre arbitre.C'est cette foi contre laquel<strong>le</strong> surtout se raidit l'incrédu<strong>le</strong>, et dont il estvrai de dire qu'el<strong>le</strong> ne se commande pas ; n'admettant pas de preuves,el<strong>le</strong> laisse dans l'esprit un vague d'où naît <strong>le</strong> doute. La foi raisonnée,cel<strong>le</strong> qui s'appuie sur <strong>le</strong>s faits et la logique, ne laisse après el<strong>le</strong> aucune


220 CHAPITRE XIXobscurité ; on croit, parce qu'on est certain, et l'on n'est certain quelorsqu'on a compris ; voilà pourquoi el<strong>le</strong> ne fléchit pas ; car il n'y a de foiinébranlab<strong>le</strong> que cel<strong>le</strong> qui peut regarder la raison face à face à tous <strong>le</strong>sâges de l'humanité.C'est à ce résultat que conduit <strong>le</strong> <strong>spiritisme</strong>, aussi triomphe-t-il del'incrédulité toutes <strong>le</strong>s fois qu'il ne rencontre pas d'oppositionsystématique et intéressée.Parabo<strong>le</strong> du figuier desséché.8. Lorsqu'ils sortaient de Béthanie, il eut faim ; - et voyant de loin un figuier, ilalla pour voir s'il pourrait y trouver quelque chose, et s'en étant approché, il n'ytrouva que des feuil<strong>le</strong>s, car ce n'était pas <strong>le</strong> temps des figues. - Alors Jésus dit aufiguier : Que nul ne mange de toi aucun fruit ; ce que ses discip<strong>le</strong>s entendirent. -Le <strong>le</strong>ndemain ils virent en passant <strong>le</strong> figuier qui était devenu sec jusqu'à la racine.- Et Pierre, se souvenant de la paro<strong>le</strong> de Jésus, lui dit : Maître, voyez comme <strong>le</strong>figuier que vous avez maudit est devenu sec. - Jésus, prenant la paro<strong>le</strong>, <strong>le</strong>ur dit :Ayez la foi en Dieu. - Je vous dis en vérité, que quiconque dira à cette montagne :Ote-toi de là et te jette dans la mer, et cela sans hésiter dans son coeur, maiscroyant fermement que tout ce qu'il aura dit arrivera, il <strong>le</strong> verra en effet arriver.(Saint Marc, ch. XI, v. 12, 13, 14, et de 20 à 23.)9. Le figuier desséché est <strong>le</strong> symbo<strong>le</strong> des gens qui n'ont que <strong>le</strong>sapparences du bien, mais en réalité ne produisent rien de bon ; desorateurs qui ont plus de brillant que de solidité ; <strong>le</strong>urs paro<strong>le</strong>s ont <strong>le</strong>vernis de la surface ; el<strong>le</strong>s plaisent aux oreil<strong>le</strong>s, mais quand on <strong>le</strong>s scrute,on n'y trouve rien de substantiel pour <strong>le</strong> coeur ; après <strong>le</strong>s avoirentendues, on se demande quel profit on en a retiré.C'est encore l'emblème de tous <strong>le</strong>s gens qui ont <strong>le</strong>s moyens d'être uti<strong>le</strong>set ne <strong>le</strong> sont pas ; de toutes <strong>le</strong>s utopies, de tous <strong>le</strong>s systèmes vides, detoutes <strong>le</strong>s doctrines sans base solide. Ce qui manque, la plupart dutemps, c'est la vraie foi, la foi féconde, la foi qui remue <strong>le</strong>s fibres ducoeur, en un mot la foi qui transporte <strong>le</strong>s montagnes. Ce sont des arbresqui ont des feuil<strong>le</strong>s, mais point de fruits ; c'est pourquoi Jésus <strong>le</strong>scondamne à la stérilité, car un jour viendra où ils seront desséchésjusqu'à la racine ; c'est-à-dire que tous <strong>le</strong>s systèmes, toutes <strong>le</strong>s doctrinesqui n'auront produit aucun bien pour l'humanité, tomberont dans <strong>le</strong>néant ; que tous <strong>le</strong>s hommes volontairement inuti<strong>le</strong>s, faute d'avoir mis enoeuvre <strong>le</strong>s ressources qui étaient en eux, seront traités comme <strong>le</strong> figuierdesséché.


LA FOI TRANSPORTE LES MONTAGNES. 22110. Les médiums sont <strong>le</strong>s interprètes des Esprits ; ils suppléent auxorganes matériels qui manquent à ceux-ci pour nous transmettre <strong>le</strong>ursinstructions ; c'est pourquoi ils sont doués de facultés à cet effet. En cestemps de rénovation socia<strong>le</strong>, ils ont une mission particulière ; ce sont desarbres qui doivent donner la nourriture spirituel<strong>le</strong> à <strong>le</strong>urs frères ; ils sontmultipliés, pour que la nourriture soit abondante ; il s'en trouve partout,dans toutes <strong>le</strong>s contrées, dans tous <strong>le</strong>s rangs de la société, chez <strong>le</strong>s richeset chez <strong>le</strong>s pauvres, chez <strong>le</strong>s grands et chez <strong>le</strong>s petits, afin qu'il n'y aitpoint de déshérités, et pour prouver aux hommes que tous sont appelés.Mais s'ils détournent de son but providentiel la faculté précieuse qui <strong>le</strong>urest accordée, s'ils la font servir à des choses futi<strong>le</strong>s ou nuisib<strong>le</strong>s, s'ils lamettent au service des intérêts mondains, si au lieu de fruits salutaires ilsen donnent de malsains, s'ils refusent de la rendre profitab<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>sautres, s'ils n'en tirent pas profit pour eux-mêmes en s'améliorant, ils sontcomme <strong>le</strong> figuier stéri<strong>le</strong> ; Dieu <strong>le</strong>ur retirera un don qui devient inuti<strong>le</strong>entre <strong>le</strong>urs mains : la semence qu'ils ne savent pas faire fructifier, et <strong>le</strong>slaissera devenir la proie des mauvais Esprits.INSTRUCTIONS DES ESPRITS.La foi mère de l'espérance et de la charité.11. La foi, pour être profitab<strong>le</strong>, doit être active ; el<strong>le</strong> ne doit pass'engourdir. Mère de toutes <strong>le</strong>s vertus qui conduisent à Dieu, el<strong>le</strong> doitveil<strong>le</strong>r attentivement au développement des fil<strong>le</strong>s qu'el<strong>le</strong> enfante.L'espérance et la charité sont une conséquence de la foi ; ces troisvertus sont une trinité inséparab<strong>le</strong>. N'est-ce pas la foi qui donne l'espoirde voir accomplir <strong>le</strong>s promesses du Seigneur ; car si vous n'avez pas lafoi, qu'attendrez-vous ? N'est-ce pas la foi qui donne l'amour ; car sivous n'avez pas la foi, quel<strong>le</strong> reconnaissance aurez-vous, et parconséquent quel amour ?La foi, divine inspiration de Dieu, éveil<strong>le</strong> tous <strong>le</strong>s nob<strong>le</strong>s instincts quiconduisent l'homme au bien ; c'est la base de la régénération. Il faut doncque cette base soit forte et durab<strong>le</strong>, car si <strong>le</strong> moindre doute vientl'ébran<strong>le</strong>r, que devient l'édifice que vous construisez dessus ? E<strong>le</strong>vezdonc cet édifice sur des fondations inébranlab<strong>le</strong>s ; que votre foi soit plusforte que <strong>le</strong>s sophismes et <strong>le</strong>s rail<strong>le</strong>ries des incrédu<strong>le</strong>s, car la foi qui nebrave pas <strong>le</strong> ridicu<strong>le</strong> des hommes n'est pas la vraie foi.La foi sincère est entraînante et contagieuse ; el<strong>le</strong> se communique àceux qui ne l'avaient pas, ou même ne voudraient pas l'avoir ; el<strong>le</strong> trouve


222 CHAPITRE XIXdes paro<strong>le</strong>s persuasives qui vont à l'âme, tandis que la foi apparente n'aque des paro<strong>le</strong>s sonores qui laissent froid et indifférent. Prêchez parl'exemp<strong>le</strong> de votre foi pour en donner aux hommes ; prêchez parl'exemp<strong>le</strong> de vos oeuvres pour <strong>le</strong>ur faire voir <strong>le</strong> mérite de la foi ; prêchezpar votre espoir inébranlab<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>ur faire voir la confiance qui fortifieet met à même de braver toutes <strong>le</strong>s vicissitudes de la vie.Ayez donc la foi dans tout ce qu'el<strong>le</strong> a de beau et de bon, dans sapureté, dans son raisonnement. N'admettez pas la foi sans contrô<strong>le</strong>, fil<strong>le</strong>aveug<strong>le</strong> de l'aveug<strong>le</strong>ment. Aimez Dieu, mais sachez pourquoi vousl'aimez ; croyez en ses promesses, mais sachez pourquoi vous y croyez ;suivez nos conseils, mais rendez-vous compte du but que nous vousmontrons et des moyens que nous vous apportons pour l'atteindre.Croyez et espérez sans jamais faiblir : <strong>le</strong>s mirac<strong>le</strong>s sont l'oeuvre de la foi.(JOSEPH, ESPRIT PROTECTEUR. Bordeaux, 1862.)La foi divine et la foi humaine.12. La foi est <strong>le</strong> sentiment inné en l'homme de ses destinées futures ;c'est la conscience qu'il a des facultés immenses dont <strong>le</strong> germe a étédéposé chez lui, à l'état latent d'abord, et qu'il doit faire éclore et grandirpar sa volonté agissante.Jusqu'à présent la foi n'a été comprise que sous <strong>le</strong> côté religieux, parceque <strong>le</strong> Christ l'a préconisée comme <strong>le</strong>vier puissant, et que l'on n'a vu enlui que <strong>le</strong> chef d'une religion. Mais <strong>le</strong> Christ, qui a accompli des mirac<strong>le</strong>smatériels, a montré, par ces mirac<strong>le</strong>s mêmes, ce que peut l'homme quandil a la foi, c'est-à-dire la volonté de vouloir, et la certitude que cettevolonté peut recevoir son accomplissement. Les apôtres, à son exemp<strong>le</strong>,n'ont-ils pas aussi fait des mirac<strong>le</strong>s ? Or, qu'étaient ces mirac<strong>le</strong>s, sinondes effets naturels dont la cause était inconnue aux hommes d'alors, maisqu'on s'explique en grande partie aujourd'hui, et que l'on comprendracomplètement par l'étude du <strong>spiritisme</strong> et du magnétisme ?La foi est humaine ou divine, <strong>selon</strong> que l'homme applique ses facultésaux besoins terrestres ou à ses aspirations cé<strong>le</strong>stes et futures. L'hommede génie qui poursuit la réalisation de quelque grande entreprise réussits'il a la foi, parce qu'il sent en lui qu'il peut et doit arriver, et cettecertitude lui donne une force immense. L'homme de bien qui, croyant àson avenir cé<strong>le</strong>ste, veut remplir sa vie de nob<strong>le</strong>s et bel<strong>le</strong>s actions, puisedans sa foi, dans la certitude du bonheur qui l'attend, la force nécessaire,et là encore s'accomplissent des mirac<strong>le</strong>s de charité, de dévouement et


LA FOI TRANSPORTE LES MONTAGNES. 223d'abnégation. Enfin, avec la foi, il n'est pas de mauvais penchants qu'onne parvienne à vaincre.Le magnétisme est une des plus grandes preuves de la puissance de lafoi mise en action ; c'est par la foi qu'il guérit et produit ces phénomènesétranges qui jadis étaient qualifiés de mirac<strong>le</strong>s.Je <strong>le</strong> répète, la foi est humaine et divine ; si tous <strong>le</strong>s incarnés étaientbien persuadés de la force qu'ils ont en eux, et s'ils voulaient mettre <strong>le</strong>urvolonté au service de cette force, ils seraient capab<strong>le</strong>s d'accomplir ceque, jusqu'à présent, on a appelé des prodiges, et qui n'est simp<strong>le</strong>mentqu'un développement des facultés humaines. (UN ESPRITPROTECTEUR. Paris, 1863.)


CHAPITRE XX-LES OUVRIERS DE LA DERNIERE HEURE.Instructions des Esprits : Les derniers seront <strong>le</strong>s premiers. - Mission desspirites. - Les ouvriers du Seigneur.1. Le royaume des cieux est semblab<strong>le</strong> à un père de famil<strong>le</strong>, qui sortit dès <strong>le</strong>grand matin, afin de louer des ouvriers pour travail<strong>le</strong>r à sa vigne ; - étant convenuavec <strong>le</strong>s ouvriers qu'ils auraient un denier pour <strong>le</strong>ur journée, il <strong>le</strong>s envoya à lavigne. - Il sortit encore sur la troisième heure du jour, et en ayant vu d'autres qui setenaient dans la place sans rien faire, - <strong>le</strong>ur dit : Al<strong>le</strong>z-vous-en aussi, vous autres, àma vigne, et je vous donnerai ce qui sera raisonnab<strong>le</strong> ; - et ils s'en allèrent. Il sortitencore sur la sixième et sur la neuvième heure du jour, et fit la même chose. - Etétant sorti sur la onzième heure, il en trouva d'autres qui étaient là sans rien faire,auxquels il dit : Pourquoi demeurez-vous là tout <strong>le</strong> long du jour sans travail<strong>le</strong>r ? -C'est, lui dirent-ils, que personne ne nous a loués, et il <strong>le</strong>ur dit : Al<strong>le</strong>z-vous-enaussi, vous autres, à ma vigne.Le soir étant venu, <strong>le</strong> maître de la vigne dit à celui qui avait <strong>le</strong> soin de sesaffaires : Appe<strong>le</strong>z <strong>le</strong>s ouvriers, et payez-<strong>le</strong>s, en commençant depuis <strong>le</strong>s derniersjusqu'aux premiers. - Ceux donc qui n'étaient venus à la vigne que vers la onzièmeheure s'étant approchés, reçurent chacun un denier. - Ceux qui avaient été loués <strong>le</strong>spremiers venant à <strong>le</strong>ur tour, crurent qu'on <strong>le</strong>ur donnerait davantage, mais ils nereçurent non plus qu'un denier chacun ; - et en <strong>le</strong> recevant ils murmuraient contre<strong>le</strong> père de famil<strong>le</strong>, - en disant : Ces derniers n'ont travaillé qu'une heure et vous <strong>le</strong>srendez égaux à nous qui avons porté <strong>le</strong> poids du jour et de la cha<strong>le</strong>ur.Mais pour réponse il dit à l'un d'eux : Mon ami, je ne vous fais point de tort ;n'êtes-vous pas convenu avec moi d'un denier pour votre journée ? Prenez ce quivous appartient, et vous en al<strong>le</strong>z ; pour moi, je veux donner à ce dernier autant qu'àvous. - Ne m'est-il donc pas permis de faire ce que je veux ? et votre oeil est-ilmauvais, parce que je suis bon ?Ainsi, <strong>le</strong>s derniers seront <strong>le</strong>s premiers, et <strong>le</strong>s premiers seront <strong>le</strong>s derniers, parcequ'il y en a beaucoup d'appelés et peu d'élus. (Saint Matthieu, ch. XX, v. de 1 à16. Voir aussi : Parabo<strong>le</strong> du festin de noces, ch. XVIII, nº 1.)INSTRUCTIONS DES ESPRITS.Les derniers seront <strong>le</strong>s premiers.2. L'ouvrier de la dernière heure a droit au salaire, mais il faut que sabonne volonté l'ait tenu à la disposition du maître qui devait l'employer,et que ce retard ne soit pas <strong>le</strong> fruit de sa paresse ou de sa mauvaise


LES OUVRIERS DE LA DERNIERE HEURE. 225volonté. Il a droit au salaire, parce que, depuis l'aube, il attendaitimpatiemment celui qui, enfin, l'appel<strong>le</strong>rait à l'oeuvre ; il était laborieux,l'ouvrage seul lui manquait.Mais s'il avait refusé l'ouvrage à chaque heure du jour ; s'il avait dit :Prenons patience, <strong>le</strong> repos m'est doux ; quand la dernière heure sonnera,il sera temps de penser au salaire de la journée. Qu'ai-je besoin de medéranger pour un maître que je ne connais pas, que je n'aime pas ! Leplus tard sera <strong>le</strong> mieux. Celui-là, mes amis, n'eût pas trouvé <strong>le</strong> salaire del'ouvrier, mais celui de la paresse.Que sera-ce donc de celui qui, au lieu de rester simp<strong>le</strong>ment dansl'inaction, aura employé <strong>le</strong>s heures destinées au labeur du jour àcommettre des actes coupab<strong>le</strong>s ; qui aura blasphémé Dieu, versé <strong>le</strong> sangde ses frères, jeté <strong>le</strong> troub<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s, ruiné <strong>le</strong>s hommesconfiants, abusé de l'innocence, qui se sera enfin vautré dans toutes <strong>le</strong>signominies de l'humanité ; que sera-ce donc de celui-là ? Lui suffira-t-ilde dire à la dernière heure : Seigneur, j'ai mal employé mon temps ;prenez-moi jusqu'à la fin du jour, que je fasse un peu, bien peu de matâche, et donnez-moi <strong>le</strong> salaire de l'ouvrier de bonne volonté ? Non,non ; <strong>le</strong> maître lui dira : Je n'ai point d'ouvrage pour toi quant à présent ;tu as gaspillé ton temps ; tu as oublié ce que tu avais appris, tu ne saisplus travail<strong>le</strong>r à ma vigne. Recommence donc à apprendre, et lorsque tuseras mieux disposé, tu viendras vers moi, je t'ouvrirai mon vaste champ,et tu pourras y travail<strong>le</strong>r à toute heure du jour.Bons spirites, mes bien-aimés, vous êtes tous des ouvriers de ladernière heure. Bien orgueil<strong>le</strong>ux serait celui qui dirait : J'ai commencél'oeuvre à l'aurore et ne la terminerai qu'au déclin du jour. Tous vous êtesvenus quand vous avez été appelés, un peu plus tôt, un peu plus tard,pour l'incarnation dont vous portez la chaîne ; mais depuis combien desièc<strong>le</strong>s entassés <strong>le</strong> maître ne vous a-t-il pas appelés à sa vigne sans quevous ayez voulu y entrer ! Vous voilà au moment de toucher <strong>le</strong> salaire ;employez bien cette heure qui vous reste, et n'oubliez jamais que votreexistence, si longue qu'el<strong>le</strong> vous paraisse, n'est qu'un moment bienfugitif dans l'immensité des temps qui forment pour vous l'éternité.(CONSTANTIN, ESPRIT PROTECTEUR. Bordeaux, 1863.)3. Jésus affectionnait la simplicité des symbo<strong>le</strong>s, et, dans son mâ<strong>le</strong>langage, <strong>le</strong>s ouvriers arrivés à la première heure sont <strong>le</strong>s prophètes,Moïse, et tous <strong>le</strong>s initiateurs qui ont marqué <strong>le</strong>s étapes du progrès,continuées à travers <strong>le</strong>s sièc<strong>le</strong>s par <strong>le</strong>s apôtres, <strong>le</strong>s martyrs. <strong>le</strong>s Pères del'Eglise, <strong>le</strong>s savants, <strong>le</strong>s philosophes, et enfin <strong>le</strong>s spirites. Ceux-ci, venus


226 CHAPITRE XX<strong>le</strong>s derniers, ont été annoncés et prédits dès l'aurore du Messie, et ilsrecevront la même récompense ; que dis-je ? une plus haute récompense.Derniers venus, <strong>le</strong>s spirites profitent des labeurs intel<strong>le</strong>ctuels de <strong>le</strong>ursdevanciers, parce que l'homme doit hériter de l'homme, et que sestravaux et <strong>le</strong>urs résultats sont col<strong>le</strong>ctifs : Dieu bénit la solidarité.Beaucoup d'entre eux revivent d'ail<strong>le</strong>urs aujourd'hui, ou revivrontdemain, pour achever l'oeuvre qu'ils ont commencée jadis ; plus d'unpatriarche, plus d'un prophète, plus d'un discip<strong>le</strong> du Christ, plus d'unpropagateur de la foi chrétienne se retrouvent parmi eux, mais pluséclairés, plus avancés, travaillant, non plus à la base, mais aucouronnement de l'édifice ; <strong>le</strong>ur salaire sera donc proportionné au méritede l'oeuvre.La réincarnation, ce beau dogme, éternise et précise la filiationspirituel<strong>le</strong>. L'Esprit, appelé à rendre compte de son mandat terrestre,comprend la continuité de la tâche interrompue, mais toujours reprise ; ilvoit, il sent qu'il a saisi au vol la pensée de ses devanciers ; il rentre dansla lice, mûri par l'expérience, pour avancer encore ; et tous, ouvriers dela première et de la dernière heure, <strong>le</strong>s yeux dessillés sur la profondejustice de Dieu, ne murmurent plus et adorent.Tel est un des vrais sens de cette parabo<strong>le</strong> qui renferme, comme toutescel<strong>le</strong>s que Jésus a adressées au peup<strong>le</strong>, <strong>le</strong> germe de l'avenir, et aussi, soustoutes <strong>le</strong>s formes, sous toutes <strong>le</strong>s images, la révélation de cettemagnifique unité qui harmonise toutes choses dans l'univers, de cettesolidarité qui relie tous <strong>le</strong>s êtres présents au passé et à l'avenir. (HENRIHEINE. Paris, 1863.)Mission des spirites.4. N'entendez-vous pas déjà fermenter la tempête qui doit emporter <strong>le</strong>vieux monde et engloutir dans <strong>le</strong> néant la somme des iniquitésterrestres ? Ah ! bénissez <strong>le</strong> Seigneur, vous qui avez mis votre foi en sasouveraine justice, et qui, nouveaux apôtres de la croyance révélée par<strong>le</strong>s voix prophétiques supérieures, al<strong>le</strong>z prêcher <strong>le</strong> dogme nouveau de laréincarnation et de l'élévation des Esprits, suivant qu'ils ont bien ou malaccompli <strong>le</strong>urs missions, et supporté <strong>le</strong>urs épreuves terrestres.Ne tremb<strong>le</strong>z plus ! <strong>le</strong>s langues de feu sont sur vos têtes. O vraisadeptes du Spiritisme, vous êtes <strong>le</strong>s élus de Dieu ! Al<strong>le</strong>z et prêchez laparo<strong>le</strong> divine. L'heure est venue où vous devez sacrifier à sa propagationvos habitudes, vos travaux, vos occupations futi<strong>le</strong>s. Al<strong>le</strong>z et prêchez : <strong>le</strong>sEsprits d'en haut sont avec vous. Certes vous par<strong>le</strong>rez à des gens qui ne


LES OUVRIERS DE LA DERNIERE HEURE. 227voudront point écouter la voix de Dieu, parce que cette voix <strong>le</strong>s rappel<strong>le</strong>sans cesse à l'abnégation ; vous prêcherez <strong>le</strong> désintéressement auxavares, l'abstinence aux débauchés, la mansuétude aux tyransdomestiques comme aux despotes : paro<strong>le</strong>s perdues, je <strong>le</strong> sais ; maisqu'importe ! Il faut arroser de vos sueurs <strong>le</strong> terrain que vous devezensemencer, car il ne fructifiera et ne produira que sous <strong>le</strong>s effortsréitérés de la bêche et de la charrue évangéliques Al<strong>le</strong>z et prêchez !Oui, vous tous, hommes de bonne foi, qui croyez à votre infériorité enregardant <strong>le</strong>s mondes espacés dans l'infini, partez en croisade contrel'injustice et l'iniquité. Al<strong>le</strong>z et renversez ce culte du veau d'or, chaquejour de plus en plus envahissant. Al<strong>le</strong>z, Dieu vous conduit ! Hommessimp<strong>le</strong>s et ignorants, vos langues seront déliées, et vous par<strong>le</strong>rez commeaucun orateur ne par<strong>le</strong>. Al<strong>le</strong>z et prêchez, et <strong>le</strong>s populations attentivesrecueil<strong>le</strong>ront avec bonheur vos paro<strong>le</strong>s de consolation, de fraternité,d'espérance et de paix.Qu'importent <strong>le</strong>s embûches qui seront jetées sur votre chemin ! <strong>le</strong>sloups seuls se prendront aux pièges à loup, car <strong>le</strong> pasteur saura défendreses brebis contre <strong>le</strong>s bouchers sacrificateurs.Al<strong>le</strong>z, hommes grands devant Dieu, qui, plus heureux que saintThomas, croyez sans demander à voir, et acceptez <strong>le</strong>s faits de lamédiumnité quand même vous n'avez jamais réussi à en obtenir vousmêmes; al<strong>le</strong>z, l'Esprit de Dieu vous conduit.Marche donc en avant, phalange imposante par ta foi ! et <strong>le</strong>s grosbataillons des incrédu<strong>le</strong>s s'évanouiront devant toi comme <strong>le</strong>s brouillardsdu matin aux premiers rayons du so<strong>le</strong>il <strong>le</strong>vant.La foi est la vertu qui soulèvera <strong>le</strong>s montagnes, vous a dit Jésus ; maisplus lourdes que <strong>le</strong>s plus lourdes montagnes gisent dans <strong>le</strong> coeur deshommes l'impureté et tous <strong>le</strong>s vices de l'impureté. Partez donc aveccourage pour sou<strong>le</strong>ver cette montagne d'iniquités que <strong>le</strong>s générationsfutures ne doivent connaître qu'à l'état de légende, comme vous neconnaissez vous-mêmes que très imparfaitement la période des tempsantérieurs à la civilisation païenne.Oui, <strong>le</strong>s bou<strong>le</strong>versements moraux et philosophiques vont éclater surtous <strong>le</strong>s points du globe ; l'heure approche où la lumière divineapparaîtra sur <strong>le</strong>s deux mondes.Al<strong>le</strong>z donc, et portez la paro<strong>le</strong> divine : aux grands qui la dédaigneront,aux savants qui en demanderont la preuve, aux petits et aux simp<strong>le</strong>s quil'accepteront, car c'est surtout parmi <strong>le</strong>s martyrs du travail, cetteexpiation terrestre, que vous trouverez la ferveur et la foi. Al<strong>le</strong>z ; ceux-ci


228 CHAPITRE XXrecevront avec des cantiques d'actions de grâce et en chantant <strong>le</strong>slouanges de Dieu la consolation sainte que vous <strong>le</strong>ur apporterez, et ilss'inclineront en <strong>le</strong> remerciant du lot de <strong>le</strong>urs misères terrestres.Que votre phalange s'arme donc de résolution et de courage ! Al'oeuvre ! la charrue est prête ; la terre attend ; il faut labourer.Al<strong>le</strong>z, et remerciez Dieu de la tâche glorieuse qu'il vous a confiée ;mais songez que parmi <strong>le</strong>s appelés au Spiritisme beaucoup se sontfourvoyés ; regardez donc votre route et suivez la voie de la vérité.D. Si beaucoup d'appelés au Spiritisme se sont fourvoyés, à quel signereconnaître ceux qui sont dans la bonne voie ? - R. Vous <strong>le</strong>s reconnaîtrezaux principes de véritab<strong>le</strong> charité qu'ils professeront et pratiqueront ;vous <strong>le</strong>s reconnaîtrez au nombre des affligés auxquels ils auront apporté<strong>le</strong>s consolations ; vous <strong>le</strong>s reconnaîtrez à <strong>le</strong>ur amour pour <strong>le</strong>ur prochain,à <strong>le</strong>ur abnégation, à <strong>le</strong>ur désintéressement personnel ; vous <strong>le</strong>sreconnaîtrez enfin au triomphe de <strong>le</strong>urs principes, car Dieu veut <strong>le</strong>triomphe de sa loi ; ceux qui suivent sa loi sont ses élus, et il <strong>le</strong>urdonnera la victoire, mais il écrasera ceux qui faussent l'esprit de cette loiet s'en font un marchepied pour satisfaire <strong>le</strong>ur vanité et <strong>le</strong>ur ambition.(ERASTE, ange gardien du médium. Paris, 1863.) 7Les ouvriers du Seigneur.5. Vous touchez au temps de l'accomplissement des choses annoncéespour la transformation de l'humanité ; heureux seront ceux qui auronttravaillé au champ du Seigneur avec désintéressement et sans autremobi<strong>le</strong> que la charité ! Leurs journées de travail seront payées aucentup<strong>le</strong> de ce qu'ils auront espéré. Heureux seront ceux qui auront dit à<strong>le</strong>urs frères : «Frères, travaillons ensemb<strong>le</strong>, et unissons nos efforts afinque <strong>le</strong> maître trouve l'ouvrage fini à son arrivée,» car <strong>le</strong> maître <strong>le</strong>ur dira :«Venez à moi, vous qui êtes de bons serviteurs, vous qui avez fait tairevos jalousies et vos discordes pour ne pas laisser l'ouvrage ensouffrance !» Mais malheur à ceux qui, par <strong>le</strong>urs dissensions, aurontretardé l'heure de la moisson, car l'orage viendra et ils seront emportéspar <strong>le</strong> tourbillon ! Ils crieront : «Grâce ! grâce !» Mais <strong>le</strong> Seigneur <strong>le</strong>urdira : «Pourquoi demandez-vous grâce, vous qui n'avez pas eu pitié devos frères, et qui avez refusé de <strong>le</strong>ur tendre la main, vous qui avez écrasé<strong>le</strong> faib<strong>le</strong> au lieu de <strong>le</strong> soutenir ? Pourquoi demandez-vous grâce, vous7 Note de l'éditeur : Dans la troisième édition de 1866, ce message est paru imcomp<strong>le</strong>t et sanssignature. Nous l'avons complété en accord avec la 1° édition de 1864.


LES OUVRIERS DE LA DERNIERE HEURE. 229qui avez cherché votre récompense dans <strong>le</strong>s joies de la terre et dans lasatisfaction de votre orgueil ? Vous l'avez déjà reçue, votre récompense,tel<strong>le</strong> que vous l'avez voulue ; n'en demandez pas davantage : <strong>le</strong>srécompenses cé<strong>le</strong>stes sont pour ceux qui n'auront pas demandé <strong>le</strong>srécompenses de la terre.»Dieu fait en ce moment <strong>le</strong> dénombrement de ses serviteurs fidè<strong>le</strong>s, et ila marqué de son doigt ceux qui n'ont que l'apparence du dévouement,afin qu'ils n'usurpent pas <strong>le</strong> salaire des serviteurs courageux, car c'est àceux qui ne recu<strong>le</strong>ront pas devant <strong>le</strong>ur tâche qu'il va confier <strong>le</strong>s postes<strong>le</strong>s plus diffici<strong>le</strong>s dans la grande oeuvre de la régénération par <strong>le</strong><strong>spiritisme</strong>, et cette paro<strong>le</strong> s'accomplira : «Les premiers seront <strong>le</strong>sderniers, et <strong>le</strong>s derniers seront <strong>le</strong>s premiers dans <strong>le</strong> royaume des cieux !»(L'ESPRIT DE VERITE. Paris, 1862.)


CHAPITRE XXI-IL Y AURA DE FAUX CHRISTS ET DE FAUXPROPHETES.On connaît l'arbre à son fruit. - Mission des prophètes. - Prodiges des fauxprophètes. - Ne croyez point à tous <strong>le</strong>s Esprits. - Instructions des Esprits : Les fauxprophètes. - Caractères du vrai prophète. - Les faux prophètes de l'erraticité. -Jérémie et <strong>le</strong>s faux prophètes.On connaît l'arbre à son fruit.1. L'arbre qui produit de mauvais fruits n'est pas bon, et l'arbre qui produit debons fruits n'est pas mauvais ; - car chaque arbre se connaît à son propre fruit. Onne cueil<strong>le</strong> point de figues sur des épines, et l'on ne coupe point de grappes deraisin sur des ronces. - L'homme de bien tire de bonnes choses du bon trésor deson coeur, et <strong>le</strong> méchant en tire de mauvaises du mauvais trésor de son coeur ; carla bouche par<strong>le</strong> de la plénitude du coeur. (Saint Luc, ch. VI, v. 43, 44, 45.)2. Gardez-vous des faux prophètes qui viennent à vous couverts de peaux debrebis, et qui au-dedans sont des loups ravisseurs. - Vous <strong>le</strong>s connaîtrez par <strong>le</strong>ursfruits. Peut-on cueillir des raisins sur des épines ou des figues sur des ronces ? -Ainsi tout arbre qui est bon produit de bons fruits, et tout arbre qui est mauvaisproduit de mauvais fruits. - Un bon arbre ne peut produire de mauvais fruits, et unmauvais arbre ne peut en produire de bons. - Tout arbre qui ne produit point debons fruits sera coupé et jeté au feu. - Vous <strong>le</strong>s connaîtrez donc à <strong>le</strong>urs fruits.(Saint Matthieu, ch. VII, v. 15 à 20.)3. Prenez garde que quelqu'un vous séduise ; - parce que plusieurs viendrontsous mon nom, disant : «Je suis <strong>le</strong> Christ,» et ils en séduiront plusieurs.Il s'élèvera plusieurs faux prophètes qui séduiront beaucoup de personnes ; - etparce que l'iniquité abondera, la charité de plusieurs se refroidira. - Mais celui-làsera sauvé qui persévérera jusqu'à la fin.Alors si quelqu'un vous dit : Le Christ est ici, ou il est là, ne <strong>le</strong> croyez point ; -car il s'élèvera de faux Christs et de faux prophètes qui feront de grands prodigeset des choses étonnantes, jusqu'à séduire, s'il était possib<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s élus même. (SaintMatthieu, chap. XXIV, v. 4, 5, 11, 12, 13, 23, 24. - Saint Marc, ch. XIII, v. 5, 6,21, 22.)Mission des prophètes.4. On attribue vulgairement aux prophètes <strong>le</strong> don de révé<strong>le</strong>r l'avenir,de sorte que <strong>le</strong>s mots prophéties et prédictions sont devenus synonymes.Dans <strong>le</strong> sens évangélique, <strong>le</strong> mot prophète a une signification plus


FAUX CHRISTS ET FAUX PROPHETES. 231étendue ; il se dit de tout envoyé de Dieu avec mission d'instruire <strong>le</strong>shommes et de <strong>le</strong>ur révé<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s choses cachées et <strong>le</strong>s mystères de la viespirituel<strong>le</strong>. Un homme peut donc être prophète sans faire de prédictions ;cette idée était cel<strong>le</strong> des Juifs au temps de Jésus ; c'est pourquoi, lorsqu'ilfut amené devant <strong>le</strong> grand prêtre Caïphe, <strong>le</strong>s Scribes et <strong>le</strong>s Anciens, étantassemblés, lui crachèrent au visage, <strong>le</strong> frappèrent à coups de poing et luidonnèrent des souff<strong>le</strong>ts, en disant : «Christ, prophétise-nous, et dis quiest celui qui t'a frappé.» Cependant il est arrivé que des prophètes ont eula prescience de l'avenir, soit par intuition, soit par révélationprovidentiel<strong>le</strong>, afin de donner aux hommes des avertissements ; cesévénements s'étant accomplis, <strong>le</strong> don de prédire l'avenir a été regardécomme un des attributs de la qualité de prophète.Prodiges de faux prophètes.5. «Il s'élèvera de faux christs et de faux prophètes qui feront degrands prodiges et des choses étonnantes à séduire <strong>le</strong>s élus même.» Cesparo<strong>le</strong>s donnent <strong>le</strong> véritab<strong>le</strong> sens du mot prodige. Dans l'acceptionthéologique, <strong>le</strong>s prodiges et <strong>le</strong>s mirac<strong>le</strong>s sont des phénomènesexceptionnels, en dehors des lois de la nature. Les lois de la nature étantl'oeuvre de Dieu seul, il peut sans doute y déroger si cela lui plaît, mais<strong>le</strong> simp<strong>le</strong> bon sens dit qu'il ne peut avoir donné à des êtres inférieurs etpervers un pouvoir égal au sien, et encore moins <strong>le</strong> droit de défaire cequ'il a fait. Jésus ne peut avoir consacré un tel principe. Si donc, <strong>selon</strong> <strong>le</strong>sens que l'on attache à ces paro<strong>le</strong>s, l'Esprit du mal a <strong>le</strong> pouvoir de fairedes prodiges tels que <strong>le</strong>s élus même y soient trompés, il en résulteraitque, pouvant faire ce que Dieu fait, <strong>le</strong>s prodiges et <strong>le</strong>s mirac<strong>le</strong>s ne sontpas <strong>le</strong> privilège exclusif des envoyés de Dieu, et ne prouvent rien,puisque rien ne distingue <strong>le</strong>s mirac<strong>le</strong>s des saints des mirac<strong>le</strong>s du démon.Il faut donc chercher un sens plus rationnel à ces paro<strong>le</strong>s.Aux yeux du vulgaire ignorant, tout phénomène dont la cause estinconnue passe pour surnaturel, merveil<strong>le</strong>ux et miracu<strong>le</strong>ux ; la cause unefois connue, on reconnaît que <strong>le</strong> phénomène, si extraordinaire qu'ilparaisse, n'est autre chose que l'application d'une loi de nature. C'estainsi que <strong>le</strong> cerc<strong>le</strong> des faits surnaturels se rétrécit à mesure que s'étendcelui de la science. De tout temps des hommes ont exploité, au profit de<strong>le</strong>ur ambition, de <strong>le</strong>ur intérêt et de <strong>le</strong>ur domination, certainesconnaissances qu'ils possédaient, afin de se donner <strong>le</strong> prestige d'unpouvoir soi-disant surhumain ou d'une prétendue mission divine. Ce sontlà de faux christs et de faux prophètes ; la diffusion des lumières tue <strong>le</strong>ur


232 CHAPITRE XXIcrédit, c'est pourquoi <strong>le</strong> nombre en diminue à mesure que <strong>le</strong>s hommess'éclairent. Le fait d'opérer ce qui, aux yeux de certaines gens, passe pourdes prodiges, n'est donc point <strong>le</strong> signe d'une mission divine, puisqu'ilpeut résulter de connaissances que chacun peut acquérir, ou de facultésorganiques spécia<strong>le</strong>s, que <strong>le</strong> plus indigne peut posséder aussi bien que <strong>le</strong>plus digne. Le vrai prophète se reconnaît à des caractères plus sérieux, etexclusivement moraux.Ne croyez point à tous <strong>le</strong>s Esprits.6. Mes bien-aimés, ne croyez point à tout Esprit, mais éprouvez si <strong>le</strong>s Espritssont de Dieu, car plusieurs faux prophètes se sont é<strong>le</strong>vés dans <strong>le</strong> monde. (SaintJean, épître 1°, chap. IV, v. 1.)7. Les phénomènes spirites, loin d'accréditer <strong>le</strong>s faux christs et <strong>le</strong>s fauxprophètes, comme quelques-uns affectent de <strong>le</strong> dire, viennent aucontraire <strong>le</strong>ur porter un dernier coup. Ne demandez pas au <strong>spiritisme</strong> desmirac<strong>le</strong>s ni des prodiges, car il déclare formel<strong>le</strong>ment qu'il n'en produitpoint ; comme la physique, la chimie, l'astronomie, la géologie sontvenues révé<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s lois du monde matériel, il vient révé<strong>le</strong>r d'autres loisinconnues, cel<strong>le</strong>s qui régissent <strong>le</strong>s rapports du monde corporel et dumonde spirituel, et qui, comme <strong>le</strong>urs aînées de la science, n'en sont pasmoins des lois de nature ; en donnant l'explication d'un certain ordre dephénomènes incompris jusqu'à ce jour, il détruit ce qui restait encoredans <strong>le</strong> domaine du merveil<strong>le</strong>ux. Ceux donc qui seraient tentésd'exploiter ces phénomènes à <strong>le</strong>ur profit, en se faisant passer pour desmessies de Dieu, ne pourraient abuser longtemps de la crédulité, etseraient bientôt démasqués. D'ail<strong>le</strong>urs, ainsi qu'il a été dit, cesphénomènes seuls ne prouvent rien : la mission se prouve par des effetsmoraux qu'il n'est pas donné au premier venu de produire. C'est là un desrésultats du développement de la science spirite ; en scrutant la cause decertains phénomènes, el<strong>le</strong> lève <strong>le</strong> voi<strong>le</strong> sur bien des mystères. Ceux quipréfèrent l'obscurité à la lumière ont seuls intérêt à la combattre ; mais lavérité est comme <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il : el<strong>le</strong> dissipe <strong>le</strong>s plus épais brouillards.Le <strong>spiritisme</strong> vient révé<strong>le</strong>r une autre catégorie bien plus dangereuse defaux Christs et de faux prophètes, qui se trouvent, non parmi <strong>le</strong>shommes, mais parmi <strong>le</strong>s désincarnés : c'est cel<strong>le</strong> des Esprits trompeurs,hypocrites, orgueil<strong>le</strong>ux et faux savants qui, de la terre, sont passés dansl'erraticité, et se parent de noms vénérés pour chercher, à la faveur dumasque dont ils se couvrent, à accréditer <strong>le</strong>s idées souvent <strong>le</strong>s plusbizarres et <strong>le</strong>s plus absurdes. Avant que <strong>le</strong>s rapports médianimiques


FAUX CHRISTS ET FAUX PROPHETES. 233fussent connus, ils exerçaient <strong>le</strong>ur action d'une manière moins ostensib<strong>le</strong>,par l'inspiration, la médiumnité inconsciente, auditive ou parlante. Lenombre de ceux qui, à diverses époques, mais dans ces derniers tempssurtout, se sont donnés pour quelques-uns des anciens prophètes, pour <strong>le</strong>Christ, pour Marie, mère du Christ, et même pour Dieu, est considérab<strong>le</strong>.Saint Jean met en garde contre eux quand il dit : «Mes bien-aimés, necroyez point à tout Esprit, mais éprouvez si <strong>le</strong>s Esprits sont de Dieu ; carplusieurs faux prophètes se sont é<strong>le</strong>vés dans <strong>le</strong> monde.» Le <strong>spiritisme</strong>donne <strong>le</strong>s moyens de <strong>le</strong>s éprouver en indiquant <strong>le</strong>s caractères auxquelson reconnaît <strong>le</strong>s bons Esprits, caractères toujours moraux et jamaismatériels 8 . C'est au discernement des bons et des mauvais Esprits quepeuvent surtout s'appliquer ces paro<strong>le</strong>s de Jésus : «On reconnaît laqualité de l'arbre à son fruit ; un bon arbre ne peut produire de mauvaisfruits, et un mauvais arbre ne peut en produire de bons.» On juge <strong>le</strong>sEsprits à la qualité de <strong>le</strong>urs oeuvres, comme un arbre à la qualité de sesfruits.INSTRUCTIONS DES ESPRITS.Les faux prophètes.8. Si l'on vous dit : «Christ est ici,» n'y al<strong>le</strong>z pas, mais, au contraire,tenez-vous sur vos gardes, car <strong>le</strong>s faux prophètes seront nombreux. Maisne voyez-vous pas <strong>le</strong>s feuil<strong>le</strong>s du figuier qui commencent à blanchir ; nevoyez-vous pas <strong>le</strong>urs pousses nombreuses attendant l'époque de lafloraison, et Christ ne vous a-t-il pas dit : On reconnaît un arbre à sonfruit ? Si donc <strong>le</strong>s fruits sont amers, vous jugez que l'arbre est mauvais ;mais s'ils sont doux et salutaires, vous dites : Rien de pur ne peut sortird'une souche mauvaise.C'est ainsi, mes frères, que vous devez juger ; ce sont <strong>le</strong>s oeuvres quevous devez examiner. Si ceux qui se disent revêtus de la puissancedivine sont accompagnés de toutes <strong>le</strong>s marques d'une pareil<strong>le</strong> mission,c'est-à-dire s'ils possèdent au plus haut degré <strong>le</strong>s vertus chrétiennes etéternel<strong>le</strong>s : la charité, l'amour, l'indulgence, la bonté qui concilie tous <strong>le</strong>scoeurs ; si, à l'appui des paro<strong>le</strong>s, ils joignent <strong>le</strong>s actes, alors vous pourrezdire : Ceux-ci sont bien réel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s envoyés de Dieu.8 Voir, pour la distinction des Esprits, Livre des Médiums, ch. 24 et suiv.


234 CHAPITRE XXIMais méfiez-vous des paro<strong>le</strong>s miel<strong>le</strong>uses, méfiez-vous des scribes etdes pharisiens qui prient dans <strong>le</strong>s places publiques, vêtus de longuesrobes. Méfiez-vous de ceux qui prétendent avoir <strong>le</strong> seul et uniquemonopo<strong>le</strong> de la vérité !Non, non, Christ n'est point là, car ceux qu'il envoie propager sa saintedoctrine, et régénérer son peup<strong>le</strong>, seront, à l'exemp<strong>le</strong> du Maître, doux ethumb<strong>le</strong>s de coeur par-dessus toutes choses ; ceux qui doivent, par <strong>le</strong>ursexemp<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>urs conseils, sauver l'humanité courant à sa perte etvagabondant dans des routes tortueuses, ceux-là seront par-dessus toutmodestes et humb<strong>le</strong>s. Tout ce qui révè<strong>le</strong> un atome d'orgueil, fuyez-<strong>le</strong>comme une lèpre contagieuse qui corrompt tout ce qu'el<strong>le</strong> touche.Rappe<strong>le</strong>z-vous que chaque créature porte sur son front, mais dans sesactes surtout, <strong>le</strong> cachet de sa grandeur ou de sa décadence.Al<strong>le</strong>z donc, mes enfants bien-aimés, marchez sans tergiversations,sans arrière-pensées, dans la route bénie que vous avez entreprise. Al<strong>le</strong>z,al<strong>le</strong>z toujours sans crainte ; éloignez courageusement tout ce qui pourraitentraver votre marche vers <strong>le</strong> but éternel. Voyageurs, vous ne serez quebien peu de temps encore dans <strong>le</strong>s ténèbres et <strong>le</strong>s dou<strong>le</strong>urs de l'épreuve,si vous laissez al<strong>le</strong>r vos coeurs à cette douce doctrine qui vient vousrévé<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s lois éternel<strong>le</strong>s, et satisfaire toutes <strong>le</strong>s aspirations de votre âmevers l'inconnu. Dès à présent, vous pouvez donner un corps à ces sylpheslégers que vous voyiez passer dans vos rêves, et qui, éphémères, nepouvaient que charmer votre esprit, mais ne disaient rien à votre coeur.Maintenant, mes aimés, la mort a disparu pour faire place à l'angeradieux que vous connaissez, l'ange du revoir et de la réunion !Maintenant, vous qui avez bien accompli la tâche imposée par <strong>le</strong>Créateur, vous n'avez plus rien à craindre de sa justice, car il est père etpardonne toujours à ses enfants égarés qui crient miséricorde. Continuezdonc, avancez sans cesse ; que votre devise soit cel<strong>le</strong> du progrès, duprogrès continu en toutes choses, jusqu'à ce que vous arriviez enfin à ceterme heureux où vous attendent tous ceux qui vous ont précédés.(LOUIS. Bordeaux, 1861.)Caractères du vrai prophète.9. Défiez-vous des faux prophètes. Cette recommandation est uti<strong>le</strong>dans tous <strong>le</strong>s temps, mais surtout dans <strong>le</strong>s moments de transition où,comme dans celui-ci, s'élabore une transformation de l'humanité, caralors une fou<strong>le</strong> d'ambitieux et d'intrigants se posent en réformateurs et enmessies. C'est contre ces imposteurs qu'il faut se tenir en garde, et il est


FAUX CHRISTS ET FAUX PROPHETES. 235du devoir de tout honnête homme de <strong>le</strong>s démasquer. Vous demanderezsans doute comment on peut <strong>le</strong>s reconnaître ; voici <strong>le</strong>ur signa<strong>le</strong>ment :On ne confie <strong>le</strong> commandement d'une armée qu'à un général habi<strong>le</strong> etcapab<strong>le</strong> de la diriger ; croyez-vous donc que Dieu soit moins prudent que<strong>le</strong>s hommes ? Soyez certains qu'il ne confie <strong>le</strong>s missions importantesqu'à ceux qu'il sait capab<strong>le</strong>s de <strong>le</strong>s remplir, car <strong>le</strong>s grandes missions sontde lourds fardeaux qui écraseraient l'homme trop faib<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s porter.Comme en toutes choses <strong>le</strong> maître doit en savoir plus que l'écolier ; pourfaire avancer l'humanité mora<strong>le</strong>ment et intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>ment, il faut deshommes supérieurs en intelligence et en moralité ! c'est pourquoi ce sonttoujours des Esprits déjà très avancés ayant fait <strong>le</strong>urs preuves dansd'autres existences, qui s'incarnent dans ce but ; car s'ils ne sont passupérieurs au milieu dans <strong>le</strong>quel ils doivent agir, <strong>le</strong>ur action sera nul<strong>le</strong>.Ceci posé, concluez que <strong>le</strong> vrai missionnaire de Dieu doit justifier samission par sa supériorité, par ses vertus, par la grandeur, par <strong>le</strong> résultatet l'influence moralisatrice de ses oeuvres. Tirez encore cetteconséquence, que s'il est, par son caractère, par ses vertus, par sonintelligence, au-dessous du rô<strong>le</strong> qu'il se donne, ou du personnage sous <strong>le</strong>nom duquel il s'abrite, ce n'est qu'un histrion de bas étage qui ne sait pasmême copier son modè<strong>le</strong>.Une autre considération, c'est que la plupart des vrais missionnaires deDieu s'ignorent eux-mêmes ; ils accomplissent ce à quoi ils sont appelés,par la force de <strong>le</strong>ur génie secondé par la puissance occulte qui <strong>le</strong>s inspireet <strong>le</strong>s dirige à <strong>le</strong>ur insu, mais sans dessein prémédité. En un mot, <strong>le</strong>svrais prophètes se révè<strong>le</strong>nt par <strong>le</strong>urs actes : on <strong>le</strong>s devine ; tandis que<strong>le</strong>s faux prophètes se posent eux-mêmes comme <strong>le</strong>s envoyés de Dieu ; <strong>le</strong>premier est humb<strong>le</strong> et modeste ; <strong>le</strong> second est orgueil<strong>le</strong>ux et p<strong>le</strong>in de luimême; il par<strong>le</strong> avec hauteur, et, comme tous <strong>le</strong>s menteurs, il semb<strong>le</strong>toujours craindre de n'être pas cru.On a vu de ces imposteurs se donner pour <strong>le</strong>s apôtres du Christ,d'autres pour <strong>le</strong> Christ lui-même, et ce qui est à la honte de l'humanité,c'est qu'ils ont trouvé des gens assez crédu<strong>le</strong>s pour ajouter foi à depareil<strong>le</strong>s turpitudes. Une considération bien simp<strong>le</strong> cependant devraitouvrir <strong>le</strong>s yeux du plus aveug<strong>le</strong>, c'est que si <strong>le</strong> Christ se réincarnait sur laterre, il y viendrait avec toute sa puissance et toutes ses vertus, à moinsd'admettre, ce qui serait absurde, qu'il eût dégénéré ; or, de même que sivous ôtez à Dieu un seul de ses attributs vous n'aurez plus Dieu, si vousôtez une seu<strong>le</strong> des vertus du Christ, vous n'avez plus <strong>le</strong> Christ. Ceux quise donnent pour <strong>le</strong> Christ ont-ils toutes ses vertus ? Là est la question ;


236 CHAPITRE XXIregardez ; scrutez <strong>le</strong>urs pensées et <strong>le</strong>urs actes, et vous reconnaîtrez qu'ilsmanquent par-dessus tout des qualités distinctives du Christ : l'humilitéet la charité, tandis qu'ils ont ce qu'il n'avait pas : la cupidité et l'orgueil.Remarquez d'ail<strong>le</strong>urs qu'il y a dans ce moment, et dans différents pays,plusieurs prétendus Christs, comme il y a plusieurs prétendus Elie, saintJean ou saint Pierre, et que nécessairement ils ne peuvent être tousvéritab<strong>le</strong>s. Tenez pour certain que ce sont des gens qui exploitent lacrédulité et trouvent commode de vivre aux dépens de ceux qui <strong>le</strong>sécoutent.Défiez-vous donc des faux prophètes, surtout dans un temps derénovation, parce que beaucoup d'imposteurs se diront <strong>le</strong>s envoyés deDieu ; ils se procurent une vaniteuse satisfaction sur la terre, mais uneterrib<strong>le</strong> justice <strong>le</strong>s attend, vous pouvez en être certains. (ERASTE. Paris,1862.)Les faux prophètes de l'erraticité.10. Les faux prophètes ne sont pas seu<strong>le</strong>ment parmi <strong>le</strong>s incarnés ; ilssont aussi, et en bien plus grand nombre, parmi <strong>le</strong>s Esprits orgueil<strong>le</strong>uxqui, sous de faux-semblants d'amour et de charité, sèment la désunion etretardent l'oeuvre émancipatrice de l'humanité, en jetant à la traverse<strong>le</strong>urs systèmes absurdes qu'ils font accepter par <strong>le</strong>urs médiums ; et pourmieux fasciner ceux qu'ils veu<strong>le</strong>nt abuser, pour donner plus de poids à<strong>le</strong>urs théories, ils se parent sans scrupu<strong>le</strong> de noms que <strong>le</strong>s hommes neprononcent qu'avec respect.Ce sont eux qui sèment des ferments d'antagonisme entre <strong>le</strong>s groupes,qui <strong>le</strong>s poussent à s'iso<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s uns des autres, et à se voir d'un mauvaisoeil. Cela seul suffirait pour <strong>le</strong>s démasquer ; car, en agissant ainsi, ilsdonnent eux-mêmes <strong>le</strong> plus formel démenti à ce qu'ils prétendent être.Aveug<strong>le</strong>s donc sont <strong>le</strong>s hommes qui se laissent prendre à un piège aussigrossier.Mais il y a bien d'autres moyens de <strong>le</strong>s reconnaître. Des Esprits del'ordre auquel ils disent appartenir, doivent être non seu<strong>le</strong>ment très bons,mais, en outre, éminemment rationnels. Eh bien, passez <strong>le</strong>urs systèmesau tamis de la raison et du bon sens, et vous verrez ce qui en restera.Convenez donc avec moi que, toutes <strong>le</strong>s fois qu'un Esprit indique,comme remède aux maux de l'humanité, ou comme moyens d'arriver à satransformation, des choses utopiques et impraticab<strong>le</strong>s, des mesurespuéri<strong>le</strong>s et ridicu<strong>le</strong>s ; quand il formu<strong>le</strong> un système contredit par <strong>le</strong>s plus


FAUX CHRISTS ET FAUX PROPHETES. 237vulgaires notions de la science, ce ne peut être qu'un Esprit ignorant etmenteur.D'un autre côté, croyez bien que si la vérité n'est pas toujoursappréciée par <strong>le</strong>s individus, el<strong>le</strong> l'est toujours par <strong>le</strong> bon sens des masses,et c'est encore là un critérium. Si deux principes se contredisent, vousaurez la mesure de <strong>le</strong>ur va<strong>le</strong>ur intrinsèque en cherchant celui qui trouve<strong>le</strong> plus d'échos et de sympathies ; il serait illogique, en effet, d'admettrequ'une doctrine qui verrait diminuer <strong>le</strong> nombre de ses partisans fût plusvraie que cel<strong>le</strong> qui voit <strong>le</strong>s siens s'augmenter. Dieu, voulant que la véritéarrive à tous, ne la confine pas dans un cerc<strong>le</strong> restreint : il la fait surgirsur différents points, afin que partout la lumière soit à côté des ténèbres.Repoussez impitoyab<strong>le</strong>ment tous ces Esprits qui se donnent commeconseils exclusifs, en prêchant la division et l'iso<strong>le</strong>ment. Ce sont presquetoujours des Esprits vaniteux et médiocres, qui tendent à s'imposer auxhommes faib<strong>le</strong>s et crédu<strong>le</strong>s, en <strong>le</strong>ur prodiguant des louanges exagérées,afin de <strong>le</strong>s fasciner et de <strong>le</strong>s tenir sous <strong>le</strong>ur domination. Ce sontgénéra<strong>le</strong>ment des Esprits affamés de pouvoir, qui, despotes publics ouprivés de <strong>le</strong>ur vivant, veu<strong>le</strong>nt avoir encore des victimes à tyranniseraprès <strong>le</strong>ur mort. En général, défiez-vous des communications qui portentun caractère de mysticisme et d'étrangeté, ou qui prescrivent descérémonies et des actes bizarres ; il y a toujours alors un motif légitimede suspicion.D'un autre côté, croyez bien que lorsqu'une vérité doit être révélée àl'humanité, el<strong>le</strong> est pour ainsi dire instantanément communiquée danstous <strong>le</strong>s groupes sérieux qui possèdent de sérieux médiums, et non pas àtels ou tels, à l'exclusion des autres. Nul n'est parfait médium s'il estobsédé, et il y a obsession manifeste lorsqu'un médium n'est apte qu'àrecevoir <strong>le</strong>s communications d'un Esprit spécial, si haut que celui-cicherche à se placer lui-même. En conséquence, tout médium, tout groupequi se croient privilégiés par des communications que seuls ils peuventrecevoir, et qui, d'autre part, sont assujettis à des pratiques qui frisent lasuperstition, sont indubitab<strong>le</strong>ment sous <strong>le</strong> coup d'une obsession desmieux caractérisées, surtout quand l'Esprit dominateur se targue d'unnom que tous, Esprits et incarnés, nous devons honorer et respecter, etne pas laisser commettre à tout propos.Il est incontestab<strong>le</strong> qu'en soumettant au creuset de la raison et de lalogique toutes <strong>le</strong>s données et toutes <strong>le</strong>s communications des Esprits, ilsera faci<strong>le</strong> de repousser l'absurdité et l'erreur. Un médium peut êtrefasciné, un groupe abusé ; mais <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> sévère des autres groupes,


238 CHAPITRE XXImais la science acquise, et la haute autorité mora<strong>le</strong> des chefs de groupe,mais des communications des principaux médiums qui reçoivent uncachet de logique et d'authenticité de nos meil<strong>le</strong>urs Esprits, ferontrapidement justice de ces dictées mensongères et astucieuses émanéesd'une tourbe d'Esprits trompeurs ou méchants. (ERASTE, discip<strong>le</strong> desaint Paul. Paris, 1862.)(Voir à l'Introduction <strong>le</strong> paragraphe : II. Contrô<strong>le</strong> universel del'enseignement des Esprits. - Livre des médiums, chap. XXIII, Del'obsession.)Jérémie et <strong>le</strong>s faux prophètes.11. Voici ce que dit <strong>le</strong> Seigneur des armées : N'écoutez point <strong>le</strong>sparo<strong>le</strong>s des prophètes qui vous prophétisent et qui vous trompent. Ilspublient <strong>le</strong>s visions de <strong>le</strong>ur coeur, et non ce qu'ils ont appris de la bouchedu Seigneur. - Ils disent à ceux qui me blasphèment : Le Seigneur l'a dit,vous aurez la paix ; et à tous ceux qui marchent dans la corruption de<strong>le</strong>ur coeur : Il ne vous arrivera point de mal. - Mais qui d'entre eux aassisté au conseil de Dieu ; qui l'a vu et qui a entendu ce qu'il a dit ? - Jen'envoyais point ces prophètes, et ils couraient d'eux-mêmes ; je ne <strong>le</strong>urparlais point, et ils prophétisaient de <strong>le</strong>ur tête. - J'ai entendu ce qu'ont ditces prophètes qui prophétisent <strong>le</strong> mensonge en mon nom ; en disant : J'aisongé, j'ai songé. - Jusques à quand cette imagination sera-t-el<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>coeur des prophètes qui prophétisent <strong>le</strong> mensonge, et dont <strong>le</strong>s prophétiesne sont que <strong>le</strong>s séductions de <strong>le</strong>ur coeur ? Si donc ce peup<strong>le</strong>, ou unprophète, ou un prêtre vous interroge et vous dit : Quel est <strong>le</strong> fardeau duSeigneur ? Vous lui direz : C'est vous-même qui êtes <strong>le</strong> fardeau, et jevous jetterai bien loin de moi, dit <strong>le</strong> Seigneur. (JEREMIE, ch. XXIII, v.16, 17, 18, 21, 25, 26, 33.)C'est sur ce passage du prophète Jérémie que je vais vous entretenir,mes amis. Dieu, parlant par sa bouche, dit : «C'est la vision de <strong>le</strong>ur coeurqui <strong>le</strong>s fait par<strong>le</strong>r.» Ces mots indiquent clairement que déjà, à cetteépoque, <strong>le</strong>s charlatans et <strong>le</strong>s exaltés abusaient du don de prophétie etl'exploitaient. Ils abusaient, par conséquent, de la foi simp<strong>le</strong> et presqueaveug<strong>le</strong> du peup<strong>le</strong> en prédisant pour de l'argent de bonnes et agréab<strong>le</strong>schoses. Cette sorte de tromperie était assez généra<strong>le</strong> chez la nation juive,et il est faci<strong>le</strong> de comprendre que <strong>le</strong> pauvre peup<strong>le</strong>, dans son ignorance,était dans l'impossibilité de distinguer <strong>le</strong>s bons d'avec <strong>le</strong>s mauvais, et ilétait toujours plus ou moins dupe de ces soi-disant prophètes quin'étaient que des imposteurs ou des fanatiques. Y a-t-il rien de plus


FAUX CHRISTS ET FAUX PROPHETES. 239significatif que ces paro<strong>le</strong>s : «Je n'ai point envoyé ces prophètes-là, et ilsont couru d'eux-mêmes ; je ne <strong>le</strong>ur ai point parlé, et ils ont prophétisé ?»Plus loin il dit : «J'ai entendu ces prophètes qui prophétisent <strong>le</strong>mensonge en mon nom, en disant : J'ai songé, j'ai songé ;» il indiquaitainsi un des moyens employés pour exploiter la confiance qu'on avait eneux. La multitude, toujours crédu<strong>le</strong>, ne pensait point à contester lavéracité de <strong>le</strong>urs songes ou de <strong>le</strong>urs visions ; el<strong>le</strong> trouvait cela toutnaturel et invitait toujours ces prophètes à par<strong>le</strong>r.Après <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s du prophète, écoutez <strong>le</strong>s sages conseils de l'apôtresaint Jean, quand il dit : «Ne croyez point à tout Esprit, mais éprouvez si<strong>le</strong>s Esprits sont de Dieu ;» car parmi <strong>le</strong>s invisib<strong>le</strong>s il en est aussi qui seplaisent à faire des dupes quand ils en trouvent l'occasion. Ces dupessont, bien entendu, <strong>le</strong>s médiums qui ne prennent pas assez deprécautions. La est sans contredit un des plus grands écueils, contre<strong>le</strong>quel beaucoup viennent se briser, surtout quand ils sont novices dans<strong>le</strong> <strong>spiritisme</strong>. C'est pour eux une épreuve dont ils ne peuvent triompherque par une grande prudence. Apprenez donc, avant toute chose, àdistinguer <strong>le</strong>s bons et <strong>le</strong>s mauvais Esprits, pour ne pas devenir vousmêmesde faux prophètes. (LUOZ, Esp. protect. Karlsruhe, 1861.)


CHAPITRE XXII-NE SEPAREZ PAS CE QUE DIEU A JOINT.Indissolubilité du mariage. - Divorce.Indissolubilité du mariage.1. Les Pharisiens vinrent aussi à lui pour <strong>le</strong> tenter, et ils lui dirent : Est-il permisà un homme de renvoyer sa femme pour quelque cause que ce soit ? - Il <strong>le</strong>urrépondit : N'avez-vous point lu que celui qui créa l'homme dès <strong>le</strong> commencement,<strong>le</strong>s créa mâ<strong>le</strong> et femel<strong>le</strong>, et qu'il est dit : - Pour cette raison, l'homme quittera sonpère et sa mère, et s'attachera à sa femme, et ils ne feront plus tous deux qu'uneseu<strong>le</strong> chair ? - Ainsi ils ne seront plus deux, mais une seu<strong>le</strong> chair. Que l'hommedonc ne sépare pas ce que Dieu a joint.Mais pourquoi donc, lui dirent-ils, Moïse a-t-il ordonné qu'on donne à sa femmeun écrit de séparation, et qu'on la renvoie ? - Il <strong>le</strong>ur répondit : C'est à cause de ladureté de votre coeur que Moïse vous a permis de renvoyer vos femmes ; maiscela n'a pas été dès <strong>le</strong> commencement. - Aussi je vous déclare que quiconquerenvoie sa femme, si ce n'est en cas d'adultère, et en épouse une autre, commet unadultère ; et que celui qui épouse cel<strong>le</strong> qu'un autre a renvoyée, commet aussi unadultère. (Saint Matthieu, ch. XIX, v. de 3 à 9.)2. Il n'y a d'immuab<strong>le</strong> que ce qui vient de Dieu ; tout ce qui estl'oeuvre des hommes est sujet à changement. Les lois de la nature sont<strong>le</strong>s mêmes dans tous <strong>le</strong>s temps et dans tous <strong>le</strong>s pays ; <strong>le</strong>s lois humaineschangent <strong>selon</strong> <strong>le</strong>s temps, <strong>le</strong>s lieux et <strong>le</strong> progrès de l'intelligence. Dans <strong>le</strong>mariage, ce qui est d'ordre divin, c'est l'union des sexes pour opérer <strong>le</strong>renouvel<strong>le</strong>ment des êtres qui meurent ; mais <strong>le</strong>s conditions qui règ<strong>le</strong>ntcette union sont d'ordre tel<strong>le</strong>ment humain, qu'il n'y a pas dans <strong>le</strong> mondeentier, et même dans la chrétienté, deux pays où el<strong>le</strong>s soient absolument<strong>le</strong>s mêmes, et qu'il n'y en a pas un où el<strong>le</strong>s n'aient subi des changementsavec <strong>le</strong> temps ; il en résulte qu'aux yeux de la loi civi<strong>le</strong>, ce qui estlégitime dans une contrée et à une époque, est adultère dans une autrecontrée et dans un autre temps ; et cela, parce que la loi civi<strong>le</strong> a pour butde rég<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s intérêts des famil<strong>le</strong>s, et que ces intérêts varient <strong>selon</strong> <strong>le</strong>smoeurs et <strong>le</strong>s besoins locaux ; c'est ainsi, par exemp<strong>le</strong>, que dans certainspays <strong>le</strong> mariage religieux est seul légitime, dans d'autres il faut en plus <strong>le</strong>mariage civil, dans d'autres, enfin, <strong>le</strong> mariage civil seul suffit.3. Mais dans l'union des sexes, à côté de la loi divine matériel<strong>le</strong>,commune à tous <strong>le</strong>s êtres vivants, il y a une autre loi divine, immuab<strong>le</strong>


NE SEPAREZ PAS CE QUE DIEU A JOINT. 241comme toutes <strong>le</strong>s lois de Dieu, exclusivement mora<strong>le</strong>, c'est la loid'amour. Dieu a voulu que <strong>le</strong>s êtres fussent unis, non seu<strong>le</strong>ment par <strong>le</strong>sliens de la chair, mais par ceux de l'âme, afin que l'affection mutuel<strong>le</strong> desépoux se reportât sur <strong>le</strong>urs enfants, et qu'ils fussent deux, au lieu d'un, à<strong>le</strong>s aimer, à <strong>le</strong>s soigner et à <strong>le</strong>s faire progresser. Dans <strong>le</strong>s conditionsordinaires du mariage, est-il tenu compte de cette loi d'amour ?Nul<strong>le</strong>ment ; ce que l'on consulte, ce n'est pas l'affection de deux êtresqu'un mutuel sentiment attire l'un vers l'autre, puisque <strong>le</strong> plus souvent onbrise cette affection ; ce que l'on cherche, ce n'est pas la satisfaction ducoeur, mais cel<strong>le</strong> de l'orgueil, de la vanité, de la cupidité, en un mot detous <strong>le</strong>s intérêts matériels ; quand tout est pour <strong>le</strong> mieux <strong>selon</strong> cesintérêts, on dit que <strong>le</strong> mariage est convenab<strong>le</strong>, et quand <strong>le</strong>s bourses sontbien assorties, on dit que <strong>le</strong>s époux <strong>le</strong> sont éga<strong>le</strong>ment, et doivent êtrebien heureux.Mais ni la loi civi<strong>le</strong>, ni <strong>le</strong>s engagements qu'el<strong>le</strong> fait contracter nepeuvent suppléer la loi d'amour si cette loi ne préside pas à l'union ; il enrésulte que souvent ce que l'on a uni de force se sépare de soi-même ;que <strong>le</strong> serment que l'on prononce au pied de l'autel devient un parjure sion <strong>le</strong> dit comme une formu<strong>le</strong> bana<strong>le</strong> ; de là <strong>le</strong>s unions malheureuses, quifinissent par devenir criminel<strong>le</strong>s ; doub<strong>le</strong> malheur que l'on éviterait si,dans <strong>le</strong>s conditions du mariage, on ne faisait pas abstraction de la seu<strong>le</strong>qui <strong>le</strong> sanctionne aux yeux de Dieu : la loi d'amour. Quand Dieu a dit :«Vous ne ferez qu'une même chair ;» et quand Jésus a dit : «Vous neséparerez pas ce que Dieu a uni,» cela doit s'entendre de l'union <strong>selon</strong> laloi immuab<strong>le</strong> de Dieu, et non <strong>selon</strong> la loi changeante des hommes.4. La loi civi<strong>le</strong> est-el<strong>le</strong> donc superflue, et faut-il en revenir auxmariages <strong>selon</strong> la nature ? Non certainement ; la loi civi<strong>le</strong> a pour but derég<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s rapports sociaux et <strong>le</strong>s intérêts des famil<strong>le</strong>s, <strong>selon</strong> <strong>le</strong>s exigencesde la civilisation, voilà pourquoi el<strong>le</strong> est uti<strong>le</strong>, nécessaire, mais variab<strong>le</strong> ;el<strong>le</strong> doit être prévoyante, parce que l'homme civilisé ne peut vivrecomme <strong>le</strong> sauvage ; mais rien, absolument rien ne s'oppose à ce qu'el<strong>le</strong>soit <strong>le</strong> corollaire de la loi de Dieu ; <strong>le</strong>s obstac<strong>le</strong>s à l'accomplissement dela loi divine viennent des préjugés et non de la loi civi<strong>le</strong>. Ces préjugés,bien qu'encore vivaces, ont déjà perdu de <strong>le</strong>ur empire chez <strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>séclairés ; ils disparaîtront avec <strong>le</strong> progrès moral, qui ouvrira enfin <strong>le</strong>syeux sur <strong>le</strong>s maux sans nombre, <strong>le</strong>s fautes, <strong>le</strong>s crimes même qui résultentdes unions contractées en vue des seuls intérêts matériels ; et l'on sedemandera un jour s'il est plus humain, plus charitab<strong>le</strong>, plus moral deriver l'un à l'autre des êtres qui ne peuvent vivre ensemb<strong>le</strong>, que de <strong>le</strong>ur


242 CHAPITRE XXIIrendre la liberté ; si la perspective d'une chaîne indissolub<strong>le</strong> n'augmentepas <strong>le</strong> nombre des unions irrégulières.Le divorce.5. Le divorce est une loi humaine qui a pour but de séparer léga<strong>le</strong>mentce qui est séparé de fait ; el<strong>le</strong> n'est point contraire à la loi de Dieu,puisqu'el<strong>le</strong> ne réforme que ce que <strong>le</strong>s hommes ont fait, et qu'el<strong>le</strong> n'estapplicab<strong>le</strong> que dans <strong>le</strong>s cas où il n'a pas été tenu compte de la loi divine ;si el<strong>le</strong> était contraire à cette loi, l'Eglise el<strong>le</strong>-même serait forcée deregarder comme prévaricateurs ceux de ses chefs qui, de <strong>le</strong>ur propreautorité, et au nom de la religion, ont, en plus d'une circonstance, imposé<strong>le</strong> divorce ; doub<strong>le</strong> prévarication alors, puisque c'était en vue d'intérêtstemporels seuls, et non pour satisfaire à la loi d'amour.Mais Jésus lui-même ne consacre pas l'indissolubilité absolue dumariage. Ne dit-il pas : «C'est à cause de la dureté de votre coeur queMoïse vous a permis de renvoyer vos femmes ?» Ce qui signifie que, dès<strong>le</strong> temps de Moïse, l'affection mutuel<strong>le</strong> n'étant pas <strong>le</strong> but unique dumariage, la séparation pouvait devenir nécessaire. Mais, ajoute-t-il, «celan'a pas été dès <strong>le</strong> commencement ;» c'est-à-dire qu'à l'origine del'humanité, alors que <strong>le</strong>s hommes n'étaient pas encore pervertis parl'égoïsme et l'orgueil, et qu'ils vivaient <strong>selon</strong> la loi de Dieu, <strong>le</strong>s unionsfondées sur la sympathie et non sur la vanité ou l'ambition, ne donnaientpas lieu à répudiation.Il va plus loin : il spécifie <strong>le</strong> cas où la répudiation peut avoir lieu, c'estcelui d'adultère ; or, l'adultère n'existe pas là où règne une affectionréciproque sincère. Il défend, il est vrai, à tout homme d'épouser lafemme répudiée, mais il faut tenir compte des moeurs et du caractère deshommes de son temps. La loi mosaïque, dans ce cas, prescrivait lalapidation ; voulant abolir un usage barbare, il fallait néanmoins unepénalité, et il la trouve dans la flétrissure que devait imprimerl'interdiction d'un second mariage. C'était en quelque sorte une loi civi<strong>le</strong>substituée à une autre loi civi<strong>le</strong>, mais qui, comme toutes <strong>le</strong>s lois de cettenature, devait subir l'épreuve du temps.


CHAPITRE XXIII-MORALE ETRANGE.Qui ne hait pas son père et sa mère. - Quitter son père, sa mère et ses enfants. -Laissez aux morts <strong>le</strong> soin d'ensevelir <strong>le</strong>urs morts. - Je ne suis pas venu apporter lapaix, mais la division.Qui ne hait pas son père et sa mère.1. Une grande troupe de peup<strong>le</strong> marchant avec Jésus, il se retourna vers eux et<strong>le</strong>ur dit : - Si quelqu'un vient à moi, et ne hait pas son père et sa mère, sa femme etses enfants, ses frères et ses soeurs, et même sa propre vie, il ne peut être mondiscip<strong>le</strong>. - Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suit pas, ne peut être mondiscip<strong>le</strong>. - Ainsi quiconque d'entre vous ne renonce pas à tout ce qu'il a ne peutêtre mon discip<strong>le</strong>. (Saint Luc, ch. XIV, v. 25, 26, 27, 33.)2. Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi ;celui qui aime son fils ou sa fil<strong>le</strong> plus que moi n'est pas digne de moi. (SaintMatthieu, ch. X, v. 37.)3. Certaines paro<strong>le</strong>s, très rares du reste, font un contraste si étrangedans la bouche du Christ, qu'instinctivement on en repousse <strong>le</strong> senslittéral, et la sublimité de sa doctrine n'en a subi aucune atteinte. Ecritesaprès sa mort, puisque aucun Evangi<strong>le</strong> n'a été écrit de son vivant, il estpermis de croire que, dans ce cas, <strong>le</strong> fond de sa pensée n'a pas été bienrendu, ou, ce qui n'est pas moins probab<strong>le</strong>, c'est que <strong>le</strong> sens primitif a pusubir quelque altération en passant d'une langue à l'autre. Il a suffiqu'une erreur fût faite une première fois pour qu'el<strong>le</strong> ait été répétée par<strong>le</strong>s reproducteurs, comme cela se voit si souvent dans <strong>le</strong>s faitshistoriques.Le mot hait, dans cette phrase de saint Luc : Si quelqu'un vient à moiet ne hait pas son père et sa mère, est dans ce cas ; il n'est personne quiait eu la pensée de l'attribuer à Jésus ; il serait donc superflu de <strong>le</strong>discuter, et encore moins de chercher à <strong>le</strong> justifier. Il faudrait savoird'abord s'il l'a prononcé, et, dans l'affirmative, savoir si, dans la languedans laquel<strong>le</strong> il s'exprimait, ce mot avait la même va<strong>le</strong>ur que dans lanôtre. Dans ce passage de saint Jean : «Celui qui hait sa vie dans cemonde, la conserve pour la vie éternel<strong>le</strong>,» il est certain qu'il n'exprimepas l'idée que nous y attachons.La langue hébraïque n'était pas riche, et avait beaucoup de mots àplusieurs significations. Tel est par exemp<strong>le</strong> celui qui, dans la Genèse,


244 CHAPITRE XXIIIdésigne <strong>le</strong>s phases de la création, et servait à la fois pour exprimer unepériode de temps quelconque et la révolution diurne ; de là, plus tard, satraduction par <strong>le</strong> mot jour, et la croyance que <strong>le</strong> monde a été l'oeuvre desix fois vingt-quatre heures. Tel est encore <strong>le</strong> mot qui se disait d'unchameau et d'un câb<strong>le</strong>, parce que <strong>le</strong>s câb<strong>le</strong>s étaient faits de poils dechameau, et qui a été traduit par chameau dans l'allégorie du troud'aiguil<strong>le</strong> (ch. XVI, nº 2 9 .)Il faut d'ail<strong>le</strong>urs tenir compte des moeurs et du caractère des peup<strong>le</strong>squi influent sur <strong>le</strong> génie particulier de <strong>le</strong>urs langues ; sans cetteconnaissance <strong>le</strong> sens véritab<strong>le</strong> de certains mots échappe ; d'une langue àl'autre <strong>le</strong> même mot a plus ou moins d'énergie ; il peut être une injure ouun blasphème dans l'une et insignifiant dans l'autre, <strong>selon</strong> l'idée qu'on yattache ; dans la même langue certains mots perdent <strong>le</strong>ur va<strong>le</strong>ur àquelques sièc<strong>le</strong>s de distance ; c'est pour cela qu'une traductionrigoureusement littéra<strong>le</strong> ne rend pas toujours parfaitement la pensée, etque, pour être exact, il faut parfois employer, non <strong>le</strong>s motscorrespondants, mais des mots équiva<strong>le</strong>nts ou des périphrases.Ces remarques trouvent une application spécia<strong>le</strong> dans l'interprétationdes saintes Ecritures, et des Evangi<strong>le</strong>s en particulier. Si l'on ne tient pascompte du milieu dans <strong>le</strong>quel vivait Jésus, on est exposé à se méprendresur la va<strong>le</strong>ur de certaines expressions et de certains faits, par suite del'habitude où l'on est d'assimi<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s autres à soi-même. En tout état decause, il faut donc écarter du mot haïr l'acception moderne, commecontraire à l'esprit de l'enseignement de Jésus (voy. aussi chap. XIV, n° 5et suiv.)9 Non odit en latin, Kaï ou miseï en grec, ne veut pas dire haïr, mais aimer moins. Cequ'exprime <strong>le</strong> verbe grec miseïn, <strong>le</strong> verbe hébreu, dont a dû se servir Jésus, <strong>le</strong> dit encoremieux ; il ne signifie pas seu<strong>le</strong>ment haïr, mais aimer moins, ne pas aimer autant que, à l'égald'un autre. Dans <strong>le</strong> dia<strong>le</strong>cte syriaque, dont il est dit que Jésus usait <strong>le</strong> plus souvent, cettesignification est encore plus accentuée. C'est dans ce sens qu'il est dit dans la Genèse (ch.XXIX, v. 30, 31) : «Et Jacob aima aussi Rachel plus que Lia, et Jehova voyant que Lia étaithaïe...» Il est évident que <strong>le</strong> véritab<strong>le</strong> sens est moins aimée ; c'est ainsi qu'il faut traduire. Dansplusieurs autres passages hébraïques, et surtout syriaques, <strong>le</strong> même verbe est employé dans <strong>le</strong>sens de ne pas aimer autant qu'un autre, et l'on ferait un contresens en traduisant par haïr, quia une autre acception bien déterminée. Le texte de saint Matthieu lève d'ail<strong>le</strong>urs toutedifficulté.(Note de M. Pezzani.)


MORALE ETRANGE. 245Quitter son père, sa mère et ses enfants.4. Quiconque aura quitté pour mon nom sa maison, ou ses frères, ou ses soeurs,ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses terres, en recevra <strong>le</strong>centup<strong>le</strong>, et aura pour héritage la vie éternel<strong>le</strong>. (Saint Matthieu, ch., XIX, v. 29.)5. Alors Pierre lui dit : Pour nous, vous voyez que nous avons tout quitté, et quenous vous avons suivi. - Jésus <strong>le</strong>ur dit : Je vous dis en vérité, personne ne quitterapour <strong>le</strong> royaume de Dieu, ou sa maison, ou son père et sa mère, ou ses frères, ou safemme, ou ses enfants, - qui ne reçoive dès ce monde beaucoup davantage, et dans<strong>le</strong> sièc<strong>le</strong> à venir la vie éternel<strong>le</strong>. (Saint Luc, ch. XVIII v. 28, 29, 30.)6. Un autre lui dit : Seigneur, je vous suivrai ; mais permettez-moi de disposerauparavant de ce que j'ai dans ma maison. - Jésus lui répondit : Quiconque, ayantla main à la charrue, regarde derrière lui, n'est pas propre au royaume de Dieu.(Saint Luc, chap. IX, v. 61, 62.)Sans discuter <strong>le</strong>s mots, il faut ici chercher la pensée, qui étaitévidemment cel<strong>le</strong>-ci : «Les intérêts de la vie future l'emportent sur tous<strong>le</strong>s intérêts et toutes <strong>le</strong>s considérations humaines,» parce qu'el<strong>le</strong> estd'accord avec <strong>le</strong> fond de la doctrine de Jésus, tandis que l'idée d'unrenoncement à sa famil<strong>le</strong> en serait la négation.N'avons-nous pas d'ail<strong>le</strong>urs sous nos yeux l'application de cesmaximes dans <strong>le</strong> sacrifice des intérêts et des affections de famil<strong>le</strong> pour lapatrie ? Blâme-t-on un fils de quitter son père, sa mère, ses frères, safemme, ses enfants, pour marcher à la défense de son pays ? Ne lui faitonpas au contraire un mérite de s'arracher aux douceurs du foyerdomestique, aux étreintes de l'amitié, pour accomplir un devoir ? Il y adonc des devoirs qui l'emportent sur d'autres devoirs. La loi ne fait-el<strong>le</strong>pas une obligation à la fil<strong>le</strong> de quitter ses parents pour suivre sonépoux ? Le monde fourmil<strong>le</strong> de cas où <strong>le</strong>s séparations <strong>le</strong>s plus pénib<strong>le</strong>ssont nécessaires ; mais <strong>le</strong>s affections n'en sont pas brisées pour cela ;l'éloignement ne diminue ni <strong>le</strong> respect, ni la sollicitude que l'on doit à sesparents, ni la tendresse pour ses enfants. On voit donc que, même prisesà la <strong>le</strong>ttre, sauf <strong>le</strong> mot haïr, ces paro<strong>le</strong>s ne seraient pas la négation ducommandement qui prescrit d'honorer son père et sa mère, ni dusentiment de tendresse paternel<strong>le</strong>, à plus forte raison si l'on en prendl'esprit. El<strong>le</strong>s avaient pour but de montrer, par une hyperbo<strong>le</strong>, combienétait impérieux <strong>le</strong> devoir de s'occuper de la vie future. El<strong>le</strong>s devaientd'ail<strong>le</strong>urs être moins choquantes chez un peup<strong>le</strong> et à une époque où, parsuite des moeurs, <strong>le</strong>s liens de famil<strong>le</strong> avaient moins de force que dansune civilisation mora<strong>le</strong> plus avancée ; ces liens, plus faib<strong>le</strong>s chez <strong>le</strong>speup<strong>le</strong>s primitifs, se fortifient avec <strong>le</strong> développement de la sensibilité et


246 CHAPITRE XXIIIdu sens moral. La séparation même est nécessaire au progrès ; il en estdes famil<strong>le</strong>s comme des races ; el<strong>le</strong>s s'abâtardissent s'il n'y a pascroisement, si el<strong>le</strong>s ne se greffent pas <strong>le</strong>s unes sur <strong>le</strong>s autres ; c'est uneloi de nature autant dans l'intérêt du progrès moral que dans celui duprogrès physique.Les choses ne sont envisagées ici qu'au point de vue terrestre ; <strong>le</strong><strong>spiritisme</strong> nous <strong>le</strong>s fait voir de plus haut, en nous montrant que <strong>le</strong>svéritab<strong>le</strong>s liens d'affection sont ceux de l'Esprit et non ceux du corps ;que ces liens ne sont brisés ni par la séparation, ni même par la mort ducorps ; qu'ils se fortifient dans la vie spirituel<strong>le</strong> par l'épuration del'Esprit ; vérité consolante qui donne une grande force pour supporter <strong>le</strong>svicissitudes de la vie. (Ch. IV, nº 18 ; ch. XIV, nº 8.)Laissez aux morts <strong>le</strong> soin d'ensevelir <strong>le</strong>urs morts.7. Il dit à un autre : Suivez-moi ; et il lui répondit : Seigneur, permettez-moid'al<strong>le</strong>r auparavant ensevelir mon père. - Jésus lui répondit : Laissez aux morts <strong>le</strong>soin d'ensevelir <strong>le</strong>urs morts ; mais pour vous, al<strong>le</strong>z annoncer <strong>le</strong> royaume de Dieu.(Saint Luc, ch. IX, v. 59, 60.)8. Que peuvent signifier ces paro<strong>le</strong>s : «Laissez aux morts <strong>le</strong> soind'ensevelir <strong>le</strong>urs morts ?» Les considérations qui précèdent montrentd'abord que, dans la circonstance où el<strong>le</strong>s ont été prononcées, el<strong>le</strong>s nepouvaient exprimer un blâme contre celui qui regardait comme un devoirde piété filia<strong>le</strong> d'al<strong>le</strong>r ensevelir son père ; mais el<strong>le</strong>s renferment un sensprofond qu'une connaissance plus complète de la vie spirituel<strong>le</strong> pouvaitseu<strong>le</strong> faire comprendre.La vie spirituel<strong>le</strong>, en effet, est la véritab<strong>le</strong> vie ; c'est la vie norma<strong>le</strong> del'Esprit ; son existence terrestre n'est que transitoire et passagère ; c'estune sorte de mort si on la compare à la sp<strong>le</strong>ndeur et à l'activité de la viespirituel<strong>le</strong>. Le corps n'est qu'un vêtement grossier que revêtmomentanément l'Esprit, véritab<strong>le</strong> chaîne qui l'attache à la glèbe de laterre et dont il est heureux d'être délivré. Le respect que l'on a pour <strong>le</strong>smorts ne s'attache pas à la matière, mais, par <strong>le</strong> souvenir, à l'Espritabsent ; il est analogue à celui que l'on a pour <strong>le</strong>s objets qui lui ontappartenu, qu'il a touchés, et que ceux qui l'affectionnent gardent commedes reliques. C'est ce que cet homme ne pouvait comprendre de luimême; Jésus <strong>le</strong> lui apprend en lui disant : Ne vous inquiétez pas ducorps, mais songez plutôt à l'Esprit ; al<strong>le</strong>z enseigner <strong>le</strong> royaume deDieu ; al<strong>le</strong>z dire aux hommes que <strong>le</strong>ur patrie n'est pas sur la terre, maisdans <strong>le</strong> ciel, car là seu<strong>le</strong>ment est la véritab<strong>le</strong> vie.


MORALE ETRANGE. 247Je ne suis pas venu pour apporter la paix, mais la division.9. Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pasvenu apporter la paix, mais l'épée ; - car je suis venu séparer l'homme d'avec sonpère, la fil<strong>le</strong> d'avec sa mère, et la bel<strong>le</strong>-fil<strong>le</strong> d'avec sa bel<strong>le</strong>-mère ; - et l'hommeaura pour ennemis ceux de sa maison. (Saint Matthieu, ch. X, v. 34, 35, 36.)10. Je suis venu pour jeter <strong>le</strong> feu dans la terre ; et que désiré-je, sinon qu'ils'allume ? - Je dois être baptisé d'un baptême, et combien je me sens pressé qu'ils'accomplisse !Croyez-vous que je sois venu apporter la paix sur la terre ? Non, je vous assure,mais au contraire la division ; - car désormais s'il se trouve cinq personnes dansune maison, el<strong>le</strong>s seront divisées <strong>le</strong>s unes contre <strong>le</strong>s autres : trois contre deux etdeux contre trois. - Le père sera en division avec <strong>le</strong> fils, et <strong>le</strong> fils avec <strong>le</strong> père ; lamère avec la fil<strong>le</strong>, et la fil<strong>le</strong> avec la mère ; la bel<strong>le</strong>-mère avec la bel<strong>le</strong>-fil<strong>le</strong>, et label<strong>le</strong>-fil<strong>le</strong> avec la bel<strong>le</strong>-mère. (Saint Luc, ch. XII, v. de 49 à 53.)11. Est-ce bien Jésus, la personnification de la douceur et de la bonté,lui qui n'a cessé de prêcher l'amour du prochain, qui a pu dire : Je ne suispas venu apporter la paix, mais l'épée ; je suis venu séparer <strong>le</strong> fils dupère, l'époux de l'épouse ; je suis venu jeter <strong>le</strong> feu sur la terre, et j'ai hâtequ'il s'allume ! Ces paro<strong>le</strong>s ne sont-el<strong>le</strong>s pas en contradiction flagranteavec son enseignement ? N'y a-t-il pas blasphème à lui attribuer <strong>le</strong>langage d'un conquérant sanguinaire et dévastateur ? Non, il n'y a niblasphème ni contradiction dans ces paro<strong>le</strong>s, car c'est bien lui qui <strong>le</strong>s aprononcées, et el<strong>le</strong>s témoignent de sa haute sagesse ; seu<strong>le</strong>ment la formeun peu équivoque ne rend pas exactement sa pensée, ce qui fait qu'ons'est mépris sur <strong>le</strong>ur sens véritab<strong>le</strong> ; prises à la <strong>le</strong>ttre, el<strong>le</strong>s tendraient àtransformer sa mission toute pacifique en une mission de troub<strong>le</strong>s et dediscordes, conséquence absurde que <strong>le</strong> bon sens fait écarter, car Jésus nepouvait se démentir. (Ch. XIV, nº 6.)12. Toute idée nouvel<strong>le</strong> rencontre forcément de l'opposition, et il n'enest pas une seu<strong>le</strong> qui se soit établie sans luttes ; or, en pareil cas, larésistance est toujours en raison de l'importance des résultats prévus,parce que plus el<strong>le</strong> est grande, plus el<strong>le</strong> froisse d'intérêts. Si el<strong>le</strong> estnotoirement fausse, si on la juge sans conséquence, personne ne s'enémeut, et on la laisse passer, sachant qu'el<strong>le</strong> n'a pas de vitalité. Mais siel<strong>le</strong> est vraie, si el<strong>le</strong> repose sur une base solide, si l'on entrevoit pour el<strong>le</strong>de l'avenir, un secret pressentiment avertit ses antagonistes qu'el<strong>le</strong> est undanger pour eux et pour l'ordre de choses au maintien duquel ils sontintéressés ; c'est pourquoi ils frappent sur el<strong>le</strong> et sur ses partisans.


248 CHAPITRE XXIIILa mesure de l'importance et des résultats d'une idée nouvel<strong>le</strong> setrouve ainsi dans l'émotion qu'el<strong>le</strong> cause à son apparition, dans lavio<strong>le</strong>nce de l'opposition qu'el<strong>le</strong> soulève, et dans <strong>le</strong> degré et la persistancede la colère de ses adversaires.13. Jésus venait proclamer une doctrine qui sapait par <strong>le</strong>ur base <strong>le</strong>sabus dont vivaient <strong>le</strong>s Pharisiens, <strong>le</strong>s Scribes et <strong>le</strong>s prêtres de son temps ;aussi <strong>le</strong> firent-ils mourir, croyant tuer l'idée en tuant l'homme ; maisl'idée survécut, parce qu'el<strong>le</strong> était vraie ; el<strong>le</strong> grandit, parce qu'el<strong>le</strong> étaitdans <strong>le</strong>s desseins de Dieu, et, sortie d'une obscure bourgade de la Judée,el<strong>le</strong> alla planter son drapeau dans la capita<strong>le</strong> même du monde païen, enface de ses ennemis <strong>le</strong>s plus acharnés, de ceux qui avaient <strong>le</strong> plusd'intérêt à la combattre, parce qu'el<strong>le</strong> renversait des croyances séculairesauxquel<strong>le</strong>s beaucoup tenaient bien plus par intérêt que par conviction. Làdes luttes plus terrib<strong>le</strong>s attendaient ses apôtres ; <strong>le</strong>s victimes furentinnombrab<strong>le</strong>s, mais l'idée grandit toujours et sortit triomphante, parcequ'el<strong>le</strong> l'emportait, comme vérité, sur ses devancières.14. Il est à remarquer que <strong>le</strong> Christianisme est arrivé lorsque <strong>le</strong>Paganisme était à son déclin et se débattait contre <strong>le</strong>s lumières de laraison. On <strong>le</strong> pratiquait encore pour la forme, mais la croyance avaitdisparu, l'intérêt personnel seul <strong>le</strong> soutenait. Or, l'intérêt est tenace ; il necède jamais à l'évidence ; il s'irrite d'autant plus que <strong>le</strong>s raisonnementsqu'on lui oppose sont plus péremptoires et lui démontrent mieux sonerreur ; il sait bien qu'il est dans l'erreur, mais ce n'est pas ce qui <strong>le</strong>touche, car la vraie foi n'est pas dans son âme ; ce qu'il redoute <strong>le</strong> plus,c'est la lumière qui ouvre <strong>le</strong>s yeux des aveug<strong>le</strong>s ; cette erreur lui profite,c'est pourquoi il s'y cramponne et la défend.Socrate n'avait-il pas, lui aussi, émis une doctrine analogue, jusqu'à uncertain point, à cel<strong>le</strong> du Christ ? Pourquoi donc n'a-t-el<strong>le</strong> pas prévalu àcette époque, chez un des peup<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s plus intelligents de la terre ? C'estque <strong>le</strong> temps n'était pas venu ; il a semé dans une terre non labourée ; <strong>le</strong>paganisme ne s'était pas encore usé. Christ a reçu sa missionprovidentiel<strong>le</strong> au temps propice. Tous <strong>le</strong>s hommes de son temps n'étaientpas, tant s'en faut, à la hauteur des idées chrétiennes, mais il y avait uneaptitude plus généra<strong>le</strong> à se <strong>le</strong>s assimi<strong>le</strong>r, parce que l'on commençait àsentir <strong>le</strong> vide que <strong>le</strong>s croyances vulgaires laissaient dans l'âme. Socrate etPlaton avaient ouvert la voie et prédisposé <strong>le</strong>s esprits. (Voy. àl'Introduction, paragr. IV, Socrate et Platon, précurseurs de l'idéechrétienne et du <strong>spiritisme</strong>.)


MORALE ETRANGE. 24915. Malheureusement <strong>le</strong>s adeptes de la nouvel<strong>le</strong> doctrine nes'entendirent pas sur l'interprétation des paro<strong>le</strong>s du Maître, la plupartvoilées sous l'allégorie et la figure ; de là naquirent, dès <strong>le</strong> début, <strong>le</strong>ssectes nombreuses qui prétendaient toutes avoir la vérité exclusive, etque dix-huit sièc<strong>le</strong>s n'ont pu mettre d'accord. Oubliant <strong>le</strong> plus importantdes divins préceptes, celui dont Jésus avait fait la pierre angulaire de sonédifice et la condition expresse du salut : la charité, la fraternité etl'amour du prochain, ces sectes se renvoyèrent l'anathème, et se ruèrent<strong>le</strong>s unes sur <strong>le</strong>s autres, <strong>le</strong>s plus fortes écrasant <strong>le</strong>s plus faib<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>sétouffant dans <strong>le</strong> sang, dans <strong>le</strong>s tortures et dans la flamme des bûchers.Les chrétiens, vainqueurs du Paganisme, de persécutés se firentpersécuteurs ; c'est avec <strong>le</strong> fer et <strong>le</strong> feu qu'ils ont été planter la croix del'agneau sans tache dans <strong>le</strong>s deux mondes. C'est un fait constant que <strong>le</strong>sguerres de religion ont été <strong>le</strong>s plus cruel<strong>le</strong>s et ont fait plus de victimesque <strong>le</strong>s guerres politiques, et que dans aucune il ne s'est commis plusd'actes d'atrocité et de barbarie.La faute en est-el<strong>le</strong> à la doctrine du Christ ? Non certes, car el<strong>le</strong>condamne formel<strong>le</strong>ment toute vio<strong>le</strong>nce. A-t-il dit quelque part à sesdiscip<strong>le</strong>s : Al<strong>le</strong>z, tuez, massacrez, brû<strong>le</strong>z ceux qui ne croiront pas commevous ? Non, car il <strong>le</strong>ur a dit au contraire : Tous <strong>le</strong>s hommes sont frères,et Dieu est souverainement miséricordieux ; aimez votre prochain ;aimez vos ennemis ; faites du bien à ceux qui vous persécutent. Il <strong>le</strong>ur adit encore : Qui tuera par l'épée périra par l'épée. La responsabilité n'enest donc point à la doctrine de Jésus, mais à ceux qui l'ont faussementinterprétée, et en ont fait un instrument pour servir <strong>le</strong>urs passions ; àceux qui ont méconnu cette paro<strong>le</strong> : Mon royaume n'est pas de cemonde.Jésus, dans sa profonde sagesse, prévoyait ce qui devait arriver ; maisces choses étaient inévitab<strong>le</strong>s, parce qu'el<strong>le</strong>s tenaient à l'infériorité de lanature humaine qui ne pouvait se transformer tout à coup. Il fallait que <strong>le</strong>christianisme passât par cette longue et cruel<strong>le</strong> épreuve de dix-huitsièc<strong>le</strong>s pour montrer toute sa puissance ; car, malgré tout <strong>le</strong> mal commisen son nom, il en est sorti pur ; jamais il n'a été mis en cause ; <strong>le</strong> blâmeest toujours retombé sur ceux qui en ont abusé ; à chaque acted'intolérance, on a toujours dit : Si <strong>le</strong> christianisme était mieux compriset mieux pratiqué, cela n'aurait pas lieu.16. Lorsque Jésus dit : Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix,mais la division, sa pensée était cel<strong>le</strong>-ci :


250 CHAPITRE XXIII«Ne croyez pas que ma doctrine s'établisse paisib<strong>le</strong>ment ; el<strong>le</strong> amènerades luttes sanglantes, dont mon nom sera <strong>le</strong> prétexte, parce que <strong>le</strong>shommes ne m'auront pas compris, ou n'auront pas voulu mecomprendre ; <strong>le</strong>s frères, séparés par <strong>le</strong>ur croyance, tireront l'épée l'uncontre l'autre, et la division régnera entre <strong>le</strong>s membres d'une mêmefamil<strong>le</strong> qui n'auront pas la même foi. Je suis venu jeter <strong>le</strong> feu sur la terrepour la nettoyer des erreurs et des préjugés, comme on met <strong>le</strong> feu dansun champ pour en détruire <strong>le</strong>s mauvaises herbes, et j'ai hâte qu'il s'allumepour que l'épuration soit plus prompte, car de ce conflit la vérité sortiratriomphante ; à la guerre succédera la paix ; à la haine des partis, lafraternité universel<strong>le</strong> ; aux ténèbres du fanatisme, la lumière de la foiéclairée. Alors, quand <strong>le</strong> champ sera préparé, je vous enverrai <strong>le</strong>Consolateur, l'Esprit de Vérité, qui viendra rétablir toutes choses ; c'està-direqu'en faisant connaître <strong>le</strong> vrai sens de mes paro<strong>le</strong>s que <strong>le</strong>s hommesplus éclairés pourront enfin comprendre, il mettra fin à la lutte fratricidequi divise <strong>le</strong>s enfants d'un même Dieu. Las enfin d'un combat sans issue,qui ne traîne à sa suite que la désolation, et porte <strong>le</strong> troub<strong>le</strong> jusque dans<strong>le</strong> sein des famil<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s hommes reconnaîtront où sont <strong>le</strong>urs véritab<strong>le</strong>sintérêts pour ce monde et pour l'autre ; ils verront de quel côté sont <strong>le</strong>samis et <strong>le</strong>s ennemis de <strong>le</strong>ur repos. Tous alors viendront s'abriter sous <strong>le</strong>même drapeau : celui de la charité, et <strong>le</strong>s choses seront rétablies sur laterre <strong>selon</strong> la vérité et <strong>le</strong>s principes que je vous ai enseignés.»17. Le <strong>spiritisme</strong> vient réaliser au temps voulu <strong>le</strong>s promesses duChrist ; cependant il ne peut <strong>le</strong> faire sans détruire <strong>le</strong>s abus ; commeJésus, il rencontre sur ses pas l'orgueil, l'égoïsme, l'ambition, la cupidité,<strong>le</strong> fanatisme aveug<strong>le</strong>, qui, traqués dans <strong>le</strong>urs derniers retranchements,tentent de lui barrer <strong>le</strong> chemin et lui suscitent des entraves et despersécutions ; c'est pourquoi il lui faut aussi combattre ; mais <strong>le</strong> tempsdes luttes et des persécutions sanglantes est passé ; cel<strong>le</strong>s qu'il aura àsubir sont toutes mora<strong>le</strong>s, et <strong>le</strong> terme en est rapproché ; <strong>le</strong>s premières ontduré des sièc<strong>le</strong>s ; cel<strong>le</strong>s-ci dureront à peine quelques années, parce que lalumière, au lieu de partir d'un seul foyer ; jaillit sur tous <strong>le</strong>s points duglobe, et ouvrira plus tôt <strong>le</strong>s yeux des aveug<strong>le</strong>s.18. Ces paro<strong>le</strong>s de Jésus doivent donc s'entendre des colères qu'ilprévoyait que sa doctrine allait sou<strong>le</strong>ver, des conflits momentanés quiallaient en être la conséquence, des luttes qu'el<strong>le</strong> allait avoir à souteniravant de s'établir, comme il en fut des Hébreux avant <strong>le</strong>ur entrée dans laTerre Promise, et non d'un dessein prémédité de sa part de semer <strong>le</strong>


MORALE ETRANGE. 251désordre et la confusion. Le mal devait venir des hommes et non de lui.Il était comme <strong>le</strong> médecin qui vient guérir, mais dont <strong>le</strong>s remèdesprovoquent une crise salutaire en remuant <strong>le</strong>s humeurs malsaines dumalade.


CHAPITRE XXIV-NE METTEZ PAS LA LAMPE SOUS LE BOISSEAU.Lampe sous <strong>le</strong> boisseau. Pourquoi Jésus par<strong>le</strong> en parabo<strong>le</strong>s. - N'al<strong>le</strong>z point vers<strong>le</strong>s Gentils. - Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin. -Le courage de la foi. - Porter sa croix. Qui voudra sauver sa vie la perdra.Lampe sous <strong>le</strong> boisseau. Pourquoi Jésus par<strong>le</strong> en parabo<strong>le</strong>s.1. On n'allume point une lampe pour la mettre sous <strong>le</strong> boisseau ; mais on la metsur un chandelier, afin qu'el<strong>le</strong> éclaire tous ceux qui sont dans la maison. (SaintMatthieu, ch. V, v. 15.)2. Il n'y a personne qui, après avoir allumé une lampe, la couvre d'un vase ou lamette sous un lit ; mais on la met sur <strong>le</strong> chandelier, afin que ceux qui entrentvoient la lumière ; - car il n'y a rien de secret qui ne doive être découvert, ni riende caché qui ne doive être connu et paraître publiquement. (Saint Luc, ch. VIII, v.16, 17.)3. Ses discip<strong>le</strong>s, s'approchant, lui dirent : Pourquoi <strong>le</strong>ur par<strong>le</strong>z-vous enparabo<strong>le</strong>s ? - Et <strong>le</strong>ur répondant, il <strong>le</strong>ur dit : C'est parce que, pour vous autres, ilvous a été donné de connaître <strong>le</strong>s mystères du royaume des cieux ; mais, pour eux,il ne <strong>le</strong>ur a pas été donné. - Je <strong>le</strong>ur par<strong>le</strong> en parabo<strong>le</strong>s, parce qu'en voyant ils nevoient point, et qu'en écoutant ils n'entendent ni ne comprennent point. - Et laprophétie d'Isaïe s'accomplira en eux lorsqu'il dit : Vous écouterez de vos oreil<strong>le</strong>s,et vous n'entendrez point ; vous regarderez de vos yeux, et vous ne verrez point. -Car <strong>le</strong> coeur de ce peup<strong>le</strong> s'est appesanti, et <strong>le</strong>urs oreil<strong>le</strong>s sont devenues sourdes, etils ont fermé <strong>le</strong>urs yeux de peur que <strong>le</strong>urs yeux ne voient, que <strong>le</strong>urs oreil<strong>le</strong>sn'entendent, que <strong>le</strong>ur coeur ne comprenne, et que, s'étant convertis, je ne <strong>le</strong>sguérisse. (Saint Matthieu, ch. XIII, v. de 10 à 15.)4. On s'étonne d'entendre Jésus dire qu'il ne faut pas mettre la lumièresous <strong>le</strong> boisseau, tandis que lui-même cache sans cesse <strong>le</strong> sens de sesparo<strong>le</strong>s sous <strong>le</strong> voi<strong>le</strong> de l'allégorie qui ne peut être comprise de tous. Ils'explique en disant à ses apôtres : Je <strong>le</strong>ur par<strong>le</strong> en parabo<strong>le</strong>s, parce qu'ilsne sont pas en état de comprendre certaines choses ; ils voient, regardent,entendent et ne comprennent pas ; <strong>le</strong>ur tout dire serait donc inuti<strong>le</strong> pour<strong>le</strong> moment ; mais à vous je vous <strong>le</strong> dis, parce qu'il vous est donné decomprendre ces mystères. Il agissait donc avec <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> comme on <strong>le</strong>fait avec des enfants dont <strong>le</strong>s idées ne sont pas encore développées. Parlà il indique <strong>le</strong> véritab<strong>le</strong> sens de la maxime : «Il ne faut pas mettre lalampe sous <strong>le</strong> boisseau, mais sur <strong>le</strong> chandelier, afin que tous ceux quientrent puissent la voir.» El<strong>le</strong> ne signifie point qu'il faut inconsidérément


NE METTEZ PAS LA LAMPE SOUS LE BOISSEAU. 253révé<strong>le</strong>r toutes <strong>le</strong>s choses ; tout enseignement doit être proportionné àl'intelligence de celui à qui l'on s'adresse, car il est des gens qu'unelumière trop vive éblouit sans <strong>le</strong>s éclairer.Il en est des hommes en général comme des individus ; <strong>le</strong>s générationsont <strong>le</strong>ur enfance, <strong>le</strong>ur jeunesse et <strong>le</strong>ur âge mûr ; chaque chose doit veniren son temps, et la graine semée hors de saison ne fructifie pas. Mais ceque la prudence commande de taire momentanément doit tôt ou tard êtredécouvert, parce que, arrivés à un certain degré de développement, <strong>le</strong>shommes recherchent eux-mêmes la lumière vive ; l'obscurité <strong>le</strong>ur pèse.Dieu <strong>le</strong>ur ayant donné l'intelligence pour comprendre et pour se guiderdans <strong>le</strong>s choses de la terre et du ciel, ils veu<strong>le</strong>nt raisonner <strong>le</strong>ur foi ; c'estalors qu'il ne faut pas mettre la lampe sous <strong>le</strong> boisseau, car sans lalumière de la raison, la foi s'affaiblit. (Chap. XIX, nº 7.)5. Si donc, dans sa prévoyante sagesse, la Providence ne révè<strong>le</strong> <strong>le</strong>svérités que graduel<strong>le</strong>ment, el<strong>le</strong> <strong>le</strong>s découvre toujours à mesure quel'humanité est mûre pour <strong>le</strong>s recevoir ; el<strong>le</strong> <strong>le</strong>s tient en réserve et nonsous <strong>le</strong> boisseau ; mais <strong>le</strong>s hommes qui en sont en possession ne <strong>le</strong>scachent la plupart du temps au vulgaire qu'en vue de <strong>le</strong> dominer ; ce sonteux qui mettent véritab<strong>le</strong>ment la lumière sous <strong>le</strong> boisseau. C'est ainsi quetoutes <strong>le</strong>s religions ont eu <strong>le</strong>urs mystères dont el<strong>le</strong>s interdisaientl'examen ; mais tandis que ces religions restaient en arrière, la science etl'intelligence ont marché et ont déchiré <strong>le</strong> voi<strong>le</strong> mystérieux ; <strong>le</strong> vulgairedevenu adulte a voulu pénétrer <strong>le</strong> fond des choses, et alors il a rejeté desa foi ce qui était contraire à l'observation.Il ne peut y avoir de mystères absolus, et Jésus est dans <strong>le</strong> vrai quand ildit qu'il n'y a rien de secret qui ne doive être connu. Tout ce qui estcaché sera découvert un jour, et ce que l'homme ne peut encorecomprendre sur la terre lui sera successivement dévoilé dans des mondesplus avancés, et lorsqu'il sera purifié ; ici-bas, il est encore dans <strong>le</strong>brouillard.6. On se demande quel profit <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> pouvait retirer de cettemultitude de parabo<strong>le</strong>s dont <strong>le</strong> sens restait caché pour lui ? Il est àremarquer que Jésus ne s'est exprimé en parabo<strong>le</strong>s que sur <strong>le</strong>s parties enquelque sorte abstraites de sa doctrine ; mais ayant fait de la charitéenvers <strong>le</strong> prochain, et de l'humilité, la condition expresse du salut, toutce qu'il a dit à cet égard est parfaitement clair, explicite et sansambiguïté. Il en devait être ainsi, parce que c'était la règ<strong>le</strong> de conduite,règ<strong>le</strong> que tout <strong>le</strong> monde devait comprendre pour pouvoir l'observer ;


254 CHAPITRE XXIVc'était l'essentiel pour la multitude ignorante à laquel<strong>le</strong> il se bornait àdire : Voilà ce qu'il faut faire pour gagner <strong>le</strong> royaume des cieux. Sur <strong>le</strong>sautres parties il ne développait sa pensée qu'à ses discip<strong>le</strong>s ; ceux-ciétant plus avancés mora<strong>le</strong>ment et intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>ment, Jésus avait pu <strong>le</strong>sinitier à des vérités plus abstraites ; c'est pourquoi il dit : A ceux qui ontdéjà, il sera donné encore davantage. (Chap. XVIII, nº 15.)Cependant, même avec ses apôtres, il est resté dans <strong>le</strong> vague surbeaucoup de points dont la complète intelligence était réservée à destemps ultérieurs. Ce sont ces points qui ont donné lieu à desinterprétations si diverses, jusqu'à ce que la science, d'un côté, et <strong>le</strong><strong>spiritisme</strong>, de l'autre, soient venus révé<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s lois de nature quien ont fait comprendre <strong>le</strong> véritab<strong>le</strong> sens.7. Le <strong>spiritisme</strong> vient aujourd'hui jeter la lumière sur une fou<strong>le</strong> depoints obscurs ; cependant il ne la jette pas inconsidérément. Les Espritsprocèdent dans <strong>le</strong>urs instructions avec une admirab<strong>le</strong> prudence ; ce n'estque successivement et graduel<strong>le</strong>ment qu'ils ont abordé <strong>le</strong>s diversesparties connues de la doctrine, et c'est ainsi que <strong>le</strong>s autres parties serontrévélées au fur et à mesure que <strong>le</strong> moment sera venu de <strong>le</strong>s faire sortir del'ombre. S'ils l'eussent présentée complète dès <strong>le</strong> début, el<strong>le</strong> n'eût étéaccessib<strong>le</strong> qu'à un petit nombre ; el<strong>le</strong> eût même effrayé ceux qui n'yétaient pas préparés, ce qui aurait nui à sa propagation. Si donc <strong>le</strong>sEsprits ne disent pas encore tout ostensib<strong>le</strong>ment, ce n'est point qu'il y aitdans la doctrine des mystères réservés à des privilégiés, ni qu'ils mettentla lampe sous <strong>le</strong> boisseau, mais parce que chaque chose doit venir entemps opportun ; ils laissent à une idée <strong>le</strong> temps de mûrir et de sepropager avant d'en présenter une autre, et aux événements celui d'enpréparer l'acceptation.N'al<strong>le</strong>z point vers <strong>le</strong>s Gentils.8. Jésus envoya ses douze (<strong>le</strong>s apôtres) après <strong>le</strong>ur avoir donné <strong>le</strong>s instructionssuivantes : N'al<strong>le</strong>z point vers <strong>le</strong>s Gentils, et n'entrez point dans <strong>le</strong>s vil<strong>le</strong>s desSamaritains ; - mais al<strong>le</strong>z plutôt aux brebis perdues de la maison d'Israël ; - et dans<strong>le</strong>s lieux où vous irez, prêchez en disant que <strong>le</strong> royaume des cieux est proche.(Saint Matth., ch. X, v. 5, 6, 7.)9. Jésus prouve en maintes circonstances que ses vues ne sont pointcirconscrites au peup<strong>le</strong> juif, mais qu'el<strong>le</strong>s embrassent toute l'humanité. Sidonc il dit à ses apôtres de ne point al<strong>le</strong>r chez <strong>le</strong>s Païens, ce n'est pas pardédain pour la conversion de ceux-ci, ce qui eût été peu charitab<strong>le</strong>, maisparce que <strong>le</strong>s Juifs, qui croyaient en l'unité de Dieu et attendaient <strong>le</strong>


NE METTEZ PAS LA LAMPE SOUS LE BOISSEAU. 255Messie, étaient préparés, par la loi de Moïse et <strong>le</strong>s prophètes, à recevoirsa paro<strong>le</strong>. Chez <strong>le</strong>s Païens, la base même manquant, tout était à faire, et<strong>le</strong>s apôtres n'étaient point encore assez éclairés pour une aussi lourdetâche ; c'est pourquoi il <strong>le</strong>ur dit : Al<strong>le</strong>z aux brebis égarées d'Israël ; c'està-dire,al<strong>le</strong>z semer dans un terrain déjà défriché, sachant bien que laconversion des Gentils viendrait en son temps ; plus tard, en effet, c'estau centre même du paganisme que <strong>le</strong>s apôtres allèrent planter la croix.10. Ces paro<strong>le</strong>s peuvent s'appliquer aux adeptes et aux propagateursdu <strong>spiritisme</strong>. Les incrédu<strong>le</strong>s systématiques, <strong>le</strong>s rail<strong>le</strong>urs obstinés, <strong>le</strong>sadversaires intéressés, sont pour eux ce qu'étaient <strong>le</strong>s Gentils pour <strong>le</strong>sapôtres. A l'exemp<strong>le</strong> de ceux-ci, qu'ils cherchent d'abord des prosélytesparmi <strong>le</strong>s gens de bonne volonté, ceux qui désirent la lumière, en qui ontrouve un germe fécond, et <strong>le</strong> nombre en est grand, sans perdre <strong>le</strong>urtemps avec ceux qui refusent de voir et d'entendre, et se raidissentd'autant plus, par orgueil, qu'on paraît attacher plus de prix à <strong>le</strong>urconversion. Mieux vaut ouvrir <strong>le</strong>s yeux à cent aveug<strong>le</strong>s qui désirent voirclair, qu'à un seul qui se complaît dans l'obscurité, parce que c'estaugmenter <strong>le</strong> nombre des soutiens de la cause dans une plus grandeproportion. Laisser <strong>le</strong>s autres tranquil<strong>le</strong>s n'est pas de l'indifférence, maisde la bonne politique ; <strong>le</strong>ur tour viendra quand ils seront dominés parl'opinion généra<strong>le</strong>, et qu'ils entendront la même chose sans cesse répétéeautour d'eux ; alors ils croiront accepter l'idée volontairement et d'euxmêmeset non sous la pression d'un individu. Puis il en est des idéescomme des semences : el<strong>le</strong>s ne peuvent germer avant la saison, etseu<strong>le</strong>ment dans un terrain préparé, c'est pourquoi il est mieux d'attendre<strong>le</strong> temps propice, et de cultiver d'abord cel<strong>le</strong>s qui germent, de crainte defaire avorter <strong>le</strong>s autres en <strong>le</strong>s poussant trop.Au temps de Jésus, et par suite des idées restreintes et matériel<strong>le</strong>s del'époque, tout était circonscrit et localisé ; la maison d'Israël était un petitpeup<strong>le</strong> ; <strong>le</strong>s Gentils étaient de petits peup<strong>le</strong>s environnants ; aujourd'hui<strong>le</strong>s idées s'universalisent et se spiritualisent. La lumière nouvel<strong>le</strong> n'est <strong>le</strong>privilège d'aucune nation ; pour el<strong>le</strong> il n'existe plus de barrières ; el<strong>le</strong> ason foyer partout et tous <strong>le</strong>s hommes sont frères. Mais aussi <strong>le</strong>s Gentilsne sont plus un peup<strong>le</strong>, c'est une opinion que l'on rencontre partout, etdont la vérité triomphe peu à peu comme <strong>le</strong> christianisme a triomphé dupaganisme. Ce n'est plus avec <strong>le</strong>s armes de guerre qu'on <strong>le</strong>s combat, maisavec la puissance de l'idée.


256 CHAPITRE XXIVCe ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin.11. Jésus étant à tab<strong>le</strong> dans la maison de cet homme (Matthieu), il y vintbeaucoup de publicains et de gens de mauvaise vie qui se mirent à tab<strong>le</strong> avec Jésuset ses discip<strong>le</strong>s ; - ce que <strong>le</strong>s Pharisiens ayant vu, ils dirent à ses discip<strong>le</strong>s :Pourquoi votre Maître mange-t-il avec des publicains et des gens de mauvaisevie ? - Mais Jésus <strong>le</strong>s ayant entendus, <strong>le</strong>ur dit : Ce ne sont pas ceux qui se portentbien, mais <strong>le</strong>s malades qui ont besoin de médecin. (Saint Matthieu, ch. IX, v. 10,11, 12.)12. Jésus s'adressait surtout aux pauvres et aux déshérités, parce quece sont eux qui ont <strong>le</strong> plus besoin de consolations ; aux aveug<strong>le</strong>s doci<strong>le</strong>set de bonne foi, parce qu'ils demandent à voir, et non aux orgueil<strong>le</strong>ux quicroient posséder toute lumière et n'avoir besoin de rien (voy. Introd., art.Publicains, Péagers).Cette paro<strong>le</strong>, comme tant d'autres, trouve son application dans <strong>le</strong><strong>spiritisme</strong>. On s'étonne parfois que la médiumnité soit accordée à desgens indignes et capab<strong>le</strong>s d'en faire un mauvais usage ; il semb<strong>le</strong>, dit-on,qu'une faculté si précieuse devrait être l'attribut exclusif des plusméritants.Disons d'abord que la médiumnité tient à une disposition organiquedont tout homme peut être doué comme de cel<strong>le</strong> de voir, d'entendre, depar<strong>le</strong>r. Il n'en est pas une dont l'homme, en vertu de son libre arbitre, nepuisse abuser, et si Dieu n'avait accordé la paro<strong>le</strong>, par exemp<strong>le</strong>, qu'àceux qui sont incapab<strong>le</strong>s de dire de mauvaises choses, il y aurait plus demuets que de parlants. Dieu a donné à l'homme des facultés ; il <strong>le</strong> laisselibre d'en user, mais il punit toujours celui qui en abuse.Si <strong>le</strong> pouvoir de communiquer avec <strong>le</strong>s Esprits n'était donné qu'auxplus dignes, quel est celui qui oserait y prétendre ? Où serait d'ail<strong>le</strong>urs lalimite de la dignité et de l'indignité ? La médiumnité est donnée sansdistinction, afin que <strong>le</strong>s Esprits puissent porter la lumière dans tous <strong>le</strong>srangs, dans toutes <strong>le</strong>s classes de la société, chez <strong>le</strong> pauvre comme chez <strong>le</strong>riche ; chez <strong>le</strong>s sages pour <strong>le</strong>s fortifier dans <strong>le</strong> bien, chez <strong>le</strong>s vicieux pour<strong>le</strong>s corriger. Ces derniers ne sont-ils pas <strong>le</strong>s malades qui ont besoin dumédecin ? Pourquoi Dieu, qui ne veut pas la mort du pécheur, <strong>le</strong>priverait-il du secours qui peut <strong>le</strong> tirer du bourbier ? Les bons Esprits luiviennent donc en aide, et <strong>le</strong>urs conseils qu'il reçoit directement sont denature à l'impressionner plus vivement que s'il <strong>le</strong>s recevait par des voiesdétournées. Dieu, dans sa bonté, pour lui épargner la peine d'al<strong>le</strong>rchercher la lumière au loin, la lui met dans la main ; n'est-il pas bien pluscoupab<strong>le</strong> de ne pas la regarder ? Pourra-t-il s'excuser sur son ignorance,


NE METTEZ PAS LA LAMPE SOUS LE BOISSEAU. 257quand il aura écrit lui-même, vu de ses yeux, entendu de ses oreil<strong>le</strong>s, etprononcé de sa bouche sa propre condamnation ? S'il ne profite pas, c'estalors qu'il est puni par la perte ou par la perversion de sa faculté dont <strong>le</strong>smauvais Esprits s'emparent pour l'obséder et <strong>le</strong> tromper, sans préjudicedes afflictions réel<strong>le</strong>s dont Dieu frappe ses serviteurs indignes, et <strong>le</strong>scoeurs endurcis par l'orgueil et l'égoïsme.La médiumnité n'implique pas nécessairement des rapports habituelsavec <strong>le</strong>s Esprits supérieurs ; c'est simp<strong>le</strong>ment une aptitude à servird'instrument plus ou moins soup<strong>le</strong> aux Esprits en général. Le bonmédium n'est donc pas celui qui communique faci<strong>le</strong>ment, mais celui quiest sympathique aux bons Esprits et n'est assisté que par eux. C'est en cesens seu<strong>le</strong>ment que l'excel<strong>le</strong>nce des qualités mora<strong>le</strong>s est toute-puissantesur la médiumnité.Courage de la foi.13. Quiconque me confessera et me reconnaîtra devant <strong>le</strong>s hommes, je <strong>le</strong>reconnaîtrai et confesserai aussi moi-même devant mon Père qui est dans <strong>le</strong>scieux ; - et quiconque me renoncera devant <strong>le</strong>s hommes, je <strong>le</strong> renoncerai aussimoi-même devant mon Père qui est dans <strong>le</strong>s cieux. (Saint Matthieu, ch. X, v. 32,33.)14. Si quelqu'un rougit de moi et de mes paro<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> Fils de l'homme rougiraaussi de lui, lorsqu'il viendra dans sa gloire et dans cel<strong>le</strong> de son Père et des saintsanges. (Saint Luc, ch. IX, v. 26.)15. Le courage de l'opinion a toujours été tenu en estime parmi <strong>le</strong>shommes, parce qu'il y a du mérite à braver <strong>le</strong>s dangers, <strong>le</strong>s persécutions,<strong>le</strong>s contradictions, et même <strong>le</strong>s simp<strong>le</strong>s sarcasmes, auxquels s'exposepresque toujours celui qui ne craint pas d'avouer hautement des idées quine sont pas cel<strong>le</strong>s de tout <strong>le</strong> monde. Ici, comme en tout, <strong>le</strong> mérite est enraison des circonstances et de l'importance du résultat. Il y a toujoursfaib<strong>le</strong>sse à recu<strong>le</strong>r devant <strong>le</strong>s conséquences de son opinion et à la renier,mais il est des cas où c'est une lâcheté aussi grande que de fuir aumoment du combat.Jésus flétrit cette lâcheté, au point de vue spécial de sa doctrine, endisant que si quelqu'un rougit de ses paro<strong>le</strong>s, il rougira aussi de lui ; qu'ilreniera celui qui l'aura renié ; que celui qui <strong>le</strong> confessera devant <strong>le</strong>shommes, il <strong>le</strong> reconnaîtra devant son Père qui est dans <strong>le</strong>s cieux ; end'autres termes : ceux qui auront craint de s'avouer discip<strong>le</strong>s de la vérité,ne sont pas dignes d'être admis dans <strong>le</strong> royaume de la vérité. Ilsperdront <strong>le</strong> bénéfice de <strong>le</strong>ur foi, parce que c'est une foi égoïste, qu'ils


258 CHAPITRE XXIVgardent pour eux-mêmes, mais qu'ils cachent de peur qu'el<strong>le</strong> ne <strong>le</strong>urporte préjudice en ce monde, tandis que ceux qui, mettant la vérité audessusde <strong>le</strong>urs intérêts matériels, la proclament ouvertement, travail<strong>le</strong>nten même temps pour <strong>le</strong>ur avenir et celui des autres.16. Ainsi en sera-t-il des adeptes du <strong>spiritisme</strong> ; puisque <strong>le</strong>ur doctrinen'est autre que <strong>le</strong> développement et l'application de cel<strong>le</strong> de l'Evangi<strong>le</strong>,c'est à eux aussi que s'adressent <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s du Christ. Ils sèment sur laterre ce qu'ils récolteront dans la vie spirituel<strong>le</strong> ; là ils recueil<strong>le</strong>ront <strong>le</strong>sfruits de <strong>le</strong>ur courage ou de <strong>le</strong>ur faib<strong>le</strong>sse.Porter sa croix. Qui voudra sauver sa vie la perdra.17. Vous êtes bien heureux, lorsque <strong>le</strong>s hommes vous haïront, qu'ils voussépareront, qu'ils vous traiteront injurieusement, qu'ils rejetteront votre nomcomme mauvais à cause du Fils de l'homme. - Réjouissez-vous en ce jour-là, etsoyez ravis de joie, parce qu'une grande récompense vous est réservée dans <strong>le</strong> ciel,car c'est ainsi que <strong>le</strong>urs pères traitaient <strong>le</strong>s prophètes. (Saint Luc, ch. VI, v. 22, 23.)18. En appelant à soi <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> avec ses discip<strong>le</strong>s, il <strong>le</strong>ur dit : Si quelqu'un veutvenir après moi, qu'il renonce à soi-même, qu'il porte sa croix et qu'il me suive ; -car celui qui voudra se sauver soi-même se perdra ; et celui qui se perdra pourl'amour de moi et de l'Evangi<strong>le</strong>, se sauvera. - En effet, que servirait à un homme degagner tout <strong>le</strong> monde, et de se perdre soi-même ? (Saint Marc, ch. VIII, v. de 34 à36. - Saint Luc, ch. IX, v. 23, 24, 25. - Saint Matthieu, ch. X, v. 39. - Saint Jean,ch. XII, v. 24, 25.)19. Réjouissez-vous, dit Jésus, quand <strong>le</strong>s hommes vous haïront et vouspersécuteront à cause de moi, parce que vous en serez récompensés dans<strong>le</strong> ciel. Ces paro<strong>le</strong>s peuvent se traduire ainsi : Soyez heureux quand deshommes, par <strong>le</strong>ur mauvais vouloir à votre égard, vous fournissentl'occasion de prouver la sincérité de votre foi, car <strong>le</strong> mal qu'ils vous fonttourne à votre profit. Plaignez-<strong>le</strong>s donc de <strong>le</strong>ur aveug<strong>le</strong>ment, et ne <strong>le</strong>smaudissez pas.Puis il ajoute : «Que celui qui veut me suivre porte sa croix,» c'est-àdirequ'il supporte courageusement <strong>le</strong>s tribulations que sa foi luisuscitera ; car celui qui voudra sauver sa vie et ses biens en merenonçant, perdra <strong>le</strong>s avantages du royaume des cieux, tandis que ceuxqui auront tout perdu ici-bas, même la vie, pour <strong>le</strong> triomphe de la vérité,recevront, dans la vie future, <strong>le</strong> prix de <strong>le</strong>ur courage, de <strong>le</strong>urpersévérance et de <strong>le</strong>ur abnégation ; mais à ceux qui sacrifient <strong>le</strong>s bienscé<strong>le</strong>stes aux jouissances terrestres, Dieu dit : Vous avez déjà reçu votrerécompense.


CHAPITRE XXV-CHERCHEZ ET VOUS TROUVEREZ.Aide-toi, <strong>le</strong> ciel t'aidera. - Considérez <strong>le</strong>s oiseaux du ciel. - Ne vous mettez pointen peine d'avoir de l'or.Aide-toi, <strong>le</strong> ciel t'aidera.1. Demandez et l'on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez à laporte et l'on vous ouvrira ; car quiconque demande reçoit, et qui cherche trouve, etl'on ouvrira à celui qui frappe à la porte.Aussi qui est l'homme d'entre vous qui donne une pierre à son fils lorsqu'il luidemande du pain ? - ou s'il lui demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent ? -Si donc, étant méchants comme vous êtes, vous savez donner de bonnes choses àvos enfants, à combien plus forte raison votre Père qui est dans <strong>le</strong>s cieux donnerat-il<strong>le</strong>s vrais biens à ceux qui <strong>le</strong>s lui demandent. (Saint Matthieu, ch. VIII, v. de 7 à11.)2. Au point de vue terrestre, la maxime : Cherchez et vous trouverez,est l'analogue de cel<strong>le</strong>-ci : Aide-toi, <strong>le</strong> ciel t'aidera. C'est <strong>le</strong> principe de laloi du travail, et par suite de la loi du progrès, car <strong>le</strong> progrès est fils dutravail, parce que <strong>le</strong> travail met en action <strong>le</strong>s forces de l'intelligence.Dans l'enfance de l'humanité, l'homme n'applique son intelligence qu'àla recherche de sa nourriture, des moyens de se préserver desintempéries, et de se défendre contre ses ennemis ; mais Dieu lui a donnéde plus qu'à l'animal <strong>le</strong> désir incessant du mieux ; c'est ce désir du mieuxqui <strong>le</strong> pousse à la recherche des moyens d'améliorer sa position, qui <strong>le</strong>conduit aux découvertes, aux inventions, au perfectionnement de lascience, car c'est la science qui lui procure ce qui lui manque. Par sesrecherches son intelligence grandit, son moral s'épure ; aux besoins ducorps succèdent <strong>le</strong>s besoins de l'esprit ; après la nourriture matériel<strong>le</strong>, ilfaut la nourriture spirituel<strong>le</strong>, c'est ainsi que l'homme passe de lasauvagerie à la civilisation.Mais <strong>le</strong> progrès que chaque homme accomplit individuel<strong>le</strong>mentpendant la vie est bien peu de chose, imperceptib<strong>le</strong> même chez un grandnombre ; comment alors l'humanité pourrait-el<strong>le</strong> progresser sans lapréexistence et la réexistence de l'âme ? Les âmes s'en allant chaque jourpour ne plus revenir, l'humanité se renouvel<strong>le</strong>rait sans cesse avec <strong>le</strong>séléments primitifs, ayant tout à faire, tout à apprendre ; il n'y aurait donc


260 CHAPITRE XXVpas de raison pour que l'homme fût plus avancé aujourd'hui qu'auxpremiers âges du monde, puisqu'à chaque naissance tout <strong>le</strong> travailintel<strong>le</strong>ctuel serait à recommencer. L'âme, au contraire, revenant avec sonprogrès accompli, et acquérant chaque fois quelque chose de plus, c'estainsi qu'el<strong>le</strong> passe graduel<strong>le</strong>ment de la barbarie à la civilisationmatériel<strong>le</strong>, et de cel<strong>le</strong>-ci à la civilisation mora<strong>le</strong>. (Voy. ch. IV, nº 17.)3. Si Dieu eût affranchi l'homme du travail du corps, ses membresseraient atrophiés ; s'il l'eût affranchi du travail de l'intelligence, sonesprit serait resté dans l'enfance, à l'état d'instinct animal ; c'est pourquoiil lui a fait une nécessité du travail ; il lui a dit : Cherche et tu trouveras ;travail<strong>le</strong> et tu produiras ; de cette manière tu seras <strong>le</strong> fils de tes oeuvres,tu en auras <strong>le</strong> mérite, et tu seras récompensé <strong>selon</strong> ce que tu auras fait.4. C'est par application de ce principe que <strong>le</strong>s Esprits ne viennent pasépargner à l'homme <strong>le</strong> travail des recherches, en lui apportant desdécouvertes et des inventions toutes faites et prêtes à produire, demanière à n'avoir qu'à prendre ce qu'on lui mettrait dans la main, sansavoir la peine de se baisser pour ramasser, ni même cel<strong>le</strong> de penser. S'i<strong>le</strong>n était ainsi, <strong>le</strong> plus paresseux pourrait s'enrichir, et <strong>le</strong> plus ignorantdevenir savant à bon marché, et l'un et l'autre se donner <strong>le</strong> mérite de cequ'ils n'auraient point fait. Non, <strong>le</strong>s Esprits ne viennent point affranchirl'homme de la loi du travail, mais lui montrer <strong>le</strong> but qu'il doit atteindreet la route qui y conduit, en lui disant : Marche et tu arriveras. Tutrouveras des pierres sous tes pas ; regarde, et ôte-<strong>le</strong>s toi-même ; nous tedonnerons la force nécessaire si tu veux l'employer. (Livre des Médiums,ch. XXVI, n° 291 et suiv.)5. Au point de vue moral, ces paro<strong>le</strong>s de Jésus signifient : Demandezla lumière qui doit éclairer votre route, et el<strong>le</strong> vous sera donnée ;demandez la force de résister au mal, et vous l'aurez ; demandezl'assistance des bons Esprits, et ils viendront vous accompagner, etcomme l'ange de Tobie, ils vous serviront de guides ; demandez de bonsconseils, et ils ne vous seront jamais refusés ; frappez à notre porte, etel<strong>le</strong> vous sera ouverte ; mais demandez sincèrement, avec foi, ferveur etconfiance ; présentez-vous avec humilité et non avec arrogance, sanscela vous serez abandonnés à vos propres forces, et <strong>le</strong>s chutes mêmesque vous ferez seront la punition de votre orgueil.Tel est <strong>le</strong> sens de ces paro<strong>le</strong>s : Cherchez et vous trouverez, frappez etl'on vous ouvrira.


CHERCHEZ ET VOUS TROUVEREZ. 261Considérez <strong>le</strong>s oiseaux du ciel.6. Ne vous faites point de trésors dans la terre, où la rouil<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s vers <strong>le</strong>smangent, et où <strong>le</strong>s vo<strong>le</strong>urs <strong>le</strong>s déterrent et <strong>le</strong>s dérobent ; - mais faites-vous destrésors dans <strong>le</strong> ciel, où ni la rouil<strong>le</strong> ni <strong>le</strong>s vers ne <strong>le</strong>s mangent point ; - car où estvotre trésor, là aussi est votre coeur.C'est pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez point où vous trouverez de quoimanger pour <strong>le</strong> soutien de votre vie, ni d'où vous aurez des vêtements pour couvrirvotre corps ; la vie n'est-el<strong>le</strong> pas plus que la nourriture, et <strong>le</strong> corps plus que <strong>le</strong>vêtement ?Considérez <strong>le</strong>s oiseaux du ciel : ils ne sèment point, ils ne moissonnent point, etils n'amassent rien dans des greniers ; mais votre Père cé<strong>le</strong>ste <strong>le</strong>s nourrit ; n'êtesvouspas beaucoup plus qu'eux ? - Et qui est celui d'entre vous qui puisse, avectous ses soins, ajouter à sa tail<strong>le</strong> la hauteur d'une coudée ?Pourquoi aussi vous inquiétez-vous pour <strong>le</strong> vêtement ? Considérez commecroissent <strong>le</strong>s lis des champs ; ils ne travail<strong>le</strong>nt point, ils ne fi<strong>le</strong>nt point ; - etcependant je vous déclare que Salomon, même dans toute sa gloire, n'a jamais étévêtu comme l'un d'eux. - Si donc Dieu a soin de vêtir de cette sorte une herbe deschamps, qui est aujourd'hui et qui demain sera jetée dans <strong>le</strong> four, combien aura-t-ilplus de soin de vous vêtir, ô hommes de peu de foi !Ne vous inquiétez donc point, on disant : Que mangerons-nous, ou que boironsnous,ou de quoi nous vêtirons-nous ? - comme font <strong>le</strong>s Païens qui recherchenttoutes ces choses ; car votre Père sait que vous en avez besoin.Cherchez donc premièrement <strong>le</strong> royaume de Dieu et sa justice, et toutes ceschoses vous seront données par surcroît. - C'est pourquoi ne soyez point eninquiétude pour <strong>le</strong> <strong>le</strong>ndemain, car <strong>le</strong> <strong>le</strong>ndemain aura soin de lui-même. A chaquejour suffit son mal. (Saint Matthieu, ch. VI, v. de 25 à 34.)7. Ces paro<strong>le</strong>s prises à la <strong>le</strong>ttre seraient la négation de touteprévoyance, de tout travail, et par conséquent de tout progrès. Avec untel principe, l'homme se réduirait à une passivité expectante ; ses forcesphysiques et intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s seraient sans activité ; si tel<strong>le</strong> eût été sacondition norma<strong>le</strong> sur la terre, il ne serait jamais sorti de l'état primitif, ets'il en faisait sa loi actuel<strong>le</strong>, il n'aurait plus qu'à vivre sans rien faire.Tel<strong>le</strong> ne peut avoir été la pensée de Jésus, car el<strong>le</strong> serait en contradictionavec ce qu'il a dit ail<strong>le</strong>urs, avec <strong>le</strong>s lois mêmes de la nature. Dieu a créél'homme sans vêtements et sans abri, mais il lui a donné l'intelligencepour s'en fabriquer. (Ch. XIV, nº 6 ; ch. XXV, nº 2.)Il ne faut donc voir dans ces paro<strong>le</strong>s qu'une poétique allégorie de laProvidence, qui n'abandonne jamais ceux qui mettent en el<strong>le</strong> saconfiance, mais el<strong>le</strong> veut qu'ils travail<strong>le</strong>nt de <strong>le</strong>ur côté. Si el<strong>le</strong> ne vientpas toujours en aide par un secours matériel, el<strong>le</strong> inspire <strong>le</strong>s idées avec


262 CHAPITRE XXV<strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s on trouve <strong>le</strong>s moyens de se tirer soi-même d'embarras. (Ch.XXVII, nº 8.)Dieu connaît nos besoins, et il y pourvoit <strong>selon</strong> ce qui est nécessaire ;mais l'homme, insatiab<strong>le</strong> dans ses désirs, ne sait pas toujours se contenterde ce qu'il a ; <strong>le</strong> nécessaire ne lui suffit pas, il lui faut <strong>le</strong> superflu ; c'estalors que la Providence <strong>le</strong> laisse à lui-même ; souvent il est malheureuxpar sa faute et pour avoir méconnu la voix qui l'avertissait par saconscience, et Dieu lui en laisse subir <strong>le</strong>s conséquences, afin que cela luiserve de <strong>le</strong>çon à l'avenir. (Ch. V, nº 4.)8. La terre produit assez pour nourrir tous ses habitants, quand <strong>le</strong>shommes sauront administrer <strong>le</strong>s biens qu'el<strong>le</strong> donne, <strong>selon</strong> <strong>le</strong>s lois dejustice, de charité et d'amour du prochain ; quand la fraternité régneraentre <strong>le</strong>s divers peup<strong>le</strong>s, comme entre <strong>le</strong>s provinces d'un même empire,<strong>le</strong> superflu momentané de l'un suppléera à l'insuffisance momentanée del'autre, et chacun aura <strong>le</strong> nécessaire. Le riche alors se considérera commeun homme ayant une grande quantité de semences ; s'il <strong>le</strong>s répand, el<strong>le</strong>sproduiront au centup<strong>le</strong> pour lui et pour <strong>le</strong>s autres ; mais s'il mange cessemences à lui seul, et s'il gaspil<strong>le</strong> et laisse perdre <strong>le</strong> surplus de ce qu'ilmangera, el<strong>le</strong>s ne produiront rien, et il n'y en aura pas pour tout <strong>le</strong>monde ; s'il <strong>le</strong>s enferme dans son grenier, <strong>le</strong>s vers <strong>le</strong>s mangeront : c'estpourquoi Jésus dit : Ne vous faites point de trésors dans la terre, qui sontpérissab<strong>le</strong>s, mais faites-vous des trésors dans <strong>le</strong> ciel, parce qu'ils sontéternels. En d'autres termes, n'attachez pas aux biens matériels plusd'importance qu'aux biens spirituels, et sachez sacrifier <strong>le</strong>s premiers auprofit des seconds. (Ch. XVI, nos 7 et suiv.)Ce n'est pas avec des lois qu'on décrète la charité et la fraternité ; siel<strong>le</strong>s ne sont pas dans <strong>le</strong> coeur, l'égoïsme <strong>le</strong>s étouffera toujours ; <strong>le</strong>s yfaire pénétrer est l'oeuvre du <strong>spiritisme</strong>.Ne vous mettez point en peine d'avoir de l'or.9. Ne vous mettez point en peine d'avoir de l'or ou de l'argent, ou d'autremonnaie dans votre bourse. - Ne préparez ni un sac pour <strong>le</strong> chemin, ni deux habits,ni souliers, ni bâtons, car celui qui travail<strong>le</strong> mérite qu'on <strong>le</strong> nourrisse.10. En quelque vil<strong>le</strong> ou en quelque village que vous entriez, informez-vous quiest digne de vous loger, et demeurez chez lui jusqu'à ce que vous vous en alliez. -En entrant dans la maison, saluez-la en disant : Que la paix soit dans cette maison.- Si cette maison en est digne, votre paix viendra sur el<strong>le</strong> ; et si el<strong>le</strong> n'en est pasdigne, votre paix reviendra à vous.


CHERCHEZ ET VOUS TROUVEREZ. 263Lorsque quelqu'un ne voudra point vous recevoir, ni écouter vos paro<strong>le</strong>s,secouez en sortant de cette maison ou de cette vil<strong>le</strong> la poussière de vos pieds. - Jevous dis en vérité, au jour du jugement, Sodome et Gomorrhe seront traitées moinsrigoureusement que cette vil<strong>le</strong>. (Saint Matthieu, ch. X, v. de 9 à 15.)11. Ces paro<strong>le</strong>s, que Jésus adressait à ses apôtres, lorsqu'il <strong>le</strong>s envoyapour la première fois annoncer la bonne nouvel<strong>le</strong>, n'avaient riend'étrange à cette époque ; el<strong>le</strong>s étaient <strong>selon</strong> <strong>le</strong>s moeurs patriarca<strong>le</strong>s del'Orient, où <strong>le</strong> voyageur était toujours reçu sous la tente. Mais alors <strong>le</strong>svoyageurs étaient rares ; chez <strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>s modernes l'accroissement de lacirculation a dû créer de nouvel<strong>le</strong>s moeurs ; on ne retrouve cel<strong>le</strong>s destemps antiques que dans <strong>le</strong>s contrées retirées où <strong>le</strong> grand mouvement n'apas encore pénétré ; et si Jésus revenait aujourd'hui, il ne pourrait plusdire à ses apôtres : Mettez-vous en route sans provisions.A côté du sens propre, ces paro<strong>le</strong>s ont un sens moral très profond.Jésus apprenait ainsi à ses discip<strong>le</strong>s à se confier à la Providence ; puisceux-ci n'ayant rien, ils ne pouvaient tenter la cupidité de ceux qui <strong>le</strong>srecevaient ; c'était <strong>le</strong> moyen de distinguer <strong>le</strong>s charitab<strong>le</strong>s des égoïstes ;c'est pourquoi il <strong>le</strong>ur dit : «Informez-vous qui est digne de vous loger ;»c'est-à-dire qui est assez humain pour héberger <strong>le</strong> voyageur qui n'a pasde quoi payer, car ceux-là sont dignes d'entendre vos paro<strong>le</strong>s ; c'est à<strong>le</strong>ur charité que vous <strong>le</strong>s reconnaîtrez.Quant à ceux qui ne voudront ni <strong>le</strong>s recevoir, ni <strong>le</strong>s écouter, dit-il à sesapôtres de <strong>le</strong>s maudire, de s'imposer à eux, d'user de vio<strong>le</strong>nce et decontrainte pour <strong>le</strong>s convertir ? Non ; mais de s'en al<strong>le</strong>r purement etsimp<strong>le</strong>ment ail<strong>le</strong>urs, et de chercher <strong>le</strong>s gens de bonne volonté.Ainsi dit aujourd'hui <strong>le</strong> <strong>spiritisme</strong> à ses adeptes : Ne violé aucuneconscience ; ne contraignez personne à quitter sa croyance pour adopterla vôtre ; ne jetez point l'anathème sur ceux qui ne pensent pas commevous ; accueil<strong>le</strong>z ceux qui viennent à vous et laissez en repos ceux quivous repoussent. Souvenez-vous des paro<strong>le</strong>s du Christ ; jadis <strong>le</strong> ciel seprenait par la vio<strong>le</strong>nce, aujourd'hui, c'est par la douceur. (Ch. IV, n° 10,11.)


CHAPITRE XXVI-DONNEZ GRATUITEMENT CE QUE VOUS AVEZREÇU GRATUITEMENT.Don de guérir. - Prières payées. - Vendeurs chassés du temp<strong>le</strong>. - Médiumnitégratuite.Don de guérir.1. Rendez la santé aux malades, ressuscitez <strong>le</strong>s morts, guérissez <strong>le</strong>s lépreux,chassez <strong>le</strong>s démons. Donnez gratuitement ce que vous avez reçu gratuitement.(Saint Matthieu, ch. X, v. 8.)2. «Donnez gratuitement ce que vous avez reçu gratuitement,» ditJésus à ses discip<strong>le</strong>s ; par ce précepte il prescrit de ne point faire payerce que l'on n'a pas payé soi-même ; or, ce qu'ils avaient reçugratuitement, c'était la faculté de guérir <strong>le</strong>s malades et de chasser <strong>le</strong>sdémons, c'est-à-dire <strong>le</strong>s mauvais Esprits ; ce don <strong>le</strong>ur avait été donnégratuitement par Dieu pour <strong>le</strong> soulagement de ceux qui souffrent, et pouraider à la propagation de la foi, et il <strong>le</strong>ur dit de ne point en faire un trafic,ni un objet de spéculation, ni un moyen de vivre.Prières payées.3. Il dit ensuite à ses discip<strong>le</strong>s en présence de tout <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> qui l'écoutait : -Gardez-vous des scribes qui affectent de se promener en longues robes, qui aimentà être salués dans <strong>le</strong>s places publiques, à occuper <strong>le</strong>s premières chaires dans <strong>le</strong>ssynagogues et <strong>le</strong>s premières places dans, <strong>le</strong>s festins ; - qui, sous prétexte delongues prières, dévorent <strong>le</strong>s maisons des veuves. Ces personnes en recevront unecondamnation plus rigoureuse. (Saint Luc, ch. XX, v. 45, 46, 47. - Saint Marc, ch.XII, v. 38, 39, 40. - Saint Matthieu, ch. XXIII, v. 14.)4. Jésus dit aussi : Ne faites point payer vos prières ; ne faites pointcomme <strong>le</strong>s scribes qui, «sous prétexte de longues prières, dévorent <strong>le</strong>smaisons des veuves ;» c'est-à-dire accaparent <strong>le</strong>s fortunes. La prière estun acte de charité, un élan du coeur ; faire payer cel<strong>le</strong> que l'on adresse àDieu pour autrui, c'est se transformer en intermédiaire salarié ; la prièrealors est une formu<strong>le</strong> dont on proportionne la longueur à la sommequ'el<strong>le</strong> rapporte. Or, de deux choses l'une : Dieu mesure ou ne mesurepas ses grâces au nombre des paro<strong>le</strong>s ; s'il en faut beaucoup, pourquoi endire peu ou pas du tout à celui qui ne peut pas payer ? c'est un manque


DONNEZ GRATUITEMENT. 265de charité ; si une seu<strong>le</strong> suffit, <strong>le</strong> surplus est inuti<strong>le</strong> ; pourquoi donc alors<strong>le</strong> faire payer ? c'est une prévarication.Dieu ne vend pas <strong>le</strong>s bienfaits qu'il accorde ; pourquoi donc celui quin'en est pas même <strong>le</strong> distributeur, qui ne peut en garantir l'obtention,ferait-il payer une demande qui peut être sans résultat ? Dieu ne peutsubordonner un acte de clémence, de bonté ou de justice que l'onsollicite de sa miséricorde, à une somme d'argent ; autrement il enrésulterait que si la somme n'est pas payée, ou est insuffisante, la justice,la bonté et la clémence de Dieu seraient suspendues. La raison, <strong>le</strong> bonsens, la logique disent que Dieu, la perfection absolue, ne peut déléguerà des créatures imparfaites <strong>le</strong> droit de mettre à prix sa justice. La justicede Dieu est comme <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il ; el<strong>le</strong> est pour tout <strong>le</strong> monde, pour <strong>le</strong> pauvrecomme pour <strong>le</strong> riche. Si l'on considère comme immoral de trafiquer desgrâces d'un souverain de la terre, est-il plus licite de vendre cel<strong>le</strong>s dusouverain de l'univers ?Les prières payées ont un autre inconvénient ; c'est que celui qui <strong>le</strong>sachète se croit, <strong>le</strong> plus souvent, dispensé de prier lui-même, parce qu'il seregarde comme quitte quand il a donné son argent. On sait que <strong>le</strong>sEsprits sont touchés par la ferveur de la pensée de celui qui s'intéresse àeux ; quel<strong>le</strong> peut être la ferveur de celui qui charge un tiers de prier pourlui en payant ? quel<strong>le</strong> est la ferveur de ce tiers quand il délègue sonmandat à un autre, celui-ci à un autre, et ainsi de suite ? N'est-ce pasréduire l'efficacité de la prière à la va<strong>le</strong>ur d'une monnaie courante ?Vendeurs chassés du temp<strong>le</strong>.5. Ils vinrent ensuite à Jérusa<strong>le</strong>m, et Jésus étant entré dans <strong>le</strong> temp<strong>le</strong>, commençapar chasser ceux qui y vendaient et qui y achetaient ; il renversa <strong>le</strong>s tab<strong>le</strong>s deschangeurs et <strong>le</strong>s sièges de ceux qui vendaient des colombes ; - et il ne permettaitpas que personne transportât aucun ustensi<strong>le</strong> par <strong>le</strong> temp<strong>le</strong>. - Il <strong>le</strong>s instruisit aussien <strong>le</strong>ur disant : N'est-il pas écrit : Ma maison sera appelée la maison de prièrespour toutes <strong>le</strong>s nations ? Et cependant vous en avez fait une caverne de vo<strong>le</strong>urs. -Ce que <strong>le</strong>s princes des prêtres ayant entendu, ils cherchaient un moyen de <strong>le</strong>perdre ; car ils <strong>le</strong> craignaient, parce que tout <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> était ravi en admiration desa doctrine. (Saint Marc, ch. XI, v. de 15 à 18. - Saint Matthieu, ch. XXI, v. 12,13.)6. Jésus a chassé <strong>le</strong>s vendeurs du temp<strong>le</strong> ; par là il condamne <strong>le</strong> traficdes choses saintes sous quelque forme que ce soit. Dieu ne vend ni sabénédiction, ni son pardon, ni l'entrée du royaume des cieux ; l'hommen'a donc pas <strong>le</strong> droit de <strong>le</strong>s faire payer.


266 CHAPITRE XXVIMédiumnité gratuite.7. Les médiums modernes, - car <strong>le</strong>s apôtres aussi avaient lamédiumnité, - ont éga<strong>le</strong>ment reçu de Dieu un don gratuit, celui d'être <strong>le</strong>sinterprètes des Esprits pour l'instruction des hommes, pour <strong>le</strong>ur montrerla route du bien et <strong>le</strong>s amener à la foi, et non pour <strong>le</strong>ur vendre desparo<strong>le</strong>s qui ne <strong>le</strong>ur appartiennent pas, parce qu'el<strong>le</strong>s ne sont pas <strong>le</strong>produit de <strong>le</strong>ur conception, ni de <strong>le</strong>urs recherches, ni de <strong>le</strong>ur travailpersonnel. Dieu veut que la lumière arrive à tout <strong>le</strong> monde ; il ne veutpas que <strong>le</strong> plus pauvre en soit déshérité et puisse dire : Je n'ai pas la foi,parce que je n'ai pas pu la payer ; je n'ai pas eu la consolation de recevoir<strong>le</strong>s encouragements et <strong>le</strong>s témoignages d'affection de ceux que je p<strong>le</strong>ure,parce que je suis pauvre. Voilà pourquoi la médiumnité n'est point unprivilège, et se trouve partout ; la faire payer, serait donc la détourner deson but providentiel.8. Quiconque connaît <strong>le</strong>s conditions dans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s bons Esprits secommuniquent, <strong>le</strong>ur répulsion pour tout ce qui est d'intérêt égoïste, et quisait combien il faut peu de chose pour <strong>le</strong>s éloigner, ne pourra jamaisadmettre que des Esprits supérieurs soient à la disposition du premiervenu qui <strong>le</strong>s appel<strong>le</strong>rait à tant la séance ; <strong>le</strong> simp<strong>le</strong> bon sens repousse unetel<strong>le</strong> pensée. Ne serait-ce pas aussi une profanation d'évoquer à prixd'argent <strong>le</strong>s êtres que nous respectons ou qui nous sont chers ? Sansdoute on peut avoir ainsi des manifestations, mais qui pourrait engarantir la sincérité ? Les Esprits légers, menteurs, espièg<strong>le</strong>s, et toute lacohue des Esprits inférieurs, fort peu scrupu<strong>le</strong>ux, viennent toujours, etsont tout prêts à répondre à ce que l'on demande sans se soucier de lavérité. Celui donc qui veut des communications sérieuses doit d'abord<strong>le</strong>s demander sérieusement, puis s'édifier sur la nature des sympathies dumédium avec <strong>le</strong>s êtres du monde spirituel ; or la première condition pourse concilier la bienveillance des bons Esprits, c'est l'humilité, <strong>le</strong>dévouement, l'abnégation, <strong>le</strong> désintéressement moral et matériel <strong>le</strong> plusabsolu.9. A côté de la question mora<strong>le</strong> se présente une considération effectivenon moins importante qui tient à la nature même de la faculté. Lamédiumnité sérieuse ne peut être et ne sera jamais une profession, nonseu<strong>le</strong>ment parce qu'el<strong>le</strong> serait discréditée mora<strong>le</strong>ment, et bientôtassimilée aux diseurs de bonne aventure, mais parce qu'un obstac<strong>le</strong>matériel s'y oppose ; c'est une faculté essentiel<strong>le</strong>ment mobi<strong>le</strong>, fugitive etvariab<strong>le</strong>, sur la permanence de laquel<strong>le</strong> nul ne peut compter. Ce serait


DONNEZ GRATUITEMENT. 267donc, pour l'exploiteur, une ressource tout à fait incertaine, qui peut luimanquer au moment où el<strong>le</strong> lui serait <strong>le</strong> plus nécessaire. Autre chose estun ta<strong>le</strong>nt acquis par l'étude et <strong>le</strong> travail, et qui, par cela même, est unepropriété dont il est naturel<strong>le</strong>ment permis de tirer parti. Mais lamédiumnité n'est ni un art ni un ta<strong>le</strong>nt, c'est pourquoi el<strong>le</strong> ne peutdevenir une profession ; el<strong>le</strong> n'existe que par <strong>le</strong> concours des Esprits ; sices Esprits font défaut, il n'y a plus de médiumnité ; l'aptitude peutsubsister, mais l'exercice en est annulé ; aussi n'est-il pas un seulmédium au monde qui puisse garantir l'obtention d'un phénomène spiriteà un instant donné. Exploiter la médiumnité, c'est donc disposer d'unechose dont on n'est réel<strong>le</strong>ment pas maître ; affirmer <strong>le</strong> contraire, c'esttromper celui qui paye ; il y a plus, ce n'est pas de soi-même qu'ondispose, ce sont <strong>le</strong>s Esprits, <strong>le</strong>s âmes des morts dont <strong>le</strong> concours est misà prix ; cette pensée répugne instinctivement. C'est ce trafic, dégénéré enabus, exploité par <strong>le</strong> charlatanisme, l'ignorance, la crédulité et lasuperstition, qui a motivé la défense de Moïse. Le <strong>spiritisme</strong> moderne,comprenant <strong>le</strong> côté sérieux de la chose, par <strong>le</strong> discrédit qu'il a jeté surcette exploitation, a é<strong>le</strong>vé la médiumnité au rang de mission. (Voy. Livredes Médiums, ch. XXVIII, - Ciel et Enfer, ch. XII)10. La médiumnité est une chose sainte qui doit être pratiquéesaintement, religieusement. S'il est un genre de médiumnité qui requièrecette condition d'une manière encore plus absolue, c'est la médiumnitéguérissante. Le médecin donne <strong>le</strong> fruit de ses études, qu'il a faites au prixde sacrifices souvent pénib<strong>le</strong>s ; <strong>le</strong> magnétiseur donne son propre fluide,souvent même sa santé : ils peuvent y mettre un prix ; <strong>le</strong> médiumguérisseur transmet <strong>le</strong> fluide salutaire des bons Esprits : il n'a pas <strong>le</strong> droitde <strong>le</strong> vendre. Jésus et <strong>le</strong>s apôtres, quoique pauvres, ne faisaient pointpayer <strong>le</strong>s guérisons qu'ils opéraient.Que celui donc qui n'a pas de quoi vivre cherche des ressourcesail<strong>le</strong>urs que dans la médiumnité ; qu'il n'y consacre, s'il <strong>le</strong> faut, que <strong>le</strong>temps dont il peut disposer matériel<strong>le</strong>ment. Les Esprits lui tiendrontcompte de son dévouement et de ses sacrifices, tandis qu'ils se retirent deceux qui espèrent s'en faire un marchepied.


CHAPITRE XXVII-DEMANDEZ ET VOUS OBTIENDREZ.Qualités de la prière. - Efficacité de la prière. - Action de la prière.Transmission de la pensée. - Prières intelligib<strong>le</strong>s. - De la prière pour <strong>le</strong>s morts et<strong>le</strong>s Esprits souffrants. - Instructions des Esprits : Manière de prier. - Bonheur de laprière.Qualités de la prière.1. Lorsque vous priez, ne ressemb<strong>le</strong>z pas aux hypocrites qui affectent de prieren se tenant debout dans <strong>le</strong>s synagogues et aux coins des rues pour être vus deshommes. Je vous dis en vérité, ils ont reçu <strong>le</strong>ur récompense. - Mais lorsque vousvoudrez prier, entrez dans votre chambre, et la porte étant fermée, priez votre Pèredans <strong>le</strong> secret ; et votre Père, qui voit ce qui se passe dans <strong>le</strong> secret, vous en rendrala récompense.N'affectez point de prier beaucoup dans vos prières, comme font <strong>le</strong>s Païens, quis'imaginent que c'est par la multitude des paro<strong>le</strong>s qu'ils sont exaucés. - Ne vousrendez donc pas semblab<strong>le</strong>s à eux, parce que votre Père sait de quoi vous avezbesoin avant que vous <strong>le</strong> lui demandiez. (Saint Matthieu, ch. VI, v. de 5 à 8.)2. Lorsque vous vous présentez pour prier, si vous avez quelque chose contrequelqu'un, pardonnez-lui, afin que votre Père, qui est dans <strong>le</strong>s cieux, vouspardonne aussi vos péchés. - Si vous ne pardonnez, votre Père, qui est dans <strong>le</strong>scieux, ne vous pardonnera point non plus vos péchés. (Saint Marc, ch. XI, v. 25,26.)3. Il dit aussi cette parabo<strong>le</strong> à quelques-uns qui mettaient <strong>le</strong>ur confiance en euxmêmes,comme étant justes, et méprisaient <strong>le</strong>s autres :Deux hommes montèrent au temp<strong>le</strong> pour prier ; l'un était pharisien et l'autrepublicain. - Le pharisien, se tenant debout, priait ainsi en lui-même : Mon Dieu, jevous rends grâce de ce que je ne suis point comme <strong>le</strong> reste des hommes, qui sontvo<strong>le</strong>urs, injustes et adultères, ni même comme ce publicain. Je jeûne deux fois lasemaine ; je donne la dîme de tout ce que je possède.Le publicain, au contraire, se tenant éloigné, n'osait pas même <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s yeux auciel ; mais il frappait sa poitrine, en disant : Mon Dieu, ayez pitié de moi, qui suisun pécheur.Je vous déclare que celui-ci s'en retourna chez lui justifié, et non pas l'autre ; carquiconque s'élève sera abaissé, et quiconque s'abaisse sera é<strong>le</strong>vé. (Saint Luc, chap.XVIII, v. de 9 à 14.)4. Les qualités de la prière sont clairement définies par Jésus ; lorsquevous priez, dit-il, ne vous mettez point en évidence, mais priez dans <strong>le</strong>


DEMANDEZ ET VOUS OBTIENDREZ. 269secret ; n'affectez point de prier beaucoup, car ce n'est pas par lamultiplicité des paro<strong>le</strong>s que vous serez exaucés, mais par <strong>le</strong>ur sincérité ;avant de prier, si vous avez quelque chose contre quelqu'un, pardonnezlui,car la prière ne saurait être agréab<strong>le</strong> à Dieu si el<strong>le</strong> ne part d'un coeurpurifié de tout sentiment contraire à la charité ; priez enfin avec humilité,comme <strong>le</strong> publicain, et non avec orgueil, comme <strong>le</strong> pharisien ; examinezvos défauts et non vos qualités, et si vous vous comparez aux autres,cherchez ce qu'il y a de mal en vous. (Ch. X, n° 7 et 8.)Efficacité de la prière.5. Quoi que ce soit que vous demandiez dans la prière, croyez que vousl'obtiendrez, et il vous sera accordé. (Saint Marc, ch. XI, v. 24.)6. Il y a des gens qui contestent l'efficacité de la prière, et ils sefondent sur ce principe que, Dieu connaissant nos besoins, il est superflude <strong>le</strong>s lui exposer. Ils ajoutent encore que, tout s'enchaînant dansl'univers par des lois éternel<strong>le</strong>s, nos voeux ne peuvent changer <strong>le</strong>sdécrets de Dieu.Sans aucun doute, il y a des lois naturel<strong>le</strong>s et immuab<strong>le</strong>s que Dieu nepeut abroger <strong>selon</strong> <strong>le</strong> caprice de chacun ; mais de là à croire que toutes<strong>le</strong>s circonstances de la vie sont soumises à la fatalité, la distance estgrande. S'il en était ainsi, l'homme ne serait qu'un instrument passif, sanslibre arbitre et sans initiative. Dans cette hypothèse, il n'aurait qu'àcourber la tête sous <strong>le</strong> coup de tous <strong>le</strong>s événements, sans chercher à <strong>le</strong>séviter ; il n'aurait pas dû chercher à détourner la foudre. Dieu ne lui a pasdonné <strong>le</strong> jugement et l'intelligence pour ne pas s'en servir, la volontépour ne pas vouloir, l'activité pour rester dans l'inaction. L'homme étantlibre d'agir dans un sens ou dans un autre, ses actes ont pour lui-même etpour autrui des conséquences subordonnées à ce qu'il fait ou ne fait pas ;par son initiative, il y a donc des événements qui échappent forcément àla fatalité, et qui ne détruisent pas plus l'harmonie des lois universel<strong>le</strong>s,que l'avance ou <strong>le</strong> retard de l'aiguil<strong>le</strong> d'une pendu<strong>le</strong> ne détruit la loi dumouvement sur laquel<strong>le</strong> est établi <strong>le</strong> mécanisme. Dieu peut donc accéderà certaines demandes sans déroger à l'immuabilité des lois qui régissentl'ensemb<strong>le</strong>, son accession restant toujours subordonnée à sa volonté.7. Il serait illogique de conclure de cette maxime : «Quoi que ce soitque vous demandiez par la prière, il vous sera accordé,» qu'il suffit dedemander pour obtenir, et injuste d'accuser la Providence si el<strong>le</strong> n'accèdepas à toute demande qui lui est faite, car el<strong>le</strong> sait mieux que nous ce qui


270 CHAPITRE XXVIIest pour notre bien. Ainsi en est-il d'un père sage qui refuse à son enfant<strong>le</strong>s choses contraires à l'intérêt de celui-ci. L'homme, généra<strong>le</strong>ment, nevoit que <strong>le</strong> présent ; or, si la souffrance est uti<strong>le</strong> à son bonheur futur,Dieu <strong>le</strong> laissera souffrir, comme <strong>le</strong> chirurgien laisse <strong>le</strong> malade souffrird'une opération qui doit amener la guérison.Ce que Dieu lui accordera, s'il s'adresse à lui avec confiance, c'est <strong>le</strong>courage, la patience et la résignation. Ce qu'il lui accordera encore, cesont <strong>le</strong>s moyens de se tirer lui-même d'embarras, à l'aide des idées qu'illui fait suggérer par <strong>le</strong>s bons Esprits, lui en laissant ainsi <strong>le</strong> mérite ; ilassiste ceux qui s'aident eux-mêmes, <strong>selon</strong> cette maxime : «Aide-toi, <strong>le</strong>ciel t'aidera,» et non ceux qui attendent tout d'un secours étranger sansfaire usage de <strong>le</strong>urs propres facultés ; mais la plupart du temps onpréférerait être secouru par un mirac<strong>le</strong> sans avoir rien à faire. (Ch. XXV,nº 1 et suiv.)8. Prenons un exemp<strong>le</strong>. Un homme est perdu dans un désert ; il souffrehorrib<strong>le</strong>ment de la soif ; il se sent défaillir, se laisse tomber à terre ; ilprie Dieu de l'assister, et attend ; mais aucun ange ne vient lui apporter àboire. Cependant un bon Esprit lui suggère la pensée de se <strong>le</strong>ver, desuivre un des sentiers qui se présentent devant lui ; alors par unmouvement machinal, rassemblant ses forces, il se lève et marche àl'aventure. Arrivé sur une hauteur, il découvre au loin un ruisseau ; àcette vue il reprend courage. S'il a la foi, il s'écriera : «Merci, mon Dieu,de la pensée que vous m'avez inspirée, et de la force que vous m'avezdonnée.» S'il n'a pas la foi, il dira ; «Quel<strong>le</strong> bonne pensée j'ai eue là !Quel<strong>le</strong> chance j'ai eue de prendre <strong>le</strong> sentier de droite plutôt que celui degauche ; <strong>le</strong> hasard nous sert vraiment bien quelquefois ! Combien je mefélicite de mon courage et de ne m'être pas laissé abattre !»Mais, dira-t-on, pourquoi <strong>le</strong> bon Esprit ne lui a-t-il pas dit clairement :«Suis ce sentier, et au bout tu trouveras ce dont tu as besoin ?» Pourquoine s'est-il pas montré à lui pour <strong>le</strong> guider et <strong>le</strong> soutenir dans sadéfaillance ? De cette manière il l'aurait convaincu de l'intervention de laProvidence. C'était d'abord pour lui apprendre qu'il faut s'aider soi-mêmeet faire usage de ses propres forces. Puis, par l'incertitude, Dieu met àl'épreuve la confiance en lui et la soumission à sa volonté. Cet hommeétait dans la situation d'un enfant qui tombe, et qui, s'il aperçoitquelqu'un, crie et attend qu'on vienne <strong>le</strong> re<strong>le</strong>ver ; s'il ne voit personne, ilfait des efforts et se révè<strong>le</strong> tout seul.Si l'ange qui accompagna Tobie lui eût dit : «Je suis envoyé par Dieupour te guider dans ton voyage et te préserver de tout danger,» Tobie


DEMANDEZ ET VOUS OBTIENDREZ. 271n'aurait eu aucun mérite ; se fiant sur son compagnon, il n'aurait mêmepas eu besoin de penser ; c'est pourquoi l'ange ne s'est fait connaîtrequ'au retour.Action de la prière. Transmission de la pensée.9. La prière est une invocation ; par el<strong>le</strong> on se met en rapport depensée avec l'être auquel on s'adresse. El<strong>le</strong> peut avoir pour objet unedemande, un remerciement ou une glorification. On peut prier pour soimêmeou pour autrui, pour <strong>le</strong>s vivants ou pour <strong>le</strong>s morts. Les prièresadressées à Dieu sont entendues des Esprits chargés de l'exécution de sesvolontés ; cel<strong>le</strong>s qui sont adressées aux bons Esprits sont reportées àDieu. Lorsqu'on prie d'autres êtres que Dieu, ce n'est qu'à titred'intermédiaires, d'intercesseurs, car rien ne peut se faire sans la volontéde Dieu.10. Le Spiritisme fait comprendre l'action de la prière en expliquant <strong>le</strong>mode de transmission de la pensée, soit que l'être prié vienne à notreappel, soit que notre pensée lui parvienne. Pour se rendre compte de cequi se passe en cette circonstance, il faut se représenter tous <strong>le</strong>s êtresincarnés et désincarnés plongés dans <strong>le</strong> fluide universel qui occupel'espace, comme ici-bas nous <strong>le</strong> sommes dans l'atmosphère. Ce fluidereçoit une impulsion de la volonté ; c'est <strong>le</strong> véhicu<strong>le</strong> de la pensée,comme l'air est <strong>le</strong> véhicu<strong>le</strong> du son, avec cette différence que <strong>le</strong>svibrations de l'air sont circonscrites, tandis que cel<strong>le</strong>s du fluide universels'étendent à l'infini. Lors donc que la pensée est dirigée vers un êtrequelconque, sur la terre ou dans l'espace, d'incarné à désincarné, ou dedésincarné à incarné, un courant fluidique s'établit de l'un à l'autre,transmettant la pensée, comme l'air transmet <strong>le</strong> son.L'énergie du courant est en raison de cel<strong>le</strong> de la pensée et de lavolonté. C'est ainsi que la prière est entendue des Esprits à quelqueendroit qu'ils se trouvent, que <strong>le</strong>s Esprits communiquent entre eux, qu'ilsnous transmettent <strong>le</strong>urs inspirations, que des rapports s'établissent àdistance entre <strong>le</strong>s incarnés.Cette explication est surtout en vue de ceux qui ne comprennent pasl'utilité de la prière purement mystique ; el<strong>le</strong> n'a point pour but dematérialiser la prière, mais d'en rendre l'effet intelligib<strong>le</strong>, en montrantqu'el<strong>le</strong> peut avoir une action directe et effective ; el<strong>le</strong> n'en reste pasmoins subordonnée à la volonté de Dieu, juge suprême en toutes choses,et qui seul peut rendre son action efficace.


272 CHAPITRE XXVII11. Par la prière, l'homme appel<strong>le</strong> à lui <strong>le</strong> concours des bons Espritsqui viennent <strong>le</strong> soutenir dans ses bonnes résolutions, et lui inspirer debonnes pensées ; il acquiert ainsi la force mora<strong>le</strong> nécessaire pour vaincre<strong>le</strong>s difficultés et rentrer dans <strong>le</strong> droit chemin s'il en est écarté ; et par làaussi il peut détourner de lui <strong>le</strong>s maux qu'il s'attirerait par sa proprefaute. Un homme, par exemp<strong>le</strong>, voit sa santé ruinée par <strong>le</strong>s excès qu'il acommis, et traîne, jusqu'à la fin de ses jours, une vie de souffrance ; a-t-ildroit de se plaindre s'il n'obtient pas sa guérison ? Non, car il aurait putrouver dans la prière la force de résister aux tentations.12. Si l'on fait deux parts des maux de la vie, l'une de ceux quel'homme ne peut éviter, l'autre des tribulations dont il est lui-même lapremière cause par son incurie et ses excès (chap. V, nº 4), on verra quecel<strong>le</strong>-ci l'emporte de beaucoup en nombre sur la première. Il est doncbien évident que l'homme est l'auteur de la plus grande partie de sesafflictions, et qu'il se <strong>le</strong>s épargnerait s'il agissait toujours avec sagesse etprudence.Il n'est pas moins certain que ces misères sont <strong>le</strong> résultat de nosinfractions aux lois de Dieu, et que si nous observions ponctuel<strong>le</strong>mentces lois, nous serions parfaitement heureux. Si nous ne dépassions pas lalimite du nécessaire dans la satisfaction de nos besoins, nous n'aurionspas <strong>le</strong>s maladies qui sont la suite des excès, et <strong>le</strong>s vicissitudesqu'entraînent ces maladies ; si nous mettions des bornes à notreambition, nous ne craindrions pas la ruine ; si nous ne voulions pasmonter plus haut que nous ne <strong>le</strong> pouvons, nous ne craindrions pas detomber ; si nous étions humb<strong>le</strong>s, nous ne subirions pas <strong>le</strong>s déceptions del'orgueil abaissé ; si nous pratiquions la loi de charité, nous ne serions nimédisants, ni envieux, ni jaloux, et nous éviterions <strong>le</strong>s querel<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>sdissensions ; si nous ne faisions de mal à personne, nous ne craindrionspas <strong>le</strong>s vengeances, etc.Admettons que l'homme ne puisse rien sur <strong>le</strong>s autres maux ; que touteprière soit superflue pour s'en préserver, ne serait-ce pas déjà beaucoupd'être affranchi de tous ceux qui proviennent de son fait ? Or, ici l'actionde la prière se conçoit aisément, parce qu'el<strong>le</strong> a pour effet d'appe<strong>le</strong>rl'inspiration salutaire des bons Esprits, de <strong>le</strong>ur demander la force derésister aux mauvaises pensées dont l'exécution peut nous être funeste.Dans ce cas, ce n'est pas <strong>le</strong> mal qu'ils détournent, c'est nous-mêmesqu'ils détournent de la pensée qui peut causer <strong>le</strong> mal ; ils n'entravent enrien <strong>le</strong>s décrets de Dieu, ils ne suspendent point <strong>le</strong> cours des lois de lanature, c'est nous qu'ils empêchent d'enfreindre ces lois, en dirigeant


DEMANDEZ ET VOUS OBTIENDREZ. 273notre libre arbitre ; mais ils <strong>le</strong> font à notre insu, d'une manière occulte,pour ne pas enchaîner notre volonté. L'homme se trouve alors dans laposition de celui qui sollicite de bons conseils et <strong>le</strong>s met en pratique,mais qui est toujours libre de <strong>le</strong>s suivre ou non ; Dieu veut qu'il en soitainsi pour qu'il ait la responsabilité de ses actes et lui laisser <strong>le</strong> mérite duchoix entre <strong>le</strong> bien et <strong>le</strong> mal. C'est là ce que l'homme est toujours certaind'obtenir s'il <strong>le</strong> demande avec ferveur, et ce à quoi peuvent surtouts'appliquer ces paro<strong>le</strong>s : «Demandez et vous obtiendrez.»L'efficacité de la prière, même réduite à cette proportion, n'aurait-el<strong>le</strong>pas un résultat immense ? Il était réservé au Spiritisme de nous prouverson action par la révélation des rapports qui existent entre <strong>le</strong> mondecorporel et <strong>le</strong> monde spirituel. Mais là ne se bornent pas seu<strong>le</strong>ment seseffets.La prière est recommandée par tous <strong>le</strong>s Esprits ; renoncer à la prière,c'est méconnaître la bonté de Dieu ; c'est renoncer pour soi-même à <strong>le</strong>urassistance, et pour <strong>le</strong>s autres au bien qu'on peut <strong>le</strong>ur faire.13. En accédant à la demande qui lui est adressée, Dieu a souvent envue de récompenser l'intention, <strong>le</strong> dévouement et la foi de celui qui prie ;voilà pourquoi la prière de l'homme de bien a plus de mérite aux yeux deDieu, et toujours plus d'efficacité, car l'homme vicieux et mauvais nepeut prier avec la ferveur et la confiance que donne seul <strong>le</strong> sentiment dela vraie piété. Du coeur de l'égoïste, de celui qui prie des lèvres, nesauraient sortir que des mots, mais non <strong>le</strong>s élans de charité qui donnent àla prière toute sa puissance. On <strong>le</strong> comprend tel<strong>le</strong>ment que, par unmouvement instinctif, on se recommande de préférence aux prières deceux dont on sent que la conduite doit être agréab<strong>le</strong> à Dieu, parce qu'ilsen sont mieux écoutés.14. Si la prière exerce une sorte d'action magnétique, on pourrait encroire l'effet subordonné à la puissance fluidique ; or il n'en est pointainsi. Puisque <strong>le</strong>s Esprits exercent cette action sur <strong>le</strong>s hommes, ilssuppléent, quand cela est nécessaire, à l'insuffisance de celui qui prie,soit en agissant directement en son nom, soit en lui donnantmomentanément une force exceptionnel<strong>le</strong>, lorsqu'il est jugé digne decette faveur, ou que la chose peut être uti<strong>le</strong>.L'homme qui ne se croit pas assez bon pour exercer une influencesalutaire ne doit pas s'abstenir de prier pour autrui, par la pensée qu'iln'est pas digne d'être écouté. La conscience de son infériorité est unepreuve d'humilité toujours agréab<strong>le</strong> à Dieu, qui tient compte de


274 CHAPITRE XXVIIl'intention charitab<strong>le</strong> qui l'anime. Sa ferveur et sa confiance en Dieu sontun premier pas vers <strong>le</strong> retour au bien dans <strong>le</strong>quel <strong>le</strong>s bons Esprits sontheureux de l'encourager. La prière qui est repoussée est cel<strong>le</strong> del'orgueil<strong>le</strong>ux qui a foi en sa puissance et ses mérites, et croit pouvoir sesubstituer à la volonté de l'Eternel.15. La puissance de la prière est dans la pensée ; el<strong>le</strong> ne tient ni auxparo<strong>le</strong>s, ni au lieu, ni au moment où on la fait. On peut donc prier partoutet à toute heure, seul ou en commun. L'influence du lieu ou du tempstient aux circonstances qui peuvent favoriser <strong>le</strong> recueil<strong>le</strong>ment. La prièreen commun a une action plus puissante quand tous ceux qui prients'associent de coeur à une même pensée et ont un même but, car c'estcomme si beaucoup crient ensemb<strong>le</strong> et à l'unisson ; mais qu'imported'être réunis en grand nombre si chacun agit isolément et pour soncompte personnel ! Cent personnes réunies peuvent prier comme deségoïstes, tandis que deux ou trois, unies dans une commune aspiration,prieront comme de véritab<strong>le</strong>s frères en Dieu, et <strong>le</strong>ur prière aura plus depuissance que cel<strong>le</strong> des cent autres. (Ch. XXVIII, nº 4, 5.)Prières intelligib<strong>le</strong>s.16. Si je n'entends pas ce que signifient <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s, je serai barbare à celui à quije par<strong>le</strong>, et celui qui me par<strong>le</strong> me sera barbare. - Si je prie en une langue que jen'entends pas, mon coeur prie, mais mon intelligence est sans fruit. - Si vous nelouez Dieu que du coeur, comment un homme du nombre de ceux qui n'entendentque <strong>le</strong>ur propre langue répondra-t-il amen, à la fin de votre action de grâce,puisqu'il n'entend pus ce que vous dites ? - Ce n'est pas que votre action ne soitbonne, mais <strong>le</strong>s autres n'en sont pas édifiés. (Saint Paul, 1° aux Corinth., ch. XIV,v. 11, 14, 16, 17.)17. La prière n'a de va<strong>le</strong>ur que par la pensée qu'on y attache ; or il estimpossib<strong>le</strong> d'attacher une pensée à ce que l'on ne comprend pas, car ceque l'on ne comprend pas ne peut toucher <strong>le</strong> coeur. Pour l'immensemajorité, <strong>le</strong>s prières en une langue incomprise ne sont que desassemblages de mots qui ne disent rien à l'esprit. Pour que la prièretouche, il faut que chaque mot réveil<strong>le</strong> une idée, et si on ne la comprendpas, el<strong>le</strong> ne peut en réveil<strong>le</strong>r aucune. On la répète comme une simp<strong>le</strong>formu<strong>le</strong> qui a plus ou moins de vertu <strong>selon</strong> <strong>le</strong> nombre de fois qu'el<strong>le</strong> estrépétée ; beaucoup prient par devoir, quelques-uns même pour seconformer à l'usage ; c'est pourquoi ils se croient quittes quand ils ont ditune prière un nombre de fois déterminé et dans tel ou tel ordre. Dieu lit


DEMANDEZ ET VOUS OBTIENDREZ. 275au fond des coeurs ; il voit la pensée et la sincérité, et c'est <strong>le</strong> rabaisserde <strong>le</strong> croire plus sensib<strong>le</strong> à la forme qu'au fond. (Ch. XXVIII, nº 2.)De la prière pour <strong>le</strong>s morts et <strong>le</strong>s Esprits souffrants.18. La prière est réclamée par <strong>le</strong>s Esprits souffrants ; el<strong>le</strong> <strong>le</strong>ur est uti<strong>le</strong>,parce qu'en voyant qu'on pense à eux, ils se sentent moins délaissés, ilssont moins malheureux. Mais la prière a sur eux une action plus directe :el<strong>le</strong> relève <strong>le</strong>ur courage, excite en eux <strong>le</strong> désir de s'é<strong>le</strong>ver par <strong>le</strong> repentiret la réparation, et peut <strong>le</strong>s détourner de la pensée du mal ; c'est en cesens qu'el<strong>le</strong> peut non seu<strong>le</strong>ment alléger, mais abréger <strong>le</strong>urs souffrances.(Voyez : Ciel et Enfer, 2° partie : Exemp<strong>le</strong>s.)19. Certaines personnes n'admettent pas la prière pour <strong>le</strong>s morts, parceque, dans <strong>le</strong>ur croyance, il n'y a pour l'âme que deux alternatives : êtresauvée ou condamnée aux peines éternel<strong>le</strong>s, et que, dans l'un et l'autrecas, la prière est inuti<strong>le</strong>. Sans discuter la va<strong>le</strong>ur de cette croyance,admettons pour un instant la réalité de peines éternel<strong>le</strong>s et irrémissib<strong>le</strong>s,et que nos prières soient impuissantes pour y mettre un terme. Nousdemandons si, dans cette hypothèse, il est logique, il est charitab<strong>le</strong>, il estchrétien de rejeter la prière pour <strong>le</strong>s réprouvés ? Ces prières, toutimpuissantes qu'el<strong>le</strong>s seraient pour <strong>le</strong>s délivrer, ne sont-el<strong>le</strong>s pas poureux une marque de pitié qui peut adoucir <strong>le</strong>ur souffrance ? Sur la terre,lorsqu'un homme est condamné à perpétuité, alors même qu'il n'y auraitaucun espoir d'obtenir sa grâce, est-il défendu à une personne charitab<strong>le</strong>d'al<strong>le</strong>r soutenir ses fers pour lui en alléger <strong>le</strong> poids ? Lorsque quelqu'unest atteint d'un mal incurab<strong>le</strong> faut-il, parce qu'il n'offre aucun espoir deguérison, l'abandonner sans aucun soulagement ? Songez que parmi <strong>le</strong>sréprouvés peut se trouver une personne qui vous a été chère, un ami,peut-être un père, une mère ou un fils, et parce que, <strong>selon</strong> vous, il nepourrait espérer sa grâce, vous lui refuseriez un verre d'eau pourétancher sa soif ? un baume pour sécher ses plaies ? Vous ne feriez paspour lui ce que vous feriez pour un galérien ? Vous ne lui donneriez pasun témoignage d'amour, une consolation ? Non, cela ne serait paschrétien. Une croyance qui dessèche <strong>le</strong> coeur ne peut s'allier avec cel<strong>le</strong>d'un Dieu qui met au premier rang des devoirs l'amour du prochain.La non-éternité des peines n'implique point la négation d'une pénalitétemporaire, car Dieu, dans sa justice, ne peut confondre <strong>le</strong> bien et <strong>le</strong>mal ; or nier, dans ce cas, l'efficacité de la prière serait nier l'efficacité dela consolation, des encouragements et des bons conseils ; ce serait nier la


276 CHAPITRE XXVIIforce que l'on puise dans l'assistance mora<strong>le</strong> de ceux qui nous veu<strong>le</strong>nt dubien.20. D'autres se fondent sur une raison plus spécieuse : l'immuabilitédes décrets divins. Dieu, disent-ils, ne peut changer ses décisions à lademande de ses créatures ; sans cela rien ne serait stab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> monde.L'homme n'a donc rien à demander à Dieu, il n'a qu'à se soumettre et àl'adorer.Il y a dans cette idée une fausse application de l'immuabilité de la loidivine, ou mieux, ignorance de la loi en ce qui concerne la pénalitéfuture. Cette loi est révélée par <strong>le</strong>s Esprits du Seigneur, aujourd'hui quel'homme est mûr pour comprendre ce qui, dans la foi, est conforme oucontraire aux attributs divins.Selon <strong>le</strong> dogme de l'éternité absolue des peines, il n'est tenu aucoupab<strong>le</strong> aucun compte de ses regrets ni de son repentir ; pour lui, toutdésir de s'améliorer est superflu : il est condamné à rester dans <strong>le</strong> mal àperpétuité. S'il est condamné pour un temps déterminé, la peine cesseraquand <strong>le</strong> temps sera expiré ; mais qui dit qu'alors il sera revenu à demeil<strong>le</strong>urs sentiments ? qui dit qu'à l'exemp<strong>le</strong> de beaucoup de condamnésde la terre, à <strong>le</strong>ur sortie de prison, il ne sera pas aussi mauvaisqu'auparavant ? Dans <strong>le</strong> premier cas, ce serait maintenir dans la dou<strong>le</strong>urdu châtiment un homme revenu au bien ; dans <strong>le</strong> second, gracier celuiqui est resté coupab<strong>le</strong>. La loi de Dieu est plus prévoyante que cela ;toujours juste, équitab<strong>le</strong> et miséricordieuse, el<strong>le</strong> ne fixe aucune durée àla peine, quel<strong>le</strong> qu'el<strong>le</strong> soit ; el<strong>le</strong> se résume ainsi :21. «L'homme subit toujours la conséquence de ses fautes ; il n'est pasune seu<strong>le</strong> infraction à la loi de Dieu qui n'ait sa punition.La sévérité du châtiment est proportionnée à la gravité de la faute.La durée du châtiment pour toute faute quelconque est indéterminée ;el<strong>le</strong> est subordonnée au repentir du coupab<strong>le</strong> et à son retour au bien ; lapeine dure autant que l'obstination dans <strong>le</strong> mal ; el<strong>le</strong> serait perpétuel<strong>le</strong> sil'obstination était perpétuel<strong>le</strong> ; el<strong>le</strong> est de courte durée si <strong>le</strong> repentir estprompt.Dès que <strong>le</strong> coupab<strong>le</strong> crie miséricorde ! Dieu l'entend et lui envoiel'espérance. Mais <strong>le</strong> simp<strong>le</strong> regret du mal ne suffit pas : il faut laréparation ; c'est pourquoi <strong>le</strong> coupab<strong>le</strong> est soumis à de nouvel<strong>le</strong>sépreuves dans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s il peut, toujours par sa volonté, faire <strong>le</strong> bien enréparation du mal qu'il a fait.


DEMANDEZ ET VOUS OBTIENDREZ. 277L'homme est ainsi constamment l'arbitre de son propre sort ; il peutabréger son supplice ou <strong>le</strong> prolonger indéfiniment ; son bonheur ou sonmalheur dépend de sa volonté de faire <strong>le</strong> bien.»Tel<strong>le</strong> est la loi ; loi immuab<strong>le</strong> et conforme à la bonté et à la justice deDieu.L'Esprit coupab<strong>le</strong> et malheureux peut ainsi toujours se sauver luimême: la loi de Dieu lui dit à quel<strong>le</strong> condition il peut <strong>le</strong> faire. Ce qui luimanque <strong>le</strong> plus souvent, c'est la volonté, la force, <strong>le</strong> courage ; si, par nosprières, nous lui inspirons cette volonté, si nous <strong>le</strong> soutenons etl'encourageons ; si, par nos conseils, nous lui donnons <strong>le</strong>s lumières quilui manquent, au lieu de solliciter Dieu de déroger à sa loi, nousdevenons <strong>le</strong>s instruments pour l'exécution de sa loi d'amour et decharité, à laquel<strong>le</strong> il nous permet ainsi de participer en donnant nousmêmesune preuve de charité. (Voyez, Ciel et Enfer, 1° partie, ch. IV,VII, VIII.)INSTRUCTIONS DES ESPRITS.Manière de prier.22. Le premier devoir de toute créature humaine, <strong>le</strong> premier acte quidoit signa<strong>le</strong>r pour el<strong>le</strong> <strong>le</strong> retour à la vie active de chaque jour, c'est laprière. Vous priez presque tous, mais combien peu savent prier !Qu'importe au Seigneur <strong>le</strong>s phrases que vous reliez <strong>le</strong>s unes aux autresmachina<strong>le</strong>ment, parce que vous en avez l'habitude, que c'est un devoirque vous remplissez, et que, comme tout devoir, il vous pèse.La prière du chrétien, du Spirite de quelque culte que ce soit, doit êtrefaite dès que l'Esprit a repris <strong>le</strong> joug de la chair ; el<strong>le</strong> doit s'é<strong>le</strong>ver auxpieds de la majesté divine avec humilité, avec profondeur, dans un élande reconnaissance pour tous <strong>le</strong>s bienfaits accordés jusqu'à ce jour : pourla nuit écoulée et pendant laquel<strong>le</strong> il vous a été permis, quoique à votreinsu, de retourner près de vos amis, de vos guides, pour puiser dans <strong>le</strong>urcontact plus de force et de persévérance. El<strong>le</strong> doit s'é<strong>le</strong>ver humb<strong>le</strong> auxpieds du Seigneur, pour lui recommander votre faib<strong>le</strong>sse, lui demanderson appui, son indulgence, sa miséricorde. El<strong>le</strong> doit être profonde, carc'est votre âme qui doit s'é<strong>le</strong>ver vers <strong>le</strong> Créateur, qui doit se transfigurercomme Jésus au Thabor, et parvenir blanche et rayonnante d'espoir etd'amour.


278 CHAPITRE XXVIIVotre prière doit renfermer la demande des grâces dont vous avezbesoin, mais un besoin réel. Inuti<strong>le</strong> donc de demander au Seigneurd'abréger vos épreuves, de vous donner <strong>le</strong>s joies et la richesse ;demandez-lui de vous accorder <strong>le</strong>s biens plus précieux de la patience, dela résignation et de la foi. Ne dites point, comme cela arrive à beaucoupd'entre vous : «Ce n'est pas la peine de prier, puisque Dieu ne m'exaucepas.» Que demandez-vous à Dieu, la plupart du temps ? Avez-voussouvent pensé à lui demander votre amélioration mora<strong>le</strong> ? Oh ! non, trèspeu ; mais vous songez plutôt à lui demander la réussite dans vosentreprises terrestres, et vous vous êtes écriés : «Dieu ne s'occupe pas denous ; s'il s'en occupait, il n'y aurait pas tant d'injustices.» Insensés !ingrats ! si vous descendiez dans <strong>le</strong> fond de votre conscience, voustrouveriez presque toujours en vous-mêmes <strong>le</strong> point de départ des mauxdont vous vous plaignez ; demandez donc, avant toutes choses, votreamélioration, et vous verrez quel torrent de grâces et de consolations serépandra sur vous. (Ch. V, nº 4.)Vous devez prier sans cesse, sans pour cela vous retirer dans votreoratoire ou vous jeter à genoux dans <strong>le</strong>s places publiques. La prière de lajournée, c'est l'accomplissement de vos devoirs, de vos devoirs sansexception, de quelque nature qu'ils soient. N'est-ce pas un acte d'amourenvers <strong>le</strong> Seigneur que d'assister vos frères dans un besoin quelconque,moral ou physique ? N'est-ce pas faire un acte de reconnaissance qued'é<strong>le</strong>ver votre pensée vers lui quand un bonheur vous arrive, qu'unaccident est évité, qu'une contrariété même vous eff<strong>le</strong>ure seu<strong>le</strong>ment, sivous dites par la pensée : Soyez béni, mon Père ! N'est-ce pas un acte decontrition que de vous humilier devant <strong>le</strong> juge suprême quand voussentez que vous avez failli, ne fût-ce que par une pensée fugitive, et delui dire : Pardonnez-moi, mon Dieu, car j'ai péché (par orgueil, parégoïsme ou par manque de charité) ; donnez-moi la force de ne plusfaillir et <strong>le</strong> courage de réparer ?Ceci est indépendant des prières régulières du matin et du soir, et desjours consacrés ; mais, comme vous <strong>le</strong> voyez, la prière peut être de tous<strong>le</strong>s instants, sans apporter aucune interruption à vos travaux ; ainsi dite,el<strong>le</strong> <strong>le</strong>s sanctifie, au contraire. Et croyez bien qu'une seu<strong>le</strong> de ces penséespartant du coeur est plus écoutée de votre Père cé<strong>le</strong>ste que <strong>le</strong>s longuesprières dites par habitude, souvent sans cause déterminante, etauxquel<strong>le</strong>s l'heure convenue vous rappel<strong>le</strong> machina<strong>le</strong>ment. (V.MONOD. Bordeaux, 1862.)


DEMANDEZ ET VOUS OBTIENDREZ. 279Bonheur de la prière.23. Venez, vous qui vou<strong>le</strong>z croire : <strong>le</strong>s Esprits cé<strong>le</strong>stes accourent etviennent vous annoncer de grandes choses ; Dieu, mes enfants, ouvre sestrésors pour vous donner tous ses bienfaits. Hommes incrédu<strong>le</strong>s ! si voussaviez combien la foi fait de bien au coeur et porte l'âme au repentir et àla prière ! La prière ! ah ! combien sont touchantes <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s qui sortentde la bouche à l'heure où l'on prie ! La prière, c'est la rosée divine quidétruit la trop grande cha<strong>le</strong>ur des passions ; fil<strong>le</strong> aînée de la foi, el<strong>le</strong> nousmène dans <strong>le</strong> sentier qui conduit à Dieu. Dans <strong>le</strong> recueil<strong>le</strong>ment et lasolitude, vous êtes avec Dieu ; pour vous, plus de mystère : il se dévoi<strong>le</strong>à vous. Apôtres de la pensée, pour vous c'est la vie ; votre âme sedétache de la matière et rou<strong>le</strong> dans ces mondes infinis et éthérés que <strong>le</strong>spauvres humains méconnaissent.Marchez, marchez dans <strong>le</strong>s sentiers de la prière, et vous entendrez <strong>le</strong>svoix des anges. Quel<strong>le</strong> harmonie ! Ce n'est plus <strong>le</strong> bruit confus et <strong>le</strong>saccents criards de la terre ; ce sont <strong>le</strong>s lyres des archanges ; ce sont <strong>le</strong>svoix douces et suaves des séraphins, plus légères que <strong>le</strong>s brises du matinquand el<strong>le</strong>s se jouent dans la feuillée de vos grands bois. Dans quel<strong>le</strong>sdélices ne marcherez-vous pas ! vos langues ne pourront définir cebonheur, tant il entrera par tous <strong>le</strong>s pores, tant la source à laquel<strong>le</strong> onboit en priant est vive et rafraîchissante ! Douces voix, enivrants parfumsque l'âme entend et savoure quand el<strong>le</strong> s'élance dans ces sphèresinconnues et habitées par la prière ! Sans mélange de désirs charnels,toutes <strong>le</strong>s aspirations sont divines. Et vous aussi, priez comme Christportant sa croix du Golgotha au Calvaire ; portez votre croix, et voussentirez <strong>le</strong>s douces émotions qui passaient dans son âme, quoique chargéd'un bois infamant ; il allait mourir, mais pour vivre de la vie cé<strong>le</strong>stedans <strong>le</strong> séjour de son Père. (SAINT AUGUSTIN. Paris, 1861.)


CHAPITRE XXVIII-RECUEIL DE PRIERES SPIRITES.Préambu<strong>le</strong>.1. Les Esprits ont toujours dit : «La forme n'est rien, la pensée est tout.Priez chacun <strong>selon</strong> vos convictions et <strong>le</strong> mode qui vous touche <strong>le</strong> plus ;une bonne pensée vaut mieux que de nombreuses paro<strong>le</strong>s où <strong>le</strong> coeurn'est pour rien.»Les Esprits ne prescrivent aucune formu<strong>le</strong> absolue de prières ;lorsqu'ils en donnent, c'est afin de fixer <strong>le</strong>s idées, et surtout pour appe<strong>le</strong>rl'attention sur certains principes de la doctrine spirite. C'est aussi dans <strong>le</strong>but de venir en aide aux personnes qui sont embarrassées pour rendre<strong>le</strong>urs idées, car il en est qui ne croiraient pas avoir réel<strong>le</strong>ment prié si<strong>le</strong>urs pensées n'étaient pas formulées.Le recueil de prières contenues dans ce chapitre est un choix fait parmicel<strong>le</strong>s qui ont été dictées par <strong>le</strong>s Esprits en différentes circonstances ; ilsont pu en dicter d'autres, et en d'autres termes, appropriées à certainesidées ou à des cas spéciaux, mais peu importe la forme, si la penséefondamenta<strong>le</strong> est la même. Le but de la prière est d'é<strong>le</strong>ver notre âme àDieu ; la diversité des formu<strong>le</strong>s ne doit établir aucune différence entreceux qui croient en lui, et encore moins entre <strong>le</strong>s adeptes du Spiritisme,car Dieu <strong>le</strong>s accepte toutes lorsqu'el<strong>le</strong>s sont sincères.Il ne faut donc point considérer ce recueil comme un formulaireabsolu, mais comme une variété parmi <strong>le</strong>s instructions que donnent <strong>le</strong>sEsprits. C'est une application des principes de la mora<strong>le</strong> évangéliquedéveloppés dans ce livre, un complément à <strong>le</strong>urs dictées sur <strong>le</strong>s devoirsenvers Dieu et <strong>le</strong> prochain, où sont rappelés tous <strong>le</strong>s principes de ladoctrine.Le Spiritisme reconnaît comme bonnes <strong>le</strong>s prières de tous <strong>le</strong>s cultesquand el<strong>le</strong>s sont dites par <strong>le</strong> coeur et non par <strong>le</strong>s lèvres ; il n'en imposeaucune et n'en blâme aucune ; Dieu est trop grand, <strong>selon</strong> lui, pourrepousser la voix qui l'implore ou qui chante ses louanges, parce qu'el<strong>le</strong><strong>le</strong> fait d'une manière plutôt que d'une autre. Quiconque lanceraitl'anathème contre <strong>le</strong>s prières qui ne sont pas dans son formulaireprouverait qu'il méconnaît la grandeur de Dieu. Croire que Dieu tient àune formu<strong>le</strong>, c'est lui prêter la petitesse et <strong>le</strong>s passions de l'humanité.


RECUEIL DE PRIERES SPIRITES. 281Une condition essentiel<strong>le</strong> de la prière, <strong>selon</strong> saint Paul (ch. XXVII, n°16), est d'être intelligib<strong>le</strong>, afin qu'el<strong>le</strong> puisse par<strong>le</strong>r à notre esprit ; pourcela il ne suffit pas qu'el<strong>le</strong> soit dite en une langue comprise de celui quiprie ; il est des prières en langue vulgaire qui ne disent pas beaucoupplus à la pensée que si el<strong>le</strong>s étaient en langue étrangère, et qui, par celamême, ne vont pas au coeur ; <strong>le</strong>s rares idées qu'el<strong>le</strong>s renferment sontsouvent étouffées sous la surabondance des mots et <strong>le</strong> mysticisme dulangage.La principa<strong>le</strong> qualité de la prière est d'être claire, simp<strong>le</strong> et concise,sans phraséologie inuti<strong>le</strong>, ni luxe d'épithètes qui ne sont que des paruresde clinquant ; chaque mot doit avoir sa portée, réveil<strong>le</strong>r une idée, remuerune fibre : en un mot, el<strong>le</strong> doit faire réfléchir ; à cette seu<strong>le</strong> condition laprière peut atteindre son but, autrement ce n'est que du bruit. Aussivoyez avec quel air de distraction et quel<strong>le</strong> volubilité el<strong>le</strong>s sont dites laplupart du temps ; on voit <strong>le</strong>s lèvres qui remuent ; mais, à l'expression dela physionomie, au son même de la voix, on reconnaît un acte machinal,purement extérieur, auquel l'âme reste indifférente.Les prières réunies dans ce recueil sont divisées en cinq catégories : 1°Prières généra<strong>le</strong>s ; 2° Prières pour soi-même ; 3° Prières pour <strong>le</strong>svivants ; 4° Prières pour <strong>le</strong>s morts ; 5° Prières spécia<strong>le</strong>s pour <strong>le</strong>s maladeset <strong>le</strong>s obsédés.Dans <strong>le</strong> but d'appe<strong>le</strong>r plus particulièrement l'attention sur l'objet dechaque prière, et d'en mieux faire comprendre la portée, el<strong>le</strong>s sont toutesprécédées d'une instruction préliminaire, sorte d'exposé des motifs, sous<strong>le</strong> titre de préface.I. PRIERES GENERALES.Oraison dominica<strong>le</strong>.2. PREFACE. Les Esprits ont recommandé de placer l'Oraison dominica<strong>le</strong> entête de ce recueil, non seu<strong>le</strong>ment comme prière, mais comme symbo<strong>le</strong>. De toutes<strong>le</strong>s prières, c'est cel<strong>le</strong> qu'ils mettent au premier rang, soit parce qu'el<strong>le</strong> vient deJésus lui-même (saint Matthieu, ch. VI , v. de 9 à 13), soit parce qu'el<strong>le</strong> peut <strong>le</strong>ssuppléer toutes <strong>selon</strong> la pensée qu'on y attache ; c'est <strong>le</strong> plus parfait modè<strong>le</strong> deconcision, véritab<strong>le</strong> chef-d'oeuvre de sublimité dans sa simplicité. En effet, sous laforme la plus restreinte, el<strong>le</strong> résume tous <strong>le</strong>s devoirs de l'homme envers Dieu,envers lui-même et envers <strong>le</strong> prochain ; el<strong>le</strong> renferme une profession de foi, unacte d'adoration et de soumission, la demande des choses nécessaires à la vie, et <strong>le</strong>principe de la charité. La dire à l'intention de quelqu'un, c'est demander pour lui cequ'on demanderait pour soi.


282 CHAPITRE XXVIIICependant, en raison même de sa brièveté, <strong>le</strong> sens profond renfermé dans <strong>le</strong>squelques mots dont el<strong>le</strong> se compose échappe à la plupart ; c'est pourquoi on la ditgénéra<strong>le</strong>ment sans diriger sa pensée sur <strong>le</strong>s applications de chacune de ses parties ;on la dit comme une formu<strong>le</strong> dont l'efficacité est proportionnée au nombre de foisqu'el<strong>le</strong> est répétée ; or c'est presque toujours un des nombres cabalistiques trois,sept ou neuf, tirés de l'antique croyance superstitieuse à la vertu des nombres, et enusage dans <strong>le</strong>s opérations de la magie.Pour suppléer au vague que la concision de cette prière laisse dans la pensée,d'après <strong>le</strong> conseil et avec l'assistance des bons Esprits, il a été ajouté à chaqueproposition un commentaire qui en développe <strong>le</strong> sens et en montre <strong>le</strong>sapplications. Selon <strong>le</strong>s circonstances et <strong>le</strong> temps disponib<strong>le</strong>, on peut donc direl'Oraison dominica<strong>le</strong> simp<strong>le</strong> ou développée.3. PRIERE. - I. Notre Père, qui êtes aux cieux, que votre nom soitsanctifié !Nous croyons en vous, Seigneur, parce que tout révè<strong>le</strong> votre puissanceet votre bonté. L'harmonie de l'univers témoigne d'une sagesse, d'uneprudence et d'une prévoyance qui surpassent toutes <strong>le</strong>s facultéshumaines ; <strong>le</strong> nom d'un être souverainement grand et sage est inscritdans toutes <strong>le</strong>s oeuvres de la création, depuis <strong>le</strong> brin d'herbe et <strong>le</strong> pluspetit insecte jusqu'aux astres qui se meuvent dans l'espace ; partout nousvoyons la preuve d'une sollicitude paternel<strong>le</strong> ; c'est pourquoi aveug<strong>le</strong> estcelui qui ne vous reconnaît pas dans vos oeuvres, orgueil<strong>le</strong>ux celui quine vous glorifie pas, et ingrat celui qui ne vous rend pas des actions degrâce.II. Que votre règne arrive !Seigneur, vous avez donné aux hommes des lois p<strong>le</strong>ines de sagesse etqui feraient <strong>le</strong>ur bonheur s'ils <strong>le</strong>s observaient. Avec ces lois, ils feraientrégner entre eux la paix et la justice ; ils s'entraideraient mutuel<strong>le</strong>ment,au lieu de se nuire comme ils <strong>le</strong> font ; <strong>le</strong> fort soutiendrait <strong>le</strong> faib<strong>le</strong> au lieude l'écraser ; ils éviteraient <strong>le</strong>s maux qu'engendrent <strong>le</strong>s abus et <strong>le</strong>s excèsde tous genres. Toutes <strong>le</strong>s misères d'ici-bas viennent de la violation devos lois, car il n'est pas une seu<strong>le</strong> infraction qui n'ait ses conséquencesfata<strong>le</strong>s.Vous avez donné à la brute l'instinct qui lui trace la limite dunécessaire, et el<strong>le</strong> s'y conforme machina<strong>le</strong>ment ; mais à l'homme, outrecet instinct, vous avez donné l'intelligence et la raison ; vous lui avezaussi donné la liberté d'observer ou d'enfreindre cel<strong>le</strong>s de vos lois qui <strong>le</strong>concernent personnel<strong>le</strong>ment, c'est-à-dire de choisir entre <strong>le</strong> bien et <strong>le</strong>mal, afin qu'il ait <strong>le</strong> mérite et la responsabilité de ses actions.


RECUEIL DE PRIERES SPIRITES. 283Nul ne peut prétexter ignorance de vos lois, car, dans votreprévoyance paternel<strong>le</strong>, vous avez voulu qu'el<strong>le</strong>s fussent gravées dans laconscience de chacun, sans distinction de culte ni de nations ; ceux qui<strong>le</strong>s vio<strong>le</strong>nt, c'est qu'ils vous méconnaissent.Un jour viendra où, <strong>selon</strong> votre promesse, tous <strong>le</strong>s pratiqueront ; alorsl'incrédulité aura disparu ; tous vous reconnaîtront pour <strong>le</strong> souverainMaître de toutes choses, et <strong>le</strong> règne de vos lois sera votre règne sur laterre.Daignez, Seigneur, hâter son avènement, en donnant aux hommes lalumière nécessaire pour <strong>le</strong>s conduire sur <strong>le</strong> chemin de la vérité.III. Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel !Si la soumission est un devoir du fils à l'égard du père, de l'inférieurenvers son supérieur, combien ne doit pas être plus grande cel<strong>le</strong> de lacréature à l'égard de son Créateur ! Faire votre volonté, Seigneur, c'estobserver vos lois et se soumettre sans murmure à vos décrets divins ;l'homme s'y soumettra quand il comprendra que vous êtes la source detoute sagesse, et que sans vous il ne peut rien ; alors il fera votre volontésue la terre comme <strong>le</strong>s élus dans <strong>le</strong> ciel.IV. Donnez-nous notre pain de chaque jour.Donnez-nous la nourriture pour l'entretien des forces du corps ;donnez-nous aussi la nourriture spirituel<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> développement denotre Esprit.La brute trouve sa pâture, mais l'homme la doit à sa propre activité etaux ressources de son intelligence, parce que vous l'avez créé libre.Vous lui avez dit : «Tu tireras ta nourriture de la terre à la sueur de tonfront ;» par là, vous lui avez fait une obligation du travail, afin qu'i<strong>le</strong>xerçât son intelligence par la recherche des moyens de pourvoir à sesbesoins et à son bien-être, <strong>le</strong>s uns par <strong>le</strong> travail matériel, <strong>le</strong>s autres par <strong>le</strong>travail intel<strong>le</strong>ctuel ; sans <strong>le</strong> travail, il resterait stationnaire et ne pourraitaspirer à la félicité des Esprits supérieurs.Vous secondez l'homme de bonne volonté qui se confie à vous pour <strong>le</strong>nécessaire, mais non celui qui se complaît dans l'oisiveté et voudrait toutobtenir sans peine, ni celui qui cherche <strong>le</strong> superflu. (Ch. XXV.)Combien en est-il qui succombent par <strong>le</strong>ur propre faute, par <strong>le</strong>urincurie, <strong>le</strong>ur imprévoyance ou <strong>le</strong>ur ambition, et pour n'avoir pas voulu secontenter de ce que vous <strong>le</strong>ur aviez donné ! Ceux-là sont <strong>le</strong>s artisans de<strong>le</strong>ur propre infortune et n'ont pas <strong>le</strong> droit de se plaindre, car ils sontpunis par où ils ont péché. Mais ceux-là mêmes, vous ne <strong>le</strong>s abandonnez


284 CHAPITRE XXVIIIpas, parce que vous êtes infiniment miséricordieux ; vous <strong>le</strong>ur tendezune main secourab<strong>le</strong> dès que, comme l'enfant prodigue, ils reviennentsincèrement à vous. (Ch. V, n° 4.)Avant de nous plaindre de notre sort, demandons-nous s'il n'est pasnotre ouvrage ; à chaque malheur qui nous arrive, demandons-nous s'iln'eût pas dépendu de nous de l'éviter ; mais disons aussi que Dieu nous adonné l'intelligence pour nous tirer du bourbier, et qu'il dépend de nousd'en faire usage.Puisque la loi du travail est la condition de l'homme sur la terre,donnez-nous <strong>le</strong> courage et la force de l'accomplir ; donnez-nous aussi laprudence, la prévoyance et la modération, afin de n'en pas perdre <strong>le</strong> fruit.Donnez-nous donc, Seigneur, notre pain de chaque jour, c'est-à-dire<strong>le</strong>s moyens d'acquérir, par <strong>le</strong> travail, <strong>le</strong>s choses nécessaires à la vie, carnul n'a droit de réclamer <strong>le</strong> superflu.Si <strong>le</strong> travail nous est impossib<strong>le</strong>, nous nous confions en votre divineprovidence.S'il entre dans vos desseins de nous éprouver par <strong>le</strong>s plus duresprivations, malgré nos efforts, nous <strong>le</strong>s acceptons comme une justeexpiation des fautes que nous avons pu commettre dans cette vie ou dansune vie précédente, car vous êtes juste ; nous savons qu'il n'y a point depeines imméritées, et que vous ne châtiez jamais sans cause.Préservez-nous, ô mon Dieu, de concevoir de l'envie contre ceux quipossèdent ce que nous n'avons pas, ni même contre ceux qui ont <strong>le</strong>superflu, alors que nous manquons du nécessaire. Pardonnez-<strong>le</strong>ur s'ilsoublient la loi de charité et d'amour du prochain que vous <strong>le</strong>ur avezenseignée. (Ch. XVI, n° 8.) Ecartez aussi de notre esprit la pensée denier votre justice, en voyant la prospérité du méchant et <strong>le</strong> malheur quiaccab<strong>le</strong> parfois l'homme de bien. Nous savons maintenant, grâce auxnouvel<strong>le</strong>s lumières qu'il vous a plu de nous donner, que votre justicereçoit toujours son accomplissement et ne fait défaut à personne ; que laprospérité matériel<strong>le</strong> du méchant est éphémère comme son existencecorporel<strong>le</strong>, et qu'el<strong>le</strong> aura de terrib<strong>le</strong>s retours, tandis que la joie réservéeà celui qui souffre avec résignation sera éternel<strong>le</strong>. (Ch. V, n° 7, 9, 12,18.)V. Remettez-nous nos dettes comme nous <strong>le</strong>s remettons à ceux quinous doivent. - Pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons àceux qui nous ont offensés.Chacune de nos infractions à vos lois, Seigneur, est une offense enversvous, et une dette contractée qu'il nous faudra tôt ou tard acquitter. Nous


RECUEIL DE PRIERES SPIRITES. 285en sollicitons la remise de votre infinie miséricorde, sous la promesse defaire nos efforts pour n'en pas contracter de nouvel<strong>le</strong>s.Vous nous avez fait une loi expresse de la charité ; mais la charité neconsiste pas seu<strong>le</strong>ment à assister son semblab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> besoin ; el<strong>le</strong> estaussi dans l'oubli et <strong>le</strong> pardon des offenses. De quel droit réclamerionsnousvotre indulgence, si nous en manquons nous-mêmes à l'égard deceux dont nous avons à nous plaindre ?Donnez-nous, ô mon Dieu, la force d'étouffer dans notre âme toutressentiment, toute haine et toute rancune ; faites que la mort ne noussurprenne pas avec un désir de vengeance dans <strong>le</strong> coeur. S'il vous plaîtde nous retirer aujourd'hui même d'ici-bas, faites que nous puissionsnous présenter à vous purs de toute animosité, à l'exemp<strong>le</strong> du Christ,dont <strong>le</strong>s dernières paro<strong>le</strong>s furent pour ses bourreaux. (Ch. X.)Les persécutions que nous font endurer <strong>le</strong>s méchants font partie de nosépreuves terrestres ; nous devons <strong>le</strong>s accepter sans murmure, commetoutes <strong>le</strong>s autres épreuves, et ne pas maudire ceux qui, par <strong>le</strong>ursméchancetés, nous frayent <strong>le</strong> chemin du bonheur éternel, car vous nousavez dit, par la bouche de Jésus : «Bienheureux ceux qui souffrent pourla justice !» Bénissons donc la main qui nous frappe et nous humilie, car<strong>le</strong>s meurtrissures du corps fortifient notre âme, et nous serons re<strong>le</strong>vés denotre humilité. (Ch. XII, n° 4.)Béni soit votre nom, Seigneur, de nous avoir appris que notre sort n'estpoint irrévocab<strong>le</strong>ment fixé après la mort ; que nous trouverons dansd'autres existences <strong>le</strong>s moyens de racheter et de réparer nos fautespassées, d'accomplir dans une nouvel<strong>le</strong> vie ce que nous ne pouvons faireen cel<strong>le</strong>-ci pour notre avancement. (Ch. IV ; ch. V, n° 5.)Par là s'expliquent enfin toutes <strong>le</strong>s anomalies apparentes de la vie ;c'est la lumière jetée sur notre passé et notre avenir, <strong>le</strong> signe éclatant devotre souveraine justice et de votre bonté infinie.VI. Ne nous abandonnez point à la tentation, mais délivrez-nous dumal 10 .10 Certaines traductions portent : Ne nous induisez point en tentation (et ne nos inducas intentationem) ; cette expression donnerait à entendre que la tentation vient de Dieu, qu'ilpousse volontairement <strong>le</strong>s hommes au mal, pensée blasphématoire qui assimi<strong>le</strong>rait Dieu àSatan, et ne peut avoir été cel<strong>le</strong> de Jésus. El<strong>le</strong> est du reste conforme à la doctrine vulgaire sur<strong>le</strong> rô<strong>le</strong> des démons. (Voy. Ciel et Enfer, ch. X, <strong>le</strong>s Démons.)


286 CHAPITRE XXVIIIDonnez-nous, Seigneur, la force de résister aux suggestions desmauvais Esprits qui tenteraient de nous détourner de la voie du bien ennous inspirant de mauvaises pensées.Mais nous sommes nous-mêmes des Esprits imparfaits, incarnés surcette terre pour expier et nous améliorer. La cause première du mal esten nous, et <strong>le</strong>s mauvais Esprits ne font que profiter de nos penchantsvicieux, dans <strong>le</strong>squels ils nous entretiennent, pour nous tenter.Chaque imperfection est une porte ouverte à <strong>le</strong>ur influence, tandisqu'ils sont impuissants et renoncent à toute tentative contre <strong>le</strong>s êtresparfaits. Tout ce que nous pourrions faire pour <strong>le</strong>s écarter est inuti<strong>le</strong>, sinous ne <strong>le</strong>ur opposons une volonté inébranlab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> bien, et unrenoncement absolu au mal. C'est donc contre nous-mêmes qu'il fautdiriger nos efforts, et alors <strong>le</strong>s mauvais Esprits s'éloignerontnaturel<strong>le</strong>ment, car c'est <strong>le</strong> mal qui <strong>le</strong>s attire, tandis que <strong>le</strong> bien <strong>le</strong>srepousse. (V. ci-après, Prières pour <strong>le</strong>s obsédés.)Seigneur, soutenez-nous dans notre faib<strong>le</strong>sse ; inspirez-nous, par lavoix de nos anges gardiens et des bons Esprits, la volonté de nouscorriger de nos imperfections, afin de fermer aux Esprits impurs l'accèsde notre âme. (V. ci-après, n° 11.)Le mal n'est point votre ouvrage, Seigneur, car la source de tout bienne peut rien engendrer de mauvais ; c'est nous-mêmes qui <strong>le</strong> créons enenfreignant vos lois, et par <strong>le</strong> mauvais usage que nous faisons de laliberté que vous nous avez donnée. Quand <strong>le</strong>s hommes observeront voslois, <strong>le</strong> mal disparaîtra de la terre, comme il a déjà disparu dans <strong>le</strong>smondes plus avancés.Le mal n'est une nécessité fata<strong>le</strong> pour personne, et il ne paraîtirrésistib<strong>le</strong> qu'à ceux qui s'y abandonnent avec complaisance. Si nousavons la volonté de <strong>le</strong> faire, nous pouvons avoir aussi cel<strong>le</strong> de faire <strong>le</strong>bien ; c'est pourquoi, ô mon Dieu, nous demandons votre assistance etcel<strong>le</strong> des bons Esprits pour résister à la tentation.VII. Ainsi soit-il.Plaise à vous, Seigneur, que nos désirs s'accomplissent ! Mais nousnous inclinons devant votre sagesse infinie. Sur toutes <strong>le</strong>s choses qu'il nenous est pas donné de comprendre, qu'il soit fait <strong>selon</strong> votre saintevolonté, et non <strong>selon</strong> la nôtre, car vous ne vou<strong>le</strong>z que notre bien, et voussavez mieux que nous ce qui nous est uti<strong>le</strong>.Nous vous adressons cette prière, ô mon Dieu ! pour nous-mêmes ;nous vous l'adressons aussi pour toutes <strong>le</strong>s âmes souffrantes, incarnées


RECUEIL DE PRIERES SPIRITES. 287ou désincarnées, pour nos amis et nos ennemis, pour tous ceux quiréclament notre assistance, et en particulier pour N....Nous appelons sur tous votre miséricorde et votre bénédiction.Nota. On peut formu<strong>le</strong>r ici ce dont on remercie Dieu, et ce que l'ondemande pour soi-même ou pour autrui. (Voir ci-après <strong>le</strong>s prières n° 26,27.)Réunions spirites.4. En quelque lieu que se trouvent deux ou trois personnes assemblées en monnom, je m'y trouve au milieu d'el<strong>le</strong>s. (Saint Matthieu, ch. XVIII, v. 20.)5. PREFACE. Etre assemblés au nom de Jésus ne veut pas dire qu'il suffit d'êtreréunis matériel<strong>le</strong>ment, mais de l'être spirituel<strong>le</strong>ment, par la communautéd'intention et de pensées pour <strong>le</strong> bien ; alors Jésus se trouve au milieu del'assemblée, lui ou <strong>le</strong>s purs Esprits qui <strong>le</strong> représentent. Le Spiritisme nous faitcomprendre comment <strong>le</strong>s Esprits peuvent être parmi nous. Ils y sont avec <strong>le</strong>urcorps fluidique ou spirituel, et avec l'apparence qui nous <strong>le</strong>s ferait connaître s'ils serendaient visib<strong>le</strong>s. Plus ils sont é<strong>le</strong>vés dans la hiérarchie, plus est grande <strong>le</strong>urpuissance de rayonnement ; c'est ainsi qu'ils possèdent <strong>le</strong> don d'ubiquité et qu'ilspeuvent se trouver sur plusieurs points simultanément : il suffit pour cela d'unrayon de <strong>le</strong>ur pensée.Par ces paro<strong>le</strong>s, Jésus a voulu montrer l'effet de l'union et de la fraternité ; cen'est pas <strong>le</strong> plus ou moins grand nombre qui l'attire, puisque, au lieu de deux outrois personnes, il aurait pu dire dix ou vingt, mais <strong>le</strong> sentiment de charité qui <strong>le</strong>sanime à l'égard <strong>le</strong>s unes des autres ; or, pour cela, il suffit qu'il y en ait deux. Maissi ces deux personnes prient chacune de <strong>le</strong>ur côté, bien qu'el<strong>le</strong>s s'adressent à Jésus,il n'y a point entre el<strong>le</strong>s communion de pensées, si surtout el<strong>le</strong>s ne sont pas muespar un sentiment de bienveillance mutuel<strong>le</strong> ; si même el<strong>le</strong>s se voient d'un mauvaisoeil, avec haine, envie ou jalousie, <strong>le</strong>s courants fluidiques de <strong>le</strong>urs pensées serepoussent au lieu de s'unir par un commun élan de sympathie, et alors El<strong>le</strong>s nesont point assemblées au nom de Jésus ; Jésus n'est que <strong>le</strong> prétexte de la réunion,et non <strong>le</strong> véritab<strong>le</strong> mobi<strong>le</strong>. (Ch. XXVII, n° 9.)Ceci n'implique point qu'il soit sourd à la voix d'une seu<strong>le</strong> personne ; s'il n'apoint dit : «Je viendrai vers quiconque m'appel<strong>le</strong>ra,» c'est qu'il exige avant toutl'amour du prochain dont on peut donner plus de preuves quand on est plusieursque dans l'iso<strong>le</strong>ment, et que tout sentiment personnel l'éloigne ; il s'ensuit que si,dans une assemblée nombreuse, deux ou trois personnes seu<strong>le</strong>ment s'unissent decoeur par <strong>le</strong> sentiment d'une véritab<strong>le</strong> charité, tandis que <strong>le</strong>s autres s'iso<strong>le</strong>nt et seconcentrent dans des pensées égoïstes ou mondaines, il sera avec <strong>le</strong>s premières etnon avec <strong>le</strong>s autres. Ce n'est donc pas la simultanéité des paro<strong>le</strong>s, des chants oudes actes extérieurs qui constitue la réunion au nom de Jésus, mais la communionde pensées conformes à l'esprit de charité personnifié dans Jésus. (Ch. X, n° 7, 8 ;ch. XXVII, n° 2, 3, 4.)


288 CHAPITRE XXVIIITel doit être <strong>le</strong> caractère des réunions spirites sérieuses, de cel<strong>le</strong>s où l'on veutsincèrement <strong>le</strong> concours des bons Esprits.6. PRIERE. (Au commencement de la réunion). - Nous prions <strong>le</strong>Seigneur Dieu Tout-Puissant de nous envoyer de bons Esprits pour nousassister, d'éloigner ceux qui pourraient nous induire en erreur, et de nousdonner la lumière nécessaire pour distinguer la vérité de l'imposture.Ecartez aussi <strong>le</strong>s Esprits malveillants, incarnés ou désincarnés, quipourraient tenter de jeter la désunion parmi nous, et nous détourner de lacharité et de l'amour du prochain. Si quelques-uns cherchaient às'introduire ici, faites qu'ils ne trouvent accès dans <strong>le</strong> coeur d'aucun denous.Bons Esprits qui daignez venir nous instruire, rendez-nous doci<strong>le</strong>s àvos conseils ; détournez-nous de toute pensée d'égoïsme, d'orgueil,d'envie et de jalousie ; inspirez-nous l'indulgence et la bienveillance pournos semblab<strong>le</strong>s présents ou absents, amis ou ennemis ; faites enfinqu'aux sentiments dont nous serons animés, nous reconnaissions votresalutaire influence.Donnez aux médiums que vous chargerez de nous transmettre vosenseignements la conscience de la sainteté du mandat qui <strong>le</strong>ur est confiéet de la gravité de l'acte qu'ils vont accomplir, afin qu'ils y apportent laferveur et <strong>le</strong> recueil<strong>le</strong>ment nécessaires.Si, dans l'assemblée, il se trouvait des personnes qui y fussent attiréespar d'autres sentiments que celui du bien, ouvrez <strong>le</strong>urs yeux à la lumière,et pardonnez-<strong>le</strong>ur, comme nous <strong>le</strong>ur pardonnons si el<strong>le</strong>s venaient avecdes intentions malveillantes.Nous prions notamment l'Esprit de N..., notre guide spirituel, de nousassister et de veil<strong>le</strong>r sur nous.7. (A la fin de la réunion). - Nous remercions <strong>le</strong>s bons Esprits qui ontbien voulu venir se communiquer à nous ; nous <strong>le</strong>s prions de nous aiderà mettre en pratique <strong>le</strong>s instructions qu'ils nous ont données, et de fairequ'en sortant d'ici chacun de nous se sente fortifié dans la pratique dubien et de l'amour du prochain.Nous désirons éga<strong>le</strong>ment que ces instructions soient profitab<strong>le</strong>s auxEsprits souffrants, ignorants ou vicieux, qui ont pu assister à cetteréunion, et sur <strong>le</strong>squels nous appelons la miséricorde de Dieu.Pour <strong>le</strong>s médiums.8. Dans <strong>le</strong>s derniers temps, dit <strong>le</strong> Seigneur, je répandrai de mon Esprit sur toutechair ; vos fils et vos fil<strong>le</strong>s prophétiseront ; vos jeunes gens auront des visions, et


RECUEIL DE PRIERES SPIRITES. 289vos vieillards des songes. - En ces jours-là je répandrai de mon Esprit sur messerviteurs et sur mes servantes, et ils prophétiseront. (Actes, ch. II, v. 17, 18.)9. PREFACE. Le Seigneur a voulu que la lumière se fît pour tous <strong>le</strong>s hommes etpénétrât partout par la voix des Esprits, afin que chacun pût acquérir la preuve del'immortalité ; c'est dans ce but que <strong>le</strong>s Esprits se manifestent aujourd'hui sur tous<strong>le</strong>s points de la terre, et la médiumnité qui se révè<strong>le</strong> chez des personnes de tousâges et de toutes conditions, chez <strong>le</strong>s hommes et chez <strong>le</strong>s femmes, chez <strong>le</strong>s enfantset chez <strong>le</strong>s vieillards, est un des signes de l'accomplissement des temps prédits.Pour connaître <strong>le</strong>s choses du monde visib<strong>le</strong> et découvrir <strong>le</strong>s secrets de la naturematériel<strong>le</strong>, Dieu a donné à l'homme la vue du corps, <strong>le</strong>s sens et des instrumentsspéciaux ; avec <strong>le</strong> té<strong>le</strong>scope il plonge ses regards dans <strong>le</strong>s profondeurs de l'espace,et avec <strong>le</strong> microscope il a découvert <strong>le</strong> monde des infiniment petits. Pour pénétrerdans <strong>le</strong> monde invisib<strong>le</strong>, il lui a donné la médiumnité.Les médiums sont <strong>le</strong>s interprètes chargés de transmettre aux hommes <strong>le</strong>senseignements des Esprits ; ou mieux, ce sont <strong>le</strong>s organes matériels par <strong>le</strong>squelss'expriment <strong>le</strong>s Esprits pour se rendre intelligib<strong>le</strong>s aux hommes. Leur mission estsainte, car el<strong>le</strong> a pour but d'ouvrir <strong>le</strong>s horizons de la vie éternel<strong>le</strong>.Les Esprits viennent instruire l'homme sur ses destinées futures, afin de <strong>le</strong>ramener dans la voie du bien, et non pour lui épargner <strong>le</strong> travail matériel qu'il doitaccomplir ici-bas pour son avancement, ni pour favoriser son ambition et sacupidité. Voilà ce dont <strong>le</strong>s médiums doivent se bien pénétrer, pour ne pas mésuserde <strong>le</strong>ur faculté. Celui qui comprend la gravité du mandat dont il est investi,l'accomplit religieusement ; sa conscience lui reprocherait, comme un actesacrilège, de faire un amusement et une distraction, pour lui ou <strong>le</strong>s autres, d'unefaculté donnée dans un but aussi sérieux, et qui <strong>le</strong> met en rapport avec <strong>le</strong>s êtresd'outre-tombe.Comme interprètes de l'enseignement des Esprits, <strong>le</strong>s médiums doivent jouer unrô<strong>le</strong> important dans la transformation mora<strong>le</strong> qui s'opère ; <strong>le</strong>s services qu'ilspeuvent rendre sont en raison de la bonne direction qu'ils donnent à <strong>le</strong>ur faculté,car ceux qui sont dans une mauvaise voie sont plus nuisib<strong>le</strong>s qu'uti<strong>le</strong>s à la causedu Spiritisme ; par <strong>le</strong>s mauvaises impressions qu'ils produisent, ils retardent plusd'une conversion. C'est pourquoi il <strong>le</strong>ur sera demandé compte de l'usage qu'ilsauront fait d'une faculté qui <strong>le</strong>ur avait été donnée pour <strong>le</strong> bien de <strong>le</strong>urs semblab<strong>le</strong>s.Le médium qui veut conserver l'assistance des bons Esprits doit travail<strong>le</strong>r à sapropre amélioration ; celui qui veut voir grandir et développer sa faculté doit luimêmegrandir mora<strong>le</strong>ment, et s'abstenir de tout ce qui tendrait à la détourner deson but providentiel.Si <strong>le</strong>s bons Esprits se servent parfois d'instruments imparfaits, c'est pour donnerde bons conseils et tâcher de <strong>le</strong>s ramener au bien ; mais s'ils trouvent des coeursendurcis, et si <strong>le</strong>urs avis ne sont pas écoutés, ils se retirent, et <strong>le</strong>s mauvais ont alors<strong>le</strong> champ libre. (Ch. XXIV, n° 11 , 12).


290 CHAPITRE XXVIIIL'expérience prouve que, chez ceux qui ne mettent pas à profit <strong>le</strong>s conseilsqu'ils reçoivent des bons Esprits, <strong>le</strong>s communications, après avoir jeté quelqueéclat pendant un certain temps, dégénèrent peu à peu, et finissent par tomber dansl'erreur, <strong>le</strong> verbiage ou <strong>le</strong> ridicu<strong>le</strong>, signe incontestab<strong>le</strong> de l'éloignement des bonsEsprits.Obtenir l'assistance des bons Esprits, écarter <strong>le</strong>s Esprits légers et menteurs, teldoit être l'objet des efforts constants de tous <strong>le</strong>s médiums sérieux ; sans cela lamédiumnité est une faculté stéri<strong>le</strong>, qui peut même tourner au préjudice de celui quila possède, car el<strong>le</strong> peut dégénérer en obsession dangereuse.Le médium qui comprend son devoir, au lieu de s'enorgueillir d'une faculté quine lui appartient pas, puisqu'el<strong>le</strong> peut lui être retirée, rapporte à Dieu <strong>le</strong>s bonneschoses qu'il obtient. Si ses communications méritent des éloges, il n'en tire pasvanité, parce qu'il sait qu'el<strong>le</strong>s sont indépendantes de son mérite personnel, et ilremercie Dieu d'avoir permis que de bons Esprits vinssent se manifester à lui. Siel<strong>le</strong>s donnent lieu à la critique, il ne s'en offense pas, parce qu'el<strong>le</strong>s ne sont pasl'oeuvre de son propre Esprit ; il se dit qu'il n'a pas été un bon instrument, et qu'ilne possède pas toutes <strong>le</strong>s qualités nécessaires pour s'opposer à l'immixtion desmauvais Esprits ; c'est pourquoi il cherche à acquérir ces qualités, et demande, parla prière, la force qui lui manque.10. PRIERE - Dieu Tout-Puissant, permettez aux bons Esprits dem'assister dans la communication que je sollicite. Préservez-moi de laprésomption de me croire à l'abri des mauvais Esprits ; de l'orgueil quipourrait m'abuser sur la va<strong>le</strong>ur de ce que j'obtiens ; de tout sentimentcontraire à la charité à l'égard des autres médiums. Si je suis induit enerreur, inspirez à quelqu'un la pensée de m'en avertir, et à moi l'humilitéqui me fera accepter la critique avec reconnaissance, et prendre pourmoi-même, et non pour <strong>le</strong>s autres, <strong>le</strong>s conseils que voudront bien medicter <strong>le</strong>s bons Esprits.Si j'étais tenté d'abuser en quoi que ce soit, ou de tirer vanité de lafaculté qu'il vous a plu de m'accorder, je vous prie de me la retirer, plutôtque de permettre qu'el<strong>le</strong> soit détournée de son but providentiel, qui est <strong>le</strong>bien de tous, et mon propre avancement moral.II. PRIERES POUR SOI-MEME.Aux Anges gardiens et aux Esprits protecteurs.11. PREFACE. Nous avons tous un bon Esprit qui s'est attaché à nous dès notrenaissance et nous a pris sous sa protection. Il remplit auprès de nous la missiond'un père auprès de son enfant : cel<strong>le</strong> de nous conduire dans la voie du bien et duprogrès à travers <strong>le</strong>s épreuves de la vie. Il est heureux quand nous répondons à sasollicitude ; il gémit quand il nous voit succomber.


RECUEIL DE PRIERES SPIRITES. 291Son nom nous importe peu, car il peut n'avoir point de nom connu sur la terre ;nous l'invoquons alors comme notre ange gardien, notre bon génie ; nous pouvonsmême l'invoquer sous <strong>le</strong> nom d'un Esprit supérieur quelconque pour <strong>le</strong>quel nousnous sentons plus particulièrement de la sympathie.Outre notre ange gardien, qui est toujours un Esprit supérieur, nous avons desEsprits protecteurs qui, pour être moins é<strong>le</strong>vés, n'en sont pas moins bons etbienveillants ; ce sont, ou des parents, ou des amis, ou quelquefois des personnesque nous n'avons pas connues dans notre existence actuel<strong>le</strong>. Ils nous assistent par<strong>le</strong>urs conseils, et souvent par <strong>le</strong>ur intervention dans <strong>le</strong>s actes de notre vie.Les Esprits sympathiques sont ceux qui s'attachent à nous par une certainesimilitude de goûts et de penchants ; ils peuvent être bons ou mauvais, <strong>selon</strong> lanature des inclinations qui <strong>le</strong>s attirent vers nous.Les Esprits séducteurs s'efforcent de nous détourner de la voie du bien, en noussuggérant de mauvaises pensées. Ils profitent de toutes nos faib<strong>le</strong>sses commed'autant de portes ouvertes qui <strong>le</strong>ur donnent accès dans notre âme. Il en est quis'acharnent après nous comme sur une proie, mais ils s'éloignent lorsqu'ilsreconnaissent <strong>le</strong>ur impuissance à lutter contre notre volonté.Dieu nous a donné un guide principal et supérieur dans notre ange gardien, etdes guides secondaires dans nos Esprits protecteurs et familiers ; mais c'est uneerreur de croire que nous avons forcément un mauvais génie placé près de nouspour contrebalancer <strong>le</strong>s bonnes influences. Les mauvais Esprits viennentvolontairement, <strong>selon</strong> qu'ils trouvent prise sur nous par notre faib<strong>le</strong>sse ou notrenégligence à suivre <strong>le</strong>s inspirations des bons Esprits ; c'est donc nous qui <strong>le</strong>sattirons. Il en résulte qu'on n'est jamais privé de l'assistance des bons Esprits, etqu'il dépend de nous d'écarter <strong>le</strong>s mauvais. Par ses imperfections, l'homme étant lapremière cause des misères qu'il endure est <strong>le</strong> plus souvent son propre mauvaisgénie. (Ch. V, n° 4).La prière aux anges gardiens et aux Esprits protecteurs doit avoir pour but desolliciter <strong>le</strong>ur intervention auprès de Dieu, de <strong>le</strong>ur demander la force de résisteraux mauvaises suggestions, et <strong>le</strong>ur assistance dans <strong>le</strong>s besoins de la vie.12. PRIERE.- Esprits sages et bienveillants, messagers de Dieu, dontla mission est d'assister <strong>le</strong>s hommes et de <strong>le</strong>s conduire dans la bonnevoie, soutenez-moi dans <strong>le</strong>s épreuves de cette vie ; donnez-moi la forcede <strong>le</strong>s subir sans murmure ; détournez de moi <strong>le</strong>s mauvaises pensées, etfaites que je ne donne accès à aucun des mauvais Esprits qui tenteraientde m'induire au mal. Eclairez ma conscience sur mes défauts, et <strong>le</strong>vez dedessus mes yeux <strong>le</strong> voi<strong>le</strong> de l'orgueil qui pourrait m'empêcher de <strong>le</strong>sapercevoir et de me <strong>le</strong>s avouer à moi-même.Vous surtout, N..., mon ange gardien, qui veil<strong>le</strong>z plus particulièrementsur moi, et vous tous, Esprits protecteurs qui vous intéressez à moi,


292 CHAPITRE XXVIIIfaites que je me rende digne de votre bienveillance. Vous connaissezmes besoins, qu'il y soit satisfait <strong>selon</strong> la volonté de Dieu.13. (Autre). - Mon Dieu, permettez aux bons Esprits qui m'entourentde venir à mon aide lorsque je suis dans la peine, et de me soutenir si jechancel<strong>le</strong>. Faites, Seigneur, qu'ils m'inspirent la foi, l'espérance et lacharité ; qu'ils soient pour moi un appui, un espoir et une preuve de votremiséricorde ; faites enfin que je trouve près d'eux la force qui memanque dans <strong>le</strong>s épreuves de la vie, et, pour résister aux suggestions dumal, la foi qui sauve et l'amour qui conso<strong>le</strong>.14. (Autre). - Esprits bien-aimés, anges gardiens, vous à qui Dieu,dans son infinie miséricorde, permet de veil<strong>le</strong>r sur <strong>le</strong>s hommes, soyeznos protecteurs dans <strong>le</strong>s épreuves de notre vie terrestre. Donnez-nous laforce, <strong>le</strong> courage et la résignation ; inspirez-nous tout ce qui est bon,retenez-nous sur la pente du mal ; que votre douce influence pénètrenotre âme ; faites que nous sentions qu'un ami dévoué est là, près denous, qu'il voit nos souffrances et partage nos joies.Et vous, mon bon ange, ne m'abandonnez pas ; j'ai besoin de toutevotre protection pour supporter avec foi et amour <strong>le</strong>s épreuves qu'ilplaira à Dieu de m'envoyer.Pour éloigner <strong>le</strong>s mauvais Esprits.15. Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, parce que vous nettoyez <strong>le</strong>dehors de la coupe et du plat, et que vous êtes au-dedans p<strong>le</strong>ins de rapines etd'impuretés. - Pharisiens aveug<strong>le</strong>s, nettoyez premièrement <strong>le</strong> dedans de la coupe etdu plat, afin que <strong>le</strong> dehors en soit net aussi. - Malheur à vous, Scribes et Pharisienshypocrites ! parce que vous êtes semblab<strong>le</strong>s à des sépulcres blanchis, qui audehorsparaissent beaux aux yeux des hommes, mais qui, au-dedans, sont p<strong>le</strong>ins detoutes sortes de pourriture. - Ainsi, au-dehors vous paraissez justes aux yeux deshommes, mais au-dedans vous êtes p<strong>le</strong>ins d'hypocrisie et d'iniquités. (SaintMatthieu, ch. XIII, v. 25 à 28.)16. PREFACE. Les mauvais Esprits ne vont que là où ils trouvent à satisfaire<strong>le</strong>ur perversité ; pour <strong>le</strong>s éloigner, il ne suffit pas de <strong>le</strong> demander, ni même de <strong>le</strong><strong>le</strong>ur commander : il faut ôter de soi ce qui <strong>le</strong>s attire. Les mauvais Esprits flairent<strong>le</strong>s plaies de l'âme, comme <strong>le</strong>s mouches flairent <strong>le</strong>s plaies du corps ; de même quevous nettoyez <strong>le</strong> corps pour éviter la vermine, nettoyez aussi l'âme de sesimpuretés pour éviter <strong>le</strong>s mauvais Esprits. Comme nous vivons dans un monde oùpullu<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s mauvais Esprits, <strong>le</strong>s bonnes qualités du coeur ne mettent pas toujoursà l'abri de <strong>le</strong>urs tentatives, mais el<strong>le</strong>s donnent la force de <strong>le</strong>ur résister.17. PRIERE. - Au nom de Dieu Tout-Puissant, que <strong>le</strong>s mauvais Espritss'éloignent de moi, et que <strong>le</strong>s bons me servent de rempart contre eux !


RECUEIL DE PRIERES SPIRITES. 293Esprits malfaisants qui inspirez aux hommes de mauvaises pensées ;Esprits fourbes et menteurs qui <strong>le</strong>s trompez ; Esprits moqueurs qui vousjouez de <strong>le</strong>ur crédulité, je vous repousse de toutes <strong>le</strong>s forces de mon âmeet ferme l'oreil<strong>le</strong> à vos suggestions ; mais j'appel<strong>le</strong> sur vous lamiséricorde de Dieu.Bons Esprits qui daignez m'assister, donnez-moi la force de résister àl'influence des mauvais Esprits, et <strong>le</strong>s lumières nécessaires pour n'êtrepas dupe de <strong>le</strong>urs fourberies. Préservez-moi de l'orgueil et de laprésomption ; écartez de mon coeur la jalousie, la haine, la malveillanceet tout sentiment contraire à la charité, qui sont autant de portes ouvertesà l'Esprit du mal.Pour demander à se corriger d'un défaut.18. PREFACE. Nos mauvais instincts sont <strong>le</strong> résultat de l'imperfection de notrepropre Esprit, et non de notre organisation, autrement l'homme échapperait à touteespèce de responsabilité. Notre amélioration dépend de nous, car tout homme qui ala jouissance de ses facultés a, pour toutes choses, la liberté de faire ou de ne pasfaire ; il ne lui manque, pour faire <strong>le</strong> bien, que la volonté. (Ch. XV, n°10 ; ch. XIX,n°12.)19. PRIERE. - Vous m'avez donné, ô mon Dieu, l'intelligencenécessaire pour distinguer ce qui est bien de ce qui est mal ; or, dumoment que je reconnais qu'une chose est mal, je suis coupab<strong>le</strong> de nepas m'efforcer d'y résister.Préservez-moi de l'orgueil qui pourrait m'empêcher de m'apercevoir demes défauts, et des mauvais Esprits qui pourraient m'exciter à ypersévérer.Parmi mes imperfections, je reconnais que je suis particulièrementenclin à ..., et si je ne résiste pas à cet entraînement, c'est par l'habitudeque j'ai contractée d'y céder.Vous ne m'avez pas créé coupab<strong>le</strong>, parce que vous êtes juste, maisavec une aptitude éga<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> bien et pour <strong>le</strong> mal ; si j'ai suivi lamauvaise voie, c'est par un effet de mon libre arbitre. Mais par la raisonque j'ai eu la liberté de faire <strong>le</strong> mal, j'ai cel<strong>le</strong> de faire <strong>le</strong> bien, parconséquent j'ai cel<strong>le</strong> de changer de route.Mes défauts actuels sont un reste des imperfections que j'ai gardées demes précédentes existences ; c'est mon péché originel dont je puis medébarrasser par ma volonté et avec l'assistance des bons Esprits.


294 CHAPITRE XXVIIIBons Esprits qui me protégez, et vous surtout mon ange gardien,donnez-moi la force de résister aux mauvaises suggestions, et de sortirvictorieux de la lutte.Les défauts sont <strong>le</strong>s barrières qui nous séparent de Dieu, et chaquedéfaut dompté est un pas fait dans la voie de l'avancement qui doit merapprocher de lui.Le Seigneur, dans son infinie miséricorde, a daigné m'accorderl'existence actuel<strong>le</strong> pour qu'el<strong>le</strong> servît à mon avancement ; bons Esprits,aidez-moi à la mettre à profit, afin qu'el<strong>le</strong> ne soit pas perdue pour moi, etque, lorsqu'il plaira à Dieu de m'en retirer, j'en sorte meil<strong>le</strong>ur que je n'ysuis entré. (Ch. V, n°5 ; ch. XVII, n°3.)Pour demander à résister à une tentation.20. PREFACE. Toute mauvaise pensée peut avoir deux sources : la propreimperfection de notre âme, ou une funeste influence qui agit sur el<strong>le</strong> ; dans cedernier cas, c'est toujours l'indice d'une faib<strong>le</strong>sse qui nous rend propres à recevoircette influence, et par conséquent d'une âme imparfaite ; de tel<strong>le</strong> sorte que celuiqui faillit ne saurait invoquer pour excuse l'influence d'un Esprit étranger, puisquecet Esprit ne l'aurait point sollicité au mal, s'il l'avait jugé inaccessib<strong>le</strong> à laséduction.Quand une mauvaise pensée surgit en nous, nous pouvons donc nousreprésenter un Esprit malveillant nous sollicitant au mal, et auquel nous sommestout aussi libres de céder ou de résister que s'il s'agissait des sollicitations d'unepersonne vivante. Nous devons en même temps nous représenter notre angegardien, ou Esprit protecteur qui, de son côté, combat en nous la mauvaiseinfluence, et attend avec anxiété la décision que nous allons prendre. Notrehésitation à faire <strong>le</strong> mal est la voix du bon Esprit qui se fait entendre par laconscience.On reconnaît qu'une pensée est mauvaise quand el<strong>le</strong> s'écarte de la charité, quiest la base de toute vraie mora<strong>le</strong> ; quand el<strong>le</strong> a pour principe l'orgueil, la vanité oul'égoïsme ; quand sa réalisation peut causer un préjudice quelconque à autrui ;quand, enfin, el<strong>le</strong> nous sollicite à faire aux autres ce que nous ne voudrions pasqu'on nous fît. (Ch. XXVIII, n°15 ; ch. XV, n°10.)21. PRIERE. - Dieu Tout-Puissant, ne me laissez pas succomber à latentation que j'ai de faillir. Esprits bienveillants qui me protégez,détournez de moi cette mauvaise pensée, et donnez-moi la force derésister à la suggestion du mal. Si je succombe, j'aurai mérité l'expiationde ma faute en cette vie et en l'autre, parce que je suis libre de choisir.


RECUEIL DE PRIERES SPIRITES. 295Action de grâces pour une victoire obtenue sur une tentation.22. PREFACE. Celui qui a résisté à une tentation <strong>le</strong> doit à l'assistance des bonsEsprits dont il a écouté la voix. Il doit en remercier Dieu et son ange gardien.23. PRIERE. - Mon Dieu, je vous remercie de m'avoir permis de sortirvictorieux de la lutte que je viens de soutenir contre <strong>le</strong> mal ; faites quecette victoire me donne la force de résister à de nouvel<strong>le</strong>s tentations.Et vous, mon ange gardien, je vous remercie de l'assistance que vousm'avez donnée. Puisse ma soumission à vos conseils me mériter denouveau votre protection !Pour demander un conseil.24. PREFACE. Lorsque nous sommes indécis de faire ou de ne pas faire unechose, nous devons avant tout nous poser à nous-mêmes <strong>le</strong>s questions suivantes :1° La chose que j'hésite à faire peut-el<strong>le</strong> porter un préjudice quelconque àautrui ?2° Peut-el<strong>le</strong> être uti<strong>le</strong> à quelqu'un ?3° Si quelqu'un faisait cette chose à mon égard, en serais-je satisfait ?Si la chose n'intéresse que soi, il est permis de mettre en balance la somme desavantages et des inconvénients personnels qui peuvent en résulter.Si el<strong>le</strong> intéresse autrui, et qu'en faisant du bien à l'un el<strong>le</strong> puisse faire du mal àun autre, il faut éga<strong>le</strong>ment peser la somme du bien et du mal pour s'abstenir ouagir.Enfin, même pour <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>ures choses, il faut encore considérer l'opportunitéet <strong>le</strong>s circonstances accessoires, car une chose bonne en el<strong>le</strong>-même peut avoir demauvais résultats entre des mains inhabi<strong>le</strong>s, et si el<strong>le</strong> n'est pas conduite avecprudence et circonspection. Avant de l'entreprendre, il convient de consulter sesforces et ses moyens d'exécution.Dans tous <strong>le</strong>s cas, on peut toujours réclamer l'assistance de ses Espritsprotecteurs en se souvenant de cette sage maxime : Dans <strong>le</strong> doute, abstiens-toi.(Ch. XXVIII, n°38.)25. PRIERE. - Au nom de Dieu Tout-Puissant, bons Esprits qui meprotégez, inspirez-moi la meil<strong>le</strong>ure résolution à prendre dansl'incertitude où je suis. Dirigez ma pensée vers <strong>le</strong> bien, et détournezl'influence de ceux qui tenteraient de m'égarer.Dans <strong>le</strong>s afflictions de la vie.26. PREFACE. Nous pouvons demander à Dieu des faveurs terrestres, et il peutnous <strong>le</strong>s accorder lorsqu'el<strong>le</strong>s ont un but uti<strong>le</strong> et sérieux ; mais comme nous


296 CHAPITRE XXVIIIjugeons l'utilité des choses à notre point de vue, et que notre vue est bornée auprésent, nous ne voyons pas toujours <strong>le</strong> mauvais côté de ce que nous souhaitons.Dieu, qui voit mieux que nous, et ne veut que notre bien, peut donc nous refuser,comme un père refuse à son enfant ce qui pourrait lui nuire. Si ce que nousdemandons ne nous est pas accordé, nous ne devons en concevoir aucundécouragement ; il faut penser, au contraire, que la privation de ce que nousdésirons nous est imposée comme épreuve ou comme expiation, et que notrerécompense sera proportionnée à la résignation avec laquel<strong>le</strong> nous l'auronssupportée. (Ch. XXVII, n°6 ; ch. 2, n°5, 6, 7.)27. PRIERE. - Dieu Tout-Puissant qui voyez nos misères, daignezécouter favorab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s voeux que je vous adresse en ce moment. Sima demande est inconsidérée, pardonnez-la-moi ; si el<strong>le</strong> est juste et uti<strong>le</strong>à vos yeux, que <strong>le</strong>s bons Esprits qui exécutent vos volontés me viennenten aide pour son accomplissement.Quoi qu'il en advienne, mon Dieu, que votre volonté soit faite. Si mesdésirs ne sont pas exaucés, c'est qu'il entre dans vos desseins dem'éprouver, et je me soumets sans murmure. Faites que je n'en conçoiveaucun découragement, et que ni ma foi ni ma résignation n'en soientébranlées.(Formu<strong>le</strong>r sa demande.)Action de grâces pour une faveur obtenue.28. PREFACE. Il ne faut point considérer seu<strong>le</strong>ment comme des événementsheureux <strong>le</strong>s choses de grande importance ; <strong>le</strong>s plus petites en apparence sontsouvent cel<strong>le</strong>s qui influent <strong>le</strong> plus sur notre destinée. L'homme oublie aisément <strong>le</strong>bien, et se souvient plutôt de ce qui l'afflige. Si nous enregistrions jour par jour <strong>le</strong>sbienfaits dont nous sommes l'objet, sans <strong>le</strong>s avoir demandés, nous serions souventétonnés d'en avoir tant reçu qui se sont effacés de notre mémoire, et humiliés denotre ingratitude.Chaque soir, en é<strong>le</strong>vant notre âme à Dieu, nous devons rappe<strong>le</strong>r en nous-mêmes<strong>le</strong>s faveurs qu'il nous a accordées pendant la journée, et l'en remercier. C'estsurtout au moment même où nous éprouvons l'effet de sa bonté et de sa protectionque, par un mouvement spontané, nous devons lui en témoigner notre gratitude ; ilsuffit pour cela d'une pensée lui reportant <strong>le</strong> bienfait, sans qu'il soit besoin de sedétourner de son travail.Les bienfaits de Dieu ne consistent pas seu<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong>s choses matériel<strong>le</strong>s ; ilfaut éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> remercier des bonnes idées, des inspirations heureuses qui noussont suggérées. Tandis que l'orgueil<strong>le</strong>ux s'en fait un mérite, que l'incrédu<strong>le</strong> <strong>le</strong>sattribue au hasard, celui qui a la foi en rend grâce à Dieu et aux bons Esprits. Pourcela, de longues phrases sont inuti<strong>le</strong>s : «Merci, mon Dieu, de la bonne pensée quim'est inspirée,» en dit plus que beaucoup de paro<strong>le</strong>s. L'élan spontané qui nous fait


RECUEIL DE PRIERES SPIRITES. 297reporter à Dieu ce qui nous arrive de bien témoigne d'une habitude dereconnaissance et d'humilité qui nous concilie la sympathie des bons Esprits. (Ch.XXVII, n°7, 8.)29. PRIERE. - Dieu infiniment bon, que votre nom soit béni pour <strong>le</strong>sbienfaits que vous m'avez accordés ; j'en serais indigne si je <strong>le</strong>s attribuaisau hasard des événements ou à mon propre mérite.Bons Esprits qui avez été <strong>le</strong>s exécuteurs des volontés de Dieu, et voussurtout, mon ange gardien, je vous remercie. Détournez de moi la penséed'en concevoir de l'orgueil, et d'en faire un usage qui ne serait pas pour<strong>le</strong> bien.Je vous remercie notamment de ....Acte de soumission et de résignation.30. PREFACE. Quand un sujet d'affliction nous arrive, si nous en cherchons lacause, nous trouverons souvent qu'il est la suite de notre imprudence, de notreimprévoyance ou d'une action antérieure ; dans ce cas, nous ne devons nous enprendre qu'à nous-mêmes. Si la cause d'un malheur est indépendante de touteparticipation qui soit notre fait, c'est ou une épreuve pour cette vie, ou l'expiationd'une existence passée, et, dans ce dernier cas, la nature de l'expiation peut nousfaire connaître la nature de la faute, car nous sommes toujours punis par où nousavons péché. (Ch. V, n°4, 6 et suivants.)Dans ce qui nous afflige, nous ne voyons en général que <strong>le</strong> mal présent, et non<strong>le</strong>s conséquences ultérieures favorab<strong>le</strong>s que cela peut avoir. Le bien est souvent lasuite d'un mal passager, comme la guérison d'un malade est <strong>le</strong> résultat des moyensdouloureux que l'on emploie pour l'obtenir. Dans tous <strong>le</strong>s cas, nous devons noussoumettre à la volonté de Dieu, supporter avec courage <strong>le</strong>s tribulations de la vie, sinous voulons qu'il nous en soit tenu compte, et que cette paro<strong>le</strong> du Christ nous soitappliquée : Bienheureux ceux qui souffrent. (Ch. V, n°18.)31. PRIERE. - Mon Dieu, vous êtes souverainement juste ; toutesouffrance ici-bas doit donc avoir sa cause et son utilité. J'accepte <strong>le</strong>sujet d'affliction que je viens d'éprouver comme une expiation de mesfautes passées et une épreuve pour l'avenir.Bons Esprits qui me protégez, donnez-moi la force de <strong>le</strong> supportersans murmure ; faites qu'il soit pour moi un avertissement salutaire ; qu'ilaccroisse mon expérience ; qu'il combatte en moi l'orgueil, l'ambition, lasotte vanité et l'égoïsme, et qu'il contribue ainsi à mon avancement.32. (Autre.) - Je sens, ô mon Dieu, <strong>le</strong> besoin de vous prier pour medonner la force de supporter <strong>le</strong>s épreuves qu'il vous a plu de m'envoyer.Permettez que la lumière se fasse assez vive en mon esprit pour quej'apprécie toute l'étendue d'un amour qui m'afflige pour vouloir me


298 CHAPITRE XXVIIIsauver. Je me soumets avec résignation, ô mon Dieu ; mais, hélas ! lacréature est si faib<strong>le</strong> que, si vous ne me soutenez, je crains desuccomber. Ne m'abandonnez pas, Seigneur, car sans vous je ne puisrien.33. (Autre.) - J'ai <strong>le</strong>vé mes regards vers toi, ô Eternel, et je me suissenti fortifié. Tu es ma force, ne m'abandonne pas ; ô Dieu ! je suisécrasé sous <strong>le</strong> poids de mes iniquités ! aide-moi ; tu connais la faib<strong>le</strong>ssede ma chair, et tu ne détournes pas tes regards de dessus moi !Je suis dévoré d'une soif ardente ; fais jaillir la source d'eau vive, et jeserai désaltéré. Que ma bouche ne s'ouvre que pour chanter tes louangeset non pour murmurer dans <strong>le</strong>s afflictions de ma vie. Je suis faib<strong>le</strong>,Seigneur, mais ton amour me soutiendra.O Eternel ! toi seul es grand, toi seul es la fin et <strong>le</strong> but de ma vie. Tonnom soit béni, si tu me frappes, car tu es <strong>le</strong> maître et moi <strong>le</strong> serviteurinfidè<strong>le</strong> ; je courberai mon front sans me plaindre, car toi seul es grand,toi seul es <strong>le</strong> but.Dans un péril imminent.34. PREFACE. Par <strong>le</strong>s dangers que nous courons, Dieu nous rappel<strong>le</strong> notrefaib<strong>le</strong>sse et la fragilité de notre existence. Il nous montre que notre vie est entreses mains, et qu'el<strong>le</strong> tient à un fil qui peut se briser au moment où nous nous yattendons <strong>le</strong> moins. Sous ce rapport, il n'y a de privilège pour personne, car <strong>le</strong>grand et <strong>le</strong> petit sont soumis aux mêmes alternatives.Si l'on examine la nature et <strong>le</strong>s conséquences du péril, on verra que <strong>le</strong> plussouvent ces conséquences, si el<strong>le</strong>s se fussent accomplies, auraient été la punitiond'une faute commise ou d'un devoir négligé.35. PRIERE. - Dieu Tout-Puissant, et vous, mon ange gardien,secourez-moi ! Si je dois succomber, que la volonté de Dieu soit faite. Sije suis sauvé, que <strong>le</strong> reste de ma vie répare <strong>le</strong> mal que j'ai pu faire et dontje me repens.Action de grâces après avoir échappé à un danger.36. PREFACE. Par <strong>le</strong> danger que nous avons couru, Dieu nous montre que nouspouvons d'un moment à l'autre être appelés à rendre compte de l'emploi que nousavons fait de la vie ; il nous avertit ainsi de rentrer en nous-mêmes et de nousamender.37. PRIERE. - Mon Dieu, et vous, mon ange gardien, je vous remerciedu secours que vous m'avez envoyé dans <strong>le</strong> péril qui m'a menacé. Que cedanger soit pour moi un avertissement, et qu'il m'éclaire sur <strong>le</strong>s fautes


RECUEIL DE PRIERES SPIRITES. 299qui ont pu me l'attirer. Je comprends, Seigneur, que ma vie est entre vosmains, et que vous pouvez me la retirer quand il vous plaira. Inspirezmoi,par <strong>le</strong>s bons Esprits qui m'assistent, la pensée d'employer uti<strong>le</strong>ment<strong>le</strong> temps que vous m'accordez encore ici-bas.Mon ange gardien, soutenez-moi dans la résolution que je prends deréparer mes torts et de faire tout <strong>le</strong> bien qui sera en mon pouvoir, afind'arriver chargé de moins d'imperfections dans <strong>le</strong> monde des Espritsquand il plaira à Dieu de m'y appe<strong>le</strong>r.Au moment de s'endormir.38. PREFACE. Le sommeil est <strong>le</strong> repos du corps, mais l'Esprit n'a pas besoin derepos. Pendant que <strong>le</strong>s sens sont engourdis, l'âme se dégage en partie de la matière,et jouit de ses facultés d'Esprit. Le sommeil a été donné à l'homme pour laréparation des forces organiques et pour cel<strong>le</strong> des forces mora<strong>le</strong>s. Pendant que <strong>le</strong>corps récupère <strong>le</strong>s éléments qu'il a perdus par l'activité de la veil<strong>le</strong>, l'Esprit va seretremper parmi <strong>le</strong>s autres Esprits ; il puise dans ce qu'il voit, dans ce qu'il entendet dans <strong>le</strong>s conseils qu'on lui donne, des idées qu'il retrouve au réveil à l'étatd'intuition ; c'est <strong>le</strong> retour temporaire de l'exilé dans sa véritab<strong>le</strong> patrie ; c'est <strong>le</strong>prisonnier momentanément rendu à la liberté.Mais il arrive, comme pour <strong>le</strong> prisonnier pervers, que l'Esprit ne met pastoujours à profit ce moment de liberté pour son avancement ; s'il a de mauvaisinstincts, au lieu de chercher la compagnie des bons Esprits, il cherche cel<strong>le</strong> de sespareils, et va visiter <strong>le</strong>s lieux où il peut donner un libre cours à ses penchants.Que celui qui est pénétré de cette vérité élève sa pensée au moment où il sent <strong>le</strong>sapproches du sommeil ; qu'il fasse appel aux conseils des bons Esprits et de ceuxdont la mémoire lui est chère, afin qu'ils viennent se réunir à lui dans <strong>le</strong> courtinterval<strong>le</strong> qui lui est accordé, et au réveil il se sentira plus de force contre <strong>le</strong> mal,plus de courage contre l'adversité.39. PRIERE. - Mon âme va se trouver un instant avec <strong>le</strong>s autresEsprits. Que ceux qui sont bons viennent m'aider de <strong>le</strong>urs conseils. Monange gardien, faites qu'à mon réveil j'en conserve une impression durab<strong>le</strong>et salutaire.En prévision de sa mort prochaine.40. PREFACE. La foi en l'avenir, l'élévation de la pensée, pendant la vie, vers<strong>le</strong>s destinées futures, aident au prompt dégagement de l'Esprit, en affaiblissant <strong>le</strong>sliens qui <strong>le</strong> retiennent au corps, et souvent la vie corporel<strong>le</strong> n'est point encoreéteinte que l'âme, impatiente, a déjà pris son essor vers l'immensité. Chezl'homme, au contraire, qui concentre toutes ses pensées sur <strong>le</strong>s choses matériel<strong>le</strong>s,ces liens sont plus tenaces, la séparation est pénib<strong>le</strong> et douloureuse, et <strong>le</strong> réveild'outre-tombe est p<strong>le</strong>in de troub<strong>le</strong> et d'anxiété.


300 CHAPITRE XXVIII41. PRIERE. - Mon Dieu, je crois en vous et en votre bonté infinie ;c'est pourquoi je ne puis croire que vous avez donné à l'hommel'intelligence de vous connaître et l'aspiration vers l'avenir pour <strong>le</strong>plonger dans <strong>le</strong> néant.Je crois que mon corps n'est que l'enveloppe périssab<strong>le</strong> de mon âme, etque, lorsqu'il aura cessé de vivre, je me réveil<strong>le</strong>rai dans <strong>le</strong> monde desEsprits.Dieu Tout-Puissant, je sens se briser <strong>le</strong>s liens qui unissent mon âme àmon corps, et bientôt je vais avoir à rendre compte de l'emploi de la vieque je quitte.Je vais subir <strong>le</strong>s conséquences du bien et du mal que j'ai fait ; là, il n'ya plus d'illusion, plus de subterfuge possib<strong>le</strong> ; tout mon passé va sedérou<strong>le</strong>r devant moi, et je serai jugé <strong>selon</strong> mes oeuvres.Je n'emporterai rien des biens de la terre ; honneurs, richesses,satisfactions de la vanité et de l'orgueil, tout ce qui tient au corps enfinva rester ici-bas ; pas la moindre parcel<strong>le</strong> ne me suivra, et rien de toutcela ne me sera du moindre secours dans <strong>le</strong> monde des Esprits. Jen'emporterai avec moi que ce qui tient à l'âme, c'est-à-dire <strong>le</strong>s bonnes et<strong>le</strong>s mauvaises qualités qui seront pesées dans la balance d'une rigoureusejustice, et je serai jugé avec d'autant plus de sévérité que ma position surla terre m'aura donné plus d'occasions de faire <strong>le</strong> bien que je n'ai pas fait.(Ch. XVI, n°9.)Dieu de miséricorde, que mon repentir parvienne jusqu'à vous !Daignez étendre sur moi votre indulgence.S'il vous plaisait de prolonger mon existence, que <strong>le</strong> reste soit employéà réparer autant qu'il est en moi <strong>le</strong> mal que j'ai pu faire. Si mon heure estsonnée sans retour, j'emporte la pensée consolante qu'il me sera permisde me racheter par de nouvel<strong>le</strong>s épreuves, afin de mériter un jour <strong>le</strong>bonheur des élus.S'il ne m'est pas donné de jouir immédiatement de cette félicité sansmélange qui n'est <strong>le</strong> partage que du juste par excel<strong>le</strong>nce, je sais quel'espoir ne m'est pas interdit pour toujours, et qu'avec <strong>le</strong> travail j'arriveraiau but, plus tôt ou plus tard, <strong>selon</strong> mes efforts.Je sais que de bons Esprits et mon ange gardien sont là, près de moi,pour me recevoir ; dans peu je <strong>le</strong>s verrai comme ils me voient. Je saisque je retrouverai ceux que j'ai aimés sur la terre, si je l'ai mérité, et queceux que j'y laisse viendront me rejoindre pour être un jour tous à jamaisréunis, et qu'en attendant je pourrai venir <strong>le</strong>s visiter.


RECUEIL DE PRIERES SPIRITES. 301Je sais aussi que je vais retrouver ceux que j'ai offensés ; puissent-ilsme pardonner ce qu'ils peuvent avoir à me rapprocher : mon orgueil, madureté, mes injustices, et ne pas m'accab<strong>le</strong>r de honte par <strong>le</strong>ur présence !Je pardonne à ceux qui m'ont fait ou voulu du mal sur la terre ; jen'emporte aucune haine contre eux, et je prie Dieu de <strong>le</strong>ur pardonner.Seigneur, donnez-moi la force de quitter sans regrets <strong>le</strong>s joiesgrossières de ce monde qui ne sont rien auprès des joies pures du mondeoù je vais entrer. Là, pour <strong>le</strong> juste, il n'est plus de tourments, plus desouffrances, plus de misères ; <strong>le</strong> coupab<strong>le</strong> seul souffre, mais il lui restel'espérance.Bons Esprits, et vous, mon ange gardien, ne me laissez pas faillir en cemoment suprême ; faites luire à mes yeux la divine lumière, afin deranimer ma foi si el<strong>le</strong> venait à s'ébran<strong>le</strong>r.Nota. - Voir ci-après paragraphe V : Prières pour <strong>le</strong>s malades et <strong>le</strong>sobsédés.III. PRIERES POUR AUTRUI.Pour quelqu'un qui est dans l'affliction.42. S'il est dans l'intérêt de l'affligé que son épreuve suive son cours, el<strong>le</strong> nesera pas abrégée à notre demande ; mais ce serait faire acte d'impiété si l'on sedécourageait parce que la demande n'est pas exaucée ; d'ail<strong>le</strong>urs, à défaut decessation de l'épreuve, on peut espérer obtenir quelque autre consolation qui entempère l'amertume. Ce qui est véritab<strong>le</strong>ment uti<strong>le</strong> pour celui qui est dans la peine,c'est <strong>le</strong> courage et la résignation, sans <strong>le</strong>squels ce qu'il endure est sans profit pourlui, parce qu'il sera obligé de recommencer l'épreuve. C'est donc vers ce but qu'ilfaut surtout diriger ses efforts, soit en appelant <strong>le</strong>s bons Esprits à son aide, soit enremontant soi-même <strong>le</strong> moral de l'affligé par des conseils et des encouragements,soit enfin en l'assistant matériel<strong>le</strong>ment, si cela se peut. La prière, dans ce cas, peuten outre avoir un effet direct, en dirigeant sur la personne un courant fluidique envue de fortifier son moral. (Ch. V, n°5, 27 ; ch. XXVII, n°6, 10.)43. PRIERE. - Mon Dieu, dont la bonté est infinie, daignez adoucirl'amertume de la position de N..., si tel<strong>le</strong> peut être votre volonté.Bons Esprits, au nom de Dieu Tout-Puissant, je vous supplie del'assister dans ses afflictions. Si, dans son intérêt, el<strong>le</strong>s ne peuvent luiêtre épargnées, faites-lui comprendre qu'el<strong>le</strong>s sont nécessaires à sonavancement. Donnez-lui la confiance en Dieu et en l'avenir qui <strong>le</strong>s luirendra moins amères. Donnez-lui aussi la force de ne pas succomber audésespoir qui lui en ferait perdre <strong>le</strong> fruit et rendrait sa position future


302 CHAPITRE XXVIIIencore plus pénib<strong>le</strong>. Conduisez ma pensée vers lui, et qu'el<strong>le</strong> aide àsoutenir son courage.Action de grâces pour un bienfait accordé à autrui.44. PREFACE. Celui qui n'est pas dominé par l'égoïsme se réjouit du bien quiarrive à son prochain, alors même qu'il ne l'aurait pas sollicité par la prière.45. PRIERE. - Mon Dieu, soyez béni pour <strong>le</strong> bonheur qui est arrivé àN...Bons Esprits, faites qu'il y voie un effet de la bonté de Dieu. Si <strong>le</strong> bienqui lui arrive est une épreuve, inspirez-lui la pensée d'en faire un bonusage et de ne pas en tirer vanité, afin que ce bien ne tourne pas à sonpréjudice pour l'avenir.Vous, mon bon génie qui me protégez et désirez mon bonheur, écartezde ma pensée tout sentiment d'envie et de jalousie.Pour nos ennemis et ceux qui nous veu<strong>le</strong>nt du mal.46. PREFACE. Jésus a dit : Aimez même vos ennemis. Cette maxime est <strong>le</strong>sublime de la charité chrétienne ; mais par là Jésus n'entend point que nous devonsavoir pour nos ennemis la tendresse que nous avons pour nos amis ; il nous dit parCes paro<strong>le</strong>s d'oublier <strong>le</strong>urs offenses, de <strong>le</strong>ur pardonner <strong>le</strong> mal qu'ils nous font, de<strong>le</strong>ur rendre <strong>le</strong> bien pour <strong>le</strong> mal. Outre <strong>le</strong> mérite qui en résulte aux yeux de Dieu,c'est montrer aux yeux des hommes la véritab<strong>le</strong> supériorité. (Ch. XII, n°3, 4.)47. PRIERE. - Mon Dieu, je pardonne à N... <strong>le</strong> mal qu'il m'a fait etcelui qu'il a voulu me faire, comme je désire que vous me pardonniez etqu'il me pardonne lui-même <strong>le</strong>s torts que je puis avoir. Si vous l'avezplacé sur ma route comme une épreuve, que votre volonté soit faite.Détournez de moi, ô mon Dieu, l'idée de <strong>le</strong> maudire et tout souhaitmalveillant contre lui. Faites que je n'éprouve aucune joie des malheursqui pourraient lui arriver, ni aucune peine des biens qui pourront lui êtreaccordés, afin de ne point souil<strong>le</strong>r mon âme par des pensées indignesd'un chrétien.Puisse votre bonté, Seigneur, en s'étendant sur lui, <strong>le</strong> ramener à demeil<strong>le</strong>urs sentiments envers moi !Bons Esprits, inspirez-moi l'oubli du mal et <strong>le</strong> souvenir du bien. Queni la haine, ni la rancune, ni <strong>le</strong> désir de lui rendre <strong>le</strong> mal pour <strong>le</strong> maln'entrent dans mon coeur, car la haine et la vengeance n'appartiennentqu'aux mauvais Esprits incarnés et désincarnés ! Que je sois prêt, aucontraire, à lui tendre une main fraternel<strong>le</strong>, à lui rendre <strong>le</strong> bien pour <strong>le</strong>mal, et à lui venir en aide si cela est en mon pouvoir !


RECUEIL DE PRIERES SPIRITES. 303Je désire, pour éprouver la sincérité de mes paro<strong>le</strong>s, que l'occasion mesoit offerte de lui être uti<strong>le</strong> ; mais surtout, ô mon Dieu, préservez-moi de<strong>le</strong> faire par orgueil ou ostentation, en l'accablant par une générositéhumiliante, ce qui me ferait perdre <strong>le</strong> fruit de mon action, car alors jemériterais que cette paro<strong>le</strong> du Christ me fût appliquée : Vous avez déjàreçu votre récompense. (Ch. XIII, n°1 et suivants.)Action de grâces pour <strong>le</strong> bien accordé à nos ennemis.48. PREFACE. Ne point souhaiter de mal à ses ennemis, c'est n'être charitab<strong>le</strong>qu'à moitié ; la vraie charité veut que nous <strong>le</strong>ur souhaitions du bien, et que noussoyons heureux de celui qui <strong>le</strong>ur arrive. (Ch. XII, n°7, 8.)49. PRIERE. - Mon Dieu, dans votre justice, vous avez cru devoirréjouir <strong>le</strong> coeur de N... Je vous en remercie pour lui, malgré <strong>le</strong> mal qu'ilm'a fait ou qu'il a cherché à me faire. S'il en profitait pour m'humilier, jel'accepterais comme une épreuve pour ma charité.Bons Esprits qui me protégez, ne permettez pas que j'en conçoiveaucun regret ; détournez de moi l'envie et la jalousie qui abaissent ;inspirez-moi, au contraire, la générosité qui élève. L'humiliation est dans<strong>le</strong> mal et non dans <strong>le</strong> bien, et nous savons que, tôt ou tard, justice serarendue à chacun <strong>selon</strong> ses oeuvres.Pour <strong>le</strong>s ennemis du Spiritisme.50. Bienheureux ceux qui sont affamés de justice, parce qu'ils seront rassasiés.Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, parce que <strong>le</strong>royaume des cieux est à eux.Vous serez heureux lorsque <strong>le</strong>s hommes vous chargeront de malédictions, etqu'ils vous persécuteront, et qu'ils diront faussement toutes sortes de mal contrevous à cause de moi. - Réjouissez-vous alors, parce qu'une grande récompensevous est réservée dans <strong>le</strong>s cieux, car c'est ainsi qu'ils ont persécuté <strong>le</strong>s prophètesqui ont été avant vous. (Saint Matthieu, ch. V, v. 6, 10, 11, 12.)Ne craignez point ceux qui tuent <strong>le</strong> corps et qui ne peuvent tuer l'âme ; maiscraignez plutôt celui qui peut perdre l'âme et <strong>le</strong> corps dans l'enfer. (Saint Matthieu,ch. X, v. 28.)51. PREFACE. De toutes <strong>le</strong>s libertés, la plus inviolab<strong>le</strong> est cel<strong>le</strong> de penser, quicomprend aussi la liberté de conscience. Jeter l'anathème à ceux qui ne pensentpas comme nous, c'est réclamer cette liberté pour soi et la refuser aux autres, c'estvio<strong>le</strong>r <strong>le</strong> premier commandement de Jésus : la charité et l'amour du prochain. Lespersécuter pour <strong>le</strong>ur croyance, c'est attenter au droit <strong>le</strong> plus sacré qu'a tout hommede croire à ce qui lui convient, et d'adorer Dieu comme il l'entend. Les contraindre


304 CHAPITRE XXVIIIà des actes extérieurs semblab<strong>le</strong>s aux nôtres, c'est montrer qu'on tient plus à laforme qu'au fond, aux apparences qu'à la conviction. L'abjuration forcée n'a jamaisdonné la foi : el<strong>le</strong> ne peut faire que des hypocrites ; c'est un abus de la forcematériel<strong>le</strong> qui ne prouve pas la vérité ; la vérité est sûre d'el<strong>le</strong>-même : el<strong>le</strong>convainc et ne persécute pas, parce qu'el<strong>le</strong> n'en a pas besoin.Le Spiritisme est une opinion, une croyance ; fût-il même une religion, pourquoin'aurait-on pas la liberté de se dire spirite comme on a cel<strong>le</strong> de se dire catholique,juif ou protestant, partisan de tel<strong>le</strong> ou tel<strong>le</strong> doctrine philosophique, de tel ou telsystème économique ? Cette croyance est fausse ou el<strong>le</strong> est vraie ; si el<strong>le</strong> estfausse, el<strong>le</strong> tombera d'el<strong>le</strong>-même, parce que l'erreur ne peut prévaloir contre lavérité quand la lumière se fait dans <strong>le</strong>s intelligences ; si el<strong>le</strong> est vraie, lapersécution ne la rendra pas fausse.La persécution est <strong>le</strong> baptême de toute idée nouvel<strong>le</strong> grande et juste ; el<strong>le</strong> croîtavec la grandeur et l'importance de l'idée. L'acharnement et la colère des ennemisde l'idée est en raison de la crainte qu'el<strong>le</strong> <strong>le</strong>ur inspire. C'est pour cette raison que<strong>le</strong> Christianisme fut persécuté jadis et que <strong>le</strong> Spiritisme l'est aujourd'hui, avec cettedifférence, toutefois, que <strong>le</strong> Christianisme <strong>le</strong> fut par <strong>le</strong>s Païens, tandis que <strong>le</strong>Spiritisme l'est par des Chrétiens. Le temps des persécutions sanglantes est passé,il est vrai, mais si on ne tue plus <strong>le</strong> corps, on torture l'âme ; on l'attaque jusquedans ses sentiments <strong>le</strong>s plus intimes, dans ses affections <strong>le</strong>s plus chères ; on divise<strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s, on excite la mère contre la fil<strong>le</strong>, la femme contre <strong>le</strong> mari ; on attaquemême <strong>le</strong> corps dans ses besoins matériels en lui ôtant son gagne-pain pour <strong>le</strong>prendre par la famine. (Ch. XXIII, n°9 et suivants.)Spirites, ne vous affligez point des coups qu'on vous porte, car ils prouvent quevous êtes dans la vérité, sans cela on vous laisserait tranquil<strong>le</strong>s, et l'on ne vousfrapperait pas. C'est une épreuve pour votre foi, car c'est à votre courage, à votrerésignation, à votre persévérance que Dieu vous reconnaîtra parmi ses fidè<strong>le</strong>sserviteurs, dont il fait aujourd'hui <strong>le</strong> dénombrement pour faire à chacun la part quilui revient <strong>selon</strong> ses oeuvres.A l'exemp<strong>le</strong> des premiers Chrétiens, soyez donc fiers de porter votre croix.Croyez en la paro<strong>le</strong> du Christ, qui a dit : «Bienheureux ceux qui souffrentpersécution pour la justice, parce que <strong>le</strong> royaume des cieux est à eux. Ne craignezpoint ceux qui tuent <strong>le</strong> corps, mais ne peuvent tuer l'âme.» Il a dit aussi : «Aimezvos ennemis, faites du bien à ceux qui vous font du mal, et priez pour ceux quivous persécutent.» Montrez que vous êtes ses véritab<strong>le</strong>s discip<strong>le</strong>s, et que votredoctrine est bonne en faisant ce qu'il dit et ce qu'il a fait lui-même.La persécution n'aura qu'un temps ; attendez donc patiemment <strong>le</strong> <strong>le</strong>ver del'aurore, car déjà l'étoi<strong>le</strong> du matin se montre à l'horizon. (Ch. XXIV, n°13 etsuivants.)52. PRIERE. - Seigneur, vous nous avez fait dire par la bouche deJésus, votre Messie : «Bienheureux ceux qui souffrent persécution pourla justice ; pardonnez à vos ennemis ; priez pour ceux qui vous


RECUEIL DE PRIERES SPIRITES. 305persécutent ;» et lui-même nous a montré <strong>le</strong> chemin en priant pour sesbourreaux.A son exemp<strong>le</strong>, mon Dieu, nous appelons votre miséricorde sur ceuxqui méconnaissent vos divins préceptes, <strong>le</strong>s seuls qui puissent assurer lapaix en ce monde et en l'autre. Comme Christ, nous vous disons :«Pardonnez-<strong>le</strong>ur, mon père, car ils ne savent ce qu'ils font.»Donnez-nous la force de supporter avec patience et résignation,comme des épreuves pour notre foi et notre humilité, <strong>le</strong>urs rail<strong>le</strong>ries,<strong>le</strong>urs injures, <strong>le</strong>urs calomnies et <strong>le</strong>urs persécutions ; détournez-nous detoute pensée de représail<strong>le</strong>s, car l'heure de votre justice sonnera pourtous, et nous l'attendons en nous soumettant à votre sainte volonté.Prière pour un enfant qui vient de naître.53. PREFACE. Les Esprits n'arrivent à la perfection qu'après avoir passé par <strong>le</strong>sépreuves de la vie corporel<strong>le</strong> ; ceux qui sont errants attendent que Dieu <strong>le</strong>urpermette de reprendre une existence qui doit <strong>le</strong>ur fournir un moyen d'avancement,soit par l'expiation de <strong>le</strong>urs fautes passées au moyen des vicissitudes auxquel<strong>le</strong>s ilssont soumis, soit en remplissant une mission uti<strong>le</strong> à l'humanité. Leur avancementet <strong>le</strong>ur bonheur futur seront proportionnés à la manière dont ils auront employé <strong>le</strong>temps qu'ils doivent passer sur la terre. La charge de guider <strong>le</strong>urs premiers pas, etde <strong>le</strong>s diriger vers <strong>le</strong> bien, est confiée à <strong>le</strong>urs parents, qui répondront devant Dieude la manière dont ils auront accompli <strong>le</strong>ur mandat. C'est pour en faciliterl'exécution que Dieu a fait de l'amour paternel et de l'amour filial une loi de lanature, loi qui n'est jamais violée impunément.54. PRIERE. (Par <strong>le</strong>s parents.) - Esprit qui s'est incarné dans <strong>le</strong> corpsde notre enfant, sois <strong>le</strong> bienvenu parmi nous. Dieu Tout-Puissant quil'avez envoyé, soyez béni.C'est un dépôt qui nous est confié et dont nous devrons compte unjour. S'il appartient à la nouvel<strong>le</strong> génération des bons Esprits qui doiventpeup<strong>le</strong>r la terre, merci, ô mon Dieu, de cette faveur ! Si c'est une âmeimparfaite, notre devoir est de l'aider à progresser dans la voie du bienpar nos conseils et par nos bons exemp<strong>le</strong>s ; s'il tombe dans <strong>le</strong> mal parnotre faute, nous en répondrons devant vous, car nous n'aurons pasaccompli notre mission envers lui.Seigneur, soutenez-nous dans notre tâche, et donnez-nous la force et lavolonté de la remplir. Si cet enfant doit être un sujet d'épreuves pournous, que votre volonté soit faite !Bons Esprits qui êtes venus présider à sa naissance et qui devezl'accompagner pendant la vie, ne l'abandonnez pas. Ecartez de lui <strong>le</strong>smauvais Esprits qui tenteraient de l'induire au mal ; donnez-lui la force


306 CHAPITRE XXVIIIde résister à <strong>le</strong>urs suggestions, et <strong>le</strong> courage de subir avec patience etrésignation <strong>le</strong>s épreuves qui l'attendent sur la terre. (Ch. XIV, n° 9).55. Autre. - Mon Dieu, vous m'avez confié <strong>le</strong> sort d'un de vos Esprits ;faites, Seigneur, que je sois digne de la tâche qui m'est imposée ;accordez-moi votre protection ; éclairez mon intelligence, afin que jepuisse discerner de bonne heure <strong>le</strong>s tendances de celui que je doispréparer à entrer dans votre paix.56. Autre. - Dieu très bon, puisqu'il t'a plu de permettre à l'Esprit decet enfant de venir de nouveau subir <strong>le</strong>s épreuves terrestres destinées à <strong>le</strong>faire progresser, donne-lui la lumière, afin qu'il apprenne à te connaître,à t'aimer et à t'adorer. Fais, par ta toute-puissance, que cette âme serégénère à la source de tes divines instructions, que, sous l'égide de sonange gardien, son intelligence grandisse, se développe et <strong>le</strong> fasse aspirerà se rapprocher de plus en plus de toi ; que la science du Spiritisme soitla brillante lumière qui l'éclaire à travers <strong>le</strong>s écueils de la vie ; qu'il sacheenfin apprécier toute l'étendue de ton amour qui nous éprouve pour nouspurifier.Seigneur, jette un regard paternel sur la famil<strong>le</strong> à laquel<strong>le</strong> tu as confiécette âme ; puisse-t-el<strong>le</strong> comprendre l'importance de sa mission, et fairegermer en cet enfant <strong>le</strong>s bonnes semences jusqu'au jour où il pourra, parses propres aspirations, s'é<strong>le</strong>ver seul vers toi.Daigne, ô mon Dieu, exaucer cette humb<strong>le</strong> prière au nom et par <strong>le</strong>smérites de Celui qui a dit : «Laissez venir à moi <strong>le</strong>s petits enfants, car <strong>le</strong>royaume des cieux est à ceux qui <strong>le</strong>ur ressemb<strong>le</strong>nt.»Pour un agonisant.57. PREFACE. L'agonie est <strong>le</strong> prélude de la séparation de l'âme et du corps ; onpeut dire qu'à ce moment l'homme n'a plus qu'un pied en ce monde, et qu'il en adéjà un dans l'autre. Ce passage est quelquefois pénib<strong>le</strong> pour ceux qui tiennent à lamatière et ont plus vécu pour <strong>le</strong>s biens de ce monde que pour ceux de l'autre, oudont la conscience est agitée par <strong>le</strong>s regrets et <strong>le</strong>s remords ; pour ceux, aucontraire, dont <strong>le</strong>s pensées se sont é<strong>le</strong>vées vers l'infini, et se sont détachées de lamatière, <strong>le</strong>s liens sont moins diffici<strong>le</strong>s à rompre, et <strong>le</strong>s derniers moments n'ont riende douloureux ; l'âme alors ne tient au corps que par un fil, tandis que, dans l'autreposition, el<strong>le</strong> y tient par de profondes racines ; dans tous <strong>le</strong>s cas la prière exerceune action puissante sur <strong>le</strong> travail de la séparation. (V. ci-après, Prières pour <strong>le</strong>smalades. - Ciel et Enfer, 2° part., ch. I, Le passage).58. PRIERE. - Dieu puissant et miséricordieux, voilà une âme quiquitte son enveloppe terrestre pour retourner dans <strong>le</strong> monde des Esprits,


RECUEIL DE PRIERES SPIRITES. 307sa véritab<strong>le</strong> patrie ; puisse-t-el<strong>le</strong> y rentrer en paix et votre miséricordes'étendre sur el<strong>le</strong>.Bons Esprits qui l'avez accompagnée sur la terre, ne l'abandonnez pasà ce moment suprême ; donnez-lui la force de supporter <strong>le</strong>s dernièressouffrances qu'el<strong>le</strong> doit endurer ici-bas pour son avancement futur ;inspirez-la pour qu'el<strong>le</strong> consacre au repentir de ses fautes <strong>le</strong>s dernièreslueurs d'intelligence qui lui restent, ou qui pourraient momentanémentlui revenir.Dirigez ma pensée, afin que son action rende moins pénib<strong>le</strong> <strong>le</strong> travailde la séparation, et qu'el<strong>le</strong> porte dans son âme, au moment de quitter laterre, <strong>le</strong>s consolations de l'espérance.IV. PRIERES POUR CEUX QUI NE SONT PLUS SUR LATERRE.Pour quelqu'un qui vient de mourir.59. PREFACE. Les prières pour <strong>le</strong>s Esprits qui viennent de quitter la terre n'ontpas seu<strong>le</strong>ment pour but de <strong>le</strong>ur donner un témoignage de sympathie, mais el<strong>le</strong>s ontencore pour effet d'aider à <strong>le</strong>ur dégagement, et, par là, d'abréger <strong>le</strong> troub<strong>le</strong> qui suittoujours la séparation, et de rendre <strong>le</strong> réveil plus calme. Mais là encore, comme entoute autre circonstance, l'efficacité est dans la sincérité de la pensée, et non dansl'abondance de paro<strong>le</strong>s dites avec plus ou moins de pompe, et auxquel<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> plussouvent, <strong>le</strong> coeur n'a aucune part.Les prières qui partent du coeur résonnent autour de l'Esprit, dont <strong>le</strong>s idées sontencore confuses comme <strong>le</strong>s voix amies qui viennent nous tirer du sommeil.(Ch. XXVII, n° 10.)60. PRIERE. - Dieu Tout-Puissant, que votre miséricorde s'étende surl'âme de N..., que vous venez de rappe<strong>le</strong>r à vous. Puissent <strong>le</strong>s épreuvesqu'il (ou el<strong>le</strong>) a subies sur la terre lui être comptées, et nos prièresadoucir et abréger <strong>le</strong>s peines qu'il peut encore endurer comme Esprit !Bons Esprits qui êtes venus <strong>le</strong> recevoir, et vous surtout son angegardien, assistez-<strong>le</strong> pour l'aider à se dépouil<strong>le</strong>r de la matière ; donnez-luila lumière et la conscience de lui-même, afin de <strong>le</strong> tirer du troub<strong>le</strong> quiaccompagne <strong>le</strong> passage de la vie corporel<strong>le</strong> à la vie spirituel<strong>le</strong>. Inspirezlui<strong>le</strong> repentir des fautes qu'il a pu commettre, et <strong>le</strong> désir qu'il lui soitpermis de <strong>le</strong>s réparer pour hâter son avancement vers la vie éternel<strong>le</strong>bienheureuse.N..., vous venez de rentrer dans <strong>le</strong> monde des Esprits, et cependantvous êtes ici présent parmi nous ; vous nous voyez et nous entendez, car


308 CHAPITRE XXVIIIil n'y a de moins entre vous et nous que <strong>le</strong> corps périssab<strong>le</strong> que vousvenez de quitter et qui bientôt sera réduit en poussière.Vous avez quitté la grossière enveloppe sujette aux vicissitudes et à lamort, et vous n'avez conservé que l'enveloppe éthérée, impérissab<strong>le</strong> etinaccessib<strong>le</strong> aux souffrances. Si vous ne vivez plus par <strong>le</strong> corps, vousvivez de la vie des Esprits, et cette vie est exempte des misères quiaffligent l'humanité.Vous n'avez plus <strong>le</strong> voi<strong>le</strong> qui dérobe à nos veux <strong>le</strong>s sp<strong>le</strong>ndeurs de lavie future ; vous pourrez désormais contemp<strong>le</strong>r de nouvel<strong>le</strong>s merveil<strong>le</strong>s,tandis que nous sommes encore plongés dans <strong>le</strong>s ténèbres.Vous al<strong>le</strong>z parcourir l'espace et visiter <strong>le</strong>s mondes en toute liberté,tandis que nous rampons pénib<strong>le</strong>ment sur la terre, où nous retient notrecorps matériel, semblab<strong>le</strong> pour nous à un lourd fardeau.L'horizon de l'infini va se dérou<strong>le</strong>r devant vous, et en présence de tantde grandeur vous comprendrez la vanité de nos désirs terrestres, de nosambitions mondaines et des joies futi<strong>le</strong>s dont <strong>le</strong>s hommes font <strong>le</strong>ursdélices.La mort n'est entre <strong>le</strong>s hommes qu'une séparation matériel<strong>le</strong> dequelques instants. Du lieu d'exil où nous retient encore la volonté deDieu, ainsi que <strong>le</strong>s devoirs que nous avons à remplir ici-bas, nous voussuivrons par la pensée jusqu'au moment où il nous sera permis de vousrejoindre comme vous avez rejoint ceux qui vous ont précédés.Si nous ne pouvons al<strong>le</strong>r auprès de vous, vous pouvez venir auprès denous. Venez donc parmi ceux qui vous aiment et que vous avez aimés ;soutenez-<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>s épreuves de la vie ; veil<strong>le</strong>z sur ceux qui vous sontchers ; protégez-<strong>le</strong>s <strong>selon</strong> votre pouvoir, et adoucissez <strong>le</strong>urs regrets par lapensée que vous êtes plus heureux maintenant, et la consolante certituded'être un jour réunis à vous dans un monde meil<strong>le</strong>ur.Dans <strong>le</strong> monde où vous êtes, tous <strong>le</strong>s ressentiments terrestres doivents'éteindre. Puissiez-vous, pour votre bonheur futur, y être désormaisinaccessib<strong>le</strong> ! Pardonnez donc à ceux qui ont pu avoir des torts enversvous, comme ils vous pardonnent ceux que vous pouvez avoir eusenvers eux.Nota. On peut ajouter à cette prière, qui s'applique à tous, quelques paro<strong>le</strong>sspécia<strong>le</strong>s <strong>selon</strong> <strong>le</strong>s circonstances particulières de famil<strong>le</strong> ou de relation et laposition du défunt.S'il s'agit d'un enfant, <strong>le</strong> Spiritisme nous apprend que ce n'est point un Esprit decréation récente, mais qu'il a déjà vécu et qu'il peut être déjà très avancé. Si sa


RECUEIL DE PRIERES SPIRITES. 309dernière existence a été courte, c'est qu'el<strong>le</strong> n'était qu'un complément d'épreuve, oudevait être une épreuve pour <strong>le</strong>s parents. (Ch. V, n° 21).61. Autre 11 . - Seigneur Tout-Puissant, que votre miséricorde s'étendesur nos frères qui viennent de quitter la terre ! que votre lumière luise à<strong>le</strong>urs yeux ! Sortez-<strong>le</strong>s des ténèbres ; ouvrez <strong>le</strong>urs yeux et <strong>le</strong>urs oreil<strong>le</strong>s !que vos bons Esprits <strong>le</strong>s entourent et <strong>le</strong>ur fassent entendre des paro<strong>le</strong>s depaix et d'espérance !Seigneur, quelque indigne que nous soyons, nous osons implorer votremiséricordieuse indulgence en faveur de celui de nos frères qui vientd'être rappelé de l'exil ; faites que son retour soit celui de l'enfantprodigue. Oubliez, ô mon Dieu ! <strong>le</strong>s fautes qu'il a pu commettre pourvous souvenir du bien qu'il a pu faire. Votre justice est immuab<strong>le</strong>, nous<strong>le</strong> savons, mais votre amour est immense ; nous vous supplions d'apaiservotre justice par cette source de bonté qui décou<strong>le</strong> de vous.Que la lumière se fasse pour vous, mon frère, qui venez de quitter laterre ! que <strong>le</strong>s bons Esprits du Seigneur descendent vers vous, vousentourent et vous aident à secouer vos chaînes terrestres ! Comprenez etvoyez la grandeur de notre maître ; soumettez-vous sans murmure à sajustice, mais ne désespérez jamais de sa miséricorde. Frère ! qu'unsérieux retour sur votre passé vous ouvre <strong>le</strong>s portes de l'avenir en vousfaisant comprendre <strong>le</strong>s fautes que vous laissez derrière vous, et <strong>le</strong> travailqui vous reste à faire pour <strong>le</strong>s réparer ! Que Dieu vous pardonne, et queses bons Esprits vous soutiennent et vous encouragent ! Vos frères de laterre prieront pour vous et vous demandent de prier pour eux.Pour <strong>le</strong>s personnes que l'on a affectionnées.62. PREFACE. Qu'el<strong>le</strong> est affreuse l'idée du néant ! Qu'ils sont à plaindre ceuxqui croient que la voix de l'ami qui p<strong>le</strong>ure son ami se perd dans <strong>le</strong> vide et ne trouveaucun écho pour lui répondre ! Ils n'ont jamais connu <strong>le</strong>s pures et saintesaffections, ceux qui pensent que tout meurt avec <strong>le</strong> corps ; que <strong>le</strong> génie qui aéclairé <strong>le</strong> monde de sa vaste intelligence est un jeu de la matière qui s'éteint à toutjamais comme un souff<strong>le</strong> ; que de l'être <strong>le</strong> plus cher, d'un père, d'une mère ou d'unenfant adoré il ne reste qu'un peu de poussière que <strong>le</strong> temps dissipe sans retour !Comment un homme de coeur peut-il rester froid à cette pensée ? Commentl'idée d'un anéantissement absolu ne <strong>le</strong> glace-t-el<strong>le</strong> pas d'effroi et ne lui fait-el<strong>le</strong>pas au moins désirer qu'il n'en soit pas ainsi ? Si jusqu'à ce jour sa raison n'a passuffi pour <strong>le</strong>ver ses doutes, voilà que <strong>le</strong> Spiritisme vient dissiper toute incertitude11 Cette prière a été dictée à un médium de Bordeaux au moment où passait devant ses fenêtres<strong>le</strong> convoi d'un inconnu.


310 CHAPITRE XXVIIIsur l'avenir par <strong>le</strong>s preuves matériel<strong>le</strong>s qu'il donne de la survivance de l'âme et del'existence des êtres d'outre-tombe. Aussi partout ces preuves sont-el<strong>le</strong>s accueilliesavec joie ; la confiance renaît, car l'homme sait désormais que la vie terrestre n'estqu'un court passage qui conduit à une vie meil<strong>le</strong>ure ; que ses travaux d'ici-bas nesont pas perdus pour lui, et que <strong>le</strong>s plus saintes affections ne sont pas brisées sansespoir. (Ch. IV, n° 18 ; ch. V, n° 21).63. PRIERE. - Daignez, ô mon Dieu, accueillir favorab<strong>le</strong>ment la prièreque je vous adresse pour l'Esprit de N... ; faites-lui entrevoir vos divinesclartés, et rendez-lui faci<strong>le</strong> <strong>le</strong> chemin de la félicité éternel<strong>le</strong>. Permettezque <strong>le</strong>s bons Esprits lui portent mes paro<strong>le</strong>s et ma pensée.Toi qui m'étais cher en ce monde, entends ma voix qui t'appel<strong>le</strong> pourte donner un nouveau gage de mon affection. Dieu a permis que tufusses délivré <strong>le</strong> premier : je ne saurais m'en plaindre sans égoïsme, carce serait regretter pour toi <strong>le</strong>s peines et <strong>le</strong>s souffrances de la vie. J'attendsdonc avec résignation <strong>le</strong> moment de notre réunion dans <strong>le</strong> monde plusheureux où tu m'as précédé.Je sais que notre séparation n'est que momentanée, et que, si longuequ'el<strong>le</strong> puisse me paraître, sa durée s'efface devant l'éternité de bonheurque Dieu promet à ses élus. Que sa bonté me préserve de rien faire quipuisse retarder cet instant désiré, et qu'il m'épargne ainsi la dou<strong>le</strong>ur de nepas te retrouve. au sortir de ma captivité terrestre.Oh ! qu'el<strong>le</strong> est douce et consolante la certitude qu'il n'y a entre nousqu'un voi<strong>le</strong> matériel qui te dérobe à ma vue ! que tu peux être là, à mescôtés, me voir et m'entendre comme autrefois, et mieux encorequ'autrefois ; que tu ne m'oublies pas plus que je ne t'oublie moi-même ;que nos pensées ne cessent pas de se confondre, et que la tienne me suitet me soutient toujours.Que la paix du Seigneur soit avec toi.Pour <strong>le</strong>s âmes souffrantes qui demandent des prières.64. PREFACE. Pour comprendre <strong>le</strong> soulagement que la prière peut procurer auxEsprits souffrants, il faut se rapporter à son mode d'action qui est expliqué cidessus.(Ch. XXVII, n° 9, 18 et suivants). Celui qui est pénétré de cette vérité prieavec plus de ferveur par la certitude de ne pas prier en vain.65. PRIERE. - Dieu clément et miséricordieux, que votre bontés'étende sur tous <strong>le</strong>s Esprits qui se recommandent à nos prières, etnotamment sur l'âme de N...Bons Esprits, dont <strong>le</strong> bien est l'unique occupation, intercédez avec moipour <strong>le</strong>ur soulagement. Faites luire à <strong>le</strong>urs yeux un rayon d'espérance, et


RECUEIL DE PRIERES SPIRITES. 311que la divine lumière <strong>le</strong>s éclaire sur <strong>le</strong>s imperfections qui <strong>le</strong>s éloignentdu séjour des bienheureux. Ouvrez <strong>le</strong>ur coeur au repentir et au désir des'épurer pour hâter <strong>le</strong>ur avancement. Faites-<strong>le</strong>ur comprendre que, par<strong>le</strong>urs efforts, ils peuvent abréger <strong>le</strong> temps de <strong>le</strong>urs épreuves.Que Dieu, dans sa bonté, <strong>le</strong>ur donne la force de persévérer dans <strong>le</strong>ursbonnes résolutions !Puissent ces paro<strong>le</strong>s bienveillantes adoucir <strong>le</strong>urs peines, en <strong>le</strong>urmontrant qu'il est sur la terre des êtres qui savent y compatir et quidésirent <strong>le</strong>ur bonheur.66. Autre. - Nous vous prions, Seigneur, de répandre sur tous ceux quisouffrent, soit dans l'espace comme Esprits errants, soit parmi nouscomme Esprits incarnés, <strong>le</strong>s grâces de votre amour et de votremiséricorde. Prenez en piété nos faib<strong>le</strong>sses. Vous nous avez faitsfaillib<strong>le</strong>s, mais vous nous avez donné la force de résister au mal et de <strong>le</strong>vaincre. Que votre miséricorde s'étende sur tous ceux qui n'ont purésister à <strong>le</strong>urs mauvais penchants, et sont encore entraînés dans unemauvaise voie. Que vos bons Esprits <strong>le</strong>s entourent ; que votre lumièreluise à <strong>le</strong>urs yeux, et qu'attirés par sa cha<strong>le</strong>ur vivifiante, ils viennent seprosterner à vos pieds, humb<strong>le</strong>s, repentants et soumis.Nous vous prions éga<strong>le</strong>ment, Père de miséricorde, pour ceux de nosfrères qui n'ont pas eu la force de supporter <strong>le</strong>urs épreuves terrestres.Vous nous donnez un fardeau à porter, Seigneur, et nous ne devons <strong>le</strong>déposer qu'à vos pieds ; mais notre faib<strong>le</strong>sse est grande, et <strong>le</strong> couragenous manque quelquefois en route. Ayez pitié de ces serviteurs indo<strong>le</strong>ntsqui ont abandonné l'oeuvre avant l'heure ; que votre justice <strong>le</strong>s épargneet permette à vos bons Esprits de <strong>le</strong>ur apporter <strong>le</strong> soulagement, <strong>le</strong>sconsolations et l'espoir de l'avenir. La vue du pardon est fortifiante pourl'âme ; montrez-<strong>le</strong>, Seigneur, aux coupab<strong>le</strong>s qui désespèrent, et soutenuspar cette espérance, ils puiseront des forces dans la grandeur même de<strong>le</strong>urs fautes et de <strong>le</strong>urs souffrances, pour racheter <strong>le</strong>ur passé et sepréparer à conquérir l'avenir.Pour un ennemi mort.67. PREFACE. La charité envers nos ennemis doit <strong>le</strong>s suivre au-delà de latombe. Il faut songer que <strong>le</strong> mal qu'ils nous ont fait a été pour nous une épreuvequi a pu être uti<strong>le</strong> à notre avancement, si nous avons su en profiter. El<strong>le</strong> a pu nousêtre encore plus profitab<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s afflictions purement matériel<strong>le</strong>s, en ce que, aucourage et à la résignation, el<strong>le</strong> nous a permis d'y joindre la charité et l'oubli desoffenses. (Ch. X, n° 6 ; ch. XII, n° 5, 6).


312 CHAPITRE XXVIII68. PRIERE. - Seigneur, il vous a plu de rappe<strong>le</strong>r avant moi l'âme deN... Je lui pardonne <strong>le</strong> mal qu'il m'a fait et ses mauvaises intentions àmon égard ; puisse-t-il en avoir du regret, maintenant qu'il n'a plus <strong>le</strong>sillusions de ce monde.Que votre miséricorde, mon Dieu, s'étende sur lui, et éloignez de moila pensée de me réjouir de sa mort. Si j'ai eu des torts envers lui, qu'il me<strong>le</strong>s pardonne, comme j'oublie ceux qu'il a eus envers moi.Pour un criminel.69. PREFACE. Si l'efficacité des prières était proportionnée à <strong>le</strong>ur longueur, <strong>le</strong>splus longues devraient être réservées pour <strong>le</strong>s plus coupab<strong>le</strong>s, parce qu'ils en ontplus besoin que ceux qui ont saintement vécu. Les refuser aux criminels, c'estmanquer de charité et méconnaître la miséricorde de Dieu ; <strong>le</strong>s croire inuti<strong>le</strong>s,parce qu'un homme aura commis tel<strong>le</strong> ou tel<strong>le</strong> faute, c'est préjuger la justice duTrès-Haut. (Ch. XI, n° 14.)70. PRIERE. - Seigneur, Dieu de miséricorde, ne repoussez pas cecriminel qui vient de quitter la terre ; la justice des hommes a pu <strong>le</strong>frapper, mais el<strong>le</strong> ne l'affranchit pas de votre justice, si son coeur n'a pasété touché par <strong>le</strong> remords.Levez <strong>le</strong> bandeau qui lui cache la gravité de ses fautes ; puisse sonrepentir trouver grâce devant vous et alléger <strong>le</strong>s souffrances de son âme !Puissent aussi nos prières et l'intercession des bons Esprits lui porterl'espérance et la consolation ; lui inspirer <strong>le</strong> désir de réparer sesmauvaises actions dans une nouvel<strong>le</strong> existence, et lui donner la force dene pas succomber dans <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s luttes qu'il entreprendra !Seigneur, ayez pitié de lui !Pour un suicidé.74. PREFACE. L'homme n'a jamais <strong>le</strong> droit de disposer de sa propre vie, car àDieu seul appartient de <strong>le</strong> tirer de la captivité terrestre quand il <strong>le</strong> juge à propos.Toutefois la justice divine peut adoucir ses rigueurs en faveur des circonstances,mais el<strong>le</strong> réserve toute sa sévérité pour celui qui a voulu se soustraire aux épreuvesde la vie. Le suicidé est comme <strong>le</strong> prisonnier qui s'évade de sa prison avantl'expiration de sa peine, et qui, lorsqu'il est repris, est tenu plus sévèrement. Ainsien est-il du suicidé, qui croit échapper aux misères présentes et se plonge dans desmalheurs plus grands. (Ch. V, n° 14 et suiv.)72. PRIERE. - Nous savons, ô mon Dieu, <strong>le</strong> sort réservé à ceux quivio<strong>le</strong>nt vos lois en abrégeant volontairement <strong>le</strong>urs jours ; mais noussavons aussi que votre miséricorde est infinie : daignez l'étendre surl'âme de N... Puissent nos prières et votre commisération adoucir


RECUEIL DE PRIERES SPIRITES. 313l'amertume des souffrances qu'il endure pour n'avoir pas eu <strong>le</strong> couraged'attendre la fin de ses épreuves !Bons Esprits, dont la mission est d'assister <strong>le</strong>s malheureux, prenez-<strong>le</strong>sous votre protection ; inspirez-lui <strong>le</strong> regret de sa faute, et que votreassistance lui donne la force de supporter avec plus de résignation <strong>le</strong>snouvel<strong>le</strong>s épreuves qu'il aura à subir pour la réparer. Ecartez de lui <strong>le</strong>smauvais Esprits qui pourraient de nouveau <strong>le</strong> porter au mal, et prolongerses souffrances en lui faisant perdre <strong>le</strong> fruit de ses futures épreuves.Vous, dont <strong>le</strong> malheur fait l'objet de nos prières, puisse notrecommisération en adoucir l'amertume, et faire naître en vous l'espéranced'un avenir meil<strong>le</strong>ur ! Cet avenir est entre vos mains ; confiez-vous en labonté de Dieu, dont <strong>le</strong> sein est ouvert à tous <strong>le</strong>s repentirs, et ne restefermé qu'aux coeurs endurcis.Pour <strong>le</strong>s Esprits repentants.73. PREFACE. Il serait injuste de ranger dans la catégorie des mauvais Esprits<strong>le</strong>s Esprits souffrants et repentants qui demandent des prières ; ceux-là ont pu êtremauvais, mais ils ne <strong>le</strong> sont plus du moment qu'ils reconnaissent <strong>le</strong>urs fautes et <strong>le</strong>sregrettent : ils ne sont que malheureux ; quelques-uns même commencent à jouird'un bonheur relatif.74. PRIERE. - Dieu de miséricorde, qui acceptez <strong>le</strong> repentir sincère dupécheur, incarné ou désincarné, voici un Esprit qui s'était complu au mal,mais qui reconnaît ses torts et entre dans la bonne voie ; daignez, ô monDieu, <strong>le</strong> recevoir comme un entant prodigue et lui pardonner.Bons Esprits dont il a méconnu la voix, il veut vous écouterdésormais ; permettez-lui d'entrevoir la félicité des élus du Seigneur, afinqu'il persiste dans <strong>le</strong> désir de se purifier pour y atteindre ; soutenez-<strong>le</strong>dans ses bonnes résolutions, et donnez-lui la force de résister à sesmauvais instincts.Esprit de N..., nous vous félicitons de votre changement et nousremercions <strong>le</strong>s bons Esprits qui vous ont aidé !Si vous vous complaisiez autrefois à faire <strong>le</strong> mal, c'est que vous necompreniez pas combien est douce la jouissance de faire <strong>le</strong> bien ; vousvous sentiez aussi trop bas pour espérer y atteindre. Mais dès l'instant oùvous avez mis <strong>le</strong> pied dans la bonne route, une lumière nouvel<strong>le</strong> s'estfaite pour vous ; vous avez commencé à goûter d'un bonheur inconnu, etl'espérance est entrée dans votre coeur. C'est que Dieu écoute toujours laprière du pécheur repentant ; il ne repousse aucun de ceux qui viennent àlui.


314 CHAPITRE XXVIIIPour rentrer complètement en grâce auprès de lui, appliquez-vousdésormais, non seu<strong>le</strong>ment à ne plus faire de mal, mais à faire <strong>le</strong> bien, etsurtout à réparer <strong>le</strong> mal que vous avez fait ; alors vous aurez satisfait à lajustice de Dieu ; chaque bonne action effacera une de vos fautes passées.La premier pas est fait ; maintenant, plus vous avancerez plus <strong>le</strong>chemin vous semb<strong>le</strong>ra faci<strong>le</strong> et agréab<strong>le</strong>. Persévérez donc, et un jourvous aurez la gloire de compter parmi <strong>le</strong>s bons Esprits et <strong>le</strong>s Espritsbienheureux.Pour <strong>le</strong>s Esprits endurcis.75. PREFACE. Les mauvais Esprits sont ceux que <strong>le</strong> repentir n'a point encoretouchés ; qui se plaisent au mal et n'en conçoivent aucun regret ; qui sontinsensib<strong>le</strong>s aux reproches, repoussent la prière et souvent blasphèment <strong>le</strong> nom deDieu. Ce sont ces âmes endurcies qui, après la mort, se vengent sur <strong>le</strong>s hommesdes souffrances qu'el<strong>le</strong>s endurent, et poursuivent de <strong>le</strong>ur haine ceux à qui ils en ontvoulu pendant <strong>le</strong>ur vie, soit par l'obsession, soit par une funeste influencequelconque. (Ch. X, n° 6 ; ch. XII, n° 5, 6.)Parmi <strong>le</strong>s Esprits pervers, il y a deux catégories bien distinctes : ceux qui sontfranchement mauvais et ceux qui sont hypocrites. Les premiers sont infinimentplus faci<strong>le</strong>s à ramener au bien que <strong>le</strong>s seconds ; ce sont <strong>le</strong> plus souvent des naturesbrutes et grossières, comme on en voit parmi <strong>le</strong>s hommes, qui font <strong>le</strong> mal plus parinstinct que par calcul, et ne cherchent pas à se faire passer pour meil<strong>le</strong>urs qu'ils nesont ; mais il y a en eux un germe latent qu'il faut faire éclore, et l'on y parvientpresque toujours avec la persévérance, la fermeté jointe à la bienveillance, par <strong>le</strong>sconseils, <strong>le</strong>s raisonnements et la prière. Dans la médiumnité, la difficulté qu'ils ontà écrire <strong>le</strong> nom de Dieu est l'indice d'une crainte instinctive, d'une voix intime dela conscience qui <strong>le</strong>ur dit qu'ils en sont indignes ; celui qui en est là est sur <strong>le</strong> seuilde la conversion, et l'on peut tout espérer de lui : il suffit de trouver <strong>le</strong> pointvulnérab<strong>le</strong> du coeur.Les Esprits hypocrites sont presque toujours très intelligents, mais ils n'ont aucoeur aucune fibre sensib<strong>le</strong> ; rien ne <strong>le</strong>s touche ; ils simu<strong>le</strong>nt tous <strong>le</strong>s bonssentiments pour capter la confiance, et sont heureux quand ils trouvent des dupesqui <strong>le</strong>s acceptent comme de saints Esprits et qu'ils peuvent gouverner à <strong>le</strong>ur gré.Le nom de Dieu, loin de <strong>le</strong>ur inspirer la moindre crainte, <strong>le</strong>ur sert de masque pourcouvrir <strong>le</strong>urs turpitudes. Dans <strong>le</strong> monde invisib<strong>le</strong>, comme dans <strong>le</strong> monde visib<strong>le</strong>,<strong>le</strong>s hypocrites sont <strong>le</strong>s êtres <strong>le</strong>s plus dangereux, parce qu'ils agissent dans l'ombre,et qu'on ne s'en méfie pas. Ils n'ont que <strong>le</strong>s apparences de la foi, mais point de foisincère.76. PRIERE. - Seigneur, daignez jeter un regard de bonté sur <strong>le</strong>sEsprits imparfaits qui sont encore dans <strong>le</strong>s ténèbres de l'ignorance etvous méconnaissent, et notamment sur celui de N....


RECUEIL DE PRIERES SPIRITES. 315Bons Esprits, aidez-nous à lui faire comprendre qu'en induisant <strong>le</strong>shommes au mal, en <strong>le</strong>s obsédant et en <strong>le</strong>s tourmentant, il prolonge sespropres souffrances ; faites que l'exemp<strong>le</strong> du bonheur dont vous jouissezsoit un encouragement pour lui.Esprit qui vous complaisez encore au mal, vous venez d'entendre laprière que nous faisons pour vous ; el<strong>le</strong> doit vous prouver que nousdésirons vous faire du bien, quoique vous fassiez du mal.Vous êtes malheureux, car il est impossib<strong>le</strong> d'être heureux en faisant <strong>le</strong>mal ; pourquoi donc rester dans la peine quand il dépend de vous d'ensortir ? Regardez <strong>le</strong>s bons Esprits qui vous entourent ; voyez combien ilssont heureux, et s'il ne serait pas plus agréab<strong>le</strong> pour vous de jouir dumême bonheur ?Vous direz que cela vous est impossib<strong>le</strong> ; mais rien n'est impossib<strong>le</strong> àcelui qui veut, car Dieu vous a donné, comme à toutes ses créatures, laliberté de choisir entre <strong>le</strong> bien et <strong>le</strong> mal, c'est-à-dire entre <strong>le</strong> bonheur et <strong>le</strong>malheur, et nul n'est condamné à faire <strong>le</strong> mal. Si vous avez la volonté de<strong>le</strong> faire, vous pouvez avoir cel<strong>le</strong> de faire <strong>le</strong> bien et d'être heureux.Tournez vos regards vers Dieu ; é<strong>le</strong>vez-vous un seul instant vers luipar la pensée, et un rayon de sa divine lumière viendra vous éclairer.Dites avec nous ces simp<strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s : Mon Dieu, je me repens,pardonnez-moi. Essayez du repentir et de faire <strong>le</strong> bien au lieu de faire <strong>le</strong>mal, et vous verrez qu'aussitôt sa miséricorde s'étendra sur vous, et qu'unbien-être inconnu viendra remplacer <strong>le</strong>s angoisses que vous endurez.Une fois que vous aurez fait un pas dans la bonne route, <strong>le</strong> reste duchemin vous semb<strong>le</strong>ra faci<strong>le</strong>. Vous comprendrez alors combien de tempsvous avez perdu par votre faute pour votre félicité ; mais un avenirradieux et p<strong>le</strong>in d'espérance s'ouvrira devant vous et vous fera oubliervotre misérab<strong>le</strong> passé, p<strong>le</strong>in de troub<strong>le</strong> et de tortures mora<strong>le</strong>s qui seraientpour vous l'enfer si el<strong>le</strong>s devaient durer éternel<strong>le</strong>ment. Un jour viendraque ces tortures seront tel<strong>le</strong>s qu'à tout prix vous voudrez <strong>le</strong>s faire cesser ;mais plus vous attendrez, plus cela vous sera diffici<strong>le</strong>.Ne croyez pas que vous resterez toujours dans l'état où vous êtes ; non,cela est impossib<strong>le</strong> ; vous avez devant vous deux perspectives : l'une desouffrir beaucoup plus que vous ne <strong>le</strong> faites maintenant, l'autre d'êtreheureux comme <strong>le</strong>s bons Esprits qui sont autour de vous : la première estinévitab<strong>le</strong> si vous persistez dans votre obstination ; un simp<strong>le</strong> effort devotre volonté suffit pour vous tirer du mauvais pas où vous êtes. Hâtezvousdonc, car chaque jour de retard est un jour perdu pour votrebonheur.


316 CHAPITRE XXVIIIBons Esprits, faites que ces paro<strong>le</strong>s trouvent accès dans cette âmeencore arriérée, afin qu'el<strong>le</strong>s l'aident à se rapprocher de Dieu. Nous vousen prions au nom de Jésus-Christ, qui eut un si grand pouvoir sur <strong>le</strong>smauvais Esprits.V. POUR LES MALADES ET LES OBSEDES.Pour <strong>le</strong>s malades.77. PREFACE. Les maladies font partie des épreuves et des vicissitudes de lavie terrestre ; el<strong>le</strong>s sont inhérentes à la grossièreté de notre nature matériel<strong>le</strong> et àl'infériorité du monde que nous habitons. Les passions et <strong>le</strong>s excès de tous genressèment en nous des germes malsains souvent héréditaires. Dans <strong>le</strong>s mondes plusavancés physiquement ou mora<strong>le</strong>ment, l'organisme humain, plus épuré et moinsmatériel, n'est pas sujet aux mêmes infirmités, et <strong>le</strong> corps n'est pas minésourdement par <strong>le</strong> ravage des passions (ch. III, n° 9). Il faut donc se résigner àsubir <strong>le</strong>s conséquences du milieu où nous place notre infériorité, jusqu'à ce nousayons mérité d'en changer. Cela ne doit pas nous empêcher, en attendant, de fairece qui dépend de nous pour améliorer notre position actuel<strong>le</strong> ; mais si, malgré nosefforts, nous n'y pouvons parvenir, <strong>le</strong> Spiritisme nous apprend à supporter avecrésignation nos maux passagers.Si Dieu n'avait pas voulu que <strong>le</strong>s souffrances corporel<strong>le</strong>s fussent dissipées ouadoucies dans certains cas, il n'aurait pas mis des moyens curatifs à notredisposition. Sa prévoyante sollicitude à cet égard, d'accord en cela avec l'instinctde conservation, indique qu'il est de notre devoir de <strong>le</strong>s rechercher et de <strong>le</strong>sappliquer.A côté de la médication ordinaire, élaborée par la science, <strong>le</strong> magnétisme nous afait connaître la puissance de l'action fluidique ; puis <strong>le</strong> Spiritisme est venu nousrévé<strong>le</strong>r une autre force dans la médiumnité guérissante et l'influence de la prière.(Voir ci-après la notice sur la médiumnité guérissante.)78. PRIERE. (Par <strong>le</strong> malade.) - Seigneur, vous êtes toute justice ; lamaladie qu'il vous a plu de m'envoyer, j'ai dû la mériter, parce que vousn'affligez jamais sans cause. Je m'en remets, pour ma guérison, à votreinfinie miséricorde ; s'il vous plaît de me rendre la santé, que votre saintnom soit béni ; si, au contraire, je dois encore souffrir, qu'il soit béni demême ; je me soumets sans murmurer à vos divins décrets, car tout ceque vous faites ne peut avoir pour but que <strong>le</strong> bien de vos créatures.Faites, ô mon Dieu, que cette maladie soit pour moi un avertissementsalutaire, et me fasse faire un retour sur moi-même ; je l'accepte commeune expiation du passé, et comme une épreuve pour ma foi et masoumission à votre sainte volonté. (V. la prière n° 40.)


RECUEIL DE PRIERES SPIRITES. 31779. PRIERE. (Pour <strong>le</strong> malade). - Mon Dieu, vos vues sontimpénétrab<strong>le</strong>s, et dans votre sagesse vous avez cru devoir affliger N...par la maladie. Jetez, je vous en supplie, un regard de compassion sur sessouffrances, et daignez y mettre un terme.Bons Esprits, ministres du Tout-Puissant, secondez, je vous prie, mondésir de <strong>le</strong> soulager ; dirigez ma pensée afin qu'el<strong>le</strong> ail<strong>le</strong> verser un baumesalutaire sur son corps et la consolation dans son âme.Inspirez-lui la patience et la soumission à la volonté de Dieu ; donnezluila force de supporter ses dou<strong>le</strong>urs avec une résignation chrétienne,afin qu'il ne perde pas <strong>le</strong> fruit de cette épreuve. (V. la prière n° 57.)80. PRIERE. (Par <strong>le</strong> médium guérisseur.) - Mon Dieu, si vous daignezvous servir de moi, tout indigne que je suis, je puis guérir cettesouffrance, si tel<strong>le</strong> est votre volonté, parce que j'ai foi en vous ; maissans vous je ne puis rien. Permettez à de bons Esprits de me pénétrer de<strong>le</strong>ur fluide salutaire, afin que je <strong>le</strong> transmette à ce malade, et détournezde moi toute pensée d'orgueil et d'égoïsme qui pourrait en altérer lapureté.Pour <strong>le</strong>s obsédés.81. PREFACE. L'obsession est l'action persistante qu'un mauvais Esprit exercesur un individu. El<strong>le</strong> présente des caractères très différents, depuis la simp<strong>le</strong>influence mora<strong>le</strong>, sans signes extérieurs sensib<strong>le</strong>s, jusqu'au troub<strong>le</strong> comp<strong>le</strong>t del'organisme et des facultés menta<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong> oblitère toutes <strong>le</strong>s facultésmédianimiques ; dans la médiumnité par l'écriture el<strong>le</strong> se traduit par l'obstinationd'un Esprit à se manifester à l'exclusion de tous autres.Les mauvais Esprits pullu<strong>le</strong>nt autour de la terre, par suite de l'infériorité mora<strong>le</strong>de ses habitants. Leur action malfaisante fait partie des fléaux auxquels l'humanitéest en butte ici-bas. L'obsession, comme <strong>le</strong>s maladies, et toutes <strong>le</strong>s tribulations dela vie, doit donc être considérée comme une épreuve ou une expiation, et acceptéecomme tel<strong>le</strong>.De même que <strong>le</strong>s maladies sont <strong>le</strong> résultat des imperfections physiques quirendent <strong>le</strong> corps accessib<strong>le</strong> aux influences pernicieuses extérieures, l'obsession esttoujours celui d'une imperfection mora<strong>le</strong> qui donne prise à un mauvais Esprit. Aune cause physique on oppose une force physique ; à une cause mora<strong>le</strong> il fautopposer une force mora<strong>le</strong>. Pour préserver des maladies, on fortifie <strong>le</strong> corps ; pourgarantir de l'obsession, il faut fortifier l'âme ; de là, pour l'obsédé, la nécessité detravail<strong>le</strong>r à sa propre amélioration, ce qui suffit <strong>le</strong> plus souvent pour <strong>le</strong> débarrasserde l'obsesseur, sans <strong>le</strong> secours de personnes étrangères. Ce secours devientnécessaire quand l'obsession dégénère en subjugation et en possession, car alors <strong>le</strong>patient perd parfois sa volonté et son libre arbitre.


318 CHAPITRE XXVIIIL'obsession est presque toujours <strong>le</strong> fait d'une vengeance exercée par un Esprit,et qui <strong>le</strong> plus souvent a sa source dans <strong>le</strong>s rapports que l'obsédé a eus avec lui dansune précédente existence. (Voy. chap. X, n° 6 ; ch. XII, n° 5, 6).Dans <strong>le</strong>s cas d'obsession grave, l'obsédé est comme enveloppé et imprégné d'unfluide pernicieux qui neutralise l'action des fluides salutaires et <strong>le</strong>s repousse. C'estde ce fluide dont il faut <strong>le</strong> débarrasser ; or un mauvais fluide ne peut être repoussépar un mauvais fluide. Par une action identique à cel<strong>le</strong> du médium guérisseur dans<strong>le</strong>s cas de maladie, il faut expulser <strong>le</strong> fluide mauvais à l'aide d'un fluide meil<strong>le</strong>urqui produit en quelque sorte l'effet d'un réactif. Ceci est l'action mécanique, maisqui ne suffit pas ; il faut aussi et surtout agir sur l'être intelligent auquel il fautavoir <strong>le</strong> droit de par<strong>le</strong>r avec autorité, et cette autorité n'est donnée qu'à lasupériorité mora<strong>le</strong>. plus cel<strong>le</strong>-ci est grande, plus l'autorité est grande.Ce n'est pas tout encore ; pour assurer la délivrance, il faut amener l'Espritpervers à renoncer à ses mauvais desseins ; il faut faire naître en lui l repentir et <strong>le</strong>désir du bien, à l'aide d'instructions habi<strong>le</strong>ment dirigées, dans des évocationsparticulières faites en vue de son éducation mora<strong>le</strong> ; alors on peut avoir la doub<strong>le</strong>satisfaction de délivrer un incarné et de convertir un Esprit imparfait.La tâche est rendue plus faci<strong>le</strong> quand l'obsédé, comprenant sa situation, apporteson concours de volonté et de prière ; il n'en est pas ainsi quand celui-ci, séduit parl'Esprit trompeur, se fait illusion sur <strong>le</strong>s qualités de celui qui <strong>le</strong> domine, et secomplaît dans l'erreur où ce dernier <strong>le</strong> plonge ; car alors, loin de seconder, ilrepousse toute assistance. C'est <strong>le</strong> cas de la fascination toujours infiniment plusrebel<strong>le</strong> que la subjugation la plus vio<strong>le</strong>nte. (Livre des médiums, ch. XXIII.)Dans tous <strong>le</strong>s cas d'obsession, la prière est <strong>le</strong> plus puissant auxiliaire pour agircontre l'Esprit obsesseur.82. PRIERE. (Par l'obsédé.) - Mon Dieu, permettez aux bons Espritsde me délivrer de l'Esprit malfaisant qui s'est attaché à moi. Si c'est unevengeance qu'il exerce pour des torts que j'aurais eus jadis envers lui,vous <strong>le</strong> permettez, mon Dieu, pour ma punition, et je subis laconséquence de ma faute. Puisse mon repentir me mériter votre pardonet ma délivrance ! Mais, quel que soit son motif, j'appel<strong>le</strong> sur lui votremiséricorde ; daignez lui faciliter la route du progrès qui <strong>le</strong> détournera dela pensée de faire <strong>le</strong> mal. Puissé-je, de mon côté, en lui rendant <strong>le</strong> bienpour <strong>le</strong> mal, l'amener à de meil<strong>le</strong>urs sentiments.Mais je sais aussi, ô mon Dieu, que ce sont mes imperfections qui merendent accessib<strong>le</strong> aux influences des Esprits imparfaits. Donnez-moi lalumière nécessaire pour <strong>le</strong>s reconnaître ; combattez surtout en moil'orgueil qui m'aveug<strong>le</strong> sur mes défauts.Quel<strong>le</strong> ne doit pas être mon indignité, puisqu'un être malfaisant peutme maîtriser !


RECUEIL DE PRIERES SPIRITES. 319Faites, ô mon Dieu, que cet échec porté à ma vanité me serve de <strong>le</strong>çonà l'avenir ; qu'il me fortifie dans la résolution que je prends de m'épurerpar la pratique du bien, de la charité et de l'humilité, afin d'opposerdésormais une barrière aux mauvaises influences.Seigneur, donnez-moi la force de supporter cette épreuve avecpatience et résignation ; je comprends que, comme toutes <strong>le</strong>s autresépreuves, el<strong>le</strong> doit aider à mon avancement si je n'en perds pas <strong>le</strong> fruitpar mes murmures, puisqu'el<strong>le</strong> me fournit une occasion de montrer masoumission, et d'exercer ma charité envers un frère malheureux, en luipardonnant <strong>le</strong> mal qu'il me fait. (Ch. XII, n° 5, 6 ; ch. XXVIII, n°15 etsuiv., 46, 47.)83. PRIERE. (Pour l'obsédé.) - Dieu Tout-Puissant, daignez medonner <strong>le</strong> pouvoir de délivrer N... de l'Esprit qui l'obsède ; s'il entre dansvos desseins de mettre un terme à cette épreuve, accordez-moi la grâcede par<strong>le</strong>r à cet Esprit avec autorité.Bons Esprits qui m'assistez, et vous, son ange gardien, prêtez-moivotre concours ; aidez-moi à <strong>le</strong> débarrasser du fluide impur dont il estenveloppé.Au nom de Dieu Tout-Puissant, j'adjure l'Esprit malfaisant qui <strong>le</strong>tourmente de se retirer.84. PRIERE. (Pour l'Esprit obsesseur.) - Dieu infiniment bon,j'implore votre miséricorde pour l'Esprit qui obsède N..., faites-luientrevoir <strong>le</strong>s divines clartés, afin qu'il voie la fausse route où il s'estengagé. Bons Esprits, aidez-moi à lui faire comprendre qu'il a tout àperdre en faisant <strong>le</strong> mal, et tout à gagner en faisant <strong>le</strong> bien.Esprit qui vous plaisez à tourmenter N..., écoutez-moi, car je vouspar<strong>le</strong> au nom de Dieu.Si vous vou<strong>le</strong>z réfléchir, vous comprendrez que <strong>le</strong> mal ne peutl'emporter sur <strong>le</strong> bien, et que vous ne pouvez être plus fort que Dieu et<strong>le</strong>s bons Esprits.Ils auraient pu préserver N... de toute atteinte de votre part ; s'ils nel'ont pas fait, c'est qu'il (ou el<strong>le</strong>) avait une épreuve à subir. Mais quandcette épreuve sera finie, ils vous enlèveront toute action sur lui ; <strong>le</strong> malque vous lui avez fait, au lieu de lui nuire, aura servi à son avancement,et il n'en sera que plus heureux ; ainsi votre méchanceté aura été unepure perte pour vous, et tournera contre vous.Dieu, qui est tout-puissant, et <strong>le</strong>s Esprits supérieurs ses délégués, quisont plus puissants que vous, pourront donc mettre un terme à cetteobsession quand ils <strong>le</strong> voudront, et votre ténacité se brisera devant cette


320 CHAPITRE XXVIIIsuprême autorité. Mais, par cela même que Dieu est bon, il veut bienvous laisser <strong>le</strong> mérite de cesser de votre propre volonté. C'est un répit quivous est accordé ; si vous n'en profitez pas, vous en subirez <strong>le</strong>sdéplorab<strong>le</strong>s conséquences ; de grands châtiments et de cruel<strong>le</strong>ssouffrances vous attendent ; vous serez forcé d'implorer <strong>le</strong>ur pitié et <strong>le</strong>sprières de votre victime, qui déjà vous pardonne et prie pour vous, ce quiest un grand mérite aux yeux de Dieu, et hâtera sa délivrance.Réfléchissez donc pendant qu'il en est temps encore, car la justice deDieu s'appesantira sur vous comme sur tous <strong>le</strong>s Esprits rebel<strong>le</strong>s. Songezque <strong>le</strong> mal que vous faites en ce moment aura forcément un terme, tandisque, si vous persistez dans votre endurcissement, vos souffrances irontsans cesse en augmentant.Quand vous étiez sur la terre, n'auriez-vous pas trouvé stupide desacrifier un grand bien pour une petite satisfaction d'un moment ? Il enest de même maintenant que vous êtes Esprit. Que gagnez-vous à ce quevous faites ? Le triste plaisir de tourmenter quelqu'un, ce qui ne vousempêche pas d'être malheureux, quoi que vous puissiez dire, et vousrendra plus malheureux encore.A côté de cela, voyez ce que vous perdez ; regardez <strong>le</strong>s bons Espritsqui vous entourent, et voyez si <strong>le</strong>ur sort n'est pas préférab<strong>le</strong> au vôtre ? Lebonheur dont ils jouissent sera votre partage quand vous <strong>le</strong> voudrez. Quefaut-il pour cela ? Implorer Dieu, et faire <strong>le</strong> bien au lieu de faire <strong>le</strong> mal.Je sais que vous ne pouvez pas vous transformer tout d'un coup ; maisDieu ne demande pas l'impossib<strong>le</strong> ; ce qu'il veut, c'est de la bonnevolonté. Essayez donc, et nous vous aiderons. Faites que bientôt nouspuissions dire pour vous la prière pour <strong>le</strong>s Esprits repentants (n° 73), etne plus vous ranger parmi <strong>le</strong>s mauvais Esprits, en attendant que vouspuissiez compter parmi <strong>le</strong>s bons.(Voir aussi, ci-dessus, n° 75, la prière pour <strong>le</strong>s Esprits endurcis.)Remarque. La cure des obsessions graves requiert beaucoup depatience, de persévérance et de dévouement ; el<strong>le</strong> exige aussi du tact etde l'habi<strong>le</strong>té pour amener au bien des Esprits souvent très pervers,endurcis et astucieux, car il en est de rebel<strong>le</strong>s au dernier degré ; dans laplupart des cas, il faut se guider <strong>selon</strong> <strong>le</strong>s circonstances ; mais, quel quesoit <strong>le</strong> caractère de l'Esprit, il est un fait certain, c'est qu'on n'obtient rienpar la contrainte ou la menace ; toute l'influence est dans l'ascendantmoral. Une autre vérité, éga<strong>le</strong>ment constatée par l'expérience aussi bienque par la logique, c'est la complète inefficacité des exorcismes,


RECUEIL DE PRIERES SPIRITES. 321formu<strong>le</strong>s, paro<strong>le</strong>s sacramentel<strong>le</strong>s, amu<strong>le</strong>ttes, talismans, pratiquesextérieures ou signes matériels quelconques.L'obsession longtemps prolongée peut occasionner des désordrespathologiques, et requiert parfois un traitement simultané ou consécutifsoit magnétique, soit médical, pour rétablir l'organisme. La cause étantdétruite, il reste à combattre <strong>le</strong>s effets. (V. Livre des médiums, ch.XXIII ; de l'obsession. - Revue spirite, février et mars 1864 ; avril 1865 :exemp<strong>le</strong>s de cures d'obsessions.)FIN


TABLE DES MATIERESPREFACE ................................................................................................3INTRODUCTION ...................................................................................5I. BUT DE CET OUVRAGE. ................................................................................... 5II. AUTORITE DE LA DOCTRINE SPIRITE......................................................... 7Contrô<strong>le</strong> universel de l'enseignement des Esprits................................................. 7III. NOTICES HISTORIQUES............................................................................... 14IV. SOCRATE ET PLATON PRECURSEURS DE L'IDEE CHRETIENNEET DU SPIRITISME............................................................................................... 19Résumé de la doctrine de Socrate et de Platon. .................................................. 20L'EVANGILE SELON LE SPIRITISME .........................................27CHAPITRE I - JE NE SUIS POINT VENU DETRUIRE LA LOI. ..................... 27Moïse. .................................................................................................................. 27Christ. .................................................................................................................. 28Le Spiritisme. ...................................................................................................... 29Alliance de la science et de la religion................................................................ 30INSTRUCTIONS DES ESPRITS....................................................................... 31L'ère nouvel<strong>le</strong>. ..................................................................................................... 31CHAPITRE II - MON ROYAUME N'EST PAS DE CE MONDE...................... 35La vie future. ....................................................................................................... 35La royauté de Jésus.............................................................................................. 36Le point de vue.................................................................................................... 37INSTRUCTIONS DES ESPRITS....................................................................... 39Une royauté terrestre. .......................................................................................... 39CHAPITRE III - IL Y A PLUSIEURS DEMEURES DANS LA MAISONDE MON PERE....................................................................................................... 40Différents états de l'âme dans l'erraticité. ........................................................... 40Différents catégories de mondes habités............................................................. 40Destination de la terre. Causes des misères humaines........................................ 41INSTRUCTIONS DES ESPRITS....................................................................... 42Mondes inférieurs et mondes supérieurs. ........................................................... 42Mondes d'expiations et d'épreuves...................................................................... 45Mondes régénérateurs. ........................................................................................ 46Progression des mondes. ..................................................................................... 47CHAPITRE IV - PERSONNE NE PEUT VOIR LE ROYAUME DE DIEUS'IL NE NAIT DE NOUVEAU. ............................................................................. 49Résurrection et réincarnation. ............................................................................. 49


324 TABLE DES MATIERES.Les liens de famil<strong>le</strong> fortifiés par la réincarnation et brisés par l'unitéd'existence............................................................................................................54INSTRUCTIONS DES ESPRITS. ......................................................................57Limite de l'incarnation.........................................................................................57Nécessité de l'incarnation....................................................................................57CHAPITRE V - BIENHEUREUX LES AFFLIGES. ...........................................60Justice des afflictions...........................................................................................60Causes actuel<strong>le</strong>s des afflictions...........................................................................61Causes antérieures des afflictions. ......................................................................63Oubli du passé. ....................................................................................................65Motifs de résignation...........................................................................................66Le suicide et la folie. ...........................................................................................68INSTRUCTIONS DES ESPRITS. ......................................................................70Bien et mal souffrir..............................................................................................70Le mal et <strong>le</strong> remède..............................................................................................71Le bonheur n'est pas de ce monde.......................................................................72Pertes de personnes aimées. Morts prématurées.................................................74Si c'était un homme de bien, il se serait tué. .......................................................75Les tourments volontaires. ..................................................................................76Le malheur réel....................................................................................................77La mélancolie.......................................................................................................78Epreuves volontaires. Le vrai cilice....................................................................79CHAPITRE VI - LE CHRIST CONSOLATEUR.................................................84Le joug léger........................................................................................................84Consolateur promis..............................................................................................84INSTRUCTIONS DES ESPRITS. ......................................................................85Avènement de l'Esprit de Vérité..........................................................................85CHAPITRE VII - BIENHEUREUX LES PAUVRES D'ESPRIT........................89Ce qu'il faut entendre par <strong>le</strong>s pauvres d'esprit.....................................................89Quiconque s'élève sera abaissé............................................................................90Mystères cachés aux sages et aux prudents. .......................................................92INSTRUCTIONS DES ESPRITS. ......................................................................93L'orgueil et l'humilité...........................................................................................93Mission de l'homme intelligent sur la terre.........................................................98CHAPITRE VIII - BIENHEUREUX CEUX QUI ONT LE COEUR PUR. ......100Laissez venir à moi <strong>le</strong>s petits enfants................................................................100Péché en pensées. Adultère. ..............................................................................101Vraie pureté. Mains non lavées.........................................................................102Scanda<strong>le</strong>s. Si votre main est un sujet de scanda<strong>le</strong>, coupez-la...........................104INSTRUCTIONS DES ESPRITS. ....................................................................106Laissez venir à moi <strong>le</strong>s petits enfants................................................................106Bienheureux ceux qui ont <strong>le</strong>s yeux fermés. ......................................................108


TABLE DES MATIERES. 325CHAPITRE IX - BIENHEUREUX CEUX QUI SONT DOUX ETPACIFIQUES. .......................................................................................................110Injures et vio<strong>le</strong>nces............................................................................................110INSTRUCTIONS DES ESPRITS.....................................................................111L'affabilité et la douceur....................................................................................111La patience.........................................................................................................112Obéissance et résignation..................................................................................112La colère. ...........................................................................................................113CHAPITRE X - BIENHEUREUX CEUX QUI SONT MISERICORDIEUX...116Pardonnez pour que Dieu vous pardonne. ........................................................116S'accorder avec ses adversaires.........................................................................117Le sacrifice <strong>le</strong> plus agréab<strong>le</strong> à Dieu. .................................................................118La pail<strong>le</strong> et la poutre dans l'oeil. .......................................................................118Ne jugez pas afin que vous ne soyez pas jugés. Que celui qui est sanspéché lui jette la première pierre.......................................................................119INSTRUCTIONS DES ESPRITS.....................................................................120L'indulgence. .....................................................................................................122CHAPITRE XI - AIMER SON PROCHAIN COMME SOI-MEME. ...............127Le plus grand commandement. .........................................................................127Rendez à César ce qui est à César.....................................................................128INSTRUCTIONS DES ESPRITS.....................................................................129La loi d'amour....................................................................................................129L'égoïsme...........................................................................................................133La foi et la charité..............................................................................................134Charité envers <strong>le</strong>s criminels. .............................................................................135CHAPITRE XII - AIMEZ VOS ENNEMIS. ......................................................137Rendre <strong>le</strong> bien pour <strong>le</strong> mal. ...............................................................................137Les ennemis désincarnés. ..................................................................................139Si quelqu'un vous a frappé sur la joue droite, présentez-lui encore l'autre. .....140INSTRUCTIONS DES ESPRITS.....................................................................141La vengeance.....................................................................................................141La haine. ............................................................................................................142Le duel. ..............................................................................................................143CHAPITRE XIII - QUE VOTRE MAIN GAUCHE NE SACHE PAS CEQUE DONNE VOTRE MAIN DROITE. .............................................................148Faire <strong>le</strong> bien sans ostentation. ...........................................................................148Les infortunes cachées. .....................................................................................150Le denier de la veuve. .......................................................................................151Convier <strong>le</strong>s pauvres et <strong>le</strong>s estropiés. .................................................................152INSTRUCTIONS DES ESPRITS.....................................................................153La charité matériel<strong>le</strong> et la charité mora<strong>le</strong>..........................................................153La bienfaisance..................................................................................................155La pitié...............................................................................................................162


326 TABLE DES MATIERES.Les orphelins......................................................................................................163CHAPITRE XIV - HONOREZ VOTRE PERE ET VOTRE MERE..................166Piété filia<strong>le</strong>.........................................................................................................166Qui est ma mère et qui sont mes frères ?...........................................................168La parenté corporel<strong>le</strong> et la parenté spirituel<strong>le</strong>...................................................169INSTRUCTIONS DES ESPRITS. ....................................................................170L'ingratitude des enfants et <strong>le</strong>s liens de famil<strong>le</strong>. ...............................................170CHAPITRE XV - HORS LA CHARITE POINT DE SALUT. ..........................175Ce qu'il faut pour être sauvé. Parabo<strong>le</strong> du bon Samaritain. ..............................175Le plus grand commandement...........................................................................177Nécessité de la charité <strong>selon</strong> saint Paul.............................................................178Hors l'Eglise point de salut. Hors la vérité point de salut.................................179INSTRUCTIONS DES ESPRITS. ....................................................................180Hors la charité point de salut.............................................................................180CHAPITRE XVI - ON NE PEUT SERVIR DIEU ET MAMMON...................181Salut des riches. .................................................................................................181Se garder de l'avarice.........................................................................................181Jésus chez Zachée..............................................................................................182Parabo<strong>le</strong> du mauvais riche.................................................................................182Parabo<strong>le</strong> des ta<strong>le</strong>nts ...........................................................................................183Utilité providentiel<strong>le</strong> de la fortune. ...................................................................184Inégalité des richesses. ......................................................................................185INSTRUCTIONS DES ESPRITS. ....................................................................187La vraie propriété. .............................................................................................187Emploi de la fortune. .........................................................................................188Détachement des biens terrestres. .....................................................................191CHAPITRE XVII - SOYEZ PARFAITS. ...........................................................195Caractères de la perfection. ...............................................................................195L'homme de bien. ..............................................................................................196Les bons spirites. ...............................................................................................198Parabo<strong>le</strong> de la semence......................................................................................199INSTRUCTIONS DES ESPRITS. ....................................................................200Le devoir............................................................................................................200La vertu..............................................................................................................201Les supérieurs et <strong>le</strong>s inférieurs..........................................................................202L'homme dans <strong>le</strong> monde....................................................................................204Soigner <strong>le</strong> corps et l'esprit. ................................................................................205CHAPITRE XVIII - BEAUCOUP D'APPELES ET PEU D'ELUS. ..................207Parabo<strong>le</strong> du festin de noces. ..............................................................................207La porte étroite...................................................................................................209Ceux qui disent : Seigneur ! Seigneur ! ............................................................210On demandera beaucoup à celui qui a beaucoup reçu. .....................................212INSTRUCTIONS DES ESPRITS. ....................................................................213


TABLE DES MATIERES. 327On donnera à celui qui a....................................................................................213On reconnaît <strong>le</strong> chrétien à ses oeuvres..............................................................214CHAPITRE XIX - LA FOI TRANSPORTE LES MONTAGNES. ...................217Puissance de la foi.............................................................................................217La foi religieuse. Condition de la foi inébranlab<strong>le</strong>. ..........................................218Parabo<strong>le</strong> du figuier desséché.............................................................................220INSTRUCTIONS DES ESPRITS.....................................................................221La foi mère de l'espérance et de la charité. .......................................................221La foi divine et la foi humaine. .........................................................................222CHAPITRE XX - LES OUVRIERS DE LA DERNIERE HEURE. ..................224INSTRUCTIONS DES ESPRITS.....................................................................224Les derniers seront <strong>le</strong>s premiers........................................................................224Mission des spirites...........................................................................................226Les ouvriers du Seigneur...................................................................................228CHAPITRE XXI - IL Y AURA DE FAUX CHRISTS ET DE FAUXPROPHETES.........................................................................................................230On connaît l'arbre à son fruit.............................................................................230Mission des prophètes.......................................................................................230Prodiges de faux prophètes. ..............................................................................231Ne croyez point à tous <strong>le</strong>s Esprits. ....................................................................232INSTRUCTIONS DES ESPRITS.....................................................................233Les faux prophètes. ...........................................................................................233Caractères du vrai prophète...............................................................................234Les faux prophètes de l'erraticité. .....................................................................236Jérémie et <strong>le</strong>s faux prophètes. ...........................................................................238CHAPITRE XXII - NE SEPAREZ PAS CE QUE DIEU A JOINT...................240Indissolubilité du mariage.................................................................................240Le divorce..........................................................................................................242CHAPITRE XXIII - MORALE ETRANGE.......................................................243Qui ne hait pas son père et sa mère...................................................................243Quitter son père, sa mère et ses enfants. ...........................................................245Laissez aux morts <strong>le</strong> soin d'ensevelir <strong>le</strong>urs morts.............................................246Je ne suis pas venu pour apporter la paix, mais la division..............................247CHAPITRE XXIV - NE METTEZ PAS LA LAMPE SOUS LEBOISSEAU............................................................................................................252Lampe sous <strong>le</strong> boisseau. Pourquoi Jésus par<strong>le</strong> en parabo<strong>le</strong>s............................252N'al<strong>le</strong>z point vers <strong>le</strong>s Gentils.............................................................................254Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin. ...............256Courage de la foi. ..............................................................................................257Porter sa croix. Qui voudra sauver sa vie la perdra. .........................................258CHAPITRE XXV - CHERCHEZ ET VOUS TROUVEREZ.............................259Aide-toi, <strong>le</strong> ciel t'aidera. ....................................................................................259


328 TABLE DES MATIERES.Considérez <strong>le</strong>s oiseaux du ciel. .........................................................................261Ne vous mettez point en peine d'avoir de l'or. ..................................................262CHAPITRE XXVI - DONNEZ GRATUITEMENT CE QUE VOUS AVEZREÇU GRATUITEMENT. ...................................................................................264Don de guérir.....................................................................................................264Prières payées. ...................................................................................................264Vendeurs chassés du temp<strong>le</strong>..............................................................................265Médiumnité gratuite. .........................................................................................266CHAPITRE XXVII - DEMANDEZ ET VOUS OBTIENDREZ........................268Qualités de la prière...........................................................................................268Efficacité de la prière.........................................................................................269Action de la prière. Transmission de la pensée.................................................271Prières intelligib<strong>le</strong>s............................................................................................274De la prière pour <strong>le</strong>s morts et <strong>le</strong>s Esprits souffrants. ........................................275INSTRUCTIONS DES ESPRITS. ....................................................................277Manière de prier.................................................................................................277Bonheur de la prière. .........................................................................................279CHAPITRE XXVIII - RECUEIL DE PRIERES SPIRITES. .............................280Préambu<strong>le</strong>. .........................................................................................................280I. PRIERES GENERALES....................................................................................281Oraison dominica<strong>le</strong>............................................................................................281Réunions spirites. ..............................................................................................287Pour <strong>le</strong>s médiums...............................................................................................288II. PRIERES POUR SOI-MEME. .........................................................................290Aux Anges gardiens et aux Esprits protecteurs. ...............................................290Pour éloigner <strong>le</strong>s mauvais Esprits. ....................................................................292Pour demander à se corriger d'un défaut...........................................................293Pour demander à résister à une tentation...........................................................294Action de grâces pour une victoire obtenue sur une tentation..........................295Pour demander un conseil. ................................................................................295Dans <strong>le</strong>s afflictions de la vie. ............................................................................295Action de grâces pour une faveur obtenue........................................................296Acte de soumission et de résignation................................................................297Dans un péril imminent. ....................................................................................298Action de grâces après avoir échappé à un danger. ..........................................298Au moment de s'endormir. ................................................................................299En prévision de sa mort prochaine. ...................................................................299III. PRIERES POUR AUTRUI..............................................................................301Pour quelqu'un qui est dans l'affliction. ............................................................301Action de grâces pour un bienfait accordé à autrui. .........................................302Pour nos ennemis et ceux qui nous veu<strong>le</strong>nt du mal. .........................................302Action de grâces pour <strong>le</strong> bien accordé à nos ennemis. .....................................303


TABLE DES MATIERES. 329Pour <strong>le</strong>s ennemis du Spiritisme.........................................................................303Prière pour un enfant qui vient de naître...........................................................305Pour un agonisant..............................................................................................306IV. PRIERES POUR CEUX QUI NE SONT PLUS SUR LA TERRE................307Pour quelqu'un qui vient de mourir...................................................................307Pour <strong>le</strong>s personnes que l'on a affectionnées......................................................309Pour <strong>le</strong>s âmes souffrantes qui demandent des prières. .....................................310Pour un ennemi mort. ........................................................................................311Pour un criminel. ...............................................................................................312Pour un suicidé. .................................................................................................312Pour <strong>le</strong>s Esprits repentants. ...............................................................................313Pour <strong>le</strong>s Esprits endurcis. ..................................................................................314V. POUR LES MALADES ET LES OBSEDES. .................................................316Pour <strong>le</strong>s malades................................................................................................316Pour <strong>le</strong>s obsédés. ...............................................................................................317TABLE DES MATIERES ..................................................................323

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