au Sénégal - Les Presses agronomiques de Gembloux

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22 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 2012 16(1), 13-24 Diop D., Mbaye M.S., Kane A. et al.Tableau 3 (suite). Usages et noms vernaculaires des espèces du genre Ficus du Sénégal — Uses and local names of the Ficusgenus species in Senegal (Diop, 2006).EspècesNoms vernaculaires(langue)Usages (organes utilisés)F. sp. Aucun, d’après la bibliographie et les renseignements orauxF. sycomorus Gâg-gang (wolof) Médecine traditionnelle : contre la stérilité féminine, mauxde ventre, antidysentérique, antianasarque ouantihydropisique (figues, écorce, feuille)Alimentaire (figues sucrées et mangées par les enfants auSénégal et au Tchad chez les Soumray ; plante fourragèrepour le bétail)Fabrication de cuves à bièreMystique (arbre entier)F. thonningii Dobalé (wolof) Médecine traditionnelle : contre les affections respiratoires(feuille)Arbre à palabre dans les villages, parfois espèces d’avenuesChasse : piégeage des oiseaux (latex)Textile (écorce)F. trichopoda Soto hour-mbadat a mbél(sérère)F. umbellata Mambéia (wolof)Adaké (halpoular)F. vallis-choudae Toru ba (bambara)Toro (malinké)Gibbé (foula)Chasse (latex + beurre de karité = glu pour le piégeage despetits oiseaux)Médecine traditionnelle : accouchements dystociques, mauxde ventre (feuille)Alimentaire (feuilles séchées, broyées et utilisées commetisane à la place du café moulu)Arbre à palabre dans les villagesMédecine traditionnelle : contre les vertiges, nausées etdouleurs gastro-intestinales (feuille, écorce)Alimentaire (figues)F. ingens, de F. iteophylla, de F. lutea, de F. natalensis,de F. ovata, de F. platyphylla, de F. scott-elliotii,de F. sur, de F. sycomorus, de F. thonningii, deF. umbellata et de F. vallis-choudae. Six de ces espèces(deux variétés de F. glumosa, F. ingens, F. lutea,F. sur et F. sycomorus) sont utilisées pour soigner lastérilité. En Afrique, les feuilles, l’écorce et les racinesdes Ficus sont généralement associées à des organesd’autres plantes pour soigner, soulager ou prévenirdes souffrances et des maladies (Kerharo et al., 1950 ;Schnell, 1957 ; Raponda-Walker et al., 1961 ; Berhaut,1979 ; Lavergne et al., 1989 ; Aké Assi, 1990 ; Dury,1997 ; Okafor et al., 1999).Le domaine alimentaire où 11 des espèces sontnotées avec une fréquence d’utilisation de 24 %(Figure 7). La conservation des figuiers est unestratégie de diversification des ressources alimentairesaussi bien pour les humains que pour les animaux(Seignobos, 1989 ; Guy, 2001). Les figues deF. dicranostyla, des deux variétés de F. glumosa,de F. ingens, de F. iteophylla, de F. platyphylla, deF. sur, de F. sycomorus et de F. vallis-choudae sontconsommées crues par les enfants ou utilisées commecondiments dans les repas quotidiens (couscouschez les Sérères au Sénégal), celles de F. polita sontbien mâchées seulement, l’infusion des feuillesde F. umbellata sert de boissons. Les feuilles deF. glumosa sont consommées dans des soupes (Schnell,1957). Les feuilles et les figues sont aussi appréciéespar les animaux sauvages (singes, oiseaux, chauvessouris,etc.) ou domestiques (ânes, chèvres, moutons etvaches) (Raponda-Walker et al., 1961 ; Dury, 1997 ;Guy, 2001 ; de Garine, 2002).Le domaine mystique qui concerne six espècesétudiées avec une fréquence d’utilisation de 13 %(Figure 7). Il s’agit des deux variétés de F. glumosa, deF. iteophylla, de F. ovata, de F. sur et de F. sycomorus.Ces arbres sont vénérés et considérés commeprotecteurs des villages et des champs, mais aussi desnouveaux mariés (Kerharo et al., 1950 ; Raponda-Walker et al., 1961 ; Aké Assi, 1990 ; Prodefi/Burest,2001). Beaucoup de paysans considèrent les Ficuscomme une source de fertilité pour leurs champs àcause des déjections déposées par les oiseaux, leschauves-souris et les singes, mais aussi pour desraisons mystico-religieuses (Dury, 1997 ; Diop, 2006).Le domaine de l’artisanat où trois des espècesétudiées sont utilisées avec une fréquence de 7 %(Figure 7). En sculpture et en menuiserie, les feuillesde F. exasperata sont utilisées comme papier à

Chorologie, écologie et ethnobotanique de Ficus au Sénégal 23polissage (Berhaut, 1979 ; Diop, 2006). Le bois deF. sycomorus est utilisé dans la fabrication des cuvesà bière (Bellakhdar, 2004) et l’écorce de F. thonningiipour la confection de pagnes (Raponda-Walker et al.,1961 ; Aké Assi, 1990 ; Cunningham, 1996).Le domaine du reboisement urbain et rural où cinqdes espèces étudiées (11 %, Figure 7) sont utilisées.Ces espèces sont plantées dans les grandes avenues(F. lutea, F. thonningii, F. polita) ou dans les villages(F. thonningii et F. umbellata) pour servir soit d’arbresà palabre, soit de taxons d’avenues. Le rôle essentiel deF. dicranostyla et F. abutilifolia dans l’aménagementdu milieu chez les populations de maya au Camerouna été signalé par Dury (1997). Elles sont aussi plantéespour les raisons alimentaires (F. umbellata), mystiqueset médicinales (F. sycomorus) déjà évoquées (Perrierde la Bathie, 1928 ; Schnell, 1957 ; Berhaut, 1979).Le domaine de la chasse où la glu obtenue aprèscuisson du latex de F. elasticoïdes, F. lutea, F. thonningiiet F. trichopoda et mélangée à du beurre de karité estutilisée pour la chasse aux oiseaux (Kerharo et al.,1950 ; Raponda-Walker et al., 1961 ; Aké Assi, 1990).Il ressort de ces résultats que plusieurs espècesont un usage multiple et que la fréquence d’utilisationdes Ficus est plus marquée dans les domaines de lamédecine et de l’alimentation avec une fréquencerespective de 36 % et 24 % (Figure 7).Ces résultats montrent également que la plupartdes espèces étudiées ont un nom vernaculaire qui aideles missionnaires à les retrouver sur le terrain avec leconcours des autochtones. Toutefois, chez les Sérères,l’appellation des deux variétés de Ficus glumosa parle même vocable « sanghay » crée une confusion,alors qu’il s’agit de deux variétés morphologiquementdifférentes.4. CONCLUSIONToutes les espèces étudiées sont originaires del’Afrique tropicale. Cinq des espèces étudiées ont étésignalées en Amérique (USA et Panama) et au Moyen-Orient (Péninsule arabique et Syrie). La présence deces espèces sur ces continents serait probablement liéeà l’activité de l’homme et des oiseaux migrateurs.Sur le continent africain, les espèces étudiées sontplus abondantes dans la région guinéenne pluvieuse quedans la région soudano-zambézienne. Elles occupentles galeries forestières des zones de savanes, les forêtset les vallées d’eau douce.Au Sénégal, ces espèces étudiées occupent lazone littorale et les régions du centre (Fatick, Thièset Tambacounda) et du sud (Kolda, Tambacounda etZiguinchor).Toutefois, le nombre et la diversité des espèces dugenre Ficus rencontrées augmentent du Nord au Sudsuivant le gradient croissant de la pluviométrie. Toutesles espèces étudiées sont rencontrées au sud du Sénégalet neuf parmi elles sont caractéristiques de cette zone.Le type de végétation a permis de distinguer lesespèces de savanes, plus largement répandues, desespèces des forêts humides inféodées aux régionslittorales et aux régions sud du Sénégal.L’influence du climat guinéen permettraitd’expliquer la présence de F. elasticoïdes, F. natalensiset F. ottoniifolia, alors que celle du substrat en grèsquartzite ou granitique suspecterait la présence deF. abutilifolia.En général, les figuiers sont rustiques, capablesde s’adapter à des conditions édapho-climatiquesrelativement difficiles.L’intérêt suscité par certaines espèces de Ficus pourles populations animales et humaines aura contribuéà l’extension de leurs aires de distribution. Dix-huitdes espèces étudiées du genre Ficus sont utilisées parles populations. Ces figuiers remplissent plusieursfonctions. Ils constituent un appoint alimentaire sousforme de fruits et de feuilles, plus du fourrage et desmédicaments. Plusieurs de ces espèces, de par leurphénologie particulière, suscitent de nombreusescroyances qui tournent autour du pouvoir et de lafécondité.RemerciementsLes auteurs remercient Asyla Gum Compagny et le Pr.Aminata Sall Diallo (UCAD) pour leurs encouragements etsoutiens financiers.BibliographieAdam J.G., 1961. Contribution à l’étude de la flore et de lavégétation de l’Afrique occidentale. La basse Casamance(Sénégal). Première partie. Bull. IFAN, t. XXIII, Sér. A,n°4, 911-993.Adam J.G., 1962. Contribution à l’étude de la flore et de lavégétation de l’Afrique occidentale. La basse Casamance(Sénégal). Deuxième partie. Bull. IFAN, t. XXIV, Sér. A,n°1, 116-153.Adam J.G., 1981. Flore descriptive des Monts Nimba (Coted’Ivoire, Guinée, Liberia). Vol. 5. Paris : CNRS, 1587-2051.Aké Assi L., 1990. Utilisation de diverses espèces deFicus L. (Moraceae) dans la pharmacopée traditionnelleafricaine en Côte d’Ivoire. Compte-rendus de la 12 eréunion plénière de l’AETFAT, Hambourg, 4-10septembre 1988. Mitt. Inst. Allg. Bot. Hamburg, 23b S.,1039-1046.Arbonnier M., 2000. Arbres, arbustes et lianes des zonessèches d’Afrique de l’Ouest. Montpellier, France :CIRAD-MNHN-UICN.

22 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 2012 16(1), 13-24 Diop D., Mbaye M.S., Kane A. et al.Table<strong>au</strong> 3 (suite). Usages et noms vernaculaires <strong>de</strong>s espèces du genre Ficus du Sénégal — Uses and local names of the Ficusgenus species in Senegal (Diop, 2006).EspècesNoms vernaculaires(langue)Usages (organes utilisés)F. sp. Aucun, d’après la bibliographie et les renseignements or<strong>au</strong>xF. sycomorus Gâg-gang (wolof) Mé<strong>de</strong>cine traditionnelle : contre la stérilité féminine, m<strong>au</strong>x<strong>de</strong> ventre, antidysentérique, antianasarque ouantihydropisique (figues, écorce, feuille)Alimentaire (figues sucrées et mangées par les enfants <strong>au</strong>Sénégal et <strong>au</strong> Tchad chez les Soumray ; plante fourragèrepour le bétail)Fabrication <strong>de</strong> cuves à bièreMystique (arbre entier)F. thonningii Dobalé (wolof) Mé<strong>de</strong>cine traditionnelle : contre les affections respiratoires(feuille)Arbre à palabre dans les villages, parfois espèces d’avenuesChasse : piégeage <strong>de</strong>s oise<strong>au</strong>x (latex)Textile (écorce)F. trichopoda Soto hour-mbadat a mbél(sérère)F. umbellata Mambéia (wolof)Adaké (halpoular)F. vallis-choudae Toru ba (bambara)Toro (malinké)Gibbé (foula)Chasse (latex + beurre <strong>de</strong> karité = glu pour le piégeage <strong>de</strong>spetits oise<strong>au</strong>x)Mé<strong>de</strong>cine traditionnelle : accouchements dystociques, m<strong>au</strong>x<strong>de</strong> ventre (feuille)Alimentaire (feuilles séchées, broyées et utilisées commetisane à la place du café moulu)Arbre à palabre dans les villagesMé<strong>de</strong>cine traditionnelle : contre les vertiges, n<strong>au</strong>sées etdouleurs gastro-intestinales (feuille, écorce)Alimentaire (figues)F. ingens, <strong>de</strong> F. iteophylla, <strong>de</strong> F. lutea, <strong>de</strong> F. natalensis,<strong>de</strong> F. ovata, <strong>de</strong> F. platyphylla, <strong>de</strong> F. scott-elliotii,<strong>de</strong> F. sur, <strong>de</strong> F. sycomorus, <strong>de</strong> F. thonningii, <strong>de</strong>F. umbellata et <strong>de</strong> F. vallis-choudae. Six <strong>de</strong> ces espèces(<strong>de</strong>ux variétés <strong>de</strong> F. glumosa, F. ingens, F. lutea,F. sur et F. sycomorus) sont utilisées pour soigner lastérilité. En Afrique, les feuilles, l’écorce et les racines<strong>de</strong>s Ficus sont généralement associées à <strong>de</strong>s organesd’<strong>au</strong>tres plantes pour soigner, soulager ou prévenir<strong>de</strong>s souffrances et <strong>de</strong>s maladies (Kerharo et al., 1950 ;Schnell, 1957 ; Raponda-Walker et al., 1961 ; Berh<strong>au</strong>t,1979 ; Lavergne et al., 1989 ; Aké Assi, 1990 ; Dury,1997 ; Okafor et al., 1999).Le domaine alimentaire où 11 <strong>de</strong>s espèces sontnotées avec une fréquence d’utilisation <strong>de</strong> 24 %(Figure 7). La conservation <strong>de</strong>s figuiers est unestratégie <strong>de</strong> diversification <strong>de</strong>s ressources alimentaires<strong>au</strong>ssi bien pour les humains que pour les anim<strong>au</strong>x(Seignobos, 1989 ; Guy, 2001). <strong>Les</strong> figues <strong>de</strong>F. dicranostyla, <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux variétés <strong>de</strong> F. glumosa,<strong>de</strong> F. ingens, <strong>de</strong> F. iteophylla, <strong>de</strong> F. platyphylla, <strong>de</strong>F. sur, <strong>de</strong> F. sycomorus et <strong>de</strong> F. vallis-choudae sontconsommées crues par les enfants ou utilisées commecondiments dans les repas quotidiens (couscouschez les Sérères <strong>au</strong> Sénégal), celles <strong>de</strong> F. polita sontbien mâchées seulement, l’infusion <strong>de</strong>s feuilles<strong>de</strong> F. umbellata sert <strong>de</strong> boissons. <strong>Les</strong> feuilles <strong>de</strong>F. glumosa sont consommées dans <strong>de</strong>s soupes (Schnell,1957). <strong>Les</strong> feuilles et les figues sont <strong>au</strong>ssi appréciéespar les anim<strong>au</strong>x s<strong>au</strong>vages (singes, oise<strong>au</strong>x, ch<strong>au</strong>vessouris,etc.) ou domestiques (ânes, chèvres, moutons etvaches) (Raponda-Walker et al., 1961 ; Dury, 1997 ;Guy, 2001 ; <strong>de</strong> Garine, 2002).Le domaine mystique qui concerne six espècesétudiées avec une fréquence d’utilisation <strong>de</strong> 13 %(Figure 7). Il s’agit <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux variétés <strong>de</strong> F. glumosa, <strong>de</strong>F. iteophylla, <strong>de</strong> F. ovata, <strong>de</strong> F. sur et <strong>de</strong> F. sycomorus.Ces arbres sont vénérés et considérés commeprotecteurs <strong>de</strong>s villages et <strong>de</strong>s champs, mais <strong>au</strong>ssi <strong>de</strong>snouve<strong>au</strong>x mariés (Kerharo et al., 1950 ; Raponda-Walker et al., 1961 ; Aké Assi, 1990 ; Pro<strong>de</strong>fi/Burest,2001). Be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> paysans considèrent les Ficuscomme une source <strong>de</strong> fertilité pour leurs champs àc<strong>au</strong>se <strong>de</strong>s déjections déposées par les oise<strong>au</strong>x, lesch<strong>au</strong>ves-souris et les singes, mais <strong>au</strong>ssi pour <strong>de</strong>sraisons mystico-religieuses (Dury, 1997 ; Diop, 2006).Le domaine <strong>de</strong> l’artisanat où trois <strong>de</strong>s espècesétudiées sont utilisées avec une fréquence <strong>de</strong> 7 %(Figure 7). En sculpture et en menuiserie, les feuilles<strong>de</strong> F. exasperata sont utilisées comme papier à

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