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au Sénégal - Les Presses agronomiques de Gembloux

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14 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 2012 16(1), 13-24 Diop D., Mbaye M.S., Kane A. et al.(Ba et al., 2001 ; Diop, 2006). Nombreuses <strong>de</strong> cesespèces sont cultivées et joueraient un rôle décoratif,améliorant le climat (fraîcheur, oxygénation, antiérosion,brise-vent, etc.), un rôle socio-économique,alimentaire et parfois un rôle mystico-religieux.D’<strong>au</strong>tres espèces du genre, non moins importantes, sontfréquemment abattues pour faire place <strong>au</strong>x culturessaisonnières <strong>de</strong> rente. Toutefois, une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>ces espèces fournissent également <strong>au</strong>x populationsrurales <strong>de</strong>s produits intéressants, à savoir substancesmédicinales, bois d’œuvre, perches, bois <strong>de</strong> ch<strong>au</strong>ffage,résines, fibres, fourrage, légumes et, bien entendu,fruits.À part <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s botaniques (Berh<strong>au</strong>t, 1967 ;Berh<strong>au</strong>t, 1979 ; Kerharo et al., 1974), les espècesdu genre Ficus n’ont, à notre connaissance, pas étéétudiées et n’ont pas donné lieu à d’importantesrecherches scientifiques jusqu’ici. C’est dans un cadre<strong>de</strong> contribution à une valorisation <strong>de</strong> notre patrimoinenaturel que s’inscrit cette étu<strong>de</strong>. Elle se focalise sur larépartition géographique, l’écologie et les différentsusages possibles <strong>de</strong>s figuiers par les populationsanimales et humaines.Plus spécifiquement, cette étu<strong>de</strong> qui a été entaméeen 2001 et finalisée en 2006, a pour objectif :– d’établir la distribution <strong>de</strong> 24 espèces du genre Ficus<strong>au</strong> Sénégal,– <strong>de</strong> rechercher les corrélations possibles entre ladistribution géographique et les facteurs écologiques,– <strong>de</strong> rechercher l’intérêt <strong>de</strong>s espèces du genre Ficuspour les populations animales et humaines.2. MÉTHODES D’ÉTUDES CHOROLOGIQUES,ÉCOLOGIQUES ET ETHNOBOTANIQUES2.1. Matériel végétalNous avons i<strong>de</strong>ntifié d’abord les espèces à étudier grâce<strong>au</strong>x clés internationales <strong>de</strong> la systématique (Berh<strong>au</strong>t,1967 ; Berh<strong>au</strong>t, 1979 ; Berg, 1985 ; Arbonnier, 2000).Pour chacune <strong>de</strong>s espèces étudiées, <strong>de</strong>s échantillonsd’herbiers ont été récoltés et sèchés à l’ombre, àl’abri <strong>de</strong> l’humidité et <strong>de</strong> la chaleur, en prenant soin<strong>de</strong> trier chacun <strong>de</strong> ses organes (feuilles, fruits, écorceet racines) qui sont ensuite conservés soigneusementjusqu’à leur étu<strong>de</strong>.2.2. Chorologie et écologie du genre Ficus L.La répartition géographique et les conditions écologiques<strong>de</strong>s espèces du genre Ficus L. ont été établies à partir<strong>de</strong>s flores (Hutchinson et al., 1958 ; Berh<strong>au</strong>t, 1967 ;Berh<strong>au</strong>t, 1979 ; Schnell, 1976 ; Adam, 1981 ; Berg,1985 ; Arbonnier, 2000), <strong>de</strong>s monographies, <strong>de</strong>smanuels <strong>de</strong> Botanique et d’Agronomie (Aubréville,1950 ; Aubréville, 1959 ; Adam, 1961 ; Adam, 1962 ;Audru, 1982), <strong>de</strong> différents trav<strong>au</strong>x (Aweke, 1979 ;Berg, 1990 ; Lebrun et al., 1992), <strong>de</strong> sites internet (Base<strong>de</strong> données <strong>de</strong>s plantes d’Afrique : http://www.villege.ch/musinfo/bd/cjb/africa/; http://www.aluka.org/ ethttp://www.xycol.net/) et <strong>de</strong> nos propres observations.Cette étu<strong>de</strong> a été complétée par <strong>de</strong>s indications surles localités mentionnées sur 293 fiches <strong>de</strong>scriptivesd’échantillons botaniques dont 76 sont conservéesdans les herbiers <strong>de</strong> l’Institut Fondamental d’AfriqueNoire (IFAN) et du Département <strong>de</strong> Biologie végétale<strong>de</strong> l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) à Dakaret 217 fiches consultables dans la base <strong>de</strong> données <strong>de</strong>l’herbier du Museum National d’Histoire Naturelle(MNHN) à Paris.Ces différentes sources ont permis <strong>de</strong> préciser, pourchaque espèce <strong>de</strong> Ficus L., la distribution géographiqueet les conditions écologiques.<strong>Les</strong> aires <strong>de</strong> répartitions <strong>de</strong>s espèces végétales enAfrique tropicale, représentées par les subdivisionsphytogéographiques proposées par Lebrun (1947) 1 citépar Schnell (1976) ont été utilisées pour caractériser larépartition <strong>de</strong>s espèces <strong>de</strong> Ficus <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> continental.La superposition <strong>de</strong> la carte <strong>de</strong> l’Afrique avec cessubdivisions phytogéographiques, sur celle contenantles limites <strong>de</strong>s États d’Afrique, a permis d’apprécierl’aire <strong>de</strong> distribution géographique <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong>sespèces étudiées.2.3. EthnobotaniqueL’étu<strong>de</strong> ethnobotanique <strong>de</strong>s espèces du genre Ficusa été menée en collaboration avec les populationsrurales <strong>de</strong>s zones prospectées (régions <strong>de</strong> Dakar,Fatick, Kédougou, Thiès, Tambacounda et Ziguinchor<strong>au</strong> Sénégal) (Figure 1) et avec <strong>de</strong>s tradipraticiens <strong>de</strong>ces régions. <strong>Les</strong> échantillons d’herbiers collectés ou <strong>de</strong>rame<strong>au</strong>x fertiles à feuilles ont été présentés <strong>au</strong> préalable<strong>au</strong>x personnes ressources pour leur i<strong>de</strong>ntification.Au total, 103 personnes adultes dont 72 hommes et31 femmes, et parmi lesquels 65 sont reconnues commeguérisseurs traditionnels, ont pu déterminer les espèceset répondre <strong>au</strong>x questions relatives à l’utilisation <strong>de</strong>sFicus dans les domaines artisan<strong>au</strong>x, alimentaires etmédicin<strong>au</strong>x.<strong>Les</strong> données ethnobotaniques obtenues par l’étu<strong>de</strong>ont ensuite été complétées par <strong>de</strong>s informationsobtenues <strong>de</strong>s flores (Aubréville, 1950 ; Aubréville,1959 ; Berh<strong>au</strong>t, 1967 ; Berh<strong>au</strong>t, 1979 ; Berg,1Lebrun J., 1947. La végétation <strong>de</strong> la plaine alluviale <strong>au</strong> Sud dulac Édouard. Exploration du Parc national Albert. Mission J.Lebrun (1937-1938), pt 1 (2 vol.). Bruxelles : Institut <strong>de</strong>s ParcsNation<strong>au</strong>x du Congo Belge.


Chorologie, écologie et ethnobotanique <strong>de</strong> Ficus <strong>au</strong> Sénégal 15Figure 1. <strong>Les</strong> différentes régions administratives du Sénégal, année 2010 (avec l’<strong>au</strong>torisation <strong>de</strong> l’IFAN) — Variousadministrative areas of Senegal, 2010 (with IFAN’s permission).1985), <strong>de</strong>s manuels <strong>de</strong> botanique et d’agronomie(Audru, 1982 ; Dury, 1997 ; <strong>de</strong> Garine, 2002), <strong>de</strong> lapharmacopée traditionnelle africaine <strong>de</strong> Kerharo et al.(1974), <strong>de</strong>s différents trav<strong>au</strong>x cités dans les référencesbibliographiques et <strong>de</strong>s informations obtenues viaInternet.3. RÉSULTATS ET DISCUSSION3.1. Répartition géographiqueLe table<strong>au</strong> 1 synthétise l’ensemble <strong>de</strong>s donnéestirées <strong>de</strong>s échantillons d’herbiers du Laboratoire <strong>de</strong>Botanique <strong>de</strong> l’IFAN Cheikh Anta Diop <strong>de</strong> l’UCAD,du Département <strong>de</strong> Biologie végétale <strong>de</strong> la Faculté<strong>de</strong>s Sciences et Techniques <strong>de</strong> l’UCAD. Il récapitulel’essentiel <strong>de</strong>s caractéristiques <strong>de</strong> la distributiongéographique à différentes échelles <strong>de</strong>s espèces étudiéesdu genre Ficus, à partir <strong>de</strong>s données bibliographiqueset <strong>de</strong> nos observations personnelles.Dans le mon<strong>de</strong>. Le table<strong>au</strong> 1 montre que parmi les24 taxons étudiés, seulement 5 (Figure 2) sont signaléshors du continent africain. Il s’agit <strong>de</strong> :– F. lutea et F. ingens rencontrés en Amérique centrale(Panama),– F. exasperata, F. sur et F. sycomorus rencontrés <strong>au</strong>Moyen-Orient.Plusieurs références confirment l’origine africaine<strong>de</strong>s espèces étudiées (Hutchinson et al., 1958 ;Berh<strong>au</strong>t, 1979 ; Berg, 1992). La présence <strong>de</strong> certainesd’entre elles (F. lutea, F. sycomorus, F. ingens,F. sur, F. exasperata) en <strong>de</strong>hors du continent africainserait probablement due <strong>au</strong>x activités <strong>de</strong> l’homme(horticulture, reboisement, etc.) et <strong>au</strong>x oise<strong>au</strong>xmigrateurs (Bellakhdar, 2004).En Afrique. En ce qui concerne le continent africain,les espèces étudiées sont toutes présentes en Afriquetropicale.Cette présence est plus marquée dans la régionguinéenne <strong>de</strong> Lebrun, 1947 1 cité par Schnell (1976) où96 % <strong>de</strong>s espèces étudiées ont été signalées (Figure 3).Dans cette région, la diversité <strong>de</strong>s espèces du genreFicus est plus élevée dans les pays équatori<strong>au</strong>x où lapluviométrie est largement supérieure à 1 500 mm :60 taxons <strong>au</strong> Cameroun (Berg, 1985), 40 <strong>au</strong> Gabon(Berg, 1984), 35 en Côte d’Ivoire (Aubréville, 1959) et32 <strong>au</strong> Sénégal (Berh<strong>au</strong>t, 1967 ; Berh<strong>au</strong>t, 1979).La présence <strong>de</strong>s Ficus est moindre dans la régionsoudano-zambézienne avec 79 % (Figure 3) où 5 <strong>de</strong>sespèces étudiées n’ont pas été signalées. Il s’agit <strong>de</strong>


16 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 2012 16(1), 13-24 Diop D., Mbaye M.S., Kane A. et al.Table<strong>au</strong> 1. Répartition géographique <strong>de</strong> 24 espèces du genre Ficus L. présentes <strong>au</strong> Sénégal — Geographical distributionof the 24 Ficus L. species in Senegal.Espèces Mon<strong>de</strong> Afrique SénégalF. abutilifolia (Miq.) Miq. Afrique 2, 5, 6 Région guinéenne 1-6Région soudano-zambézienne 1Tambacounda1, 2, 3KédougouF. conr<strong>au</strong>i Warb. Afrique 5, 6 Région guinéenne 1-6 Tambacounda (Dindéfello)Ziguinchor (Oussouye) 1F. cordata Thunb. subsp.lecardii (Warb.) C.C.BergF. dicranostyla Mildbr. var.‘dicranostyla’Afrique 2, 5, 6 Région guinéenne 1Région soudano-zambézienne 1Afrique 2, 5, 6 Région guinéenne 1Région soudano-zambézienne 1Tambacounda (Niokolo1, 2, 3Koba, Kédougou)Dakar, Fatick, Tambacounda,1, 2, 3, 4ZiguinchorF. elasticoi<strong>de</strong>s De Wild. Afrique 2, 5, 6 Région guinéenne 1 1, 2, 3, 4Ziguinchor1, 2, 3Kolda2, 5, 6F. exasperata Valh Afrique Région guinéenne 1-6Péninsule arabique 7 Région soudano-zambézienne 1-6F. glumosa Delilevar. ‘glumosa’ DelileF. glumosa Delilevar. ‘glaberrima’ MartAfrique 2, 5, 6 Région guinéenne 1-6Région soudano-zambézienne 1-6Tambacounda1, 2, 3(Kédougou)Fatick, Tambacounda,1, 2, 3KédougouAfrique 2, 5, 6 Région guinéenne 1Delta du SaloumRégion soudano-zambézienne 1 TambacoundaRégion guinéenne 1F. ingens (Miq.) Miq.2, 5, 6Afrique(Honolulu, USA) 9AmériqueRégion soudano-zambézienne 1F. iteophylla Miq. Afrique 2, 5, 6 Région guinéenne 1Région soudano-zambézienne 1Région guinéenne 1-7F. lutea Valh2, 5, 6Afrique(Panama) 9Amérique Centrale Région soudano-zambézienne 1-6F. natalensis Hochst. subsp.leprieurii (Miq.) C.C.BergF. ottoniifolia (Miq.) Miq.subsp. ottoniifolia1, 2, 31, 2, 3Fatick, Tambacounda,Kédougou 1, 2, 3 ,1, 2, 3ZiguinchorFatick 1, 2, 3 , Tambacounda,1, 2, 3KédougouDakar, Fatick, Saint-Louis,Tambacounda,Kédougou 1, 2, 3 , Thiès 1, 2, 3 ,1, 2, 3, 4ZiguinchorAfrique 2, 5, 6 Région guinéenne 11, 2, 3ZiguinchorRégion soudano-zambézienne 1Afrique 2, 5, 6 Région guinéenne 1 1, 2, 3, 4Ziguinchor (Oussouye)F. ovata Valh Afrique 2, 5, 6 Région guinéenne 1-6Région soudano-zambézienne 1-6Dakar, Fatick, Tambacounda,1, 2, 3Kédougou1, 2, 3, 4ZiguinchorF. platyphylla Delile Afrique 2, 5, 6 Région soudano-zambézienne 1-6 Dakar 1, 2 , Fatick 1, 2, 3 ,Saint-Louis 1 , Thiès 1, 2, 3 ,Tambacounda,Kédougou 1, 2, 3 ,1, 2, 3ZiguinchorF. polita Valh subsp. polita Afrique 2, 5, 6 Région guinéenne 1Fatick 1,2 , Niayes 1, 2 ,Région soudano-zambézienne 1 Thiès 1, 2, 3 1, 2, 4, ZiguinchorF. scott-elliotii Milbr. &BurretAfrique 2, 5, 6 Région guinéenne 1 Fatick 1, 3 , (Iles du Saloum),Niayes 1 , Tambacounda 1 ,1, 2, 3, 4ZiguinchorF. sp. Afrique 1 Région guinéenne 1 Tambacounda (Dindéfello) 1F. sur Forssk. Afrique 2, 5, 6 , Syrie 10 Région guinéenne 1-6Fatick 1, 2, 3 , Niayes 1, 2, 3 ,Région soudano-zambézienne 1-6 Kaolack, Tambacounda 1, 2, 3 ,1, 2, 4Ziguinchor


Chorologie, écologie et ethnobotanique <strong>de</strong> Ficus <strong>au</strong> Sénégal 17Table<strong>au</strong> 1 (suite). Répartition géographique <strong>de</strong> 24 espèces du genre Ficus L. présentes <strong>au</strong> Sénégal — Geographicaldistribution of the 24 Ficus L. species in Senegal.Espèces Mon<strong>de</strong> Afrique SénégalF. sycomorus L. subsp.gnaphalocarpa (Miq.)C.C.Berg2, 5, 6Afrique Région guinéenne 1Dakar 1, 2, 3 , Fatick 1, 2, 3 ,Moyen-Orient 8 Région soudano-zambézienne 1 Kaolack 1, 2, 3 , Thiès 1, 2, 3 ,1, 2, 3TambacoundaF. thonningii Blume Afrique 2, 5, 6 Région Guinéenne 1-6Région soudano-zambézienne 1F. trichopoda Baker Afrique 2, 5, 6 Région guinéenne 1-6Région soudano-zambézienne 1-6F. umbellata Valh Afrique 2, 5, 6 Région guinéenne 1-6Région soudano-zambézienne 1-6F. vallis-choudae Delile Afrique 2, 5, 6 Région guinéenne 1-6Région soudano-zambézienne 1-6Diourbel 1, 2, 3 , Fatick,Kaolack, Kolda,Saint-Louis 1 , Tambacounda,2, 3, 4Thiès, ZiguinchorFatick 1, 2, 3 , Tambacounda,Kédougou 1, 2, 3 ,1, 2, 3, 4ZiguinchorFatick, Tambacounda,Kédougou 1, 2, 3 ,1, 2, 3, 4ZiguinchorTambacounda1, 2, 3Kédougou1 : observations personnelles — personal observations ; 2 : Berh<strong>au</strong>t, 1969 ; Berh<strong>au</strong>t, 1979 ; 3 : fiches d’Herbier — herbarium sheets ;4 : Adam, 1961 ; Adam, 1981 ; 5 : Berg, 1985 ; Berg, 1990 ; 6 : Lebrun et al., 1992 ; 7 : http://www.rarepalmseeds.com, (12.04.2004) ;8 : Bellakhdar, 2004 ; 9 : http://www.tropicos.org, (12.04.2004) ; 10 : http://nature.jardin.free.fr, (12.04.2004).100 %Afrique Amérique Moyen-OrientFigure 2. Fréquence <strong>de</strong>s Ficus étudiés sur les continents —Frequency of Ficus studied on the continents.96 %Région guinéenne8 % 13 %79 %Région soudano-zambésienneFigure 3. Fréquence <strong>de</strong>s Ficus étudiés dans les régionsguinéennes et soudano-zambésiennes — Frequency of Ficusstudied in the Guinean and Soudano-Zambesian areas.F. conr<strong>au</strong>i, F. elasticoi<strong>de</strong>s, F. ottoniifolia, F. scottelliotii,F. sp. Cette région correspond <strong>au</strong> domaine <strong>de</strong>ssavanes sèches et <strong>de</strong>s steppes (Schnell, 1976).Au Sénégal. Au Sénégal, nous pouvons distinguer3 groupes selon l’importance <strong>de</strong> leur aire géographique :les espèces très répandues, les espèces moyennementrépandues et les espèces confinées <strong>au</strong> sud du pays.– les espèces très répandues sont : F. lutea,F. platyphylla, F. sycomorus et F. thonningii ;elles sont rencontrées dans les régions <strong>de</strong> Saint-Louis,Thiès, Dakar, Kaolack, Fatick, Tambacounda, Koldaet Ziguinchor ; dans les régions côtières et centrales,elles sont plantées dans les villes comme espècesornementales et en milieu rural, comme arbres àpalabre ou conservées et protégées dans leschamps ; elles sont retrouvées également dans lessavanes arborées et les galeries forestières <strong>de</strong> larégion <strong>de</strong> Tambacounda ou dans les forêts claires <strong>de</strong>la Basse Casamance.– les espèces moyennement répandues sont :F. dicanostyla, F. glumosa, F. iteophylla, F. ovata,F. polita, F. scott-ellioti, F. sur, F. trichopodaet F. umbellata ; ces espèces couvrent les régions<strong>de</strong> Dakar, Thiès, Fatick, Tambacounda, Kolda etZiguinchor.– neuf <strong>au</strong>tres espèces ne sont rencontrées que dans lesrégions sud du Sénégal. Il s’agit <strong>de</strong>s espècessuivantes :– d’une part, <strong>de</strong> F. ingens, F. abutilifolia, F. cordata,F. vallis-choudae, F. conr<strong>au</strong>i, F. sp., soit 6 espècesrécoltées dans la régions <strong>de</strong> Tambacounda ;– d’<strong>au</strong>tre part, <strong>de</strong> F. elasticoi<strong>de</strong>s, F. natalensis,F. ottoniifolia, F. conr<strong>au</strong>i, récoltées dans la région<strong>de</strong> Ziguinchor.Ces observations ne doivent pas être considéréescomme définitives ; il est certain que <strong>de</strong>s récoltesnouvelles dans la région <strong>de</strong> Casamance, en proie àune rébellion armée qui nous a empêchés <strong>de</strong> retrouver


18 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 2012 16(1), 13-24 Diop D., Mbaye M.S., Kane A. et al.toutes les espèces signalées par Berh<strong>au</strong>t (1979),viendront modifier sensiblement cette répartition.En outre, les Ficus sont mieux représentés dansles forêts soudano-guinéennes du Sud avec 67 % <strong>de</strong>sespèces étudiées (Figure 4), que dans les savanessoudaniennes du centre-est du Sénégal avec 33 %.Dans cette partie sud du Sénégal, l’abondance <strong>de</strong>spluies, la durée <strong>de</strong> la saison pluvieuse (4 à 5 mois) et leclimat humi<strong>de</strong>, joueraient un rôle très important dans larépartition géographique <strong>de</strong>s espèces du genre.En plus <strong>de</strong> ces facteurs climatiques, la répartitiongéographique <strong>de</strong>s espèces du genre Ficus serait<strong>au</strong>ssi tributaire <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>au</strong>tres facteurs : le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong>dissémination <strong>de</strong>s graines et l’action anthropique.En effet, les Ficus, par leur faculté <strong>de</strong> fructificationmultiple dans une même année, constituent uneréserve <strong>de</strong> nourriture abondante et <strong>de</strong> qualité pour lesanim<strong>au</strong>x et parfois pour l’homme. Ceci favoriserait ladissémination <strong>de</strong> leurs fruits par les anim<strong>au</strong>x noma<strong>de</strong>s,en particulier les oise<strong>au</strong>x (Perrier <strong>de</strong> la Bathie, 1928).L’utilisation par l’homme <strong>de</strong> certaines espèces <strong>de</strong>Ficus (F. ovata, F. lutea, F. thonningii, F. sycomorus,F. polita et F. umbellata) a permis d’étendre leurs aires<strong>de</strong> répartition hors <strong>de</strong> leurs milieux naturels.– les espèces <strong>de</strong> savanes : F. abutilifolia, F. cordata,F. dicranostyla, F. glumosa, F. ingens, F. iteophyllaet F. platyphylla,– les espèces <strong>de</strong> forêts et <strong>de</strong> galeries forestières, <strong>de</strong>szones <strong>de</strong>s dépressions humi<strong>de</strong>s comme les Niayes,<strong>de</strong>s abords <strong>de</strong>s cours d’e<strong>au</strong> ou <strong>de</strong>s vallées humi<strong>de</strong>s :F. conr<strong>au</strong>i, F. elasticoi<strong>de</strong>s, F. exasperata, F. lutea,F. natalensis, F. ottoniifolia, F. ovata, F. polita,F. scott-elliotii, F. sp., F. sur, F. trichopoda,F. umbellata et F. vallis-choudae.Au nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s zones climatiques (Figure 5),la plupart <strong>de</strong>s espèces sont inféodées <strong>au</strong>x climatssoudano-guinéen (52 %) et guinéen (30 %) (Figure 6).3.2. L’écologie <strong>de</strong>s espècesLe table<strong>au</strong> 2 récapitule les caractéristiques écologiques<strong>de</strong>s espèces étudiées du genre Ficus L., à savoir :– le groupement végétatif,– le type <strong>de</strong> climat,– les conditions pédologiques.Au plan écologique, les résultats montrent unevariabilité <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> la végétation, du climat et <strong>de</strong>la pédologie.En ce qui concerne l’habitat, on distingue <strong>de</strong>uxgroupes d’espèces :Figure 5. Différentes zones climatiques <strong>au</strong> Sénégal — Variousclimatic zones in Senegal.Forêts67 %Savanes33 %Régions soudanoguinéennes52 %Régionssoudaniennes30 %Régions guinéennes18 %Figure 4. Fréquence <strong>de</strong>s Ficus étudiés dans les forêts etsavanes <strong>au</strong> Sénégal — Frequency of Ficus studied in forestsand savannas in Senegal.Figure 6. Fréquence <strong>de</strong>s Ficus étudiés dans les régionssoudaniennes, soudano-guinéennes et guinéennes duSénégal — Frequency of Ficus studied in Sudanese, Soudano-Guinean and Soudano-Zambesian areas in Senegal.


Chorologie, écologie et ethnobotanique <strong>de</strong> Ficus <strong>au</strong> Sénégal 19Table<strong>au</strong> 2. Écologie <strong>de</strong> 24 espèces du genre Ficus rencontrées <strong>au</strong> Sénégal — Ecology of 24 species of Ficus genus in Senegal.EspècesCaractères écologiquesF. abutilifolia Zones <strong>de</strong> savanes, bords <strong>de</strong>galeriesF. conr<strong>au</strong>i Zones <strong>de</strong> forêts <strong>de</strong>nses,galeries forestières humi<strong>de</strong>s,ripicolesF. cordata subsp. lecardii Zones <strong>de</strong> savane <strong>au</strong>x bords<strong>de</strong>s bowés et galeriesforestièresF. dicranostylavar. ‘dicranostyla’Biotope Climat PédologieZones <strong>de</strong> savanes boiséesClimat soudano-guinéenClimat guinéenClimat soudano-guinéenClimat soudano-guinéen etsoudanienF. elasticoi<strong>de</strong>s Zones <strong>de</strong> forêts humi<strong>de</strong>s Climat guinéenF. exasperata Galeries forestières etgroupements <strong>de</strong> forêtssecondairesF. glumosa var. ‘glumosa’ Savanes boisées, forêtssèchesClimat soudano-guinéenClimat soudano-guinéenEndroits rocheux ensoleillésSol sablo-argileux à rocheuxMilieux rocheux (dalleslatéritiques, etc.)Plate<strong>au</strong>x à sol argileux, dansles groupements <strong>de</strong> forêtssecondairesVersants <strong>de</strong>s collineslatéritiquesPlate<strong>au</strong>x à sol sablo-argileux,souvent inféodée <strong>au</strong>xmilieux rocheuxF. glumosa var. ‘glaberrima’ Savanes boisées Climat soudano-guinéen Plate<strong>au</strong>x à sol sablo-argileuxF. ingens Zones périforestières,plate<strong>au</strong>x à sol sableuxF. iteophylla Zone <strong>de</strong> savanes boisées,dans les îlots <strong>de</strong> forêt <strong>de</strong>nsesèche et les groupementsforestiers ripicolesF. lutea Zone <strong>de</strong> savanespériforestières et galeriesforestières ripicolesF. natalensis subsp.leprieuriiF. ottoniifolia subsp.ottoniifoliaZone <strong>de</strong> forêts, <strong>de</strong> prairies et<strong>de</strong> galeries humi<strong>de</strong>sZone <strong>de</strong> forêts humi<strong>de</strong>sF. ovata Zone <strong>de</strong> forêts humi<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>savanes arborées, NiayesClimat soudanien à soudanoguinéenClimat soudanienClimat humi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s NiayesClimat soudano-guinéenClimat guinéenClimat guinéenFréquent sur sablesgravillonnaire, sur sableshydromorphesSol sablo-argileuxMilieux rocheux, plantée envilleSol sablo-argileuxF. platyphylla Zone <strong>de</strong> savanes Climat soudano-guinéen Plate<strong>au</strong>x à sol sablo-argileuxà latéritiqueF. polita subsp. polita Zone <strong>de</strong> forêts humi<strong>de</strong>s etdans les galeries forestières,milieux humi<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s Niayes,plantée dans les villages etdans les villesF. scott-elliotii Forêts humi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> labasse Casamance, galeriesforestières, milieux humi<strong>de</strong>s<strong>de</strong>s NiayesF. sp. Galeries forestières humi<strong>de</strong>s,milieux humi<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s NiayesClimat soudano-guinéenClimat soudano-guinéenClimat soudano-guinéenSol sablo-argileux à rocheuxSol sablo-argileux à rocheux.Résiste à une faible salinitéMilieu rocheux


20 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 2012 16(1), 13-24 Diop D., Mbaye M.S., Kane A. et al.Table<strong>au</strong> 2 (suite). Écologie <strong>de</strong> 24 espèces du genre Ficus rencontrées <strong>au</strong> Sénégal — Ecology of 24 species of Ficus genusin Senegal.EspècesCaractères écologiquesBiotope Climat PédologieF. sur Zone <strong>de</strong> savanes boisées le long <strong>de</strong>srivières, galeries forestières, forêtssecondaires, forêts submontagnar<strong>de</strong>sF. sycomorus subsp.gnaphalocarpaZone <strong>de</strong> savanes le long <strong>de</strong>s valléesou dépressions humi<strong>de</strong>s, dans lesforêts sèchesF. thonningii Subspontanée dans les groupementsforestiers et dans les savanes boisées,planté dans les villes et villagesF. trichopoda Zone <strong>de</strong> savanes le long <strong>de</strong>s rivièreset dans les endroits marécageux, lesgaleries forestièresF. umbellata Galeries forestières, plantée dans lesvillagesF. vallis-choudae Zone <strong>de</strong> savanes, dans les galeriesforestières, le long <strong>de</strong>s valléeshumi<strong>de</strong>s ou asséchéesClimat soudano-guinéenClimat soudanais et soudano-guinéenClimat soudano-guinéenClimat soudano-guinéenClimat soudanien etsoudano-guinéenClimat soudano-guinéenSol sablo-argileux à rocheuxPlate<strong>au</strong>x à sol sablo-argileuxSol sablo-argileuxSol sablo-argileux à rocheuxSol sablo-argileux à rocheuxSol sablo-argileux ourocheuxQuant <strong>au</strong> domaine soudanien, on y retrouve 18 % <strong>de</strong>sespèces étudiées (Figure 6).Du point <strong>de</strong> vue pédologique, la plupart <strong>de</strong>s espècessont rencontrées dans <strong>de</strong>s milieux sablo-argileux :F. conr<strong>au</strong>i, F. cordata, F. dicranostyla, F. glumosa,F. ingens, F. iteophylla, F. platyphylla, F. elasticoi<strong>de</strong>s,F. exasperata, F. lutea, F. natalensis, F. ottoniifolia,F. ovata, F. polita, F. scott-elliotii, F. sp., F. sur,F. trichopoda, F. umbellata et F. vallis-choudae.Toutefois, on peut noter la présence d’espècesrupicoles telles que F. abutilifolia qui affectionne lesroches <strong>de</strong> grès quartzitiques <strong>de</strong> la galerie forestière<strong>de</strong> Fongolèmbi et les blocs granitiques du villaged’Ethiwar à Bandafassi.D’<strong>au</strong>tres espèces comme F. ingens préfèrent lessols sableux à sables gravillonnaires ou hydromorphes.Comme à l’échelle du continent africain, <strong>au</strong> Sénégal,la plupart <strong>de</strong>s espèces étudiées sont rencontrées dans lapartie sud où la pluviométrie est plus abondante et quiest le domaine <strong>de</strong>s climats soudano-guinéen et guinéen.Ces climats seraient plus propices à l’installation <strong>de</strong>sespèces <strong>de</strong> Ficus. L’installation <strong>de</strong>s espèces seraitfavorisée, en partie, par l’abondance <strong>de</strong>s pluies etl’humidité <strong>de</strong> ces climats qui atténuent les pertes ene<strong>au</strong> <strong>de</strong>s espèces <strong>de</strong> Ficus.3.3. Ethnobotanique <strong>de</strong>s espèces du genre Ficus L.Le table<strong>au</strong> 3 résume les différents types d’usages<strong>de</strong>s espèces du genre Ficus utilisées en Afrique etrencontrées <strong>au</strong> Sénégal. <strong>Les</strong> noms vernaculairesmentionnés sont ceux <strong>de</strong> la région <strong>de</strong> l’Afrique <strong>de</strong>l’Ouest en général et du Sénégal en particulier.Au point <strong>de</strong> vue utilitaire et économique, parmiles 24 espèces <strong>de</strong> Ficus récoltées, 19 (79 %) sontexploitées par les populations. Cette exploitationconcerne plusieurs types d’usages dont les princip<strong>au</strong>xsont les suivants.Le domaine <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine traditionnelle où 16<strong>de</strong>s espèces étudiées sont utilisées avec une fréquence<strong>de</strong> 36 % (Figure 7). Il s’agit <strong>de</strong> F. dicranostyla, <strong>de</strong>F. exasperata, <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux variétés <strong>de</strong> F. glumosa, <strong>de</strong>Reboisement11 %Artisanat7 %Mystique13 %Chasse9 %Alimentaire24 %Mé<strong>de</strong>cine36 %Figure 7. Fréquence d’utilisation <strong>de</strong>s Ficus étudiés par typed’usage — Frequency of use of Ficus studied by type of use.


Chorologie, écologie et ethnobotanique <strong>de</strong> Ficus <strong>au</strong> Sénégal 21Table<strong>au</strong> 3. Usages et noms vernaculaires <strong>de</strong>s espèces du genre Ficus du Sénégal — Uses and local names of the Ficus genusspecies in Senegal (Diop, 2006).EspècesNoms vernaculaires(langue)F. abutilifolia Foloka (mandingue)Fatuma bida (peul)Usages (organes utilisés)Aucun, d’après la bibliographie et les renseignements or<strong>au</strong>xF. conr<strong>au</strong>i Aucun, d’après la bibliographie et les renseignements or<strong>au</strong>xF. cordata Aucun, d’après la bibliographie et les renseignements or<strong>au</strong>xF. dicranostyla Suru (wolof)Ngas (sérère)Soro (mandingue)Mé<strong>de</strong>cine traditionnelle : furoncles et panaris (écorce)Alimentaire (feuille, figues)F. elasticoi<strong>de</strong>s Bu fok, bu pok (diola) Chasse : piégeage <strong>de</strong>s oise<strong>au</strong>x (latex)F. exasperata Ňéňé (peul) Mé<strong>de</strong>cine traditionnelle : anti<strong>de</strong>rmatosique, diurétiquepuissant, contre la toux (feuille, racines)Sculpture : polissage (feuille)F. glumoso var. ‘glaberrima’ Bu rofa (badiaranké)A tétin (Bassari)Takoy (Foula)Sanghay (sérère)Mé<strong>de</strong>cine traditionnelle : stérilité féminine, m<strong>au</strong>x <strong>de</strong> ventre,rachitisme, maladies oculaires (racines, latex)Aliment bétail (feuille)Mystique : contre les malédictionsF. glumosa var. ‘glumosa’ Sanghay (sérère) Mé<strong>de</strong>cine traditionnelle : stérilité féminine, m<strong>au</strong>x <strong>de</strong> ventre,rachitisme, maladies oculaires (figue, feuille, latex)Alimentaire (feuille, figue)Mystique : contre les malédictions (racines, feuilles, écorce)F. ingens Turu (malinké)Amara (basari)F. iteophylla Loro (wolof)Béléń (sérére)Wardonay (peul)F. lutea Dob (Wolof)Dobéhi (peul)Bu pend (diola)A nak (bassari)F. natalensis Gipen<strong>de</strong>t, bupudun (Diola)Sotoforo (manding)Médico-magique contre la stérilité (figues)Alimentaire (figues)Mé<strong>de</strong>cine traditionnelle : ocytocique, antidysentérique,antirhumatismal, contre la tuberculose, crises <strong>de</strong> dépressionnerveuse, défatiguant (écorce, racines)Alimentaire : enfants et bétail (figue, feuille)Mystique (arbre entier)Mé<strong>de</strong>cine traditionnelle : antidiarrhéique, contre la stérilité(figues, feuille)Arbre à palabre dans les villages ou taxons d’avenuesurbainesChasse : piégeage <strong>de</strong>s oise<strong>au</strong>x (latex)Mé<strong>de</strong>cine traditionnelle : m<strong>au</strong>x <strong>de</strong> <strong>de</strong>nts, m<strong>au</strong>x <strong>de</strong> reins,douleurs articulaires (latex, feuille)F. ottoniifolia Bu kuntul (floup) Aucun, d’après la bibliographie et les renseignements or<strong>au</strong>xF. ovata Dasapal (sérère)Sakkaréhi (peul)F. platyphylla Mbap, hel (wolof)Gaba (Bambara)Mé<strong>de</strong>cine traditionnelle : contre la psychonévrose (racines)Mystique : arbre protecteur (arbre entier)Mé<strong>de</strong>cine traditionnelle : contre la lèpre (écorce)Alimentaire (feuille)Arbre à palabre dans les villagesF. polita Hamesul (wolof) Alimentaire (figues mâchées mais pas consommées)Espèces d’avenueF. scott-elliotii Nduhur (sérère)Irfa soto (socé)Erangolak (bassari)F. sur Soto adiana (wolof)Soto kuruo (manding)Nupundum (diola)Mé<strong>de</strong>cine traditionnelle : défatiguant, fortifiant (écorce)Mé<strong>de</strong>cine traditionnelle contre la stérilité féminine, m<strong>au</strong>x<strong>de</strong> ventre, le rachitisme, maladies oculaires, galactogène(figues, feuille et racines)Alimentaire (figues)Mystique (arbre entier)


22 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 2012 16(1), 13-24 Diop D., Mbaye M.S., Kane A. et al.Table<strong>au</strong> 3 (suite). Usages et noms vernaculaires <strong>de</strong>s espèces du genre Ficus du Sénégal — Uses and local names of the Ficusgenus species in Senegal (Diop, 2006).EspècesNoms vernaculaires(langue)Usages (organes utilisés)F. sp. Aucun, d’après la bibliographie et les renseignements or<strong>au</strong>xF. sycomorus Gâg-gang (wolof) Mé<strong>de</strong>cine traditionnelle : contre la stérilité féminine, m<strong>au</strong>x<strong>de</strong> ventre, antidysentérique, antianasarque ouantihydropisique (figues, écorce, feuille)Alimentaire (figues sucrées et mangées par les enfants <strong>au</strong>Sénégal et <strong>au</strong> Tchad chez les Soumray ; plante fourragèrepour le bétail)Fabrication <strong>de</strong> cuves à bièreMystique (arbre entier)F. thonningii Dobalé (wolof) Mé<strong>de</strong>cine traditionnelle : contre les affections respiratoires(feuille)Arbre à palabre dans les villages, parfois espèces d’avenuesChasse : piégeage <strong>de</strong>s oise<strong>au</strong>x (latex)Textile (écorce)F. trichopoda Soto hour-mbadat a mbél(sérère)F. umbellata Mambéia (wolof)Adaké (halpoular)F. vallis-choudae Toru ba (bambara)Toro (malinké)Gibbé (foula)Chasse (latex + beurre <strong>de</strong> karité = glu pour le piégeage <strong>de</strong>spetits oise<strong>au</strong>x)Mé<strong>de</strong>cine traditionnelle : accouchements dystociques, m<strong>au</strong>x<strong>de</strong> ventre (feuille)Alimentaire (feuilles séchées, broyées et utilisées commetisane à la place du café moulu)Arbre à palabre dans les villagesMé<strong>de</strong>cine traditionnelle : contre les vertiges, n<strong>au</strong>sées etdouleurs gastro-intestinales (feuille, écorce)Alimentaire (figues)F. ingens, <strong>de</strong> F. iteophylla, <strong>de</strong> F. lutea, <strong>de</strong> F. natalensis,<strong>de</strong> F. ovata, <strong>de</strong> F. platyphylla, <strong>de</strong> F. scott-elliotii,<strong>de</strong> F. sur, <strong>de</strong> F. sycomorus, <strong>de</strong> F. thonningii, <strong>de</strong>F. umbellata et <strong>de</strong> F. vallis-choudae. Six <strong>de</strong> ces espèces(<strong>de</strong>ux variétés <strong>de</strong> F. glumosa, F. ingens, F. lutea,F. sur et F. sycomorus) sont utilisées pour soigner lastérilité. En Afrique, les feuilles, l’écorce et les racines<strong>de</strong>s Ficus sont généralement associées à <strong>de</strong>s organesd’<strong>au</strong>tres plantes pour soigner, soulager ou prévenir<strong>de</strong>s souffrances et <strong>de</strong>s maladies (Kerharo et al., 1950 ;Schnell, 1957 ; Raponda-Walker et al., 1961 ; Berh<strong>au</strong>t,1979 ; Lavergne et al., 1989 ; Aké Assi, 1990 ; Dury,1997 ; Okafor et al., 1999).Le domaine alimentaire où 11 <strong>de</strong>s espèces sontnotées avec une fréquence d’utilisation <strong>de</strong> 24 %(Figure 7). La conservation <strong>de</strong>s figuiers est unestratégie <strong>de</strong> diversification <strong>de</strong>s ressources alimentaires<strong>au</strong>ssi bien pour les humains que pour les anim<strong>au</strong>x(Seignobos, 1989 ; Guy, 2001). <strong>Les</strong> figues <strong>de</strong>F. dicranostyla, <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux variétés <strong>de</strong> F. glumosa,<strong>de</strong> F. ingens, <strong>de</strong> F. iteophylla, <strong>de</strong> F. platyphylla, <strong>de</strong>F. sur, <strong>de</strong> F. sycomorus et <strong>de</strong> F. vallis-choudae sontconsommées crues par les enfants ou utilisées commecondiments dans les repas quotidiens (couscouschez les Sérères <strong>au</strong> Sénégal), celles <strong>de</strong> F. polita sontbien mâchées seulement, l’infusion <strong>de</strong>s feuilles<strong>de</strong> F. umbellata sert <strong>de</strong> boissons. <strong>Les</strong> feuilles <strong>de</strong>F. glumosa sont consommées dans <strong>de</strong>s soupes (Schnell,1957). <strong>Les</strong> feuilles et les figues sont <strong>au</strong>ssi appréciéespar les anim<strong>au</strong>x s<strong>au</strong>vages (singes, oise<strong>au</strong>x, ch<strong>au</strong>vessouris,etc.) ou domestiques (ânes, chèvres, moutons etvaches) (Raponda-Walker et al., 1961 ; Dury, 1997 ;Guy, 2001 ; <strong>de</strong> Garine, 2002).Le domaine mystique qui concerne six espècesétudiées avec une fréquence d’utilisation <strong>de</strong> 13 %(Figure 7). Il s’agit <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux variétés <strong>de</strong> F. glumosa, <strong>de</strong>F. iteophylla, <strong>de</strong> F. ovata, <strong>de</strong> F. sur et <strong>de</strong> F. sycomorus.Ces arbres sont vénérés et considérés commeprotecteurs <strong>de</strong>s villages et <strong>de</strong>s champs, mais <strong>au</strong>ssi <strong>de</strong>snouve<strong>au</strong>x mariés (Kerharo et al., 1950 ; Raponda-Walker et al., 1961 ; Aké Assi, 1990 ; Pro<strong>de</strong>fi/Burest,2001). Be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> paysans considèrent les Ficuscomme une source <strong>de</strong> fertilité pour leurs champs àc<strong>au</strong>se <strong>de</strong>s déjections déposées par les oise<strong>au</strong>x, lesch<strong>au</strong>ves-souris et les singes, mais <strong>au</strong>ssi pour <strong>de</strong>sraisons mystico-religieuses (Dury, 1997 ; Diop, 2006).Le domaine <strong>de</strong> l’artisanat où trois <strong>de</strong>s espècesétudiées sont utilisées avec une fréquence <strong>de</strong> 7 %(Figure 7). En sculpture et en menuiserie, les feuilles<strong>de</strong> F. exasperata sont utilisées comme papier à


Chorologie, écologie et ethnobotanique <strong>de</strong> Ficus <strong>au</strong> Sénégal 23polissage (Berh<strong>au</strong>t, 1979 ; Diop, 2006). Le bois <strong>de</strong>F. sycomorus est utilisé dans la fabrication <strong>de</strong>s cuvesà bière (Bellakhdar, 2004) et l’écorce <strong>de</strong> F. thonningiipour la confection <strong>de</strong> pagnes (Raponda-Walker et al.,1961 ; Aké Assi, 1990 ; Cunningham, 1996).Le domaine du reboisement urbain et rural où cinq<strong>de</strong>s espèces étudiées (11 %, Figure 7) sont utilisées.Ces espèces sont plantées dans les gran<strong>de</strong>s avenues(F. lutea, F. thonningii, F. polita) ou dans les villages(F. thonningii et F. umbellata) pour servir soit d’arbresà palabre, soit <strong>de</strong> taxons d’avenues. Le rôle essentiel <strong>de</strong>F. dicranostyla et F. abutilifolia dans l’aménagementdu milieu chez les populations <strong>de</strong> maya <strong>au</strong> Camerouna été signalé par Dury (1997). Elles sont <strong>au</strong>ssi plantéespour les raisons alimentaires (F. umbellata), mystiqueset médicinales (F. sycomorus) déjà évoquées (Perrier<strong>de</strong> la Bathie, 1928 ; Schnell, 1957 ; Berh<strong>au</strong>t, 1979).Le domaine <strong>de</strong> la chasse où la glu obtenue aprèscuisson du latex <strong>de</strong> F. elasticoï<strong>de</strong>s, F. lutea, F. thonningiiet F. trichopoda et mélangée à du beurre <strong>de</strong> karité estutilisée pour la chasse <strong>au</strong>x oise<strong>au</strong>x (Kerharo et al.,1950 ; Raponda-Walker et al., 1961 ; Aké Assi, 1990).Il ressort <strong>de</strong> ces résultats que plusieurs espècesont un usage multiple et que la fréquence d’utilisation<strong>de</strong>s Ficus est plus marquée dans les domaines <strong>de</strong> lamé<strong>de</strong>cine et <strong>de</strong> l’alimentation avec une fréquencerespective <strong>de</strong> 36 % et 24 % (Figure 7).Ces résultats montrent également que la plupart<strong>de</strong>s espèces étudiées ont un nom vernaculaire qui ai<strong>de</strong>les missionnaires à les retrouver sur le terrain avec leconcours <strong>de</strong>s <strong>au</strong>tochtones. Toutefois, chez les Sérères,l’appellation <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux variétés <strong>de</strong> Ficus glumosa parle même vocable « sanghay » crée une confusion,alors qu’il s’agit <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux variétés morphologiquementdifférentes.4. CONCLUSIONToutes les espèces étudiées sont originaires <strong>de</strong>l’Afrique tropicale. Cinq <strong>de</strong>s espèces étudiées ont étésignalées en Amérique (USA et Panama) et <strong>au</strong> Moyen-Orient (Péninsule arabique et Syrie). La présence <strong>de</strong>ces espèces sur ces continents serait probablement liéeà l’activité <strong>de</strong> l’homme et <strong>de</strong>s oise<strong>au</strong>x migrateurs.Sur le continent africain, les espèces étudiées sontplus abondantes dans la région guinéenne pluvieuse quedans la région soudano-zambézienne. Elles occupentles galeries forestières <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong> savanes, les forêtset les vallées d’e<strong>au</strong> douce.Au Sénégal, ces espèces étudiées occupent lazone littorale et les régions du centre (Fatick, Thièset Tambacounda) et du sud (Kolda, Tambacounda etZiguinchor).Toutefois, le nombre et la diversité <strong>de</strong>s espèces dugenre Ficus rencontrées <strong>au</strong>gmentent du Nord <strong>au</strong> Sudsuivant le gradient croissant <strong>de</strong> la pluviométrie. Toutesles espèces étudiées sont rencontrées <strong>au</strong> sud du Sénégalet neuf parmi elles sont caractéristiques <strong>de</strong> cette zone.Le type <strong>de</strong> végétation a permis <strong>de</strong> distinguer lesespèces <strong>de</strong> savanes, plus largement répandues, <strong>de</strong>sespèces <strong>de</strong>s forêts humi<strong>de</strong>s inféodées <strong>au</strong>x régionslittorales et <strong>au</strong>x régions sud du Sénégal.L’influence du climat guinéen permettraitd’expliquer la présence <strong>de</strong> F. elasticoï<strong>de</strong>s, F. natalensiset F. ottoniifolia, alors que celle du substrat en grèsquartzite ou granitique suspecterait la présence <strong>de</strong>F. abutilifolia.En général, les figuiers sont rustiques, capables<strong>de</strong> s’adapter à <strong>de</strong>s conditions édapho-climatiquesrelativement difficiles.L’intérêt suscité par certaines espèces <strong>de</strong> Ficus pourles populations animales et humaines <strong>au</strong>ra contribuéà l’extension <strong>de</strong> leurs aires <strong>de</strong> distribution. Dix-huit<strong>de</strong>s espèces étudiées du genre Ficus sont utilisées parles populations. Ces figuiers remplissent plusieursfonctions. Ils constituent un appoint alimentaire sousforme <strong>de</strong> fruits et <strong>de</strong> feuilles, plus du fourrage et <strong>de</strong>smédicaments. Plusieurs <strong>de</strong> ces espèces, <strong>de</strong> par leurphénologie particulière, suscitent <strong>de</strong> nombreusescroyances qui tournent <strong>au</strong>tour du pouvoir et <strong>de</strong> lafécondité.Remerciements<strong>Les</strong> <strong>au</strong>teurs remercient Asyla Gum Compagny et le Pr.Aminata Sall Diallo (UCAD) pour leurs encouragements etsoutiens financiers.BibliographieAdam J.G., 1961. Contribution à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la flore et <strong>de</strong> lavégétation <strong>de</strong> l’Afrique occi<strong>de</strong>ntale. La basse Casamance(Sénégal). Première partie. Bull. IFAN, t. XXIII, Sér. A,n°4, 911-993.Adam J.G., 1962. Contribution à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la flore et <strong>de</strong> lavégétation <strong>de</strong> l’Afrique occi<strong>de</strong>ntale. La basse Casamance(Sénégal). Deuxième partie. Bull. IFAN, t. XXIV, Sér. A,n°1, 116-153.Adam J.G., 1981. Flore <strong>de</strong>scriptive <strong>de</strong>s Monts Nimba (Coted’Ivoire, Guinée, Liberia). Vol. 5. Paris : CNRS, 1587-2051.Aké Assi L., 1990. Utilisation <strong>de</strong> diverses espèces <strong>de</strong>Ficus L. (Moraceae) dans la pharmacopée traditionnelleafricaine en Côte d’Ivoire. Compte-rendus <strong>de</strong> la 12 eréunion plénière <strong>de</strong> l’AETFAT, Hambourg, 4-10septembre 1988. Mitt. Inst. Allg. Bot. Hamburg, 23b S.,1039-1046.Arbonnier M., 2000. Arbres, arbustes et lianes <strong>de</strong>s zonessèches d’Afrique <strong>de</strong> l’Ouest. Montpellier, France :CIRAD-MNHN-UICN.


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