<strong>Les</strong> déplacements à longue distance des imagos se font généralement en début de nuit, environune demi-heure après le coucher du soleil et se poursuivent pendant 2 à 3 heures. Dans la journée, lesvols sont isolés et se font sur faible distance pour répondre à des motivations individuelles (fuite pardérangement, recherche d’un partenaire ou d’un lieu de ponte, ajustement thermo-hydrique, vold’excitation...). Lorsque les ailés sont très nombreux, ils montrent une certaine aptitude à se regrouper eton peut voir des nuages diffus d’ailés se déplacer le jour mais c’est rare.Dans l’ensemble, les déplacements à longue distance ont un caractère adaptatif marqué. C’est leprincipal moyen utilisé par Oedaleus senegalensis pour fuir des milieux défavorables et augmenter seschances d’en découvrir d’autres pouvant le satisfaire. Du point de vue de l’acridien, on parle de succèsquand l’espèce peut coloniser un nouveau biotope pendant le temps d’une génération (1 mois et demi à2 mois) et d’échec lorsque les ailés meurent avant d’avoir pu assurer une descendance sur place oulorsque la descendance est condamnée à cause de l’évolution ultérieure des conditions d’environnement.La production d’ailés capables de voler est un bon indice pour juger du taux de réussite de l’espèce.Naturellement, toute dispersion a ses limites : manque de disponibilité des ailés, motivation physiologiquefaible, biotopes difficilement accessibles par suite de vents contraires. On parle d’émigrationpourdésigner les départs et d’immigrationpour les apports extérieurs. <strong>Les</strong> ailés nés ailleurs sont qualifiésd’allochtonesallochtones, ceux nés sur place d’autochtonesautochtones.<strong>Les</strong> ailés d’Oedaleus senegalensis suivent une certaine gamme d’humidité déterminée par lespluies liées aux mouvements du front intertropical. Pour une station donnée, on peut estimer qu’il y a :• une forte probabilité d’observer des arrivées d’ailés lorsque le bilan pluviométrique mensuel estcompris entre 25 et 50 mm ;• une forte probabilité d’observer des départs :- si le milieu devient trop sec avec moins de 25 mm de pluie par mois,- si le milieu devient trop humide avec plus de 100 mm de pluie par mois,• une forte probabilité d’observer une sédentarisation des ailés lorsque le bilan pluviométriquemensuel est compris entre 25 et 50-100 mm.Cette règle très simple est souvent vérifiée sur le terrain et rend compte des déplacements les plusimportants.Effet de la couleurOedaleus senegalensis et l’attraction aux lumièresIndice d’efficacité relative(établi en prenant la lumière blanche comme référence 100)lumièreblanche(référence)100%orange 52bleue 39jaune 36violette 35verte 21rouge 15Effet de l’intensité lumineuselumière blanche 100 watts 100%200 watts 93150 watts 11725 watts 50Conclusion pratiquePour piéger Oedaleus senegalensis à la lumière, il suffit d’utiliser une ampoule ordinaire de 100 wattsde lumière blanche.22
3.5. PULLULATIONSLe terme de pullulation implique l’idée d’effectifs très nombreux, soit sur une aire réduite(pullulation locale), soit sur des surfaces considérables (pullulation généralisée).<strong>Les</strong> pullulations locales obtenues à partir du développement réussi des œufs, des larves et desailés sont appelées pullulations primaires. Elles sont généralement préparées par une concentration depontes d’ailés parentaux en des sites particuliers. <strong>Les</strong> pullulations secondaires se produisent à la suite d’unregroupement de larves et d’ailés nés ailleurs que sur leurs sites d’origine.<strong>Les</strong> pullulations généralisées semblent être possibles dans deux types de circonstances :– lorsque l’environnement optimal pour Oedaleus senegalensis se réalise plusieurs moisconsécutifs sur une même aire de grande superficie ;– lorsque l’environnement optimal évolue dans le temps et dans l’espace exactement en phaseavec la succession des générations et la disponibilité des ailés.<strong>Les</strong> pullulations peuvent se produire à n’importe quelle génération G1, G2 ou G3 en saison despluies et nécessitent, pour concerner de grandes surfaces, au moins deux années successivesd’événements favorables.En cas de très fortes concentrations, on note quelques changements discrets de forme, de taille,de couleur et de comportement chez les individus groupés et l’on n’a pas hésité à parler de bandeslarvaires et d’essaims en reprenant la terminologie réservée aux locustes, espèces grégariaptes commeSchistocerca gregaria (Forskål, 1775) ou Locusta migratoria (Linné, 1758). La différence tient au seuil dedéclenchement des phénomènes (50 000 ailés par hectare pour le Criquet sénégalais, 2 000 pour leCriquet migrateur, 500 pour le Criquet pèlerin) et à l’ampleur des transformations morphologiques,physiologiques et comportementales. II est raison nable cependant de conserver Oedaleus senegalensisparmi le grand groupe des sauteriaux, tout en signalant qu’il peut présenter des modifications en cas detrès fortes densités plus proches d’un effetde groupe que d’un effet de masse. L’effet de groupe résulted’une inter-attractivité entre individus au bénéfice du groupe dans le sens d’une meilleure adaptation à laprésence de congénères, alors que l’effet de masse, qui peut concerner aussi bien les locustes que lessauteriaux, implique, du fait de l’extrême abondance des individus, un partage nécessaire des ressources,ce qui a des conséquences sur la physiologie du développement et de la croissance du criquet.Le schéma-type de déclenchement des pullulations peut être résumé simplement par unesuccession d’événements acridiens :– le regroupement des pontes, ce qui suppose plusieurs dizaines de milliers d’ailés femelles parhectare ;– la réussite de l’incubation des œufs et du développement des larves (densité s’élevant àplusieurs centaines de milliers à l’hectare) ;– l’obtention d’au moins 50 000 ailés par hectare, sinon 10 fois plus (soit 50/m²), à la suite d’undéveloppement très homogène des cohortes larvaires.Dans les conditions naturelles, il n’existe pas d’aire géographique fixe de pullulation pourOedaleus senegalensis. II y a seulement des conditions écologiques favorables aux pullulations qui ontune probabilité variable de se réaliser selon les conditions statiques de l’environnement. <strong>Les</strong> conditionsfavorables pour l’acridien le sont également pour les prédateurs et les parasites mais leur vitesse depropagation est généralement plus lente, ce qui permet aux <strong>criquets</strong> de proliférer en premier. En revanche,les conséquences d’une année sèche sont aussi importantes et rapides pour le ravageur que pour sesennemis naturels.23