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couple, usine, école, etc. Je suis contre le pouvoir, contre les g<strong>en</strong>s qui l'exerc<strong>en</strong>t actuellem<strong>en</strong>t<br />
et contre ceux qui ont <strong>en</strong>vie de le pr<strong>en</strong>dre. C'est pour cela que je n'ai aucune confiance, ni<br />
dans des démarches psychologiques dans le g<strong>en</strong>re de celle de Christian, ni dans les partis de<br />
gauche. Je souhaite que la gauche gagne les élections, parce que mon cœur va comme on dit<br />
du côté des "forces du progrès". Mais c'est loin d'être un chèque <strong>en</strong> blanc. Je ne leur fais pas<br />
confiance. Ici on a la chance qu'un certain équilibre existe, au point que ni la gauche ni la<br />
droite ne peuv<strong>en</strong>t plus agir, ce qui permet à des individus comme nous d'exister et de vivre <strong>en</strong><br />
ignorant pratiquem<strong>en</strong>t ce pouvoir. Ce qui n'est pas du tout le cas dans les <strong>en</strong>droits où la<br />
gauche ou la droite a vraim<strong>en</strong>t pris ce pouvoir. Là, les créateurs dont <strong>en</strong> taule.<br />
M. B. - Et si cette sombre perspective se réalisait un jour ici ?<br />
F.C. - J'espère ne jamais être confronté à ça, mais si ça arrivait, il faudrait quand même qu'on<br />
vi<strong>en</strong>ne me chercher, et je ne suis pas sûr de me laisser faire. Il y a toujours la possibilité de<br />
réagir violemm<strong>en</strong>t. Ce n'est pas quelque chose qui m'effraie.<br />
M.B. - Tu ne partirais pas à Bali ?<br />
F.C. - Non, sûrem<strong>en</strong>t pas... Peut-être <strong>en</strong> Angleterre...<br />
M.B. - Pour parler à la radio ?<br />
F.C. - (se moquant) C'est ça... oui. Mais je ne suis pas vraim<strong>en</strong>t un politici<strong>en</strong>. Je trouve que la<br />
forme de rapport qui s'établit dans un concert est quelque chose d'extrêmem<strong>en</strong>t important. Ça<br />
se passe <strong>en</strong>tre des g<strong>en</strong>s qui apport<strong>en</strong>t quelque chose d'abstrait, une musique, et des g<strong>en</strong>s qui<br />
réagiss<strong>en</strong>t concrètem<strong>en</strong>t, qui dans<strong>en</strong>t, qui parl<strong>en</strong>t <strong>en</strong>semble. Et même quand la musique s'est<br />
arrêtée, c'est fabuleux. D'ailleurs ça a fait peur à tellem<strong>en</strong>t de g<strong>en</strong>s que les régimes<br />
dictatoriaux ont interdit ce g<strong>en</strong>re de choses <strong>en</strong> premier lieu.<br />
M.B - Tu parles d'une libération liée à la musique. Crois-tu qu'on puisse se libérer <strong>en</strong>tre<br />
deux rangées de chi<strong>en</strong>s policiers ?<br />
F.C. - C'est un problème global. Si on parle de l'organisation des concerts, le premier<br />
problème à Paris est qu'il n'y a pas de salle qui puisse accueillir tous les g<strong>en</strong>s qu'attire un<br />
grand groupe. Alors on peut <strong>en</strong>gueuler KCP sur son service d'ordre, des choses comme ça.<br />
C'est vrai que des fois il règne une curieuse ambiance. Mais leur exist<strong>en</strong>ce est conditionnée<br />
par celle des grandes vedettes internationales qui demand<strong>en</strong>t le prix fort et impos<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t<br />
des conditions de sécurité invraisemblables. Alors remettre <strong>en</strong> cause la logique de KCP, c'est<br />
remettre <strong>en</strong> cause tout le star-system, et accepter que ces g<strong>en</strong>s ne vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t plus donner de<br />
concerts à Paris. Je connais des musici<strong>en</strong>s remarquables qui ont toujours refusé de s'intégrer<br />
dans le circuit du show-biz traditionnel. Je p<strong>en</strong>se à Barre Philips ou au pianiste Chris Mac<br />
Gregor, des g<strong>en</strong>s comme ça. Mais ils pass<strong>en</strong>t beaucoup de temps à ne pas faire de musique,<br />
parce qu'il faut bi<strong>en</strong> qu'ils mang<strong>en</strong>t... Mais je ne crois pas qu'ils soi<strong>en</strong>t très malheureux...<br />
M.B. - Le deuxième disque de Zao est sorti sur un label à vocation parallèle, Disjuncta.<br />
Quels étai<strong>en</strong>t les problèmes ?<br />
F.C. - Oui, aucune maison de disques n'<strong>en</strong> avait voulu, mais on ne t<strong>en</strong>ait pas le coup<br />
financièrem<strong>en</strong>t. De fait, on payait nous-mêmes la différ<strong>en</strong>ce de prix de v<strong>en</strong>te du disque. Ca<br />
dev<strong>en</strong>ait très dur. Alors qu'une grande maison de disques met quand même des moy<strong>en</strong>s de<br />
travail à ta disposition. C'est très, très important. En plus, chez RCA, je suis complètem<strong>en</strong>t<br />
libre. Je n'ai pas de directeur artistique, j'ai toujours refusé. Et ils n'écout<strong>en</strong>t jamais une note<br />
de ma musique avant que j'<strong>en</strong>tre dans le studio. J'ai une indép<strong>en</strong>dance complète. Je crois que<br />
les musici<strong>en</strong>s doiv<strong>en</strong>t s'occuper de plus <strong>en</strong> plus de leurs propres affaires. Et si je devais faire<br />
profiter les groupes qui comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t de mes erreurs passées, je leur dirais de monter leur