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Faton (interview François Cah<strong>en</strong>) - Rock & Folk n° 126 – Juillet<br />

FATON<br />

François Cah<strong>en</strong>, dit Faton, suit son bonhomme de chemin sans faire beaucoup de bruit, sans<br />

se pousser du col. C'est qu'avant de faire de la musique pour lui-même, il <strong>en</strong> a fait pour les<br />

autres. Nuance.<br />

"Les g<strong>en</strong>s m'appell<strong>en</strong>t Faton. Jusqu 'à prés<strong>en</strong>t ils m'ont <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du avec d'autres, dans des<br />

groupes. Maint<strong>en</strong>ant, je vais <strong>en</strong>fin pouvoir jouer ma musique. L'idée de ce qu'elle sera est très<br />

précise. Ma direction, c'est l'anti-agression."<br />

Dans son appartem<strong>en</strong>t du quatorzième arrondissem<strong>en</strong>t, quartier charmant, François Cah<strong>en</strong> a<br />

l'air d'un Dyonisos tranquille. Dehors, on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d les oiseaux chanter. Tout est calme et<br />

douceur. Mais comm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> est-il arrivé là ? Alors, Faton, raconte...<br />

"Ma mère est professeur de musique, mon grand-père professeur de piano et de chant, et son<br />

père était chef d'orchestre. J'avais la stéréo dans mon berceau. J'ai comm<strong>en</strong>cé mes études de<br />

piano à cinq ans, études classiques, traditionnelles, mais vers treize ans j'ai découvert le jazz<br />

moderne, Miles Davis, les Jazz Mess<strong>en</strong>gers et Thelonious Monk. Ça m'a donné <strong>en</strong>vie<br />

d'improviser. Jusqu'au bac j'ai donc fait le bœuf à Paris avec des musici<strong>en</strong>s américains de<br />

passage : Chet Baker, Eric Dolphy... Je me baladais beaucoup <strong>en</strong> Europe, <strong>en</strong> Allemagne, <strong>en</strong><br />

Scandinavie, mais le milieu du jazz était très dur à cette époque.<br />

Michel Bourre - Pourquoi très dur ?<br />

François Cah<strong>en</strong> - Parce que drogues dures, exist<strong>en</strong>ce dure, conditions matérielles pas drôles<br />

du tout. Tu compr<strong>en</strong>ds, j'ai joué avec Eric Dolphy à Paris. Il est mort une semaine après à<br />

Berlin. J'avais dix-sept ans, c'était <strong>en</strong> 1964, tu vois l'ambiance...<br />

Après, je suis donc parti <strong>en</strong> Scandinavie, où il avait été vaguem<strong>en</strong>t question que je joue avec<br />

Stan Getz. En rev<strong>en</strong>ant à Paris j'avais un sursis militaire que je n'avais pas demandé, ce qui<br />

m'a décidé à comm<strong>en</strong>cer des études d'architecture aux Beaux Arts. Parallèlem<strong>en</strong>t je<br />

continuais à faire de la musique, mais <strong>en</strong> amateur ; je jouais au C<strong>en</strong>tre Américain, dans ce<br />

g<strong>en</strong>re d'<strong>en</strong>droits. C'était l'époque de la révélation Coltrane... Ca a beaucoup compté, lui et<br />

toute l'école qui s'<strong>en</strong> est suivie, ainsi que Miles Davis. Et il y a eu mai 68, alors que je<br />

terminais mes études.<br />

M.B. - Cela a été très important pour toi, mai 68 ?<br />

F.C. - Ah oui, vraim<strong>en</strong>t ! C'était <strong>en</strong> rupture complète avec le mode de vie que j'avais avant.<br />

Et puis j'étais au cœur des événem<strong>en</strong>ts... Beaucoup de choses sont parties des Beaux Arts.<br />

J'étais très agissant. Et après les vacances de 68, quand la question s'est posée de savoir si<br />

j'allais me servir de mes diplômes et exercer le métier d'architecte, je me suis aperçu que ce<br />

n'était plus possible. J'ai donc décidé de m'ori<strong>en</strong>ter vraim<strong>en</strong>t vers la musique qui me<br />

passionnait. A ce mom<strong>en</strong>t-là, j'ai été contacté par un ami bassiste, Jacky Vidal, pour faire un<br />

concert avec Gracham Moncur III, un tromboniste américain. Et le batteur était Christian<br />

Vander qui, bi<strong>en</strong> que complètem<strong>en</strong>t inconnu à l'époque, avait déjà acquis sa personnalité, son<br />

style à lui. Je crois que c'est la chose la plus importante pour un musici<strong>en</strong>, de développer son<br />

propre style. Le concert s'est très bi<strong>en</strong> passé et les projets de Christian m'ont beaucoup<br />

intéressé. A l'époque il y avait peu de g<strong>en</strong>s qui s'intéressai<strong>en</strong>t à l'école de musique issue de

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