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Magma en 1977 - Free

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âtisseurs de cathédrales savai<strong>en</strong>t que sans le nombre d'or, on ne construit pas de choses<br />

parfaites.<br />

Qu'est-ce que ce nombre d'or ?<br />

KB : Pour les géomètres, le nombre d'or correspond au partage d'une droite <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne et<br />

extrême raison, c'est-à-dire que la plus petite partie d'une ligne obéit au même rapport à la<br />

plus grande que la plus grande au tout. Mais surtout, comme le disait Valéry, le nombre d'or,<br />

"c'est l'équilibre <strong>en</strong>tre le savoir, le s<strong>en</strong>tir et le pouvoir".<br />

Et la sci<strong>en</strong>ce-fiction ?<br />

CV : J'aimerais qu'on élimine ce terme qui correspond pour moi à un blocage. Il me semble<br />

réducteur par rapport à ce qu'il représ<strong>en</strong>te, c'est-à-dire un nouveau monde de l'imaginaire.<br />

KB : D'ailleurs, le nom américain original, "heroic fantasy", convi<strong>en</strong>t mieux. Pour nous, la<br />

sci<strong>en</strong>ce fiction est une utopie romanesque qui s'étale du g<strong>en</strong>re fantastique à la politique<br />

fiction. Ce qui est certain, c'est que ces romans se prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t le plus souv<strong>en</strong>t sous forme de<br />

paraboles. Si nous l'avons utilisé, c'est uniquem<strong>en</strong>t dans cet esprit-là. Il fallait qu'on marque<br />

nos idées symboliquem<strong>en</strong>t afin d'avoir des garde-fous.<br />

A propos de symboles, le spectacle de <strong>Magma</strong> <strong>en</strong> est manifestem<strong>en</strong>t rempli, des gestes<br />

aux objets. Quelle <strong>en</strong> est la raison ?<br />

CV : Je ne connais pas de domaines qui soi<strong>en</strong>t exempts de symboles. En ce qui nous<br />

concerne, les symboles mobilis<strong>en</strong>t d'une certaine manière l'énergie qu'ils mainti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />

cond<strong>en</strong>sée. C'est sans doute un recours à une forme de magie utile à la fois pour nous-mêmes<br />

et pour le public dans la mesure où on lui demande une recherche. Par exemple, lorsque je<br />

fais le geste d'Osiris mort (bras croisés t<strong>en</strong>ant deux baguettes se croisant à leur tour, puis bras<br />

ouverts), je déclare par là : je sors du sommeil pour am<strong>en</strong>er une dynamique, du néant à<br />

l'action. C'est le signal du décl<strong>en</strong>chem<strong>en</strong>t d'une action musicale ou autre. Cela représ<strong>en</strong>te le<br />

mom<strong>en</strong>t où les forces r<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> moi et où je les libère. A ce mom<strong>en</strong>t-là, ri<strong>en</strong> ne peut plus<br />

arrêter la machine. Ri<strong>en</strong> !<br />

Vous avez créé une langue autonome, dont le linguiste H<strong>en</strong>ri Gobard a bi<strong>en</strong> voulu<br />

souligner les aspects remarquables. Pourquoi un nouveau langage ?<br />

CV : Avant tout pour éviter les langues courantes usées, et connotées à l'extrême. "Mon<br />

esprit ne veut plus marcher sur des semelles usées", dit Nietzsche. Mais surtout parce que ce<br />

langage - le kobaï<strong>en</strong> - s'est imposé à moi avec viol<strong>en</strong>ce, sans que je puisse interv<strong>en</strong>ir. Aux<br />

mom<strong>en</strong>ts les plus t<strong>en</strong>dus de la musique ou des rêves, des mots apparaissai<strong>en</strong>t, dont je mettais<br />

parfois plusieurs mois à découvrir le s<strong>en</strong>s. Or, si ce langage m'était "donné", je devais<br />

l'accepter, et j'ai composé peu à peu une syntaxe et une grammaire qui <strong>en</strong> font une langue<br />

parfaitem<strong>en</strong>t articulée. De plus, il était logique qu'avec la découverte d'un monde nouveau,<br />

naisse la révélation d'une langue. Pratiquem<strong>en</strong>t, le kobaï<strong>en</strong>, comme le fut le latin, a l'avantage<br />

d'être une langue mythique. Même si l'Eglise utilisait l'incompréh<strong>en</strong>sion des fidèles pour<br />

servir ses intérêts, il reste que le latin avait un aspect sacré puisqu'on ne l'utilisait plus qu'à<br />

des fins rituelles. Je p<strong>en</strong>se qu'on ne peut conserver le caractère sacré d'une langue qu'<strong>en</strong><br />

l'utilisant à des fins rituelles. Le kobaï<strong>en</strong> n'est pas une langue destinée à être employée<br />

couramm<strong>en</strong>t.<br />

KB : La récitation des textes sacrés est égalem<strong>en</strong>t conçue pour créer un climat de réceptivité<br />

et de transmission. La musique des mots et l'int<strong>en</strong>sité qu'on y met ont autant d'importance<br />

que la sémantique. Sans vouloir faire trop de citations, j'aimerais citer ici quelques vers de

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