Petit pamphlet pour le Psychodesign

22 La première consiste en un comportement d’un ingénieur consommateurdu supermarché des sciences de l’homme. L’empirisme primaire de l’ingénieur leconduira à glaner des concepts qui n’appartiennent pas à son monde. Son aventurel’amènera même dans certain cas à imiter les comportements des psychologues ousociologues. Ce pillage organisé d’une discipline a déjà hissé la psychologie aucomptoir des conversations du café du commerce, ce qu’ont parfaitement suexploiter les journaux de vulgarisation. Mais, cette attitude qui tend à confondre lesmots et les choses, et à prendre les premiers pour les seconds n’est que faiblementopérationnelle et n’a qu’une efficacité réduite. Il ne suffit pas d’utiliser les motspour comprendre les choses.23 La seconde démarche prend en compte les questions liées notamment à lacommunication dans les organisations, et vise donc à promouvoir dans lesentreprises une partie des sciences de la connaissance de l’homme au rang d’unescience de l’ingénierie à part entière. Dans ce cas, il s’agit de se pencherconcrètement sur ce que pourrait être une discipline étudiant les interactionsutilisateur-ordinateur, concepteur-utilisateur et utilisateur-organisation.24 Ce pourrait être l’objet du Psychodesign. Cette discipline, issuedirectement des sciences de l’ingénieur et des sciences humaines et sociales, viseraità découvrir et à optimiser les gisements de productivité économique et socialeémanant des interactions de l’utilisateur avec le concepteur, la technique etl’organisation. Il s’agit là d’une approche intégratrice concernant les aspectspsychologiques, informatiques, ergonomiques et socio-techniques dudéveloppement des nouvelles technologies. En outre, cette discipline conçue dansune orientation interdisciplinaire doit favoriser une nouvelle manière de penser lesproblèmes du travail et d’appréhender les outils techniques en raison de la naturedes nouveaux contextes technologiques (système expert, bureautique, télématique,informatique…).25 Ainsi, le Psychodesign se fixerait-il trois types de préoccupations.26 La première concerne l’étude des interactions utilisateur-technologie. “LePsychodesigner” devrait donc savoir analyser les communications hommeshommeset hommes-machines afin de modéliser des systèmes capables de lessimuler dans un but profitable aux hommes et aux entreprises. Pour comprendre lacommunication et ses enjeux dans le travail, il faut maîtriser les techniquesd’analyse et de conception des systèmes de travail. Acquérir des connaissances surl’homme au travail, c’est-à-dire sur les tâches et les activités est indispensable àl’ingénieur. Il importe donc qu’il maîtrise les objectifs et contraintes de laconception ergonomique de systèmes de communication et de décision.27 La deuxième s’apparente à l’étude des interactions utilisateur-concepteuren vue de la conception d’un système faisant intervenir une modélisation, puis unesimulation de raisonnements et/ou de comportements estimés intelligents. Il s’agitici d’intégrer les données issues des sciences cognitives dans les pratiques decollecte du savoir-faire de l’entreprise, de sa formalisation et de sa représentation.