59Ce sujet est devenu l'un des nouveaux os à rongerdes collectifs et associations d'opposant-e-s àla loi sur le mariage pour tou-te-s après quecelle-ci a été promulguée. Ils et elles s'opposentainsi à ce que les questions sur le genre- qui n’ontd’autres fins que de lutter contre les inégalitésentre les femmes et les hommes - soient abordéesà l'école. L'argumentation est souvent aussi déconcertanteque la rhétorique est excessive. Il est ainsipossible de lire sur un billet de blog, signalé àSOS homophobie, ayant pour titre « Nouveauxprogrammes scolaires : homosexualité, travestismeet pédophilie » que : « Le ministre de l'Education [...]veut pratiquer la rééducation (comme dans lesrégimes totalitaires communistes) sur les enfants.[...]On ira à la limite de la pédophilie ; en leur (sic)parlant de "zizi" [...] dans Mademoiselle Zaziea-t-elle un zizi. »On peut redouter, le sujet étant toujours d'actualité,que ce phénomène se prolonge en 2014.La haine en pleine rueS'il est aisé de tenir des propos transphobesderrière son écran d'ordinateur, dans l'anonymatpermis par la Toile, on constate que cette hostilitéaux trans se manifeste également, et sans davantagede scrupules, dans les lieux publics, deuxièmecontexte de manifestation de la transphobie (18 %des cas). Plusieurs témoignages font état d'insultesproférées par des inconnu-e-s, croisé-e-s au hasarddans la rue, certain-e-s allant même jusqu'à prendreà témoin les autres passant-e-s. La violencedes mots s'accompagne parfois de violences physiquesface auxquelles les victimes se sententsouvent démunies : celles qui sont prêtes à porterplainte redoutent d'être mal accueillies par lesforces de l'ordre.Certaines justifient leur crainte parune mauvaise expérience passée, à l'image de cettefemme en cours de transition confiant sur notreligne d'écoute qu'un officier de police avait refuséde la reconnaître en tant que femme car ses papiersd'identité mentionnaient son état civil masculin.Cette année, 6 % des témoignages de transphobiereçus concernent le contexte de la police.Les trans ne sont pas forcément à l'abri de l'intoléranceau sein de leur propre famille. Certain-e-s seheurtent fréquemment à l'incompréhension et aurejet de leurs proches. Plusieurs témoins confientavoir dû prendre leurs distances avec leur famillepour vivre librement et s'épanouir pleinement,quand ce ne sont pas leurs parents eux-mêmes quiles ont mis-es à la porte. Désemparé-e-s, ils et ellescontactent alors SOS homophobie pour recevoirune écoute ou être informé-e-s pour trouver unsoutien matériel ou psychologique. Ces manifestationsd'ostracisme, de mépris, de violences, et le sentimentd'isolement alimentent un mal de vivre quise manifeste dans 14 % des témoignages. Plusieursappelant-e-s font état d'idées suicidaires (ou nousindiquent avoir déjà tenté de passer à l'acte).Prise de consciencePour la deuxième année consécutive, SOS homophobiea été contactée par des victimes detransphobie âgées de moins de 18 ans (6%des témoignages). Ce qui confirme le constat établidans le précédent Rapport annuel : les personnestrans prennent de plus en plus tôt conscience deleur identité de genre et la vivent à un plus jeuneâge. Or, contrairement à d'autres pays (Etats-Unis,Canada, Angleterre, Pays-Bas), il demeure quasimentimpossible en France, en 2013, d'entamer unetransition avant d'avoir atteint la majorité, ou alorsseul un suivi psychologique est proposé. Il resteencore un long chemin à parcourir pour que la transidentitésoit prise en compte avec pertinence, sanspréjugés ni idées reçues, à l'échelle de la société.Cette évolution des mentalités est en marche,comme tendent à le montrer les témoignages dejeunes trans soutenu-e-s par leur famille dans leursdémarches, ou le nombre important de signalementsd'actes ou propos transphobes émanantde personnes cisgenres (c'est-à-dire qui ne sont pastrans) : ils représentent plus de 40 % des témoignagesreçus. Une proportion encore plus importantequ'en 2012 (25 % des témoignages) : faut-il voirdans cette progression une prise de conscience,par un public plus large, de la transphobie? Lesactions de sensibilisation menées auprès du grandpublic par SOS homophobie et plusieurs autresassociations n'y sont sans doute pas pour rien.Mais, à l'image de la lutte contre l'homophobie,il ne faut pas relâcher les efforts : ces derniers mois,
Rapport sur l'homophobie 2014 • Transphobieen France, la visibilité des idées réactionnaires, présentantles personnes LGBT comme les ennemi-e-sdésigné-e-s, est grandissante. La vigilance reste demise pour endiguer ce phénomène qui se nourrit del'ignorance et des préjugés.Du côté du droit français, le constat est plus mitigé.Depuis 2012, la transphobie est reconnue commeune discrimination spécifique, mais la notiond'« identité sexuelle » figurant dans le texte de loin'est pas satisfaisante (lire Focus). Le changementd'état civil qui n’a fait encore cette année l’objetd’aucune mesure légale, est toujours un parcours ducombattant particulièrement attentatoire à ladignité des personnes. La procédure oblige encoreles personnes trans à suivre un parcours médical,psychiatrisé, et d'apporter la preuve d'une irréversibilitéde la transition, ce qui se traduit notammentpar une exigence de la stérilisation. Ces difficultésfont qu'un grand nombre de personnes trans n'ontpas un état civil conforme à leur identité de genre.Or, ces difficultés administratives ont des répercussionsparticulièrement importantes sur le quotidiendes personnes trans dont l’état civil ne correspondpas à leur identité de genre : cette discordance faitle nid de la discrimination et de la violence à leurencontre, sans compter la complexité du quotidienà laquelle elle aboutit (à chaque fois qu’il s’agit dedécliner son identité : retrait d’un recommandé àla Poste, contrôle de billet par la SNCF, opérationà la banque, etc). L’identité de genre niée sur lespapiers d’état civil sert alors de justificationaux auteur-e-s de discriminations pour la nier égalementdans le cadre de relations non administratives:la transphobie étatique entretient et légitime latransphobie quotidienne.La bêtise dans la rueNadia passe le week-endchez une amie à Lyon.Alors qu'elle va acheter descigarettes, elle croise uneéquipe de tractage de la Manifpour tous qui se met à la suivresur cent mètres en l'insultant –« Travelo, PD, va te pendre,dégénéré ! » – et en criantaux passants : « C'est un mec,c'est un mec ! » Nadia estbouleversée : « Je suis unepersonne intersexe XXY avecun corps féminin et un visageambigu (sic). C'est unhandicap, pas un choix ! Mespapiers sont féminins et rienne laisse paraître mon étatd'inter. Je trouve l'actioninsultante et discriminante.»Elle précise à SOS homophobiequ'elle a déposé une plainte.Isabelle est une trans en coursde transition MtoF qui vit dansune HLM de Paris. Elle appelleSOS homophobie après avoirété agressée à l'entrée deson immeuble par deux jeunesde 16 ou 17 ans. « Tu vas mesucer la bite, sale travelo »,lui a asséné l'un d'entre euxavant de tenter de lui volerson sac. Elle ajoute qu'elle adéjà été insultée par ces jeunesqui habitent dans son quartiermais dont elle ignore l'identité.Isabelle indique qu'elle iraporter plainte avec une amie.Avant de raccrocher, elle seconfie un peu plus en déplorantque des ami-e-s lui aient tournéle dos en raison de sa décisionde transition. Elle révèleégalement qu'elle éprouvede grandes difficultés à trouverdu travail dans sa professionde peintre en bâtiment,notamment à cause de sespapiers qui font mentiond'un genre masculin.Matteo est un homme,« tendance travesti », selonses propres mots, de 58 ans.Ce soir de mai, il est tardlorsqu'il se dirige vers la stationde RER Châtelet-Les-Halles,à Paris. Il est vêtu d'une jupe,porte des chaussures à talonset des boucles d'oreille.Son chemin croise celuid'un autre homme qui, aprèsl'avoir dépassé, lui lance :« Mi-homme, mi-femme,mi-chimpanzé ». Matteo luirépond : « C'est ça, oui »,puis prend le métro.Ce n'est qu'après coupqu'il prend conscience de laviolence de ces mots.Il explique qu'il ne se sent passali ou dégradé par ces propos,« qui ne dégradent que celuiqui les émet ». Il voulaitcependant faire connaître cette« parole décomplexée » :« Il y avait une volontémanifeste de faire mal etune expression bruted'homophobie, rubriquetransgenre-phobie, sousrubriquetrav'phobie. »
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