Jean Vaquer, Les enceintes à fossés du Néolithique, du Chalcolithique et du Bronze ancien dans la zone nord pyrénéenneTarnGaronne1234 576 19982120Au<strong>de</strong>10171218151314 162211HéraultTêt050 kmFigure 7. Carte <strong>de</strong>s enceintes attribuées au Néolithique final, au Chalcolithique et au Bronze ancien en Languedoc occi<strong>de</strong>ntal.Enceintes du Néolithique final et du Chalcolithique pré- campaniforme : 1 : La Terrasse, Villeneuve-Tolosane (Haute-Garonne), 2 : Terrier Capelle, Grépiac (Haute-Garonne), 3 : Rocreuse, Raissac-sur-Lampy (Au<strong>de</strong>), 4 : Saint-Antoine, Cauxet-Sauzens(Au<strong>de</strong>), 5 : Rivoire, Pennautier (Au<strong>de</strong>), 6 : Carsac, Carcassonne (Au<strong>de</strong>), 7 : Roc d’en Gabit, Carcassonne (Au<strong>de</strong>),8 : Le Mourral, Trèbes (Au<strong>de</strong>), 9 : La Serre, Laure-Minervois (Au<strong>de</strong>), 10 : La Moulinasse, Salles-d’Au<strong>de</strong> (Au<strong>de</strong>), 11 : LesMourguettes, Portiragnes (Hérault), 12 : Le Grand Bosc, Lieuran (Hérault), 13 : Le Pierras <strong>de</strong> l’Hermitage, Servian (Hérault),14 : La Gran<strong>de</strong> Prèpre, Servian (Hérault), 15 : La Croix <strong>de</strong> Fer, Espon<strong>de</strong>ilhan (Hérault), 16 : La Croix Vieille, Montblanc(Hérault), 17 : Machine <strong>de</strong> Labor<strong>de</strong>, Abeilhan (Hérault), 18 : Le Puech Haut, Paulhan (Hérault).Enceintes du Campaniforme et Epicampaniforme (Bronze ancien 1) : 19 : Roc d’en Gabit 2, Carcassonne (Au<strong>de</strong>), 20 : Médor,Ornaisons (Au<strong>de</strong>), 21 : La Carreirasse, Mailhac (Au<strong>de</strong>), 22 : Les Mourguettes 2, Portiragnes (Hérault) (dao J. Vaquer, cnrs, 2011).évolueraient ensuite vers <strong>de</strong>s fossés plus imposantsbordés <strong>de</strong> puissantes levées ou <strong>de</strong> remparts en boiset terre mo<strong>de</strong>lée.La configuration en système à fossé interrompu quiapparaît vers la fin du cinquième millénaire pourraitcorrespondre à une influence nordique. Il en serait<strong>de</strong> même pour l’incorporation <strong>de</strong>s fossés et <strong>de</strong>s levées<strong>de</strong> terre dans le cadre <strong>de</strong>s pratiques funéraires et <strong>de</strong>srites impliquant l’utilisation <strong>de</strong>s restes <strong>de</strong>s défunts.L’aspect interrompu <strong>de</strong>s fossés et parfois <strong>de</strong>s palissa<strong>de</strong>sest une caractéristique très répandue <strong>de</strong>s enceintes <strong>de</strong>cette époque en Europe. Dans une optique vraimentdéfensive, il ne paraît pas très logique <strong>de</strong> multiplierainsi les passages. On suppose que cette configurationrésulte du mo<strong>de</strong> d’organisation <strong>de</strong>s grands chantierspar unités familiales : chacune aurait eu son tronçon<strong>de</strong> fossé à creuser et à entretenir et son passage àdisposition. Les gran<strong>de</strong>s enceintes à fossés segmentairespourraient refléter une organisation <strong>de</strong> la sociétéelle-même segmentée, avec <strong>de</strong>s maisonnées au statutrelativement égalitaire, plus ou moins autonomes,mais capables <strong>de</strong> s’associer pour <strong>de</strong> grands travauxcollectifs régis par le pouvoir mobilisateur <strong>de</strong> quelques« grands hommes ».Les enceintes à fossé du Néolithiquefinal et du Chalcolithique dans lazone nord-pyrénéenneÀ l’heure actuelle, on connaît une vingtained’enceintes fossoyées du Néolithique final ou duChalcolithique pré-campaniforme entre l’Héraultet la Garonne, elles se situent principalement enLanguedoc occi<strong>de</strong>ntal (fig. 7). Leur nombre réel estsans doute bien supérieur si l’on tient compte <strong>de</strong>strès fortes variations <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong>s sites <strong>de</strong> ce type242 <strong>Revista</strong> d’Arqueologia <strong>de</strong> <strong>Ponent</strong> 21, 2011, 233-252, ISSN: 1131-883-X
Jean Vaquer, Les enceintes à fossés du Néolithique, du Chalcolithique et du Bronze ancien dans la zone nord pyrénéenne2000EpicampaniformeCampaniformeCroix Vieille2500VérazienrécentVérazienclassiqueMoulinasseVilleneuve-TolosaneCroix <strong>de</strong> FerMourguettesPuech-Haut3000VérazienancienRocreuseSt-AntoineCarsacRoc d'en GabitSaint-Ponien3500MourralFigure 8. Schéma d'évolution typologique et chronologique <strong>de</strong>s enceintes fossoyées du Néolithique final et du Chalcolithiqueen Languedoc occi<strong>de</strong>ntal (dao J. Vaquer, CNRS 2011).<strong>Revista</strong> d’Arqueologia <strong>de</strong> <strong>Ponent</strong> 21, 2011, 233-252, ISSN: 1131-883-Xqui apparaissent à l’échelle <strong>de</strong>s petits pays et qui nerévèlent finalement que <strong>de</strong>s différences d’investissementou <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> recherche en archéologie. Dansla région <strong>de</strong> Carcassonne la forte <strong>de</strong>nsité observéeest liée à un programme <strong>de</strong> prospections aériennessystématique (Vaquer 2000), tandis que dans l’Héraultc’est un programme <strong>de</strong> prospections au sol sur lesparcelles <strong>de</strong> vignes défoncées qui a révélé la plupart<strong>de</strong>s enceintes connues (Vaquer 2007).Depuis l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s premières enceintes fossoyéesdu Néolithique final-Chalcolithique en Languedoc,les connaissances sur ce genre d’aménagementont progressé en quantité et en qualité. Le constatd’une diversité <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> retranchement dressé ily a une trentaine d’années, à la fois pour la morphologie,la superficie, le lien avec la topographie etla physiographie reste globalement valable (Vaquer etTreinen Claustre 1989), mais il se double aujourd’huid’autres interrogations qui découlent <strong>de</strong> l’affinement<strong>de</strong>s recherches et <strong>de</strong>s corrélations multiples que l’onpeut établir à partir <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> fouilles.En tout premier lieu, il faut souligner la clarification<strong>de</strong> certains aspects ayant trait à l’attribution culturelleou à la chronologie <strong>de</strong>s sites, mais aussi et surtout àla périodisation architecturale <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers, ainsiqu’à leur propre évolution taphonomique qui peuventinfluer sensiblement sur leur morphologie, voire mêmesur la perception <strong>de</strong> leurs éléments structurants. Lesdonnées radio-chronologiques disponibles ne sont pasencore très nombreuses elles suggèrent un assez grandétalement <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s concernées par l’édificationou l’occupation <strong>de</strong>s enceintes (fig. 8). Cette longuedurée qui peut friser le millénaire d’après les données<strong>de</strong> Mourral et <strong>de</strong> Roc d’en Gabit est évi<strong>de</strong>mmentproblématique en particulier au regard <strong>de</strong>s élémentsconstitutifs <strong>de</strong>s retranchements qui étaient essentiellementen terre et en bois et donc à faible durée <strong>de</strong>vie. Dans ces <strong>de</strong>ux cas, il a pu être prouvé grâce auxfouilles que l’édification et l’utilisation effective <strong>de</strong>sfossés d’enceinte avaient été beaucoup plus limitéedans le temps et que les témoins récents trouvés ausommet <strong>de</strong>s remplissages <strong>de</strong>s fossés pouvaient résulter<strong>de</strong> réoccupations <strong>de</strong>s sites ou <strong>de</strong> piégeages <strong>de</strong> vestigessans rapport véritablement fonctionnel avec lespremiers aménagements alors ruinés ou inopérants,en tout cas non réaménagés (Vaquer 2002).Les enceintes à fossé simple et lesenceintes à fossé multiplesUn <strong>de</strong>s premiers critères <strong>de</strong> classification <strong>de</strong>s enceintes<strong>de</strong> cette époque concerne le nombre <strong>de</strong> fossés.Il apparaît en effet que plusieurs enceintes ont <strong>de</strong>sfossés concentriques <strong>de</strong> morphologie i<strong>de</strong>ntique avec<strong>de</strong>s passages concordants, ce qui peut indiquer uneconception initiale à plusieurs fossés et non un simpleagrandissement au fil du temps.Plusieurs enceintes <strong>de</strong> morphologies différentes ont<strong>de</strong>s fossés concentriques qui ne se recoupent pas. Ellesont pu <strong>de</strong> ce fait être réalisées ainsi dès le départ.Ce pourrait être le cas à Rocreuse, Raissac-sur-Lampy(Au<strong>de</strong>) qui présente une enceinte semi-circulaire à troisfossés appuyée sur le rebord d’un plateau. Ce pourraitêtre le cas aussi à Saint-Antoine, Caux-et-Sauzens(Au<strong>de</strong>), où une enceinte sub-quadrangulaire à doublefossé a été établie sur un éperon <strong>de</strong> terrasse alluviale.Le site le plus remarquable à cet égard est celui <strong>de</strong>Carsac à Carcassonne (Au<strong>de</strong>) qui présente <strong>de</strong>ux fossésannulaires concentriques avec <strong>de</strong>ux grands passagesconcordants orientés au nord-est. Toutefois dans laplupart <strong>de</strong> ces cas on ne peut pas vraiment prouver243