Jules DUVAL - Proverbes patois - IEO París - Free

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03.07.2015 Views

{ 440 ). à les traduire , on verra lès ressources de leur langue, tandis que les fables même de Lafbntaine ont beaucoup gagné dans là version patoise. Il y a ^dira-ton , quelque outrecuidance à parler ainsi, mais qu'on lise et qu'on juge. Je n'abuserai pas de cette prééminence pour conclure qu'il faille résister à l'envahissement progressif de la langue française. Non; tels sont les avantagés dé toutes les unités, surtout de l'unité de langage, qu'il faut savoir lui sacrifier tout, même les beautés du patois. Je veux seulement obtenir pour ce dernier Te . respect de la critique et, s'il est possible , quelque sympathique regret des âmes bien nées. Un homme de grand sens qui est pour beaucoup dans ce travail m'a dit que je ferais l'épitaphe de notre langue indigène; c'est justement cela : une épitaphe qui se grave sur un tombeau, pour y raconter toutes les vertus du trépassé. Je ne me défends que l'exagération , et c'est en quoi mon oeuvre différera des inscriptions funéraires. Le bien que je pense et que je dis de notre patois ne me rend pas injuste à l'égard des autres. Tout idiome, par cela seul qu'il existe, a droit à unpieUx hommage, pour une grande raison. Il touche intimement aux questions d'origine et de fin de rhumanitéj_,, il est un reste plus ou moins altéré de la langue universelle du passé, et un germe plus ou moins informe dé la langue universelle de l'avenir, qui reflétera celle du passé comme le composé reflète le simple en l'élevant à une plus haute puissance. Tout idiome est un groupe dans la grande phalange des langues, un teripe dans la série; et il n'est pas d'un médiocre intérêt de savoir par quelle suite d'aventures il est arrivé à sa forme actuelle, quels sont les rapports avec les idiomes circonvoisins ou engrenés avec lui; il est un jalon dans l'histoire dés races et de leurs migrai

' ( 441 ) tions. Voilà ce qu'on trouve avec quelque sagacité sur la face des langues tournée fers le passé. Et sur celle qui regarde l'avenir c'est autre chose, mais non moindre en importance. La variété des idiomes révèle tous les élémens qui devront entrer dans la langue unitaire. Aujourd'hui chacun a certains sons quimanquent aux autres; s'il s'éteignait sans laisser de traces, ces sons pourraient bien être perdus à jamais et oubliés de l'avenir. C'est pour préserver nos descendans d'un tel [malheur que nous devons recueillir avec piété toutes les traces des patois les plus inconnus. J'espère que, grâce à moi, le congrès futur du genre humain , quand il délibérera sur la formation de la langue universelle, ne méconnaîtra pas les apports du patois Rouergas, dont je vais m'occuper particulièrement. Que je dise seulement, avant d'abandonner ces hautes considérations, qu'en parlant de langue unitaire, du passé ou de l'avenir» je n'entends pas nier les variétés qui ont été ou seront convenables à introduire autour de la langue pivotale, bonne pour les communications diplomatiques , mais qui a été et serait insuffisante pour toutes les variétés des passions humaines. § *. Du patois Boucrgas. J'aurais d'assez bonnes raisons pour prétendre que le patois Rouergas est le type de cette langue romane ou provençale ( provincia ; la province romaine ) que M. Raynouard a découverte et,restaurée. Ne me suffirait-il pas de faire observer que de tous les pays d'endeça de la Loire où elle fut en usage , le Rouergue est le plus sauvage , le plus éloigné des grands centres de civilisation , partant le moins exposé aux ravages du français ? Que la langue des aïeux a dû s'y conserver dans toute sa pureté comme jusqu'à ces derniers

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tions. Voilà ce qu'on trouve avec quelque sagacité sur<br />

la face des langues tournée fers le passé. Et sur celle<br />

qui regarde l'avenir c'est autre chose, mais non moindre<br />

en importance. La variété des idiomes révèle tous<br />

les élémens qui devront entrer dans la langue unitaire.<br />

Aujourd'hui chacun a certains sons quimanquent<br />

aux autres; s'il s'éteignait sans laisser de traces, ces<br />

sons pourraient bien être perdus à jamais et oubliés<br />

de l'avenir. C'est pour préserver nos descendans d'un<br />

tel [malheur que nous devons recueillir avec piété<br />

toutes les traces des <strong>patois</strong> les plus inconnus. J'espère<br />

que, grâce à moi, le congrès futur du genre humain ,<br />

quand il délibérera sur la formation de la langue universelle,<br />

ne méconnaîtra pas les apports du <strong>patois</strong><br />

Rouergas, dont je vais m'occuper particulièrement.<br />

Que je dise seulement, avant d'abandonner ces hautes<br />

considérations, qu'en parlant de langue unitaire,<br />

du passé ou de l'avenir» je n'entends pas nier les variétés<br />

qui ont été ou seront convenables à introduire<br />

autour de la langue pivotale, bonne pour les communications<br />

diplomatiques , mais qui a été et serait<br />

insuffisante pour toutes les variétés des passions humaines.<br />

§ *. Du <strong>patois</strong> Boucrgas.<br />

J'aurais d'assez bonnes raisons pour prétendre que<br />

le <strong>patois</strong> Rouergas est le type de cette langue romane<br />

ou provençale ( provincia ; la province romaine ) que<br />

M. Raynouard a découverte et,restaurée. Ne me suffirait-il<br />

pas de faire observer que de tous les pays d'endeça<br />

de la Loire où elle fut en usage , le Rouergue est<br />

le plus sauvage , le plus éloigné des grands centres<br />

de civilisation , partant le moins exposé aux ravages<br />

du français ? Que la langue des aïeux a dû s'y conserver<br />

dans toute sa pureté comme jusqu'à ces derniers

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