Jules DUVAL - Proverbes patois - IEO ParÃs - Free
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( 4«9 )<br />
trahissent la misère : partout des conseils d'épargne ,<br />
partout des axiomes sur la cherté du pain, sur la<br />
prééminence due au pain dur, sur l'excellence du<br />
pain d'autrui, sur la folie des dépenses. Un seul moi<br />
peint la situation. Si rare était la viande ( elle l'était<br />
du'moins quand se faisait la langue) que ce mot désigne<br />
par un honneur spécial toute richesse ; on dit,<br />
avoir delà viande, partager la viande pour dire posséderdé<br />
l'aisance, partager du bien. Sous cette mé^<br />
nace incessante de famine -, de quel prix ne sera pas<br />
Une bonne ménagère qui pèse et distribue dé ses<br />
mains le lard et la graisse -, qui s'avise d'une trop ra^<br />
pide consommation, qui connaisse l'art d'épargner<br />
quelques centimes sur la ration des domestiqués, et<br />
dé transformer le vin en eau jusqu'à la juste mesure<br />
quilègitimeraitrinsurrection,exacteàse rendre compte<br />
tous les jours des bouts de chandelle et des fonds de<br />
bouteille , experte à rajeunir sous dix métamorphosés<br />
successives étoffes et doublures ? Ah ! voilà une<br />
femme modèle* un bijou, que dis-je, un éçrin, comme<br />
en possédait beaucoup le vieux Rouergue > objets<br />
d'une admiration proverbiale. Hélas ! nous avons dégénéré<br />
des vertus de nos pères! L'esprit du siècle atout<br />
gâté, même ces précieuses ménagères : déjà.lés filles<br />
de bonnes, c'est-à-dire de riches'maisons,; sont<br />
mieux dressées à l'étude du piano qu'au gouvernement<br />
deS provisions, et le nombre augmente tous les<br />
jours de celles qui mariées dans nos fermes ne se prennent<br />
plus comme leurs belles-mères d'unéhonnêtè<br />
passion pourTéclosion des oeufs de dinde, et l'administratibhdu<br />
salé.On ert voit qui préfèrent la lecture dû<br />
Juif-Errant à celle de la Cuisinière bourgeoise, une coursé<br />
à cheval à une promenade aux étables, leur parterre<br />
à leur potager, là calèche à la charrette; à qui des visites<br />
faites et reçues ne déplaisent pas, bien qu'il en<br />
coûte quelque chose. Et tel est l'irréparable dommage