Enjeux, Obstacles, Initiatives, Cahiers du ... - Patrick Lagadec
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• La sortie de crise, le rebond ;<br />
• Les nouvelles logiques d’intervention en phase de reconstruction, les<br />
combinaisons civilo-militaires ;<br />
• Le retour d’expérience ;<br />
• La préparation : exercices de test, simulations ; les viviers à développer :<br />
direction de crise, observateurs stratégiques, forces de réflexion rapide, etc ; les<br />
préparations spécifiques pour les dirigeants, les experts, les responsables<br />
techniques (les métiers”), les communicants, les juristes, etc. ;<br />
• Les préparations inter-acteurs ; les préparations internationales ;<br />
• Les mutations dans le domaine : de l’accidentel au chaotique.<br />
L’intérêt de ces apports est bien de faire découvrir le domaine, les savoirs et outils à<br />
disposition. Outre l’utilité de ces connaissances de base, celles-ci apporteront des réponses,<br />
des cadrages un peu « rassurants », qui seront les bienvenus dans un champ qui inquiète par<br />
construction.<br />
Mais ce programme n’est pas sans risques. On doit prendre garde à ne pas s’enfermer<br />
rapidement dans des sillons trop bien tracés, qui deviendraient de dangereuses ornières. On<br />
est souvent surpris par le caractère fermé, simpliste, voire claironnant, de bon nombre de<br />
manuels et brochures qui finissent par devenir des listes de « recettes » à suivre pour être<br />
certain <strong>du</strong> « succès ».<br />
Que l’on y ajoute des tonalités simplistes <strong>du</strong> type…<br />
• « Il vaut mieux un plan, même très insuffisant, que pas de plan <strong>du</strong> tout » ;<br />
• « Il vaut mieux donner des réponses simples et claires que d’inquiéter avec trop de<br />
questions ».<br />
• « Toute crise est une opportunité, donc est à rechercher », etc.<br />
… et l’on sombre vite dans le mythe, l’illusion.<br />
Même si le fait de « rassurer » ainsi par des réponses fermées est plus aisé à manier qu’un<br />
discours plus ouvert, on doit s’interroger sur les limites de la démarche. Ce type de<br />
« formation » risque en effet de se montrer bien limité pour le traitement des nouvelles crises,<br />
qui n’obéissent plus si bien aux connaissances et aux savoir-faire acquis dans les années 80-<br />
90, sur la base d’événements et de dynamiques bien moins complexes qu’aujourd’hui.<br />
En outre, cette approche comporte un piège fondamental, qui peut se révéler très pénalisant :<br />
si le propre de la crise est de déstabiliser par le fait que l’on a per<strong>du</strong> ses références, que les<br />
scripts à disposition ne fonctionnent plus, que les outils ne donnent plus satisfaction, une<br />
formation tout entière inscrite dans la délivrance de règles, de scripts, peut rapidement se<br />
révéler contre-pro<strong>du</strong>ctive.<br />
Ce fut le problème le 11 septembre à New York, on l’a mentionné. Ce fut le problème à La<br />
Nouvelle Orléans : le plan était adapté à un cyclone, pas à un cyclone suivi d’une inondation<br />
massive. La crise prit très vite une ampleur inouïe, les institutions publiques, sauf rares<br />
exceptions, furent instantanément pulvérisées. Les plans cyclone ne s’appliquaient plus. Il<br />
s’agissait de traiter une inondation gravissime.<br />
À l’évidence, même s’il faut intégrer dans la formation bien des éléments indiqués ci-dessus,<br />
le fil rouge doit être pensé tout à fait différemment. Pour préparer aux univers chaotiques, il<br />
faut même un basculement. Il faut passer d’une logique de « réponse » à une logique de