L'étude des aptitudes à l'urbanisation de la ville de Cotonou par la ...

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26.06.2015 Views

L’étude des aptitudes à l’urbanisation de la ville de Cotonou par la télédétection spatiale TCHIBOZO Eric Alain Professeur – Assistant de cartographie et télédétection Université - d’Abomey - Calavi (Bénin) , Courriel : tchibozeric@yahoo.fr Mots clés : Ville, occupation, contraintes, aptitudes, urbanisation La problématique et le cadre géographique de l’étude L’augmentation de la population va de pair avec l’utilisation du sol urbain (Tribillon J.F., 1982, Colomb P., 1984, Vallin J., 1993, FNUAP, 1998, PNUD, 2000,..). Cette hypothèse est vérifiée sur Cotonou, capitale économique du Bénin où l’effectif et la densité de la population augmentent constamment. Le taux d’urbanisation de la ville est passé de 36% en 1992 à 40,4 % en 2002 (INSAE, RGPH3, 2002). Son développement se réalise non seulement par l’extension et la densification de sa trame urbaine, mais aussi par l’occupation spontanée de sa périphérie. Cette situation exerce une pression parcellaire sur la végétation et le foncier. Ainsi, la ville de Cotonou connaît des problèmes d’urbanisation. Mais depuis 1993, elle bénéficie de subventions diverses pour améliorer sa gestion, notamment de la Banque mondiale et de l’Association Internationale des Maires Francophones (AIMF). Actuellement, elle se vide au profit des agglomérations périphériques d’Abomey – Calavi et de Semè - Podji, ralentissant ainsi la croissance de la population. Cette situation crée une croissance périphérique qui à terme, fera perdre à la ville la plupart de ses fonctions urbaines. C’est pour contribuer à l’amélioration de la gestion urbaine par la maîtrise de l’information sur la ville, que présent article se propose de réaliser un zonage des aptitudes à l’urbanisation par la télédétection. L’objectif de ce travail est donc de cartographier, à partir de l’image Google Earth, les différentes aptitudes à l’urbanisation de la ville de Cotonou. Pour cela, il s’agira de : cartographier l’occupation du sol afin d’identifier les contraintes urbaines ; cartographier les différentes aptitudes à l’urbanisation. La zone d’étude est la ville de Cotonou. Elle est située entre 2°20’ et 2°28’ de longitude Est, 6°19’ et 6°24’ de latitude nord. Elle bordée au Sud, par les eaux de l’Océan atlantique, au nord par le lac Nokoué, à l’Ouest par la commune d’Abomey – Calavi et à l’Est par la commune de Semè – Podji. Sa superficie de 79 km 2 s’étend sur une plaine côtière, dont l’altitude varie de 0,4m à 6,5m au dessus du niveau moyen de la mer. La population recensée sur son territoire en 2001 est de 665100 habitants (RGPH3, INSAE, 2002). 1 L’image utilisée est Google Earth. Elle présente une haute résolution (inférieure à 15 mètres) et est obtenue le 22 juillet 2007 (Figure 1).. Son choix est réalisé sur la base des critères d’observation du 2 ème niveau de classification d’Anderson (Anderson et al., 1976). L’occupation du sol à Cotonou L’interprétation de l’image a donné les résultats suivants sur l’occupation du sol : ‣ l’espace urbain est constitué de sols bâti et non bâti. Le premier occupe une surface importante alors que le second n’affecte que faiblement le sol urbain ; ‣ Dans le Nord –Est de la ville, l’occupation continue témoigne d’une densité élevée de bâti, surtout autour de la place « l’Etoile rouge ». Dans le Sud –Est, sa valeur augmente progressivement du Sud vers le Nord ; 1 RGPH3 : Troisième Recensement Général de l Population et de l’Habitation, 2002 NSAE : Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique 101

L’étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> aptitu<strong><strong>de</strong>s</strong> à l’urbanisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>ville</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>Cotonou</strong> <strong>par</strong> <strong>la</strong> télédétection spatiale<br />

TCHIBOZO Eric A<strong>la</strong>in<br />

Professeur – Assistant <strong>de</strong> cartographie et télédétection<br />

Université - d’Abomey - Ca<strong>la</strong>vi (Bénin) , Courriel : tchibozeric@yahoo.fr<br />

Mots clés : Ville, occupation, contraintes, aptitu<strong><strong>de</strong>s</strong>, urbanisation<br />

La problématique et le cadre géographique <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong><br />

L’augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion va <strong>de</strong> pair avec l’utilisation du sol urbain (Tribillon J.F.,<br />

1982, Colomb P., 1984, Vallin J., 1993, FNUAP, 1998, PNUD, 2000,..).<br />

Cette hypothèse est vérifiée sur <strong>Cotonou</strong>, capitale économique du Bénin où l’effectif et <strong>la</strong><br />

<strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion augmentent constamment. Le taux d’urbanisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>ville</strong> est passé<br />

<strong>de</strong> 36% en 1992 à 40,4 % en 2002 (INSAE, RGPH3, 2002). Son développement se réalise<br />

non seulement <strong>par</strong> l’extension et <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsification <strong>de</strong> sa trame urbaine, mais aussi <strong>par</strong><br />

l’occupation spontanée <strong>de</strong> sa périphérie. Cette situation exerce une pression <strong>par</strong>cel<strong>la</strong>ire sur <strong>la</strong><br />

végétation et le foncier.<br />

Ainsi, <strong>la</strong> <strong>ville</strong> <strong>de</strong> <strong>Cotonou</strong> connaît <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes d’urbanisation. Mais <strong>de</strong>puis 1993, elle<br />

bénéficie <strong>de</strong> subventions diverses pour améliorer sa gestion, notamment <strong>de</strong> <strong>la</strong> Banque<br />

mondiale et <strong>de</strong> l’Association Internationale <strong><strong>de</strong>s</strong> Maires Francophones (AIMF). Actuellement,<br />

elle se vi<strong>de</strong> au profit <strong><strong>de</strong>s</strong> agglomérations périphériques d’Abomey – Ca<strong>la</strong>vi et <strong>de</strong> Semè -<br />

Podji, ralentissant ainsi <strong>la</strong> croissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion. Cette situation crée une croissance<br />

périphérique qui à terme, fera perdre à <strong>la</strong> <strong>ville</strong> <strong>la</strong> plu<strong>par</strong>t <strong>de</strong> ses fonctions urbaines. C’est pour<br />

contribuer à l’amélioration <strong>de</strong> <strong>la</strong> gestion urbaine <strong>par</strong> <strong>la</strong> maîtrise <strong>de</strong> l’information sur <strong>la</strong> <strong>ville</strong>,<br />

que présent article se propose <strong>de</strong> réaliser un zonage <strong><strong>de</strong>s</strong> aptitu<strong><strong>de</strong>s</strong> à l’urbanisation <strong>par</strong> <strong>la</strong><br />

télédétection.<br />

L’objectif <strong>de</strong> ce travail est donc <strong>de</strong> cartographier, à <strong>par</strong>tir <strong>de</strong> l’image Google Earth, les<br />

différentes aptitu<strong><strong>de</strong>s</strong> à l’urbanisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>ville</strong> <strong>de</strong> <strong>Cotonou</strong>. Pour ce<strong>la</strong>, il s’agira <strong>de</strong> :<br />

cartographier l’occupation du sol afin d’i<strong>de</strong>ntifier les contraintes urbaines ;<br />

cartographier les différentes aptitu<strong><strong>de</strong>s</strong> à l’urbanisation.<br />

La zone d’étu<strong>de</strong> est <strong>la</strong> <strong>ville</strong> <strong>de</strong> <strong>Cotonou</strong>. Elle est située entre 2°20’ et 2°28’ <strong>de</strong> longitu<strong>de</strong> Est,<br />

6°19’ et 6°24’ <strong>de</strong> <strong>la</strong>titu<strong>de</strong> nord. Elle bordée au Sud, <strong>par</strong> les eaux <strong>de</strong> l’Océan at<strong>la</strong>ntique, au<br />

nord <strong>par</strong> le <strong>la</strong>c Nokoué, à l’Ouest <strong>par</strong> <strong>la</strong> commune d’Abomey – Ca<strong>la</strong>vi et à l’Est <strong>par</strong> <strong>la</strong><br />

commune <strong>de</strong> Semè – Podji. Sa superficie <strong>de</strong> 79 km 2 s’étend sur une p<strong>la</strong>ine côtière, dont<br />

l’altitu<strong>de</strong> varie <strong>de</strong> 0,4m à 6,5m au <strong><strong>de</strong>s</strong>sus du niveau moyen <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer. La popu<strong>la</strong>tion recensée<br />

sur son territoire en 2001 est <strong>de</strong> 665100 habitants (RGPH3, INSAE, 2002). 1<br />

L’image utilisée est Google Earth. Elle présente une haute résolution (inférieure à 15 mètres)<br />

et est obtenue le 22 juillet 2007 (Figure 1).. Son choix est réalisé sur <strong>la</strong> base <strong><strong>de</strong>s</strong> critères<br />

d’observation du 2 ème niveau <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssification d’An<strong>de</strong>rson (An<strong>de</strong>rson et al., 1976).<br />

L’occupation du sol à <strong>Cotonou</strong><br />

L’interprétation <strong>de</strong> l’image a donné les résultats suivants sur l’occupation du sol :<br />

‣ l’espace urbain est constitué <strong>de</strong> sols bâti et non bâti. Le premier occupe une surface<br />

importante alors que le second n’affecte que faiblement le sol urbain ;<br />

‣ Dans le Nord –Est <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>ville</strong>, l’occupation continue témoigne d’une <strong>de</strong>nsité élevée<br />

<strong>de</strong> bâti, surtout autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce « l’Etoile rouge ». Dans le Sud –Est, sa valeur<br />

augmente progressivement du Sud vers le Nord ;<br />

1 RGPH3 : Troisième Recensement Général <strong>de</strong> l Popu<strong>la</strong>tion et <strong>de</strong> l’Habitation, 2002<br />

NSAE : Institut National <strong>de</strong> <strong>la</strong> Statistique et <strong>de</strong> l’Analyse Economique<br />

101


‣ Dans <strong>la</strong> périphérie, l’habitat spontané présente une fréquence d’occupation élevée ;<br />

‣ De <strong>par</strong> sa position géographique entre l’Océan At<strong>la</strong>ntique et le <strong>la</strong>c Nokoué, <strong>la</strong> <strong>ville</strong><br />

présente <strong><strong>de</strong>s</strong> contraintes d’urbanisation, liées à l’hydrographie et au climat. Cette<br />

situation prédispose à l’existence <strong>de</strong> marécages et <strong>de</strong> zones inondables;<br />

‣ L’axe d’urbanisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>ville</strong> est le Sud Est –Nord Est, Sud Est - Nord Ouest. Sa<br />

croissance est alimentée <strong>par</strong> <strong>la</strong> migration interne et l’exo<strong>de</strong> rural (N’Bessa B, 1990).<br />

Les aptitu<strong><strong>de</strong>s</strong> à l’urbanisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>ville</strong> <strong>de</strong> <strong>Cotonou</strong><br />

Le zonage <strong><strong>de</strong>s</strong> différentes aptitu<strong><strong>de</strong>s</strong> à l’urbanisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>ville</strong> est réalisé sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong><br />

l’i<strong>de</strong>ntification <strong><strong>de</strong>s</strong> contraintes urbaines liées à l’hydrographie. Deux zones ont pu être<br />

délimitées sur l’image : les zones aptes à l’urbanisation et les zones inaptes à l’urbanisation<br />

(Figure 2). Les premières se trouvent au Sud - Est <strong>de</strong> l’image. L’occupation continue est<br />

<strong>par</strong>semée <strong>de</strong> reliques <strong>de</strong> végétation. Les marécages sont inexistants et l’on observe une<br />

concentration d’infrastructures administratives et commerciales. Au Nord – Ouest, le sol<br />

urbain est inapte à l’urbanisation du fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> présence <strong><strong>de</strong>s</strong> contraintes suivantes :<br />

• L’occupation du sol ne respecte aucune p<strong>la</strong>nification spatiale. Elle débute le long <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

voies et est alimentée <strong>par</strong> l’habitat spontané et l’habitat d’auto construction ;<br />

• La végétation est réduite à <strong><strong>de</strong>s</strong> reliques périphériques à <strong>la</strong> <strong>ville</strong>. Cette situation indique<br />

une pression <strong>par</strong>cel<strong>la</strong>ire sur <strong>la</strong> végétation et le foncier ;<br />

• L’environnement physique <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>ville</strong> est occupé <strong>par</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> marécages et <strong><strong>de</strong>s</strong> dépressions<br />

topographiques ;<br />

• Les marécages sont occupés <strong>par</strong> les popu<strong>la</strong>tions, surtout dans le Sud – Ouest <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>ville</strong>.<br />

Conclusion<br />

La gestion <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>ville</strong> se réalise <strong>par</strong> <strong>la</strong> maîtrise <strong>de</strong> l’information sur le sol urbain. A <strong>Cotonou</strong>,<br />

l’image du satellite a révélée l’existence <strong>de</strong> contraintes urbaines. La croissance<br />

démographique montre une utilisation intensive du sol urbain dans sa <strong>par</strong>tie bâtie.<br />

L’occupation du sol non bâti est influencée <strong>par</strong> l’hydrographie et le climat. Les zones aptes à<br />

l’urbanisation sont localisées au Sud - Est <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>ville</strong> et les zones inaptes, au Nord - Ouest. Le<br />

zonage <strong><strong>de</strong>s</strong> aptitu<strong><strong>de</strong>s</strong> d’urbanisation montre que <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> surface <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>ville</strong> est inapte à<br />

l’urbanisation. Des dispositions doivent être prises pour <strong>la</strong> construction d’un nouveau<br />

<strong>Cotonou</strong>.<br />

Bibliographie<br />

ANDERSON J.R., HARDY E.E, ROACH J.T. et WITMER R.E., 1976, A <strong>la</strong>nd use and <strong>la</strong>nd<br />

cover c<strong>la</strong>ssification system for use with Remote sensing sensor data, USGS, Reston, Va,<br />

Professional paper, 964, 28 p.<br />

Banque mondiale, 1986 : Croissance démographique et politiques <strong>de</strong> popu<strong>la</strong>tion en Afrique<br />

Subsaharienne, Washington, 119p.<br />

COLOMB P., 1984 : Note sur l’urbanisation dans le mon<strong>de</strong>, en <strong>par</strong>ticulier dans les pays peu<br />

développés, Paris, INED, 10p.<br />

INSAE- FNUAP, 1994 : Deuxième Recensement <strong>de</strong> <strong>la</strong> Popu<strong>la</strong>tion et <strong>de</strong> l’Habitation, RGPH,<br />

Volume II, tome 3, analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats, <strong>Cotonou</strong> – Bénin<br />

INSAE- FNUAP, 2003, : Troisième Recensement <strong>de</strong> <strong>la</strong> Popu<strong>la</strong>tion et <strong>de</strong> l’Habitat, synthèse<br />

et analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats du RGPH3, DED, INSAE, <strong>Cotonou</strong> – Bénin<br />

TRIBILLON J.F., 1982 : L’urbanisme. Paris, Edition La Découverte, 123 p.<br />

N’BESSA B.,1990 : Porto – Novo et <strong>Cotonou</strong> (Bénin) : origine et évolution d’un doublet<br />

urbain, p.12., 40 p.<br />

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