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rapport la coopération scientifique des Etats-Unis avec la Chine

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Ambassade de France à Washington<br />

Mission pour <strong>la</strong> Science et <strong>la</strong> Technologie<br />

4101 Reservoir Road, NW, Washington DC 20007<br />

Tel : +1 202 944 6249<br />

Fax : 202 944 6219<br />

Mail : publications.mst@ambafrance-us.org<br />

URL : http://www.ambafrance-us.org<br />

Domaine : Politique <strong>scientifique</strong><br />

Document : Rapport d’étu<strong>des</strong><br />

Titre : La coopération <strong>scientifique</strong> <strong>des</strong> <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> <strong>avec</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong><br />

Auteur(s) : Johan Delory<br />

Date : 12 novembre 2010<br />

Contacts : johan.delory@ambafrance-us.org<br />

Mots-clefs<br />

Résumé<br />

Politique <strong>scientifique</strong>, coopération <strong>scientifique</strong><br />

Face aux multiples contentieux que les <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> entretiennent <strong>avec</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>Chine</strong>, <strong>la</strong> coopération <strong>scientifique</strong> se distingue, source de rapprochement et<br />

de bénéfices. Nous présentons dans ce <strong>rapport</strong> une analyse de cette<br />

coopération basée sur <strong>des</strong> documents non confidentiels du Département<br />

d’Etat et l’avis d’experts américains.<br />

La charpente de <strong>la</strong> coopération <strong>scientifique</strong> sino-américaine est constituée<br />

par l’Accord-Cadre en S&T et ses 26 protocoles entre agences de R&D. Ce<br />

cadre formel a favorisé d’actives col<strong>la</strong>borations en particulier dans<br />

l’agriculture, l’énergie, <strong>la</strong> santé publique, l’atmosphère, et les sciences<br />

marines. Par ailleurs, les liens unissant les deux communautés <strong>scientifique</strong>s<br />

se sont développés grâce aux échanges d’étudiants, aux visites de<br />

professeurs et au rôle actif joué par les universités.<br />

Les bénéfices pour les <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> sont nombreux: le maintien du dialogue<br />

entre communautés <strong>scientifique</strong>s ; <strong>la</strong> contribution économique <strong>des</strong><br />

<strong>scientifique</strong>s chinois présents sur le marché du travail américain ; l’accès<br />

aux niches d’expertises <strong>scientifique</strong>s chinoises et aux<br />

popu<strong>la</strong>tions/écosystèmes endémiques ; <strong>la</strong> mutualisation <strong>des</strong> coûts pour <strong>la</strong><br />

construction de gran<strong>des</strong> infrastructures de recherche ; un re<strong>la</strong>tif pouvoir<br />

d’influence sur <strong>la</strong> politique <strong>scientifique</strong> intérieure chinoise grâce à<br />

l’intégration <strong>des</strong> élites formées en Amérique.<br />

Cette coopération se caractérise aussi par un rattrapage de <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> et une<br />

interdépendance croissante <strong>des</strong> deux puissances en science et technologie.<br />

Officiellement, le Département d’Etat américain « se réjouit de<br />

l’émergence d’une <strong>Chine</strong> forte, pacifique et prospère » et conclut que les<br />

« bénéfices de sa coopération <strong>scientifique</strong> et technologique <strong>avec</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong><br />

dépassent <strong>la</strong>rgement les coûts de cette re<strong>la</strong>tion ».<br />

NB : Toutes nos publications sont disponibles auprès de l’Agence pour <strong>la</strong> Diffusion de<br />

l’Information Technologique (ADIT), 2, rue Brûlée, 67000 Strasbourg (http://www.adit.fr)<br />

1


Partie 1 : Coopération <strong>scientifique</strong> sino-américaine : les re<strong>la</strong>tions gouvernementales<br />

et non-gouvernementales<br />

1.1 Coopération <strong>scientifique</strong> sino-américaine : les re<strong>la</strong>tions gouvernementales<br />

1.1.1 L’Accord Cadre de coopération en Science et Technologie: histoire et<br />

gouvernance<br />

1.1.2 Protocoles d’accord inter-agences : thématiques clés de coopération <strong>scientifique</strong><br />

formalisée<br />

1.2 Coopération <strong>scientifique</strong> sino-américaine : les re<strong>la</strong>tions nongouvernementales<br />

1.2.1 Etudiants et chercheurs, <strong>des</strong> échanges en augmentation<br />

1.2.2 La multiplication <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions interuniversitaires, vecteur <strong>des</strong> flux académiques<br />

Partie 2 : Coopération <strong>scientifique</strong> sino-américaine : les bénéfices pour les <strong>Etats</strong>-<br />

<strong>Unis</strong><br />

2.1 Les bénéfices non <strong>scientifique</strong>s : paix et bien-être économique<br />

2.1.1 La S&T comme source de pacification <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions sino-américaines<br />

2.1.2 Coopération <strong>scientifique</strong> et élévation du niveau de vie<br />

2.2. L’influence <strong>des</strong> élites <strong>scientifique</strong>s formées aux <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> sur <strong>la</strong> politique<br />

<strong>scientifique</strong> intérieure chinoise<br />

2.2.1 Une forte intégration <strong>des</strong> élites chinoises formées aux <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong><br />

2.2.2 L’influence américaine sur <strong>la</strong> politique intérieure <strong>scientifique</strong> chinoise<br />

2.3 Bénéfices <strong>scientifique</strong>s : accès à <strong>des</strong> niches d’expertise et mutualisation <strong>des</strong><br />

travaux de recherche<br />

3


Partie 3 : Coopération <strong>scientifique</strong> sino-américaine : perspectives<br />

3.1 Le rattrapage de <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> en matière de science et technologie<br />

3.1.1 Le rattrapage de <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> en matière de R&D<br />

3.1.2 Le rattrapage de <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> en matière de production <strong>scientifique</strong><br />

3.2 Montée de l’interdépendance <strong>scientifique</strong> sino-américaine<br />

3.2.1 Interdépendance <strong>scientifique</strong><br />

3.2.2 Interdépendance pour les biens intenses en technologie<br />

3.3 Obstacles à dépasser pour une poursuite de <strong>la</strong> coopération<br />

4


« Comment pouvons nous éviter une guerre froide <strong>avec</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> ? » s’est exc<strong>la</strong>mé<br />

Dan Blumenthal lors d’une conférence tenue par le Think-Tank Hudson Institute le 27<br />

Octobre 2010 [1]. Aux <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong>, <strong>la</strong> montée de <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> ne <strong>la</strong>isse pas indifférent. Elle en<br />

fascine certains, en inquiète d’autres. En effet, les sources de contentieux ne manquent<br />

pas :<br />

• Sécurité nationale<br />

Les <strong>rapport</strong>s annuels du Département de <strong>la</strong> Défense attestent d’une militarisation de <strong>la</strong><br />

République Popu<strong>la</strong>ire de <strong>Chine</strong> (RPC). Ils concluent que <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> a grandement<br />

amélioré ses capacités militaires ce qui pose un problème de long terme à <strong>la</strong> présence<br />

américaine en Asie. Par ailleurs, <strong>la</strong> contribution de <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> à <strong>la</strong> prolifération nucléaire<br />

caractérisée par <strong>la</strong> vente d’armes balistiques et le transfert de technologie -notamment au<br />

Moyen-Orient- inquiète le gouvernement et le Congrès américain [1].<br />

• Zones d’influences territoriales<br />

La <strong>Chine</strong> est l’unique allié militaire de <strong>la</strong> Corée du Nord et son premier partenaire<br />

commercial. Par conséquent, toute volonté américaine de sanction économique ou<br />

d’intervention pour un désarmement nucléaire de Pyongyang nécessite un aval de Pékin.<br />

Par ailleurs, Beijing continue de c<strong>la</strong>mer sa souveraineté sur Taïwan et a juré de réunifier<br />

l’île au continent. La RPC n’exclut pas le recours à <strong>la</strong> force armée selon les termes de sa<br />

loi Anti-Sécession du 14 mars 2005 [2]. Les ventes régulières d’armes à Taïwan en<br />

provenance <strong>des</strong> <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> continuent de courroucer les autorités chinoises. Enfin, <strong>la</strong><br />

RPC a multiplié les accords commerciaux et énergétiques par extension de leur zone<br />

d’influence traditionnelle en s’aventurant jusqu’en Amérique <strong>la</strong>tine [3].<br />

• Approvisionnement énergétique<br />

Outre <strong>la</strong> compétition pour <strong>la</strong> sécurisation <strong>des</strong> approvisionnements en ressources fossiles,<br />

les <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> souffrent d’une grande dépendance en terres rares vis-à-vis de <strong>la</strong> <strong>Chine</strong>.<br />

Cette dernière fournit 90% de ces éléments métalliques peu abondant requis pour les<br />

technologies vertes innovantes, dans l’industrie de l’armement et les TIC.<br />

• Conflits commerciaux<br />

Le premier sujet de conflit commercial sino-américain concerne l’insuffisante protection<br />

de <strong>la</strong> propriété intellectuelle sur le marché chinois. Environ 90% <strong>des</strong> biens produits par<br />

<strong>des</strong> firmes américaines en <strong>Chine</strong> font l’objet de tentatives de piratage. En 2005, les pertes<br />

commerciales directes furent estimées à 2,5 milliards de dol<strong>la</strong>rs [4]. Par ailleurs, lors du<br />

sommet du G20 de Septembre 2010, les <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> ont à nouveau critiqué <strong>la</strong> politique<br />

monétaire de <strong>la</strong> Banque Centrale chinoise, accusée de maintenir le Renminbi à un niveau<br />

artificiellement bas.<br />

• Risques épidémiologiques<br />

L’émergence de pandémies globales (SRAS en 2003, H5N1 en 2004) au Sud de<br />

l’Empire du Milieu liées à <strong>des</strong> problématiques de surdensité, de promiscuité hommeanimal<br />

et <strong>des</strong> carences hygiéniques inquiètent <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion américaine.<br />

5


• Respect <strong>des</strong> droits de l’homme<br />

La dénonciation de <strong>la</strong> nomination de Liu Xiaobo au Prix Nobel de <strong>la</strong> Paix par les<br />

autorités chinoises démontrent que <strong>la</strong> défense <strong>des</strong> droits de l’homme demeure un terrain<br />

miné. La censure sur Internet n’a pas cessé, comme en témoigne les tensions <strong>avec</strong><br />

l’entreprise Google. Les manifestations Tibétaines et Ouïgoures ont été violemment<br />

réprimées. La condamnation du non-respect <strong>des</strong> droits de l’homme satisfait certes<br />

l’opinion publique américaine mais continue d’agacer Beijing, qui considère ces<br />

allégations comme de l’ingérence.<br />

Pourtant, parmi ces nombreuses sources de tensions, un élément clé de coopération<br />

transversale est source d’apaisement depuis <strong>la</strong> reprise <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions diplomatiques:<br />

<strong>la</strong> col<strong>la</strong>boration <strong>scientifique</strong>.<br />

Quels liens <strong>scientifique</strong>s les acteurs américains de <strong>la</strong> recherche -gouvernement,<br />

universités, chercheurs et étudiants- entretiennent-ils <strong>avec</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> ? Quels bénéfices les<br />

<strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> tirent-ils de cette col<strong>la</strong>boration ? Quelles sont les perspectives pour <strong>la</strong><br />

col<strong>la</strong>boration <strong>scientifique</strong> entre <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> et <strong>Chine</strong> ?<br />

Ce <strong>rapport</strong> tente de répondre à ces interrogations en s’appuyant sur trois sections analytiques :<br />

(1) Coopération <strong>scientifique</strong> sino-américaine : les re<strong>la</strong>tions gouvernementales et nongouvernementales<br />

(2) Coopération <strong>scientifique</strong> sino-américaine : les bénéfices pour les <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong><br />

(3) Coopération <strong>scientifique</strong> sino-américaine : perspectives<br />

6


Partie 1 : Coopération <strong>scientifique</strong> sino-américaine : les re<strong>la</strong>tions gouvernementales<br />

et non-gouvernementales<br />

La reprise <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions diplomatiques officielles en 1979 entre les <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> et <strong>la</strong> <strong>Chine</strong><br />

a ouvert <strong>la</strong> voie à <strong>la</strong> coopération <strong>scientifique</strong> au niveau gouvernemental (1.1). C’est dans<br />

ce cadre formalisé que s’épanouirent ensuite de multiples col<strong>la</strong>borations nongouvernementales,<br />

unissant les communautés <strong>des</strong> deux rives du Pacifique (1.2)<br />

1.1 Coopération <strong>scientifique</strong> sino-américaine : les re<strong>la</strong>tions gouvernementales<br />

L’ Accord-Cadre de Coopération en Science et Technologie a servi de chapeau à 26<br />

protocoles, qui, à leur tour, ont favorisé de nombreuses col<strong>la</strong>borations entre agences de<br />

R&D.<br />

1.1.1 L’Accord Cadre de coopération en Science et Technologie: histoire et gouvernance<br />

La visite de Richard Nixon en <strong>Chine</strong> en 1972 suivie du Communiqué de Shangai<br />

marquèrent <strong>la</strong> reprise <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions <strong>scientifique</strong>s sino-américaines. Le 31 janvier 1979, les<br />

Présidents Jimmy Carter et Deng Xiaoping signèrent le premier Accord formel de<br />

Coopération en Sciences et Technologies entre le gouvernement de <strong>la</strong> RPC et <strong>des</strong> <strong>Etats</strong>-<br />

<strong>Unis</strong>. Il fut ensuite révisé en 1991 afin d’inclure une annexe sur <strong>la</strong> protection <strong>des</strong> Droits<br />

de Propriété Intellectuelle. L’Accord-cadre est renouvelé tous les cinq ans et a pour<br />

objectif de « fournir de <strong>la</strong>rges opportunités pour <strong>la</strong> coopération en sciences et<br />

technologies dans les disciplines d’intérêt mutuel » : agriculture, énergie, espace, santé,<br />

environnement, sciences de <strong>la</strong> terre et sciences de l’ingénieur.<br />

La Convention-cadre est p<strong>la</strong>cée sous <strong>la</strong> responsabilité d’un Comité Mixte qui se réunit<br />

tous les deux ans et qui est co-présidé d’une part par le Ministre chinois de <strong>la</strong> Science et<br />

de <strong>la</strong> Technologie et d’autre part par le Conseiller Scientifique du Président (le Directeur<br />

de l’ Office for Science and Technology Policy). Les autres années, il est mené par les<br />

Secrétaires Exécutifs pilotés par le Directeur du Bureau de <strong>la</strong> Science et Technologie du<br />

Département d’Etat et par le Directeur du bureau de <strong>la</strong> Coopération Internationale du<br />

Ministère de <strong>la</strong> Science et Technologie chinois.<br />

L’Accord-cadre, convention chapeau, a constitué le socle <strong>des</strong> 26 protocoles d’accord<br />

inter-agences.<br />

1.1.2 Protocoles d’accord inter-agences : thématiques clés de coopération <strong>scientifique</strong><br />

formalisée<br />

Les protocoles signés sous le couvert de cette convention-cadre ont favorisé les<br />

coopérations institutionnalisées dans plusieurs thématiques. Selon l’expert Richard P.<br />

Suttmeier [5], en voici un extrait <strong>des</strong> plus actives.<br />

7


-Agriculture :<br />

Un accord de coopération associe l’US Department of Agriculture (USDA) et les<br />

Ministères chinois de l’Agriculture, et de <strong>la</strong> Science et Technologie. Il constitue le<br />

support de plusieurs groupes de travail dont le « US-China High-Level Biotechnology<br />

Working group ». La sécurité alimentaire est au centre de <strong>la</strong> coopération <strong>avec</strong> <strong>la</strong> création<br />

d’un centre biologique de contrôle (« Sino-US Biological Control Lab in Beijing »).<br />

-Energie :<br />

Le Département de l’Energie (DOE) entretient <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions <strong>avec</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> depuis 1978<br />

mais celles-ci se sont intensifiées récemment. Un protocole pour <strong>la</strong> coopération dans le<br />

domaine du développement et de l’utilisation de technologies liées aux énergies fossiles<br />

entre le DOE et le Ministère chinois de <strong>la</strong> Science et Technologie comporte cinq annexes<br />

spécifiques : les fuels propres, les systèmes de puissance, les hydrocarbures, les<br />

technologies du contrôle de l’énergie et de l’environnement; et <strong>la</strong> science du climat.<br />

En matière de recherche fondamentale, le DOE coopère <strong>avec</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> dans le domaine de<br />

<strong>la</strong> physique <strong>des</strong> hautes énergies et de <strong>la</strong> fusion nucléaire depuis 1979. Outre l’aide à <strong>la</strong><br />

rénovation du Synchrotron de Shangai et du Centre de Collision de Positron de Beijing,<br />

les <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> cofinancent <strong>des</strong> infrastructures à <strong>la</strong> baie de Daya qui permettront d’étudier<br />

les oscil<strong>la</strong>tions de neutrino et devraient être terminées en 2011.<br />

-Médecine et santé publique :<br />

De nouveau, <strong>la</strong> coopération dans ce domaine fut institutionnalisée dès 1979 <strong>avec</strong> le<br />

Protocole de Coopération en Science et Technologie de Médecine et Santé Publique.<br />

Avec <strong>la</strong> multiplication <strong>des</strong> menaces épidémiologiques globales, <strong>des</strong> Conventions de<br />

coopération (Memorum of Understanding) ont été ajoutées pour lutter contre l’extension<br />

du VIH (2002) et les ma<strong>la</strong>dies infectieuses (2005).<br />

Par ailleurs, les Instituts Nationaux de Santé (NIHs), entretiennent <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions étroites<br />

<strong>avec</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> et tout particulièrement ses Académies <strong>des</strong> Sciences.<br />

-Atmosphère et sciences marines<br />

La National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) conduit <strong>des</strong> activités <strong>avec</strong><br />

<strong>la</strong> <strong>Chine</strong> via deux Protocoles d’accord : un re<strong>la</strong>tif à <strong>la</strong> science et à <strong>la</strong> technologie<br />

atmosphérique <strong>avec</strong> l’Administration Météorologique Chinoise et un re<strong>la</strong>tif aux sciences<br />

et technologies de <strong>la</strong> mer et <strong>des</strong> ressources halieutiques <strong>avec</strong> l’Administration Océanique<br />

d’Etat Chinoise. Les <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> et <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> travaillent également de concert dans le cadre<br />

du programme GEOSS (Global Earth Observation System of Systems). On note aussi <strong>des</strong><br />

coopérations structurées impliquant le National Institute of Standards and Technology<br />

(NIST) et l’Environmental Protection Agency (EPA) notamment en matière de<br />

météorologie.<br />

-Le cas de <strong>la</strong> Fondation Nationale de <strong>la</strong> Science (NSF) :<br />

Via deux Protocoles d’accord, <strong>la</strong> col<strong>la</strong>boration de <strong>la</strong> NSF <strong>avec</strong> l’Académie <strong>des</strong> Sciences<br />

chinoise, son Ministère de l’Education et sa Fondation Nationale <strong>des</strong> Sciences Naturelles<br />

a débouché sur <strong>des</strong> coopérations actives surtout dans le domaine de l’enseignement, de <strong>la</strong><br />

prévention <strong>des</strong> désastres environnementaux (sismologie tout particulièrement), et du<br />

forage en haute-mer. En 2005, <strong>la</strong> NSF a ouvert une représentation permanente à Beijing.<br />

8


Cependant, ces liens formels ne constituent que le sommet de l’iceberg. La coopération<br />

est nourrie par <strong>la</strong> multitude d’acteurs non-gouvernementaux qui ont tissé au cours <strong>des</strong><br />

trente dernière années un réseau unissant les deux communautés <strong>scientifique</strong>s chinoises et<br />

américaines.<br />

1.2 Coopération <strong>scientifique</strong> sino-américaine : les re<strong>la</strong>tions nongouvernementales<br />

Les principaux acteurs non-gouvernementaux de <strong>la</strong> coopération <strong>scientifique</strong> sinoaméricaine<br />

sont au nombre de trois : étudiants, professeurs et universités.<br />

1.2.1 Etudiants et chercheurs, <strong>des</strong> échanges en augmentation<br />

En 1947 fut établi le premier programme Fulbright de l’histoire 1 . Il le fut <strong>avec</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong>. Il<br />

finança un premier échange de 27 professeurs américains et 24 étudiants chinois.<br />

Cependant, deux ans plus tard seulement, après l’arrivée de Mao Tsé Tong au pouvoir, le<br />

programme était suspendu.<br />

Le 11 octobre 1978, suite au mouvement d’ouverture de <strong>la</strong> RPC et à <strong>la</strong> restructuration de<br />

son système d’enseignement supérieur initiés par Deng Xiaoping, une délégation chinoise<br />

était accueillie à Washington DC. En accord <strong>avec</strong> leurs interlocuteurs américains, ils<br />

impulsèrent un échange d’étudiants dans le domaine <strong>des</strong> S&T: 500 du côté chinois, 50<br />

du côté américain. Afin d’assurer un contrôle du niveau <strong>des</strong> étudiants chinois, le Dr sinoaméricain<br />

Tsung-Dao Lee créa un programme intitulé « China-US Physics Examination<br />

and Application » suivi peu après par le Professeur Ray Wu de l’université de Cornell<br />

dans le domaine <strong>des</strong> sciences biologiques (CUSBEA en 1982) [6]. Ce contrôle de<br />

connaissances linguistiques est à présent standardisé (TOEFL).<br />

Le programme Fulbright reprit en 1979. Puis, en 1985, les Présidents R. Reagan et Liu<br />

Xiannian signèrent un accord de coopération afin de « … fournir <strong>des</strong> opportunités pour <strong>la</strong><br />

coopération et les échanges dans les domaines de l’éducation basés sur l’égalité, <strong>la</strong><br />

réciprocité et les bénéfices mutuels » [7]. En 2001, une impulsion supplémentaire fut<br />

fournie grâce à <strong>la</strong> libéralisation du secteur de l’enseignement supérieur chinois lors de<br />

l’entrée de <strong>la</strong> République Popu<strong>la</strong>ire de <strong>Chine</strong> (RPC) dans l’OMC.<br />

Selon le magazine « Open Doors » de l’Institut sur l’Education Internationale, 98 235<br />

étudiants chinois se sont inscrits aux <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> pour l’année sco<strong>la</strong>ire 2008/2009 soit une<br />

augmentation de 21,1% par <strong>rapport</strong> à <strong>la</strong> période précédente. La RPC est désormais le<br />

deuxième pays pourvoyeur devant <strong>la</strong> Corée du Sud et derrière l’Inde. Réciproquement, <strong>la</strong><br />

<strong>Chine</strong> a reçu en 2007/2008 13 165 étudiants américains soit 19% de plus que l’année<br />

précédente et 900% de plus qu’en 1995/1996. La <strong>Chine</strong> détient <strong>la</strong> 5 ème p<strong>la</strong>ce <strong>des</strong> pays<br />

1 Aujourd’hui, le programme Fulbright <strong>avec</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> est devenu l’un <strong>des</strong> plus importants du monde d’un<br />

point de vue numérique. Composé de quatre sous-programmes, il a financé en 2008 <strong>la</strong> mobilité de 70<br />

étudiants américains, 35 professeurs et chercheurs américains, 20 docteurs chinois et 40 professeurs<br />

chinois. La mobilité étudiante fut également promue par de nombreux programmes de coopération entre<br />

universités.<br />

9


d’accueil <strong>des</strong> étudiants américains -deuxième hors Europe- <strong>avec</strong> 5% du total. Les<br />

étudiants américains représentent en <strong>Chine</strong> le troisième effectif d’étrangers [8].<br />

De même, <strong>la</strong> RPC envoie de nombreux professeurs qui participent aux travaux de<br />

recherche ou partagent leurs connaissances <strong>avec</strong> les étudiants américains. Ainsi, en 2008,<br />

23 779 professeurs chinois ont été accueillis par <strong>des</strong> établissements américains. La RPC<br />

maintient <strong>la</strong>rgement sa première p<strong>la</strong>ce, représentant 22,4% du total soit plus de deux fois<br />

les effectifs de l’Inde, située en deuxième position. De surcroît, les flux entrants ne se<br />

ralentissent pas <strong>avec</strong> 18% d’augmentation par <strong>rapport</strong> à 2007/2008.<br />

Ces échanges sont le fruit <strong>des</strong> rapprochements entre établissements d’enseignement<br />

supérieur chinois et américains.<br />

1.2.2 La multiplication <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions interuniversitaires, vecteur <strong>des</strong> flux académiques<br />

Supports <strong>des</strong> échanges d’étudiants, les programmes col<strong>la</strong>boratifs se sont multipliés. En<br />

effet, IIEPassport liste 132 programmes de coopération de court-terme (moins de 6 mois)<br />

et 92 programmes de long terme (un semestre ou plus). Plus de <strong>la</strong> moitié <strong>des</strong> séjours de<br />

long terme se déroulent à Beijing (39%) ou Shanghai (18%). Les disciplines les plus<br />

étudiées sont les <strong>la</strong>ngues, culture et humanités (88% pour les longs séjours et 57% pour<br />

les courts séjours) suivis par le « business » [9].<br />

Certaines coopérations universitaires sont déjà bien structurées <strong>avec</strong> <strong>la</strong> création il y a un<br />

six ans d’un consortium délivrant <strong>des</strong> diplômes conjoints (ou <strong>des</strong> doubles diplômes) : le<br />

« Sino-américain 1+2+ Dual Degree program » [10]. Etabli entre le Centre Chinois pour<br />

les Echanges Internationaux et l’Association Américaine <strong>des</strong> Collèges et Universités, ce<br />

programme réunit 64 universités chinoises et 16 universités américaines. Il a permis à<br />

541 étudiants chinois de passer deux ans dans une université américaine partenaire entre<br />

2004 et 2007 à <strong>la</strong> suite de quoi 202 d’entre eux sont rentrés en <strong>Chine</strong>, un diplôme<br />

américain en poche. De plus, 70 étudiants américains ont effectué par ce biais un court<br />

séjour en <strong>Chine</strong>. Enfin, de nombreux professeurs ont séjourné de part et d’autre du<br />

Pacifique dans une université membre du consortium [11].<br />

Enfin, misant sur <strong>la</strong> demande croissante en éducation tertiaire de <strong>la</strong> RPC, certaines<br />

universités y ont ouvert <strong>des</strong> succursales. On relève 9 Filiales Universitaires à l’Etranger<br />

(FUE) en <strong>Chine</strong> : l’université Johns Hopkins (1986), l’université de l’Etat du Missouri<br />

(2000), l’université du Mary<strong>la</strong>nd (2003), l’université de Virginie du Nord (2006),<br />

l’université internationale de Floride (2006), le Savannah College (2010), le Baruch<br />

College, l’université Webster et <strong>la</strong> Business School internationale de Hult [12].<br />

Réciproquement, on note également <strong>la</strong> présence de 39 Instituts Confucius aux <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong><br />

sur un total mondial de 60 de ces centres crées depuis 2004 afin de promouvoir <strong>la</strong> culture<br />

et <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue chinoise (Mandarin). Contrairement aux autres Instituts (Cervantes,<br />

Goethe…), les Instituts Confucius s’installent traditionnellement au sein de campus<br />

universitaires.<br />

10


Ces échanges favorisent <strong>la</strong> formation d’un réseau humain dont l’intégration au sein du<br />

gouvernement permet le rapprochement entre les deux pays. Il s’agit d’un <strong>des</strong> bénéfices<br />

que les <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> retirent de leur coopération <strong>scientifique</strong> <strong>avec</strong> <strong>la</strong> RPC.<br />

Partie 2 : Coopération <strong>scientifique</strong> sino-américaine : les bénéfices pour les <strong>Etats</strong>-<br />

<strong>Unis</strong><br />

La coopération <strong>scientifique</strong> <strong>des</strong> <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> <strong>avec</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> est source de multiples<br />

bénéfices divisibles en trois ordres : <strong>des</strong> bénéfices non <strong>scientifique</strong>s (2.1), un pouvoir<br />

d’influence sur <strong>la</strong> politique <strong>scientifique</strong> intérieure chinoise (2.2), <strong>des</strong> bénéfices<br />

<strong>scientifique</strong>s (2.3).<br />

2.1 Les bénéfices non <strong>scientifique</strong>s : paix et bien-être économique<br />

Les bénéfices non <strong>scientifique</strong>s renvoient à <strong>la</strong> pacification <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions et à l’élévation<br />

du niveau de vie aux <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong><br />

2.1.1 La S&T comme source de pacification <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions sino-américaines<br />

La pacification <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions bi<strong>la</strong>térales entre ces deux pays aux idéologies politiques<br />

divergentes -voire opposées- a été favorisée par <strong>la</strong> compréhension mutuelle,<br />

l’interdépendance économique, et <strong>la</strong> transparence <strong>des</strong> progrès effectués dans le domaine<br />

militaire.<br />

Selon le Département d’Etat, l’Accord-Cadre en Science et Technologie constitue l’un<br />

<strong>des</strong> soubassements de <strong>la</strong> compréhension mutuelle entre les deux Nations. «L’accordcadre<br />

de S&T a facilité un dialogue profond et permanent entre les communautés<br />

<strong>scientifique</strong>s américaines et chinoises. (…) Ce lien commun entre <strong>scientifique</strong>s<br />

américains et chinois maintient les canaux de communication ouverts en temps de<br />

tensions et permet à un segment influent de <strong>la</strong> société chinoise de conserver <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions<br />

pacifiques <strong>avec</strong> les <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong>.»<br />

2.1.2 Coopération <strong>scientifique</strong> et élévation du niveau de vie<br />

Par ailleurs, l’interpénétration <strong>des</strong> secteurs intenses en technologie a favorisé une<br />

spécialisation <strong>des</strong> processus de production favorisant <strong>la</strong> diminution <strong>des</strong> coûts unitaires de<br />

productions <strong>des</strong> biens concernés et in fine une élévation du niveau de vie <strong>des</strong> popu<strong>la</strong>tions.<br />

L’augmentation du bien-être général ne doit pas non plus nous faire oublier les<br />

<strong>des</strong>tructions nettes d’emplois pour les <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong>. A ce sujet, le débat n’a pas été tranché,<br />

l’Accord de Coopération ouvrant également de nouveaux marchés pour les entreprises<br />

américaines.<br />

11


Enfin, si l’on se limite aux seuls étudiants chinois, on ne peut ignorer leur participation au<br />

PIB américain. Primo, elle avoisine les 2,2 milliards de dol<strong>la</strong>rs si l’on estime par les<br />

dépenses directes au cours de leurs étu<strong>des</strong>. Secundo, l’intégration de leurs compétences<br />

bénéficie également fortement à <strong>la</strong> production de richesses aux <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong>. Au cours de <strong>la</strong><br />

période 2002-2008, 25 037 docteurs chinois ont choisi de rester aux <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong>, soit près<br />

de 90% <strong>des</strong> effectifs. Les chinois représentent 22% <strong>des</strong> docteurs présents sur le sol<br />

américain sans y être nés [13].<br />

Ainsi, les liens formels et informels unissant les deux communautés <strong>scientifique</strong>s ont<br />

favorisé <strong>la</strong> convergence de <strong>la</strong> politique <strong>scientifique</strong> chinoise <strong>avec</strong> celle pratiquée par les<br />

<strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong>.<br />

2.2. Coopération <strong>scientifique</strong> sino-américaine : l’influence <strong>des</strong> élites <strong>scientifique</strong>s<br />

formées aux <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> sur <strong>la</strong> politique intérieure chinoise<br />

Le Département d’Etat a retracé le passage dans les universités américaines de treize<br />

haut-fonctionnaires chinois. Il a aussi listé les programmes de réforme du système<br />

chinois de S&T considérés comme issus du rapprochement <strong>avec</strong> les <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong>.<br />

2.2.1 Une forte intégration <strong>des</strong> élites chinoises formées aux <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong><br />

Selon le Département d’Etat, « un nombre en augmentation de hauts fonctionnaires en<br />

RPC furent éduqués aux <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> et retournèrent en <strong>Chine</strong> pour occuper <strong>des</strong> positionsclés<br />

du gouvernement ».<br />

Nom<br />

Date de Poste occupé (2006)<br />

Affiliation <strong>avec</strong> <strong>la</strong> S&T américaine<br />

naissance<br />

Chen Zhili 1942 Conseiller d’Etat 1980-82, Chercheur au Laboratoire de Sciences <strong>des</strong><br />

Matériaux de l’université de l’Etat de Pennsylvanie<br />

Cheng Jinpei 1948 Vice-Ministre de <strong>la</strong> Science et de <strong>la</strong><br />

Technologie<br />

1987, Doctorat de <strong>la</strong> Chimie Organique, université<br />

Northwestern<br />

Wang Longde 1947 Vice-Ministre de <strong>la</strong> Santé 1980-82, Ecole de Médecine « Mount Sinai» de <strong>la</strong><br />

ville de New York<br />

Huang Jiefu 1946 Vice-Ministre de <strong>la</strong> Science et de <strong>la</strong><br />

Technologie<br />

Professeur invité à l’université de Harvard, au MIT<br />

et à l’université de Stanford<br />

Jiang Zuajun 1955 Vice-Ministre de <strong>la</strong> Science et de <strong>la</strong> 1993-94, chercheur invité, université de Buffalo<br />

Technologie<br />

Bai Chunli 1953 Vice-Ministre de l’Académie <strong>des</strong> 1985-87, chercheur invité, Caltech<br />

Sciences Chinoise<br />

Jiang<br />

Mianheng<br />

NA<br />

Vice-Président de l’Académie <strong>des</strong><br />

Sciences Chinoise<br />

1991, Doctorat, Ingénierie Electrique, université<br />

Drexel<br />

Li Jiayang NA Vice-Président de l’Académie <strong>des</strong> 1991, Doctorat Biologie, université Brandeis<br />

Sciences Chinoise<br />

Guo Huadong 1950 Vice-Président de <strong>la</strong> Fondation<br />

Nationale <strong>des</strong> Sciences Naturelles de<br />

1984-1985, Chercheur invité, université de l’Etat<br />

d’Oregon.<br />

<strong>Chine</strong><br />

Zhu Zuoyan 1941 Vice-Président de <strong>la</strong> Fondation<br />

Nationale <strong>des</strong> Sciences Naturelles de<br />

<strong>Chine</strong><br />

1988-1991, université de Mary<strong>la</strong>nd<br />

12


Sun Jiaguang 1946 Vice-Président de <strong>la</strong> Fondation<br />

Nationale <strong>des</strong> Sciences Naturelles de<br />

<strong>Chine</strong><br />

Qin Dahe NC Directeur Général de l’Administration<br />

Météorologique<br />

Li Huang NC Directeur Général Adjoint de l’<br />

Administration Météorologique de<br />

<strong>Chine</strong><br />

Source : Bureau <strong>scientifique</strong> du Département d’Etat<br />

1985-1986, chercheur invité, université de<br />

Californie, Los Angeles<br />

Chercheur invité, Centre technologique Spatial de<br />

l’université de Kansas et de l’université du New<br />

Hampshire<br />

1987-88, Chercheur invité, Centre National<br />

Météorologique, NOAA<br />

L’intégration de cette élite formée aux <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> a constitué, toujours selon le<br />

Département d’Etat, un instrument d’influence sur <strong>la</strong> politique intérieure chinoise.<br />

2.2.2 L’influence américaine sur <strong>la</strong> politique <strong>scientifique</strong> intérieure chinoise<br />

Selon le DE, « <strong>avec</strong> le p<strong>la</strong>n de réforme économique de Deng Xiaoping et <strong>la</strong> signature de<br />

l’Accord entre les <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> et <strong>la</strong> <strong>Chine</strong>, le focus domestique se dép<strong>la</strong>ça vers <strong>des</strong> politiques de<br />

réforme du système de S&T ». « En plus de <strong>la</strong> promotion de <strong>la</strong> bonne volonté, de <strong>la</strong> confiance et<br />

l’ouverture, <strong>la</strong> coopération entre les <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> et <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> en sciences et technologies a impulsé<br />

<strong>des</strong> politiques de réformes domestiques pour <strong>la</strong> RPC en fournissant au gouvernement <strong>des</strong><br />

informations l’ayant aidé dans son processus de réforme en cours » :<br />

• Le Programme de Recherche et Développement <strong>des</strong> Technologies clés (1982) visant à<br />

stimuler <strong>la</strong> productivité industrielle (création de 1 000 instituts de recherche) ;<br />

• La Décision re<strong>la</strong>tive au système de S&T (1985) qui le réforma en profondeur afin de (i)<br />

promouvoir <strong>la</strong> commercialisation de <strong>la</strong> technologie, (ii) <strong>la</strong> fusion d’instituts de S&T et (iii)<br />

l’importation et le développement de nouvelles technologies de rénovation <strong>des</strong><br />

équipements existants ;<br />

• Le programme Spark (1986) visant à revitaliser les zones rurales ;<br />

• Le projet 863 autrement connu comme Programme National de Recherche et<br />

Développement Hi-tech (1986) ;<br />

• Le programme Torch (1988) qui visa à améliorer <strong>la</strong> commercialisation <strong>des</strong> nouvelles<br />

technologies ;<br />

• La loi de progrès en S&T de <strong>la</strong> RPC (1992) qui autorisa <strong>des</strong> vagues de privatisation et<br />

d’ouvrir <strong>des</strong> zones géographiques favorables aux entreprises de nouvelles technologies ;<br />

• Le programme 973 (1998) qui encouragea le développement de <strong>la</strong> recherche<br />

fondamentale.<br />

• Le 11 ème p<strong>la</strong>n quinquennal pour le Développement Economique et Social reposant sur le<br />

développement rural et le progrès technologique, intégrant <strong>des</strong> objectifs de réduction de<br />

<strong>la</strong> consommation énergétique et polluante.<br />

Grâce à ces politiques ambitieuses inspirées par l’Amérique, <strong>la</strong> RPC a progressée à pas<br />

de géant dans le domaine <strong>scientifique</strong> et offre aujourd’hui aux <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> de nombreuses<br />

col<strong>la</strong>borations « gagnants-gagnants ».<br />

13


2.3 Bénéfices <strong>scientifique</strong>s : accès à <strong>des</strong> niches d’expertise et mutualisation <strong>des</strong><br />

travaux de recherche<br />

Les bénéfices <strong>scientifique</strong>s sont permis par <strong>la</strong> mutualisation <strong>des</strong> travaux de recherche<br />

permettant une réduction <strong>des</strong> coûts (partage <strong>des</strong> tâches, accès aux gran<strong>des</strong><br />

infrastructures) ; l’accès à certaines popu<strong>la</strong>tions, organismes ou écosystèmes endémiques<br />

et l’accès à <strong>des</strong> niches d’expertise à bas coût (génomique, calcul). Ils sont présentés dans<br />

le tableau synoptique ci-<strong>des</strong>sous.<br />

Tableau synoptique <strong>des</strong> bénéfices actuels et attendus de <strong>la</strong> col<strong>la</strong>boration en S&T <strong>avec</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>Chine</strong> du point de vue du bureau <strong>scientifique</strong> du Département d’Etat<br />

Disciplines Bénéfices non <strong>scientifique</strong>s<br />

Mutualisation <strong>des</strong> travaux Accès à <strong>des</strong> niches d’expertise<br />

(sécuritaires et économiques)<br />

de recherche<br />

Physique Transparence <strong>des</strong> activités nucléaires :<br />

visites régulières de <strong>scientifique</strong>s du<br />

NRC et du DOE<br />

Création de marchés dans l’industrie<br />

nucléaire pour <strong>la</strong> technologie américaine<br />

(ex : réacteurs «Westinghouse » de 4 ème<br />

génération)<br />

-Industrie nucléaire : « L’industrie<br />

nucléaire progresse rapidement et les<br />

<strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> regardent du côté de <strong>la</strong><br />

<strong>Chine</strong> pour s’inspirer de leur état-del’art<br />

de leurs nouveaux procédés ».<br />

- Physique <strong>des</strong> hautes énergies : « le<br />

centre de Collisions Electron-Positron<br />

de Beijing offre aux chercheurs<br />

américains l’opportunité rare de<br />

conduire <strong>des</strong> mesures subatomiques en<br />

régime énergétique de haute<br />

luminosité ».<br />

- Fusion nucléaire : « le DOE prévoit<br />

que les <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> vont accéder à <strong>des</strong><br />

informations importantes issues <strong>des</strong><br />

col<strong>la</strong>borations <strong>avec</strong> les chinois car<br />

ceux-ci fabriquent <strong>des</strong> infrastructures<br />

que les <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> n’ont pas<br />

l’intention de financer ».<br />

Environnement Création de marchés :<br />

-pour les technologies propres de<br />

crémation du charbon et autres<br />

combustibles fossiles,<br />

- pour les entreprises américaines de<br />

raffinage.<br />

Sécurisation <strong>des</strong> approvisionnements :<br />

en offrant une alternative aux pays du<br />

Moyen-Orient pour l’approvisionnement<br />

<strong>des</strong> ressources minérales en<br />

hydrocarbures<br />

-Influence pour <strong>la</strong> réduction<br />

de production de substances<br />

endommageant <strong>la</strong> couche<br />

d’ozone.<br />

-Coopération pour <strong>la</strong><br />

mitigation <strong>des</strong> activités<br />

côtières polluantes chinoises<br />

qui touchent à terme Hawai,<br />

l’A<strong>la</strong>saka et <strong>la</strong> côte ouest <strong>des</strong><br />

<strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> (USGS).<br />

-Col<strong>la</strong>boration pour<br />

l’observation du climat<br />

(NOAA).<br />

-Utilisation <strong>des</strong> données<br />

climatiques chinoises pour<br />

calibrer les logiciels<br />

américains, les modèles<br />

d’érosion du sol et <strong>la</strong><br />

surveil<strong>la</strong>nce <strong>des</strong> feux de forêt<br />

-Nouvelles technologies <strong>des</strong><br />

combustibles fossiles : ex : cycle<br />

combiné de liquéfaction et<br />

gazéification intégrées du charbon.<br />

-Terres rares : les échanges<br />

<strong>scientifique</strong>s re<strong>la</strong>tifs aux terres rares<br />

(« rare earth elements) permettront<br />

aux <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> d’améliorer leur<br />

système de fouille et de localisation de<br />

celles-ci hors de <strong>Chine</strong>.<br />

-Endémie environnementale : La<br />

<strong>Chine</strong> est le siège de conditions<br />

environnementales extrêmes qui<br />

fournissent <strong>des</strong> possibilités d’étu<strong>des</strong><br />

<strong>scientifique</strong>s disponibles nul part<br />

ailleurs (ex : surveil<strong>la</strong>nce du transport<br />

<strong>des</strong> sédiments surabondants du fleuve<br />

jaune, étude topographique de<br />

l’érosion, catastrophes<br />

14


Agroalimentaire<br />

Santé<br />

(U.S. Forest Service).<br />

Séquençage en commun <strong>des</strong><br />

génomes de coton et riz<br />

Col<strong>la</strong>borations pour <strong>la</strong><br />

prévention <strong>des</strong> ma<strong>la</strong>dies et de<br />

l’émergence de nouveaux<br />

pathogène<br />

environnementales)<br />

-Cartographie à distance : « La <strong>Chine</strong><br />

a investi massivement dans <strong>la</strong> remote<br />

sensing et de nombreux chinois sont<br />

leader dans ce domaine » (USGS).<br />

OGM : « La <strong>Chine</strong> est aujourd’hui le<br />

leader mondial de coton<br />

génétiquement modifié ». On note<br />

aussi les tentatives d’incorporation <strong>des</strong><br />

gènes de soja résistants aux<br />

inondations dans les cultures<br />

américaines.<br />

-Ressources marines : « L’accès à<br />

l’expertise chinoise pour le<br />

développement de sources<br />

alimentaires alternatives -telles que les<br />

algues comestibles- pourrait s’avérer<br />

important pour l’industrie agroalimentaire<br />

américaine ». technologies<br />

de production piscicole.<br />

Accès à <strong>la</strong> médecine alternative<br />

chinoise.<br />

Accès aux popu<strong>la</strong>tions isolés du<br />

territoire chinois pour <strong>des</strong> tests<br />

génétiques pharmacologiques et<br />

immunologiques.<br />

TIC<br />

et<br />

nanotechs<br />

« Bien qu’encore derrière les <strong>Etats</strong>-<br />

<strong>Unis</strong>, <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> avance rapidement<br />

dans les secteurs <strong>des</strong> technologies de<br />

l’information, du développement de<br />

logiciels, <strong>des</strong> biotechnologies et <strong>des</strong><br />

nanotechnologies »<br />

Source : United States – China, Science and Technology Cooperation”, Décembre 2006, Rapport<br />

biannuel pour le Comité de revue <strong>des</strong> Affaires Economiques et Sécuritaires entre les <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> et<br />

<strong>la</strong> <strong>Chine</strong>, Bureau de <strong>la</strong> Coopération en Science et Technologie, Département d’Et<br />

3. Coopération <strong>scientifique</strong> sino-américaine : perspectives<br />

Ces trente années de coopération <strong>scientifique</strong> sino-américaine ont fortement alimenté <strong>la</strong><br />

croissance chinoise, favorisant son rattrapage (3.1) et l’interdépendance entre les deux<br />

pays (3.2). Selon les experts interrogés, <strong>la</strong> poursuite de <strong>la</strong> coopération <strong>scientifique</strong> sinoaméricaine<br />

nécessite de surpasser quatre freins majeurs (3.3).<br />

3.1 Le rattrapage de <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> en matière de science et technologie<br />

En 2010, <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> a symboliquement surpassé les <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> dans deux domaines : TIC<br />

<strong>avec</strong> le plus puissant <strong>des</strong> supercalcu<strong>la</strong>teurs du monde et technologies vertes <strong>avec</strong><br />

15


l’investissement le plus élevé du monde. Ce rattrapage fut alimenté par un rythme<br />

supérieur de croissance de ses dépenses de R&D au cours de <strong>la</strong> dernière décennie. Il se<br />

manifeste également par une augmentation de sa production <strong>scientifique</strong> (publications et<br />

biens intenses en technologie).<br />

3.1.1 Le rattrapage de <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> en dépenses de R&D<br />

La Dépense Intérieure de Recherche et Développement chinoise (DIRD) était de 102<br />

Md$ (1,49% du PIB) en 2008 tandis que celle <strong>des</strong> <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> atteignait 370 Md$ soit<br />

2,68% de leur PIB. Dans les deux pays, les entreprises captaient l’essentiel <strong>des</strong><br />

financements (respectivement 72,3% et 71,8%) et étaient également les principales<br />

sources financières (respectivement 70,4% et 66,4%). En fait, bon nombre <strong>des</strong> activités<br />

de R&D privées menées sur le sol chinois sont le fruit de firmes multinationales, dont<br />

beaucoup sont originaires <strong>des</strong> <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> 2 .<br />

Malgré cette nette domination américaine, <strong>la</strong> RPC poursuit son rattrapage grâce un<br />

rythme de croissance moyen de sa DIRD qui a avoisiné les 24% au cours de <strong>la</strong> période<br />

1997-2007. Pendant ce temps-là, le pays de l’Oncle Sam a maintenu un rythme de<br />

croissance de sa DIRD certes élevé mais <strong>la</strong>rgement inférieur, de 5 à 6% l’an.<br />

3.1.2 Le rattrapage de <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> en matière de production <strong>scientifique</strong><br />

En 2008, les <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> ont publié 209 000 articles de S&T, <strong>la</strong> RPC 56 000. Encore une<br />

fois, <strong>la</strong> domination américaine est incontestable tout comme le rattrapage de <strong>la</strong> <strong>Chine</strong>. Au<br />

cours de <strong>la</strong> dernière décennie, ses parts du marché mondial ont été multipliées par quatre,<br />

tandis que le volume produit par les <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> stagnait. Secundo, les domaines de<br />

spécialisation sont très différents, et <strong>la</strong> RPC est à présent proche <strong>des</strong> <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> –en<br />

volume publié- dans certaines thématiques (voir tableau ci-<strong>des</strong>sous).<br />

<strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> (part RPC (part total <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> RPC<br />

total national ) national)<br />

Ingénierie 6,9% 16% 14,4 8,9<br />

Astronomie 1,4% 0,7% 2,9 0.4<br />

Chimie 7,5% 24,5% 15,7 13,7<br />

Physique 9,3% 24% 19,4 13,4<br />

Géosciences 5,5% 4,3% 11,5 2,4<br />

Mathématiques 1,9% 3,3% 4 1,85<br />

Informatique 1,1% 1,3% 2,3 0,73<br />

Agriculture 1,8% 2% 3.7 0,1<br />

Biologie 25,1% 14,0% 52,5 7,8<br />

Sciences<br />

Médicales<br />

27,8% 8,4% 58 4,7<br />

2 En 2007, on comptait 1160 centres privées de R&D sur le sol chinois, dont une majorité appartenant à<br />

<strong>des</strong> firmes américaines. On estime <strong>la</strong> contribution de ces dernières à 30% de <strong>la</strong> DIRD chinoise.<br />

16


Autres sciences de 2,0% 0.2% 4,2 0,1<br />

<strong>la</strong> vie<br />

Psychologie 4,3% 0,3% 9 1,7<br />

Sciences Sociales 5,4% 0,8% 11,3 0,45<br />

Source : National Science Board, Science and Engineering Indicators, 2010<br />

En Chimie, Physique, Mathématiques et Ingénierie, <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> affiche aujourd’hui un<br />

volume de production proche de celui <strong>des</strong> <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong>.<br />

Sur le p<strong>la</strong>n de <strong>la</strong> concurrence <strong>scientifique</strong> internationale en S&T, les parts de marché<br />

américaines sont en réduction tandis que celles de <strong>la</strong> RPC sont en augmentation, en<br />

témoigne le nombre d’articles publiés.<br />

Part mondiale <strong>des</strong> articles de S&T<br />

1998 2008<br />

<strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> 34% 28,9%<br />

RPC 1,6% 5,9%<br />

Ces statistiques reflètent un effet de substitution de <strong>la</strong> RPC vis-à-vis <strong>des</strong> <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong>. En<br />

effet, les performances nipponnes et européennes, elles, n’ont pas fléchi pas sur <strong>la</strong><br />

période 1998-2008.<br />

En 2008, elle réalisait 20% <strong>des</strong> exportations mondiales de produits manufacturés<br />

hautement technologiques contre 6% en 1995, surpassant les <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> (14%).<br />

Ce rattrapage s’est accompagné d’une montée de l’interdépendance <strong>scientifique</strong> entre les<br />

deux puissances.<br />

3.2 Monté de l’interdépendance <strong>scientifique</strong> sino-américaine<br />

Les co-publications entre les <strong>la</strong>boratoires chinois et américains sont en constantes<br />

augmentation tout comme l’interpénétration <strong>des</strong> secteurs économiques intenses en<br />

technologie.<br />

3.2.1 Interdépendance <strong>scientifique</strong><br />

Au cours de <strong>la</strong> dernière décennie, <strong>la</strong> coopération académique sino-américaine s’est<br />

nettement accentuée. En 1998, les <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> étaient présent dans 35,8% <strong>des</strong> copublications<br />

internationales chinoises [14] et <strong>la</strong> RPC dans 3,5% <strong>des</strong> américaines. En 2008,<br />

l’interpénétration <strong>des</strong> co-publications internationales avait nettement augmentée : 42,4%<br />

pour les <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> et 10,4% pour <strong>la</strong> RPC. Ainsi, aujourd’hui, un article sur dix écrit en<br />

partenariat entre un <strong>la</strong>boratoire américain et un <strong>la</strong>boratoire étranger associe une équipe<br />

chinoise. La RPC devient peu à peu un acteur incontournable, surtout dans le domaine<br />

<strong>des</strong> sciences les plus « dures » : physique, chimie et ingénierie.<br />

17


3.2.2 Interdépendance pour les biens intenses en technologie<br />

Le déficit commercial <strong>des</strong> produits intenses en technologie <strong>des</strong> <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> vis-à-vis de <strong>la</strong><br />

<strong>Chine</strong> n’a cessé de se dégrader depuis 2001 pour atteindre plus de 60 milliards de dol<strong>la</strong>rs<br />

en 2008.<br />

En 2008, <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> a exporté 92 Md de dol<strong>la</strong>rs de produits intenses en technologie vers les<br />

EU et en a importé 26 Md. 90% <strong>des</strong> importations américaines en provenance de <strong>Chine</strong><br />

sont <strong>des</strong> produits TIC.<br />

Parallèlement, les Investissements Directs à l’Etranger (IDE) <strong>des</strong> entreprises américaines<br />

se sont accélérés entre 2000 et 2008 (voir schéma ci-<strong>des</strong>sous).<br />

Les IDE américains en <strong>Chine</strong><br />

2000 2008<br />

Composants électriques et 5,1 9,9<br />

électroniques<br />

Services financiers 6,7 13,4<br />

Services informatiques 0,7 1,1<br />

Services <strong>scientifique</strong>s 0,8 3,7<br />

Source : National Science Board, Science and Engineering Indicators, 2010<br />

Cette complémentarité <strong>scientifique</strong> entre les deux Nations, source de bénéfices mutuels,<br />

devrait continuer si quatre obstacles principaux sont dépassés.<br />

3.3 Obstacles à dépasser pour une poursuite de <strong>la</strong> coopération<br />

(Basés sur les entretiens <strong>avec</strong> Tom Wang, Directeur de <strong>la</strong> Coopération Internationale de<br />

l’ American Association for the Advancement of Science et Deborah Seligsohn ancienne<br />

Conseillère Scientifique de l’ambassade <strong>des</strong> <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> à Beijing)<br />

Selon Tom Wang, <strong>la</strong> véritable force motrice de <strong>la</strong> coopération sino-américaine est sousjacente.<br />

Elle est le produit <strong>des</strong> réseaux informels <strong>des</strong> communautés académiques, <strong>des</strong><br />

stratégies d’investissements <strong>des</strong> multinationales américaines, et du dynamisme <strong>des</strong><br />

entrepreneurs chinois 3 .<br />

La formalisation d’accords intergouvernementaux a permis de <strong>la</strong>ncer <strong>la</strong> locomotive en<br />

1979, et de briser <strong>la</strong> g<strong>la</strong>ce de <strong>la</strong> guerre froide. Aujourd’hui, beaucoup de col<strong>la</strong>borations<br />

naissent spontanément. Certes, <strong>la</strong> dimension politique est toujours bien présente, <strong>la</strong><br />

Maison B<strong>la</strong>nche suivant de près les dossiers, mais <strong>la</strong> coopération <strong>scientifique</strong> se<br />

concentre davantage sur <strong>des</strong> enjeux globaux spécifiques: surveil<strong>la</strong>nce du climat, énergies<br />

propres, épidémies, génomique, sécurité alimentaire, géologie, où <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> est considérée<br />

3 Selon Dr. Deborah Seligsohn, « en tant qu’êtres humains, les chinois sont <strong>des</strong> entrepreneurs naturels. Ils<br />

vont toujours chercher à capter <strong>des</strong> financements extérieurs, et le gouvernement <strong>la</strong>issera faire tant que ce<strong>la</strong><br />

ne menace pas les intérêts nationaux. Du point de vue américain, c’est gagnant-gagnant puisque beaucoup<br />

de ces <strong>scientifique</strong>s vont intégrer in fine <strong>des</strong> universités et entreprises américaines ».<br />

18


comme l’acteur à privilégier. Les entreprises américaines ont investi dans <strong>des</strong> centres de<br />

recherches locaux et profitent aussi de certaines niches d’expertise nationale. Cependant,<br />

il existe encore <strong>des</strong> freins à <strong>la</strong> coopération sino-américaine en S&T.<br />

-Le premier est constitué par <strong>la</strong> restriction en matière de visas. Certains redoutent que les<br />

<strong>scientifique</strong>s chinois diversifient leurs <strong>des</strong>tinations au profit de pays où les démarches<br />

sont moins contraignantes.<br />

-Le second enjeu concerne les disciplines liées à <strong>la</strong> sécurité nationale. Certains champs<br />

thématiques enregistrent une absence quasi-totale de coopération : le spatial et <strong>la</strong> défense<br />

(communication, satellite, missiles).<br />

-Le troisième concerne <strong>la</strong> protection de <strong>la</strong> propriété intellectuelle. Il s’agit d’un vrai<br />

facteur limitant qui grève aussi le potentiel chinois, beaucoup d’innovateurs locaux<br />

quittant le pays.<br />

-Enfin, le quatrième frein à <strong>la</strong> coopération est constitué par le manque d’accès libre aux<br />

données <strong>scientifique</strong>s. Les données sont contrôlées par l’Etat et varient considérablement<br />

d’un groupe de travail à un autre.<br />

En conclusion, rappelons que le Département d’Etat « se réjouit de l’émergence d’une<br />

<strong>Chine</strong> forte, pacifique et prospère » et conclut que les « bénéfices de sa coopération<br />

<strong>scientifique</strong> et technologique <strong>avec</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> dépassent <strong>la</strong>rgement les coûts de cette<br />

re<strong>la</strong>tion ». Il ajoute qu’il ne trouve aucune preuve directe que « l’Accord de Coopération<br />

en S&T a contribué au développement <strong>des</strong> capacités militaires de <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> ».<br />

19


[1] Kerry Dumbaugh, Congress Report Service: “China-U.S. re<strong>la</strong>tions : Current Issues and<br />

Implications for U.S. Policy”, 14 juillet 2006<br />

[2] Loi anti-sécession du Congrès National du Peuple de <strong>la</strong> RPC,<br />

http://www.china.org.cn/english/2005lh/122724.htm<br />

[3] China’s oil diplomacy in Latin America , The New York Times,<br />

http://www.nytimes.com/2005/03/01/business/worldbusiness/01oil.html<br />

[4] http://www.iipa.com/rbc/2004/2004SPEC301CHINA.pdf<br />

[5] -Richard P. Suttmeier, University of Oregon, “From Cold War Science Diplomacy to a<br />

Partnering in a Networked World: 30 Years of Sino-US Re<strong>la</strong>tions in Science and Technology”<br />

- Richard P. Suttmeier, University of Oregon, Cao Cong University of Oregon and the Levin<br />

Institute of the State University of New York, CHINA-US S&T COOPERATION: PAST<br />

ACHIEVEMENTS AND FUTURE CHALLENGES,<br />

http://china-us.uoregon.edu/pdf/CHINAUSSTCOOPERATIONForum.pdf<br />

[6] Yang Xinyu, Deputy Secretary General, China Scho<strong>la</strong>rship Council, “US-China educational<br />

exchanges : perspectives on a growing partnership”, IIE, Global Education Research Reports.<br />

[7] Anne F. Thurston et autres, China bound, revised: a guide to academic life and work in the<br />

PRC, Washington DC, Academic Press, p.239<br />

[8] Open Doors, Report on International Educational Exchange, 2008, Institute of International<br />

Education<br />

[9] Site IIE Passport est un portail enregistrant les connexions inter-universitaires <strong>des</strong><br />

établissements américains http://www.iiepassport.org/<br />

[10] Sino-américain Dual Program, www.cciee121.com<br />

[11] Sepherd Laughlin, “Trends and Models of Academic Exchange Between China and<br />

the U.S.”, IIE<br />

[12] Source: The Observatory on Borderless Higher Education, http://www.obhe.ac.uk/home<br />

Pour plus de détail, se référer au <strong>rapport</strong> « Filiales Universitaires à l’Etranger : <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>des</strong><br />

établissements américains» (http://www.bulletins-electroniques.com/<strong>rapport</strong>s/smm10_045.htm)<br />

Sont considérés comme FUE dans cette note les seuls établissements situés à l’étranger qui :<br />

(i) portent le nom de l'institution mère ;<br />

(ii) sont administrés par l'institution mère ou à travers une co-entreprise (joint-venture) ;<br />

(iii) délivrent un diplôme de l'institution mère ;<br />

(iv) accueillent <strong>des</strong> étudiants locaux ;<br />

(v) utilisent une structure physique ;<br />

(vi) prodiguent leurs enseignements en ayant recours à un personnel physiquement présent<br />

sur le site.<br />

[13] “Doctorate Recipients from U.S. universities », Summary report 2007-2008,<br />

December 2009, Special report from NSF, USDA, NIHs, NASA, DoE<br />

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[14] National Science Board, Science and Engineering Indicators, 2010<br />

-Site <strong>des</strong> archives du Département d’Etat,<br />

http://20012009.state.gov/g/oes/rls/or/44681.htm<br />

-Rapport du Département d’Etat: “United States-China, Science and Technology<br />

Cooperation”, Décembre 2006, Bureau de <strong>la</strong> Coopération en Science et Technologie<br />

Conférences :<br />

-La montée de <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> : leçons pour Washington, Hudson Institute,<br />

http://www.hudson.org/index.cfm?fuseaction=hudson_upcoming_events&id=805<br />

-Développer un marché <strong>des</strong> technologies propres : vers une coopération <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong>-<br />

<strong>Chine</strong>-Japon, Brookings Institution,<br />

http://www.brookings.edu/events/2010/1025_clean_energy.aspx<br />

-Une autre <strong>Chine</strong> qui monte : que va-t-il advenir de Taiwan ?, Hudson Institute,<br />

http://www.hudson.org/index.cfm?fuseaction=hudson_upcoming_events&id=799<br />

-Implications d’une <strong>Chine</strong> à faible émissions de Co2, CSIS,<br />

http://csis.org/event/implications-secure-low-carbon-pathway-china<br />

-Coopération <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong>-<strong>Chine</strong> en matière d’énergie, Woodrow Wilson Center,<br />

http://www.wilsoncenter.org/index.cfm?fuseaction=events.event_summary&event_id=63<br />

4604<br />

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