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Coverstory<br />
Une agence immobilière<br />
pour les plus démunis<br />
«Notre activité principale est de prendre en bail des logements pour les mettre à<br />
disposition de personnes à revenus modestes», explique Gilles Hempel, directeur de<br />
l’Agence Immobilière Sociale. Cet instrument de lutte contre le mal-logement est à la<br />
fois une main tendue vers ceux qui recherchent un toit mais offre également de réelles<br />
garanties aux propriétaires. Le savoir-faire de l’AIS profite actuellement à 650 personnes<br />
réparties dans un parc immobilier de 180 habitations.<br />
Pouvez-vous nous rappeler brièvement<br />
les missions de l’AIS?<br />
L’AIS n’est pas une agence immobilière<br />
comme les autres puisque c’est nous qui prenons<br />
un bail auprès des propriétaires. Nous<br />
garantissons ainsi le paiement des loyers tous<br />
les mois puisque l’argent part de nos comptes.<br />
Étant donné que nous sommes les locataires,<br />
il est de notre responsabilité de garantir<br />
l’état irréprochable du bien; nous avons<br />
des équipes de rénovations qui œuvrent<br />
dans ce sens.<br />
En contrepartie, les propriétaires s’engagent à<br />
nous les louer à des prix inférieurs au marché.<br />
Les habitations sont alors proposées à des<br />
personnes en détresse avec qui nous passons<br />
un contrat de mise à disposition. Ces personnes<br />
nécessiteuses paient au maximum un<br />
tiers de leurs revenus mais la grande majorité<br />
s’acquitte de la totalité du loyer. Ils peuvent y<br />
rester pour un maximum de trois ans.<br />
Notre mission est de faire de l’inclusion<br />
sociale par le logement, c’est-à-dire que<br />
nous faisons toujours un projet avec nos<br />
bénéficiaires pour qu’ils retrouvent une autonomie.<br />
Le taux de réussite est de 80%. Cela veut<br />
dire que 80% des gens qui sortent de l’AIS<br />
peuvent se loger dans des conditions convenables<br />
et 8% d’entre eux deviennent propriétaires.<br />
Et dans les cas de non-paiement?<br />
Les mauvais payeurs sont très minoritaires au vu<br />
des 96% de la masse locative que nous arrivons<br />
àrécupérer auprès de nos bénéficiaires. La perte<br />
sur les impayés, le vide locatif et le secours financiers<br />
ne représentent que 4%; ce qui est très<br />
peu. Ceux qui font de la gestion locative dans le<br />
secteur privé rêvent de nos chiffres qui sont dus<br />
àl’accompagnement social que nous mettons<br />
en œuvre. Il faut bien évidemment tenir une<br />
comptabilité à jour et repérer les impayés. Nous<br />
intervenons alors au plus vite auprès du bénéficiaire<br />
pour comprendre les raisons et ainsi y<br />
remédier. Nous essayons toujours de sauver la<br />
situation tant que notre interlocuteur est de<br />
bonne foi mais dans certains cas, il est parfois<br />
inévitable de devoir clôturer des dossiers et de les<br />
transférer ànotre conseil juridique qui s’occupe<br />
des résiliations. Il serait en effet injuste de laisser<br />
des impayés ou des dégradations volontaires se<br />
produire, non seulement au regard des autres<br />
bénéficiaires qui respectent leurs contrats mais<br />
également à celui du contribuable. Ce ne sont<br />
toutefois que de rares exceptions.<br />
D’où provient votre financement?<br />
Nous avons une convention avec le Ministère du<br />
logement qui prend en charge les frais juridiques,<br />
l’entretient des logements et notre déficit pour<br />
les impayés. Nos frais de fonctionnement relèvent<br />
du Ministère de la famille. La nouveauté,<br />
c’est que les communes participent depuis deux<br />
ans à notre financement. Grâce à leur aide, nous<br />
avons pu engager plus de personnel et déménager<br />
dans de plus grands locaux.<br />
Quel rôle ont-elles à jouer dans cette<br />
mission?<br />
Les communes ont découvert qu’il y avait sur<br />
leur territoirede nombreux logements inoccupés<br />
et qu’en même temps, il y avait de plus en plus<br />
de personnes qui poussaient les portes de leurs<br />
offices sociaux à cause de problèmes de logement.<br />
En soi, il y a là un problème et sa solution.<br />
Lorsqu’une commune participe au financement<br />
de nos ressources humaines nous nous engageons<br />
en contrepartie à prendreplus de personnes<br />
en charge sur leur territoire; une personne<br />
logée convenablement est une charge en moins<br />
pour l’office social.<br />
Quels sont les moyens mis en œuvre afin<br />
de lutter contre l’exclusion sociale par le<br />
logement?<br />
L’un des facteurs essentiel dans l’accès au logement<br />
est le travail. Ceux qui sont au chômage, en<br />
intérim ou qui n’ont qu’un CDD ont peu ou<br />
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<strong>LG</strong> - Juin 2015