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“<br />
L’information médicale<br />
devient de plus en plus<br />
mobile<br />
”<br />
Il s’agit donc d’une question-clé, qui est liée<br />
au secret de l’information appartenant au<br />
patient; on s’engage dans une direction qui<br />
peut être dangereuse en termes de maîtrise<br />
de l’information et de sécurité, avec des<br />
dérapages à prévoir. Aussi, le législateur<br />
devra édicter des règles de conduite, pour<br />
réguler ces questions.<br />
Comment les CIO des établissements<br />
de santé font-ils face à cette nouvelle<br />
donne digitale?<br />
Thierry Barré<br />
Sur le terrain, comment se concrétisent<br />
ces interactions entre la santé et l’ICT?<br />
L’interpénétration s’accroît chaque jour,<br />
entre les besoins des médecins/thérapeutes/soignants<br />
et les réponses que peut leur<br />
apporter l’ICT; avec un impact fort sur la pratique<br />
médicale même: on parle aujourd’hui<br />
de télémédecine, de digital doctor, de dossier<br />
électronique du patient. L’information médicale<br />
devient en outre de plus en plus mobile.<br />
Mais on oublie que cette information-là<br />
appartient au patient, et qu’elle a de la<br />
valeur pour ceux qui l’utilisent. Ceci entraîne<br />
de nouveaux défis déontologiques: aussi, il<br />
faudra bien un jour se poser la question de<br />
savoir à qui et à quoi servent ces informations.<br />
Et quels sont la valeur et le prix de ces<br />
dernières pour ceux qui l’utilisent (l’environnement<br />
hospitalier, les services administratifs<br />
de la CNS et leurs propriétaires).<br />
Sans oublier l’émergence croissante des entreprises<br />
privées dans ce domaine, telles Apple<br />
notamment, qui offrent des applications de<br />
mesures de données biologiques ou de dossier<br />
médical téléchargeables sur un téléphone ou<br />
un ordinateur. Les informations médicales<br />
désormais stockées et envoyées à partir d’appareils<br />
mobiles, peuvent également être piratées,<br />
vendues ou abusivement utilisées.<br />
Un CIO s’occupe essentiellement des volets<br />
architecture, infrastructure et sécurité de l’information<br />
et de la communication. Et non du<br />
contenu même qui transite dans ses systèmes<br />
d’informations, à savoir les données. Il<br />
doit certes en comprendre l’enjeu. Mais tout<br />
ce qui touche à la maîtrise de l’utilisation des<br />
données, à la mise en place d’un modèle de<br />
données (avec un glossaire et une terminologie<br />
à employer), relève désormais de la compétence<br />
du Chief Digital Officer (CDO).<br />
Celui-ci doit en effet veiller à ce que l’information<br />
saisie dans un système informatique<br />
soit cohérente du début jusqu’à la fin. On<br />
touche ici à la documentation médicale<br />
même, et à un service qui assure la continuité<br />
des données mises à la disposition du<br />
corps médical et du soignant, jusqu’à son<br />
utilisation et sa facturation. Au Luxembourg,<br />
si l’arrivée des CDO se généralise peu à peu<br />
dans un certain nombre d’entreprises financières,<br />
industrielles ou du marketing, ce n’est<br />
pas encore le cas dans les établissements<br />
hospitaliers et médicaux. Ce virage n’a pas<br />
encore été pris; aussi il doit l’être très rapidement.<br />
MA<br />
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<strong>LG</strong> - Juin 2015