La Craie
La Craie
La Craie
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Etude par vibrobroyage<br />
de l'aptitude<br />
des craies au compactage<br />
R. STRUILLOU*<br />
Docteur en géologie<br />
Département de géotechnique<br />
<strong>La</strong>boratoire central<br />
introduction<br />
Normalement, la prévision du comportement des matériaux au compactage<br />
peut se faire correctement en se référant aux résultats des essais<br />
Proctor et CBR, à la comparaison entre la teneur en eau et la limite<br />
de plasticité wP, et aux données de Vexpérience acquise dans le traitement de matériaux similaires.<br />
Malheureusement, avec les craies, les essais Proctor et CBR classiques semblent inadaptés, les<br />
mesures de limites de plasticité sont très imprécises et l'expérience est à peu près inutilisable dans<br />
la mesure où on ne dispose pas de critères bien définis pour opérer les comparaisons entre les divers<br />
chantiers. On est donc très mal armé pour effectuer des prévisions à l'occasion d'un projet de remblai<br />
de craie, en particulier si les teneurs en eau w sont supérieures à 20 %.<br />
Une position très prudente consiste à considérer que le compactage devient aléatoire dès que la<br />
teneur en eau est supérieure à la limite de plasticité des fines. Cela revient à admettre que la craie<br />
risque de se désagréger complètement au cours du compactage et donc de se comporter en matériau<br />
pulvérulent.<br />
Une telle position ne me semble pas réaliste dans la mesure où la pulvérisation n'est jamais complète.<br />
Le maître a"œuvre est tenté de considérer une telle prévision comme pessimiste, et par conséquent,<br />
de vouloir mettre en place des matériaux dont la teneur en eau est largement supérieure à wP, cela<br />
en espérant que l'influence bénéfique du squelette constitué par les blocs résiduels compensera le<br />
rôle néfaste des fines très humides. Mais, en prenant cette décision, il évolue complètement dans<br />
l'inconnu et prend donc de très gros risques. Cela a d'ailleurs été malheureusement vérifié par<br />
des expériences récentes.<br />
A mon sens, si on veut que la prévision serve à quelque chose, il faut qu'elle prenne en compte aussi<br />
bien le rôle bénéfique des blocs résiduels, que l'influence néfaste des fines. Cela pourrait théoriquement<br />
être réalisé à l'aide d'un essai global de compactage artificiel, avec mesure de portance<br />
(genre CBR par exemple) à condition que le compactage soit du même type que celui réellement<br />
utilisé sur le chantier (c'est-à-dire, au moins en partie, vibratoire) et rencontre les mêmes difficultés<br />
que lui. Le problème serait donc de remplacer les essais Proctor et CBR classiques, par un autre<br />
essai plus adapté à la craie, et qui permette de prendre en compte la formation progressive de fines<br />
au cours du compactage.<br />
Dans le travail présent, je me suis intéressé à une seconde voie, qui pourrait être complémentaire<br />
de la précédente, et qui serait susceptible de conduire à des conclusions facilement utilisables pour<br />
l'orientation générale des chantiers et une première sélection des matériaux, en particulier au<br />
stade des études préliminaires. Elle consisterait à caractériser, d'une part, l'aptitude de la craie<br />
à donner des fines au cours des diverses opérations de la mise en œuvre, et d'autre part, le rôle<br />
nocif des fines formées. Le raccordement des résultats de laboratoire aux difficultés de chantier<br />
devraient alors se faire à l'aide de facteurs empiriques qui seraient précisés progressivement à<br />
l'aide des observations accumulées sur le terrain pour des matériels Ue mise en œuvre et des craies<br />
bien identifiées.<br />
Actuellement maître de recherche à l'École nationale supérieure des Mines<br />
99<br />
Bull. Liaison <strong>La</strong>bo. P. et Ch. - Spécial V - Octobre 1973