La Craie
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Altération<br />
Sous ce titre sont regroupées l'ensemble des vicissitudes<br />
subies par les massifs de craie après leur mise en place<br />
et leurs déformations tectoniques, du fait d'actions<br />
climatiques diverses.<br />
Les types d'altération rencontrés en zones de craie<br />
sont très variés, mais il y a lieu de distinguer deux cas<br />
principaux.<br />
FORMES DE DISSOLUTION<br />
<strong>La</strong> dissolution de la craie, essentiellement en période<br />
de climat chaud, s'est traduite par la création de<br />
formes de type karstique : les lapiez constitués de<br />
poches et d'entonnoirs très profonds (10 à 50 m),<br />
très nombreux et les karsts profonds, beaucoup moins<br />
répandus, comprenant des galeries et des cavités profondes<br />
(Caumont, près de Rouen), mais qui dans des<br />
conditions topographiques favorables, apparaissent<br />
très près de la surface.<br />
Le développement de ces formes apparaît lié, d'une<br />
part à la nature de la craie, d'autre part à celle du<br />
terrain de couverture. Ainsi, à Dieppe, la présence de<br />
sables tertiaires (Thanétien) aquifères au contact de<br />
la craie a entraîné la création de poches de dissolution<br />
profondes, orientées selon les réseaux de diaclases,<br />
alors qu'à 10 km de là, au cap d'Ailly, ces<br />
poches disparaissent en même temps que les sables.<br />
De même, le karst profond paraît lié, du moins en<br />
Normandie, aux bancs de craie calcaire de la base du<br />
Sénonien ou du toit du Turonien très peu perméables,<br />
sur lesquels s'est réalisé un drainage important.<br />
Sur le plan géotechnique, la présence de ces poches<br />
et cavités se traduit par différents problèmes pratiques :<br />
— les lapiez comblés et recouverts par l'argile à silex<br />
se caractérisent par une hétérogénéité considérable<br />
Fig. 13. — Altération de la craie d'Incarville par fissuration<br />
horizontale.<br />
qui rend très aléatoire toute étude géotechnique classique.<br />
Or, on observe, soit dans les poches de dissolution,<br />
soit dans les épis de craie qui les bordent, des zones<br />
partiellement déconsolidées, susceptibles de tasser.<br />
<strong>La</strong> solution de ce problème ne peut être obtenue,<br />
très souvent, que lors de l'ouverture des fouilles ;<br />
— le karst profond pose les problèmes classiques<br />
de fondations liés aux cavités souterraines. Il ne<br />
devient préoccupant cependant qu'en vallée, là où<br />
l'érosion est proche du niveau de base de ce karst.<br />
A ces formes de dissolution sont le plus souvent liées<br />
des formations résiduelles bien connues sous les noms<br />
d'argile à silex ou bief à silex, qui peuvent recouvrir<br />
la surface de la craie sur des épaisseurs de plusieurs<br />
mètres (jusqu'à 15 à 20 m) et emplissent les poches<br />
de dissolution. Nous n'aborderons cependant pas ce<br />
sujet qui ne présente qu'un rapport théorique (problème<br />
de genèse) avec la craie.<br />
ALTÉRATION AU SENS STRICT<br />
Elle est surtout associée aux climats froids développés<br />
dans nos régions depuis la fin de la dernière période<br />
glaciaire. Elle se manifeste donc essentiellement, dans<br />
les zones non recouvertes de formations résiduelles,<br />
de limons éoliens ou de formations du Tertiaire, et<br />
dans les vallées.<br />
En sommet de versant, on observe une altération<br />
profonde liée essentiellement à l'action du gel. Elle<br />
comprend une zone superficielle cryoturbée, dans<br />
laquelle la craie est à l'état de nodules enrobés dans<br />
une pâte crayeuse abondante ; en dessous, le passage<br />
se fait progressivement avec une zone où prédomine<br />
la fissuration horizontale de maille très serrée tout<br />
d'abord, puis de plus en plus lâche jusqu'à la craie<br />
intacte (fig. 13).<br />
<strong>La</strong> profondeur de cette altération peut varier, en<br />
moyenne entre 1 et 5 m et peut atteindre une dizaine<br />
de mètres.<br />
Son incidence sur le plan géotechnique n'est pas<br />
négligeable, d'une part sous l'angle des fondations<br />
(force portante décroissante avec l'intensité de l'altération),<br />
d'autre part sous l'angle des terrassements.<br />
Ainsi, les constatations faites sur le déblai d'Incarville<br />
ont montré que la craie altérée se mettait en place<br />
beaucoup plus difficilement que la craie saine, ce qui a<br />
entraîné la nécessité de l'extraire à la pelle, en butte.<br />
En fond de vallée, cette altération s'est propagée<br />
différemment suivant la nature de la craie : tantôt<br />
limitée à une simple ouverture des fissures (craies<br />
dures), elle se traduit parfois par le développement<br />
sur plusieurs mètres d'épaisseur du faciès nodules<br />
plus pâte indiqué plus haut. Cela se traduit par une<br />
compressibilité importante de la craie, dont le prélèvement<br />
peut d'ailleurs être réalisé dans ce cas avec<br />
carottier à paroi mince foncé ou battu.<br />
L'ouverture des fissures, phénomène dominant dans<br />
les craies dures et en fond de vallons secs, du fait de<br />
la décompression et de la circulation des eaux, consti-<br />
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