La Craie
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Une généralisation valable pour l'ensemble du Bassin<br />
parisien est actuellement mise au point par Ch. Monciardini<br />
qui détaillera, par ailleurs, sa méthode et les<br />
résultats qu'il a obtenus. D'ores et déjà, à la lumière<br />
de ces travaux récents et d'autres plus anciens, comme<br />
ceux menés il y a une trentaine d'années par P. Marie,<br />
on peut affirmer qu'il est tout à fait possible de dater<br />
rapidement et avec exactitude des craies, à partir de<br />
l'examen de leurs résidus de lavage.<br />
Quel est l'avantage, pour le géotechnicien, de situer<br />
les craies dans l'échelle stratigraphique ?<br />
Il réside dans le fait que la pétrographie des craies<br />
varie avec leur âge. Déjà en'1897, L. Cayeux écrivait :<br />
« Chacune des craies que j'ai étudiées possède des<br />
caractères microscopiques qui lui sont propres et que<br />
j'ai mis en évidence par l'examen pétrographique que<br />
j'en ai fait. <strong>La</strong> considération des minéraux, des organismes<br />
et du ciment d'un morceau de craie permet de<br />
fixer sa place, non seulement dans la série des assises,<br />
mais encore dans celles de leurs subdivisions ».<br />
En d'autres termes, on peut dater les craies à partir<br />
de leur microfaciès (fig. 2 à 9). Des recherches récentes<br />
encore inédites ont montré, comme il fallait s'y<br />
attendre, que les nannofaciès ont, eux aussi, une signification<br />
stratigraphique. On saura, très bientôt, caractériser<br />
et dater les craies par leurs nannofaciès. Leur<br />
étude apparaît alors comme une méthode de choix<br />
à intérêts multiples. Elle conduira à des renseignements<br />
dans le domaine stratigraphique en datant le matériau<br />
en même temps qu'elle expliquera et, éventuellement,<br />
permettra de prévoir ses propriétés mécaniques.<br />
L'observation des nannofaciès nécessite l'utilisation<br />
d'un matériel coûteux par des spécialistes avertis.<br />
Ceux-ci, en collaboration avec les géotechniciens,<br />
établiront peu à peu des tableaux où seront portés<br />
en parallèle, pour les différentes craies, âge (à partir<br />
des microfossiles) - nannofaciès - comportement<br />
mécanique. L'observation des nannofaciès, étape intermédiaire,<br />
sera faite une fois pour toutes et l'ingénieur<br />
mis en présence d'une craie, disposera, avec une simple<br />
datation, de renseignements géotechniques immédiatement<br />
utilisables.<br />
PALÉOGÉOGRAPHIE DU BASSIN PARISIEN<br />
AU CRÉTACÉ SUPÉRIEUR<br />
Les terrains de même âge présentent des caractères<br />
pétrographiques et paléontologiques, c'est-à-dire des<br />
faciès, des microfaciès et des nannofaciès différents<br />
selon leur position géographique ; en conséquence,<br />
leurs propriétés mécaniques se modifient parallèlement.<br />
Il est instructif de préparer, pour chaque étage, une<br />
carte de répartition de faciès. Un tel document rend<br />
particulièrement évidents les passages latéraux entre<br />
craies et roches de nature différente.<br />
Des tableaux de concordance âge-nannofacièscomportement<br />
géotechnique devront nécessairement<br />
être dressés pour plusieurs points du bassin. Plus ces<br />
points seront proches, plus leur utilisation sera fructueuse.<br />
L'établissement de ces données exige des<br />
recherches de longue haleine. Le travail est bien<br />
avancé pour ce qui concerne la Haute-Normandie.<br />
Les géologues et les ingénieurs des Ponts et Chaussées,<br />
travaillant en Collaboration, terminent actuellement<br />
l'étude détaillée des craies du Havre, de Rouen et<br />
de Dieppe.<br />
Il nous paraît indispensable d'aborder maintenant<br />
un problème proprement géologique : quelles sont<br />
les causes des variations géographiques de faciès ?<br />
Les géologues proposent une explication en essayant<br />
de reconstituer cartographiquement les paléogéographies<br />
successives des bassins sédimentaires. Il ne<br />
saurait être question de développer ici de longues<br />
considérations, mais quelques points méritent d'être<br />
soulignés. L'établissement des cartes paléogéographiques<br />
se heurte à un problème majeur. On ne connaît,<br />
en effet, que l'extension actuelle des sédiments conservés<br />
à l'intérieur de limites d'érosion. De sorte qu'il<br />
est toujours difficile — sauf cas exceptionnel de<br />
rivages fossilisés — d'établir l'extension réelle des<br />
sédiments d'un âge donné, donc de préciser les relations<br />
mer-continent.<br />
Rappelons, tout d'abord, que les craies parisiennes<br />
sont d'anciens dépôts marins ainsi qu'en témoignent<br />
les organismes fossiles qu'ils renferment et dont on<br />
retrouve des équivalents dans les mers actuelles<br />
(Coccolithophoridés, Echinides, etc.).<br />
Résumons comment les géologues se représentent<br />
l'évolution du Bassin parisien au cours du Crétacé<br />
supérieur.<br />
<strong>La</strong> mer cénomanienne a recouvert entièrement le<br />
Bassin parisien et la Manche orientale (fig. 14). Vers<br />
l'ouest (Cotentin, Anjou, Touraine), les dépôts très<br />
détritiques, sableux ou marneux, indiquent la proximité<br />
du littoral. Il en va de même pour le nord et le<br />
nord-est (Argonne, Hainaut, Artois) où se sont<br />
formées des gaizes et des marnes contenant à leur<br />
base des galets de roches anciennes. Au centre du<br />
bassin, les éléments détritiques les plus grossiers n'ont<br />
pu parvenir. Si la fraction organique y est prédominante,<br />
les apports continentaux à l'état soluble n'en<br />
sont pas moins importants. Ceux-ci donneront naissance<br />
à la glauconie (fig. 7) et aux silex. <strong>La</strong> mer<br />
cénomanienne communiquait dans l'océan par les<br />
emplacements actuels de la Loire et du Pas-de-Calais.<br />
Il semble bien qu'elle ait été également en relation,<br />
par le sud-est, avec la mer alpine (détroit morvanovosgien).<br />
Au Turonien, la situation est analogue (fig. 15). Les<br />
dépôts restent franchement détritiques dans le sudouest<br />
(« tuffeaux » de Touraine) et marneux vers le<br />
nord (« dièves bleues » de l'Artois). Au centre du<br />
bassin, des craies d'origine organique dominent (fig.<br />
3 et 4). Toutefois, la présence d'argiles (craies marneuses)<br />
témoigne d'un apport continental détritique<br />
non négligeable.<br />
Les sédimentations sénoniennes sont plus difficiles<br />
à reconstituer (fig. 16 et 17) car l'érosion a fait en<br />
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