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La Craie

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PÉTROGRAPHIE DES CRAIES<br />

Buffon s'intéressa le premier à la composition de la<br />

craie et fut suivi en cette voie par bien d'autres.<br />

Lucien Cayeux apporta les résultats fondamentaux.<br />

Sa magistrale Contribution à Vétude micrographique<br />

des roches sédimentaires [7] est consacrée, pour une<br />

part, aux craies du bassin de Paris. Publié en 1897,<br />

cet ouvrage fit autorité durant soixante ans et sa<br />

lecture reste encore aujourd'hui indispensable.<br />

Classiquement, l'étude pétrographique d'une craie<br />

nécessite quatre types d'examens :<br />

— les analyses chimiques et aux rayons X ;<br />

— le lavage et tamisage sous un filet d'eau. Les tamis<br />

les plus couramment employés ont des mailles de<br />

360 et 160 microns ; les résidus séchés sont examinés<br />

à la loupe binoculaire à de faibles grossissements (de<br />

10 à 50 fois) ;<br />

— le frottis qui consiste en l'examen au microscope<br />

optique, à de forts grossissements (de 1 000 à 1 500<br />

fois), de quelques gouttes d'eau dans lesquelles a été<br />

délayée une petite quantité de craie ;<br />

— la lame mince ou plaquette de craie collée sur une<br />

lame de verre et amenée à l'épaisseur de 25 à 50<br />

microns. <strong>La</strong> lame est examinée à la loupe ou au microscope<br />

(fig. 2, 3, 4, 7, 8 et 9).<br />

Les trois premières méthodes sont analytiques car on<br />

considère isolément les différents constituants chimiques,<br />

minéralogiques et paléontologiques. <strong>La</strong> dernière,<br />

par contre, est synthétique et tient compte à la fois<br />

des éléments constitutifs en place et de leur arrangement<br />

réciproque. J. Cuvillier a proposé de désigner<br />

cette image globale, ce « paysage sédimentaire », par<br />

le nom de « microfaciès ».<br />

Chimiquement et minéralogiquement, la craie est une<br />

roche presque entièrement formée de carbonate de<br />

calcium CaC0 3<br />

, à l'état de calcite. Son pourcentage<br />

peut dépasser 90, voire 95 %. Il peut s'y ajouter de<br />

la dolomite Mg Ca(C0 3<br />

) 2<br />

, du phosphate de calcium<br />

Ca 3<br />

(P0 4<br />

) 2<br />

, de la glaucome 6 , des argiles, de la silice,<br />

des sulfures de fer, en proportions variables. Lorsque<br />

la teneur en l'un de ces composants devient élevée,<br />

on distingue des craies dolomitiques, phosphatées,<br />

glauconieuses, marneuses ou des tuffeaux.<br />

<strong>La</strong>vages, frottis et lames minces révèlent la morphologie<br />

des constituants précédents. Depuis les travaux<br />

de Cayeux, on a pris l'habitude de distinguer dans<br />

les craies, comme d'ailleurs dans toute roche sédimentaire<br />

:<br />

—• les fragments détritiques provenant du démantèlement<br />

de roches préexistantes et resédimentés au fond<br />

des mers crétacées. C'est la fraction « héritée » ;<br />

— les restes des organismes ayant vécu autrefois dans<br />

ces mers. Le plus souvent, seules les parties initiale-<br />

6. <strong>La</strong> glauconie est un silicate hydraté de Fe et de K qui se présente<br />

en grains arrondis de couleur verte plus ou moins foncée.<br />

7. Ensemble des transformations subies par les sédiments postérieurement<br />

à leur dépôt.<br />

ment minéralisées ont été fossilisées. Elles sont complètes<br />

ou brisées en morceaux de taille variable ;<br />

— les minéraux de néoformation formés au moment<br />

de la sédimentation ou après au cours de la diagenèse 7 .<br />

Les fragments détritiques de grande taille ne sont pas<br />

courants dans les craies. Dans celles du Nord, de la<br />

Picardie et plus rarement du pays de Caux, des galets<br />

isolés de granité, de quartzite, de schiste et de houille,<br />

ont été rencontrés. Les grains de petite taille (de<br />

l'ordre du millimètre ou au-dessous) sont plus fréquents,<br />

les quartz abondent au Cénomanien. Les<br />

minéraux lourds : rutile, tourmaline, grenat, zircon,<br />

se trouvent quelquefois. Certaines argiles (montmorillonite)<br />

appartiennent à la fraction héritée èt représentent<br />

jusqu'à 40 % du total de la roche au<br />

Turonien inférieur. Les craies blanches, très pures,<br />

du Sénonien supérieur, sont presque totalement dépourvues<br />

d'éléments détritiques.<br />

Les organismes entiers ou en débris forment une<br />

portion importante des craies. A côté des grands<br />

fossiles qui sont, somme toute, accessoires, une foule<br />

de menus fragments d'origine organique s'observe<br />

au microscope : spicules de Spongiaires, débris de<br />

Bryozoaires (fig. 2), de Mollusques, d'Echinides (fig.<br />

3), accompagnés de microfossiles de petite taille (de<br />

0,1 à 1 mm) tels que des Ostracodes et des Foraminifères.<br />

Ces derniers peuvent être fort nombreux ; dans<br />

certaines craies picardes, leur nombre a été évalué à<br />

3 700 individus par 10 g de roche. Enfin, aux très<br />

forts grossissements, le microscope permet d'apercevoir<br />

des fossiles encore plus petits : Pithonelles (fig. 4),<br />

coccolithes (fig. 5) et Nannoconus (fig. 6) dont la taille<br />

avoisine 20 à 50 p. Ce sont les nannofossiles.<br />

Plusieurs minéraux de néoformation sont probablement<br />

d'origine biochimique, résultat de l'activité<br />

biologique de bactéries. On explique ainsi la formation<br />

des grains de glauconie (fig. 7), des boules de marcassite,<br />

du phosphate (fig. 8). <strong>La</strong> mise en place des silex<br />

et la dolomitisation (fig. 9) se comprennent encore mal.<br />

On constate cependant que cette dernière est localisée<br />

dans les régions affectées de plissements ou de failles<br />

(vallée de la Seine, bombement de Beynes, de Compiègne).<br />

Tous ces constituants sont noyés dans une matrice<br />

que les techniques classiques ne permettent pas d'analyser.<br />

Cayeux a appelé cette matrice « ciment » et l'a<br />

considérée comme « la somme des éléments minéraux<br />

et organiques de dimension tellement exiguë qu'il est<br />

impossible d'en préciser la forme et la nature ».<br />

L'utilisation récente depuis 1966 (D. Noël [9]) du<br />

microscope électronique qui permet des grossissements<br />

importants jusqu'à 50 000 fois, a considérablement<br />

accru nos connaissances. Contrairement à ce qui est<br />

de règle avec le microscope optique, où l'observation<br />

porte sur une certaine épaisseur de roche vue par<br />

transparence, en microscopie électronique, la surface<br />

seule du matériau — obtenue par simple cassure —<br />

est prise en considération. L'observation porte sur<br />

une fraction de la roche non modifiée, dans laquelle<br />

les différents constituants sont intacts et « in situ ».<br />

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