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Munchausen par procuration - Université Laval

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Quand la réalité dépasse la fiction :<br />

le syndrome de <strong>Munchausen</strong> <strong>par</strong> <strong>procuration</strong><br />

Jean Labbé, MD, FRCPC<br />

Professeur titulaire<br />

Dé<strong>par</strong>tement de pédiatrie<br />

Université <strong>Laval</strong>, Québec;<br />

Consultant en protection de l’enfance<br />

Direction de la santé publique de la Capitale nationale<br />

Plan<br />

1. Introduction<br />

2. Syndrome de <strong>Munchausen</strong> <strong>par</strong> <strong>procuration</strong><br />

2.1 Historique<br />

2.2 Syndrome de <strong>Munchausen</strong><br />

2.3 Controverses<br />

2.4 Diagnostic différentiel<br />

2.5 Fréquence<br />

2.6 Moyens utilisés <strong>par</strong> l’abuseur<br />

2.7 Manifestations<br />

2.8 Caractéristiques du syndrome<br />

2.9 Le rôle des médecins<br />

2.10 Diagnostic<br />

2.11 Pronostic<br />

2.12 Opposants au syndrome<br />

3. Nouvelle approche : l’abus médical de l’enfant<br />

3.1 « Medical child abuse »<br />

3.2 Conduite<br />

3.3 Prévention<br />

4. Conclusions<br />

5. Références<br />

Révision, octobre 2012


1. Introduction<br />

Le syndrome de <strong>Munchausen</strong> <strong>par</strong> <strong>procuration</strong> réfère à une forme rare et bizarre<br />

de maltraitance, <strong>par</strong>fois mortelle, caractérisée <strong>par</strong> la falsification ou la production<br />

d’une maladie <strong>par</strong> un <strong>par</strong>ent, ce qui entraîne des investigations et des<br />

traitements médicaux inutiles et potentiellement dommageables chez l’enfant qui<br />

en est victime. La <strong>par</strong>ticularité de cette condition, c’est que la plu<strong>par</strong>t des abus<br />

sont faits <strong>par</strong> des médecins, trompés <strong>par</strong> l’abuseur.<br />

Dans ce texte, je vais traiter en première <strong>par</strong>tie du concept traditionnel du<br />

syndrome tel qu’il ap<strong>par</strong>u dans la littérature, en décrivant ses caractéristiques,<br />

ainsi que la confusion et les controverses qui l’ont accompagné. En seconde<br />

<strong>par</strong>tie, je vais indiquer la nouvelle approche proposée <strong>par</strong> Roesler et Jenny<br />

(2009) pour ces « abus médicaux de l’enfant » et discuter de la conduite à tenir<br />

recommandée dans ces cas.<br />

2. Syndrome de <strong>Munchausen</strong> <strong>par</strong> <strong>procuration</strong><br />

2.1 Historique<br />

C’est à Roy Meadow, un néphrologue pédiatrique anglais, que l’on attribue la<br />

paternité du « syndrome de <strong>Munchausen</strong> <strong>par</strong> <strong>procuration</strong> » pour décrire la<br />

situation de <strong>par</strong>ents qui racontent des faussetés et/ou fabriquent des signes pour<br />

faire croire que leurs enfants sont malades (Meadow, 1977). Dans son article<br />

initial, il a décrit le cas d’une fillette de 6 ans avec des fausses infections<br />

urinaires à répétition chez qui la mère modifiait ses examens d’urine. Son<br />

deuxième cas était un bébé avec des hypernatrémies récidivantes, causées <strong>par</strong><br />

des ingestions forcées de sel <strong>par</strong> sa mère, ce qui a entraîné son décès.<br />

Toutefois, un an au<strong>par</strong>avant, Money et Werlwas (1976) avaient utilisé le même<br />

terme pour décrire deux familles dans lesquelles des enfants avaient un nanisme<br />

secondaire à des mauvais traitements sévères. L’expression « dauphin de<br />

<strong>Munchausen</strong> » avait aussi été proposée au cours de cette même année pour<br />

décrire le cas d’un enfant de 10 ans avec de fausses coliques néphritiques<br />

(Sneed et Bell, 1976). Les auteurs croyaient que l’enfant était à l’origine de cette<br />

simulation, mais ils ne pouvaient exclure cependant une collusion avec sa mère.<br />

Tous ces scientifiques faisaient référence au « syndrome de <strong>Munchausen</strong> », nom<br />

que donna Richard Asher (1951) à la situation de patients qui s’inventent et/ou<br />

se créent des symptômes pour se faire passer pour des malades. Ces individus<br />

altèrent leur histoire médicale, leur biographie et finalement leur état de santé. Ils<br />

accumulent les hospitalisations et bien souvent les chirurgies, en mimant des<br />

maladies.<br />

2


Le personnage auquel Asher a fait appel pour décrire ces individus et leurs<br />

fausses histoires a réellement existé. Karl Freidrich Hieronymus Freiherr von<br />

Münchhausen (1720-1797) était un cavalier prussien qui <strong>par</strong>ticipa à la guerre<br />

Russo-Turque comme mercenaire. À son retour en Allemagne, il se mit à<br />

raconter ses voyages et ses aventures avec beaucoup d’exagération. Rudolph<br />

Erich Raspe s’en inspira pour écrire un livre publié en 1785 sous le titre « Baron<br />

von Münchausen’s narrative of his marvellous travels and campaigns in<br />

Russia ». L’année suivante, Gottfried August Bürger a traduit en allemand et<br />

remanié les aventures sensationnelles du baron. Le succès de ces publications<br />

fut immense, au grand dam du baron lui-même qui devint un sujet de dérision et<br />

passa les dernières années de sa vie dans l’amertume (Patterson, 1988).<br />

Si Asher donna un nom à cette condition, Ernest Dupré avait déjà décrit dès<br />

1905 ce comportement de faux malades accumulant les consultations médicales.<br />

2.2 Syndrome de <strong>Munchausen</strong><br />

L’individu atteint du syndrome est surtout un homme. Il possède de bonnes<br />

connaissances médicales et a souvent un dossier criminel. Sa carrière de<br />

malade se poursuit en moyenne durant 9 ans avant le diagnostic. Les<br />

manifestations cliniques, autant physiques que psychologiques, sont très<br />

diverses. À peu près toutes les maladies peuvent être imitées. On retrouve<br />

souvent chez l’individu atteint une comorbidité comprenant de l’anorexie<br />

nerveuse, de la dépression ou un trouble de personnalité limite. Il semble que<br />

cette personne ait besoin de souffrir, d’être le centre d’attention, d’exercer un<br />

contrôle sur des personnes perçues comme ayant du pouvoir (Robertson et<br />

Cervilla, 1997).<br />

Ce pseudo-malade décrit de faux symptômes et signes, en simule ou en<br />

provoque. Il va d’hôpital en hôpital pour des investigations et des traitements<br />

médicaux et chirurgicaux aussi inutiles que dangereux. Son histoire comprend<br />

souvent des mensonges spectaculaires et dramatiques, autant pour ses<br />

maladies que pour sa vie personnelle (pseudologia fantastica). Il s’expose<br />

<strong>par</strong>fois de façon grossière au risque d’être découvert (Le Goff-Cubilier, 2004).<br />

Dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV), le<br />

syndrome de <strong>Munchausen</strong> est classé comme « Trouble factice ». En voici les<br />

critères diagnostiques :<br />

A. Production ou feinte intentionnelle de signes ou de symptômes physiques<br />

ou psychologiques.<br />

B. La motivation du comportement est de jouer le rôle de malade.<br />

C. Absence de motifs extérieurs à ce comportement (p. ex. obtenir de<br />

l’argent, fuir une responsabilité légale, ou améliorer sa situation matérielle<br />

ou physique comme dans la simulation).<br />

3


2.3 Controverses portant sur le syndrome de <strong>Munchausen</strong> <strong>par</strong> <strong>procuration</strong><br />

Depuis sa description initiale, cette condition a été une source de confusion qui<br />

s’est exprimée de diverses manières : multiplication des appellations, critique du<br />

terme de « syndrome » et surtout incapacité d’en venir à une définition précise<br />

ralliant l’ensemble de la communauté scientifique.<br />

Multiplication des appellations<br />

Outre le syndrome de <strong>Munchausen</strong> <strong>par</strong> <strong>procuration</strong>, on a utilisé les termes de<br />

syndrome de Polle, syndrome de Meadow, trouble factice <strong>par</strong> <strong>procuration</strong>,<br />

« Pediatric condition falsification », « Illness induction syndrome »,<br />

« <strong>Munchausen</strong> syndrome by proxy abuse », « Fabricated or induced illness by<br />

carers » et finalement « Medical child abuse ».<br />

Critique du terme de « syndrome »<br />

Un syndrome se définit comme un ensemble de symptômes et de signes, sans<br />

cause spécifique, que des individus sont susceptibles d’avoir en même temps<br />

lors de certaines maladies.<br />

Des auteurs ont souligné que la grande hétérogénéité des symptômes et des<br />

signes rencontrés chez les victimes du <strong>Munchausen</strong> <strong>par</strong> <strong>procuration</strong> empêche<br />

d’y appliquer le terme de « syndrome » (Fisher et Mitchell, 1995).<br />

Incapacité de définir précisément cette entité<br />

Meadow a d’abord utilisé dans ses publications une simple définition du<br />

syndrome, soit la situation d’un enfant amené en consultation à des médecins,<br />

souvent à répétition, avec un problème ou une maladie fabriqué <strong>par</strong> un adulte et<br />

pour le bénéfice de cet adulte. Au début, il a mis à <strong>par</strong>t l’intoxication et la<br />

suffocation volontaires, bien que considérant ces trois situations comme très<br />

proches l’une de l’autre (McClure et al, 1996). Plus tard, il a nuancé sa pensée et<br />

a inclus dans le syndrome des cas d’intoxication et de suffocation (Meadow,<br />

2000).<br />

D’autres auteurs ont ensuite étendu le concept du syndrome de <strong>Munchausen</strong> <strong>par</strong><br />

<strong>procuration</strong> à d’autres formes de falsification de maladie chez des enfants, non<br />

seulement <strong>par</strong> des <strong>par</strong>ents comblant ainsi leurs propres besoins psychologiques,<br />

mais aussi <strong>par</strong> des <strong>par</strong>ents cherchant de l’aide, <strong>par</strong>aissant hyperanxieux ou<br />

magasinant les médecins avec une pensée <strong>par</strong>anoïde, convaincus que leur<br />

enfant est réellement malade ( Woolcott et al, 1982; Libow, 1986; Masterson,<br />

1988; Beltrand, 1997).<br />

4


Une confusion s’est installée sur ce qui constitue réellement un syndrome de<br />

<strong>Munchausen</strong> <strong>par</strong> <strong>procuration</strong> (Masterson et al, 1988). Rosenberg, après une<br />

revue de littérature, a proposé un ensemble des critères pour définir le syndrome<br />

(Rosenberg, 1987) :<br />

1) Maladie chez un enfant simulée et/ou produite <strong>par</strong> un <strong>par</strong>ent ou un<br />

responsable de l’enfant<br />

2) Présentation de l’enfant pour des investigations et des traitements, de<br />

façon persistante, conduisant souvent à des procédures médicales<br />

multiples<br />

3) Négation <strong>par</strong> l’abuseur de l’origine de la maladie de l’enfant<br />

4) Dis<strong>par</strong>ition des symptômes et signes lorsque l’enfant est sé<strong>par</strong>é de<br />

l’abuseur<br />

Meadow s’est d’abord montré en accord avec les critères diagnostiques de<br />

Rosenberg (Meadow, 1994). Toutefois, mis au fait des critiques soulignant qu’ils<br />

étaient peu spécifiques, il s’est rallié <strong>par</strong> la suite à un groupe de travail du DSM-<br />

IV qui a proposé de nouveaux critères pour cette condition, rebaptisée « Trouble<br />

factice <strong>par</strong> <strong>procuration</strong> » (Meadow, 1995).<br />

Le syndrome fut classé dans le DSM-IV comme « Trouble factice non spécifié »,<br />

avec comme critères diagnostiques de recherche :<br />

1) Production intentionnelle ou simulation de symptômes ou de signes chez<br />

une personne <strong>par</strong> un individu qui l’a sous ses soins.<br />

2) Motivation de l’abuseur consistant à assumer le rôle de malade <strong>par</strong><br />

<strong>procuration</strong>.<br />

3) Absence de gain secondaire.<br />

4) Pas d’autre maladie mentale pour expliquer le comportement de<br />

l’abuseur.<br />

En 2000, Meadow est revenu à la charge avec encore de nouveaux critères<br />

(Meadow, 2000) :<br />

1) Maladie fabriquée (feinte ou induite) <strong>par</strong> un <strong>par</strong>ent ou un responsable de<br />

l’enfant<br />

2) Consultations médicales répétées<br />

3) Négation <strong>par</strong> l’abuseur d’être responsable de la maladie de l’enfant<br />

4) Dis<strong>par</strong>ition de la maladie après la sé<strong>par</strong>ation d’avec l’abuseur<br />

5) Action de l’abuseur attribué à un besoin d’assumer un rôle de malade <strong>par</strong><br />

<strong>procuration</strong> ou à une recherche d’attention<br />

Pour Meadow, le cinquième critère est le plus important. L’abuseur désire un rôle<br />

de malade et utilise un enfant pour ce faire. Son objectif est une recherche<br />

d’attention au moyen de la maladie de l’enfant. Même si Meadow concède qu’il<br />

peut être difficile de découvrir la motivation de l’abuseur, il soutient que cela est<br />

5


essentiel pour distinguer le syndrome des autres falsifications de maladies. Dans<br />

un but de clarification, il avait déjà donné une liste de conditions pour lesquelles,<br />

selon lui, on ne devrait pas utiliser l’étiquette du syndrome (Meadow, 1995).<br />

Selon Meadow, toujours, le syndrome de <strong>Munchausen</strong> <strong>par</strong> <strong>procuration</strong> ne<br />

pouvait s’appliquer à l’abuseur, mais seulement à l’abus vécu <strong>par</strong> l’enfant.<br />

L’auteur désirait ainsi mettre fin à une pratique de certains psychiatres qui<br />

utilisaient le diagnostic pour les <strong>par</strong>ents abuseurs, comme s’il s’agissait d’une<br />

maladie mentale.<br />

En 2002, un groupe de travail de l’American Professional Society on the Abuse<br />

of Children (APSAC) a publié une définition multidisciplinaire du syndrome<br />

(Ayoub et al, 2002). Selon cette équipe, pour qu’il y ait <strong>Munchausen</strong> <strong>par</strong><br />

<strong>procuration</strong>, il fallait avoir une association de deux diagnostics :<br />

1) Chez l’enfant, on doit retrouver une « Pediatric condition falsification »,<br />

définie comme une forme de maltraitance dans laquelle un adulte falsifie<br />

des signes physiques et/ou psychologiques et/ou des symptômes chez<br />

une victime, pour que celle-ci soit considérée <strong>par</strong> les autres comme<br />

malade ou handicapée.<br />

2) Chez l’abuseur, il doit y avoir un « Trouble factice <strong>par</strong> <strong>procuration</strong> », <strong>par</strong><br />

lequel une personne falsifie volontairement l’histoire, les symptômes et les<br />

signes d’un enfant, dans le but de satisfaire ses propres besoins<br />

psychologiques.<br />

Mais cela n’a pas mis fin au débat. L’année suivante, Rosenberg a proposé<br />

encore d’autres critères diagnostiques (Rosenberg, 2003). Un diagnostic définitif<br />

<strong>par</strong> inclusion, selon elle, nécessitait la présence simultanée des critères<br />

suivants :<br />

1) Des consultations médicales répétées<br />

2) Une preuve de falsification d’un test ou d’une situation concernant la<br />

condition médicale de l’enfant<br />

3) Absence d’erreur ou de mauvaise interprétation du test<br />

4) Aucune autre explication médicale qu’une falsification<br />

5) Aucun élément permettant d’exclure la falsification<br />

Toujours selon Rosenberg, on pouvait aussi faire un diagnostic définitif <strong>par</strong><br />

exclusion, en utilisant l’ensemble des critères suivants :<br />

1) Consultations médicales répétées<br />

2) Élimination de tout autre diagnostic qu’une falsification de maladie. Si<br />

l’enfant est vivant, on a tenu compte de l’ensemble du tableau clinique<br />

et la sé<strong>par</strong>ation d’avec l’abuseur présumé a amené une résolution du<br />

6


problème. Si l’enfant est décédé, l’autopsie n’a pas révélé de cause<br />

naturelle ou accidentelle.<br />

3) Aucune autre explication médicale qu’une falsification<br />

Fisher et Mitchell (1995) ont très bien résumé la situation de la façon suivante :<br />

« La condition connue comme le syndrome de <strong>Munchausen</strong> <strong>par</strong> <strong>procuration</strong> ou<br />

des variations similaires ne répond pas aux critères qui permettraient son<br />

acceptation comme un syndrome médical en soi, en raison de trop grandes<br />

variations. »<br />

Cette absence de consensus sur la définition même du syndrome a amené une<br />

inquiétude dans le milieu médical sur des diagnostics incorrects du syndrome<br />

(Morley, 1995; Rand et Feldman, 1999; Mart EG, 1999). Cette confusion a nui à<br />

la recherche sur l’épidémiologie du phénomène et, sur le plan médico-légal, elle<br />

a contribué à mettre en doute l’existence même du syndrome lorsqu’un tel<br />

diagnostic entraîne une poursuite judiciaire.<br />

Sur le plan sémantique, le terme « syndrome de <strong>Munchausen</strong> <strong>par</strong> <strong>procuration</strong> »<br />

serait toutefois valable lorsqu’une personne avec le syndrome de <strong>Munchausen</strong><br />

utilise un enfant pour manifester sa maladie (Royal College, 2002).<br />

2.4 Diagnostic différentiel<br />

En l’absence d’un consensus sur la définition du syndrome de <strong>Munchausen</strong> <strong>par</strong><br />

<strong>procuration</strong>, Meadow et d’autres à sa suite ont spécifié les conditions qui<br />

devaient en être distingué, en se basant essentiellement sur la motivation<br />

attribuée à l’abuseur (Meadow, 1995; Ayoub et al, 2002; Schreier, 2004; Le<br />

Heuzey MF et Mouren, 2008).<br />

Fausses allégations d’abus sexuels dans un contexte de dispute légale<br />

Lorsqu’un <strong>par</strong>ent invente des symptômes ou des verbalisations d’abus sexuel<br />

chez son enfant dans le but de se venger d’un ex-conjoint ou d’obtenir la garde<br />

de l’enfant.<br />

Syndrome de la mascarade<br />

Le <strong>par</strong>ent invente des maladies chez son enfant pour éviter qu’il aille à l’école. Le<br />

but du <strong>par</strong>ent est de garder son enfant dépendant de lui à la maison. Il ne<br />

consulte pas.<br />

Recherche d’aide<br />

Un <strong>par</strong>ent se sent dépassé et exagère les symptômes de l’enfant, pensant que<br />

ce sera alors plus facile d’obtenir de l’aide.<br />

7


Abus physique classique<br />

L’enfant a des blessures infligées et le <strong>par</strong>ent ment sur leur origine réelle pour<br />

éviter la reconnaissance du véritable problème.<br />

Négligence classique<br />

Par exemple, un enfant subit des dommages <strong>par</strong> manque de supervision et le<br />

<strong>par</strong>ent ment sur les circonstances réelles de l’accident pour ne pas être blâmé.<br />

Maladie chronique<br />

Un <strong>par</strong>ent d’enfant avec une maladie chronique peut <strong>par</strong>aître difficile, hostile et<br />

s’opposer à des traitements recommandés.<br />

Parent hyperanxieux<br />

Des <strong>par</strong>ents très inquiets de la condition de santé de leur enfant peuvent<br />

exagérer la signification de certains symptômes. Ils peuvent aussi faire du<br />

magasinage médical.<br />

Simulation<br />

Un <strong>par</strong>ent peut simuler une maladie chez son enfant pour en retirer un bénéfice<br />

financier ou autre.<br />

Parent perturbé<br />

Un problème de santé mentale chez un <strong>par</strong>ent (psychose, hypochondrie,<br />

hystérie, etc) peut l’amener à être persuadé que son enfant est malade.<br />

« Mothering to death »<br />

Dans cette condition, une mère traite à la maison un enfant normal comme un<br />

handicapé ou un malade chronique, mais elle évite habituellement toute<br />

consultation médicale (Meadow, 1999).<br />

Syndrome de <strong>Munchausen</strong> chez le jeune<br />

C’est le jeune lui-même qui fabrique sa maladie et non son <strong>par</strong>ent.<br />

Syndrome de l’enfant vulnérable<br />

L’enfant a eu un problème grave en bas âge et les <strong>par</strong>ents demeurent avec une<br />

crainte permanente de le perdre.<br />

8


Trouble psychogénique<br />

Ceci peut se manifester <strong>par</strong> des symptômes multiples, alors que l’examen<br />

physique et les investigations sont négatifs.<br />

Maladie réelle<br />

L’enfant présente une maladie rare ou une présentation inhabituelle d’une<br />

maladie non encore identifiée.<br />

2.5 Fréquence<br />

Il n’y a eu que deux études à ma connaissance sur cette question. La première a<br />

été réalisée au Royaume Uni et en Irlande (McClure et al, 1996). Elle a été faite<br />

à <strong>par</strong>tir des cas diagnostiqués et a montré une incidence annuelle de<br />

0,5/100,000 enfants de moins de 16 ans et de 2,8/100,000 nourrissons. La<br />

seconde provient de Nouvelle-Zélande et a donné un taux d’incidence de<br />

2/100,000 chez les moins de 16 ans (Denny et al, 2001).<br />

Ces chiffres confirment la rareté du diagnostic du syndrome. On peut toutefois<br />

présumer d’une sous-identification des cas, en raison de la difficulté du<br />

diagnostic et de la confusion sur sa définition même.<br />

2.6 Moyens utilisés <strong>par</strong> l’abuseur<br />

Pour amener le médecin à croire à une maladie sérieuse chez l’enfant, l’abuseur<br />

peut avoir recours à trois formes de comportement. Le premier consiste à<br />

inventer une fausse histoire de maladie. Le second est de fabriquer des signes<br />

en falsifiant, <strong>par</strong> exemple, des tests de laboratoire ou des dossiers. On <strong>par</strong>le<br />

alors d’une forme « passive » du syndrome.<br />

En troisième lieu, l’abuseur produit des symptômes ou des signes en intervenant<br />

directement sur le corps de l’enfant, <strong>par</strong> exemple, en lui faisant ingérer un<br />

médicament. Cette forme « active » du syndrome serait retrouvée dans 50 à<br />

75% des situations étudiées (Rosenberg, 2009).<br />

Toutefois, l’abuseur peut avoir recours à la fois à la simulation, la falsification et à<br />

la production de symptômes.<br />

2.7 Manifestations<br />

Les manifestations cliniques sont multiples et ne dépendent que de l’imagination<br />

de l’abuseur. Elles peuvent être physiques, psychologiques ou<br />

comportementales. Elles peuvent se limiter à un symptôme (Rosenberg, 1987), à<br />

un système (Warner et Hathaway, 1984; de Ridder et Hoekstra, 2000), prendre<br />

9


toutes les ap<strong>par</strong>ences d’une maladie connue (Orenstein et Wasserman, 1986)<br />

ou bien ne référer à aucune pathologie identifiable.<br />

Les symptômes les plus fréquents sont des saignements, des convulsions, des<br />

apnées, des malaises graves (ALTE), de la diarrhée, des vomissements, de la<br />

fièvre (Feldman et Brown, 2002). On rencontre également des allergies<br />

multiples, des infections diverses et des arrêts cardiorespiratoires (Rosen CL et<br />

al, 1983; Rosenberg, 1987). Il y a même des cas rapportés en cours de<br />

grossesse (Feldman et Hamilton, 2006). Il faut comprendre que tous les<br />

problèmes de santé d’un enfant victime ne sont pas nécessairement inventés.<br />

Souvent, la présence d’un problème réel sera le stimulus déclenchant le<br />

comportement anormal de l’abuseur.<br />

Dans certains cas, la manifestation sera un décès inattendu et initialement<br />

inexpliqué.<br />

2.8 Caractéristiques du syndrome<br />

Il faut réaliser qu’il n’existe pas de profils typiques, ni pour l’abuseur, ni pour la<br />

victime ou son entourage, pouvant être utilisés pour le diagnostic. Cependant, un<br />

certain nombre d’éléments ont été rapportés avec suffisamment de fréquence<br />

dans la littérature pour être considérés comme « caractéristiques » du syndrome.<br />

La responsable (l’abuseur)<br />

- c’est une femme dans 77-98% des cas, le plus souvent la mère biologique<br />

(Sheridan, 2003, Shaw, 2008)<br />

- il n’a pas de psychopathologie distinctive chez elle, mais on retrouve<br />

souvent des troubles de la personnalité (89%), de la sociopathie, ou l’abus<br />

de substances<br />

- elle a eu un diagnostic psychiatrique dans 23% à 80% des cas (Thomas,<br />

2003)<br />

- elle présente un trouble alimentaire ou un problème de poids dans 71%<br />

des cas (Thomas, 2003)<br />

- elle s’est déjà livrée à de l’automutilation dans 55% des cas<br />

- elle a déjà fait une tentative de suicide dans 60% des cas (Thomas, 2003)<br />

- elle a souvent été victime de maltraitance dans son enfance, ou du moins<br />

elle a considéré avoir manqué d’affection et d’intérêt (Thomas, 2003)<br />

- on retrouve dans plusieurs cas une hospitalisation en bas âge où<br />

l’abuseur aurait perçu obtenir davantage de soins et d’affection<br />

- elle a eu elle-même un trouble somatoforme ou un syndrome de<br />

<strong>Munchausen</strong> dans 70% des cas. On retrouve dans 25% des cas des<br />

éléments caractéristiques du syndrome de <strong>Munchausen</strong>, comme le fait de<br />

raconter des événements grandioses ou dramatiques à son sujet, une<br />

multitude d’hospitalisations et de consultations médicales, une formation<br />

dans le domaine de la santé et de bonnes connaissances médicales, etc<br />

10


- elle est constamment avec l’enfant<br />

- elle <strong>par</strong>aît exemplaire, attentive, dévouée, aimante envers son enfant,<br />

lorsqu’elle a un public, mais elle peut l’ignorer lorsqu’elle est seule avec lui<br />

- elle demeure calme malgré la gravité du problème de l’enfant<br />

- elle est d’accord pour des tests supplémentaires proposés, ou elle les<br />

demande<br />

- elle agit de façon volontaire et planifiée, et non pas en réaction à un<br />

comportement de l’enfant<br />

- elle s’emploie à bien cacher son action<br />

- lorsque démasquée, elle persiste à nier l’évidence<br />

- elle <strong>par</strong>aît à l’aise dans le milieu médical, développant des liens familiers<br />

avec le personnel, mais elle peut aussi se montrer hostile et difficile,<br />

lorsque ses suggestions ne sont pas suivies<br />

- sa motivation peut être d’attirer l’attention ou la sympathie sur elle-même,<br />

grâce à la maladie de l’enfant, ou bien le désir de contrôler et de<br />

manipuler des gens en autorité ou perçus comme ayant du pouvoir, avec<br />

l’objectif de se montrer plus forte qu’eux.<br />

- dans certains cas, l’abuseur laisse volontairement des indices de sa<br />

falsification, non pas pour que l’imposture cesse ap<strong>par</strong>emment, mais<br />

<strong>par</strong>ce que cela augmenterait l’excitation du jeu<br />

Le père<br />

- il est absent, souvent en raison de son travail<br />

- il visite rarement l’enfant à l’hôpital<br />

- confronté avec les preuves, il ne <strong>par</strong>aît ni surpris, ni fâché<br />

- il ne croit pas que sa femme abuse et la soutient<br />

L’enfant<br />

- il s’agit la plu<strong>par</strong>t du temps d’un jeune enfant, l’âge moyen étant de 46<br />

mois au diagnostic (Sheridan, 2003)<br />

- il développe une dépendance importante envers sa mère et peut faire<br />

collusion avec elle en vieillissant<br />

- un seul enfant à la fois peut être victime et être remplacé <strong>par</strong> un plus<br />

jeune lorsqu’il vieillit, ou plusieurs enfants peuvent être victimes<br />

simultanément<br />

La fratrie<br />

- il y a des décès dans des circonstances inhabituelles dans 11-25% des<br />

cas (Sheridan, 2003)<br />

- on retrouve des symptômes identiques ou suspicieux dans 39-61% des<br />

cas (Sheridan, 2003)<br />

- on diagnostique un autre type de maltraitance dans 17% des cas<br />

11


La situation<br />

- il existe un spectre étendu de sévérité, allant de la simple exagération de<br />

symptômes jusqu’à la production de problèmes pouvant causer la mort<br />

- les symptômes ne surviennent qu’en présence de l’abuseur<br />

- les manifestations persistent durant l’hospitalisation dans 72 à 84% des<br />

cas<br />

2.9 Le rôle des médecins<br />

Comme on l’a dit, la plu<strong>par</strong>t des abus dans le syndrome de <strong>Munchausen</strong> <strong>par</strong><br />

<strong>procuration</strong> sont faits <strong>par</strong> les médecins, trompés <strong>par</strong> l’abuseur sur la condition<br />

réelle de l’enfant. À première vue, les médecins ap<strong>par</strong>aissent comme des<br />

victimes d’une certaine façon, eux que leur formation destine à faire confiance<br />

aux <strong>par</strong>ents et à sympathiser avec eux. Leur rôle n’est-il pas de poser un<br />

diagnostic lorsqu’on leur soumet un problème, afin de proposer un traitement<br />

approprié.<br />

Mais en raison du long délai à suspecter et à identifier le syndrome, certains<br />

auteurs se sont demandés si un certain type de pratique médicale pouvait<br />

contribuer au développement et au maintien de ces abus médicaux (Jureidini et<br />

al, 2003).<br />

Dans les grands centres, la demande de tests diagnostiques remplace <strong>par</strong>fois la<br />

prise détaillée d’une histoire de cas. Le fait d’avoir recours à des spécialistes<br />

pourrait amener un manque de perspective globale concernant la condition de<br />

l’enfant. Face à une situation inhabituelle, un médecin, fasciné <strong>par</strong> les cas rares,<br />

peut considérer qu’il s’agit d’un défi médical intéressant et faire davantage de<br />

tests pour être le premier à découvrir ce que ses collègues ont « manqué ». Les<br />

tests excessifs peuvent aussi être demandés <strong>par</strong> crainte de poursuite lorsqu’il<br />

existe une forte pression <strong>par</strong>entale.<br />

Poser un diagnostic de syndrome de <strong>Munchausen</strong> <strong>par</strong> <strong>procuration</strong> oblige<br />

également le médecin à reconnaître qu’il s’est fait duper, un coup dur pour son<br />

égo.<br />

2.10 Diagnostic<br />

Quand y penser<br />

Il faudrait toujours considérer le syndrome de <strong>Munchausen</strong> <strong>par</strong> <strong>procuration</strong> dans<br />

le diagnostic différentiel, lorsqu’on fait face à l’une ou l’autre des situations<br />

suivantes :<br />

12


- maladie longue et inexpliquée, jamais vue au<strong>par</strong>avant<br />

- enfant avec diagnostics multiples ou rares<br />

- symptômes seulement en présence de la mère<br />

- début récidivant et brusque des symptômes sévères<br />

- symptômes et signes inappropriés ou incompatibles<br />

- écart entre l’histoire rapportée et les signes objectifs<br />

- longue liste de médicaments et/ou d’aliments auxquels l’enfant serait<br />

allergique<br />

- consultations médicales répétées pour une variété de problèmes<br />

- évaluations médicales multiples sans diagnostic<br />

- nombreuses hospitalisations<br />

- traitements infructueux ou mal tolérés<br />

- autres membres de la famille avec une maladie rare ou une mort<br />

inexpliquée<br />

- mère moins inquiète que les médecins concernant la condition de l’enfant<br />

Éléments clés du diagnostic<br />

Selon l’American Academy of Pediatrics, il y a deux éléments obligatoires pour le<br />

diagnostic (Stirling, 2007 ) :<br />

- un dommage actuel ou potentiel <strong>par</strong> des soins médicaux inutiles<br />

- un responsable de l’enfant à l’origine de cet état de fait<br />

Les difficultés du diagnostic<br />

Les difficultés ne tiennent pas seulement à la multiplicité et à la diversité des<br />

critères diagnostiques proposés au cours de années. Dans leur travail, les<br />

médecins sont habitués à croire les histoires que les <strong>par</strong>ents leur racontent.<br />

C’est là qu’ils puisent 70% de leurs diagnostics. Et comme les <strong>par</strong>ents abuseurs<br />

ont de bonnes connaissances médicales, ils peuvent simuler des situations qui<br />

<strong>par</strong>aissent à première vue très crédibles. De plus, 30% des victimes ont une<br />

maladie réelle sous-jacente (Schreier, 2004). Les abuseurs ont tendance aussi à<br />

consulter à plusieurs endroits. Pas étonnant que le diagnostic se fasse<br />

seulement 15 à 22 mois après le début des manifestations (Sheridan, 2003).<br />

Des aides au diagnostic<br />

Sé<strong>par</strong>er l’enfant de l’agresseur présumé peut être un moyen de faciliter le<br />

diagnostic, mais cela s’avère très difficile à obtenir en pratique, puisque le <strong>par</strong>ent<br />

abuseur tient à demeurer près de son enfant, même au cours d’une<br />

hospitalisation.<br />

Des auteurs ont proposé de filmer des <strong>par</strong>ents à leur insu au cours d’une<br />

hospitalisation. Dans une étude américaine, la surveillance vidéo a permis la<br />

confirmation du diagnostic dans 56% des cas prouvés (Hall et al, 2000). Cette<br />

13


façon de faire serait <strong>par</strong>ticulièrement utile dans les cas de suffocation suspectée<br />

comme étant la cause d’un malaise grave du nourrisson (Southall et al, 1997). La<br />

surveillance vidéo doit être constante et le tout doit se faire en respect de la loi.<br />

Ceci demande une organisation importante qui n’est pas à la portée de la plu<strong>par</strong>t<br />

des centres hospitaliers. En pratique, il n’y a aucune chambre équipée de<br />

caméras vidéo cachées dans les hôpitaux du Québec. Cette pratique soulève<br />

beaucoup de controverse dans la littérature, notamment en raison des<br />

problèmes d’éthique qui lui sont associée.<br />

2.11 Pronostic<br />

Chez l’enfant<br />

Problèmes décrits chez les victimes, causés <strong>par</strong> l’abuseur et les médecins<br />

(Libow, 2002) :<br />

- investigation inutile, souvent invasive et douloureuse<br />

- traitements inutiles, avec possibilité d’effets secondaires<br />

- création de problèmes (ex. dommage cérébral <strong>par</strong> suffocation)<br />

- décès dans 9% des cas<br />

- morbidité à long terme dans 6-8% des cas selon Sheridan (2003) et<br />

pratiquement la moitié des enfants victimes selon étudiés <strong>par</strong> Bools et al<br />

(1993)<br />

- troubles alimentaires<br />

- troubles du comportement<br />

- anxiété, dépression<br />

- syndrome de stress post traumatique<br />

- somatisation<br />

- distorsion de la réalité (distorsion cognitive)<br />

- syndrome de <strong>Munchausen</strong><br />

Pour la situation<br />

La sévérité du problème impose un retrait définitif de l’enfant de sa famille dans<br />

32-50% des cas (Sheridan, 2003). Si l’enfant demeure dans sa famille ou la<br />

réintègre après traitement du <strong>par</strong>ent abuseur, le taux de récidive est élevé. Des<br />

études ont révélé des récidives d’abus dans 24 à 33% des cas (Bools et al,<br />

1993; Davis et al, 1998).<br />

Facteurs influençant le pronostic<br />

Voir le tableau à l’annexe 1<br />

14


2.12 Opposants au syndrome de <strong>Munchausen</strong> <strong>par</strong> <strong>procuration</strong><br />

Des groupes de soutien se sont formés pour venir en aide aux <strong>par</strong>ents<br />

« faussement accusés » de maltraitance <strong>par</strong> le biais de ce syndrome. L’un des<br />

plus actifs, appelé M.A.M.A. (Mothers Against <strong>Munchausen</strong> by proxy<br />

Allegations), nie l’existence du syndrome et accuse les médecins de porter à tort<br />

des accusations pour éviter des poursuites ou pour se débarrasser de cas<br />

embarrassants où ils sont incapables de faire un diagnostic.<br />

3. Nouvelle approche – l’abus médical de l’enfant<br />

3.1 « Medical child abuse »<br />

Thomas A Roesler, un psychiatre, et Carole Jenny, une pédiatre, dans le but de<br />

mettre un terme à la confusion entourant le syndrome de <strong>Munchausen</strong> <strong>par</strong><br />

<strong>procuration</strong>, ont proposé d’abandonner ce terme pour le remplacer <strong>par</strong> « Medical<br />

child abuse » (Roesler et Jenny, 2009). Cette condition surviendrait lorsqu’un<br />

enfant reçoit des soins médicaux inutiles et dommageables (ou potentiellement<br />

dommageables) à l’instigation d’un responsable de cet enfant.<br />

En fait, il ne s’agit pas seulement d’une nouvelle appellation, mais d’un concept<br />

complètement différent. Pour ces auteurs, il y a « abus médical de l’enfant» dès<br />

que des soins médicaux inutiles sont apportés à un enfant et que ce n’est pas le<br />

médecin qui en est directement responsable, puisqu’il agit en réponse à des<br />

gestes <strong>par</strong>entaux.<br />

Entrent donc dans cette catégorie autant les enfants investigués <strong>par</strong>ce que leurs<br />

<strong>par</strong>ents cherchent sciemment à tromper le médecin, dans le but d’attirer<br />

l’attention sur eux ou pour obtenir un avantage financier, ou <strong>par</strong>ce qu’ils sont<br />

hyperanxieux et exagèrent les symptômes.<br />

Il s’agit d’une forme de maltraitance semblable aux autres types à l’exception<br />

que les abus sont perpétrés <strong>par</strong> les médecins.<br />

La motivation du <strong>par</strong>ent pour ses gestes n’a aucune importance pour le<br />

diagnostic de cette condition. C’est un aspect majeur du nouveau concept<br />

proposé <strong>par</strong> Roesler et Jenny. En effet, cet élément posait un réel problème pour<br />

le diagnostic du syndrome de <strong>Munchausen</strong> <strong>par</strong> <strong>procuration</strong>, puisque la motivation<br />

n’est pas uniforme, que les abuseurs n’en sont pas conscients et que c’est le<br />

médecin qui doit tenter de la deviner.<br />

Les auteurs considèrent qu’il y a plusieurs autres avantages à utiliser ce<br />

nouveau concept.<br />

15


- on met l’accent sur la victime<br />

- on établit qu’il s’agit d’une forme d’abus, où l’instrument est le médecin,<br />

trompé <strong>par</strong> le <strong>par</strong>ent sur la nature véritable des problèmes de l’enfant<br />

- on évite le terme de « syndrome » qui ne s’applique pas dans cette<br />

condition<br />

- on met fin à la confusion du diagnostic attribué à l’agresseur<br />

À ceux qui mentionnent que le terme d’abus médical de l’enfant peut porter à<br />

confusion avec la situation d’un médecin qui initierait de lui-même des soins<br />

inappropriés envers un enfant, ils répondent qu’il y a déjà un terme pour cela : la<br />

faute professionnelle médicale (« malpractice »).<br />

Pour les <strong>par</strong>ents qui s’attaquent au corps de l’enfant pour produire des<br />

symptômes (ex. suffocation, intoxication), ils considèrent que ces comportements<br />

constituent des abus physiques. C’est seulement lorsque cela amène des<br />

investigations ou des traitements inutiles qu’il y a « abus médical de l’enfant ».<br />

Le niveau de sévérité des situations rencontrées va de l’anxiété <strong>par</strong>entale<br />

excessive à l’exagération des symptômes, puis à la falsification d’une maladie et<br />

finalement à la production d’une maladie.<br />

Les auteurs ont étudié une série de 87 cas d’abus médicaux d’enfants sur un<br />

total de 115 références pour possibilité de « syndrome de <strong>Munchausen</strong> <strong>par</strong><br />

<strong>procuration</strong> ». Les véritables syndromes de <strong>Munchausen</strong> <strong>par</strong> <strong>procuration</strong> ne<br />

constituant qu’une <strong>par</strong>tie de ces cas, pas étonnant que la sévérité et le pronostic<br />

pour l’ensemble des cas soient différents des publications antérieures. Ainsi, la<br />

référence aux services de protection n’a été jugée nécessaire que dans 36 cas<br />

(41%) et seulement 29 enfants (34%) ont été retirés de leur milieu familial. Il y a<br />

eu 2 décès (2,3%) dans leur série.<br />

3.2 Conduite recommandée lors de la suspicion d’un abus médical<br />

À noter que la conduite est la même, qu’il s’agisse de la suspicion d’un syndrome<br />

de <strong>Munchausen</strong> <strong>par</strong> <strong>procuration</strong> selon le concept traditionnel, ou de la suspicion<br />

d’un abus médical de l’enfant.<br />

1) Formation d’une équipe multidisciplinaire hospitalière<br />

Ce genre de problème est trop complexe pour être géré <strong>par</strong> une seule personne.<br />

Lorsqu’il y a de bonnes raisons de le suspecter, le médecin traitant doit<br />

s’adjoindre un collègue avec une expérience en protection de l’enfance. À ce<br />

noyau vont se greffer l’infirmière chef de l’unité, une travailleuse sociale<br />

hospitalière, un pédopsychiatre et des consultants médicaux ou autres choisis en<br />

fonction de chaque cas. Pour éviter toute confusion dans les communications<br />

avec les <strong>par</strong>ents, le médecin traitant sera la seule personne à servir<br />

d’interlocuteur.<br />

16


2) Protection immédiate de l’enfant<br />

Le moyen le plus simple, en attendant la confirmation du diagnostic, est<br />

d’hospitaliser l’enfant. Il faut de plus s’assurer qu’il n’y aura aucune interférence<br />

<strong>par</strong>entale en cours d’hospitalisation. Une supervision directe et continue des<br />

<strong>par</strong>ents est essentielle au cours de chacune de leurs visites. Les comportements<br />

et les verbalisations pertinentes des <strong>par</strong>ents doivent être inscrits au dossier.<br />

3) Évaluation de l’état de santé actuel de l’enfant<br />

- Obtenir une histoire détaillée des symptômes en distinguant les<br />

symptômes rapportés <strong>par</strong> un <strong>par</strong>ent de ceux qui ont été observés <strong>par</strong> un<br />

membre de l’équipe de soins<br />

- Noter toutes les circonstances entourant les symptômes<br />

- Faire une entrevue individuelle de l’enfant, s’il est assez vieux<br />

- S’interroger sur la nécessité de chaque nouveau test<br />

- Superviser directement tout prélèvement et conserver la chaîne de<br />

possession<br />

4) Révision de l’état de santé antérieur de l’enfant<br />

- Obtenir et vérifier tous les dossiers médicaux de l’enfant (dossiers<br />

complets, non seulement des résumés), en débutant à sa naissance<br />

- Faire un résumé de toutes les consultations médicales (date, endroit,<br />

raison de consultation, trouvailles objectives, diagnostic, traitement,<br />

commentaires)<br />

- Obtenir la liste des médicaments prescrits à l’enfant, via les pharmacies<br />

- Vérifier toutes les informations fournies <strong>par</strong> la mère, contacter<br />

personnellement au besoin les médecins et autres professionnels qui ont<br />

soigné l’enfant<br />

5) Révision de l’état de santé des membres de la famille<br />

- Obtenir et vérifier tous les dossiers médicaux de la fratrie et de la mère<br />

(lorsque cette dernière est suspectée d’être à l’origine des problèmes de<br />

l’enfant)<br />

6) Histoire psychosociale détaillée<br />

- Structure familiale<br />

- Formation et travail des <strong>par</strong>ents<br />

- S’informer des craintes dans le passé que l’enfant ne meure ou ait une<br />

maladie grave<br />

- S’informer si les <strong>par</strong>ents sont d’un naturel anxieux<br />

17


7) Déterminer si l’enfant a été victime d’abus médical<br />

- Y a-t-il eu simulation de symptômes?<br />

- Y a-t-il eu falsification de maladie?<br />

- Y a-t-il eu induction de symptômes?<br />

8) Décider si un signalement au DPJ est indiqué<br />

La DPJ est mise à contribution dès qu’il ap<strong>par</strong>aît clair que l’enfant est en besoin<br />

de protection. La gravité des abus exercés <strong>par</strong> les <strong>par</strong>ents ou le milieu médical<br />

peut être un élément déterminant, tout comme <strong>par</strong> la suite la négation de toute<br />

responsabilité et le manque de collaboration.<br />

9) Organiser une rencontre d’information<br />

À cette rencontre, à tenir lorsque l’évaluation est pratiquement complétée, vont<br />

assister des membres de l’équipe multidisciplinaire jugés essentiels, dont le<br />

médecin traitant et le consultant en protection de l’enfance, ainsi que les deux<br />

<strong>par</strong>ents.<br />

- Lors de cette rencontre : mentionner directement les faits, avec les<br />

preuves<br />

- Être supportant sans accuser<br />

- Indiquer que la protection de la jeunesse a été avisée, si c’est le cas<br />

- Expliquer que le traitement donné antérieurement n’était pas nécessaire<br />

et qu’il faut changer la conduite<br />

- Établir un nouveau contrat thérapeutique<br />

- Offrir des soins psychiatriques à la mère<br />

- Noter la réception des deux <strong>par</strong>ents aux informations données et au<br />

nouveau contrat thérapeutique<br />

10) Approche thérapeutique<br />

L’approche thérapeutique vise quatre objectifs dans l’ordre suivant : mettre fin<br />

aux abus envers l’enfant, empêcher toute récidive, corriger les dommages chez<br />

l’enfant et maintenir, si possible, l’intégrité familiale.<br />

Mettre fin aux abus envers l’enfant<br />

On doit cesser immédiatement les soins médicaux inutiles.<br />

Dans certains cas, les <strong>par</strong>ents vont collaborer au nouveau contrat thérapeutique<br />

et l’enfant pourra être retourné dans son milieu familial avec une surveillance<br />

médicale régulière. Il est suggéré de mettre ce contrat clairement <strong>par</strong> écrit et d’en<br />

fournir une copie aux <strong>par</strong>ents.<br />

18


Dans d’autres cas, il faut une sé<strong>par</strong>ation complète de l’enfant de son abuseur.<br />

Dans ces cas, le DPJ doit évaluer s’il est opportun de laisser l’enfant victime et la<br />

fratrie dans la famille. Il peut très bien arriver que le <strong>par</strong>ent non abuseur ne soit<br />

pas fiable pour empêcher le contact entre l’abuseur et les enfants.<br />

Empêcher toute récidive<br />

Chaque situation est un cas d’espèce et la conduite sera adaptée en fonction de<br />

plusieurs éléments dont la gravité des gestes posés, l’âge de l’enfant et la<br />

collaboration des <strong>par</strong>ents. L’abuseur, la mère habituellement, a besoin d’une<br />

psychothérapie la plu<strong>par</strong>t du temps, et son conjoint peut aussi en bénéficier. Le<br />

suivi et le niveau de surveillance nécessaire seront déterminés <strong>par</strong> une<br />

concertation entre les services médicaux et le service de protection.<br />

Corriger les dommages chez l’enfant<br />

S’il y a des problèmes physiques causés <strong>par</strong> les abus, le pédiatre établira son<br />

plan de traitement. Sur le plan psychologique, le traitement sera déterminé en<br />

fonction de l’évaluation psychologique de l’enfant.<br />

Maintenir, si possible, l’intégrité familiale<br />

Le bien-être de l’enfant est l’élément qui doit primer.<br />

La réunification familiale sera décidée essentiellement en fonction de la sévérité<br />

des abus et de la collaboration des <strong>par</strong>ents au nouveau contrat thérapeutique. Le<br />

retour de l’abuseur dans le milieu familial est possible lorsque l’abuseur<br />

reconnaît ses gestes, est capable d’analyser les raisons de son comportement et<br />

que l’on constate chez lui un changement de comportement.<br />

Il faut réaliser qu’il y a malheureusement des familles intraitables (Jones, 1987).<br />

C’est le cas surtout lorsque l’agresseur persiste dans son déni, qu’il a un trouble<br />

sévère de la personnalité, qu’il ne manifeste aucune empathie envers l’enfant et<br />

que les gestes d’abus ont été sévères.<br />

3.3 Prévention<br />

Au cours de la formation médicale, on devrait enseigner aux étudiants en<br />

médecine à faire confiance aux <strong>par</strong>ents, bien sûr, mais en vérifiant toutefois leurs<br />

dires au moyen d’une source indépendante, <strong>par</strong>ticulièrement dans toute situation<br />

inhabituelle. C’est le cas <strong>par</strong> exemple lorsqu’un <strong>par</strong>ent mentionne des<br />

antécédents d’une maladie sévère et débilitante chez un enfant cliniquement<br />

bien (Moran, 2003).<br />

19


Lors de la rédaction d’un dossier médical, le médecin doit spécifier que les<br />

informations obtenues sont les dires d’un <strong>par</strong>ent lorsque c’est le cas et ne pas<br />

les présenter comme des faits avérés.<br />

Chaque fois qu’un médecin demande un test, et <strong>par</strong>ticulièrement lorsqu’il s’agit<br />

d’un test intrusif, le médecin devrait évaluer le coût/bénéfice de ce test, en tenant<br />

compte des inconvénients pour l’enfant.<br />

En présence d’une incongruité entre l’histoire ou des résultats de laboratoire et<br />

l’évaluation objective d’un enfant, ou bien lorsque des traitements appropriés<br />

échouent, un pédiatre surspécialiste ne devrait pas hésiter à demander l’avis<br />

d’un collègue généraliste qui puisse évaluer plus facilement la situation d’un<br />

enfant dans son ensemble.<br />

Lorsqu’il y a eu une situation prouvée et sérieuse d’abus médical d’un enfant<br />

dans une famille, il faut considérer qu’il y a un risque pour les autres enfants à<br />

naître (Alerte bébé à naître).<br />

4. Conclusions<br />

Depuis sa description en 1977 <strong>par</strong> Meadow, le syndrome de <strong>Munchausen</strong> <strong>par</strong><br />

<strong>procuration</strong> s’est fait une place <strong>par</strong>mi les formes de maltraitance exercées envers<br />

des enfants. Toutefois, il ne s’est pas établi de consensus encore sur la définition<br />

même de ce « syndrome », ce qui complique son diagnostic ainsi que les études<br />

épidémiologiques. Les opposants à l’existence même du syndrome profitent de<br />

la confusion <strong>par</strong>mi les médecins pour éviter que cette condition ne soit reconnue<br />

sur le plan légal.<br />

C’est pourquoi un nouveau concept a été lancé dernièrement pour faire cesser la<br />

controverse. L’ « abus médical de l’enfant » a le mérite de proposer une<br />

approche cohérente dans toutes les situations où un enfant reçoit des soins<br />

médicaux inutiles et potentiellement dangereux à l’instigation d’un responsable.<br />

Le diagnostic est simplifié et l’approche est orientée directement sur l’abus dont<br />

l’enfant est victime. Reste à savoir si cette nouvelle approche fera dis<strong>par</strong>aître le<br />

recours au concept du « syndrome de <strong>Munchausen</strong> <strong>par</strong> <strong>procuration</strong> ».<br />

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http://www.msbp.com/<br />

25


Annexe 1<br />

Facteurs influençant le pronostic<br />

Catégorie Pronostic pauvre Meilleur pronostic<br />

Maladie produite<br />

Éléments de sadisme<br />

Association d’abus<br />

Maladie fabriquée<br />

Brève durée de l’abus<br />

Abus<br />

physique ou sexuel<br />

Décès dans la fratrie<br />

Association d’abus envers<br />

des animaux<br />

Enfant<br />

Parent<br />

Interaction <strong>par</strong>entenfant<br />

Famille<br />

Professionnel<br />

Milieu social<br />

Retard de développement<br />

Séquelles physiques<br />

Somatisation<br />

Trouble de personnalité<br />

Négation<br />

Ne se conforme pas aux<br />

demandes<br />

Abus d’alcool ou de drogue<br />

Abus dans l’enfance non<br />

résolu<br />

Attachement désorganisé<br />

Manque d’empathie pour<br />

l’enfant<br />

Besoins du <strong>par</strong>ent ont<br />

priorité sur ceux de l’enfant<br />

Violence conjugale<br />

Abus intergénérationnel<br />

Manque de ressources<br />

Communauté violente,<br />

n’offrant pas de soutien<br />

Isolement<br />

Absence de retard de<br />

développement ou de<br />

séquelles<br />

Personnalité forte<br />

Reconnaissance de l’abus<br />

Se conforme aux<br />

demandes<br />

Maladie mentale répondant<br />

au traitement<br />

Adaptation suite à de l’abus<br />

dans l’enfance<br />

Attachement normal<br />

Empathie pour l’enfant<br />

Conjoint non abuseur<br />

Famille étendue apportant<br />

du soutien<br />

Partenariat avec les<br />

<strong>par</strong>ents<br />

Traitement psychologique à<br />

long terme et suivi social<br />

Ressources<br />

communautaires de soutien<br />

Traduction libre du tableau ap<strong>par</strong>aissant à la page 31 du document « Fabricated<br />

or induced illness by carers. Report of the Working Party of the Royal College of<br />

Paediatrics and Child Health, 2002»<br />

26

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