Une nouvelle dynamique pour la gestion prévisionnelle des - Prism ...
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Cahiers de Recherche PRISM-Sorbonne<br />
Pôle de Recherche Interdisciplinaire en Sciences du Management<br />
<strong>Une</strong> <strong>nouvelle</strong> <strong>dynamique</strong> <strong>pour</strong> <strong>la</strong> <strong>gestion</strong><br />
prévisionnelle <strong>des</strong> emplois<br />
et <strong>des</strong> compétences<br />
Dominique BARUEL BENCHERQUI<br />
ISTEC<br />
Alice LE FLANCHEC<br />
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, PRISM-Sorbonne<br />
Astrid MULLENBACH SERVAYRE<br />
IRG, Université Paris Est Créteil<br />
CR-10-41<br />
PRISM-Sorbonne<br />
Pôle de Recherche Interdisciplinaire en Sciences du Management<br />
UFR de Gestion et Economie d’Entreprise – Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne<br />
17, rue de <strong>la</strong> Sorbonne - 75231 Paris Cedex 05 http://prism.univ-paris1.fr/
Cahiers de Recherche PRISM-Sorbonne 10-41<br />
<strong>Une</strong> <strong>nouvelle</strong> <strong>dynamique</strong> <strong>pour</strong> <strong>la</strong> <strong>gestion</strong><br />
prévisionnelle <strong>des</strong> emplois et <strong>des</strong> compétences<br />
Dominique BARUEL BENCHERQUI 1<br />
Alice LE FLANCHEC 2<br />
Astrid MULLENBACH SERVAYRE 3<br />
___________________________________________________________________________<br />
Résumé :La loi de programmation <strong>pour</strong> <strong>la</strong> cohésion sociale du 18 janvier 2005 impose <strong>la</strong><br />
négociation triennale d’un accord sur <strong>la</strong> Gestion Prévisionnelle <strong>des</strong> Emplois et <strong>des</strong><br />
Compétences (GPEC) dans les entreprises. Cette loi re<strong>la</strong>nce <strong>la</strong> <strong>dynamique</strong> de <strong>la</strong> GPEC en<br />
entreprise. Ce papier s’intéresse aux évolutions récentes en ce domaine et montre, à l’appui<br />
de l’analyse de 23 accords d’entreprise GPEC signés entre fin 2006 et début 2010, que trois<br />
tendances particulières peuvent être observées. La première concerne une plus grande<br />
individualisation <strong>des</strong> pratiques de GRH qui se trouve confirmée. La seconde porte sur<br />
l’impact <strong>des</strong> accords de GPEC sur l’employabilité <strong>des</strong> sa<strong>la</strong>riés et <strong>la</strong> troisième porte un regard<br />
particulier sur <strong>la</strong> situation <strong>des</strong> seniors et les apports de ces accords sur <strong>la</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> plus<br />
âgés.<br />
Mots clé : gpec, compétences, employabilité, <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> âges<br />
___________________________________________________________________________<br />
_________________<br />
1<br />
ISTEC<br />
2<br />
<strong>Prism</strong> Sorbonne, Université Paris 1 : f<strong>la</strong>nchec@univ-paris1.fr<br />
3<br />
IRG, Université Paris Est Créteil<br />
Ce papier a fait l’objet d’une communication<br />
au Congrès AGRH de Saint Malo – 17/19 novembre 2010
INTRODUCTION<br />
Ayant acquis une légitimité institutionnelle de part <strong>la</strong> loi de programmation <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Cohésion<br />
Sociale du 18/01/2005 (n°2005-32) dite « loi Borloo », <strong>la</strong> Gestion Prévisionnelle <strong>des</strong> Emplois<br />
et <strong>des</strong> Compétences (GPEC) prend une <strong>nouvelle</strong> dimension au sein <strong>des</strong> entreprises.<br />
La GPEC a connu historiquement quatre étapes dans son développement. La première étape<br />
correspond à <strong>la</strong> fin <strong>des</strong> années 1960, où sont apparus les premiers modèles de <strong>gestion</strong><br />
prévisionnelle sociale. La seconde étape correspond, dans les années 1970 / 1980, au<br />
développement de <strong>la</strong> <strong>gestion</strong> prévisionnelle (et préventive) de l’emploi (GPE ; GPPE). La<br />
troisième étape, au cours <strong>des</strong> années 1990, a été marquée par <strong>la</strong> naissance - avec <strong>la</strong><br />
généralisation du concept de compétences – de GPEC en tant que tel. Cependant, cette<br />
dernière, malgré <strong>la</strong> succession de modèles en <strong>la</strong> matière, a fait l’objet de critiques. Ainsi, les<br />
entreprises (employeurs, partenaires sociaux, sa<strong>la</strong>riés) lui ont reproché d’être trop<br />
quantitative, de ne pas impliquer suffisamment les sa<strong>la</strong>riés, d’induire <strong>des</strong> lourdeurs, d’être<br />
trop complexe ou encore d’être portée uniquement par <strong>la</strong> DRH et non par les managers. Tout<br />
ceci a entraîné son déclin précipité poussé par un contexte économique associant souvent le<br />
concept de GPEC à celui de p<strong>la</strong>n social (ou de PSE) et par l’évolution rapide de<br />
l’environnement rendant difficile toute anticipation du futur. Enfin, une quatrième étape voit<br />
le jour, depuis 2005 : <strong>la</strong> GPEC revient en force dans les entreprises sous l’impulsion, d’une<br />
part, de <strong>la</strong> loi de programmation <strong>pour</strong> <strong>la</strong> cohésion sociale du 18 janvier 2005 qui donne à<br />
l’employeur obligation de négocier sur cette dernière et, d’autre part, de <strong>la</strong> prise de conscience<br />
du vieillissement de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active (papy boom). Les objectifs de cette <strong>nouvelle</strong> GPEC<br />
sont ainsi triples : gérer par les compétences, éviter les licenciements en traitant les problèmes<br />
en amont et assurer l’employabilité <strong>des</strong> sa<strong>la</strong>riés. C’est à cette troisième étape que nous nous<br />
intéressons ici afin d’étudier <strong>la</strong> manière dont cette <strong>nouvelle</strong> GPEC - que d’aucuns appellent<br />
également GPEC de « seconde génération » - se met actuellement en p<strong>la</strong>ce.<br />
Plus précisément, un certain nombre de questions majeures se pose. La première concerne<br />
l’individualisation <strong>des</strong> pratiques de GRH induites par ces accords. Ainsi, les accords de GPEC<br />
favorisent-ils <strong>des</strong> pratiques plus individualisées <strong>des</strong> parcours de carrière ? La seconde<br />
concerne l’employabilité <strong>des</strong> sa<strong>la</strong>riés. Les accords de GPEC permettent-ils de renforcer<br />
l’employabilité et comment ? Enfin, une troisième question consiste à se demander quelle est<br />
<strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>des</strong> seniors dans les accords de GPEC.<br />
Nous définissons dans une première partie, les concepts de GPEC et de compétence, et<br />
décrivons le contexte légis<strong>la</strong>tif justifiant le développement de <strong>la</strong> GPEC au cours du temps<br />
avec un focus particulier sur <strong>la</strong> loi Borloo. Puis, dans une deuxième partie, nous nous<br />
intéressons à <strong>la</strong> littérature scientifique concernant les liens entre <strong>la</strong> GPEC et<br />
l’individualisation <strong>des</strong> pratiques de RH, d’une part, et l’employabilité <strong>des</strong> sa<strong>la</strong>riés, d’autre<br />
part. Ce tour d’horizon théorique nous permet de déboucher sur une problématique de<br />
recherche (troisième partie), visant à expliquer quelles sont les pratiques mises en œuvre par<br />
les entreprises dans le cadre d’un accord de GPEC. Enfin, <strong>pour</strong> répondre à cette<br />
interrogation, nous présentons, dans une dernière partie, les résultats d’une étude empirique<br />
originale, réalisée à partir de l’analyse de contenu de 23 accords GPEC signés entre fin 2006<br />
et début 2010 au sein d’entreprises françaises situées dans différents secteurs d’activité.<br />
1
1. DEFINITION DES CONCEPTS DE GPEC ET DE COMPETENCE<br />
Après avoir défini <strong>la</strong> notion de Gestion Prévisionnelle <strong>des</strong> Emplois et <strong>des</strong> Compétences<br />
(GPEC), nous présentons <strong>la</strong> manière dont <strong>la</strong> compétence elle même est abordée en économie,<br />
en sociologie et en sciences de <strong>gestion</strong> avant de développer les enjeux actuels de <strong>la</strong> GPEC.<br />
Enfin, nous exposons le contexte légis<strong>la</strong>tif en centrant l’attention notamment sur <strong>la</strong> loi Borloo<br />
de 2005 qui donne un nouvel é<strong>la</strong>n à <strong>la</strong> GPEC dans l’entreprise.<br />
1.1. La GPEC dans <strong>la</strong> littérature : une représentation simi<strong>la</strong>ire selon les auteurs<br />
Il convient, tout d’abord, de s’attarder sur le concept même de Gestion Prévisionnelle <strong>des</strong><br />
Emplois et <strong>des</strong> Compétences (GPEC). De <strong>la</strong> façon <strong>la</strong> plus simple, <strong>la</strong> GPEC peut être définie<br />
comme une <strong>gestion</strong> anticipative et préventive <strong>des</strong> ressources humaines (Anact, 2007). La<br />
représentation (cf. schéma 1) é<strong>la</strong>borée par Mallet (1991) nous permet ainsi de mieux<br />
visualiser les étapes d’une démarche de GPEC.<br />
Schéma 1. Démarche de <strong>la</strong> GPEC<br />
Ressources actuelles<br />
ressources futures<br />
Analyse <strong>des</strong> écarts<br />
politiques d’ajustement<br />
Emplois actuels<br />
emplois futurs<br />
Source : d’après Mallet (1991)<br />
On peut également signaler <strong>la</strong> définition de Citeau (2000) <strong>pour</strong> lequel « <strong>la</strong> GPEC consiste, à<br />
partir d’une stratégie définie en termes d’objectifs, à é<strong>la</strong>borer <strong>des</strong> p<strong>la</strong>ns d’actions <strong>des</strong>tinés à<br />
neutraliser de façon anticipée les inadéquations quantitatives et/ou qualitatives entre les<br />
besoins futurs (emploi) et les ressources humaines (compétences disponibles) ». Cette<br />
définition rejoint celle de Thierry et Sauret (1993) qui proposent, sur le fondement du<br />
diagnostic stratégique de l’entreprise, une GPEC consistant en « <strong>la</strong> conception, <strong>la</strong> mise en<br />
œuvre et le suivi de politiques et de p<strong>la</strong>ns d’action cohérents » dans le but de réduire, de façon<br />
anticipée, d’éventuels « écarts entre les besoins et les ressources humaines de l’entreprise ».<br />
On retrouve, par conséquent, assez c<strong>la</strong>ssiquement dans les conceptualisations proposées, une<br />
démarche GPEC en six étapes :<br />
- une analyse exogène <strong>des</strong> tendances de l’environnement ;<br />
- un diagnostic stratégique interne ;<br />
- un inventaire <strong>des</strong> ressources disponibles (ressources humaines, compétences),<br />
- une définition <strong>des</strong> besoins (emplois) ;<br />
- une analyse <strong>des</strong> écarts issus de <strong>la</strong> confrontation emplois / besoins ;<br />
- <strong>la</strong> mise en œuvre de p<strong>la</strong>ns d’actions et scénarii successifs <strong>pour</strong> pallier ces déca<strong>la</strong>ges.<br />
Pour synthétiser, nous pouvons donc dire qu’« une démarche de GPEC vise à anticiper <strong>des</strong><br />
changements et demande une projection dans le futur » (Bellini, 2009).<br />
2
1.2. <strong>Une</strong> approche de <strong>la</strong> compétence : <strong>des</strong> économistes aux sociologues en passant<br />
par les <strong>gestion</strong>naires<br />
Nous proposons également de nous attarder quelque peu sur le concept de « compétence »<br />
particulièrement prégnant au sein de <strong>la</strong> démarche de GPEC. L’accord « ACAP 2000 » <strong>des</strong><br />
entreprises de <strong>la</strong> sidérurgie conclu le 17/12/1990 définit ce construit comme « un savoir-faire<br />
opérationnel validé ». Cette définition n’est pas sans rappeler celle de Meignant (1990) - qui<br />
fut notamment DRH à Sol<strong>la</strong>c (groupe Usinor) de 1989 à 1994 - <strong>pour</strong> lequel « <strong>la</strong> compétence<br />
est un savoir-faire opérationnel validé, savoir-faire c’est-à-dire capacité à faire et pas<br />
seulement à connaître, opérationnel, c’est-à-dire mis en œuvre concrètement en situation de<br />
travail et validé c’est-à-dire reconnu par l’environnement » (ce dernier pouvant être les pairs,<br />
<strong>la</strong> ligne hiérarchique et plus <strong>la</strong>rgement les parties prenantes extérieures à l’entreprise). Cette<br />
définition appréhende <strong>la</strong> compétence en tant que concept situationnel. Alors que les anglosaxons,<br />
notamment, envisagent cette dernière d’un point de vue motivationnel (Guerbette,<br />
2009), l’approche en termes situationnel a l’avantage de permettre de gérer <strong>la</strong> compétence de<br />
son apparition à sa mise en œuvre. Effectivement, comme le souligne Louart (2006) « à partir<br />
du moment où l’on considère les compétences comme du savoir agir en situation, on ne peut<br />
les déterminer à l’avance. Ce sont <strong>des</strong> combinatoires de ressources qui dépendent autant <strong>des</strong><br />
acteurs (de leur formation ou de leur expérience) que <strong>des</strong> contextes de leur activation. Gérer<br />
les compétences, c’est donc en accompagner <strong>la</strong> construction ou les usages, par <strong>des</strong> dispositifs<br />
obéissant à <strong>des</strong> rationalités procédurales et contingentes, en rapport avec <strong>des</strong> espaces temps<br />
particuliers ».<br />
La logique compétence a beaucoup évolué en France ces vingt dernières années. Comme le<br />
souligne Dubar (2009) « ce n’est plus ni l’école ni l’entreprise (même coordonnées) qui<br />
produisent les compétences dont les individus ont besoin <strong>pour</strong> accéder au marché du travail,<br />
obtenir un revenu et se faire reconnaître : ce sont les individus eux-mêmes ». La compétence<br />
appartient et est contingente à l’individu qui <strong>la</strong> met en œuvre et c’est en ce<strong>la</strong> que l’on peut<br />
parler de compétence individuelle. Defélix, K<strong>la</strong>rsfeld et Oiry (2006) précisent ainsi au sujet de<br />
celle-ci qu’il « y a un re<strong>la</strong>tif accord sur ce qu’est une compétence individuelle : une<br />
combinaison de multiples ressources – liées à l’expérience ou à <strong>la</strong> formation de <strong>la</strong> personne,<br />
mais aussi à <strong>la</strong> situation de travail dans <strong>la</strong>quelle elle se trouve – qui rend une personne au<br />
travail « capable de… », dans un contexte précis ». Cependant, si les individus sont<br />
responsables de l’acquisition et du développement de leurs compétences individuelles<br />
entendues comme « l’interaction entre l’individu et <strong>la</strong> situation qu’il rencontre » (Guerbette,<br />
2009) à <strong>la</strong>quelle il convient d’ajouter <strong>la</strong> motivation comme « source d’énergie indispensable<br />
à ce que l’individu fasse acte de compétence » (Guerbette, 2009), il ne faut pas oublier qu’en<br />
entreprise se rencontre également le concept de compétence collective définie comme « <strong>la</strong><br />
capacité reconnue à un collectif de travail de faire face à une situation qui ne <strong>pour</strong>rait être<br />
assumée par chacun de ses membres seul » (Bataille, 2001) ou, plus précisément, comme se<br />
situant « dans l’interaction entre un collectif de travail et un contexte organisationnel donné<br />
(…), au sein de <strong>la</strong>quelle les individus manifestent de <strong>la</strong> coopération » (Guerbette, 2009). Dans<br />
le même esprit, Retour et Krohmer (2006), soulignent que <strong>la</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> compétences<br />
collectives « vise un triple objectif : amélioration de <strong>la</strong> performance collective, de <strong>la</strong><br />
performance organisationnelle et de <strong>la</strong> performance individuelle ».<br />
Dans le même temps, les entreprises mettent également en avant, notamment au sein <strong>des</strong><br />
référentiels métiers, les notions de compétences re<strong>la</strong>tionnelles et humaines, d’une part,<br />
qu’elles qualifient de transversales ou de douces (« soft skills ») dans <strong>la</strong> mesure où elles sont<br />
3
orientées vers les interactions humaines (les qualités personnelles, l'attitude face au travail, les<br />
aptitu<strong>des</strong> dans le domaine <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions avec les autres) et les compétences techniques, d’autre<br />
part, attachées à un poste ou à un emploi (encore dites « hard skills »).<br />
Enfin, aux concepts de compétence individuelle ou collective, de compétence humaine ou<br />
encore technique, il convient d’ajouter et de distinguer le concept, somme toute très récent, de<br />
compétence environnementale entendu comme « <strong>la</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> compétences <strong>des</strong> parties<br />
prenantes et multiples acteurs hors du champ de contrôle direct <strong>des</strong> entreprises, à savoir les<br />
clients, fournisseurs, partenaires institutionnels et tous les acteurs dont l’action peut influer<br />
sur l’entreprise ou le groupe » (Sanséau, 2009). Sanseau (2009), par ce concept et cette<br />
définition, met en avant un nouveau type de compétence au sein de l’entreprise qu’il qualifie<br />
également d’inter-organisationnelle en tant que « capacité de l’organisation à identifier, à<br />
capter, à utiliser et à optimiser les ressources qui gravitent dans son environnement, à gérer<br />
les re<strong>la</strong>tions avec les acteurs de son environnement, ressources et processus dont elle a<br />
besoin <strong>pour</strong> sa survie et son développement ».<br />
En résumé, force est de constater que le concept de compétence recouvre une réalité complexe<br />
et multiple en ce<strong>la</strong> qu’elle intègre <strong>des</strong> savoirs, <strong>des</strong> habiletés, <strong>des</strong> capacités etc. De plus et en<br />
conséquence, LA compétence n’est jamais atteinte en soi puisqu’elle est amenée à se<br />
développer et doit, en outre, se travailler afin de se maintenir et de se peaufiner.<br />
1.3. De <strong>la</strong> compétence à <strong>la</strong> GPEC : le management par les compétences<br />
Ainsi, toutes ces définitions du concept générique de « compétence » éc<strong>la</strong>irent mais génèrent,<br />
dans le même temps, un ensemble de questions. Ainsi, à quoi fait référence le management<br />
<strong>des</strong> compétences ? Et quel est son lien avec <strong>la</strong> GPEC ? Pour répondre à <strong>la</strong> première de ces<br />
interrogations, il convient de préciser que <strong>pour</strong> être « gérable, <strong>la</strong> compétence (…) doit être<br />
ramenée à une dimension interprétable et formalisable, et dans une certaine limite<br />
standardisable » (Bouteiller et Gilbert, 2009). De même, il faut garder à l’esprit que, tout<br />
comme les métiers, les compétences sont amenées à naître (émergence de <strong>nouvelle</strong>s<br />
compétences), à évoluer et à disparaître. Ainsi, « <strong>la</strong> compétence que l’on cherche à gérer<br />
s’inscrira toujours dans le temps et dans l’espace de l’individu et de l’organisation »<br />
(Bouteiller et Gilbert, 2009). Le management <strong>des</strong> compétences peut ainsi être défini comme<br />
« l’ensemble <strong>des</strong> actions managériales engagées par une ou <strong>des</strong> organisations afin de gérer<br />
les compétences (…) en vue de mettre en œuvre une activité ou un processus d’action<br />
déterminé » (Loufrani-Fedida, 2008).<br />
Pour répondre à <strong>la</strong> seconde interrogation, le lien entre management <strong>des</strong> compétences et<br />
<strong>gestion</strong> prévisionnelle <strong>des</strong> emplois et <strong>des</strong> compétences réside, notamment, dans <strong>la</strong> possibilité<br />
d’articuler le premier à <strong>la</strong> stratégie de l’entreprise. Cette articu<strong>la</strong>tion a été effectuée par Le<br />
Bou<strong>la</strong>ire et Retour (2008) qui mettent en évidence 3 types d’approches : top down, bottom up<br />
et investissement et alignement conjoints repris par Bouteiller et Gilbert (2009) : « soit, dans<br />
l’approche c<strong>la</strong>ssique « top-down », à partir de <strong>la</strong> déclinaison de <strong>la</strong> stratégie générale aux<br />
compétences requises (alignement vertical), soit dans une approche « bottom up » (Resource<br />
Based View), <strong>des</strong> compétences détenues à <strong>la</strong> stratégie (investissement), soit dans un double<br />
processus d’investissement et d’alignement ». L’on peut en déduire que <strong>la</strong> GPEC s’appuie, en<br />
conséquence, sur un volet collectif et un volet individuel (Citeau, 2000). Collectif, tout<br />
d’abord, en ce sens qu’elle s’attache à détecter, en amont, les problématiques re<strong>la</strong>tives à<br />
l’évolution <strong>des</strong> métiers, <strong>des</strong> emplois, <strong>des</strong> compétences, <strong>des</strong> effectifs. Individuel, d’autre part,<br />
4
car <strong>la</strong> GPEC a <strong>pour</strong> objectif d’assurer l’employabilité <strong>des</strong> sa<strong>la</strong>riés dans le cadre du parcours<br />
professionnel de chacun. A ce titre, l’Anact (2007) identifie les enjeux (cf. tableau 1) d’une<br />
démarche GPEC qui s’apparentent à une différenciation aspect collectif / aspect individuel.<br />
Tableau 1 : Les enjeux d’une démarche GPEC<br />
Entreprise<br />
Enjeux économiques : sauvegarde de <strong>la</strong><br />
compétitivité<br />
Enjeux de professionnalisation : adaptation<br />
<strong>des</strong> compétences, reconversion<br />
Enjeux démographiques : transmission <strong>des</strong><br />
compétences, maintien dans l’emploi<br />
Enjeux sociaux : éviter les PSE, RSE<br />
Sa<strong>la</strong>riés<br />
Enjeux de développement professionnel<br />
Enjeux de sécurisation et d’employabilité<br />
Enjeux de visibilité <strong>des</strong> mutations et <strong>des</strong><br />
évolutions <strong>des</strong> métiers de l’entreprise<br />
Enjeux de reconnaissance<br />
Enjeux d’utilisation de ses droits<br />
Source : d’après l’Anact (2007)<br />
Nous voyons bien, ici, l’importance <strong>des</strong> enjeux tant <strong>pour</strong> les sa<strong>la</strong>riés que <strong>pour</strong> l’entreprise.<br />
Mais que nous dit précisément <strong>la</strong> loi quant aux compétences et à <strong>la</strong> GPEC ?<br />
1.4 Le cadre juridique<br />
Les premières mesures légis<strong>la</strong>tives (cf. tableau 2) liées aux compétences concernent les<br />
mesures de formation <strong>des</strong> sa<strong>la</strong>riés et celles du P<strong>la</strong>n de Sauvegarde de l’Emploi (PSE).<br />
Tableau 2. Les différentes lois<br />
Lois<br />
Contenus légis<strong>la</strong>tifs<br />
02/08/89 Donne obligation aux entreprises de consulter et d’informer le CE<br />
sur l’évolution <strong>des</strong> emplois et <strong>des</strong> qualifications.<br />
19/01/2000<br />
17/01/2002<br />
Etablissent un lien étroit entre l’obligation d’adaptation <strong>des</strong> sa<strong>la</strong>riés<br />
à l’évolution de leur emploi et le droit à <strong>la</strong> formation<br />
professionnelle.<br />
04/05/2004 Renforce l’obligation de l’entreprise concernant le PSE.<br />
L’employeur a une obligation de rec<strong>la</strong>ssement personnalisé <strong>des</strong><br />
sa<strong>la</strong>riés. Les conséquences en cas de non respect sont très lour<strong>des</strong> :<br />
condamnation <strong>pour</strong> licenciement abusif ou nullité du licenciement<br />
avec obligation de réintégrer le sa<strong>la</strong>rié.<br />
5
La GPEC est inscrite dans le volet « emploi » de <strong>la</strong> loi de programmation <strong>pour</strong> <strong>la</strong> cohésion<br />
sociale du 18/01/2005 (loi n°2005-32) et notamment au sein de l’article L.2242-15 du code du<br />
travail. « Art. L. 2242-15 - Dans les entreprises et les groupes d’entreprises (…) de trois<br />
cents sa<strong>la</strong>riés et plus, ainsi que dans les entreprises et groupes de dimension communautaire<br />
(…) comportant au moins un établissement ou une entreprise de cent cinquante sa<strong>la</strong>riés en<br />
France, l’employeur engage tous les trois ans une négociation portant sur :1° les modalités<br />
d’information et de consultation du comité d’entreprise sur <strong>la</strong> stratégie de l’entreprise et ses<br />
effets prévisibles sur l’emploi ainsi que sur les sa<strong>la</strong>ires. 2° <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’un dispositif de<br />
<strong>gestion</strong> prévisionnelle <strong>des</strong> emplois et <strong>des</strong> compétences, sur <strong>la</strong>quelle le comité d’entreprise est<br />
informé, ainsi que sur les mesures d’accompagnement susceptibles de lui être associées, en<br />
particulier en matière de formation, de validation <strong>des</strong> acquis de l’expérience, de bi<strong>la</strong>n de<br />
compétences ainsi que d’accompagnement de <strong>la</strong> mobilité professionnelle et géographique <strong>des</strong><br />
sa<strong>la</strong>riés (…)»<br />
Avec <strong>la</strong> loi de 2005, <strong>la</strong> GPEC est donc devenue une obligation légale <strong>pour</strong> les entreprises de<br />
300 sa<strong>la</strong>riés au moins et <strong>pour</strong> les entreprises et groupes de dimension communautaire. Son<br />
non-respect peut entraîner une pénalisation. Cependant, si <strong>la</strong> loi oblige à entamer <strong>des</strong><br />
négociations, elle n’exige pas nécessairement qu’un accord soit conclu. Toutefois, <strong>des</strong><br />
mesures sociales et fiscales ont été instaurées tel que le nouveau régime social et fiscal <strong>des</strong><br />
indemnités de départ volontaire versées dans le cadre d’un accord de GPEC, prévu par<br />
l’article 16 de <strong>la</strong> loi n°2006-1640 du 21/12/2006 de financement de <strong>la</strong> sécurité sociale <strong>pour</strong><br />
2007. Il convient également d’ajouter le dispositif baptisé P<strong>la</strong>n de Gestion Prévisionnelle de<br />
l’Emploi et <strong>des</strong> Compétences (PGPEC) instauré en 2003 (décret n°2003-681 du 24 juillet<br />
2003 et circu<strong>la</strong>ire DGEFP n°2004/10 du 29 mars 2004) et re<strong>la</strong>ncé en 2007 (décret n° 2007-<br />
101 du 25 janvier 2007) via le Ministère du travail, de l’emploi et de <strong>la</strong> formation<br />
professionnelle. Ce dispositif est « <strong>des</strong>tiné à favoriser <strong>la</strong> sensibilisation <strong>des</strong> dirigeants<br />
d’entreprise à l’adoption d’une démarche de GPEC » (Bellini, 2009).<br />
En ce qui concerne les seniors, <strong>la</strong> loi de 2005 a instauré un volet obligatoire portant sur « les<br />
conditions de retour et de maintien dans l’emploi <strong>des</strong> sa<strong>la</strong>riés âgés et de leur accès à <strong>la</strong><br />
formation professionnelle » (L2242-19). Ainsi le légis<strong>la</strong>teur souhaite t-il que les entreprises<br />
passent d’une « <strong>gestion</strong> par l’âge » (tout ce qui a trait au départ anticipé <strong>des</strong> seniors) à une<br />
« <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> parcours tout au long de <strong>la</strong> vie professionnelle ». Ces dernières sont donc<br />
invitées à prolonger l’activité <strong>des</strong> seniors, ce qui est devenu une nécessité évidente d’un point<br />
de vue économique (le taux d’emploi <strong>des</strong> 55-64 ans est, en France, de 38%, selon Eurostat<br />
2008). De plus, <strong>la</strong> loi de Financement de <strong>la</strong> Sécurité Sociale (n° 2008-1330 du 17/12/2008,<br />
art. 87) oblige les entreprises de 50 sa<strong>la</strong>riés et plus à signer un accord ou un p<strong>la</strong>n d’action<br />
portant sur l’emploi <strong>des</strong> seniors. Cet accord a une validité maximale de 3 ans. Entrée en<br />
vigueur le 1/1/2010, cette loi prévoit une pénalité égale à 1% de <strong>la</strong> masse sa<strong>la</strong>riale en cas de<br />
non signature d’un accord. Ce dernier doit comporter, notamment, un objectif chiffré de<br />
recrutement ou de maintien dans l’emploi <strong>des</strong> seniors (50 ans et plus), au moins 3 actions<br />
(parmi 6 domaines) en faveur de l’emploi <strong>des</strong> seniors et <strong>des</strong> modalités de suivi de cet objectif<br />
et <strong>des</strong> actions. Les 6 domaines définis par <strong>la</strong> loi sont : le recrutement <strong>des</strong> sa<strong>la</strong>riés âgés dans<br />
l’entreprise ; l’anticipation de l’évolution <strong>des</strong> carrières professionnelles ; l’amélioration <strong>des</strong><br />
conditions de travail et <strong>la</strong> prévention <strong>des</strong> situations de pénibilité ; le développement <strong>des</strong><br />
compétences et <strong>des</strong> qualifications et l’accès à <strong>la</strong> formation ; l’aménagement <strong>des</strong> fins de<br />
carrière et <strong>la</strong> transition entre activité et retraite ; <strong>la</strong> transmission <strong>des</strong> savoirs et <strong>des</strong><br />
compétences et le développement du tutorat. Toutefois, comme le soulignent Guerin et Pijoan<br />
(2009) « <strong>la</strong> révision du cadre institutionnel ne suffit pas <strong>pour</strong> faire évoluer et remettre en<br />
6
cause une culture centrée sur l’éviction <strong>des</strong> plus âgés du monde du travail ». Ainsi que le<br />
confirme le Recueil « Bonnes pratiques Seniors » remis le 2/06/2009 à Laurent Wauquiez,<br />
secrétaire d'État à l'Emploi auprès de <strong>la</strong> ministre de l'Économie, de l'Industrie et de l'Emploi,<br />
« il apparait c<strong>la</strong>irement que le préa<strong>la</strong>ble nécessaire à <strong>la</strong> protection <strong>des</strong> seniors (…) est<br />
l’implication managériale suivie d’engagements et d’actes probants ». Parmi les actes cités à<br />
l’issue de différents audits effectués dans le cadre de ce guide, on retrouve « le renforcement<br />
de <strong>la</strong> <strong>gestion</strong> prévisionnelle <strong>des</strong> emplois, <strong>des</strong> compétences, <strong>des</strong> fins de carrière, de <strong>la</strong><br />
pénibilité ».<br />
Ce tour d’horizon <strong>des</strong> différents concepts mobilisés ainsi que du cadre juridique en vigueur<br />
nous amène à regarder les étu<strong>des</strong> déjà menées sur les accords de GPEC.<br />
2. L’EMERGENCE D’ACCORDS SUR LA GPEC ET SON LIEN AVEC<br />
L’INDIVIDUALISATION DES PRATIQUES, L’EMPLOYABILITE ET LA<br />
RESPONSABILITE SOCIALE DE L’ENTREPRISE<br />
On recense déjà un certain nombre d’étu<strong>des</strong> statistiques sur les accords collectifs dans le<br />
champ de <strong>la</strong> GPEC à l’issue de <strong>la</strong> loi Borloo. Parmi ceux-ci l’on peut citer les résultats publiés<br />
par le Ministère du Travail (2009), le Ministère de l’Economie, <strong>des</strong> Finances et de l’Emploi<br />
(mission Fonds National de l’Emploi (FNE), 2008) ou encore ceux de Chappert et Martinet<br />
(2008) ainsi que l’étude menée par Dietrich et Parlier (2007).<br />
2.1. Premiers constats<br />
Le premier constat est, tout d’abord, celui de l’accroissement du nombre <strong>des</strong> accords collectifs<br />
signés en matière de GPEC. Ainsi, selon le Ministère de l’Economie, <strong>des</strong> Finances et de<br />
l’Emploi (mission FNE, 2008), alors qu’entre 2005 et 2006, très peu d’accords ont vu le jour,<br />
nous assistons depuis 2007 à une augmentation massive <strong>des</strong> signatures en <strong>la</strong> matière (cf.<br />
schéma 2).<br />
Schéma 2. Le nombre d’accords GPEC conclu par année<br />
Source : Ministère de l’Economie, <strong>des</strong> Finances et de l’Emploi (mission FNE), 2008.<br />
Par ailleurs, il existe quatre types d’accords de GPEC (Ministère de l’Economie, <strong>des</strong> Finances<br />
et de l’Emploi, mission FNE, 2008) :<br />
- <strong>des</strong> accords de méthode sur <strong>la</strong> négociation re<strong>la</strong>tive à <strong>la</strong> GPEC ;<br />
7
- <strong>des</strong> accords de GPEC « à froid » sans perspective ou menaces à terme de suppressions<br />
d’emplois ;<br />
- <strong>des</strong> accords de GPEC « à tiède » qui encouragent <strong>la</strong> mobilité en identifiant <strong>des</strong><br />
menaces sur certains emplois ou métiers ;<br />
- <strong>des</strong> accords de GPEC « à chaud » qui organisent de manière anticipée <strong>la</strong> <strong>gestion</strong> d’une<br />
restructuration.<br />
Statistiquement, les accords signés en 2008 le sont majoritairement « à froid » (cf. schéma 3).<br />
Ceci montre que <strong>la</strong> GPEC est davantage considérée comme une approche d’anticipation,<br />
tournée vers <strong>la</strong> prévision et l’avenir que comme un moyen d’action <strong>des</strong>tiné à réagir, dans<br />
l’urgence, à <strong>des</strong> difficultés ponctuelles. Il existe donc une intégration <strong>dynamique</strong> du temps<br />
dans <strong>la</strong> <strong>gestion</strong> prévisionnelle <strong>des</strong> emplois et <strong>des</strong> compétences.<br />
Schéma 3. Les caractéristiques <strong>des</strong> accords de GPEC signés en 2008<br />
Source : Ministère de l’Economie, <strong>des</strong> Finances et de l’Emploi (mission FNE), 2008.<br />
Sur le p<strong>la</strong>n de <strong>la</strong> négociation collective, ces accords se font <strong>la</strong>rgement en concertation avec les<br />
partenaires sociaux. Ainsi, « entre 2005 et 2007, 56% <strong>des</strong> accords GPEC avaient été signés à<br />
l’unanimité par les organisations syndicales. Cette tendance se confirme en 2008 puisque<br />
63% <strong>des</strong> accords sont signés à l’unanimité » (Ministère du Travail, 2009).<br />
En ce qui concerne les contenus <strong>des</strong> accords (cf. tableau 3), il apparaît un certain nombre de<br />
tendances quant aux thèmes abordés. Il en est de même en ce qui concerne les outils de<br />
<strong>gestion</strong> <strong>des</strong> ressources humaines utilisés centrés sur <strong>la</strong> cartographie <strong>des</strong> emplois,<br />
l’observatoire <strong>des</strong> métiers, le bi<strong>la</strong>n <strong>des</strong> compétences et l’entretien individuel<br />
Tableau 3. Le contenu <strong>des</strong> accords<br />
Années Thème abordé % <strong>des</strong> accords<br />
traitant du thème<br />
• Entre 2005 et<br />
2006<br />
• 2007<br />
• 2008<br />
modalités<br />
d’information et de<br />
consultation <strong>des</strong><br />
institutions<br />
représentatives du<br />
personnel<br />
• 28%<br />
• 45%<br />
• 86%<br />
commentaire<br />
• Peu d’accords traitent de ce thème<br />
• On constante une croissance significative dans<br />
le temps<br />
2008 Mobilité 90% Les entreprises organisent <strong>la</strong> mobilité interne et/ou externe<br />
<strong>des</strong> sa<strong>la</strong>riés<br />
2008 Formation 80% La formation est un thème central. Les accords traitent de<br />
l’articu<strong>la</strong>tion entre GPEC et formation. Le DIF et <strong>la</strong> VAE<br />
constituent les deux thèmes principaux à ce niveau.<br />
2008 Seniors 46% il s’agit d’une préoccupation présente. A ce niveau,<br />
l’aménagement de fin de carrières par le temps de travail<br />
et le tutorat sont privilégiés.<br />
8
Source : tableau adapté d’une étude du Ministère du Travail, 2009<br />
Toutefois, au delà de ces constats <strong>des</strong>criptifs, l’objet de cet article est d’expliquer <strong>la</strong> nature <strong>des</strong><br />
accords qui se développent aujourd’hui en matière de GPEC à travers le prisme de leurs<br />
re<strong>la</strong>tions avec l’employabilité <strong>des</strong> sa<strong>la</strong>riés et <strong>la</strong> <strong>gestion</strong> individualisée <strong>des</strong> compétences.<br />
2.2. GPEC et individualisation <strong>des</strong> pratiques de GRH<br />
Selon Joyeau et Retour (1999), « à l’aube <strong>des</strong> années 2000, <strong>la</strong> GPEC tend à sortir d’une<br />
approche collective qui a dominé jusqu’au début <strong>des</strong> années 90 <strong>pour</strong> s’orienter vers une<br />
démarche plus individualisée ». En ce début d’année 2010, l’on peut se demander ce qu’il en<br />
est de cette tendance aujourd’hui et quelle est <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce de <strong>la</strong> GPEC dans cette individualisation<br />
<strong>des</strong> pratiques de GRH. Or, certains éléments d’analyse de travaux récents sur les accords issus<br />
de <strong>la</strong> loi Borloo nous incitent à émettre l’hypothèse du prolongement de cette tendance à<br />
l’individualisation. En effet, dans l’étude de Chappert et Martinet (2008), portant sur l’analyse<br />
de 50 accords de GPEC, il apparaît que le développement personnel est considéré comme un<br />
enjeu majeur de <strong>la</strong> GPEC (<strong>pour</strong> 33% <strong>des</strong> entreprises). De plus, l’étude sur 8 accords de GPEC<br />
menée par Dietrich et Parlier (2007) met en avant que les dispositifs d’accompagnement<br />
« favorisent une <strong>gestion</strong> individualisée <strong>des</strong> sa<strong>la</strong>riés et sont pensés à partir de <strong>la</strong> notion de<br />
trajectoire ou de parcours professionnel », ce qui nous amène tout naturellement au concept<br />
de l’employabilité. Effectivement, avec celui-ci <strong>la</strong> personne devient « responsable et acteur<br />
de son projet professionnel et de son emploi » (Baruel Bencherqui, 2005).<br />
2.3. GPEC et employabilité<br />
Le concept d’employabilité naît en Angleterre vers 1900 : il fait alors référence à l’aptitude à<br />
l’emploi « <strong>pour</strong> éviter que <strong>des</strong> pauvres non motivés, travailleurs occasionnels, indisciplinés et<br />
instables ne viennent constituer de faux chômeurs » (Gazier, 1989). Le concept se développe<br />
ensuite dans les années 30, notamment aux Etats-Unis, où il s’agit, dans un contexte de<br />
chômage grandissant, de différencier les personnes aptes à occuper un emploi <strong>des</strong> autres. Le<br />
sociologue Ledrut (1966) donne une version plus « française » de l’employabilité vue comme<br />
« l’espérance objective ou <strong>la</strong> probabilité plus ou moins élevée que peut avoir une personne à<br />
<strong>la</strong> recherche d’un emploi d’en trouver un ». Le concept va ensuite intégrer les capacités<br />
personnelles et <strong>la</strong> définition va évoluer vers <strong>la</strong> « capacité re<strong>la</strong>tive d’un individu à obtenir un<br />
emploi compte tenu de l’interaction entre ses caractéristiques individuelles et le marché du<br />
travail » (Gazier, 2001). De plus, l’employabilité « se structure selon une temporalité longue,<br />
en amont et en aval du changement d’emploi au cours duquel elle est posée de façon<br />
explicite. Dans cette perspective <strong>la</strong> reconversion de <strong>la</strong> main-d’œuvre parait beaucoup plus<br />
complexe à agencer que le rec<strong>la</strong>ssement entendu comme le retour à l’emploi » (Outin, 1990).<br />
Dans une acception plus récente, l’employabilité peut être considérée comme ce qui permet<br />
au sa<strong>la</strong>rié « de se maintenir en état de compétence, de compétitivité sur le marché (…), <strong>pour</strong><br />
pouvoir être, peut-être, embauché un jour, <strong>pour</strong> une « mission » précise et limitée, une<br />
« prestation » déterminée. Ce sont <strong>des</strong> mots nouveaux <strong>pour</strong> une re<strong>la</strong>tion, en fait, ancienne :<br />
celle du « professionnel » et de ses clients, <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion de service » (Dubar, 2007). Elle n’est,<br />
en conséquence, ni figée, ni statique et s’accompagne nécessairement d’outils, de démarches<br />
et de métho<strong>des</strong> RH dans <strong>la</strong> mesure où « développer l’employabilité, c’est maintenir et<br />
développer les compétences <strong>des</strong> sa<strong>la</strong>riés et les conditions de <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> ressources humaines<br />
leur permettant d’accéder à un emploi, à l’intérieur ou à l’extérieur de l’entreprise, dans <strong>des</strong><br />
conditions favorables » (Finot,2000).<br />
9
Ainsi, l’entreprise qui souhaite développer l’employabilité de son sa<strong>la</strong>rié doit-elle créer les<br />
conditions nécessaires et favorables à celle-ci c’est à dire l’impliquer dans le cadre d’un projet<br />
professionnel. En conséquence, bien que l’employabilité soit une notion centrée sur l’individu<br />
pouvant être entendue comme <strong>la</strong> capacité de cet individu à se maintenir ou à retrouver un<br />
emploi à l’intérieur ou l’extérieur de l’entreprise et donc plus <strong>la</strong>rgement sur le marché du<br />
travail, « <strong>pour</strong> une entreprise, développer l’employabilité de ses sa<strong>la</strong>riés c’est développer<br />
leurs compétences mais aussi les conditions de <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> ressources humaines permettant à<br />
ces sa<strong>la</strong>riés d’accéder à un emploi à l’intérieur ou à l’extérieur de cette entreprise » (Baruel<br />
Bencherqui, 2005).<br />
Un certain nombre d’étu<strong>des</strong> s’intéresse à l’impact de <strong>la</strong> GPEC sur l’employabilité <strong>des</strong> sa<strong>la</strong>riés,<br />
au moins en filigrane. Ainsi, l’étude de Chappert et Martinet (2008) apporte t-elle quelques<br />
éléments de réponse à cette question. Selon les auteurs, il apparaît que l’employabilité est<br />
considérée comme un enjeu prioritaire <strong>pour</strong> 27% <strong>des</strong> entreprises sur un échantillon de 50<br />
entreprises. Dans le même sens, l’étude sur une sélection de 8 accords de GPEC, menée par<br />
Dietrich et Parlier (2007) conclut que « ce dispositif fait de <strong>la</strong> GPEC une technologie visible<br />
dont l’enjeu majeur est de prévenir les risques d’inemployabilité et de renouer avec <strong>la</strong><br />
dimension originellement préventive de <strong>la</strong> GPEC. La notion de compétence y supp<strong>la</strong>nte celle<br />
d’anticipation <strong>pour</strong> articuler prévention et prévision d’emploi ».<br />
Ce<strong>la</strong> nous conduit à une seconde question de recherche : <strong>la</strong> GPEC favorise t-elle<br />
l’employabilité ?<br />
3. PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE DE L’ETUDE EMPIRIQUE<br />
3.1 Problématique : étude <strong>des</strong> pratiques mises en oeuvre par les entreprises dans<br />
le cadre de <strong>la</strong> GPEC<br />
A <strong>la</strong> suite de <strong>la</strong> littérature passée en revue précédemment, notre problématique de recherche<br />
consiste à s’interroger sur les pratiques mises en œuvre par les entreprises en termes de<br />
GPEC, depuis <strong>la</strong> promulgation de <strong>la</strong> loi « Borloo », à travers quatre angles de réflexion<br />
particuliers : l’individualisation <strong>des</strong> compétences, l’employabilité, <strong>la</strong> situation <strong>des</strong> seniors et <strong>la</strong><br />
responsabilité sociale <strong>des</strong> entreprises. Ainsi, nous nous demandons si les accords de GPEC<br />
signés depuis 2006 (donc après <strong>la</strong> loi Borloo) confirment : <strong>la</strong> tendance d’individualisation <strong>des</strong><br />
parcours de carrière (H1) et favorisent l’employabilité <strong>des</strong> sa<strong>la</strong>riés (H2). Un accent sera<br />
également mis sur <strong>la</strong> question <strong>des</strong> seniors.<br />
H1 : La GPEC favorise une <strong>gestion</strong> individualisée <strong>des</strong> parcours de carrière<br />
H2 : La GPEC renforce l’employabilité <strong>des</strong> sa<strong>la</strong>riés<br />
3.2. Méthodologie : une analyse qualitative du contenu de 23 accords d’entreprise<br />
Pour tester nos deux hypothèses de recherche, nous avons choisi une méthodologie<br />
qualitative, à travers l’analyse approfondie du contenu de 23 accords d’entreprises signés par<br />
<strong>des</strong> entreprises entre fin 2006 et début 2010. L’échantillon est décrit dans le tableau 4 ci<strong>des</strong>sous.<br />
Les accords choisis sont tous <strong>des</strong> accords d’entreprises (et non de branche) afin de<br />
rendre l’analyse plus comparable. Ils sont issus de secteurs diversifiés afin de renforcer <strong>la</strong><br />
validité de l’étude. Il s’agit d’accords disponibles sur Internet, ce qui nous a semblé être le<br />
10
eflet d’entreprises qui souhaitent médiatiser leur politique de GPEC <strong>pour</strong> montrer que cette<br />
démarche faisait partie intégrante de leur politique d’entreprise.<br />
Tableau 4. Description de l’échantillon de l’étude<br />
Entreprises signataires d’un accord GPEC<br />
Date de signature de l’accord<br />
AUCHAN 23/03/2009<br />
COFIDIS 18/06/2008<br />
COFIROUTE 16/10/2008<br />
EDHEC 16/05/2008<br />
ST MICROELECTRONICS 11/12/2006<br />
ALSTOM 23/03/2009<br />
SNCF 16/12/2008<br />
AVIVA 17/12/2008<br />
ACCOR 19/12/2008<br />
SUEZ 03/12/2007<br />
LE BON MARCHE 22/05/2009<br />
MICHELIN 17/03/2009<br />
PSA 06/04/2007<br />
AXA 14/12/2007<br />
CREDIT DU NORD 14/01/2010<br />
RADIO FRANCE 11/03/2008<br />
GROUPE BAYARD 26/03/2008<br />
CEA 22/10/2008<br />
CREDIT AGRICOLE MUTUEL DE NORMANDE 01/01/2008<br />
SCHAEFFLER 11/02/2008<br />
IBM 28/01/2009<br />
WOLTERS KLUWER FRANCE 31/03/2009<br />
SMABTP 18/12/2008<br />
Sur le p<strong>la</strong>n méthodologique, les accords sur <strong>la</strong> GPEC ont été scannés dans leur intégralité et<br />
nous avons réalisé une analyse thématique du contenu de ces textes d’abord à l’aide du<br />
logiciel Modalisa. <strong>Une</strong> grille d’analyse thématique a été constituée a posteriori (donc de<br />
manière émergente) et l’analyse de contenu a été effectuée de manière systématique ainsi que<br />
le recommande Berelson (1952). Ainsi, selon ce dernier, l’analyse de contenu doit être « une<br />
technique de recherche <strong>pour</strong> <strong>la</strong> <strong>des</strong>cription objective systématique et quantitative du contenu<br />
manifeste <strong>des</strong> communications ayant <strong>pour</strong> but de les interpréter ».<br />
4. RESULTATS DE L’ETUDE<br />
4.1. Vers de <strong>nouvelle</strong>s pratiques de GPEC<br />
Tout d’abord, certains thèmes apparaissent incontournables puisque l’ensemble <strong>des</strong> accords<br />
étudiés les envisage : il s’agit <strong>des</strong> thèmes formation, compétences, stratégie, re<strong>la</strong>tions sociales,<br />
mobilité (interne / externe), volet individuel, seniors et projet professionnel. Ce premier<br />
niveau d’analyse indique donc c<strong>la</strong>irement les priorités affichées par les entreprises en matière<br />
11
de GPEC. Ainsi, il n’est pas étonnant de voir figurer l’aspect consultation / négociation avec<br />
les instances de représentation du personnel (re<strong>la</strong>tions sociales) qui est un préa<strong>la</strong>ble<br />
obligatoire en matière de mise en œuvre de <strong>la</strong> loi de 2005 ou encore le thème de <strong>la</strong> stratégie<br />
qui – comme notre définition l’indique - constitue l’une <strong>des</strong> étapes incontournable d’une<br />
démarche de ce type (« diagnostic stratégique »). De même, les thèmes de <strong>la</strong> formation et <strong>des</strong><br />
compétences apparaissent comme <strong>des</strong> fondamentaux à envisager dans un accord, sachant que<br />
« les logiques de compétences doivent (…) s’accompagner d’une véritable politique de<br />
formation » (Ben Aissa et De <strong>la</strong> Burgade, 2009). On retrouve également, dans chacun <strong>des</strong><br />
accords, un volet individuel centré très spécifiquement sur les sa<strong>la</strong>riés avec une volonté<br />
affichée d’étudier au cas par cas <strong>la</strong> situation de ces derniers et le souhait très prégnant de leur<br />
permettre de devenir pleinement acteurs et responsables de leur développement personnel et<br />
professionnel. Enfin, toujours au niveau <strong>des</strong> thèmes « phares », on retrouve, sans surprise,<br />
dans <strong>la</strong> mesure où cette réflexion s’inscrit dans une actualité forte, un accent particulier sur les<br />
seniors et les mesures qui leur sont associées.<br />
En termes d’outils, les accords consacrent majoritairement l’entretien professionnel ou de<br />
carrière (23), <strong>la</strong> validation <strong>des</strong> acquis de l’expérience (VAE) (22), le bi<strong>la</strong>n de compétences<br />
(21), le droit individuel à <strong>la</strong> formation (DIF) (17), le p<strong>la</strong>n de formation (ce dernier étant de <strong>la</strong><br />
responsabilité de l’employeur) (17) et le tutorat (15). Là encore, les résultats apparaissent peu<br />
surprenants du fait, d’une part, de l’apparition récente de certains de ces outils : en effet, <strong>la</strong><br />
VAE est issue de <strong>la</strong> loi de modernisation sociale (n°2002-73) du 17 janvier 2002 et le DIF a<br />
été consacré par <strong>la</strong> loi (n°2004-391) du 04 mai 2004 re<strong>la</strong>tive à <strong>la</strong> formation professionnelle<br />
tout au long de <strong>la</strong> vie et au dialogue social. Quant au bi<strong>la</strong>n de compétences, plus ancien (loi de<br />
1991), il s’est véritablement doté d’un second souffle grâce à l’apparition du DIF et du congé<br />
bi<strong>la</strong>n de compétences. D’autre part, on retrouve sans étonnement une prééminence de<br />
l’entretien professionnel / de carrière et du p<strong>la</strong>n de formation qui sont parmi les outils<br />
traditionnels et les plus usités <strong>des</strong> professionnels de <strong>la</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> ressources humaines. Le<br />
tutorat, quant à lui, semble effectuer une percée dans les entreprises ; <strong>la</strong> problématique <strong>des</strong><br />
seniors et du transfert de compétences à l’aube de départs massifs à <strong>la</strong> retraite (papy boom)<br />
semb<strong>la</strong>nt pouvoir expliquer cet engouement fort. En revanche, un outil demeure plus marginal<br />
au sein <strong>des</strong> accords étudiés : le congé individuel de formation (CIF) (11) qui apparaît sans<br />
doute comme une redondance par rapport au DIF, même si les conditions d’accès et <strong>la</strong> durée<br />
de l’action de formation, notamment, diffèrent grandement de l’un à l’autre. Il demeure<br />
nonobstant présent... La mobilisation de ces outils montre que <strong>la</strong> logique « compétence »<br />
renvoie à <strong>la</strong> co-responsabilité du sa<strong>la</strong>rié et de l’employeur en matière de formation. En effet,<br />
« l’intérêt de <strong>la</strong> formation professionnelle et son influence sur les compétences vient du fait<br />
que les <strong>nouvelle</strong>s formes de compétitivité se déterminent de plus en plus par une élévation du<br />
niveau <strong>des</strong> compétences et <strong>des</strong> savoirs utilisés dans le travail. (…). La formation<br />
professionnelle constitue aujourd’hui une variable d’action privilégiée de <strong>la</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong><br />
ressources humaines comme levier de <strong>la</strong> performance économique et sociale <strong>des</strong><br />
entreprises ». (Ben Aissa et de La Burgade, 2009).<br />
Les acteurs impliqués dans <strong>la</strong> démarche sont quasi systématiquement les instances de<br />
représentation du personnel (IRP) ainsi que les managers (bien qu’Auchan et Cofidis ne<br />
fassent pas mention de ces derniers). Bien entendu, les sa<strong>la</strong>riés ne sont pas en reste en tant<br />
qu’acteurs de leur projet professionnel (thème présent dans l’intégralité <strong>des</strong> 23 accords) avec,<br />
non seulement, comme nous l’avons évoqué, les outils que sont les CIF / DIF / VAE / bi<strong>la</strong>n de<br />
compétences, mais également <strong>la</strong> prise en compte de <strong>la</strong> mobilité professionnelle (présente<br />
également dans <strong>la</strong> totalité <strong>des</strong> accords étudiés) qu’elle soit interne, externe, professionnelle ou<br />
12
personnelle ; ces thèmes étant intégrés, enfin, plus globalement, au sein du concept<br />
d’employabilité (présent au sein de 17 accords).<br />
4.2. <strong>Une</strong> GPEC orientée vers une approche individualisée <strong>des</strong> parcours<br />
L’étude thématique <strong>des</strong> accords permet, tout d’abord, de confirmer notre hypothèse H1 selon<br />
<strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> GPEC est orientée vers une approche individualisée <strong>des</strong> parcours. <strong>Une</strong> telle<br />
démarche s’organise, en effet, assez c<strong>la</strong>ssiquement, autour de deux dimensions : une<br />
dimension collective permettant de détecter, en amont, les questions re<strong>la</strong>tives à l'évolution <strong>des</strong><br />
métiers, <strong>des</strong> emplois et <strong>des</strong> compétences et ainsi de réduire, de façon anticipée, d’éventuels<br />
déca<strong>la</strong>ges ; et une dimension individuelle visant à accompagner chaque sa<strong>la</strong>rié dans le<br />
développement de sa trajectoire professionnelle et de ses compétences. L’idée sous jacente est<br />
de faire converger <strong>la</strong> stratégie de l’entreprise et l’évolution <strong>des</strong> col<strong>la</strong>borateurs en une sorte<br />
d’approche « gagnant – gagnant ». Or, <strong>la</strong> dimension individuelle apparaît, au sein de notre<br />
étude, de façon plus prégnante que <strong>la</strong> dimension collective puisque, d’un côté, l’ensemble de<br />
nos 23 accords l’envisage alors que, de l’autre, seulement 19 d’entre eux font mention de<br />
politiques RH plus englobantes. Ce<strong>la</strong> illustre bien le passage d’une approche collective<br />
dominante jusqu’au début <strong>des</strong> années 1990 à une démarche plus individualisée, identifié par<br />
Joyeau et Retour (1999). Parmi les actions orientées vers les individus, on retrouve, de façon<br />
très itérative, celles envisagées sous l’angle <strong>des</strong> compétences comme <strong>la</strong> formation (professée<br />
très <strong>la</strong>rgement dans <strong>la</strong> totalité <strong>des</strong> accords et confirmée par les résultats de l’analyse lexicale)<br />
et les outils qui l’accompagnent à savoir le bi<strong>la</strong>n de compétences ou encore <strong>la</strong> VAE présents<br />
au sein <strong>des</strong> extraits suivants :<br />
« Dans le contexte du marché et de l’industrie dans lequel évolue <strong>la</strong> Compagnie IBM France,<br />
les col<strong>la</strong>borateurs d’IBM sont en droit de comprendre l’évolution <strong>des</strong> compétences et <strong>des</strong><br />
savoir-faire nécessaires. Ils doivent également pouvoir bénéficier de dispositifs de formation<br />
et de réflexion sur les métiers et les carrières permettant à chacun de travailler sur ses<br />
compétences, de maintenir son employabilité et de développer son évolution professionnelle,<br />
avec le support de <strong>la</strong> hiérarchie » (accord GPEC IBM).<br />
« L’information et <strong>la</strong> communication auprès <strong>des</strong> sa<strong>la</strong>riés, <strong>la</strong> bonne conduite de l’entretien<br />
d’évaluation et professionnel, le développement de l’utilisation <strong>des</strong> bi<strong>la</strong>ns de compétences et<br />
de <strong>la</strong> Validation <strong>des</strong> Acquis de l’Expérience (V.A.E.) et de <strong>la</strong> période de professionnalisation<br />
constituent <strong>des</strong> moyens au service de l’identification <strong>des</strong> aspirations et <strong>des</strong> besoins <strong>des</strong><br />
sa<strong>la</strong>riés en terme d’évolution professionnelle » (accord GPEC ST Microelectronics).<br />
Ce n’est donc pas un hasard si, parmi les outils les plus mis en avant au sein <strong>des</strong> accords<br />
étudiés, figurent <strong>la</strong> VAE (au sein de 22 accords), le bi<strong>la</strong>n de compétences (au sein de 21<br />
accords) et le DIF (au sein de 17 accords) qui relèvent, par excellence, du droit individuel du<br />
sa<strong>la</strong>rié. Le premier, <strong>la</strong> VAE permet à toute personne ayant 3 ans d’expérience, professionnelle<br />
ou non, d’obtenir un diplôme, titre ou certificat de qualification professionnelle sans avoir à<br />
suivre de formation initiale. Comme le soulignent Sanséau (2006) et Baruel Bencherqui<br />
(2009), <strong>la</strong> VAE interroge mais également renverse le schéma traditionnel de l’évaluation.<br />
Effectivement ce n’est plus l’« école » qui délivre <strong>des</strong> savoirs sanctionnés par <strong>des</strong> diplômes<br />
mais le métier (et les compétences développées) qui permet, via <strong>la</strong> VAE, d’obtenir un<br />
diplôme. Le deuxième, le bi<strong>la</strong>n de compétences permet à tout sa<strong>la</strong>rié de faire un point sur ses<br />
compétences, aptitu<strong>des</strong> et motivation afin de définir et / ou valider un projet professionnel et,<br />
13
le cas échéant, un projet de formation. Il relève bien du droit individuel du sa<strong>la</strong>rié dans <strong>la</strong><br />
mesure où l’employeur ne peut, en aucun cas, exiger de ce dernier qu’il fasse un bi<strong>la</strong>n de<br />
compétences. Enfin, le troisième outil, le DIF « s’inscrit dans une approche de formation<br />
professionnelle et dans <strong>la</strong> démarche de <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> compétences développées par les<br />
entreprises » (Ben Aissa et de <strong>la</strong> Burgade, 2009). Il permet à tout sa<strong>la</strong>rié, sous condition<br />
d’une ancienneté minimale dans l’entreprise (un an <strong>pour</strong> un CDI à temps complet), de<br />
cumuler 20 heures de droits à <strong>la</strong> formation par an, dans <strong>la</strong> limite de 120 heures cumu<strong>la</strong>bles sur<br />
6 ans. La particu<strong>la</strong>rité du DIF vient du fait que cette formation se déroule hors temps de<br />
travail (le sa<strong>la</strong>rié bénéficiant ainsi, en plus de son sa<strong>la</strong>ire, d’une allocation de formation<br />
équivalente à 50% de son sa<strong>la</strong>ire net de référence). En faisant entrer le droit individuel à <strong>la</strong><br />
formation au sein <strong>des</strong> entreprises, <strong>la</strong> loi de 2004 a instauré un modèle tournant autour de<br />
quatre éléments clés : <strong>la</strong> négociation, l’individualisation, <strong>la</strong> professionnalisation et le maintien<br />
de l’activité tout au long de sa vie. Comme le soulignent Ben Aissa et de <strong>la</strong> Burgade (2009)<br />
« il s’agit d’accorder le droit et l’initiative de <strong>la</strong> formation au sa<strong>la</strong>rié <strong>pour</strong> qu’il s’engage luimême<br />
dans le développement de ses compétences et <strong>pour</strong> que <strong>la</strong> formation professionnelle lui<br />
permette de mieux atteindre l’employabilité qu’il recherche ».<br />
La formation apparaît ainsi nettement, au sein de notre analyse lexicale et thématique, comme<br />
l’un <strong>des</strong> rouages voire comme l’instrument majeur d’une démarche GPEC plus individualisée,<br />
ce qui confirme les travaux de Ben Aissa et de <strong>la</strong> Burgade (2009) dans <strong>la</strong> mesure où « dans<br />
les entreprises engagées dans une « démarche compétence », <strong>la</strong> formation se trouve alors<br />
p<strong>la</strong>cée au cœur d’une négociation individuelle entre le sa<strong>la</strong>rié et son employeur ».<br />
L’ensemble <strong>des</strong> outils cités semble, de plus, davantage orienté vers le développement <strong>des</strong><br />
compétences individuelles plutôt que vers celui <strong>des</strong> compétences collectives. Il est donc bien<br />
essentiellement question d’une logique de développement personnel (accompagnement<br />
individuel, résolution au cas par cas <strong>des</strong> difficultés) qui illustre parfaitement l’enjeu majeur<br />
annoncé par Chappert et Martinet (2008). C’est ce que conçoit Auchan qui entend « faciliter<br />
l'évolution professionnelle <strong>des</strong> sa<strong>la</strong>riés en leur permettant d'être pleinement acteurs et<br />
responsables de leurs développements personnels et professionnels ».<br />
Les aspects collectifs ne sont toutefois pas absents <strong>des</strong> accords dans <strong>la</strong> mesure où 19 d’entre<br />
eux en font mention et il ressort qu’un certain nombre de ces mêmes accords affiche<br />
c<strong>la</strong>irement <strong>la</strong> double orientation individuelle et collective de <strong>la</strong> démarche de GPEC. Toutefois,<br />
<strong>la</strong> notion de «collectif» fait ici plutôt référence à l’émergence d’une cartographie de<br />
l’ensemble <strong>des</strong> compétences de l’entreprise plutôt qu’au développement d’outils collectifs de<br />
<strong>gestion</strong> prévisionnelle de l’emploi et <strong>des</strong> compétences. Dit autrement, les outils proposés sont<br />
centrés sur le développement <strong>des</strong> compétences individuelles, considérées comme une<br />
condition sine qua non de <strong>la</strong> bonne adéquation globale entre les besoins et les ressources de<br />
l’entreprise en termes humains. Ainsi en est-il chez CEA qui envisage <strong>la</strong> GPEC dans une<br />
double approche : individuelle et collective : « <strong>la</strong> <strong>gestion</strong> prévisionnelle <strong>des</strong> emplois et <strong>des</strong><br />
compétences doit être abordée à <strong>la</strong> fois par <strong>des</strong> approches collectives qui déclinent <strong>la</strong><br />
stratégie et les programmes en compétences requises <strong>pour</strong> les réaliser, et par <strong>des</strong> approches<br />
individuelles qui s'appuient sur l'analyse <strong>des</strong> compétences de chaque sa<strong>la</strong>rié et leur évolution<br />
possible et souhaitable dans le contexte d'emploi du CEA. Ces approches collectives et<br />
individuelles sont complémentaires et doivent tenir compte <strong>des</strong> questions essentielles d'égalité<br />
professionnelle et de diversité ».<br />
On retrouve ainsi, conjointement, une GPEC permettant de développer les compétences et une<br />
GPEC outil de <strong>gestion</strong> personnalisée <strong>des</strong> parcours professionnels. La réussite de cette<br />
14
démarche suppose, certes, un sa<strong>la</strong>rié acteur de son projet professionnel, comme l’indiquent les<br />
accords (cf extraits infra) mais également une vigi<strong>la</strong>nce managériale forte. A cet égard, IBM<br />
se dit « en droit d’attendre que les col<strong>la</strong>borateurs se servent de ces différents outils <strong>pour</strong><br />
assurer <strong>la</strong> mise à niveau, le développement et l’acquisition de compétences et de savoir-faire<br />
pertinents <strong>pour</strong> l’entreprise, et ce sous <strong>la</strong> responsabilité de leur management et le support de<br />
<strong>la</strong> DRH ». Le manager ou le cadre de proximité, dans une acception plus francophone, a<br />
véritablement un rôle à jouer au sein de cette démarche individualisée comme l’indiquent les<br />
extraits suivants : « <strong>la</strong> hiérarchie de proximité joue un rôle majeur auprès <strong>des</strong> équipes.<br />
L'entreprise fera en sorte que les hiérarchiques disposent d'une vision complète <strong>des</strong><br />
dispositifs et informations <strong>pour</strong> guider les sa<strong>la</strong>riés dans leur projet professionnel » (accord<br />
GPEC SNCF) ; « les Managers : ils ont un rôle essentiel : ils sont à <strong>la</strong> fois, contributeurs à<br />
l’analyse <strong>des</strong> besoins, initiateurs de l’expression <strong>des</strong> projets professionnels <strong>des</strong><br />
col<strong>la</strong>borateurs à travers l’entretien annuel et garants de l’accompagnement individuel sur le<br />
terrain » (accord GPEC SMABTP).<br />
« Pour chaque col<strong>la</strong>borateur, les enjeux et les orientations de l’entreprise doivent être<br />
intégrés comme <strong>des</strong> vecteurs de développement personnel et chaque col<strong>la</strong>borateur est<br />
encouragé à devenir le véritable acteur de sa mobilité, de son évolution professionnelle et de<br />
son projet professionnel » (accord Cofidis).<br />
« Sur le p<strong>la</strong>n individuel, il s’agit de donner à chaque sa<strong>la</strong>rié les moyens d’être acteur face au<br />
marché de l’emploi et de lui permettre de mettre en œuvre un projet professionnel adapté »<br />
(accord SNCF).<br />
4.3. <strong>Une</strong> GPEC qui favorise l’employabilité <strong>des</strong> sa<strong>la</strong>riés<br />
L’étude thématique permet également de confirmer notre hypothèse H2 dans <strong>la</strong> mesure où<br />
l’employabilité est considérée comme un objectif prioritaire dans 16 <strong>des</strong> accords GPEC<br />
envisagés. Nous pouvons illustrer ce résultat à travers quelques citations de textes d’accords :<br />
Ainsi, chez GDF-Suez, l’entreprise assure <strong>pour</strong>suivre et amplifier «une démarche permettant<br />
de veiller à l'employabilité <strong>des</strong> sa<strong>la</strong>riés tout au long de leur parcours professionnel dans le<br />
respect de <strong>la</strong> diversité, de l'équité et de l'égalité <strong>des</strong> chances». Chez Auchan, <strong>la</strong> démarche<br />
GPEC « contribue (…) au développement de l'employabilité <strong>des</strong> col<strong>la</strong>borateurs». Chez Axa,<br />
cette même démarche GPEC repose « sur les principes essentiels de développement de<br />
l'employabilité <strong>des</strong> sa<strong>la</strong>riés, de transparence de l'information correspondante et d'implication<br />
de l’encadrement». Ainsi, dans le même esprit, chez ST Microelectronics, « au travers de ces<br />
différents objectifs, c’est <strong>la</strong> volonté de l’employabilité <strong>des</strong> col<strong>la</strong>borateurs de l’entreprise qui<br />
est recherchée par <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce de plusieurs mesures permettant à chaque sa<strong>la</strong>rié de<br />
rechercher une adéquation entre ses compétences et ses capacités professionnelles et <strong>la</strong><br />
situation objective du marché de l’emploi, ainsi que les besoins personnels qui peuvent être<br />
exprimés et ressentis au cours <strong>des</strong> différentes étapes de <strong>la</strong> vie professionnelle». Ainsi donc,<br />
l’employabilité est-elle très souvent envisagée comme l’objectif même de <strong>la</strong> mise en œuvre<br />
d’une démarche de GPEC comme on peut encore le souligner chez Wolters Kluwer France,<br />
une entreprise au sein de <strong>la</strong>quelle les outils de <strong>gestion</strong> prévisionnelle <strong>des</strong> emplois et <strong>des</strong><br />
compétences sont utilisés en vue de « développer l’employabilité <strong>des</strong> sa<strong>la</strong>riés » ou encore<br />
chez SMABTP <strong>pour</strong> <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> GPEC permet « <strong>la</strong> sécurisation <strong>des</strong> parcours <strong>des</strong> sa<strong>la</strong>riés par<br />
(…) le maintien de leur employabilité ».<br />
15
D’autre part, le thème de <strong>la</strong> formation ressurgit ici encore dans <strong>la</strong> mesure où l’employabilité<br />
prônée est très souvent assurée via <strong>la</strong> formation comme l’indiquent très c<strong>la</strong>irement, par<br />
exemple, Michelin, Le Bon Marché, le groupe Bayard et IBM au sein <strong>des</strong> extraits suivants :<br />
«La formation doit permettre au sa<strong>la</strong>rié de développer ses compétences et maintenir son<br />
employabilité tout au long de sa vie professionnelle» (accord GPEC Michelin) ;<br />
«La formation doit également faciliter l'adaptation aux évolutions de l'entreprise ou à celles<br />
du marché ou de l'environnement de travail. Elle est également l'un <strong>des</strong> moyens de favoriser<br />
l'employabilité tant en interne qu'en externe, <strong>des</strong> col<strong>la</strong>borateurs de l'entreprise» (accord<br />
GPEC Le Bon Marché) ;<br />
«Il appartient aux directions de chacune <strong>des</strong> entreprises du groupe de définir, dans une<br />
cohérence globale, les besoins et compétences nécessaires à l’avenir, de veiller à maintenir<br />
l’employabilité de leurs sa<strong>la</strong>riés en assurant notamment, les actions de formation suffisantes<br />
et <strong>des</strong> conditions optimisées de mobilité » (accord GPEC Groupe Bayard).<br />
Les col<strong>la</strong>borateurs « doivent également pouvoir bénéficier de dispositifs de formation et de<br />
réflexion sur les métiers et les carrières permettant à chacun de travailler sur ses compétences,<br />
de maintenir son employabilité et de développer son évolution professionnelle, avec le support<br />
de <strong>la</strong> hiérarchie » (accord GPEC IBM).<br />
De plus, au-delà de ces deux résultats principaux, un certain nombre d’enseignements<br />
complémentaires peuvent être effectués. Ainsi, <strong>la</strong> conciliation vie privée/vie professionnelle<br />
n’apparaît pas comme une priorité mais 6 accords l’abordent néanmoins. Dans <strong>la</strong> plupart <strong>des</strong><br />
cas, ce<strong>la</strong> concerne plus particulièrement l’aménagement de fin de carrière <strong>pour</strong> les seniors ou<br />
l’aide à <strong>la</strong> mobilité. Deux entreprises se distinguent <strong>des</strong> autres, en <strong>la</strong> matière : il s’agit d’Axa<br />
et de Wolters Kluwer France en ce qu’elles proposent une politique spécifique de télétravail.<br />
4.5. <strong>Une</strong> GPEC au service de <strong>la</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> seniors<br />
Les accords étudiés dans le présent article nous montrent (cf. tableau 5) que toutes les<br />
entreprises citées intègrent peu ou prou <strong>la</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> seniors. Les points forts qui émergent<br />
de ces accords montrent bien <strong>la</strong> transition amorcée, par les entreprises, autrement dit, le<br />
passage progressif - et nécessaire - d’une <strong>gestion</strong> par l’âge à une <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> âges. En effet, <strong>la</strong><br />
<strong>gestion</strong> <strong>des</strong> départs, qu’il s’agisse de départs anticipés, de pré-retraites ou d’allègement <strong>des</strong><br />
effectifs (autrement dit, <strong>la</strong> <strong>gestion</strong> par l’âge) demeure très présente au sein <strong>des</strong> accords. Ainsi,<br />
Cofiroute « institue <strong>des</strong> dispositifs d’accompagnement au départ à <strong>la</strong> retraite et à <strong>la</strong> cessation<br />
d’activité <strong>des</strong> col<strong>la</strong>borateurs en fin de carrière » ; Schaeffler propose à « tout col<strong>la</strong>borateur<br />
de 55 ans et plus au moment de l’entrée en vigueur de l'accord » d’informer <strong>la</strong> direction du<br />
personnel « de l'âge prévisible auquel il entend partir à <strong>la</strong> retraite, conformément à <strong>la</strong><br />
réglementation en vigueur. Par cette information, le sa<strong>la</strong>rié permettra à <strong>la</strong> direction du<br />
personnel d'organiser au mieux de concert avec lui, les modalités de son départ » ; ou encore<br />
IBM propose <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’un ensemble de mesures visant à « sortir » les plus âgés <strong>des</strong><br />
effectifs comme « à tire d’illustration (…) : une aide à <strong>la</strong> création d’entreprise sous forme<br />
de prêt, de participation financière et/ou support - conseil à <strong>la</strong> création d’entreprise, un<br />
Congé Sans Solde Indemnisé, <strong>pour</strong> <strong>des</strong> durées variables, jusqu’à 2 ans, <strong>des</strong> dispositifs de<br />
temps partiel, une incitation au rachat de cotisations retraite, par <strong>la</strong> prise en charge partielle<br />
<strong>des</strong> intérêts de l’emprunt conséquent engagé ». L’idée qui revient est donc bien celle<br />
d’exclusion progressive <strong>des</strong> seniors ou / et de diminution <strong>des</strong> effectifs via les seniors par le<br />
biais de mesures incitatives, d’ai<strong>des</strong>, d’aménagement du temps de travail etc. En ce<strong>la</strong>, on<br />
16
etrouve bien <strong>la</strong> transition amorcée dans le mode de <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> seniors identifié par Marbot<br />
(2005, citée par Bellini et Duyck, 2009) c’est à dire le passage d’un modèle industriel au sein<br />
duquel les seniors sont intégrés à un modèle post-industriel reposant sur l’éviction,<br />
l’exclusion de cette catégorie de personnel. Certaines entreprises voient, en effet, dans le<br />
phénomène démographique une occasion inespérée de diminuer leurs effectifs, d’augmenter<br />
leur productivité, voire de sortir de <strong>la</strong> crise…<br />
Toutefois, apparaît également très présente, au sein <strong>des</strong> mêmes entreprises, <strong>la</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> âges<br />
c’est à dire fondée, a contrario, sur le maintien en activité <strong>des</strong> seniors. A titre d’illustration, on<br />
retrouve – au sein <strong>des</strong> accords étudiés – les leviers mobilisés par Loos-Baroin (dans Bellini et<br />
Duyck, 2009) : instruments de pilotage <strong>des</strong> données démographiques ; conditions de travail ;<br />
polyvalence et mobilité et <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> carrières et <strong>des</strong> parcours professionnels ainsi que les<br />
outils traditionnels de <strong>la</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> ressources humaines et du contrôle de <strong>gestion</strong> sociale<br />
(formation, VAE, <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> carrières etc.) promus par Duyck (dans Bellini et Duyck, 2009).<br />
Ainsi en est-il, de manière très globale, au sein de l’accord GPEC d’Alstom qui consacre<br />
simultanément <strong>la</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> carrières et <strong>des</strong> parcours professionnels, le transfert de<br />
compétences et l’amélioration <strong>des</strong> conditions de travail, comme le montre l’extrait suivant :<br />
« <strong>la</strong> direction et les organisations syndicales signataires (…) mettent l'accent sur <strong>la</strong> nécessité<br />
: de développer les politiques RH et les pratiques managériales favorables à <strong>la</strong> construction<br />
de parcours motivants et professionnalisant tout au long de <strong>la</strong> vie active; de développer <strong>des</strong><br />
formes d'organisation du travail qui favorisent les coopérations et <strong>la</strong> transmission <strong>des</strong> savoirfaire<br />
au sein <strong>des</strong> collectifs de travail, et facilitent l' aménagement <strong>des</strong> fins de carrière; de<br />
<strong>pour</strong>suivre l'amélioration <strong>des</strong> conditions de travail afin de réduire les facteurs dits de «<br />
pénibilité » de tous les sa<strong>la</strong>riés, quel que soit leur âge ». Ainsi en est-il également de l’un <strong>des</strong><br />
outils c<strong>la</strong>ssiques mis à <strong>la</strong> disposition du responsable / directeur <strong>des</strong> ressources humaines : <strong>la</strong><br />
formation comme le montrent respectivement ces extraits du CEA <strong>pour</strong> lequel « les besoins<br />
de formation <strong>des</strong> sa<strong>la</strong>riés comptant 20 ans d'activité professionnelle ou âgés d'au moins 45<br />
ans feront l'objet d'une attention particulière » ou d’IBM chez qui « à l’occasion de<br />
l’établissement du P<strong>la</strong>n Prévisionnel Biennal, <strong>la</strong> Direction présentera un certain nombre<br />
d’indicateurs permettant de mesurer les progrès réalisés en matière d’emplois <strong>des</strong> sa<strong>la</strong>riés de<br />
50 ans et plus. Les indicateurs porteront notamment sur le nombre de jours de formation ».<br />
La VAE et <strong>la</strong> mobilité ne sont pas en reste et demeurent très mobilisées dans <strong>la</strong> prise en<br />
compte <strong>des</strong> seniors et <strong>la</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> âges comme le montrent ces extraits. Ainsi, <strong>pour</strong> <strong>la</strong><br />
validation <strong>des</strong> acquis de l’expérience, chez ST Microelectronics, « afin de renforcer les<br />
conditions de succès de <strong>la</strong> seconde partie de carrière de ces sa<strong>la</strong>riés, ceux répondant aux<br />
conditions <strong>pour</strong> le bénéfice <strong>des</strong> dispositions re<strong>la</strong>tives au bi<strong>la</strong>n de compétences prévu à<br />
l’article 1.2.1 ci-<strong>des</strong>sus, <strong>pour</strong>ront engager une démarche de validation <strong>des</strong> acquis de<br />
l’expérience ». Chez Accor « les sa<strong>la</strong>riés âgés de 45 ans et plus entrant dans un processus de<br />
VAE tel que défini à l’article 10 du présent accord, bénéficient du financement <strong>des</strong> frais y<br />
afférents (financement du congé d'une durée de 24 heures qui prendra <strong>la</strong> forme d'une absence<br />
autorisée payée). De même, les éventuelles formations complémentaires seront considérées<br />
comme prioritaires et mises en œuvre dans le p<strong>la</strong>n de formation de l’établissement dès que <strong>la</strong><br />
VAE aura eu lieu et après avis du jury de validation ». Pour <strong>la</strong> mobilité, chez SMABTP<br />
« l’âge ne doit pas être un obstacle à <strong>la</strong> mobilité tant géographique que fonctionnelle. Pour<br />
les col<strong>la</strong>borateurs de 55 ans et plus un accompagnement personnalisé est proposé par le<br />
manager ». Chez ST Microelectronics, les col<strong>la</strong>borateurs en fin de carrière sont directement<br />
concernés par <strong>la</strong> notion de Parcours Professionnel Spécifique (PPS) qui prévoit notamment<br />
« un accès privilégié à <strong>la</strong> mobilité sur les postes accessibles en journée <strong>pour</strong> les sa<strong>la</strong>riés<br />
17
ayant passé plus de vingt années en salle b<strong>la</strong>nche en horaire d’équipe posté (travail de<br />
nuit...) ». On retrouve donc, simultanément, dans cet extrait, les notions de mobilité et<br />
d’amélioration <strong>des</strong> conditions de travail, l’une étant envisagé dans le but de promouvoir <strong>la</strong><br />
seconde. Enfin, n’oublions pas de citer « <strong>la</strong> transmission <strong>des</strong> savoirs » très présente dans les<br />
accords (13) qui non seulement permet de « valoriser les seniors » mais également de tisser un<br />
lien intergénérationnel au sein de l’entreprise.<br />
Certes, ces « professions de foi » demeurent <strong>des</strong> écrits et mériteraient, en conséquence, d’aller<br />
« y regarder de plus près » afin de constater <strong>la</strong> réalité sur le terrain <strong>des</strong> démarches mises en<br />
oeuvre. Néanmoins, les signataires et donc les négociations engagées auparavant avec les<br />
partenaires sociaux <strong>la</strong>issent présager <strong>des</strong> efforts et de <strong>la</strong> bonne volonté <strong>des</strong> entreprises en <strong>la</strong><br />
matière même si, comme le souligne l’Anact (2009), il n’existe pas, en ce qui concerne le<br />
maintien en emploi <strong>des</strong> seniors de « one best way ». En outre, si <strong>la</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> âges s’inscrit,<br />
certes, au sein d’une actualité sociale et académique brû<strong>la</strong>nte, elle semble également se<br />
<strong>des</strong>siner comme l’un <strong>des</strong> enjeux, l’un <strong>des</strong> défis de <strong>la</strong> fonction RH <strong>pour</strong> les années à venir, le<br />
management <strong>des</strong> hommes nécessitant, en effet, d’attirer et de retenir les jeunes talents et, dans<br />
le même temps, de maintenir en activité les seniors compétents et motivés (Duyck dans<br />
Bellini et Duyck, 2009).<br />
Entreprise<br />
Tableau 5. La <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> seniors dans les accords étudiés<br />
Actions principales en faveur <strong>des</strong> Seniors<br />
ACCOR Entretien de seconde partie de carrière ; repositionnement professionnel interne ; accès à <strong>la</strong> formation ;<br />
aménagement de fin de carrière ; évolution en externe<br />
SUEZ Bi<strong>la</strong>n de carrière ; programme d’adaptation et d’accompagnement ; développement de l’employabilité ;<br />
prise en compte <strong>des</strong> travaux pénibles<br />
LE BON MARCHE<br />
MICHELIN<br />
PSA<br />
AXA<br />
CREDIT DU NORD<br />
RADIO FRANCE<br />
GROUPE BAYARD<br />
CEA<br />
AUCHAN<br />
Accès à <strong>la</strong> formation ; bi<strong>la</strong>n de compétences ; entretien de mi-carrière <strong>pour</strong> les 45 ans et + ; transmission <strong>des</strong><br />
savoirs et <strong>des</strong> savoir-faire ; accompagnement <strong>des</strong> col<strong>la</strong>borateurs de 55 ans et +<br />
Accès à l’emploi : mobilité interne ; entretien professionnel de 2 ième partie de carrière ; prise en compte <strong>des</strong><br />
conditions de travail ; accès à formation ; transmissions <strong>des</strong> savoirs ; aménagements de fin de carrière<br />
Transmission <strong>des</strong> savoirs et <strong>des</strong> savoir-faire ; bi<strong>la</strong>n professionnel ; mobilité interne ; aménagement de fin de<br />
carrière<br />
Entretiens mi-carrière ; sécurisation <strong>des</strong> parcours professionnels<br />
La direction et les OS ont convenu de négocier un projet d’accord sur le thème <strong>des</strong> seniors séparé de<br />
l’accord de GPEC<br />
Les parties signataires doivent conclure un accord spécifique sur <strong>la</strong> politique de <strong>la</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> âges<br />
Bi<strong>la</strong>n de compétences ; point carrière ; vae ; prise en compte de <strong>la</strong> pénibilité concernant <strong>des</strong> métiers<br />
identifiés<br />
Poursuite de l’activité ; formation ; transmission <strong>des</strong> savoirs ; perspectives de départ en retraite<br />
Formation ; bi<strong>la</strong>n de compétences ; aménagement de fin de carrière<br />
EDHEC Bien qu’il soit mentionné (p.5 de l’accord) que le groupe apportera une attention particulière aux « seniors »<br />
<strong>la</strong> seule mesure mentionnée concerne l’accompagnement à <strong>la</strong> constitution du dossier retraite<br />
COFIDIS<br />
COFIROUTE<br />
ST<br />
MICROELECTRONICS<br />
ALSTOM<br />
Entretien de 2 ième partie de carrière ; transmission de connaissances et d’expériences ; aménagement de fin<br />
de carrière ; module de formation <strong>pour</strong> aider les sa<strong>la</strong>riés à préparer leur retraite<br />
Formation (priorité d’accès au DIF <strong>pour</strong> les + de 45 ans ainsi qu’au bi<strong>la</strong>n de compétences) ; aménagement<br />
de fin de carrière ; valorisation de l’expérience<br />
Entretien de seconde partie de carrière ; vae ; bi<strong>la</strong>n de compétences ; formation ; lutte contre <strong>la</strong> pénibilité du<br />
travail ; transmission <strong>des</strong> savoirs et <strong>des</strong> savoir-faire<br />
Tutorat ; formation ; aménagement de fin de carrière<br />
SNCF Suppression <strong>des</strong> retraites d’office ; lutte contre <strong>la</strong> pénibilité du travail ; transmission <strong>des</strong> savoir-faire ;<br />
développement de politiques RH <strong>pour</strong> <strong>des</strong> parcours motivants et professionnalisants<br />
18
AVIVA Développement <strong>des</strong> capacités professionnelles ; changement d’orientation professionnelle par <strong>la</strong> mobilité ;<br />
transmission <strong>des</strong> savoirs et <strong>des</strong> savoir-faire<br />
CREDIT AGRICOLE<br />
MUTUEL DE<br />
NORMANDIE<br />
SCHAEFFLER<br />
IBM<br />
WOLTERS KLUWER<br />
FRANCE<br />
SMABTP<br />
Formation professionnelle<br />
Mobilité interne ; aide au départ à <strong>la</strong> retraite<br />
Bi<strong>la</strong>n d’étape professionnelle ; accès à <strong>la</strong> formation ; lutte contre <strong>la</strong> pénibilité du travail ; transmission <strong>des</strong><br />
expériences ; mobilité professionnelle ; aménagement de fin de carrière<br />
Anticiper l’évolution <strong>des</strong> carrières ; transmission <strong>des</strong> savoirs et <strong>des</strong> compétences ; accès à <strong>la</strong> formation ;<br />
aménagement de fin de carrière<br />
Entretien personnalisé ; transmission <strong>des</strong> connaissances et de l’expérience ; VAE ; accès à <strong>la</strong> formation<br />
En synthèse, l’étude menée (cf. tableau 6) nous a permis de mettre en exergue trois thèmes<br />
principaux dans les accords de GPEC étudiés : une approche individualisée de <strong>la</strong> démarche de<br />
GPEC, une volonté de développement de l’employabilité et une <strong>gestion</strong> plus prégnante <strong>des</strong><br />
seniors.<br />
Tableau 6. Les apports <strong>des</strong> accords GPEC analysés<br />
Mesures<br />
phares <strong>des</strong><br />
accords de<br />
GPEC<br />
Principaux outils utilisés Objectifs <strong>pour</strong> les sa<strong>la</strong>riés Objectifs <strong>pour</strong> les<br />
entreprises<br />
Approche<br />
individualisée<br />
Développement<br />
de<br />
l’employabilité<br />
Gestion <strong>des</strong><br />
seniors<br />
- Formation (DIF, VAE,<br />
bi<strong>la</strong>n de compétences,<br />
p<strong>la</strong>n de formation)<br />
- VAE<br />
- Bi<strong>la</strong>n de compétences<br />
- DIF<br />
- Vigi<strong>la</strong>nce managériale<br />
(entretiens professionnels,<br />
de carrière,<br />
accompagnement<br />
individuel, analyse <strong>des</strong><br />
besoins)<br />
- VAE<br />
- Bi<strong>la</strong>n de compétences<br />
- Formation (DIF, CIF,<br />
période et contrat de<br />
professionnalisation,<br />
contrat d’apprentissage,<br />
p<strong>la</strong>n de formation)<br />
- Accès à <strong>la</strong> formation<br />
- Transmission <strong>des</strong> savoirs<br />
via notamment le tutorat<br />
- Entretien de seconde<br />
partie de carrière<br />
- Aménagement de fin de<br />
carrière<br />
- Développement <strong>des</strong><br />
compétences dans le<br />
cadre d’un<br />
développement<br />
professionnel<br />
- Développement <strong>des</strong><br />
compétences dans le<br />
cadre d’un<br />
développement<br />
personnel<br />
- Bien être<br />
- Mobilité / réorientation<br />
professionnelle et / ou<br />
professionnelle<br />
- Sécurisation <strong>des</strong><br />
parcours professionnels<br />
- Développement <strong>des</strong><br />
compétences dans le<br />
cadre de l’évolution <strong>des</strong><br />
emplois<br />
- Optimisation du<br />
déroulement de carrière<br />
- Maintien dans l’emploi<br />
- Développement<br />
professionnel avec <strong>des</strong><br />
perspectives de<br />
déroulement de carrière<br />
- Faire face à l’évolution<br />
<strong>des</strong> emplois et aux<br />
mutations de<br />
l’environnement<br />
- Bien être <strong>des</strong> sa<strong>la</strong>riés<br />
- Mobilité interne et / ou<br />
externe<br />
- Faire face aux<br />
mutations de<br />
l’environnement<br />
- Rendre les sa<strong>la</strong>riés<br />
promoteurs et<br />
facilitateurs du<br />
développement de<br />
l’entreprise<br />
- Respecter l’obligation<br />
légale (sous peine de<br />
sanctions)<br />
- Conserver, au sein <strong>des</strong><br />
entreprises, les<br />
compétences clés<br />
notamment celles qui<br />
font <strong>la</strong> différence avec<br />
<strong>la</strong> concurrence<br />
19
Il convient, en outre, de souligner <strong>la</strong> récurrence d’un thème parmi nos accords et, a fortiori,<br />
parmi ces « mesures phares » : <strong>la</strong> formation. Il apparaît, en effet, <strong>pour</strong> chacune d’entre elles,<br />
que l’outil privilégié <strong>pour</strong> accéder au but recherché est <strong>la</strong> formation via, très souvent, d’autres<br />
outils tels que le p<strong>la</strong>n de formation, le droit individuel à <strong>la</strong> formation, le bi<strong>la</strong>n de compétences<br />
ou encore <strong>la</strong> validation <strong>des</strong> acquis de l’expérience. Ainsi <strong>la</strong> formation serait-elle <strong>la</strong> voie royale<br />
choisie <strong>pour</strong> gérer préventivement et de façon prévisionnelle les ressources humaines ? On<br />
sait, en tout cas, depuis fort longtemps, que GPEC et formation sont indissociables et cette<br />
étude confirme bien cette évidence.<br />
Conclusion<br />
Le travail mené sur l’ensemble <strong>des</strong> 23 accords de GPEC signés nous a permis de valider nos<br />
deux hypothèses de départ à savoir que <strong>la</strong> GPEC favorise une <strong>gestion</strong> individualisée <strong>des</strong><br />
compétences (H1) ainsi que l’employabilité <strong>des</strong> sa<strong>la</strong>riés (H2). En effet, il apparaît que le<br />
sa<strong>la</strong>rié est considéré par les partenaires sociaux (employeurs et représentants du personnel)<br />
comme le véritable acteur de son parcours professionnel et c’est <strong>la</strong> raison <strong>pour</strong> <strong>la</strong>quelle les<br />
accords entendent promouvoir les outils et les moyens lui permettant de mener à bien ce<br />
projet ; ceux-ci contribuant, à terme, au développement de son employabilité au sein de<br />
l’entreprise ou en dehors de celle-ci. En outre, l’émergence – au sein de 15 accords – d’un<br />
thème a priori en dehors du champ d’analyse de <strong>la</strong> GPEC : <strong>la</strong> Responsabilité Sociale de<br />
l’Entreprise (RSE) ouvre une perspective supplémentaire à ce travail en faisant entrer <strong>la</strong><br />
Gestion Prévisionnelle <strong>des</strong> Emplois et <strong>des</strong> Compétences dans le « sacro saint » périmètre <strong>des</strong><br />
responsabilités auxquelles l’employeur se doit de répondre. Sur le p<strong>la</strong>n méthodologique, les<br />
résultats sont limités à <strong>la</strong> faiblesse de notre échantillon et, de façon plus <strong>la</strong>rge, sur le p<strong>la</strong>n<br />
académique, peu de recherches vont, à notre connaissance, dans ce sens. C’est <strong>la</strong> raison <strong>pour</strong><br />
<strong>la</strong>quelle nous n’avons pas désiré nous focaliser davantage sur ce point mais nous souhaitons<br />
néanmoins ouvrir <strong>la</strong> voie à d’éventuelles recherches futures, sur le terrain, auprès <strong>des</strong> acteurs<br />
clés en entreprise, afin d’étudier le(s) lien(s) entre <strong>la</strong> GPEC et <strong>la</strong> RSE, l’employabilité et <strong>la</strong><br />
RSE, qui sont <strong>des</strong> champs qui restent encore peu explorés aujourd’hui.<br />
BIBLIOGRAPHIE<br />
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22
Liste <strong>des</strong> cahiers de recherche du PRISM – ANNEE 2010<br />
N° Titre Auteurs<br />
CR-10-01 Vers une approche constructionniste de <strong>la</strong> valorisation de<br />
l’entreprise<br />
J.-J. Pluchart,<br />
L. Barbara<br />
CR-10-02 « Tu pousses le bouchon un peu trop loin, Maurice ! » Vers un<br />
repérage <strong>des</strong> leviers publicitaires influençant les enfants.<br />
Application au domaine alimentaire<br />
V. Nico<strong>la</strong>s-Hémar<br />
CR-10-03<br />
De <strong>la</strong> nécessité de prendre en considération simultanément les<br />
différents contextes sociaux <strong>des</strong> enfants <strong>pour</strong> comprendre leur<br />
comportement alimentaire<br />
P. Ezan, M. Gollety, N.<br />
Guichard,<br />
P. Ezan, M. Gollety, N.<br />
Guichard,<br />
V. Nico<strong>la</strong>s-Hémar<br />
CR-10-04 La valeur économique du brevet « bloquant » A. Bami, G. A. Shiri<br />
CR-10-05 Etude exploratoire sur l’effet <strong>des</strong> dimensions de <strong>la</strong> couleur <strong>des</strong><br />
sites de marque sur les préférences <strong>des</strong> enfants<br />
H. Ben Miled-Chérif, N.<br />
Bezaz-Zeghache<br />
CR-10-06 Gestion tribale de <strong>la</strong> marque et distribution spécialisée : le cas<br />
Abercrombie & Fitch<br />
J.-F. Lemoine,<br />
O. Badot<br />
CR-10-07 Le knowledge management et <strong>la</strong> communication financière de<br />
l’entreprise : principes, leviers et mise en œuvre<br />
J.-J. Pluchart,<br />
S. Ayoub<br />
CR-10-08 The impact of social and environmental variables on S.-E Gadioux<br />
performance: a panel data application to international banks<br />
CR-10-09 Les re<strong>la</strong>tions entre <strong>la</strong> performance sociétale et <strong>la</strong> performance<br />
financière <strong>des</strong> organisations : une étude empirique comparée <strong>des</strong><br />
banques européennes et <strong>des</strong> banques non européennes<br />
S.-E Gadioux<br />
CR-10-10<br />
CR-10-11<br />
CR-10-12<br />
CR-10-13<br />
Le changement organisationnel <strong>des</strong> Entreprises Socialement<br />
Responsables (ESR)<br />
L’influence de <strong>la</strong> familiarité et de l’intérêt <strong>pour</strong> <strong>la</strong> catégorie de<br />
produit sur l’innovativité et le comportement innovateur du<br />
consommateur : une approche modérée par le bouche à oreille<br />
L'impact conjoint <strong>des</strong> variables situationnelles et individuelles sur<br />
les réactions du consommateur face à un nouveau produit: d'une<br />
étude exploratoire qualitative à un essai de modélisation<br />
Coordination, engagement et RSE au cœur de <strong>la</strong> quête<br />
managériale du changement perpétuel<br />
J.-J. Pluchart,<br />
D. Gnanzou<br />
A. Sel<strong>la</strong>mi<br />
A. Sel<strong>la</strong>mi<br />
O. Uzan,<br />
B. Condomines<br />
CR-10-14 De l’homo métis à l’homo academicus J.-J. Pluchart<br />
CR-10-15<br />
L’opérationnalisation du succès de carrière : intérêts et limites<br />
E. Hennequin<br />
<strong>des</strong> méthodologies actuelle<br />
CR-10-16 Quelle réussite professionnelle <strong>pour</strong> les enseignantschercheurs<br />
E. Hennequin<br />
?<br />
CR-10-17 La confiance institutionnelle en question J.-J. Pluchart<br />
CR-10-18 L’impact <strong>des</strong> mécanismes internes de gouvernement de H. Ben Ayed-Koubaa<br />
l’entreprise sur <strong>la</strong> qualité de l’information comptable<br />
CR-10-19 La gouvernance <strong>des</strong> entreprises socialement responsables J.-J. Pluchart<br />
CR-10-20 Les mécanismes de régu<strong>la</strong>tion du marché du coaching : les H. Cloet<br />
conventions<br />
CR-10-21 How R&D Competition affects Investment Choices T. Lafay, C. Maximin<br />
CR-10-22 Les stratégies d’innovation dans le commerce indépendant de J.-F. Lemoine<br />
proximité<br />
CR-10-23 Optimal dynamic demands in commodity futures markets with a<br />
stochastic convenience yield<br />
C.Mellios<br />
P. Six<br />
CR-10-24 Comment le site internet d’une enseigne modifie le comportement R. Vanheems<br />
de ses clients en magasin<br />
CR-10-25 Les violences familiales : une problématique organisationnelle ? E. Hennequin<br />
N. Wielhorski<br />
CR-10-26 Etat de l’art sur l’harmonisation vie privée – vie professionnelle<br />
<strong>des</strong> sa<strong>la</strong>riés<br />
S . Kilic
CR-10-27<br />
CR-10-28<br />
Les mécanismes de régu<strong>la</strong>risation du marché du coaching : les<br />
conventions<br />
La diffusion de <strong>la</strong> fraude en entreprise, le cas de <strong>la</strong> collusion<br />
tacite<br />
H. Cloet<br />
P. Jacquinot<br />
A. Pellissier-Tanon<br />
S. Strtak<br />
CR-10-29 Agent virtuel et confiance <strong>des</strong> internautes vis-à-vis d’un site Web JJ. Lemoine<br />
JJ. Notebaert<br />
CR-10-30<br />
Peut-on encore <strong>la</strong>ncer un programme de recherche en<br />
management stratégique ?<br />
S. Edouard<br />
A. Gratacap<br />
CR-10-31 Equivalent Risky Allocation S. Plunus<br />
R. Gillet<br />
G. Hubner<br />
CR-10-32<br />
CR-10-33<br />
CR-10-34<br />
CR-10-35<br />
CR-10-36<br />
CR-10-37<br />
CR-10-38<br />
Voluntary financial disclosure, introduction of IFRS and the setting<br />
of a communication policy: An empirical test on SBF French firms<br />
using a publication score<br />
RSE et développement <strong>des</strong> popu<strong>la</strong>tions pauvres du sud : <strong>Une</strong><br />
analyse re<strong>la</strong>tive aux OMD comme cadre d’analyse<br />
macroéconomique du développement.<br />
The Traditional Hedging Model Revisited with a Non Observable<br />
Convenience Yied<br />
L’intégration de <strong>la</strong> biodiversité : un nouveau risque <strong>pour</strong><br />
l’entreprise ?<br />
Transparency and Market Quality : An Analysis of the Effect of<br />
MiFID on Euronext<br />
Do MNEs engage in hierarchical location choice?<br />
Evidence from U.S and European FDI in china<br />
L’influence du genre <strong>des</strong> individus sur <strong>la</strong> répartition <strong>des</strong> rôles<br />
entre conjoints lors d’une décision d’achat complexe<br />
H. De La Bruslerie<br />
H. Gabteni<br />
D. Gnanzou<br />
C.Mellios<br />
P. Six<br />
S. Gaultier-Gail<strong>la</strong>rd<br />
F. Pratlong<br />
B. Soltani<br />
M. Jerbi<br />
H .M . Mai<br />
J.L Mucchielli<br />
P. Yu<br />
Q. Wang<br />
C. Riche<br />
CR-10-39<br />
Le genre et le leadership : l’importance d’introduire les traits de<br />
personnalité <strong>des</strong> leaders<br />
S. Saint-Michel<br />
CR-10-40 Venture Capital and the Financing of Innovation D. Trabelsi<br />
G. Shiri<br />
CR –10-41<br />
<strong>Une</strong> <strong>nouvelle</strong> <strong>dynamique</strong> <strong>pour</strong> <strong>la</strong> <strong>gestion</strong> prévisionnelle <strong>des</strong><br />
emplois et <strong>des</strong> compétences<br />
D. Baruel Bencherqui<br />
A. Le F<strong>la</strong>nchec<br />
A. Mullenbach Servayre