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L’ alto
Genèse d’un instrument mal aimé, de la reconnaissance à nos jours...
VIE DES CONSERVATOIRES
au son de ...
« Petite annonce : à vendre, alto, état neuf au-dessus de la troisième position ».
Tous les altistes ont un jour raconté ou entendu cette blague. Cet instrument au son grave, chaleureux,
intense et puissant gagne à être connu. Sa réputation qui, à une certaine époque était
fondée, a du mal à se défaire d’une réalité historique.
Par Delphine Jauffrit et Alexandra Vilain
DES DÉBUTS DIFFICILES
L’alto fait partie de la famille des instruments à
cordes frottées. Il est très semblable au violon,
mais il est plus grand, plus épais, et plus grave
d’une quinte.
Depuis son apparition, l’alto se développe dans
l’ombre du violon. Son parcours chaotique s’explique
par la difficulté des luthiers à trouver les
mesures de l’instrument et le timbre idéal. Ainsi,
l’alto est passé par différentes phases de lutherie
expérimentale. Pour contenter les violonistes et
les compositeurs, le luthier n’hésite pas à augmenter
ou diminuer la taille de la caisse, la longueur
du manche ou de la touche, et le nombre de
cordes (4 ou 5 selon les époques). Certains de ces
instruments, un peu surréalistes, sont présentés
au musée de la Cité de la musique à Paris. Ce n’est
qu’au début du 20 ème siècle que les altos prennent
leur taille et leur forme presque définitives.
Aux 17 ème et 18 ème siècles, ce sont traditionnellement
les violonistes les moins bons qui jouent les
parties de remplissage confiées à l’alto. Heureusement,
certains grands compositeurs ont su exploiter
ses nombreuses qualités. Parmi eux : Bach
avec le 6 ème Concerto Brandebourgeois BWV 1051,
Mozart avec la Symphonie concertante K364, ou
encore Stamitz avec le Concerto en Ré Opus 1.
Violino harpa
forma magna
DE L’OMBRE À LA LUMIÈRE
Violon alto
L’alto commence sa lente immersion lorsque le
timbre instrumental devient un composant essentiel
du discours. Les salles de concert deviennent
plus grandes, les orchestres augmentent leurs effectifs.
En réponse, les instruments doivent être
plus sonores et de grandes dimensions. Ainsi,
des compositeurs comme Berlioz exigent des altistes
le niveau des violonistes. Ce dernier souhaite
d’ailleurs la création d’une classe d’alto au
Conservatoire de Paris. Dans son «Grand traité
d’instrumentation et d’orchestration moderne»
(1843-44), Berlioz insiste sur la particularité du