2008, Volume 14, N°2 - Centre d'études et de recherches ...

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Jérôme WILSON
Londres à partir de 1943, puis conseiller juridique de l’ambassade de France
(1944). Il a participé au comité d’étude de la réforme de la Cour permanente de
Justice internationale présidé par William Malkin et a été nommé jurisconsulte au
ministère des Affaires étrangères en 1947. Gros présidera jusqu’en octobre 1950 les
réunions du comité juridique. Une troisième recrue du Quai d’Orsay, Lucien
Hubert, viendra les épauler de façon intermittente.
Du côté allemand, après avoir essuyé un veto de Monnet sur plusieurs noms et
un refus de Herbert Blankenhorn (1904), Adenauer opte, sur les conseils de
Wilhelm Röpke, 17 pour Walter Hallstein (1901), un professeur de droit de
l’Université de Francfort qui est rentré en 1948 des États-Unis après avoir passé
plusieurs mois à l’Université de Georgetown. La délégation allemande à la
Conférence du Plan Schuman sera ainsi emmenée par Hallstein et Blankenhorn.
Adenauer leur laissera les mains libres pour l’orientation des négociations. Pour les
questions juridiques, ils seront notamment épaulés par un internationaliste,
Hermann Mosler (1912), également originaire de l’Université de Francfort. Ils
favoriseront la mise en place d’institutions disposant d’un pouvoir supranational
fort. 18
En Italie, Alcide De Gasperi se prononce pour une représentation politique
entourée de représentants de l’industrie. Il désigne comme chef de mission Paolo
Emilio Taviani (1912), un député actif dans les Nouvelles Équipes internationales,
fervent partisan du Mouvement européen, davantage fédéraliste que sectorialiste.
Parallèlement, le ministère des Affaires étrangères italien s’invite également dans la
délégation.
Quant aux pays Benelux, ils se font tous représenter par des jurisconsultes. Aux
Pays-Bas, c’est Willem Riphagen (1919) qui apparaît en première ligne dans ces
matières. Fils d’un juriste travaillant pour l’administration des Pays-Bas aux Indes
néerlandaises, Riphagen a commencé sa carrière au sein de la fonction publique en
février 1942 au sein du ministère de l’Intérieur et a servi de proche conseiller au
futur Premier ministre (catholique) Louis J.M. Beel. En octobre 1947, il a été
transféré au ministère des Affaires étrangères en tant que conseiller juridique dans
le cadre du processus d’indépendance de l’Indonésie où il a dès lors séjourné
fréquemment jusqu’en 1949 avant d’être associé à la rédaction de la Convention
européenne des droits de l’homme, à la préparation du traité Benelux et aux
négociations de la Conférence du Plan Schuman. Dans le camp luxembourgeois, on
fait appel à Christian Calmes (1913) qui a fait ses études à Strasbourg et à Paris
avant d’entrer au ministère des Affaires étrangères en septembre 1946 où son père
avait déjà à plusieurs reprises effectué des missions en «service extraordinaire». Du
côté belge, c’est Fernand Muûls (1892) qui dirige la manœuvre. Ce dernier se veut
17. H.-P. SCHWARZ, Konrad Adenauer: A German Politician and Statesman in a Period of War,
Revolution and Reconstruction, vol.1, From the German Empire to the Federal Republic,
1876-1952, Berghan Books, Oxford, 1995, p.515.
18. H.J. KÜSTERS, West Germany’s Foreign Policy in Western Europe, 1949-58: The Art of Possible,
in: C. WURM, Western Europe and Germany. The Beginnings of European Integration, Berg, Oxford,
1995, p.63.