2008, Volume 14, N°2 - Centre d'études et de recherches ...
2008, Volume 14, N°2 - Centre d'études et de recherches ...
2008, Volume 14, N°2 - Centre d'études et de recherches ...
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
170<br />
Book reviews – Comptes rendus – Buchbesprechungen<br />
du Comité d’action, finalement peu influentes, <strong>et</strong> d’insister au contraire sur la<br />
multiplicité <strong>de</strong>s acteurs <strong>et</strong> <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s. L’auteur mentionne ainsi <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s<br />
monétaires peu connus comme ceux du commissaire européen Robert Marjolin en<br />
1964, ou les débats <strong>de</strong> la jeune assemblée parlementaire européenne. Il m<strong>et</strong> ensuite<br />
en valeur le rôle du successeur <strong>de</strong> Marjolin à la Commission européenne, lui aussi<br />
professeur d’économie, le Français Raymond Barre, dans le développement <strong>de</strong> la<br />
réflexion sur l’Europe monétaire entre 1968 <strong>et</strong> 1972. Il souligne également<br />
l’influence du prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Commission européenne, le Britannique Roy Jenkins<br />
dans le lancement du Système monétaire européen (SME) en 1977, alors que, bien<br />
souvent, ce sont surtout les contributions du prési<strong>de</strong>nt français Valéry Giscard<br />
d’Estaing <strong>et</strong> du chancelier allemand Helmut Schmidt qui sont mises en valeur.<br />
Lorsqu’il s’attache à la création <strong>de</strong> l’union économique <strong>et</strong> monétaire dans les<br />
années 1980 <strong>et</strong> 1990, Pierre du Bois parvient à synthétiser une masse<br />
d’informations pourtant peu digestes dans <strong>de</strong>s chapitres relativement courts. S’il<br />
évoque abondamment les négociations intergouvernementales <strong>et</strong> le rôle du<br />
prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Commission européenne Jacques Delors, il n’oublie pas <strong>de</strong>s acteurs<br />
moins connus comme l’Association pour l’Union monétaire <strong>de</strong> l’Europe (AUME)<br />
ou certaines thématiques assez techniques mais pourtant essentielles comme la<br />
progression <strong>de</strong> l’usage <strong>de</strong> l’écu privé ou la libéralisation <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong><br />
capitaux. De plus, comme l’auteur reste dans une perspective éminemment<br />
politique, il cherche à traiter le suj<strong>et</strong> complexe du rapport entre union économique<br />
<strong>et</strong> monétaire <strong>et</strong> opinion publique. Il évoque ainsi longuement les débats entre<br />
eurosceptiques <strong>et</strong> partisans <strong>de</strong> l’union monétaire, à la fois avant la naissance <strong>de</strong><br />
l’euro – en particulier les nombreuses réticences <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> 1992-1994 – <strong>et</strong> après<br />
son introduction. Les sarcasmes sur l’euro faible (2000), aujourd’hui bien oubliés,<br />
voisinent avec les critiques sur le rôle <strong>de</strong> la Banque centrale européenne (BCE), les<br />
lacunes en matière <strong>de</strong> coordination <strong>de</strong>s politiques économiques ou en terme<br />
d’autorité politique européenne. L’auteur s’attache véritablement à rem<strong>et</strong>tre en<br />
perspective les débats contemporains en évoquant longuement l’histoire récente: la<br />
pério<strong>de</strong> 1991-2005 occupe ainsi la moitié du livre.<br />
Pierre du Bois s’attache finalement plus à l’histoire <strong>de</strong>s idées <strong>et</strong> du débat sur<br />
l’Europe monétaire qu’à l’histoire du processus <strong>de</strong> décision. Il s’appuie<br />
essentiellement sur <strong>de</strong>s sources imprimées comme <strong>de</strong>s articles <strong>de</strong> journaux ou <strong>de</strong><br />
revues, <strong>de</strong>s mémoires, ainsi que la littérature secondaire. Il brasse <strong>de</strong> très nombreux<br />
thèmes dans une synthèse somme toute relativement courte – 210 pages <strong>de</strong> texte –<br />
eu égard à la complexité du thème <strong>et</strong> à l’étendue <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> chronologique. En si<br />
peu <strong>de</strong> pages, il est difficile <strong>de</strong> reprocher <strong>de</strong>s lacunes à ce livre même si <strong>de</strong>s<br />
<strong>recherches</strong> historiques récentes comme celles <strong>de</strong> l’économiste belge Ivo Maes<br />
auraient pu y être incluses. C<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> perm<strong>et</strong> finalement <strong>de</strong> comprendre<br />
l’ancienn<strong>et</strong>é <strong>de</strong>s débats actuels sur l’union économique <strong>et</strong> monétaire comme le<br />
problème <strong>de</strong> la coordination <strong>de</strong>s politiques économiques (les critères <strong>de</strong> Maastricht<br />
<strong>et</strong> le Pacte <strong>de</strong> stabilité), la forme <strong>de</strong>s institutions (passage <strong>de</strong> l’idée <strong>de</strong> fonds<br />
européen <strong>de</strong> réserve à la création d’une banque centrale), l’échelle <strong>de</strong> l’union<br />
monétaire (inclusion ou pas <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong>-Br<strong>et</strong>agne) <strong>et</strong> bien sûr le lien avec l’union