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2008, Volume 14, N°2 - Centre d'études et de recherches ...

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Book reviews – Comptes rendus – Buchbesprechungen 163<br />

Le cas allemand, relatif au problème spécifique <strong>de</strong>s expulsions, est traité en<br />

détail dans les interventions suivantes. Le travail sur les manuels scolaires par <strong>de</strong>s<br />

comités d’historiens allemands <strong>et</strong> français (Corine Defrance <strong>et</strong> Ulrich Pfeil) souffre<br />

d’un certain angélisme, <strong>et</strong> tout d’abord <strong>de</strong> curieuses expressions définissant le<br />

travail <strong>de</strong> ces comités: s’agit-il vraiment <strong>de</strong> «n<strong>et</strong>toyer», <strong>de</strong> «décontaminer»,<br />

d’«extirper» <strong>de</strong>s pans du passé proche (d’autant plus que les auteurs nous<br />

apprennent que <strong>de</strong> nombreux Län<strong>de</strong>r allemands ont renoncé à inclure dans leurs<br />

programmes l’histoire du temps présent)? L’article a cependant pour mérite <strong>de</strong><br />

rappeler les travaux préparatoires menés notamment par les rencontres <strong>de</strong> Spire<br />

entre 1948 <strong>et</strong> 1950, afin <strong>de</strong> «concevoir un nouvel espace commun», <strong>et</strong> ceux <strong>de</strong><br />

l’Institut d’histoire européenne <strong>de</strong> Mayence, qui permît d’ancrer l’historiographie<br />

alleman<strong>de</strong> à celle <strong>de</strong> l’Occi<strong>de</strong>nt. Toute une série <strong>de</strong> recommandations ont <strong>de</strong>puis<br />

été faites à propos du contenu <strong>de</strong>s manuels scolaires, dont le plus célèbre vient à<br />

peine <strong>de</strong> sortir, souhaitant enseigner une histoire commune aux élèves français <strong>et</strong><br />

allemands.<br />

Anne Bazin évoque les commissions d’historiens à l’œuvre plus à l’Est, en<br />

prenant les exemples <strong>de</strong>s expériences germano-polonaise <strong>et</strong><br />

germano-tchéco-slovaque. Dès le début <strong>de</strong>s années 1990, il y a bien sûr dans leur<br />

origine une perspective explicite <strong>de</strong> réconciliation, avec <strong>de</strong>s résultats probants: en<br />

1996, la commission germano-tchéco-slovaque fait ainsi connaître le nombre <strong>de</strong><br />

victimes alleman<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’expulsion (25 à 30.000), chiffre qui <strong>de</strong>puis lors a été<br />

accepté par tous (sauf par ceux qui recherchent la polémique). Le problème <strong>de</strong><br />

l’expulsion <strong>de</strong>s Allemands à la fin du conflit nécessite ainsi une appropriation<br />

collective, surtout concernant le passé <strong>de</strong> la Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale, terrain<br />

naturel <strong>de</strong> la mémoire européenne.<br />

Autre pierre d’achoppement du passé, les décr<strong>et</strong>s Beneš sont étudiés par Muriel<br />

Blaive. Ceux-ci datent <strong>de</strong> 1945 <strong>et</strong> concernent l’expropriation <strong>de</strong>s Sudètes, à peu<br />

près 3 millions d’anciens citoyens expulsés <strong>de</strong> chez eux. Certains veulent<br />

aujourd’hui réviser le passé en abrogeant ces textes (Sud<strong>et</strong>en<strong>de</strong>utsche<br />

Landsmannschaft). Le contexte récent, avec les excuses officielles faites par Vaclav<br />

Havel <strong>et</strong> la position <strong>de</strong> candidate <strong>de</strong> la République tchèque, a pu favoriser c<strong>et</strong>te<br />

tendance, rappelant l’ambiguïté <strong>de</strong> ces décr<strong>et</strong>s, <strong>et</strong> <strong>de</strong> leur but: à l’origine, ces<br />

<strong>de</strong>rniers sont le fruit d’une radicalisation, faite au nom d’une démocratie qui, les<br />

ayant cautionné, justifie l’emploi <strong>de</strong> la force <strong>et</strong> du déni <strong>de</strong> justice qui se<br />

r<strong>et</strong>ourneront contre elle.<br />

Ce passé traumatique européen est ainsi un moyen d’éviter une introspection<br />

nationale précieuse. L’étu<strong>de</strong> du proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> «<strong>Centre</strong> contre les expulsions» par Dorota<br />

Dakowska perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> juger <strong>de</strong> son utilisation polémique dans un cadre européen. Il<br />

s’agit à l’origine d’une offensive mémorielle <strong>de</strong> certains Allemands (Union <strong>de</strong>s<br />

expulsés) contre un pays candidat, la Pologne, <strong>et</strong> qui a su jouer <strong>de</strong> l’air ambiant,<br />

notamment avec le thème du «n<strong>et</strong>toyage <strong>et</strong>hnique» en ex-Yougoslavie, pour porter<br />

les réclamations «<strong>de</strong>s 15 millions» d’expulsés allemands <strong>de</strong> la guerre au nom <strong>de</strong> la<br />

défense <strong>de</strong> valeurs universelles. Il s’agit <strong>de</strong> tout un travail qui fait passer les<br />

Allemands pour <strong>de</strong>s victimes, à l’heure où l’on s’interroge sur <strong>de</strong>s Polonais tous

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