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Batoz J.F., Rivallain M. - Ductal

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UHPFRC 2009 – November 17 th & 18 th – Marseille, France<br />

Ultrahigh-performance concrete contribution to sustainable development<br />

Jean-Francois <strong>Batoz</strong><br />

Chemical Engineering Engineer,<br />

MBA HEC Paris<br />

Lafarge Cement Division<br />

Paris, 75016 France<br />

Mathieu <strong>Rivallain</strong><br />

Materials Science<br />

& Civil Engineering<br />

Lafarge Construction Trends<br />

Paris, 75016 France<br />

1. Introduction<br />

Les travaux sur le béton dans les années 80 avaient comme principal objectif d’en améliorer les<br />

propriétés mécaniques s’appuyant sur le constat que la compacité de la matrice cimentaire<br />

pouvait être augmentée.<br />

De nombreuses initiatives avaient déjà pris place aussi bien dans le développement des bétons<br />

réfractaires à ultra basse teneur en ciment que les bétons traditionnels en s’appuyant sur<br />

l’amélioration des empilements granulaires visant à réduire la part de « vide » laissée par<br />

l’évaporation d’eau et la contraction de Le Chatelier.<br />

L’augmentation de compacité induisant des comportements de plus en plus fragiles pouvant<br />

même conduire à l’explosion des échantillons sous la presse, la question du renfort était ouverte<br />

non plus à l’échelle d’un élément constructif mais à celle du matériau.<br />

L’adjonction de fibres comme renfort distribué dans le matériau induisait un comportement<br />

mécanique tout à fait nouveau, une ductilité que les bétons n’avaient jamais connue.<br />

En prolongement à ces travaux sur les squelettes granulaires, l’étude des effets de la température<br />

sur les matrices cimentaires après prise a montré un renforcement des performances permettant<br />

d’atteindre, dans des conditions particulières, des résistances en compression de 800 MPa.<br />

En parallèle, la caractérisation de la durabilité de ces matériaux était lancée qui démontrait que le<br />

bond franchi en termes de performances mécaniques s’accompagnait d’un bond encore plus<br />

important au plan des résistances à la pénétration des ions, à l’abrasion, au gel-dégel, etc ….<br />

Plus récemment les caractérisations à l’échelle macro étaient rapprochées de l’analyse de la<br />

microstructure en particulier grâce au développement des méthodes de caractérisations<br />

mécaniques, comme la nano-indentation, couplées à des mesures MEB ou AFM [1],[2], [3].<br />

Des propriétés particulières de la microstructure ont été mises en évidence qui sont responsables<br />

des caractéristiques spécifiques, à l’échelle macro, du matériau et permettent d’envisager, grâce à<br />

une utilisation rationnelle de celui-ci, de réduire globalement très sensiblement l’impact<br />

environnemental des constructions.<br />

Il est à noter que la définition actuelle d’un UHPC ou UHPFRC, introduite à la fin des années<br />

90, ne repose que sur la caractéristique de résistance en compression au-delà de 150 MPa, la loi<br />

de comportement n’étant pas en soi un critère, dans la mesure où elle est plus dépendante de la<br />

nature et des caractéristiques des ingrédients.<br />

En effet, si certaines caractéristiques sont sensiblement communes aux différents UHPFRC<br />

étudiés (telles une teneur en ciment dépassant 700 kg/m 3 , certaines caractéristiques du ciment, un<br />

1


Designing and Building with UHPFRC : State of the Art and Development<br />

rapport E/C inférieur à 0,3, etc.) il reste que les travaux présentés ci-dessous n’ont été menés que<br />

sur le matériau <strong>Ductal</strong>®, dont la composition et les performances ne peuvent être généralisées à<br />

tout autre composition.<br />

2. La construction durable<br />

De par leurs propriétés intrinsèques, les UHPFRC sont à même de servir la construction durable.<br />

Problématique tant sociétale que financière, juridique ou technique, la construction durable est<br />

un sujet large et complexe. Elle implique de nombreuses parties prenantes et décideurs. A la fois<br />

multicritère et intégrée, la notion de construction durable est souvent difficile à appréhender, et<br />

conduit parfois à des comparaisons simplement fausses. Par exemple, la comparaison de<br />

l’empreinte environnementale d’une unité de masse ou volume n’a pas de sens en soi (exemple<br />

un kg de laine de verre comparé à un kg de béton), les deux matériaux n’ayant et ne pouvant<br />

simplement remplir la même fonction.<br />

La construction durable peut donc être définie comme une vision de la construction qui, par une<br />

combinaison raisonnée de matériaux et produits de construction, d’intelligence dans leur mise en<br />

œuvre, cherche à limiter aujourd’hui son empreinte environnementale : les consommations de<br />

ressources épuisables, les émissions dans l’air, l’eau ou les sols. Il s’agit de préserver<br />

l'environnement afin d’assurer la survie des générations futures et contribuer à notre<br />

développement économique et social.<br />

Comme pour tout type de produits, procédés ou services, les impacts des constructions sur<br />

l’environnement peuvent être mesurés par une méthodologie scientifique, faisant aujourd’hui<br />

l’objet d’une normalisation internationale : c’est l’analyse de cycle de vie (ISO 14040-45).<br />

L’analyse de cycle de vie (ACV) réalise un bilan de matière et d’énergie sur l’ensemble des<br />

phases de cycle de vie des bâtiments ou des ouvrages, depuis la production des matériaux utilisés<br />

jusqu’à la fin de vie, déconstruction, mise en décharge ou recyclage des composants. Cette<br />

technique scientifique, quantitative et multicritère, permet de comptabiliser toutes les<br />

consommations de matières, d’énergie et d’eau, ainsi que toutes les émissions dans l’eau, l’air ou<br />

les sols. Sont ensuite calculés des indicateurs environnementaux représentatifs qui caractérisent<br />

en synthèse ces bilans : consommation totale d’énergie primaire, impact sur le changement<br />

climatique, épuisement des ressources naturelles, acidification atmosphérique, etc.<br />

L’objectif poursuivi est la réduction de l’empreinte environnementale globale, à l’échelle du<br />

bâtiment ou de l’ouvrage, et sur l’ensemble de son cycle de vie. Toute approche partielle est<br />

vaine.<br />

Au niveau des matériaux, deux stratégies complémentaires sont développées :<br />

Les écoproduits : ils ont une empreinte environnementale moindre, rapportée à l’unité<br />

de volume ou de masse, que les matériaux conventionnels, en assurant même fonction et<br />

même performance.<br />

Les matériaux éco-efficaces : leur intérêt environnemental ne se mesure pas à l’échelle<br />

du kg de matériau mais à celle de la performance environnementale de l’ouvrage ou du<br />

bâtiment dans sa globalité, sur la totalité de son cycle de vie. Leur impact global peut<br />

alors être significativement plus important.<br />

Les UHPFRC, <strong>Ductal</strong> ® en particulier, ont un potentiel de matériaux éco-efficaces. Leur intérêt<br />

environnemental ne se mesure pas à l’efficacité d’une unité de volume ou de masse de matériau,<br />

mais à celle de l’ouvrage dans son ensemble et sur l’intégralité de son cycle de vie.<br />

Au plan environnemental, partir des performances intrinsèques du matériau ne donne en général<br />

aucune indication de ce que pourra être la performance finale de l’ouvrage. La conception ainsi<br />

que la mise en œuvre sont les clés de l’adéquation entre la performance fonctionnelle requise<br />

2


UHPFRC 2009 – November 17 th & 18 th – Marseille, France<br />

(mécanique, esthétique, feu, etc.) et l’utilisation efficace du matériau. L’empreinte<br />

environnementale sera le résultat de la combinaison des caractéristiques intrinsèques et de<br />

l’adéquation du matériau à remplir la fonctionnalité attendue.<br />

3. Performances intrinsèques du matériau<br />

3.1. Ce qui différencie la matrice UHPFRC d’un béton conventionnel<br />

Les travaux menés depuis une trentaine d’années sur la microstructure des silicates résultants de<br />

l’hydratation du ciment, basés sur des modèles de diffusion, ont mené au concept des « inner » et<br />

« outer products » [4], deux types d’hydrates caractérisés par la cinétique de cristallisation et la<br />

densification progressive des précipités à la surface des grains de clinkers par rapport aux<br />

hydrates formés dans la pâte de ciment inter-granulaire [5]. La mesure de leurs différences de<br />

densités de matière a amené à les appeler respectivement « LD » (low density) et « HD » (high<br />

density) [6],,[7]. Plus récemment, les analyses menées d’un point de vue mécanique grâce aux<br />

méthodes de nano-indentation développées par F. Sorrentino [8], adaptées à une pâte cimentaire<br />

et perfectionnées (méthodes de préparation d’échantillons, interprétation) par F.J. Ulm [9], ont<br />

confirmé l’identification de deux populations d’hydrates aux performances mécaniques distinctes<br />

(module de Young, ténacité, raideur), comme le montrent les graphiques de la figure 1 cidessous,<br />

recoupant les caractéristiques physicochimiques en particulier à travers le calcul de la<br />

« packing density ».<br />

On ne parle pas, à cette échelle, des porosités microscopiques ou macroscopiques, liées à<br />

l’évaporation de l’eau ou aux micro-bulles d’air (tout comme les fissures et microfissures), ces<br />

artefacts de mesure étant éliminés lors de l’établissement de la « grille » d’indentation controlée<br />

au microscope (les indentations sont répétées à intervalles réguliers sur une surface donnée,<br />

constituant une grille d’environ 200 mesures) [10], [11].<br />

Lorsqu’on applique la même méthode à une matrice <strong>Ductal</strong> ® , on constate des différences<br />

fondamentales de répartition entre les différents types d’hydrates de basse et de haute densité,<br />

qui sont à l’origine des différences de compacité observées à l’échelle macro, comme on peut le<br />

voir sur la figure 2 ci-dessous (extraits des travaux menés en collaboration avec le MIT)<br />

Low density ~ 70 %<br />

High density ~ 30 %<br />

Frequency<br />

6<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

Experimental<br />

PDF<br />

Theoretical<br />

PDF<br />

1<br />

0<br />

0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1<br />

Packing Density, η<br />

3


Designing and Building with UHPFRC : State of the Art and Development<br />

Fig. 1 Characterics of nanoscale hydration products in an ordinary concrete matrix<br />

High density ~ 85 %<br />

Low density ~ 15 %<br />

Frequency<br />

12 6<br />

10 5<br />

48<br />

36<br />

24<br />

Experimental<br />

PDF<br />

Theoretical<br />

Theoretical<br />

PDF<br />

PDF<br />

12<br />

0<br />

0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1<br />

Packing Density, η<br />

Fig. 2 Characteristics of nanoscale hydration products in a <strong>Ductal</strong> ® matrix- E/C = 0.24<br />

Les derniers travaux tendent à montrer une troisième population aux performances mécaniques<br />

encore supérieures [12].<br />

Les niveaux de densité obtenus sont très au-delà d’un empilement de sphères et même<br />

d’empilements les plus optimisés comme des éléments ellipsoïdes [13], qui explique également<br />

les différences très grandes entre les caractéristiques de diffusion des ions par rapport à un béton.<br />

C’est à cette échelle que se jouent les propriétés exceptionnelles de ce matériau tant au plan<br />

mécanique (très faible coefficient de fluage, importantes résistances en compression) que<br />

résistance aux environnements les plus sévères, en limitant les porosités tant micro- que<br />

nanométriques.<br />

3.2. Les enjeux en termes de développement durable<br />

Les tests habituels de durabilité menés pendant plusieurs années sont à rapprocher du<br />

comportement observé avec maintenant pratiquement dix années de recul pour le BPR,<br />

précurseur des UHPFRC en particulier du <strong>Ductal</strong> ® .<br />

Les résultats sont très cohérents qui montrent, tant en ce qui concerne les poutres installées dans<br />

les aéro-réfrigérants de la centrale électrique de Cattenom (Fr) depuis 8 années que les pieux de<br />

tests installés sur une base américaines qui subissent depuis 12 ans deux fois par jour des cycles<br />

alternés d’immersion et retrait dans de l’eau de mer, qu’aucune dégradation n’est intervenue.<br />

Ces résultats permettent d’envisager une optimisation de l’utilisation du matériau à travers des<br />

designs adaptés qui tiennent compte des possibilités qui sont désormais ouvertes. De tels designs<br />

ont été approchés, mais les réglementations et codes de calculs actuels ne permettent pas d’aller<br />

aussi loin en termes d’optimisation que ne le laissent envisager tant la compréhension à la plus<br />

fine échelle du matériau que des ses performances macro. Un exemple connu est celui des<br />

épaisseurs, qui restent dans l’ambiguité d’un code définissant des minima d’enrobage qui ne sont<br />

pas pertinents dans le cas des UHPFRC.<br />

4


UHPFRC 2009 – November 17 th & 18 th – Marseille, France<br />

La capacité à maîtriser la mise en œuvre de ces matériaux est également un élément essentiel de<br />

la performance finale de l’ouvrage, car conditionne la durabilité de l’ouvrage bien au-delà de<br />

celle du matériau.<br />

Les caractéristiques environnementales du matériau sont trop souvent mises en avant qui peuvent<br />

laisser croire que la conception est du second ordre, comme si toutes les conceptions étaient<br />

optimales, comme si les caractéristiques spécifiques du matériau n’induisaient pas des<br />

contraintes qui rendent les solutions parfois difficiles à comparer comme nous allons le voir.<br />

Pour illustrer ce propos nous allons décrire les analyses effectuées sur deux types de projets : un<br />

ouvrage d’art et un concept de bâtiment résidentiel.<br />

Seule la démarche complète appliquée à l’ensemble de la réalisation, y compris ses phases<br />

préparatoires, permet d’évaluer une solution, comme le demandent de plus en plus souvent les<br />

maîtres d’œuvre.<br />

4. Description de l’analyse de cycle de vie du matériau « frais »<br />

L’analyse du cycle de vie d’une unité de volume (m 3 ) de <strong>Ductal</strong>® en sortie de malaxeur a été<br />

réalisée par Ecobilan 1 et prend en compte toutes les étapes de production et de transport depuis<br />

l’extraction des matières premières jusqu’à la préfabrication du béton, soit :<br />

- extraction et transport des matières premières utilisées : calcaire, argile, etc.<br />

- production des produits intermédiaires : ciment, sable, fines, ultrafines, fibres, adjuvants,<br />

énergies et eau,<br />

- transformations successives des différentes matières,<br />

- les approvisionnements de matières transformées (transport),<br />

- la fabrication du béton fini.<br />

L’ensemble des données a été collecté à partir des fournisseurs et prestataires concernés. Dans le<br />

cas de <strong>Ductal</strong> ® , une analyse fine et exhaustive a pu être menée, disposant en interne de tous les<br />

éléments nécessaires.<br />

D’un point de vue général, on soulignera toutefois qu’il existe parfois des incertitudes inhérentes<br />

à l’absence de « traçabilité » de certains composants en particulier concernant la capacité à<br />

identifier complètement le processus de transformation suivi pour les fabriquer, qui peut résulter<br />

de combinaisons de différents procédés, question que nous illustrons avec l’exemple des fers à<br />

béton.<br />

Les fers à béton sont quasiment exclusivement produits à partir d’acier et fers recyclés en four<br />

électrique et il se pose la question de quelle part des valeurs initiales des paramètres<br />

environnementaux (en particulier énergie primaire) est attribuée aux éléments recyclés, y<br />

compris transport (question des « allocations » suivant la terminologie ACV). Les valeurs<br />

attribuées à l’acier tiennent compte en général d’un taux de recyclage moyen des ferrailles, sans<br />

référence à la situation réelle précise de telle réalisation.<br />

En revanche, dans le cas des fibres utilisées dans <strong>Ductal</strong> ® , s’agissant d’une qualité d’acier à très<br />

forte résistance en traction, les aciers utilisés sont exempts de recyclage.<br />

Dans la comparaison de solutions, il convient donc de s’assurer que les valeurs prises en compte<br />

soient cohérentes pour chacun des composants à chaque étape de transformation entre les deux<br />

estimations.<br />

Les valeurs disponibles sur internet, ou auprès des organismes professionnels, sont rarement<br />

documentées de manière suffisamment précise pour permettre d’éviter ces écueils.<br />

Dans le cas du ciment et des autres composants utilisés dans l’étude présentée ci-dessous, tous<br />

les paramètres ont été mesurés sur chacune des étapes de transformation et en tenant compte de<br />

la localisation : l’impact des transports pouvant être important parfois prépondérant par rapport<br />

au contenu propre du matériau à l’instar des sables et granulats.<br />

1 Ecobilan entreprise établie depuis 1990, est spécialisée et leader en France des analyses ACV – (PriceWaterfhouseCoopers)<br />

5


Designing and Building with UHPFRC : State of the Art and Development<br />

Dans le cas de <strong>Ductal</strong> ® , il existe une gamme de produits permettant de répondre à des exigences<br />

de performances très différentes, soit pour des structures, soit pour des éléments de façade et<br />

parement, soit pour de la décoration.<br />

La variabilité en termes d’impacts environnementaux est importante, bien que certaines matières<br />

utilisées soient les mêmes. Elle tient essentiellement aux variations de composition :<br />

-<br />

-<br />

type et quantités de ciment,<br />

nature des fibres et renforts,<br />

- nature des granulats,<br />

- types et quantités d’adjuvants,<br />

- rapport E/C.<br />

Le graphique ci-dessous présente les résultats des évaluations faites sur 4 formulations<br />

différentes.<br />

1.00<br />

Form 1 Form 2 Form 3 Form 4<br />

0.80<br />

0.60<br />

0.40<br />

0.20<br />

0.00<br />

Energie primaire<br />

totale<br />

Changement<br />

climatique<br />

Epuisement des<br />

ressources<br />

abiotiques<br />

Acidification<br />

atmosphérique<br />

Eutrophisation de<br />

l'eau<br />

Fig. 3 Comparaison des ICV 2 de différentes formulations de <strong>Ductal</strong> ®<br />

Consommation<br />

d'eau totale<br />

Ces résultats tels que présentés peuvent induire des conclusions hâtives totalement erronées. Les<br />

usages envisagés pour ces différentes formulations sont très différents correspondant à des<br />

fonctionnalités des ouvrages différentes, qu’on ne peut comparer entre elles.<br />

L’analyse de cycle de vie se rapporte nécessairement à une unité fonctionnelle, à un système et à<br />

des frontières clairement définies, sortie de ce contexte elle n’a pas de sens.<br />

A noter également que les UHPFRC sont des matériaux émergents qui n’atteignent pas des<br />

volumes mis en œuvre comparables aux grands matériaux de construction tels les bétons<br />

ordinaires ou l’acier. Ceci induit un biais dans la comparaison entre UHPFRC et matériaux<br />

traditionnels qui, eux, bénéficient d’un effet d’échelle et d’expérience qui n’est pas pris en<br />

compte.<br />

5. Application de l’analyse de cycle de vie (ACV) à un ouvrage<br />

Nous proposons d’illustrer l’intérêt des UHPFRC dans la construction durable sur les deux<br />

exemples ci-dessous,<br />

- l’un dans le domaine du génie civil, comparant deux ponts qui représentent un type<br />

d’ouvrage très répandu (plus des deux tiers des ponts construits annuellement en France),<br />

2 ICV : inventaire du cycle de vie, résultat de l’analyse du cycle de vie (ACV)<br />

6


UHPFRC 2009 – November 17 th & 18 th – Marseille, France<br />

- l’un dans le domaine de la construction : un concept de maison réalisée à partir<br />

d’éléments préfabriqués.<br />

5.1. Analyse d’un pont routier<br />

L’ouvrage à l’étude est d’un pont standard de 30 m de portée - sans appui intermédiaire - à 2<br />

voies de circulation. La réalisation d’une ACV, qui a consisté en une comparaison<br />

environnementale de deux conceptions :<br />

- pont mixte (structure en acier avec tablier en béton) ;<br />

- pont en <strong>Ductal</strong>® (structure de poutre-tablier)<br />

a permis de prendre en compte, à l’échelle de l’ouvrage, les gains rendus possibles par la<br />

performance des matériaux UHPFRC, au niveau du mode constructif.<br />

5.1.1. Caractéristiques de l’ouvrage<br />

L’objectif était de comparer la solution la plus utilisée en France, le pont dit « mixte » constitué<br />

d’un treillis de poutrelles en acier et d’un tablier en béton traditionnel à une solution innovante<br />

réalisée en UHPFRC dont le design optimisé correspond à une forme en Pi. Ce sont donc des<br />

poutres-tablier assemblées par clavetage.<br />

Il existe plusieurs référence de ce type d’ouvrage en Amérique du Nord (Iowa, Virginia)<br />

5.1.2. Résultats et performances<br />

La comparaison est ici illustrée sur 3 critères :<br />

- Consommation d’énergie primaire totale ;<br />

- Contribution à l’effet de serre ;<br />

- Epuisement des ressources naturelles et énergétiques ;<br />

Pont mixte<br />

Pont <strong>Ductal</strong>®<br />

1.00<br />

0.80<br />

0.60<br />

0.40<br />

0.20<br />

0.00<br />

Energie primaire totale Changement climatique Epuisement des ressources<br />

abiotiques<br />

Fig. 4 Comparaison de l’impact environnemental des deux conceptions de Ponts<br />

7


Designing and Building with UHPFRC : State of the Art and Development<br />

Réalisée dans le cadre d’hypothèses réalistes concernant l’extraction, la production des<br />

matériaux, le transport, la construction, la maintenance et la fin de vie, les conclusions de l’ACV<br />

sont sans appel. Le pont en <strong>Ductal</strong>® se révèle largement plus performant en termes d'empreinte<br />

environnementale qu'un pont mixte, en particulier à travers la forte réduction sur les quantités de<br />

matériaux mises en œuvre.<br />

5.2. Concept de maison individuelle préfabriquée<br />

L’objectif de cette étude était d’évaluer le potentiel d’amélioration des performances<br />

environnementales d’une maison individuelle intégrant des éléments préfabriqués en UHPFRC<br />

par rapport à la construction traditionnelle.<br />

5.2.1. Présentation<br />

Nous avons donc comparé les impacts sur l’environnement de deux maisons individuelles.<br />

Dans les deux cas, il s’agit de bâtiments situés en région parisienne de 100 m², de plein pied, de<br />

distributions intérieures similaires, assurant la fonction de résidence principale sur l’année et<br />

garantissant les mêmes conditions de confort thermique et acoustique.<br />

Le détail de la solution traditionnelle est porté ci-dessous :<br />

- Fondations : semelles filantes en béton traditionnel coulé en place ;<br />

- Plancher sur vide sanitaire : type poutrelles béton et entrevous en PSE ;<br />

- Murs extérieurs et porteurs : blocs béton isolés par l’intérieur (Complexe de doublage<br />

plaque de plâtre + PSE 80 mm ; résistance thermique de 2.15 K.m²/W)<br />

- Cloisons : plaques de plâtre isolées acoustiquement ;<br />

- Toiture traditionnelle : couverture en tuiles terre cuite sur charpente bois et isolée par<br />

laine minérale ;<br />

La maison conçue à partir d’éléments préfabriqués modulaires repose quant à elle sur le principe<br />

d’une ossature en UHPFRC ; Le mur est réalisé selon le concept de « sandwich » intégrant une<br />

peau extérieure en UHPFRC, une épaisseur d’isolant thermique et acoustique et une plaque de<br />

plâtre pour la finition, côté intérieur.<br />

Ces deux habitations ont été dimensionnées pour atteindre rigoureusement la même performance<br />

énergétique, satisfaisant à la règlementation thermique française actuelle (RT2005). Leur besoin<br />

de chauffage s’élève à 80 kWh/m 2 .an, soit une consommation conventionnelle d’énergie<br />

primaire de l’ordre de 115 kWh/m².an (chauffage et eau chaude sanitaire au gaz). Une<br />

performance énergétique nettement supérieure aurait pu être atteinte dans les deux cas mais<br />

l’objectif de l’étude n’était pas là. Il s’agissait bien d’évaluer l’apport éventuel d’un matériau<br />

innovant comme l’UHPFRC.<br />

Dans cette analyse de cycle de vie, aucun équipement (chaudière, radiateurs, … ordinateurs, etc.)<br />

ou élément de finition n’a été pris en compte car ces éléments ne sont pas discriminants entre les<br />

deux conceptions proposées.<br />

Les données environnementales utilisées sont issues des FDES (fiches de déclaration<br />

environnementales et sanitaires) répertoriées sur la base INIES du CSTB et de la base de<br />

données Ecobilan pour le <strong>Ductal</strong>®.<br />

5.2.2. Résultats et performances<br />

La comparaison est menée sur la base des 4 critères principaux :<br />

- Consommation d’énergie primaire totale ;<br />

- Contribution à l’effet de serre ;<br />

- Epuisement des ressources naturelles et énergétiques ;<br />

8


UHPFRC 2009 – November 17 th & 18 th – Marseille, France<br />

- Acidification de l’air ;<br />

La comparaison met en évidence un écart important de l’ordre de 18 à 30 %.<br />

Pour illustrer ce propos, un élément très visible et significatif est la réduction de la masse des<br />

matériaux mis en œuvre pour la partie béton : 65 tonnes en traditionnel contre 19 tonnes de<br />

<strong>Ductal</strong> ® , soit un facteur de réduction supérieur à trois.<br />

(Ce comparatif est assez conservatif, par exemple l’impact de la réduction des masses de béton<br />

n’a pas été pris en compte dans le dimensionnement des fondations).<br />

Maison traditionnelle<br />

Concept <strong>Ductal</strong>®<br />

1.00<br />

0.80<br />

0.60<br />

0.40<br />

0.20<br />

0.00<br />

Energie primaire<br />

totale<br />

Changement<br />

climatique<br />

Fig. 5 Comparaison de l’impact environnemental sur 4 critères<br />

(sur les phases de production des matériaux et construction de la maison, l’usage étant identique)<br />

5.2.3. Compléments et autres leviers potentiels<br />

Si on observe la contribution des différents éléments fonctionnels de la maison, il apparait que<br />

les murs sont relativement peu discriminants en première analyse – ce qui est prévisible étant<br />

donné qu’on peut assez facilement aligner les performances de ces deux systèmes, toutefois le<br />

système constructif reposant sur des murs « sandwich » réalisés en usines permet d’atteindre une<br />

haute performance en étanchéité à l’air. Les déperditions liées à la perméabilité à l’air d’un<br />

logement peuvent atteindre 20 à 30 kWh/m 2 .an ce qui reviendrait, sur l’exemple analysé cidessus,<br />

à une augmentation de 17 à 26 % de la consommation énergétique totale.<br />

Le système de plancher est beaucoup plus différenciant : le matériau offre en effet la possibilité<br />

d’atteindre une performance difficilement accessible dans la construction traditionnelle.<br />

Un enjeu important, non intégré dans ces résultats mais qui renforce la pertinence d’une solution<br />

préfabriquée en <strong>Ductal</strong> ® , est celui du mode de mise en œuvre :<br />

- la construction traditionnelle fait appel à une multitude d’intervenants chargés<br />

d’approvisionner et installer des éléments sans optimisation : les différents corps de<br />

métiers qui ne sont pas présents simultanément sur le chantier, sans parler des aléas, ce qui<br />

induit une fragmentation très importante des transports relatifs à ces éléments. Un rapide<br />

9<br />

Epuisement des<br />

ressources<br />

abiotiques<br />

Acidification<br />

atmosphérique


Designing and Building with UHPFRC : State of the Art and Development<br />

calcul sur ces bases montre que l’impact sur la performance globale est très significatif,<br />

entre 15 et 30 %.<br />

- Par l’utilisation de modules préfabriqués en usine et assemblés sur place en un nombre très<br />

limité d’opérations, on introduit une importante rationalisation du chantier qui conduit à<br />

une amélioration non seulement de l’impact environnemental direct, mais également de la<br />

qualité de la construction.<br />

6. Remerciements<br />

Nous remercions ici tous ceux qui ont contribué par leurs connaissances et<br />

leurs travaux à établir ces résultats, en particulier P. Acker, M. Behloul, G.<br />

Chanvillard, les Professeurs H. Jennings et F.J. Ulm, les professeurs du<br />

master « Science des matériaux pour la Construction durable » de l’Ecole<br />

des Ponts et de l’Ecole Polytechnique, en particulier Hélène<br />

Teulon.Références<br />

[1] W. C. Oliver, G. M. Pharr, “An improved technique for determining hardness and elastic<br />

modulus using load and displacement sensing indentation experiment”, J. Mater. Res. 7 (6),<br />

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