Le repreneuriat d´entreprise en Wallonie et Belgique - IWEPS
Le repreneuriat d´entreprise en Wallonie et Belgique - IWEPS
Le repreneuriat d´entreprise en Wallonie et Belgique - IWEPS
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Discussion Papers<br />
N°1006<br />
LE REPRENEURIAT D’ENTREPRISE<br />
EN WALLONIE ET EN BELGIQUE :<br />
LES ENSEIGNEMENTS DE DIX ANS<br />
DE RECHERCHE EMPIRIQUE<br />
par<br />
Jean-Luc GUYOT<br />
Septembre 2010
N°1006<br />
LE REPRENEURIAT D’ENTREPRISE EN WALLONIE<br />
ET EN BELGIQUE :<br />
LES ENSEIGNEMENTS DE DIX ANS DE<br />
RECHERCHE EMPIRIQUE<br />
par<br />
Jean-Luc GUYOT<br />
Septembre 2010
<strong>Le</strong> <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> d’<strong>en</strong>treprise <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> <strong>et</strong> <strong>en</strong><br />
<strong>Belgique</strong> :<br />
les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts de dix ans de recherche<br />
empirique<br />
Jean-Luc GUYOT 1<br />
<strong>IWEPS</strong> 2<br />
Résumé : Dans le cadre d’un programme de travail sur le <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> <strong>en</strong><br />
<strong>Wallonie</strong> développé par l’<strong>IWEPS</strong> <strong>et</strong> l’Institut Destrée, le prés<strong>en</strong>t Discussion<br />
Paper examine la littérature sci<strong>en</strong>tifique réc<strong>en</strong>te relative à ce suj<strong>et</strong> <strong>en</strong><br />
<strong>Belgique</strong> <strong>et</strong> <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong>. Plus d’une vingtaine de publications est ainsi<br />
abordée <strong>et</strong> synthétisée, l’objectif étant d’apporter des réponses aux<br />
questions suivantes : (a) la transmission d’<strong>en</strong>treprise est-elle, ou va-t-elle<br />
constituer un problème de nature macro économique <strong>et</strong> sociale <strong>en</strong><br />
<strong>Wallonie</strong> ? (b) le cas échéant, est-il possible d’id<strong>en</strong>tifier l’ampleur <strong>et</strong> les<br />
origines de ce problème ? (c) quelles sont ou quelles serai<strong>en</strong>t les<br />
conséqu<strong>en</strong>ces de ce problème sur l’économie <strong>et</strong> la société wallonne ? <strong>Le</strong>s<br />
textes étudiés font preuve d’une grande diversité de propos mais peuv<strong>en</strong>t<br />
être regroupés <strong>en</strong> quatre catégories.<br />
La première regroupe des études réalisées à un niveau global avec une<br />
préoccupation prioritairem<strong>en</strong>t descriptive. L’objectif est de brosser le<br />
tableau de la situation <strong>en</strong> matière de <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> à une large échelle<br />
géographique. Dans c<strong>et</strong>te optique, les chercheurs recour<strong>en</strong>t, le plus<br />
souv<strong>en</strong>t, à des données quantifiées <strong>et</strong> traitées statistiquem<strong>en</strong>t.<br />
1<br />
L’auteur remercie Frédéric Caruso <strong>et</strong> Daniel Defays pour leur relecture critique de<br />
la première version de ce texte <strong>et</strong> leurs suggestions.<br />
2<br />
Institut Wallon de l’évaluation, de la prospective <strong>et</strong> des statistiques.<br />
3
<strong>Le</strong> deuxième groupe se focalise sur le processus de transmission au sein<br />
des <strong>en</strong>treprises <strong>et</strong> les conséqu<strong>en</strong>ces qui <strong>en</strong> résult<strong>en</strong>t sur les performances<br />
de celles-ci. <strong>Le</strong> niveau d’analyse privilégié ici est donc le niveau méso. <strong>Le</strong>s<br />
méthodologies y sont de nature quantitative <strong>et</strong> font la part belle aux<br />
traitem<strong>en</strong>ts statistiques <strong>et</strong> économétriques.<br />
La troisième vise les outils d’évaluation de l’<strong>en</strong>treprise offerte à la<br />
transmission. Celle-ci est-elle intéressante pour le candidat repr<strong>en</strong>eur <strong>et</strong><br />
lui offre-t-elle des pot<strong>en</strong>tialités de développem<strong>en</strong>t ? Telles sont les<br />
questions c<strong>en</strong>trales débattues par les textes regroupés dans ce groupe, <strong>et</strong><br />
ce dans une optique plutôt qualitative.<br />
La dernière est celle où le regard sociologique est le plus appuyé. <strong>Le</strong>s<br />
articles se cantonn<strong>en</strong>t aux <strong>en</strong>treprises familiales <strong>et</strong> privilégi<strong>en</strong>t l’exam<strong>en</strong><br />
des acteurs impliqués lorsque se pose la question de la transmission de<br />
l’<strong>en</strong>treprise. S’inscrivant dans un paradigme compréh<strong>en</strong>sif plutôt<br />
qu’explicatif, ces recherches activ<strong>en</strong>t les méthodes qualitatives <strong>et</strong><br />
procèd<strong>en</strong>t avant tout par <strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>s.<br />
<strong>Le</strong>s recherches examinées apport<strong>en</strong>t certains élém<strong>en</strong>ts de réponse aux<br />
questions initiales, principalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ce qui concerne l’âge des dirigeants<br />
d’<strong>en</strong>treprise, le nombre d’<strong>en</strong>treprises à rem<strong>et</strong>tre <strong>et</strong> les modalités de<br />
transmission.<br />
Plusieurs travaux indiqu<strong>en</strong>t que la population des chefs d’<strong>en</strong>treprise est<br />
relativem<strong>en</strong>t âgée, ce qui induira, dans un terme relativem<strong>en</strong>t court,<br />
l’afflux important d’<strong>en</strong>treprises à rem<strong>et</strong>tre sur le marché de la transmission<br />
<strong>et</strong> donc à un niveau d’offre plus élevé que ce que la <strong>Wallonie</strong> <strong>et</strong> la <strong>Belgique</strong><br />
ont connu dans le passé. Pour ce qui est du volume de l’offre d’<strong>en</strong>treprises<br />
à transm<strong>et</strong>tre dans le court terme, un taux annuel d’<strong>en</strong>trée sur le marché<br />
de 3% du volume total du parc existant est généralem<strong>en</strong>t admis<br />
Plusieurs recherches décèl<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t un manque de préparation à la<br />
transmission chez les dirigeants d’<strong>en</strong>treprise, plus ou moins important<br />
selon les sources, ce qui pourrait être à l’origine de complications<br />
préjudiciables à la transmission des <strong>en</strong>treprises <strong>et</strong>, si le phénomène<br />
perdurait, induire, par agrégation, des conséqu<strong>en</strong>ces fâcheuses <strong>et</strong> non<br />
négligeables pour l’économie wallonne, du moins à terme.<br />
Pour ce qui est de l’état de la demande sur le marché de la transmission,<br />
les résultats relatifs aux <strong>en</strong>treprises familiales indiqu<strong>en</strong>t que la<br />
4
transmission par succession demeure le modèle dominant mais qu’il ne<br />
caractérise pas la totalité de ces <strong>en</strong>treprises. Dans la mesure où aucune<br />
recherche ne propose d’analyses longitudinales, il est impossible<br />
d’id<strong>en</strong>tifier l’évolution de la prégnance de ce modèle.<br />
Face à nos questions de départ, le caractère incompl<strong>et</strong> des réponses<br />
trouvées dans la littérature, malgré leur intérêt, nous oblige à poursuivre<br />
nos investigations.<br />
5
Table des matières<br />
Introduction...............................................................................................9<br />
1. La recherche sur le <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong> <strong>et</strong> <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> :<br />
t<strong>en</strong>dances générales.......................................................................10<br />
2. Etats des lieux nationaux <strong>et</strong> régionaux ............................................11<br />
3. Modalités de transmission <strong>et</strong> évolution de l’<strong>en</strong>treprise ....................33<br />
4. Transmission <strong>et</strong> évaluation stratégique de l’<strong>en</strong>treprise ....................44<br />
5. <strong>Le</strong>s acteurs de la transmission dans l’<strong>en</strong>treprise familiale...............47<br />
6. Quel bilan tirer ? .............................................................................62<br />
Conclusions.............................................................................................66<br />
Bibliographie...........................................................................................69<br />
Dans la même collection .........................................................................73<br />
7
Introduction<br />
<strong>Le</strong> vieillissem<strong>en</strong>t de la population des dirigeants d’<strong>en</strong>treprise <strong>et</strong> les<br />
conséqu<strong>en</strong>ces qui pourrai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> découler sur le plan de l’activité<br />
économique <strong>et</strong> sur celui de l’emploi sont, comme nous l’avons montré<br />
dans une publication réc<strong>en</strong>te (Guyot J.L., Van Cutsem M., 2010), au cœur<br />
de nombreuses préoccupations, que ce soit au niveau europé<strong>en</strong>, national<br />
ou régional. La question du <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> d’<strong>en</strong>treprise est ainsi considérée<br />
comme un <strong>en</strong>jeu majeur des prochaines années. C’est dans ce contexte<br />
qu’un programme de recherche à vocation prospective sur c<strong>et</strong>te<br />
problématique a été mis <strong>en</strong> œuvre par l’<strong>IWEPS</strong>, <strong>en</strong> collaboration,<br />
notamm<strong>en</strong>t, avec l’Institut Destrée. Ce programme vise, dans un premier<br />
temps, à répondre à trois interrogations :<br />
a) La transmission d’<strong>en</strong>treprise est-elle, ou va-t-elle constituer un<br />
problème de nature macro économique <strong>et</strong> sociale <strong>en</strong> <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> ?<br />
b) <strong>Le</strong> cas échéant, est-il possible d’id<strong>en</strong>tifier l’ampleur <strong>et</strong> les origines<br />
de ce problème ?<br />
c) Quelles sont ou quelles serai<strong>en</strong>t les conséqu<strong>en</strong>ces de ce problème<br />
sur l’économie <strong>et</strong> la société wallonne ?<br />
<strong>Le</strong> prés<strong>en</strong>t Discussion Paper s’inscrit dans ce programme <strong>et</strong> t<strong>en</strong>te de<br />
réaliser l’inv<strong>en</strong>taire <strong>et</strong> le bilan des diverses recherches développées au<br />
suj<strong>et</strong> de la transmission <strong>et</strong> de la reprise d’<strong>en</strong>treprise dans notre pays ou<br />
dans notre région.<br />
C<strong>et</strong> objectif sera poursuivi <strong>en</strong> intégrant deux limites. D’une part, nos<br />
investigations bibliographiques se cantonneront, à la littérature<br />
sci<strong>en</strong>tifique. Nous ne considérerons donc pas la presse d’opinion, bi<strong>en</strong> que<br />
celle-ci puisse faire référ<strong>en</strong>ce à des travaux sci<strong>en</strong>tifiques, comme c’est le<br />
cas de l’article de De Wasseige J. (2005) ou dans celui de Delhove F.<br />
(2008). D’autre part, nous nous limiterons à la littérature réc<strong>en</strong>te <strong>et</strong>, dès<br />
lors, n’examinerons pas les productions antérieures à l’an 2000, comme,<br />
par exemple, les articles de Bragard L., Van Caillie D. <strong>et</strong> Lambrecht Cl.<br />
(1996). Ces restrictions étant explicitées, nous pouvons à prés<strong>en</strong>t<br />
prés<strong>en</strong>ter les résultats de notre travail.<br />
9
1. La recherche sur le <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong> <strong>et</strong> <strong>en</strong><br />
<strong>Wallonie</strong> : t<strong>en</strong>dances générales<br />
Il est malaisé de comparer la quantité de recherches m<strong>en</strong>ées sur le thème<br />
du <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> <strong>et</strong> <strong>Belgique</strong> avec ce qui est observable dans<br />
d’autres pays. Néanmoins, l’exam<strong>en</strong> de la littérature perm<strong>et</strong> de constater<br />
que les chercheurs locaux ne sont pas inactifs. Dans le cadre des limites<br />
que nous nous sommes fixées, nous avons <strong>en</strong> eff<strong>et</strong> id<strong>en</strong>tifié plus d’une<br />
vingtaine de publications pertin<strong>en</strong>tes.<br />
Celles-ci sont le fruit de différ<strong>en</strong>tes disciplines, surtout la sociologie <strong>et</strong> les<br />
sci<strong>en</strong>ces de la gestion. <strong>Le</strong>s niveaux d’approche sont diversifiés, de l’étude<br />
de cas à la comparaison de systèmes régionaux <strong>et</strong> nationaux. <strong>Le</strong>s<br />
méthodologies adoptées font égalem<strong>en</strong>t preuve d’une grande diversité<br />
puisqu’on r<strong>en</strong>contre à la fois des démarches qualitatives, principalem<strong>en</strong>t<br />
axées sur l’analyse d’<strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>s, <strong>et</strong> des démarches quantitatives, recourant<br />
à des <strong>en</strong>quêtes par questionnaire <strong>et</strong> donnant lieu, dans certains cas, à des<br />
traitem<strong>en</strong>ts statistiques relativem<strong>en</strong>t poussés.<br />
Au vu de c<strong>et</strong>te grande hétérogénéité, nous avons choisi de regrouper les<br />
textes <strong>en</strong> quatre catégories.<br />
La première regroupe des études réalisées à un niveau global,<br />
international, national ou régional, avec une préoccupation prioritairem<strong>en</strong>t<br />
descriptive. <strong>Le</strong>ur objectif est <strong>en</strong> eff<strong>et</strong> de brosser le tableau de la situation<br />
<strong>en</strong> matière de <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> à une large échelle géographique <strong>et</strong> de dresser<br />
un bilan le plus compl<strong>et</strong> possible. Dans c<strong>et</strong>te optique, les chercheurs, le<br />
plus souv<strong>en</strong>t, recour<strong>en</strong>t à des données quantifiées <strong>et</strong> traitées<br />
statistiquem<strong>en</strong>t.<br />
<strong>Le</strong> deuxième groupe de publications se focalise sur le processus de<br />
transmission observable au sein des <strong>en</strong>treprises <strong>et</strong> les conséqu<strong>en</strong>ces qui<br />
<strong>en</strong> résult<strong>en</strong>t sur les performances de celles-ci. <strong>Le</strong> niveau d’analyse<br />
privilégié ici est donc le niveau méso, à la différ<strong>en</strong>ce de celui de la<br />
première catégorie, macro. <strong>Le</strong>s méthodologies y sont de nature<br />
quantitative <strong>et</strong> font la part belle aux traitem<strong>en</strong>ts statistiques <strong>et</strong><br />
économétriques.<br />
La troisième classe de publications vise, <strong>en</strong> quelque sorte, les outils<br />
d’évaluation de l’<strong>en</strong>treprise offerte à la transmission. Celle-ci est-elle<br />
10
intéressante pour le candidat repr<strong>en</strong>eur <strong>et</strong> lui offre-t-elle des pot<strong>en</strong>tialités<br />
de développem<strong>en</strong>t ? Telles sont les questions c<strong>en</strong>trales débattues par les<br />
textes regroupés dans ce groupe, <strong>et</strong> ce dans une optique plutôt qualitative.<br />
<strong>Le</strong> dernier <strong>en</strong>semble est sans doute celui où le regard sociologique est le<br />
plus appuyé. <strong>Le</strong>s articles qui le constitu<strong>en</strong>t se cantonn<strong>en</strong>t tous aux<br />
<strong>en</strong>treprises familiales <strong>et</strong> privilégi<strong>en</strong>t l’exam<strong>en</strong> des acteurs qui sont<br />
impliqués lorsque la question de la transmission de l’<strong>en</strong>treprise se pose au<br />
sein de celle-ci <strong>et</strong> de la famille. S’inscrivant dans un paradigme<br />
compréh<strong>en</strong>sif plutôt qu’explicatif, ces recherches activ<strong>en</strong>t les méthodes<br />
qualitatives <strong>et</strong> procèd<strong>en</strong>t avant tout par <strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>s.<br />
<strong>Le</strong>s textes examinés abord<strong>en</strong>t donc bon nombre de fac<strong>et</strong>tes du<br />
phénomène repr<strong>en</strong>eurial. Ils ne se limit<strong>en</strong>t pas à l’obj<strong>et</strong> qui nous mobilise,<br />
à savoir le caractère problématique du <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> wallon d’un point de<br />
vue macro socio-économique. Nous n’avons d’ailleurs r<strong>en</strong>contré aucun<br />
travail de nature intrinsèquem<strong>en</strong>t prospective <strong>et</strong>, de plus, quasi aucune<br />
recherche n’évalue explicitem<strong>en</strong>t les conséqu<strong>en</strong>ces macro-économiques<br />
<strong>et</strong> sociales du vieillissem<strong>en</strong>t de la population des dirigeants d’<strong>en</strong>treprise <strong>et</strong><br />
des év<strong>en</strong>tuelles difficultés relatives à la dynamique repr<strong>en</strong>euriale.<br />
Cep<strong>en</strong>dant, du point de vue de nos questions initiales, les recherches<br />
examinées apport<strong>en</strong>t des élém<strong>en</strong>ts de réponse, principalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ce qui<br />
concerne l’âge des dirigeants d’<strong>en</strong>treprise, le nombre d’<strong>en</strong>treprises à<br />
rem<strong>et</strong>tre <strong>et</strong> les modalités de transmission. Ces élém<strong>en</strong>ts sont toutefois<br />
relativem<strong>en</strong>t parcellaires. En outre, les publications port<strong>en</strong>t le plus souv<strong>en</strong>t<br />
sur des sous-<strong>en</strong>sembles d’<strong>en</strong>treprises, notamm<strong>en</strong>t les <strong>en</strong>treprises<br />
familiales, ce qui limite leur portée.<br />
Considérons à prés<strong>en</strong>t chacun des docum<strong>en</strong>ts des quatre catégories que<br />
nous avons établies.<br />
2. Etats des lieux nationaux <strong>et</strong> régionaux<br />
C<strong>et</strong>te première catégorie regroupe le plus grand nombre d’articles. Comme<br />
expliqué précédemm<strong>en</strong>t, leur finalité est descriptive dans la mesure où ils<br />
vis<strong>en</strong>t principalem<strong>en</strong>t à réaliser un bilan d’une situation régionale ou<br />
nationale <strong>en</strong> matière de <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong>. <strong>Le</strong> registre majeur est donc celui du<br />
constat. Celui-ci porte, le plus fréquemm<strong>en</strong>t, sur les caractéristiques des<br />
11
populations concernées, le degré <strong>et</strong> les stratégies de préparation des chefs<br />
d’<strong>en</strong>treprises, les sources de difficultés <strong>et</strong> les dispositifs de facilitation.<br />
LAVEREN E., BISSCHOPS M. (2004) : la transmission d’<strong>en</strong>treprise <strong>en</strong><br />
Flandres<br />
Ces deux auteurs ont publié, <strong>en</strong> 2004, les résultats d’une étude<br />
quantitative sur les <strong>en</strong>treprises familiales <strong>en</strong> Flandres. La problématique de<br />
la transmission, <strong>en</strong>tre autres, y est abordée. <strong>Le</strong>s données pour c<strong>et</strong>te<br />
recherche empirique ont été réunies à l'aide d'une <strong>en</strong>quête m<strong>en</strong>ée auprès<br />
de 99 dirigeants d’<strong>en</strong>treprise familiale. Nous pointerons les principaux<br />
élém<strong>en</strong>ts mis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> ce qui concerne la thématique qui nous<br />
mobilise.<br />
L’âge moy<strong>en</strong> de ces dirigeants est de 51,1 ans <strong>et</strong>, <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne, ils<br />
occup<strong>en</strong>t la position de dirigeant dans leur <strong>en</strong>treprise depuis 19,5 ans.<br />
<strong>Le</strong>s auteurs soulign<strong>en</strong>t que près de la moitié des répondants déclar<strong>en</strong>t que<br />
le repr<strong>en</strong>eur ne doit pas nécessairem<strong>en</strong>t prov<strong>en</strong>ir de la famille <strong>et</strong> que 47%<br />
d’<strong>en</strong>tre eux sont assez d'accord ou <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t d'accord avec l'argum<strong>en</strong>t<br />
que les parts de la société familiale doiv<strong>en</strong>t être transférées uniquem<strong>en</strong>t<br />
aux membres de la famille. De plus, 28% des répondants estim<strong>en</strong>t que ces<br />
parts doiv<strong>en</strong>t rev<strong>en</strong>ir aux seuls membres de la famille actifs dans<br />
l’<strong>en</strong>treprise. <strong>Le</strong>s auteurs m<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t <strong>en</strong> exergue le fait que c<strong>et</strong>te attitude peut<br />
être à l’origine de problèmes <strong>et</strong> de frictions au sein de la famille lors de la<br />
transition. Elle <strong>en</strong>ferme égalem<strong>en</strong>t les membres de la famille dans un choix<br />
de carrière très limité.<br />
Par ailleurs, alors que, dans 45% des cas, on ne s’est pas <strong>en</strong>core occupé<br />
de la succession 55% des <strong>en</strong>treprises familiales de l’échantillon ont déjà<br />
comm<strong>en</strong>cé à planifier la transmission, dont 36% connaiss<strong>en</strong>t déjà le<br />
successeur <strong>et</strong> 19% pas. En ce qui concerne les proj<strong>et</strong>s de transmission,<br />
les réponses des dirigeants qui étai<strong>en</strong>t déjà décidés sur la question se<br />
v<strong>en</strong>til<strong>en</strong>t de la sorte : 65% des <strong>en</strong>treprises serai<strong>en</strong>t transmises aux<br />
<strong>en</strong>fants, 10% à la famille élargie, 2% aux salariés <strong>et</strong> 23% à un repr<strong>en</strong>eur<br />
externe. Fait étonnant, dans la catégorie des dirigeants âgés de 25 à 35<br />
ans, un tiers est déjà impliqué dans un processus de transmission. C<strong>et</strong>te<br />
proportion s’élève à 79% pour les dirigeants âgés de 56 ans <strong>et</strong> plus.<br />
12
Pour ce qui est des <strong>en</strong>treprises où le futur repr<strong>en</strong>eur est déjà connu (soit<br />
chez 36% des répondants), la moy<strong>en</strong>ne d’âge des repr<strong>en</strong>eurs est de 33<br />
ans <strong>et</strong> 17% des repr<strong>en</strong>eurs sont des femmes. De plus, dans 83% des cas,<br />
le repr<strong>en</strong>eur fait partie de la famille <strong>et</strong> 85% ont suivi au moins un<br />
<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t supérieur.<br />
<strong>Le</strong>s dirigeants ne prov<strong>en</strong>ant pas de la famille disposai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne<br />
d’une formation d’un niveau supérieur à celles des dirigeants prov<strong>en</strong>ant de<br />
la famille. En moy<strong>en</strong>ne, le repr<strong>en</strong>eur a travaillé antérieurem<strong>en</strong>t 7,5 années<br />
dans l’<strong>en</strong>treprise qu’il repr<strong>en</strong>d. Dans 57% des cas, il possède une<br />
expéri<strong>en</strong>ce de travail acquise <strong>en</strong> dehors de celle-ci. De plus, c<strong>et</strong>te<br />
expéri<strong>en</strong>ce est significativem<strong>en</strong>t plus longue chez les repr<strong>en</strong>eurs externes,<br />
d’une part, <strong>et</strong> chez les repr<strong>en</strong>eurs de g<strong>en</strong>re masculin, d’autre part.<br />
Commission europé<strong>en</strong>ne – DGEI (2006) : les marchés pour la transmission<br />
d’<strong>en</strong>treprises<br />
En 2006, un groupe d’experts mandatés par la Commission europé<strong>en</strong>ne<br />
(Direction générale Entreprises <strong>et</strong> Industrie) publie un rapport sur les<br />
marchés pour la transmission d’<strong>en</strong>treprise. Celui-ci conti<strong>en</strong>t un certain<br />
nombre d’informations relatives à la <strong>Belgique</strong> <strong>et</strong> à ses régions. Il prés<strong>en</strong>te<br />
égalem<strong>en</strong>t quelques données de cadrage intéressantes, de même qu’une<br />
série de constats transversaux.<br />
Premièrem<strong>en</strong>t, sur le plan conceptuel, le rapport propose une série de<br />
définitions précises. La transmission d’<strong>en</strong>treprise est définie comme étant<br />
« le transfert de la propriété d’une <strong>en</strong>treprise à une autre personne ou<br />
<strong>en</strong>treprise, étant <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du que l’<strong>en</strong>treprise initiale poursuit son activité »<br />
(Commission europé<strong>en</strong>ne, 2006 : 9). Selon les auteurs, le plus souv<strong>en</strong>t,<br />
dans les p<strong>et</strong>ites <strong>et</strong> moy<strong>en</strong>nes <strong>en</strong>treprises, la transmission s’accompagne<br />
d’un transfert des fonctions de direction. Dans le cas des sociétés<br />
anonymes, la situation serait plus floue : « habituellem<strong>en</strong>t, si au moins<br />
51% des parts d’une société anonyme non cotée <strong>en</strong> Bourse chang<strong>en</strong>t de<br />
mains, on parlera égalem<strong>en</strong>t de transfert. Dans le cas des sociétés<br />
anonymes cotées <strong>en</strong> Bourse, un changem<strong>en</strong>t de propriété d’actions ne<br />
sera pas considéré comme un transfert <strong>en</strong> raison de la distinction générale<br />
qui est faite <strong>en</strong>tre direction <strong>et</strong> propriété de ces sociétés » (Commission<br />
europé<strong>en</strong>ne, 2006 : 9). De plus, une succession est définie comme étant<br />
13
une transmission au sein d’une famille, habituellem<strong>en</strong>t des par<strong>en</strong>ts aux<br />
<strong>en</strong>fants. Parmi les autres formes de transmission, le rapport cite le rachat<br />
par les cadres <strong>et</strong> la v<strong>en</strong>te à un tiers. <strong>Le</strong> cédant est le propriétaire <strong>en</strong> place<br />
qui transm<strong>et</strong> l’<strong>en</strong>treprise au repr<strong>en</strong>eur.<br />
Deuxièmem<strong>en</strong>t, les auteurs m<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t <strong>en</strong> avant quelques chiffres. De 2006 à<br />
2016, un tiers des chefs d’<strong>en</strong>treprise europé<strong>en</strong>s quitteront leurs fonctions.<br />
On estime que jusqu’à 690.000 <strong>en</strong>treprises, une majorité de PME,<br />
représ<strong>en</strong>tant 2,8 millions d’emplois, devront être transmises à un nouveau<br />
propriétaire chaque année.<br />
Bi<strong>en</strong> qu’il n’existe pas de données complètes <strong>et</strong> comparables sur la<br />
transmission d’<strong>en</strong>treprise pour l’<strong>en</strong>semble de l’Union, les chiffres<br />
disponibles dans les pays membres confirm<strong>en</strong>t ces estimations globales :<br />
<strong>en</strong> Allemagne, quelque 700.000 <strong>en</strong>treprises à transm<strong>et</strong>tre dans les 10 ans,<br />
<strong>en</strong> France, 600.000, aux Pays-Bas, 80.000, <strong>en</strong> Suède, <strong>en</strong>tre 45.000 <strong>et</strong><br />
50.000, <strong>en</strong> Finlande, 60.000…<br />
En Italie, près de 42% des chefs d’<strong>en</strong>treprise ont plus 50 ans, <strong>et</strong> quelque<br />
8% dépass<strong>en</strong>t les 70 ans. Selon les estimations, <strong>en</strong>viron 50.000<br />
<strong>en</strong>treprises devront être transmises annuellem<strong>en</strong>t au cours des prochaines<br />
années. De même, 23% des <strong>en</strong>treprises autrichi<strong>en</strong>nes devrai<strong>en</strong>t faire<br />
l’obj<strong>et</strong> d’un transfert <strong>en</strong>tre 2004-2013. En Roumanie, on estime à 46.000<br />
le nombre de p<strong>et</strong>ites <strong>en</strong>treprises (sur un total de 403.000) appart<strong>en</strong>ant à<br />
des personnes âgées de plus de 55 ans.<br />
Par ailleurs, bi<strong>en</strong> que la transmission d’<strong>en</strong>treprise intrafamiliale reste<br />
majoritaire, le nombre de transmissions à des tiers serait <strong>en</strong> augm<strong>en</strong>tation<br />
<strong>et</strong> il convi<strong>en</strong>drait donc de faciliter la mise <strong>en</strong> relation des cédants <strong>et</strong> des<br />
repr<strong>en</strong>eurs pot<strong>en</strong>tiels afin de favoriser la réussite de la transmission<br />
d’<strong>en</strong>treprise <strong>en</strong> Europe. Cep<strong>en</strong>dant, les outils mis <strong>en</strong> place pour faciliter<br />
c<strong>et</strong>te mise <strong>en</strong> rapport ne serai<strong>en</strong>t pas tous aussi efficaces, surtout dans le<br />
cas des p<strong>et</strong>ites <strong>en</strong>treprises. C’est pourquoi il convi<strong>en</strong>t d’id<strong>en</strong>tifier les<br />
élém<strong>en</strong>ts conditionnant le plus l’efficacité d'un marché des transmissions<br />
d'<strong>en</strong>treprises.<br />
Troisièmem<strong>en</strong>t, le rapport aborde neuf bases de données <strong>et</strong> bourses<br />
d’<strong>en</strong>treprises proposées par des organismes publics ou quasi publics <strong>en</strong><br />
<strong>Belgique</strong> (OvernameMarkt <strong>en</strong> Flandres <strong>et</strong> Sowaccess <strong>en</strong> Région wallonne),<br />
<strong>en</strong> Allemagne (Nexxt-Change), <strong>en</strong> France (Passer le relais), <strong>en</strong> Italie (Borsa<br />
14
delle Imprese), au Luxembourg (Bourse d’<strong>en</strong>treprises), aux Pays-Bas<br />
(Ondernemingsbeurs), <strong>en</strong> Autriche (Nachfolgebörse) <strong>et</strong> <strong>en</strong> Finlande<br />
(Yrittajat).<br />
La plupart de ces bases de données n’exist<strong>en</strong>t que depuis trois ans<br />
<strong>en</strong>viron. En 2006, elles conti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t déjà les noms de plus de 11.000<br />
sociétés susceptibles d’être transmises, ce qui correspond à quelque 7%<br />
des <strong>en</strong>treprises susceptibles de faire l’obj<strong>et</strong> d’une transmission <strong>et</strong>, <strong>en</strong><br />
moy<strong>en</strong>ne, à 0,2% <strong>en</strong>viron des sociétés d’un pays. Selon les estimations,<br />
une <strong>en</strong>treprise sur quatre <strong>en</strong>registrée dans les bases de données trouve un<br />
repr<strong>en</strong>eur chaque année (soit un taux de réussite de l’ordre de 25%).<br />
Cep<strong>en</strong>dant, <strong>en</strong> 2006, il n’existait pas de base de données europé<strong>en</strong>ne ou<br />
transfrontalière.<br />
Comme le soulign<strong>en</strong>t les auteurs, dans ces dispositifs, ach<strong>et</strong>eurs <strong>et</strong><br />
v<strong>en</strong>deurs demeur<strong>en</strong>t anonymes; les contacts étant établis par les<br />
intermédiaires/part<strong>en</strong>aires de réseau ou à l’aide de numéros de boîtes<br />
anonymes. En général, aucune procédure d’appariem<strong>en</strong>t n’est prévue. <strong>Le</strong>s<br />
options de recherche sont assez semblables dans les divers dispositifs :<br />
les bases de données peuv<strong>en</strong>t être interrogées selon les critères du<br />
secteur économique <strong>et</strong> de la région <strong>et</strong>, dans certains cas, de la taille des<br />
<strong>en</strong>treprises.<br />
Au vu des spécificités du processus de transmission d’<strong>en</strong>treprise <strong>et</strong> des<br />
caractéristiques de ces bases de données, les auteurs id<strong>en</strong>tifi<strong>en</strong>t plusieurs<br />
qualités que devrai<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>ter les bourses d’<strong>en</strong>treprises. :<br />
• intégration des bases de données nationales ;<br />
• gestion par un organisme neutre <strong>et</strong> fiable ;<br />
• s<strong>en</strong>sibilisation des utilisateurs pot<strong>en</strong>tiels ;<br />
• possibilité de recherche multicritère dans les bases de données<br />
(secteur économique, situation géographique, taille, fourch<strong>et</strong>te de<br />
prix, date de transmission <strong>en</strong>visagée…) ;<br />
• respect de l’anonymat ;<br />
• qualité <strong>et</strong> actualisation des données ;<br />
• offre de services complém<strong>en</strong>taires à la mise à disposition de<br />
données (informations sur les divers aspects de la transmission,<br />
intermédiation au cours des négociations, tutorat...) ;<br />
• suivi systématique des résultats obt<strong>en</strong>us <strong>et</strong> exam<strong>en</strong> des facteurs<br />
qui détermin<strong>en</strong>t ces résultats.<br />
15
En ce qui concerne l’exam<strong>en</strong> de ces bases de données du point de vue de<br />
notre pays, le rapport se p<strong>en</strong>che sur la situation <strong>en</strong> Flandres <strong>et</strong> <strong>en</strong><br />
<strong>Wallonie</strong>. Selon les estimations 3 évoquées par les auteurs, <strong>en</strong>viron 21.500<br />
PME belges vont devoir trouver un repr<strong>en</strong>eur chaque année (dont 8.000 <strong>en</strong><br />
<strong>Wallonie</strong>). Selon le rapport, un tiers des propriétaires de p<strong>et</strong>ites <strong>en</strong>treprises<br />
ont plus de 50 ans <strong>et</strong> un propriétaire de PME sur deux a plus de 45 ans.<br />
Près de 30% des <strong>en</strong>treprises familiales sont reprises avec succès par la<br />
seconde génération <strong>et</strong> de 10 à 15%, par la troisième génération, mais 3 à<br />
5% seulem<strong>en</strong>t pass<strong>en</strong>t à la quatrième génération.<br />
Sur la base des chiffres <strong>en</strong>registrés <strong>en</strong> France, les auteurs estim<strong>en</strong>t que le<br />
taux d’échec des transmissions est supérieur à 20% les cinq premières<br />
années <strong>et</strong> atteint près de 30% pour les sept premières années. La<br />
transmission r<strong>en</strong>contre plusieurs difficultés, notamm<strong>en</strong>t la rétic<strong>en</strong>ce de<br />
l’anci<strong>en</strong> propriétaire à pr<strong>en</strong>dre sa r<strong>et</strong>raite, l’id<strong>en</strong>tification <strong>et</strong> le choix d’un<br />
successeur pot<strong>en</strong>tiel, l’abs<strong>en</strong>ce ou l’insuffisance de la préparation, la<br />
détermination de la valeur de l’<strong>en</strong>treprise, le financem<strong>en</strong>t <strong>et</strong> les aspects<br />
juridiques <strong>et</strong> fiscaux liés à la transmission.<br />
En Flandres, il est estimé que, 13.500 <strong>en</strong>treprises, soit 3% des 450.000<br />
constituant l’<strong>en</strong>semble du parc flamand, devront être transmises<br />
annuellem<strong>en</strong>t. Dans la moitié des cas <strong>en</strong>viron, il s’agit d’<strong>en</strong>treprises<br />
individuelles ou de TPE. En avril 2005, la plateforme de transmission «<br />
www.overnamemarkt.be » a été ouverte avec le souti<strong>en</strong> financier du<br />
gouvernem<strong>en</strong>t flamand 4 . C<strong>et</strong>te plateforme est hébergée par Unizo<br />
(www.unizo.be) <strong>et</strong> Bobex (www.bobex.be), mais aucune affiliation n’est<br />
requise pour y accéder. Au mom<strong>en</strong>t de la publication du rapport, la base<br />
de données cont<strong>en</strong>ait 725 <strong>en</strong>treprises susceptibles d’être transmises <strong>et</strong><br />
dont les fiches peuv<strong>en</strong>t être consultées. Chaque mois, la plateforme<br />
rec<strong>en</strong>se <strong>en</strong>viron 15.000 visiteurs <strong>et</strong> 18.000 visites. Sur la base d’un<br />
3<br />
Aucune précision n’est fournie par le docum<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ce qui concerne la<br />
méthodologie adoptée pour réaliser ces estimations. De même, le mode de<br />
rec<strong>en</strong>sem<strong>en</strong>t des <strong>en</strong>treprises n’est pas précisé.<br />
4<br />
Il existe, <strong>en</strong> outre, des initiatives privées (www.mna.be, www.oba.be,<br />
www.atkinson.be) <strong>et</strong> une initiative collective (www.bvob.be) qui regroupe onze<br />
courtiers de transmission indép<strong>en</strong>dants. Ces plateformes ne s’intéress<strong>en</strong>t<br />
cep<strong>en</strong>dant guère aux p<strong>et</strong>ites <strong>en</strong>treprises <strong>et</strong> aux TPE, <strong>et</strong> ne désir<strong>en</strong>t pas s’affilier à<br />
OvernameMarkt.<br />
16
échantillon de 300 <strong>en</strong>treprises <strong>en</strong>registrées, un taux de réussite de 25% a<br />
été calculé, c’est-à-dire qu’une <strong>en</strong>treprise sur quatre est v<strong>en</strong>due. La base<br />
OvernameMarkt peut être interrogée selon le secteur, la localisation, le<br />
chiffre d’affaires, la valeur de transmission, l’intermédiaire, le nombre de<br />
salariés (équival<strong>en</strong>ts temps plein) <strong>et</strong> une combinaison de ces critères. Des<br />
mécanismes sont prévus pour préserver l’anonymat. <strong>Le</strong> système<br />
n’organise pas d’appariem<strong>en</strong>t.<br />
En <strong>Wallonie</strong>, le parlem<strong>en</strong>t régional a décidé, <strong>en</strong> février 2005, la création<br />
d’une « plateforme d’échange » pour faciliter l’appariem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre v<strong>en</strong>deurs<br />
<strong>et</strong> ach<strong>et</strong>eurs pot<strong>en</strong>tiels d’<strong>en</strong>treprises <strong>et</strong> pour améliorer l’équilibre <strong>en</strong>tre<br />
l’offre <strong>et</strong> la demande 5 . <strong>Le</strong> gouvernem<strong>en</strong>t wallon a décidé de confier c<strong>et</strong>te<br />
double mission à la SOWALFIN (l’outil financier de ce gouvernem<strong>en</strong>t pour<br />
les PME), <strong>et</strong> plus spécifiquem<strong>en</strong>t à une filiale de celle-ci, la SOWACCESS,<br />
une des missions de c<strong>et</strong> opérateur public étant de réunir les divers acteurs<br />
concernés pour réaliser un « système de transmission d’<strong>en</strong>treprise ».<br />
La plateforme est opérationnelle depuis 2006 <strong>et</strong>, depuis février 2005, la<br />
majorité des acteurs opérant dans ce domaine <strong>en</strong> Région wallonne<br />
(banques, sociétés de consultants, organismes institutionnels) ont été<br />
contactés dans le but d’améliorer la situation de la transmission<br />
d’<strong>en</strong>treprise <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong>. <strong>Le</strong>s missions de la SOWACCESS consist<strong>en</strong>t <strong>en</strong>,<br />
d’une part, l’amélioration de la diffusion d’informations sur les candidats<br />
v<strong>en</strong>deurs <strong>et</strong> les repr<strong>en</strong>eurs pot<strong>en</strong>tiels, <strong>et</strong>, partant, un meilleur appariem<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong>tre les uns <strong>et</strong> les autres, <strong>et</strong>, d’autre part, la s<strong>en</strong>sibilisation des v<strong>en</strong>deurs<br />
<strong>et</strong> les ach<strong>et</strong>eurs à tous les aspects de la transmission. Ces missions<br />
s’articul<strong>en</strong>t autour de deux grands axes : la mise <strong>en</strong> place d’une<br />
plateforme d’échange régionale globale, réunissant les divers acteurs qui<br />
intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t dans une opération de transmission, <strong>et</strong> la réalisation<br />
d’actions de s<strong>en</strong>sibilisation (publications, coordination des forums,<br />
organisation de confér<strong>en</strong>ces…).<br />
La plateforme offre à la fois une base de données <strong>et</strong> des services actifs<br />
d’appariem<strong>en</strong>t. Selon les auteurs du rapport « <strong>Le</strong> service d’intermédiation<br />
peut être décrit comme un service de diffusion de profils de v<strong>en</strong>deurs <strong>et</strong><br />
d’ach<strong>et</strong>eurs anonymes sur un site Intern<strong>et</strong> <strong>et</strong> dans une publication<br />
5<br />
D’autres opérateurs sont égalem<strong>en</strong>t évoqués par les auteurs, notamm<strong>en</strong>t l’Union<br />
des Classes moy<strong>en</strong>nes, les Chambres de Commerce <strong>et</strong> d’Industrie <strong>et</strong> les banques<br />
privées, égalem<strong>en</strong>t actifs dans le champ de la transmission d’<strong>en</strong>treprise.<br />
17
imprimée, le filtrage étant assuré par les administrateurs de la<br />
plateforme » (Commission europé<strong>en</strong>ne, 2006 : 33). Ce sont donc les<br />
parties intéressées qui doiv<strong>en</strong>t contacter la SOWACCESS, celle-ci assurant<br />
la mise <strong>en</strong> contact avec un part<strong>en</strong>aire pot<strong>en</strong>tiel. La plateforme effectue<br />
égalem<strong>en</strong>t la recherche individualisée de part<strong>en</strong>aires pour l’<strong>en</strong>semble des<br />
profils. C<strong>et</strong> appariem<strong>en</strong>t actif peut apporter une réelle valeur ajoutée au<br />
service proposé. Afin de protéger l’anonymat, ce qui est ess<strong>en</strong>tiel dans la<br />
plupart des transactions, les profils ne sont accessibles qu’aux seuls<br />
administrateurs de la plateforme.<br />
Quatrièmem<strong>en</strong>t, le rapport m<strong>et</strong> égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce les spécificités du<br />
processus de transmission par lesquelles celle-ci se distingue de la v<strong>en</strong>te<br />
(ou de la donation). Parmi celles mises <strong>en</strong> exergue, on r<strong>et</strong>rouve plusieurs<br />
points id<strong>en</strong>tifiés dans nos travaux antérieurs sur la <strong>Wallonie</strong>. <strong>Le</strong>s auteurs<br />
regroup<strong>en</strong>t ces spécificités <strong>en</strong> quatre grandes catégories.<br />
a) L’appariem<strong>en</strong>t des préfér<strong>en</strong>ces<br />
Ce qui convi<strong>en</strong>t au cédant n’est pas forcém<strong>en</strong>t du goût du repr<strong>en</strong>eur<br />
pot<strong>en</strong>tiel <strong>et</strong> il peut être malaisé d’apparier repr<strong>en</strong>eur <strong>et</strong> cédant pot<strong>en</strong>tiels<br />
dans une même aire géographique <strong>et</strong> au même mom<strong>en</strong>t.<br />
En outre, la majorité des candidats <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs préfèr<strong>en</strong>t, selon le<br />
rapport, créer une <strong>en</strong>treprise nouvelle plutôt que d’<strong>en</strong> repr<strong>en</strong>dre une autre.<br />
De fait, la décision de dev<strong>en</strong>ir chef d’<strong>en</strong>treprise ne sera pas motivée<br />
uniquem<strong>en</strong>t par des raisons économiques : la volonté d’épanouissem<strong>en</strong>t<br />
personnel <strong>et</strong> le souhait de réaliser une idée sont égalem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>ts. <strong>Le</strong><br />
plus grand attrait de la création ex nihilo est à m<strong>et</strong>tre <strong>en</strong> rapport avec deux<br />
élém<strong>en</strong>ts. D’une part, le créateur ex nihilo r<strong>en</strong>contre moins de contraintes.<br />
Il peut opérer librem<strong>en</strong>t ses choix commerciaux <strong>et</strong> pourra implanter son<br />
<strong>en</strong>treprise à proximité de son lieu de résid<strong>en</strong>ce. D’autre part, la création<br />
d’une <strong>en</strong>treprise exigerait moins de moy<strong>en</strong>s financiers qu’une reprise.<br />
Selon certaines estimations, la reprise requerrait un investissem<strong>en</strong>t<br />
supérieur de 60% à celui qu’implique la création d’une <strong>en</strong>treprise.<br />
Pour le cédant pot<strong>en</strong>tiel, il y a relativem<strong>en</strong>t peu d’alternatives à la v<strong>en</strong>te, si<br />
ce n’est la liquidation « morceau par morceau » de l’<strong>en</strong>treprise. C<strong>et</strong>te<br />
solution prés<strong>en</strong>te l’inconvéni<strong>en</strong>t qu’une part considérable de la valeur –<br />
notamm<strong>en</strong>t au niveau du capital immatériel – sera perdue.<br />
18
Ces élém<strong>en</strong>ts sont fréquemm<strong>en</strong>t à l’origine d’un déséquilibre <strong>en</strong>tre l’offre<br />
<strong>et</strong> la demande de transmissions. <strong>Le</strong>s deux tiers des annonces cont<strong>en</strong>ues<br />
dans les bases de données sont généralem<strong>en</strong>t des offres de v<strong>en</strong>te <strong>et</strong> un<br />
tiers seulem<strong>en</strong>t sont des demandes de reprise.<br />
b) La mise <strong>en</strong> confiance<br />
<strong>Le</strong> plus souv<strong>en</strong>t, il existe une asymétrie importante <strong>en</strong> matière<br />
d’information <strong>en</strong>tre cédants <strong>et</strong> repr<strong>en</strong>eurs. <strong>Le</strong> propriétaire connaît<br />
beaucoup mieux les forces <strong>et</strong> les faiblesses de son <strong>en</strong>treprise. Lors des<br />
négociations relatives aux conditions de la transmission, il a intérêt à<br />
exagérer les points forts <strong>et</strong> à minimiser les problèmes. Dès lors, le<br />
repr<strong>en</strong>eur pourrait se montrer méfiant à l’égard des informations fournies<br />
par le propriétaire. Ce problème d’asymétrie est d’autant plus épineux que<br />
le v<strong>en</strong>deur ne réalise, dans la majorité de cas, qu’une seule v<strong>en</strong>te, puisqu’il<br />
partira le plus souv<strong>en</strong>t à la r<strong>et</strong>raite après la transmission, <strong>et</strong> que la<br />
préservation de sa réputation, <strong>en</strong> tant que v<strong>en</strong>deur, n’a, par conséqu<strong>en</strong>t,<br />
que peu d’intérêt pour lui.<br />
La mise <strong>en</strong> confiance est aussi r<strong>en</strong>due malaisée par le fait que le cédant<br />
souhaite généralem<strong>en</strong>t que sa démarche s’effectue dans la discrétion.<br />
C’est pourquoi les annonces placées dans les bases de données sont<br />
couramm<strong>en</strong>t vagues <strong>et</strong> générales, ce qui comprom<strong>et</strong> leur attractivité.<br />
<strong>Le</strong>s questions relatives aux asymétries <strong>en</strong> matière d’information <strong>et</strong> au<br />
manque de confiance caractéris<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t les rapports avec les<br />
organismes intermédiaires. <strong>Le</strong>s annonceurs pot<strong>en</strong>tiels sur une bourse<br />
dout<strong>en</strong>t parfois, selon le rapport, de la fiabilité des opérateurs de la base<br />
de données. De plus, les intermédiaires privés serai<strong>en</strong>t quelquefois<br />
soupçonnés d’être plus intéressés par la conclusion rapide d’une affaire<br />
que par la qualité des contacts établis.<br />
c) <strong>Le</strong>s problèmes émotionnels <strong>et</strong> psychologiques<br />
Pour le cédant, l’<strong>en</strong>treprise à céder constitue souv<strong>en</strong>t le fruit d’une vie de<br />
travail. Il risque donc d’attribuer à son <strong>en</strong>treprise une valeur purem<strong>en</strong>t<br />
émotionnelle <strong>et</strong> demandera, dans une certaine mesure, à être indemnisé<br />
de sa perte. L’importance de c<strong>et</strong>te valeur dép<strong>en</strong>d, selon les auteurs du<br />
rapport, du type d’<strong>en</strong>treprise. <strong>Le</strong> repr<strong>en</strong>eur, quant à lui, ne souhaitera pas<br />
payer pour c<strong>et</strong>te valeur qui ne peut, de par sa nature, lui être transférée.<br />
19
C<strong>et</strong>te valeur sera perdue lors de la transmission, sauf, dans une certaine<br />
mesure, si le cédant a un li<strong>en</strong> privilégié avec le repr<strong>en</strong>eur, comme par<br />
exemple, dans le cas d’une transmission intrafamiliale. Dans les autres<br />
cas, les deux parties doiv<strong>en</strong>t s’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre sur le plan émotionnel <strong>et</strong><br />
psychologique, <strong>et</strong> non seulem<strong>en</strong>t commercial, <strong>et</strong> le cédant devra avoir<br />
l’assurance que son <strong>en</strong>treprise se r<strong>et</strong>rouvera dans de bonnes mains.<br />
d) <strong>Le</strong>s problèmes techniques<br />
La transmission suppose le transfert de divers types d’actifs (matériel,<br />
fournitures, bi<strong>en</strong>s immobiliers, véhicules, <strong>et</strong>c…). Chacun peut faire l’obj<strong>et</strong><br />
de dispositions légales spécifiques. C<strong>et</strong>te complexité peur être accrue par<br />
les divers règlem<strong>en</strong>ts fiscaux <strong>en</strong> vigueur <strong>en</strong> matière de transmission des<br />
actifs. En outre, certaines situations impliqu<strong>en</strong>t plus de deux acteurs.<br />
Parfois, la famille du propriétaire peut égalem<strong>en</strong>t avoir son mot à dire, <strong>et</strong> il<br />
<strong>en</strong> va de même pour les établissem<strong>en</strong>ts de crédit qui financ<strong>en</strong>t l’opération.<br />
De plus, la transmission implique aussi le transfert d’actifs incorporels<br />
(connaissances du propriétaire à propos des marchés, des concurr<strong>en</strong>ts,<br />
des cli<strong>en</strong>ts, des salariés, des technologies…, les relations humaines avec<br />
les cli<strong>en</strong>ts, les salariés..., l’autorité <strong>et</strong> la réputation de l’<strong>en</strong>treprise).<br />
La fixation d’un prix <strong>et</strong> l’accord sur celui-ci représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t donc<br />
fréquemm<strong>en</strong>t un problème complexe.<br />
CEFIP (2007) : transmission des <strong>en</strong>treprises <strong>et</strong> financem<strong>en</strong>t<br />
<strong>Le</strong> C<strong>en</strong>tre de Connaissances du Financem<strong>en</strong>t des PME (CeFiP) a lancé, au<br />
début de l’année 2006, une étude consacrée aux transmissions de PME <strong>et</strong><br />
plus particulièrem<strong>en</strong>t à leur financem<strong>en</strong>t. C<strong>et</strong>te étude constitue une<br />
première <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong> : elle s’adresse à un très large public (les pouvoirs<br />
publics, les <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs, leurs organisations représ<strong>en</strong>tatives, les<br />
professionnels de la transmission, les institutions de crédit, les médias, …)<br />
<strong>et</strong> <strong>en</strong>visage de manière à la fois qualitative <strong>et</strong> quantitative la problématique<br />
de la transmission des PME au niveau national.<br />
Deux démarches ont été adoptées pour c<strong>et</strong>te étude : qualitative, sous la<br />
forme d’une synthèse de l’expertise existant dans le domaine du<br />
financem<strong>en</strong>t des transmissions d’<strong>en</strong>treprises (sur la base d’une analyse de<br />
la littérature de référ<strong>en</strong>ce <strong>et</strong> d’avis d’experts), <strong>et</strong> quantitative, sous la<br />
20
forme d’un exam<strong>en</strong> systématique <strong>et</strong> statistique, d’une part, des dossiers<br />
traités par le Fonds de Participation <strong>et</strong> le Fonds Bruxellois de Garantie <strong>en</strong><br />
2005 <strong>et</strong>, d’autre part, des dossiers de demande de crédit aux banques.<br />
Un bilan bibliographique de la situation…<br />
L’analyse de la littérature internationale m<strong>en</strong>ée par le CeFiP perm<strong>et</strong> de<br />
dresser un premier tableau de la situation belge.<br />
En ce qui concerne l’offre d’<strong>en</strong>treprises, plusieurs élém<strong>en</strong>ts sont soulignés.<br />
En <strong>Belgique</strong>, le nombre d’indép<strong>en</strong>dants âgés de 45 à 60 ans a augm<strong>en</strong>té<br />
de 13% de 1996 à 2000. Selon le Guich<strong>et</strong> des chambres de commerce,<br />
45% des actionnaires dirigeants de PME ont plus de 50 ans. Selon le<br />
CeFiP, de nombreux <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs de la génération « baby-boom »<br />
atteindront l’âge de la r<strong>et</strong>raite au cours de la déc<strong>en</strong>nie actuelle, ce qui<br />
augm<strong>en</strong>tera le nombre d’<strong>en</strong>treprises à rem<strong>et</strong>tre. A titre d’exemple, cité par<br />
le CeFiP, l’Austrian Institue for SME Research a montré que, de moins de<br />
4000 transmissions <strong>en</strong> 1993, on est passé à 5.300 <strong>en</strong>treprises transmises<br />
<strong>en</strong> Autriche au cours de l’année 2003. <strong>Le</strong> CeFiP rappelle égalem<strong>en</strong>t que le<br />
groupe d’experts mis <strong>en</strong> place par la Commission Europé<strong>en</strong>ne estimait <strong>en</strong><br />
2003 qu’<strong>en</strong>viron un tiers des <strong>en</strong>treprises allai<strong>en</strong>t chercher un repr<strong>en</strong>eur<br />
dans les 10 années suivantes, ce qui représ<strong>en</strong>te quelques 610.000<br />
<strong>en</strong>treprises <strong>et</strong> <strong>en</strong>viron 2.400.000 emplois par an <strong>en</strong> UE 15 (les nouveaux<br />
chiffres concernant l’UE 25 parlant de 690.000 <strong>en</strong>treprises <strong>et</strong> de ±<br />
2.800.000 emplois 6 ). Sur la base d’un taux de 3% (taux généralem<strong>en</strong>t<br />
accepté <strong>en</strong> Union Europé<strong>en</strong>ne), le CeFiP estime pour la <strong>Belgique</strong> le nombre<br />
de transmissions annuelles à près de 30.000 7 . C<strong>et</strong>te estimation doit être<br />
confrontée, selon les auteurs, aux chiffres avancés par le rapport de la<br />
Commission Europé<strong>en</strong>ne (2006) qui sont de 21.500 PME belges devant<br />
être transmises (8.000 <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> <strong>et</strong> 13.500 <strong>en</strong> Flandres 8 ).<br />
Pour ce qui est de la demande, le CeFiP site le Baromètre 2006 de<br />
l’Instituut voor h<strong>et</strong> Familiebedrijf; au cours de trois dernières années, 49%<br />
des <strong>en</strong>treprises familiales ont été contactées par des acquéreurs<br />
pot<strong>en</strong>tiels. La situation ne serait pas sans comporter certains risques,<br />
selon les auteurs, qui cit<strong>en</strong>t, à ce suj<strong>et</strong>, une étude de la Chambre<br />
6<br />
Commission Europé<strong>en</strong>ne, 2006.<br />
7<br />
Indép<strong>en</strong>dants <strong>en</strong> activité principale <strong>et</strong> sociétés.<br />
8<br />
<strong>Le</strong> rapport ne pr<strong>en</strong>d pas <strong>en</strong> compte les transmissions de PME bruxelloises.<br />
21
Régionale de Commerce <strong>et</strong> d’Industrie d’Auvergne publiée <strong>en</strong> 2006 <strong>et</strong><br />
selon laquelle il y aurait inadéquation <strong>en</strong>tre l’offre <strong>et</strong> la demande dans la<br />
mesure où il y a <strong>en</strong>viron 3 repr<strong>en</strong>eurs pour 1 PME à repr<strong>en</strong>dre mais<br />
seulem<strong>en</strong>t 1 repr<strong>en</strong>eur pour 4 TPE à repr<strong>en</strong>dre (définitions françaises).<br />
L’exam<strong>en</strong> de la littérature perm<strong>et</strong> aux auteurs de cerner les<br />
caractéristiques des cédants <strong>et</strong> des repr<strong>en</strong>eurs. Dans ce cadre, ils font<br />
principalem<strong>en</strong>t référ<strong>en</strong>ce aux travaux de Colot O. <strong>et</strong> à ceux de Laver<strong>en</strong> E.<br />
<strong>et</strong> Bisschops M., que nous examinons dans le détail par ailleurs. D’autres<br />
élém<strong>en</strong>ts sont tirés d’études m<strong>en</strong>ées par la banque ING (2004, 2005) sur la<br />
situation flamande. Selon c<strong>et</strong>te étude, l’objectif principal des repr<strong>en</strong>eurs<br />
est la croissance, quel que soit le type de transmission. C<strong>et</strong>te finalité prime<br />
donc sur l’amélioration de la compatibilité produit/marché, le r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t<br />
de la position de marché ou la volonté de continuité 9 . En ce qui concerne<br />
les difficultés r<strong>en</strong>contrées, les cédants m<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce, selon les<br />
travaux d’ING, la valorisation de l’<strong>en</strong>treprise, (particulièrem<strong>en</strong>t dans le<br />
cadre d’une transmission familiale), de la recherche du repr<strong>en</strong>eur <strong>et</strong> de<br />
l’aspect émotionnel lié à la cession. <strong>Le</strong>s repr<strong>en</strong>eurs, quant à eux, m<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> avant, selon les auteurs, par ordre décroissant d’importance, le<br />
financem<strong>en</strong>t, les problèmes de collaboration avec le personnel <strong>et</strong> de<br />
culture d’<strong>en</strong>treprise, <strong>et</strong> les cadres légaux.<br />
Outre l’analyse bibliographique, la publication prés<strong>en</strong>te égalem<strong>en</strong>t le<br />
résultat d’une <strong>en</strong>quête qualitative m<strong>en</strong>ée auprès de 13 experts traitant<br />
ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t de la dim<strong>en</strong>sion financière du processus de transition.<br />
Nous n’aborderons pas ces élém<strong>en</strong>ts ici.<br />
… <strong>et</strong> un exam<strong>en</strong> quantitatif<br />
Complém<strong>en</strong>tairem<strong>en</strong>t aux travaux qualitatifs m<strong>en</strong>és, une analyse<br />
statistique est développée par les auteurs. Elle porte sur un échantillon de<br />
254 dossiers de transmission : 124 dossiers prov<strong>en</strong>ant de banques<br />
commerciales <strong>et</strong> 130 prov<strong>en</strong>ant d’organismes publics. <strong>Le</strong>s résultats ne<br />
concern<strong>en</strong>t pas systématiquem<strong>en</strong>t l’échantillon compl<strong>et</strong> : certaines<br />
données sont manquantes pour certains dossiers <strong>et</strong> certains dossiers ne<br />
sont pas concernés par telle ou telle question. <strong>Le</strong>s dossiers de banques<br />
commerciales sont des dossiers de crédit pour lesquels la demande a été<br />
9<br />
Selon c<strong>et</strong>te étude, dans le cas des transmissions familiales, croissance <strong>et</strong><br />
continuité représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t néanmoins les deux objectifs principaux.<br />
22
effectuée au cours de la période 01/06/2004 – 01/06/2006. <strong>Le</strong>s dossiers<br />
du Fonds de participation sont des dossiers de crédits « Starteo » <strong>et</strong> «<br />
Optimeo » pour lesquels la demande a été effectuée au cours de la période<br />
01/09/04 – 31/12/2005 10 . Ces dossiers compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t des informations sur<br />
le crédit octroyé par le Fonds de participation <strong>et</strong> sur le crédit octroyé par la<br />
banque. Comme l’indiqu<strong>en</strong>t les auteurs, les dossiers du Fonds Bruxellois<br />
de Garantie vis<strong>en</strong>t les garanties pour lesquelles la demande <strong>et</strong>/ou la<br />
décision d’octroi a eu lieu <strong>en</strong> 2005, ces garanties étant demandées dans le<br />
cadre d’une demande de crédit auprès d’une banque.<br />
<strong>Le</strong>s résultats sont nombreux mais port<strong>en</strong>t principalem<strong>en</strong>t sur les<br />
dim<strong>en</strong>sions financières des opérations de transmission. En voici les<br />
principaux.<br />
Pour ce qui est des dossiers de reprises de fonds, <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne,<br />
l’investissem<strong>en</strong>t total par dossier s’élève à 246.675 euros, dont 65% sont<br />
consacrés à la reprise <strong>en</strong> soi. Parmi les dossiers bancaires, dans le cadre<br />
d’une reprise de fonds de commerce, le montage moy<strong>en</strong> est le suivant :<br />
14% d’apport propre, 74% de crédit bancaire, 9% de prêt subordonné<br />
public <strong>et</strong> 3% d’autres sources. <strong>Le</strong>s garanties les plus fréquemm<strong>en</strong>t<br />
demandées par la banque sont la mise <strong>en</strong> gage du fonds de commerce,<br />
l’assurance solde restant dû, la caution du porteur de proj<strong>et</strong> (quand le<br />
crédit est octroyé à la société), l’hypothèque <strong>et</strong> la cession de rémunération.<br />
De fortes différ<strong>en</strong>ces s’observ<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre les secteurs quant au montant<br />
d’investissem<strong>en</strong>t : 140.392 euros pour le secteur des services aux<br />
personnes contre 291.422 euros dans le secteur du commerce. <strong>Le</strong>s<br />
conditions de crédit sont similaires <strong>en</strong>tre starters <strong>et</strong> non-starters.<br />
Pour ce qui est des dossiers de rachat de parts, ce rachat nécessite <strong>en</strong><br />
moy<strong>en</strong>ne 731.731 euros <strong>et</strong> le goodwill d’acquisition est <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne égal à<br />
58% du prix payé. Parmi les dossiers bancaires, le montage financier<br />
moy<strong>en</strong> est le suivant : 12% d’apport propre, 77% de crédit bancaire, 3%<br />
de prêt subordonné public <strong>et</strong> 8% d’autres sources. <strong>Le</strong>s garanties les plus<br />
souv<strong>en</strong>t demandées par la banque sont la mise <strong>en</strong> gage d’actions, la<br />
caution du porteur de proj<strong>et</strong>, l’assurance solde restant dû, l’hypothèque <strong>et</strong><br />
le nantissem<strong>en</strong>t de sommes ou de placem<strong>en</strong>ts. La couverture du crédit<br />
10<br />
<strong>Le</strong>s prêts « Starteo » <strong>et</strong> « Optimeo » sont des mesures de cofinancem<strong>en</strong>t : un<br />
crédit professionnel partagé <strong>en</strong>tre la banque commerciale <strong>et</strong> le Fonds de<br />
participation (voir www.fonds.org).<br />
23
ancaire est moindre pour les services aux <strong>en</strong>treprises que pour les<br />
activités de commerce. La marge appliquée au taux d’intérêt de la banque<br />
est moins importante dans le secteur du commerce. <strong>Le</strong>s starters<br />
bénéfici<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne, d’une marge moins élevée.<br />
<strong>Le</strong> financem<strong>en</strong>t bancaire à court terme est n<strong>et</strong>tem<strong>en</strong>t plus conséqu<strong>en</strong>t lors<br />
d’un rachat de parts. C’est pour ce type de dossier que le recours aux<br />
mesures publiques est le plus important. La marge appliquée au taux<br />
d’intérêt bancaire est plus large parmi les dossiers de reprise de fonds de<br />
commerce.<br />
C’est dans les secteurs de l’Horeca <strong>et</strong> des services collectifs, sociaux <strong>et</strong><br />
personnels que la proportion de reprises de fonds de commerce est la plus<br />
importante (<strong>en</strong>viron 85%). Lorsque le repr<strong>en</strong>eur est un starter, il opte plus<br />
fréquemm<strong>en</strong>t pour une reprise de fonds de commerce. En outre, la reprise<br />
de fonds de commerce est plus importante dans le cas des reprises de<br />
micro-<strong>en</strong>treprises (76%) tandis que le rachat des parts est majoritaire dans<br />
celui concernant les p<strong>et</strong>ites <strong>en</strong>treprises (82%).<br />
<strong>Le</strong> taux de refus pour les dossiers de banques <strong>et</strong> d’institutions publiques<br />
avoisine les 13%. <strong>Le</strong>s dossiers de fonds de commerce des banques se<br />
distingu<strong>en</strong>t néanmoins avec un taux de refus de 26%, le taux de refus des<br />
banques étant plus élevé pour les plus p<strong>et</strong>ites structures, plus risquées,<br />
majoritairem<strong>en</strong>t transmises par reprise de fonds de commerce. Ce taux est<br />
particulièrem<strong>en</strong>t élevé pour les activités de services personnels.<br />
Parmi les dossiers d’institutions publiques, 28% ont bénéficié de plus<br />
d’une mesure publique. La moitié des dossiers bancaires analysés<br />
bénéfici<strong>en</strong>t d’une mesure complém<strong>en</strong>taire à celle de la banque. Parmi les<br />
dossiers avec mesure publique, la proportion de reprises de fonds de<br />
commerce est de 70% contre 36% parmi les dossiers sans mesure<br />
publique. En outre, l’analyse des dossiers bancaires indique que les<br />
mesures publiques étai<strong>en</strong>t utilisées à bon esci<strong>en</strong>t par les banques plus<br />
fréquemm<strong>en</strong>t pour des proj<strong>et</strong>s dans les secteurs de l’horeca <strong>et</strong> des<br />
services collectifs, sociaux <strong>et</strong> personnels <strong>et</strong> concernant donc des reprises<br />
de micro-<strong>en</strong>treprises. <strong>Le</strong>s proj<strong>et</strong>s de starters y sont égalem<strong>en</strong>t plus<br />
prés<strong>en</strong>ts. Enfin, ces dossiers prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t initialem<strong>en</strong>t une couverture moins<br />
importante du crédit bancaire.<br />
24
<strong>Le</strong> dossier du CeFiP se termine par quelques recommandations :<br />
développem<strong>en</strong>t du recours des banques <strong>et</strong> des <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs aux aides<br />
publiques, poursuite de l’action publique <strong>en</strong> la matière, amélioration de la<br />
circulation de l’information pour <strong>et</strong> par tous les acteurs concernés,<br />
modification de certains cadres légaux <strong>et</strong> fiscaux…<br />
PIRNAY F., SURLEMONT B. (2007) : <strong>en</strong>jeux <strong>et</strong> niveau de préparation de la<br />
transmission des <strong>en</strong>treprises familiale <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong> francophone<br />
Il s’agit ici d’une prés<strong>en</strong>tation dont le texte ne semble pas avoir fait l’obj<strong>et</strong><br />
d’une publication, seuls les supports à l’exposé oral étant disponibles. <strong>Le</strong>s<br />
auteurs se focalis<strong>en</strong>t sur la question de la transmission des <strong>en</strong>treprises<br />
familiales francophones <strong>et</strong> vis<strong>en</strong>t à id<strong>en</strong>tifier le degré de préparation de ces<br />
<strong>en</strong>treprises quant à c<strong>et</strong>te opération. Pour ce faire, deux types de méthodes<br />
sont adoptées : une approche quantitative, qui vise, de manière<br />
exhaustive, à rec<strong>en</strong>ser <strong>et</strong> à caractériser l’<strong>en</strong>semble des <strong>en</strong>treprises<br />
familiales francophones ciblées par l’étude 11 , soit 9.475 <strong>en</strong>treprises, à<br />
partir de données comptables <strong>et</strong> financières (données issues d’INFOBASE),<br />
<strong>et</strong> une approche qualitative basée sur <strong>en</strong>quête téléphonique auprès d’un<br />
échantillon de 500 <strong>en</strong>treprises représ<strong>en</strong>tatives de c<strong>et</strong>te population. Sur la<br />
base des critères r<strong>et</strong><strong>en</strong>us par les auteurs 12 , 3.727 <strong>en</strong>treprises familiales<br />
ont été id<strong>en</strong>tifiées, soit 39% de la population de référ<strong>en</strong>ce.<br />
<strong>Le</strong>s résultats des deux démarches sont riches <strong>en</strong> <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts. Nous<br />
nous limiterons à quelques uns d’<strong>en</strong>tre eux portant sur la transmission.<br />
11<br />
Sont considérées les <strong>en</strong>treprises constituées <strong>en</strong> personne morale, employant au<br />
moins dix personnes ETP, ayant leur siège social localisé <strong>en</strong> région wallonne ou<br />
dans une commune francophone de la Région bruxelloise <strong>et</strong> jouissant d’une<br />
indép<strong>en</strong>dance décisionnelle (elles ne sont pas dét<strong>en</strong>ues à plus de 50% par une<br />
autre <strong>en</strong>treprise). <strong>Le</strong>s auteurs ne précis<strong>en</strong>t pas ce qu’ils <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t par « commune<br />
francophone de la Région bruxelloise », ce qui laisse perplexe dans la mesure où<br />
les 19 communes de c<strong>et</strong>te région sont bilingues.<br />
12<br />
Une <strong>en</strong>treprise est considérée comme familiale si au moins un des quatre<br />
critères suivants est satisfait : (a) le nom de l'un(e) des administrateurs (trices) se<br />
trouve dans la dénomination de l'<strong>en</strong>treprise; (b) parmi les administrateurs (trices),<br />
on <strong>en</strong> r<strong>et</strong>rouve minimum deux qui port<strong>en</strong>t le même nom de famille; (c) un(e) des<br />
administrateurs (trices) habite à l'adresse de son <strong>en</strong>treprise; (d) deux<br />
administrateurs (trices) au minimum de l’<strong>en</strong>treprise cohabit<strong>en</strong>t à la même adresse.<br />
25
En ce qui concerne l’âge du dirigeant de l’<strong>en</strong>treprise familiale, il est, <strong>en</strong><br />
moy<strong>en</strong>ne de 53,4 ans. En outre, dans les <strong>en</strong>treprises familiales, 7% des<br />
patrons ont plus de 70 ans, 24% ont plus de 60 ans <strong>et</strong> 57% plus de 50<br />
ans. Ce constat amène les deux chercheurs à conclure que la transmission<br />
concerne pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t plus de la moitié des <strong>en</strong>treprises familiales<br />
francophone de plus de 10 personnes. Néanmoins, les résultats relatifs à<br />
l’aspect problématique de la transmission sont troublants car <strong>en</strong> <strong>en</strong><br />
contradiction avec plusieurs <strong>en</strong>quêtes m<strong>en</strong>ées par le passé. De fait, 42%<br />
des <strong>en</strong>treprises interrogées affirm<strong>en</strong>t que la transmission n’est plus un<br />
problème car elles ont déjà trouvé une solution satisfaisante, 45% des<br />
<strong>en</strong>treprises affirm<strong>en</strong>t ne pas être concernées par la problématique de<br />
transmission (c’est un problème parmi d’autres) <strong>et</strong> 13% des <strong>en</strong>treprises<br />
affirm<strong>en</strong>t que la transmission est un vrai problème pour lequel elles n'ont<br />
pas <strong>en</strong>core trouvé de solution satisfaisante. <strong>Le</strong>s auteurs propos<strong>en</strong>t<br />
différ<strong>en</strong>tes lectures de ces chiffres. On pourrait y voir le résultat des<br />
mesures de s<strong>en</strong>sibilisation des dirigeants d’<strong>en</strong>treprise à la question de la<br />
transmission. On pourrait égalem<strong>en</strong>t m<strong>et</strong>tre ces chiffres <strong>en</strong> relation avec le<br />
fait que l’<strong>en</strong>quête a été administrée à un échantillon représ<strong>en</strong>tatif, ce qui,<br />
selon Surlemont <strong>et</strong> Pirnay, n’était pas le cas des <strong>en</strong>quêtes antérieures.<br />
Dans la mesure où l’<strong>en</strong>trée dans les échantillons de ces <strong>en</strong>quêtes se faisait<br />
sur la base d’une démarche volontaire, cela peut induire des biais sur le<br />
profil des répondants : les patrons qui connaiss<strong>en</strong>t des difficultés étant<br />
peut être plus <strong>en</strong>clins à répondre que ceux pour lesquels ce n’est plus un<br />
problème ou que ceux pour lesquels ce n’est pas <strong>en</strong>core un problème.<br />
Selon les auteurs, il convi<strong>en</strong>drait, <strong>en</strong> tout cas, de s'interroger sur la portée<br />
réelle de ces chiffres <strong>et</strong> à chercher à aller au delà des appar<strong>en</strong>ces.<br />
D’autre part, les deux chercheurs constat<strong>en</strong>t une relation <strong>en</strong>tre l’âge<br />
moy<strong>en</strong> des dirigeants <strong>et</strong> leur perception du caractère problématique de la<br />
transmission : <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne, ceux qui ne s’<strong>en</strong> préoccup<strong>en</strong>t pas sont moins<br />
âgés (53,1 ans) que ceux pour lesquelles c’est un vrai problème (59,5 ans).<br />
Pour l’<strong>en</strong>semble des dirigeants, la situation relative à la formule de<br />
transmission privilégiée est la suivante 13 : 68% choisiss<strong>en</strong>t la succession<br />
familiale (la propriété <strong>et</strong> la gestion rest<strong>en</strong>t dans la famille), 27% la v<strong>en</strong>te à<br />
13<br />
Ces quatre chiffres ne sont pas prés<strong>en</strong>tés tels quels dans la communication : ils<br />
sont le résultat d’un calcul de notre part à partir des chiffres fournis par les<br />
auteurs.<br />
26
un tiers (la propriété <strong>et</strong> la gestion sort<strong>en</strong>t de la famille), 4% le contrôle<br />
familial (la gestion est confiée à un tiers) <strong>et</strong> 1% la gestion familiale (la<br />
gestion reste au sein de la famille mais pas la propriété).<br />
Chez les dirigeants pour lesquels la transmission n’est plus problématique,<br />
les options privilégiées sont les suivantes 14 : 72% choisiss<strong>en</strong>t la<br />
succession familiale, 24% la v<strong>en</strong>te à un tiers, 2% le contrôle familial <strong>et</strong> 2%<br />
la gestion familiale. Pour ceux qui ont privilégié la première formule, le<br />
successeur est déjà désigné dans 80% des cas <strong>et</strong> celui-ci est, <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne<br />
âgé de 33,7 ans. Dans 92% des cas, il s’agit d’un homme. Dans 83% des<br />
cas, le successeur désigné est un fils du dirigeant <strong>et</strong> 96% des successeurs<br />
désignés travaill<strong>en</strong>t au sein de l’<strong>en</strong>treprise.<br />
Pour les dirigeants qui déclar<strong>en</strong>t ne pas être concernés par la<br />
problématique de transmission, la situation relative à la formule de<br />
transmission privilégiée est la suivante 15 : 69% choisiss<strong>en</strong>t la succession<br />
familiale, 24% la v<strong>en</strong>te à un tiers, 7% le contrôle familial. La situation varie<br />
égalem<strong>en</strong>t pour les dirigeants qui affirm<strong>en</strong>t que la transmission est un vrai<br />
problème pour lequel elles n'ont pas <strong>en</strong>core trouvé de solution<br />
satisfaisante : 54% préfèr<strong>en</strong>t la succession familiale, contre 46% qui<br />
privilégi<strong>en</strong>t la v<strong>en</strong>te à un tiers.<br />
En termes d’att<strong>en</strong>tes par rapport au profil du successeur idéal, les<br />
dirigeants serai<strong>en</strong>t surtout att<strong>en</strong>tifs à des considérations industrielles<br />
(même secteur, même stratégie), financières (prix élevés) <strong>et</strong> sociales<br />
(conserver le personnel), mais peu à des considérations culturelles (culture<br />
familiale) ou géographiques (proximité régionale, être belge).<br />
LAMBRECHT J., NAUDTS W. (2007) : la transmission <strong>et</strong> la reprise de PME<br />
<strong>en</strong> <strong>Belgique</strong><br />
Partant du constat de l’amplification, au cours des dernières années, du<br />
fait repr<strong>en</strong>eurial <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong> <strong>et</strong> <strong>en</strong> Europe, t<strong>en</strong>dance qui devrait se<br />
14<br />
Ces quatre chiffres ne sont pas prés<strong>en</strong>tés tels quels dans la communication : ils<br />
sont le résultat d’un calcul de notre part à partir des chiffres fournis par les<br />
auteurs.<br />
15<br />
Ces chiffres sont égalem<strong>en</strong>t issus de nos calculs propres.<br />
27
confirmer à l’av<strong>en</strong>ir suite au vieillissem<strong>en</strong>t de la population, à<br />
l’affaiblissem<strong>en</strong>t des li<strong>en</strong>s économiques <strong>et</strong> affectifs <strong>en</strong>tre l’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur <strong>et</strong><br />
son <strong>en</strong>treprise <strong>et</strong> à l’accélération des évolutions technologiques, les<br />
auteurs se propos<strong>en</strong>t de dresser un bilan des transmissions <strong>et</strong> des reprises<br />
<strong>en</strong> <strong>Belgique</strong>, sous les auspices du SPF Economie. <strong>Le</strong>ur étude se base<br />
principalem<strong>en</strong>t sur des données chiffrées bi<strong>en</strong> que, comme ils le<br />
soulign<strong>en</strong>t, la <strong>Belgique</strong> ne dispose pas de chiffres exacts <strong>en</strong> la matière, la<br />
définition du phénomène repr<strong>en</strong>eurial étant complexe <strong>et</strong> aucune instance<br />
n’étant chargée d’<strong>en</strong>registrer les reprises <strong>et</strong> les transmissions.<br />
Quatre questions sont abordées par les deux chercheurs : celle du nombre<br />
de PME concernées par la transmission, celle du profil des repr<strong>en</strong>eurs,<br />
celle des conséqu<strong>en</strong>ces <strong>en</strong> cas de non reprise ou de disparition inopinée<br />
du propriétaire <strong>et</strong> celle du profil des <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs <strong>et</strong> <strong>en</strong>treprises pour<br />
lesquels le repr<strong>en</strong>eur est connu.<br />
Sur le plan méthodologique <strong>et</strong> empirique, les travaux repos<strong>en</strong>t sur trois<br />
études de cas <strong>et</strong> une <strong>en</strong>quête m<strong>en</strong>ée auprès d’un échantillon représ<strong>en</strong>tatif<br />
de 1.341 PME de moins de 250 équival<strong>en</strong>ts temps plein. <strong>Le</strong>s répondants<br />
sont tous propriétaires <strong>et</strong>/ou dirigeant de l’<strong>en</strong>treprise. En outre, 77% des<br />
<strong>en</strong>treprises sont dirigées par le chef d’<strong>en</strong>treprise qui <strong>en</strong> est égalem<strong>en</strong>t le<br />
seul propriétaire. Au sein des <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs, l’âge médian est de 47 ans.<br />
<strong>Le</strong>s auteurs synthétis<strong>en</strong>t les nombreux résultats obt<strong>en</strong>us sous la forme<br />
d’un tableau. Au vu de son intérêt, il nous semble pertin<strong>en</strong>t de le<br />
reproduire ici (Lambrecht J., Naudts W., 2007 : 10). <strong>Le</strong>s analyses sont<br />
m<strong>en</strong>ées au niveau national <strong>et</strong> le lecteur ne dispose pas de résultats<br />
régionalisés.<br />
Pour 72% des PME belges, la transmission dans les 10 ans à v<strong>en</strong>ir n’est<br />
donc pas d’actualité <strong>et</strong> il n’y a pas d’idée précise quant au délai de<br />
l’opération.<br />
En termes de recommandations, les auteurs soulign<strong>en</strong>t le besoin de<br />
s<strong>en</strong>sibiliser les chefs d’<strong>en</strong>treprise de 55 ans <strong>et</strong> plus « à la nécessité de<br />
préparer à temps la transmission <strong>et</strong> de prévoir des dispositions <strong>en</strong> cas de<br />
départ inopiné du gestionnaire d’<strong>en</strong>treprise ou du propriétaire. » (2007 : 2).<br />
Ils prôn<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t la mise à disposition des <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs d’un dossier<br />
sur la transmission, traitant à la fois des aspects financiers, fiscaux,<br />
juridiques <strong>et</strong> émotionnels.<br />
28
Principaux résultats de l’étude de Lambrecht <strong>et</strong> Naudts<br />
Entrepr<strong>en</strong>eurs de 55 ans <strong>et</strong> plus sur le nombre total<br />
d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs<br />
Entrepr<strong>en</strong>eurs de 50 ans <strong>et</strong> plus sur le nombre total<br />
d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs<br />
Transmission de la propriété <strong>et</strong>/ou de la gestion<br />
dans les 10 ans<br />
Transmission de la gestion dans les 10 ans<br />
Motif principal ?<br />
A qui ?<br />
Conséqu<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> cas d’abs<strong>en</strong>ce de<br />
repr<strong>en</strong>eur ?<br />
Profil des <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs/<strong>en</strong>treprises<br />
dont le repr<strong>en</strong>eur gestionnaire est<br />
connu<br />
Transmission de la propriété dans les 10 ans<br />
Motif principal ?<br />
A qui ?<br />
Conséqu<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> cas d’abs<strong>en</strong>ce de<br />
repr<strong>en</strong>eur ?<br />
Profil des <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs/<strong>en</strong>treprises<br />
dont le repr<strong>en</strong>eur gestionnaire est<br />
connu<br />
Transmission connue depuis les 10 dernières<br />
années<br />
Entreprises approchées durant les 5 dernières<br />
années <strong>en</strong> vue de leur rachat<br />
Conséqu<strong>en</strong>ce si le gestionnaire disparaît de<br />
manière inopinée<br />
Conséqu<strong>en</strong>ce si le propriétaire disparaît de manière<br />
inopinée<br />
Entreprise ayant elle-même repris une <strong>en</strong>treprise<br />
durant ces 4 dernières années<br />
25%<br />
40%<br />
28%, soit <strong>en</strong>viron 200.000 PME sur un total de<br />
708.988, soit <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne 20.000 PME par an<br />
25% (soit 177.000 PME), 4% dans l’année,<br />
10% dans les 5 ans <strong>et</strong> 11% dans les 10 ans<br />
Age de l’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur<br />
57% ne sav<strong>en</strong>t pas<br />
28% : liquidation <strong>et</strong> ferm<strong>et</strong>ure<br />
16% : v<strong>en</strong>te<br />
Propriétaires sans <strong>en</strong>fants <strong>et</strong> gestion assurée<br />
par plusieurs personnes : 69% de chance que<br />
le repr<strong>en</strong>eur soit connu<br />
Propriétaire avec <strong>en</strong>fants <strong>et</strong> gestion assurée<br />
par une seule personne : 18% de chances que<br />
le repr<strong>en</strong>eur soir connu<br />
21% (soit <strong>en</strong>viron 150.000 PME), 3% dans<br />
l’année, 8% dans les 5 ans <strong>et</strong> 10% dans les 10<br />
ans<br />
Age du propriétaire<br />
42% ne sav<strong>en</strong>t pas<br />
49% : liquidation <strong>et</strong> ferm<strong>et</strong>ure<br />
PME industrielles dont la gestion est assurée<br />
par plusieurs personnes : 85% de chances que<br />
le repr<strong>en</strong>eur soit connu<br />
Entreprises commerciales dont la gestion est<br />
assurée par une seule personne : 28% de<br />
chances que le repr<strong>en</strong>eur soir connu<br />
Gestion : 8%<br />
Propriété : 6%<br />
25%<br />
15% : v<strong>en</strong>te (soit <strong>en</strong>viron 106.000 PME sur un<br />
total de 708.000 PME)<br />
24% : ferm<strong>et</strong>ure (= 170.000 PME)<br />
14% : v<strong>en</strong>te (= 100.000 PME)<br />
24% : ferm<strong>et</strong>ure (= 113.000 PME)<br />
4%<br />
29
SOWACCESS - IPSOS (2006) : les transmissions d’<strong>en</strong>treprises <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong><br />
L'objectif de c<strong>et</strong>te étude était de dégager, grâce à une <strong>en</strong>quête succincte<br />
sur la transmission d’<strong>en</strong>treprise auprès de 500 PME wallonnes, les<br />
grandes t<strong>en</strong>dances sur la manière dont ces PME appréh<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t la question<br />
de la transmission. Il est à noter que c<strong>et</strong>te étude n’a pas fait l’obj<strong>et</strong> d’une<br />
publication au s<strong>en</strong>s strict du terme : les principaux résultats sont<br />
téléchargeables sur le site de la Société wallonne d'acquisitions <strong>et</strong> de<br />
cessions d'<strong>en</strong>treprises (SOWACCESS) 16 <strong>et</strong> ont été prés<strong>en</strong>tés par J. <strong>Le</strong>bèque<br />
lors du premier forum europé<strong>en</strong> sur la transmission des PME qui a eu lieu<br />
à Spa le 19 mai 2009.<br />
Sur le plan méthodologique, peu d’informations sont fournies par les<br />
opérateurs. L’<strong>en</strong>quête a d’abord procédé par l’<strong>en</strong>voi d’un courrier à 500<br />
PME wallonnes. <strong>Le</strong>s critères <strong>et</strong> techniques d’échantillonnage ne sont<br />
malheureusem<strong>en</strong>t pas explicités. C<strong>et</strong> <strong>en</strong>voi a permis, dans un deuxième<br />
temps, de m<strong>en</strong>er des interviews téléphoniques assistées par ordinateurs.<br />
<strong>Le</strong>s 500 adresses ont ainsi permis de récolter 131 questionnaires<br />
compl<strong>et</strong>s.<br />
Chez 32% des chefs d'<strong>en</strong>treprise interrogés, le répondant ne sait pas dans<br />
combi<strong>en</strong> de temps il p<strong>en</strong>se transm<strong>et</strong>tre son <strong>en</strong>treprise mais, dans 51% des<br />
cas, il a déjà p<strong>en</strong>sé à la transmission de celle-ci. Néanmoins, 31% des<br />
dirigeants se s<strong>en</strong>tant concernés, y p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t seulem<strong>en</strong>t depuis moins de 6<br />
mois. Par ailleurs, 56% des personnes interrogées n'ont initié aucune<br />
démarche pour préparer la transmission. Dans le cas contraire, le dirigeant<br />
s’est r<strong>en</strong>seigné sur les modes de transmission à privilégier (22% de<br />
l’<strong>en</strong>semble de l’échantillon) <strong>et</strong> sur l'évaluation de l'<strong>en</strong>treprise (11%). <strong>Le</strong>s<br />
conseillers privilégiés pour l'id<strong>en</strong>tification du mode de transmission sont le<br />
comptable (41% des individus concernés) <strong>et</strong> le notaire (24% des individus<br />
concernés). Pour l'évaluation de l'<strong>en</strong>treprise, le notaire (36% des individus<br />
concernés) est la personne de référ<strong>en</strong>ce la plus fréquemm<strong>en</strong>t consultée.<br />
Par ailleurs, 83% des répondants sont au courant de l'exist<strong>en</strong>ce de<br />
conseillers spécialisés dans la transmission <strong>et</strong> 60% ont déjà évoqué celleci<br />
avec leur <strong>en</strong>tourage (familial ou professionnel). Selon les répondants, les<br />
16<br />
http://jecedemapme.be/fr/m<strong>en</strong>u-vertical/s<strong>en</strong>sibilisation-<strong>et</strong>-formation-a-latransmission/<strong>en</strong>qu<strong>et</strong>e-pme/<strong>en</strong>qu<strong>et</strong>e-pme.html<br />
30
aspects les plus s<strong>en</strong>sibles de la transmission relèv<strong>en</strong>t du registre financier<br />
(57%), psychologique (40%) <strong>et</strong> juridique (32%).<br />
En termes de s<strong>en</strong>sibilisation, ce sont les comptables, expert-comptables <strong>et</strong><br />
réviseurs qui sembl<strong>en</strong>t avoir eu le plus d’impact : 31% des dirigeants<br />
s<strong>en</strong>sibilisés à la problématique de la transmission l’ont été par ce type<br />
d’opérateur, contre 21% par des institutions spécialisées.<br />
Sur le plan des pistes d’action publique, les dirigeants interrogés<br />
suggèr<strong>en</strong>t à 63% une meilleure information de la part des organismes <strong>et</strong><br />
des conseillers spécialisés dans la transmission. Par ailleurs, 27% cit<strong>en</strong>t<br />
l'idée d'une plateforme électronique rassemblant l'<strong>en</strong>semble des cédants<br />
<strong>et</strong> des repr<strong>en</strong>eurs pot<strong>en</strong>tiels.<br />
GUYOT J.L., VAN CUTSEM M. (2010) : la transmission d’<strong>en</strong>treprises <strong>en</strong><br />
<strong>Wallonie</strong> - discours <strong>et</strong> <strong>en</strong>jeux<br />
C<strong>et</strong>te publication porte sur la thématique de la transmission d’<strong>en</strong>treprises<br />
<strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> <strong>et</strong> concerne les <strong>en</strong>treprises commerciales, non cotées <strong>en</strong><br />
bourse <strong>et</strong> employant au moins un travailleur salarié. Elle se base sur<br />
l’analyse qualitative des discours t<strong>en</strong>us, à partir d’un questionnem<strong>en</strong>t<br />
structuré, par vingt acteurs de terrain <strong>en</strong> prise avec la dynamique repris<strong>et</strong>ransmission.<br />
<strong>Le</strong>s réponses récoltées sont examinées <strong>en</strong> fonction de<br />
l’éclairage qu’elles apport<strong>en</strong>t au contexte <strong>et</strong> au positionnem<strong>en</strong>t spécifique<br />
des acteurs, cédants <strong>et</strong> repr<strong>en</strong>eurs.<br />
Plusieurs constats sont mis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce par les auteurs. A l’analyse des<br />
dim<strong>en</strong>sions économiques, institutionnelles, matérielles, culturelles <strong>et</strong><br />
historiques dans lesquelles se pose la question du <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong>, il apparaît<br />
que la situation particulière de chaque <strong>en</strong>treprise, notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> termes<br />
de culture <strong>et</strong> d’histoire constitue une composante ess<strong>en</strong>tielle dans<br />
l’appréh<strong>en</strong>sion du phénomène. <strong>Le</strong>s acteurs interrogés soulign<strong>en</strong>t<br />
l’importance de l’histoire particulière de la firme qui conduit à la définition<br />
d’un <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t spécifique, <strong>en</strong> termes de culture d’<strong>en</strong>treprise, de<br />
modes d’organisation, de relations interpersonnelles, de réseaux sociaux,<br />
de position sur le marché… C<strong>et</strong> <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t influ<strong>en</strong>ce non seulem<strong>en</strong>t la<br />
transmission mais égalem<strong>en</strong>t la réussite à plus long terme du proj<strong>et</strong>,<br />
particulièrem<strong>en</strong>t dans le cas d’<strong>en</strong>treprises familiales. Ceci implique que,<br />
pour les cédants, les facteurs émotionnels <strong>et</strong> psychologiques – de nature<br />
31
intangible – figur<strong>en</strong>t comme des facteurs déterminants <strong>et</strong> pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t<br />
handicapants dans l’organisation d’un processus de désinvestissem<strong>en</strong>t de<br />
l’<strong>en</strong>treprise.<br />
En ce qui concerne les repr<strong>en</strong>eurs, l’analyse révèle qu’ils doiv<strong>en</strong>t affronter<br />
plusieurs types de difficultés liées à une difficulté d’accès à l’information<br />
d’une part, à leur propre capacité managériale de l’autre. Par ailleurs,<br />
l’offre d’accompagnem<strong>en</strong>t semble s’être accrue <strong>et</strong> diversifiée tandis que<br />
les opérateurs se professionnalis<strong>en</strong>t. On pourrait y voir une forme de<br />
conséqu<strong>en</strong>ce de l’augm<strong>en</strong>tation, à terme, du nombre d’<strong>en</strong>treprises à<br />
transm<strong>et</strong>tre <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong>.<br />
Il ressort égalem<strong>en</strong>t des discours des opérateurs r<strong>en</strong>contrés par les<br />
auteurs que le <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> est une dim<strong>en</strong>sion, <strong>en</strong>core trop peu prise <strong>en</strong><br />
considération, de la thématique plus générale de l’<strong>en</strong>t<strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> <strong>en</strong><br />
<strong>Wallonie</strong>. Ces mêmes acteurs s’accord<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t pour constater que,<br />
malgré l’interv<strong>en</strong>tion positive de la SOWACCESS, les mécanismes de mise<br />
<strong>en</strong> relation <strong>en</strong>tre l’offre <strong>et</strong> la demande d’<strong>en</strong>treprises à rem<strong>et</strong>tre, sont<br />
perfectibles, notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> termes de s<strong>en</strong>sibilisation <strong>et</strong> d’accès à<br />
l’information <strong>et</strong> de transpar<strong>en</strong>ce de celle-ci.<br />
Selon certains opérateurs, le schéma traditionnel de transmission<br />
intrafamiliale intergénérationnelle serait <strong>en</strong> repli. Ce recul profiterait<br />
notamm<strong>en</strong>t à des modèles de reprise où la pér<strong>en</strong>nité de la firme n’est pas<br />
la finalité poursuivie <strong>et</strong> contribuerait à diversifier les formes de reprises.<br />
<strong>Le</strong>s résultats obt<strong>en</strong>us port<strong>en</strong>t principalem<strong>en</strong>t sur le niveau de l’<strong>en</strong>treprise<br />
<strong>et</strong> des acteurs impliqués dans la transmission <strong>et</strong> ne couvr<strong>en</strong>t pas<br />
complètem<strong>en</strong>t les <strong>en</strong>jeux macro-économiques <strong>et</strong> sociétaux. <strong>Le</strong> texte ne<br />
perm<strong>et</strong> pas d’apporter des réponses tranchées aux questions posées à ce<br />
niveau. Il m<strong>et</strong>, au contraire, <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce, outre une faiblesse évid<strong>en</strong>te des<br />
systèmes d’information <strong>en</strong> matière de <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong>, des<br />
opinions contrastées sur la prégnance d’un év<strong>en</strong>tuel déficit <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurial<br />
<strong>et</strong> donc repr<strong>en</strong>eurial <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> <strong>et</strong> sur ses conséqu<strong>en</strong>ces pour l’économie<br />
<strong>et</strong> la société wallonne. C<strong>et</strong>te conclusion invite à approfondir la thématique<br />
du <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> <strong>et</strong> à l’examiner dans l’<strong>en</strong>semble de ses<br />
dim<strong>en</strong>sions.<br />
32
3. Modalités de transmission <strong>et</strong> évolution de l’<strong>en</strong>treprise<br />
<strong>Le</strong>s chercheurs de l’université de Mons-Hainaut sont très actifs dans le<br />
champ investigué dans les publications qui constitu<strong>en</strong>t le deuxième<br />
<strong>en</strong>semble de travaux que nous avons id<strong>en</strong>tifié puisque toutes celles-ci sont<br />
le fruit de leurs investigations. Ceci explique une très grande homogénéité<br />
de questionnem<strong>en</strong>t <strong>et</strong> de sources de données. La question principale<br />
abordée ici est celle de la relation <strong>en</strong>tre les caractéristiques du processus<br />
de transmission <strong>et</strong> des acteurs concernés, d’une part, <strong>et</strong> les performances<br />
subséqu<strong>en</strong>tes de l’<strong>en</strong>treprise une fois reprise. Chaque papier est, par<br />
ailleurs, basé sur l’exam<strong>en</strong> des mêmes données <strong>et</strong> le niveau d’analyse<br />
privilégié est celui de la firme.<br />
COLOT O. (2006) : profil du repr<strong>en</strong>eur <strong>et</strong> performance de l’<strong>en</strong>treprise<br />
C<strong>et</strong> article examine le li<strong>en</strong> év<strong>en</strong>tuel <strong>en</strong>tre la performance des <strong>en</strong>treprises <strong>et</strong><br />
le type de repr<strong>en</strong>eur. Il vise à vérifier l’hypothèse selon laquelle la<br />
performance commerciale, économique <strong>et</strong> financière d'une PME familiale<br />
après sa transmission varierait de manière significative <strong>en</strong> fonction du<br />
caractère interne ou externe la reprise.<br />
Une PME est définie comme une <strong>en</strong>treprise ne dépassant pas plus d’un<br />
des critères suivants :<br />
- personnel occupé : 50 salariés ;<br />
- chiffre d’affaires annuel hors TVA : 6.250.000 euros ;<br />
- total du bilan : 3.125.000 euros ;<br />
<strong>et</strong> dont, <strong>en</strong> outre, 25% ou plus de son capital n’est pas dét<strong>en</strong>u par une ou<br />
plusieurs grandes <strong>en</strong>treprises.<br />
Quant au caractère familial de l’<strong>en</strong>treprise, une <strong>en</strong>treprise sera id<strong>en</strong>tifiée,<br />
grâce à l’<strong>en</strong>quête réalisée par l’auteur, comme étant familiale si elle<br />
répond à au moins deux des critères suivants :<br />
- une famille déti<strong>en</strong>t au moins 50% des actions de l’<strong>en</strong>treprise ;<br />
- la majorité du conseil d’administration sont les membres d’une<br />
famille ;<br />
33
- une famille a une influ<strong>en</strong>ce décisive sur la stratégie <strong>et</strong> sur les<br />
décisions de transmission de l’<strong>en</strong>treprise à la génération suivante<br />
(ce critère sera id<strong>en</strong>tifié par le fait que l’<strong>en</strong>treprise est au minimum<br />
dans sa seconde génération <strong>et</strong>/ou par le fait que le dirigeant a<br />
l’int<strong>en</strong>tion de transm<strong>et</strong>tre l’<strong>en</strong>treprise à la génération suivante.<br />
L’auteur suppose que la famille a une influ<strong>en</strong>ce décisive si la<br />
majorité des membres de la direction sont de la famille).<br />
Sur le plan empirique, les données financières nécessaires ont été<br />
extraites du DVD-rom de Belfirst <strong>et</strong> de cd-rom édités par la Banque<br />
Nationale de <strong>Belgique</strong> <strong>et</strong> les informations perm<strong>et</strong>tant de caractériser les<br />
<strong>en</strong>treprises familiales ont été collectées grâce à une <strong>en</strong>quête par<br />
questionnaires visant l’<strong>en</strong>semble des 8.917 PME belges créées avant le 31<br />
décembre 1990.<br />
Deux objectifs ont ori<strong>en</strong>té c<strong>et</strong>te <strong>en</strong>quête : vérifier le caractère familial de<br />
l’<strong>en</strong>treprise <strong>et</strong> toucher un maximum de PME ayant déjà fait l’obj<strong>et</strong> d’une<br />
transmission. Il a été procédé à un échantillonnage aléatoire simple sans<br />
remise de 2.000 PME. L’<strong>en</strong>quête a finalem<strong>en</strong>t donné lieu à 391 réponses<br />
exploitables, soit un taux de réponse de 23,9%. La représ<strong>en</strong>tativité<br />
statistique de c<strong>et</strong> échantillon a été vérifiée sur trois critères : la localisation<br />
géographique, le secteur d’activité <strong>et</strong> l’effectif (nombre de travailleurs). A<br />
un seuil de probabilité de 5%, l’hypothèse nulle de distributions id<strong>en</strong>tiques<br />
ne peut être rej<strong>et</strong>ée pour chacune de ces trois variables. En outre,<br />
l’<strong>en</strong>quête a permis d’id<strong>en</strong>tifier 159 transmissions de PME, dont 130<br />
transmissions familiales. In fine, l’échantillon exploitable comporte 83<br />
<strong>en</strong>treprises transmises 17 .<br />
<strong>Le</strong>s tests statistiques, appliqués à la fois à la r<strong>en</strong>tabilité économique <strong>et</strong> à la<br />
r<strong>en</strong>tabilité financière, montr<strong>en</strong>t une influ<strong>en</strong>ce statistiquem<strong>en</strong>t significative<br />
de la durée de la période de transmission <strong>et</strong> du type de repr<strong>en</strong>eur (interne /<br />
externe) sur les performances de l’<strong>en</strong>treprise, <strong>et</strong> ce, p<strong>en</strong>dant les trois<br />
années qui suiv<strong>en</strong>t la transmission. En ce qui concerne l’impact de<br />
variables propres aux repr<strong>en</strong>eurs, l’auteur confirme l’influ<strong>en</strong>ce négative du<br />
repr<strong>en</strong>eur membre de la famille mise <strong>en</strong> avant par certaines études<br />
antérieures. Il constate égalem<strong>en</strong>t une relation significative positive <strong>en</strong>tre<br />
17<br />
Au vu de ces nombres, relativem<strong>en</strong>t peu élevés, il convi<strong>en</strong>t d’interpréter les<br />
résultats avec une certaine prud<strong>en</strong>ce.<br />
34
le niveau d’éducation <strong>et</strong> la performance. <strong>Le</strong> fait, pour le repr<strong>en</strong>eur, d’avoir<br />
une expéri<strong>en</strong>ce dans le même secteur d’activité que l’<strong>en</strong>treprise reprise a<br />
égalem<strong>en</strong>t une influ<strong>en</strong>ce négative, statistiquem<strong>en</strong>t significative à 5%,<br />
chacune des trois années après la reprise. De plus, le fait que le repr<strong>en</strong>eur<br />
soit déjà dirigeant d’une autre <strong>en</strong>treprise a une influ<strong>en</strong>ce négative. L’âge<br />
de l’<strong>en</strong>treprise a une influ<strong>en</strong>ce négative sur la performance. Enfin, les<br />
résultats indiqu<strong>en</strong>t une influ<strong>en</strong>ce positive de la durée de la période de<br />
transition. <strong>Le</strong> texte ne perm<strong>et</strong> cep<strong>en</strong>dant pas de compr<strong>en</strong>dre comm<strong>en</strong>t<br />
c<strong>et</strong>te période est estimée <strong>et</strong> ce qu’elle couvre concrètem<strong>en</strong>t.<br />
COLOT O., DUPONT C. (2006a) – COLOT O., DUPONT C. (2006b) : impact<br />
de la transmission d’<strong>en</strong>treprise sur son personnel <strong>et</strong> sa productivité<br />
Ces deux articles r<strong>en</strong>voi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fait à un même texte. L’objectif de ses<br />
auteurs est d’évaluer l’évolution du personnel suite à la transmission. Pour<br />
ce faire, les auteurs travaill<strong>en</strong>t sur les PME belges <strong>et</strong> ils examin<strong>en</strong>t quatre<br />
indicateurs relatifs au personnel selon des contextes spécifiques de<br />
transmission. Ces indicateurs sont l’effectif moy<strong>en</strong> de l’<strong>en</strong>treprise, la<br />
productivité (valeur ajoutée brute par personne occupée), le niveau des<br />
rémunérations globales moy<strong>en</strong>nes par personne <strong>et</strong> la proportion des<br />
rémunérations sur la marge brute d’exploitation. <strong>Le</strong>s contextes <strong>en</strong>visagés<br />
sont les suivants :<br />
- le caractère familial ou non de la PME. Selon les auteurs, la<br />
proximité affective plus forte pouvant régner au sein des PME<br />
familiales laisse à p<strong>en</strong>ser que le personnel d’une PME familiale<br />
éprouvera plus de difficultés à s’adapter à un nouveau dirigeant par<br />
peur d’év<strong>en</strong>tuels changem<strong>en</strong>ts dans la culture ou le fonctionnem<strong>en</strong>t<br />
de l’<strong>en</strong>treprise. Néanmoins, selon Colot <strong>et</strong> Dupont, puisque les PME<br />
à contrôle familial se caractéris<strong>en</strong>t par la volonté d’une pér<strong>en</strong>nité<br />
intergénérationnelle, il est égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>visageable que de telles<br />
<strong>en</strong>treprises soi<strong>en</strong>t moins affectées par la transmission, le personnel<br />
étant consci<strong>en</strong>t de la volonté de maint<strong>en</strong>ir l’<strong>en</strong>treprise au sein de la<br />
famille ;<br />
35
- le caractère interne ou externe du repr<strong>en</strong>eur. La v<strong>en</strong>ue d’un<br />
dirigeant externe pour causer un traumatisme pour l’<strong>en</strong>treprise, ce<br />
dirigeant ayant besoin de temps peut acquérir les compét<strong>en</strong>ces<br />
managériales requises <strong>et</strong> pour améliorer sa connaissance de<br />
l’<strong>en</strong>treprise. A l’inverse, le fait d’avoir travaillé précédemm<strong>en</strong>t dans<br />
l’<strong>en</strong>treprise pourrait faciliter le processus de transmission <strong>et</strong> avoir<br />
un eff<strong>et</strong> positif sur l’évolution ultérieure de la firme ;<br />
- le caractère préparé ou non de la transmission ;<br />
- le type de transmission. La transmission par succession est<br />
synonyme de décès du dirigeant ; dans ce cas de figure, les<br />
réactions du personnel pourrai<strong>en</strong>t être plus fortes face à la<br />
transmission. Par contre, selon les auteurs, la donation laisse<br />
<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre que la PME demeure sous contrôle familial ; ce qui<br />
génèrerait moins d’inquiétude quant au futur de l’<strong>en</strong>treprise. Quant<br />
à la rev<strong>en</strong>te de l’<strong>en</strong>treprise, elle pourrait davantage se traduire par<br />
l’arrivée d’un leader externe <strong>et</strong>, dès lors, provoquer certaines<br />
inquiétudes au sein du personnel.<br />
<strong>Le</strong>s exam<strong>en</strong>s empiriques sont m<strong>en</strong>és sur les mêmes données que celles<br />
utilisées par Colot (Colot O., 2006) <strong>et</strong> décrites précédemm<strong>en</strong>t. Cep<strong>en</strong>dant,<br />
pour des motifs spécifiques au propos des auteurs, l’échantillon exploitable<br />
prés<strong>en</strong>te une taille de 81 <strong>en</strong>treprises transmises. Par ailleurs, un<br />
échantillon témoin de 81 <strong>en</strong>treprises non transmises est élaboré par les<br />
auteurs, à des fins de comparaison statistique de l’évolution du personnel<br />
des PME transmises à celle d’homologues non transmises. La<br />
méthodologie qui sous-t<strong>en</strong>d ce travail comparatif est celle de l’appairage<br />
statistique.<br />
<strong>Le</strong>s traitem<strong>en</strong>ts m<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t <strong>en</strong> exergue une évolution positive de la valeur<br />
ajoutée brute par personne occupée <strong>et</strong> une variation négative des<br />
rémunérations sur la marge brute d’exploitation, sauf <strong>en</strong> cas de<br />
transmission par succession. La résistance du personnel à la transmission,<br />
qui était présumée par les auteurs dans leurs hypothèses de départ, ne<br />
semble donc pas se vérifier.<br />
36
COLOT O. (2007) : processus <strong>et</strong> impacts de la transmission sur les<br />
performances des PME familiales non cotées<br />
La problématique abordée par c<strong>et</strong>te thèse de doctorat r<strong>en</strong>voie à trois<br />
questions c<strong>en</strong>trales :<br />
1) quelles sont les caractéristiques des PME familiales <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> ?<br />
2) quelles sont les caractéristiques des processus de transmission de<br />
PME familiales <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> ?<br />
3) <strong>Le</strong>s caractéristiques de la transmission d’une PME familiale ont-telle<br />
un impact sur sa performance commerciale, économique <strong>et</strong><br />
financière ?<br />
Ces trois questions sont abordées pour le cas spécifique des PME. Tout<br />
comme dans Colot O. (2006), n’ont été r<strong>et</strong><strong>en</strong>ues que les PME qui ont été<br />
créées avant le 31 décembre 1990. <strong>Le</strong>s données utilisées sont id<strong>en</strong>tiques<br />
à celles examinées par l’auteur <strong>en</strong> 2006.<br />
<strong>Le</strong>s résultats issus du traitem<strong>en</strong>t de ces données apport<strong>en</strong>t des élém<strong>en</strong>ts<br />
de réponse intéressants par rapport aux préoccupations de l’auteur.<br />
<strong>Le</strong>s caractéristiques des PME familiales <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong><br />
<strong>Le</strong>s PME de l’échantillon sont majoritairem<strong>en</strong>t de nature familiale (81%).<br />
L’auteur extrapole c<strong>et</strong>te information à la population totale visée par la<br />
recherche <strong>et</strong> estime que, sur les 8.917 PME wallonnes <strong>en</strong> activité depuis<br />
15 ans au mom<strong>en</strong>t de l’<strong>en</strong>quête <strong>et</strong> occupant au moins deux travailleurs,<br />
7252 serai<strong>en</strong>t de nature familiale. La PME familiale constituerait donc le<br />
type d’<strong>en</strong>treprises dominant <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong>. L’<strong>en</strong>quête perm<strong>et</strong> égalem<strong>en</strong>t<br />
d’observer que les PME familiales sont n<strong>et</strong>tem<strong>en</strong>t moins représ<strong>en</strong>tées dans<br />
les secteurs des services <strong>et</strong> de l’industrie alors qu’elles sont plus<br />
représ<strong>en</strong>tées dans le commerce <strong>et</strong> la construction, <strong>et</strong> qu’elles sont <strong>en</strong><br />
général plus p<strong>et</strong>ites que les PME non familiales. En outre, plus de 95% des<br />
dirigeants sont propriétaires de leur <strong>en</strong>treprise <strong>et</strong> la structure de<br />
l’actionnariat des PME est principalem<strong>en</strong>t composée des membres de la<br />
famille : 87% des PME sont dét<strong>en</strong>ues majoritairem<strong>en</strong>t par la famille <strong>et</strong> ont<br />
un conseil d’administration composé pour la majorité de membres<br />
prov<strong>en</strong>ant de la famille.<br />
Par ailleurs, Colot estime que l’âge moy<strong>en</strong> des dirigeants de l’<strong>en</strong>semble<br />
des PME wallonne est de 49,2 ans, ce qui l’autorise à avancer que 22%<br />
37
des PME devrai<strong>en</strong>t être transmises au cours des cinq années suivant<br />
l’<strong>en</strong>quête <strong>et</strong> que 37% le devrai<strong>en</strong>t dans les dix années (<strong>en</strong> postulant un<br />
départ théorique à la r<strong>et</strong>raite à 65 ans)<br />
<strong>Le</strong>s caractéristiques des transmissions de PME familiales <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong><br />
D’une part, les principaux résultats indiqu<strong>en</strong>t que, selon les délais prévus<br />
par les dirigeants eux-mêmes, 55% des PME wallonnes interrogées seront<br />
transmises dans les dix prochaines années 18 . Ces chiffres, extrapolés à la<br />
population des PME wallonnes laiss<strong>en</strong>t à p<strong>en</strong>ser qu’un peu moins de 5.000<br />
d’<strong>en</strong>tre elles seront à rem<strong>et</strong>tre dans les dix prochaines années (ce qui<br />
représ<strong>en</strong>te, selon Colot, 31.000 emplois).<br />
Parmi ces PME à transm<strong>et</strong>tre dans les dix prochaines années, 45% d’<strong>en</strong>tre<br />
elles n'aurai<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong>core effectué de démarches concrètes pour<br />
préparer la transmission (42% pour les PME familiales). C<strong>et</strong>te proportion<br />
est de 22% pour les transmissions estimées devant se produire dans les<br />
deux ans après l’<strong>en</strong>quête. Il est égalem<strong>en</strong>t à noter que 53% des dirigeants<br />
sont âgés de plus de 60 ans <strong>et</strong> n’ont pas <strong>en</strong>core pris de mesures afin de<br />
préparer la transmission de leur <strong>en</strong>treprise familiale.<br />
Il est à noter qu’au sein des PME familiales à transm<strong>et</strong>tre dans les 10 ans,<br />
33% n’ont pas <strong>en</strong>core défini la manière dont l’<strong>en</strong>treprise sera cédée tandis<br />
que 40% seront rev<strong>en</strong>dues, 20% seront transmises par donation (du vivant<br />
de l’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur) ou succession (<strong>en</strong> cas de décès).<br />
A l’horizon de 10 ans, 61% des <strong>en</strong>treprises du secteur industriel seront<br />
touchés par la transmission. Ce taux est de 55% pour le secteur du<br />
commerce, de 54% pour la construction <strong>et</strong> de 51% pour les services<br />
L’<strong>en</strong>quête indique aussi que les besoins <strong>en</strong> information des dirigeants<br />
concernant la transmission sont multiples. <strong>Le</strong>s thèmes qui intéress<strong>en</strong>t au<br />
moins 50% des dirigeants sont l’évaluation de l’<strong>en</strong>treprise, les droits de<br />
succession, l’impôt des sociétés, les droits de donation, l’impôt des<br />
personnes physiques <strong>et</strong> le droit social.<br />
D’autre part, la proportion des PME qui ont déjà connu une transmission<br />
est de 41%. La durée moy<strong>en</strong>ne du processus de c<strong>et</strong>te transmission fut de<br />
presque trois ans (34,2 mois). Colot id<strong>en</strong>tifie trois principaux contextes de<br />
18<br />
dont 13% dans les deux ans <strong>et</strong> 30% dans les cinq ans.<br />
38
transmission : le départ à la r<strong>et</strong>raite du dirigeant (52% des cas), le décès<br />
du dirigeant (17%) <strong>et</strong> la redistribution du capital (12%). A la transmission,<br />
l’âge moy<strong>en</strong> du dirigeant était de 59,5 ans. <strong>Le</strong>s dirigeants de PME<br />
familiales ont transmis leur <strong>en</strong>treprise plus tard que les dirigeants de PME<br />
non familiales.<br />
<strong>Le</strong>s résultats montr<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t que, pour les PME familiales, la<br />
transmission s’est réalisée au sein de la famille dans un peu plus de 80%<br />
des cas. Selon Colot, une PME familiale sur cinq perd donc son caractère<br />
familial lors de la transmission, soit parce que le dirigeant n’a pas d’<strong>en</strong>fant<br />
(5% des cas), soit le ou les <strong>en</strong>fant(s) ne sont pas aptes à ou désireux de<br />
repr<strong>en</strong>dre la PME familiale. Dans les situations de cession extra-familiale,<br />
la PME est transmise aux salariés (1%) <strong>et</strong> pour la majorité à une personne<br />
externe (19%). Pour les PME non familiales, la transmission intra-familiale<br />
s’élève à 25% des cas. Dans les autres cas, 17% ont été transmises aux<br />
salariés <strong>et</strong> 58% à des personnes externes.<br />
En ce qui concerne les repr<strong>en</strong>eurs, dans 70% des cas (tous types de PME<br />
confondus), il était interne à l’<strong>en</strong>treprise. De même, il était membre de la<br />
famille dans 70% des cas. <strong>Le</strong> repr<strong>en</strong>eur le plus fréqu<strong>en</strong>t (56%) est un<br />
membre de la famille travaillant déjà au sein de la PME. Ensuite, vi<strong>en</strong>t le<br />
repr<strong>en</strong>eur non membre de la famille <strong>et</strong> externe à la PME (16%) <strong>et</strong> <strong>en</strong>fin, le<br />
travailleur de la PME non membre de la famille (14%) ou le membre de la<br />
famille externe à la PME (14%).<br />
Par ailleurs, dans deux tiers des transmissions, la reprise s’est faite par<br />
une seule personne. Pour trois transmissions sur dix, il y a deux<br />
repr<strong>en</strong>eurs. Pour l’<strong>en</strong>semble des repr<strong>en</strong>eurs id<strong>en</strong>tifiés, 84% étai<strong>en</strong>t des<br />
hommes. La moy<strong>en</strong>ne d’âge de ces repr<strong>en</strong>eurs lors de la transmission<br />
était de 33,7 ans. C<strong>et</strong>te moy<strong>en</strong>ne ne varie guère si on sépare les PME<br />
familiales des PME non familiales.<br />
Près de 68% des repr<strong>en</strong>eurs dispos<strong>en</strong>t d’un niveau d’étude supérieur (27%<br />
de niveau universitaire, 16% de type long non universitaire <strong>et</strong> 24% de type<br />
court non universitaire) <strong>et</strong> 67% d’<strong>en</strong>tre eux travaillai<strong>en</strong>t antérieurem<strong>en</strong>t<br />
dans l’<strong>en</strong>treprise reprise, soit <strong>en</strong> étant salariés (35%), soit <strong>en</strong> y exerçant<br />
déjà des fonctions de direction (32%). <strong>Le</strong>s autres repr<strong>en</strong>eurs étai<strong>en</strong>t soit<br />
salariés dans une autre <strong>en</strong>treprise (13%), soit chef d’une autre <strong>en</strong>treprise<br />
(7%), soit dans une autre situation (13%). Ces chiffres ne vari<strong>en</strong>t guère que<br />
le repr<strong>en</strong>eur soit interne ou externe à la famille. Il convi<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant de<br />
39
m<strong>en</strong>tionner que 40% des repr<strong>en</strong>eurs externes à la famille avai<strong>en</strong>t acquis<br />
une expéri<strong>en</strong>ce professionnelle <strong>en</strong> dehors de l’<strong>en</strong>treprise contre seulem<strong>en</strong>t<br />
29% des repr<strong>en</strong>eurs membres de la famille.<br />
La période de transition, quant à elle, s’est étalée <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne sur 52,5<br />
mois (mais était n<strong>et</strong>tem<strong>en</strong>t plus élevée dans les PME familiales). Il est à<br />
noter qu’un peu plus d’un quart des transmissions s’est réalisée sans<br />
période de transition.<br />
Colot m<strong>et</strong> <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce le fait que les transmissions de PME se sont<br />
effectuées ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t selon trois techniques, à savoir la rev<strong>en</strong>te<br />
(56%), la succession (23%), ou la donation (13%). <strong>Le</strong>s principaux<br />
problèmes r<strong>en</strong>contrés lors de la transmission sont les difficultés de<br />
trésorerie (23%), l’adhésion du personnel (14%) <strong>et</strong> le manque de<br />
préparation de la transmission (12%).<br />
<strong>Le</strong>s impacts des caractéristiques de la transmission sur la performance<br />
commerciale, économique <strong>et</strong> financière ?<br />
Pour m<strong>et</strong>tre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce ces impacts, l’auteur choisit de travailler sur la<br />
base d’une méthode comparative avec des <strong>en</strong>treprises témoins qui n’ont<br />
pas connu de transmission, tout comme dans Colot O. (2006) <strong>et</strong> dans Colot<br />
O. <strong>et</strong> Dupont C. (2006a, 2006b).<br />
<strong>Le</strong>s résultats des tests montr<strong>en</strong>t que le processus de transmission<br />
influ<strong>en</strong>ce la performance des PME, du moins familiales. Plusieurs facteurs<br />
sont analysés par Colot.<br />
a) L’<strong>en</strong>racinem<strong>en</strong>t du dirigeant<br />
Selon les résultats, « L’<strong>en</strong>racinem<strong>en</strong>t du dirigeant membre de la famille a<br />
une influ<strong>en</strong>ce positive sur les performances de l’<strong>en</strong>treprise tant qu’il reste<br />
<strong>en</strong> place. Cep<strong>en</strong>dant, après le départ du dirigeant <strong>en</strong>raciné, l’évolution de<br />
la performance est négative alors que celle des PME familiales transmises<br />
<strong>et</strong> dont le dirigeant n’était pas <strong>en</strong>raciné est <strong>en</strong> progression. » (Colot O.,<br />
2007 : 337).<br />
b) La préparation de la transmission<br />
Etonnamm<strong>en</strong>t, les résultats obt<strong>en</strong>us par l’auteur ne perm<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t pas<br />
d’’id<strong>en</strong>tifier ce facteur comme discriminant au niveau des performances<br />
des PME familiales. Ce constat surpr<strong>en</strong>ant pourrait prov<strong>en</strong>ir du fait que<br />
40
l’échantillon étudié n’était constitué que de PME <strong>en</strong>core <strong>en</strong> activité <strong>et</strong> que<br />
les PME non préparées qui ont disparu n’ont pu être interrogées. En outre,<br />
les tests réalisés sur les PME non familiales montr<strong>en</strong>t que la performance<br />
après la transmission se dégrade <strong>en</strong> l’abs<strong>en</strong>ce de préparation.<br />
c) <strong>Le</strong> contexte de la transmission<br />
<strong>Le</strong>s analyses démontr<strong>en</strong>t un eff<strong>et</strong> négatif sur les performances, p<strong>en</strong>dant<br />
<strong>en</strong>viron deux ans, des transmissions suite au décès du dirigeant. Par<br />
contre, les performances réalisées par les PME familiales transmises lors<br />
du départ à la r<strong>et</strong>raite du dirigeant s’amélior<strong>en</strong>t directem<strong>en</strong>t après la<br />
transmission.<br />
d) <strong>Le</strong> type de repr<strong>en</strong>eur<br />
<strong>Le</strong> type de repr<strong>en</strong>eur a égalem<strong>en</strong>t un impact sur les performances de la<br />
PME familiale. <strong>Le</strong>s résultats m<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce une dégradation de la<br />
performance lors des années qui suiv<strong>en</strong>t la transmission <strong>en</strong> cas de<br />
transmission à un repr<strong>en</strong>eur externe tandis que dans le cas d’une<br />
transmission à un repr<strong>en</strong>eur interne, la t<strong>en</strong>dance inverse est constatée.<br />
e) La technique de transmission<br />
Selon que la PME familiale se transm<strong>et</strong> par donation, par succession ou<br />
par rev<strong>en</strong>te, les performances seront très différ<strong>en</strong>tes. <strong>Le</strong>s PME familiales<br />
transmises par succession subiss<strong>en</strong>t une baise de leur performance<br />
p<strong>en</strong>dant les deux années après la transmission. Par la suite, la situation<br />
s’améliore. La technique de transmission par rev<strong>en</strong>te, quant à elle, a une<br />
influ<strong>en</strong>ce positive. Pour ce qui est de la donation, l’abs<strong>en</strong>ce de<br />
significativité des résultats ne perm<strong>et</strong> pas de tirer de conclusions.<br />
A la lumière de ces différ<strong>en</strong>ts résultats, l’auteur formule une série de<br />
recommandations <strong>en</strong> vue d’améliorer les chances de réussite de la<br />
transmission de la PME familiale :<br />
1) pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte la longueur du processus de transmission ;<br />
2) recourir à l’avis d’experts externes à l’<strong>en</strong>treprise, étant donné la<br />
complexité du processus <strong>et</strong> son caractère peu récurr<strong>en</strong>t dans la<br />
vie de l’<strong>en</strong>treprise ;<br />
41
3) communiquer : la principale cause de l’abs<strong>en</strong>ce de préparation<br />
provi<strong>en</strong>t des facteurs affectifs <strong>et</strong> humains. Pour les réduire, selon<br />
Colot, il s’agit de communiquer <strong>et</strong> de perm<strong>et</strong>tre à tout le monde<br />
dans la famille de s’exprimer sur le suj<strong>et</strong>. Il faudra égalem<strong>en</strong>t<br />
fournir une information de qualité <strong>en</strong>vers les travailleurs, les<br />
cli<strong>en</strong>ts, les fournisseurs, les banquiers, tous les acteurs<br />
concernés par la transmission pouvant m<strong>et</strong>tre <strong>en</strong> place certaines<br />
formes de résistance ;<br />
4) gérer <strong>et</strong> organiser : la rédaction d’un plan stratégique familial <strong>et</strong> la<br />
mise <strong>en</strong> place de structures de gouvernance adaptées<br />
augm<strong>en</strong>teront les chances de réussite de la transmission ;<br />
5) bi<strong>en</strong> choisir la modalité de transmission, la succession familiale<br />
n’étant pas toujours la meilleure solution ;<br />
6) concevoir la transmission comme une transition inscrite dans une<br />
certaine durée.<br />
Néanmoins, Colot souligne que chaque transmission est un cas unique,<br />
chaque <strong>en</strong>treprise familiale <strong>et</strong> chaque <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur étant particulier. Il est<br />
donc vain de vouloir établir une hiérarchie universelle des techniques de<br />
transmission les plus efficaces.<br />
BUGHIN Ch., COLOT O., FINET A., VANDER CASSYEN B. (2009) :<br />
transmission des <strong>en</strong>treprises familiales <strong>et</strong> gouvernance cognitive<br />
Dans c<strong>et</strong> article, qui s’inscrit très fortem<strong>en</strong>t dans le prolongem<strong>en</strong>t des<br />
travaux antérieurs de Colot, les auteurs s’intéress<strong>en</strong>t aux <strong>en</strong>treprises<br />
familiales, <strong>et</strong> plus particulièrem<strong>en</strong>t à un des facteurs déterminants du<br />
succès de leur transmission : la nature interne ou externe à la famille, dû à<br />
la famille du repr<strong>en</strong>eur. Sur la base d’un cadre d’analyse théorique<br />
cognitiviste de la gouvernance d’<strong>en</strong>treprise, ils ém<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t l’hypothèse qu’un<br />
successeur interne est plus garant de succès. Selon eux, l’immersion d’un<br />
repr<strong>en</strong>eur interne au sein de l’<strong>en</strong>treprise <strong>et</strong> de la famille procurerait à<br />
celui-ci des avantages perm<strong>et</strong>tant d’id<strong>en</strong>tifier les ressources cognitives de<br />
l’<strong>en</strong>treprise <strong>et</strong> d’<strong>en</strong> inférer les opportunités stratégiques adéquates, selon<br />
un processus de prise de décision collégial assurant la résolution des<br />
conflits cognitifs sous-jac<strong>en</strong>ts. En outre, la perturbation <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drée par une<br />
transmission externe serait plus grande que celle liée à une transmission<br />
interne.<br />
42
<strong>Le</strong>s auteurs test<strong>en</strong>t, avec succès, c<strong>et</strong>te hypothèse sur un échantillon de<br />
PME familiales belges non cotées ayant connu une transmission. Ce test se<br />
fonde sur la comparaison d’un certain nombre d’indicateurs de r<strong>en</strong>tabilité<br />
selon que le repr<strong>en</strong>eur est interne ou externe. <strong>Le</strong>s données utilisées par les<br />
auteurs sont id<strong>en</strong>tiques à celles examinées par Colot O. (2006).<br />
<strong>Le</strong>s traitem<strong>en</strong>ts statistiques des diverses données collectées indiqu<strong>en</strong>t une<br />
relation positive <strong>en</strong>tre le choix d’un repr<strong>en</strong>eur interne <strong>et</strong> les performances<br />
commerciale, économique <strong>et</strong> financière d'une <strong>en</strong>treprise familiale après sa<br />
transmission. <strong>Le</strong>s auteurs démontr<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t une chute progressive de<br />
la performance lors des années qui suiv<strong>en</strong>t la transmission <strong>en</strong> cas de<br />
repr<strong>en</strong>eur externe alors que, dans le cas de transmission interne, la<br />
t<strong>en</strong>dance inverse est confirmée. <strong>Le</strong> profil cognitif du repr<strong>en</strong>eur interne<br />
semble donc, selon les auteurs, mieux à même de relever les défis d’une<br />
gouvernance cognitive, particulièrem<strong>en</strong>t d’application au sein des<br />
<strong>en</strong>treprises familiales. <strong>Le</strong>s résultats indiqu<strong>en</strong>t aussi qu’un peu plus d’une<br />
transmission interne sur deux se réalise sans aucune difficulté alors que<br />
c’est seulem<strong>en</strong>t le cas pour un peu plus d’un tiers des transmissions<br />
externes.<br />
COLOT O. (2009) : préparation des PME familiales à la transmission <strong>et</strong><br />
impact sur la performance<br />
L’auteur s’interroge sur les difficultés éprouvées lors de la transmission<br />
des <strong>en</strong>treprises familiales à la génération suivante. Pour se faire, il a<br />
recourt aux mêmes données que celles exploitées dans ses publications<br />
antérieures que nous v<strong>en</strong>ons de prés<strong>en</strong>ter. La méthodologie utilisée est<br />
similaire à celle adoptée dans Colot O., Dupont C. (2006a, b), à savoir celle<br />
du pairage statistique, qui perm<strong>et</strong> de comparer les performances de PME<br />
familiales préparées à la transmission à celles d'homologues non<br />
préparées.<br />
L’hypothèse testée lors des traitem<strong>en</strong>ts statistiques est que la performance<br />
économique <strong>et</strong> financière d’une PME familiale après la transmission varie<br />
de manière négative lorsque le processus de transmission n’est pas<br />
préparé.<br />
<strong>Le</strong>s résultats obt<strong>en</strong>us ne perm<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t pas de valider c<strong>et</strong>te hypothèse.<br />
Cep<strong>en</strong>dant, ils indiqu<strong>en</strong>t que l’évolution des performances des PME non<br />
43
familiales après la transmission (observée sur trois ans) est <strong>en</strong>core plus<br />
négative <strong>en</strong> cas de non-préparation.<br />
4. Transmission <strong>et</strong> évaluation stratégique de l’<strong>en</strong>treprise<br />
Deux publications sont reprises dans c<strong>et</strong>te section, toutes issues de<br />
membres d’une même équipe de recherche de l’Université de Liège. <strong>Le</strong>ur<br />
préoccupation concerne l’évaluation de la PME qui fait l’obj<strong>et</strong> de la<br />
transmission <strong>et</strong> l’élaboration d’une méthode perm<strong>et</strong>tant c<strong>et</strong>te opération<br />
évaluative. La discipline de référ<strong>en</strong>ce s’avère être clairem<strong>en</strong>t les sci<strong>en</strong>ces<br />
de la gestion <strong>et</strong> le niveau d’analyse est celui de la firme.<br />
SANTIN S., VAN CAILLIE D. (2006) : diagnostic préalable à la transmission<br />
<strong>et</strong> stratégie de reprise de la PME<br />
Ces deux chercheurs propos<strong>en</strong>t, dans c<strong>et</strong> article, un référ<strong>en</strong>tiel théorique<br />
perm<strong>et</strong>tant de réaliser l’évaluation de la PME à repr<strong>en</strong>dre. C<strong>et</strong> article ne<br />
constitue donc pas une recherche empirique à proprem<strong>en</strong>t parler <strong>et</strong> ne<br />
prés<strong>en</strong>te pas de résultats d’observation.<br />
<strong>Le</strong> référ<strong>en</strong>tiel développé s’appuie sur un modèle basé sur le « tableau de<br />
bord équilibré » ou « Balanced ScoreCard », <strong>en</strong>richi de trois dim<strong>en</strong>sions<br />
liées respectivem<strong>en</strong>t aux caractéristiques du profil de l’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur<br />
dominant, aux caractéristiques de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t conjoncturel <strong>et</strong><br />
concurr<strong>en</strong>tiel de la PME <strong>et</strong> aux caractéristiques de son portefeuille de<br />
ressources rares. La prise <strong>en</strong> compte de ces élém<strong>en</strong>ts doit aider au bilan<br />
de la performance de la PME à repr<strong>en</strong>dre. D’une part, le référ<strong>en</strong>tiel perm<strong>et</strong><br />
de situer la PME à repr<strong>en</strong>dre au sein d’un des huit profils d’<strong>en</strong>treprise<br />
id<strong>en</strong>tifiables sur la base du modèle. Il perm<strong>et</strong>, d’autre part, d’ori<strong>en</strong>ter, dans<br />
un second temps, la définition de la stratégie de reprise de l’<strong>en</strong>treprise.<br />
Comme l’exprim<strong>en</strong>t les deux chercheurs, l’obj<strong>et</strong> de la publication relève<br />
donc du registre fondam<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t théorique <strong>et</strong> conceptuel : il s’agit de<br />
réconcilier les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts issus de la thématique de la reprise de la<br />
PME avec ceux portant sur la (non) performance de la PME. L’ambition est<br />
de proposer une analyse unifiée sous l’angle exclusif de la reprise de la<br />
PME, <strong>en</strong> démontrant la forte relation de conting<strong>en</strong>ce qui existe <strong>en</strong>tre le<br />
44
ésultat du diagnostic préalable à toute transmission de PME <strong>et</strong> la stratégie<br />
de reprise adoptée par le repr<strong>en</strong>eur.<br />
En termes de méthode, les auteurs s’appui<strong>en</strong>t sur une relecture critique <strong>et</strong><br />
systématique de la littérature consacrée spécifiquem<strong>en</strong>t aux facteurs de<br />
(non) performance des PME. Pour ce faire, ils se focalis<strong>en</strong>t sur la<br />
thématique de la reprise de PME, lorsque celle-ci se trouve dans une<br />
perspective de discontinuité d’exploitation due à la transmission de son<br />
pouvoir de propriété <strong>et</strong> de son pouvoir de gestion.<br />
VAN CAILLIE D., SANTIN S., CRUTZEN N., KABWIGIRI G. (2006) : l’analyse<br />
des symptômes de déséquilibre de la PME à repr<strong>en</strong>dre, facteur-clé du<br />
succès du processus de reprise<br />
<strong>Le</strong>s auteurs part<strong>en</strong>t d’un double constat. D’une part, le champ de la<br />
recherche sur les PME s’est fortem<strong>en</strong>t développé lors des trois dernières<br />
déc<strong>en</strong>nies mais les thématiques de la reprise <strong>et</strong> du redressem<strong>en</strong>t de la<br />
PME n’ont fait l’obj<strong>et</strong> que de rares contributions spécifiques. D’autre part,<br />
la problématique de la reprise de la PME n’est pas restée totalem<strong>en</strong>t<br />
méconnue du monde de la recherche sci<strong>en</strong>tifique mais elle a souv<strong>en</strong>t été<br />
traitée de manière très indirecte, non homogène <strong>et</strong> non spécifique.<br />
C’est dans ce contexte que Van Caillie <strong>et</strong> consorts se fix<strong>en</strong>t comme objectif<br />
de réconcilier les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts issus de ces deux thématiques <strong>et</strong> d’<strong>en</strong><br />
proposer une analyse unifiée, sous l’angle spécifique de la reprise de la<br />
PME.<br />
Dans un premier temps, les auteurs établiss<strong>en</strong>t, sur la base de la<br />
littérature, une typologie des cas de reprise de PME. Dans le contexte<br />
belge du début des années ’90, les cas de reprise de PME peuv<strong>en</strong>t être<br />
classés <strong>en</strong> utilisant une typologie basée sur deux critères<br />
complém<strong>en</strong>taires : la rupture (ou non) du processus de transmission<br />
intergénérationnel <strong>et</strong> le niveau de performance de l’<strong>en</strong>treprise. <strong>Le</strong><br />
croisem<strong>en</strong>t de ces critères fournit donc 4 « situations types » de reprise de<br />
PME.<br />
A l’issue de c<strong>et</strong>te analyse, les auteurs formul<strong>en</strong>t deux constats :<br />
1) dans le cadre du paradigme de l’<strong>en</strong>treprise créatrice de valeur,<br />
toute PME, au mom<strong>en</strong>t de sa reprise, prés<strong>en</strong>te des déséquilibres,<br />
plus ou moins importants <strong>et</strong> hérités de son évolution ;<br />
45
2) l’id<strong>en</strong>tification de ces déséquilibres <strong>et</strong> leur évaluation par une<br />
Balanced Score Card propre au processus de la reprise d’une<br />
PME devrait perm<strong>et</strong>tre de diagnostiquer les conditions de<br />
performance de c<strong>et</strong>te PME. Ce diagnostic devrait aider à<br />
l’élaboration d’une stratégie de reprise adéquate correspondant<br />
tant aux aspirations <strong>et</strong> aux att<strong>en</strong>tes du repr<strong>en</strong>eur <strong>et</strong> qu’aux<br />
caractéristiques particulières de la performance de l’<strong>en</strong>treprise<br />
concernée.<br />
Dans le dernier vol<strong>et</strong> de leur article, les auteurs t<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t de valider<br />
empiriquem<strong>en</strong>t ces constats. Pour ce faire, ils examin<strong>en</strong>t 6 cas de reprise<br />
de PME, opérées durant la période 2001-2006 par un même <strong>et</strong> unique<br />
repr<strong>en</strong>eur dans le secteur agro-alim<strong>en</strong>taire.<br />
<strong>Le</strong>s 6 cas de reprise étudiés ont eu lieu <strong>en</strong>tre 2001 <strong>et</strong> 2005, période d’une<br />
stabilité conjoncturelle, <strong>et</strong> toutes <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong>, qui constitue un<br />
<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t juridique, fiscal <strong>et</strong> social homogène <strong>et</strong> stable durant c<strong>et</strong>te<br />
période. Ces 6 cas concern<strong>en</strong>t tous des PME (au s<strong>en</strong>s fixé par les auteurs :<br />
<strong>en</strong>tités occupant moins de 20 personnes <strong>et</strong> dont le pouvoir de propriété <strong>et</strong><br />
le pouvoir de contrôle managérial initial est aux mains d’un ou de plusieurs<br />
<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs individuels, parfois accompagnés de leur famille).<br />
Sur le plan méthodologique, les auteurs procèd<strong>en</strong>t d’abord par un <strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong><br />
ouvert avec ce repr<strong>en</strong>eur à propos de sa vision de l’historique de chaque<br />
société, de son analyse ex-post du diagnostic de reprise réalisé à l’époque<br />
de chaque reprise <strong>et</strong> sur l’analyse critique ex-post des stratégies de<br />
reprise mises <strong>en</strong> place dans chaque cas. Ensuite, un <strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong> dirigé a lieu<br />
avec le repr<strong>en</strong>eur : il lui est demandé d’id<strong>en</strong>tifier <strong>et</strong> de pondérer, sur la<br />
base d’une grille de lecture préétablie des symptômes de non performance<br />
des PME reprises, le ou les deux principaux élém<strong>en</strong>ts.<br />
Plusieurs élém<strong>en</strong>ts ressort<strong>en</strong>t de l’analyse :<br />
1) l’influ<strong>en</strong>ce exercée par le cédant est déterminante <strong>et</strong> ce, quel que<br />
soit le cas étudié ;<br />
46
2) il y a une forte complém<strong>en</strong>tarité <strong>en</strong>tre les faiblesses <strong>et</strong> les besoins<br />
de l’<strong>en</strong>treprise cédée <strong>et</strong> les apports de la part du repr<strong>en</strong>eur<br />
(moy<strong>en</strong>s financiers nécessaires au redéploiem<strong>en</strong>t de l’<strong>en</strong>treprise,<br />
apports de nouvelles compét<strong>en</strong>ces managériales dont<br />
l’<strong>en</strong>treprise était <strong>en</strong> manque, réseau de relations du repr<strong>en</strong>eur au<br />
sein d’un secteur dont il maîtrise bi<strong>en</strong> la « chaîne de valeur »<br />
industrielle) ;<br />
3) la seule décision de « non reprise » observée résulte d’une erreur<br />
d’appréciation dans le diagnostic préalable à la reprise ;<br />
4) dans la majorité des cas, les choix de reprise <strong>et</strong> les stratégies de<br />
redressem<strong>en</strong>t développées s’inscriv<strong>en</strong>t dans la conviction que les<br />
problèmes de non performance de la PME concernée à l’instant<br />
de sa reprise peuv<strong>en</strong>t être solutionnés à brève échéance (3<br />
années).<br />
C<strong>et</strong>te première validation empirique des outils proposés, montre, selon les<br />
auteurs, qu’ils perm<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t de mieux compr<strong>en</strong>dre les choix <strong>en</strong> matière de<br />
(non) reprise d’une PME <strong>et</strong> de stratégie de reprise mise <strong>en</strong> œuvre par la<br />
suite.<br />
5. <strong>Le</strong>s acteurs de la transmission dans l’<strong>en</strong>treprise<br />
familiale<br />
Alors que les articles prés<strong>en</strong>tés précédemm<strong>en</strong>t abord<strong>en</strong>t le phénomène<br />
repr<strong>en</strong>eurial principalem<strong>en</strong>t sous l’angle systémique ou processuel, les<br />
travaux qui vont être examinés dans c<strong>et</strong>te section privilégi<strong>en</strong>t les acteurs<br />
de la transmission <strong>et</strong>, ce faisant, adopt<strong>en</strong>t une perspective plus micro. De<br />
plus, ils limit<strong>en</strong>t leur champ d’investigation exclusivem<strong>en</strong>t aux acteurs<br />
relevant des <strong>en</strong>treprises familiales. La discipline de référ<strong>en</strong>ce est, dans la<br />
majorité des cas, la sociologie. La méthodologie, qui repose<br />
principalem<strong>en</strong>t sur l’utilisation d’<strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>s, est surtout de nature<br />
qualitative. La démarche des chercheurs relève de la compréh<strong>en</strong>sion plutôt<br />
que de l’explication ou de la description, à la différ<strong>en</strong>ce des textes abordés<br />
dans les autres sections de notre article.<br />
<strong>Le</strong> thème du pouvoir, de sa transmission <strong>et</strong> de son partage est, plus ou<br />
moins explicitem<strong>en</strong>t, prés<strong>en</strong>t dans chaque contribution. En outre, à<br />
47
l’exception de l’une d’<strong>en</strong>tre elles, le g<strong>en</strong>re apparaît comme étant une<br />
composante analytique fondam<strong>en</strong>tale.<br />
CONSTANTINIS C., CORNET A. (2006) : difficultés <strong>et</strong> stratégies des femmes<br />
repr<strong>en</strong>euses d’une <strong>en</strong>treprise familiale<br />
Dans c<strong>et</strong> article, les auteures se p<strong>en</strong>ch<strong>en</strong>t sur la reprise d’<strong>en</strong>treprise<br />
familiale par les filles d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs <strong>et</strong> t<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t de m<strong>et</strong>tre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce les<br />
particularités de ce phénomène. Ils examin<strong>en</strong>t notamm<strong>en</strong>t les différ<strong>en</strong>tes<br />
stratégies développées par les femmes repr<strong>en</strong>euses dans ce contexte<br />
précis pour établir leur crédibilité <strong>et</strong> affirmer leur id<strong>en</strong>tité de dirigeant<br />
d’<strong>en</strong>treprise. Ces stratégies r<strong>en</strong>voi<strong>en</strong>t aux choix des personnes-clés dans<br />
l’<strong>en</strong>tourage, au développem<strong>en</strong>t de compét<strong>en</strong>ces particulières, à la gestion<br />
des ressources humaines, ou aux pratiques <strong>en</strong> matière financière <strong>et</strong><br />
bancaire.<br />
En termes méthodologiques, la recherche allie approche quantitative <strong>et</strong><br />
qualitative. D’une part, un travail analytique est m<strong>en</strong>é sur des données<br />
statistiques existant <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong> <strong>et</strong> des données d’<strong>en</strong>quête (les résultats<br />
chiffrés ne sont cep<strong>en</strong>dant pas détaillés dans l’article). <strong>Le</strong>s auteures<br />
inclu<strong>en</strong>t leur population d’<strong>en</strong>quête toutes les femmes relevant du statut<br />
social des travailleurs indép<strong>en</strong>dants (travailleurs indép<strong>en</strong>dants à titre<br />
principal ou complém<strong>en</strong>taire <strong>et</strong> conjoints-aidants), y compris les personnes<br />
exerçant une profession libérale (personne physique). Elles considèr<strong>en</strong>t<br />
égalem<strong>en</strong>t les femmes impliquées dans la gestion d’une <strong>en</strong>treprise<br />
constituée <strong>en</strong> société (personne morale)<br />
D’autre part, un exam<strong>en</strong> qualitatif de vingt-cinq interviews de filles<br />
d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs ayant été am<strong>en</strong>ées à repr<strong>en</strong>dre l’<strong>en</strong>treprise familiale est<br />
réalisé. <strong>Le</strong>s auteures étudi<strong>en</strong>t les propos récoltés <strong>en</strong> termes de trajectoires<br />
<strong>et</strong> de mobilité professionnelle, afin d’id<strong>en</strong>tifier les mom<strong>en</strong>ts-clés des<br />
parcours des repr<strong>en</strong>euses, de compr<strong>en</strong>dre les choix posés aux différ<strong>en</strong>tes<br />
étapes, <strong>et</strong> de m<strong>et</strong>tre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce les freins <strong>et</strong> opportunités qu’elles<br />
r<strong>en</strong>contrai<strong>en</strong>t, ainsi que le souti<strong>en</strong> dont elles bénéficiai<strong>en</strong>t év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t.<br />
En ce qui concerne le processus de succession, les résultats confirm<strong>en</strong>t<br />
ceux d’autres recherches : deux mom<strong>en</strong>ts clés sont <strong>en</strong> eff<strong>et</strong> id<strong>en</strong>tifiés,<br />
l’<strong>en</strong>trée dans l’<strong>en</strong>treprise familiale, qui peut être considérée comme une<br />
phase d’ « initiation » <strong>et</strong> la reprise de la société <strong>en</strong> tant que telle, qui peut<br />
48
interv<strong>en</strong>ir suite à un événem<strong>en</strong>t imprévu (décès, accid<strong>en</strong>t du dirigeant <strong>en</strong><br />
place) ou qui peut être planifiée de longue date. Dans ce dernier cas, la<br />
reprise elle-même peut, parfois, se décomposer <strong>en</strong> deux mom<strong>en</strong>ts : dans<br />
un premier temps, la fille est nommée à la tête de la société, mais le père<br />
est <strong>en</strong>core prés<strong>en</strong>t, lui transm<strong>et</strong> son savoir <strong>et</strong> son expéri<strong>en</strong>ce, <strong>et</strong> gère un<br />
certain nombre de choses, <strong>et</strong>, dans un second temps, le père se r<strong>et</strong>ire<br />
définitivem<strong>en</strong>t, <strong>et</strong> la fille repr<strong>en</strong>d la direction de manière complète <strong>et</strong><br />
effective.<br />
Entre l’<strong>en</strong>trée dans l’<strong>en</strong>treprise <strong>et</strong> la reprise, les auteures m<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
exergue le processus d’appr<strong>en</strong>tissage que poursuit la femme <strong>en</strong> tant que<br />
salariée dans l’<strong>en</strong>treprise, qui constitue une sorte d’« intégration » dans<br />
l’<strong>en</strong>treprise, puis, év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t, une phase transitoire où la fille repr<strong>en</strong>d<br />
la direction avec le père à ses côtés, qui correspond à la phase de « règneconjoint<br />
».<br />
Pour ce qui est des difficultés r<strong>en</strong>contrées, les résultats sont égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
accord avec la littérature existante (problèmes liés au manque de<br />
crédibilité <strong>en</strong> tant que femme, relations difficiles avec les fournisseurs,<br />
cli<strong>en</strong>ts, <strong>et</strong> employés de l’<strong>en</strong>treprise, nécessité de « faire ses preuves »<br />
avant d’être acceptée comme dirigeante…)<br />
Ces difficultés ressort<strong>en</strong>t principalem<strong>en</strong>t lors des premières années de la<br />
reprise, <strong>et</strong> disparaiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite, tandis que la repr<strong>en</strong>euse acquière plus de<br />
confiance <strong>en</strong> elle <strong>et</strong> m<strong>et</strong> <strong>en</strong> place des stratégies appropriées quant au<br />
choix des personnes-clés dans son <strong>en</strong>tourage, de développem<strong>en</strong>t de<br />
compét<strong>en</strong>ces spécifiques <strong>et</strong>/ou de relations avec les part<strong>en</strong>aires externes.<br />
Dans le même registre, les résultats indiqu<strong>en</strong>t aussi que les cadres de<br />
l’<strong>en</strong>treprise ne sont pas nécessairem<strong>en</strong>t une source de conflits, <strong>et</strong>, au<br />
contraire, assur<strong>en</strong>t parfois le rôle de m<strong>en</strong>tor auprès de la repr<strong>en</strong>euse<br />
avant, p<strong>en</strong>dant <strong>et</strong> après le processus de reprise, <strong>et</strong> dès lors facilit<strong>en</strong>t la<br />
transition.<br />
Comme dans d’autres recherches, les résultats montr<strong>en</strong>t que, <strong>en</strong> général,<br />
pour affronter les év<strong>en</strong>tuelles difficultés <strong>en</strong> matière de gestion du<br />
personnel, les repr<strong>en</strong>euses vont <strong>en</strong>tr<strong>et</strong><strong>en</strong>ir <strong>et</strong> développer de bonnes<br />
relations avec leur personnel, sur la base du respect mutuel <strong>et</strong> de la<br />
transpar<strong>en</strong>ce.<br />
49
De même, malgré les difficultés que le « règne-conjoint » peut <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drer,<br />
l’étude id<strong>en</strong>tifie les avantages qui peuv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> découler (connaissance du<br />
fonctionnem<strong>en</strong>t de l’<strong>en</strong>treprise, compét<strong>en</strong>ces techniques, humaines, <strong>et</strong><br />
managériales, contacts professionnels, support pratique <strong>et</strong> moral des<br />
fondateurs, <strong>et</strong>c.)<br />
Selon les auteures, les différ<strong>en</strong>ts résultats doiv<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant être<br />
considérés avec circonspection : les <strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>s m<strong>en</strong>és sont trop peu<br />
nombreux pour couvrir la diversité des situations susceptibles de se<br />
prés<strong>en</strong>ter. En outre, la recherche porte uniquem<strong>en</strong>t sur les filles<br />
d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs dans les situations de reprise d’<strong>en</strong>treprise familiale, <strong>et</strong><br />
n’autorise donc pas une analyse comparative <strong>en</strong>tre hommes <strong>et</strong> femmes.<br />
CONSTANTINIS C., SANTIN S. (2007) : scénarios de reprise de l’<strong>en</strong>treprise<br />
familiale par des filles d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs<br />
C<strong>et</strong> article s’inscrit dans la continuité de celui rédigé par Constandinis C. <strong>et</strong><br />
Corn<strong>et</strong> A. (2006) <strong>et</strong> porte égalem<strong>en</strong>t sur la problématique de la reprise<br />
d’<strong>en</strong>treprise familiale par les filles d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs. Son objectif principal<br />
est d’id<strong>en</strong>tifier les acteurs qui intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t aux étapes du processus de<br />
reprise d’une <strong>en</strong>treprise familiale par les filles d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs <strong>et</strong><br />
d’examiner leur influ<strong>en</strong>ce sur l’évolution du processus. <strong>Le</strong>s auteures vis<strong>en</strong>t<br />
aussi l’id<strong>en</strong>tification des différ<strong>en</strong>ts scénarios de reprise observables <strong>en</strong><br />
fonction des motivations des filles, ainsi que l’exam<strong>en</strong> de l’impact que peut<br />
avoir le choix initial du père fondateur <strong>en</strong> matière de successeur <strong>et</strong> celui de<br />
la légitimité des filles d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs auprès des acteurs <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce.<br />
Sur le plan méthodologique, le travail adopte une démarche qualitative <strong>et</strong><br />
porte sur un nombre restreint de cas. De fait, 11 études de cas<br />
approfondies ont été m<strong>en</strong>ées, auprès de filles d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs ayant été<br />
am<strong>en</strong>ées à repr<strong>en</strong>dre l’<strong>en</strong>treprise familiale de leur par<strong>en</strong>ts ou étant <strong>en</strong><br />
cours de processus de succession. La méthode adoptée est c<strong>en</strong>sée<br />
perm<strong>et</strong>tre d’analyser les actions <strong>et</strong> réactions des acteurs, ainsi que leurs<br />
perceptions <strong>et</strong> leurs interprétations, <strong>en</strong> portant une att<strong>en</strong>tion particulière au<br />
contexte d’émerg<strong>en</strong>ce des significations mise <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce, <strong>et</strong> au<br />
processus. La diversification des cas étudiés a été obt<strong>en</strong>ue <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant <strong>en</strong><br />
compte plusieurs critères : les caractéristiques individuelles de la<br />
repr<strong>en</strong>euse (âge, niveau de formation, expéri<strong>en</strong>ce professionnelle,<br />
50
connaissance préalable du secteur) ; la composition de la fratrie ; le<br />
secteur d’activité <strong>et</strong> la taille de la PME familiale <strong>en</strong> terme d’effectif.<br />
<strong>Le</strong>s données qualitatives issues des <strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>s ont été traitées selon un<br />
schéma d’analyse catégorielle ou thématique. <strong>Le</strong>s traitem<strong>en</strong>ts conduis<strong>en</strong>t<br />
à la mise <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce de quatre scénarios de reprise. Chacun se distingue<br />
par l’optique dans laquelle s’inscrit le processus de succession : par choix,<br />
par opportunité, par obligation ou par nécessité. <strong>Le</strong>s traitem<strong>en</strong>ts<br />
perm<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t aussi d’id<strong>en</strong>tifier la prés<strong>en</strong>ce <strong>et</strong> le rôle des différ<strong>en</strong>ts acteurs<br />
dans chaque scénario <strong>et</strong> montr<strong>en</strong>t que l’impact du choix du cédant <strong>en</strong><br />
matière de successeur devait être analysé <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec des facteurs<br />
explicatifs tels que la hiérarchie familiale ou la relation père-fille.<br />
<strong>Le</strong> premier scénario - la reprise de l’<strong>en</strong>treprise familiale par choix - vise les<br />
situations de reprise de l’<strong>en</strong>treprise familiale par la fille de la famille qui le<br />
souhaite dès le plus jeune âge <strong>et</strong> dont tous les choix de vie sont posés <strong>en</strong><br />
ce s<strong>en</strong>s. <strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts, <strong>et</strong> le père surtout, jou<strong>en</strong>t un rôle déterminant <strong>en</strong><br />
initiant leur fille à la vie de l’<strong>en</strong>treprise dès le plus jeune âge, déjà dans<br />
l'optique d’une succession future. La fille apparaît comme successeur<br />
légitime dès le début. L’<strong>en</strong>trée dans l’<strong>en</strong>treprise s’effectue<br />
« naturellem<strong>en</strong>t », pour appr<strong>en</strong>dre le métier <strong>et</strong> dans l’optique de la reprise.<br />
<strong>Le</strong> père lui transm<strong>et</strong> son savoir <strong>et</strong> son expéri<strong>en</strong>ce. La reprise est planifiée<br />
depuis longtemps <strong>et</strong> survi<strong>en</strong>t lors de la r<strong>et</strong>raite définitive des par<strong>en</strong>ts.<br />
Parfois, la reprise intervi<strong>en</strong>t plus tôt que prévu, suite à un décès, un<br />
accid<strong>en</strong>t ou une maladie du père.<br />
<strong>Le</strong> deuxième scénario - la reprise de l’<strong>en</strong>treprise par opportunités -<br />
correspond à une logique de continuité <strong>et</strong> s’inscrit dans une succession<br />
d'événem<strong>en</strong>ts <strong>et</strong> d’opportunités que la fille va investir <strong>et</strong> qui vont la m<strong>en</strong>er<br />
in fine à repr<strong>en</strong>dre l’<strong>en</strong>treprise. <strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts, <strong>et</strong> particulièrem<strong>en</strong>t le père,<br />
n’exerc<strong>en</strong>t pas de pression sur la fille pour assurer la reprise.<br />
<strong>Le</strong> père initie souv<strong>en</strong>t très tôt tous les <strong>en</strong>fants de la famille à la vie de<br />
l'<strong>en</strong>treprise mais, à l’inverse du premier scénario, il n’y a aucun proj<strong>et</strong> de<br />
succession de la part des par<strong>en</strong>ts, du moins pour la fille de la famille.<br />
Arrivée à l’âge adulte, celle-ci saisit l’opportunité d’<strong>en</strong>trer dans l’<strong>en</strong>treprise<br />
familiale pour y travailler. C<strong>et</strong>te étape est perçue comme « normale » par la<br />
famille <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te <strong>en</strong>trée dans l’<strong>en</strong>treprise ne s’intègre pas dans une stratégie<br />
de succession. La fille va y appr<strong>en</strong>dre le métier <strong>et</strong> tirer profit de<br />
l’expéri<strong>en</strong>ce du père <strong>et</strong> de ses collaborateurs.<br />
51
Enfin, un événem<strong>en</strong>t décl<strong>en</strong>cheur pose la question de la transmission<br />
(départ à la r<strong>et</strong>raite du père, décès du père, désistem<strong>en</strong>t du frère…) <strong>et</strong> la<br />
fille apparaît comme la seule chance de pér<strong>en</strong>nité de l’<strong>en</strong>treprise. Etant<br />
donné son degré d’implication dans la firme, il lui paraît normal <strong>et</strong><br />
nécessaire de repr<strong>en</strong>dre les commandes <strong>et</strong> d’assurer la reprise.<br />
<strong>Le</strong> troisième scénario - la reprise suite à la volonté du père – se<br />
caractérise par un rapport d’autorité du père <strong>en</strong>vers sa fille. Tous les<br />
<strong>en</strong>fants sont initiés à la vie de l'<strong>en</strong>treprise dès leur <strong>en</strong>fance <strong>et</strong>, par la suite,<br />
leur implication professionnelle dans l’<strong>en</strong>treprise correspond à des<br />
pressions familiales, notamm<strong>en</strong>t la volonté paternelle. S’il y a un fils dans<br />
la famille, il est souv<strong>en</strong>t prévu que la succession lui incombe. Dans ce cas,<br />
le choix de la fille pour la reprise fait suite au désistem<strong>en</strong>t des fils <strong>et</strong><br />
correspond à un choix par défaut.<br />
Dans le dernier scénario - la reprise par nécessité - la transmission n’est ni<br />
prévue, ni préparée. Il n’y a aucun repr<strong>en</strong>eur pot<strong>en</strong>tiel a priori. La<br />
succession survi<strong>en</strong>t suite à un événem<strong>en</strong>t imprévu comme, par exemple,<br />
le décès du père dirigeant. La fille n’a pas suivi d’études dans le secteur<br />
de l’<strong>en</strong>treprise familiale, ni <strong>en</strong> gestion. Elle n’a pas été initiée à la vie de<br />
l’<strong>en</strong>treprise <strong>et</strong> n’y a travaillé. A la situation de crise, elle apparaît comme la<br />
dernière solution pour sauver l’<strong>en</strong>treprise.<br />
Au regard des acteurs <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce, la plupart des repr<strong>en</strong>euse ont connu<br />
des difficultés quant à leur légitimité vis-à-vis des acteurs internes <strong>et</strong><br />
externes à la firme. Néanmoins, ces difficultés sont r<strong>en</strong>contrées<br />
principalem<strong>en</strong>t dans les premières années de la reprise. Elles s’atténu<strong>en</strong>t<br />
par la suite.<br />
<strong>Le</strong>s deux chercheuses m<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce la prépondérance<br />
de deux acteurs tout au long du processus de transmission : le père <strong>et</strong> la<br />
fratrie. <strong>Le</strong> plus souv<strong>en</strong>t, le choix du successeur par le père se porte de<br />
préfér<strong>en</strong>ce sur le fils <strong>et</strong> il s’agit d’un facteur important quant au processus<br />
de succession. Néanmoins, l’article démontre que c’est principalem<strong>en</strong>t la<br />
manière dont le père souti<strong>en</strong>t sa fille dans la reprise qui est déterminante.<br />
<strong>Le</strong>s cas où les difficultés ress<strong>en</strong>ties sont importantes sont ceux dans<br />
lesquels le père n’apporte pas son souti<strong>en</strong> à sa fille ou le lui apporte par<br />
dépit, quand le fils se soustrait à la reprise.<br />
52
LAMBRECHT J., PIRNAY F. (2008) : la transmission du pouvoir dans les<br />
<strong>en</strong>treprises familiales<br />
Dans c<strong>et</strong> ouvrage, les auteurs prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t les résultats de leurs travaux de<br />
recherche, financés par l’Institut de l’Entreprise Familiale, sur le<br />
<strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> dans les <strong>en</strong>treprises de ce type, <strong>et</strong> plus particulièrem<strong>en</strong>t sur la<br />
transmission du pouvoir <strong>en</strong> leur sein.<br />
Méthodologiquem<strong>en</strong>t parlant, c<strong>et</strong>te recherche s’appuie sur une série de<br />
lectures, d’analyses, d’observations <strong>et</strong> d’interviews. La littérature<br />
consultée conti<strong>en</strong>t tant des articles sci<strong>en</strong>tifiques que de vulgarisation. Sur<br />
le plan empirique, les deux chercheurs opt<strong>en</strong>t pour l’utilisation de cas<br />
pratiques. Ceux-ci sont au nombre de 11 <strong>et</strong> sont appréh<strong>en</strong>dés grâce à 23<br />
<strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>s. <strong>Le</strong>s cas ont été choisis sur la base de critères objectifs (classe<br />
de taille, génération, type de <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong>…) <strong>et</strong> de la connaissance a priori<br />
de la situation de terrain. <strong>Le</strong> nombre de cas a été défini <strong>en</strong> raison du<br />
principe de saturation de l’information.<br />
Dans la mesure du possible, les auteurs ont m<strong>en</strong>é des <strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>s <strong>en</strong><br />
<strong>en</strong>treprise tant avec les cédants qu’avec les repr<strong>en</strong>eurs.<br />
<strong>Le</strong>s thèmes abordés par l’ouvrage sont très nombreux <strong>et</strong> couvr<strong>en</strong>t de<br />
multiples dim<strong>en</strong>sions de la transmission : les implications de la passation<br />
du pouvoir dans l’<strong>en</strong>treprise familiale, les difficultés observées, tant du<br />
point de vue du cédant que de celui du repr<strong>en</strong>eur, le phasage du<br />
processus…<br />
Dans l’<strong>en</strong>semble, les résultats prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t des similarités avec les élém<strong>en</strong>ts<br />
que nous avons mis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce dans une de nos précéd<strong>en</strong>tes<br />
publications (Guyot J.L., Van Cutsem M., 2010), aussi nous ne nous<br />
attarderons pas à les repr<strong>en</strong>dre ici. Il nous semble plus intéressant de nous<br />
p<strong>en</strong>cher sur les 10 recommandations développées à l’issue de l’exposé de<br />
ces résultats.<br />
La première recommandation « considérez la transmission de pouvoir<br />
comme un processus ou une évolution <strong>et</strong> non comme une révolution »<br />
souligne l’importance de la continuité <strong>et</strong> de la progressivité du processus<br />
de transmission, celle-ci ne pouvant, pour être m<strong>en</strong>ée à bi<strong>en</strong>, s’inscrire<br />
dans une temporalité de court terme <strong>et</strong> dans une dynamique d’urg<strong>en</strong>ce <strong>et</strong><br />
de précipitation. Dans ce cadre, l’étape du règne conjoint est importante<br />
est doit être gérée au mieux. La transmission doit être une évolution dans<br />
53
laquelle on laisse le temps au temps, successeur <strong>et</strong> cédant connaissant,<br />
lors du processus, un certain nombre de « métamorphoses », pour<br />
repr<strong>en</strong>dre l’expression des auteurs. <strong>Le</strong> successeur doit progressivem<strong>en</strong>t<br />
acquérir le pouvoir, ce qui implique sa capacité à gagner <strong>en</strong> confiance <strong>en</strong><br />
soi <strong>et</strong> <strong>en</strong> autrui. Il doit donc éviter toute crispation <strong>et</strong> t<strong>en</strong>sion de sa part.<br />
L’acquisition d’une légitimité <strong>et</strong> d’une id<strong>en</strong>tité propre (se faire un prénom)<br />
demande uniquem<strong>en</strong>t du temps. L’exig<strong>en</strong>ce de temps s’exprime<br />
égalem<strong>en</strong>t dans les rapports avec les autres acteurs <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce (salariés,<br />
cli<strong>en</strong>ts, fournisseurs…)<br />
Dans un deuxième temps, les auteurs invit<strong>en</strong>t à « ne pas transm<strong>et</strong>tre<br />
uniquem<strong>en</strong>t la gestion quotidi<strong>en</strong>ne au successeur familial mais aussi la<br />
propriété <strong>et</strong> la connaissance implicite ». Qui dit transmission de pouvoir dit<br />
égalem<strong>en</strong>t transmission d’influ<strong>en</strong>ce <strong>et</strong> de savoirs. Une transition réussie<br />
suppose une passation qui ne se limite pas à la gestion quotidi<strong>en</strong>ne <strong>et</strong> aux<br />
capitaux matériels. Elle doit concerner égalem<strong>en</strong>t les connaissances<br />
implicites (connaissance spécifique relatives à l’<strong>en</strong>treprise, notamm<strong>en</strong>t<br />
l’information sur l’histoire des cli<strong>en</strong>ts importants, sur les achats auprès de<br />
fournisseurs, ...)<br />
En troisième lieu, il convi<strong>en</strong>t de « considérer l’éducation comme le berceau<br />
de la transmission de pouvoir ». L’<strong>en</strong>treprise familiale se caractérise par<br />
une « familiness », constellation incluant les connaissances<br />
professionnelles <strong>et</strong> celle de l’<strong>en</strong>treprise, les traits de caractère d’un<br />
<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur, les valeurs <strong>et</strong> l’esprit d’<strong>en</strong>treprise. Selon les auteurs, ces<br />
élém<strong>en</strong>ts de « familiness » sont transmis principalem<strong>en</strong>t à travers<br />
l’éducation. Elle constituerait, selon leurs propos, la première étape du<br />
traj<strong>et</strong> de succession.<br />
<strong>Le</strong> quatrième conseil porte sur la communication. Une communication<br />
régulière avant, p<strong>en</strong>dant <strong>et</strong> après la transmission de pouvoir, doit<br />
s’effectuer égalem<strong>en</strong>t d’une manière formelle. Avant la transmission, elle<br />
est nécessaire afin d’éviter toute erreur chez le successeur <strong>et</strong> toute<br />
ambigüité <strong>en</strong>tre cédant <strong>et</strong> repr<strong>en</strong>eur. En cours de processus, la<br />
communication perm<strong>et</strong> de désamorcer les év<strong>en</strong>tuelles t<strong>en</strong>sions qui<br />
peuv<strong>en</strong>t surgir <strong>en</strong>tre successeur <strong>et</strong> cédant. Enfin, la communication au<br />
terme de la transmission perm<strong>et</strong> d’évaluer la qualité du processus <strong>et</strong><br />
d’expliciter les s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts portés sur celui-ci. Pour les auteurs, il est<br />
important que la communication s’effectue de façon formelle : successeur<br />
54
<strong>et</strong> cédant devrai<strong>en</strong>t se r<strong>en</strong>contrer un certain nombre de fois par an, à des<br />
mom<strong>en</strong>ts déterminés afin de pr<strong>en</strong>dre du recul <strong>et</strong> d’échanger réellem<strong>en</strong>t,<br />
même sur des questions épineuses.<br />
<strong>Le</strong>s auteurs conseill<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t, au cédant, de se séparer des symboles<br />
de pouvoir, comme par exemple le bureau du directeur général, afin de<br />
sceller la transmission. Ce faisant, le cédant indique que quelqu’un d’autre<br />
déti<strong>en</strong>t dorénavant la gestion quotidi<strong>en</strong>ne. Dans certains cas, on peut aller<br />
plus loin dans le détachem<strong>en</strong>t symbolique, comme par exemple par un<br />
déménagem<strong>en</strong>t à distance suffisante de l’<strong>en</strong>treprise.<br />
Une transmission réussie suppose égalem<strong>en</strong>t une officialisation de<br />
l’opération, par exemple <strong>en</strong> communiquant officiellem<strong>en</strong>t la passation aux<br />
collaborateurs <strong>et</strong> autres stakeholders. Ce faisant, on réduit le risque de voir<br />
le cédant se cramponner à son poste <strong>et</strong> celui-ci fait savoir qu’il n’est plus<br />
le responsable de l’<strong>en</strong>treprise.<br />
La septième recommandation concerne les « devoirs de génération<br />
cédante », à savoir la préparation du nouveau rôle, l’organisation des<br />
aspects financiers, fiscaux <strong>et</strong> juridiques de la transmission <strong>et</strong> la création de<br />
règles transpar<strong>en</strong>tes pour la propriété <strong>et</strong> la gestion de l’<strong>en</strong>treprise<br />
familiale. Sans c<strong>et</strong>te préparation, selon les auteurs, la génération suivante<br />
sera confrontée à des problèmes importants. A l’inverse, une bonne prise<br />
<strong>en</strong> compte de ces devoirs induira la confiance chez les successeurs, les<br />
collaborateurs, <strong>et</strong> autres acteurs prés<strong>en</strong>ts. En outre, elle contribuera à ce<br />
que la transmission fasse partie de la vie de la firme <strong>et</strong> devi<strong>en</strong>ne un<br />
système dont la génération suivante pourra s’inspirer.<br />
La recommandation suivante, « N’offrez pas tout aux successeurs<br />
(familiaux) », postule l’idée que l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t du successeur sera plus<br />
forte s’il contribue activem<strong>en</strong>t, sur le plan financier, à l’acquisition de la<br />
propriété juridique de l’<strong>en</strong>treprise.<br />
L’avant dernier conseil invite le cédant à ne travailler avec un manager<br />
externe que s’il est disposé <strong>et</strong> prêt à un partage du pouvoir avec ce<br />
dernier. Cela signifie que le manager externe sera impliqué dans la<br />
planification stratégique <strong>et</strong> dans la politique de gestion. Dans le cas<br />
contraire, s’il est écarté des décisions stratégiques, le recours à un tel<br />
manager ne se justifie pas <strong>et</strong> peut être source de t<strong>en</strong>sions.<br />
55
Enfin, les auteurs exhort<strong>en</strong>t les chefs d’<strong>en</strong>treprise familiale à t<strong>en</strong>ir compte<br />
des cycles de vie, tant celui du cédant que celui du successeur : la<br />
transmission de pouvoir dans l’<strong>en</strong>treprise familiale se déroulerait plus<br />
facilem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> cas de synchronisation des cycles de vie du cédant <strong>et</strong> du<br />
successeur.<br />
CONSTANTINIS C., SANTIN S. (2008) : la reprise d’<strong>en</strong>treprise familiale par<br />
les filles d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur, une lecture <strong>en</strong> termes de g<strong>en</strong>re<br />
Dans c<strong>et</strong> article, les deux auteures poursuiv<strong>en</strong>t les travaux <strong>en</strong>tamés dans<br />
leur précéd<strong>en</strong>te publication. Elles examin<strong>en</strong>t les trajectoires <strong>en</strong> termes de<br />
g<strong>en</strong>re <strong>en</strong> privilégiant les phénomènes de séparation <strong>et</strong> de hiérarchisation,<br />
la séparation concernant les constructions sociales différ<strong>en</strong>tes de la<br />
masculinité <strong>et</strong> de la féminité <strong>et</strong> la hiérarchisation se reflétant dans la<br />
valorisation du masculin <strong>et</strong> la dévalorisation du féminin. Elles se p<strong>en</strong>ch<strong>en</strong>t<br />
tout particulièrem<strong>en</strong>t sur la configuration familiale (composition de la<br />
fratrie mixte ou féminine) <strong>et</strong> au secteur d’activité (à prédominance<br />
masculine ou féminine). <strong>Le</strong>ur préoccupation principale concerne donc les<br />
trajectoires des filles d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur repr<strong>en</strong>ant l’<strong>en</strong>treprise familiale sous<br />
l’angle du g<strong>en</strong>re.<br />
La méthodologie adoptée ne diffère pas de celle prés<strong>en</strong>tée dans leur article<br />
précéd<strong>en</strong>t.<br />
Grâces aux traitem<strong>en</strong>ts des <strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>s réalisés, différ<strong>en</strong>tes situations liées<br />
aux scénarios de reprise sont distinguées. Elles se distingu<strong>en</strong>t au niveau<br />
de la configuration familiale (fratrie mixte ou féminine) <strong>en</strong> rapport avec le<br />
choix du cédant <strong>en</strong> matière de successeur (le fils étant choisi <strong>en</strong> premier),<br />
avec des conséqu<strong>en</strong>ces sur les motivations des sœurs (reprise par choix<br />
ou par nécessité). Ces différ<strong>en</strong>tes situations impact<strong>en</strong>t le positionnem<strong>en</strong>t<br />
des filles face à l’<strong>en</strong>treprise familiale <strong>et</strong> leur parcours de vie.<br />
Des phénomènes de séparation <strong>et</strong> de hiérarchisation dans la construction<br />
sociale du masculin <strong>et</strong> du féminin sont égalem<strong>en</strong>t mis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce. Un<br />
processus de séparation s’opère lors du choix du successeur : les<br />
caractéristiques considérées comme masculines se rapproch<strong>en</strong>t de celles<br />
id<strong>en</strong>tifiées comme celles d’un chef d’<strong>en</strong>treprise, alors que les<br />
caractéristiques considérées comme féminines s’<strong>en</strong> éloign<strong>en</strong>t. En<br />
conséqu<strong>en</strong>ce, dans les fratries mixtes, le choix du dirigeant de l’<strong>en</strong>treprise<br />
56
<strong>en</strong> matière de repr<strong>en</strong>eur se porte vers le fils de la famille, la sœur n’étant<br />
pas considérée comme un successeur pot<strong>en</strong>tiel.<br />
De même, un processus de hiérarchisation du masculin <strong>et</strong> du féminin est<br />
prés<strong>en</strong>t à ce mom<strong>en</strong>t, la place de futur successeur, dédiée au fils de la<br />
famille, étant socialem<strong>en</strong>t valorisée.<br />
Enfin, la situation dans les fratries mixtes des filles <strong>en</strong> tant que<br />
repr<strong>en</strong>euses par défaut montre un autre processus de hiérarchisation. <strong>Le</strong><br />
positionnem<strong>en</strong>t <strong>et</strong> la trajectoire des filles se construis<strong>en</strong>t <strong>en</strong> eff<strong>et</strong> par<br />
rapport à ceux du frère, dont les choix sont prioritaires <strong>et</strong> valorisés.<br />
Souv<strong>en</strong>t, la fille n’accède au <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> que lorsque le frère est abs<strong>en</strong>t,<br />
trop jeune, qu’il marque son désintérêt pour l’<strong>en</strong>treprise ou choisit de la<br />
quitter.<br />
<strong>Le</strong>s filles, si elles repr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>treprise paternelle, travers<strong>en</strong>t diverses.<br />
Pour chacune de celles-ci, les auteures id<strong>en</strong>tifi<strong>en</strong>t les acteurs clés <strong>et</strong><br />
analys<strong>en</strong>t leurs interactions, ainsi que les opportunités <strong>et</strong> les difficultés <strong>en</strong><br />
termes de légitimité pour la repr<strong>en</strong>euse dont ces interactions sont<br />
porteuses. Selon les résultats, les filles d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur, une fois id<strong>en</strong>tifiées<br />
comme successeurs, acquièr<strong>en</strong>t leur crédibilité <strong>et</strong> leur légitimité vis-à-vis<br />
de la famille <strong>et</strong> des parties pr<strong>en</strong>antes, avec des différ<strong>en</strong>ces <strong>en</strong> termes de<br />
g<strong>en</strong>re, notamm<strong>en</strong>t liées aux secteurs. De fait, les femmes <strong>et</strong> les hommes<br />
ne se r<strong>et</strong>rouv<strong>en</strong>t pas dans les mêmes secteurs, ce qui traduit un<br />
phénomène de séparation. <strong>Le</strong>s femmes qui repr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t une <strong>en</strong>treprise<br />
dans des secteurs perçus comme masculins <strong>et</strong> ne possédant pas les<br />
caractéristiques perçues comme adaptées à ces secteurs r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t des<br />
problèmes de légitimité accrus. Elles vont, dans ce cas, mobiliser<br />
différ<strong>en</strong>tes ressources <strong>et</strong> acteurs pour obt<strong>en</strong>ir leur légitimité.<br />
<strong>Le</strong>s résultats indiqu<strong>en</strong>t aussi que les trajectoires de ces filles demeur<strong>en</strong>t<br />
influ<strong>en</strong>cées par des eff<strong>et</strong>s de g<strong>en</strong>re : la répartition des tâches domestiques<br />
à l’intérieur du couple structure <strong>en</strong>core une partie de leurs choix. L’<strong>en</strong>trée<br />
dans l’<strong>en</strong>treprise familiale est ainsi parfois choisie pour la flexibilité des<br />
horaires, qui perm<strong>et</strong> de mieux concilier vie privée <strong>et</strong> vie professionnelle.<br />
Cep<strong>en</strong>dant, des problèmes de conciliation émerg<strong>en</strong>t quand la reprise pr<strong>en</strong>d<br />
place plus tôt que prévu. En outre, le lieu de travail <strong>et</strong> les horaires sont<br />
fréquemm<strong>en</strong>t choisis <strong>en</strong> fonction des <strong>en</strong>fants <strong>et</strong> de la vie familiale.<br />
57
Pour terminer, les auteures soulign<strong>en</strong>t qu’on ne peut appréh<strong>en</strong>der la réalité<br />
de ces repr<strong>en</strong>euses sur la base unique des rapports sociaux de sexe :<br />
d’autres rapports sociaux parcour<strong>en</strong>t c<strong>et</strong>te réalité <strong>et</strong> l’âge, l’origine<br />
<strong>et</strong>hnique ou le statut des par<strong>en</strong>ts devrai<strong>en</strong>t être égalem<strong>en</strong>t pris <strong>en</strong> compte<br />
dans de futures recherches.<br />
LOBET D. (2004, 2006, 2008) : les dispositions à la transmission au sein<br />
des PME familiales<br />
<strong>Le</strong>s trois publications réalisées par Lob<strong>et</strong> sur le <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t, <strong>en</strong><br />
fait, les résultats de ses travaux à différ<strong>en</strong>ts stades d’avancem<strong>en</strong>t de ses<br />
recherches. Nous nous proposons donc de les considérer comme un tout.<br />
Lob<strong>et</strong> inscrit son travail dans une remise <strong>en</strong> cause d’un postulat, à savoir<br />
celui de la volonté, au sein de l’<strong>en</strong>treprise familiale, de transm<strong>et</strong>tre celle-ci<br />
au mom<strong>en</strong>t de l’arrêt des activités de son dirigeant. Avant d’essayer de<br />
compr<strong>en</strong>dre comm<strong>en</strong>t une famille possédant <strong>et</strong> gérant une <strong>en</strong>treprise t<strong>en</strong>te<br />
d’<strong>en</strong> assurer la continuité familiale, il faut d'abord s'interroger sur<br />
l’exist<strong>en</strong>ce d’une telle volonté de continuité. Plus <strong>en</strong> amont, il convi<strong>en</strong>t de<br />
déchiffrer le processus de réponse à la question de la nécessité de la<br />
transmission aux héritiers, du moins si l’on veut compr<strong>en</strong>dre pourquoi le<br />
patrimoine que représ<strong>en</strong>te l'<strong>en</strong>treprise ne fait pas systématiquem<strong>en</strong>t l'obj<strong>et</strong><br />
d'un travail de transmission.<br />
Il s’agit donc de rem<strong>et</strong>tre <strong>en</strong> cause une série d’images, mêlant famille,<br />
patrimoine <strong>et</strong> dynastie, relatives aux <strong>en</strong>treprises familiales <strong>et</strong> à leurs<br />
transmissions. Lob<strong>et</strong> s’attache donc à un travail de déconstruction de c<strong>et</strong>te<br />
« mythologie » selon laquelle l’<strong>en</strong>treprise est, pour la famille qui <strong>en</strong> est<br />
propriétaire <strong>et</strong> <strong>en</strong> assure la gestion, tant un moy<strong>en</strong> de production qu’un<br />
moy<strong>en</strong> d’exist<strong>en</strong>ce matérielle <strong>et</strong> symbolique.<br />
Sur la base d’<strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>s réalisés auprès de douze PME familiales<br />
wallonnes <strong>et</strong> des familles propriétaires, depuis parfois quatre générations,<br />
la sociologue démontre que la transmission de l’<strong>en</strong>treprise au sein de la<br />
famille est une option qui suscite parfois peu d’adhésion. <strong>Le</strong> mythe de la<br />
fusion <strong>en</strong>tre la « famille <strong>en</strong> <strong>en</strong>treprise » <strong>et</strong> la firme <strong>et</strong> celui de l’obligation<br />
des membres de transm<strong>et</strong>tre l’<strong>en</strong>treprise, de la faire pér<strong>en</strong>niser <strong>et</strong> d’ainsi<br />
faire durer la famille sont donc mis à mal.<br />
58
La chercheuse aborde égalem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>tes questions connexes : celle de<br />
la « disposition », au s<strong>en</strong>s sociologique du terme, des par<strong>en</strong>ts face à la<br />
possibilité de transm<strong>et</strong>tre l’<strong>en</strong>treprise à leurs <strong>en</strong>fants, celle de la place de<br />
l’<strong>en</strong>treprise dans les proj<strong>et</strong>s des par<strong>en</strong>ts, celle du regard des familles sur<br />
l’av<strong>en</strong>ir de l’<strong>en</strong>treprise, celle de l’explication des attitudes vis l’idée de<br />
transmission suivant l’histoire <strong>et</strong> le milieu familial, l'<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t<br />
économique <strong>et</strong> le contexte social. Ce faisant, elle montre que la situation<br />
économique, les t<strong>en</strong>sions relationnelles, l’incompatibilité de l’<strong>en</strong>treprise<br />
avec d’autres proj<strong>et</strong>s, le dés<strong>en</strong>chantem<strong>en</strong>t du statut de dirigeant<br />
d’<strong>en</strong>treprise, l’ouverture <strong>et</strong> autonomisation des dev<strong>en</strong>irs hors de la famille,<br />
peuv<strong>en</strong>t briser le cycle intergénérationnel de transmission.<br />
C<strong>et</strong>te démonstration repose, sur le plan méthodologique, sur un exam<strong>en</strong><br />
croisé des <strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>s semi-directifs m<strong>en</strong>és auprès de différ<strong>en</strong>ts membres<br />
des familles <strong>et</strong> de quelques employés. Dans la mesure du possible, les<br />
<strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>s concernai<strong>en</strong>t les dirigeants <strong>en</strong> place, leurs prédécesseurs, les<br />
successeurs pot<strong>en</strong>tiels, les conjoints <strong>et</strong> les <strong>en</strong>fants qui n’étai<strong>en</strong>t pas ou<br />
n’ont pas été directem<strong>en</strong>t impliqués dans l’<strong>en</strong>treprise. Ces témoignages<br />
sont donc à la fois intra- <strong>et</strong> intergénérationnels <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> touchant<br />
les différ<strong>en</strong>ts membres de la par<strong>en</strong>tèle, une diversité de points de vue <strong>et</strong><br />
de lectures, un croisem<strong>en</strong>t des récits <strong>et</strong> donc une reconstruction plus<br />
objective des trajectoires, de l’histoire de la famille <strong>et</strong> de celle de<br />
l’<strong>en</strong>treprise. Ils assur<strong>en</strong>t le décryptage des représ<strong>en</strong>tations <strong>et</strong> des<br />
reconstructions associées à ces trajectoires <strong>et</strong> cristallis<strong>en</strong>t ainsi les<br />
dynamiques familiales.<br />
Sur le plan théorique, le référ<strong>en</strong>tiel <strong>en</strong>visagé est, dans un premier temps,<br />
celui de la théorie du don développée par Marcel Mauss (théorie de la<br />
réciprocité <strong>et</strong> du don/contre-don). <strong>Le</strong> recours à ce cadre perm<strong>et</strong> de<br />
montrer que les processus de transmission <strong>en</strong> <strong>en</strong>treprise familiale ne<br />
peuv<strong>en</strong>t se réduire à un système d’obligations de réciprocité de dons. De<br />
fait, l’analyse empirique montre que la logique du don est facilem<strong>en</strong>t<br />
contrariée, les conditions pour qu’elle s’active <strong>et</strong> s’assortisse d’eff<strong>et</strong>s étant<br />
très difficiles à r<strong>en</strong>contrer. C<strong>et</strong>te logique ne peut donc perm<strong>et</strong>tre de cerner<br />
la complexité des contextes <strong>et</strong> des <strong>en</strong>jeux de la transmission <strong>en</strong> <strong>en</strong>treprise<br />
familiale, celle-ci étant un système relevant non seulem<strong>en</strong>t de la sphère<br />
familiale, domestique, privée mais aussi d’élém<strong>en</strong>ts débordant c<strong>et</strong>te<br />
sphère pour relativiser les obligations spécifiques au système de don.<br />
59
Il convi<strong>en</strong>t donc d’élargir le cadre analytique. Sur le plan macro, la<br />
transmission des <strong>en</strong>treprises familiales doit se lire, d’une part, dans un<br />
contexte sociétal porteur de valeurs <strong>et</strong> de normes propres <strong>et</strong> véhiculant<br />
des modèles de configurations familiales nouvelles <strong>et</strong> des pot<strong>en</strong>tiels de<br />
cheminem<strong>en</strong>ts différ<strong>en</strong>ts dans l’espace social. Elle dép<strong>en</strong>d aussi des<br />
dynamiques de recompositions économiques <strong>et</strong> des obsolesc<strong>en</strong>ces<br />
industrielles. Sur le plan micro, au sein de la sphère privée, l’histoire<br />
individuelle, les eff<strong>et</strong>s de la relation aux par<strong>en</strong>ts, les parcours de vie, la<br />
perception des situations, les proj<strong>et</strong>s des par<strong>en</strong>ts vis-à-vis de leur<br />
progéniture… sont autant de composantes contributives d’une<br />
« microsociologie familiale » qui peut am<strong>en</strong>er à la rupture du cycle des<br />
transmissions intrafamiliales.<br />
Cep<strong>en</strong>dant, il est intéressant, sur le plan heuristique, de faire, selon<br />
l’auteure, « comme si » la logique du don régissait les r<strong>et</strong>ransmissions<br />
d’<strong>en</strong>treprise <strong>et</strong> « comme si » elle était capable d’imposer sa loi à toutes les<br />
conting<strong>en</strong>ces. Ainsi, les analyses empiriques indiqu<strong>en</strong>t que des<br />
considérations de piété aux asc<strong>en</strong>dants, de gratitude, de respect du bi<strong>en</strong><br />
transmis exist<strong>en</strong>t dans la majorité des cas, ce qui démontre qu’avec le<br />
bi<strong>en</strong> se transm<strong>et</strong> du li<strong>en</strong>, que la transmission est porteuse <strong>et</strong> génératrice<br />
de relations, notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre les générations <strong>et</strong> que l’attitude par rapport<br />
à la transmission est aussi, précisém<strong>en</strong>t, une manière de resserrer ces<br />
relations. Dès lors, concevoir l’héritage multigénérationnel <strong>en</strong> termes de<br />
don <strong>et</strong> activer la théorie maussi<strong>en</strong>ne du don pour l’étude de la<br />
transmission de l’<strong>en</strong>treprise perm<strong>et</strong> d’id<strong>en</strong>tifier <strong>et</strong> de r<strong>en</strong>dre intelligible ce<br />
qui lui « fait échec ». Même s’il prés<strong>en</strong>te certaines défaillances empiriques,<br />
c<strong>et</strong>te théorie du don constitue, selon l’auteure, un outil précieux pour la<br />
compréh<strong>en</strong>sion de la transmission.<br />
CONSTANTINIS C. (2009) : <strong>en</strong>treprise familiale <strong>et</strong> g<strong>en</strong>re: les <strong>en</strong>jeux de la<br />
succession pour les filles<br />
Après la publication d’un article à caractère théorique 19<br />
que nous<br />
n’aborderons pas ici, Constantinis poursuit la prés<strong>en</strong>tation de ses<br />
investigations empiriques sur le processus de succession dans l’<strong>en</strong>treprise<br />
familiale, tel que perçu <strong>et</strong> vécu par les filles de la famille. Son article de<br />
19<br />
Constantinis. C., Nelson T. (2008).<br />
60
2009 traite la question du g<strong>en</strong>re <strong>et</strong> de son impact transversal dans la<br />
stratégie de transmission, notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> termes de définition des objectifs<br />
<strong>et</strong> de prises de décision. La chercheuse porte particulièrem<strong>en</strong>t son<br />
att<strong>en</strong>tion aux dynamiques de g<strong>en</strong>re liées à la composition de la fratrie <strong>et</strong> à<br />
leurs conséqu<strong>en</strong>ces sur le positionnem<strong>en</strong>t des filles quant à la succession.<br />
Plusieurs thèmes sont ainsi abordés : l’eff<strong>et</strong> de g<strong>en</strong>re lors du choix du<br />
successeur, implications de la prés<strong>en</strong>ce ou de l’abs<strong>en</strong>ce d’un fils, les<br />
eff<strong>et</strong>s de g<strong>en</strong>re, liés aux constructions sociales du masculin <strong>et</strong> du féminin<br />
<strong>et</strong> donc notamm<strong>en</strong>t aux rôles att<strong>en</strong>dus <strong>et</strong> existants des fils <strong>et</strong> des filles, sur<br />
la différ<strong>en</strong>ciation des motivations des filles <strong>et</strong> l’évolution de leur<br />
<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t par rapport à l’<strong>en</strong>treprise familiale, les eff<strong>et</strong>s pour leur<br />
positionnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> tant que gestionnaire de l’<strong>en</strong>treprise <strong>et</strong> pour<br />
l’acquisition de leur légitimité par rapport aux différ<strong>en</strong>tes acteurs <strong>en</strong><br />
prés<strong>en</strong>ce dans la firme, les mécanismes d’élaboration de leurs motivations<br />
<strong>et</strong> de leur <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t…<br />
Pour traiter de ces thèmes, l’auteure utilise les mêmes données que celles<br />
examinées dans ses publications précéd<strong>en</strong>tes, <strong>et</strong> ceci sur la base de la<br />
même méthodologie.<br />
<strong>Le</strong>s résultats obt<strong>en</strong>us indiqu<strong>en</strong>t que plusieurs phénomènes de g<strong>en</strong>re sont à<br />
l’œuvre au cours du processus de succession tel que perçu <strong>et</strong> vécu par les<br />
filles <strong>et</strong> que les eff<strong>et</strong>s transversaux du g<strong>en</strong>re se manifest<strong>en</strong>t à différ<strong>en</strong>ts<br />
niveaux.<br />
Ainsi, les représ<strong>en</strong>tations des filles relatives à l’<strong>en</strong>treprise familiale <strong>et</strong> à<br />
l’évolution de leur rôle <strong>en</strong> sein de celle-ci résult<strong>en</strong>t, notamm<strong>en</strong>t, de<br />
phénomènes de g<strong>en</strong>re <strong>en</strong> rapport avec la répartition sexuée <strong>et</strong> la<br />
hiérarchisation des rôles au sein de la famille, de l’<strong>en</strong>treprise <strong>et</strong> de la<br />
société. Des processus de différ<strong>en</strong>ciation <strong>et</strong> de hiérarchisation du masculin<br />
<strong>et</strong> du féminin peuv<strong>en</strong>t être mis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce lorsque le repr<strong>en</strong>eur est choisi,<br />
explicitem<strong>en</strong>t ou implicitem<strong>en</strong>t, au sein de la famille : les caractéristiques<br />
considérées comme masculines apparaiss<strong>en</strong>t comme correspondre à<br />
celles att<strong>en</strong>dues d’un chef d’<strong>en</strong>treprise, alors que celles perçues comme<br />
féminines s’<strong>en</strong> éloign<strong>en</strong>t. De plus, la position <strong>et</strong> les choix du fils sont<br />
valorisés par la famille <strong>et</strong> sont prioritaires par rapport à ceux de leur sœur.<br />
On r<strong>et</strong>rouve là les résultats déjà prés<strong>en</strong>tés antérieurem<strong>en</strong>t.<br />
61
Sur le plan interpersonnel, la relation père-fille va s’articuler avec ces<br />
questions de g<strong>en</strong>re, la nature de ces relations étant influ<strong>en</strong>cée par la<br />
composition de la fratrie (prés<strong>en</strong>ce ou abs<strong>en</strong>ce de fils). Suivant qu’il y ait<br />
ou pas de fils, les att<strong>en</strong>tes paternelles <strong>et</strong> les rôles à la fille seront<br />
différ<strong>en</strong>ts, de même que l’int<strong>en</strong>sité du support dont la fille bénéficie de la<br />
part du ou des par<strong>en</strong>ts, acteurs ess<strong>en</strong>tiels pour l’acquisition de sa<br />
légitimité <strong>et</strong> pour sa prise de confiance <strong>en</strong> tant que dirigeante. De plus, les<br />
eff<strong>et</strong>s de g<strong>en</strong>re se concrétis<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t au niveau des difficultés<br />
r<strong>en</strong>contrées par les repr<strong>en</strong>euses <strong>en</strong> termes de légitimité. Ces eff<strong>et</strong>s sont<br />
liés aux stéréotypes sexués prés<strong>en</strong>ts dans le monde du travail.<br />
L’auteure montre aussi le manque de légitimité plus important dans les<br />
secteurs majoritairem<strong>en</strong>t masculins, les femmes ne disposant pas des<br />
caractéristiques considérées comme appropriées. Sur ce plan, le contexte<br />
familial, notamm<strong>en</strong>t le support du père, a un impact important sur les<br />
relations <strong>en</strong>tre la fille <strong>et</strong> les différ<strong>en</strong>ts acteurs <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>, dans<br />
une certaine mesure de compr<strong>en</strong>dre comm<strong>en</strong>t ces interactions peuv<strong>en</strong>t<br />
poser des difficultés ou, a contrario, offrir certaines opportunités <strong>en</strong> termes<br />
de légitimité des filles <strong>en</strong> tant que dirigeantes.<br />
Sur le plan temporel, l’article montre égalem<strong>en</strong>t l’évolution de<br />
l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t des filles <strong>et</strong> de leur positionnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> tant que dirigeantes,<br />
à chaque étape du processus de succession. <strong>Le</strong> caractère construit <strong>et</strong><br />
dynamique de l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t de la progéniture par rapport à l’<strong>en</strong>treprise<br />
familiale <strong>et</strong> à sa reprise év<strong>en</strong>tuelle est mis <strong>en</strong> exergue, la décision de<br />
poursuivre une carrière dans l’<strong>en</strong>treprise familiale dép<strong>en</strong>dant, notamm<strong>en</strong>t<br />
de l’évolution des rôles existants <strong>et</strong> att<strong>en</strong>dus dans la famille, l’<strong>en</strong>treprise <strong>et</strong><br />
la société.<br />
6. Quel bilan tirer ?<br />
La production sci<strong>en</strong>tifique que nous v<strong>en</strong>ons d’examiner traite de bon<br />
nombre de fac<strong>et</strong>tes du phénomène repr<strong>en</strong>eurial <strong>et</strong> ne se limite pas à l’obj<strong>et</strong><br />
qui nous mobilise ici, à savoir le caractère problématique du <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong><br />
wallon d’un point de vue macro socio-économique. Force est d’ailleurs de<br />
constater qu’aucune des publications id<strong>en</strong>tifiées ne traite explicitem<strong>en</strong>t <strong>et</strong><br />
directem<strong>en</strong>t de c<strong>et</strong> obj<strong>et</strong>. Il nous semble cep<strong>en</strong>dant intéressant d’extraire<br />
62
du bilan que nous v<strong>en</strong>ons de dresser les élém<strong>en</strong>ts susceptibles de nourrir<br />
notre réflexion.<br />
Nos préoccupations initiales concernant principalem<strong>en</strong>t les eff<strong>et</strong>s<br />
pot<strong>en</strong>tiels du vieillissem<strong>en</strong>t de la population des chefs d’<strong>en</strong>treprise <strong>et</strong> des<br />
dynamiques repr<strong>en</strong>euriales sur le système socio-économique, c’est dans<br />
les travaux de la première catégorie d’articles, qui vis<strong>en</strong>t à brosser un<br />
tableau de la situation <strong>en</strong> matière de <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> à une large échelle, que<br />
nous trouvons le plus grand nombre de ces élém<strong>en</strong>ts.<br />
Tout d’abord, ces textes indiqu<strong>en</strong>t que l’âge des dirigeants d’<strong>en</strong>treprise<br />
est, pour tous types d’<strong>en</strong>treprises considérés, relativem<strong>en</strong>t élevé 20 : 51,1<br />
ans <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne chez Laver<strong>en</strong> E. <strong>et</strong> Bisschops M. (2004), 53,4 ans <strong>en</strong><br />
moy<strong>en</strong>ne chez Pirnay F. <strong>et</strong> Surlemeont B. (2007) <strong>et</strong> 47 ans - âge médian –<br />
chez Lambrecht J. <strong>et</strong> Naudts W. (2007). Ces derniers indiqu<strong>en</strong>t que la<br />
proportion d’individus âgés de 55 ans <strong>et</strong> plus est de 25% chez les<br />
<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs (40% de 50 ans <strong>et</strong> plus). Pour Pirnay F. <strong>et</strong> Surlemont B.<br />
(2007), la proportion d’individus âgés de plus de 70 ans est de 7% chez les<br />
dirigeants d’<strong>en</strong>treprises familiales (24% de plus de 60 ans, 57% de plus de<br />
50%). <strong>Le</strong> CEFIP (2007) indique que le nombre d’indép<strong>en</strong>dants âgés de 45 à<br />
60 ans a augm<strong>en</strong>té de 13% de 1996 à 2000 <strong>et</strong> 45% des actionnaires<br />
dirigeants de PME aurai<strong>en</strong>t plus de 50 ans. Notons, à titre indicatif, que, au<br />
premier janvier 2008, l’âge moy<strong>en</strong> des belges de 18 ans <strong>et</strong> plus était de<br />
48,9 ans (48,8 ans <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong>) 21 .<br />
Un éclairage complém<strong>en</strong>taire est fourni par Colot O. (2007). Selon lui, l’âge<br />
moy<strong>en</strong> des dirigeants des PME wallonnes est de 49,2 ans. Ce chiffre doit<br />
cep<strong>en</strong>dant être appréh<strong>en</strong>dé <strong>en</strong> t<strong>en</strong>ant compte du fait que seules les<br />
<strong>en</strong>treprises créées avant le 31 décembre 1990 sont prises <strong>en</strong> compte, soit<br />
une population de 8.917 unités.<br />
Pour ce qui est du volume de l’offre d’<strong>en</strong>treprises à transm<strong>et</strong>tre, un taux<br />
annuel d’<strong>en</strong>trée sur le marché de 3% du volume total du parc existant est<br />
généralem<strong>en</strong>t admis (Commission europé<strong>en</strong>ne, 2006). On estime donc que<br />
20<br />
<strong>Le</strong>s variations des valeurs d’une publication à l’autre s’expliqu<strong>en</strong>t notamm<strong>en</strong>t<br />
par le fait que les populations de référ<strong>en</strong>ce, les caractéristiques des échantillons<br />
<strong>et</strong> le mom<strong>en</strong>t de l’observation différ<strong>en</strong>t d’une analyse à l’autre.<br />
21<br />
Source : Direction générale Statistique <strong>et</strong> Information économique (DGSIE),<br />
calculs : <strong>IWEPS</strong>.<br />
63
13.500 <strong>en</strong>treprises flamandes doiv<strong>en</strong>t être transmises annuellem<strong>en</strong>t,<br />
contre 8.000 <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong>. La Commission europé<strong>en</strong>ne attire cep<strong>en</strong>dant<br />
l’att<strong>en</strong>tion sur le fait que, dans la moitié des cas <strong>en</strong>viron, il s’agit<br />
d’<strong>en</strong>treprises individuelles ou de TPE. Pour Lambrecht J. <strong>et</strong> Naudts W.<br />
(2007), la transmission dans les 10 ans à v<strong>en</strong>ir concerne 28% des PME<br />
belges, soit <strong>en</strong>viron 200.000 PME, soit <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne 20.000 PME par an,<br />
chiffre guère éloigné des estimations réalisées par la Commission<br />
europé<strong>en</strong>ne.<br />
Selon Colot O. (2007), au vu de l’âge des dirigeants des 8.917 PME<br />
wallonnes qu’il étudie, 22% de ces <strong>en</strong>treprises devrai<strong>en</strong>t être transmises<br />
dans les 5 ans après son <strong>en</strong>quête <strong>et</strong> 37% dans les 10 ans (<strong>en</strong> postulant un<br />
départ du dirigeant à 65 ans). En outre, selon les réponses des dirigeants<br />
eux-mêmes, 55% de ces PME devrai<strong>en</strong>t être transmises dans les dix<br />
prochaines années 22 . Ces résultats sont s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t plus élevés que ceux<br />
obt<strong>en</strong>us par la Commission europé<strong>en</strong>ne <strong>et</strong> par Lambrecht <strong>et</strong> Naudts car ils<br />
concern<strong>en</strong>t une sous-population d’<strong>en</strong>treprises plus âgées, puisque créées<br />
avant 1991, <strong>et</strong> donc plus susceptibles de devoir être cédées au terme de 5<br />
ou 10 ans.<br />
En ce qui concerne la préparation à la cession, les chiffres indiqu<strong>en</strong>t un<br />
certain att<strong>en</strong>tisme de la part des dirigeants d’<strong>en</strong>treprise. Laver<strong>en</strong> E. <strong>et</strong><br />
Bisschops M. (2004) estim<strong>en</strong>t que, <strong>en</strong> Flandres, 45% des <strong>en</strong>treprises<br />
familiales ne sont pas <strong>en</strong>core occupés de leur transmission <strong>et</strong> que le futur<br />
repr<strong>en</strong>eur est connu dans seulem<strong>en</strong>t 36% des cas. Selon Pirnay F. <strong>et</strong><br />
Surlemont B. (2007), 42% des <strong>en</strong>treprises ont déjà trouvé une solution<br />
satisfaisante <strong>en</strong> matière de transmission, alors que 13% des <strong>en</strong>treprises<br />
affirm<strong>en</strong>t ne pas <strong>en</strong>core <strong>en</strong> avoir trouvée. Selon ces auteurs, <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne,<br />
les dirigeants qui ne se préoccup<strong>en</strong>t pas de la transmission sont moins<br />
âgés (53,1 ans) que ceux pour lesquels c’est un réel problème (59,5 ans).<br />
Lambrecht J. <strong>et</strong> Naudts W. (2007) estim<strong>en</strong>t que, dans 57% des <strong>en</strong>treprises<br />
où la transmission de la gestion s’effectuera dans les 10 ans, le repr<strong>en</strong>eur<br />
n’est pas <strong>en</strong>core connu. C<strong>et</strong>te proportion est de 42% dans celles où c’est<br />
la transmission de la propriété qui s’effectuera dans les 10 ans. Enfin,<br />
selon la SOWACCESS (2006), 32% des chefs d'<strong>en</strong>treprise ne sav<strong>en</strong>t pas<br />
dans combi<strong>en</strong> de temps ils p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t transm<strong>et</strong>tre l’<strong>en</strong>treprise mais, dans<br />
22<br />
dont 13% dans les deux ans <strong>et</strong> 30% dans les cinq ans.<br />
64
51% des cas, ils ont déjà p<strong>en</strong>sé à la transmission de celle-ci. Trois<br />
dirigeants sur dix se s<strong>en</strong>tant concernés y p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t seulem<strong>en</strong>t depuis moins<br />
de 6 mois. En outre, dans 56% des <strong>en</strong>treprises, aucune démarche pour<br />
préparer la transmission n’a été initiée.<br />
Enfin, l’id<strong>en</strong>tité des repr<strong>en</strong>eurs est éclairée par plusieurs publications.<br />
Selon Laver<strong>en</strong> E. <strong>et</strong> Bisschops M. (2004), dans les <strong>en</strong>treprises familiales<br />
flamandes, là où la transmission est <strong>en</strong>visagée, 65% des <strong>en</strong>treprises<br />
serai<strong>en</strong>t transmises aux <strong>en</strong>fants, 10% à la famille élargie, 2% aux salariés<br />
<strong>et</strong> 24% à un repr<strong>en</strong>eur externe. Quand le futur repr<strong>en</strong>eur est déjà connu<br />
(soit dans 36% des <strong>en</strong>treprises), la moy<strong>en</strong>ne d’âge des repr<strong>en</strong>eurs est de<br />
33,1 ans <strong>et</strong> 17% des repr<strong>en</strong>eurs sont des femmes. Dans 83% des cas, le<br />
repr<strong>en</strong>eur fait partie de la famille. Pirnay F. <strong>et</strong> Surlemont B. (2007)<br />
indiqu<strong>en</strong>t que la formule de transmission privilégiée par les dirigeants des<br />
<strong>en</strong>treprises familiales wallonnes est, dans 68% des cas, la succession<br />
familiale (la propriété <strong>et</strong> la gestion rest<strong>en</strong>t dans la famille), contre 27%<br />
pour la v<strong>en</strong>te à un tiers (la propriété <strong>et</strong> la gestion sort<strong>en</strong>t de la famille), 4%<br />
pour le contrôle familial (la gestion est confiée à un tiers) <strong>et</strong> 1% pour la<br />
gestion familiale (la gestion reste au sein de la famille mais pas la<br />
propriété). Chez les dirigeants pour lesquels la transmission n’est plus<br />
problématique, les résultats sont de 72% pour la succession familiale,<br />
24% pour la v<strong>en</strong>te à un tiers, 2% pour le contrôle familial <strong>et</strong> 2% pour la<br />
gestion familiale. Pour les dirigeants qui affirm<strong>en</strong>t que la transmission est<br />
un vrai problème pour lequel ils n'ont pas <strong>en</strong>core trouvé de solution<br />
satisfaisante, l’option préférée est la première (54% des cas contre 46%<br />
pour la deuxième). Il ressort de ces différ<strong>en</strong>ts résultats que, dans les<br />
<strong>en</strong>treprises familiales, la transmission intrafamiliale demeure le modèle<br />
dominant.<br />
A ce niveau, un élém<strong>en</strong>t complém<strong>en</strong>taire est fourni par Guyot J. L. <strong>et</strong> Van<br />
Cutsem M. (2010). Il concerne l’hypothèse, pour les <strong>en</strong>treprises familiales,<br />
d’un recul relatif du schéma traditionnel de transmission intrafamiliale<br />
intergénérationnelle <strong>et</strong> sa substitution par d’autres schémas où la<br />
pér<strong>en</strong>nité de la firme reprise n’est pas toujours l’objectif visé par le<br />
repr<strong>en</strong>eur.<br />
65
Conclusions<br />
Par rapport à notre triple questionnem<strong>en</strong>t initial – (1) la transmission<br />
d’<strong>en</strong>treprise est-elle, ou va-t-elle constituer un problème de nature macro<br />
économique <strong>et</strong> sociale <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong>, (2) le cas échéant, quelles sont<br />
l’ampleur <strong>et</strong> les origines de ce problème <strong>et</strong> (3) quelles sont ou quelles<br />
serai<strong>en</strong>t les conséqu<strong>en</strong>ces de ce problème sur l’économie <strong>et</strong> la société<br />
wallonne ? – les recherches qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t d’être examinées apport<strong>en</strong>t des<br />
élém<strong>en</strong>ts de réponse mais ceux-ci sont relativem<strong>en</strong>t parcellaires. En outre,<br />
les résultats prés<strong>en</strong>tés sont issus de méthodologies <strong>et</strong> de dispositifs de<br />
recherche différ<strong>en</strong>ts, notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> termes de population de référ<strong>en</strong>ce <strong>et</strong><br />
de méthode d’échantillonnage, ce qui les r<strong>en</strong>d très difficilem<strong>en</strong>t<br />
comparables. Qui plus est, les études relevées lors de notre inv<strong>en</strong>taire<br />
port<strong>en</strong>t rarem<strong>en</strong>t sur l’<strong>en</strong>semble des différ<strong>en</strong>ts types d’<strong>en</strong>treprises <strong>et</strong> sont<br />
peu généralisables à tous les types, ce qui limite leur portée du point de<br />
vue de nos interrogations.<br />
Si plusieurs publications m<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce les difficultés observables au<br />
niveau du processus de transmission <strong>et</strong> de sa préparation, principalem<strong>en</strong>t<br />
dans le cas des <strong>en</strong>treprises familiales, les problèmes id<strong>en</strong>tifiés le sont<br />
rarem<strong>en</strong>t au niveau du système socio-économique global. <strong>Le</strong>s analyses se<br />
conc<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> eff<strong>et</strong> le plus fréquemm<strong>en</strong>t sur les stratégies <strong>et</strong><br />
caractéristiques des acteurs impliqués <strong>et</strong> sur la dynamique de l’<strong>en</strong>treprise<br />
concernée. De plus, aucune recherche, à l’exception d’une seule, ne<br />
considère les conséqu<strong>en</strong>ces macro-économiques des t<strong>en</strong>sions mises <strong>en</strong><br />
exergue. Enfin, aucune des recherches ne s’inscrit dans un proj<strong>et</strong><br />
prospectif ou prévisionnel à proprem<strong>en</strong>t parler.<br />
Néanmoins, certaines des publications que nous avons considérées<br />
apport<strong>en</strong>t des élém<strong>en</strong>ts empiriques utiles <strong>en</strong> ce qui concerne nos<br />
préoccupations.<br />
Plusieurs travaux indiqu<strong>en</strong>t que la population des chefs d’<strong>en</strong>treprise est<br />
relativem<strong>en</strong>t âgée, ce qui induira, dans un terme relativem<strong>en</strong>t court,<br />
l’afflux important d’<strong>en</strong>treprises à rem<strong>et</strong>tre sur le marché de la transmission<br />
<strong>et</strong> donc à un niveau d’offre plus élevé que ce que la <strong>Wallonie</strong> <strong>et</strong> la <strong>Belgique</strong><br />
ont connu de par le passé. C<strong>et</strong>te dynamique est égalem<strong>en</strong>t mise <strong>en</strong><br />
évid<strong>en</strong>ce dans d’autres pays de l’Union europé<strong>en</strong>ne <strong>et</strong> semble généralisée<br />
<strong>en</strong> l’Europe.<br />
66
Un certain nombre de recherches décèl<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t un manque de<br />
préparation à la transmission de la part des dirigeants d’<strong>en</strong>treprise, plus ou<br />
moins important selon la source considérée. C<strong>et</strong>te relative incurie des<br />
<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs pourrait être à l’origine de complications préjudiciables à la<br />
transmission des <strong>en</strong>treprises <strong>et</strong>, si le phénomène perdurait, induire, par<br />
agrégation, des conséqu<strong>en</strong>ces fâcheuses <strong>et</strong> non négligeables pour<br />
l’économie wallonne, du moins à terme.<br />
En ce qui concerne l’état de la demande sur le marché de la transmission,<br />
les résultats exposés <strong>en</strong> ce qui concerne les <strong>en</strong>treprises familiales<br />
indiqu<strong>en</strong>t que la transmission par succession demeure le modèle dominant<br />
mais qu’il ne caractérise pas la totalité de ces <strong>en</strong>treprises. Dans la mesure<br />
où aucune recherche ne propose d’analyse longitudinale du phénomène, il<br />
est toutefois impossible d’id<strong>en</strong>tifier l’évolution de la prégnance ce modèle.<br />
<strong>Le</strong>s analyses qualitatives indiqu<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant que ce modèle n’est pas,<br />
dans certaines situations, sans poser de t<strong>en</strong>sions au niveau familial,<br />
notamm<strong>en</strong>t du point de vue des filles de dirigeants.<br />
Dans le cas des transmissions non successorales, les études disponibles<br />
ne perm<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t pas, <strong>en</strong> ce qui concerne l’évolution des caractéristiques <strong>et</strong><br />
du volume de la demande, d’avancer des élém<strong>en</strong>ts de réponse à nos<br />
questions initiales.<br />
Pour ce qui est des mécanismes de r<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>tre l’offre <strong>et</strong> la demande,<br />
qui ne sont pas étrangers à ces questions, les travaux ne prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t<br />
aucune information quantitative à large échelle. Nous disposons cep<strong>en</strong>dant<br />
d’un état des lieux des dispositifs mis <strong>en</strong> place dans notre pays <strong>et</strong> dans<br />
notre région pour contribuer à l’appariem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre offre <strong>et</strong> demande.<br />
Néanmoins, dans la mesure où ils sont relativem<strong>en</strong>t neufs <strong>et</strong> où les<br />
résultats disponibles ne vis<strong>en</strong>t pas leur évaluation, il demeure périlleux de<br />
se prononcer sur le caractère suffisant <strong>et</strong> pertin<strong>en</strong>t des mesures publiques<br />
pour faciliter la r<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>tre offre <strong>et</strong> demande <strong>et</strong>, de manière plus<br />
générale, pour assurer la bonne gestion des <strong>en</strong>jeux liés à la transmission<br />
d’<strong>en</strong>treprise.<br />
Il ressort donc de l’<strong>en</strong>semble de ces constats que, premièrem<strong>en</strong>t, la<br />
dynamique repr<strong>en</strong>euriale actuelle <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> semble être source de<br />
risques pour l’économie régionale, risques qui sont, au demeurant <strong>et</strong> dans<br />
l’état actuel des connaissances sci<strong>en</strong>tifiques, difficiles à estimer <strong>et</strong> que,<br />
67
deuxièmem<strong>en</strong>t, la gestion de ces risques, tant au niveau des <strong>en</strong>treprises<br />
qu’au niveau des pouvoirs publics, pourrait, sans doute, être améliorée.<br />
Face à ces risques, les pistes d’action mises <strong>en</strong> avant par les auteurs cités<br />
port<strong>en</strong>t ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t sur deux axes : d’une part l’amélioration de la<br />
gestion de la cession dans le chef des dirigeants d’<strong>en</strong>treprise, piste qui<br />
peut se décliner sous diverses formes <strong>et</strong> s’opérationnaliser <strong>en</strong> de<br />
nombreuses modalités pratiques, <strong>en</strong>visagées par plusieurs chercheurs, <strong>et</strong>,<br />
d’autre part, la mise <strong>en</strong> place des conditions pour un meilleur<br />
fonctionnem<strong>en</strong>t du marché de la transmission. La dynamisation de la<br />
demande n’est pas mise <strong>en</strong> avant par les auteurs.<br />
Vis-à-vis de nos questions de départ, le caractère incompl<strong>et</strong> des réponses<br />
trouvées dans la littérature nous oblige à poursuivre nos investigations.<br />
Celles-ci devront sans doute recourir à la mise <strong>en</strong> place de nouveaux<br />
dispositifs de recherche, qui devront viser l’<strong>en</strong>semble des <strong>en</strong>treprises<br />
wallonnes, quel que soit leur type, <strong>et</strong> couvrir tant le versant « offre » que le<br />
versant « demande » du marché de la transition. Pour ce faire, il<br />
convi<strong>en</strong>dra sans doute de collecter des données originales <strong>et</strong> de les m<strong>et</strong>tre<br />
<strong>en</strong> relation avec informations déjà disponibles mais prov<strong>en</strong>ant de sources<br />
différ<strong>en</strong>tes. L’exam<strong>en</strong> de ces données perm<strong>et</strong>tra, in fine, d’apporter des<br />
réponses satisfaisantes à nos questions initiales. Ces investigations feront<br />
l’obj<strong>et</strong> de la prochaine étape du programme de travail dans lequel s’inscrit<br />
la prés<strong>en</strong>te publication. Nous ne manquerons pas de diffuser leurs<br />
résultats.<br />
68
Bibliographie<br />
BRAGARD L., VAN CAILLIE D., LAMBRECHT Cl. (1996) La transmission des<br />
PME familiales, un problème aux multiples fac<strong>et</strong>tes, Confér<strong>en</strong>ce donnée<br />
dans le cadre des Séminaires "La transmission d'<strong>en</strong>treprise", organisés<br />
par l'Union des Classes moy<strong>en</strong>nes à Liège, 6 novembre.<br />
BUGHIN Ch., COLOT O., FINET A., VANDER CASSYEN B. (2009)<br />
Transmission des <strong>en</strong>treprises familiales <strong>et</strong> gouvernance cognitive,<br />
Docum<strong>en</strong>ts d’Economie <strong>et</strong> de Gestion, 2009/4, Université de Mons-<br />
Hainaut, Mons.<br />
CEFIP (2007) La transmission des <strong>en</strong>treprises : le financem<strong>en</strong>t, Bruxelles<br />
COLOT O. (2006) Profil du repr<strong>en</strong>eur <strong>et</strong> performance de l’<strong>en</strong>treprise, 1ère<br />
Journée Georges Doriot : <strong>Le</strong>s conduites de <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> : réussir la reprise<br />
<strong>et</strong> la transmission de l’<strong>en</strong>treprise, 17-18 mars, Deauville.<br />
COLOT O. (2007) La transmission des PME familiales non cotées :<br />
approche de la transmission <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> <strong>et</strong> impact sur les performances<br />
des <strong>en</strong>treprises, Thèse prés<strong>en</strong>tée <strong>en</strong> vue de l’obt<strong>en</strong>tion du titre de Docteur<br />
<strong>en</strong> Sci<strong>en</strong>ces de Gestion, Université de Mons-Hainaut, Mons.<br />
COLOT O. (2009) "Préparation des PME familiales belges à la transmission<br />
<strong>et</strong> impact sur la performance", Revue Internationale PME, Vol. 22, n°2, pp.<br />
95-132.<br />
COLOT O. DUPONT D. (2006a) Evolution du personnel suite au changem<strong>en</strong>t<br />
de dirigeant : le cas des transmissions de PME belges, 1ère Journée<br />
Georges Doriot : <strong>Le</strong>s conduites de <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> : réussir la reprise <strong>et</strong> la<br />
transmission de l’<strong>en</strong>treprise, 17-18 mars, Deauville.<br />
COLOT O., DUPONT C. (2006b) Impact de la transmission d’<strong>en</strong>treprise sur<br />
le personnel <strong>et</strong> sa productivité, Docum<strong>en</strong>ts d’Economie <strong>et</strong> de Gestion,<br />
2006/1, Université de Mons-Hainaut, Mons.<br />
Commission europé<strong>en</strong>ne – DGEI (2006) Marchés pour la transmission<br />
d’<strong>en</strong>treprises, Rapport du groupe d’experts, Bruxelles.<br />
CONSTANDINIS C. (2009) Entreprise familiale <strong>et</strong> g<strong>en</strong>re: les <strong>en</strong>jeux de la<br />
succession pour les filles, Working Paper 200904/01, HEC-Université de<br />
Liège, Liège.<br />
69
CONSTANTINIS C., CORNET A. (2006) <strong>Le</strong>s femmes repr<strong>en</strong>euses d’une<br />
<strong>en</strong>treprise familiale : difficultés <strong>et</strong> stratégies, Working Paper 200608/04,<br />
HEC-Université de Liège, Liège.<br />
CONSTANTINIS C., NELSON T. (2008) Integrating Succession and G<strong>en</strong>der<br />
Issues from the Perspective of the Daughter of Family Enterprise across<br />
the U.S. and EU, Working Paper 200809/04, HEC-Université de Liège,<br />
Liège.<br />
CONSTANTINIS C., SANTIN S. (2007) Id<strong>en</strong>tification de quatre scénarios de<br />
reprise de l’<strong>en</strong>treprise familiale par des filles d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs : prés<strong>en</strong>ce <strong>et</strong><br />
rôle de différ<strong>en</strong>tes parties pr<strong>en</strong>antes, Working Paper 200712/03, HEC-<br />
Université de Liège, Liège.<br />
CONSTANTINIS C., SANTIN S. (2008) La reprise d’<strong>en</strong>treprise familiale par<br />
les filles d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur : une lecture <strong>en</strong> termes de g<strong>en</strong>re, Working Paper<br />
200801/05, HEC-Université de Liège, Liège.<br />
DELHOVE F. (2008) "PME à v<strong>en</strong>dre", Forward, n°8, octobre, pp.31-45.<br />
DE WASSEIGE J. Ch. (2005) "PME cherche repr<strong>en</strong>eur. Urg<strong>en</strong>t !", Tr<strong>en</strong>ds<br />
T<strong>en</strong>dance, 16 juin.<br />
GUYOT J.L., VAN CUTSEM M. (2010) La transmission d’<strong>en</strong>treprise <strong>en</strong><br />
<strong>Wallonie</strong> : discours <strong>et</strong> <strong>en</strong>jeux, Discussion Paper n° 1002, Institut wallon<br />
d’évaluation, de prospective <strong>et</strong> de statistiques, Namur.<br />
LAMBRECHT J., NAUDTS W. (2007) Transmission <strong>et</strong> reprise de PME <strong>en</strong><br />
<strong>Belgique</strong>, Rapport d‘une étude commandée par SPF Economie, C<strong>en</strong>tres<br />
d’Etudes pour l’Ent<strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong>, EHSAL-K.U., Bruxelles.<br />
LAMBRECHT J., PIRNAY F. (2008) La transmission du pouvoir dans les<br />
<strong>en</strong>treprises familiales, Institut de l'Entreprise Familiale, Namur.<br />
LAVEREN E., BISSCHOPS M. (2004) De opvolgingsproblematiek in Vlaamse<br />
bedrijv<strong>en</strong>: resultat<strong>en</strong> van e<strong>en</strong> empirisch onderzoek, Onderzoeksrapport<br />
UAMS, Antwerp<strong>en</strong>.<br />
LOBET D. (2004) La naissance des dispositions à la transmission<br />
intrafamiliale des <strong>en</strong>treprises familiales - Une étude de cas auprès de<br />
quatre PME wallonnes. Premières réflexions, 7 e<br />
Congrès international<br />
francophone <strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> <strong>et</strong> PME, 27-29 octobre, Montpellier.<br />
70
LOBET D. (2006) "La logique du don dans la transmission des <strong>en</strong>treprises<br />
familiales", Sociétés Contemporaines, n° 62, pp. 27-47.<br />
LOBET D. (2008) Transm<strong>et</strong>tre ou pas? Dispositions à la transmission au<br />
sein des PME familiales <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong> francophone, Thèse prés<strong>en</strong>tée <strong>en</strong> vue<br />
de l’obt<strong>en</strong>tion du titre de Docteur <strong>en</strong> Sci<strong>en</strong>ces sociales, Université libre de<br />
Bruxelles, Bruxelles.<br />
PIRNAY F., SURLEMONT B. (2007) La transmission des <strong>en</strong>treprises<br />
familiale <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong> francophone, Enjeux <strong>et</strong> niveau de préparation,<br />
Colloque de l'Institut de l'Entreprise Familiale, 15 mai, Louvain-la-Neuve.<br />
SANTIN S., VAN CAILLIE D. (2006) Diagnostic préalable à la transmission <strong>et</strong><br />
stratégie de reprise de la PME : une relation de conting<strong>en</strong>ce forte, Working<br />
Paper 200610/04, HEC-Université de Liège, Liège.<br />
SOWACCESS - IPSOS (2006) Transmissions d’<strong>en</strong>treprises, Sowaccess,<br />
Liège.<br />
VAN CAILLIE D., DENIS S. (1996) Etat de la transmission des p<strong>et</strong>ites <strong>et</strong><br />
moy<strong>en</strong>nes <strong>en</strong>treprises <strong>en</strong> province de Liège, Résultats d'une <strong>en</strong>quête,<br />
Faculté d'Economie, de Gestion <strong>et</strong> de Sci<strong>en</strong>ces sociales, C<strong>en</strong>tre de<br />
Recherche <strong>et</strong> de Docum<strong>en</strong>tation PME de l'Université de Liège, 8 avril.<br />
VAN CAILLIE D., SANTIN S., CRUTZEN N., KABWIGIRI G. (2006) L’analyse<br />
équilibrée des symptômes de déséquilibre de la PME à repr<strong>en</strong>dre, facteurclé<br />
du succès du processus de reprise : légitimation théorique <strong>et</strong> première<br />
validation empirique, Working Paper 200603/01, HEC-Université de Liège,<br />
Liège.<br />
71
Dans la même collection<br />
Numéro Auteurs Titre Date<br />
9301 Hecq A., Urbain J.-P. Misspecification Tests, Unit Roots and <strong>Le</strong>vel 06/93<br />
Shifts<br />
9302 Docquier F. Transferts publics <strong>et</strong> transition démographique 07/93<br />
<strong>en</strong> <strong>Belgique</strong> : une approche par l'équilibre<br />
général<br />
9303 Hecq A., IGARCH Effect on Autoregressive Lag <strong>Le</strong>ngth 12/93<br />
Selection and Causality Tests<br />
9304 Hecq A., Urbain J.P. Impact d'erreurs IGARCH sur les tests de 12/93<br />
racine unité<br />
9401 Docquier F., Michel Ph. Education <strong>et</strong> croissance : conséqu<strong>en</strong>ces 01/94<br />
économiques d'un choc démographique<br />
9402 Thisse J.-F. Concurr<strong>en</strong>ce sur le marché du travail, 02/94<br />
capitalisation foncière <strong>et</strong> développem<strong>en</strong>t<br />
régional<br />
9403 R<strong>en</strong>ault E., Sekkat K., Testing for Spurious Causality (with an 04/94<br />
Szafarz A.<br />
Application to Exchange Rates)<br />
9404 Scotchmer S., Thisse J.- Space in Theory of Value : Some Notes 04/94<br />
F.<br />
9405 Florês R<strong>en</strong>ato G., Szafarz An Enlarged Definition of Cointegration 06/94<br />
A.<br />
9406 Beine M. L'UEM à la lumière de la théorie des zones 10/94<br />
monétaires optimales : une revue de la<br />
littérature<br />
9407 Hecq A. Unit Root Tests with <strong>Le</strong>vel Shift in the 12/94<br />
Pres<strong>en</strong>ce of GARCH<br />
9501 Hecq A., Mahy B. Testing for the Price- and Wage-S<strong>et</strong>ting Model 01/95<br />
in Belgium Using Multivariate Cointegration<br />
Tests<br />
9502 Puig J.-P., Thisse J.-F., Enjeux économiques de l'organisation de 03/95<br />
Jay<strong>et</strong> H.<br />
l'espace français<br />
9503 Beine M., Hecq A. Codep<strong>en</strong>d<strong>en</strong>ce and Real Converg<strong>en</strong>ce : an 04/95<br />
Application to the EC Economies<br />
9504 Bismans F., Docquier F. Critères d'<strong>en</strong>d<strong>et</strong>tem<strong>en</strong>t public <strong>et</strong> vieillissem<strong>en</strong>t 10/95<br />
démographique<br />
9505 Beine M., Hecq A. Testing for Long Run Productivity Adjusted 11/95<br />
PPP for the Rec<strong>en</strong>t Floating Period<br />
9601 Docquier F. Optimal p<strong>en</strong>sion funding and b<strong>en</strong>efits in a 01/96<br />
small op<strong>en</strong> economy with savers and myopes<br />
9602 Bismans F., Docquier F. Consommation, épargne <strong>et</strong> accumulation dans<br />
la transition démographique<br />
01/96<br />
73
9603 Drèze J., Guio A.-C., Mortality, Fertility and G<strong>en</strong>der Bias, The Case 02/96<br />
Murtyi M.<br />
of India<br />
9604 Hecq A., Mahy B. Testing for Long Run Wage Relationships in 05/96<br />
OECD Countries<br />
9605 Beine M., Hecq A. Infer<strong>en</strong>ce in Codep<strong>en</strong>d<strong>en</strong>ce 09/96<br />
9606 Beine M., Docquier F. A stochastic simulation model of an optimum 10/96<br />
curr<strong>en</strong>cy area<br />
9701 Docquier F. Réformer le système de r<strong>et</strong>raite <strong>en</strong><br />
01/97<br />
<strong>Belgique</strong>.Une question de solidarité inter <strong>et</strong><br />
intra générationnelle<br />
9702 Debuisson M. La diminution de la mortalité infantile dans les 02/97<br />
arrondissem<strong>en</strong>ts belges au tournant du 20e<br />
siècle<br />
9703 Ruyters C., Laffut M. La place des statistiques régionales dans le 02/97<br />
système statistique, Application à l’emploi <strong>et</strong> à<br />
la population active<br />
9704 Beine M., Docquier F. Fédéralisme fiscal dans un modèle de zone 04/97<br />
monétaire optimale<br />
9705 Docquier F., Rapoport H. Are migrants really self-selected ? A note on 04/97<br />
the possibility of strategic remittances<br />
9706 Docquier F., Liégeois P., Comptabilité générationnelle <strong>et</strong> vieillissem<strong>en</strong>t, 09/97<br />
Stijns J.P.<br />
démographique : les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts d’un<br />
modèle d’équilibre général calculable calibré<br />
pour la <strong>Belgique</strong><br />
9707 Vander Stricht V. <strong>Le</strong>s taux de chômage <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong> 10/97<br />
9708 Docquier F., Laur<strong>en</strong>t S., Capital humain, emploi <strong>et</strong> rev<strong>en</strong>us du travail : 11/97<br />
Perelman S.<br />
<strong>Belgique</strong>, 1992<br />
9801 Beine M., Docquier F., Converg<strong>en</strong>ce des groupes : une analyse sur 01/98<br />
Hecq A.<br />
données régionales<br />
9802 Docquier F., Liegeois Ph. Simulating computable overlapping<br />
01/98<br />
g<strong>en</strong>erations model with TROLL<br />
9803 Beine M. L’union économique <strong>et</strong> monétaire à la lumière 01/98<br />
de la théorie des zones monétaires optimales :<br />
une revue de la littérature<br />
9804 Debuisson M., Houard J., <strong>Le</strong> marché du travail <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> 06/98<br />
Laffut M., Ruyters Ch.,<br />
Vander Stricht V.,<br />
<strong>Le</strong>jeune D., Gavray C.,<br />
9805 Beine M., Docquier F., Brain Drain and Economic Developm<strong>en</strong>t : 06/98<br />
Rapoport H.<br />
9806 Cattoir P., Docquier F.,<br />
Beine M.<br />
Theory and Evid<strong>en</strong>ce<br />
Finances Publiques, Solidarités<br />
Intergénérationnelle <strong>et</strong> Interrégionale : une<br />
Analyse Prospective<br />
08/98<br />
74
9901 Guio-A.C., Weiserbs D. Dép<strong>en</strong>ses <strong>et</strong> Rev<strong>en</strong>us des ménages : Etude 08/99<br />
économétrique de l’<strong>en</strong>quête 1995-96<br />
9902 Beine-M., Candelon B., Stabilization Policy and Business Cycles 08/99<br />
Sekkat K.<br />
Phases in Europe : A Markov Switching Var<br />
Analysis<br />
9903 Guyot J.L. L’analyse statistique des populations<br />
09/99<br />
scolaires : Prés<strong>en</strong>tation des principes de base<br />
9904 Beine M., Cal<strong>en</strong>don B., Assessing a Perfect European Optimum 09/99<br />
Hecq A.<br />
Curr<strong>en</strong>cy Area : A Common Cycles Approach<br />
2001 Docquier F., Paddison O. Growth and Equality Effects of P<strong>en</strong>sion Plans 10/00<br />
2002 Guyot JL Capital Humain : Perspective ou Prospective ? 10/00<br />
2003 Broze L., Gavray C.,<br />
Ruyters C.<br />
Dualisme, Mobilité <strong>et</strong> Déterminants Familiaux :<br />
Une Analyse des Transitions sur le Marché du<br />
07/00<br />
2004 De Broucker P.,<br />
G<strong>en</strong>sbittel M.H.,<br />
Maingu<strong>et</strong> C.<br />
2005 De Wasseige Y., Laffut<br />
M., Ruyters C., Schleiper<br />
P.<br />
0101 De Wasseige Y., Laffut<br />
M., Ruyters C., Schleiper<br />
P.<br />
0102 De Wasseige Y., Laffut<br />
M., Ruyters C., Schleiper<br />
P.<br />
Travail<br />
Déterminants Scolaires <strong>et</strong> Analyse de la<br />
Transition<br />
Bassins d’Emploi <strong>et</strong> Régions Fonctionnelles<br />
Méthodologie <strong>et</strong> Définition des Bassins<br />
d’Emploi Belges<br />
Bassins d’Emploi <strong>et</strong> Régions Fonctionnelles<br />
Méthodologie <strong>et</strong> Définition des Bassins<br />
d’Emploi Wallons<br />
Bassins d’Emploi <strong>et</strong> Régions Fonctionnelles<br />
Inv<strong>en</strong>taire <strong>et</strong> Synthèse des Territoires Sous-<br />
Régionaux<br />
0103 Lohest O., Van Haeper<strong>en</strong><br />
B.<br />
Evaluation du Fonctionnem<strong>en</strong>t du Parcours<br />
d’Insertion <strong>en</strong> Région wallonne<br />
0104 Van Haeper<strong>en</strong> B. Pénuries de main-d’œuvre <strong>et</strong> autres t<strong>en</strong>sions<br />
sur le marché du travail : quelques balises<br />
théoriques<br />
11/00<br />
12/00<br />
02/01<br />
03/01<br />
04/01<br />
11/01<br />
0201 Guyot.JL.,Van<br />
Ent<strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> <strong>et</strong> création d’<strong>en</strong>treprise : 05/02<br />
Rompaey.B.<br />
Revue de la littérature <strong>et</strong> état de la recherche<br />
0202 Guio. A.C. La pauvr<strong>et</strong>é <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong> <strong>et</strong> <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> 05/02<br />
0203 De Wasseige Y., Laffut<br />
M., Ruyters C., Schleiper<br />
P. Vand<strong>en</strong> Door<strong>en</strong> L.<br />
Bassins d’Emploi <strong>et</strong> Régions Fonctionnelles<br />
Elaboration d’une Typologie Socio-<br />
Economique des Bassins d’emploi Wallons<br />
05/02<br />
0204 Albessart C., Duprez J.P.,<br />
Guyot J.L.<br />
<strong>Le</strong> Tissu Productif Wallon dans son Contexte<br />
National : une T<strong>en</strong>tative d’Analyse<br />
Démographique<br />
0205 Albessart C., Duprez J.P.,<br />
Guyot J.L<br />
Structure <strong>et</strong> Dynamique du Tissu Productif<br />
Wallon : une Approche Démographique<br />
0206 Lambert A. Des Dynamiques Economiques <strong>et</strong><br />
Démographiques Génératrices de Viol<strong>en</strong>ce ?<br />
P<strong>et</strong>ites Réflexions à partir du cas du Pakistan<br />
75<br />
06/02<br />
06/02<br />
07/02
0208 Deprez A. Compét<strong>en</strong>ces <strong>et</strong> Qualifications<br />
08/02<br />
Mise <strong>en</strong> perspective <strong>et</strong> positions d’acteurs<br />
0401 Guio-A.C. La pauvr<strong>et</strong>é monétaire <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong>, <strong>en</strong> Flandre 02/04<br />
<strong>et</strong> <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong><br />
0402 Debuisson M., Docquier Immigration and adging in the Belgian regions 03/04<br />
F., Noury A., Nantcho M.<br />
0403 Van Haeper<strong>en</strong> B. Formes d’emploi <strong>et</strong> durée du travail : évolution 08/04<br />
comparée de la <strong>Belgique</strong>, de ses régions <strong>et</strong><br />
des pays voisins au cours de la période 1992-<br />
2002<br />
0404 Cardelli R., Nibona M. <strong>Le</strong>s trajectoires professionnelles des salariés 10/04<br />
des secteurs industriels <strong>en</strong> Région wallonne :<br />
de la précarité de l’emploi à l’insatisfaction du<br />
travail<br />
0501 Weickmans G., Une estimation des dép<strong>en</strong>ses publiques de 01/05<br />
Deschamps R.<br />
formation professionnelle continue <strong>en</strong><br />
<strong>Belgique</strong><br />
0502 Dussart L., <strong>Le</strong>fèvre M. L’id<strong>en</strong>tification des crédits budgétaires publics<br />
affectés à la recherche & développem<strong>en</strong>t :<br />
regard critique au départ du cas de la Région<br />
wallonne<br />
01/05<br />
0503 Callay V., Guyot J.L.,<br />
Vanhamme G.<br />
0504 De Wasseige Y., Laffut<br />
M., Ruyters C., Vand<strong>en</strong><br />
Door<strong>en</strong> L.<br />
0505 A. Baye, G. Hindrickx, C.<br />
Libon <strong>et</strong> S. Jaspar<br />
0601 Ruyters C., Vander<br />
Stricht V., Vand<strong>en</strong> Door<strong>en</strong><br />
L.<br />
0602 <strong>Le</strong>fèvre M., Van<br />
Haeper<strong>en</strong> B.<br />
Primo-créateurs d’<strong>en</strong>treprise <strong>et</strong> contextes<br />
locaux : analyse empirique de la situation<br />
wallonne<br />
Bassins d’emploi <strong>et</strong> régions fonctionnelles<br />
Analyse structurelle des bassins d’emploi<br />
majeurs <strong>en</strong> Région wallonne : évolution de<br />
l’emploi salarié <strong>en</strong>tre 1993 <strong>et</strong> 2002<br />
Mesurer la transition <strong>en</strong>tre l’école <strong>et</strong> la vie<br />
active <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> : Cadre conceptuel <strong>et</strong><br />
canevas d’indicateurs internationaux<br />
Estimation de la population active par<br />
commune : 30 juin 2003 <strong>et</strong> 2004<br />
Evaluation des couveuses d’<strong>en</strong>treprises, des<br />
coopératives d’activités <strong>et</strong> des incubateurs <strong>en</strong><br />
économie sociale <strong>en</strong> Région wallonne<br />
0604 Guio A.C. Pauvr<strong>et</strong>é monétaire <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong>, <strong>en</strong> Flandre <strong>et</strong><br />
<strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong><br />
0701 Coll<strong>et</strong> S., Weickmans G.,<br />
Deschamps R.<br />
Une estimation des dép<strong>en</strong>ses publiques<br />
d’emploi <strong>et</strong> de formation professionnelle<br />
continue <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong><br />
09/05<br />
11/05<br />
12/05<br />
08/06<br />
11/06<br />
11/06<br />
02/07<br />
76
0702 Eggerickx T., Debuisson<br />
M., Hermia J.P.,<br />
Sanderson J.P. <strong>et</strong> Vander<br />
Stricht V.<br />
0703 Vander Stricht V., Vand<strong>en</strong><br />
Door<strong>en</strong> L.,<br />
<strong>Le</strong> baromètre des conditions de vie dans les<br />
communes bruxelloises <strong>et</strong> wallonnes<br />
les Estimations de la population active par<br />
commune : une pièce importante dans le<br />
puzzle des statistiques du marché du travail<br />
0704 Dussart L. Dégradation de la « clé IPP » pour la <strong>Wallonie</strong> :<br />
t<strong>en</strong>tative d’interprétation au regard de<br />
l’évolution <strong>et</strong> de la composition du rev<strong>en</strong>u<br />
imposable à l’impôt des personnes physiques<br />
0801 Guyot J.L., Lohest O. L’aversion au risque : une barrière à<br />
l’<strong>en</strong>t<strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> ?<br />
0802 Guyot J.L., Lohest O. Barrières à l’<strong>en</strong>t<strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> <strong>et</strong> primo-création<br />
d’<strong>en</strong>treprise : le g<strong>en</strong>re est-il une variable<br />
discriminante<br />
0803 GUIO, A.C. Pauvr<strong>et</strong>é monétaire <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong>, <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong><br />
<strong>et</strong> <strong>en</strong> Flandre <strong>en</strong> 2006<br />
0804 Defays, D. Rapport sur le statut institutionnel de la<br />
statistique régionale<br />
0901 Guio, A.C. What can be learned from material deprivation<br />
indicators in Belgium and Regions?<br />
0902 GIiacomin, O., Guyot, Motivations de création de nécessité <strong>et</strong><br />
J.L., Janss<strong>en</strong>, F., Lohest, d’opportunité <strong>et</strong> secteurs de création<br />
O.<br />
0903 Guio, A-C, Carp<strong>en</strong>tier<br />
Sarah<br />
Une t<strong>en</strong>tative de mesure de la pauvr<strong>et</strong>é au<br />
niveau local : exploitation des données<br />
relatives aux bénéficiaires de l’interv<strong>en</strong>tion<br />
majorée <strong>en</strong> soins de santé<br />
1001 Charlier, J. , Reginster, I. L’évolution de la superficie résid<strong>en</strong>tielle<br />
moy<strong>en</strong>ne par habitant : un indicateur de<br />
développem<strong>en</strong>t territorial durable ?<br />
1002 Guyot, J.-L., Van Cutsem,<br />
M.<br />
La transmission d’<strong>en</strong>treprise <strong>en</strong> Région<br />
wallonne : discours <strong>et</strong> <strong>en</strong>jeux<br />
1003 Cipriano; S., Van<br />
Haeper<strong>en</strong>, B.<br />
<strong>Le</strong>s ag<strong>en</strong>ces dans le paysage de la fonction<br />
publique wallonne<br />
1004 Guio, A-C, Risk factors of income poverty and material<br />
deprivation in Belgium and Regions<br />
04/07<br />
08/07<br />
09/07<br />
09/08<br />
09/08<br />
01/09<br />
01/09<br />
03/09<br />
03/09<br />
04/09<br />
01/10<br />
03/10<br />
04/10<br />
04/10<br />
1005 Desmarez, P., C<strong>en</strong>iccola,<br />
P.,Cortese, V.,Maingu<strong>et</strong>,<br />
Ch., Veinstein, M.<br />
L’<strong>en</strong>trée dans la vie active d’une cohorte de<br />
jeunes issus de l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t secondaire<br />
09/10<br />
77
Route de Louvain-la-Neuve, 2<br />
B-5001 BELGRADE-NAMUR<br />
Tél : 32 (0)81 46 84 11<br />
Fax : 32 (0)81 46 84 12<br />
http://statistiques.wallonie.be<br />
info@iweps.be