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Le repreneuriat d´entreprise en Wallonie et Belgique - IWEPS

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Discussion Papers<br />

N°1006<br />

LE REPRENEURIAT D’ENTREPRISE<br />

EN WALLONIE ET EN BELGIQUE :<br />

LES ENSEIGNEMENTS DE DIX ANS<br />

DE RECHERCHE EMPIRIQUE<br />

par<br />

Jean-Luc GUYOT<br />

Septembre 2010


N°1006<br />

LE REPRENEURIAT D’ENTREPRISE EN WALLONIE<br />

ET EN BELGIQUE :<br />

LES ENSEIGNEMENTS DE DIX ANS DE<br />

RECHERCHE EMPIRIQUE<br />

par<br />

Jean-Luc GUYOT<br />

Septembre 2010


<strong>Le</strong> <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> d’<strong>en</strong>treprise <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> <strong>et</strong> <strong>en</strong><br />

<strong>Belgique</strong> :<br />

les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts de dix ans de recherche<br />

empirique<br />

Jean-Luc GUYOT 1<br />

<strong>IWEPS</strong> 2<br />

Résumé : Dans le cadre d’un programme de travail sur le <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> <strong>en</strong><br />

<strong>Wallonie</strong> développé par l’<strong>IWEPS</strong> <strong>et</strong> l’Institut Destrée, le prés<strong>en</strong>t Discussion<br />

Paper examine la littérature sci<strong>en</strong>tifique réc<strong>en</strong>te relative à ce suj<strong>et</strong> <strong>en</strong><br />

<strong>Belgique</strong> <strong>et</strong> <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong>. Plus d’une vingtaine de publications est ainsi<br />

abordée <strong>et</strong> synthétisée, l’objectif étant d’apporter des réponses aux<br />

questions suivantes : (a) la transmission d’<strong>en</strong>treprise est-elle, ou va-t-elle<br />

constituer un problème de nature macro économique <strong>et</strong> sociale <strong>en</strong><br />

<strong>Wallonie</strong> ? (b) le cas échéant, est-il possible d’id<strong>en</strong>tifier l’ampleur <strong>et</strong> les<br />

origines de ce problème ? (c) quelles sont ou quelles serai<strong>en</strong>t les<br />

conséqu<strong>en</strong>ces de ce problème sur l’économie <strong>et</strong> la société wallonne ? <strong>Le</strong>s<br />

textes étudiés font preuve d’une grande diversité de propos mais peuv<strong>en</strong>t<br />

être regroupés <strong>en</strong> quatre catégories.<br />

La première regroupe des études réalisées à un niveau global avec une<br />

préoccupation prioritairem<strong>en</strong>t descriptive. L’objectif est de brosser le<br />

tableau de la situation <strong>en</strong> matière de <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> à une large échelle<br />

géographique. Dans c<strong>et</strong>te optique, les chercheurs recour<strong>en</strong>t, le plus<br />

souv<strong>en</strong>t, à des données quantifiées <strong>et</strong> traitées statistiquem<strong>en</strong>t.<br />

1<br />

L’auteur remercie Frédéric Caruso <strong>et</strong> Daniel Defays pour leur relecture critique de<br />

la première version de ce texte <strong>et</strong> leurs suggestions.<br />

2<br />

Institut Wallon de l’évaluation, de la prospective <strong>et</strong> des statistiques.<br />

3


<strong>Le</strong> deuxième groupe se focalise sur le processus de transmission au sein<br />

des <strong>en</strong>treprises <strong>et</strong> les conséqu<strong>en</strong>ces qui <strong>en</strong> résult<strong>en</strong>t sur les performances<br />

de celles-ci. <strong>Le</strong> niveau d’analyse privilégié ici est donc le niveau méso. <strong>Le</strong>s<br />

méthodologies y sont de nature quantitative <strong>et</strong> font la part belle aux<br />

traitem<strong>en</strong>ts statistiques <strong>et</strong> économétriques.<br />

La troisième vise les outils d’évaluation de l’<strong>en</strong>treprise offerte à la<br />

transmission. Celle-ci est-elle intéressante pour le candidat repr<strong>en</strong>eur <strong>et</strong><br />

lui offre-t-elle des pot<strong>en</strong>tialités de développem<strong>en</strong>t ? Telles sont les<br />

questions c<strong>en</strong>trales débattues par les textes regroupés dans ce groupe, <strong>et</strong><br />

ce dans une optique plutôt qualitative.<br />

La dernière est celle où le regard sociologique est le plus appuyé. <strong>Le</strong>s<br />

articles se cantonn<strong>en</strong>t aux <strong>en</strong>treprises familiales <strong>et</strong> privilégi<strong>en</strong>t l’exam<strong>en</strong><br />

des acteurs impliqués lorsque se pose la question de la transmission de<br />

l’<strong>en</strong>treprise. S’inscrivant dans un paradigme compréh<strong>en</strong>sif plutôt<br />

qu’explicatif, ces recherches activ<strong>en</strong>t les méthodes qualitatives <strong>et</strong><br />

procèd<strong>en</strong>t avant tout par <strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>s.<br />

<strong>Le</strong>s recherches examinées apport<strong>en</strong>t certains élém<strong>en</strong>ts de réponse aux<br />

questions initiales, principalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ce qui concerne l’âge des dirigeants<br />

d’<strong>en</strong>treprise, le nombre d’<strong>en</strong>treprises à rem<strong>et</strong>tre <strong>et</strong> les modalités de<br />

transmission.<br />

Plusieurs travaux indiqu<strong>en</strong>t que la population des chefs d’<strong>en</strong>treprise est<br />

relativem<strong>en</strong>t âgée, ce qui induira, dans un terme relativem<strong>en</strong>t court,<br />

l’afflux important d’<strong>en</strong>treprises à rem<strong>et</strong>tre sur le marché de la transmission<br />

<strong>et</strong> donc à un niveau d’offre plus élevé que ce que la <strong>Wallonie</strong> <strong>et</strong> la <strong>Belgique</strong><br />

ont connu dans le passé. Pour ce qui est du volume de l’offre d’<strong>en</strong>treprises<br />

à transm<strong>et</strong>tre dans le court terme, un taux annuel d’<strong>en</strong>trée sur le marché<br />

de 3% du volume total du parc existant est généralem<strong>en</strong>t admis<br />

Plusieurs recherches décèl<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t un manque de préparation à la<br />

transmission chez les dirigeants d’<strong>en</strong>treprise, plus ou moins important<br />

selon les sources, ce qui pourrait être à l’origine de complications<br />

préjudiciables à la transmission des <strong>en</strong>treprises <strong>et</strong>, si le phénomène<br />

perdurait, induire, par agrégation, des conséqu<strong>en</strong>ces fâcheuses <strong>et</strong> non<br />

négligeables pour l’économie wallonne, du moins à terme.<br />

Pour ce qui est de l’état de la demande sur le marché de la transmission,<br />

les résultats relatifs aux <strong>en</strong>treprises familiales indiqu<strong>en</strong>t que la<br />

4


transmission par succession demeure le modèle dominant mais qu’il ne<br />

caractérise pas la totalité de ces <strong>en</strong>treprises. Dans la mesure où aucune<br />

recherche ne propose d’analyses longitudinales, il est impossible<br />

d’id<strong>en</strong>tifier l’évolution de la prégnance de ce modèle.<br />

Face à nos questions de départ, le caractère incompl<strong>et</strong> des réponses<br />

trouvées dans la littérature, malgré leur intérêt, nous oblige à poursuivre<br />

nos investigations.<br />

5


Table des matières<br />

Introduction...............................................................................................9<br />

1. La recherche sur le <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong> <strong>et</strong> <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> :<br />

t<strong>en</strong>dances générales.......................................................................10<br />

2. Etats des lieux nationaux <strong>et</strong> régionaux ............................................11<br />

3. Modalités de transmission <strong>et</strong> évolution de l’<strong>en</strong>treprise ....................33<br />

4. Transmission <strong>et</strong> évaluation stratégique de l’<strong>en</strong>treprise ....................44<br />

5. <strong>Le</strong>s acteurs de la transmission dans l’<strong>en</strong>treprise familiale...............47<br />

6. Quel bilan tirer ? .............................................................................62<br />

Conclusions.............................................................................................66<br />

Bibliographie...........................................................................................69<br />

Dans la même collection .........................................................................73<br />

7


Introduction<br />

<strong>Le</strong> vieillissem<strong>en</strong>t de la population des dirigeants d’<strong>en</strong>treprise <strong>et</strong> les<br />

conséqu<strong>en</strong>ces qui pourrai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> découler sur le plan de l’activité<br />

économique <strong>et</strong> sur celui de l’emploi sont, comme nous l’avons montré<br />

dans une publication réc<strong>en</strong>te (Guyot J.L., Van Cutsem M., 2010), au cœur<br />

de nombreuses préoccupations, que ce soit au niveau europé<strong>en</strong>, national<br />

ou régional. La question du <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> d’<strong>en</strong>treprise est ainsi considérée<br />

comme un <strong>en</strong>jeu majeur des prochaines années. C’est dans ce contexte<br />

qu’un programme de recherche à vocation prospective sur c<strong>et</strong>te<br />

problématique a été mis <strong>en</strong> œuvre par l’<strong>IWEPS</strong>, <strong>en</strong> collaboration,<br />

notamm<strong>en</strong>t, avec l’Institut Destrée. Ce programme vise, dans un premier<br />

temps, à répondre à trois interrogations :<br />

a) La transmission d’<strong>en</strong>treprise est-elle, ou va-t-elle constituer un<br />

problème de nature macro économique <strong>et</strong> sociale <strong>en</strong> <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> ?<br />

b) <strong>Le</strong> cas échéant, est-il possible d’id<strong>en</strong>tifier l’ampleur <strong>et</strong> les origines<br />

de ce problème ?<br />

c) Quelles sont ou quelles serai<strong>en</strong>t les conséqu<strong>en</strong>ces de ce problème<br />

sur l’économie <strong>et</strong> la société wallonne ?<br />

<strong>Le</strong> prés<strong>en</strong>t Discussion Paper s’inscrit dans ce programme <strong>et</strong> t<strong>en</strong>te de<br />

réaliser l’inv<strong>en</strong>taire <strong>et</strong> le bilan des diverses recherches développées au<br />

suj<strong>et</strong> de la transmission <strong>et</strong> de la reprise d’<strong>en</strong>treprise dans notre pays ou<br />

dans notre région.<br />

C<strong>et</strong> objectif sera poursuivi <strong>en</strong> intégrant deux limites. D’une part, nos<br />

investigations bibliographiques se cantonneront, à la littérature<br />

sci<strong>en</strong>tifique. Nous ne considérerons donc pas la presse d’opinion, bi<strong>en</strong> que<br />

celle-ci puisse faire référ<strong>en</strong>ce à des travaux sci<strong>en</strong>tifiques, comme c’est le<br />

cas de l’article de De Wasseige J. (2005) ou dans celui de Delhove F.<br />

(2008). D’autre part, nous nous limiterons à la littérature réc<strong>en</strong>te <strong>et</strong>, dès<br />

lors, n’examinerons pas les productions antérieures à l’an 2000, comme,<br />

par exemple, les articles de Bragard L., Van Caillie D. <strong>et</strong> Lambrecht Cl.<br />

(1996). Ces restrictions étant explicitées, nous pouvons à prés<strong>en</strong>t<br />

prés<strong>en</strong>ter les résultats de notre travail.<br />

9


1. La recherche sur le <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong> <strong>et</strong> <strong>en</strong><br />

<strong>Wallonie</strong> : t<strong>en</strong>dances générales<br />

Il est malaisé de comparer la quantité de recherches m<strong>en</strong>ées sur le thème<br />

du <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> <strong>et</strong> <strong>Belgique</strong> avec ce qui est observable dans<br />

d’autres pays. Néanmoins, l’exam<strong>en</strong> de la littérature perm<strong>et</strong> de constater<br />

que les chercheurs locaux ne sont pas inactifs. Dans le cadre des limites<br />

que nous nous sommes fixées, nous avons <strong>en</strong> eff<strong>et</strong> id<strong>en</strong>tifié plus d’une<br />

vingtaine de publications pertin<strong>en</strong>tes.<br />

Celles-ci sont le fruit de différ<strong>en</strong>tes disciplines, surtout la sociologie <strong>et</strong> les<br />

sci<strong>en</strong>ces de la gestion. <strong>Le</strong>s niveaux d’approche sont diversifiés, de l’étude<br />

de cas à la comparaison de systèmes régionaux <strong>et</strong> nationaux. <strong>Le</strong>s<br />

méthodologies adoptées font égalem<strong>en</strong>t preuve d’une grande diversité<br />

puisqu’on r<strong>en</strong>contre à la fois des démarches qualitatives, principalem<strong>en</strong>t<br />

axées sur l’analyse d’<strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>s, <strong>et</strong> des démarches quantitatives, recourant<br />

à des <strong>en</strong>quêtes par questionnaire <strong>et</strong> donnant lieu, dans certains cas, à des<br />

traitem<strong>en</strong>ts statistiques relativem<strong>en</strong>t poussés.<br />

Au vu de c<strong>et</strong>te grande hétérogénéité, nous avons choisi de regrouper les<br />

textes <strong>en</strong> quatre catégories.<br />

La première regroupe des études réalisées à un niveau global,<br />

international, national ou régional, avec une préoccupation prioritairem<strong>en</strong>t<br />

descriptive. <strong>Le</strong>ur objectif est <strong>en</strong> eff<strong>et</strong> de brosser le tableau de la situation<br />

<strong>en</strong> matière de <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> à une large échelle géographique <strong>et</strong> de dresser<br />

un bilan le plus compl<strong>et</strong> possible. Dans c<strong>et</strong>te optique, les chercheurs, le<br />

plus souv<strong>en</strong>t, recour<strong>en</strong>t à des données quantifiées <strong>et</strong> traitées<br />

statistiquem<strong>en</strong>t.<br />

<strong>Le</strong> deuxième groupe de publications se focalise sur le processus de<br />

transmission observable au sein des <strong>en</strong>treprises <strong>et</strong> les conséqu<strong>en</strong>ces qui<br />

<strong>en</strong> résult<strong>en</strong>t sur les performances de celles-ci. <strong>Le</strong> niveau d’analyse<br />

privilégié ici est donc le niveau méso, à la différ<strong>en</strong>ce de celui de la<br />

première catégorie, macro. <strong>Le</strong>s méthodologies y sont de nature<br />

quantitative <strong>et</strong> font la part belle aux traitem<strong>en</strong>ts statistiques <strong>et</strong><br />

économétriques.<br />

La troisième classe de publications vise, <strong>en</strong> quelque sorte, les outils<br />

d’évaluation de l’<strong>en</strong>treprise offerte à la transmission. Celle-ci est-elle<br />

10


intéressante pour le candidat repr<strong>en</strong>eur <strong>et</strong> lui offre-t-elle des pot<strong>en</strong>tialités<br />

de développem<strong>en</strong>t ? Telles sont les questions c<strong>en</strong>trales débattues par les<br />

textes regroupés dans ce groupe, <strong>et</strong> ce dans une optique plutôt qualitative.<br />

<strong>Le</strong> dernier <strong>en</strong>semble est sans doute celui où le regard sociologique est le<br />

plus appuyé. <strong>Le</strong>s articles qui le constitu<strong>en</strong>t se cantonn<strong>en</strong>t tous aux<br />

<strong>en</strong>treprises familiales <strong>et</strong> privilégi<strong>en</strong>t l’exam<strong>en</strong> des acteurs qui sont<br />

impliqués lorsque la question de la transmission de l’<strong>en</strong>treprise se pose au<br />

sein de celle-ci <strong>et</strong> de la famille. S’inscrivant dans un paradigme<br />

compréh<strong>en</strong>sif plutôt qu’explicatif, ces recherches activ<strong>en</strong>t les méthodes<br />

qualitatives <strong>et</strong> procèd<strong>en</strong>t avant tout par <strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>s.<br />

<strong>Le</strong>s textes examinés abord<strong>en</strong>t donc bon nombre de fac<strong>et</strong>tes du<br />

phénomène repr<strong>en</strong>eurial. Ils ne se limit<strong>en</strong>t pas à l’obj<strong>et</strong> qui nous mobilise,<br />

à savoir le caractère problématique du <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> wallon d’un point de<br />

vue macro socio-économique. Nous n’avons d’ailleurs r<strong>en</strong>contré aucun<br />

travail de nature intrinsèquem<strong>en</strong>t prospective <strong>et</strong>, de plus, quasi aucune<br />

recherche n’évalue explicitem<strong>en</strong>t les conséqu<strong>en</strong>ces macro-économiques<br />

<strong>et</strong> sociales du vieillissem<strong>en</strong>t de la population des dirigeants d’<strong>en</strong>treprise <strong>et</strong><br />

des év<strong>en</strong>tuelles difficultés relatives à la dynamique repr<strong>en</strong>euriale.<br />

Cep<strong>en</strong>dant, du point de vue de nos questions initiales, les recherches<br />

examinées apport<strong>en</strong>t des élém<strong>en</strong>ts de réponse, principalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ce qui<br />

concerne l’âge des dirigeants d’<strong>en</strong>treprise, le nombre d’<strong>en</strong>treprises à<br />

rem<strong>et</strong>tre <strong>et</strong> les modalités de transmission. Ces élém<strong>en</strong>ts sont toutefois<br />

relativem<strong>en</strong>t parcellaires. En outre, les publications port<strong>en</strong>t le plus souv<strong>en</strong>t<br />

sur des sous-<strong>en</strong>sembles d’<strong>en</strong>treprises, notamm<strong>en</strong>t les <strong>en</strong>treprises<br />

familiales, ce qui limite leur portée.<br />

Considérons à prés<strong>en</strong>t chacun des docum<strong>en</strong>ts des quatre catégories que<br />

nous avons établies.<br />

2. Etats des lieux nationaux <strong>et</strong> régionaux<br />

C<strong>et</strong>te première catégorie regroupe le plus grand nombre d’articles. Comme<br />

expliqué précédemm<strong>en</strong>t, leur finalité est descriptive dans la mesure où ils<br />

vis<strong>en</strong>t principalem<strong>en</strong>t à réaliser un bilan d’une situation régionale ou<br />

nationale <strong>en</strong> matière de <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong>. <strong>Le</strong> registre majeur est donc celui du<br />

constat. Celui-ci porte, le plus fréquemm<strong>en</strong>t, sur les caractéristiques des<br />

11


populations concernées, le degré <strong>et</strong> les stratégies de préparation des chefs<br />

d’<strong>en</strong>treprises, les sources de difficultés <strong>et</strong> les dispositifs de facilitation.<br />

LAVEREN E., BISSCHOPS M. (2004) : la transmission d’<strong>en</strong>treprise <strong>en</strong><br />

Flandres<br />

Ces deux auteurs ont publié, <strong>en</strong> 2004, les résultats d’une étude<br />

quantitative sur les <strong>en</strong>treprises familiales <strong>en</strong> Flandres. La problématique de<br />

la transmission, <strong>en</strong>tre autres, y est abordée. <strong>Le</strong>s données pour c<strong>et</strong>te<br />

recherche empirique ont été réunies à l'aide d'une <strong>en</strong>quête m<strong>en</strong>ée auprès<br />

de 99 dirigeants d’<strong>en</strong>treprise familiale. Nous pointerons les principaux<br />

élém<strong>en</strong>ts mis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> ce qui concerne la thématique qui nous<br />

mobilise.<br />

L’âge moy<strong>en</strong> de ces dirigeants est de 51,1 ans <strong>et</strong>, <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne, ils<br />

occup<strong>en</strong>t la position de dirigeant dans leur <strong>en</strong>treprise depuis 19,5 ans.<br />

<strong>Le</strong>s auteurs soulign<strong>en</strong>t que près de la moitié des répondants déclar<strong>en</strong>t que<br />

le repr<strong>en</strong>eur ne doit pas nécessairem<strong>en</strong>t prov<strong>en</strong>ir de la famille <strong>et</strong> que 47%<br />

d’<strong>en</strong>tre eux sont assez d'accord ou <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t d'accord avec l'argum<strong>en</strong>t<br />

que les parts de la société familiale doiv<strong>en</strong>t être transférées uniquem<strong>en</strong>t<br />

aux membres de la famille. De plus, 28% des répondants estim<strong>en</strong>t que ces<br />

parts doiv<strong>en</strong>t rev<strong>en</strong>ir aux seuls membres de la famille actifs dans<br />

l’<strong>en</strong>treprise. <strong>Le</strong>s auteurs m<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t <strong>en</strong> exergue le fait que c<strong>et</strong>te attitude peut<br />

être à l’origine de problèmes <strong>et</strong> de frictions au sein de la famille lors de la<br />

transition. Elle <strong>en</strong>ferme égalem<strong>en</strong>t les membres de la famille dans un choix<br />

de carrière très limité.<br />

Par ailleurs, alors que, dans 45% des cas, on ne s’est pas <strong>en</strong>core occupé<br />

de la succession 55% des <strong>en</strong>treprises familiales de l’échantillon ont déjà<br />

comm<strong>en</strong>cé à planifier la transmission, dont 36% connaiss<strong>en</strong>t déjà le<br />

successeur <strong>et</strong> 19% pas. En ce qui concerne les proj<strong>et</strong>s de transmission,<br />

les réponses des dirigeants qui étai<strong>en</strong>t déjà décidés sur la question se<br />

v<strong>en</strong>til<strong>en</strong>t de la sorte : 65% des <strong>en</strong>treprises serai<strong>en</strong>t transmises aux<br />

<strong>en</strong>fants, 10% à la famille élargie, 2% aux salariés <strong>et</strong> 23% à un repr<strong>en</strong>eur<br />

externe. Fait étonnant, dans la catégorie des dirigeants âgés de 25 à 35<br />

ans, un tiers est déjà impliqué dans un processus de transmission. C<strong>et</strong>te<br />

proportion s’élève à 79% pour les dirigeants âgés de 56 ans <strong>et</strong> plus.<br />

12


Pour ce qui est des <strong>en</strong>treprises où le futur repr<strong>en</strong>eur est déjà connu (soit<br />

chez 36% des répondants), la moy<strong>en</strong>ne d’âge des repr<strong>en</strong>eurs est de 33<br />

ans <strong>et</strong> 17% des repr<strong>en</strong>eurs sont des femmes. De plus, dans 83% des cas,<br />

le repr<strong>en</strong>eur fait partie de la famille <strong>et</strong> 85% ont suivi au moins un<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t supérieur.<br />

<strong>Le</strong>s dirigeants ne prov<strong>en</strong>ant pas de la famille disposai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne<br />

d’une formation d’un niveau supérieur à celles des dirigeants prov<strong>en</strong>ant de<br />

la famille. En moy<strong>en</strong>ne, le repr<strong>en</strong>eur a travaillé antérieurem<strong>en</strong>t 7,5 années<br />

dans l’<strong>en</strong>treprise qu’il repr<strong>en</strong>d. Dans 57% des cas, il possède une<br />

expéri<strong>en</strong>ce de travail acquise <strong>en</strong> dehors de celle-ci. De plus, c<strong>et</strong>te<br />

expéri<strong>en</strong>ce est significativem<strong>en</strong>t plus longue chez les repr<strong>en</strong>eurs externes,<br />

d’une part, <strong>et</strong> chez les repr<strong>en</strong>eurs de g<strong>en</strong>re masculin, d’autre part.<br />

Commission europé<strong>en</strong>ne – DGEI (2006) : les marchés pour la transmission<br />

d’<strong>en</strong>treprises<br />

En 2006, un groupe d’experts mandatés par la Commission europé<strong>en</strong>ne<br />

(Direction générale Entreprises <strong>et</strong> Industrie) publie un rapport sur les<br />

marchés pour la transmission d’<strong>en</strong>treprise. Celui-ci conti<strong>en</strong>t un certain<br />

nombre d’informations relatives à la <strong>Belgique</strong> <strong>et</strong> à ses régions. Il prés<strong>en</strong>te<br />

égalem<strong>en</strong>t quelques données de cadrage intéressantes, de même qu’une<br />

série de constats transversaux.<br />

Premièrem<strong>en</strong>t, sur le plan conceptuel, le rapport propose une série de<br />

définitions précises. La transmission d’<strong>en</strong>treprise est définie comme étant<br />

« le transfert de la propriété d’une <strong>en</strong>treprise à une autre personne ou<br />

<strong>en</strong>treprise, étant <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du que l’<strong>en</strong>treprise initiale poursuit son activité »<br />

(Commission europé<strong>en</strong>ne, 2006 : 9). Selon les auteurs, le plus souv<strong>en</strong>t,<br />

dans les p<strong>et</strong>ites <strong>et</strong> moy<strong>en</strong>nes <strong>en</strong>treprises, la transmission s’accompagne<br />

d’un transfert des fonctions de direction. Dans le cas des sociétés<br />

anonymes, la situation serait plus floue : « habituellem<strong>en</strong>t, si au moins<br />

51% des parts d’une société anonyme non cotée <strong>en</strong> Bourse chang<strong>en</strong>t de<br />

mains, on parlera égalem<strong>en</strong>t de transfert. Dans le cas des sociétés<br />

anonymes cotées <strong>en</strong> Bourse, un changem<strong>en</strong>t de propriété d’actions ne<br />

sera pas considéré comme un transfert <strong>en</strong> raison de la distinction générale<br />

qui est faite <strong>en</strong>tre direction <strong>et</strong> propriété de ces sociétés » (Commission<br />

europé<strong>en</strong>ne, 2006 : 9). De plus, une succession est définie comme étant<br />

13


une transmission au sein d’une famille, habituellem<strong>en</strong>t des par<strong>en</strong>ts aux<br />

<strong>en</strong>fants. Parmi les autres formes de transmission, le rapport cite le rachat<br />

par les cadres <strong>et</strong> la v<strong>en</strong>te à un tiers. <strong>Le</strong> cédant est le propriétaire <strong>en</strong> place<br />

qui transm<strong>et</strong> l’<strong>en</strong>treprise au repr<strong>en</strong>eur.<br />

Deuxièmem<strong>en</strong>t, les auteurs m<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t <strong>en</strong> avant quelques chiffres. De 2006 à<br />

2016, un tiers des chefs d’<strong>en</strong>treprise europé<strong>en</strong>s quitteront leurs fonctions.<br />

On estime que jusqu’à 690.000 <strong>en</strong>treprises, une majorité de PME,<br />

représ<strong>en</strong>tant 2,8 millions d’emplois, devront être transmises à un nouveau<br />

propriétaire chaque année.<br />

Bi<strong>en</strong> qu’il n’existe pas de données complètes <strong>et</strong> comparables sur la<br />

transmission d’<strong>en</strong>treprise pour l’<strong>en</strong>semble de l’Union, les chiffres<br />

disponibles dans les pays membres confirm<strong>en</strong>t ces estimations globales :<br />

<strong>en</strong> Allemagne, quelque 700.000 <strong>en</strong>treprises à transm<strong>et</strong>tre dans les 10 ans,<br />

<strong>en</strong> France, 600.000, aux Pays-Bas, 80.000, <strong>en</strong> Suède, <strong>en</strong>tre 45.000 <strong>et</strong><br />

50.000, <strong>en</strong> Finlande, 60.000…<br />

En Italie, près de 42% des chefs d’<strong>en</strong>treprise ont plus 50 ans, <strong>et</strong> quelque<br />

8% dépass<strong>en</strong>t les 70 ans. Selon les estimations, <strong>en</strong>viron 50.000<br />

<strong>en</strong>treprises devront être transmises annuellem<strong>en</strong>t au cours des prochaines<br />

années. De même, 23% des <strong>en</strong>treprises autrichi<strong>en</strong>nes devrai<strong>en</strong>t faire<br />

l’obj<strong>et</strong> d’un transfert <strong>en</strong>tre 2004-2013. En Roumanie, on estime à 46.000<br />

le nombre de p<strong>et</strong>ites <strong>en</strong>treprises (sur un total de 403.000) appart<strong>en</strong>ant à<br />

des personnes âgées de plus de 55 ans.<br />

Par ailleurs, bi<strong>en</strong> que la transmission d’<strong>en</strong>treprise intrafamiliale reste<br />

majoritaire, le nombre de transmissions à des tiers serait <strong>en</strong> augm<strong>en</strong>tation<br />

<strong>et</strong> il convi<strong>en</strong>drait donc de faciliter la mise <strong>en</strong> relation des cédants <strong>et</strong> des<br />

repr<strong>en</strong>eurs pot<strong>en</strong>tiels afin de favoriser la réussite de la transmission<br />

d’<strong>en</strong>treprise <strong>en</strong> Europe. Cep<strong>en</strong>dant, les outils mis <strong>en</strong> place pour faciliter<br />

c<strong>et</strong>te mise <strong>en</strong> rapport ne serai<strong>en</strong>t pas tous aussi efficaces, surtout dans le<br />

cas des p<strong>et</strong>ites <strong>en</strong>treprises. C’est pourquoi il convi<strong>en</strong>t d’id<strong>en</strong>tifier les<br />

élém<strong>en</strong>ts conditionnant le plus l’efficacité d'un marché des transmissions<br />

d'<strong>en</strong>treprises.<br />

Troisièmem<strong>en</strong>t, le rapport aborde neuf bases de données <strong>et</strong> bourses<br />

d’<strong>en</strong>treprises proposées par des organismes publics ou quasi publics <strong>en</strong><br />

<strong>Belgique</strong> (OvernameMarkt <strong>en</strong> Flandres <strong>et</strong> Sowaccess <strong>en</strong> Région wallonne),<br />

<strong>en</strong> Allemagne (Nexxt-Change), <strong>en</strong> France (Passer le relais), <strong>en</strong> Italie (Borsa<br />

14


delle Imprese), au Luxembourg (Bourse d’<strong>en</strong>treprises), aux Pays-Bas<br />

(Ondernemingsbeurs), <strong>en</strong> Autriche (Nachfolgebörse) <strong>et</strong> <strong>en</strong> Finlande<br />

(Yrittajat).<br />

La plupart de ces bases de données n’exist<strong>en</strong>t que depuis trois ans<br />

<strong>en</strong>viron. En 2006, elles conti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t déjà les noms de plus de 11.000<br />

sociétés susceptibles d’être transmises, ce qui correspond à quelque 7%<br />

des <strong>en</strong>treprises susceptibles de faire l’obj<strong>et</strong> d’une transmission <strong>et</strong>, <strong>en</strong><br />

moy<strong>en</strong>ne, à 0,2% <strong>en</strong>viron des sociétés d’un pays. Selon les estimations,<br />

une <strong>en</strong>treprise sur quatre <strong>en</strong>registrée dans les bases de données trouve un<br />

repr<strong>en</strong>eur chaque année (soit un taux de réussite de l’ordre de 25%).<br />

Cep<strong>en</strong>dant, <strong>en</strong> 2006, il n’existait pas de base de données europé<strong>en</strong>ne ou<br />

transfrontalière.<br />

Comme le soulign<strong>en</strong>t les auteurs, dans ces dispositifs, ach<strong>et</strong>eurs <strong>et</strong><br />

v<strong>en</strong>deurs demeur<strong>en</strong>t anonymes; les contacts étant établis par les<br />

intermédiaires/part<strong>en</strong>aires de réseau ou à l’aide de numéros de boîtes<br />

anonymes. En général, aucune procédure d’appariem<strong>en</strong>t n’est prévue. <strong>Le</strong>s<br />

options de recherche sont assez semblables dans les divers dispositifs :<br />

les bases de données peuv<strong>en</strong>t être interrogées selon les critères du<br />

secteur économique <strong>et</strong> de la région <strong>et</strong>, dans certains cas, de la taille des<br />

<strong>en</strong>treprises.<br />

Au vu des spécificités du processus de transmission d’<strong>en</strong>treprise <strong>et</strong> des<br />

caractéristiques de ces bases de données, les auteurs id<strong>en</strong>tifi<strong>en</strong>t plusieurs<br />

qualités que devrai<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>ter les bourses d’<strong>en</strong>treprises. :<br />

• intégration des bases de données nationales ;<br />

• gestion par un organisme neutre <strong>et</strong> fiable ;<br />

• s<strong>en</strong>sibilisation des utilisateurs pot<strong>en</strong>tiels ;<br />

• possibilité de recherche multicritère dans les bases de données<br />

(secteur économique, situation géographique, taille, fourch<strong>et</strong>te de<br />

prix, date de transmission <strong>en</strong>visagée…) ;<br />

• respect de l’anonymat ;<br />

• qualité <strong>et</strong> actualisation des données ;<br />

• offre de services complém<strong>en</strong>taires à la mise à disposition de<br />

données (informations sur les divers aspects de la transmission,<br />

intermédiation au cours des négociations, tutorat...) ;<br />

• suivi systématique des résultats obt<strong>en</strong>us <strong>et</strong> exam<strong>en</strong> des facteurs<br />

qui détermin<strong>en</strong>t ces résultats.<br />

15


En ce qui concerne l’exam<strong>en</strong> de ces bases de données du point de vue de<br />

notre pays, le rapport se p<strong>en</strong>che sur la situation <strong>en</strong> Flandres <strong>et</strong> <strong>en</strong><br />

<strong>Wallonie</strong>. Selon les estimations 3 évoquées par les auteurs, <strong>en</strong>viron 21.500<br />

PME belges vont devoir trouver un repr<strong>en</strong>eur chaque année (dont 8.000 <strong>en</strong><br />

<strong>Wallonie</strong>). Selon le rapport, un tiers des propriétaires de p<strong>et</strong>ites <strong>en</strong>treprises<br />

ont plus de 50 ans <strong>et</strong> un propriétaire de PME sur deux a plus de 45 ans.<br />

Près de 30% des <strong>en</strong>treprises familiales sont reprises avec succès par la<br />

seconde génération <strong>et</strong> de 10 à 15%, par la troisième génération, mais 3 à<br />

5% seulem<strong>en</strong>t pass<strong>en</strong>t à la quatrième génération.<br />

Sur la base des chiffres <strong>en</strong>registrés <strong>en</strong> France, les auteurs estim<strong>en</strong>t que le<br />

taux d’échec des transmissions est supérieur à 20% les cinq premières<br />

années <strong>et</strong> atteint près de 30% pour les sept premières années. La<br />

transmission r<strong>en</strong>contre plusieurs difficultés, notamm<strong>en</strong>t la rétic<strong>en</strong>ce de<br />

l’anci<strong>en</strong> propriétaire à pr<strong>en</strong>dre sa r<strong>et</strong>raite, l’id<strong>en</strong>tification <strong>et</strong> le choix d’un<br />

successeur pot<strong>en</strong>tiel, l’abs<strong>en</strong>ce ou l’insuffisance de la préparation, la<br />

détermination de la valeur de l’<strong>en</strong>treprise, le financem<strong>en</strong>t <strong>et</strong> les aspects<br />

juridiques <strong>et</strong> fiscaux liés à la transmission.<br />

En Flandres, il est estimé que, 13.500 <strong>en</strong>treprises, soit 3% des 450.000<br />

constituant l’<strong>en</strong>semble du parc flamand, devront être transmises<br />

annuellem<strong>en</strong>t. Dans la moitié des cas <strong>en</strong>viron, il s’agit d’<strong>en</strong>treprises<br />

individuelles ou de TPE. En avril 2005, la plateforme de transmission «<br />

www.overnamemarkt.be » a été ouverte avec le souti<strong>en</strong> financier du<br />

gouvernem<strong>en</strong>t flamand 4 . C<strong>et</strong>te plateforme est hébergée par Unizo<br />

(www.unizo.be) <strong>et</strong> Bobex (www.bobex.be), mais aucune affiliation n’est<br />

requise pour y accéder. Au mom<strong>en</strong>t de la publication du rapport, la base<br />

de données cont<strong>en</strong>ait 725 <strong>en</strong>treprises susceptibles d’être transmises <strong>et</strong><br />

dont les fiches peuv<strong>en</strong>t être consultées. Chaque mois, la plateforme<br />

rec<strong>en</strong>se <strong>en</strong>viron 15.000 visiteurs <strong>et</strong> 18.000 visites. Sur la base d’un<br />

3<br />

Aucune précision n’est fournie par le docum<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ce qui concerne la<br />

méthodologie adoptée pour réaliser ces estimations. De même, le mode de<br />

rec<strong>en</strong>sem<strong>en</strong>t des <strong>en</strong>treprises n’est pas précisé.<br />

4<br />

Il existe, <strong>en</strong> outre, des initiatives privées (www.mna.be, www.oba.be,<br />

www.atkinson.be) <strong>et</strong> une initiative collective (www.bvob.be) qui regroupe onze<br />

courtiers de transmission indép<strong>en</strong>dants. Ces plateformes ne s’intéress<strong>en</strong>t<br />

cep<strong>en</strong>dant guère aux p<strong>et</strong>ites <strong>en</strong>treprises <strong>et</strong> aux TPE, <strong>et</strong> ne désir<strong>en</strong>t pas s’affilier à<br />

OvernameMarkt.<br />

16


échantillon de 300 <strong>en</strong>treprises <strong>en</strong>registrées, un taux de réussite de 25% a<br />

été calculé, c’est-à-dire qu’une <strong>en</strong>treprise sur quatre est v<strong>en</strong>due. La base<br />

OvernameMarkt peut être interrogée selon le secteur, la localisation, le<br />

chiffre d’affaires, la valeur de transmission, l’intermédiaire, le nombre de<br />

salariés (équival<strong>en</strong>ts temps plein) <strong>et</strong> une combinaison de ces critères. Des<br />

mécanismes sont prévus pour préserver l’anonymat. <strong>Le</strong> système<br />

n’organise pas d’appariem<strong>en</strong>t.<br />

En <strong>Wallonie</strong>, le parlem<strong>en</strong>t régional a décidé, <strong>en</strong> février 2005, la création<br />

d’une « plateforme d’échange » pour faciliter l’appariem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre v<strong>en</strong>deurs<br />

<strong>et</strong> ach<strong>et</strong>eurs pot<strong>en</strong>tiels d’<strong>en</strong>treprises <strong>et</strong> pour améliorer l’équilibre <strong>en</strong>tre<br />

l’offre <strong>et</strong> la demande 5 . <strong>Le</strong> gouvernem<strong>en</strong>t wallon a décidé de confier c<strong>et</strong>te<br />

double mission à la SOWALFIN (l’outil financier de ce gouvernem<strong>en</strong>t pour<br />

les PME), <strong>et</strong> plus spécifiquem<strong>en</strong>t à une filiale de celle-ci, la SOWACCESS,<br />

une des missions de c<strong>et</strong> opérateur public étant de réunir les divers acteurs<br />

concernés pour réaliser un « système de transmission d’<strong>en</strong>treprise ».<br />

La plateforme est opérationnelle depuis 2006 <strong>et</strong>, depuis février 2005, la<br />

majorité des acteurs opérant dans ce domaine <strong>en</strong> Région wallonne<br />

(banques, sociétés de consultants, organismes institutionnels) ont été<br />

contactés dans le but d’améliorer la situation de la transmission<br />

d’<strong>en</strong>treprise <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong>. <strong>Le</strong>s missions de la SOWACCESS consist<strong>en</strong>t <strong>en</strong>,<br />

d’une part, l’amélioration de la diffusion d’informations sur les candidats<br />

v<strong>en</strong>deurs <strong>et</strong> les repr<strong>en</strong>eurs pot<strong>en</strong>tiels, <strong>et</strong>, partant, un meilleur appariem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong>tre les uns <strong>et</strong> les autres, <strong>et</strong>, d’autre part, la s<strong>en</strong>sibilisation des v<strong>en</strong>deurs<br />

<strong>et</strong> les ach<strong>et</strong>eurs à tous les aspects de la transmission. Ces missions<br />

s’articul<strong>en</strong>t autour de deux grands axes : la mise <strong>en</strong> place d’une<br />

plateforme d’échange régionale globale, réunissant les divers acteurs qui<br />

intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t dans une opération de transmission, <strong>et</strong> la réalisation<br />

d’actions de s<strong>en</strong>sibilisation (publications, coordination des forums,<br />

organisation de confér<strong>en</strong>ces…).<br />

La plateforme offre à la fois une base de données <strong>et</strong> des services actifs<br />

d’appariem<strong>en</strong>t. Selon les auteurs du rapport « <strong>Le</strong> service d’intermédiation<br />

peut être décrit comme un service de diffusion de profils de v<strong>en</strong>deurs <strong>et</strong><br />

d’ach<strong>et</strong>eurs anonymes sur un site Intern<strong>et</strong> <strong>et</strong> dans une publication<br />

5<br />

D’autres opérateurs sont égalem<strong>en</strong>t évoqués par les auteurs, notamm<strong>en</strong>t l’Union<br />

des Classes moy<strong>en</strong>nes, les Chambres de Commerce <strong>et</strong> d’Industrie <strong>et</strong> les banques<br />

privées, égalem<strong>en</strong>t actifs dans le champ de la transmission d’<strong>en</strong>treprise.<br />

17


imprimée, le filtrage étant assuré par les administrateurs de la<br />

plateforme » (Commission europé<strong>en</strong>ne, 2006 : 33). Ce sont donc les<br />

parties intéressées qui doiv<strong>en</strong>t contacter la SOWACCESS, celle-ci assurant<br />

la mise <strong>en</strong> contact avec un part<strong>en</strong>aire pot<strong>en</strong>tiel. La plateforme effectue<br />

égalem<strong>en</strong>t la recherche individualisée de part<strong>en</strong>aires pour l’<strong>en</strong>semble des<br />

profils. C<strong>et</strong> appariem<strong>en</strong>t actif peut apporter une réelle valeur ajoutée au<br />

service proposé. Afin de protéger l’anonymat, ce qui est ess<strong>en</strong>tiel dans la<br />

plupart des transactions, les profils ne sont accessibles qu’aux seuls<br />

administrateurs de la plateforme.<br />

Quatrièmem<strong>en</strong>t, le rapport m<strong>et</strong> égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce les spécificités du<br />

processus de transmission par lesquelles celle-ci se distingue de la v<strong>en</strong>te<br />

(ou de la donation). Parmi celles mises <strong>en</strong> exergue, on r<strong>et</strong>rouve plusieurs<br />

points id<strong>en</strong>tifiés dans nos travaux antérieurs sur la <strong>Wallonie</strong>. <strong>Le</strong>s auteurs<br />

regroup<strong>en</strong>t ces spécificités <strong>en</strong> quatre grandes catégories.<br />

a) L’appariem<strong>en</strong>t des préfér<strong>en</strong>ces<br />

Ce qui convi<strong>en</strong>t au cédant n’est pas forcém<strong>en</strong>t du goût du repr<strong>en</strong>eur<br />

pot<strong>en</strong>tiel <strong>et</strong> il peut être malaisé d’apparier repr<strong>en</strong>eur <strong>et</strong> cédant pot<strong>en</strong>tiels<br />

dans une même aire géographique <strong>et</strong> au même mom<strong>en</strong>t.<br />

En outre, la majorité des candidats <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs préfèr<strong>en</strong>t, selon le<br />

rapport, créer une <strong>en</strong>treprise nouvelle plutôt que d’<strong>en</strong> repr<strong>en</strong>dre une autre.<br />

De fait, la décision de dev<strong>en</strong>ir chef d’<strong>en</strong>treprise ne sera pas motivée<br />

uniquem<strong>en</strong>t par des raisons économiques : la volonté d’épanouissem<strong>en</strong>t<br />

personnel <strong>et</strong> le souhait de réaliser une idée sont égalem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>ts. <strong>Le</strong><br />

plus grand attrait de la création ex nihilo est à m<strong>et</strong>tre <strong>en</strong> rapport avec deux<br />

élém<strong>en</strong>ts. D’une part, le créateur ex nihilo r<strong>en</strong>contre moins de contraintes.<br />

Il peut opérer librem<strong>en</strong>t ses choix commerciaux <strong>et</strong> pourra implanter son<br />

<strong>en</strong>treprise à proximité de son lieu de résid<strong>en</strong>ce. D’autre part, la création<br />

d’une <strong>en</strong>treprise exigerait moins de moy<strong>en</strong>s financiers qu’une reprise.<br />

Selon certaines estimations, la reprise requerrait un investissem<strong>en</strong>t<br />

supérieur de 60% à celui qu’implique la création d’une <strong>en</strong>treprise.<br />

Pour le cédant pot<strong>en</strong>tiel, il y a relativem<strong>en</strong>t peu d’alternatives à la v<strong>en</strong>te, si<br />

ce n’est la liquidation « morceau par morceau » de l’<strong>en</strong>treprise. C<strong>et</strong>te<br />

solution prés<strong>en</strong>te l’inconvéni<strong>en</strong>t qu’une part considérable de la valeur –<br />

notamm<strong>en</strong>t au niveau du capital immatériel – sera perdue.<br />

18


Ces élém<strong>en</strong>ts sont fréquemm<strong>en</strong>t à l’origine d’un déséquilibre <strong>en</strong>tre l’offre<br />

<strong>et</strong> la demande de transmissions. <strong>Le</strong>s deux tiers des annonces cont<strong>en</strong>ues<br />

dans les bases de données sont généralem<strong>en</strong>t des offres de v<strong>en</strong>te <strong>et</strong> un<br />

tiers seulem<strong>en</strong>t sont des demandes de reprise.<br />

b) La mise <strong>en</strong> confiance<br />

<strong>Le</strong> plus souv<strong>en</strong>t, il existe une asymétrie importante <strong>en</strong> matière<br />

d’information <strong>en</strong>tre cédants <strong>et</strong> repr<strong>en</strong>eurs. <strong>Le</strong> propriétaire connaît<br />

beaucoup mieux les forces <strong>et</strong> les faiblesses de son <strong>en</strong>treprise. Lors des<br />

négociations relatives aux conditions de la transmission, il a intérêt à<br />

exagérer les points forts <strong>et</strong> à minimiser les problèmes. Dès lors, le<br />

repr<strong>en</strong>eur pourrait se montrer méfiant à l’égard des informations fournies<br />

par le propriétaire. Ce problème d’asymétrie est d’autant plus épineux que<br />

le v<strong>en</strong>deur ne réalise, dans la majorité de cas, qu’une seule v<strong>en</strong>te, puisqu’il<br />

partira le plus souv<strong>en</strong>t à la r<strong>et</strong>raite après la transmission, <strong>et</strong> que la<br />

préservation de sa réputation, <strong>en</strong> tant que v<strong>en</strong>deur, n’a, par conséqu<strong>en</strong>t,<br />

que peu d’intérêt pour lui.<br />

La mise <strong>en</strong> confiance est aussi r<strong>en</strong>due malaisée par le fait que le cédant<br />

souhaite généralem<strong>en</strong>t que sa démarche s’effectue dans la discrétion.<br />

C’est pourquoi les annonces placées dans les bases de données sont<br />

couramm<strong>en</strong>t vagues <strong>et</strong> générales, ce qui comprom<strong>et</strong> leur attractivité.<br />

<strong>Le</strong>s questions relatives aux asymétries <strong>en</strong> matière d’information <strong>et</strong> au<br />

manque de confiance caractéris<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t les rapports avec les<br />

organismes intermédiaires. <strong>Le</strong>s annonceurs pot<strong>en</strong>tiels sur une bourse<br />

dout<strong>en</strong>t parfois, selon le rapport, de la fiabilité des opérateurs de la base<br />

de données. De plus, les intermédiaires privés serai<strong>en</strong>t quelquefois<br />

soupçonnés d’être plus intéressés par la conclusion rapide d’une affaire<br />

que par la qualité des contacts établis.<br />

c) <strong>Le</strong>s problèmes émotionnels <strong>et</strong> psychologiques<br />

Pour le cédant, l’<strong>en</strong>treprise à céder constitue souv<strong>en</strong>t le fruit d’une vie de<br />

travail. Il risque donc d’attribuer à son <strong>en</strong>treprise une valeur purem<strong>en</strong>t<br />

émotionnelle <strong>et</strong> demandera, dans une certaine mesure, à être indemnisé<br />

de sa perte. L’importance de c<strong>et</strong>te valeur dép<strong>en</strong>d, selon les auteurs du<br />

rapport, du type d’<strong>en</strong>treprise. <strong>Le</strong> repr<strong>en</strong>eur, quant à lui, ne souhaitera pas<br />

payer pour c<strong>et</strong>te valeur qui ne peut, de par sa nature, lui être transférée.<br />

19


C<strong>et</strong>te valeur sera perdue lors de la transmission, sauf, dans une certaine<br />

mesure, si le cédant a un li<strong>en</strong> privilégié avec le repr<strong>en</strong>eur, comme par<br />

exemple, dans le cas d’une transmission intrafamiliale. Dans les autres<br />

cas, les deux parties doiv<strong>en</strong>t s’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre sur le plan émotionnel <strong>et</strong><br />

psychologique, <strong>et</strong> non seulem<strong>en</strong>t commercial, <strong>et</strong> le cédant devra avoir<br />

l’assurance que son <strong>en</strong>treprise se r<strong>et</strong>rouvera dans de bonnes mains.<br />

d) <strong>Le</strong>s problèmes techniques<br />

La transmission suppose le transfert de divers types d’actifs (matériel,<br />

fournitures, bi<strong>en</strong>s immobiliers, véhicules, <strong>et</strong>c…). Chacun peut faire l’obj<strong>et</strong><br />

de dispositions légales spécifiques. C<strong>et</strong>te complexité peur être accrue par<br />

les divers règlem<strong>en</strong>ts fiscaux <strong>en</strong> vigueur <strong>en</strong> matière de transmission des<br />

actifs. En outre, certaines situations impliqu<strong>en</strong>t plus de deux acteurs.<br />

Parfois, la famille du propriétaire peut égalem<strong>en</strong>t avoir son mot à dire, <strong>et</strong> il<br />

<strong>en</strong> va de même pour les établissem<strong>en</strong>ts de crédit qui financ<strong>en</strong>t l’opération.<br />

De plus, la transmission implique aussi le transfert d’actifs incorporels<br />

(connaissances du propriétaire à propos des marchés, des concurr<strong>en</strong>ts,<br />

des cli<strong>en</strong>ts, des salariés, des technologies…, les relations humaines avec<br />

les cli<strong>en</strong>ts, les salariés..., l’autorité <strong>et</strong> la réputation de l’<strong>en</strong>treprise).<br />

La fixation d’un prix <strong>et</strong> l’accord sur celui-ci représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t donc<br />

fréquemm<strong>en</strong>t un problème complexe.<br />

CEFIP (2007) : transmission des <strong>en</strong>treprises <strong>et</strong> financem<strong>en</strong>t<br />

<strong>Le</strong> C<strong>en</strong>tre de Connaissances du Financem<strong>en</strong>t des PME (CeFiP) a lancé, au<br />

début de l’année 2006, une étude consacrée aux transmissions de PME <strong>et</strong><br />

plus particulièrem<strong>en</strong>t à leur financem<strong>en</strong>t. C<strong>et</strong>te étude constitue une<br />

première <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong> : elle s’adresse à un très large public (les pouvoirs<br />

publics, les <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs, leurs organisations représ<strong>en</strong>tatives, les<br />

professionnels de la transmission, les institutions de crédit, les médias, …)<br />

<strong>et</strong> <strong>en</strong>visage de manière à la fois qualitative <strong>et</strong> quantitative la problématique<br />

de la transmission des PME au niveau national.<br />

Deux démarches ont été adoptées pour c<strong>et</strong>te étude : qualitative, sous la<br />

forme d’une synthèse de l’expertise existant dans le domaine du<br />

financem<strong>en</strong>t des transmissions d’<strong>en</strong>treprises (sur la base d’une analyse de<br />

la littérature de référ<strong>en</strong>ce <strong>et</strong> d’avis d’experts), <strong>et</strong> quantitative, sous la<br />

20


forme d’un exam<strong>en</strong> systématique <strong>et</strong> statistique, d’une part, des dossiers<br />

traités par le Fonds de Participation <strong>et</strong> le Fonds Bruxellois de Garantie <strong>en</strong><br />

2005 <strong>et</strong>, d’autre part, des dossiers de demande de crédit aux banques.<br />

Un bilan bibliographique de la situation…<br />

L’analyse de la littérature internationale m<strong>en</strong>ée par le CeFiP perm<strong>et</strong> de<br />

dresser un premier tableau de la situation belge.<br />

En ce qui concerne l’offre d’<strong>en</strong>treprises, plusieurs élém<strong>en</strong>ts sont soulignés.<br />

En <strong>Belgique</strong>, le nombre d’indép<strong>en</strong>dants âgés de 45 à 60 ans a augm<strong>en</strong>té<br />

de 13% de 1996 à 2000. Selon le Guich<strong>et</strong> des chambres de commerce,<br />

45% des actionnaires dirigeants de PME ont plus de 50 ans. Selon le<br />

CeFiP, de nombreux <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs de la génération « baby-boom »<br />

atteindront l’âge de la r<strong>et</strong>raite au cours de la déc<strong>en</strong>nie actuelle, ce qui<br />

augm<strong>en</strong>tera le nombre d’<strong>en</strong>treprises à rem<strong>et</strong>tre. A titre d’exemple, cité par<br />

le CeFiP, l’Austrian Institue for SME Research a montré que, de moins de<br />

4000 transmissions <strong>en</strong> 1993, on est passé à 5.300 <strong>en</strong>treprises transmises<br />

<strong>en</strong> Autriche au cours de l’année 2003. <strong>Le</strong> CeFiP rappelle égalem<strong>en</strong>t que le<br />

groupe d’experts mis <strong>en</strong> place par la Commission Europé<strong>en</strong>ne estimait <strong>en</strong><br />

2003 qu’<strong>en</strong>viron un tiers des <strong>en</strong>treprises allai<strong>en</strong>t chercher un repr<strong>en</strong>eur<br />

dans les 10 années suivantes, ce qui représ<strong>en</strong>te quelques 610.000<br />

<strong>en</strong>treprises <strong>et</strong> <strong>en</strong>viron 2.400.000 emplois par an <strong>en</strong> UE 15 (les nouveaux<br />

chiffres concernant l’UE 25 parlant de 690.000 <strong>en</strong>treprises <strong>et</strong> de ±<br />

2.800.000 emplois 6 ). Sur la base d’un taux de 3% (taux généralem<strong>en</strong>t<br />

accepté <strong>en</strong> Union Europé<strong>en</strong>ne), le CeFiP estime pour la <strong>Belgique</strong> le nombre<br />

de transmissions annuelles à près de 30.000 7 . C<strong>et</strong>te estimation doit être<br />

confrontée, selon les auteurs, aux chiffres avancés par le rapport de la<br />

Commission Europé<strong>en</strong>ne (2006) qui sont de 21.500 PME belges devant<br />

être transmises (8.000 <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> <strong>et</strong> 13.500 <strong>en</strong> Flandres 8 ).<br />

Pour ce qui est de la demande, le CeFiP site le Baromètre 2006 de<br />

l’Instituut voor h<strong>et</strong> Familiebedrijf; au cours de trois dernières années, 49%<br />

des <strong>en</strong>treprises familiales ont été contactées par des acquéreurs<br />

pot<strong>en</strong>tiels. La situation ne serait pas sans comporter certains risques,<br />

selon les auteurs, qui cit<strong>en</strong>t, à ce suj<strong>et</strong>, une étude de la Chambre<br />

6<br />

Commission Europé<strong>en</strong>ne, 2006.<br />

7<br />

Indép<strong>en</strong>dants <strong>en</strong> activité principale <strong>et</strong> sociétés.<br />

8<br />

<strong>Le</strong> rapport ne pr<strong>en</strong>d pas <strong>en</strong> compte les transmissions de PME bruxelloises.<br />

21


Régionale de Commerce <strong>et</strong> d’Industrie d’Auvergne publiée <strong>en</strong> 2006 <strong>et</strong><br />

selon laquelle il y aurait inadéquation <strong>en</strong>tre l’offre <strong>et</strong> la demande dans la<br />

mesure où il y a <strong>en</strong>viron 3 repr<strong>en</strong>eurs pour 1 PME à repr<strong>en</strong>dre mais<br />

seulem<strong>en</strong>t 1 repr<strong>en</strong>eur pour 4 TPE à repr<strong>en</strong>dre (définitions françaises).<br />

L’exam<strong>en</strong> de la littérature perm<strong>et</strong> aux auteurs de cerner les<br />

caractéristiques des cédants <strong>et</strong> des repr<strong>en</strong>eurs. Dans ce cadre, ils font<br />

principalem<strong>en</strong>t référ<strong>en</strong>ce aux travaux de Colot O. <strong>et</strong> à ceux de Laver<strong>en</strong> E.<br />

<strong>et</strong> Bisschops M., que nous examinons dans le détail par ailleurs. D’autres<br />

élém<strong>en</strong>ts sont tirés d’études m<strong>en</strong>ées par la banque ING (2004, 2005) sur la<br />

situation flamande. Selon c<strong>et</strong>te étude, l’objectif principal des repr<strong>en</strong>eurs<br />

est la croissance, quel que soit le type de transmission. C<strong>et</strong>te finalité prime<br />

donc sur l’amélioration de la compatibilité produit/marché, le r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t<br />

de la position de marché ou la volonté de continuité 9 . En ce qui concerne<br />

les difficultés r<strong>en</strong>contrées, les cédants m<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce, selon les<br />

travaux d’ING, la valorisation de l’<strong>en</strong>treprise, (particulièrem<strong>en</strong>t dans le<br />

cadre d’une transmission familiale), de la recherche du repr<strong>en</strong>eur <strong>et</strong> de<br />

l’aspect émotionnel lié à la cession. <strong>Le</strong>s repr<strong>en</strong>eurs, quant à eux, m<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> avant, selon les auteurs, par ordre décroissant d’importance, le<br />

financem<strong>en</strong>t, les problèmes de collaboration avec le personnel <strong>et</strong> de<br />

culture d’<strong>en</strong>treprise, <strong>et</strong> les cadres légaux.<br />

Outre l’analyse bibliographique, la publication prés<strong>en</strong>te égalem<strong>en</strong>t le<br />

résultat d’une <strong>en</strong>quête qualitative m<strong>en</strong>ée auprès de 13 experts traitant<br />

ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t de la dim<strong>en</strong>sion financière du processus de transition.<br />

Nous n’aborderons pas ces élém<strong>en</strong>ts ici.<br />

… <strong>et</strong> un exam<strong>en</strong> quantitatif<br />

Complém<strong>en</strong>tairem<strong>en</strong>t aux travaux qualitatifs m<strong>en</strong>és, une analyse<br />

statistique est développée par les auteurs. Elle porte sur un échantillon de<br />

254 dossiers de transmission : 124 dossiers prov<strong>en</strong>ant de banques<br />

commerciales <strong>et</strong> 130 prov<strong>en</strong>ant d’organismes publics. <strong>Le</strong>s résultats ne<br />

concern<strong>en</strong>t pas systématiquem<strong>en</strong>t l’échantillon compl<strong>et</strong> : certaines<br />

données sont manquantes pour certains dossiers <strong>et</strong> certains dossiers ne<br />

sont pas concernés par telle ou telle question. <strong>Le</strong>s dossiers de banques<br />

commerciales sont des dossiers de crédit pour lesquels la demande a été<br />

9<br />

Selon c<strong>et</strong>te étude, dans le cas des transmissions familiales, croissance <strong>et</strong><br />

continuité représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t néanmoins les deux objectifs principaux.<br />

22


effectuée au cours de la période 01/06/2004 – 01/06/2006. <strong>Le</strong>s dossiers<br />

du Fonds de participation sont des dossiers de crédits « Starteo » <strong>et</strong> «<br />

Optimeo » pour lesquels la demande a été effectuée au cours de la période<br />

01/09/04 – 31/12/2005 10 . Ces dossiers compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t des informations sur<br />

le crédit octroyé par le Fonds de participation <strong>et</strong> sur le crédit octroyé par la<br />

banque. Comme l’indiqu<strong>en</strong>t les auteurs, les dossiers du Fonds Bruxellois<br />

de Garantie vis<strong>en</strong>t les garanties pour lesquelles la demande <strong>et</strong>/ou la<br />

décision d’octroi a eu lieu <strong>en</strong> 2005, ces garanties étant demandées dans le<br />

cadre d’une demande de crédit auprès d’une banque.<br />

<strong>Le</strong>s résultats sont nombreux mais port<strong>en</strong>t principalem<strong>en</strong>t sur les<br />

dim<strong>en</strong>sions financières des opérations de transmission. En voici les<br />

principaux.<br />

Pour ce qui est des dossiers de reprises de fonds, <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne,<br />

l’investissem<strong>en</strong>t total par dossier s’élève à 246.675 euros, dont 65% sont<br />

consacrés à la reprise <strong>en</strong> soi. Parmi les dossiers bancaires, dans le cadre<br />

d’une reprise de fonds de commerce, le montage moy<strong>en</strong> est le suivant :<br />

14% d’apport propre, 74% de crédit bancaire, 9% de prêt subordonné<br />

public <strong>et</strong> 3% d’autres sources. <strong>Le</strong>s garanties les plus fréquemm<strong>en</strong>t<br />

demandées par la banque sont la mise <strong>en</strong> gage du fonds de commerce,<br />

l’assurance solde restant dû, la caution du porteur de proj<strong>et</strong> (quand le<br />

crédit est octroyé à la société), l’hypothèque <strong>et</strong> la cession de rémunération.<br />

De fortes différ<strong>en</strong>ces s’observ<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre les secteurs quant au montant<br />

d’investissem<strong>en</strong>t : 140.392 euros pour le secteur des services aux<br />

personnes contre 291.422 euros dans le secteur du commerce. <strong>Le</strong>s<br />

conditions de crédit sont similaires <strong>en</strong>tre starters <strong>et</strong> non-starters.<br />

Pour ce qui est des dossiers de rachat de parts, ce rachat nécessite <strong>en</strong><br />

moy<strong>en</strong>ne 731.731 euros <strong>et</strong> le goodwill d’acquisition est <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne égal à<br />

58% du prix payé. Parmi les dossiers bancaires, le montage financier<br />

moy<strong>en</strong> est le suivant : 12% d’apport propre, 77% de crédit bancaire, 3%<br />

de prêt subordonné public <strong>et</strong> 8% d’autres sources. <strong>Le</strong>s garanties les plus<br />

souv<strong>en</strong>t demandées par la banque sont la mise <strong>en</strong> gage d’actions, la<br />

caution du porteur de proj<strong>et</strong>, l’assurance solde restant dû, l’hypothèque <strong>et</strong><br />

le nantissem<strong>en</strong>t de sommes ou de placem<strong>en</strong>ts. La couverture du crédit<br />

10<br />

<strong>Le</strong>s prêts « Starteo » <strong>et</strong> « Optimeo » sont des mesures de cofinancem<strong>en</strong>t : un<br />

crédit professionnel partagé <strong>en</strong>tre la banque commerciale <strong>et</strong> le Fonds de<br />

participation (voir www.fonds.org).<br />

23


ancaire est moindre pour les services aux <strong>en</strong>treprises que pour les<br />

activités de commerce. La marge appliquée au taux d’intérêt de la banque<br />

est moins importante dans le secteur du commerce. <strong>Le</strong>s starters<br />

bénéfici<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne, d’une marge moins élevée.<br />

<strong>Le</strong> financem<strong>en</strong>t bancaire à court terme est n<strong>et</strong>tem<strong>en</strong>t plus conséqu<strong>en</strong>t lors<br />

d’un rachat de parts. C’est pour ce type de dossier que le recours aux<br />

mesures publiques est le plus important. La marge appliquée au taux<br />

d’intérêt bancaire est plus large parmi les dossiers de reprise de fonds de<br />

commerce.<br />

C’est dans les secteurs de l’Horeca <strong>et</strong> des services collectifs, sociaux <strong>et</strong><br />

personnels que la proportion de reprises de fonds de commerce est la plus<br />

importante (<strong>en</strong>viron 85%). Lorsque le repr<strong>en</strong>eur est un starter, il opte plus<br />

fréquemm<strong>en</strong>t pour une reprise de fonds de commerce. En outre, la reprise<br />

de fonds de commerce est plus importante dans le cas des reprises de<br />

micro-<strong>en</strong>treprises (76%) tandis que le rachat des parts est majoritaire dans<br />

celui concernant les p<strong>et</strong>ites <strong>en</strong>treprises (82%).<br />

<strong>Le</strong> taux de refus pour les dossiers de banques <strong>et</strong> d’institutions publiques<br />

avoisine les 13%. <strong>Le</strong>s dossiers de fonds de commerce des banques se<br />

distingu<strong>en</strong>t néanmoins avec un taux de refus de 26%, le taux de refus des<br />

banques étant plus élevé pour les plus p<strong>et</strong>ites structures, plus risquées,<br />

majoritairem<strong>en</strong>t transmises par reprise de fonds de commerce. Ce taux est<br />

particulièrem<strong>en</strong>t élevé pour les activités de services personnels.<br />

Parmi les dossiers d’institutions publiques, 28% ont bénéficié de plus<br />

d’une mesure publique. La moitié des dossiers bancaires analysés<br />

bénéfici<strong>en</strong>t d’une mesure complém<strong>en</strong>taire à celle de la banque. Parmi les<br />

dossiers avec mesure publique, la proportion de reprises de fonds de<br />

commerce est de 70% contre 36% parmi les dossiers sans mesure<br />

publique. En outre, l’analyse des dossiers bancaires indique que les<br />

mesures publiques étai<strong>en</strong>t utilisées à bon esci<strong>en</strong>t par les banques plus<br />

fréquemm<strong>en</strong>t pour des proj<strong>et</strong>s dans les secteurs de l’horeca <strong>et</strong> des<br />

services collectifs, sociaux <strong>et</strong> personnels <strong>et</strong> concernant donc des reprises<br />

de micro-<strong>en</strong>treprises. <strong>Le</strong>s proj<strong>et</strong>s de starters y sont égalem<strong>en</strong>t plus<br />

prés<strong>en</strong>ts. Enfin, ces dossiers prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t initialem<strong>en</strong>t une couverture moins<br />

importante du crédit bancaire.<br />

24


<strong>Le</strong> dossier du CeFiP se termine par quelques recommandations :<br />

développem<strong>en</strong>t du recours des banques <strong>et</strong> des <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs aux aides<br />

publiques, poursuite de l’action publique <strong>en</strong> la matière, amélioration de la<br />

circulation de l’information pour <strong>et</strong> par tous les acteurs concernés,<br />

modification de certains cadres légaux <strong>et</strong> fiscaux…<br />

PIRNAY F., SURLEMONT B. (2007) : <strong>en</strong>jeux <strong>et</strong> niveau de préparation de la<br />

transmission des <strong>en</strong>treprises familiale <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong> francophone<br />

Il s’agit ici d’une prés<strong>en</strong>tation dont le texte ne semble pas avoir fait l’obj<strong>et</strong><br />

d’une publication, seuls les supports à l’exposé oral étant disponibles. <strong>Le</strong>s<br />

auteurs se focalis<strong>en</strong>t sur la question de la transmission des <strong>en</strong>treprises<br />

familiales francophones <strong>et</strong> vis<strong>en</strong>t à id<strong>en</strong>tifier le degré de préparation de ces<br />

<strong>en</strong>treprises quant à c<strong>et</strong>te opération. Pour ce faire, deux types de méthodes<br />

sont adoptées : une approche quantitative, qui vise, de manière<br />

exhaustive, à rec<strong>en</strong>ser <strong>et</strong> à caractériser l’<strong>en</strong>semble des <strong>en</strong>treprises<br />

familiales francophones ciblées par l’étude 11 , soit 9.475 <strong>en</strong>treprises, à<br />

partir de données comptables <strong>et</strong> financières (données issues d’INFOBASE),<br />

<strong>et</strong> une approche qualitative basée sur <strong>en</strong>quête téléphonique auprès d’un<br />

échantillon de 500 <strong>en</strong>treprises représ<strong>en</strong>tatives de c<strong>et</strong>te population. Sur la<br />

base des critères r<strong>et</strong><strong>en</strong>us par les auteurs 12 , 3.727 <strong>en</strong>treprises familiales<br />

ont été id<strong>en</strong>tifiées, soit 39% de la population de référ<strong>en</strong>ce.<br />

<strong>Le</strong>s résultats des deux démarches sont riches <strong>en</strong> <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts. Nous<br />

nous limiterons à quelques uns d’<strong>en</strong>tre eux portant sur la transmission.<br />

11<br />

Sont considérées les <strong>en</strong>treprises constituées <strong>en</strong> personne morale, employant au<br />

moins dix personnes ETP, ayant leur siège social localisé <strong>en</strong> région wallonne ou<br />

dans une commune francophone de la Région bruxelloise <strong>et</strong> jouissant d’une<br />

indép<strong>en</strong>dance décisionnelle (elles ne sont pas dét<strong>en</strong>ues à plus de 50% par une<br />

autre <strong>en</strong>treprise). <strong>Le</strong>s auteurs ne précis<strong>en</strong>t pas ce qu’ils <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t par « commune<br />

francophone de la Région bruxelloise », ce qui laisse perplexe dans la mesure où<br />

les 19 communes de c<strong>et</strong>te région sont bilingues.<br />

12<br />

Une <strong>en</strong>treprise est considérée comme familiale si au moins un des quatre<br />

critères suivants est satisfait : (a) le nom de l'un(e) des administrateurs (trices) se<br />

trouve dans la dénomination de l'<strong>en</strong>treprise; (b) parmi les administrateurs (trices),<br />

on <strong>en</strong> r<strong>et</strong>rouve minimum deux qui port<strong>en</strong>t le même nom de famille; (c) un(e) des<br />

administrateurs (trices) habite à l'adresse de son <strong>en</strong>treprise; (d) deux<br />

administrateurs (trices) au minimum de l’<strong>en</strong>treprise cohabit<strong>en</strong>t à la même adresse.<br />

25


En ce qui concerne l’âge du dirigeant de l’<strong>en</strong>treprise familiale, il est, <strong>en</strong><br />

moy<strong>en</strong>ne de 53,4 ans. En outre, dans les <strong>en</strong>treprises familiales, 7% des<br />

patrons ont plus de 70 ans, 24% ont plus de 60 ans <strong>et</strong> 57% plus de 50<br />

ans. Ce constat amène les deux chercheurs à conclure que la transmission<br />

concerne pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t plus de la moitié des <strong>en</strong>treprises familiales<br />

francophone de plus de 10 personnes. Néanmoins, les résultats relatifs à<br />

l’aspect problématique de la transmission sont troublants car <strong>en</strong> <strong>en</strong><br />

contradiction avec plusieurs <strong>en</strong>quêtes m<strong>en</strong>ées par le passé. De fait, 42%<br />

des <strong>en</strong>treprises interrogées affirm<strong>en</strong>t que la transmission n’est plus un<br />

problème car elles ont déjà trouvé une solution satisfaisante, 45% des<br />

<strong>en</strong>treprises affirm<strong>en</strong>t ne pas être concernées par la problématique de<br />

transmission (c’est un problème parmi d’autres) <strong>et</strong> 13% des <strong>en</strong>treprises<br />

affirm<strong>en</strong>t que la transmission est un vrai problème pour lequel elles n'ont<br />

pas <strong>en</strong>core trouvé de solution satisfaisante. <strong>Le</strong>s auteurs propos<strong>en</strong>t<br />

différ<strong>en</strong>tes lectures de ces chiffres. On pourrait y voir le résultat des<br />

mesures de s<strong>en</strong>sibilisation des dirigeants d’<strong>en</strong>treprise à la question de la<br />

transmission. On pourrait égalem<strong>en</strong>t m<strong>et</strong>tre ces chiffres <strong>en</strong> relation avec le<br />

fait que l’<strong>en</strong>quête a été administrée à un échantillon représ<strong>en</strong>tatif, ce qui,<br />

selon Surlemont <strong>et</strong> Pirnay, n’était pas le cas des <strong>en</strong>quêtes antérieures.<br />

Dans la mesure où l’<strong>en</strong>trée dans les échantillons de ces <strong>en</strong>quêtes se faisait<br />

sur la base d’une démarche volontaire, cela peut induire des biais sur le<br />

profil des répondants : les patrons qui connaiss<strong>en</strong>t des difficultés étant<br />

peut être plus <strong>en</strong>clins à répondre que ceux pour lesquels ce n’est plus un<br />

problème ou que ceux pour lesquels ce n’est pas <strong>en</strong>core un problème.<br />

Selon les auteurs, il convi<strong>en</strong>drait, <strong>en</strong> tout cas, de s'interroger sur la portée<br />

réelle de ces chiffres <strong>et</strong> à chercher à aller au delà des appar<strong>en</strong>ces.<br />

D’autre part, les deux chercheurs constat<strong>en</strong>t une relation <strong>en</strong>tre l’âge<br />

moy<strong>en</strong> des dirigeants <strong>et</strong> leur perception du caractère problématique de la<br />

transmission : <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne, ceux qui ne s’<strong>en</strong> préoccup<strong>en</strong>t pas sont moins<br />

âgés (53,1 ans) que ceux pour lesquelles c’est un vrai problème (59,5 ans).<br />

Pour l’<strong>en</strong>semble des dirigeants, la situation relative à la formule de<br />

transmission privilégiée est la suivante 13 : 68% choisiss<strong>en</strong>t la succession<br />

familiale (la propriété <strong>et</strong> la gestion rest<strong>en</strong>t dans la famille), 27% la v<strong>en</strong>te à<br />

13<br />

Ces quatre chiffres ne sont pas prés<strong>en</strong>tés tels quels dans la communication : ils<br />

sont le résultat d’un calcul de notre part à partir des chiffres fournis par les<br />

auteurs.<br />

26


un tiers (la propriété <strong>et</strong> la gestion sort<strong>en</strong>t de la famille), 4% le contrôle<br />

familial (la gestion est confiée à un tiers) <strong>et</strong> 1% la gestion familiale (la<br />

gestion reste au sein de la famille mais pas la propriété).<br />

Chez les dirigeants pour lesquels la transmission n’est plus problématique,<br />

les options privilégiées sont les suivantes 14 : 72% choisiss<strong>en</strong>t la<br />

succession familiale, 24% la v<strong>en</strong>te à un tiers, 2% le contrôle familial <strong>et</strong> 2%<br />

la gestion familiale. Pour ceux qui ont privilégié la première formule, le<br />

successeur est déjà désigné dans 80% des cas <strong>et</strong> celui-ci est, <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne<br />

âgé de 33,7 ans. Dans 92% des cas, il s’agit d’un homme. Dans 83% des<br />

cas, le successeur désigné est un fils du dirigeant <strong>et</strong> 96% des successeurs<br />

désignés travaill<strong>en</strong>t au sein de l’<strong>en</strong>treprise.<br />

Pour les dirigeants qui déclar<strong>en</strong>t ne pas être concernés par la<br />

problématique de transmission, la situation relative à la formule de<br />

transmission privilégiée est la suivante 15 : 69% choisiss<strong>en</strong>t la succession<br />

familiale, 24% la v<strong>en</strong>te à un tiers, 7% le contrôle familial. La situation varie<br />

égalem<strong>en</strong>t pour les dirigeants qui affirm<strong>en</strong>t que la transmission est un vrai<br />

problème pour lequel elles n'ont pas <strong>en</strong>core trouvé de solution<br />

satisfaisante : 54% préfèr<strong>en</strong>t la succession familiale, contre 46% qui<br />

privilégi<strong>en</strong>t la v<strong>en</strong>te à un tiers.<br />

En termes d’att<strong>en</strong>tes par rapport au profil du successeur idéal, les<br />

dirigeants serai<strong>en</strong>t surtout att<strong>en</strong>tifs à des considérations industrielles<br />

(même secteur, même stratégie), financières (prix élevés) <strong>et</strong> sociales<br />

(conserver le personnel), mais peu à des considérations culturelles (culture<br />

familiale) ou géographiques (proximité régionale, être belge).<br />

LAMBRECHT J., NAUDTS W. (2007) : la transmission <strong>et</strong> la reprise de PME<br />

<strong>en</strong> <strong>Belgique</strong><br />

Partant du constat de l’amplification, au cours des dernières années, du<br />

fait repr<strong>en</strong>eurial <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong> <strong>et</strong> <strong>en</strong> Europe, t<strong>en</strong>dance qui devrait se<br />

14<br />

Ces quatre chiffres ne sont pas prés<strong>en</strong>tés tels quels dans la communication : ils<br />

sont le résultat d’un calcul de notre part à partir des chiffres fournis par les<br />

auteurs.<br />

15<br />

Ces chiffres sont égalem<strong>en</strong>t issus de nos calculs propres.<br />

27


confirmer à l’av<strong>en</strong>ir suite au vieillissem<strong>en</strong>t de la population, à<br />

l’affaiblissem<strong>en</strong>t des li<strong>en</strong>s économiques <strong>et</strong> affectifs <strong>en</strong>tre l’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur <strong>et</strong><br />

son <strong>en</strong>treprise <strong>et</strong> à l’accélération des évolutions technologiques, les<br />

auteurs se propos<strong>en</strong>t de dresser un bilan des transmissions <strong>et</strong> des reprises<br />

<strong>en</strong> <strong>Belgique</strong>, sous les auspices du SPF Economie. <strong>Le</strong>ur étude se base<br />

principalem<strong>en</strong>t sur des données chiffrées bi<strong>en</strong> que, comme ils le<br />

soulign<strong>en</strong>t, la <strong>Belgique</strong> ne dispose pas de chiffres exacts <strong>en</strong> la matière, la<br />

définition du phénomène repr<strong>en</strong>eurial étant complexe <strong>et</strong> aucune instance<br />

n’étant chargée d’<strong>en</strong>registrer les reprises <strong>et</strong> les transmissions.<br />

Quatre questions sont abordées par les deux chercheurs : celle du nombre<br />

de PME concernées par la transmission, celle du profil des repr<strong>en</strong>eurs,<br />

celle des conséqu<strong>en</strong>ces <strong>en</strong> cas de non reprise ou de disparition inopinée<br />

du propriétaire <strong>et</strong> celle du profil des <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs <strong>et</strong> <strong>en</strong>treprises pour<br />

lesquels le repr<strong>en</strong>eur est connu.<br />

Sur le plan méthodologique <strong>et</strong> empirique, les travaux repos<strong>en</strong>t sur trois<br />

études de cas <strong>et</strong> une <strong>en</strong>quête m<strong>en</strong>ée auprès d’un échantillon représ<strong>en</strong>tatif<br />

de 1.341 PME de moins de 250 équival<strong>en</strong>ts temps plein. <strong>Le</strong>s répondants<br />

sont tous propriétaires <strong>et</strong>/ou dirigeant de l’<strong>en</strong>treprise. En outre, 77% des<br />

<strong>en</strong>treprises sont dirigées par le chef d’<strong>en</strong>treprise qui <strong>en</strong> est égalem<strong>en</strong>t le<br />

seul propriétaire. Au sein des <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs, l’âge médian est de 47 ans.<br />

<strong>Le</strong>s auteurs synthétis<strong>en</strong>t les nombreux résultats obt<strong>en</strong>us sous la forme<br />

d’un tableau. Au vu de son intérêt, il nous semble pertin<strong>en</strong>t de le<br />

reproduire ici (Lambrecht J., Naudts W., 2007 : 10). <strong>Le</strong>s analyses sont<br />

m<strong>en</strong>ées au niveau national <strong>et</strong> le lecteur ne dispose pas de résultats<br />

régionalisés.<br />

Pour 72% des PME belges, la transmission dans les 10 ans à v<strong>en</strong>ir n’est<br />

donc pas d’actualité <strong>et</strong> il n’y a pas d’idée précise quant au délai de<br />

l’opération.<br />

En termes de recommandations, les auteurs soulign<strong>en</strong>t le besoin de<br />

s<strong>en</strong>sibiliser les chefs d’<strong>en</strong>treprise de 55 ans <strong>et</strong> plus « à la nécessité de<br />

préparer à temps la transmission <strong>et</strong> de prévoir des dispositions <strong>en</strong> cas de<br />

départ inopiné du gestionnaire d’<strong>en</strong>treprise ou du propriétaire. » (2007 : 2).<br />

Ils prôn<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t la mise à disposition des <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs d’un dossier<br />

sur la transmission, traitant à la fois des aspects financiers, fiscaux,<br />

juridiques <strong>et</strong> émotionnels.<br />

28


Principaux résultats de l’étude de Lambrecht <strong>et</strong> Naudts<br />

Entrepr<strong>en</strong>eurs de 55 ans <strong>et</strong> plus sur le nombre total<br />

d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs<br />

Entrepr<strong>en</strong>eurs de 50 ans <strong>et</strong> plus sur le nombre total<br />

d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs<br />

Transmission de la propriété <strong>et</strong>/ou de la gestion<br />

dans les 10 ans<br />

Transmission de la gestion dans les 10 ans<br />

Motif principal ?<br />

A qui ?<br />

Conséqu<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> cas d’abs<strong>en</strong>ce de<br />

repr<strong>en</strong>eur ?<br />

Profil des <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs/<strong>en</strong>treprises<br />

dont le repr<strong>en</strong>eur gestionnaire est<br />

connu<br />

Transmission de la propriété dans les 10 ans<br />

Motif principal ?<br />

A qui ?<br />

Conséqu<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> cas d’abs<strong>en</strong>ce de<br />

repr<strong>en</strong>eur ?<br />

Profil des <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs/<strong>en</strong>treprises<br />

dont le repr<strong>en</strong>eur gestionnaire est<br />

connu<br />

Transmission connue depuis les 10 dernières<br />

années<br />

Entreprises approchées durant les 5 dernières<br />

années <strong>en</strong> vue de leur rachat<br />

Conséqu<strong>en</strong>ce si le gestionnaire disparaît de<br />

manière inopinée<br />

Conséqu<strong>en</strong>ce si le propriétaire disparaît de manière<br />

inopinée<br />

Entreprise ayant elle-même repris une <strong>en</strong>treprise<br />

durant ces 4 dernières années<br />

25%<br />

40%<br />

28%, soit <strong>en</strong>viron 200.000 PME sur un total de<br />

708.988, soit <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne 20.000 PME par an<br />

25% (soit 177.000 PME), 4% dans l’année,<br />

10% dans les 5 ans <strong>et</strong> 11% dans les 10 ans<br />

Age de l’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur<br />

57% ne sav<strong>en</strong>t pas<br />

28% : liquidation <strong>et</strong> ferm<strong>et</strong>ure<br />

16% : v<strong>en</strong>te<br />

Propriétaires sans <strong>en</strong>fants <strong>et</strong> gestion assurée<br />

par plusieurs personnes : 69% de chance que<br />

le repr<strong>en</strong>eur soit connu<br />

Propriétaire avec <strong>en</strong>fants <strong>et</strong> gestion assurée<br />

par une seule personne : 18% de chances que<br />

le repr<strong>en</strong>eur soir connu<br />

21% (soit <strong>en</strong>viron 150.000 PME), 3% dans<br />

l’année, 8% dans les 5 ans <strong>et</strong> 10% dans les 10<br />

ans<br />

Age du propriétaire<br />

42% ne sav<strong>en</strong>t pas<br />

49% : liquidation <strong>et</strong> ferm<strong>et</strong>ure<br />

PME industrielles dont la gestion est assurée<br />

par plusieurs personnes : 85% de chances que<br />

le repr<strong>en</strong>eur soit connu<br />

Entreprises commerciales dont la gestion est<br />

assurée par une seule personne : 28% de<br />

chances que le repr<strong>en</strong>eur soir connu<br />

Gestion : 8%<br />

Propriété : 6%<br />

25%<br />

15% : v<strong>en</strong>te (soit <strong>en</strong>viron 106.000 PME sur un<br />

total de 708.000 PME)<br />

24% : ferm<strong>et</strong>ure (= 170.000 PME)<br />

14% : v<strong>en</strong>te (= 100.000 PME)<br />

24% : ferm<strong>et</strong>ure (= 113.000 PME)<br />

4%<br />

29


SOWACCESS - IPSOS (2006) : les transmissions d’<strong>en</strong>treprises <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong><br />

L'objectif de c<strong>et</strong>te étude était de dégager, grâce à une <strong>en</strong>quête succincte<br />

sur la transmission d’<strong>en</strong>treprise auprès de 500 PME wallonnes, les<br />

grandes t<strong>en</strong>dances sur la manière dont ces PME appréh<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t la question<br />

de la transmission. Il est à noter que c<strong>et</strong>te étude n’a pas fait l’obj<strong>et</strong> d’une<br />

publication au s<strong>en</strong>s strict du terme : les principaux résultats sont<br />

téléchargeables sur le site de la Société wallonne d'acquisitions <strong>et</strong> de<br />

cessions d'<strong>en</strong>treprises (SOWACCESS) 16 <strong>et</strong> ont été prés<strong>en</strong>tés par J. <strong>Le</strong>bèque<br />

lors du premier forum europé<strong>en</strong> sur la transmission des PME qui a eu lieu<br />

à Spa le 19 mai 2009.<br />

Sur le plan méthodologique, peu d’informations sont fournies par les<br />

opérateurs. L’<strong>en</strong>quête a d’abord procédé par l’<strong>en</strong>voi d’un courrier à 500<br />

PME wallonnes. <strong>Le</strong>s critères <strong>et</strong> techniques d’échantillonnage ne sont<br />

malheureusem<strong>en</strong>t pas explicités. C<strong>et</strong> <strong>en</strong>voi a permis, dans un deuxième<br />

temps, de m<strong>en</strong>er des interviews téléphoniques assistées par ordinateurs.<br />

<strong>Le</strong>s 500 adresses ont ainsi permis de récolter 131 questionnaires<br />

compl<strong>et</strong>s.<br />

Chez 32% des chefs d'<strong>en</strong>treprise interrogés, le répondant ne sait pas dans<br />

combi<strong>en</strong> de temps il p<strong>en</strong>se transm<strong>et</strong>tre son <strong>en</strong>treprise mais, dans 51% des<br />

cas, il a déjà p<strong>en</strong>sé à la transmission de celle-ci. Néanmoins, 31% des<br />

dirigeants se s<strong>en</strong>tant concernés, y p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t seulem<strong>en</strong>t depuis moins de 6<br />

mois. Par ailleurs, 56% des personnes interrogées n'ont initié aucune<br />

démarche pour préparer la transmission. Dans le cas contraire, le dirigeant<br />

s’est r<strong>en</strong>seigné sur les modes de transmission à privilégier (22% de<br />

l’<strong>en</strong>semble de l’échantillon) <strong>et</strong> sur l'évaluation de l'<strong>en</strong>treprise (11%). <strong>Le</strong>s<br />

conseillers privilégiés pour l'id<strong>en</strong>tification du mode de transmission sont le<br />

comptable (41% des individus concernés) <strong>et</strong> le notaire (24% des individus<br />

concernés). Pour l'évaluation de l'<strong>en</strong>treprise, le notaire (36% des individus<br />

concernés) est la personne de référ<strong>en</strong>ce la plus fréquemm<strong>en</strong>t consultée.<br />

Par ailleurs, 83% des répondants sont au courant de l'exist<strong>en</strong>ce de<br />

conseillers spécialisés dans la transmission <strong>et</strong> 60% ont déjà évoqué celleci<br />

avec leur <strong>en</strong>tourage (familial ou professionnel). Selon les répondants, les<br />

16<br />

http://jecedemapme.be/fr/m<strong>en</strong>u-vertical/s<strong>en</strong>sibilisation-<strong>et</strong>-formation-a-latransmission/<strong>en</strong>qu<strong>et</strong>e-pme/<strong>en</strong>qu<strong>et</strong>e-pme.html<br />

30


aspects les plus s<strong>en</strong>sibles de la transmission relèv<strong>en</strong>t du registre financier<br />

(57%), psychologique (40%) <strong>et</strong> juridique (32%).<br />

En termes de s<strong>en</strong>sibilisation, ce sont les comptables, expert-comptables <strong>et</strong><br />

réviseurs qui sembl<strong>en</strong>t avoir eu le plus d’impact : 31% des dirigeants<br />

s<strong>en</strong>sibilisés à la problématique de la transmission l’ont été par ce type<br />

d’opérateur, contre 21% par des institutions spécialisées.<br />

Sur le plan des pistes d’action publique, les dirigeants interrogés<br />

suggèr<strong>en</strong>t à 63% une meilleure information de la part des organismes <strong>et</strong><br />

des conseillers spécialisés dans la transmission. Par ailleurs, 27% cit<strong>en</strong>t<br />

l'idée d'une plateforme électronique rassemblant l'<strong>en</strong>semble des cédants<br />

<strong>et</strong> des repr<strong>en</strong>eurs pot<strong>en</strong>tiels.<br />

GUYOT J.L., VAN CUTSEM M. (2010) : la transmission d’<strong>en</strong>treprises <strong>en</strong><br />

<strong>Wallonie</strong> - discours <strong>et</strong> <strong>en</strong>jeux<br />

C<strong>et</strong>te publication porte sur la thématique de la transmission d’<strong>en</strong>treprises<br />

<strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> <strong>et</strong> concerne les <strong>en</strong>treprises commerciales, non cotées <strong>en</strong><br />

bourse <strong>et</strong> employant au moins un travailleur salarié. Elle se base sur<br />

l’analyse qualitative des discours t<strong>en</strong>us, à partir d’un questionnem<strong>en</strong>t<br />

structuré, par vingt acteurs de terrain <strong>en</strong> prise avec la dynamique repris<strong>et</strong>ransmission.<br />

<strong>Le</strong>s réponses récoltées sont examinées <strong>en</strong> fonction de<br />

l’éclairage qu’elles apport<strong>en</strong>t au contexte <strong>et</strong> au positionnem<strong>en</strong>t spécifique<br />

des acteurs, cédants <strong>et</strong> repr<strong>en</strong>eurs.<br />

Plusieurs constats sont mis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce par les auteurs. A l’analyse des<br />

dim<strong>en</strong>sions économiques, institutionnelles, matérielles, culturelles <strong>et</strong><br />

historiques dans lesquelles se pose la question du <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong>, il apparaît<br />

que la situation particulière de chaque <strong>en</strong>treprise, notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> termes<br />

de culture <strong>et</strong> d’histoire constitue une composante ess<strong>en</strong>tielle dans<br />

l’appréh<strong>en</strong>sion du phénomène. <strong>Le</strong>s acteurs interrogés soulign<strong>en</strong>t<br />

l’importance de l’histoire particulière de la firme qui conduit à la définition<br />

d’un <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t spécifique, <strong>en</strong> termes de culture d’<strong>en</strong>treprise, de<br />

modes d’organisation, de relations interpersonnelles, de réseaux sociaux,<br />

de position sur le marché… C<strong>et</strong> <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t influ<strong>en</strong>ce non seulem<strong>en</strong>t la<br />

transmission mais égalem<strong>en</strong>t la réussite à plus long terme du proj<strong>et</strong>,<br />

particulièrem<strong>en</strong>t dans le cas d’<strong>en</strong>treprises familiales. Ceci implique que,<br />

pour les cédants, les facteurs émotionnels <strong>et</strong> psychologiques – de nature<br />

31


intangible – figur<strong>en</strong>t comme des facteurs déterminants <strong>et</strong> pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t<br />

handicapants dans l’organisation d’un processus de désinvestissem<strong>en</strong>t de<br />

l’<strong>en</strong>treprise.<br />

En ce qui concerne les repr<strong>en</strong>eurs, l’analyse révèle qu’ils doiv<strong>en</strong>t affronter<br />

plusieurs types de difficultés liées à une difficulté d’accès à l’information<br />

d’une part, à leur propre capacité managériale de l’autre. Par ailleurs,<br />

l’offre d’accompagnem<strong>en</strong>t semble s’être accrue <strong>et</strong> diversifiée tandis que<br />

les opérateurs se professionnalis<strong>en</strong>t. On pourrait y voir une forme de<br />

conséqu<strong>en</strong>ce de l’augm<strong>en</strong>tation, à terme, du nombre d’<strong>en</strong>treprises à<br />

transm<strong>et</strong>tre <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong>.<br />

Il ressort égalem<strong>en</strong>t des discours des opérateurs r<strong>en</strong>contrés par les<br />

auteurs que le <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> est une dim<strong>en</strong>sion, <strong>en</strong>core trop peu prise <strong>en</strong><br />

considération, de la thématique plus générale de l’<strong>en</strong>t<strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> <strong>en</strong><br />

<strong>Wallonie</strong>. Ces mêmes acteurs s’accord<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t pour constater que,<br />

malgré l’interv<strong>en</strong>tion positive de la SOWACCESS, les mécanismes de mise<br />

<strong>en</strong> relation <strong>en</strong>tre l’offre <strong>et</strong> la demande d’<strong>en</strong>treprises à rem<strong>et</strong>tre, sont<br />

perfectibles, notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> termes de s<strong>en</strong>sibilisation <strong>et</strong> d’accès à<br />

l’information <strong>et</strong> de transpar<strong>en</strong>ce de celle-ci.<br />

Selon certains opérateurs, le schéma traditionnel de transmission<br />

intrafamiliale intergénérationnelle serait <strong>en</strong> repli. Ce recul profiterait<br />

notamm<strong>en</strong>t à des modèles de reprise où la pér<strong>en</strong>nité de la firme n’est pas<br />

la finalité poursuivie <strong>et</strong> contribuerait à diversifier les formes de reprises.<br />

<strong>Le</strong>s résultats obt<strong>en</strong>us port<strong>en</strong>t principalem<strong>en</strong>t sur le niveau de l’<strong>en</strong>treprise<br />

<strong>et</strong> des acteurs impliqués dans la transmission <strong>et</strong> ne couvr<strong>en</strong>t pas<br />

complètem<strong>en</strong>t les <strong>en</strong>jeux macro-économiques <strong>et</strong> sociétaux. <strong>Le</strong> texte ne<br />

perm<strong>et</strong> pas d’apporter des réponses tranchées aux questions posées à ce<br />

niveau. Il m<strong>et</strong>, au contraire, <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce, outre une faiblesse évid<strong>en</strong>te des<br />

systèmes d’information <strong>en</strong> matière de <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong>, des<br />

opinions contrastées sur la prégnance d’un év<strong>en</strong>tuel déficit <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurial<br />

<strong>et</strong> donc repr<strong>en</strong>eurial <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> <strong>et</strong> sur ses conséqu<strong>en</strong>ces pour l’économie<br />

<strong>et</strong> la société wallonne. C<strong>et</strong>te conclusion invite à approfondir la thématique<br />

du <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> <strong>et</strong> à l’examiner dans l’<strong>en</strong>semble de ses<br />

dim<strong>en</strong>sions.<br />

32


3. Modalités de transmission <strong>et</strong> évolution de l’<strong>en</strong>treprise<br />

<strong>Le</strong>s chercheurs de l’université de Mons-Hainaut sont très actifs dans le<br />

champ investigué dans les publications qui constitu<strong>en</strong>t le deuxième<br />

<strong>en</strong>semble de travaux que nous avons id<strong>en</strong>tifié puisque toutes celles-ci sont<br />

le fruit de leurs investigations. Ceci explique une très grande homogénéité<br />

de questionnem<strong>en</strong>t <strong>et</strong> de sources de données. La question principale<br />

abordée ici est celle de la relation <strong>en</strong>tre les caractéristiques du processus<br />

de transmission <strong>et</strong> des acteurs concernés, d’une part, <strong>et</strong> les performances<br />

subséqu<strong>en</strong>tes de l’<strong>en</strong>treprise une fois reprise. Chaque papier est, par<br />

ailleurs, basé sur l’exam<strong>en</strong> des mêmes données <strong>et</strong> le niveau d’analyse<br />

privilégié est celui de la firme.<br />

COLOT O. (2006) : profil du repr<strong>en</strong>eur <strong>et</strong> performance de l’<strong>en</strong>treprise<br />

C<strong>et</strong> article examine le li<strong>en</strong> év<strong>en</strong>tuel <strong>en</strong>tre la performance des <strong>en</strong>treprises <strong>et</strong><br />

le type de repr<strong>en</strong>eur. Il vise à vérifier l’hypothèse selon laquelle la<br />

performance commerciale, économique <strong>et</strong> financière d'une PME familiale<br />

après sa transmission varierait de manière significative <strong>en</strong> fonction du<br />

caractère interne ou externe la reprise.<br />

Une PME est définie comme une <strong>en</strong>treprise ne dépassant pas plus d’un<br />

des critères suivants :<br />

- personnel occupé : 50 salariés ;<br />

- chiffre d’affaires annuel hors TVA : 6.250.000 euros ;<br />

- total du bilan : 3.125.000 euros ;<br />

<strong>et</strong> dont, <strong>en</strong> outre, 25% ou plus de son capital n’est pas dét<strong>en</strong>u par une ou<br />

plusieurs grandes <strong>en</strong>treprises.<br />

Quant au caractère familial de l’<strong>en</strong>treprise, une <strong>en</strong>treprise sera id<strong>en</strong>tifiée,<br />

grâce à l’<strong>en</strong>quête réalisée par l’auteur, comme étant familiale si elle<br />

répond à au moins deux des critères suivants :<br />

- une famille déti<strong>en</strong>t au moins 50% des actions de l’<strong>en</strong>treprise ;<br />

- la majorité du conseil d’administration sont les membres d’une<br />

famille ;<br />

33


- une famille a une influ<strong>en</strong>ce décisive sur la stratégie <strong>et</strong> sur les<br />

décisions de transmission de l’<strong>en</strong>treprise à la génération suivante<br />

(ce critère sera id<strong>en</strong>tifié par le fait que l’<strong>en</strong>treprise est au minimum<br />

dans sa seconde génération <strong>et</strong>/ou par le fait que le dirigeant a<br />

l’int<strong>en</strong>tion de transm<strong>et</strong>tre l’<strong>en</strong>treprise à la génération suivante.<br />

L’auteur suppose que la famille a une influ<strong>en</strong>ce décisive si la<br />

majorité des membres de la direction sont de la famille).<br />

Sur le plan empirique, les données financières nécessaires ont été<br />

extraites du DVD-rom de Belfirst <strong>et</strong> de cd-rom édités par la Banque<br />

Nationale de <strong>Belgique</strong> <strong>et</strong> les informations perm<strong>et</strong>tant de caractériser les<br />

<strong>en</strong>treprises familiales ont été collectées grâce à une <strong>en</strong>quête par<br />

questionnaires visant l’<strong>en</strong>semble des 8.917 PME belges créées avant le 31<br />

décembre 1990.<br />

Deux objectifs ont ori<strong>en</strong>té c<strong>et</strong>te <strong>en</strong>quête : vérifier le caractère familial de<br />

l’<strong>en</strong>treprise <strong>et</strong> toucher un maximum de PME ayant déjà fait l’obj<strong>et</strong> d’une<br />

transmission. Il a été procédé à un échantillonnage aléatoire simple sans<br />

remise de 2.000 PME. L’<strong>en</strong>quête a finalem<strong>en</strong>t donné lieu à 391 réponses<br />

exploitables, soit un taux de réponse de 23,9%. La représ<strong>en</strong>tativité<br />

statistique de c<strong>et</strong> échantillon a été vérifiée sur trois critères : la localisation<br />

géographique, le secteur d’activité <strong>et</strong> l’effectif (nombre de travailleurs). A<br />

un seuil de probabilité de 5%, l’hypothèse nulle de distributions id<strong>en</strong>tiques<br />

ne peut être rej<strong>et</strong>ée pour chacune de ces trois variables. En outre,<br />

l’<strong>en</strong>quête a permis d’id<strong>en</strong>tifier 159 transmissions de PME, dont 130<br />

transmissions familiales. In fine, l’échantillon exploitable comporte 83<br />

<strong>en</strong>treprises transmises 17 .<br />

<strong>Le</strong>s tests statistiques, appliqués à la fois à la r<strong>en</strong>tabilité économique <strong>et</strong> à la<br />

r<strong>en</strong>tabilité financière, montr<strong>en</strong>t une influ<strong>en</strong>ce statistiquem<strong>en</strong>t significative<br />

de la durée de la période de transmission <strong>et</strong> du type de repr<strong>en</strong>eur (interne /<br />

externe) sur les performances de l’<strong>en</strong>treprise, <strong>et</strong> ce, p<strong>en</strong>dant les trois<br />

années qui suiv<strong>en</strong>t la transmission. En ce qui concerne l’impact de<br />

variables propres aux repr<strong>en</strong>eurs, l’auteur confirme l’influ<strong>en</strong>ce négative du<br />

repr<strong>en</strong>eur membre de la famille mise <strong>en</strong> avant par certaines études<br />

antérieures. Il constate égalem<strong>en</strong>t une relation significative positive <strong>en</strong>tre<br />

17<br />

Au vu de ces nombres, relativem<strong>en</strong>t peu élevés, il convi<strong>en</strong>t d’interpréter les<br />

résultats avec une certaine prud<strong>en</strong>ce.<br />

34


le niveau d’éducation <strong>et</strong> la performance. <strong>Le</strong> fait, pour le repr<strong>en</strong>eur, d’avoir<br />

une expéri<strong>en</strong>ce dans le même secteur d’activité que l’<strong>en</strong>treprise reprise a<br />

égalem<strong>en</strong>t une influ<strong>en</strong>ce négative, statistiquem<strong>en</strong>t significative à 5%,<br />

chacune des trois années après la reprise. De plus, le fait que le repr<strong>en</strong>eur<br />

soit déjà dirigeant d’une autre <strong>en</strong>treprise a une influ<strong>en</strong>ce négative. L’âge<br />

de l’<strong>en</strong>treprise a une influ<strong>en</strong>ce négative sur la performance. Enfin, les<br />

résultats indiqu<strong>en</strong>t une influ<strong>en</strong>ce positive de la durée de la période de<br />

transition. <strong>Le</strong> texte ne perm<strong>et</strong> cep<strong>en</strong>dant pas de compr<strong>en</strong>dre comm<strong>en</strong>t<br />

c<strong>et</strong>te période est estimée <strong>et</strong> ce qu’elle couvre concrètem<strong>en</strong>t.<br />

COLOT O., DUPONT C. (2006a) – COLOT O., DUPONT C. (2006b) : impact<br />

de la transmission d’<strong>en</strong>treprise sur son personnel <strong>et</strong> sa productivité<br />

Ces deux articles r<strong>en</strong>voi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fait à un même texte. L’objectif de ses<br />

auteurs est d’évaluer l’évolution du personnel suite à la transmission. Pour<br />

ce faire, les auteurs travaill<strong>en</strong>t sur les PME belges <strong>et</strong> ils examin<strong>en</strong>t quatre<br />

indicateurs relatifs au personnel selon des contextes spécifiques de<br />

transmission. Ces indicateurs sont l’effectif moy<strong>en</strong> de l’<strong>en</strong>treprise, la<br />

productivité (valeur ajoutée brute par personne occupée), le niveau des<br />

rémunérations globales moy<strong>en</strong>nes par personne <strong>et</strong> la proportion des<br />

rémunérations sur la marge brute d’exploitation. <strong>Le</strong>s contextes <strong>en</strong>visagés<br />

sont les suivants :<br />

- le caractère familial ou non de la PME. Selon les auteurs, la<br />

proximité affective plus forte pouvant régner au sein des PME<br />

familiales laisse à p<strong>en</strong>ser que le personnel d’une PME familiale<br />

éprouvera plus de difficultés à s’adapter à un nouveau dirigeant par<br />

peur d’év<strong>en</strong>tuels changem<strong>en</strong>ts dans la culture ou le fonctionnem<strong>en</strong>t<br />

de l’<strong>en</strong>treprise. Néanmoins, selon Colot <strong>et</strong> Dupont, puisque les PME<br />

à contrôle familial se caractéris<strong>en</strong>t par la volonté d’une pér<strong>en</strong>nité<br />

intergénérationnelle, il est égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>visageable que de telles<br />

<strong>en</strong>treprises soi<strong>en</strong>t moins affectées par la transmission, le personnel<br />

étant consci<strong>en</strong>t de la volonté de maint<strong>en</strong>ir l’<strong>en</strong>treprise au sein de la<br />

famille ;<br />

35


- le caractère interne ou externe du repr<strong>en</strong>eur. La v<strong>en</strong>ue d’un<br />

dirigeant externe pour causer un traumatisme pour l’<strong>en</strong>treprise, ce<br />

dirigeant ayant besoin de temps peut acquérir les compét<strong>en</strong>ces<br />

managériales requises <strong>et</strong> pour améliorer sa connaissance de<br />

l’<strong>en</strong>treprise. A l’inverse, le fait d’avoir travaillé précédemm<strong>en</strong>t dans<br />

l’<strong>en</strong>treprise pourrait faciliter le processus de transmission <strong>et</strong> avoir<br />

un eff<strong>et</strong> positif sur l’évolution ultérieure de la firme ;<br />

- le caractère préparé ou non de la transmission ;<br />

- le type de transmission. La transmission par succession est<br />

synonyme de décès du dirigeant ; dans ce cas de figure, les<br />

réactions du personnel pourrai<strong>en</strong>t être plus fortes face à la<br />

transmission. Par contre, selon les auteurs, la donation laisse<br />

<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre que la PME demeure sous contrôle familial ; ce qui<br />

génèrerait moins d’inquiétude quant au futur de l’<strong>en</strong>treprise. Quant<br />

à la rev<strong>en</strong>te de l’<strong>en</strong>treprise, elle pourrait davantage se traduire par<br />

l’arrivée d’un leader externe <strong>et</strong>, dès lors, provoquer certaines<br />

inquiétudes au sein du personnel.<br />

<strong>Le</strong>s exam<strong>en</strong>s empiriques sont m<strong>en</strong>és sur les mêmes données que celles<br />

utilisées par Colot (Colot O., 2006) <strong>et</strong> décrites précédemm<strong>en</strong>t. Cep<strong>en</strong>dant,<br />

pour des motifs spécifiques au propos des auteurs, l’échantillon exploitable<br />

prés<strong>en</strong>te une taille de 81 <strong>en</strong>treprises transmises. Par ailleurs, un<br />

échantillon témoin de 81 <strong>en</strong>treprises non transmises est élaboré par les<br />

auteurs, à des fins de comparaison statistique de l’évolution du personnel<br />

des PME transmises à celle d’homologues non transmises. La<br />

méthodologie qui sous-t<strong>en</strong>d ce travail comparatif est celle de l’appairage<br />

statistique.<br />

<strong>Le</strong>s traitem<strong>en</strong>ts m<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t <strong>en</strong> exergue une évolution positive de la valeur<br />

ajoutée brute par personne occupée <strong>et</strong> une variation négative des<br />

rémunérations sur la marge brute d’exploitation, sauf <strong>en</strong> cas de<br />

transmission par succession. La résistance du personnel à la transmission,<br />

qui était présumée par les auteurs dans leurs hypothèses de départ, ne<br />

semble donc pas se vérifier.<br />

36


COLOT O. (2007) : processus <strong>et</strong> impacts de la transmission sur les<br />

performances des PME familiales non cotées<br />

La problématique abordée par c<strong>et</strong>te thèse de doctorat r<strong>en</strong>voie à trois<br />

questions c<strong>en</strong>trales :<br />

1) quelles sont les caractéristiques des PME familiales <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> ?<br />

2) quelles sont les caractéristiques des processus de transmission de<br />

PME familiales <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> ?<br />

3) <strong>Le</strong>s caractéristiques de la transmission d’une PME familiale ont-telle<br />

un impact sur sa performance commerciale, économique <strong>et</strong><br />

financière ?<br />

Ces trois questions sont abordées pour le cas spécifique des PME. Tout<br />

comme dans Colot O. (2006), n’ont été r<strong>et</strong><strong>en</strong>ues que les PME qui ont été<br />

créées avant le 31 décembre 1990. <strong>Le</strong>s données utilisées sont id<strong>en</strong>tiques<br />

à celles examinées par l’auteur <strong>en</strong> 2006.<br />

<strong>Le</strong>s résultats issus du traitem<strong>en</strong>t de ces données apport<strong>en</strong>t des élém<strong>en</strong>ts<br />

de réponse intéressants par rapport aux préoccupations de l’auteur.<br />

<strong>Le</strong>s caractéristiques des PME familiales <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong><br />

<strong>Le</strong>s PME de l’échantillon sont majoritairem<strong>en</strong>t de nature familiale (81%).<br />

L’auteur extrapole c<strong>et</strong>te information à la population totale visée par la<br />

recherche <strong>et</strong> estime que, sur les 8.917 PME wallonnes <strong>en</strong> activité depuis<br />

15 ans au mom<strong>en</strong>t de l’<strong>en</strong>quête <strong>et</strong> occupant au moins deux travailleurs,<br />

7252 serai<strong>en</strong>t de nature familiale. La PME familiale constituerait donc le<br />

type d’<strong>en</strong>treprises dominant <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong>. L’<strong>en</strong>quête perm<strong>et</strong> égalem<strong>en</strong>t<br />

d’observer que les PME familiales sont n<strong>et</strong>tem<strong>en</strong>t moins représ<strong>en</strong>tées dans<br />

les secteurs des services <strong>et</strong> de l’industrie alors qu’elles sont plus<br />

représ<strong>en</strong>tées dans le commerce <strong>et</strong> la construction, <strong>et</strong> qu’elles sont <strong>en</strong><br />

général plus p<strong>et</strong>ites que les PME non familiales. En outre, plus de 95% des<br />

dirigeants sont propriétaires de leur <strong>en</strong>treprise <strong>et</strong> la structure de<br />

l’actionnariat des PME est principalem<strong>en</strong>t composée des membres de la<br />

famille : 87% des PME sont dét<strong>en</strong>ues majoritairem<strong>en</strong>t par la famille <strong>et</strong> ont<br />

un conseil d’administration composé pour la majorité de membres<br />

prov<strong>en</strong>ant de la famille.<br />

Par ailleurs, Colot estime que l’âge moy<strong>en</strong> des dirigeants de l’<strong>en</strong>semble<br />

des PME wallonne est de 49,2 ans, ce qui l’autorise à avancer que 22%<br />

37


des PME devrai<strong>en</strong>t être transmises au cours des cinq années suivant<br />

l’<strong>en</strong>quête <strong>et</strong> que 37% le devrai<strong>en</strong>t dans les dix années (<strong>en</strong> postulant un<br />

départ théorique à la r<strong>et</strong>raite à 65 ans)<br />

<strong>Le</strong>s caractéristiques des transmissions de PME familiales <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong><br />

D’une part, les principaux résultats indiqu<strong>en</strong>t que, selon les délais prévus<br />

par les dirigeants eux-mêmes, 55% des PME wallonnes interrogées seront<br />

transmises dans les dix prochaines années 18 . Ces chiffres, extrapolés à la<br />

population des PME wallonnes laiss<strong>en</strong>t à p<strong>en</strong>ser qu’un peu moins de 5.000<br />

d’<strong>en</strong>tre elles seront à rem<strong>et</strong>tre dans les dix prochaines années (ce qui<br />

représ<strong>en</strong>te, selon Colot, 31.000 emplois).<br />

Parmi ces PME à transm<strong>et</strong>tre dans les dix prochaines années, 45% d’<strong>en</strong>tre<br />

elles n'aurai<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong>core effectué de démarches concrètes pour<br />

préparer la transmission (42% pour les PME familiales). C<strong>et</strong>te proportion<br />

est de 22% pour les transmissions estimées devant se produire dans les<br />

deux ans après l’<strong>en</strong>quête. Il est égalem<strong>en</strong>t à noter que 53% des dirigeants<br />

sont âgés de plus de 60 ans <strong>et</strong> n’ont pas <strong>en</strong>core pris de mesures afin de<br />

préparer la transmission de leur <strong>en</strong>treprise familiale.<br />

Il est à noter qu’au sein des PME familiales à transm<strong>et</strong>tre dans les 10 ans,<br />

33% n’ont pas <strong>en</strong>core défini la manière dont l’<strong>en</strong>treprise sera cédée tandis<br />

que 40% seront rev<strong>en</strong>dues, 20% seront transmises par donation (du vivant<br />

de l’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur) ou succession (<strong>en</strong> cas de décès).<br />

A l’horizon de 10 ans, 61% des <strong>en</strong>treprises du secteur industriel seront<br />

touchés par la transmission. Ce taux est de 55% pour le secteur du<br />

commerce, de 54% pour la construction <strong>et</strong> de 51% pour les services<br />

L’<strong>en</strong>quête indique aussi que les besoins <strong>en</strong> information des dirigeants<br />

concernant la transmission sont multiples. <strong>Le</strong>s thèmes qui intéress<strong>en</strong>t au<br />

moins 50% des dirigeants sont l’évaluation de l’<strong>en</strong>treprise, les droits de<br />

succession, l’impôt des sociétés, les droits de donation, l’impôt des<br />

personnes physiques <strong>et</strong> le droit social.<br />

D’autre part, la proportion des PME qui ont déjà connu une transmission<br />

est de 41%. La durée moy<strong>en</strong>ne du processus de c<strong>et</strong>te transmission fut de<br />

presque trois ans (34,2 mois). Colot id<strong>en</strong>tifie trois principaux contextes de<br />

18<br />

dont 13% dans les deux ans <strong>et</strong> 30% dans les cinq ans.<br />

38


transmission : le départ à la r<strong>et</strong>raite du dirigeant (52% des cas), le décès<br />

du dirigeant (17%) <strong>et</strong> la redistribution du capital (12%). A la transmission,<br />

l’âge moy<strong>en</strong> du dirigeant était de 59,5 ans. <strong>Le</strong>s dirigeants de PME<br />

familiales ont transmis leur <strong>en</strong>treprise plus tard que les dirigeants de PME<br />

non familiales.<br />

<strong>Le</strong>s résultats montr<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t que, pour les PME familiales, la<br />

transmission s’est réalisée au sein de la famille dans un peu plus de 80%<br />

des cas. Selon Colot, une PME familiale sur cinq perd donc son caractère<br />

familial lors de la transmission, soit parce que le dirigeant n’a pas d’<strong>en</strong>fant<br />

(5% des cas), soit le ou les <strong>en</strong>fant(s) ne sont pas aptes à ou désireux de<br />

repr<strong>en</strong>dre la PME familiale. Dans les situations de cession extra-familiale,<br />

la PME est transmise aux salariés (1%) <strong>et</strong> pour la majorité à une personne<br />

externe (19%). Pour les PME non familiales, la transmission intra-familiale<br />

s’élève à 25% des cas. Dans les autres cas, 17% ont été transmises aux<br />

salariés <strong>et</strong> 58% à des personnes externes.<br />

En ce qui concerne les repr<strong>en</strong>eurs, dans 70% des cas (tous types de PME<br />

confondus), il était interne à l’<strong>en</strong>treprise. De même, il était membre de la<br />

famille dans 70% des cas. <strong>Le</strong> repr<strong>en</strong>eur le plus fréqu<strong>en</strong>t (56%) est un<br />

membre de la famille travaillant déjà au sein de la PME. Ensuite, vi<strong>en</strong>t le<br />

repr<strong>en</strong>eur non membre de la famille <strong>et</strong> externe à la PME (16%) <strong>et</strong> <strong>en</strong>fin, le<br />

travailleur de la PME non membre de la famille (14%) ou le membre de la<br />

famille externe à la PME (14%).<br />

Par ailleurs, dans deux tiers des transmissions, la reprise s’est faite par<br />

une seule personne. Pour trois transmissions sur dix, il y a deux<br />

repr<strong>en</strong>eurs. Pour l’<strong>en</strong>semble des repr<strong>en</strong>eurs id<strong>en</strong>tifiés, 84% étai<strong>en</strong>t des<br />

hommes. La moy<strong>en</strong>ne d’âge de ces repr<strong>en</strong>eurs lors de la transmission<br />

était de 33,7 ans. C<strong>et</strong>te moy<strong>en</strong>ne ne varie guère si on sépare les PME<br />

familiales des PME non familiales.<br />

Près de 68% des repr<strong>en</strong>eurs dispos<strong>en</strong>t d’un niveau d’étude supérieur (27%<br />

de niveau universitaire, 16% de type long non universitaire <strong>et</strong> 24% de type<br />

court non universitaire) <strong>et</strong> 67% d’<strong>en</strong>tre eux travaillai<strong>en</strong>t antérieurem<strong>en</strong>t<br />

dans l’<strong>en</strong>treprise reprise, soit <strong>en</strong> étant salariés (35%), soit <strong>en</strong> y exerçant<br />

déjà des fonctions de direction (32%). <strong>Le</strong>s autres repr<strong>en</strong>eurs étai<strong>en</strong>t soit<br />

salariés dans une autre <strong>en</strong>treprise (13%), soit chef d’une autre <strong>en</strong>treprise<br />

(7%), soit dans une autre situation (13%). Ces chiffres ne vari<strong>en</strong>t guère que<br />

le repr<strong>en</strong>eur soit interne ou externe à la famille. Il convi<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant de<br />

39


m<strong>en</strong>tionner que 40% des repr<strong>en</strong>eurs externes à la famille avai<strong>en</strong>t acquis<br />

une expéri<strong>en</strong>ce professionnelle <strong>en</strong> dehors de l’<strong>en</strong>treprise contre seulem<strong>en</strong>t<br />

29% des repr<strong>en</strong>eurs membres de la famille.<br />

La période de transition, quant à elle, s’est étalée <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne sur 52,5<br />

mois (mais était n<strong>et</strong>tem<strong>en</strong>t plus élevée dans les PME familiales). Il est à<br />

noter qu’un peu plus d’un quart des transmissions s’est réalisée sans<br />

période de transition.<br />

Colot m<strong>et</strong> <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce le fait que les transmissions de PME se sont<br />

effectuées ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t selon trois techniques, à savoir la rev<strong>en</strong>te<br />

(56%), la succession (23%), ou la donation (13%). <strong>Le</strong>s principaux<br />

problèmes r<strong>en</strong>contrés lors de la transmission sont les difficultés de<br />

trésorerie (23%), l’adhésion du personnel (14%) <strong>et</strong> le manque de<br />

préparation de la transmission (12%).<br />

<strong>Le</strong>s impacts des caractéristiques de la transmission sur la performance<br />

commerciale, économique <strong>et</strong> financière ?<br />

Pour m<strong>et</strong>tre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce ces impacts, l’auteur choisit de travailler sur la<br />

base d’une méthode comparative avec des <strong>en</strong>treprises témoins qui n’ont<br />

pas connu de transmission, tout comme dans Colot O. (2006) <strong>et</strong> dans Colot<br />

O. <strong>et</strong> Dupont C. (2006a, 2006b).<br />

<strong>Le</strong>s résultats des tests montr<strong>en</strong>t que le processus de transmission<br />

influ<strong>en</strong>ce la performance des PME, du moins familiales. Plusieurs facteurs<br />

sont analysés par Colot.<br />

a) L’<strong>en</strong>racinem<strong>en</strong>t du dirigeant<br />

Selon les résultats, « L’<strong>en</strong>racinem<strong>en</strong>t du dirigeant membre de la famille a<br />

une influ<strong>en</strong>ce positive sur les performances de l’<strong>en</strong>treprise tant qu’il reste<br />

<strong>en</strong> place. Cep<strong>en</strong>dant, après le départ du dirigeant <strong>en</strong>raciné, l’évolution de<br />

la performance est négative alors que celle des PME familiales transmises<br />

<strong>et</strong> dont le dirigeant n’était pas <strong>en</strong>raciné est <strong>en</strong> progression. » (Colot O.,<br />

2007 : 337).<br />

b) La préparation de la transmission<br />

Etonnamm<strong>en</strong>t, les résultats obt<strong>en</strong>us par l’auteur ne perm<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t pas<br />

d’’id<strong>en</strong>tifier ce facteur comme discriminant au niveau des performances<br />

des PME familiales. Ce constat surpr<strong>en</strong>ant pourrait prov<strong>en</strong>ir du fait que<br />

40


l’échantillon étudié n’était constitué que de PME <strong>en</strong>core <strong>en</strong> activité <strong>et</strong> que<br />

les PME non préparées qui ont disparu n’ont pu être interrogées. En outre,<br />

les tests réalisés sur les PME non familiales montr<strong>en</strong>t que la performance<br />

après la transmission se dégrade <strong>en</strong> l’abs<strong>en</strong>ce de préparation.<br />

c) <strong>Le</strong> contexte de la transmission<br />

<strong>Le</strong>s analyses démontr<strong>en</strong>t un eff<strong>et</strong> négatif sur les performances, p<strong>en</strong>dant<br />

<strong>en</strong>viron deux ans, des transmissions suite au décès du dirigeant. Par<br />

contre, les performances réalisées par les PME familiales transmises lors<br />

du départ à la r<strong>et</strong>raite du dirigeant s’amélior<strong>en</strong>t directem<strong>en</strong>t après la<br />

transmission.<br />

d) <strong>Le</strong> type de repr<strong>en</strong>eur<br />

<strong>Le</strong> type de repr<strong>en</strong>eur a égalem<strong>en</strong>t un impact sur les performances de la<br />

PME familiale. <strong>Le</strong>s résultats m<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce une dégradation de la<br />

performance lors des années qui suiv<strong>en</strong>t la transmission <strong>en</strong> cas de<br />

transmission à un repr<strong>en</strong>eur externe tandis que dans le cas d’une<br />

transmission à un repr<strong>en</strong>eur interne, la t<strong>en</strong>dance inverse est constatée.<br />

e) La technique de transmission<br />

Selon que la PME familiale se transm<strong>et</strong> par donation, par succession ou<br />

par rev<strong>en</strong>te, les performances seront très différ<strong>en</strong>tes. <strong>Le</strong>s PME familiales<br />

transmises par succession subiss<strong>en</strong>t une baise de leur performance<br />

p<strong>en</strong>dant les deux années après la transmission. Par la suite, la situation<br />

s’améliore. La technique de transmission par rev<strong>en</strong>te, quant à elle, a une<br />

influ<strong>en</strong>ce positive. Pour ce qui est de la donation, l’abs<strong>en</strong>ce de<br />

significativité des résultats ne perm<strong>et</strong> pas de tirer de conclusions.<br />

A la lumière de ces différ<strong>en</strong>ts résultats, l’auteur formule une série de<br />

recommandations <strong>en</strong> vue d’améliorer les chances de réussite de la<br />

transmission de la PME familiale :<br />

1) pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte la longueur du processus de transmission ;<br />

2) recourir à l’avis d’experts externes à l’<strong>en</strong>treprise, étant donné la<br />

complexité du processus <strong>et</strong> son caractère peu récurr<strong>en</strong>t dans la<br />

vie de l’<strong>en</strong>treprise ;<br />

41


3) communiquer : la principale cause de l’abs<strong>en</strong>ce de préparation<br />

provi<strong>en</strong>t des facteurs affectifs <strong>et</strong> humains. Pour les réduire, selon<br />

Colot, il s’agit de communiquer <strong>et</strong> de perm<strong>et</strong>tre à tout le monde<br />

dans la famille de s’exprimer sur le suj<strong>et</strong>. Il faudra égalem<strong>en</strong>t<br />

fournir une information de qualité <strong>en</strong>vers les travailleurs, les<br />

cli<strong>en</strong>ts, les fournisseurs, les banquiers, tous les acteurs<br />

concernés par la transmission pouvant m<strong>et</strong>tre <strong>en</strong> place certaines<br />

formes de résistance ;<br />

4) gérer <strong>et</strong> organiser : la rédaction d’un plan stratégique familial <strong>et</strong> la<br />

mise <strong>en</strong> place de structures de gouvernance adaptées<br />

augm<strong>en</strong>teront les chances de réussite de la transmission ;<br />

5) bi<strong>en</strong> choisir la modalité de transmission, la succession familiale<br />

n’étant pas toujours la meilleure solution ;<br />

6) concevoir la transmission comme une transition inscrite dans une<br />

certaine durée.<br />

Néanmoins, Colot souligne que chaque transmission est un cas unique,<br />

chaque <strong>en</strong>treprise familiale <strong>et</strong> chaque <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur étant particulier. Il est<br />

donc vain de vouloir établir une hiérarchie universelle des techniques de<br />

transmission les plus efficaces.<br />

BUGHIN Ch., COLOT O., FINET A., VANDER CASSYEN B. (2009) :<br />

transmission des <strong>en</strong>treprises familiales <strong>et</strong> gouvernance cognitive<br />

Dans c<strong>et</strong> article, qui s’inscrit très fortem<strong>en</strong>t dans le prolongem<strong>en</strong>t des<br />

travaux antérieurs de Colot, les auteurs s’intéress<strong>en</strong>t aux <strong>en</strong>treprises<br />

familiales, <strong>et</strong> plus particulièrem<strong>en</strong>t à un des facteurs déterminants du<br />

succès de leur transmission : la nature interne ou externe à la famille, dû à<br />

la famille du repr<strong>en</strong>eur. Sur la base d’un cadre d’analyse théorique<br />

cognitiviste de la gouvernance d’<strong>en</strong>treprise, ils ém<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t l’hypothèse qu’un<br />

successeur interne est plus garant de succès. Selon eux, l’immersion d’un<br />

repr<strong>en</strong>eur interne au sein de l’<strong>en</strong>treprise <strong>et</strong> de la famille procurerait à<br />

celui-ci des avantages perm<strong>et</strong>tant d’id<strong>en</strong>tifier les ressources cognitives de<br />

l’<strong>en</strong>treprise <strong>et</strong> d’<strong>en</strong> inférer les opportunités stratégiques adéquates, selon<br />

un processus de prise de décision collégial assurant la résolution des<br />

conflits cognitifs sous-jac<strong>en</strong>ts. En outre, la perturbation <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drée par une<br />

transmission externe serait plus grande que celle liée à une transmission<br />

interne.<br />

42


<strong>Le</strong>s auteurs test<strong>en</strong>t, avec succès, c<strong>et</strong>te hypothèse sur un échantillon de<br />

PME familiales belges non cotées ayant connu une transmission. Ce test se<br />

fonde sur la comparaison d’un certain nombre d’indicateurs de r<strong>en</strong>tabilité<br />

selon que le repr<strong>en</strong>eur est interne ou externe. <strong>Le</strong>s données utilisées par les<br />

auteurs sont id<strong>en</strong>tiques à celles examinées par Colot O. (2006).<br />

<strong>Le</strong>s traitem<strong>en</strong>ts statistiques des diverses données collectées indiqu<strong>en</strong>t une<br />

relation positive <strong>en</strong>tre le choix d’un repr<strong>en</strong>eur interne <strong>et</strong> les performances<br />

commerciale, économique <strong>et</strong> financière d'une <strong>en</strong>treprise familiale après sa<br />

transmission. <strong>Le</strong>s auteurs démontr<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t une chute progressive de<br />

la performance lors des années qui suiv<strong>en</strong>t la transmission <strong>en</strong> cas de<br />

repr<strong>en</strong>eur externe alors que, dans le cas de transmission interne, la<br />

t<strong>en</strong>dance inverse est confirmée. <strong>Le</strong> profil cognitif du repr<strong>en</strong>eur interne<br />

semble donc, selon les auteurs, mieux à même de relever les défis d’une<br />

gouvernance cognitive, particulièrem<strong>en</strong>t d’application au sein des<br />

<strong>en</strong>treprises familiales. <strong>Le</strong>s résultats indiqu<strong>en</strong>t aussi qu’un peu plus d’une<br />

transmission interne sur deux se réalise sans aucune difficulté alors que<br />

c’est seulem<strong>en</strong>t le cas pour un peu plus d’un tiers des transmissions<br />

externes.<br />

COLOT O. (2009) : préparation des PME familiales à la transmission <strong>et</strong><br />

impact sur la performance<br />

L’auteur s’interroge sur les difficultés éprouvées lors de la transmission<br />

des <strong>en</strong>treprises familiales à la génération suivante. Pour se faire, il a<br />

recourt aux mêmes données que celles exploitées dans ses publications<br />

antérieures que nous v<strong>en</strong>ons de prés<strong>en</strong>ter. La méthodologie utilisée est<br />

similaire à celle adoptée dans Colot O., Dupont C. (2006a, b), à savoir celle<br />

du pairage statistique, qui perm<strong>et</strong> de comparer les performances de PME<br />

familiales préparées à la transmission à celles d'homologues non<br />

préparées.<br />

L’hypothèse testée lors des traitem<strong>en</strong>ts statistiques est que la performance<br />

économique <strong>et</strong> financière d’une PME familiale après la transmission varie<br />

de manière négative lorsque le processus de transmission n’est pas<br />

préparé.<br />

<strong>Le</strong>s résultats obt<strong>en</strong>us ne perm<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t pas de valider c<strong>et</strong>te hypothèse.<br />

Cep<strong>en</strong>dant, ils indiqu<strong>en</strong>t que l’évolution des performances des PME non<br />

43


familiales après la transmission (observée sur trois ans) est <strong>en</strong>core plus<br />

négative <strong>en</strong> cas de non-préparation.<br />

4. Transmission <strong>et</strong> évaluation stratégique de l’<strong>en</strong>treprise<br />

Deux publications sont reprises dans c<strong>et</strong>te section, toutes issues de<br />

membres d’une même équipe de recherche de l’Université de Liège. <strong>Le</strong>ur<br />

préoccupation concerne l’évaluation de la PME qui fait l’obj<strong>et</strong> de la<br />

transmission <strong>et</strong> l’élaboration d’une méthode perm<strong>et</strong>tant c<strong>et</strong>te opération<br />

évaluative. La discipline de référ<strong>en</strong>ce s’avère être clairem<strong>en</strong>t les sci<strong>en</strong>ces<br />

de la gestion <strong>et</strong> le niveau d’analyse est celui de la firme.<br />

SANTIN S., VAN CAILLIE D. (2006) : diagnostic préalable à la transmission<br />

<strong>et</strong> stratégie de reprise de la PME<br />

Ces deux chercheurs propos<strong>en</strong>t, dans c<strong>et</strong> article, un référ<strong>en</strong>tiel théorique<br />

perm<strong>et</strong>tant de réaliser l’évaluation de la PME à repr<strong>en</strong>dre. C<strong>et</strong> article ne<br />

constitue donc pas une recherche empirique à proprem<strong>en</strong>t parler <strong>et</strong> ne<br />

prés<strong>en</strong>te pas de résultats d’observation.<br />

<strong>Le</strong> référ<strong>en</strong>tiel développé s’appuie sur un modèle basé sur le « tableau de<br />

bord équilibré » ou « Balanced ScoreCard », <strong>en</strong>richi de trois dim<strong>en</strong>sions<br />

liées respectivem<strong>en</strong>t aux caractéristiques du profil de l’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur<br />

dominant, aux caractéristiques de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t conjoncturel <strong>et</strong><br />

concurr<strong>en</strong>tiel de la PME <strong>et</strong> aux caractéristiques de son portefeuille de<br />

ressources rares. La prise <strong>en</strong> compte de ces élém<strong>en</strong>ts doit aider au bilan<br />

de la performance de la PME à repr<strong>en</strong>dre. D’une part, le référ<strong>en</strong>tiel perm<strong>et</strong><br />

de situer la PME à repr<strong>en</strong>dre au sein d’un des huit profils d’<strong>en</strong>treprise<br />

id<strong>en</strong>tifiables sur la base du modèle. Il perm<strong>et</strong>, d’autre part, d’ori<strong>en</strong>ter, dans<br />

un second temps, la définition de la stratégie de reprise de l’<strong>en</strong>treprise.<br />

Comme l’exprim<strong>en</strong>t les deux chercheurs, l’obj<strong>et</strong> de la publication relève<br />

donc du registre fondam<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t théorique <strong>et</strong> conceptuel : il s’agit de<br />

réconcilier les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts issus de la thématique de la reprise de la<br />

PME avec ceux portant sur la (non) performance de la PME. L’ambition est<br />

de proposer une analyse unifiée sous l’angle exclusif de la reprise de la<br />

PME, <strong>en</strong> démontrant la forte relation de conting<strong>en</strong>ce qui existe <strong>en</strong>tre le<br />

44


ésultat du diagnostic préalable à toute transmission de PME <strong>et</strong> la stratégie<br />

de reprise adoptée par le repr<strong>en</strong>eur.<br />

En termes de méthode, les auteurs s’appui<strong>en</strong>t sur une relecture critique <strong>et</strong><br />

systématique de la littérature consacrée spécifiquem<strong>en</strong>t aux facteurs de<br />

(non) performance des PME. Pour ce faire, ils se focalis<strong>en</strong>t sur la<br />

thématique de la reprise de PME, lorsque celle-ci se trouve dans une<br />

perspective de discontinuité d’exploitation due à la transmission de son<br />

pouvoir de propriété <strong>et</strong> de son pouvoir de gestion.<br />

VAN CAILLIE D., SANTIN S., CRUTZEN N., KABWIGIRI G. (2006) : l’analyse<br />

des symptômes de déséquilibre de la PME à repr<strong>en</strong>dre, facteur-clé du<br />

succès du processus de reprise<br />

<strong>Le</strong>s auteurs part<strong>en</strong>t d’un double constat. D’une part, le champ de la<br />

recherche sur les PME s’est fortem<strong>en</strong>t développé lors des trois dernières<br />

déc<strong>en</strong>nies mais les thématiques de la reprise <strong>et</strong> du redressem<strong>en</strong>t de la<br />

PME n’ont fait l’obj<strong>et</strong> que de rares contributions spécifiques. D’autre part,<br />

la problématique de la reprise de la PME n’est pas restée totalem<strong>en</strong>t<br />

méconnue du monde de la recherche sci<strong>en</strong>tifique mais elle a souv<strong>en</strong>t été<br />

traitée de manière très indirecte, non homogène <strong>et</strong> non spécifique.<br />

C’est dans ce contexte que Van Caillie <strong>et</strong> consorts se fix<strong>en</strong>t comme objectif<br />

de réconcilier les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts issus de ces deux thématiques <strong>et</strong> d’<strong>en</strong><br />

proposer une analyse unifiée, sous l’angle spécifique de la reprise de la<br />

PME.<br />

Dans un premier temps, les auteurs établiss<strong>en</strong>t, sur la base de la<br />

littérature, une typologie des cas de reprise de PME. Dans le contexte<br />

belge du début des années ’90, les cas de reprise de PME peuv<strong>en</strong>t être<br />

classés <strong>en</strong> utilisant une typologie basée sur deux critères<br />

complém<strong>en</strong>taires : la rupture (ou non) du processus de transmission<br />

intergénérationnel <strong>et</strong> le niveau de performance de l’<strong>en</strong>treprise. <strong>Le</strong><br />

croisem<strong>en</strong>t de ces critères fournit donc 4 « situations types » de reprise de<br />

PME.<br />

A l’issue de c<strong>et</strong>te analyse, les auteurs formul<strong>en</strong>t deux constats :<br />

1) dans le cadre du paradigme de l’<strong>en</strong>treprise créatrice de valeur,<br />

toute PME, au mom<strong>en</strong>t de sa reprise, prés<strong>en</strong>te des déséquilibres,<br />

plus ou moins importants <strong>et</strong> hérités de son évolution ;<br />

45


2) l’id<strong>en</strong>tification de ces déséquilibres <strong>et</strong> leur évaluation par une<br />

Balanced Score Card propre au processus de la reprise d’une<br />

PME devrait perm<strong>et</strong>tre de diagnostiquer les conditions de<br />

performance de c<strong>et</strong>te PME. Ce diagnostic devrait aider à<br />

l’élaboration d’une stratégie de reprise adéquate correspondant<br />

tant aux aspirations <strong>et</strong> aux att<strong>en</strong>tes du repr<strong>en</strong>eur <strong>et</strong> qu’aux<br />

caractéristiques particulières de la performance de l’<strong>en</strong>treprise<br />

concernée.<br />

Dans le dernier vol<strong>et</strong> de leur article, les auteurs t<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t de valider<br />

empiriquem<strong>en</strong>t ces constats. Pour ce faire, ils examin<strong>en</strong>t 6 cas de reprise<br />

de PME, opérées durant la période 2001-2006 par un même <strong>et</strong> unique<br />

repr<strong>en</strong>eur dans le secteur agro-alim<strong>en</strong>taire.<br />

<strong>Le</strong>s 6 cas de reprise étudiés ont eu lieu <strong>en</strong>tre 2001 <strong>et</strong> 2005, période d’une<br />

stabilité conjoncturelle, <strong>et</strong> toutes <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong>, qui constitue un<br />

<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t juridique, fiscal <strong>et</strong> social homogène <strong>et</strong> stable durant c<strong>et</strong>te<br />

période. Ces 6 cas concern<strong>en</strong>t tous des PME (au s<strong>en</strong>s fixé par les auteurs :<br />

<strong>en</strong>tités occupant moins de 20 personnes <strong>et</strong> dont le pouvoir de propriété <strong>et</strong><br />

le pouvoir de contrôle managérial initial est aux mains d’un ou de plusieurs<br />

<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs individuels, parfois accompagnés de leur famille).<br />

Sur le plan méthodologique, les auteurs procèd<strong>en</strong>t d’abord par un <strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong><br />

ouvert avec ce repr<strong>en</strong>eur à propos de sa vision de l’historique de chaque<br />

société, de son analyse ex-post du diagnostic de reprise réalisé à l’époque<br />

de chaque reprise <strong>et</strong> sur l’analyse critique ex-post des stratégies de<br />

reprise mises <strong>en</strong> place dans chaque cas. Ensuite, un <strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong> dirigé a lieu<br />

avec le repr<strong>en</strong>eur : il lui est demandé d’id<strong>en</strong>tifier <strong>et</strong> de pondérer, sur la<br />

base d’une grille de lecture préétablie des symptômes de non performance<br />

des PME reprises, le ou les deux principaux élém<strong>en</strong>ts.<br />

Plusieurs élém<strong>en</strong>ts ressort<strong>en</strong>t de l’analyse :<br />

1) l’influ<strong>en</strong>ce exercée par le cédant est déterminante <strong>et</strong> ce, quel que<br />

soit le cas étudié ;<br />

46


2) il y a une forte complém<strong>en</strong>tarité <strong>en</strong>tre les faiblesses <strong>et</strong> les besoins<br />

de l’<strong>en</strong>treprise cédée <strong>et</strong> les apports de la part du repr<strong>en</strong>eur<br />

(moy<strong>en</strong>s financiers nécessaires au redéploiem<strong>en</strong>t de l’<strong>en</strong>treprise,<br />

apports de nouvelles compét<strong>en</strong>ces managériales dont<br />

l’<strong>en</strong>treprise était <strong>en</strong> manque, réseau de relations du repr<strong>en</strong>eur au<br />

sein d’un secteur dont il maîtrise bi<strong>en</strong> la « chaîne de valeur »<br />

industrielle) ;<br />

3) la seule décision de « non reprise » observée résulte d’une erreur<br />

d’appréciation dans le diagnostic préalable à la reprise ;<br />

4) dans la majorité des cas, les choix de reprise <strong>et</strong> les stratégies de<br />

redressem<strong>en</strong>t développées s’inscriv<strong>en</strong>t dans la conviction que les<br />

problèmes de non performance de la PME concernée à l’instant<br />

de sa reprise peuv<strong>en</strong>t être solutionnés à brève échéance (3<br />

années).<br />

C<strong>et</strong>te première validation empirique des outils proposés, montre, selon les<br />

auteurs, qu’ils perm<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t de mieux compr<strong>en</strong>dre les choix <strong>en</strong> matière de<br />

(non) reprise d’une PME <strong>et</strong> de stratégie de reprise mise <strong>en</strong> œuvre par la<br />

suite.<br />

5. <strong>Le</strong>s acteurs de la transmission dans l’<strong>en</strong>treprise<br />

familiale<br />

Alors que les articles prés<strong>en</strong>tés précédemm<strong>en</strong>t abord<strong>en</strong>t le phénomène<br />

repr<strong>en</strong>eurial principalem<strong>en</strong>t sous l’angle systémique ou processuel, les<br />

travaux qui vont être examinés dans c<strong>et</strong>te section privilégi<strong>en</strong>t les acteurs<br />

de la transmission <strong>et</strong>, ce faisant, adopt<strong>en</strong>t une perspective plus micro. De<br />

plus, ils limit<strong>en</strong>t leur champ d’investigation exclusivem<strong>en</strong>t aux acteurs<br />

relevant des <strong>en</strong>treprises familiales. La discipline de référ<strong>en</strong>ce est, dans la<br />

majorité des cas, la sociologie. La méthodologie, qui repose<br />

principalem<strong>en</strong>t sur l’utilisation d’<strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>s, est surtout de nature<br />

qualitative. La démarche des chercheurs relève de la compréh<strong>en</strong>sion plutôt<br />

que de l’explication ou de la description, à la différ<strong>en</strong>ce des textes abordés<br />

dans les autres sections de notre article.<br />

<strong>Le</strong> thème du pouvoir, de sa transmission <strong>et</strong> de son partage est, plus ou<br />

moins explicitem<strong>en</strong>t, prés<strong>en</strong>t dans chaque contribution. En outre, à<br />

47


l’exception de l’une d’<strong>en</strong>tre elles, le g<strong>en</strong>re apparaît comme étant une<br />

composante analytique fondam<strong>en</strong>tale.<br />

CONSTANTINIS C., CORNET A. (2006) : difficultés <strong>et</strong> stratégies des femmes<br />

repr<strong>en</strong>euses d’une <strong>en</strong>treprise familiale<br />

Dans c<strong>et</strong> article, les auteures se p<strong>en</strong>ch<strong>en</strong>t sur la reprise d’<strong>en</strong>treprise<br />

familiale par les filles d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs <strong>et</strong> t<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t de m<strong>et</strong>tre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce les<br />

particularités de ce phénomène. Ils examin<strong>en</strong>t notamm<strong>en</strong>t les différ<strong>en</strong>tes<br />

stratégies développées par les femmes repr<strong>en</strong>euses dans ce contexte<br />

précis pour établir leur crédibilité <strong>et</strong> affirmer leur id<strong>en</strong>tité de dirigeant<br />

d’<strong>en</strong>treprise. Ces stratégies r<strong>en</strong>voi<strong>en</strong>t aux choix des personnes-clés dans<br />

l’<strong>en</strong>tourage, au développem<strong>en</strong>t de compét<strong>en</strong>ces particulières, à la gestion<br />

des ressources humaines, ou aux pratiques <strong>en</strong> matière financière <strong>et</strong><br />

bancaire.<br />

En termes méthodologiques, la recherche allie approche quantitative <strong>et</strong><br />

qualitative. D’une part, un travail analytique est m<strong>en</strong>é sur des données<br />

statistiques existant <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong> <strong>et</strong> des données d’<strong>en</strong>quête (les résultats<br />

chiffrés ne sont cep<strong>en</strong>dant pas détaillés dans l’article). <strong>Le</strong>s auteures<br />

inclu<strong>en</strong>t leur population d’<strong>en</strong>quête toutes les femmes relevant du statut<br />

social des travailleurs indép<strong>en</strong>dants (travailleurs indép<strong>en</strong>dants à titre<br />

principal ou complém<strong>en</strong>taire <strong>et</strong> conjoints-aidants), y compris les personnes<br />

exerçant une profession libérale (personne physique). Elles considèr<strong>en</strong>t<br />

égalem<strong>en</strong>t les femmes impliquées dans la gestion d’une <strong>en</strong>treprise<br />

constituée <strong>en</strong> société (personne morale)<br />

D’autre part, un exam<strong>en</strong> qualitatif de vingt-cinq interviews de filles<br />

d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs ayant été am<strong>en</strong>ées à repr<strong>en</strong>dre l’<strong>en</strong>treprise familiale est<br />

réalisé. <strong>Le</strong>s auteures étudi<strong>en</strong>t les propos récoltés <strong>en</strong> termes de trajectoires<br />

<strong>et</strong> de mobilité professionnelle, afin d’id<strong>en</strong>tifier les mom<strong>en</strong>ts-clés des<br />

parcours des repr<strong>en</strong>euses, de compr<strong>en</strong>dre les choix posés aux différ<strong>en</strong>tes<br />

étapes, <strong>et</strong> de m<strong>et</strong>tre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce les freins <strong>et</strong> opportunités qu’elles<br />

r<strong>en</strong>contrai<strong>en</strong>t, ainsi que le souti<strong>en</strong> dont elles bénéficiai<strong>en</strong>t év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t.<br />

En ce qui concerne le processus de succession, les résultats confirm<strong>en</strong>t<br />

ceux d’autres recherches : deux mom<strong>en</strong>ts clés sont <strong>en</strong> eff<strong>et</strong> id<strong>en</strong>tifiés,<br />

l’<strong>en</strong>trée dans l’<strong>en</strong>treprise familiale, qui peut être considérée comme une<br />

phase d’ « initiation » <strong>et</strong> la reprise de la société <strong>en</strong> tant que telle, qui peut<br />

48


interv<strong>en</strong>ir suite à un événem<strong>en</strong>t imprévu (décès, accid<strong>en</strong>t du dirigeant <strong>en</strong><br />

place) ou qui peut être planifiée de longue date. Dans ce dernier cas, la<br />

reprise elle-même peut, parfois, se décomposer <strong>en</strong> deux mom<strong>en</strong>ts : dans<br />

un premier temps, la fille est nommée à la tête de la société, mais le père<br />

est <strong>en</strong>core prés<strong>en</strong>t, lui transm<strong>et</strong> son savoir <strong>et</strong> son expéri<strong>en</strong>ce, <strong>et</strong> gère un<br />

certain nombre de choses, <strong>et</strong>, dans un second temps, le père se r<strong>et</strong>ire<br />

définitivem<strong>en</strong>t, <strong>et</strong> la fille repr<strong>en</strong>d la direction de manière complète <strong>et</strong><br />

effective.<br />

Entre l’<strong>en</strong>trée dans l’<strong>en</strong>treprise <strong>et</strong> la reprise, les auteures m<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

exergue le processus d’appr<strong>en</strong>tissage que poursuit la femme <strong>en</strong> tant que<br />

salariée dans l’<strong>en</strong>treprise, qui constitue une sorte d’« intégration » dans<br />

l’<strong>en</strong>treprise, puis, év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t, une phase transitoire où la fille repr<strong>en</strong>d<br />

la direction avec le père à ses côtés, qui correspond à la phase de « règneconjoint<br />

».<br />

Pour ce qui est des difficultés r<strong>en</strong>contrées, les résultats sont égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

accord avec la littérature existante (problèmes liés au manque de<br />

crédibilité <strong>en</strong> tant que femme, relations difficiles avec les fournisseurs,<br />

cli<strong>en</strong>ts, <strong>et</strong> employés de l’<strong>en</strong>treprise, nécessité de « faire ses preuves »<br />

avant d’être acceptée comme dirigeante…)<br />

Ces difficultés ressort<strong>en</strong>t principalem<strong>en</strong>t lors des premières années de la<br />

reprise, <strong>et</strong> disparaiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite, tandis que la repr<strong>en</strong>euse acquière plus de<br />

confiance <strong>en</strong> elle <strong>et</strong> m<strong>et</strong> <strong>en</strong> place des stratégies appropriées quant au<br />

choix des personnes-clés dans son <strong>en</strong>tourage, de développem<strong>en</strong>t de<br />

compét<strong>en</strong>ces spécifiques <strong>et</strong>/ou de relations avec les part<strong>en</strong>aires externes.<br />

Dans le même registre, les résultats indiqu<strong>en</strong>t aussi que les cadres de<br />

l’<strong>en</strong>treprise ne sont pas nécessairem<strong>en</strong>t une source de conflits, <strong>et</strong>, au<br />

contraire, assur<strong>en</strong>t parfois le rôle de m<strong>en</strong>tor auprès de la repr<strong>en</strong>euse<br />

avant, p<strong>en</strong>dant <strong>et</strong> après le processus de reprise, <strong>et</strong> dès lors facilit<strong>en</strong>t la<br />

transition.<br />

Comme dans d’autres recherches, les résultats montr<strong>en</strong>t que, <strong>en</strong> général,<br />

pour affronter les év<strong>en</strong>tuelles difficultés <strong>en</strong> matière de gestion du<br />

personnel, les repr<strong>en</strong>euses vont <strong>en</strong>tr<strong>et</strong><strong>en</strong>ir <strong>et</strong> développer de bonnes<br />

relations avec leur personnel, sur la base du respect mutuel <strong>et</strong> de la<br />

transpar<strong>en</strong>ce.<br />

49


De même, malgré les difficultés que le « règne-conjoint » peut <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drer,<br />

l’étude id<strong>en</strong>tifie les avantages qui peuv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> découler (connaissance du<br />

fonctionnem<strong>en</strong>t de l’<strong>en</strong>treprise, compét<strong>en</strong>ces techniques, humaines, <strong>et</strong><br />

managériales, contacts professionnels, support pratique <strong>et</strong> moral des<br />

fondateurs, <strong>et</strong>c.)<br />

Selon les auteures, les différ<strong>en</strong>ts résultats doiv<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant être<br />

considérés avec circonspection : les <strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>s m<strong>en</strong>és sont trop peu<br />

nombreux pour couvrir la diversité des situations susceptibles de se<br />

prés<strong>en</strong>ter. En outre, la recherche porte uniquem<strong>en</strong>t sur les filles<br />

d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs dans les situations de reprise d’<strong>en</strong>treprise familiale, <strong>et</strong><br />

n’autorise donc pas une analyse comparative <strong>en</strong>tre hommes <strong>et</strong> femmes.<br />

CONSTANTINIS C., SANTIN S. (2007) : scénarios de reprise de l’<strong>en</strong>treprise<br />

familiale par des filles d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs<br />

C<strong>et</strong> article s’inscrit dans la continuité de celui rédigé par Constandinis C. <strong>et</strong><br />

Corn<strong>et</strong> A. (2006) <strong>et</strong> porte égalem<strong>en</strong>t sur la problématique de la reprise<br />

d’<strong>en</strong>treprise familiale par les filles d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs. Son objectif principal<br />

est d’id<strong>en</strong>tifier les acteurs qui intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t aux étapes du processus de<br />

reprise d’une <strong>en</strong>treprise familiale par les filles d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs <strong>et</strong><br />

d’examiner leur influ<strong>en</strong>ce sur l’évolution du processus. <strong>Le</strong>s auteures vis<strong>en</strong>t<br />

aussi l’id<strong>en</strong>tification des différ<strong>en</strong>ts scénarios de reprise observables <strong>en</strong><br />

fonction des motivations des filles, ainsi que l’exam<strong>en</strong> de l’impact que peut<br />

avoir le choix initial du père fondateur <strong>en</strong> matière de successeur <strong>et</strong> celui de<br />

la légitimité des filles d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs auprès des acteurs <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce.<br />

Sur le plan méthodologique, le travail adopte une démarche qualitative <strong>et</strong><br />

porte sur un nombre restreint de cas. De fait, 11 études de cas<br />

approfondies ont été m<strong>en</strong>ées, auprès de filles d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs ayant été<br />

am<strong>en</strong>ées à repr<strong>en</strong>dre l’<strong>en</strong>treprise familiale de leur par<strong>en</strong>ts ou étant <strong>en</strong><br />

cours de processus de succession. La méthode adoptée est c<strong>en</strong>sée<br />

perm<strong>et</strong>tre d’analyser les actions <strong>et</strong> réactions des acteurs, ainsi que leurs<br />

perceptions <strong>et</strong> leurs interprétations, <strong>en</strong> portant une att<strong>en</strong>tion particulière au<br />

contexte d’émerg<strong>en</strong>ce des significations mise <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce, <strong>et</strong> au<br />

processus. La diversification des cas étudiés a été obt<strong>en</strong>ue <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant <strong>en</strong><br />

compte plusieurs critères : les caractéristiques individuelles de la<br />

repr<strong>en</strong>euse (âge, niveau de formation, expéri<strong>en</strong>ce professionnelle,<br />

50


connaissance préalable du secteur) ; la composition de la fratrie ; le<br />

secteur d’activité <strong>et</strong> la taille de la PME familiale <strong>en</strong> terme d’effectif.<br />

<strong>Le</strong>s données qualitatives issues des <strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>s ont été traitées selon un<br />

schéma d’analyse catégorielle ou thématique. <strong>Le</strong>s traitem<strong>en</strong>ts conduis<strong>en</strong>t<br />

à la mise <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce de quatre scénarios de reprise. Chacun se distingue<br />

par l’optique dans laquelle s’inscrit le processus de succession : par choix,<br />

par opportunité, par obligation ou par nécessité. <strong>Le</strong>s traitem<strong>en</strong>ts<br />

perm<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t aussi d’id<strong>en</strong>tifier la prés<strong>en</strong>ce <strong>et</strong> le rôle des différ<strong>en</strong>ts acteurs<br />

dans chaque scénario <strong>et</strong> montr<strong>en</strong>t que l’impact du choix du cédant <strong>en</strong><br />

matière de successeur devait être analysé <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec des facteurs<br />

explicatifs tels que la hiérarchie familiale ou la relation père-fille.<br />

<strong>Le</strong> premier scénario - la reprise de l’<strong>en</strong>treprise familiale par choix - vise les<br />

situations de reprise de l’<strong>en</strong>treprise familiale par la fille de la famille qui le<br />

souhaite dès le plus jeune âge <strong>et</strong> dont tous les choix de vie sont posés <strong>en</strong><br />

ce s<strong>en</strong>s. <strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts, <strong>et</strong> le père surtout, jou<strong>en</strong>t un rôle déterminant <strong>en</strong><br />

initiant leur fille à la vie de l’<strong>en</strong>treprise dès le plus jeune âge, déjà dans<br />

l'optique d’une succession future. La fille apparaît comme successeur<br />

légitime dès le début. L’<strong>en</strong>trée dans l’<strong>en</strong>treprise s’effectue<br />

« naturellem<strong>en</strong>t », pour appr<strong>en</strong>dre le métier <strong>et</strong> dans l’optique de la reprise.<br />

<strong>Le</strong> père lui transm<strong>et</strong> son savoir <strong>et</strong> son expéri<strong>en</strong>ce. La reprise est planifiée<br />

depuis longtemps <strong>et</strong> survi<strong>en</strong>t lors de la r<strong>et</strong>raite définitive des par<strong>en</strong>ts.<br />

Parfois, la reprise intervi<strong>en</strong>t plus tôt que prévu, suite à un décès, un<br />

accid<strong>en</strong>t ou une maladie du père.<br />

<strong>Le</strong> deuxième scénario - la reprise de l’<strong>en</strong>treprise par opportunités -<br />

correspond à une logique de continuité <strong>et</strong> s’inscrit dans une succession<br />

d'événem<strong>en</strong>ts <strong>et</strong> d’opportunités que la fille va investir <strong>et</strong> qui vont la m<strong>en</strong>er<br />

in fine à repr<strong>en</strong>dre l’<strong>en</strong>treprise. <strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts, <strong>et</strong> particulièrem<strong>en</strong>t le père,<br />

n’exerc<strong>en</strong>t pas de pression sur la fille pour assurer la reprise.<br />

<strong>Le</strong> père initie souv<strong>en</strong>t très tôt tous les <strong>en</strong>fants de la famille à la vie de<br />

l'<strong>en</strong>treprise mais, à l’inverse du premier scénario, il n’y a aucun proj<strong>et</strong> de<br />

succession de la part des par<strong>en</strong>ts, du moins pour la fille de la famille.<br />

Arrivée à l’âge adulte, celle-ci saisit l’opportunité d’<strong>en</strong>trer dans l’<strong>en</strong>treprise<br />

familiale pour y travailler. C<strong>et</strong>te étape est perçue comme « normale » par la<br />

famille <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te <strong>en</strong>trée dans l’<strong>en</strong>treprise ne s’intègre pas dans une stratégie<br />

de succession. La fille va y appr<strong>en</strong>dre le métier <strong>et</strong> tirer profit de<br />

l’expéri<strong>en</strong>ce du père <strong>et</strong> de ses collaborateurs.<br />

51


Enfin, un événem<strong>en</strong>t décl<strong>en</strong>cheur pose la question de la transmission<br />

(départ à la r<strong>et</strong>raite du père, décès du père, désistem<strong>en</strong>t du frère…) <strong>et</strong> la<br />

fille apparaît comme la seule chance de pér<strong>en</strong>nité de l’<strong>en</strong>treprise. Etant<br />

donné son degré d’implication dans la firme, il lui paraît normal <strong>et</strong><br />

nécessaire de repr<strong>en</strong>dre les commandes <strong>et</strong> d’assurer la reprise.<br />

<strong>Le</strong> troisième scénario - la reprise suite à la volonté du père – se<br />

caractérise par un rapport d’autorité du père <strong>en</strong>vers sa fille. Tous les<br />

<strong>en</strong>fants sont initiés à la vie de l'<strong>en</strong>treprise dès leur <strong>en</strong>fance <strong>et</strong>, par la suite,<br />

leur implication professionnelle dans l’<strong>en</strong>treprise correspond à des<br />

pressions familiales, notamm<strong>en</strong>t la volonté paternelle. S’il y a un fils dans<br />

la famille, il est souv<strong>en</strong>t prévu que la succession lui incombe. Dans ce cas,<br />

le choix de la fille pour la reprise fait suite au désistem<strong>en</strong>t des fils <strong>et</strong><br />

correspond à un choix par défaut.<br />

Dans le dernier scénario - la reprise par nécessité - la transmission n’est ni<br />

prévue, ni préparée. Il n’y a aucun repr<strong>en</strong>eur pot<strong>en</strong>tiel a priori. La<br />

succession survi<strong>en</strong>t suite à un événem<strong>en</strong>t imprévu comme, par exemple,<br />

le décès du père dirigeant. La fille n’a pas suivi d’études dans le secteur<br />

de l’<strong>en</strong>treprise familiale, ni <strong>en</strong> gestion. Elle n’a pas été initiée à la vie de<br />

l’<strong>en</strong>treprise <strong>et</strong> n’y a travaillé. A la situation de crise, elle apparaît comme la<br />

dernière solution pour sauver l’<strong>en</strong>treprise.<br />

Au regard des acteurs <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce, la plupart des repr<strong>en</strong>euse ont connu<br />

des difficultés quant à leur légitimité vis-à-vis des acteurs internes <strong>et</strong><br />

externes à la firme. Néanmoins, ces difficultés sont r<strong>en</strong>contrées<br />

principalem<strong>en</strong>t dans les premières années de la reprise. Elles s’atténu<strong>en</strong>t<br />

par la suite.<br />

<strong>Le</strong>s deux chercheuses m<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce la prépondérance<br />

de deux acteurs tout au long du processus de transmission : le père <strong>et</strong> la<br />

fratrie. <strong>Le</strong> plus souv<strong>en</strong>t, le choix du successeur par le père se porte de<br />

préfér<strong>en</strong>ce sur le fils <strong>et</strong> il s’agit d’un facteur important quant au processus<br />

de succession. Néanmoins, l’article démontre que c’est principalem<strong>en</strong>t la<br />

manière dont le père souti<strong>en</strong>t sa fille dans la reprise qui est déterminante.<br />

<strong>Le</strong>s cas où les difficultés ress<strong>en</strong>ties sont importantes sont ceux dans<br />

lesquels le père n’apporte pas son souti<strong>en</strong> à sa fille ou le lui apporte par<br />

dépit, quand le fils se soustrait à la reprise.<br />

52


LAMBRECHT J., PIRNAY F. (2008) : la transmission du pouvoir dans les<br />

<strong>en</strong>treprises familiales<br />

Dans c<strong>et</strong> ouvrage, les auteurs prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t les résultats de leurs travaux de<br />

recherche, financés par l’Institut de l’Entreprise Familiale, sur le<br />

<strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> dans les <strong>en</strong>treprises de ce type, <strong>et</strong> plus particulièrem<strong>en</strong>t sur la<br />

transmission du pouvoir <strong>en</strong> leur sein.<br />

Méthodologiquem<strong>en</strong>t parlant, c<strong>et</strong>te recherche s’appuie sur une série de<br />

lectures, d’analyses, d’observations <strong>et</strong> d’interviews. La littérature<br />

consultée conti<strong>en</strong>t tant des articles sci<strong>en</strong>tifiques que de vulgarisation. Sur<br />

le plan empirique, les deux chercheurs opt<strong>en</strong>t pour l’utilisation de cas<br />

pratiques. Ceux-ci sont au nombre de 11 <strong>et</strong> sont appréh<strong>en</strong>dés grâce à 23<br />

<strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>s. <strong>Le</strong>s cas ont été choisis sur la base de critères objectifs (classe<br />

de taille, génération, type de <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong>…) <strong>et</strong> de la connaissance a priori<br />

de la situation de terrain. <strong>Le</strong> nombre de cas a été défini <strong>en</strong> raison du<br />

principe de saturation de l’information.<br />

Dans la mesure du possible, les auteurs ont m<strong>en</strong>é des <strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>s <strong>en</strong><br />

<strong>en</strong>treprise tant avec les cédants qu’avec les repr<strong>en</strong>eurs.<br />

<strong>Le</strong>s thèmes abordés par l’ouvrage sont très nombreux <strong>et</strong> couvr<strong>en</strong>t de<br />

multiples dim<strong>en</strong>sions de la transmission : les implications de la passation<br />

du pouvoir dans l’<strong>en</strong>treprise familiale, les difficultés observées, tant du<br />

point de vue du cédant que de celui du repr<strong>en</strong>eur, le phasage du<br />

processus…<br />

Dans l’<strong>en</strong>semble, les résultats prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t des similarités avec les élém<strong>en</strong>ts<br />

que nous avons mis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce dans une de nos précéd<strong>en</strong>tes<br />

publications (Guyot J.L., Van Cutsem M., 2010), aussi nous ne nous<br />

attarderons pas à les repr<strong>en</strong>dre ici. Il nous semble plus intéressant de nous<br />

p<strong>en</strong>cher sur les 10 recommandations développées à l’issue de l’exposé de<br />

ces résultats.<br />

La première recommandation « considérez la transmission de pouvoir<br />

comme un processus ou une évolution <strong>et</strong> non comme une révolution »<br />

souligne l’importance de la continuité <strong>et</strong> de la progressivité du processus<br />

de transmission, celle-ci ne pouvant, pour être m<strong>en</strong>ée à bi<strong>en</strong>, s’inscrire<br />

dans une temporalité de court terme <strong>et</strong> dans une dynamique d’urg<strong>en</strong>ce <strong>et</strong><br />

de précipitation. Dans ce cadre, l’étape du règne conjoint est importante<br />

est doit être gérée au mieux. La transmission doit être une évolution dans<br />

53


laquelle on laisse le temps au temps, successeur <strong>et</strong> cédant connaissant,<br />

lors du processus, un certain nombre de « métamorphoses », pour<br />

repr<strong>en</strong>dre l’expression des auteurs. <strong>Le</strong> successeur doit progressivem<strong>en</strong>t<br />

acquérir le pouvoir, ce qui implique sa capacité à gagner <strong>en</strong> confiance <strong>en</strong><br />

soi <strong>et</strong> <strong>en</strong> autrui. Il doit donc éviter toute crispation <strong>et</strong> t<strong>en</strong>sion de sa part.<br />

L’acquisition d’une légitimité <strong>et</strong> d’une id<strong>en</strong>tité propre (se faire un prénom)<br />

demande uniquem<strong>en</strong>t du temps. L’exig<strong>en</strong>ce de temps s’exprime<br />

égalem<strong>en</strong>t dans les rapports avec les autres acteurs <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce (salariés,<br />

cli<strong>en</strong>ts, fournisseurs…)<br />

Dans un deuxième temps, les auteurs invit<strong>en</strong>t à « ne pas transm<strong>et</strong>tre<br />

uniquem<strong>en</strong>t la gestion quotidi<strong>en</strong>ne au successeur familial mais aussi la<br />

propriété <strong>et</strong> la connaissance implicite ». Qui dit transmission de pouvoir dit<br />

égalem<strong>en</strong>t transmission d’influ<strong>en</strong>ce <strong>et</strong> de savoirs. Une transition réussie<br />

suppose une passation qui ne se limite pas à la gestion quotidi<strong>en</strong>ne <strong>et</strong> aux<br />

capitaux matériels. Elle doit concerner égalem<strong>en</strong>t les connaissances<br />

implicites (connaissance spécifique relatives à l’<strong>en</strong>treprise, notamm<strong>en</strong>t<br />

l’information sur l’histoire des cli<strong>en</strong>ts importants, sur les achats auprès de<br />

fournisseurs, ...)<br />

En troisième lieu, il convi<strong>en</strong>t de « considérer l’éducation comme le berceau<br />

de la transmission de pouvoir ». L’<strong>en</strong>treprise familiale se caractérise par<br />

une « familiness », constellation incluant les connaissances<br />

professionnelles <strong>et</strong> celle de l’<strong>en</strong>treprise, les traits de caractère d’un<br />

<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur, les valeurs <strong>et</strong> l’esprit d’<strong>en</strong>treprise. Selon les auteurs, ces<br />

élém<strong>en</strong>ts de « familiness » sont transmis principalem<strong>en</strong>t à travers<br />

l’éducation. Elle constituerait, selon leurs propos, la première étape du<br />

traj<strong>et</strong> de succession.<br />

<strong>Le</strong> quatrième conseil porte sur la communication. Une communication<br />

régulière avant, p<strong>en</strong>dant <strong>et</strong> après la transmission de pouvoir, doit<br />

s’effectuer égalem<strong>en</strong>t d’une manière formelle. Avant la transmission, elle<br />

est nécessaire afin d’éviter toute erreur chez le successeur <strong>et</strong> toute<br />

ambigüité <strong>en</strong>tre cédant <strong>et</strong> repr<strong>en</strong>eur. En cours de processus, la<br />

communication perm<strong>et</strong> de désamorcer les év<strong>en</strong>tuelles t<strong>en</strong>sions qui<br />

peuv<strong>en</strong>t surgir <strong>en</strong>tre successeur <strong>et</strong> cédant. Enfin, la communication au<br />

terme de la transmission perm<strong>et</strong> d’évaluer la qualité du processus <strong>et</strong><br />

d’expliciter les s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts portés sur celui-ci. Pour les auteurs, il est<br />

important que la communication s’effectue de façon formelle : successeur<br />

54


<strong>et</strong> cédant devrai<strong>en</strong>t se r<strong>en</strong>contrer un certain nombre de fois par an, à des<br />

mom<strong>en</strong>ts déterminés afin de pr<strong>en</strong>dre du recul <strong>et</strong> d’échanger réellem<strong>en</strong>t,<br />

même sur des questions épineuses.<br />

<strong>Le</strong>s auteurs conseill<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t, au cédant, de se séparer des symboles<br />

de pouvoir, comme par exemple le bureau du directeur général, afin de<br />

sceller la transmission. Ce faisant, le cédant indique que quelqu’un d’autre<br />

déti<strong>en</strong>t dorénavant la gestion quotidi<strong>en</strong>ne. Dans certains cas, on peut aller<br />

plus loin dans le détachem<strong>en</strong>t symbolique, comme par exemple par un<br />

déménagem<strong>en</strong>t à distance suffisante de l’<strong>en</strong>treprise.<br />

Une transmission réussie suppose égalem<strong>en</strong>t une officialisation de<br />

l’opération, par exemple <strong>en</strong> communiquant officiellem<strong>en</strong>t la passation aux<br />

collaborateurs <strong>et</strong> autres stakeholders. Ce faisant, on réduit le risque de voir<br />

le cédant se cramponner à son poste <strong>et</strong> celui-ci fait savoir qu’il n’est plus<br />

le responsable de l’<strong>en</strong>treprise.<br />

La septième recommandation concerne les « devoirs de génération<br />

cédante », à savoir la préparation du nouveau rôle, l’organisation des<br />

aspects financiers, fiscaux <strong>et</strong> juridiques de la transmission <strong>et</strong> la création de<br />

règles transpar<strong>en</strong>tes pour la propriété <strong>et</strong> la gestion de l’<strong>en</strong>treprise<br />

familiale. Sans c<strong>et</strong>te préparation, selon les auteurs, la génération suivante<br />

sera confrontée à des problèmes importants. A l’inverse, une bonne prise<br />

<strong>en</strong> compte de ces devoirs induira la confiance chez les successeurs, les<br />

collaborateurs, <strong>et</strong> autres acteurs prés<strong>en</strong>ts. En outre, elle contribuera à ce<br />

que la transmission fasse partie de la vie de la firme <strong>et</strong> devi<strong>en</strong>ne un<br />

système dont la génération suivante pourra s’inspirer.<br />

La recommandation suivante, « N’offrez pas tout aux successeurs<br />

(familiaux) », postule l’idée que l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t du successeur sera plus<br />

forte s’il contribue activem<strong>en</strong>t, sur le plan financier, à l’acquisition de la<br />

propriété juridique de l’<strong>en</strong>treprise.<br />

L’avant dernier conseil invite le cédant à ne travailler avec un manager<br />

externe que s’il est disposé <strong>et</strong> prêt à un partage du pouvoir avec ce<br />

dernier. Cela signifie que le manager externe sera impliqué dans la<br />

planification stratégique <strong>et</strong> dans la politique de gestion. Dans le cas<br />

contraire, s’il est écarté des décisions stratégiques, le recours à un tel<br />

manager ne se justifie pas <strong>et</strong> peut être source de t<strong>en</strong>sions.<br />

55


Enfin, les auteurs exhort<strong>en</strong>t les chefs d’<strong>en</strong>treprise familiale à t<strong>en</strong>ir compte<br />

des cycles de vie, tant celui du cédant que celui du successeur : la<br />

transmission de pouvoir dans l’<strong>en</strong>treprise familiale se déroulerait plus<br />

facilem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> cas de synchronisation des cycles de vie du cédant <strong>et</strong> du<br />

successeur.<br />

CONSTANTINIS C., SANTIN S. (2008) : la reprise d’<strong>en</strong>treprise familiale par<br />

les filles d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur, une lecture <strong>en</strong> termes de g<strong>en</strong>re<br />

Dans c<strong>et</strong> article, les deux auteures poursuiv<strong>en</strong>t les travaux <strong>en</strong>tamés dans<br />

leur précéd<strong>en</strong>te publication. Elles examin<strong>en</strong>t les trajectoires <strong>en</strong> termes de<br />

g<strong>en</strong>re <strong>en</strong> privilégiant les phénomènes de séparation <strong>et</strong> de hiérarchisation,<br />

la séparation concernant les constructions sociales différ<strong>en</strong>tes de la<br />

masculinité <strong>et</strong> de la féminité <strong>et</strong> la hiérarchisation se reflétant dans la<br />

valorisation du masculin <strong>et</strong> la dévalorisation du féminin. Elles se p<strong>en</strong>ch<strong>en</strong>t<br />

tout particulièrem<strong>en</strong>t sur la configuration familiale (composition de la<br />

fratrie mixte ou féminine) <strong>et</strong> au secteur d’activité (à prédominance<br />

masculine ou féminine). <strong>Le</strong>ur préoccupation principale concerne donc les<br />

trajectoires des filles d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur repr<strong>en</strong>ant l’<strong>en</strong>treprise familiale sous<br />

l’angle du g<strong>en</strong>re.<br />

La méthodologie adoptée ne diffère pas de celle prés<strong>en</strong>tée dans leur article<br />

précéd<strong>en</strong>t.<br />

Grâces aux traitem<strong>en</strong>ts des <strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>s réalisés, différ<strong>en</strong>tes situations liées<br />

aux scénarios de reprise sont distinguées. Elles se distingu<strong>en</strong>t au niveau<br />

de la configuration familiale (fratrie mixte ou féminine) <strong>en</strong> rapport avec le<br />

choix du cédant <strong>en</strong> matière de successeur (le fils étant choisi <strong>en</strong> premier),<br />

avec des conséqu<strong>en</strong>ces sur les motivations des sœurs (reprise par choix<br />

ou par nécessité). Ces différ<strong>en</strong>tes situations impact<strong>en</strong>t le positionnem<strong>en</strong>t<br />

des filles face à l’<strong>en</strong>treprise familiale <strong>et</strong> leur parcours de vie.<br />

Des phénomènes de séparation <strong>et</strong> de hiérarchisation dans la construction<br />

sociale du masculin <strong>et</strong> du féminin sont égalem<strong>en</strong>t mis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce. Un<br />

processus de séparation s’opère lors du choix du successeur : les<br />

caractéristiques considérées comme masculines se rapproch<strong>en</strong>t de celles<br />

id<strong>en</strong>tifiées comme celles d’un chef d’<strong>en</strong>treprise, alors que les<br />

caractéristiques considérées comme féminines s’<strong>en</strong> éloign<strong>en</strong>t. En<br />

conséqu<strong>en</strong>ce, dans les fratries mixtes, le choix du dirigeant de l’<strong>en</strong>treprise<br />

56


<strong>en</strong> matière de repr<strong>en</strong>eur se porte vers le fils de la famille, la sœur n’étant<br />

pas considérée comme un successeur pot<strong>en</strong>tiel.<br />

De même, un processus de hiérarchisation du masculin <strong>et</strong> du féminin est<br />

prés<strong>en</strong>t à ce mom<strong>en</strong>t, la place de futur successeur, dédiée au fils de la<br />

famille, étant socialem<strong>en</strong>t valorisée.<br />

Enfin, la situation dans les fratries mixtes des filles <strong>en</strong> tant que<br />

repr<strong>en</strong>euses par défaut montre un autre processus de hiérarchisation. <strong>Le</strong><br />

positionnem<strong>en</strong>t <strong>et</strong> la trajectoire des filles se construis<strong>en</strong>t <strong>en</strong> eff<strong>et</strong> par<br />

rapport à ceux du frère, dont les choix sont prioritaires <strong>et</strong> valorisés.<br />

Souv<strong>en</strong>t, la fille n’accède au <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> que lorsque le frère est abs<strong>en</strong>t,<br />

trop jeune, qu’il marque son désintérêt pour l’<strong>en</strong>treprise ou choisit de la<br />

quitter.<br />

<strong>Le</strong>s filles, si elles repr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>treprise paternelle, travers<strong>en</strong>t diverses.<br />

Pour chacune de celles-ci, les auteures id<strong>en</strong>tifi<strong>en</strong>t les acteurs clés <strong>et</strong><br />

analys<strong>en</strong>t leurs interactions, ainsi que les opportunités <strong>et</strong> les difficultés <strong>en</strong><br />

termes de légitimité pour la repr<strong>en</strong>euse dont ces interactions sont<br />

porteuses. Selon les résultats, les filles d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur, une fois id<strong>en</strong>tifiées<br />

comme successeurs, acquièr<strong>en</strong>t leur crédibilité <strong>et</strong> leur légitimité vis-à-vis<br />

de la famille <strong>et</strong> des parties pr<strong>en</strong>antes, avec des différ<strong>en</strong>ces <strong>en</strong> termes de<br />

g<strong>en</strong>re, notamm<strong>en</strong>t liées aux secteurs. De fait, les femmes <strong>et</strong> les hommes<br />

ne se r<strong>et</strong>rouv<strong>en</strong>t pas dans les mêmes secteurs, ce qui traduit un<br />

phénomène de séparation. <strong>Le</strong>s femmes qui repr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t une <strong>en</strong>treprise<br />

dans des secteurs perçus comme masculins <strong>et</strong> ne possédant pas les<br />

caractéristiques perçues comme adaptées à ces secteurs r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t des<br />

problèmes de légitimité accrus. Elles vont, dans ce cas, mobiliser<br />

différ<strong>en</strong>tes ressources <strong>et</strong> acteurs pour obt<strong>en</strong>ir leur légitimité.<br />

<strong>Le</strong>s résultats indiqu<strong>en</strong>t aussi que les trajectoires de ces filles demeur<strong>en</strong>t<br />

influ<strong>en</strong>cées par des eff<strong>et</strong>s de g<strong>en</strong>re : la répartition des tâches domestiques<br />

à l’intérieur du couple structure <strong>en</strong>core une partie de leurs choix. L’<strong>en</strong>trée<br />

dans l’<strong>en</strong>treprise familiale est ainsi parfois choisie pour la flexibilité des<br />

horaires, qui perm<strong>et</strong> de mieux concilier vie privée <strong>et</strong> vie professionnelle.<br />

Cep<strong>en</strong>dant, des problèmes de conciliation émerg<strong>en</strong>t quand la reprise pr<strong>en</strong>d<br />

place plus tôt que prévu. En outre, le lieu de travail <strong>et</strong> les horaires sont<br />

fréquemm<strong>en</strong>t choisis <strong>en</strong> fonction des <strong>en</strong>fants <strong>et</strong> de la vie familiale.<br />

57


Pour terminer, les auteures soulign<strong>en</strong>t qu’on ne peut appréh<strong>en</strong>der la réalité<br />

de ces repr<strong>en</strong>euses sur la base unique des rapports sociaux de sexe :<br />

d’autres rapports sociaux parcour<strong>en</strong>t c<strong>et</strong>te réalité <strong>et</strong> l’âge, l’origine<br />

<strong>et</strong>hnique ou le statut des par<strong>en</strong>ts devrai<strong>en</strong>t être égalem<strong>en</strong>t pris <strong>en</strong> compte<br />

dans de futures recherches.<br />

LOBET D. (2004, 2006, 2008) : les dispositions à la transmission au sein<br />

des PME familiales<br />

<strong>Le</strong>s trois publications réalisées par Lob<strong>et</strong> sur le <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t, <strong>en</strong><br />

fait, les résultats de ses travaux à différ<strong>en</strong>ts stades d’avancem<strong>en</strong>t de ses<br />

recherches. Nous nous proposons donc de les considérer comme un tout.<br />

Lob<strong>et</strong> inscrit son travail dans une remise <strong>en</strong> cause d’un postulat, à savoir<br />

celui de la volonté, au sein de l’<strong>en</strong>treprise familiale, de transm<strong>et</strong>tre celle-ci<br />

au mom<strong>en</strong>t de l’arrêt des activités de son dirigeant. Avant d’essayer de<br />

compr<strong>en</strong>dre comm<strong>en</strong>t une famille possédant <strong>et</strong> gérant une <strong>en</strong>treprise t<strong>en</strong>te<br />

d’<strong>en</strong> assurer la continuité familiale, il faut d'abord s'interroger sur<br />

l’exist<strong>en</strong>ce d’une telle volonté de continuité. Plus <strong>en</strong> amont, il convi<strong>en</strong>t de<br />

déchiffrer le processus de réponse à la question de la nécessité de la<br />

transmission aux héritiers, du moins si l’on veut compr<strong>en</strong>dre pourquoi le<br />

patrimoine que représ<strong>en</strong>te l'<strong>en</strong>treprise ne fait pas systématiquem<strong>en</strong>t l'obj<strong>et</strong><br />

d'un travail de transmission.<br />

Il s’agit donc de rem<strong>et</strong>tre <strong>en</strong> cause une série d’images, mêlant famille,<br />

patrimoine <strong>et</strong> dynastie, relatives aux <strong>en</strong>treprises familiales <strong>et</strong> à leurs<br />

transmissions. Lob<strong>et</strong> s’attache donc à un travail de déconstruction de c<strong>et</strong>te<br />

« mythologie » selon laquelle l’<strong>en</strong>treprise est, pour la famille qui <strong>en</strong> est<br />

propriétaire <strong>et</strong> <strong>en</strong> assure la gestion, tant un moy<strong>en</strong> de production qu’un<br />

moy<strong>en</strong> d’exist<strong>en</strong>ce matérielle <strong>et</strong> symbolique.<br />

Sur la base d’<strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>s réalisés auprès de douze PME familiales<br />

wallonnes <strong>et</strong> des familles propriétaires, depuis parfois quatre générations,<br />

la sociologue démontre que la transmission de l’<strong>en</strong>treprise au sein de la<br />

famille est une option qui suscite parfois peu d’adhésion. <strong>Le</strong> mythe de la<br />

fusion <strong>en</strong>tre la « famille <strong>en</strong> <strong>en</strong>treprise » <strong>et</strong> la firme <strong>et</strong> celui de l’obligation<br />

des membres de transm<strong>et</strong>tre l’<strong>en</strong>treprise, de la faire pér<strong>en</strong>niser <strong>et</strong> d’ainsi<br />

faire durer la famille sont donc mis à mal.<br />

58


La chercheuse aborde égalem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>tes questions connexes : celle de<br />

la « disposition », au s<strong>en</strong>s sociologique du terme, des par<strong>en</strong>ts face à la<br />

possibilité de transm<strong>et</strong>tre l’<strong>en</strong>treprise à leurs <strong>en</strong>fants, celle de la place de<br />

l’<strong>en</strong>treprise dans les proj<strong>et</strong>s des par<strong>en</strong>ts, celle du regard des familles sur<br />

l’av<strong>en</strong>ir de l’<strong>en</strong>treprise, celle de l’explication des attitudes vis l’idée de<br />

transmission suivant l’histoire <strong>et</strong> le milieu familial, l'<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t<br />

économique <strong>et</strong> le contexte social. Ce faisant, elle montre que la situation<br />

économique, les t<strong>en</strong>sions relationnelles, l’incompatibilité de l’<strong>en</strong>treprise<br />

avec d’autres proj<strong>et</strong>s, le dés<strong>en</strong>chantem<strong>en</strong>t du statut de dirigeant<br />

d’<strong>en</strong>treprise, l’ouverture <strong>et</strong> autonomisation des dev<strong>en</strong>irs hors de la famille,<br />

peuv<strong>en</strong>t briser le cycle intergénérationnel de transmission.<br />

C<strong>et</strong>te démonstration repose, sur le plan méthodologique, sur un exam<strong>en</strong><br />

croisé des <strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>s semi-directifs m<strong>en</strong>és auprès de différ<strong>en</strong>ts membres<br />

des familles <strong>et</strong> de quelques employés. Dans la mesure du possible, les<br />

<strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>s concernai<strong>en</strong>t les dirigeants <strong>en</strong> place, leurs prédécesseurs, les<br />

successeurs pot<strong>en</strong>tiels, les conjoints <strong>et</strong> les <strong>en</strong>fants qui n’étai<strong>en</strong>t pas ou<br />

n’ont pas été directem<strong>en</strong>t impliqués dans l’<strong>en</strong>treprise. Ces témoignages<br />

sont donc à la fois intra- <strong>et</strong> intergénérationnels <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> touchant<br />

les différ<strong>en</strong>ts membres de la par<strong>en</strong>tèle, une diversité de points de vue <strong>et</strong><br />

de lectures, un croisem<strong>en</strong>t des récits <strong>et</strong> donc une reconstruction plus<br />

objective des trajectoires, de l’histoire de la famille <strong>et</strong> de celle de<br />

l’<strong>en</strong>treprise. Ils assur<strong>en</strong>t le décryptage des représ<strong>en</strong>tations <strong>et</strong> des<br />

reconstructions associées à ces trajectoires <strong>et</strong> cristallis<strong>en</strong>t ainsi les<br />

dynamiques familiales.<br />

Sur le plan théorique, le référ<strong>en</strong>tiel <strong>en</strong>visagé est, dans un premier temps,<br />

celui de la théorie du don développée par Marcel Mauss (théorie de la<br />

réciprocité <strong>et</strong> du don/contre-don). <strong>Le</strong> recours à ce cadre perm<strong>et</strong> de<br />

montrer que les processus de transmission <strong>en</strong> <strong>en</strong>treprise familiale ne<br />

peuv<strong>en</strong>t se réduire à un système d’obligations de réciprocité de dons. De<br />

fait, l’analyse empirique montre que la logique du don est facilem<strong>en</strong>t<br />

contrariée, les conditions pour qu’elle s’active <strong>et</strong> s’assortisse d’eff<strong>et</strong>s étant<br />

très difficiles à r<strong>en</strong>contrer. C<strong>et</strong>te logique ne peut donc perm<strong>et</strong>tre de cerner<br />

la complexité des contextes <strong>et</strong> des <strong>en</strong>jeux de la transmission <strong>en</strong> <strong>en</strong>treprise<br />

familiale, celle-ci étant un système relevant non seulem<strong>en</strong>t de la sphère<br />

familiale, domestique, privée mais aussi d’élém<strong>en</strong>ts débordant c<strong>et</strong>te<br />

sphère pour relativiser les obligations spécifiques au système de don.<br />

59


Il convi<strong>en</strong>t donc d’élargir le cadre analytique. Sur le plan macro, la<br />

transmission des <strong>en</strong>treprises familiales doit se lire, d’une part, dans un<br />

contexte sociétal porteur de valeurs <strong>et</strong> de normes propres <strong>et</strong> véhiculant<br />

des modèles de configurations familiales nouvelles <strong>et</strong> des pot<strong>en</strong>tiels de<br />

cheminem<strong>en</strong>ts différ<strong>en</strong>ts dans l’espace social. Elle dép<strong>en</strong>d aussi des<br />

dynamiques de recompositions économiques <strong>et</strong> des obsolesc<strong>en</strong>ces<br />

industrielles. Sur le plan micro, au sein de la sphère privée, l’histoire<br />

individuelle, les eff<strong>et</strong>s de la relation aux par<strong>en</strong>ts, les parcours de vie, la<br />

perception des situations, les proj<strong>et</strong>s des par<strong>en</strong>ts vis-à-vis de leur<br />

progéniture… sont autant de composantes contributives d’une<br />

« microsociologie familiale » qui peut am<strong>en</strong>er à la rupture du cycle des<br />

transmissions intrafamiliales.<br />

Cep<strong>en</strong>dant, il est intéressant, sur le plan heuristique, de faire, selon<br />

l’auteure, « comme si » la logique du don régissait les r<strong>et</strong>ransmissions<br />

d’<strong>en</strong>treprise <strong>et</strong> « comme si » elle était capable d’imposer sa loi à toutes les<br />

conting<strong>en</strong>ces. Ainsi, les analyses empiriques indiqu<strong>en</strong>t que des<br />

considérations de piété aux asc<strong>en</strong>dants, de gratitude, de respect du bi<strong>en</strong><br />

transmis exist<strong>en</strong>t dans la majorité des cas, ce qui démontre qu’avec le<br />

bi<strong>en</strong> se transm<strong>et</strong> du li<strong>en</strong>, que la transmission est porteuse <strong>et</strong> génératrice<br />

de relations, notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre les générations <strong>et</strong> que l’attitude par rapport<br />

à la transmission est aussi, précisém<strong>en</strong>t, une manière de resserrer ces<br />

relations. Dès lors, concevoir l’héritage multigénérationnel <strong>en</strong> termes de<br />

don <strong>et</strong> activer la théorie maussi<strong>en</strong>ne du don pour l’étude de la<br />

transmission de l’<strong>en</strong>treprise perm<strong>et</strong> d’id<strong>en</strong>tifier <strong>et</strong> de r<strong>en</strong>dre intelligible ce<br />

qui lui « fait échec ». Même s’il prés<strong>en</strong>te certaines défaillances empiriques,<br />

c<strong>et</strong>te théorie du don constitue, selon l’auteure, un outil précieux pour la<br />

compréh<strong>en</strong>sion de la transmission.<br />

CONSTANTINIS C. (2009) : <strong>en</strong>treprise familiale <strong>et</strong> g<strong>en</strong>re: les <strong>en</strong>jeux de la<br />

succession pour les filles<br />

Après la publication d’un article à caractère théorique 19<br />

que nous<br />

n’aborderons pas ici, Constantinis poursuit la prés<strong>en</strong>tation de ses<br />

investigations empiriques sur le processus de succession dans l’<strong>en</strong>treprise<br />

familiale, tel que perçu <strong>et</strong> vécu par les filles de la famille. Son article de<br />

19<br />

Constantinis. C., Nelson T. (2008).<br />

60


2009 traite la question du g<strong>en</strong>re <strong>et</strong> de son impact transversal dans la<br />

stratégie de transmission, notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> termes de définition des objectifs<br />

<strong>et</strong> de prises de décision. La chercheuse porte particulièrem<strong>en</strong>t son<br />

att<strong>en</strong>tion aux dynamiques de g<strong>en</strong>re liées à la composition de la fratrie <strong>et</strong> à<br />

leurs conséqu<strong>en</strong>ces sur le positionnem<strong>en</strong>t des filles quant à la succession.<br />

Plusieurs thèmes sont ainsi abordés : l’eff<strong>et</strong> de g<strong>en</strong>re lors du choix du<br />

successeur, implications de la prés<strong>en</strong>ce ou de l’abs<strong>en</strong>ce d’un fils, les<br />

eff<strong>et</strong>s de g<strong>en</strong>re, liés aux constructions sociales du masculin <strong>et</strong> du féminin<br />

<strong>et</strong> donc notamm<strong>en</strong>t aux rôles att<strong>en</strong>dus <strong>et</strong> existants des fils <strong>et</strong> des filles, sur<br />

la différ<strong>en</strong>ciation des motivations des filles <strong>et</strong> l’évolution de leur<br />

<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t par rapport à l’<strong>en</strong>treprise familiale, les eff<strong>et</strong>s pour leur<br />

positionnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> tant que gestionnaire de l’<strong>en</strong>treprise <strong>et</strong> pour<br />

l’acquisition de leur légitimité par rapport aux différ<strong>en</strong>tes acteurs <strong>en</strong><br />

prés<strong>en</strong>ce dans la firme, les mécanismes d’élaboration de leurs motivations<br />

<strong>et</strong> de leur <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t…<br />

Pour traiter de ces thèmes, l’auteure utilise les mêmes données que celles<br />

examinées dans ses publications précéd<strong>en</strong>tes, <strong>et</strong> ceci sur la base de la<br />

même méthodologie.<br />

<strong>Le</strong>s résultats obt<strong>en</strong>us indiqu<strong>en</strong>t que plusieurs phénomènes de g<strong>en</strong>re sont à<br />

l’œuvre au cours du processus de succession tel que perçu <strong>et</strong> vécu par les<br />

filles <strong>et</strong> que les eff<strong>et</strong>s transversaux du g<strong>en</strong>re se manifest<strong>en</strong>t à différ<strong>en</strong>ts<br />

niveaux.<br />

Ainsi, les représ<strong>en</strong>tations des filles relatives à l’<strong>en</strong>treprise familiale <strong>et</strong> à<br />

l’évolution de leur rôle <strong>en</strong> sein de celle-ci résult<strong>en</strong>t, notamm<strong>en</strong>t, de<br />

phénomènes de g<strong>en</strong>re <strong>en</strong> rapport avec la répartition sexuée <strong>et</strong> la<br />

hiérarchisation des rôles au sein de la famille, de l’<strong>en</strong>treprise <strong>et</strong> de la<br />

société. Des processus de différ<strong>en</strong>ciation <strong>et</strong> de hiérarchisation du masculin<br />

<strong>et</strong> du féminin peuv<strong>en</strong>t être mis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce lorsque le repr<strong>en</strong>eur est choisi,<br />

explicitem<strong>en</strong>t ou implicitem<strong>en</strong>t, au sein de la famille : les caractéristiques<br />

considérées comme masculines apparaiss<strong>en</strong>t comme correspondre à<br />

celles att<strong>en</strong>dues d’un chef d’<strong>en</strong>treprise, alors que celles perçues comme<br />

féminines s’<strong>en</strong> éloign<strong>en</strong>t. De plus, la position <strong>et</strong> les choix du fils sont<br />

valorisés par la famille <strong>et</strong> sont prioritaires par rapport à ceux de leur sœur.<br />

On r<strong>et</strong>rouve là les résultats déjà prés<strong>en</strong>tés antérieurem<strong>en</strong>t.<br />

61


Sur le plan interpersonnel, la relation père-fille va s’articuler avec ces<br />

questions de g<strong>en</strong>re, la nature de ces relations étant influ<strong>en</strong>cée par la<br />

composition de la fratrie (prés<strong>en</strong>ce ou abs<strong>en</strong>ce de fils). Suivant qu’il y ait<br />

ou pas de fils, les att<strong>en</strong>tes paternelles <strong>et</strong> les rôles à la fille seront<br />

différ<strong>en</strong>ts, de même que l’int<strong>en</strong>sité du support dont la fille bénéficie de la<br />

part du ou des par<strong>en</strong>ts, acteurs ess<strong>en</strong>tiels pour l’acquisition de sa<br />

légitimité <strong>et</strong> pour sa prise de confiance <strong>en</strong> tant que dirigeante. De plus, les<br />

eff<strong>et</strong>s de g<strong>en</strong>re se concrétis<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t au niveau des difficultés<br />

r<strong>en</strong>contrées par les repr<strong>en</strong>euses <strong>en</strong> termes de légitimité. Ces eff<strong>et</strong>s sont<br />

liés aux stéréotypes sexués prés<strong>en</strong>ts dans le monde du travail.<br />

L’auteure montre aussi le manque de légitimité plus important dans les<br />

secteurs majoritairem<strong>en</strong>t masculins, les femmes ne disposant pas des<br />

caractéristiques considérées comme appropriées. Sur ce plan, le contexte<br />

familial, notamm<strong>en</strong>t le support du père, a un impact important sur les<br />

relations <strong>en</strong>tre la fille <strong>et</strong> les différ<strong>en</strong>ts acteurs <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>, dans<br />

une certaine mesure de compr<strong>en</strong>dre comm<strong>en</strong>t ces interactions peuv<strong>en</strong>t<br />

poser des difficultés ou, a contrario, offrir certaines opportunités <strong>en</strong> termes<br />

de légitimité des filles <strong>en</strong> tant que dirigeantes.<br />

Sur le plan temporel, l’article montre égalem<strong>en</strong>t l’évolution de<br />

l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t des filles <strong>et</strong> de leur positionnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> tant que dirigeantes,<br />

à chaque étape du processus de succession. <strong>Le</strong> caractère construit <strong>et</strong><br />

dynamique de l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t de la progéniture par rapport à l’<strong>en</strong>treprise<br />

familiale <strong>et</strong> à sa reprise év<strong>en</strong>tuelle est mis <strong>en</strong> exergue, la décision de<br />

poursuivre une carrière dans l’<strong>en</strong>treprise familiale dép<strong>en</strong>dant, notamm<strong>en</strong>t<br />

de l’évolution des rôles existants <strong>et</strong> att<strong>en</strong>dus dans la famille, l’<strong>en</strong>treprise <strong>et</strong><br />

la société.<br />

6. Quel bilan tirer ?<br />

La production sci<strong>en</strong>tifique que nous v<strong>en</strong>ons d’examiner traite de bon<br />

nombre de fac<strong>et</strong>tes du phénomène repr<strong>en</strong>eurial <strong>et</strong> ne se limite pas à l’obj<strong>et</strong><br />

qui nous mobilise ici, à savoir le caractère problématique du <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong><br />

wallon d’un point de vue macro socio-économique. Force est d’ailleurs de<br />

constater qu’aucune des publications id<strong>en</strong>tifiées ne traite explicitem<strong>en</strong>t <strong>et</strong><br />

directem<strong>en</strong>t de c<strong>et</strong> obj<strong>et</strong>. Il nous semble cep<strong>en</strong>dant intéressant d’extraire<br />

62


du bilan que nous v<strong>en</strong>ons de dresser les élém<strong>en</strong>ts susceptibles de nourrir<br />

notre réflexion.<br />

Nos préoccupations initiales concernant principalem<strong>en</strong>t les eff<strong>et</strong>s<br />

pot<strong>en</strong>tiels du vieillissem<strong>en</strong>t de la population des chefs d’<strong>en</strong>treprise <strong>et</strong> des<br />

dynamiques repr<strong>en</strong>euriales sur le système socio-économique, c’est dans<br />

les travaux de la première catégorie d’articles, qui vis<strong>en</strong>t à brosser un<br />

tableau de la situation <strong>en</strong> matière de <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> à une large échelle, que<br />

nous trouvons le plus grand nombre de ces élém<strong>en</strong>ts.<br />

Tout d’abord, ces textes indiqu<strong>en</strong>t que l’âge des dirigeants d’<strong>en</strong>treprise<br />

est, pour tous types d’<strong>en</strong>treprises considérés, relativem<strong>en</strong>t élevé 20 : 51,1<br />

ans <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne chez Laver<strong>en</strong> E. <strong>et</strong> Bisschops M. (2004), 53,4 ans <strong>en</strong><br />

moy<strong>en</strong>ne chez Pirnay F. <strong>et</strong> Surlemeont B. (2007) <strong>et</strong> 47 ans - âge médian –<br />

chez Lambrecht J. <strong>et</strong> Naudts W. (2007). Ces derniers indiqu<strong>en</strong>t que la<br />

proportion d’individus âgés de 55 ans <strong>et</strong> plus est de 25% chez les<br />

<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs (40% de 50 ans <strong>et</strong> plus). Pour Pirnay F. <strong>et</strong> Surlemont B.<br />

(2007), la proportion d’individus âgés de plus de 70 ans est de 7% chez les<br />

dirigeants d’<strong>en</strong>treprises familiales (24% de plus de 60 ans, 57% de plus de<br />

50%). <strong>Le</strong> CEFIP (2007) indique que le nombre d’indép<strong>en</strong>dants âgés de 45 à<br />

60 ans a augm<strong>en</strong>té de 13% de 1996 à 2000 <strong>et</strong> 45% des actionnaires<br />

dirigeants de PME aurai<strong>en</strong>t plus de 50 ans. Notons, à titre indicatif, que, au<br />

premier janvier 2008, l’âge moy<strong>en</strong> des belges de 18 ans <strong>et</strong> plus était de<br />

48,9 ans (48,8 ans <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong>) 21 .<br />

Un éclairage complém<strong>en</strong>taire est fourni par Colot O. (2007). Selon lui, l’âge<br />

moy<strong>en</strong> des dirigeants des PME wallonnes est de 49,2 ans. Ce chiffre doit<br />

cep<strong>en</strong>dant être appréh<strong>en</strong>dé <strong>en</strong> t<strong>en</strong>ant compte du fait que seules les<br />

<strong>en</strong>treprises créées avant le 31 décembre 1990 sont prises <strong>en</strong> compte, soit<br />

une population de 8.917 unités.<br />

Pour ce qui est du volume de l’offre d’<strong>en</strong>treprises à transm<strong>et</strong>tre, un taux<br />

annuel d’<strong>en</strong>trée sur le marché de 3% du volume total du parc existant est<br />

généralem<strong>en</strong>t admis (Commission europé<strong>en</strong>ne, 2006). On estime donc que<br />

20<br />

<strong>Le</strong>s variations des valeurs d’une publication à l’autre s’expliqu<strong>en</strong>t notamm<strong>en</strong>t<br />

par le fait que les populations de référ<strong>en</strong>ce, les caractéristiques des échantillons<br />

<strong>et</strong> le mom<strong>en</strong>t de l’observation différ<strong>en</strong>t d’une analyse à l’autre.<br />

21<br />

Source : Direction générale Statistique <strong>et</strong> Information économique (DGSIE),<br />

calculs : <strong>IWEPS</strong>.<br />

63


13.500 <strong>en</strong>treprises flamandes doiv<strong>en</strong>t être transmises annuellem<strong>en</strong>t,<br />

contre 8.000 <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong>. La Commission europé<strong>en</strong>ne attire cep<strong>en</strong>dant<br />

l’att<strong>en</strong>tion sur le fait que, dans la moitié des cas <strong>en</strong>viron, il s’agit<br />

d’<strong>en</strong>treprises individuelles ou de TPE. Pour Lambrecht J. <strong>et</strong> Naudts W.<br />

(2007), la transmission dans les 10 ans à v<strong>en</strong>ir concerne 28% des PME<br />

belges, soit <strong>en</strong>viron 200.000 PME, soit <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne 20.000 PME par an,<br />

chiffre guère éloigné des estimations réalisées par la Commission<br />

europé<strong>en</strong>ne.<br />

Selon Colot O. (2007), au vu de l’âge des dirigeants des 8.917 PME<br />

wallonnes qu’il étudie, 22% de ces <strong>en</strong>treprises devrai<strong>en</strong>t être transmises<br />

dans les 5 ans après son <strong>en</strong>quête <strong>et</strong> 37% dans les 10 ans (<strong>en</strong> postulant un<br />

départ du dirigeant à 65 ans). En outre, selon les réponses des dirigeants<br />

eux-mêmes, 55% de ces PME devrai<strong>en</strong>t être transmises dans les dix<br />

prochaines années 22 . Ces résultats sont s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t plus élevés que ceux<br />

obt<strong>en</strong>us par la Commission europé<strong>en</strong>ne <strong>et</strong> par Lambrecht <strong>et</strong> Naudts car ils<br />

concern<strong>en</strong>t une sous-population d’<strong>en</strong>treprises plus âgées, puisque créées<br />

avant 1991, <strong>et</strong> donc plus susceptibles de devoir être cédées au terme de 5<br />

ou 10 ans.<br />

En ce qui concerne la préparation à la cession, les chiffres indiqu<strong>en</strong>t un<br />

certain att<strong>en</strong>tisme de la part des dirigeants d’<strong>en</strong>treprise. Laver<strong>en</strong> E. <strong>et</strong><br />

Bisschops M. (2004) estim<strong>en</strong>t que, <strong>en</strong> Flandres, 45% des <strong>en</strong>treprises<br />

familiales ne sont pas <strong>en</strong>core occupés de leur transmission <strong>et</strong> que le futur<br />

repr<strong>en</strong>eur est connu dans seulem<strong>en</strong>t 36% des cas. Selon Pirnay F. <strong>et</strong><br />

Surlemont B. (2007), 42% des <strong>en</strong>treprises ont déjà trouvé une solution<br />

satisfaisante <strong>en</strong> matière de transmission, alors que 13% des <strong>en</strong>treprises<br />

affirm<strong>en</strong>t ne pas <strong>en</strong>core <strong>en</strong> avoir trouvée. Selon ces auteurs, <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne,<br />

les dirigeants qui ne se préoccup<strong>en</strong>t pas de la transmission sont moins<br />

âgés (53,1 ans) que ceux pour lesquels c’est un réel problème (59,5 ans).<br />

Lambrecht J. <strong>et</strong> Naudts W. (2007) estim<strong>en</strong>t que, dans 57% des <strong>en</strong>treprises<br />

où la transmission de la gestion s’effectuera dans les 10 ans, le repr<strong>en</strong>eur<br />

n’est pas <strong>en</strong>core connu. C<strong>et</strong>te proportion est de 42% dans celles où c’est<br />

la transmission de la propriété qui s’effectuera dans les 10 ans. Enfin,<br />

selon la SOWACCESS (2006), 32% des chefs d'<strong>en</strong>treprise ne sav<strong>en</strong>t pas<br />

dans combi<strong>en</strong> de temps ils p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t transm<strong>et</strong>tre l’<strong>en</strong>treprise mais, dans<br />

22<br />

dont 13% dans les deux ans <strong>et</strong> 30% dans les cinq ans.<br />

64


51% des cas, ils ont déjà p<strong>en</strong>sé à la transmission de celle-ci. Trois<br />

dirigeants sur dix se s<strong>en</strong>tant concernés y p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t seulem<strong>en</strong>t depuis moins<br />

de 6 mois. En outre, dans 56% des <strong>en</strong>treprises, aucune démarche pour<br />

préparer la transmission n’a été initiée.<br />

Enfin, l’id<strong>en</strong>tité des repr<strong>en</strong>eurs est éclairée par plusieurs publications.<br />

Selon Laver<strong>en</strong> E. <strong>et</strong> Bisschops M. (2004), dans les <strong>en</strong>treprises familiales<br />

flamandes, là où la transmission est <strong>en</strong>visagée, 65% des <strong>en</strong>treprises<br />

serai<strong>en</strong>t transmises aux <strong>en</strong>fants, 10% à la famille élargie, 2% aux salariés<br />

<strong>et</strong> 24% à un repr<strong>en</strong>eur externe. Quand le futur repr<strong>en</strong>eur est déjà connu<br />

(soit dans 36% des <strong>en</strong>treprises), la moy<strong>en</strong>ne d’âge des repr<strong>en</strong>eurs est de<br />

33,1 ans <strong>et</strong> 17% des repr<strong>en</strong>eurs sont des femmes. Dans 83% des cas, le<br />

repr<strong>en</strong>eur fait partie de la famille. Pirnay F. <strong>et</strong> Surlemont B. (2007)<br />

indiqu<strong>en</strong>t que la formule de transmission privilégiée par les dirigeants des<br />

<strong>en</strong>treprises familiales wallonnes est, dans 68% des cas, la succession<br />

familiale (la propriété <strong>et</strong> la gestion rest<strong>en</strong>t dans la famille), contre 27%<br />

pour la v<strong>en</strong>te à un tiers (la propriété <strong>et</strong> la gestion sort<strong>en</strong>t de la famille), 4%<br />

pour le contrôle familial (la gestion est confiée à un tiers) <strong>et</strong> 1% pour la<br />

gestion familiale (la gestion reste au sein de la famille mais pas la<br />

propriété). Chez les dirigeants pour lesquels la transmission n’est plus<br />

problématique, les résultats sont de 72% pour la succession familiale,<br />

24% pour la v<strong>en</strong>te à un tiers, 2% pour le contrôle familial <strong>et</strong> 2% pour la<br />

gestion familiale. Pour les dirigeants qui affirm<strong>en</strong>t que la transmission est<br />

un vrai problème pour lequel ils n'ont pas <strong>en</strong>core trouvé de solution<br />

satisfaisante, l’option préférée est la première (54% des cas contre 46%<br />

pour la deuxième). Il ressort de ces différ<strong>en</strong>ts résultats que, dans les<br />

<strong>en</strong>treprises familiales, la transmission intrafamiliale demeure le modèle<br />

dominant.<br />

A ce niveau, un élém<strong>en</strong>t complém<strong>en</strong>taire est fourni par Guyot J. L. <strong>et</strong> Van<br />

Cutsem M. (2010). Il concerne l’hypothèse, pour les <strong>en</strong>treprises familiales,<br />

d’un recul relatif du schéma traditionnel de transmission intrafamiliale<br />

intergénérationnelle <strong>et</strong> sa substitution par d’autres schémas où la<br />

pér<strong>en</strong>nité de la firme reprise n’est pas toujours l’objectif visé par le<br />

repr<strong>en</strong>eur.<br />

65


Conclusions<br />

Par rapport à notre triple questionnem<strong>en</strong>t initial – (1) la transmission<br />

d’<strong>en</strong>treprise est-elle, ou va-t-elle constituer un problème de nature macro<br />

économique <strong>et</strong> sociale <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong>, (2) le cas échéant, quelles sont<br />

l’ampleur <strong>et</strong> les origines de ce problème <strong>et</strong> (3) quelles sont ou quelles<br />

serai<strong>en</strong>t les conséqu<strong>en</strong>ces de ce problème sur l’économie <strong>et</strong> la société<br />

wallonne ? – les recherches qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t d’être examinées apport<strong>en</strong>t des<br />

élém<strong>en</strong>ts de réponse mais ceux-ci sont relativem<strong>en</strong>t parcellaires. En outre,<br />

les résultats prés<strong>en</strong>tés sont issus de méthodologies <strong>et</strong> de dispositifs de<br />

recherche différ<strong>en</strong>ts, notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> termes de population de référ<strong>en</strong>ce <strong>et</strong><br />

de méthode d’échantillonnage, ce qui les r<strong>en</strong>d très difficilem<strong>en</strong>t<br />

comparables. Qui plus est, les études relevées lors de notre inv<strong>en</strong>taire<br />

port<strong>en</strong>t rarem<strong>en</strong>t sur l’<strong>en</strong>semble des différ<strong>en</strong>ts types d’<strong>en</strong>treprises <strong>et</strong> sont<br />

peu généralisables à tous les types, ce qui limite leur portée du point de<br />

vue de nos interrogations.<br />

Si plusieurs publications m<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce les difficultés observables au<br />

niveau du processus de transmission <strong>et</strong> de sa préparation, principalem<strong>en</strong>t<br />

dans le cas des <strong>en</strong>treprises familiales, les problèmes id<strong>en</strong>tifiés le sont<br />

rarem<strong>en</strong>t au niveau du système socio-économique global. <strong>Le</strong>s analyses se<br />

conc<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> eff<strong>et</strong> le plus fréquemm<strong>en</strong>t sur les stratégies <strong>et</strong><br />

caractéristiques des acteurs impliqués <strong>et</strong> sur la dynamique de l’<strong>en</strong>treprise<br />

concernée. De plus, aucune recherche, à l’exception d’une seule, ne<br />

considère les conséqu<strong>en</strong>ces macro-économiques des t<strong>en</strong>sions mises <strong>en</strong><br />

exergue. Enfin, aucune des recherches ne s’inscrit dans un proj<strong>et</strong><br />

prospectif ou prévisionnel à proprem<strong>en</strong>t parler.<br />

Néanmoins, certaines des publications que nous avons considérées<br />

apport<strong>en</strong>t des élém<strong>en</strong>ts empiriques utiles <strong>en</strong> ce qui concerne nos<br />

préoccupations.<br />

Plusieurs travaux indiqu<strong>en</strong>t que la population des chefs d’<strong>en</strong>treprise est<br />

relativem<strong>en</strong>t âgée, ce qui induira, dans un terme relativem<strong>en</strong>t court,<br />

l’afflux important d’<strong>en</strong>treprises à rem<strong>et</strong>tre sur le marché de la transmission<br />

<strong>et</strong> donc à un niveau d’offre plus élevé que ce que la <strong>Wallonie</strong> <strong>et</strong> la <strong>Belgique</strong><br />

ont connu de par le passé. C<strong>et</strong>te dynamique est égalem<strong>en</strong>t mise <strong>en</strong><br />

évid<strong>en</strong>ce dans d’autres pays de l’Union europé<strong>en</strong>ne <strong>et</strong> semble généralisée<br />

<strong>en</strong> l’Europe.<br />

66


Un certain nombre de recherches décèl<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t un manque de<br />

préparation à la transmission de la part des dirigeants d’<strong>en</strong>treprise, plus ou<br />

moins important selon la source considérée. C<strong>et</strong>te relative incurie des<br />

<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs pourrait être à l’origine de complications préjudiciables à la<br />

transmission des <strong>en</strong>treprises <strong>et</strong>, si le phénomène perdurait, induire, par<br />

agrégation, des conséqu<strong>en</strong>ces fâcheuses <strong>et</strong> non négligeables pour<br />

l’économie wallonne, du moins à terme.<br />

En ce qui concerne l’état de la demande sur le marché de la transmission,<br />

les résultats exposés <strong>en</strong> ce qui concerne les <strong>en</strong>treprises familiales<br />

indiqu<strong>en</strong>t que la transmission par succession demeure le modèle dominant<br />

mais qu’il ne caractérise pas la totalité de ces <strong>en</strong>treprises. Dans la mesure<br />

où aucune recherche ne propose d’analyse longitudinale du phénomène, il<br />

est toutefois impossible d’id<strong>en</strong>tifier l’évolution de la prégnance ce modèle.<br />

<strong>Le</strong>s analyses qualitatives indiqu<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant que ce modèle n’est pas,<br />

dans certaines situations, sans poser de t<strong>en</strong>sions au niveau familial,<br />

notamm<strong>en</strong>t du point de vue des filles de dirigeants.<br />

Dans le cas des transmissions non successorales, les études disponibles<br />

ne perm<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t pas, <strong>en</strong> ce qui concerne l’évolution des caractéristiques <strong>et</strong><br />

du volume de la demande, d’avancer des élém<strong>en</strong>ts de réponse à nos<br />

questions initiales.<br />

Pour ce qui est des mécanismes de r<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>tre l’offre <strong>et</strong> la demande,<br />

qui ne sont pas étrangers à ces questions, les travaux ne prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t<br />

aucune information quantitative à large échelle. Nous disposons cep<strong>en</strong>dant<br />

d’un état des lieux des dispositifs mis <strong>en</strong> place dans notre pays <strong>et</strong> dans<br />

notre région pour contribuer à l’appariem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre offre <strong>et</strong> demande.<br />

Néanmoins, dans la mesure où ils sont relativem<strong>en</strong>t neufs <strong>et</strong> où les<br />

résultats disponibles ne vis<strong>en</strong>t pas leur évaluation, il demeure périlleux de<br />

se prononcer sur le caractère suffisant <strong>et</strong> pertin<strong>en</strong>t des mesures publiques<br />

pour faciliter la r<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>tre offre <strong>et</strong> demande <strong>et</strong>, de manière plus<br />

générale, pour assurer la bonne gestion des <strong>en</strong>jeux liés à la transmission<br />

d’<strong>en</strong>treprise.<br />

Il ressort donc de l’<strong>en</strong>semble de ces constats que, premièrem<strong>en</strong>t, la<br />

dynamique repr<strong>en</strong>euriale actuelle <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> semble être source de<br />

risques pour l’économie régionale, risques qui sont, au demeurant <strong>et</strong> dans<br />

l’état actuel des connaissances sci<strong>en</strong>tifiques, difficiles à estimer <strong>et</strong> que,<br />

67


deuxièmem<strong>en</strong>t, la gestion de ces risques, tant au niveau des <strong>en</strong>treprises<br />

qu’au niveau des pouvoirs publics, pourrait, sans doute, être améliorée.<br />

Face à ces risques, les pistes d’action mises <strong>en</strong> avant par les auteurs cités<br />

port<strong>en</strong>t ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t sur deux axes : d’une part l’amélioration de la<br />

gestion de la cession dans le chef des dirigeants d’<strong>en</strong>treprise, piste qui<br />

peut se décliner sous diverses formes <strong>et</strong> s’opérationnaliser <strong>en</strong> de<br />

nombreuses modalités pratiques, <strong>en</strong>visagées par plusieurs chercheurs, <strong>et</strong>,<br />

d’autre part, la mise <strong>en</strong> place des conditions pour un meilleur<br />

fonctionnem<strong>en</strong>t du marché de la transmission. La dynamisation de la<br />

demande n’est pas mise <strong>en</strong> avant par les auteurs.<br />

Vis-à-vis de nos questions de départ, le caractère incompl<strong>et</strong> des réponses<br />

trouvées dans la littérature nous oblige à poursuivre nos investigations.<br />

Celles-ci devront sans doute recourir à la mise <strong>en</strong> place de nouveaux<br />

dispositifs de recherche, qui devront viser l’<strong>en</strong>semble des <strong>en</strong>treprises<br />

wallonnes, quel que soit leur type, <strong>et</strong> couvrir tant le versant « offre » que le<br />

versant « demande » du marché de la transition. Pour ce faire, il<br />

convi<strong>en</strong>dra sans doute de collecter des données originales <strong>et</strong> de les m<strong>et</strong>tre<br />

<strong>en</strong> relation avec informations déjà disponibles mais prov<strong>en</strong>ant de sources<br />

différ<strong>en</strong>tes. L’exam<strong>en</strong> de ces données perm<strong>et</strong>tra, in fine, d’apporter des<br />

réponses satisfaisantes à nos questions initiales. Ces investigations feront<br />

l’obj<strong>et</strong> de la prochaine étape du programme de travail dans lequel s’inscrit<br />

la prés<strong>en</strong>te publication. Nous ne manquerons pas de diffuser leurs<br />

résultats.<br />

68


Bibliographie<br />

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PME familiales, un problème aux multiples fac<strong>et</strong>tes, Confér<strong>en</strong>ce donnée<br />

dans le cadre des Séminaires "La transmission d'<strong>en</strong>treprise", organisés<br />

par l'Union des Classes moy<strong>en</strong>nes à Liège, 6 novembre.<br />

BUGHIN Ch., COLOT O., FINET A., VANDER CASSYEN B. (2009)<br />

Transmission des <strong>en</strong>treprises familiales <strong>et</strong> gouvernance cognitive,<br />

Docum<strong>en</strong>ts d’Economie <strong>et</strong> de Gestion, 2009/4, Université de Mons-<br />

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CEFIP (2007) La transmission des <strong>en</strong>treprises : le financem<strong>en</strong>t, Bruxelles<br />

COLOT O. (2006) Profil du repr<strong>en</strong>eur <strong>et</strong> performance de l’<strong>en</strong>treprise, 1ère<br />

Journée Georges Doriot : <strong>Le</strong>s conduites de <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> : réussir la reprise<br />

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COLOT O. (2007) La transmission des PME familiales non cotées :<br />

approche de la transmission <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> <strong>et</strong> impact sur les performances<br />

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COLOT O. DUPONT D. (2006a) Evolution du personnel suite au changem<strong>en</strong>t<br />

de dirigeant : le cas des transmissions de PME belges, 1ère Journée<br />

Georges Doriot : <strong>Le</strong>s conduites de <strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> : réussir la reprise <strong>et</strong> la<br />

transmission de l’<strong>en</strong>treprise, 17-18 mars, Deauville.<br />

COLOT O., DUPONT C. (2006b) Impact de la transmission d’<strong>en</strong>treprise sur<br />

le personnel <strong>et</strong> sa productivité, Docum<strong>en</strong>ts d’Economie <strong>et</strong> de Gestion,<br />

2006/1, Université de Mons-Hainaut, Mons.<br />

Commission europé<strong>en</strong>ne – DGEI (2006) Marchés pour la transmission<br />

d’<strong>en</strong>treprises, Rapport du groupe d’experts, Bruxelles.<br />

CONSTANDINIS C. (2009) Entreprise familiale <strong>et</strong> g<strong>en</strong>re: les <strong>en</strong>jeux de la<br />

succession pour les filles, Working Paper 200904/01, HEC-Université de<br />

Liège, Liège.<br />

69


CONSTANTINIS C., CORNET A. (2006) <strong>Le</strong>s femmes repr<strong>en</strong>euses d’une<br />

<strong>en</strong>treprise familiale : difficultés <strong>et</strong> stratégies, Working Paper 200608/04,<br />

HEC-Université de Liège, Liège.<br />

CONSTANTINIS C., NELSON T. (2008) Integrating Succession and G<strong>en</strong>der<br />

Issues from the Perspective of the Daughter of Family Enterprise across<br />

the U.S. and EU, Working Paper 200809/04, HEC-Université de Liège,<br />

Liège.<br />

CONSTANTINIS C., SANTIN S. (2007) Id<strong>en</strong>tification de quatre scénarios de<br />

reprise de l’<strong>en</strong>treprise familiale par des filles d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs : prés<strong>en</strong>ce <strong>et</strong><br />

rôle de différ<strong>en</strong>tes parties pr<strong>en</strong>antes, Working Paper 200712/03, HEC-<br />

Université de Liège, Liège.<br />

CONSTANTINIS C., SANTIN S. (2008) La reprise d’<strong>en</strong>treprise familiale par<br />

les filles d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur : une lecture <strong>en</strong> termes de g<strong>en</strong>re, Working Paper<br />

200801/05, HEC-Université de Liège, Liège.<br />

DELHOVE F. (2008) "PME à v<strong>en</strong>dre", Forward, n°8, octobre, pp.31-45.<br />

DE WASSEIGE J. Ch. (2005) "PME cherche repr<strong>en</strong>eur. Urg<strong>en</strong>t !", Tr<strong>en</strong>ds<br />

T<strong>en</strong>dance, 16 juin.<br />

GUYOT J.L., VAN CUTSEM M. (2010) La transmission d’<strong>en</strong>treprise <strong>en</strong><br />

<strong>Wallonie</strong> : discours <strong>et</strong> <strong>en</strong>jeux, Discussion Paper n° 1002, Institut wallon<br />

d’évaluation, de prospective <strong>et</strong> de statistiques, Namur.<br />

LAMBRECHT J., NAUDTS W. (2007) Transmission <strong>et</strong> reprise de PME <strong>en</strong><br />

<strong>Belgique</strong>, Rapport d‘une étude commandée par SPF Economie, C<strong>en</strong>tres<br />

d’Etudes pour l’Ent<strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong>, EHSAL-K.U., Bruxelles.<br />

LAMBRECHT J., PIRNAY F. (2008) La transmission du pouvoir dans les<br />

<strong>en</strong>treprises familiales, Institut de l'Entreprise Familiale, Namur.<br />

LAVEREN E., BISSCHOPS M. (2004) De opvolgingsproblematiek in Vlaamse<br />

bedrijv<strong>en</strong>: resultat<strong>en</strong> van e<strong>en</strong> empirisch onderzoek, Onderzoeksrapport<br />

UAMS, Antwerp<strong>en</strong>.<br />

LOBET D. (2004) La naissance des dispositions à la transmission<br />

intrafamiliale des <strong>en</strong>treprises familiales - Une étude de cas auprès de<br />

quatre PME wallonnes. Premières réflexions, 7 e<br />

Congrès international<br />

francophone <strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> <strong>et</strong> PME, 27-29 octobre, Montpellier.<br />

70


LOBET D. (2006) "La logique du don dans la transmission des <strong>en</strong>treprises<br />

familiales", Sociétés Contemporaines, n° 62, pp. 27-47.<br />

LOBET D. (2008) Transm<strong>et</strong>tre ou pas? Dispositions à la transmission au<br />

sein des PME familiales <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong> francophone, Thèse prés<strong>en</strong>tée <strong>en</strong> vue<br />

de l’obt<strong>en</strong>tion du titre de Docteur <strong>en</strong> Sci<strong>en</strong>ces sociales, Université libre de<br />

Bruxelles, Bruxelles.<br />

PIRNAY F., SURLEMONT B. (2007) La transmission des <strong>en</strong>treprises<br />

familiale <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong> francophone, Enjeux <strong>et</strong> niveau de préparation,<br />

Colloque de l'Institut de l'Entreprise Familiale, 15 mai, Louvain-la-Neuve.<br />

SANTIN S., VAN CAILLIE D. (2006) Diagnostic préalable à la transmission <strong>et</strong><br />

stratégie de reprise de la PME : une relation de conting<strong>en</strong>ce forte, Working<br />

Paper 200610/04, HEC-Université de Liège, Liège.<br />

SOWACCESS - IPSOS (2006) Transmissions d’<strong>en</strong>treprises, Sowaccess,<br />

Liège.<br />

VAN CAILLIE D., DENIS S. (1996) Etat de la transmission des p<strong>et</strong>ites <strong>et</strong><br />

moy<strong>en</strong>nes <strong>en</strong>treprises <strong>en</strong> province de Liège, Résultats d'une <strong>en</strong>quête,<br />

Faculté d'Economie, de Gestion <strong>et</strong> de Sci<strong>en</strong>ces sociales, C<strong>en</strong>tre de<br />

Recherche <strong>et</strong> de Docum<strong>en</strong>tation PME de l'Université de Liège, 8 avril.<br />

VAN CAILLIE D., SANTIN S., CRUTZEN N., KABWIGIRI G. (2006) L’analyse<br />

équilibrée des symptômes de déséquilibre de la PME à repr<strong>en</strong>dre, facteurclé<br />

du succès du processus de reprise : légitimation théorique <strong>et</strong> première<br />

validation empirique, Working Paper 200603/01, HEC-Université de Liège,<br />

Liège.<br />

71


Dans la même collection<br />

Numéro Auteurs Titre Date<br />

9301 Hecq A., Urbain J.-P. Misspecification Tests, Unit Roots and <strong>Le</strong>vel 06/93<br />

Shifts<br />

9302 Docquier F. Transferts publics <strong>et</strong> transition démographique 07/93<br />

<strong>en</strong> <strong>Belgique</strong> : une approche par l'équilibre<br />

général<br />

9303 Hecq A., IGARCH Effect on Autoregressive Lag <strong>Le</strong>ngth 12/93<br />

Selection and Causality Tests<br />

9304 Hecq A., Urbain J.P. Impact d'erreurs IGARCH sur les tests de 12/93<br />

racine unité<br />

9401 Docquier F., Michel Ph. Education <strong>et</strong> croissance : conséqu<strong>en</strong>ces 01/94<br />

économiques d'un choc démographique<br />

9402 Thisse J.-F. Concurr<strong>en</strong>ce sur le marché du travail, 02/94<br />

capitalisation foncière <strong>et</strong> développem<strong>en</strong>t<br />

régional<br />

9403 R<strong>en</strong>ault E., Sekkat K., Testing for Spurious Causality (with an 04/94<br />

Szafarz A.<br />

Application to Exchange Rates)<br />

9404 Scotchmer S., Thisse J.- Space in Theory of Value : Some Notes 04/94<br />

F.<br />

9405 Florês R<strong>en</strong>ato G., Szafarz An Enlarged Definition of Cointegration 06/94<br />

A.<br />

9406 Beine M. L'UEM à la lumière de la théorie des zones 10/94<br />

monétaires optimales : une revue de la<br />

littérature<br />

9407 Hecq A. Unit Root Tests with <strong>Le</strong>vel Shift in the 12/94<br />

Pres<strong>en</strong>ce of GARCH<br />

9501 Hecq A., Mahy B. Testing for the Price- and Wage-S<strong>et</strong>ting Model 01/95<br />

in Belgium Using Multivariate Cointegration<br />

Tests<br />

9502 Puig J.-P., Thisse J.-F., Enjeux économiques de l'organisation de 03/95<br />

Jay<strong>et</strong> H.<br />

l'espace français<br />

9503 Beine M., Hecq A. Codep<strong>en</strong>d<strong>en</strong>ce and Real Converg<strong>en</strong>ce : an 04/95<br />

Application to the EC Economies<br />

9504 Bismans F., Docquier F. Critères d'<strong>en</strong>d<strong>et</strong>tem<strong>en</strong>t public <strong>et</strong> vieillissem<strong>en</strong>t 10/95<br />

démographique<br />

9505 Beine M., Hecq A. Testing for Long Run Productivity Adjusted 11/95<br />

PPP for the Rec<strong>en</strong>t Floating Period<br />

9601 Docquier F. Optimal p<strong>en</strong>sion funding and b<strong>en</strong>efits in a 01/96<br />

small op<strong>en</strong> economy with savers and myopes<br />

9602 Bismans F., Docquier F. Consommation, épargne <strong>et</strong> accumulation dans<br />

la transition démographique<br />

01/96<br />

73


9603 Drèze J., Guio A.-C., Mortality, Fertility and G<strong>en</strong>der Bias, The Case 02/96<br />

Murtyi M.<br />

of India<br />

9604 Hecq A., Mahy B. Testing for Long Run Wage Relationships in 05/96<br />

OECD Countries<br />

9605 Beine M., Hecq A. Infer<strong>en</strong>ce in Codep<strong>en</strong>d<strong>en</strong>ce 09/96<br />

9606 Beine M., Docquier F. A stochastic simulation model of an optimum 10/96<br />

curr<strong>en</strong>cy area<br />

9701 Docquier F. Réformer le système de r<strong>et</strong>raite <strong>en</strong><br />

01/97<br />

<strong>Belgique</strong>.Une question de solidarité inter <strong>et</strong><br />

intra générationnelle<br />

9702 Debuisson M. La diminution de la mortalité infantile dans les 02/97<br />

arrondissem<strong>en</strong>ts belges au tournant du 20e<br />

siècle<br />

9703 Ruyters C., Laffut M. La place des statistiques régionales dans le 02/97<br />

système statistique, Application à l’emploi <strong>et</strong> à<br />

la population active<br />

9704 Beine M., Docquier F. Fédéralisme fiscal dans un modèle de zone 04/97<br />

monétaire optimale<br />

9705 Docquier F., Rapoport H. Are migrants really self-selected ? A note on 04/97<br />

the possibility of strategic remittances<br />

9706 Docquier F., Liégeois P., Comptabilité générationnelle <strong>et</strong> vieillissem<strong>en</strong>t, 09/97<br />

Stijns J.P.<br />

démographique : les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts d’un<br />

modèle d’équilibre général calculable calibré<br />

pour la <strong>Belgique</strong><br />

9707 Vander Stricht V. <strong>Le</strong>s taux de chômage <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong> 10/97<br />

9708 Docquier F., Laur<strong>en</strong>t S., Capital humain, emploi <strong>et</strong> rev<strong>en</strong>us du travail : 11/97<br />

Perelman S.<br />

<strong>Belgique</strong>, 1992<br />

9801 Beine M., Docquier F., Converg<strong>en</strong>ce des groupes : une analyse sur 01/98<br />

Hecq A.<br />

données régionales<br />

9802 Docquier F., Liegeois Ph. Simulating computable overlapping<br />

01/98<br />

g<strong>en</strong>erations model with TROLL<br />

9803 Beine M. L’union économique <strong>et</strong> monétaire à la lumière 01/98<br />

de la théorie des zones monétaires optimales :<br />

une revue de la littérature<br />

9804 Debuisson M., Houard J., <strong>Le</strong> marché du travail <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> 06/98<br />

Laffut M., Ruyters Ch.,<br />

Vander Stricht V.,<br />

<strong>Le</strong>jeune D., Gavray C.,<br />

9805 Beine M., Docquier F., Brain Drain and Economic Developm<strong>en</strong>t : 06/98<br />

Rapoport H.<br />

9806 Cattoir P., Docquier F.,<br />

Beine M.<br />

Theory and Evid<strong>en</strong>ce<br />

Finances Publiques, Solidarités<br />

Intergénérationnelle <strong>et</strong> Interrégionale : une<br />

Analyse Prospective<br />

08/98<br />

74


9901 Guio-A.C., Weiserbs D. Dép<strong>en</strong>ses <strong>et</strong> Rev<strong>en</strong>us des ménages : Etude 08/99<br />

économétrique de l’<strong>en</strong>quête 1995-96<br />

9902 Beine-M., Candelon B., Stabilization Policy and Business Cycles 08/99<br />

Sekkat K.<br />

Phases in Europe : A Markov Switching Var<br />

Analysis<br />

9903 Guyot J.L. L’analyse statistique des populations<br />

09/99<br />

scolaires : Prés<strong>en</strong>tation des principes de base<br />

9904 Beine M., Cal<strong>en</strong>don B., Assessing a Perfect European Optimum 09/99<br />

Hecq A.<br />

Curr<strong>en</strong>cy Area : A Common Cycles Approach<br />

2001 Docquier F., Paddison O. Growth and Equality Effects of P<strong>en</strong>sion Plans 10/00<br />

2002 Guyot JL Capital Humain : Perspective ou Prospective ? 10/00<br />

2003 Broze L., Gavray C.,<br />

Ruyters C.<br />

Dualisme, Mobilité <strong>et</strong> Déterminants Familiaux :<br />

Une Analyse des Transitions sur le Marché du<br />

07/00<br />

2004 De Broucker P.,<br />

G<strong>en</strong>sbittel M.H.,<br />

Maingu<strong>et</strong> C.<br />

2005 De Wasseige Y., Laffut<br />

M., Ruyters C., Schleiper<br />

P.<br />

0101 De Wasseige Y., Laffut<br />

M., Ruyters C., Schleiper<br />

P.<br />

0102 De Wasseige Y., Laffut<br />

M., Ruyters C., Schleiper<br />

P.<br />

Travail<br />

Déterminants Scolaires <strong>et</strong> Analyse de la<br />

Transition<br />

Bassins d’Emploi <strong>et</strong> Régions Fonctionnelles<br />

Méthodologie <strong>et</strong> Définition des Bassins<br />

d’Emploi Belges<br />

Bassins d’Emploi <strong>et</strong> Régions Fonctionnelles<br />

Méthodologie <strong>et</strong> Définition des Bassins<br />

d’Emploi Wallons<br />

Bassins d’Emploi <strong>et</strong> Régions Fonctionnelles<br />

Inv<strong>en</strong>taire <strong>et</strong> Synthèse des Territoires Sous-<br />

Régionaux<br />

0103 Lohest O., Van Haeper<strong>en</strong><br />

B.<br />

Evaluation du Fonctionnem<strong>en</strong>t du Parcours<br />

d’Insertion <strong>en</strong> Région wallonne<br />

0104 Van Haeper<strong>en</strong> B. Pénuries de main-d’œuvre <strong>et</strong> autres t<strong>en</strong>sions<br />

sur le marché du travail : quelques balises<br />

théoriques<br />

11/00<br />

12/00<br />

02/01<br />

03/01<br />

04/01<br />

11/01<br />

0201 Guyot.JL.,Van<br />

Ent<strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> <strong>et</strong> création d’<strong>en</strong>treprise : 05/02<br />

Rompaey.B.<br />

Revue de la littérature <strong>et</strong> état de la recherche<br />

0202 Guio. A.C. La pauvr<strong>et</strong>é <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong> <strong>et</strong> <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> 05/02<br />

0203 De Wasseige Y., Laffut<br />

M., Ruyters C., Schleiper<br />

P. Vand<strong>en</strong> Door<strong>en</strong> L.<br />

Bassins d’Emploi <strong>et</strong> Régions Fonctionnelles<br />

Elaboration d’une Typologie Socio-<br />

Economique des Bassins d’emploi Wallons<br />

05/02<br />

0204 Albessart C., Duprez J.P.,<br />

Guyot J.L.<br />

<strong>Le</strong> Tissu Productif Wallon dans son Contexte<br />

National : une T<strong>en</strong>tative d’Analyse<br />

Démographique<br />

0205 Albessart C., Duprez J.P.,<br />

Guyot J.L<br />

Structure <strong>et</strong> Dynamique du Tissu Productif<br />

Wallon : une Approche Démographique<br />

0206 Lambert A. Des Dynamiques Economiques <strong>et</strong><br />

Démographiques Génératrices de Viol<strong>en</strong>ce ?<br />

P<strong>et</strong>ites Réflexions à partir du cas du Pakistan<br />

75<br />

06/02<br />

06/02<br />

07/02


0208 Deprez A. Compét<strong>en</strong>ces <strong>et</strong> Qualifications<br />

08/02<br />

Mise <strong>en</strong> perspective <strong>et</strong> positions d’acteurs<br />

0401 Guio-A.C. La pauvr<strong>et</strong>é monétaire <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong>, <strong>en</strong> Flandre 02/04<br />

<strong>et</strong> <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong><br />

0402 Debuisson M., Docquier Immigration and adging in the Belgian regions 03/04<br />

F., Noury A., Nantcho M.<br />

0403 Van Haeper<strong>en</strong> B. Formes d’emploi <strong>et</strong> durée du travail : évolution 08/04<br />

comparée de la <strong>Belgique</strong>, de ses régions <strong>et</strong><br />

des pays voisins au cours de la période 1992-<br />

2002<br />

0404 Cardelli R., Nibona M. <strong>Le</strong>s trajectoires professionnelles des salariés 10/04<br />

des secteurs industriels <strong>en</strong> Région wallonne :<br />

de la précarité de l’emploi à l’insatisfaction du<br />

travail<br />

0501 Weickmans G., Une estimation des dép<strong>en</strong>ses publiques de 01/05<br />

Deschamps R.<br />

formation professionnelle continue <strong>en</strong><br />

<strong>Belgique</strong><br />

0502 Dussart L., <strong>Le</strong>fèvre M. L’id<strong>en</strong>tification des crédits budgétaires publics<br />

affectés à la recherche & développem<strong>en</strong>t :<br />

regard critique au départ du cas de la Région<br />

wallonne<br />

01/05<br />

0503 Callay V., Guyot J.L.,<br />

Vanhamme G.<br />

0504 De Wasseige Y., Laffut<br />

M., Ruyters C., Vand<strong>en</strong><br />

Door<strong>en</strong> L.<br />

0505 A. Baye, G. Hindrickx, C.<br />

Libon <strong>et</strong> S. Jaspar<br />

0601 Ruyters C., Vander<br />

Stricht V., Vand<strong>en</strong> Door<strong>en</strong><br />

L.<br />

0602 <strong>Le</strong>fèvre M., Van<br />

Haeper<strong>en</strong> B.<br />

Primo-créateurs d’<strong>en</strong>treprise <strong>et</strong> contextes<br />

locaux : analyse empirique de la situation<br />

wallonne<br />

Bassins d’emploi <strong>et</strong> régions fonctionnelles<br />

Analyse structurelle des bassins d’emploi<br />

majeurs <strong>en</strong> Région wallonne : évolution de<br />

l’emploi salarié <strong>en</strong>tre 1993 <strong>et</strong> 2002<br />

Mesurer la transition <strong>en</strong>tre l’école <strong>et</strong> la vie<br />

active <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> : Cadre conceptuel <strong>et</strong><br />

canevas d’indicateurs internationaux<br />

Estimation de la population active par<br />

commune : 30 juin 2003 <strong>et</strong> 2004<br />

Evaluation des couveuses d’<strong>en</strong>treprises, des<br />

coopératives d’activités <strong>et</strong> des incubateurs <strong>en</strong><br />

économie sociale <strong>en</strong> Région wallonne<br />

0604 Guio A.C. Pauvr<strong>et</strong>é monétaire <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong>, <strong>en</strong> Flandre <strong>et</strong><br />

<strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong><br />

0701 Coll<strong>et</strong> S., Weickmans G.,<br />

Deschamps R.<br />

Une estimation des dép<strong>en</strong>ses publiques<br />

d’emploi <strong>et</strong> de formation professionnelle<br />

continue <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong><br />

09/05<br />

11/05<br />

12/05<br />

08/06<br />

11/06<br />

11/06<br />

02/07<br />

76


0702 Eggerickx T., Debuisson<br />

M., Hermia J.P.,<br />

Sanderson J.P. <strong>et</strong> Vander<br />

Stricht V.<br />

0703 Vander Stricht V., Vand<strong>en</strong><br />

Door<strong>en</strong> L.,<br />

<strong>Le</strong> baromètre des conditions de vie dans les<br />

communes bruxelloises <strong>et</strong> wallonnes<br />

les Estimations de la population active par<br />

commune : une pièce importante dans le<br />

puzzle des statistiques du marché du travail<br />

0704 Dussart L. Dégradation de la « clé IPP » pour la <strong>Wallonie</strong> :<br />

t<strong>en</strong>tative d’interprétation au regard de<br />

l’évolution <strong>et</strong> de la composition du rev<strong>en</strong>u<br />

imposable à l’impôt des personnes physiques<br />

0801 Guyot J.L., Lohest O. L’aversion au risque : une barrière à<br />

l’<strong>en</strong>t<strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong> ?<br />

0802 Guyot J.L., Lohest O. Barrières à l’<strong>en</strong>t<strong>repr<strong>en</strong>euriat</strong> <strong>et</strong> primo-création<br />

d’<strong>en</strong>treprise : le g<strong>en</strong>re est-il une variable<br />

discriminante<br />

0803 GUIO, A.C. Pauvr<strong>et</strong>é monétaire <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong>, <strong>en</strong> <strong>Wallonie</strong><br />

<strong>et</strong> <strong>en</strong> Flandre <strong>en</strong> 2006<br />

0804 Defays, D. Rapport sur le statut institutionnel de la<br />

statistique régionale<br />

0901 Guio, A.C. What can be learned from material deprivation<br />

indicators in Belgium and Regions?<br />

0902 GIiacomin, O., Guyot, Motivations de création de nécessité <strong>et</strong><br />

J.L., Janss<strong>en</strong>, F., Lohest, d’opportunité <strong>et</strong> secteurs de création<br />

O.<br />

0903 Guio, A-C, Carp<strong>en</strong>tier<br />

Sarah<br />

Une t<strong>en</strong>tative de mesure de la pauvr<strong>et</strong>é au<br />

niveau local : exploitation des données<br />

relatives aux bénéficiaires de l’interv<strong>en</strong>tion<br />

majorée <strong>en</strong> soins de santé<br />

1001 Charlier, J. , Reginster, I. L’évolution de la superficie résid<strong>en</strong>tielle<br />

moy<strong>en</strong>ne par habitant : un indicateur de<br />

développem<strong>en</strong>t territorial durable ?<br />

1002 Guyot, J.-L., Van Cutsem,<br />

M.<br />

La transmission d’<strong>en</strong>treprise <strong>en</strong> Région<br />

wallonne : discours <strong>et</strong> <strong>en</strong>jeux<br />

1003 Cipriano; S., Van<br />

Haeper<strong>en</strong>, B.<br />

<strong>Le</strong>s ag<strong>en</strong>ces dans le paysage de la fonction<br />

publique wallonne<br />

1004 Guio, A-C, Risk factors of income poverty and material<br />

deprivation in Belgium and Regions<br />

04/07<br />

08/07<br />

09/07<br />

09/08<br />

09/08<br />

01/09<br />

01/09<br />

03/09<br />

03/09<br />

04/09<br />

01/10<br />

03/10<br />

04/10<br />

04/10<br />

1005 Desmarez, P., C<strong>en</strong>iccola,<br />

P.,Cortese, V.,Maingu<strong>et</strong>,<br />

Ch., Veinstein, M.<br />

L’<strong>en</strong>trée dans la vie active d’une cohorte de<br />

jeunes issus de l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t secondaire<br />

09/10<br />

77


Route de Louvain-la-Neuve, 2<br />

B-5001 BELGRADE-NAMUR<br />

Tél : 32 (0)81 46 84 11<br />

Fax : 32 (0)81 46 84 12<br />

http://statistiques.wallonie.be<br />

info@iweps.be

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