Guérande, un site remarquable en haute Bretagne • Le ... - Inrap

6-33
Contributions
des chercheurs
34-51
Actualité
des chantiers
52-55
Publications,
colloques, musées
N u m é r o 1 3 - J u i l l e t 2 0 0 4
Guérande, un site remarquable en haute Bretagne • Le château de Roc’h
Morvan, une citadelle bretonne • Archéologie préventive et analyse des
occupations rurales durant le haut Moyen Âge • Planarch : un projet
européen
7,62 / ISSN 1622-8545

PARUTION
k Un volume de 24 x 22 cm ;
2003 ; 84 p. : ill. ISBN 2-85-822-783-7
k Prix : 10
k Commande :
Boutique du château d’Angers,
à l’attention de madame Chevalier,
2, promenade du Bout du Monde
49100 Angers
Tél. 02 41 86 48 84

Sommaire
Sommaire
U X
A u x l e c t e u r s
lecteurs
k 04 Éditorial
[ RECHERCHES ]
PAR JEAN-PAUL DEMOULE
Archéopages est édité par
l’Institut national des
recherches archéologiques
préventives, établissement
public placé sous la double
tutelle des ministères chargés
de la Culture et de
la Recherche.
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elle dépend encore du
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k 06 Guérande, un site remarquable en haute Bretagne
k 18 Le château de Roc’h Morvan, une citadelle bretonne
k 26 Archéologie préventive et analyse des occupations rurales durant
le haut M oyen Âge
k 32 Planarch : un projet européen
[ ACTUALITÉS ]
k 34 Les chantiers par région : Alsace, Auvergne, Basse-Normandie, Centre,
Champagne-Ardenne, Dom-Tom, Franche-Comté, Île-de-France,
Languedoc-Roussillon, Nord-Pas-de-Calais, Pays-de-la-Loire,
Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Rhône-Alpes
[ LU, VU, ENTENDU ]
k 52 Publications, études, colloques, expositions
PAR CHRISTOPHE DEVALS
PAR JOCELYN MARTINEAU
PAR ISABELLE CATTEDDU
PAR GEERTRUI BLANCQUAERT,
LAURENT SAUVAGE ET MARC TALON
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• Cliché de couverture : Hervé Paitier/Inrap.
Juillet 2004 • Archéopages n°13
3

Édit
l’archéologie prév
La mise en place du dispositif de la loi du 1 er août 2003,
amendant celle du 17 janvier 2001 sur l’archéologie préventive,
se poursuit progressivement. Un décret du 2 juin dernier, sur les
procédures d’archéologie préventive, précise l’ensemble des
nouvelles dispositions, telles la participation des services
archéologiques de collectivités au monopole public de réalisation
des diagnostics, la création d’un Fonds national d’archéologie
préventive (FNAP) pour aider les aménageurs impécunieux,
les conditions d’agrément d’éventuelles structures privées, etc.
Des arrêtés doivent venir en complément, notamment pour
définir la forme et le contenu des rapports de diagnostics et de
fouilles, ou encore les conditions de conservation des objets et
de la documentation. Un nouveau Conseil national de la
recherche archéologique (le précédent avait atteint son terme en
septembre dernier) vient également d’être nommé. Présidé par
le ministre de la Culture et de la Communication, ce conseil a
pour vice-président François Baratte, professeur à l’université de
Paris-IV et spécialiste d’histoire de l’art et d’archéologie romaine.
Il prend ainsi la succession de Michel Gras, devenu directeur de
l’École française de Rome.
Le CNRA, composé pour moitié de personnalités nommées, et
pour son autre moitié de représentants des commissions
interrégionales de la recherche archéologique (CIRA), aura pour
rôle de débattre des grandes questions de politique de recherche,
mais aussi d’émettre un avis sur les demandes d’agrément des
services de collectivités et des éventuelles structures privées. On
n’observe pas, jusqu’à présent, de mouvement de création
significatif dans ce domaine – c’est d’ailleurs ce qu’avaient
pressenti, lors du débat parlementaire, le ministre de la Culture
et de la Communication et les rapporteurs.
Un nouveau rapport sur l’archéologie préventive est par ailleurs
en cours, sous la responsabilité du sénateur Yann Gaillard, qui
avait précédemment travaillé sur les monuments historiques.
Cette mission s’effectue dans le cadre d’une toute nouvelle
procédure, qui se déroule en liaison avec la Cour des comptes,
et dont l’archéologie préventive sert précisément de banc d’essai.
De fait, si les opérations de terrain se poursuivent à un rythme
soutenu grâce à un budget en progression, si les personnels de
l’Inrap participent en grand nombre aux groupes de travail
préparant le futur projet d’établissement et si la politique de
recherche poursuit son développement, notamment en terme
de diffusion et de partenariat, certains problèmes subsistent.
Le principal, on le sait, est posé par la nouvelle redevance d’archéologie
préventive (RAP), prélevée, à raison de 32 centimes
par mètre carré, sur tous les projets d’aménagements supérieurs
à 3 000 m 2 . En effet, cette imposition n’est proportionnelle ni à
la valeur de l’aménagement projeté ni à la surface des terrains
réellement affectés par les travaux mais, à la suite de la proposition
du ministère de l’Équipement, à la surface de l’ensemble
de l’unité foncière. D’où certains cas, minoritaires mais frappants,
relevés par des questions parlementaires et même par la
presse, où un aménagement de petite taille envisagé sur une très
vaste parcelle entraîne une redevance très importante, sinon
disproportionnée. L’assiette et le mode de calcul de la redevance
étant fixés par la loi, il faudra donc amender prochainement
celle-ci afin d’y introduire les modifications nécessaires – ainsi
que l’a annoncé le ministre de la Culture et de la
Communication. Mais, afin d’éviter de nouveaux dysfonctionnements,
il conviendrait cette fois qu’une étude très précise
mesure tous les effets, en particulier budgétaire, de tout nouveau
dispositif. Par ailleurs, la perception de la redevance
s’effectue à un rythme encore lent – mais on considère en général
qu’il faut en moyenne deux ou trois années avant que la
perception d’un nouvel impôt atteigne sa vitesse de croisière.
Au-delà de ces aspects techniques, la question de fond est
néanmoins culturelle. La loi de 2003, quoiqu’en en modifiant
les dispositifs financiers, est venue également conforter la loi de
2001, votée par une majorité différente, en réaffirmant la
légitimité de l’archéologie préventive. Celle-ci progresse donc,
soutenue par l’opinion publique. Mais tout n’est pas
définitivement acquis. Ce printemps encore, la presse et les
journaux télévisés se sont fait l’écho de la destruction à Dunsur-Meuse,
par l’aménageur lui-même, d’une villa gallo-romaine
qui comportait fresques, mosaïques et thermes, formellement
identifiés lors du diagnostic. Triste ironie, l’aménagement est un
bâtiment scolaire, au sein duquel il avait été prévu de présenter
aux enfants ces vestiges archéologiques de leur propre passé.
C’est pourquoi l’information des citoyens reste une priorité
pour l’archéologie préventive. C’est ainsi qu’en mai dernier a
4 Archéopages n°13 • Juillet 2004

orial
PAR JEAN-PAUL DEMOULE
entive au printemps 2004
PRÉSIDENT DE L’INSTITUT NATIONAL DE RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES PRÉVENTIVES
été inaugurée, en collaboration avec le musée gallo-romain de
Lyon, une exposition sur les célèbres bateaux romains trouvés
au bord de la Saône, et dont la fouille s’achevait à peine. De
même, en juin, une exposition présentait les résultats
préliminaires des très importantes fouilles paléolithiques,
toujours en cours, de Bergerac, effectuées sur la rocade de
contournement de cette ville. Les fouilles de l’autoroute
languedocienne A75 vont bientôt faire l’objet d’une exposition,
tout comme celles du TGV Paris-Metz. Après la publication
des fouilles du Collège de France à Paris, viennent de sortir
celle du site néolithique des Vautes, en collaboration avec
l’équipe de recherche du CNRS de Jean Guilaine, fouillé sur le
tracé d’un gazoduc, celle du site gallo-romain de Soumaltre,
sur le tracé de l’autoroute A75, ou encore celle du site
néolithique de Poses, sur une carrière de graviers, en
collaboration avec la Société préhistorique française.
Parmi les chantiers médiatisés, on mentionnera le site galloromain
de Chartres, fouillé en collaboration avec le service
archéologique municipal, ainsi qu’un autre site antique, celui
de Vanves, où les murs sont conservés sur plus d’un mètre et
portent des traces de fresques, ou encore les spectaculaires
mosaïques romaines de Besançon. La nécropole néolithique
de Thonon-les-Bains, avec ses sépultures collectives disposées
au sein de caveaux de bois, est une autre découverte
essentielle.
C’est pour capitaliser l’ensemble de ces grandes découvertes,
tout au long de deux décennies d’archéologie préventive, que
l’Inrap présentera à l’automne prochain, en partenariat avec
un éditeur privé, un ouvrage destiné au public le plus large,
provisoirement intitulé La France archéologique. Un grand
nombre d’archéologues de l’Inrap y ont participé, mais aussi
des chercheurs de toutes les autres institutions scientifiques.
La masse d’informations collectées est si considérable qu’elle
dépasse de loin le volume imparti et qu’il est d’ores et déjà
envisagé de travailler à d’autres volumes, sur des thèmes
particuliers.
L’Inrap s’est désormais doté d’un nouveau site web, en cours
de développement, qui a obtenu le Web’art d’or au Festival
audiovisuel international musée & patrimoine. Il s’agit
évidemment d’un moyen de communication fondamental.
C’est pourquoi il convient de réfléchir à un mode de diffusion
en ligne d’un certain nombre d’informations scientifiques.
C’est déjà ce qui est envisagé, à un stade très avancé, en
partenariat avec la sous-direction de l’Archéologie et le CNRS,
afin de mettre en ligne, sous une forme uniformisée, l’ensemble
des notices décrivant les fouilles réalisées.
On trouvera, parmi les riches contributions de ce numéro, la
présentation d’un nouveau projet, Planarch 2, réalisé dans le
cadre d’un programme européen. Il associe l’Inrap et des
institutions archéologiques du Bénélux, d’Allemagne
occidentale et du sud-est de la Grande-Bretagne, pour une
réflexion d’ensemble sur l’insertion de l’archéologie préventive
dans la planification des grands travaux. De plus en plus, la
recherche en général, et la recherche archéologique en
particulier, a vocation à se développer à un niveau européen
et l’Inrap veillera à être présent dans un certain nombre de
projets de ce type. C’est aussi à ce titre que l’Inrap vient d’être
admis comme membre observateur au sein de l’Europae
Archaeologiae Consilium, association qui regroupe l’ensemble
des services archéologiques nationaux. De même, l’Inrap sera
représenté par un certain nombre de ses chercheurs lors du
congrès de l’Association européenne des archéologues, seule
de son espèce et créée il y a dix ans ; ce congrès se tient à Lyon
en septembre 2004, et pour la première fois en France.
On le sait, l’Inrap s’est engagé dans la réalisation d’un vaste
projet triennal d’établissement, le premier du genre, auquel
l’ensemble de ses agents a été invité à participer. De nombreux
groupes de travail se sont mis en place, auquel chacun a été
convié. Le projet qui sera présenté à l’automne 2004 engagera
donc l’ensemble de l’établissement pour les trois ans à venir.
Il traitera aussi bien, entre autres, du fonctionnement de
l’institut, des relations avec ses partenaires, que de ses
productions scientifiques et grand public. C’est aussi à ce titre
qu’une réflexion sera conduite sur Archéopages, afin d’en élargir
l’audience et la portée.
PARIS, LE 21 JUIN 2004
Juillet 2004 • Archéopages n°13
5

R E C H E R C H E S
Guérande, un site remarquab
( L O I R E - AT L A N T I Q U E )
PAR CHRISTOPHE DEVALS
Depuis une trentaine d’années, la ville de Guérande et sa région font l’objet de très nombreuses
opérations archéologiques, conséquence de l’explosion immobilière que la côte atlantique
subit depuis les années 1970, le phénomène se poursuivant bien au-delà du littoral saturé de
constructions. Voici les premiers résultats d’une carte archéologique de cette commune où les
traces d’occupation humaine remontent à bien avant la période gauloise.
Le milieu naturel
Guérande s’inscrit dans un vaste triangle délimité
au nord par la Vilaine, à l’est par le Brivet
et au sud par l’océan Atlantique et l’estuaire de
la Loire. Au sud-ouest prédominent les marais
salants. Le plateau guérandais occupe toute la
partie centrale de ce pays. Il décline doucement
vers le nord et l’est où apparaît la troisième
composante du milieu naturel local, la Brière.
La commune de Guérande associe ces trois ensembles
naturels, la part purement briéronne
demeurant toutefois anecdotique (fig. 1).
Les données paléoenvironnementales sont
essentiellement issues des travaux menés ces
vingt dernières années en Brière (Visset 1990)
mais on ne doit cependant pas omettre l’apport
des recherches effectuées à Guérande même qui
complètent utilement ces informations (Prigent
1977). On distingue une phase de régression
marine qui débute vers la fin de l’âge du Fer
(I er s. av. J.-C.) et s’achève aux alentours du IV e s.
de notre ère. Cette fluctuation indiquerait donc
un littoral antique plus étendu qu’aujourd’hui,
largement valorisé et occupé, mais qui aurait
petit à petit reculé, obligeant les Gallo-Romains
à se retirer vers le coteau et le plateau guérandais
après le II e s. de notre ère.
Du Hallstatt à La Tène,
un essor considérable
La fouille de Villejames (fig. 2) a révélé une
occupation du Hallstatt (600 avant notre ère)
dont les principaux vestiges sont représentés
par un enclos carré à fossé simple auquel sont
liés des creusements secondaires plus arasés
mais d’orientation semblable. La fonction de cet
ensemble demeure inconnue mais elle s’est
poursuivie jusqu’à La Tène ancienne (450-350
avant notre ère). On peut noter la présence,
parmi le mobilier céramique, de quelques
fragments de piliers-trompettes ayant assurément
appartenu à un ou plusieurs fours à sel
(encadré A).
Fig. 1
Localisation de la ville
de Guérande dans
l’estuaire (dessin
L. Pirault/Inrap).
6 Archéopages n°13 • Juillet 2004

Guérande
le en haute Bretagne
R E C H E R C H E S
Fig. 2
Plan général de la
fouille de Villejames
(DAO P. Baty
d’après relevé topo.
P. Leblanc/Inrap).
A
Le sel gaulois
voquer le site gaulois de Guérande, c’est inévitablement s’attacher à la
É
problématique du sel et de son exploitation. Il n’y a pas de fouille qui n’ait
livré des vestiges d’une activité saunière. Si, pour le premier âge du Fer,
les informations demeurent encore ténues, il en va tout autrement pour
la fin de la période gauloise où ils foisonnent. La découverte des aires
de chauffe, ou fours, est plus rare. À part le four à pilier de Sandun, il faut
mentionner le poste de travail gaulois de Villejames (ci-contre), daté des
II e -I er s. av. J.-C., qui comprend, outre l’aire de chauffe, les trous de poteaux de la
superstructure du four et un petit fossé d’enclos discontinu et elliptique.
La régularité des découvertes liées à cette activité indique que celle-ci dépasse
probablement le statut du simple artisanat nécessaire aux seuls besoins des
autochtones. Il semble peu contestable qu’elle soit à l’origine d’échanges commerciaux
plus larges et, donc, puisse participer au développement du site de
Guérande tout au long de la période gauloise.
Le four à grille de Villejames
(cl. P. Bâty/Inrap).
Juillet 2004 • Archéopages n°13
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R E C H E R C H E S
Fig. 3 et 4
L’urne cinéraire
gauloise de Kerhaut,
premier témoignage de
pratiques funéraires du
Hallstatt à Guérande
(cl. C. Devals/Inrap).
Guérande et ses lieuxdits
: 1 Le Fan ; 2 Saint-
Nom ; 3 Sainte-Brigitte ;
4 Clis ; 5 Les Grands
Jardins ; 6 Tesson ;
7 Château Grannon ;
8 Le Pigeon Frais ;
9 Le Yosquet ;
10 Griguény ;
11 Les Maisons Brûlées ;
12 Château Fringon ;
13 Saline Douceil ;
14 Drezeuc ; 15 Le Clos
du Drezeuc ; 16 Pradel ;
17 Congor ; 18 Le Bout de
la Rue ; 19 La Mothe au
Blanc ; 20 Kerdando ;
21 La Madeleine ;
22 Bréhadour ; 23 Rue de
la Madeleine ; 24 Butte de
Beaulieu ; 25 Clos Flaubert ;
26 Rocadro ; 27 Kerbiniou ;
28 Bréhany ; 29 Villejames ;
30 Lessac ; 31 Brénavé ;
32 Careil ; 33 Saillé ;
34 Kerbrenezé ;
35 Clos de la Pierre
(dessin L. Pirault/Inrap).
Plus récemment, le site de Kerhaut a permis
de recueillir des informations nouvelles sur
cette période. Un entrelacs de fossés de tailles
diverses appartenant probablement à un habitat
y a été fouillé. Bien daté grâce à une relative
abondance de mobilier céramique, il a surtout
livré une urne cinéraire et la stèle en pain de
sucre qui devait l’accompagner (fig. 3). C’est le
premier témoignage funéraire à Guérande.
Même s’il semble que quelques vestiges très
arasés puissent appartenir à La Tène ancienne à
Villejames, c’est le site de Sandun qui a révélé le
plus de vestiges de cette période. Un bâtiment
sur poteaux et à trois nefs ainsi qu’un grenier à
sept poteaux et un four à pilier ont été mis au
jour. Ce dernier est lié à une activité saunière
toujours bien présente.
Mais c’est la période de La Tène finale (I er s. av.
J.-C.) qui apparaît à ce jour la mieux documentée.
Outre la fouille de Beaulieu, les opérations
menées au Moulin de Beaulieu, à Bréhadour,
à Villejames (ferme indigène et fossés parcellaires),
au Clos Flaubert (supposition de lieu
de culte gaulois antérieur au fanum antique
et autres vestiges fossoyés) et au Moulin du
Diable (fossées d’enclos ou de parcellaire) ont
démontré de manière évidente l’importance du
site gaulois de Guérande (fig. 4).
D’autres sites, reconnus lors de petites opérations
de diagnostic, de prospections pédestres
et par photo-interprétation, ont complété ces
informations. De la ferme indigène de Villejames
aux activités saunières de Bréhadour en
passant par l’importante stratigraphie du Clos
Flaubert, on doit aussi noter la grande variété et
la richesse de ces sites qui intègrent naturellement
un espace gaulois beaucoup plus étendu.
Ce dernier se révèle aussi par la reconnaissance
d’une multitude d’enclos simples ou complexes
visibles sur les clichés aériens. Si l’on se base
sur le double fossé de la ferme indigène de Villejames,
on constate que nombre de ces enclos
et beaucoup d’autres structures de type fossoyé
obéissent à un plan apparemment structuré.
Des Gaulois aux
Gallo-Romains
Comment s’est opérée la transition entre ce
8
Archéopages n°13 • Juillet 2004

monde gaulois bien établi et la civilisation
gallo-romaine ? L’archéologie permet d’apporter
quelques précisions et d’émettre de nouvelles
hypothèses de travail. Le site du Clos Flaubert
a révélé les traces importantes d’une activité
tibérienne (14-37 ap. J.-C.) qui supplante des
vestiges manifestement gaulois. Ceci est illustré
par le fanum qui succéderait à un établissement
de La Tène finale, peut-être lui-même voué à
un culte indéterminé. On assiste donc là à un
bel exemple de continuité de réutilisation de
structures au profit de la civilisation conquérante.
Sur les sites de Beaulieu, du Moulin
de Beaulieu, de Rocadro et de Bréhadour,
on a plutôt fait table rase du passé avec une
restructuration totale de l’espace. A contrario,
rien de tel n’a été constaté à Villejames où le
site gaulois semble simplement abandonné au
profit d’un retour temporaire vers une activité
agricole. Ce n’est que plus tard, au II e s. de notre
ère, que s’y installent les Gallo-Romains. Enfin,
d’autres secteurs sont définitivement abandonnés,
comme Sandun. En parallèle, de nouvelles
portions de terrain sont mises en valeur par les
Gallo-Romains au sud-est de la ville actuelle,
à Kerbiniou ou au Guesny que reflètent des
portions reconnues d’enclos. C’est probablement
le cas aussi au Bois Rochefort et rue de La
Madeleine, au nord.
Agglomération, port, vicus… ?
La particularité de Guérande est de posséder
deux pôles habités d’importance, l’un localisé
dans et autour du village de Clis, l’autre dans le
quartier de Beaulieu, à la périphérie nord-est de
la ville médiévale. Ces deux ensembles, séparés
de plusieurs kilomètres, sont connus depuis le
XIX e s. mais seul Clis a fait l’objet, à l’époque,
d’investigations approfondies (encadré B). En
reprenant systématiquement les informations
issues des fouilles ou des études anciennes, tout
en élaguant certaines hypothèses plutôt fragiles,
il est possible de reconstituer partiellement le
paysage antique.
B
Textes antiques et
médiévaux
Les découvertes de Clis, en 1875, ont relancé la polémique sur la localisation
L
des mythiques Corbilo (Strabon, Géographie, IV, 2, 1 et IV, 4, 6) et Portus
Brivates (Ptolémée, Géographie, II, 8) tout en ne résolvant pas la question.
Par la suite, ni les Itinéraires d’Antonin, ni la Table de Peutinger ne mentionnent
Guérande, pas plus que Grégoire de Tours, dans son Historia Francorum.
Par la vague consonance d’un nom actuel, Château Grannon, à Clis, plusieurs
auteurs (Maître 1889) ont aussi associé le site de Guérande à la Granonna de
la Notitia Dignitatum, ville portuaire dont on ne connaît pas l’emplacement mais qui
serait localisée entre Dieppe et Blaye. Enfin, il reste la très hypothétique situation de
la bataille navale de Jules César contre les Vénètes que certains auteurs n’hésitent
pas à placer au large de Guérande (Orieux 1882 ; Boceret 1883), faisant fi des
contraintes maritimes locales et des précisions données par le principal intéressé
lui-même dans sa Guerre des Gaules (César, livre II).
s’étend sur de nombreux hectares et couvre
une bonne part du flanc de coteau occidental
de la commune.
À la suite d’Arthur Martin, le premier à s’être
penché sur le site du Yosquet (Martin 1873),
René Kerviler et Léon Maître (1889) ont dégagé
les vestiges d’un établissement thermal accolé à
ce qu’ils ont interprété comme étant une villa
d’importance au lieu-dit Château Fringon.
Si sa localisation ne pose pas de problème,
il n’en existe malheureusement pas de plans
précis. Ces vestiges intègrent-ils la pars urbana
d’un grand domaine foncier, sont-ils un élément
d’un vicus ou d’une agglomération plus
importante ?
Puis Léon Maître (1893) fouille l’édifice des
Grands Jardins ; le mur méridional de l’ensemble
est toujours visible à Clis (fig. 5). Conservée
Le mur antique de
Clis, vestige du
mur méridional du
bâtiment fouillé par
l’archéologue nantais
Léon Maître à la fin
du XIX e s.
(cl. C. Devals/Inrap).
Fig. 5
R E C H E R C H E S
Le village de Clis
Localisé à l’ouest de Guérande intra muros et
dominant les marais salants, ce village est regroupé
autour d’une chapelle attestée au XIII e s.
Le cartulaire de Redon, sous le vocable aula clis,
évoque son existence dès le IX e s. sans en préciser
toutefois le statut. Clis regroupe aujourd’hui
un ensemble de hameaux et d’exploitations
agricoles parmi lesquels on retrouve nombre
de sites connus sous des vocables divers. Il
Juillet 2004 • Archéopages n°13
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R E C H E R C H E S
Fig. 6
Vue de la cella du
fanum polygonal de
Beaulieu qui succède
à un édifice de la fin
de la période gauloise
dont la fonction nous
est inconnue
(cl. L. Pirault/Inrap).
en moyenne sur 1,50 m en élévation, cette
construction en opus quadratum est incontestablement
d’origine antique (présence d’un mortier
de tuileau caractéristique) même si certaines
sections ont pu faire l’objet de replâtrages ou de
consolidation. Cette construction rectangulaire,
d’environ 65 sur 50 m, présente dans sa partie
orientale une galerie maçonnée et dans sa partie
septentrionale une abside de 9 m de diamètre
accolée au mur principal. Il y a été recueilli un
mobilier intéressant : fragments architecturaux,
enduits peints et plusieurs monnaies de Constantin
I er et de Magnence attestant encore une
occupation du lieu au IV e s. Interprété à l’origine
comme étant une partie de villa, cet ensemble
architectural pourrait tout aussi bien être un
vestige de temple ou de basilique, voire un ensemble
à ciel ouvert de type forum ou macellum,
ou encore un édifice public dont la fonction
nous est inconnue. Sa grande dimension et
l’aspect proportionnellement « fragile » des
murs incitent cependant à évoquer un espace à
ciel ouvert bordé par un déambulatoire ou une
galerie de circulation.
Cette fouille a inauguré toute une série d’investigations
plus ou moins ponctuelles. Partout ont
été ou sont encore découverts des vestiges de
toute sorte, associant du mobilier évocateur, de
la céramique à la margelle de puits, voire des
murs parfois visibles (Le Pigeon Frais, Drezeux,
dans les caves du château) ou des inhumations
(I er -III e s. ap. J.-C.) (La Saline Douceil, Prigent
1977). À la lecture de ces découvertes, ce
secteur, qui forme un vaste quadrilatère entre
Sainte-Brigitte et Toullan à l’ouest et Tesson et
Pradel à l’est, est probablement un seul grand
site antique. Sa nature et son plan général demeurent
par contre ignorés, comme l’existence
ou non d’une voirie et d’un parcellaire organisés.
Le site est daté du I er s. de notre ère sans que
l’on sache vraiment s’il s’agit d’une création ex
nihilo avec une continuité plus ponctuelle jusqu’au
Bas-Empire.
Pour autant, il est impossible de définir un
maillage urbain antique à Clis. Cependant, si
l’on se réfère au plan de l’édifice des Grands
Jardins et aux portions de bâtiments reconnues
au Château Fringon et au Clos du Drezeuc, on
obtient un schéma assez orthogonal, d’orientation
ouest-nord-ouest/est-sud-est suivant peu
ou prou la ligne du coteau guérandais.
Naturellement, en regard de la position géographique
du site, on a évoqué la présence d’un
port antique. En effet, il n’est pas invraisemblable
qu’un point de mouillage ait pu dès cette
époque exister à Guérande, sinon même avant
(commerce du sel gaulois ? Devals 2002). Les
épaves répertoriées depuis longtemps dans les
marais (Kerviler 1877 ; Maître 1893), partiellement
asséchés à l’époque antique, sont au
mieux médiévales car il s’agit de bateaux à
clins. Et si port il y a eu, sa localisation précise
risque de rester difficile à établir du fait des fluctuations
marines qui ont marqué le paysage lors
des premiers siècles de notre ère.
Le quartier de Beaulieu
Les informations concernant ce quartier sont
plus nombreuses et beaucoup plus récentes.
Incontestablement, les fouilles de Beaulieu
même (Pithon 1994), de Beaulieu-gymnase
(Nillesse 1992) et du Clos Flaubert (Pirault
1996) ont livré les éléments d’un ou plusieurs
quartiers d’habitations organisés autour d’une
voirie complexe. Un site cultuel (le fanum du
Clos Flaubert) et au moins une domus de type
urbain (rue de La Madeleine) font partie intégrante
du site qui s’étend sur plusieurs hectares
au nord-est de la ville médiévale.
Le fanum du Clos Flaubert (fig. 6), qui supplante
des vestiges gaulois peut-être de même nature,
est un monument polygonal du I er s. de notre
ère. Doté d’un pronaos, d’une ouverture classique
à l’est et de superstructures construites à l’aide de
matériaux périssables (bois et torchis), il se situe
sur la ligne de crête du coteau guérandais.
Concernant l’habitat stricto sensu il faut se référer
aux fouilles de Beaulieu, à l’exception du Clos
Flaubert, peut-être à Rocadro un peu plus au
sud, voire dans la partie intra-muros. À Beaulieu,
il s’agit de constructions simples sur solins,
de plan rectangulaire, datant surtout du I er s.
10
Archéopages n°13 • Juillet 2004

(Pithon 1994) ; elles peuvent représenter des
unités d’habitation modestes. De la même
époque, on doit aussi signaler la domus rue de
La Madeleine. Outre les maisons, le site de Beaulieu
comprend des éléments de voirie, des fours,
des puits et de nombreux fossés de drainage qui
confèrent à l’ensemble sa vocation urbaine. On
y retrouve les mêmes éléments chronologiques
qu’à Clis en retenant toutefois une très bonne
représentation de la période de transition caractérisée
par la céramique entre les vestiges de
La Tène finale et ceux de l’époque augustéenne
(fin I er s. av. J.-C.-début I er s. ap. J.-C.).
Même si les découvertes sont toujours résiduelles
dans la partie intra-muros, des murs
en petit appareil y ont aussi été découverts,
notamment rue Vannetaise, sous l’actuelle abbatiale
Saint-Aubin, ainsi que près de l’enceinte
médiévale (Guérin 1991), et du mobilier épars
y est fréquemment recueilli lors de travaux de
canalisation. Rien n’indique a priori que la cité
médiévale se soit installée sur un lieu vierge de
toute construction antérieure.
À Beaulieu, le plan urbain apparaît plus étoffé
qu’à Clis avec des bâtiments orientés de même
manière et des limites mieux circonscrites au
nord, à l’est et au sud-est. On ne connaît pas
l’extension du site à l’ouest et au sud-ouest, notamment
vers la ville médiévale. Le plan bien
structuré a pour intérêt supplémentaire qu’il
correspond parfaitement avec les orientations
parfois plus conjecturelles observées à Clis.
En l’état actuel des connaissances, il ne semble
pas que le « quartier » de Beaulieu et les vestiges
de Clis puissent être directement reliés
sauf chronologiquement. Ils sont éloignés
l’un de l’autre de plusieurs kilomètres et les
découvertes faites entre les deux pôles ne sont
pas significatives. La fonction même des deux
sites pourrait être différente, l’un, Beaulieu,
s’étant développé sur le coteau, l’autre, Clis,
apparaissant plus orienté vers l’océan Atlantique.
D’autre part, si un Beaulieu gallo-romain
succède bien à un Beaulieu gaulois, rien de tel
ne semble s’opérer à Clis.
Le réseau des
communications à l’époque
gallo-romaine
Même si Guérande n’est traversé par aucune
rivière, le pays guérandais est entouré d’eau : à
l’est et au nord, la Brière et les marais de Saint-
Molf, à l’ouest l’Atlantique, au sud les marais
salants et au sud-est la Loire qui n’est toutefois
pas directement limitrophe de Guérande. La
région s’est développée grâce aux ressources
locales en se servant du rivage atlantique et de
l’estuaire de la Loire comme voies de communication
privilégiées.
La volonté ancienne de vouloir faire coïncider
les informations spatiales guérandaises
avec des clichés convenus transparaît bien à
travers les différentes études menées sur les
voies romaines. Les érudits de la fin du XIX e s.
ont à peu près tout imaginé pour retrouver
des voies rectilignes et majestueuses dont les
traces auraient persisté jusqu’à nos jours, avec
l’argument majeur qu’il n’existait pas de chemin
important auparavant. En fait, la seule voie que
l’on peut qualifier « d’impériale » passe bien au
nord, il s’agit de la voie Nantes-Vannes, axe de
pénétration en Armorique. À Guérande même,
les seuls indices réellement reconnus sont ceux
d’une voie « urbaine » à Beaulieu (Nillesse
1992) et un tronçon à Bréhadour (Devals
2002), orienté nord-sud.
À Clis, les orientations générales observées pour
les sites structurés apparaissent complémentaires
à trois voies, ou chemins au moins, ceux des
Maisons Brûlées à Clis-chapelle et de Château
Fringon à Griguény.
Mais c’est un véritable réseau de communication
de type urbain qui a pu être partiellement reconnu
à Beaulieu même, à Beaulieu-gymnase, au
Clos Flaubert, voire à Bréhadour (Pirault 1996).
Les campagnes antiques
Le monde agricole est relativement bien connu,
surtout grâce aux fouilles préventives de ces
dernières années. C’est à proximité de Beaulieu
que les données sont les plus complètes
avec le site de Villejames, daté des I er -III e s. de
notre ère, composé d’un grand enclos carré à
fossé simple et de petits enclos secondaires. Il
semble avoir été assez perfectionné comme en
témoignent la très belle passerelle-retenue d’eau
empierrée et ce qui semble être un lavoir au
niveau de son fossé occidental. Un autre enclos
est reconnu à proximité des limites méridionales
du site de Beaulieu, à Bréhany, ainsi qu’un
ensemble fossoyé, à Rocadro et au Guesny, qui
ne semble pas être dans un contexte urbain.
Si ces derniers sont bien du I er s., l’enclos de
Bréhany appartient au II e s. On doit ajouter à
ces sites les découvertes de fossés antiques plus
au nord, à Bréhadour et au Moulin du Diable :
tous incluent des systèmes fossoyés que l’on
peut assimiler à du parcellaire. Ils s’inscrivent
dans l’âge d’or de l’Empire et leurs emplacements
ne seront jamais réoccupés au IV e s., ou,
R E C H E R C H E S
Juillet 2004 • Archéopages n°13
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R E C H E R C H E S
Fig. 7
Boucle mérovingienne
découverte à Guérande
(dessin F. Guérin/Inrap).
au mieux, se fondront, longtemps après, dans
les faubourgs de la ville. Au sud, c’est-à-dire
près et autour des faubourgs de Bizienne et de
Saint-Armel, les sites reconnus en prospection
de surface semblent nombreux et pourraient
appartenir à ce type de vestiges périurbains.
On peut voir une forme de continuité car des
fossés antiques ont par exemple été entrevus
au Bout de la Rue (Le Meur 1990) ou à Brénavé
(Devals 2001), ce dernier site étant déjà fort
éloigné de la ville actuelle. Deux villae au moins
sont connues à Congor et à Kerbrénézé. Pour la
seconde, il s’agirait même d’un ensemble assez
somptueux puisque des fragments de marbre et
d’enduits peints y ont été recueillis à l’occasion
des fouilles réalisées au XIX e s. (Maître 1889).
Peut-être ce type de site est-il aussi présent au
nord-ouest de la commune, près de Saint-Nom
et du Chêne Vert mais surtout à Kerdando, où
un petit bâtiment construit en opus quadratum a
été découvert en 1973 (Aubin 1980).
À l’instar de ce qui a été déjà constaté pour la
période gauloise, des traces très nettes d’une
organisation raisonnée de l’espace ont été reconnues
à Guérande. En premier lieu, il a été
noté que les vestiges fouillés par Léon Maître à
Clis, dont une partie est encore visible au sol,
portaient la même orientation que le grand enclos
gallo-romain de Villejames localisé à cinq
kilomètres de distance. Ensuite, il a été vérifié
que ces orientations étaient très voisines de celles
des bâtiments fouillés à Beaulieu et rue de
La Madeleine. Mais, évoquer une centuriation
ou une cadastration du pays guérandais serait
une hypothèse très audacieuse.
L’économie antique mal
connue
Actuellement, aucune structure artisanale n’a été
reconnue à Guérande. Il n’a pas été trouvé, ni à
Clis ni à Beaulieu, de fours de réduction de
minerai, de bas fourneaux, de four à chaux,
d’officines de potiers, ni de traces d’activité textile.
Il reste naturellement la question du sel, non
résolue pour la période gallo-romaine. On suppose
que si il y a eu une certaine persistance du mode
de production gaulois (fours à grille) au début
de la période gallo-romaine, on doit reconnaître
que dès la période mérovingienne le système des
salines semble être devenu la règle. On ne voit
pas pourquoi les Gallo-Romains auraient éclipsé
cette activité majeure, encore aujourd’hui,
d’autant que la technique solaire d’exploitation
du sel leur était parfaitement connue (Italie,
Lusitanie…).
La viticulture, présente à Guérande dès le
Moyen Âge mais disparue aujourd’hui, est
sujette à la même remarque. Les informations
concernant les échanges demeurent limitées à
la circulation monétaire, connue du I er au IV e s.
sans hiatus mais ne dépassant pas la période
valentinienne, et au mobilier céramique
(amphores et céramiques sigillées provenant
majoritairement des ateliers de La Graufesenque
mais aussi de Lezoux) plus ou moins présent
sur tous les sites évoqués.
Du Bas-Empire au haut
Moyen Âge (III e -VI e s.), des
informations laconiques
Le grand enclos et les bâtiments internes du site
de Villejames sont abandonnés au III e s. Il y a
ensuite un hiatus presque complet jusqu’au VI e s.
que ne tempèrent pas les quelques tessons de
céramiques d’Argonne ou de DSP (dérivées de
sigillée paléochrétienne) découverts épars et hors
contexte sur le même site ou sur celui du Clos
Flaubert (Pirault 1996). Les vestiges en petit
appareil découverts par Léon Maître à la fin du
XIX e s. en lieu et place de l’actuelle collégiale
Saint-Aubin, qu’il assimilait à une « piscine romaine
» (Maître 1893), ont été ensuite longtemps
interprétés comme étant ceux d’un baptistère
primitif, ce que rien, en réalité, ne permet
d’étayer. Les sarcophages en calcaire coquillier
mis au jour ou « aperçus » (sic Maître 1893) à la
même occasion sont plus probants et attestent
une présence dès l’époque mérovingienne sur le
site. La mention d’un autre sarcophage, découvert
près de la chapelle Notre-Dame la Blanche,
nous est également connue (Guérin 1991).
12
Archéopages n°13 • Juillet 2004

C
L
es
Apparition du nom de Guérande
mentions les plus anciennes du nom actuel datent du IX e s.
et proviennent du cartulaire de Redon où il apparaît sous sa
forme bretonne, Uuenran ou Wen Ran, dès 857 (Buron,
Le Duc 1996). Étymologiquement, il pourrait signifier
« parcelle blanche » ou « pays blanc », allusion possible aux
activités saunières qui caractérisaient déjà la région.
Vers la fin du IX e s., la ville serait évoquée, sous le vocable
Varrande, dans la Olàfs saga helga norvégienne, lorsqu’un chef de
guerre du nom d’Olaf Haraldson, remontant d’une expédition en
Espagne, la pille et l’incendie (Buron, Le Duc 1996), mais certains
historiens remettent aujourd’hui en question l’interprétation de ce
texte. Enfin, dans ses Chroniques, Froissart la nommera Inguerande
(Froissart 1369-1410). Du toponyme médiéval, et de ses dérivés
variés, au nom actuel, le lien est facile à reconstituer.
R E C H E R C H E S
Gravure de l’estuaire, en 1631, par Nicolas Tassin.
Une plaque-boucle de chaussure (fig. 7) du VI e s.
recueillie plus récemment, lors de travaux, mais
hors contexte (Guérin 1991) clôt ainsi le maigre
inventaire mérovingien de la commune et, à
ce jour, aucun des sites environnant la ville n’est
venu enrichir nos connaissances pour cette
période, à l’exception d’une mention douteuse
concernant une nécropole du haut Moyen Âge
installée au village de La Madeleine. Est-ce à dire
que la Guérande mérovingienne n’a pas existé ?
On peut pourtant supposer qu’il y ait bien eu,
au moins depuis le VII e s., un édifice chrétien à
Guérande du fait même de l’existence d’une ou
de plusieurs nécropoles mieux attestées (Notre-
Dame la Blanche et Saint-Aubin). L’existence
d’un vicus guérandais semble cependant
très probable car le nom primitif de Guérande,
Uuenran, découle de la colonisation bretonne de
la région au cours de la seconde moitié du VI e s.
(Gallicé 2000a et b) (encadré C). Clis est
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R E C H E R C H E S
Fig. 8
Extrait d’un acte du
cartulaire de Redon
mentionnant Guérande
(IX e s.). Conservé à
l’Archevêché de Rennes
et reproduit avec
l’autorisation de
l’Association des amis
des archives historiques
du diocèse de Rennes-
Dol-St-Malo.
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Archéopages n°13 • Juillet 2004

peut-être mentionnée comme ville, sous l’appellation
Ebris-Christ, dès le VII e s. (anonyme de
Ravenne) et nous avons déjà mentionné l’aula
Clis du IX e s., comme existe la villa Saliaco (Saillé)
par ailleurs (cartulaire de Redon). Pourtant, Clis
ne deviendra pas paroisse, à l’inverse, naturellement,
de Guérande-ville. On peut signaler qu’effectivement,
à Clis, des tessons mérovingiens
décorés à la molette ont été recueillis à la base de
murs édifiés en petit appareil ainsi qu’un autre
tesson à Bourg-le-Beau, plus au sud. Ainsi,
comme pour la période gallo-romaine, deux
pôles (à fonction différente ?) semblent coexister
un temps lors de l’époque mérovingienne ; c’est
vers le IX e s. que le premier, Guérande, supplante
définitivement le second, Clis.
L’expansion médiévale à
travers les textes
À l’orée du IX e s., Guérande appartient au comté
de Nantes qui est soumis à l’autorité carolingienne.
Vers le milieu du siècle, la crise de
l’Empire permet à Nominoë, roi de Bretagne,
d’étendre ses possessions vers l’est. Il apparaît
donc que Guérande, encore dépendante de la
marche nantaise, passe à cette époque sous
l’égide du nouveau souverain. C’est à partir de
cette période que les sources deviennent plus
précises, la ville apparaissant sous son propre
vocable de Uuenran alors que certains lieux-dits
de l’actuel territoire communal sont nommés
(Clis, Saillé). Il s’agit principalement de donations
ou d’actes de ventes répertoriés dans le
cartulaire de Redon (fig. 8), datés de la seconde
moitié du IX e s. : ils mentionnent la paroisse de
Guérande, son église, mais aussi les salines, attestant
une activité économique déjà florissante.
Les Miracles de Saint-Aubin (XI e s.) confirment
cette importance déjà ancienne du sel, en l’évoquant
ainsi : « laquelle [Guérande] estoit lors
grandement peuplée, et, pour la grant habondance
du sel qui la est fait, estoit très riche ».
Pour le XI e s. et les suivants, les informations
archéologiques demeurent lacunaires pour
le périmètre du bourg. Les textes qui se multiplient
reflètent l’essor de l’agglomération, sous
l’impulsion des pouvoirs ducaux et religieux.
La collégiale Saint-Aubin, au centre du bourg,
apparaît, encore aujourd’hui, comme un
élément majeur structurant l’agglomération.
Des terrains sont octroyés à des ordres religieux.
On suppose même l’existence d’une première
forteresse. Ce « château », ou une enceinte
urbaine précédant l’actuelle, apparaît en filigrane
dans plusieurs textes médiévaux ou
modernes. Il est vrai que la mention d’un siège
de la ville en 1341 rend plausible cette hypothèse.
Mieux encore, dès le XI e s., la mention
d’un viguier à Guérande implique l’existence
d’un établissement fortifié (Gallicé 2000b).
La naissance des faubourgs
Les fouilles menées dans les faubourgs ces
dernières années ont tout de même mis en
évidence des établissements médiévaux insoupçonnés
jusqu’alors.
À Kerbiniou, près de l’ancien séminaire, des investigations
ont permis la reconnaissance partielle
d’un bâtiment sur solins, en petits moellons
de granit. Si la technique utilisée pouvait
faire d’abord penser à une installation antique,
il a pu être rapidement démontré, grâce à la
céramique recueillie, qu’il s’agissait bien d’une
construction médiévale des XII e -XIII e s. Elle s’intègre
dans un réseau fossoyé de même époque
qui traduit bien une valorisation de ce secteur
déjà éloigné du centre urbain.
Mais la plus importante de ces découvertes a été
faite plus au nord, sur le site du Clos Flaubert,
où un grand bâtiment de plusieurs pièces, de 25
sur 13 m, a été trouvé à l’intersection supposée
de trois voies antiques (Pirault 1996). Composé
d’un corps de logis principal et de constructions
annexes, il est construit en moellons de granite
et doté d’aménagements remarquables, comme
une cheminée à encadrement mouluré ou des
systèmes de drainage et d’évacuation des eaux
élaborés ; il s’agit peut-être d’un octroi.
Contemporain de la construction des remparts
(XIV e -XV e s.), à l’apogée de Guérande, il conforte
l’hypothèse d’une agglomération qui déborde
déjà largement de ses murs, le long ou à proximité
des grands axes de circulation. Ainsi, se
développent probablement les faubourgs de
Bizienne, de Saint-Armel ou de Saint-Michel (la
chapelle éponyme est édifiée au XIII e s.), sinon
toute la périphérie de la ville close.
Enfin, des villages (Clis, Quéniquen), des seigneuries
attestées dès le XIV e s. (manoirs de Cardinal,
de Saint-Nom, de Careil), et des points
de mouillage (Congor, Lancly, les buttes du Pô),
pour le transport du vin et du sel, complètent le
panorama du terroir médiéval de Guérande.
Les remparts de Guérande
Le meilleur témoignage de l’expansion de la
ville est reflété par le tracé de ses remparts qui
marque les limites atteintes par la première
agglomération médiévale, jusqu’au XIV e s.
Ces fortifications représentent un des ensembles
R E C H E R C H E S
Juillet 2004 • Archéopages n°13
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R E C H E R C H E S
Fig. 9
La porte Saint-
Michel, du XV e s.,
représente le dernier
état de la ceinture
fortifiée de Guérande
dont la construction
est entamée dès le
XIII e s. (cl. C. Devals/
Inrap).
les plus spectaculaires et les mieux conservés de
France. Longue de 1 434 m, dotée à l’origine de
onze tours (une a été détruite au début du XIX e s.)
et de quatre portes dont la monumentale porte
Saint-Michel (fig. 9), son édification est datée
traditionnellement des XIV e -XV e s. et ferait suite
au sac de Guérande en 1342, perpétré par Louis
d’Espagne lors de la guerre de succession de
Bretagne (Froissart 1369-1410). Cependant, des
détails architecturaux permettent de supposer
une ancienneté plus grande de la porte septentrionale,
la porte Vannetaise, dont la construction
pourrait remonter au XIII e s. L’enceinte ne sera
achevée qu’à la fin du XV e s. lors de l’adjonction
de plusieurs tours et de la porte Saint-Michel.
Aujourd’hui, une relecture archéologique des
remparts est commencée car certaines autres
sections posent problème quant à leur ancienneté,
surtout au sud, près de la porte de Saillé.
Le développement de la ville aux XIV e -XV e s.,
qu’illustre bien sa parure monumentale,
s’affirme aussi politiquement par la signature
des deux traités de Guérande, le premier, en
1361, qui règle l’épineux problème de la guerre
de succession de Bretagne, le second, en 1381,
qui arrime plus fermement le duché de Bretagne
à la France, au détriment de l’Angleterre.
Au bas Moyen Âge, la ville et ses campagnes
sont en pleine expansion économique et
Guérande, grâce à sa position très favorable à
l’embouchure de la Loire, en limite du royaume
de France et du duché de Bretagne, devient une
étape obligée dans le commerce international
avec les Flandres, l’Angleterre, l’Espagne mais
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Archéopages n°13 • Juillet 2004

aussi, par la Loire et les voies de communication
terrestres, avec le continent. Ses principaux
atouts sont alors le commerce du sel et la vigne,
qui feront sa fortune et sa célébrité pendant
deux siècles.
Les derniers feux
Politiquement, la ville perd sa position « frontalière
», et donc sa dimension diplomatique,
lorsque la Bretagne intègre définitivement la
France valoisienne par l’union du futur François
I er et de Claude, fille de la duchesse Anne
de Bretagne, en 1514. La réorganisation des
échanges économiques internationaux, à l’orée
des grandes découvertes, affaiblit, au cours des
siècles suivants, la principale activité économique
de la région, le sel, alors que la vigne finira
par disparaître totalement au cours du XIX e s.
Enfin, Guérande demeurera complètement à
l’écart de la révolution industrielle au profit de
sa voisine Saint-Nazaire, tandis que la pêche
et les conserveries de poissons trouveront des
points d’ancrage plus favorables au Croisic ou à
La Turballe, nouvelle commune créée d’ailleurs
au détriment du territoire guérandais.
Le XVI e s. marque donc la fin de l’expansion
territoriale de la ville qui demeurera dès lors
confinée dans et autour de ses remparts.
Cette situation a favorisé une conservation
remarquable de son patrimoine historique et
de ses vestiges archéologiques, et c’est pourquoi,
aujourd’hui, l’intégration de Guérande
dans le pôle économique de la métropole de
Nantes-Saint-Nazaire et son développement
exponentiel lié au tourisme et à l’urbanisation
périphérique de la ville fortifiée sont à l’origine
d’interventions d’archéologie préventive de plus
en plus nombreuses.
Christophe Devals
Inrap, 6, rue Monteil, 44000 Nantes
Remerciements à L. Pirault (Inrap) et J. Lancien
(mairie de Guérande) pour leur collaboration.
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R E C H E R C H E S
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R E C H E R C H E S
Le château de Roc’h Morva
bretonne
( L A R O C H E - M A U R I C E , F I N I S T È R E )
PAR JOCELYN MARTINEAU
L’intérêt majeur de la fouille du château de La Roche-Maurice réside dans la reprise, après vingt
ans d’absence, d’une activité de recherche archéologique sur les fortifications médiévales en
basse Bretagne. N’ayant jamais été explorée par le passé, la résidence fortifiée des seigneurs
de Léon possède le précieux avantage de conserver un sous-sol intact. Il est donc susceptible
de révéler des structures inédites et de bouleverser l’image traditionnellement admise d’une tour
perdue sur son rocher, au profit d’un habitat aristocratique plus complexe sans cesse remanié,
jusqu’à sa démolition finale survenue à la fin du Moyen Âge. L’apport de cette fouille serait donc
majeur dans la connaissance actuelle sur les fortifications médiévales en basse Bretagne.
Le territoire du Léon
Le territoire du Léon est essentiellement établi
sur le versant nord des monts d’Arrée, entre la
mer d’Iroise à l’ouest (Brest) et la Manche au
nord (Morlaix) (fig. 1). Les granits du plateau
du Léon au nord et les schistes du plateau de
Plougastel au sud dessinent ici le cadre géologique
de la vallée de l’Elorn, qui prend sa source à
300 m d’altitude dans les monts d’Arrée, avant
d’être guidée par un talweg jusqu’à Landerneau
où la rivière rejoint l’activité maritime du fond
de l’estuaire de Brest.
Le château de Roc’h Morvan (fig. 2), situé sur la
commune de La Roche-Maurice à 30 km à l’est
de Brest (Finistère), est fondé à une époque indéterminée
sur un éperon barré, à la confluence
du Morbic et de l’Elorn. Il domine ainsi, à plus
de 70 m, une vallée encaissée aux versants boisés,
couloir de circulation naturel occupé dès le
Paléolithique inférieur, comme l’indiquent des
vestiges, datés de l’Épipaléolithique (10 000 à
11 000 av. J.-C.), découverts sur le plateau du
Léon, à Trémaouézan.
18 Archéopages n°13 • Juillet 2004

La Roche-Maurice
n, une citadelle
R E C H E R C H E S
Fig. 1 et 2
Carte de localisation
du Léon et du château
de La Roche-Maurice
(dessin F. Sanz-Pascual /
Inrap, T. Lorho/SRA
Bretagne).
Vue du château depuis
la vallée de l’Elorn
(cl. J. Martineau/Inrap).
Son histoire reste très lacunaire. La destruction
en place publique de l’immense chartrier
de la maison de Rohan, en 1793, a en effet
emporté une grande partie de l’histoire de La
Roche-Maurice. Plus globalement, c’est toute
la région nord du Finistère, le Léon, qui souffre
aujourd’hui d’une carence patente en documentation
historique. L’historien se tourne donc
naturellement vers les sources archéologiques
pour tenter de comprendre la genèse d’un
territoire exposé peut-être plus que d’autres
aux mutations de la société médiévale. Patrick
Kernevez, doctorant en histoire médiévale à
l’université de Brest, a ainsi accepté de s’associer
à notre recherche afin d’apporter les ressources
nécessaires à la compréhension de la principale
résidence des seigneurs de Léon.
Les résidences des
seigneurs de Léon (XII e -XIV e s.)
Le comté de Cornouaille (Quimper) étend
théoriquement son autorité féodale sur trois
vicomtés, le Léon, le Faou et le Poher, vraisemblablement
créées entre le X e et le XI e s. avec le
démembrement de l’autorité carolingienne en
basse Bretagne.
La révolte des vicomtes de Léon contre le
pouvoir Plantagenêt, dans la seconde moitié
du XII e s., se solde par le démantèlement de
la vicomté du même nom à la mort de Guyomarch,
en 1179. Le duc de Bretagne Geoffroy
Plantagenêt récupère alors les bourgs castraux
de Morlaix, Brest et Lesneven, principales places
fortes du Léon, et impose vers 1186-1187 le
partage des possessions de Guyomarch entre ses
Juillet 2004 • Archéopages n°13
19

R E C H E R C H E S
deux fils. L’aîné, Guyomarch, conserve le titre
de vicomte ainsi que onze paroisses disséminées
sur le littoral nord (Le Conquet, Brest, Saint-
Renan, Lesneven…). La branche s’éteindra vers
la fin du XIII e s., sans que le titre de vicomte soit
relevé par un autre membre de la famille. Le
cadet, Hervé I er , fonde une nouvelle lignée de
seigneurs de Léon, établie des deux côtés de
la vallée de l’Elorn (Landerneau, Landivisiau,
Coat-Méal, Daoulas, Crozon, Porzay et Quéménet).
Les châteaux de La Roche-Maurice et de
Joyeuse-Garde marquent de fait le centre d’une
seigneurie stratégiquement située au croisement
d’un axe routier et fluvial important, entre Brest,
Morlaix, Quimper et Lesneven. Les premières
mentions du château apparaissent dans un acte
de 1263, sous la forme latine rupe Morvan. On
en retrouve une autre mention, Rocha Morvani,
en 1281. Une annotation portée en 1341 dans
une bible des seigneurs de Léon fait apparaître
pour la première fois le nom latin de La Roche-
Maurice, Rupem Mauricii. La branche cadette,
issue d’Hervé I er , s’éteint en 1363 à la mort sans
descendance d’Hervé VIII de Léon. Ce dernier
transmet son héritage à sa sœur, Jeanne de
Léon, mariée en 1349 à Alain VIII de Rohan.
Toute la seigneurie passe de fait aux mains
d’une des plus riches familles de Bretagne.
Les vicomtes de Rohan
(XIV e -XV e s.)
La première mention de travaux de fortification
du château n’apparaît qu’en 1420. Le duc de
Bretagne Jean V autorise alors le vicomte de
Rohan à lever des impôts pour la remise en état
de ses villes et forteresses de La Roche-Maurice
(Finistère), Blain (Loire-Atlantique), La Chèze
(Côtes-d’Armor), Rohan (Morbihan) et Hennebont
(Morbihan).
Puis, en 1472, le duc de Bretagne François II
confisque une première fois les biens de Jean II
de Rohan, allié trop puissant du roi de France
(encadré A). Le château de La Roche-Maurice
est alors placé sous les ordres du capitaine Louis
de Rosnivien, charge qui est ensuite reversée à
son fils cadet en 1479. Le site est tenu par les
Bretons jusqu’en 1489, date à laquelle le vicomte
de Rohan le récupère définitivement avec
l’aide des Français, qui occupent la citadelle de
Brest. Le château aurait alors été démantelé afin
d’éviter une éventuelle reprise par les troupes
bretonnes.
Toutefois, dès 1491, le roi autorise le vicomte de
Rohan à lever de nouveaux impôts pour réparer
ses fortifications qui auraient souffert des sévices
de la guerre. L’état de profond délabrement
du château aurait en effet poussé ses vassaux
du comté du Léon à refuser d’y faire le guet.
Les travaux se poursuivent vraisemblablement
au-delà du XV e s., parallèlement à la rénovation
de ses grandes résidences princières de Josselin
(Morbihan) et de Blain (Loire-Atlantique).
Outre la réhabilitation du châtelet, on peut se
demander si le logis n’eut pas ici à subir une
nouvelle campagne de rénovation.
L’histoire reste muette sur le sort réservé au château
et aux habitants de La Roche-Maurice durant
les guerres de Religion, les Ligueurs ayant
mis à sac nombre de possessions des vicomtes
de Rohan, chefs de l’opposition protestante en
Bretagne méridionale. Le délabrement de la
forteresse semble pourtant progressif du XIV e
au XVII e s., le duc de Rohan abandonnant ses
droits de guet dus par ses vassaux de Léon pour
le château de La Roche-Maurice en 1640.
La Roche-Maurice :
un jalon archéologique
L’inventaire des fortifications médiévales mené
par P. Kernevez dans le Finistère, entre 1992 et
1994, fait état de 438 sites fortifiés, dont 182
mottes castrales, 42 châteaux et 11 enceintes
A
P
Les premiers barons des
ducs de Bretagne
remiers barons des ducs de Bretagne, les Rohan étaient au XV e s. propriétaires de très
nombreuses terres, villes et châteaux répartis sur l’ensemble du territoire breton. Issus d’une
petite seigneurie éponyme du Morbihan, leur origine demeure inconnue. Leur ascension,
au cours du XIV e s., est le fruit d’une stratégie matrimoniale et politique incessante soutenue par
le royaume de France. Le roi voyait en effet en Rohan un compétiteur potentiel contre le pouvoir
ducal, dernier représentant avec la Bourgogne des grandes principautés féodales indépendantes.
20
Archéopages n°13 • Juillet 2004

B
Fouiller un site fortifié
de hauteur
ette première campagne triennale porte exclusivement sur la fouille des remblais qui remplissent
C
l’espace du logis seigneurial, sur une surface de 200 m 2 pour un volume global de 400 m 3 .
Une première opération d’enlèvement des couches stériles a débuté en 2001 sous la conduite du
service départemental de l’Archéologie du Finistère, conjointement à l’étude des élévations
extérieures menée par une équipe de l’Afan (devenue aujourd’hui l’Inrap).
Le cône d’éboulis a finalement été enlevé manuellement en 2002 et 2003 avec l’assistance
technique et financière du conseil général du Finistère et de la Drac de Bretagne.
La fouille est menée chaque année en six semaines par une équipe composée de douze étudiants en
archéologie, encadrée par deux archéologues de l’Inrap.
R E C H E R C H E S
de pierres. Sur les 182 mottes, seules 43 sont
conservées avec leur basse-cour et leurs fossés,
48 autres n’ayant plus que le tertre comme
témoin archéologique. Seule la plus emblématique
d’entre elles, la motte de Leskelen en
Plabennec, a été fouillée en 1977 par Jo Irien.
Ce dernier a révélé la présence d’un village
médiéval dans la basse-cour et des vestiges
d’occupation du X e s. sur la motte. L’habitat
seigneurial semble repris au XII e s. par la construction
d’un donjon quadrangulaire en pierre
en lieu et place d’une tour de bois. Le même
phénomène a été observé lors de la fouille de
sauvetage qui a suivi la destruction de la motte
de Lambert en Ploumoguer, lors de l’extension
de la ferme, à la fin des années 60.
Treize forteresses de pierres sont attachées à des
bourgs castraux de première importance, agglomérations
secondaires du Bas-Empire, passées
pour la plupart aux mains de l’autorité ducale
au XIII e s. : Brest, Morlaix, Lesneven, Châteaulin,
Châteauneuf pour le nord du territoire, Quimper,
Quimperlé, Concarneau et Carhaix pour le sud et
l’est. Aucune de ces villes n’a fait l’objet d’étude
archéologique approfondie portant sur les fortifications
urbaines.
Le département compte également en milieu
rural 28 châteaux en ruine dont les vestiges
affleurent au-dessus des masses de remblais
et de la végétation, 14 châteaux disparus,
connus par la documentation historique ou
iconographique, et enfin 5 autres inconnus
mais perceptibles par la toponymie, le cadastre
et la topographie du site. Sur l’ensemble de ces
vestiges d’habitats aristocratiques en pierre,
seul le château de Joyeuse-Garde, en la Forêt-
Landereau, a été dégagé entre 1967 et 1969,
sans accompagnement scientifique véritable.
La fouille programmée du château de La Roche-
Maurice, qui s’inscrit dans un contexte relativement
vierge de toute étude sur le patrimoine
fortifié, est donc susceptible de devenir un jalon
dans le champ de la recherche archéologique
médiévale en basse Bretagne (encadré B).
Le château aujourd’hui
L’habitat seigneurial
Dans son état actuel, la morphologie précise de
l’habitat seigneurial antérieur au XIV e s. reste
difficile à restituer. Le donjon semble intégrer
la fonction de chambre, comme le laisserait
supposer la présence d’une cheminée à hotte
conique contre l’un des murs du rez-de-chaussée.
Orienté nord-ouest/sud-est le donjon, au sud
du promontoire rocheux, occupe une surface
quadrangulaire de 110 m 2 . Les murs sud et est
sont d’une épaisseur respective de 3,20 m et
3 m, contre 2,10 m au nord et à l’ouest. Séparées
par un plancher, les deux salles intérieures
ont un plan quadrangulaire de 25 m 2 sur une
hauteur d’environ 10 m. Le premier niveau est
agrémenté d’une cheminée à hotte conique ; le
deuxième niveau est couvert par une voûte
d’arête dont il ne reste plus que les quatre
retombées dans les angles ; les éventuels
niveaux supérieurs ont été entièrement arasés.
Les caractéristiques typologiques de la cheminée
et de la voûte renvoient à une datation
comprise entre le XII e et le XIII e s. La chronologie
de cette tour mérite toutefois d’être précisée par
la fouille des niveaux de remblais qui remplissent
intégralement le rez-de-chaussée (fig. 3).
Tous les éléments architecturaux qui auraient
pu nous permettre de restituer la liaison verticale
entre le donjon et le logis ont disparu
Juillet 2004 • Archéopages n°13
21

R E C H E R C H E S
Fig. 3
Plan du rez-dechaussée
du château,
proposition de
chronologie relative
(topo. F. Boumier/
Inrap, dessin
F. Sanz-Pascual/
Inrap).
avec l’effondrement des fronts sud et ouest du
château. Les arrachements visibles contre la
tour présentent bien quelques maigres indices.
Toutefois, les travaux de stabilisation entrepris
ici il y a une dizaine d’années ont été réalisés
sans relevé archéologique préalable, supprimant
la majeure partie des informations conservées
en élévation. Le dégagement des remblais de la
salle sud nous engage à poursuivre l’opération
vers le couloir d’entrée situé le long de la façade
occidentale du donjon, après démontage de
l’actuelle rampe d’accès, dans le but de comprendre
le dispositif d’entrée associé à l’angle
sud-ouest de la tour maîtresse.
Le logis
Avant la fouille, le mur de refend du logis n’était
visible qu’en surface. Ses élévations nord et sud
ont été entièrement dégagées sur une hauteur
de 3 m. Les deux salles du logis central offrent
au premier niveau une surface habitable d’environ
140 m 2 orientée nord-ouest/sud-est. Les
deux salles sont séparées par un mur de refend
d’1,60 m d’épaisseur, orienté nord-est/sudouest,
de 11 m de long sur 1,80 m de large.
On peut reconnaître au centre l’encadrement
et le foyer de deux cheminées adossées, impliquant
la présence d’un conduit d’évacuation
des fumées ponctué par une souche formant
saillie au-dessus du faîtage d’une toiture à deux
pans. Une porte de communication est ouverte
au nord-est, appuyée contre la courtine est.
L’étage a disparu. On peut toutefois situer son
niveau de circulation grâce à une fenêtre à coussièges
conservée à l’angle sud-est de la courtine
orientale. Il devient donc possible de restituer
22
Archéopages n°13 • Juillet 2004

en plan au moins deux niveaux d’habitat sur
planchers divisés par le refend. Compte tenu de
la morphologie générale de ce type de logis au
bas Moyen Âge, un troisième niveau habitable
sous charpente reste plausible.
L’éperon nord
La tour nord occupe une surface triangulaire
hors tout d’environ 44 m 2 orientée vers le nordouest.
L’édifice épouse la forme de la pointe rocheuse
au point le plus abrupt du site, face à
la vallée de l’Elorn. L’intérieur comprend trois
petites salles superposées occupant une surface
polygonale de 11 m 2 . L’ancrage des solives du
plancher est marqué à chaque niveau par un
ressaut irrégulier du mur. La circulation horizontale
entre le premier niveau de la tour et la
salle nord-ouest du logis est assurée par deux
portes ouvertes aux angles nord-ouest et nordest
du mur sud. Le deuxième niveau de la tour
est un entresol non relié au logis. Le troisième
niveau s’ouvre sur le logis par une porte centrale
dont il ne reste plus que l’ébrasement est,
le seuil et l’arrachement d’un emmarchement.
La liaison verticale est assurée par une rampe
droite accessible depuis le côté nord-ouest du
logis. Le premier niveau est également lié à une
niche en partie arrachée, ouverte sur le flanc
nord de l’éperon.
L’apport des fouilles
archéologiques
L’habitat primitif
La façade nord du donjon conserve l’empreinte
d’un solin interprété jusqu’à présent comme
étant une trace fossile de la couverture du logis
du bas Moyen Âge. La découverte d’une arase,
parfaitement alignée au côté ouest du donjon,
pourrait au contraire révéler la présence d’une
salle primitive, antérieure aux courtines est et
ouest, contemporaine de la tour quadrangulaire
datée jusqu’à présent du XII e ou du XIII e s. La
fouille de l’espace du logis en 2004 aura donc
pour principaux objectifs de reconnaître et
d’interpréter la fonction de l’habitat primitif
associé à la tour par analyses stratigraphiques
et architecturales.
La construction du deuxième logis
Un nouveau logis est installé sur les ruines
du précédent au XIII e s. Le plan général de la
clôture fortifiée est alors parfaitement adapté
au relief accidenté du promontoire rocheux.
La plate-forme est confortée sur tout le périmètre
extérieur par un glacis fondé sur les têtes
de rocher les plus saillantes. Le talus repose
également sur des portions de glacis maçonnés
qui obturent de profondes saignées naturelles.
Il semble, d’après les premiers éléments stratigraphiques
dégagés lors des fouilles du logis,
qu’une grande salle en pierre ait été appuyée
contre la façade nord de la tour. Cette dernière
conserve d’ailleurs la trace d’un solin à deux
pentes susceptible d’appartenir à cette première
phase de construction, non datée. La tour nord
connaît une première phase d’occupation identifiée
par un sol sableux et une canalisation en
coffre fermé orientée vers l’extérieur du château.
Ses chambres, superposées sur trois niveaux,
sont vraisemblablement liées à une ou plusieurs
grandes salles aménagées contre le donjon.
Mais la surface de fouille n’a pas permis d’en
retrouver le plan originel.
Une première destruction
Un incendie non daté, reconnu par un niveau
de charbon de bois de 0,30 m, a vraisemblablement
détruit les infrastructures intérieures de la
tour nord. Les parements intérieurs sont alors
réparés, comme le démontrent les relations stratigraphiques
entre les fondations et les élévations
internes (fig. 4). L’étude archéologique du bâti en
2001 avait déjà identifié une destruction et une
reconstruction équivalente sur le front est. Les
deux événements sont malheureusement trop
éloignés pour être mis en relation. Il est toutefois
possible qu’un même sinistre ait initié un projet
de réhabilitation global du logis et du donjon.
Les derniers travaux de rénovation
La forte dégradation du bâtiment, vraisemblablement
survenue au cours du bas Moyen
Âge, provoque donc de nouveaux travaux de
rénovation identifiés lors de l’étude de bâti
en 2001 et par la fouille en 2002. Le nouvel
habitat est alors remis au goût du jour (grande
salle, chambre de parement, chambre privative,
cuisines) : deux salles quadrangulaires
sont divisées par un mur de refend, percé en
son centre par deux foyers adossés. La division
au sol devait se répéter à l’étage et en niveau
de combles. La physionomie de la couverture
reste toutefois énigmatique, aucune accroche
de charpente n’ayant été conservée contre le
donjon. La qualité de l’appareillage et du décor
mouluré des cheminées renvoie à des fonctions
nobiliaires assez élevées, qualités qui semblent
avoir été relevées par un décor peint conservé
de manière lacunaire.
R E C H E R C H E S
Juillet 2004 • Archéopages n°13
23

R E C H E R C H E S
Fig. 4
Relevé d’élévations
intérieures et
extérieures :
a vestiges de la
courtine est (élévation
extérieure XV e s.
reprise sur des
fondations du XIII e s.) ;
b vestiges du mur de
refend (élévation et
cheminée nord, rez-dechaussée
du XV e s.) ;
c vestiges du mur de
refend (élévation et
cheminée sud du rezde-chaussée,
XV e s.)
(topo. F. Boumier/Inrap,
dessin F. Sanz-Pascual/
Inrap).
La destruction définitive et l’abandon
du château
La dégradation de l’habitat semble déjà fortement
avancée lorsque survient un deuxième
incendie, très violent, datable par le mobilier
de la fin du XV e ou de la première moitié du
XVI e s. (encadré C).
L’incendie est identifiable par un remblai de
démolition très hétérogène présent dans les
deux salles arasées (encadré D). Le mobilier
encore présent sur place, clous et charnières
de coffres, éperon, carreaux de balistes, dés
à jouer, céramiques, indique que le site est
encore habité au moment du sinistre (fig. 5).
Les décombres générés par la combustion de
toutes les structures porteuses en bois remplissent
définitivement l’espace seigneurial, le
condamnant du même coup à l’abandon. Le
degré de délabrement du bâtiment a sans aucun
doute empêché une quelconque réhabilitation
des lieux. Le mur de refend semble toutefois
conserver une élévation importante au-dessus
du niveau d’incendie, jusqu’à la récupération
des matériaux de construction les plus nobles.
Le prélèvement des éléments de cheminée, en
particulier, provoque l’effondrement définitif du
mur, déjà fragilisé par l’incendie, condamnant le
logis à l’oubli sous la reprise de la végétation.
24
Archéopages n°13 • Juillet 2004

C
Une résidence
secondaire
assé à la famille de Rohan, le château de la Roche-Maurice est habité par une
P
petite garnison placée sous le commandement d’un capitaine ; la forteresse
n’a vraisemblablement jamais servi de résidence princière, les vicomtes
préférant leurs palais de Josselin (Morbihan) ou de Blain (Loire-Atlantique) ou
leur hôtel de Rohan à Paris, qui abrite aujourd’hui les Archives nationales.
La dernière occupation du site, stratifiée par un incendie dans le courant
du XVI e s., révèle au contraire un habitat relativement pauvre très éloigné des
fastes des premiers palais de la Renaissance.
R E C H E R C H E S
D
Une lente dislocation
après l’incendie
es premiers mètres de remblais sont caractérisés par un niveau épais et très
L
hétérogène composé de matériaux de construction tombés en vrac avec la
dislocation progressive du bâtiment, du XVI e au XVIII e s. Les terres et les blocs
de maçonnerie recouvrent, sur des hauteurs variant de 1 à 3 m par endroits,
un niveau d’argile rougi par le feu, compacté et très riche en mobilier ferreux
et en bois calciné (armement, serrurerie, ferronneries diverses, clous, éléments
de charpente). Ce remblai caractérise la destruction violente du logis par
incendie entre la fin du XV e et le début du XVI e s. Le feu a fossilisé la dernière occupation
du site, révélée peu à peu par des sols très perturbés et du mobilier relativement
pauvre, qui tranche avec la qualité de l’habitat seigneurial datable du bas Moyen Âge.
Il est difficile de dire, en l’état actuel des recherches, si le château servait, juste avant
de brûler, de cantonnement, de prison ou plus simplement d’aire de stockage.
Fig. 5
Mobilier retrouvé dans les remblais de démolition
du logis du bas Moyen Âge, armement du XV e s. :
a traits d’arbalètes ; b éperon à molette ;
c poulie (élément d’arbalète à cric ?)
(dessin F. Sanz-Pascual/Inrap).
Premiers résultats
La fouille du logis a permis de faire évoluer
l’image d’un modeste château du bas Moyen
Âge, réduit à une tour exiguë, vers un programme
architectural plus ancien organisé
autour de trois pôles résidentiels que sont
la salle noble (aula), la chambre seigneuriale
(camera) et le donjon (turris). La poursuite des
fouilles devrait permettre de dater plus précisément
le logis primitif et d’en comprendre ses
particularités dans un contexte archéologique
encore méconnu.
Jocelyn Martineau
Inrap, 6, rue Monteil, 44000 Nantes
Bibliographie
Médiathèque de Nantes, Chartrier des Rohan, Fonds Bizeul.
Bazin 1964 : BAZIN (J.). Le Château de la Roche-Maurice. Brest, 1964.
Kernevez 1994 : KERNEVEZ (P.). Les Sources documentaires de l’histoire du
château de La Roche-Maurice, étude préliminaire, document dactylographié.
Rennes : Service régional de l’Archéologie de Bretagne, 1994.
Kernevez 1997 : KERNEVEZ (P.). Les Fortifications médiévales du Finistère.
Mottes, enceintes et châteaux. Institut culturel de Bretagne, Centre régional
d’archéologie d’Alet, 1997.
Kernevez, Morvan 2002 : KERNEVEZ (P.), MORVAN (F.). Généalogie des
Hervé de Léon. Bulletin de la Société archéologique du Finistère, 2002.
Juillet 2004 • Archéopages n°13
25

R E C H E R C H E S
Archéologie préventive et
rurales durant le haut M
PAR ISABELLE CATTEDDU
Les fouilles archéologiques préventives menées ces vingt dernières années en France ont permis
la mise au jour d’un nombre considérable de données relatives aux habitats du haut Moyen Âge,
à leur structuration et à leur environnement. Les travaux réalisés sur ces sites ont fait intervenir
des équipes pluridisciplinaires et ont impliqué, de par les conditions d’intervention, les surfaces
et les questionnements, la mise en place de méthodologies spécifiques, qui sont aujourd’hui
davantage débattues, parallèlement aux résultats eux-mêmes. Avec l’aide des sciences
paléoenvironnementales, l’analyse de ces données archéologiques sur des surfaces importantes
met en évidence un espace rural dynamique et des modes de gestion et de structuration des sites
et de leur paysage.
Introduction
Une meilleure connaissance des terroirs sur
la longue durée est aujourd’hui davantage recherchée,
afin d’étudier plus particulièrement
les relations entre les habitats et les nécropoles,
de faire progresser les relations intersites, d’appréhender
plus finement les hiérarchisations
entre les habitats et de suivre l’évolution de
ces occupations. Tout cela implique une collaboration
étroite entre tous les acteurs de notre
discipline. Ce sont là les principaux avantages
de l’archéologie préventive : révéler les traces
des occupations humaines sur des espaces
beaucoup plus étendus qu’autrefois et mettre
au jour des sites archéologiques là où on ne les
attendait pas nécessairement.
L’Inrap, principal acteur en
archéologie préventive
L’archéologie française est dominée à 85 %
par une archéologie dite « préventive ». Le
développement des aménagements publics et
privés liés à la modernisation des territoires
ayant entraîné une systématisation des fouilles
préventives, l’archéologie française a bénéficié,
en 20 ans, d’une croissance exceptionnelle.
Cette recherche impliquant souvent de grands
décapages est donc l’occasion d’explorer des
surfaces importantes. Toutefois, en raison de
moyens variables et surtout de temps d’intervention
courts, les questions liées au délai de
réflexion et à la fouille exhaustive constituent
un paramètre majeur. L’archéologie préventive
26 Archéopages n°13 • Juillet 2004

analyse des occupations
oyen Âge
R E C H E R C H E S
Fig. 1
Saleux.
Sépulture avec calage
céphalique
(cl. Inrap).
est une archéologie de choix raisonnés, reliés
à des problématiques scientifiques et surtout
fondés sur un diagnostic préalable et fiable.
Les exemples présentés ici correspondent à trois
fouilles préventives de sites datés essentiellement
du haut Moyen Âge. Ils illustrent les résultats
des travaux réalisés par des équipes archéologiques
pluridisciplinaires, à différentes échelles.
Ils mettent par ailleurs en évidence la méthodologie
qu’il a fallu adopter dans des contextes
d’interventions complexes, tout en prenant en
compte l’approche spatiale, chronologique et
l’interaction entre l’homme et son milieu.
Le site de Saleux (Somme)
Découvert en 1993, préalablement à la construction
de l’autoroute A16, dans le nord de la
France, le site de Saleux illustre parfaitement les
relations entre habitat et nécropole au cours du
haut Moyen Âge. Les vestiges se répartissent sur
une superficie de quatre hectares et rassemblent
un habitat, une nécropole complète de près de
1 500 individus (fig. 1), une église mérovingienne
en bois construite autour d’un petit
monument funéraire, une église carolingienne
sur fondations en dur, un parcellaire, des structures
domestiques et artisanales et les restes
d’aménagements de berge établis le long d’une
rivière (fig. 2). L’occupation de ce fond de vallée
s’étend entre la fin du VII e s. et le XI e s., sans
discontinuité apparente. Il a été fouillé en moins
de six mois, par une équipe pluridisciplinaire.
Fonds de cabanes, fosses et bâtiments sur poteaux
des VII e s. et VIII e s. sont principalement
localisés en bordure d’une rivière, à l’intérieur
d’une grande parcelle délimitée par des fossés,
espace qui sera ensuite subdivisé en petites
parcelles. Les bâtiments sur poteaux semblent
se regrouper un peu à l’écart, au nord-ouest.
Légèrement au sud-ouest, une petite nécropole
est implantée autour d’une tombe en sarcophage,
protégée par un petit édicule en bois.
Les sépultures respectent l’orientation de ce
dernier.
Au VIII e s., on assiste à un agrandissement de
la nécropole et à l’aménagement d’un enclos
funéraire qui sera comblé au IX e s. Une première
église en bois est construite autour de l’édicule
et de son sarcophage. Dès sa construction, les
tombes s’orientent en fonction de l’édifice.
L’extension du site se poursuit au IX e s. à l’est de
la nécropole.
Le X e ou le XI e s. voit la construction, en plusieurs
étapes et à l’emplacement de l’église
en bois, d’une église sur fondations calcaires.
Les sépultures contemporaines de ce dernier
édifice respectent son orientation est-ouest et
bordent plusieurs passages et accès vers celui-ci.
L’habitat s’étend vers l’ouest, tout en englobant
progressivement la nécropole, se rapprochant
de l’église et respectant les limites de l’enclos
funéraire.
L’étude des nombreuses sépultures, favorisée
par un excellent état de conservation et par
la présence d’un échantillon complet, a permis
de composer des images précises de la population
présente à Saleux à travers les analyses
de la démographie, la mortalité infantile, la
paléopathologie et bien sûr les pratiques funéraires.
Anthropologues et paléopathologistes
poursuivent aujourd’hui leurs travaux sur cette
importante collection.
Juillet 2004 • Archéopages n°13
27

R E C H E R C H E S
Fig. 2
Saleux : détail du plan
d’ensemble (dessin
I. Catteddu, K. Bouche,
P. Noguès, D. Bossut/
Inrap).
Conjointement, les études bioarchéologiques
mettent en lumière l’environnement naturel de
ce site, ses ressources, mais également les activités
agropastorales pratiquées par cette population.
Les résultats des études archéozoologiques
et carpologiques montrent la grande stabilité des
choix économiques au travers de l’alimentation
et de l’élevage. Ces choix répondent visiblement
à d’importants besoins en matière d’utilisation
de la force animale. Saleux apparaît comme un
site de production agricole dynamique disposant
de débouchés non négligeables.
L’étude détaillée de la berge, en bordure de
laquelle est établi l’habitat, révèle à travers des
agencements complexes, la faculté des habitants
à s’adapter à un milieu a priori inhospitalier
(zone inondable). Au moins cinq aménagements
ont été reconnus : une anse naturelle
remaniée par un remblai anthropique facilitant
l’accès à la rivière, un gué empierré, un bief
amont et un bief aval, débouchant sur un bassin
endigué latéralement. Le bassin débouchait sur
le bief aval par l’intermédiaire d’un système de
vanne relié à une double rangée de pieux.
La qualité et l’importance des moyens mis en
œuvre par les habitants montrent leur capacité
à associer rendement économique et gestion de
l’environnement.
28
Archéopages n°13 • Juillet 2004

Le site de Saleux illustre parfaitement l’évolution
d’un habitat et de sa nécropole du VII e au
XI e s. Il montre le rôle essentiel de l’édifice de
culte dans l’organisation du site et les qualités
de gestion des espaces et des ressources par les
habitants.
Le site de Montours
(Ille-et-Vilaine)
Le deuxième exemple concerne trois sites ruraux
(Le Teilleul, Louvaquint, La Talvassais),
mis au jour, en 1995-1996, sur la commune
de Montours, dans les limites de l’emprise
autoroutière reliant Rennes à Avranches (A84).
Fouiller simultanément trois habitats du haut
Moyen Âge distants de quelques centaines de
mètres n’est pas chose courante. La contemporanéité
de ces gisements a conduit d’emblée
à harmoniser les problématiques et à accorder
une part importante à l’approche paléoenvironnementale,
ainsi qu’à l’analyse du mobilier
céramique. L’étude de ces trois zones d’habitat
et du gué les reliant laisse entrevoir une gestion
organisée et dynamique des terroirs environnants
(parcelles et réseaux fossoyés, chemins,
aménagement du fond de vallon tourbeux) qui
ont été structurés et exploités entre le VIII e s. et
le X e s.
Les sites du Teilleul et de Louvaquint sont les
plus proches. Ils sont séparés par un vallon
tourbeux, traversé par deux ruisseaux (le
Teilleul et le Louvaquint) que relie un gué
empierré, utilisé aux époques mérovingienne
et carolingienne. Sur la rive droite du Teilleul,
le gué rejoint un chemin conduisant au site du
même nom. Le site du Teilleul est structuré par
un réseau fossoyé régulier délimitant des espaces
de même orientation, de part et d’autre du vallon.
Les structures se répartissent à l’intérieur de
ces parcelles rectangulaires reliées les unes aux
autres par des passages. Transformations et réaménagements
des parcelles semblent liés à des
changements ponctuels d’activités propres aux
habitats ruraux carolingiens (stockage, cuisson,
forge) et de spécialisation de certains secteurs.
Les bâtiments présentent des techniques de
constructions diverses.
Répartition des structures, modifications dans
l’aménagement ou la condamnation de certains
passages, et agrandissements de certaines parcelles
sont autant de paramètres permettant
de reconnaître très clairement l’évolution de
l’organisation des sites fouillés et la dynamique
des occupations.
On assiste ainsi au Teilleul à un développement
de l’habitat qui associe la création de nouvelles
unités et l’agrandissement de parcelles allant
jusqu’à l’extension maximale du site.
La trame identique structurant simultanément
les gisements du Teilleul et de Louvaquint
restera en usage jusqu’à nos jours. Nous avons
ici un exemple remarquable de pérennité des
axes structurant le paysage dans un territoire
jusqu’alors méconnu.
Parallèlement à l’étude des habitats ruraux,
une attention particulière a été accordée à celle
du paysage, notamment à ses aménagements
successifs, parcellaires et chemins, et aux traces
de pratiques agropastorales. Les résultats
bioarchéologiques ont utilement complété les
données archéologiques.
La tourbification des zones humides en bordure
du gué débute à la fin du Néolithique (2500
av. J.-C.) ou au début de l’âge du Bronze (2300
av. J.-C.). Durant la Protohistoire, le milieu est
déjà marqué par l’occupation humaine, comme
le montrent l’état du milieu forestier régional
et la présence des premiers pollens de plantes
herbacées rudérales. Toutefois, il faut attendre
l’âge du Fer (700-52 av. J.-C.) pour voir l’arrivée
des premiers indicateurs d’une céréaliculture
discrète. Depuis l’âge du Bronze et jusqu’à la
fin de l’époque gallo-romaine (V e s. ap. J.-C.),
le milieu forestier (chênaie mixte dense) est
localement défriché et accueille de nouvelles
espèces (bouleau et noisetier). Les fonds de
vallons sont colonisés par des aulnaies. Dès
la fin de l’époque mérovingienne, le site de
Louvaquint semble à nouveau occupé. Au
moment de l’installation du gué et par la suite,
on assiste à une importante modification du
milieu naturel. Les taillis humides du fond de
vallée régressent considérablement : on passe
d’un milieu dense forestier à un taillis ouvert.
La chênaie probablement installée en partie
sur le plateau connaît des défrichements et la
création de clairières. L’époque carolingienne
semble le moment privilégié de l’occupation
de ce secteur. Cette période d’intense activité
agricole est suivie d’une nette déprise et au X e s.,
date de l’abandon du site, d’une recrudescence
des taillis humides dans le vallon.
Les fouilles menées à Montours ont révélé des
éléments de rupture et de continuité dans l’occupation
de ce secteur, conduisant à soulever la
question de la coexistence des habitats ruraux,
de leur abandon et de leur déplacement.
Parallèlement à la contribution que cette synthèse
apporte à la connaissance d’un habitat et
du mode de vie dans les campagnes bretonnes
R E C H E R C H E S
Juillet 2004 • Archéopages n°13
29

R E C H E R C H E S
au haut Moyen Âge, domaine encore peu
abordé par l’archéologie, les données bioarchéologiques
précisent l’impact des activités
agropastorales sur l’évolution du milieu végétal
et du paysage.
Le site d’Onnaing (Nord)
Le troisième exemple concerne les fouilles réalisées
en 1998 dans l’emprise d’une usine Toyota
à Onnaing, dans le nord de la France.
Dans certains cas, les équipes archéologiques
sont confrontées à des conditions d’interventions
extrêmes, dans des délais particulièrement
courts, en raison de situations économiques
complexes. Elles doivent donc adopter dès le
départ, des choix méthodologiques, basés sur
une série d’hypothèses préalables. Les stratégies
peuvent par la suite être adaptées, en fonction
des premiers résultats. Le site d’Onnaing en est
un exemple. Les enjeux du projet étaient tels,
que les délais d’interventions ont été réduits à
six mois pour aborder deux cent trente-sept
hectares.
Derniers dans la chaîne, mais premiers arrivés,
les archéologues ont dû s’adapter à un calendrier
de travaux prédéfini. Au défi scientifique
s’ajoutait un défi méthodologique. Dans l’ignorance
des données techniques de l’aménagement,
une prescription d’opération portant sur
l’ensemble des deux cent trente-sept hectares
a été mise en place. À cette époque, jamais en
France une telle surface n’avait fait l’objet d’un
inventaire complet des sites archéologiques et
de leur fouille en moins de six mois.
Dans le cas d’Onnaing, ni l’existence d’une
carte archéologique constamment mise à jour
(un seul site du Paléolithique répertorié), ni les
prospections de surface, ni une étude poussée
des formes anciennes du paysage n’ont permis
de se faire une idée, même très vague, du potentiel
réel du terrain livré aux pelles mécaniques.
Les contraintes de départ ont donc dicté une
démarche d’intervention mécanique, planifiée
et systématique (grille de tranchées de 20 m
tous les 20 m), fournissant au quotidien les
informations nécessaires pour diriger la suite
des opérations.
À l’issue des diagnostics, vingt-trois sites ont
été mis en évidence, témoignant d’occupations
allant de la Protohistoire au haut Moyen Âge.
La problématique devait donc s’axer sur l’étude
spatiale de l’évolution d’un territoire.
L’histoire de l’implantation humaine sur le
territoire d’Onnaing montre, dès son commencement
à la Protohistoire, la multiplicité
des formes de l’habitat et la mouvance des
occupations.
De l’âge du Bronze (2300-700 av. J.-C.) subsistent
des fosses isolées, quelquefois regroupées
en petits noyaux de quelques structures ayant
recueilli les rebuts des activités domestiques.
Un long hiatus existe jusqu’au Bronze final
(700 av. J.-C.), les premiers résultats indiquant
une présence humaine plus marquée à partir
de cette période. L’image générale est celle
d’un semis extrêmement lâche de fosses et de
structures liées à des habitats pouvant réunir
tout au plus deux ou trois maisons. L’absence
de structures funéraires est à noter. Une réelle
continuité existe ensuite entre la fin de l’âge du
Bronze et la phase ancienne du Hallstatt (1000-
750 av. J.-C.).
À partir du Hallstatt moyen (600 av. J.-C.), un
regroupement s’opère et deux concentrations
plus importantes se font jour. Ainsi après une
mainmise sur l’ensemble du territoire par de petits
habitats dispersés, s’opère le regroupement
en un même lieu.
La phase finale du premier âge du Fer (500 av.
J.-C.) semble ensuite marquée par le ralentissement
de l’occupation humaine. Le début du
second âge du Fer (400 av. J.-C.) retrouve une
situation semblable à celle de l’âge du Bronze,
avec quelques fosses creusées ça et là. Les premiers
fossés n’apparaissent qu’à La Tène C1
(200 av. J.-C.) et la transformation de l’habitat
est alors rapide. Toutes les occupations sont
inscrites à l’intérieur d’enclos ou à proximité,
et ce, de manière continue jusqu’à l’abandon
des sites au cours de la seconde moitié du II e s.
de notre ère.
Neuf installations ont été identifiées pour la période
protohistorique. Ce catalogue permet de
définir les traits morphologiques et les éléments
constitutifs des fermes entre le II e et le I er s. avant
J.-C. À la différence des installations d’époque
gallo-romaine qui vont suivre, tous les enclos
protohistoriques se développent suivant des
axes déterminés par la topographie. À partir de
La Tène moyenne (250 av. J.-C.), les installations
agricoles découvertes offrent une variété
de formes et de plans à la hauteur de la diversité
et de la complexité des habitats mis au jour ces
dernières années.
Pour la période romaine, huit habitats ont été
reconnus, organisés à l’intérieur de vastes enclos
quadrangulaires. Non loin, plusieurs nécropoles
à incinération ont été mises en évidence. Ces
sites semblent abandonnés vers le milieu du
II e s. après J.-C.
30
Archéopages n°13 • Juillet 2004

On assiste ensuite à un hiatus dans l’occupation
du sol, jusqu’au haut Moyen Âge. L’unique site
du haut Moyen Âge correspond à une petite
unité à vocation agricole composée de quelques
fosses dont un silo et des fonds de cabanes.
Au-delà de l’époque mérovingienne, il faut
attendre la Première puis la Seconde Guerre
mondiale pour trouver la trace matérielle d’une
présence humaine dans l’emprise du site. Dans
tous les cas, aucun établissement structuré ou
village n’a existé dans les limites étudiées. Les
implantations médiévales semblent se développer
essentiellement au bord des voies et la
plaine d’Onnaing devient au début du Moyen
Âge une zone intensément cultivée.
Échantillon de territoire où aucun vestige n’était
connu, la zone étudiée a révélé une occupation
humaine extrêmement ancienne mais sujette à
de longues éclipses. La dynamique de ce peuplement
au cours des siècles, si elle confirme
en général nos théories actuelles, pose encore
de nombreuses questions.
Conclusion
Le bilan de ces dernières années fait apparaître
la nécessité de développer les études archéologiques
en prenant mieux en compte la longue
durée, les continuités d’occupation humaine qui
traversent les petites ou les grandes séquences
chronologiques traditionnelles, les périodes
de rupture, en bref, la dimension spatiale et la
continuité chronologique. Cela implique, entre
autres, une collaboration encore plus importante
entre tous les acteurs institutionnels de
notre discipline et la constitution d’équipes pluridisciplinaires.
Une meilleure connaissance des
terroirs est aujourd’hui recherchée en mettant
davantage en évidence une lecture dynamique
du site et de ses environs.
Communication présentée lors du Colloque de
l’European Association of Archaeologists à Thessalonique
(Grèce) en septembre 2002.
Addendum
Stratigraphie des
murs et archéologie
préventive : une
maison médiévale à
Montpellier (Hérault)
Paru dans Archéopages, n° 12
Page 19, après «…un espace habitable. » et
avant Un parcellaire évolutif, un paragraphe
manque : « Ce type de maison avec avant-cour
est rare et est désigné par l’expression « une
maison en retrait d’alignement sur rue ». Son
organisation inhabituelle basée sur une répartition
symétrique des ouvertures et du volume,
avec une distribution extérieure jusqu’au dernier
étage, lui confère toutes les caractéristiques
d’une auberge médiévale comprenant probablement
au moins six chambres réparties selon
une hiérarchie sociale affichée. Cette auberge
émerge en pleine effervescence économique, au
moment où, dépendant des seigneurs d’Aragon,
la ville devient une sorte de république marchande,
enrichie par son commerce dynamique
avec la Méditerranée ; le Levant et les foires de
Champagne.
La position de l’auberge dans la ville est excellente
puisqu’elle est située à proximité du centre
des affaires et près de l’artère menant à l’une des
portes de la ville, également chemin de pèlerinage.
Elle peut accueillir les étrangers, avec son
avant-cour abritant chevaux et charrettes, et
dispose de chambres indépendantes, desservies
par un escalier extérieur, attribuées selon le rang
social ou les moyens de chacun. »
R E C H E R C H E S
Isabelle Catteddu
Inrap, direction interrégionale Nord-Picardie
518, rue St-Fuscien
80 000 Amiens
Astrid Huser
Inrap, 19, rue des Calquières
34 800 Clermont-l’Herault
Juillet 2004 • Archéopages n°13
31

R E C H E R C H E S
Planarch : un projet européen
PAR GEERTRUI BLANCQUAERT, LAURENT SAUVAGE ET MARC TALON
Planarch (contraction des mots planifier et archéologie) s’inscrit dans un programme européen
de coopération relatif à l’aménagement du territoire, et plus particulièrement dans le chapitre
« Autres ressources naturelles et patrimoine culturel ». La protection et la mise en valeur de cet
héritage, ici en l’occurrence archéologique, sont considérées comme cruciales. La deuxième partie
de ce projet, toujours bien ancré dans l’esprit de la convention de Malte, est la reconduction de
Planarch 1 (1999-2001). Son budget total, qui inclut l’année de préparation (2003) et les deux
années de travail effectif (2004-2005), atteint la somme de 2,5 millions d’euros. Ce financement
provient des différents partenaires (47 %) et des fonds européens (53 %).
Introduction
Comment gérer au mieux le potentiel archéologique
en préalable à tout projet d’aménagement
du territoire – sans nier son caractère imprévisible
et difficilement calculable – afin d’optimiser
son intégration dans l’organisation spatiale ? Il
convient d’insister sur le fait que l’archéologie,
et surtout l’archéologie préventive, s’est développée
selon un rythme discordant dans divers
pays de l’Europe du Nord-Ouest pour réagir à
un événement commun qui est le surcroît des
demandes inhérentes à la croissance économique.
Il résulte de l’expérience Planarch 1 que
les liens entre les partenaires associés à ce type
de projet collectif sont appropriés pour trouver
des solutions aux problèmes posés. De plus, les
échanges par le biais de groupes de travail et
de séminaires favorisent la notion de temps de
réflexion nécessaire à l’élaboration d’approches
communes, voire de lignes de conduites à mettre
en œuvre pour connaître et faire connaître
la part du patrimoine enfoui. Voici les quatre
actions de ce projet.
Identifier la ressource
archéologique
À partir de l’inventaire Sites and Monuments
Record (SMR), comparable à la carte archéologique,
expérimenté dans Planarch 1, les acteurs
du 1 er groupe de travail visent le développement
d’une banque de données internationale prenant
en considération les sensibilités en matière
d’accès et son exploitation par le grand public
et les aménageurs.
Évaluer les ressources
archéologiques
Cette action se divise elle-même en trois sousactions.
– Évaluation des zones humides au moyen de
prospections pédestres et de carottages.
– Exploitation des photographies aériennes en
prenant en compte l’ensemble des éléments tels
que le classement typologique des traces et la
cartographie du paysage (substrat et couverture
végétale) pour fiabiliser l’information et accroître
l’impact de ce type de documents sur la planification.
Une part importante de la réflexion
est réservée à une modélisation fondée sur la
superposition des données issues de la fouille et
celles qui sont lisibles sur les prises de vue. Une
contribution de l’Inrap vient illustrer ce thème
avec trois exemples (les deux sites d’Actiparc à
Arras et le site de la plate-forme multimodale
Delta 3 à Dourges).
– Évaluation archéologique pour l’aménagement
territorial au moyen de diverses méthodes
de détection où les sondages linéaires systématiques,
utilisés comme stratégie d’échantillonnage,
sont au cœur du débat. Le projet
de l’Inrap occupe pleinement ce thème avec
l’étude de quatre opérations (Onnaing/Toyota,
Villeneuve-d’Ascq/La Haute Borne, Dourges/
Delta 3 et Arras/Actiparc). L’analyse comparative
de divers critères (techniques, scientifiques
et financiers du diagnostic et de la fouille) vise
à une critique objective permettant d’améliorer
la mise en place du diagnostic, son insertion
dans l’aménagement territorial et de renforcer la
32 Archéopages n°13 • Juillet 2004

crédibilité de ces interventions, indispensables
à la sauvegarde du patrimoine enfoui.
Gérer la ressource
archéologique
Comme l’action précédente, celle-ci est également
scindée en trois sous-actions.
– Évaluation de l’impact/de l’incidence d’un
projet d’aménagement sur l’environnement
(Environmental Impact Assessment), notamment
l’environnement du patrimoine culturel, en prenant
en compte la composante archéologique.
Ici, s’insère une analyse de l’évolution récente
de la législation des différents pays concernés.
– Développement des stratégies de planification
archéologique en rapport avec les décisions
d’aménagement territorial (par exemple Thames
Gateway, en Angleterre).
– Développement des stratégies pour la sauvegarde
archéologique en ville et en milieu rural.
concernées ; des panneaux d’exposition ; une
lettre d’information avec une parution régulière
; un dépliant destiné à une large diffusion
et des rapports des ateliers avec des résumés
en quatre langues ; diffusion dans les médias à
l’occasion de l’inauguration à Lille (séminaire
du 5 au 7 juillet 2004) et de la conférence de
clôture à Bruxelles en 2005.
Pour atteindre l’ensemble de ces objectifs, plusieurs
agents de la direction interrégionale de
l’Inrap Nord-Picardie mais également des agents
de la direction scientifique et technique et du service
communication du siège sont impliqués.
Geertrui Blancquaert, Laurent Sauvage et
Marc Talon
Inrap, direction interrégionale Nord-Picardie
518, rue Saint-Fuscien
80000 Amiens
R E C H E R C H E S
Promouvoir l’archéologie
Pour faire connaître le projet, les différents
ateliers et leurs résultats, l’équipe fait appel
à plusieurs moyens de diffusion auprès du
grand public, des aménageurs et des élus :
la création d’un site Internet comprenant la
présentation des partenaires, des résumés des
grandes périodes archéologiques illustrées par
des sites phares et ce dans les quatre langues
Les partenaires
Une équipe internationale composée de huit
partenaires œuvre à une certaine institutionnalisation
de la gestion du patrimoine
archéologique en vue de satisfaire l’intérêt
collectif. Ces partenaires sont les suivants :
Royaume-Uni
Kent County Council, dont le représentant
est John Williams, chef de projet ;
Essex County Council, représenté par
P. Gilman ;
Pays-Bas
Rijksdient voor het Oudheidkundig
Bodemonderzoek, représenté par
I. Reuselaars ;
Belgique
Vlaams Instituut voor Onroerend Erfgoed,
représenté par L. Van Impe et M. Pieters ;
Universiteit Gent, représentée par
J. Bourgeois et M. Méganck ;
Service archéologique du Hainaut,
Ministère de la région wallonne, représenté
par M. Soumoy, M.-J. Ghenne et H. Rémy ;
France
Institut national de recherches archéologiques
préventives, représenté par
G. Blancquaert et L. Sauvage.
Cadre géographique concerné : la région
Nord-Pas-de-Calais ;
Allemagne
Landschaftsverband Rheinland, représenté
par N. Andrikopoulou.
Juillet 2004 • Archéopages n°13
33

Actualités
X ALSACE X
Haut-Rhin (68) Hegenheim k 45, RUE DE HÉSINGUE PROTO, MÉD
q Cause du chantier :
Construction d’un bâtiment
collectif.
q Aménageur :
Sarl Rosenberg.
q Début de l’opération :
26/01/2004.
q Fin prévue :
28/01/2004.
q Contact :
É. Peytremann, Inrap,
10, rue d’Altkirch,
67100 Strasbourg ;
tél. : 03 88 34 97 54 ;
afan-alsace@wanadoo.fr
q Responsable :
É. Peytremann.
q Équipe de recherche :
P. Nogues, J.-L. Wuttmann (topo.) ;
F. Schneickert.
q Suivi scientifique :
D. Watton/SRA Alsace.
k Description technique
Pour ce diagnostic, les sondages
portaient sur une surface de 3 229 m 2 ,
couvrant environ 8,5 % de la surface
concernée par l’aménagement. La
parcelle était déjà connue pour avoir
révélé des inhumations datées des
VI e -VII e s.
k Résultats
Outre la présence en position secondaire
de céramique protohistorique,
les sondages sont à l’origine de
la découverte d’au moins quatre
sépultures, deux fossés circulaires et
trois fosses. Une opération de fouille
devrait être réalisée dans le courant
de l’année.
X AUVERGNE X
Puy-de-Dôme (63) Le Cendre k ZAC DES GRANDES PRÉ, PROTO, ANT
q Cause du chantier :
Extension de la ZAC.
q Aménageur :
Société d’équipement
de l’Auvergne.
q Début de l’opération :
17/02/2004.
q Fin prévue :
12/03/2004.
q Contact :
U. Cabezuelo, 25, rue Haute,
63730 Corent ;
tél. : 04 73 69 75 46 ;
cabezuelo.ulysse@wanadoo.fr
q Responsable :
Ulysse Cabezuelo.
q Équipe de recherche :
F. Baucheron, M. Brizard (DAO),
P. Caillat (archéozoo.) ;
C. Menessier-Jouannet,
A. Wittmann (étude céram.) ;
D. Parent (topo.).
q Suivi scientifique :
H. Dartevelle/SRA Auvergne.
k Description technique
La surface diagnostiquée est de
6 227 m 2 , correspondant à 8,7 % de
la surface d’aménagement.
k Résultats
Le diagnostic se déroule en deux
phases. La première ne concerne que
la partie nord du projet, au lieu-dit
Les Piots. La partie sud, au lieu-dit
Les Grandes Littes, sera traitée à une
date ultérieure. Les parcelles concernées
sont situées au sud du bourg de
la commune du Cendre, à proximité
immédiate de l’oppidum de Gondole
qui, avec Gergovie et Corent, est un
des sites majeurs pour la période
gauloise. Un premier diagnostic, réalisé
en 2002 sur l’emprise du futur
contournement sud-est de Clermont-
Ferrand, avait permis de mettre au
jour une occupation néolithique,
un aqueduc gallo-romain et aussi
la fameuse fosse gauloise contenant
huit chevaux et huit hommes. Situé
au pied du rempart de l’oppidum de
Gondole, ce secteur, comme il fallait
s’y attendre, s’est avéré très riche en
vestiges archéologiques. L’occupation
néolithique a été confirmée. Le début
du premier âge du Fer est aussi représenté
par des fosses de combustion
en batterie au nord du site. Toutefois,
son occupation la plus dense correspond
au I er s. av. n. è. Il a été possible
de vérifier que les fosses à chevaux
repérées en 2002 n’étaient pas isolées.
Douze nouvelles fosses ont été découvertes,
ce qui représente un effectif
équin d’environ 120 individus.
L’association homme cheval n’est
avérée que dans un cas ce qui
n’exclut pas la présence humaine
dans les autres fosses. Toutes ces
inhumations sont situées en marge
d’une des terrasses de l’Allier sur
une bande d’environ 250 m de long
et 100 m de large. D’autres vestiges
ont été mis au jour dans ce secteur.
Un enclos ceint d’un fossé de 1 m de
large, de nombreuses structures fossoyées
et un épandage de céramique
ont été mis en évidence. La fonction
de cette occupation n’est pas connue.
Cependant, la présence d’esquilles
d’os brûlés et le fait qu’une partie
du mobilier a vraisemblablement
34 Archéopages n°13 • Juillet 2004

été exposée au feu laissent envisager,
à titre d’hypothèse, que quelques
structures au moins ont pu avoir
une destination funéraire ou rituelle
et non domestique ou artisanale. Un
fossé à profil en Y, de même orientation
que le rempart de l’oppidum
de Gondole, a été recoupé au sud
du site. Au sud-est du site, c’est une
occupation semble-t-il à caractère
domestique qui a été découverte. La
présence de deux sablières basses et
de plusieurs fosses, parmi lesquelles
un silo, accrédite cette hypothèse.
Enfin, la partie nord-est est occupée
X BASSE-NORMANDIE X
par un ensemble funéraire qui comprend
au moins huit sépultures dont
certaines sont aménagées avec un
empierrement.
A C T U A L I T É S
Calvados (14) Bayeux –Isigny-sur-Mer k ROUTE NATIONALE 13 PROTO, ANT, MÉD
q Cause du chantier :
Travaux de sécurisation.
q Aménageur :
DDE.
q Début de l’opération :
06/10/2003.
q Fin prévue :
30/01/2004.
q Contact :
C.-C. Besnard-Vauterin,
Inrap, boulevard de l’Europe,
14540 Bourguebus ;
tél. : 02 31 27 82 20.
q Responsable :
Chris-Cécile Besnard-Vauterin.
q Équipe de recherche :
M. Besnard (topo., dessin),
L. Simon (céramo.).
q Suivi scientifique :
C. Billard/SRA Basse-Normandie.
k Description technique
Le diagnostic, réalisé à hauteur des
routes départementales 208, 198,
125 et 204, a permis de détecter des
vestiges d’occupation allant de la Protohistoire
à l’époque contemporaine.
k Résultats
Deux vestiges fossoyés, datés de
l’époque protohistorique, ont été
recensés sur la commune de Surrain
au niveau de l’emprise méridionale de
la RD 208. Par leur caractère isolé et
leur datation peu précise, ils ne présentent
qu’un intérêt mineur, mais
témoignent d’une occupation protohistorique
dans les environs plus ou
moins proches. Un chemin en terre
du haut Moyen Âge et l’amorce d’un
réseau de parcellaire fossoyé des
périodes médiévales ont été mis en
évidence à proximité de l’abbaye de
Deux-Jumeaux, à hauteur de la
RD 125. Sur l’emprise du rétablissement
de la RD 204, à la hauteur des
communes de Canchy et de La
Cambe, un gisement de l’époque
gallo-romaine a été décelé. Le site
comporte, sur le secteur méridional,
une partie d’un établissement rural
entouré d’un enclos fossoyé de plan
rectangulaire auquel s’associe une
petite nécropole à incinérations au
nord. L’ensemble est localisé le long
de la voie antique qui relie le Cotentin
à Bayeux, la cité Augustodurum du
civitas des Baiocasses. D’après le mobilier
céramique, particulièrement riche
et diversifié, les contextes chronologiques
de l’habitat et de la nécropole
sont sensiblement les mêmes : le II e et
le début du III e s. après n. è., avec une
fourchette un peu plus large pour
l’habitat dont les origines remonteraient
au milieu du I er s. On peut
donc supposer des relations directes
entre les deux lieux, résidentiel et
funéraire. L’existence de la voie
romaine a été confirmée sur le secteur
méridional ; elle crée une problématique
chronologique intéressante en
raison de sa superposition à l’habitat,
suggérant deux phases d’installation
dans l’ensemble du site. À défaut d’un
calage chronologique affiné, la voie
est supposée postérieure à l’établissement
en raison de sa pérennité lors
des périodes suivantes. L’hypothèse
de l’existence, à un autre endroit,
d’un chemin primitif autour duquel
un habitat et sa nécropole se seraient
installés peut être évoquée. Ils auraient
été abandonnés vers le début du III e s.
au profit d’une nouvelle voie de circulation,
d’axe est-ouest, à laquelle
s’associe un nouveau réseau parcellaire
orthogonal. Ce sont ces derniers
aménagements qui ont perduré lors
des périodes suivantes et qui ont
structuré l’actuel paysage.
Orne (61) Neuville-près-Sées k LES RUISSEAUX PROTO
q Cause du chantier :
Autoroute A28 entre Rouen et
Alençon.
q Aménageur :
Alis.
q Début de l’opération :
23/06/2003.
q Fin prévue :
03/10/2003.
q Contact :
C.-C. Besnard-Vauterin,
Inrap, boulevard de l’Europe,
14540 Bourguebus ;
tél. : 02 31 27 82 20.
q Responsable :
Chris-Cécile Besnard-Vauterin.
q Équipe de recherche :
M. Besnard (topo., dessin, DAO),
J.-M. Palluau, J.-F. Royer.
q Suivi scientifique :
J. Desloges/SRA Basse-Normandie.
k Description technique
La fouille a été réalisée sur une surface
de 7 000 m 2 à l’emplacement
d’un petit établissement de la fin de
l’époque gauloise.
k Résultats
Cette opération, outre le fait qu’elle
offre une des rares occasions de
fouiller dans le département de
l’Orne, permet d’avoir une vision
globale d’une petite ferme gauloise,
unique en son genre, dans les alentours
de Sées. Le site comporte une
première installation sous forme d’un
enclos ouvert incomplet, auquel s’associe
sans doute un bâtiment oblong
en bois dont la tranchée de fondation
des poteaux de parois constitue
l’unique trace conservée. Des comparaisons
régionales incitent à placer
cette occupation dans un contexte
chronologique de La Tène moyenne
à La Tène finale. L’installation suivante,
la principale, consiste en un
enclos trapézoïdal d’une surface de
2 400 m 2 comportant un parcellaire
externe. L’habitat est délimité sur trois
côtés par une palissade, sans doute
sur talus, dressée dans un fossé dans
lequel subsistent les empreintes de
poteaux. Le côté sud-est apparaît
ouvert sur toute sa longueur, mais
certains indices permettent de soulever
l’hypothèse de la présence d’une
structure arasée ayant fermé l’enclos
également sur cette face. En effet, la
délimitation nette des vestiges internes
par une ligne droite imaginée
entre les deux interruptions de fossés
au nord-est et au sud-ouest laisse
présumer l’existence d’une limite
matérialisée, sans doute sous forme
d’un talus palissadé. Ce talus a pu être
érigé à l’aide des terres extraites d’une
mare, située à une dizaine de mètres
de ce côté. D’autre part, l’aménagement
d’une entrée sur la face sudouest
n’offre d’intérêt que dans le cas
d’un enclos entièrement fermé. L’aire
interne de l’enclos est subdivisée
par un fossé secondaire, séparant
l’espace résidentiel au sud-est d’une
zone archéologiquement stérile au
nord-ouest, interprétée comme étant
un parc à bétail. Cette dernière partie
couvre une surface de 780 m 2 , tandis
que l’habitat se concentre sur une
superficie de 1 620 m 2 . L’accès se fait
par une interruption de fossé à mihauteur.
En face de l’entrée principale
de la ferme, sur le côté sud-ouest, on
trouve un bâtiment rectangulaire de
108 m 2 . Il est matérialisé par une
tranchée de fondation dans laquelle
des empreintes de trous de poteau se
dessinent au fond. Les poteaux sont
implantés côte à côte, en moyenne
trois à quatre pieux par mètre
linéaire, ce qui doit correspondre à
des parois à poteaux rapprochés mais
non jointifs portant un clayonnage
serré dont témoignent des éléments
de torchis aux traces de branchage.
Des trous de poteau à l’intérieur, disposés
en plan à peu près circulaire,
ont servi pour le support du faîtage.
À l’arrière du bâtiment, se situent des
Juillet 2004 • Archéopages n°13
35

A C T U A L I T É S
regroupements de quatre à cinq trous
de poteau correspondant à l’emplacement
d’au moins trois greniers
surélevés sur poteaux. Cette ferme
est datée par des céramiques, dont
X BASSE-NORMANDIE X
de l’amphore italique de type Dressel
1A tardif, de la première moitié du
III e s. av. J.-C. Morphologiquement,
l’enceinte trapézoïdale s’inscrit dans
une esquisse de typologie d’enclos
établie pour l’ouest de la Gaule
sous le terme d’enclos trapézoïdaux
à entrée à partition interne. Le site
diffère des établissements laténiens
de la plaine de Caen par son enclos
palissadé simple de faible taille, par
opposition aux enclos rectangulaires
souvent emboîtés ou accolés d’envergures
bien plus importantes.
X CENTRE X
Eure-et-Loir (28) Mignières k LE PETIT COCURTIN PROTO, ANT
q Cause du chantier :
Création d’une ZAC.
q Aménageur :
Communauté de communes
du Bois-Gueslin.
q Début de l’opération :
05/01/2004.
q Fin prévue :
19/03/2004.
q Contact :
P. Salé, 22, rue de la Gare,
45130 Meung-sur-Loire.
q Responsable :
Philippe Salé.
q Équipe de recherche :
C. Bours, M. Carlier, H. Farmaghi,
D. Lusson, K. Matar-Pernia,
F. Rosenberger.
q Suivi scientifique :
C. Verjux/SRA Centre.
k Description technique
La surface fouillée couvre 1,5 ha.
Deux autres chantiers ont été réalisés
en parallèle dans la même période et
à proximité immédiate, l’un sous la
responsabilité de D. Lusson, l’autre
sous celle d’É. Frénée.
k Résultats
Deux périodes sont concernées :
La Tène moyenne avec essentiellement
des bâtiments sur poteaux et
le Haut-Empire avec un réseau
parcellaire s’organisant autour d’un
bâtiment isolé.
X CHAMPAGNE-ARDENNE X
Marne (51) Reims k 19, RUE EUGÈNE-DESTEUQUE PROTO, ANT, MÉD, MOD, CONTEMP
q Cause du chantier :
Projet immobilier.
q Aménageur :
SCI Trois Raisinets.
q Début de l’opération :
10/02/2003.
q Fin prévue : 15/09/2003.
q Contact :
S. Sindonino, 20 bis, rue Chanzy,
51100 Reims ;
tél. : 06 08 56 29 15 ;
sindoninostf@yahoo.com
q Responsable :
Stéphane Sindonino.
q Responsable de secteur :
É. Jouhet.
q Équipe de recherche :
S. Baia, E. Bigot, I. Bouchain-
Palleau (céram. antique), B. Clavel
(faune méd.), M. Cunault,
A. de Mecquenem, B. Duchêne,
D. Duda (topo.), G. Flucher (céram.
méd.), R. Fourot, F. Gauvin,
A. Jules, N. Mailly, F. Moiret,
V. Peletier, X. Pinto, P. Stocker,
J.-J. Thevenard, J.-M. Violot,
P. Voisin.
q Suivi scientifique :
F. Berthelot/SRA Champagne-
Ardenne.
q Collaborateur :
Hubert Cabart (verre),
J.-M. Doyen (numismatique).
k Description technique
Le chantier, sis sur une parcelle de
650 m 2 , se trouve en plein cœur du
centre historique de Reims. À cet
endroit, la stratification atteint une
épaisseur de 5,50 m. La méthodologie
mise en place en concertation avec
le constructeur a permis de fouiller la
surface intégrale de la parcelle tout en
limitant le problème des reprises en
sous-œuvre pour les premiers mètres
de stratification. Dans un premier
temps, des pieux ont été installés
sur la périphérie du chantier. Puis,
une tranchée de 2,50 m de large et
de profondeur a été creusée entre
ces pieux afin de mettre en place des
murs préfabriqués de la hauteur du
premier niveau de sous-sol. Cette
tranchée a fait l’objet d’un suivi
archéologique qui a permis de repérer
des murs et des angles de bâtiments.
Dans le même temps, les coupes ont
été relevées. La parcelle a alors été
décapée sur les premières couches
archéologiques à une cinquantaine
de centimètres sous le niveau actuel.
Dans un second temps, lorsque la
fouille a atteint la profondeur du
premier niveau de sous-sol (- 3 m),
nous avons continué les travaux tout
en laissant une berme de sécurité
d’1 m tout autour du chantier. Ainsi,
seuls les derniers mètres de stratification
ont fait l’objet d’un suivi lors des
reprises en sous-œuvre.
k Résultats
Ce chantier permet d’affiner la
chronologie des occupations à
Reims/19, rue Eugène-Desteuque
Pavement de la première moitié du I er s. ap. J.-C.
Cl. S. Sindonino/Inrap.
Reims depuis l’époque gauloise.
L’importance de la stratification et
l’absence de caves contemporaines
laissaient présager un très bon état
de conservation des couches archéologiques,
en particulier celles de la
fin de l’Antiquité et du haut Moyen
36
Archéopages n°13 • Juillet 2004

Âge. La fouille a donc offert l’opportunité
d’établir le lien entre la période
antique et la période médiévale. Bien
que quelques traces d’une occupation
antérieure à la période gallo-romaine
aient été décelées, les vestiges les
plus parlants et les plus anciens
datent des années 30 de notre ère. À
cette époque, une importante domus
est construite sur la parcelle. Elle est
bâtie selon un plan en U, orientée estouest,
avec une cour intérieure bordée
par des pièces d’habitat. Dans cette
cour, une cave est construite en tegulae.
Des quatre pièces mises au jour,
trois possédaient un sol en béton et
l’une avait un plancher. Elles étaient
toutes décorées d’enduits peints et
deux d’entre elles étaient dotées de
pavement en béton de chaux décoré
de tesselles. Le sol de la pièce au sud
de la maison était orné de fragments
de marbre disposés en damier, la
pièce au nord étant décorée d’un
tapis central délimité par une frise en
tesselles noires et blanches. Dans ce
tapis, un semis de croisettes de quatre
tesselles noires et une blanche formait
un damier et un emblema en tesselles
noires et blanches représentait un cercle
inscrit dans un carré. Des feuilles
d’eau décoraient les coins du carré et
des lancettes disposées de manière
concentrique remplissaient le cercle.
Cette domus, qui a subi au moins une
modification, est détruite au début de
l’époque flavienne pour laisser place à
une nouvelle maison. Cette deuxième
maison, dont au moins cinq pièces
ont été mises au jour, possédait à
l’origine deux pièces décorées avec
des mosaïques. L’une d’elles avait
une superficie de 36 m 2 , l’autre de
60 m 2 . L’importance des modifications
postérieures de cette maison n’a
permis de conserver qu’ 1,50 m 2 de la
plus petite mosaïque, la plus grande
n’étant plus représentée que par des
déblais issus de son démontage. En
effet, au III e s., la plus grande pièce a
été scindée en deux pièces plus petites
qui ont été dotées de chauffage par
hypocauste. Au IV e s., cette maison est
encore réaménagée. La pièce nord
contenant la plus petite mosaïque
est divisée en deux. Au V e et VI e s., la
pièce à hypocauste est abandonnée
alors que les petites pièces au nord,
construites au IV e s., sont toujours
occupées. À l’emplacement de l’hypocauste,
une nouvelle construction
est érigée au VI e s. Finalement, c’est à
l’époque carolingienne que toutes ces
constructions sont abandonnées et
qu’une partie des matériaux de construction
est récupérée. Cette récupération
des murs en pierre permet la
construction de nouveaux bâtiments
à côté des plus anciens. Ces anciennes
constructions sont alors recoupées
par de nombreuses latrines et par
des fosses dépotoirs. Puis de nombreuses
réfections et modifications
des constructions carolingiennes se
succèdent jusqu’à une stabilisation
du parcellaire au XII e s. À cette date,
Reims/19, rue Eugène-Desteuque
Façades des ailes ouest et nord de la maison du XIV e s. et latrines des XVI e et XVII e s.
Cl. S. Sindonino/Inrap.
une importante maison recouvre tout
le site. Elle est agrandie et dotée de
nouvelles pièces au XIII e s. et adopte
alors un plan carré. Au XIV e s., ce plan
est transformé et la cave qui formait
un retour côté sud est comblée. Le
nouveau plan de la maison est en
forme de U ouvert du côté sud. Une
grande cour occupe l’espace central.
Aux XV e et XVI e s., cette maison bourgeoise
devient un hôtel particulier
et plusieurs pièces sont créées par
la division des longues ailes de la
maison. Au XVII e s., des pièces sont
construites au détriment de la cour
qui se réduit de plus en plus. L’hôtel
particulier atteint alors son plan définitif
qui sera conservé jusqu’au début
du XX e s. pour disparaître alors définitivement
lors des bombardements du
premier conflit mondial.
k Publication
NEISS (R.), BALMELLE (A.), Les
maisons de l’Élite à Durocortorum,
Archéologie urbaine à Reims, Bulletin
de la Société archéologique champenoise,
n° 4, 2004.
A C T U A L I T É S
Haute-Marne (52)
Langres k RUE DE CHAVANNES
ANT
Saint-Dizier k ZI DES TROIS FONTAINES
PROTO, ANT
q Cause du chantier :
Projet immobilier.
q Aménageur :
EURL Petit immobilier.
q Début de l’opération :
27/11/2003.
q Fin prévue :
01/12/2003.
q Contact :
R. Durost, Inrap,
13, avenue Becquerel,
51000 Châlons-en-Champagne ;
tél. : 06 86 28 62 02 ;
raphdurost@wanadoo.fr
q Responsable :
Raphaël Durost.
q Équipe de recherche :
J.-J. Thevenard.
q Suivi scientifique :
E. Busclin/SRA Champagne-
Ardenne.
q Collaborateur :
S. Février/archéo. bénévole ;
A. Vaillant/Musée d’art et d’histoire
de Langres.
k Description technique
Une parcelle de 1 100 m 2 a été
diagnostiquée au cœur de la ville
antique de Langres, capitale des
Lingons. Trois tranchées de sondage
ont été pratiquées à l’aide d’une pelle
mécanique munie d’un godet lisse de
2,20 m de large. Une fouille manuelle
a suivi en complément.
k Résultats
Seuls des vestiges d’époque galloromaine
ont été dégagés. Ils sont
apparus sous 1,20 m de terres noires,
sans aucune occupation postérieure.
Les vestiges découverts témoignent
d’habitations aisées, en milieu urbain :
sols chauffés par hypocauste, tesselles
de mosaïque et enduits peints encore
en place sur les murs en élévation. Ce
quartier semble abandonné au cours
du III e s. ap. J.-C.
k Publication
Un article décrivant l’opération est
paru dans Le Journal de la Haute-
Marne du 02/12/2003.
q Cause du chantier :
Extension d’un entrepôt frigorifique.
q Aménageur :
STEF-TFE.
q Début de l’opération :
27/10/2003.
q Fin prévue :
04/11/2003.
q Contact :
R. Durost, Inrap,
13, avenue Becquerel,
51000 Châlons-en-Champagne ;
tél. : 06 86 28 62 02 ;
raphdurost@wanadoo.fr
q Responsable :
Raphaël Durost.
q Équipe de recherche :
D. Duda (topo.), É. Vauquelin.
q Suivi scientifique :
D. Morize/SRA Champagne-
Ardenne.
k Description technique
La parcelle concernée par le diagnostic
couvrait 53 000 m 2 , mais
seuls 39 000 m 2 de la surface étaient
préservés, le reste ayant été détruit
lors de la construction d’une usine il
y a plusieurs décennies. Des sondages
ont été effectués à la pelle mécanique
sous forme de longues tranchées.
4 600 m 2 ont ainsi été ouverts,
répartis sur toute la parcelle.
k Résultats
Les structures sont implantées dans
les gravières du Perthois et dans l’argile
qui les recouvre. Une fosse et un
fossé du Bronze final ont été découverts.
Une épingle en fer, enrobée
de bronze (technique inhabituelle),
provient de la fosse. La période
romaine est la mieux représentée.
Un bâtiment sur poteaux, une série
de fosses carrées profondes de 0,30
à 0,80 m, ainsi qu’un enclos fossoyé
dont l’entrée a été localisée, caractérisent
cette occupation.
k Publication
Un article est paru dans Le Journal de
la Haute-Marne du 31/10/2003.
Juillet 2004 • Archéopages n°13
37

A C T U A L I T É S
X DOM-TOM X
Guadeloupe Le Gosier k FORT FLEUR D’ÉPÉE CONTEMP
q Cause du chantier :
Aménagement touristique.
q Aménageur :
Conseil général.
q Début de l’opération :
15/11/2003.
q Fin prévue :
30/11/2003.
q Contact :
Vincent Carpentier, Inrap,
boulevard de l’Europe,
14540 Bourguebus ;
tél. : 02 31 27 82 24 ;
kar_liau@yahoo.fr
q Responsable :
Vincent Carpentier.
q Suivi scientifique :
A. Chancerel/SRA Guadeloupe.
q Collaborateur :
T. Yvon/SRA Guadeloupe.
k Description technique
Relevé et inventaire de graffitis dans
un souterrain militaire du XIX e s.
k Résultats
Le fort Fleur d’Épée fut érigé entre
1759 et 1763 à Grande-Terre, sur
un morne du Gosier, pour protéger
l’entrée de la baie du Petit Cul-de-Sac
Marin, accès principal par voie de
mer vers Pointe-à-Pitre. L’ouverture
au public des souterrains du XIX e s.,
entreprise par le conseil général de
la Guadeloupe, a nécessité le relevé
archéologique d’une importante
série de graffitis tracés sur les parois
de la galerie souterraine, menacée par
l’humidité et les réfections d’enduits.
Les graffitis sont tantôt gravés à l’aide
d’un outil pointu, tantôt dessinés
au charbon. Leurs dimensions en
font parfois de véritables panneaux
larges de plus de 3 m, couvrant
toute la hauteur de la paroi (2 m).
Un déroulé des parois a été relevé
sur lequel chaque graffiti peut être
localisé précisément. La répartition
des graffitis n’est pas uniforme : scènes
et inscriptions se regroupent en
74 panneaux dont la lecture scande
le passage. Si la chronologie relative
fait défaut, en revanche 30 dates
ont été relevées pour 66 écritures
déchiffrables, échelonnées de 1812
à 2002. Deux épisodes plus fournis
correspondent aux décennies 1840 et
1950, la plupart des représentations
picturales se rapportant au milieu du
XIX e s. Les thématiques se déclinent
en quatre rubriques dominées par
les écritures, suivies des navires
(vaisseaux de guerre du XIX e s., voiliers
de commerce, paquebot), des
figurations (militaires français en
uniforme du XIX e s., animaux, édifices,
objets divers) et des scènes à
caractère pornographique, ensemble
assez original, qui se distingue par un
fort contenu blasphématoire. Cette
série illustre clairement la double
vocation militaire et maritime du site
à travers les représentations de navires
et de militaires en uniforme ainsi
que certains aspects plus intimes de la
vie quotidienne et de la psychologie
des occupants. Ce document, encore
exceptionnel pour la Guadeloupe,
offre d’ores et déjà des comparaisons
avec certains sites métropolitains du
sous-sol parisien ou des carrières du
Val-de-Loire et appelle de plus amples
travaux d’analyse.
X FRANCHE-COMTÉ X
Doubs (25) Besançon k COLLÈGE LUMIÈRE, RUE D’ALSACE ANT
q Cause du chantier :
Projet immobilier, restructuration du
collège.
q Aménageur : Conseil général.
q Début de l’opération :
01/11/2003.
q Fin prévue : 29/10/2004.
q Contact :
C. Munier, Inrap, 9, rue Lavoisier,
25000 Besançon ;
tél. : 06 70 64 87 38 ;
claudinemunier@aol.com
q Responsable :
Claudine Munier.
q Responsable adjoint :
C. Card.
q Équipe de recherche :
N. Bierent, G. Brkojewitsch,
J. Cayrol, M. Combe, S. Cordenod,
A. Couilloud, C. da Costa, I. Dard,
C. Gaston (topo., dessin),
F. Gauchet, A. Hain, P. Haut
(photo.), V. Lamy, M. Lefils,
C. Leyenberger, P. Listrat, É. Maire,
C. Meloche, É. Michon, P. Nowicki,
J.-C. Passerat, J.-Y. Richelet,
L. Vaxelaire, A. Viellet, G. Videau,
Y. Virlojeux.
q Suivi scientifique :
H. Laurent/SRA Franche-Comté.
q Collaborateur :
J.-P. Darmon (spécialiste des
mosaïques)/CNRS ; R. Lepennec
(spécialiste des marbres)/bénévole ;
P. Chardron-Picot (étude des
schistes noirs)/archéo. municipal
d’Autun ; atelier de restauration des
mosaïques de Saint-Romain-en-Gal,
Vienne (dépose des mosaïques).
k Description technique
Chantier urbain de 3 000 m 2 environ
dans le périmètre de la ville antique
et à proximité du Doubs. Sondages
réalisés en été 2001 dans la cour du
collège. La première tranchée avait été
creusée en relation avec l’angle nord
d’une mosaïque fouillée en partie
sous la rue voisine en 1973 (moitié
sud déposée alors et restaurée au
musée des Beaux-Arts et d’Archéologie
de Besançon). La moitié nord se
trouve dans le périmètre de la fouille
actuelle (cf. Archéopages n° 6, p. 41).
k Résultats
Des 3 000 m 2 du chantier, près de
2 500 ont été fouillés dans leurs
niveaux supérieurs et plusieurs
occupations ont pu être observées :
une partie d’un grand bâtiment
luxueux est actuellement reconnue
sur 1 250 m 2 . Attribué au début du
II e s. ap. J.-C., puis reconstruit au
cours de ce même siècle, ce grand
bâtiment fait suite à au moins deux
états de construction d’un ou plusieurs
bâtiments édifiés au cours
du I er s. Des structures déjà monumentales
ont en effet été perçues
dans la partie nord du chantier, dont
certaines dateraient du tout début du
Besançon/Collège Lumière, rue d’Alsace
Détail du médaillon central (emblema) de la mosaïque de la pièce A représentant
le bouclier d’Athéna avec la tête de Méduse en son centre.
Dans les écoinçons se trouvent d’une part un monstre marin poursuivant un dauphin,
d’autre part un double caducée ailé symbole d’Hermès.
Cl. P. Haut/Inrap.
I er s. de notre ère (en particulier un
fragment de chapiteau ionique, rare
en Gaule). L’édifice, attribué au début
du II e s., possède trois grandes pièces
décorées de mosaïques de fabrication
homogène : la plus impressionnante
(pièce E), avec une superficie de près
de 200 m 2 , a en partie été fouillée en
1973 sous la rue de Lorraine voisine.
Les deux autres (pièces A et G) totalisent
65 et 85 m 2 . Ces pièces sont
entourées de couloirs ou de galeries,
dont l’une d’elles, ouverte sur un
jardin agrémenté d’un bassin, est
décorée d’une mosaïque géométrique
(galerie D), deux autres galeries
(H et K) correspondent à un péristyle
ouvert sur un jardin de 200 m 2 . La
dimension des pièces, la richesse
des décors et la constante présence
d’espaces de circulation permettent
d’attribuer à ces structures une
38
Archéopages n°13 • Juillet 2004

fonction de réception (salles d’apparat
appartenant à un grand édifice
public, semi-public ou privé). La
mosaïque de la pièce E est formée de
caissons qui composent le tapis (dont
chacun des motifs est différent l’un
de l’autre) et d’un médaillon central
représentant Neptune sur son char. La
Besançon/Collège Lumière, rue d’Alsace. Plan général du site. Dessin C. Gaston/Inrap.
mosaïque de la pièce A est également
composée d’un tapis de caissons aux
motifs géométriques plus répétitifs ;
son médaillon central représente le
bouclier d’Athéna orné de la tête de
Méduse. Bien que très déformé par les
tassements différenciés sous-jacents,
ce sol est particulièrement bien conservé
; seul manque un rectangle de
9 m 2 dont les tesselles ont été récupérées
avant la reconstruction de
cette pièce, sans doute au cours de la
seconde moitié du II e s. La mosaïque
de la dernière grande pièce (G) est
beaucoup plus simple : un motif
géométrique répétitif encadré d’une
frise de rinceaux, comparable à celle
de la mosaïque au Neptune (pièce E).
Lors de la dépose des mosaïques de la
galerie D et de la pièce E par l’atelier
de restauration des mosaïques de
Saint-Romain-en-Gal (Vienne, Isère),
des dessins préparatoires sont apparus
sur le bain de pose en chaux
(peintures de différentes couleurs) et
sur le nucléus de tuileau sous-jacent
(gravures de motifs géométriques).
Également décorés, les sols de deux
petites pièces, des couloirs et du
péristyle sont constitués de terrazzo à
opus signinum : tesselles noires disposées
en croisettes ou cabochons posés
en losanges, ou encore semis aléatoire
d’éclats de pierre noire. Tous les espaces
sont décorés d’enduits muraux
dont seules les plinthes rouges ou
noires ont résisté. La cohérence de
cet ensemble exceptionnel montre
une même phase de construction
que les très nombreux éléments
lapidaires (de type flavien) et la
stylistique des mosaïques permettent
de placer à partir du début du II e s.
Le remploi de fragments de colonnes
dans les fondations de certains murs
de ce bâtiment prouve l’existence de
colonnades dans les états antérieurs.
La fouille des niveaux antiques va
se poursuivre avant d’atteindre des
niveaux de l’âge du Fer (des structures
de La Tène finale et moyenne
et du Hallstatt moyen et final ont été
fouillées il y a 30 ans dans une zone
toute proche de l’actuel secteur de
fouilles).
A C T U A L I T É S
Territoire de Belfort (90)
Bourogne k CIMETIÈRE COMMUNAL
q Cause du chantier :
Extension du cimetière communal.
q Aménageur : Ville.
q Début de l’opération :
29/03/2004.
q Fin prévue :
09/05/2004.
q Contact :
D. Billoin, 29, rue de Besançon,
25440 Buffard ;
tél. : 06 86 28 61 76.
q Responsable :
David Billoin.
q Équipe de recherche :
J. Cayrol, P. Sarazin (topo.).
q Suivi scientifique :
A. Richard/SRA de Franche-Comté.
k Description technique
La fouille a été réalisée à la suite d’un
diagnostic motivé par l’extension
du cimetière communal dans un
environnement particulièrement riche
(cf. Archéopages n° 11, p. 41).
k Résultats
Hormis quelques structures protohistoriques
périphériques (Bronze final/
Hallstatt), les 1 400 m 2 ouverts sur ce
site de hauteur ont confirmé la présence
d’un site défensif protégé par
un fossé de près de 4 m d’ouverture,
doublé d’un second, auquel s’appuie
une rangée de trous de poteau de gros
calibre. La céramique recueillie dans
les remplissages de ces structures et
surtout huit monnaies de l’extrême
fin du IV e s. situent l’occupation dans
le courant du V e s. ap. J.-C. Deux
fonds de cabane viennent s’installer
en bordure de ce premier fossé qui
structure encore le paysage et fait
l’objet d’enfouissement de plusieurs
carcasses animales (veau, cheval).
Au moins deux grands bâtiments sur
poteaux se développent au-dehors.
Trois grands fours à chaux circulaires
d’environ 2,70 m de diamètre
oblitèrent l’ensemble et utilisent
les ruines des bâtiments antiques à
proximité comme source de matériaux.
Leur emplacement pourrait
indiquer la présence d’un chantier
relativement important à proximité,
l’église actuelle, dont la construction
remonte au XII e s., voire un édifice
cultuel plus ancien suggéré par le
Bourogne/Cimetière communal
Four à chaux recoupant un fond de
cabane du V e -VI e s.
Cl. D. Billoin/Inrap.
Bourogne/Cimetière communal
Vue d’ensemble de la fouille
archéologique sur le projet
d’extension du cimetière communal.
Cl. D. Billoin/Inrap.
vocable de Saint-Martin. Les résultats
des datations radiocarbones sont
attendus car ils sont indispensables
pour entreprendre l’étude de ce site
particulier et nouveau en Franche-
Comté que ce soit par la fonction ou
par la période abordée (V e -VI e s.).
Juillet 2004 • Archéopages n°13
39

A C T U A L I T É S
Seine-Saint-Denis (93)
Stains k PRAIRIE DE ROMAINCOURT
q Cause du chantier :
Construction d’un lotissement.
q Aménageur :
SCCCV Salengro.
q Début de l’opération :
16/02/2004.
q Fin prévue :
20/08/2004.
q Contact :
L. Leconte, 6, rue du Vivier Corax,
60200 Compiègne ;
lusyl@tiscali.fr
q Responsable : Luc Leconte.
q Équipe de recherche :
E. Lemaure.
q Suivi scientifique :
M. Gleizes/SRA Île-de-France.
k Description technique
Le diagnostic a été réalisé dans une
zone totalement urbanisée. Il couvre
une surface de 7 300 m 2 .
k Résultats
Sur la moitié ouest de la parcelle, un
habitat mérovingien a été repéré. Il
regroupe des structures fréquemment
X ÎLE-DE-FRANCE X
PROTO, MÉD, CONTEMP
rencontrées en contexte rural du haut
Moyen Âge : fosses, fossés, bâtiments
et silos. Le mobilier retrouvé est peu
abondant mais homogène et permet
d’attribuer une datation au VII e s. de
n. è. La céramique correspond aux
types de production granuleuse et
lissée peinte. Ce petit habitat se situe
le long d’un chemin qui menait au
Rouillon, affluent de la Seine. D’autres
petits habitats du haut Moyen Âge
ont été repérés le long du Rouillon,
à quelques centaines de mètres de là.
Postérieurement à cette occupation,
une bonne partie de l’habitat est
recouvert par un sédiment sablolimoneux
consécutif à l’érosion des
terrains situés plus haut sur la pente
douce qui caractérise la topographie
locale. À l’époque moderne, le lieu
fait partie d’un ensemble de prairies
situées le long du Rouillon.
Val-de-Marne (94)
Sucy-en-Brie k RUE HALÉVY
q Cause du chantier :
Projet immobilier.
q Aménageur :
SE MAES.
q Début de l’opération :
12/01/2004.
q Fin prévue :
16/01/2004.
q Contact :
J.-Y. Dufour, Inrap,
32, rue Delizy,
93694 Pantin cedex ;
tél. : 06 86 58 74 05.
q Responsable :
Jean-Yves Dufour.
q Équipe de recherche :
M. Belarbi, P. Nesteroff,
P. Raymond.
q Suivi scientifique :
A. Bulard/SRA Île-de-France.
q Collaborateur :
V. Noël/mission Patrimoine
de Sucy-en-Brie.
MÉD, MOD, CONTEMP
k Description technique
500 m 2 ont été ouverts en plein
centre du bourg ancien pour réaliser
ce diagnostic. Avant sa démolition,
le bâti d’une ferme spécialisée a été
relevé.
k Résultats
Au cœur de Sucy-en-Brie, les sondages,
menés sur un îlot parcellaire et
dans une ancienne ferme, ont permis
la découverte d’un cellier de belle
construction et d’un four, tous deux
comblés au XIV e s. Une belle maison
médiévale reste donc à fouiller. Cinq
caves modernes et/ou médiévales
sont connues en front de rue. Des
vestiges de l’époque moderne liés au
jardin du château et à la ferme sont
présents. L’évolution du bâtiment de
la ferme est documentée.
Val-d’Oise (95) Saint-Brice-sous-Forêt k LA CHAPELLE SAINT-NICOLAS ANT, MOD, CONTEMP
q Cause du chantier :
Construction d’un centre commercial.
q Aménageur :
BDM.
q Début de l’opération :
01/12/2003.
q Fin prévue :
22/12/2003.
q Contact :
J.-Y. Dufour, Inrap, 32, rue Delizy,
93694 Pantin cedex ;
tél. : 06 86 58 74 05.
q Responsable :
Jean-Yves Dufour.
q Équipe de recherche :
T. Creissen, A. Mondolini.
q Suivi scientifique :
J.-C. Gouedo/SRA Île-de-France.
k Description technique
5 800 m 2 de sondages ont été réalisés
sur 8,3 ha, dans un secteur de
vergers.
k Résultats
Les sondages n’ont pas révélé la moindre
trace de la maladrerie médiévale
mentionnée historiquement. Une
petite ferme gallo-romaine occupe
1 ha. Les techniques horticoles, une
loge de jardinier et l’ancienneté des
cultures ont pu être documentées.
Yvelines (78) Ablis k DÉVIATION DE LA RD 988 PROTO, ANT, MOD, CONTEMP
q Cause du chantier :
Tracé linéaire, déviation sud-est d’Ablis.
q Aménageur :
Conseil général.
q Début de l’opération :
17/11/2003.
q Fin prévue :
04/12/2003.
q Contact :
G. Drwila, Inrap, 32, rue Delizy,
93698 Pantin cedex ;
tél. : 06 75 62 79 45 ;
gabriel.drwila@9online.fr
q Responsable :
Gabriel Drwila.
q Équipe de recherche :
M. Belarbi, I. Pasquier (DAO) ;
S. Harlé, P. Raymond (topo.).
q Suivi scientifique :
P.-J. Trombetta/SRA Île-de-France.
q Collaborateur :
J. Bonvalot (pétro.)/
Univ. de Bourgogne ;
C. Drouhot (numism.)/
SRA Île-de-France.
k Description technique
Sondages systématiques sur l’ensemble
du tracé linéaire qui s’étend sur
2,5 km et couvre une superficie de
8,5 ha. Les tranchées du diagnostic
représentent 8 % de la surface totale
du projet.
Ablis/Déviation de la RD 988
Mortier en roche volcanique.
1 vue du dessus ; 2 vue du dessous ;
3 profil.
Cl. et dessin I. Pasquier/Inrap.
k Résultats
Les sondages ont permis, malgré
l’étroitesse de l’emprise, de détecter
plusieurs vestiges d’occupation
humaine allant du Néolithique
à la période contemporaine. Le
Néolithique est représenté par un
ensemble de mobilier (céramique et
débitage) provenant des colluvions
40
Archéopages n°13 • Juillet 2004

et une fosse très arasée. À la période
gallo-romaine se rattachent des
fossés parcellaires orientés de préférence
nord-ouest/sud-est ainsi qu’un
chemin creux. Les fosses d’extraction
du calcaire de la Beauce, mises en évidence
sur l’ensemble du tracé, datent
aussi de cette période. Elles devaient
assurer les besoins en moellons de
construction du vicus antique tout
proche. Les fossés et le chemin contemporain
trouvés à proximité de la
RD 168 sont à mettre en rapport avec
la présence d’un moulin à vent figuré
sur le cadastre napoléonien de 1828.
Enfin, l’opération a permis la découverte
d’un établissement rural de l’âge
du Fer au lieu-dit Le Beau Luisant. Le
site, implanté en territoire des Carnutes,
se compose d’un enclos fossoyé
quadrangulaire associé aux structures
d’habitat (fosses, trous de poteau).
L’occupation se rapporte à La Tène D
selon le premier examen du mobilier
céramique. Une fonction artisanale
du site peut être évoquée grâce à la
présence du minerai de fer dans les
comblements des fosses. La couche
de limon organique qui scellait les
structures en creux a révélé un objet
tout à fait exceptionnel. Il s’agit d’un
mortier circulaire dont la forme très
ouverte rappelle plutôt une coupe
avec un pied bien individualisé. Il a
été façonné dans une roche volcanique
rugueuse et abrasive. D’après une
première expertise pétrographique, il
s’agit d’une roche vacuolaire à texture
fluidale, composée de très nombreux
microlites de plagioclase. Elle se
classe dans la catégorie des trachyandésites
et ressemble très fortement
à de la pierre de Volvic (ce pourrait
même en être). À notre connaissance,
cet outil de broyage est unique en Îlede-France,
voire dans tout le nord de
la France, aussi bien par sa forme que
par le matériau dans lequel il a été
fabriqué. Nous sommes actuellement
à la recherche de comparaisons. Tout
renseignement concernant des objets
similaires et d’éventuels ateliers de
fabrication serait le bienvenu. Ce site
devrait être fouillé dans le courant de
l’été 2004.
A C T U A L I T É S
X LANGUEDOC-ROUSSILLON X
Aude (11) Bram k LE CHÂTEAU ANT
q Cause du chantier :
Construction d’un bâtiment et
accès.
q Aménageur :
Association Les Cèdres.
q Début de l’opération :
13/10/2003.
q Fin prévue :
17/10/2003.
q Contact :
C. Jandot, rue Escarieras,
34650 Lunas ;
tél. : 06 85 43 28 89.
q Responsable :
Céline Jandot.
q Équipe de recherche :
P. Rascalou (céramo).
q Suivi scientifique :
P.-A. de Labriffe/SRA
Languedoc-Roussillon.
q Collaborateurs :
M. Passelac (informat., document. et
traitement du petit mobilier)/CNRS ;
S. Rescanières (géomorpho)/Univ.
Montpellier III, UMR 154.
k Description technique
Le village de Bram est situé en limite
orientale du Lauragais, à 15 km
entre Castelnaudary et Carcassonne.
Répondant au projet d’aménagement
du territoire soumis au permis de
construire, un diagnostic archéologique
a été réalisé au nord-ouest de
l’agglomération dans la voie d’accès et
les jardins du château de Lordat (au
nord des bâtiments existants) bordés
à l’est par la route départementale
4. L’emprise couvre une surface de
2 749 m 2 et comprend, outre le futur
bâtiment, deux rampes d’accès traversant
une zone boisée.
k Résultats
Le diagnostic s’est révélé positif. Les
tranchées ont montré dans la partie
ouest une zone non bâtie soumise
à une sédimentation colluviale, voire
collunio-alluviale pour la période
antique. Dans la partie est, les vestiges
composites d’un habitat, principalement
pour la période du Haut-Empire
d’après l’étude de la céramique, ont
été mis au jour. Ils s’organisent sous
la forme de bâtiments et de petites
unités pour lesquelles le cadre des
tranchées, limité par la rampe d’accès
à cet endroit, a interdit une réelle
vision d’ensemble. Les techniques de
construction sont variées : fondations
de murs en assises de tegulae et
fragments d’amphores (élévations en
terre), fondations de murs employant
des blocs de pierre taillés et galets
(pan de bois), murs en pierres et liant
de mortier de chaux, murs et structures
bâties associant pierres et tegulae,
radiers de murs employant des tegulae
en épi, scellant les ouvrages précédents
et s’associant à des vases
en place (amphores de Bétique).
La densité et la variété de ces ensembles,
s’accordant aux observations
et aux études réalisées sur Bram
(M. Passelac), témoignent de l’occupation
permanente et de la recherche
d’adaptabilité. Par ailleurs, les découvertes
réalisées par M. Passelac dans
la parcelle directement au nord permettent
de confirmer la localisation
des vestiges mis au jour en octobre
2003 dans une zone d’habitat plus
étendue. Dans le cadre plus général
de l’évolution d’Eburomagus, l’occupation
s’inscrit dans la partie nord
de l’agglomération, qui connaît son
extension maximale au Haut-Empire.
D’un point de vue documentaire et
patrimonial, la comparaison du plan
terrier de 1760, du cadastre napoléonien
de 1830 et des observations sur
le terrain ont permis de comprendre
et de désigner l’évolution du domaine.
Les bâtiments, dont celui du château,
ont été fondés au début du XVIII e s.
par le comte Jean-Marie de Lordat,
« Baron des États majors, Inspecteur
de gendarmerie, Gouverneur de la
ville haute de Carcassonne, seigneur
de Bram et autres places » (compoix
1761). À cette occasion, certains aménagements
oubliés ont été replacés
dans le contexte de cette période :
soubassement de pont permettant
d’accéder aux jardins en partie ouest,
pont enjambant un fossé bordier
d’usage sanitaire associé à un conduit
souterrain maçonné destiné à l’évacuation
des eaux, reconnaissance de
plafonds à la française, de peintures
d’une salle d’apparat masquées sous
les enduits, d’éléments de décor
restitués en position d’épi de faîtage.
Carcassonne k ROCADE NORD-EST
PRÉ, ANT, MÉD
q Cause du chantier :
Travaux sur la rocade nord-est.
q Aménageur : DDE.
q Début de l’opération : 06/10/2003.
q Fin prévue : 14/11/2003.
q Contact :
M. Guillaume, 1, rue du Château,
11170 Raissac-Lampy ;
tél. : 06 74 41 91 75.
q Responsable : Maxime Guillaume.
q Équipe de recherche :
C. Bioul (topo.), C. Durand,
V. Forest (archéozoo.), P. Ricaud,
P. Rascalou (céramo.), D. Rolin.
q Suivi scientifique :
P.-A. de Labriffe/
SRA Languedoc-Roussillon
k Description technique
Le diagnostic a été réalisé sur 23 ha
de la dernière section de la rocade
nord-est. 473 sondages ont été
ouverts pour un pourcentage sondé
de 9,6 %.
k Résultats
Trois secteurs principaux ont révélé
des vestiges d’occupation humaine
ancienne sur l’emprise des travaux.
Regroupés dans la partie nord-ouest
du tracé, ils couvrent un vaste champ
chronologique allant de la Préhistoire
récente au Moyen Âge.
– Le site du Champ du Poste a montré
un ensemble de structures fossoyées
bien conservées et des lambeaux
de sols légèrement colluvionnés.
Ces vestiges, répartis sur environ
1 ha, montrent une fréquentation
du site au Chasséen ancien, au
Chasséen récent, au Néolithique
final et au Bronze ancien/moyen,
cette dernière phase étant la plus
représentée par le mobilier découvert
dans les fosses. Bien qu’aucune
trace d’infrastructure de maison n’ait
été découverte dans les sondages,
l’état de conservation du site peut
laisser espérer la présence d’un
habitat structuré pour les périodes
anciennes. À cette longue période
d’occupation préhistorique succède,
au même emplacement, une fréquentation
plus sporadique, marquée par
la présence d’un four. Celui-ci, très
arasé, la chambre de chauffe n’étant
conservée que sur une dizaine de
centimètres de profondeur, pourrait
dater de l’âge du Fer ou du début
de l’époque antique. Par la suite, ce
terrain est utilisé pour l’agriculture et
les seuls vestiges sont des fossés datés
de l’époque antique.
Juillet 2004 • Archéopages n°13
41

A C T U A L I T É S
– Au quartier de la Caramagne, à
une centaine de mètres au sud-est du
site précédent, un autre ensemble de
structures fossoyées préhistoriques
s’étend sur une superficie d’un peu
plus d’1 ha. La densité de répartition
des fosses est beaucoup plus lâche
qu’au Champ du Poste. Par ailleurs,
ces fosses sont tronquées aux deux
tiers par les labours. De plus, l’indigence
du mobilier collecté ne permet
pas à ce stade d’établir une ou plusieurs
phases d’occupation.
– La villa de la Fajolle, connue depuis
la fin du XIX e s., n’avait jusqu’à présent
jamais pu être étudiée. La mise
X LANGUEDOC-ROUSSILLON X
en évidence d’un secteur artisanal au
nord-est de sa pars urbana apporte
les premières données conséquentes.
Bien que l’état de conservation soit
médiocre (pas de sols conservés
et une partie des murs totalement
épierrés), ce petit ensemble comporte
un ou plusieurs bâtiments, dont une
pièce avec un bassin en béton de
tuileau. Deux fours ont été dégagés
à proximité de ce bâti. L’un possède
une chambre de chauffe rectangulaire
avec des parois maçonnées et un massif
frontal élargi qui forme l’alandier.
Le second semble être simplement
taillé dans le substrat et la sole devait
être soutenue par de petits piliers
dont ne subsiste que le négatif. Leur
production n’a pas été identifiée, mais
les rares éléments découverts lors de
la fouille évoquent plutôt la cuisson
de tuiles et autres matériaux de construction.
Toutefois, une production
ponctuelle de céramique ne peut être
exclue. L’ensemble de ces aménagements
paraît être construit et utilisé
dans un laps de temps assez bref,
entre le IV e et le V e s. de notre ère. Au
stade du diagnostic, il est impossible
d’établir un phasage entre les fours
et le bâti, bien que leurs orientations
différentes laissent supposer qu’ils ne
sont pas contemporains. Le site est
réoccupé au Moyen Âge. Au moins
une grande fosse, avec du mobilier
daté des X e -XI e s., montre que les
bâtiments ruinés de la villa ont servi
de carrière. Sur des photographies
aériennes réalisées par J. Vaquer
en 1989, des traces punctiformes
avaient été repérées à cet endroit.
Elles pourraient correspondre à des
silos. L’hypothèse d’une aire d’ensilage
doit donc être envisagée avec le plus
grand sérieux, même si elle n’a pas
été archéologiquement attestée lors
de ce diagnostic.
Mas-Saintes-Puelles k EN COURDELLE
MÉD
q Cause du chantier :
Construction d’un lotissement.
q Aménageur :
Association Les Cèdres.
q Début de l’opération :
25/11/2003.
q Fin prévue :
26/11/2003.
q Contact :
C. Jandot, rue Escarieras,
34650 Lunas ;
tél. : 06 85 43 28 89.
q Responsable :
Céline Jandot.
q Équipe de recherche :
V. Forest (archéozoo.), I. Remy.
q Suivi scientifique :
P.-A. de Labriffe/SRA Languedoc-
Roussillon.
q Collaborateur :
J.-P. Cazes (période méd.).
k Description technique
Un diagnostic archéologique a été
réalisé à l’ouest du village de
Mas-Saintes-Puelles, situé dans le
Lauragais, à 7 km à l’ouest de Castelnaudary.
k Résultats
La zone d’intervention se situe en
contrebas de la colline dite Pièce de
la Ville, qui fut le siège d’un château,
aujourd’hui disparu, où des vestiges
archéologiques avaient été détectés en
1980. La topographie actuelle du
relief a été modifiée par des prélèvements
liés à l’exploitation en carrière,
sur les versants sud et ouest. Le site a
été détruit au début du XVII e s. (évocation
dans le compoix de 1680).
Le plan terrier du XVII e s. présente en
ces lieux la métairie de la Vialasse,
pérennisant ainsi ce secteur de la
« ville vieille ». Les tranchées de
diagnostic ont révélé des vestiges
d’occupations successives. Une première
phase se dessine au sud-est
avec la présence d’une dépression
anthropique associée à au moins une
fosse dont la fonction reste à établir.
Postérieurement ou en corrélation
avec cet événement, un habitat est
installé au nord de la parcelle sondée.
Deux bâtiments ont été observés,
pour une élévation conservée d’au
moins 0,80 m. Un niveau de sol extérieur,
en relation avec les constructions,
a été relevé. Deux silos ont été
dégagés ; la partie supérieure de leur
comblement a révélé des panses de
céramiques au décor de molette avec
cordon rapporté ainsi que des anses
de section circulaire et ovale. Ces
éléments sont attribuables au bas
Moyen Âge. À l’est, un autre élément
d’architecture a été observé. Il s’agit
d’un large mur (1,60 m) qui semble
moins se rapporter à de l’habitat qu’à
un mur de terrasse ou de fortification.
D’autres linéaments ont été détectés
à l’est de cette limite ; ils n’ont pas été
exploités, faute de temps. À ces phases
d’occupation succède un ensemble de
fosses dont la phase de creusement
reste inconnue mais dont le comblement
révèle la démolition de ces
architectures. Enfin, un squelette
d’équidé adulte a été inhumé dans
la partie sud-ouest ; d’après ses mensurations
(détermination V. Forest)
sa présence ne pourrait être antérieure
à la fin du Moyen Âge (à partir
du XVI e s.).
Saint-Nazaire-d’Aude k CHEMIN DU SOMAIL
MOD, INDÉT, CONTEMP
q Cause du chantier :
Construction d’un lotissement.
q Aménageur :
Société CDR.
q Début de l’opération :
08/09/2003.
q Fin prévue :
12/09/2003.
q Contact :
C. Jandot, rue Escarieras,
34650 Lunas ;
tél. : 06 85 43 28 89.
q Responsable :
Céline Jandot.
q Équipe de recherche :
F. Milland.
q Suivi scientifique :
P.-A. de Labriffe/SRA Languedoc-
Roussillon.
k Description technique
La société CDR souhaite construire
un lotissement s’inscrivant à l’intérieur
d’une zone récemment bâtie
au nord du village. Ce projet couvre
une superficie de 2 ha et permettra
l’établissement de 25 lots. Un diagnostic
a été prescrit sur l’ensemble
de ces terrains. Toutefois, en raison
de la présence de réseaux (France
Télécom, BRL et irrigation), les
extrémités des emprises n’ont pu
être diagnostiquées. Par ailleurs, lors
du démarrage de l’opération sur le
terrain, le propriétaire du terrain, en
visite de courtoisie, a annoncé qu’il
avait créé un sous-sol sur l’ensemble
des parcelles jusqu’à une profondeur
de 70 à 80 cm qui correspond aux
futurs décaissements des constructions
à venir.
k Résultats
Ce diagnostic a permis la mise au jour
de fosses et de structures participant
au drainage du sol (fossé, conduite
en céramique). Ces éléments ont été
découverts à l’état d’arase, en fond de
structure, car la création du sous-sol
du terrain avant l’intervention en
avait détruit les limites. Aucune
datation ne peut être avancée en
l’absence d’artefact. Les travaux de
recherche documentaire menés en
parallèle témoignent d’une occupation
agraire où vignes et terres
labourées se succèdent sur la partie
nord du village. Il est nécessaire
toutefois de noter, à 90 m au sudouest
des terrains sondés et à l’ouest
du croisement du chemin du Somail
avec celui de Rambaille, la présence
d’un ancien cimetière relevé sur le
cadastre napoléonien de 1813. Dans
un domaine plus récent, attribué dans
une large fourchette aux XIX e -XX e s.,
il faut retenir les vestiges d’un chemin
de croix, à 300 m au sud-est dans la
rue de la République, où, sur deux
stations reconnues, seule la scène V
de la Passion subsiste.
42
Archéopages n°13 • Juillet 2004

Gard (30) La Calmette, La Rouvière, Saint-Géniès-de-Malgoires k LES PRADES PRÉ
q Cause du chantier :
Mise en 2 x 2 voies de la RN 106
entre Nîmes et Alès (tronçon
Nîmes-Boucoiran).
q Aménageur : DDE.
q Début de l’opération : 08/12/2003.
q Fin prévue :
17/12/2003 (post fouille du 05/01
au 20/01/2004).
q Contact :
A. Hasler, 27, boulevard Guynemer,
30400 Villeneuve-lès-Avignon ;
tél. : 06 85 43 28 86 ;
anne.hasler@wanadoo.fr
q Responsable :
Anne Hasler.
q Équipe de recherche :
B. Thuillier.
q Suivi scientifique :
M. Schwaller/SRA
Languedoc-Roussillon.
k Description technique
Le diagnostic, en tranchées, a été réalisé
en zone rurale sur une superficie
de près de 4 ha.
k Résultats
Le projet routier a généré plusieurs
opérations d’archéologie préventive.
Celle-ci a porté sur une emprise
linéaire de plus d’1 km pour une
largeur variant de 40 à 50 m traversant
les territoires des communes de
La Calmette, La Rouvière et Saint-
Géniès-de-Malgoires. L’intervention
a permis la mise au jour de six
structures (fosses, fossés et mur en
pierres sèches) réparties sur environ
3 000 m 2 et inscrites dans un niveau
de galets. Elles sont enfouies sous
un recouvrement de limons variant
de 0,70 m au sud à 1,20 m au nord.
Une seule fosse a pu faire l’objet
d’une attribution chronoculturelle
au Fontbouisse.
A C T U A L I T É S
Nîmes k MAS DES ABEILLES
PRÉ, PROTO
q Cause du chantier :
Extension de la ZAC.
q Aménageur :
Senim.
q Début de l’opération :
27/10/2003.
q Fin prévue :
18/11/2003 (post fouille du 21/01
au 11/02/2004).
q Contact :
A. Hasler, 27, boulevard Guynemer,
30400 Villeneuve-lès-Avignon ;
tél. : 06 85 43 28 86 ;
anne.hasler@wanadoo.fr
q Responsable :
Anne Hasler.
q Équipe de recherche :
Y. Manniez, B. Thuillier.
q Suivi scientifique :
C. Pellecuer/SRA Languedoc-
Roussillon.
k Description technique
Diagnostic en tranchées sur une
superficie accessible d’environ 4 ha.
7 % de l’emprise a été sondée.
k Résultats
Cette nouvelle intervention à la ZAC
du Mas des Abeilles, (cf. Archéopages
n° 4 p. 38 ; n° 7 p. 37) dans un secteur
au potentiel important, s’est révélée
positive à plus d’un titre. Toutes les
tranchées ont montré des vestiges.
Le cours d’un paléochenal qui avait
déjà été identifié plus au nord a pu
être restitué sous l’emprise du fossé
qui limite la parcelle à l’est. Son comblement
définitif intervient pendant
l’Antiquité, mais sa mise en place n’a
pas pu être datée. Les plus anciens
vestiges sont attribués aux premières
phases du Néolithique. Une fosse
isolée, située sur une petite éminence
aujourd’hui gommée du paysage, se
rapporte au Néolithique ancien. Une
occupation plus conséquente est
attribuée à une phase ancienne du
Chasséen. Elle est matérialisée par
un niveau de mobilier céramique et
lithique fossilisé sous un recouvrement
moyen de 0,80 m de limons
coquilliers. Ce niveau est présent
dans la majeure partie des tranchées,
avec des densités de mobilier au
mètre carré très variables, culminant
à plus de soixante pièces dans la partie
sud de l’emprise. La vision limitée
qu’offre l’évaluation en tranchées ne
permet pas de juger de l’organisation
spatiale des vestiges. Dans ce
dessein, il faudrait avoir recours à
un décapage extensif assorti d’une
fouille manuelle. Ce n’est que cette
approche qui permet de cerner l’étendue
des nappes de vestiges, d’étudier
leur répartition spatiale et de s’assurer
de l’existence de structures d’habitat,
à plat ou en creux, associées à ces
niveaux. Une quarantaine de structures
en creux, de fosses et de fossés
peuvent être attribuées à l’âge du Fer.
Elles se signalent par un comblement
très chargé en carbonates qui leur
confère une teinte grise mouchetée de
blanc bien caractéristique. Certains
creusements circulaires ou oblongs
doivent correspondre à des fosses
de plantation. Un autre, situé dans
la partie occidentale de l’emprise,
doit pouvoir être assimilé à un puits.
Enfin, deux séries de fossés semblent
dessiner des plans orthonormés
cohérents. Ils pourraient marquer
les contours de parcelles, voire ceinturer
une zone d’habitat. L’existence
d’un habitat à proximité est en effet
pressentie en raison de la présence
de mobilier relativement abondant
dans certains fossés. Un petit enclos
circulaire, aménagé en bordure du
chenal, est également attribué à l’âge
du Fer. Il a fait l’objet de sondages
qui n’ont pas permis de statuer sur
une éventuelle fonction funéraire. La
fosse centrale ne paraît pas avoir cette
vocation, mais il est possible que des
sépultures aient été aménagées dans
le fossé lui-même. Plusieurs fossés
sont d’époque antique. Leur tracé a
pu parfois être restitué sur plusieurs
dizaines de mètres et la restitution
d’une parcelle de deux actus de côté
semble envisageable.
Hérault (34) Béziers k BAILHERON-ROUTE DE BESSAN, RD 28 ANT
q Cause du chantier :
Mise en 2 x 2 voies de la route.
q Aménageur :
Conseil général.
q Début de l’opération :
28/11/2003.
q Fin prévue :
02/12/2003.
q Contact :
C. Jandot, rue Escarieras,
34650 Lunas ;
tél. : 06 85 43 28 89.
q Responsable :
Céline Jandot.
q Équipe de recherche :
C. Georjon, C. Jung (géomorpho.),
P. Pliskine, P. Ricaud.
q Suivi scientifique :
C. Olive/SRA Languedoc-
Roussillon.
q Collaborateur :
E. Gomez/agent du patrimoine
de Béziers, J.-P. Wiegant (archéo.)/
service archéologique municipal.
k Description technique
Cette opération a été réalisée en
préalable à la mise en deux fois deux
voies de ce secteur et à la réalisation
du carrefour de Pomarède (accès à la
ZAC). La sensibilité de cette zone, les
vestiges découverts lors du diagnostic
préalable à l’aménagement de la ZAC
de la Domitienne (cf. Archéopages n° 3,
p. 44) et les résultats de la surveillance
de travaux (cf. Archéopages n° 7, p. 39)
ont motivé la prescription d’une intervention
archéologique par le service
régional de l’Archéologie auprès de
l’Inrap. En raison de la présence de
réseaux souterrains (EDF-GDF, France
Télécom, eau) aux extrémités du projet
et en accord avec le SRA, l’intervention
a été réalisée sur une zone de 150 m de
long pour 10 m de large en moyenne.
k Résultats
Le diagnostic permet d’attester la
présence de la voie domitienne dans
cette zone. Les difficultés d’analyse
rencontrées subsistent dans la reconnaissance
de niveaux tronçonnés
en plusieurs points, lus en coupe
et reliés stratigraphiquement par
transposition mais non fouillés dans
le cadre prévisionnel de cette opération.
Par ailleurs, l’ensemble des
vestiges ordonnés en chronologie
relative reste peu daté en raison de la
pauvreté du mobilier, mais conserve
néanmoins une bonne logique chronologique.
Les contextes clairement
datés montrent un usage de cet axe
routier à l’époque républicaine et au
Haut-Empire. On restera étonné de
l’absence nette d’éléments chronologiques
plus tardifs. Toutefois, il est fort
probable que l’étude réalisée ici, en
bordure de l’actuelle RD 28, ne concerne
que la partie nord d’un faisceau
routier plus large. Les travaux qui
seront réalisés lors du passage prochain
de l’A 75, à quelques centaines
de mètres à l’est de notre intervention,
devraient permettre d’étudier
la largeur complète de cet axe. Les
résultats observés sont les suivants :
une surface d’occupation compactée
antérieure à la voie ; un chemin creux
ou fossé attestant d’un premier transect
attribuable à la voie domitienne ;
une voie centrale utilisant le vecteur
nord comme drain, s’élargissant et se
dédoublant au sud, témoignant de
travaux d’entretien et de nivellement
successifs ; un diverticule final ou
Juillet 2004 • Archéopages n°13
43

A C T U A L I T É S
divergence ponctuelle supplantés par
un dernier fonctionnement noyant les
horizons précédents. Ces données
brutes sont utilisables pour l’étude
qu’il conviendra de mettre en place
X LANGUEDOC-ROUSSILLON X
dans le cadre de la compréhension
générale de ces axes de circulation.
Les études fines et stratigraphiques de
la voie domitienne restent peu nombreuses
à Béziers et dans la région.
Cette intervention tout comme les
observations faites aux alentours
montrent bien qu’un travail réalisé
avec un contexte scientifique plus
approfondi et orienté dans une
problématique générale pourrait être
entrepris sur cette voie dans cette
partie de Béziers.
Clermont-l’Hérault k LA MADELEINE
ANT, MÉD
q Cause du chantier :
Liaison routière RD 2-A 75.
q Aménageur :
Conseil général.
q Début de l’opération :
24/11/2003.
q Fin prévue :
27/02/2004.
q Contact :
A. Bergeret, Inrap, 52, avenue du
Pont Juvénal,
34000 Montpellier ;
tél. : 06 73 48 27 28 ;
inrap.base.Montpellier@wanadoo.fr ;
H. Pomarèdes,
tél. : 06 07 32 23 19 ;
pomaredes.h@wanadoo.fr
q Responsable :
Agnès Bergeret, Hervé Pomarèdes.
q Responsable de secteur :
M. Compan, R. Donat (anthropo.),
B. Houix, C. Jung (géo-archéo.),
K. Raynaud, G. Sanchez.
q Équipe de recherche :
P. Alessandri (céram. méd.),
V. Archimbeau, F. Audouit (topo.),
S. Barbey, S. Bonneau, O. Boudry
(DICT, soutien logist.), E. Charpy,
G. Colomer (logist.), F. Convertini,
P. Écard (étude des monnaies),
L. Fabre (paléobotanique),
C. Fock-Chow-Tho, V. Forest
(archéozoo.), C. Georjon,
O. Ginouvez, M. Gluszack,
J. Hernandez (anthropo.), C. Jandot,
C. Labarussiat (relevés numériques
et info.), G. Landier, P. Lebeau,
C. Neveu, P. Rascalou, S. Vondra.
q Suivi scientifique :
C. Olive/SRA Languedoc-Roussillon.
q Collaborateurs :
M. Feugère (étude des objets)/
CNRS-UMR 5140 ; L. Schneider
(PCR Lodève et son territoire de
la Protohistoire au Moyen Âge)/
CNRS-LAMM.
k Description technique
Le diagnostic, réalisé en novembre
2002 par C. Jung et S. Barbey/Inrap,
a été motivé par les découvertes de
l’érudit local G. Combarnous qui
mentionne, à la fin des années 50,
la présence sur les lieux d’une église
médiévale et d’un cimetière attenant.
L’analyse du cadastre napoléonien
laissait supposer la présence d’un
réseau important de chemins dans
l’emprise du projet. Enfin, les
données de la carte archéologique
nationale, fondées sur les prospections
du groupe de recherche et
d’étude du Clermontais, signalaient
une occupation antique à proximité.
La reconnaissance de constructions
gallo-romaines durant le diagnostic
et les prospections réalisées en début
d’opération ont permis de confirmer
la présence d’un important site antique
encore inédit, installé au nordouest
des contextes médiévaux. La
fouille (7 000 m 2 environ) a permis
d’étudier le cœur de ce dernier et la
partie septentrionale du complexe
médiéval.
k Résultats
L’ensemble est implanté dans la partie
basse d’un bassin-versant (vallon de
Fontenille) débouchant, à quelques
centaines de mètres plus à l’est, sur
la vallée de l’Hérault. La topographie
correspond donc à une zone de
transition entre piémont et partie
alluviale de la vallée. Ce territoire,
bien circonscrit par les collines environnantes,
a pu être exploité, dès la
fin du premier âge du Fer, par l’oppidum
de la Ramasse situé à 1,2 km au
nord-ouest (fouilles D. Garcia/univ.
de Provence). Les constructions antiques
s’établissent de toute évidence
sur plusieurs terrasses assez larges et
bien exposées au levant. Ces dernières,
ainsi qu’un premier itinéraire prenant
la direction de l’oppidum voisin,
ont été aménagées antérieurement à
la fondation de l’établissement galloromain
qui n’intervient que vers le
changement d’ère. Celui-ci est doté
d’un système de drainage assez complexe,
marqué notamment par des
conduites et des canalisations assez
diverses qui dirigent les eaux usées
et de ruissellement en direction
de la voie faisant office d’exutoire.
Les contraintes occasionnées par la
déclivité du terrain, les ruptures de
pentes intérieures et les écoulements
ont fortement conditionné le développement
du bâti. Son organisation
est donc assez peu rigoureuse de
prime abord. Par ailleurs, la sobriété
des matériaux utilisés, l’usage réduit
de la chaux comme les approximations
technologiques confirment
l’adoption de modes de construction
locaux, faisant certainement une
part importante à l’emploi de bois
et de terre banchée. Ces indications
Clermont-l’Hérault/La Madeleine
Plan général des constructions antiques. DAO C. Labarussiat/Inrap.
suggèrent qu’une forme, peut-être
révélatrice d’un habitat de piémont,
s’est développée sur les lieux. Cette
impression avait déjà été mise en
avant sur les établissements voisins
de La Quintarié et de Peyre-Plantade,
tous deux fouillés sur le tracé de
l’autoroute A 75 entre 1998 et 2000.
Trois grands ensembles antiques ont
été reconnus. Ils se développent en
bordure de voie et en amont de celleci
et sont disposés en vis-à-vis de trois
parcelles de culture marquées par les
vestiges d’un vignoble. Au centre de la
zone fouillée, le premier a été presque
intégralement dégagé. Il se déploie
sur près de 1 200 m 2 et comprend
trois cours intérieures, affectées à des
fonctions de service ou d’agrément.
Ces espaces s’ouvrent tous sur la voie
et desservent des pièces utilitaires ou
de vie. La partie habitation n’est
composée que de trois à quatre salles
sommairement bâties. Elle n’occupe
que très peu de place (120 m 2 ) et
comprend un petit ensemble sanitaire
44
Archéopages n°13 • Juillet 2004

doté d’une chaufferie. Un chai, assez
modeste, intègre cette première unité.
La seconde, partiellement dégagée, se
situe au plus près de la voie principale
et communique avec celle-ci par
l’intermédiaire d’une entrée donnant
sur une cour. Comme les deux autres,
elle est dotée d’un chai comprenant
une salle de travail ainsi qu’un magasin
abritant entre 12 et 20 dolia. La
troisième, installée un peu plus haut
sur le versant et à l’ouest des deux
premières, n’a été que partiellement
fouillée. La partie la mieux conservée
correspond à une salle technique
accueillant un pressoir. En contrebas
de celle-ci, deux cuves servant à
fouler le raisin et à recueillir les jus
de presse marquent la présence d’un
troisième chai. L’absence de dolia est
notable et l’usage de tonneaux de bois
est envisagé. En limite de nos décapages,
un autre corps de bâtiment, qu’il
faut peut-être associer à ce chai, a été
localisé. Sa fonction reste indéterminée,
mais sa présence confirme l’extension
et l’étagement des constructions sur le
versant, jusqu’à près d’une centaine de
mètres de la voie. Ce complexe, qu’il
est difficile d’assimiler à une simple
exploitation ou à une villa, voit son
occupation se prolonger jusqu’au
début du II e s. ap. J.-C. Les aménagements
domestiques et artisanaux (four
de potier, cuve à raisin), ainsi que les
quelques sépultures de la fin de l’Antiquité
qui leur succèdent, suggèrent
qu’un abandon au moins partiel de
l’établissement est envisageable entre
le II e et la fin du IV e s. ap. J.-C. Comme
l’illustrent les nombreux contextes
du haut Moyen Âge découverts en
contrebas, on ne peut cependant
exclure, si l’on s’inscrit dans la longue
durée, plusieurs phases de déplacement
ou de redistribution des pôles
principaux et ce, en liaison avec des
changements de statuts.
A C T U A L I T É S
Montpellier k 74, RUE DE L’AIGUILLERIE
MÉD, MOD, CONTEMP
q Cause du chantier :
Ravalement et restauration de
façade.
q Aménageur :
Syndic. Unimo.
q Début de l’opération :
26/01/2004.
q Fin prévue :
09/02/2004.
q Contact :
C. Jandot, rue Escarieras,
34650 Lunas ;
tél. : 06 85 43 28 89.
q Responsable :
Céline Jandot.
q Équipe de recherche :
R. Pelle.
q Suivi scientifique :
A. Chartrain,
P. Vergain/
SRA Languedoc-Roussillon.
q Collaborateurs :
J.-L. Vayssettes/service régional
de l’Inventaire.
k Description technique
Dans le centre de Montpellier, secteur
sauvegardé, les ravalements de
façade font l’objet d’une surveillance
particulière. Avant leur restauration
et une fois débarrassées de leurs
enduits, les façades montrent leurs
désordres apparents (fissures, remaniements…).
C’est alors qu’intervient
l’archéologie du bâti, jouant un rôle
de premier plan dans le sauvetage
du patrimoine médiéval de la ville.
Le diagnostic d’un bâtiment, par
son analyse stratigraphique et par la
détection des risques, permet à l’Inrap
d’être le lien entre le service régional
de l’Archéologie et l’architecte des
Bâtiments de France dans le cadre de
la mise en œuvre des réhabilitations.
Les relevés sont effectués par l’équipe
de diagnostic de l’Inrap qui travaille
sur l’échafaudage conjointement à
l’équipe de restauration (BTP). Les
documents produits au 1/20 servent
de support de dialogue avec l’architecte
; les relevés au 1/5 et au 1/1 permettent
de comprendre l’évolution de
ces façades dans un cadre synthétique
plus général.
k Résultats
Le bâtiment diagnostiqué comporte
deux façades. Les résultats présentés
concernent la première façade. Au
rez-de-chaussée, le mur en appareil
dit de Montpellier (opus monspelliensum),
d’alternance 1/3 (un bloc
couché, trois blocs mis en carreaux),
et les linteaux monolithes aux arcs de
décharge clavés ont été endommagés
par des ouvertures contemporaines.
Les baies géminées (fin XIII e s.), avec
tympan trilobé portant bas-relief, en
apparat au premier étage, ont été
altérées par l’insertion de fenêtres
à meneau et traverse (début XVI e s.).
Dans la partie est, la présence d’un
escalier à vis extérieur a amoindri
les éléments médiévaux de la façade
(XVI e s.). Le XVIII e s. a réduit la portée
des ouvertures croisées en condamnant
leurs jours et en supprimant leur
cadre d’apparat au profit d’ouvertures
clavées employant le même appui.
Les relevés archéologiques transmis
à l’architecte des Bâtiments de
France ont permis de comprendre
les manques et les fissures de cette
élévation dont le rejointoiement et
le confortement ont pu s’effectuer
au plus près de la compensation des
risques détectés par le diagnostic de
l’équipe de l’Inrap.
Montpellier/74, rue de l’Aiguillerie
Cadastre napoléonien (1825),
section GL, parcelles 905 et 906.
Montpellier/74, rue de l’Aiguillerie
Rue de la Vieille Aiguillerie : tympan des baies géminées, blason et rosette.
Cl. C. Jandot/Inrap.
Juillet 2004 • Archéopages n°13
45

A C T U A L I T É S
X NORD-PAS-DE-CALAIS X
Nord (59) Comines k LA GAIE PERCHE PROTO, CONTEMP
q Cause du chantier :
Projet immobilier (ZAC).
q Aménageur :
SNC Foncier Conseil.
q Début de l’opération :
05/01/2004.
q Fin prévue :
16/01/2004.
q Contact :
J.-C. Routier,
Inrap, 11, rue Carnot,
59350 Saint-André-lès-Lille.
q Responsable :
Jean-Claude Routier.
q Équipe de recherche :
M. Cannone, N. Descheyer (céramo.),
E. Martial (lithique), C. Poirier,
J.-F. Vacossin.
q Suivi scientifique :
Y. Roumegoux/SRA
Nord-Pas-de-Calais.
k Description technique
Géographiquement, on se trouve
sur le versant nord de la vallée de
la Lys, à la frontière franco-belge.
Le diagnostic a été réalisé sur 14 ha
dont 1,2 ha a été sondé en tranchées
continues. Trois fenêtres (de 100 à
400 m 2 ) ont été ouvertes, montrant
une occupation protohistorique de La
Tène ancienne et de La Tène finale,
avec un hiatus chronologique entre
ces deux périodes.
k Résultats
Trois aires d’occupation ont été
mises en évidence : quelques fosses
et quelques trous de poteau dans
un complexe de fossés de La Tène
finale ; un enclos quadrangulaire
(11 x 10 m) avec entrée ayant révélé
un mobilier céramique conséquent de
La Tène finale ; une concentration de
fosses et de trous de poteau comportant
du mobilier céramique de La
Tène ancienne laissant supposer un
habitat tout proche. Une belle hache
néolithique en silex retaillée après
cassure a été découverte.
Pas-de-Calais (62) Saint-Étienne-au-Mont k RUE DES ÉCOLES TOUTES
q Cause du chantier :
Projet immobilier.
q Aménageur :
SA Francelot.
q Début de l’opération :
03/11/2003.
q Fin prévue :
12/12/2003.
q Contact :
R. Clotuche, 518, rue Saint-Fuscien,
80000 Amiens ;
tél. : 03 22 45 70 45 ;
base-amiens-archeo1@inrap.fr
q Responsable :
Raphaël Clotuche.
q Équipe de recherche :
B. Coquelle, Y. Créteur (topo.),
C. Dunikowski (métal.), J.-M. Favier,
R. Kaddeche (info., structures
et plans), S. Lancelot (dessin du
mobilier, info.), V. Matterne (carpo.),
C. Monnet (trait. des échantillons
pour analyses chimiques),
B. Wlodarczyk, O. Wlodarczyk
(trait. du mobilier).
q Suivi scientifique :
S. Revillion/SRA Pas-de-Calais.
q Collaborateur :
F. Bazille (chimioarchéologie)/
CNRS.
la fin du I er s. ou au début du II e s.
La présence humaine est marquée
par une fosse dépotoir, recelant de
nombreux restes végétaux, ainsi que
par quelques fossés. Au cours de la
seconde moitié du II e s., une terrasse
est aménagée pour compenser la
déclivité naturelle du terrain. La
plate-forme est ensuite bâtie, à la
fin du II e et au début du III e s. Sept
bâtiments sont alors construits sur
des solins de grès ferrugineux, dont
le sous-sol est composé. Aucun des
bâtiments ne possède la même orientation.
Toutefois, on peut remarquer
une disposition générale suivant un
axe nord-est/sud-ouest, à peu près
parallèle à la rue des Écoles. Cette
observation permet de suggérer la
présence d’une voirie située approximativement
à l’emplacement de
la rue actuelle. Un fossé, à l’ouest,
marque vraisemblablement la limite
de l’extension de l’agglomération.
Saint-Étienne-au-Mont/Rue des Écoles
Bâtiment 6.
Cl. R. Clotuche/Inrap.
k Description technique
Suite au dépôt d’une demande de
permis de lotir sur les parcelles sises
le long de la rue des Écoles, le service
régional de l’Archéologie a prescrit la
réalisation d’un diagnostic (novembre
2002). Celui-ci s’étant révélé positif, il
a été décidé de procéder à une fouille
préventive. La parcelle occupe une
surface de 31 830 m 2 , mais seule la
partie sud-est a révélé la présence de
vestiges. Cette zone a été décapée sur
une surface de 5 012 m 2 .
k Résultats
La première occupation du terrain
est marquée par un cercle funéraire
datable de la Protohistoire ancienne
sans plus de précision, faute de mobilier.
Le terrain est ensuite réinvesti à
46
Archéopages n°13 • Juillet 2004

Une fosse comprenant de nombreux
rejets de forge se trouve en dehors de
cette zone d’habitat. Cette occupation
se termine au cours de la première
moitié du III e s. Au bas Moyen Âge, un
bâtiment construit, comme à l’époque
antique, sur solins de grès ainsi que
plusieurs fosses d’extraction dont certaines
avaient été réutilisées en tant
que dépotoir sont implantés dans
une cuvette entamant uniquement le
limon superficiel sans percer le substrat
de grès ferrugineux. À l’époque
moderne, l’occupation du terrain est
matérialisée par quatre segments de
fossés délimitant un parcellaire.
Saint-Étienne-au-Mont/Rue des Écoles
Pied de meuble (?) en bronze.
Cl. et DAO S. Lancelot/Inrap.
A C T U A L I T É S
X PAYS-DE-LA-LOIRE X
Maine-et-Loire (49) Angers k 28, AVENUE DE LA BLANCHERAIE ANT
q Cause du chantier :
Projet immobilier.
q Aménageur :
SA Alain Rousseau.
q Début de l’opération :
17/02/2004.
q Fin prévue : 05/03/2004.
q Contact :
M. Pithon, Inrap, 2, rue de la Harpe,
49100 Angers ;
tél. : 02 41 86 18 85.
q Responsable : Martin Pithon.
q Équipe de recherche :
A. Betton.
q Suivi scientifique :
R. Simon-Millot/SRA
Pays-de-la-Loire.
q Collaborateur :
F. Comte (archéo.)/service du
Patrimoine historique de la ville
d’Angers.
k Description technique
Le diagnostic a été réalisé sur une
parcelle de 1 400 m 2 située à environ
500 m au sud du cœur historique de
la ville d’Angers. Les trois sondages
ouverts sont positifs. Ils mettent en
évidence la présence de vestiges
archéologiques d’époque galloromaine
répartis sur l’ensemble de
la parcelle.
Angers/28, avenue de la Blancheraie
Plan de synthèse des découvertes. DAO M. Pithon/Inrap.
k Résultats
Les vestiges découverts correspondent
à une construction soignée
qui associe murs maçonnés et sol
de béton (I er -II e s. ap. J.-C.) ; une voie
identifiée comme le cardo 2 de l’agglomération
du Haut-Empire (Juliomagus)
; une autre voie perpendiculaire
à la première que l’on interprète
donc comme un decumanus inédit de
la ville antique ; deux fosses dépotoirs
(à vocation domestique ?) et
un foyer en aire ouverte (artisanat ?)
en bordure de la voie décumane (I er -
II e s. ap. J.-C.). Tous ces vestiges sont
installés sur des couches rapportées
qui appartiennent vraisemblablement
à l’aménagement en terrasse
de cette partie de l’agglomération.
Ces découvertes sont d’un intérêt
majeur puisqu’elles étendent un peu
plus vers l’ouest les limites connues
de l’agglomération antique. De plus,
les interrogations qu’elles soulèvent,
relatives notamment à la chronologie,
à la mise en place des terrasses et aux
occupations qu’elles recouvrent
éventuellement, enfin à l’installation
de la voirie, s’inscrivent parfaitement
dans la problématique de recherche
sur l’émergence et sur l’évolution de
la ville antique. Pour cette raison, le
SRA des Pays-de-la-Loire, suivant
l’avis de la Cira du Grand-Ouest, a
émis un arrêté de prescription pour
une fouille préventive. L’aménageur,
saisi de cet arrêté, a sollicité l’Inrap
pour que l’établissement établisse un
projet d’opération.
Angers k BOULEVARD GASTON-DUMESNIL
MÉD, MOD
q Cause du chantier :
Construction d’un théâtre.
q Aménageur :
Ville.
q Début de l’opération :
10/03/2004.
q Fin prévue :
19/03/2004.
q Contact :
M. Pithon, Inrap,
2, rue de la Harpe, 49100 Angers ;
tél. : 02 41 86 18 85.
q Responsable :
Martin Pithon.
q Équipe de recherche :
A. Betton.
q Suivi scientifique :
R. Simon-Millot/SRA Pays-de-la-Loire.
k Description technique
Le diagnostic a été mené sur la quasitotalité
d’un îlot urbain (près de
8 700 m 2 ) situé sur la rive droite de
la Maine, face au château. Cinq sondages
ont été ouverts. Un seul révèle
Juillet 2004 • Archéopages n°13
47

A C T U A L I T É S
la présence de vestiges médiévaux et
modernes.
k Résultats
Les vestiges mis au jour le long de la
rue de la Tannerie correspondent à
des cuves enterrées, étanches, maçonnées
et non maçonnées, ressemblant
à celles qui sont décrites dans L’Encyclopédie
de Diderot et d’Alembert.
Deux cuves contenaient encore un
remplissage de chaux indiquant leur
rôle dans la chaîne opératoire au
moment du nettoyage préalable des
peaux. Ces aménagements sont installés
dans un sol localement rubéfié
surmontant des couches d’occupation
contenant des tessons de céramiques
des XIII e -XIV e s. La cuve la plus importante
était comblée par un remblai qui
contenait, outre des cornes et des os
de bovidés (du crâne pour l’essentiel),
des tessons de céramiques médiévaux
et modernes. Ces données établissent
donc la datation des vestiges entre les
XIII e -XIV e s. et l’époque moderne. Au
nord, l’activité se développe vraisemblablement
en bordure de la rue de
la Tannerie, ainsi nommée depuis le
Moyen Âge. Côté sud, elle ne s’étend
sans doute pas trop au-delà de l’impasse
de la Coulée où les terrains
bordant la Maine sont inondables et
n’ont donc été construits que dans la
X PAYS-DE-LA-LOIRE X
seconde moitié du XIX e s. L‘extension
des vestiges médiévaux vers l’ouest
et vers l’est reste incertaine à l’issue
de ce diagnostic qui doit faire l’objet
d’un complément en juillet ou en
août prochain.
Angers/Boulevard Gaston-Dumesnil
Plan et coupe des vestiges (sondage 1).
DAO M. Pithon/Inrap.
Vendée (85) Le Langon k RUE DES OUCHES ANT
q Cause du chantier :
Construction d’une maison
individuelle.
q Aménageur :
Privé.
q Début de l’opération :
15/12/2003.
q Fin prévue :
19/12/2003.
q Contact :
J. Pascal,
2, place du Commerce,
44000 Nantes ;
tél. : 06 75 65 72 46 ;
jerome.pascal@free.fr
q Responsable :
Jérôme Pascal.
q Équipe de recherche :
F. Bache (gestion des archives),
N. Bonnin (dessin), J.-N. Hemmert
(topo.).
q Suivi scientifique :
N. Rouzeau/SRA Pays-de-la-Loire.
q Collaborateurs :
É. Bernard/archéo. départemental.
k Description technique
Le diagnostic a eu lieu sur une parcelle
de 1 100 m 2 , la surface ouverte
étant de 65 m 2 . Plusieurs parcelles
voisines ont déjà fait l’objet de fouilles
ou de sondages.
k Résultats
Les sondages, très limités en surface,
ont permis la mise au jour de
plusieurs bâtiments gallo-romains,
dont l’un avec des sols en béton
de tuileau. Ces constructions recouvrent
un niveau de cabanes augustotibériennes
directement installées sur
le substrat. Une fosse perçant les sols
a révélé un fragment de céramique
paléochrétienne (DSP atlantique).
X PROVENCE-ALPES-CÔTE-D’AZUR X
Alpes-de-Haute-Provence (04) Peipin k LES GRANGES PROTO
q Cause du chantier :
Construction d’un lotissement.
q Aménageur :
SCI Joncquières.
q Début de l’opération :
01/11/2003.
q Fin prévue :
17/03/2004.
q Contact :
L. Martin, 66, avenue M.-Cachin,
04220 Sainte-Tulle ;
tél. : 06 11 81 20 94.
q Responsable :
Lucas Martin.
q Équipe de recherche :
J.-J. Dufraigne, X. Milland,
M. Pelissier, J.-P. Sargiano,
C. Voyez.
q Suivi scientifique :
G. Congès/SRA
Provence-Alpes-Côte-d’Azur.
q Collaborateur :
D. Garcia/MMSH Univ. de Provence.
48
Archéopages n°13 • Juillet 2004

k Description technique
Suite à des sondages mécaniques
d’évaluation réalisés en février 2003,
une fouille préventive a concerné
deux zones sur l’emplacement d’un
futur lotissement de 45 000 m 2 .
k Résultats
Le terrain concerné est un pré en faible
pente au piémont de la montagne
de Lure, situé en bordure immédiate
du village de Peipin, en contrebas,
et au sud de l’oppidum des Plaines
fouillé en 1953 par G. Mée et daté
à l’époque du premier âge du Fer.
Nous avons dégagé et fouillé une
batterie de foyers à galets chauffés,
dits, par analogie ethnographique,
fours polynésiens, composée d’une
vingtaine de structures de différentes
dimensions. Huit grands foyers d’environ
2 m sur 1,20 m sont creusés
en fosse avec des bûches (Chêne ?),
carbonisées au fond, recouvertes d’un
lit de galets puis d’un limon d’abandon.
Une datation 14 C a donné une
fourchette de datation de -540 à -395
av. J.-C., soit dans la fin du premier
âge du Fer. Ils étaient accompagnés
d’une douzaine de foyers beaucoup
plus petits, creusés en cuvette et
contenant surtout du bois carbonisé.
La fonction de ces foyers reste discutée,
bien qu’ils semblent avoir servi à
cuire ou à fumer de la viande. Cette
zone de 700 m 2 , bien circonscrite
dans l’espace, est éloignée de zones
d’habitat, certainement en raison des
fumées dégagées par la combustion.
Plus haut dans la pente, une zone
Peipin/Les Granges
Tombe plate du premier âge du Fer. Cl. L. Martin/Inrap.
A C T U A L I T É S
Peipin/Les Granges
Tombe plate du premier âge du Fer. Cl. L. Martin/Inrap.
de fréquentation préhistorique avec
des fosses, un niveau de sol, de la
céramique néolithique et des traces
de débitage de silex a été retrouvée.
Une datation 14 C est en cours. Dans la
même aire que les structures néolithiques,
au milieu d’une zone d’habitat
très arasée datable de l’âge du Fer
(lambeau de sol, quelques fosses), six
tombes formées de fosses empierrées
et disposées en un cercle de 10 m de
diamètre ont été fouillées. Chaque
tombe est creusée dans une fosse profonde
de 30 à 40 cm ; l’individu est
inhumé en décubitus dorsal, habillé,
car des éléments de vêtements (fibules,
épingles) ou de parure (colliers)
ont été retrouvés. On recouvrait le
corps d’abord par des planches (présence
de clous et décomposition du
corps en espace libre) puis la fosse
était totalement comblée par des
pierres qui semblaient déborder de
l’arase de la tombe, certaines pierres,
plus grosses, pouvant constituer une
forme de signalisation. Par contre,
aucune trace n’a pu être trouvée d’un
quelconque enclos, cercle, ou tumulus.
La datation dans le premier âge
du Fer est confirmée par un gobelet
en céramique grise monochrome
posé en offrande. Élément surprenant
: cinq individus étaient des
jeunes adultes, le sixième, un enfant.
Cette sélection est totalement atypique.
L’interprétation de ce « tri » est
délicate : trace d’un massacre rituel ?
ou plutôt, événement violent ayant
entraîné la mort de guerriers ?
Bouches-du-Rhône (13) Arles k ENCLOS SAINT-CÉSAIRE ANT, MÉD, MOD
k Résultats
Préalablement aux travaux de réhabilitation
de l’enclos Saint-Césaire,
localisé dans l’angle sud-est de la
cité antique d’Arles, une opération
de diagnostic archéologique réalisée
par l’Inrap, en collaboration avec le
CNRS, a permis de mettre au jour les
vestiges du chevet d’une église paléochrétienne
de grande dimension.
Cette partie de l’édifice se caractérise
par une grande abside, présentant
un parement extérieur polygonal à
sept pans et un parement intérieur
curviligne déterminant un hémicycle
d’une longueur de 19,80 m
et d’une profondeur est-ouest de
10,50 m, suivant un plan légèrement
outrepassé. Cette structure est liée
à deux murs latéraux constituant la
limite orientale de la nef. Partielleq
Cause du chantier :
Aménagement d’un pôle
multimédia.
q Aménageur : Ville.
q Début de l’opération :
27/10/2003.
q Fin prévue :
02/12/2003.
q Contact :
F. Raynaud, 6, rue Roulet,
13200 Arles ;
tél. : 06 84 53 77 78 ;
inrap.base.nimes@wanadoo.fr
q Responsable :
Frédéric Raynaud.
q Équipe de recherche :
J. Collinet, L. Duval, B. Fabry (topo.),
É. Léal, V. Lelièvre (DAO-PAO),
C. Louail (DAO).
q Suivi scientifique :
B. Bizot/SRA
Provence-Alpes-Côte-d’Azur.
q Collaborateur :
M. Heijmans/CNRS.
k Description technique
Le diagnostic archéologique a été réalisé
sur une partie du sous-sol et sur
les élévations médiévales. La qualité
des vestiges rencontrés nous a contraints
à ne dégager que les niveaux
du dernier état.
Arles/Enclos Saint-Césaire
Détail du sol de mosaïque du couloir circulaire. Cl. J. Collinet/Inrap.
ment dégagés, ils déterminent une
largeur minimale de 36,25 m et
présentent des élévations conservées
sur 1,80 m de hauteur. Deux portes,
symétriquement disposées au nord
et au sud des extrémités occidentales
de l’abside, permettaient l’accès au
chevet de l’église par des escaliers en
partie extérieurs et en partie installés
dans l’embrasure. L’espace intérieur
Juillet 2004 • Archéopages n°13
49

A C T U A L I T É S
est aménagé par un puissant mur qui
détermine une abside intérieure de
plan semi-circulaire, de 4,75 m de
rayon intérieur, correspondant à un
chœur liturgique où la célébration est
représentée dans un décor recherché.
Elle est délimitée à l’ouest par un mur
de podium revêtu d’une plinthe de
marbre. Le sol de l’abside secondaire
est constitué par un pavement de
dalles de marbre blanc et gris, organisé
autour d’un élément central qui
devait être l’autel. L’espace compris
entre les deux absides forme un
couloir semi-circulaire de 3,20 m de
large dont le sol est constitué d’une
mosaïque au sud-est et d’un dallage
à son extrémité nord. Le radier de la
mosaïque repose directement sur le
ressaut de fondation saillant à la base
du parement extérieur du mur de
l’abside intérieure. Le style du décor
observé renvoie à une datation tardive
(V e -VI e s.). Cet aménagement du
chœur correspond éventuellement à
une transformation architecturale du
chœur originel. L’abside principale
est insérée entre deux bâtiments très
partiellement repérés. Au nord, deux
états d’aménagements ont été observés.
Une base de colonne, en relation
avec un radier de sol, est conservée
à l’est de la porte nord. Au sud,
sont conservés l’escalier extérieur
de la porte sud et le tambour d’une
colonne, symétrique à celle qui a été
observée au nord. L’espace est aménagé
par la construction de murs et
l’agencement de sols de mortier. Ces
vestiges correspondent au chevet
orienté d’une église paléochrétienne
monumentale d’une grande qualité
architecturale contre lequel sont
X PROVENCE-ALPES-CÔTE-D’AZUR X
installés des bâtiments annexes. Ils
renvoient à l’église principale et aux
différents locaux qui composaient le
groupe cathédral antérieurement au
déplacement vers le site de Saint-
Étienne-Saint-Trophime au début du
V e s. C’est probablement cet ensemble
d’édifices qui a été attribué, en 512,
aux moniales du couvent fondé par
Saint-Césaire. L’église a subsisté dans
l’enceinte monastique, éventuellement
jusqu’au VII e s., d’après les
indices de datation fournis par la
céramique. Les observations n’ont
cependant révélé que le dernier état
Arles/Enclos Saint-Césaire
Détail du sol de mosaïque du couloir circulaire. Cl. J. Collinet/Inrap.
de construction dont la chronologie
reste à établir. Le site recèle un
grand potentiel archéologique à la
mesure de son histoire. Il occupe
une position particulière dans le
patrimoine arlésien : la cathédrale
paléochrétienne, représentant le
monde des vivants dans le cadre
de leur célébration de l’Eucharistie,
complète la riche collection de sarcophages
représentant le monde des
morts, dans leur espérance de résurrection.
C’est un lieu de mémoire de
l’histoire religieuse qui fut fréquenté
par de nombreux théologiens réputés
ainsi qu’un exemple rare et particulièrement
bien conservé de l’architecte
religieuse, jalon essentiel pour
l’histoire de l’architecture. Dès leur
découverte, les vestiges paléochrétiens
ont fait l’objet d’une instance de
classement au titre des Monuments
historiques et le projet architectural
a été modifié afin d’intégrer les vestiges.
Une fouille programmée devrait
permettre une analyse archéologique
préalablement aux restaurations et à
la présentation du site au public.
X RHÔNE-ALPES X
Ain (01) Culoz k MOLARD JUGEANT PROTO, ANT
q Cause du chantier :
Projet de lotissement.
q Aménageur :
Ville.
q Début de l’opération :
24/11/2003.
q Fin prévue :
05/12/2003.
q Contact :
J.-M. Treffort, Inrap, 12, rue Louis-
Maggiorini, 69500 Bron ;
tél. : 04 72 14 16 60.
q Responsable :
Jean-Michel Treffort.
q Équipe de recherche :
V. Georges.
q Suivi scientifique :
G. Vicherd/SRA Rhône-Alpes.
k Description technique
Évaluation archéologique par sondages
sur une superficie de 12 882 m 2 ,
dont environ un quart est inaccessible
(végétation).
k Résultats
La commune de Culoz est localisée à
40 km au sud-ouest de Genève et à
60 km à l’est de Lyon, au sud-est du
département de l’Ain, en limite avec
la Savoie. Son territoire, en rive droite
du Rhône, est partagé entre le massif
montagneux du Grand Colombier et
le marais de Lavours. Entre les deux,
subsiste une étroite bande de terrain,
favorable de tout temps à l’implantation
humaine. C’est là où se situe
l’habitat actuel. À l’ouest de la ville,
cette bande de terrain est barrée par
une éminence calcaire qui ne laisse
qu’un étroit passage, petit col actuellement
emprunté par la RD 904 : c’est
le Molard Jugeant, qui contrôle ainsi
l’axe de communication le plus direct
entre le débouché est de la cluse des
Hôpitaux et la Chautagne. Le sommet
de cette éminence, presque
totalement entouré de falaises, forme
un plateau à la topographie irrégulière
dont l’intérêt archéologique est
connu depuis le milieu du XIX e s. La
zone sondée, petite combe située
au nord-ouest du Jugeant, a révélé
un site stratifié de grande ampleur
caractérisé par l’existence de trois
50
Archéopages n°13 • Juillet 2004

ensembles chronologiques : un vaste
habitat du Bronze final IIIb, occupant
toute la surface sondée et protégé
derrière un rempart (site fortifié de
hauteur) ; une importante occupation
de La Tène finale, également
reconnue sur la totalité de l’emprise
et incluse dans un système défensif
manifestement conçu à l’échelle
du plateau tout entier (oppidum en
limite sud du territoire séquane) ;
et une implantation antique du Bas-
Empire, définie par un regroupement
de bâtiments à l’histoire complexe au
sein duquel fut découvert en 1852
un pilier colonne monumental portant
une inscription votive au dieu
Mars Segomon Dunati, et qui pourrait
correspondre à un petit sanctuaire.
Il apparaît par ailleurs certain que
les vestiges ne se limitent pas à la
surface sondée et que le site doit être
compris à l’échelle du plateau tout
entier, au moins en ce qui concerne
ses occupations protohistoriques. La
richesse et la qualité de conservation
des vestiges associés à chacune de ces
trois périodes permettent de définir
sans exagération le Molard Jugeant
comme un site majeur.
Culoz/Molard Jugeant
Vue d’ensemble prise depuis les pentes
du Grand Colombier. La zone sondée
correspond à la prairie visible sur la
droite de l’éminence.
Cl. J.-M. Treffort/Inrap.
A C T U A L I T É S
Isère (38)
Optevoz k CLOS DU CHÂTEAU BATAILLIER
ANT, INDÉT
Optevoz k CHEMIN DE LA CURE BATAILLIER
MÉD, INDÉT
q Cause du chantier :
Construction d’un lotissement.
q Aménageur :
Ville.
q Début de l’opération :
09/07/2003.
q Fin prévue :
16/07/2003.
q Contact :
C. Coquidé, Inrap,
12, rue Louis-Maggiorini,
69500 Bron ;
tél. : 04 72 14 16 60.
q Responsable :
Catherine Coquidé.
q Équipe de recherche :
S. Couttan (topo.),
O. Franc (géomorpho.),
D. Lalaï, G. Macabéo (DAO).
q Suivi scientifique :
R. Royet/SRA Rhône-Alpes.
k Description technique
Les sondages ont été réalisés sur une surface
de 1,1 ha (agglomération antique).
k Résultats
L’étude de ce secteur a permis d’observer
les limites du quart sud-ouest
de l’agglomération antique. Les surfaces
décapées, fortement perturbées
par l’extraction de bancs sableux et
graveleux, n’ont révélé qu’un ensemble
peu dense de fosses ou de trous
de poteau à proximité d’épandages de
tuiles et de galets calibrés.
k Publication
Notice de synthèse sur Optevoz,
agglomération antique, à paraître
dans la Revue archéologique de Narbonnaise,
sous la direction de R. Royet.
q Cause du chantier :
Construction d’un parking.
q Aménageur :
Ville.
q Début de l’opération :
17/07/2003.
q Fin prévue :
21/07/2003.
q Contact :
C. Coquidé, Inrap,
12, rue Louis-Maggiorini,
69500 Bron ;
tél. : 04 72 14 16 60.
q Responsable :
Catherine Coquidé.
q Équipe de recherche :
D. Lalaï (faune),
G. Macabéo (DAO),
V. Vachon (topo.).
q Suivi scientifique :
R. Royet/SRA Rhône-Alpes.
k Description technique
La surface sondée couvre une superficie
de 1 595 m 2 . Elle a montré des
occupations médiévale, moderne et
contemporaine.
k Résultats
Les sondages ont mis au jour une
série de fosses et de trous de poteau
médiévaux (sans autre précision
chronologique). Pour la première
fois, l’enceinte ecclésiale a été mise
en évidence sous la forme d’un large
fossé alors que les différentes ouvertures
permettaient de poser la limite
sud des différentes aires cémétériales
(cf. Optevoz/Trio Bataillier, Archéopages
n° 10, p. 54).
Rhône (69) Lyon k PLACE BENOÎT-CRÉPU ANT
q Cause du chantier :
Construction d’un parc
de stationnement souterrain.
q Aménageur :
Lyon Parc Auto.
q Début de l’opération :
30/11/2002.
q Fin prévue : 05/2004.
q Contact :
G. Ayala, Inrap, 12, rue Louis-Maggiorini,
69500 Bron.
q Responsable :
Grégoire Ayala.
q Équipe de recherche :
C. Cécillon, P. Constantin, M. Guyon,
T. Silvino, N. Valour, W. Woytek (DAO).
q Suivi scientifique :
M. Lenoble/SRA Rhône-Alpes.
k Description technique
Poursuite de l’opération archéologique
(pour la période moderne
cf. Archéopages, n° 11, p. 53 ; n° 10
p.55). Fouille de 120 x 20 m pour
une profondeur de 6 à 8 m.
k Résultats
Ces fouilles ont permis de mieux
appréhender la vie quotidienne
des hommes de l’Antiquité sur
les rives de la Saône. Six barques
gallo-romaines d’architecture fluviale
traditionnelle avec fond plat et
bordés peu élevés ont été exhumées.
L’équipe a également mis au jour des
blocs d’architecture appartenant
au fronton d’un temple (I er -II e s.
ap. J.-C.). Des inscriptions de 30 cm
de haut sont visibles sur ces blocs.
Certains mots ont été identifiés
(templum, porticum…), cependant
rien ne prouve que le temple ait
été installé à proximité de la berge,
et ni le dieu auquel il était dédié ni
le personnage qui l’a fait construire
ne sont connus.
k Manifestation
Exposition au musée gallo-romain
de Lyon-Fourvière de fin mai à début
octobre 2004.
Lyon/Place Benoît-Crépu
Cl. Inrap.
Juillet 2004 • Archéopages n°13
51

Lu, vu, entendu
LES MATIÈRES PREMIÈRES LITHIQUES EN PRÉHISTOIRE
X PRÉHISTOIRE X
k Actes de la table ronde internationale d’Aurillac (20-22 juin 2002). Cressensac : Association Préhistoire du sud-ouest, 2003.
376 p. : ill. en noir et en coul. (Suppl. à Préhistoire du sud-ouest ; 5). ISSN 1268-7944. Broché : 26,50 €.
Cette table ronde était axée autour de trois volets
principaux : l’inventaire des ressources lithiques et
le point sur les lithotèques existantes, la caractérisation
des matières premières lithiques (nature,
origine géographique), la circulation et les stratégies
d’acquisition et de gestion des ressources lithiques,
mêlant des champs chronologiques et thématiques
souvent séparés pour les Paléolithique, Mésolithique,
Néolithique, silex et roches tenaces.
37 contributions, notamment « Production et circulation
des objets en silex tertiaire bartonien, dans le
nord des Yvelines », par F. Bostyn, F. Giligny, A. Lo
Carmine, E. Martial, I. Praud, « L’utilisation des
matières premières au Paléolithique moyen dans la
vallée de la Vanne (Aube et Yonne, France) », par
P. Depaepe, « De la pétrographie aux approches
sociales : la circulation des grandes haches alpines
en Europe occidentale pendant le Néolithique »,
par P. Pétrequin, M. Errera, S. Cassen, C. Croutsch,
« L’importation de silex en Auvergne durant la Préhistoire
», par F. Surmely, J.-F. Pasty…
LES POINTES À CRAN DANS LES INDUSTRIES LITHIQUES DU PALÉOLITHIQUE SUPÉRIEUR RÉCENT : DE L’OSCILLATION DE LASCAUX À L’OSCILLATION DE BÖLLING
k Actes de la table ronde internationale de Montauban (26-27 avril 2002). LADIER (É.) dir. Cressensac : Association Préhistoire du sud-ouest, 2003.
165 p. : ill. en noir. (Suppl. à Préhistoire du sud-ouest ; 6). ISSN 1268-7944. Broché : 20 €.
Présenter un état des lieux concernant les aspects typologiques, technologiques,
chronologiques et culturels des pointes à cran, tenter de comprendre
les relations existant entre les ensembles industriels concernés : Badegoulien,
Magdalénien inférieur, Magdalénien moyen pour le sud-ouest de la France,
les cultures synchrones du domaine méditerranéen et la Péninsule ibérique,
tels étaient les principaux objectifs de cette table ronde et de la publication de
ses actes. 11 articles dont : « Sur quelques sites à pointes à cran du Causse de
Gramat (Lot) », par M.-R. Seronie-Vivien, « Les niveaux à crans de l’abri de
Rouet (Carry-le-Rouet, Bouches-du-Rhône) et les industries pléni-tardiglaciaires
du bassin bas-rhodanien », par J.-E. Brochier et M. Livache, « Les pointes
à cran du Paléolithique méditerranéen espagnol : technologie et fonctionnalité
», par F. J. Munoz Ibanez, « Les microlithes du Magdalénien supérieur
dans le bassin parisien : une diversité inattendue », par G. Debout…
LES MAMMOUTHS
k Dossiers d’archéologie, n° 291, mars 2004. Dijon : Éd. Faton, 2004.
95 p. : ill. en noir et en coul. ISSN 1141-7137. Broché : 8,50 €.
À l’occasion de l’exposition « Au temps des Mammouths » qui a lieu à la
Grande galerie de l’Évolution (Muséum national d’histoire naturelle) à Paris,
jusqu’au 10 janvier 2005, ce dossier, réalisé sous la coordination de François
Djindjian (université de Paris I-Panthéon-Sorbonne ; CNRS UMR 7041) et
Lioudmila Iakovleva (Institut d’Archéologie, Académie des sciences d’Ukraine,
Kiev), présente en 19 articles un large panorama des recherches paléontologiques
en Europe orientale et occidentale consacrées au mammouth, dans son
environnement naturel et dans ses relations avec les hommes.
PREMIERS HOMMES DE CHINE (1 MILLION À 35 000 ANS AV. J.-C.)
k Dossiers d’archéologie, n° 292, avril 2004. Dijon : Éd. Faton, 2004.
85 p. : ill. en noir et en coul. ISSN 1141-7137. Broché : 8,50 €.
Dans le cadre de l’« Année de la Chine » le Musée de l’Homme présente une
grande exposition consacrée aux premiers hommes de Chine. Sous la coordination
de Henry de Lumley, Cyril Roguet et Frédéric Serre, ce dossier fait le
point, en 11 articles, sur les recherches archéologiques et paléontologiques et
la coopération franco-chinoise dans ces domaines, qui débutèrent au début
du XX e s. et se poursuivent aujourd’hui encore.
LE CHAMP MÉGALITHIQUE DE WÉRIS : FOUILLES DE 1979 À 2001
k Tome 1. Contexte archéologique et géologique. TOUSSAINT (M.) dir. Namur : Ministère de la région wallonne, direction de l’Aménagement du territoire, du
Logement et du Patrimoine, division du Patrimoine, 2003. 448 p. : ill. en noir et en coul. (Études et documents, Archéologie ; 9). ISBN 2-87401-151-7. Broché.
Le champ mégalithique de Wéris, qui est la plus grande concentration de
monuments mégalithiques de Belgique, est connu en partie depuis 1879 ; il a
fait l’objet de plusieurs campagnes de fouilles et de programmes de recherches
modernes. Le bilan des deux dernières décennies est aujourd’hui publié. Premier
volume d’une série de trois, cet ouvrage présente le contexte archéologique
et géologique du champ mégalithique et s’articule en onze chapitres, replaçant
les mégalithes dans leur contexte régional, donnant un aperçu de l’histoire
X PROTOHISTOIRE X
GUERRE ET RELIGION EN GAULE : ESSAI D’ANTHROPOLOGIE CELTIQUE
k BRUNAUX (J.-L.). Paris : Éditions Errance, 2004. 180 p. : ill. ISBN 2-87772-259-7. Broché : 25 €.
des recherches sur le mégalithisme wallon du Moyen Âge à nos jours, offrant
un aperçu de l’occupation du bassin de l’Ourthe du Paléolithique à l’époque
contemporaine, exposant l’historique des fouilles, synthétisant les observations
anciennes, présentant la toponymie et les pierres légendaires, déterminant le
contexte géologique et géomorphologique des lieux d’implantation des
monuments et proposant une analyse de la vaste bibliographie consacrée aux
mégalithes locaux.
J.-L. Brunaux, chargé de recherches au CNRS, a dirigé de nombreuses fouilles, dont celles de lieux de culte comme Gournay-sur-Aronde (Oise) ou Ribemontsur-Acre
(Somme). Cet ouvrage est sa thèse d’habilitation à diriger les recherches. Les deux sources documentaires utilisées, les textes antiques et l’archéologie,
ont imposé des limites géographiques (Gaule du Nord) et temporelles (époque celtique, du V e s. av. J.-C. à l’époque romaine). Au sommaire de cet ouvrage,
une longue introduction très détaillée, déterminant le contexte historique et géographique de l’étude, la première partie est consacrée à la description d’une
société tournée vers la guerre, la deuxième partie décrit les façons de guerroyer, l’armement, les types de combats, etc., la troisième partie détaille les rapports
étroits entre guerre et religion (Le droit de tuer et le combat divin, les rites de la victoire…), enfin la quatrième partie caractérise l’émergence du politique et
parallèlement le déclin des valeurs guerrières.
52 Archéopages n°13 • Juillet 2004

X ANTIQUITÉ ET HAUT MOYEN ÂGE X
L’HABITAT RURAL DU HAUT MOYEN ÂGE EN ÎLE-DE-FRANCE
k Programme collectif de recherche, bilan 2002-2003. GENTILI
(F.) dir., LEFÈVRE (A.) dir., MAHÉ (N.) dir. Viarmes : Collectif
d’archéologie rurale du haut Moyen Âge ; Guiry-en-Vexin :
Centre de recherches archéologiques du Vexin français, 2003.
96 p. : ill. en noir et en coul. (Suppl. au Bulletin archéologique
du Vexin français ; 1). ISSN 1140-7409. Broché.
Au sommaire de cet ouvrage : dans l’introduction, état des lieux
des fouilles en Île-de-France, constat du manque de publications,
nécessité de créer un groupe de travail pluri-institutionnel (Inrap,
SRA, territoriaux, CNRS, Musée, Université) viable à long terme,
présentation des missions du PCR ; la deuxième partie de l’ouvrage,
les axes de recherche du PCR, détaille ces missions et ces travaux ;
la troisième partie est consacrée à la présentation des travaux 2002
concernant les structures de combustion ; avant la conclusion générale,
le lecteur trouvera les notices de sites au nombre de 12, répartis
sur quatre départements (91, 93, 94, 95).
VILLAGE ET VILLE AU MOYEN ÂGE : LES DYNAMIQUES MORPHOLOGIQUES
k GAUTHIEZ (B.) dir., ZADORA-RIO (É.) dir., GALINIÉ (H.) dir. Tours :
Presses universitaires François-Rabelais, 2003. vol. 1, texte, 485 p.,
vol. 2, plans, 413 p. : ill. en noir et en coul. (Perspectives Villes et
Territoires ; 5). ISSN 1635-6187. ISBN 2-86906-178-1. Broché : 78 €.
Cette publication est issue du programme de recherches sur la morphogenèse
des agglomérations médiévales, mené au sein du groupement de recherches
« Sociétés et cadres de vie au Moyen Âge : approches archéologiques ». Les
principaux objectifs de ces recherches sont tout d’abord de mesurer la part de
l’urbanisme et de la planification dans le développement des agglomérations
médiévales, puis d’identifier et de rendre compte des différences régionales
dans la forme des agglomérations et la chronologie de leurs phases de
développement. Le volume 1 est consacré au texte, il est découpé en quatre
parties : « La planification des agglomérations » (Montferrand, Montpellier,
Falaise, Lisieux, Limoux…), la deuxième partie intitulée « Le développement
dit spontané » est consacrée à l’étude de cinq villes (Grenoble, Rodez, Angers,
Lodève, Poissy), la troisième partie concerne « Politique foncière, ressort de
juridiction et dévolution de l’espace », la quatrième s’intitule « Variations » et
la dernière s’attache à la « Mise en perspective de l’approche morphologique ».
On note également la présence d’une annexe sur le vocabulaire de l’analyse
morphologique, par B. Gauthiez. Le volume 2 est consacré aux 228 cartes et
plans afférents à chacune des parties du texte du volume 1.
ARCHÉOLOGIE DE L’HABITAT RURAL DANS LE NORD DE LA FRANCE
DU IV e AU XII e SIÈCLE
k PEYTREMANN (É.). Saint-Germain-en-Laye : Association française
d’archéologie mérovingienne, 2003. 2 vol., 453 p., 442 p. : ill. (Mémoires de
l’Afam ; XIII). ISBN 2-9505595-8-1. Brochés : 75 €.
Dans cet ouvrage, qui est sa thèse, l’auteur donne tout d’abord (chapitre 1) une
définition de l’habitat rural puis pose les limites géographiques (l’espace compris
approximativement entre la Loire et le Rhin) et chronologiques (du IV e au XII e s.) de sa
recherche, qui lui ont permis de constituer un corpus suffisamment important pour
obtenir une vision d’ensemble. Le chapitre 2 concerne l’approche historiographique,
le chapitre 3 présente les données archéologiques région par région, l’ouvrage s’achève
sur les chapitres 4 et 5 présentant les apports de l’archéologie à l’histoire de l’habitat
rural, la chronologie des habitats, leur composition, leur géographie, leur topographie
et enfin les résultats et les perspectives. Le corpus de référence constitue le volume II
de la publication et rassemble 308 sites d’habitats du haut Moyen Âge recensés entre
1991 et 1999. Organisé par ordre alphabétique le corpus est classé par régions administratives,
puis par départements et par sites.
X MOYEN ÂGE X
ATLAS DES CHÂTEAUX DU VIVARAIS (X e -XIII e SIÈCLES)
k LAFFONT (P.-Y.). Lyon : Alpara, 2004. 284 p. : ill. en noir et en coul.
(Dara ; 25). ISBN 2-9516145-5-1. Broché : 30 €.
À partir d’une large documentation écrite et iconographique, et des études
archéologiques, l’auteur fait un état des lieux de 175 sites fortifiés édifiés entre
le x e et le XIII e s. en Vivarais.
ARCHÉOLOGIE DU MIDI MÉDIÉVAL
k Tome 21, Carcassonne : Centre d’archéologie médiévale du Languedoc,
2004. 257 p. : ill. en noir. ISSN 0758-7708. Broché : 30 €.
Sous une couverture neuve, on trouve au sommaire de ce tome 5 articles
(Port-Vendres (66), anse Gerbal, épave de Port-Vendres 1. La céramique
commune, par M. Pasqualini et J.-C. Treglia ; Le paysage religieux et l’habitat
rural en Provence de l’Antiquité tardive au XII e s., par Y. Codou ; Carcassonne,
château comtal : essai de datation des structures d’après les sondages de 1993,
par M.-É. Gardel ; Roland contre Ferragut ? Étude sur les fresques du château
comtal de Carcassonne, par O. Errecade ; Le château oublié de Roquemaure
(Gard) : XI e -XIX e s., par C. Maigret) ; un dossier spécial sur la montagne
(Habitats et systèmes pastoraux d’altitude [Pyrénées, Massif central, Alpes] :
l’occupation de la haute montagne premier acquis et perspectives. Actes de
la table ronde : Lattes, 30 janvier 2002), la rubrique Notes et documents, et
une bibliographie régionale.
L U , V U , E N T E N D U
REVUE HISTORIQUE DU CENTRE-OUEST
k Tome 1, 1 er sem. 2002. Poitiers : Société des antiquaires de l’Ouest, 2002.
223 p. : ill. en noir et en coul. Broché : 20 €.
Ce premier tome de la Revue historique du Centre-Ouest succède au Bulletin de la
Société des antiquaires de l’Ouest et des musées de Poitiers. Au sommaire de cette
nouvelle revue, adressée au public averti et au grand public, outre le dossier
consacré aux églises cisterciennes en Poitou (par C. Andrault-Schmitt), cinq
autres rubriques présentent des articles (par exemple « La chanson à caractère
politique : une forme d’insubordination politique. L’exemple de la Vendée
légitimiste sous la monarchie de Juillet », par L. Morival), des études de documents
inédits sur la région (« Une indienne du Canada à Poitiers à la fin de la
guerre de Sept Ans », par F. Vigier), des informations provenant des institutions
culturelles de la région, des comptes rendus d’ouvrages récents traitant
de l’histoire régionale, des informations sur la vie de la Société des Antiquaires
de l’Ouest (rapport annuel, procès-verbaux des séances mensuelles).
X TOUTES PÉRIODES ET VARIA X
BILAN DE LA RECHERCHE ARCHÉOLOGIQUE EN POLYNÉSIE FRANÇAISE (2001-2002)
k MARCHESI (H.) dir. Punaauia : Service de la Culture et du Patrimoine,
2003. 170 p. : ill. (Dossier d’archéologie polynésienne ; 2).
Relié sous spirale.
Ce deuxième « Dossier d’archéologie polynésienne » dresse le bilan scientifique
des deux premières années d’activité du service de la Culture et du Patrimoine
dans le domaine de l’archéologie programmée et préventive et présente l’état
d’avancement de la carte archéologique de la Polynésie française. Au sommaire
de cet ouvrage, on trouvera le compte rendu de 17 opérations (dont 4 sont en
anglais) qui ont eu lieu sur des sites des Îles du Vent, des Îles sous le Vent, des
Îles Marquises, de Tuamotu-Gambier et des Îles australes. Culture matérielle
(hameçon en nacre, lames d’herminette en basalte), habitat, lieu de culte
(marae), pétroglyphe, sépultures et restes humains (sacrificiels ?), aménagement
de l’espace pour l’agriculture de la fin de la Préhistoire jusqu’à l’époque
contemporaine sont les grands thèmes développés dans ces différents articles.
RÉPERTOIRE BIBLIOGRAPHIQUE DES SITES ET TROUVAILLES ARCHÉOLOGIQUES DE LA PROVINCE DE HAINAUT, ARRONDISSEMENT DE MONS, DE LA PRÉHISTOIRE À LA FIN DU XVI e SIÈCLE
k KARLHAUSEN (C.). Namur : Ministère de la région wallonne, direction de l’Archéologie, 2003. Chronique de l’Archéologie wallonne ; hors série. 185 p.,
1 cédérom. ISBN 2-87401-148-7. Broché.
Entre 1981 et 1987, trois volumes de répertoires bibliographiques concernant
les trouvailles archéologiques dans la province du Hainaut, rédigés par
Monique Lesenne, ont vu le jour (Tournai, arrondissements d’Ath, Mouscron,
et Tournai et enfin arrondissement de Soignies). Aujourd’hui paraît le répertoire
bibliographique concernant l’arrondissement de Mons. Le manuscrit
original a été complété et enrichi, le champ des références élargi aux époques
carolingienne, médiévale et moderne (XV e et XVI e s.). Au sommaire de cet
ouvrage : les références bibliographiques classées par ordre alphabétique de
noms d’auteurs et par dates de publication ; l’index des communes, classé
par ordre alphabétique, l’indexation des mots-clés se fait en 3 catégories,
« type de structure », « structure », et « matériel découvert » ; l’index des
auteurs et enfin l’index des sciences complémentaires. Un cédérom est joint
à la publication, proposant sous File Maker Pro 3.0 et 5.0 la base de données
qui a servi à constituer cet ouvrage. Deux fichiers en format Excel et dBase III
sont également utilisables.
Juillet 2004 • Archéopages n°13
53

X EXPOS X
L U , V U , E N T E N D U
ANIMAUX DOMESTIQUES,
ANIMAUX SACRÉS
jusqu’au 1 er août 2004, musée de la
Tour aux Puces, Cour du Château,
57100 Thionville ;
tél. : 03 82 82 25 52.
ARTISANS ET PAYSANS AUX TEMPS
DE CLOVIS ET CHARLEMAGNE
jusqu’au 31 août 2004, musée et sites
archéologiques, 13, chemin Haussé,
14930 Vieux ; tél. : 02 31 71 10 20 ;
fax : 02 31 71 10 25 ;
vieux-croyant@cg14.fr
L’OR BLANC DE HALLSTATT
jusqu’au 14 novembre 2004, musée
de Bibracte, musée de la civilisation
celtique, Mont-Beuvray, 71990,
Saint-Léger-sous-Beuvray ;
tél. : 03 85 86 52 35.
AUX ORIGINES DU SON
jusqu’au 31 décembre 2004, Parc
archéologique Asnapio, rue Carpeaux,
Quartier Cousinerie, 59650
Villeneuve-d’Ascq ;
tél. : 03 20 47 21 99.
AU TEMPS DES MAMMOUTHS
jusqu’au 10 janvier 2005, Muséum
national d’histoire naturelle, Jardin
des Plantes, 36, rue Geoffroy-
Saint-Hilaire, 75005 Paris ; tél. :
01 40 79 54 79.
BROTHERS IN ARMS ? FRENCH RAIDS ON JERSEY IN THE MIDDLE AGES
le musée de Normandie de Caen s’expose à Jersey : jusqu’en octobre 2004,
Jersey Museum, Saint-Hellier, Jersey. Exposition organisée en partenariat avec
le Jersey Heritage Trust à l’occasion du 800e anniversaire du rattachement
des îles anglo-normandes à l’Angleterre (1204).
Renseignements : musée de Normandie, Château, 14000 Caen ;
tél. : 01 31 30 47 60 ; fax : 02 31 30 47 69 ; www.ville-caen.fr/mdn ;
www.château.caen.fr ; www.mondes-normands.fr
HIPPOLYTE MULLER, PRÉCURSEUR DE
LA PRÉHISTOIRE ALPINE
jusqu’au 17 janvier 2005, musée
Dauphinois, 30, rue Maurice-
Guignoux, 38000 Grenoble ;
tél. : 04 76 85 19 01.
GAULOIS DES PAYS DE GARONNE
jusqu’au 9 janvier 2004, musée
Saint-Raymond, musée des Antiques
de Toulouse, Place Saint-Sernin,
31000 Toulouse ;
tél. : 05 61 22 31 44.
AUX ORIGINES DU BERGERACOIS
jusqu’au 31 décembre 2004, musée
du Tabac, Maison Peyrarède, place
du Feu, 24100 Bergerac ;
tél. : 05 53 63 04 13.
DES SIGNES ET DES MOTS :
L’ÉCRITURE DES ORIGINES
AU MOYEN ÂGE
jusqu’au 31 août 2004, musée
archéologique, Palais Rohan, 2, place
du Château, 67000 Strasbourg ;
tél. : 03 88 52 50 00.
LE HAUT MOYEN ÂGE EN LORRAINE
jusqu’au 27 septembre 2004, musée
lorrain, Palais ducal, 64, Grande-
Rue, 54000 Nancy ;
tél. : 03 83 32 18 74.
LES JEUX ET JOUETS DE NOS
ANCÊTRES PRÉHISTORIQUES
jusqu’au 29 août 2004, Parc archéologique
Asnapio, rue Carpeaux,
Quartier Cousinerie, 59650 Villeneuve-d’Ascq
;
tél. : 03 20 47 21 99.
LA VANNERIE DANS L’ANTIQUITÉ
jusqu’au 14 novembre 2004, musée
de Préhistoire d’Île-de-France, 48,
rue Étienne-Dailly, 77140 Nemours ;
tél. : 01 64 78 54 80. Ouvert tous les
jours sauf le mercredi de 10 h à 12 h
et de 14 h à 17 h 30.
LE CHEVAL, SYMBOLE DE POUVOIRS
DANS L’EUROPE PRÉHISTORIQUE
jusqu’au 31 août 2004, musée
départemental de Préhistoire, 71960
Solutré-Pouilly ;
tél. : 03 85 35 85 24 ;
fax : 03 85 35 86 83.
800 ANS DE PRODUCTION CÉRAMIQUE
DANS LE PAYS D’AUGE
jusqu’au 30 septembre 2004, musée
d’art et d’histoire, rue Saint-Jacques,
14100 Lisieux ;
tél. : 02 31 62 07 70.
LE SANCTUAIRE DE MARS MULLO
jusqu’en 2005, mairie d’Allonnes, salle
d’archéologie Pierre Térouanne, rue
Charles-Gounod, 72700 Allonnes ;
tél. : 02 43 83 42 01.
LES ALLOBROGES
jusqu’au 5 octobre 2004, Muséechâteau,
place du Château, 74000
Annecy ; tél. : 04 50 33 87 30.
LES PREMIERS HOMMES DE CHINE
jusqu’au 3 janvier 2005, musée de
l’Homme, Palais de Chaillot, 17,
place du Trocadéro, 75116 Paris ;
tél. : 01 44 05 72 72.
FUTUR ANTÉRIEUR
jusqu’au 31 décembre 2004, musée
des Tumulus de Bougon, La Chapelle,
79000 Bougon ;
tél. : 05 49 05 12 13.
LES VOYAGES AU MOYEN ÂGE
jusqu’au 31 octobre 2004, Tour
Jean-Sans-Peur, 20, rue Étienne-
Marcel, 75002 Paris ;
tél. : 01 40 26 20 28.
L’EUROPE DES VIKINGS
jusqu’au 14 novembre 2004, abbaye
de Daoulas, 21, rue de l’Église,
BP 34, 29460 Daoulas ;
tél. : 02 98 25 84 39.
L’HOMME DE NÉANDERTHAL EN EUROPE
jusqu’au 19 septembre 2004, musée
gallo-romain, Kielenstraat 15, 3700
Tongres, Belgique ;
tél. : (32) 12 67 03 30.
CHEVALIERS ET PAYSANS DE L’AN MIL
jusqu’au 28 novembre 2004, maison
du Pays d’art et d’histoire des Trois
Vals, Lac de Paladru, 38850 Charavines
; tél. : 04 76 55 77 47.
LE VERRE, UN ART DU FEU AU MOYEN ÂGE
jusqu’au 15 octobre 2004, Église Saint-Sauveur, Château de l’Hauture, 13270 Fos-sur-Mer ; tél. : 04 42 05 47 03.
Tous les jours de 10 h à 12 h et de 16 h à 19 h. Le service Patrimoine organise une exposition ayant pour thème le
verre du X e au XV e s. Il s’agit du second volet de la trilogie Les Arts du feu au Moyen Âge, avant l’évocation des métaux
en 2003 et celle de la céramique en 2005. C’est une réunion exceptionnelle et inédite d’objets archéologiques en verre
provenant des fouilles de Fos et du sud-est de la France (Avignon, Arles, Aix, Martigues…) prêtés par des musées, des
services archéologiques et des laboratoires de recherche. Catalogue de l’exposition en vente sur place.
VIVRE ET MOURIR À SEGODUNUM
DURANT L’ANTIQUITÉ
jusqu’au 31 octobre 2004, musée
du Rouergue, musée archéologique,
Le Bourg, 12630 Montrozier ;
tél. : 05 65 70 75 00.
MATERNITÉ ET PETITE ENFANCE DANS L’ANTIQUITÉ
jusqu’au 6 septembre 2004, musée archéologique, 5, rue du docteur Maret,
21000 Dijon ; tél. : 03 80 30 88 54.
NOUVEAUX VENUS
jusqu’au 26 septembre 2004, musée romain, rue Maupertuis, CH-1260 Nyon,
Suisse ; tél. : (41) (0) 22 361 75 91 ; fax : (41) (0) 22 361 98 33 ;
NOUVEAUX VENUS
jusqu’au 26 septembre 2004, musée
romain, rue Maupertuis, CH-1260
Nyon, Suisse ;
tél. : (41) (0) 22 361 75 91 ;
fax : (41) (0) 22 361 98 33 ;
ROMAINS D’EAU DOUCE
jusqu’au 3 octobre 2004, musée
gallo-romain de Lyon-Fourvière,
17, rue Cléberg, Lyon 5 e ;
tél. : 04 72 38 49 30.
SCIENCES ET TECHNIQUES AU SERVICE
DE L’ARCHÉOLOGIE
jusqu’au 19 décembre 2004, musée
du Prieuré, 50, rue de la République,
76700 Harfleur ;
tél. : 02 35 13 30 50.
RENAISSANCE DE LA FAÏENCE DE
SAINT-PORCHAIRE
jusqu’au 25 juillet 2004, musée
municipal Georges-Turpin, 1, rue Vau
Saint-Jacques, 79200 Parthenay ;
tél. : 05 49 64 53 73.
PARALLÈLES PHOTOGRAPHIQUES. REGARDS SUR LES SITES DE L’ÉGYPTE ANTIQUE
jusqu’au 31 octobre 2004, musée d’archéologie, Bastion Saint-André, 06600
Antibes ; tél. : 04 93 34 00 39. Ouvert tous les jours sauf le lundi.
L’exposition présentera pour la première fois au public 40 photographies prises
sur les sites antiques égyptiens entre 1895 et 1925 regroupant à la fois des
tirages originaux de Georges Legrain et des retirages d’après plaques originales
de Maurice Pillet ainsi que 13 photographies d’Éric Bourret.
PRÉ-HISTOIRES, 150 ANS
D’ARCHÉOLOGIE EN VAL-D’OISE
jusqu’au 2 janvier 2005, musée
archéologique départemental, place du
Château, 95450 Guiry-en-Vexin ; tél. :
01 34 67 45 07 ; www.valdoise.fr ;
musee.guiry@valdoise.fr
UN CHANTIER ARCHÉOLOGIQUE
À LA LOUPE
jusqu’au 31 octobre 2004, musée
archéologique de Nice-Cimiez, 160,
avenue des Arènes, 06000 Nice ;
tél. : 04 93 81 59 57.
54 Archéopages n°13 • Juillet 2004

X CONFÉRENCES X
TROIS CONFÉRENCES AU MUSÉE SAINT-RAYMOND, MUSÉE DES ANTIQUES DE TOULOUSE, PLACE SAINT-SERNIN, 31000 TOULOUSE ; TÉL. : 05 61 22 31 44.
Qui étaient les Celtes ?
jeudi 10 juin 2004, à 17 h 30, par P.-Y. Milcent,
maître de conférence à l’université Toulouse II-Le
Mirail.
La Toulouse des Volques Tectosages : une heure
autour du quartier Saint-Roch
mercredi 23 juin, de 18 h à 19 h, par J.-C. Arramond,
P. Gardes et C. Requi, Inrap/UMR 5608.
X COLLOQUES, CONGRÈS X
COLLOQUE INTERNATIONAL D’ARCHÉOLOGIE : EXCAVATIONS, LES STRUCTURES EN CREUX DE LA PRÉHISTOIRE RÉCENTE ET
DE LA PROTOHISTOIRE
7-9 octobre 2004. Renseignements et inscription : APAB, 36, rue du Docteur-Schmitt, 21850 Saint-Apollinaire ;
tél. : 03 80 77 67 08 ; fax : 03 80 77 65 36 ; mc.frere-sautot@saprr.fr
La recherche archéologique révèle très fréquemment et en grand nombre ce que les spécialistes désignent en général
comme des « structures excavées » ou des « reliefs en creux ». Ce sont des trous de poteaux, des silos enterrés, des
fossés, des puits, des carrières, etc. Ce sont aussi des foyers, des installations artisanales, des tombes, mais ces dernières
catégories ont déjà fait l’objet de réflexions dans le cadre de travaux universitaires ou d’autres manifestations scientifiques.
Ce colloque international vise à favoriser la réflexion sur les problématiques, le partage des nouveaux moyens
d’analyse et d’interprétation. Il s’agit aussi de proposer des protocoles opérationnels performants, en mettant à profit les
résultats des pratiques expérimentales dans lesquelles l’APAB a une longue et fructueuse expérience. Les contributions
attendues couvrent un large secteur géographique : Europe et régions circum-méditerranéennes, et même l’Afrique.
Les périodes considérées sont celles de la Préhistoire récente (Néolithique) et des âges des métaux, mais les réflexions
méthodologiques pourront traiter d’autres périodes.
X JOURNÉES DU PATRIMOINE 2004 X
Habitat, rites et échanges au second âge du Fer :
l’exemple de l’oppidum de l’Ermitage d’Agen
(Lot-et-Garonne)
jeudi 30 septembre 2004, à 17 h 30, par F. Verdin,
chargée de recherche au CNRS.
21 e SYMPOSIUM INTERNATIONAL
DE VALCAMONICA
8-14 septembre 2004. Thème : Art
préhistorique et tribal : nouvelles
découvertes, nouvelles interprétations,
nouvelles méthodes de recherche. Les
participants qui désirent présenter des
communications doivent faire parvenir
au secrétariat du symposium un
résumé. Renseignements :
tél. : (39) 0364 42091 ;
fax : (39) 0364 42572 ;
ccspreist@tin.it
Samedi 18 et dimanche 19 septembre 2004. Elles auront pour thème : Patrimoine, sciences et techniques. Renseignements : www.culture.fr
L U , V U , E N T E N D U
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Juillet 2004 • Archéopages n°13
55

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