Orientation entrepreneuriale - Académie de l'Entrepreneuriat
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ORIENTATION ENTREPRENEURIALE : UNE APPROCHE PAR LES<br />
CONFIGURATIONS<br />
Kathleen RANDERSON<br />
Enseignant-chercheur<br />
Université <strong>de</strong> Grenoble CERAG-UMR CNRS UPMF-CNRS<br />
150, rue <strong>de</strong> la Chimie, BP 47<br />
38040 GRENOBLE ce<strong>de</strong>x 9<br />
E-mail: kathleenran<strong>de</strong>rson@yahoo.fr<br />
Alain FAYOLLE<br />
Professor, Director of Research Centre<br />
EM Lyon Business School<br />
23, avenue Guy <strong>de</strong> Collongue<br />
F-69134 Ecully ce<strong>de</strong>x<br />
E-mail: fayolle@em-lyon.com<br />
Naïma CHERCHEM<br />
Doctorante<br />
EM Lyon Business School<br />
E-mail: cherchem@em-lyon.com<br />
Annette CASAGRANDE<br />
Ingénieur d'étu<strong>de</strong>s CNRS<br />
Université <strong>de</strong> Grenoble CERAG-UMR CNRS UPMF-CNRS<br />
150 rue <strong>de</strong> la Chimie - BP 47<br />
38040 Grenoble ce<strong>de</strong>x 9 France<br />
E-mail: annette.casagran<strong>de</strong>@upmf-grenoble.fr<br />
7ème Congrès <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong> L’Entrepreneuriat et <strong>de</strong> l’Innovation<br />
Paris, 12-15 octobre 2011<br />
1
ORIENTATION ENTREPRENEURIALE : UNE APPROCHE PAR LES<br />
CONFIGURATIONS<br />
Resumé : L’intérêt scientifique pour le construit <strong>de</strong> l’orientation <strong>entrepreneuriale</strong> (Lumpkin &<br />
Dess, 1996) se situe incontestablement à un niveau élevé. Cependant, les recherches actuelles<br />
ne conduisent pas à la constitution d’un corps <strong>de</strong> connaissances véritable les échelles<br />
mobilisées ne sont pas homogènes, et les étu<strong>de</strong>s publiées conduisent à la multiplication <strong>de</strong><br />
résultats quantitatifs ne pouvant pas être comparés (Rauch, 2009). Notre recherche s’inscrit<br />
dans une approche <strong>de</strong> l’entrepreneuriat organisationnel basée sur les configurations (Short,<br />
2008). Nous établissons une taxonomie, à partir <strong>de</strong> l’orientation <strong>entrepreneuriale</strong> <strong>de</strong>s<br />
entreprises <strong>de</strong> notre échantillon, afin <strong>de</strong> contextualiser les types d’entreprises ainsi i<strong>de</strong>ntifiés<br />
avec les variables les plus souvent rencontrées dans la littérature. Notre taxonomie privilégie<br />
trois groupes qui reflètent un continuum « entreprenant – conservateur » déjà décrit par la<br />
littérature. Nos résultats indiquent que les organisations entreprenantes, à forte orientation<br />
<strong>entrepreneuriale</strong> (OE) sont caractérisées avant tout par leur culture. Aucune autre variable<br />
testée (structure, personnalité du dirigeant, environnement, taille et âge <strong>de</strong> l’entreprise,<br />
performance) n’apparait comme significative. Les organisations conservatrices (niveau d’OE<br />
bas) sont également caractérisées par leur culture, mais également par une baisse <strong>de</strong><br />
performance importante au cours <strong>de</strong>s trois <strong>de</strong>rnières années. Les organisations « ni-ni » ont<br />
une OE moyenne, n’ont pas <strong>de</strong> culture particulière, mais ne souffrent pas <strong>de</strong> baisse <strong>de</strong> leur<br />
performance.<br />
L’orientation <strong>entrepreneuriale</strong> est l’objet d’un grand intérêt scientifique comme le montrent<br />
Rauch et al., (2009) dans un travail récent. En effet, ces auteurs chiffrent à 100 le nombre<br />
d’étu<strong>de</strong>s mobilisant le construit. Cependant les connaissances créées restent problématiques<br />
car ces étu<strong>de</strong>s mobilisent <strong>de</strong>s définitions et <strong>de</strong>s échelles différentes. Par ailleurs, ce corps <strong>de</strong><br />
connaissance est parcellaire car, dans une approche éloignée <strong>de</strong> toute contingence, les<br />
variables sont étudiées une par une (Basso et al., 2009) dans <strong>de</strong>s contextes divers.<br />
Le travail séminal <strong>de</strong> D. Miller <strong>de</strong> 1983, caractérisant l’organisation <strong>entrepreneuriale</strong> comme<br />
celle qui fait preuve d’innovation, <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> risque, et <strong>de</strong> pro-activité, a été mobilisé par<br />
différent chercheurs pour proposer <strong>de</strong>s construits nouveaux, différents <strong>de</strong>s uns <strong>de</strong>s autres<br />
(Ran<strong>de</strong>rson et Fayolle, 2010). De variable dépendant, Covin et Slevin (1991) ont fait <strong>de</strong> ces<br />
trois dimensions la variable indépendant, conduisant vers la performance. Lumpkin et Dess<br />
2
(1996) ajoutent <strong>de</strong>ux dimensions, l’autonomie et l’aggressivité envers la compétition, et<br />
suggèrent que ces cinq dimensions pouvaient varier indépendamment, en fonction <strong>de</strong><br />
variables internes et externes. L’orientation <strong>entrepreneuriale</strong> selon Lumpkin et Dess a été<br />
intégrée dans le « Corporate Enttrepreneurship Strategy » conceptualisé par Ireland et ses<br />
collègues (2009) ; Fayolle (2010) mobilise le travail <strong>de</strong> Miller (1983) et celui <strong>de</strong> Lumpkin et<br />
Dess (1996) pour décrire l’organisation <strong>entrepreneuriale</strong>.<br />
Contrairement à l’étu<strong>de</strong> isolée <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> variables uniques, une analyse configurationnelle<br />
se base sur l’interaction <strong>de</strong> variables multiples. Cela permet <strong>de</strong> générer <strong>de</strong>s types afin <strong>de</strong><br />
proposer une explication qui reflète la complexité <strong>de</strong>s situations. Ces types peuvent être issus<br />
<strong>de</strong> la littérature (typologie) ou venir d’étu<strong>de</strong>s empiriques (taxonomie), (Short et al,<br />
2008 :1058). L’approche configurationnelle permet <strong>de</strong> répondre à trois objectifs <strong>de</strong><br />
recherche : décrire, expliquer, et prédire (Short et al, 2008). L’élaboration <strong>de</strong> groupes<br />
d’organisations similaires, selon certaines dimensions, peut permettre <strong>de</strong> décrire les<br />
caractéristiques saillantes <strong>de</strong> chaque groupe (Dess, Lumpkin, Covin, 1997). Nous avons ainsi<br />
accès à une meilleure compréhension <strong>de</strong>s organisations via l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> groupes<br />
intrinsèquement homogènes. Cette approche diffère <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> caractéristiques uniques<br />
visant à être généralisables à toutes les organisations (expliquer). Enfin, idéalement, la<br />
recherche par les configurations vise à prédire quelles organisations seront performantes, dans<br />
un contexte donné.<br />
Des chercheurs ont déjà établi <strong>de</strong>s configurations d’organisations pour mieux cerner<br />
l’entrepreneuriat organisationnel : par type d’organisation (Miller, 1983), par environnement<br />
(Zahra, 1993 ; Davies, 2010), par activité du dirigeant (Mertz et Sauber, 1995), dans <strong>de</strong>s<br />
entreprises familiales (Casillas, Morent, et Barbero, 2009), mais à notre connaissance aucun<br />
n’a mobilisé un large ensemble <strong>de</strong> variables issues <strong>de</strong> la littérature afin <strong>de</strong> produire une<br />
taxonomie visant à créer <strong>de</strong>s groupes selon leur OE, puis à i<strong>de</strong>ntifier les caractéristiques <strong>de</strong><br />
chaque type. Nous avons choisi <strong>de</strong> former nos configurations selon leur innovation,<br />
propensité à prendre <strong>de</strong>s risque, et leur pro-activité (à l’instar <strong>de</strong> Miller), pour ensuite regar<strong>de</strong>r<br />
les caractéristiques <strong>de</strong> chaque groupe quant aux variables les plus répandus dans la littérature,<br />
y compris la performance.<br />
Dans ce travail, nous tentons <strong>de</strong> nourrir ce débat en proposant une étu<strong>de</strong> visant à proposer<br />
une approche par les configurations fondée sur une taxonomie. A partir d’OE posé en<br />
variables actives pour établir une classification hiérarchique ascendante, nous avons ensuite<br />
3
mobilisé les variables les plus présentes dans la littérature pour i<strong>de</strong>ntifier les traits saillants <strong>de</strong><br />
chaque type. Notre travail vise à proposer une classification <strong>de</strong> « formes organisationnelles »<br />
(Short et al, 2008 :1057), car les types d’organisation sont proposés selon leur stratégie<br />
(orientation <strong>entrepreneuriale</strong>), mais également selon leur structure, technologie, et processus<br />
<strong>de</strong> prise <strong>de</strong> décision. Nos variables sont donc l’orientation <strong>entrepreneuriale</strong> (selon Miller,<br />
1983), la personnalité du dirigeant, la structure organisationnelle, l’âge et taille <strong>de</strong><br />
l’organisation, la culture organisationnelle, l’environnement dans lequel l’organisation évolue,<br />
et enfin la performance.<br />
1. Revue <strong>de</strong> la littérature<br />
La littérature en entrepreneuriat organisationnel met en évi<strong>de</strong>nce le rôle <strong>de</strong> certains facteurs.<br />
Nous avons choisi <strong>de</strong> développer ici l’orientation <strong>entrepreneuriale</strong>, la personnalité du<br />
dirigeant, la structure organisationnelle, la taille et l’âge <strong>de</strong> l’entreprise, la culture<br />
organisationnelle, l’environnement et la performance. Dans les sections suivantes, nous allons<br />
reprendre chacun <strong>de</strong> ces facteurs.<br />
1.1.<strong>Orientation</strong> Entrepreneuriale<br />
Dans son article <strong>de</strong> 1983, D. Miller propose <strong>de</strong> mesurer le comportement entrepreneurial<br />
d’une firme selon les dimensions d’innovation, <strong>de</strong> pro-activité, et <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> risque (Miller,<br />
1983). Cet article a par la suite donné naissance au concept « d’orientation <strong>entrepreneuriale</strong> »<br />
et à un vaste courant <strong>de</strong> littérature. Si, pour Miller, le caractère entreprenant d’une firme<br />
implique nécessairement un score positif pour les trois dimensions, d’autres chercheurs<br />
proposent <strong>de</strong>s travaux empiriques (Marino et Weaver, 2002) ou <strong>de</strong>s modélisations (Davies,<br />
2010) dans lesquels ces dimensions varient indépendamment l’une <strong>de</strong>s autres. Si Miller<br />
(1983) cherchait à i<strong>de</strong>ntifier les configurations organisationnelles qui menaient à ce résultat<br />
(innovation, pro-activité, et prise <strong>de</strong> risque), un autre courant a cherché à i<strong>de</strong>ntifier<br />
« l’organisation entreprenante » à proprement parler. Ici, nous sommes dans la perspective<br />
d’un continuum, où figure à une extrémité l’organisation entreprenante, et à l’autre,<br />
l’organisation conservatrice (Stevenson et Gumpert, 1985; Lumpkin et Dess, 1996). Le lien<br />
OE-performance a, en particulier, retenu l’attention <strong>de</strong>s chercheurs (Lumpkin et Dess, 1996 ;<br />
Rauch, 2009). Nous constatons une inflation d’étu<strong>de</strong>s quantitatives sur cette question, ne<br />
permettant pas la constitution d’un corps soli<strong>de</strong> <strong>de</strong> connaissances car ces étu<strong>de</strong>s mobilisent<br />
peu <strong>de</strong> variables à la fois, et ne s’appuient pas sur les mêmes échelles (Rauch, 2009).<br />
4
Dans une approche similaire à celle <strong>de</strong> Miller (1983), ce travail vise à abor<strong>de</strong>r la situation par<br />
les conséquences (OE), à proposer une taxonomie d’entreprises selon leur OE afin <strong>de</strong> tenter<br />
d’établir les causes (contextualisation via un ensemble <strong>de</strong> variables internes et externes issues<br />
<strong>de</strong> la littérature).<br />
1.2.Personnalité du dirigeant<br />
Miller (1983) a démontré que la personnalité du dirigeant contribuait à la dynamique<br />
<strong>entrepreneuriale</strong> dans les organisations simples. Dans le cadre conceptuel proposé par<br />
Lumpkin et Dess (1996), les caractéristiques du dirigeant figurent parmi les facteurs pouvant<br />
interagir entre l’orientation <strong>entrepreneuriale</strong> et la performance d’une organisation. Selon<br />
Cherchem & Fayolle (2010), dans la dimension psycho-managériale <strong>de</strong> l’approche par les<br />
traits, <strong>de</strong>s travaux ont été réalisés sur la relation entre certains traits psychologiques <strong>de</strong><br />
l’entrepreneur et certaines caractéristiques <strong>de</strong> l’entreprise telles que l’intention<br />
<strong>entrepreneuriale</strong>, la performance, la stratégie (e.g. Forbes, 2005 ; Poon, Ainuddin et Junit,<br />
2006 ; Boyd et Vozikis, 1994 ; Miller et Droge, 1986 ; Miller et Toulouse, 1986). Basso<br />
(2006) suggère que les personnes qui ont ces traits psychologiques ont un potentiel à agir <strong>de</strong><br />
manière <strong>entrepreneuriale</strong>. Nous basant sur une littérature bien ancrée, nous avons retenu les<br />
concepts <strong>de</strong> « need for achievement », « internal locus of control », et « entrepreneurial selfefficacy<br />
», afin <strong>de</strong> discerner dans quelle mesure la personnalité du dirigeant influe sur la<br />
dynamique <strong>entrepreneuriale</strong> <strong>de</strong> son organisation.<br />
« Need for achievement » réfère à la perception <strong>de</strong> l’individu quant à sa capacité à<br />
relever les défis pour atteindre un accomplissement personnel (McClelland, 1961 ; 1965).<br />
L’interaction entre le besoin d’accomplissement et l’élaboration <strong>de</strong> la stratégie ou la structure<br />
organisationnelle a été empiriquement établie (Miller et Droge, 1986 ; Miller et Toulouse,<br />
1986) L’individu dirigé par ce besoin d’accomplissement sera plus proactif et enclin à prendre<br />
<strong>de</strong>s risques, d’avantage susceptible d’exploiter <strong>de</strong>s opportunités <strong>entrepreneuriale</strong>s, qu’un<br />
individu ayant un faible désir d’accomplissement.<br />
« Internal locus of control » est défini comme la perception qu’un individu a <strong>de</strong> sa<br />
capacité à contrôler sa conduite et sa <strong>de</strong>stinée (Rotter, 1966). Selon le même auteur, les<br />
individus qui possè<strong>de</strong>nt ce trait croient que leur réussite dans la vie émane <strong>de</strong> leurs propres<br />
actions, <strong>de</strong> leur capacité à contrôler et <strong>de</strong> leur habilité. Alors que ceux qui ont un external<br />
locus of control croient que leur réussite est davantage liée à <strong>de</strong>s facteurs externes (e.g. la<br />
chance, le réseau, les événements…). Selon Pan<strong>de</strong>y et Tewary (1979), les entrepreneurs qui<br />
5
ont un fort internal locus of control sont plus disposés à essayer <strong>de</strong> nouvelles approches, à<br />
poursuivre <strong>de</strong> nouvelles opportunités et à s’initier au changement et à la prise <strong>de</strong>s risques. Ils<br />
ont une forte capacité à s’engager dans <strong>de</strong>s comportements entrepreneuriaux.<br />
« Entrepreneurial self efficacy » réfère à la perception qu’un individu a <strong>de</strong> sa capacité<br />
à réussir <strong>de</strong>s tâches spécifiques. Selon Wood et Bandura (1989) «self efficacy refers to beliefs<br />
in one’s capabilities to mobilize the motivation, cognitive resources, and courses of action<br />
nee<strong>de</strong>d to meet given situational <strong>de</strong>mands» (408). Les individus qui ont ce trait croient en<br />
leurs capacités à relever <strong>de</strong>s challenges, introduire <strong>de</strong> nouveaux produits, agir sur leur<br />
environnement, prendre <strong>de</strong>s risques…. Dans le cas contraire, les individus qui n’ont pas cette<br />
perception sont susceptibles <strong>de</strong> rester dans une situation <strong>de</strong> statu quo, d’être plus passifs et <strong>de</strong><br />
ne pas prendre <strong>de</strong> risque (Poon et al. 2006). Boyd et Vozikis (1994), stipulent que ce trait a<br />
un lien positif avec l’intention et l’action <strong>entrepreneuriale</strong>.<br />
1.3.Structure organisationnelle<br />
Burns et Stalker (1961) ont proposé <strong>de</strong> poser un continuum ayant à une extrémité<br />
l’organisation organique et à l’autre l’organisation bureaucratique. Le premier type s’adapte<br />
davantage à son environnement et cette adaptation est facilitée par cinq attributs : la<br />
décentralisation, la technocratisation, les ressources, la différentiation et l’intégration.<br />
La structure organisationnelle est très souvent mobilisée dans l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’entrepreneuriat<br />
organisationnel et <strong>de</strong> ses effets. La structure organique affecterait positivement la relation OE<br />
– performance (Covin et Slevin, 1988 ; Slevin et Covin, 1990 ; Naman et Slevin,<br />
1993 ; Lumpkin et Dess, 1996). Elle permettrait à l’organisation <strong>de</strong> saisir les opportunités<br />
<strong>entrepreneuriale</strong>s (Covin et Slevin, 1989). La flexibilité est inhérente à la structure organique<br />
(Khandwalla, 1977; Miller et Friesen, 1982 ; Miller et Friesen, 1983 ; Covin & Slevin, 1991).<br />
Cependant, <strong>de</strong>ux remarques s’imposent. D’une part, Covin et Slevin (1989 :84) notent que<br />
d’autres facteurs internes (e.g. la culture organisationnelle, le secteur d’activité) peuvent être<br />
au moins aussi importants que la structure et l’OE pour prédire la performance <strong>de</strong>s PME.<br />
D’autre part, ils observent que <strong>de</strong>s firmes performantes réagissent à l’hostilité <strong>de</strong><br />
l’environnement par la création <strong>de</strong> structures administratives leur permettant <strong>de</strong> repositionner<br />
leur stratégie <strong>de</strong> façon efficiente et efficace (Covin et Slevin 1989:76). Par exemple,<br />
Messeghem (2003 :36) démontre qu’une organisation ayant adopté une logique<br />
« managériale » peut aussi afficher une dynamique <strong>entrepreneuriale</strong>.<br />
6
1.4.Taille et âge <strong>de</strong> l’entreprise<br />
La tendance à l’inertie <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s organisations et <strong>de</strong> celles qui sont anciennes est le point <strong>de</strong><br />
départ <strong>de</strong> nombreux travaux (Hambrick et Crozier, 1985 ; Stevenson et Jarillo, 1990). L’âge et<br />
taille <strong>de</strong> l’entreprise figurent d’ailleurs dans la conceptualisation du lien OE – performance<br />
proposée par Lumpkin et Dess (1996).<br />
Dans leur méta-analyse, Rauch et al (2009) ont recensé et analysé les étu<strong>de</strong>s empiriques<br />
examinant le lien OE- performance. Ils notent que dans ces travaux, la taille est la variable<br />
médiatrice la plus souvent utilisée. Plus une organisation est petite, plus gran<strong>de</strong> est l’influence<br />
directe du dirigeant, plus gran<strong>de</strong> est la flexibilité nécessaire à la poursuite d’opportunités<br />
<strong>entrepreneuriale</strong>s. Ils établissent statistiquement que dans les organisations employant <strong>de</strong> 1 à<br />
49 employés, l’effet <strong>de</strong> la taille est plus important que dans celles en employant <strong>de</strong> 50 à 499.<br />
Nous avons intégré l’âge <strong>de</strong> l’entreprise (calculé par la date <strong>de</strong> la création), et la taille (par le<br />
nombre d’employés) dans nos variables <strong>de</strong> contextualisation.<br />
1.5.Culture organisationnelle<br />
Les principales modélisations <strong>de</strong> l’entrepreneuriat organisationnel intègrent la variable<br />
culture (Zahra 1993, Lumpkin et Dess, 1996, Ireland et al, 2009).<br />
Nous nous sommes inscrits dans le courant fonctionnaliste <strong>de</strong> la culture, qui considère<br />
que toute organisation a une culture qui se manifeste par <strong>de</strong>s valeurs, <strong>de</strong>s normes, <strong>de</strong>s artefacts<br />
et <strong>de</strong>s croyances. Dans cette approche la culture est perçue comme un élément interne à<br />
l’entreprise, une variable que l’on peut examiner avec d’autres éléments internes ou externes à<br />
l’entreprise (Cherchem, 2009).<br />
Nous avons adopté, pour ce travail, le modèle initialement proposé par Rohrbaugh<br />
(1981) et Quinn et Rohrbaugh (1983), repris et développé par Cameron et Quinn (1999, 2006)<br />
qui en ont fait à la fois un modèle théorique et un instrument <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong> la culture<br />
d’entreprise (Organizational Culture Assessment Instrument). Selon Cherchem (2009), ce<br />
modèle est multidimensionnel et il évalue:1) les caractéristiques dominantes <strong>de</strong> l’entreprise,<br />
2) le lea<strong>de</strong>rship, 3) le management <strong>de</strong>s employés, 4) les valeurs qui cimentent l’entreprise, 5)<br />
la stratégie déployée et 6) les critères <strong>de</strong> succès. Ce modèle nous semble être le plus intégré,<br />
le mieux documenté et le mieux confirmé scientifiquement (Savoie et Brunet, 2000). Quatre<br />
7
types <strong>de</strong> culture forment ce modèle : 1) culture hiérarchique, 2) culture <strong>de</strong> groupe, 3) culture<br />
<strong>de</strong> marché et 4) culture adhocratique.<br />
La culture hiérarchique est caractérisée par la structuration et la formalisation du<br />
travail. Cette culture se focalise sur la stabilité interne, les règles et les valeurs qui sont<br />
associées à la posture stratégique conservatrice (Zammuto et Krakower, 1991). Elle donne<br />
beaucoup d’importance à la formalisation <strong>de</strong>s procédures <strong>de</strong> production, au contrôle et à la<br />
maitrise <strong>de</strong>s situations. La culture hiérarchique s’appuie sur une structure mécaniste qui,<br />
généralement, n’est pas favorable aux activités <strong>entrepreneuriale</strong>s.<br />
La culture <strong>de</strong> marché (ou <strong>de</strong> développement) est orientée vers la réalisation <strong>de</strong>s<br />
résultats (results-oriented) à travers la maximisation <strong>de</strong> la production. Ses valeurs essentielles<br />
sont la productivité, la compétitivité, la rentabilité, la prise <strong>de</strong> décision rationnelle et la<br />
réussite. La culture <strong>de</strong> marché se réfère aux valeurs <strong>de</strong> l’entreprise et à <strong>de</strong>s fonctions comme<br />
celles relatives au marché, i.e. <strong>de</strong>s fonctions basées sur les transactions avec les fournisseurs,<br />
les consommateurs, les partenaires et les collaborateurs (Cameron & Quinn, 2006).<br />
La culture <strong>de</strong> groupe est caractérisée par l’ambiance conviviale dans le lieu du travail,<br />
et le partage entre les individus. Ses valeurs essentielles sont la flexibilité, la confiance dans le<br />
potentiel humain, l’engagement et le développement <strong>de</strong>s ressources humaines. L’objectif <strong>de</strong><br />
l’entreprise est <strong>de</strong> développer l’esprit d’équipe, le sentiment d’appartenance et la<br />
participation. Selon Pearce et David (1983) et Jennings et Lumpkin (1989), une entreprise<br />
innovante est caractérisée par un style <strong>de</strong> management participatif.<br />
La culture adhocratique (ou <strong>entrepreneuriale</strong>) est caractérisée par le dynamisme,<br />
l’entrepreneuriat, la créativité, la prise <strong>de</strong> risque et la focalisation sur l’environnement externe<br />
(Dension et Spreitzer, 1991). Dans cette culture, le déci<strong>de</strong>ur est un visionnaire, un innovateur<br />
et un preneur <strong>de</strong> risque. L’entreprise soutient la création <strong>de</strong>s nouveaux produits/services et son<br />
objectif à long terme est <strong>de</strong> favoriser la croissance et l’acquisition <strong>de</strong>s nouvelles ressources.<br />
Selon Ireland et al. (2003), la présence d’un esprit d’entreprendre, d’une culture<br />
<strong>entrepreneuriale</strong>, d’un lea<strong>de</strong>rship entrepreneurial et d’une gestion stratégique <strong>de</strong>s ressources,<br />
entrainent un épanouissement <strong>de</strong> l'innovation, la possibilité d’un avantage concurrentiel et la<br />
création <strong>de</strong> richesses.<br />
1.6.Environnement<br />
8
Le lien entre l’environnement <strong>de</strong> l’entreprise et l’entrepreneuriat organisationnel a souvent<br />
intéressé les chercheurs (Zahra, 1993). La variable environnement est très présente dans les<br />
différentes conceptualisations <strong>de</strong> l’entrepreneuriat organisationnel (Guth et Ginsberg, 1990,<br />
Lumpkin et Dess, 1996, Ireland et al, 2009, Davies, 2010), ainsi que dans les travaux<br />
empiriques (Zahra, 1991, Zahra, 1993, Zahra et Covin, 1995; Covin et Slevin, 1991, Covin et<br />
Slevin, 1993 ; Lumpkin et Dess, 2001 ; Green, Covin, et Slevin, 2008).<br />
Plus particulièrement, les perceptions <strong>de</strong>s dirigeants sur l’environnement cadrent leurs<br />
définitions <strong>de</strong>s difficultés que doit affronter leur organisation et la hiérarchie <strong>de</strong>s actions à<br />
prendre (Zahra et Pearce 1990, Zahra, 1993).<br />
Un environnement dynamique est celui où <strong>de</strong>s changements interviennent fréquemment ,<br />
conséquences d’évolutions technologiques, <strong>de</strong> la concurrence, <strong>de</strong> régulations, ou d’autres<br />
forces externes à l’organisation (Zahra, 1993 :322). Ce qui est important est le rythme <strong>de</strong>s<br />
changements et <strong>de</strong>s innovations dans une industrie, ainsi que le caractère incertain ou<br />
prédictible <strong>de</strong>s comportements <strong>de</strong> la compétition et <strong>de</strong>s clients (Miller et Friesen, 1983: 222).<br />
Cette dynamique crée <strong>de</strong>s opportunités pour une entreprise dans les marchés qu’elle occupe<br />
ou ceux qui lui sont proches.<br />
L’hostilité d’un environnement est caractérisée par <strong>de</strong>s forces défavorables à la conduite <strong>de</strong>s<br />
affaires d’une firme, résultant <strong>de</strong> changements radicaux dans l’industrie ou dans l’intensité <strong>de</strong><br />
la compétition (Zahra, 1993:324). Inversement, la munificence d’un environnement est<br />
caractérisée par les ressources disponibles et la quantité <strong>de</strong>s opportunités présentes dans un<br />
environnement spécifique.<br />
1.7. La performance<br />
Il existe une littérature riche, tant conceptuelle (Lumpkin et Dess, 1996) qu’empirique, sur la<br />
(les) relations entre l’orientation <strong>entrepreneuriale</strong> d’une firme et la performance <strong>de</strong> celle-ci<br />
(voir Rauch, 2009 pour une méta-analyse <strong>de</strong>s travaux empiriques).<br />
Nous avons intégré la variable performance dans notre étu<strong>de</strong> sous la forme d’une performance<br />
perçue par le dirigeant. Elle est déclinée en quatre dimensions : le chiffre d’affaires, la<br />
performance financière, le retour sur investissement, et l’accroissement du nombre<br />
d’employés.<br />
2. Métho<strong>de</strong>s<br />
9
2.1.Collecte <strong>de</strong> données<br />
Les données utilisées dans cette étu<strong>de</strong> ont été collectées par voie <strong>de</strong> questionnaire, administré<br />
auprès <strong>de</strong>s dirigeants <strong>de</strong> PME françaises appartenant à <strong>de</strong>ux chambres <strong>de</strong> commerce<br />
françaises (Beaujolais et Nord-Pas <strong>de</strong> Calais), partenaires à cette étu<strong>de</strong>. Nous avons utilisé<br />
<strong>de</strong>ux métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> collecte <strong>de</strong> données, voie postale et voie électronique. Notre échantillon <strong>de</strong><br />
départ comprenait 2780 entreprises, nous avons obtenu, en retour, 163 questionnaires<br />
renseignés. Après un premier filtrage <strong>de</strong> l’échantillon nous avons supprimé tous les<br />
questionnaires ayant trop <strong>de</strong> non-réponses. Notre échantillon final est donc ainsi constitué <strong>de</strong><br />
123 questionnaires complets. La répartition <strong>de</strong>s entreprises selon leur taille se trouve en<br />
annexe 1.<br />
2.2. Opérationnalisation <strong>de</strong>s concepts étudiés<br />
Afin d’opérationnaliser les variables <strong>de</strong> notre recherche, nous avons utilisé une échelle<br />
<strong>de</strong> Likert <strong>de</strong> 7 niveaux, <strong>de</strong> « 1 = Pas du tout d’accord ; 4 = Moyennement d’accord ; au 7 =<br />
Tout à fait d’accord ». Nous présentons ci-<strong>de</strong>ssous l’origine <strong>de</strong> chaque échelle.<br />
-<strong>Orientation</strong> <strong>entrepreneuriale</strong> : nous avons adopté l’échelle <strong>de</strong> mesure proposée par Miller<br />
(1983) et développée par Covin et Slevin (1991). Cette échelle comprend 9 items.<br />
-Culture d’entreprise : nous avons utilisé l’échelle <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong> Quinn et Cameron (2006),<br />
issue du modèle d’OCAI (Organizational Culture Assessment Instrument). Nous avons retenu<br />
6 items pour chaque type <strong>de</strong> culture, soit au total 24 items.<br />
-Internal locus of control : Pour mesurer cette variable, nous avons adopté une échelle <strong>de</strong> 8<br />
items proposée par Rotter (1966).<br />
-Need for achievement : Pour cette variable, nous nous sommes appuyé sur les travaux <strong>de</strong><br />
Robichaud, McGraw & Roger (2001). Ces auteurs proposent une échelle <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong> 4<br />
items.<br />
-Entrepreneurial self efficacy : Pour évaluer cette variable, nous avons utilisé une échelle <strong>de</strong><br />
13 items issue <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> De Noble, Jung & Ehrlich (1999). -Environnement : Pour<br />
l’environnement, nous adoptons une échelle <strong>de</strong> mesure proposée par Green, Covin & Slevin<br />
(2008) qui comprend 6 items.<br />
10
-Structure : Pour mesurer cette variable, nous adoptons l’échelle proposée par Green, Covin et<br />
Slevin (2008). Ces auteurs ont utilisé 8 items pour mesurer la structure <strong>de</strong> l’entreprise.<br />
-Performance : Nous évaluons la performance avec une échelle <strong>de</strong> mesure en pourcentage « -<br />
15% Forte diminution ; -(1%- 14%) diminution ; 0% stagnation ; + (1%-14%) augmentation<br />
; +15 % forte augmentation »<br />
2.3. Caractéristiques <strong>de</strong> l’échantillon<br />
Ces entreprises ont une moyenne d’âge <strong>de</strong> 37 ans : la plus jeune ayant été créée il y a 4 ans et<br />
la plus ancienne il y a 108 ans. Un peu plus d’un tiers travaille dans le domaine <strong>de</strong> l’industrie<br />
ou du bâtiment (c.f. tableau 1). Notre échantillon se compose en majorité d’entreprises<br />
familiales (68.6%).<br />
Tableau 1 : répartition <strong>de</strong> l’échantillon par secteur d’activité<br />
Domaine d'activité Effectif Pourcentage<br />
Industrie/ Bâtiment 45 36,6%<br />
Energie/Transport 22 17,9%<br />
Consulting/Communication/TIC 20 16,3%<br />
Services divers 17 13,8%<br />
Agroalimentaire 9 7,3%<br />
Médical/Biotechnologie 4 3,3%<br />
Réponses manquantes 6 4,9%<br />
Total 123 100%<br />
2.4.Métho<strong>de</strong>s d’analyse<br />
Pour analyser nos données, nous avons utilisé la technique <strong>de</strong> la Classification Ascendante<br />
Hiérarchique. Cette métho<strong>de</strong> permet <strong>de</strong> construire une typologie (ou partition) d’un ensemble<br />
d’individus en classes telles que les individus appartenant à une même classe sont proches<br />
alors que les individus appartenant à <strong>de</strong>s classes différentes sont éloignés. C’est une métho<strong>de</strong><br />
ascendante partant d’un nombre <strong>de</strong> classes égal au nombre <strong>de</strong>s individus et regroupant à<br />
chaque itération un (ou plusieurs) individus ou classes en fonction <strong>de</strong> la diminution <strong>de</strong><br />
l’inertie interclasses. A l’instar <strong>de</strong> Zahra (1993), nous avons utilisé la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> Ward,<br />
métho<strong>de</strong> dite <strong>de</strong>s voisins réciproques, pour constituer nos classes.<br />
L’algorithme s’applique à <strong>de</strong>s données quantitatives. A partir du tableau <strong>de</strong> données<br />
qualitatives, nous pouvons obtenir un tableau <strong>de</strong> données quantitatives en effectuant une<br />
11
Analyse <strong>de</strong>s Correspondances Multiples (ACM). L’ACM permet d’obtenir <strong>de</strong>s facteurs qui<br />
structurent les individus et la classification s’effectuera sur les coordonnées <strong>de</strong>s individus sur<br />
ces facteurs.<br />
Certains items ayant trop peu <strong>de</strong> réponses et l’ACM étant sensible à ce problème, nous avons<br />
donc procédé à un regroupement <strong>de</strong> modalités <strong>de</strong> réponses :<br />
• En désaccord (1 – 2 – 3)<br />
• Neutre (4)<br />
• En accord (5 – 6 – 7)<br />
3. Résultats<br />
3.1.L’analyse en composantes multiples<br />
Notre échantillon se structure autour <strong>de</strong> quatre facteurs principaux qui nous permettent <strong>de</strong><br />
mieux comprendre les comportements d’entrepreneuriat et d’innovation. Ces quatre facteurs<br />
représentent 45.09% <strong>de</strong> l’inertie du nuage <strong>de</strong> points.<br />
L’axe formé par le premier facteur oppose les « entreprises entreprenantes » aux<br />
« entreprises bureaucratiques ». Sur le continuum proposé par la littérature, nous voyons ici<br />
les <strong>de</strong>ux extrémités. Ce premier axe <strong>de</strong> l’analyse en composantes multiples oppose les<br />
entreprises montrant une forte OE (sur les trois dimensions simultanément), et les entreprises<br />
bureaucratiques (sur aucune <strong>de</strong>s trois dimensions).<br />
Le <strong>de</strong>uxième axe pourrait constituer la partie intermédiaire du continuum. Nous<br />
trouvons ici en opposition <strong>de</strong>s organisations qui ont un taux d’OE « moyen- fort » avec celles<br />
qui ont un taux « moyen-faible ».<br />
Notre troisième axe est un axe « d’inconscience » par rapport au comportement<br />
entrepreneurial. Il oppose « les entreprises inconscientes » aux « entreprises réfléchies ».<br />
Les premières prennent <strong>de</strong>s risques mais elles innovent peu et évitent d’affronter la<br />
concurrence. Les « réfléchies » ne croient pas à la nécessité d’actions audacieuses ou <strong>de</strong><br />
gran<strong>de</strong> ampleur pour atteindre leurs objectifs et ont peu tendance à privilégier les projets<br />
risqués. Cependant, elles n’adoptent pas un comportement <strong>de</strong>stiné à éviter les heurts avec les<br />
concurrents mais elles sont rarement les premières à se lancer dans <strong>de</strong>s nouveaux produits.<br />
12
Le quatrième axe oppose les « fonceurs » à ceux « qui aimeraient bien mais qui n’osent<br />
pas ». Le premier groupe est proactif mais innove peu et ne prend pas <strong>de</strong> risque. Le <strong>de</strong>uxième<br />
groupe, quant à lui, croit qu’en raison <strong>de</strong> la nature <strong>de</strong> l’environnement, <strong>de</strong>s actions<br />
audacieuses <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> ampleur sont nécessaires pour atteindre leurs objectifs, mais ces firmes<br />
n’innovent pas et sont peu proactives.<br />
3.2.La classification ascendante hiérarchique (CAH)<br />
Grâce à la classification hiérarchique ascendante effectuée sur les coordonnées <strong>de</strong>s individus<br />
sur les facteurs <strong>de</strong> l’ACM, nous obtenons 3 groupes :<br />
Les organisations « entreprenantes »<br />
Ce groupe représente 52% <strong>de</strong> notre échantillon. Il est composé d’entreprises qui sont<br />
proactives, prennent <strong>de</strong>s risques et innovent. Elles ont une forte OE. Quelles ont les<br />
spécificités <strong>de</strong> ces organisations ? Les valeurs-tests font ressortir que ce qui est spécifique à<br />
ces firmes est :<br />
- Une forte pro-activité : maximisation <strong>de</strong>s possibilités d’exploiter les opportunités<br />
potentielles<br />
- L’innovation : introduction <strong>de</strong> produite ou services<br />
- L’importance accordée à la R&D<br />
- Une capacité à se lancer en premier<br />
- L’habitu<strong>de</strong> à déterminer le succès sur la base <strong>de</strong> la réussite dans le marché et <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>vancer les concurrents<br />
- L’importance accordée à l’acquisition <strong>de</strong>s nouvelles ressources et à la création <strong>de</strong>s<br />
nouveaux challenges<br />
- L’adoption d’un comportement <strong>de</strong>stiné à <strong>de</strong>vancer la concurrence<br />
- La présence d’un style <strong>de</strong> management caractérisé par la prise <strong>de</strong>s risques,<br />
l’innovation et l’autonomie<br />
Les organisations « conservatrices »<br />
36% <strong>de</strong>s entreprises sont dans ce groupe. Elles n’innovent pas, ne prennent pas <strong>de</strong> risque et ne<br />
sont pas proactives. Ces entreprises ont une faible OE. Elles peuvent être caractérisées ainsi :<br />
13
- N’introduisent pas <strong>de</strong> nouveaux produits ou services<br />
- Ne privilégient pas <strong>de</strong>s projets risqués<br />
- Au cours <strong>de</strong>s trois <strong>de</strong>rnières années, leur rentabilité financière a fortement diminué<br />
(-15%)<br />
- N’accor<strong>de</strong>nt pas beaucoup d’importance à la R&D<br />
- Ne sont pas proactives : n’ont pas un comportement audacieux et fonceur pour<br />
exploiter les opportunités.<br />
- Elles ne déterminent pas leur succès sur la base <strong>de</strong> la réussite dans le marché et <strong>de</strong><br />
l’avance prise sur les concurrents.<br />
- Elles n’accor<strong>de</strong>nt pas beaucoup d’importance à l’acquisition <strong>de</strong> nouvelles<br />
ressources et à la création <strong>de</strong>s nouveaux challenges.<br />
- Les valeurs qui cimentent ces entreprises ne sont pas l’engagement dans<br />
l’innovation et le développement.<br />
- La rentabilité économique a fortement diminué au cours <strong>de</strong>s trois <strong>de</strong>rnières années.<br />
Les organisations « ni-ni »<br />
Ce groupe représente 12% <strong>de</strong> notre échantillon. Dans ce groupe, les entreprises innovent peu,<br />
sont peu proactives. Leurs spécificités sont :<br />
- Elles ont réalisé assez peu <strong>de</strong> modifications dans la composition <strong>de</strong> leurs produits<br />
ou services.<br />
- Elles ont introduit peu <strong>de</strong> nouveaux produits ou services.<br />
- Elles n’adoptent pas vraiment un comportement audacieux et fonceur afin <strong>de</strong><br />
maximiser les possibilités d’exploiter les opportunités potentielles.<br />
- Elles sont peu souvent les premières à se lancer dans <strong>de</strong> nouveaux produits ou<br />
services.<br />
4. Discussion<br />
Nous constatons que les entreprises <strong>de</strong> notre échantillon se retrouvent dans trois groupes<br />
distincts, et semblent bien se positionner sur un continuum « entrepreneur – conservateur ».<br />
Les organisations entreprenantes sont dotées d’une forte OE, les « équilibristes » d’une OE<br />
moyenne, et les conservatrices d’une OE faible.<br />
14
Les résultats <strong>de</strong> notre étu<strong>de</strong> par rapport à notre volonté <strong>de</strong> contextualiser les groupes<br />
d’organisations ainsi que la littérature nous ont surpris. Contrairement à la littérature et aux<br />
propositions émises précé<strong>de</strong>mment, les seules variables qui viennent caractériser les<br />
entreprises <strong>de</strong> chaque extrémité sont celles relatives à la culture et à la performance. Ainsi, les<br />
tests n’ont donc pas révélé comme déterminantes les variables suivantes : personnalité du<br />
dirigeant, structure d’organisation, taille, âge, hostilité ou dynamisme <strong>de</strong> l’environnement, ou<br />
le domaine d’activité.<br />
Nous basant sur une littérature bien établie, nous avions suggéré que la personnalité du<br />
dirigeant dans les organisations à forte OE serait caractérisée par un besoin<br />
d’accomplissement élevé, un « internal locus of control », et un fort sentiment « d’autoefficacité<br />
<strong>entrepreneuriale</strong> ». Nos résultats montrent, au contraire, que la personnalité du<br />
dirigeant ne fait pas partie <strong>de</strong>s variables déterminantes pour l’élaboration <strong>de</strong>s groupes.<br />
Depuis les premiers travaux <strong>de</strong> Burns et Stalker (1961), la structure organisationnelle a été<br />
mobilisée dans les travaux conceptuels et empiriques. L’organisation organique a été<br />
notamment plébiscitée, par rapport aux autres formes. Or, nos résultats indiquent que la forme<br />
organisationnelle ne fait pas partie <strong>de</strong>s variables qui distinguent <strong>de</strong>s organisations<br />
<strong>entrepreneuriale</strong>s d’autres qui ne le sont pas ou le sont moins.<br />
Tout aussi intéressante est l’absence, parmi les facteurs qualifiant nos types d’organisation,<br />
<strong>de</strong>s variables taille et âge. Les travaux sur l’OE dans les PME suggèrent soit une plus forte<br />
OE dans les petites organisations, soit un chemin vers l’orientation <strong>entrepreneuriale</strong> différent<br />
selon la taille <strong>de</strong> l’organisation (Aloulou et Fayolle, 2005 ; Basso et Bouchard, 20XX). Or, ni<br />
la taille, ni l’âge <strong>de</strong> l’organisation ne font partie <strong>de</strong>s variables déterminantes pour<br />
l’élaboration <strong>de</strong> nos types d’entreprise.<br />
Enfin, les caractéristiques <strong>de</strong> l’environnement, l’hostilité ou le dynamisme, n’expliquent pas,<br />
non plus, les différences entre nos groupes. Ainsi, l’OE n’est pas déterminée par une<br />
multitu<strong>de</strong> d’opportunités à saisir, ni inhibée par un environnement pauvre en ressources.<br />
Ces résultats corroborent ceux <strong>de</strong> Covin et Slevin (1989 :84) qui notent que d’autres facteurs<br />
internes, tels que la culture organisationnelle, ou le secteur d’activité peuvent être au moins<br />
aussi importants que la structure d’organisation et l’OE pour prédire la performance <strong>de</strong>s PME.<br />
Ils préconisent (Covin et Slevin, 1991 :21) <strong>de</strong> rechercher comment manager <strong>de</strong> la posture<br />
<strong>entrepreneuriale</strong>.<br />
15
Les organisations entreprenantes ont une culture qui tend vers la culture <strong>de</strong> marché ou la<br />
culture adhocratique. Les firmes conservatrices se distinguent par une culture nonadhocratique,<br />
à savoir que les répondants n’ont pas qualifié la culture <strong>de</strong> leur établissement en<br />
répondant positivement aux items <strong>de</strong> la culture hiérarchique, mais par la négative aux items <strong>de</strong><br />
la culture adhocratique. Ainsi, <strong>de</strong>vons-nous comprendre que la culture dans ces entreprises<br />
inhibe l’action individuelle <strong>de</strong>stinée à <strong>de</strong>vancer les concurrents, relever <strong>de</strong>s défis, ou<br />
innover ? Est-ce que cette situation dénote une culture spécifique, ou l’absence <strong>de</strong> culture ?<br />
Quels systèmes <strong>de</strong> management servent <strong>de</strong> support dans les firmes entreprenantes et<br />
conservatrices? Si les entreprises à forte OE ne se montrent pas particulièrement<br />
performantes, les firmes conservatrices se montrent particulièrement peu performantes. La<br />
relation OE – performance, où une forte OE conduirait à la performance, reste donc<br />
hypothétique. Cependant, nous avons établi <strong>de</strong> façon empirique que les organisations non<strong>entrepreneuriale</strong>s<br />
voient leur performance financière et économique diminuer <strong>de</strong> façon<br />
importante (-15%).<br />
Il est intéressant à noter que dans notre échantillon, les groupes situés aux extrémités sont <strong>de</strong><br />
tailles plus gran<strong>de</strong>s que celle du groupe positionné au milieu du continuum. Ces entreprises<br />
sont caractérisées par une OE « moyenne ». Elles ne subissent pas <strong>de</strong> diminution notable <strong>de</strong><br />
leur niveau <strong>de</strong> performance. Hormis l’OE, aucune variable, interne ou externe, ne vient<br />
contextualiser ces organisations.<br />
5. Conclusion<br />
Ce travail apporte une triple contribution empirique, théorique et pratique. Notre apport<br />
empirique consiste à proposer une classification, une taxonomie, d’entreprises selon leur<br />
orientation <strong>entrepreneuriale</strong>. Cette classification vient corroborer et compléter les<br />
modélisations qui positionnent les organisations sur un continuum « entreprenant –<br />
conservateur ». Les firmes entreprenantes se distinguent plus par leur culture et moins par<br />
leur performance. Les organisations conservatrices se distinguent également par leur culture,<br />
mais nous avons aussi i<strong>de</strong>ntifié <strong>de</strong>s conséquences négatives sur le niveau <strong>de</strong> performance<br />
dans ces organisations.<br />
Notre principal apport théorique concernerait le poids <strong>de</strong>s variables habituellement<br />
mobilisées dans les étu<strong>de</strong>s visant à éclaircir le lien OE – performance. Contrairement à nos<br />
attentes, les variables internes (taille et âge, personnalité du dirigeant, structure) et externe<br />
(perception <strong>de</strong> l’environnement) ne figurent pas parmi les variables caractérisant les différents<br />
16
types d’organisation. Parmi les variables utilisées, seules la culture et la performance se sont<br />
révélées déterminantes. Ces résultats pourraient être liés à <strong>de</strong>s biais d’échantillonnage et/ou <strong>de</strong><br />
métho<strong>de</strong>.<br />
Aux praticiens, ce travail rappelle le poids <strong>de</strong> la culture organisationnelle. Si nous n’avons pas<br />
établi qu’une organisation <strong>entrepreneuriale</strong> (et sa culture organisationnelle) est plus<br />
performante qu’une firme conservatrice, nous avons en revanche montré qu’une organisation<br />
conservatrice (et sa culture organisationnelle) voit sa performance diminuer. Ainsi, le système<br />
et le cadre <strong>de</strong> management <strong>de</strong> ces entreprises pourraient être utilement repensés afin <strong>de</strong><br />
limiter ces effets sur la performance.<br />
Ce travail comporte <strong>de</strong>s limites. Elles viennent tout d’abord <strong>de</strong> notre échantillon. Cette étu<strong>de</strong> a<br />
été réalisée en partenariat avec les Chambre <strong>de</strong> Commerce et d’Industrie <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux régions <strong>de</strong><br />
France, et notre échantillon n’a pas été constitué <strong>de</strong> façon aléatoire au niveau national. Une<br />
<strong>de</strong>uxième limitation est liée aux différences culturelles. Nous savons que le construit d’OE<br />
subit <strong>de</strong>s variations en fonction <strong>de</strong>s cultures (Knight, 1997), en particulier pour la dimension<br />
risque dans les pays où le système juridique est basé sur le co<strong>de</strong> Napoléon (Kreiser et al,<br />
2010). Or, nous avons utilisé en France, <strong>de</strong>s échelles construites et validées dans le contexte<br />
<strong>de</strong> l’Amérique du Nord. Même si, conscients <strong>de</strong> cette limité, nous avons porté une attention<br />
particulière à la traduction <strong>de</strong> ces échelles, à leur pré-test et à leur validation interne.<br />
Nous avons démontré l’impact <strong>de</strong> la culture organisationnelle sur l’OE d’une organisation.<br />
Or, celle-ci est sous-tendue par un système <strong>de</strong> management. Il serait intéressant d’i<strong>de</strong>ntifier,<br />
par <strong>de</strong>s recherches qualitatives, le système <strong>de</strong> management propre aux organisations<br />
<strong>entrepreneuriale</strong>s et celui qui caractérise les organisations conservatrices, en particulier<br />
mobilisant les travaux <strong>de</strong> Stevenson et ses collègues (1984, 1986, 1990).<br />
17
ANNEXES<br />
Annexe 1 : répartition <strong>de</strong>s entreprises selon leur taille<br />
Gran<strong>de</strong>s<br />
entreprises (250<br />
salariés et plus)<br />
8%<br />
Manquantes<br />
2%<br />
Très petites<br />
entreprises<br />
(moins <strong>de</strong> 10<br />
salariés)<br />
8%<br />
Moyennes<br />
entreprises<br />
(entre 50 et 249<br />
salariés)<br />
28%<br />
Petites<br />
entreprises<br />
(entre 10 et 49<br />
salariés)<br />
54%<br />
Annexe 2 : Projection <strong>de</strong>s classes sur les <strong>de</strong>ux premiers axes <strong>de</strong> l'ACM<br />
18
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