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Rapport final - Université de Caen Basse Normandie

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Borda (1781) et Condorcet (1785) ont fait ressortir, dès la fin du XVIII e siècle, la complexité<br />

<strong>de</strong> la tâche qui consistait à définir <strong>de</strong>s règles <strong>de</strong> vote incontestables. Par exemple, le<br />

principe <strong>de</strong> majorité, généralement bien accepté, pouvait conduire à <strong>de</strong>s conclusions<br />

complètement incohérentes. Lorsque trois candidats A, B et C sont soumis à <strong>de</strong>s<br />

comparaisons <strong>de</strong>s candidats pris <strong>de</strong>ux à <strong>de</strong>ux à la majorité <strong>de</strong>s voix, il existe <strong>de</strong>s situations<br />

où A bat B qui bat C qui à son tour bat A. Cette configuration contradictoire, connue sous le<br />

nom <strong>de</strong> paradoxe <strong>de</strong> Condorcet, montre qu’il n’est pas possible <strong>de</strong> déduire la préférence<br />

collective <strong>de</strong>s résultats obtenus par l’application du vote majoritaire à toutes les paires <strong>de</strong><br />

candidats. Le vote à la majorité simple (aussi appelé « règle <strong>de</strong> la pluralité »), où les<br />

candidats sont classés selon le nombre <strong>de</strong> premières places que leur accor<strong>de</strong>nt les votants<br />

– ce qui revient très exactement à un vote uninominal –, peut alors paraître comme une<br />

généralisation naturelle <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> majorité et éviter ce paradoxe. Cependant, l’emploi<br />

<strong>de</strong> cette règle peut conduire à l’opposé <strong>de</strong> ce qui est attendu <strong>de</strong> l’application du principe<br />

majoritaire. Il s’agit cette fois du paradoxe <strong>de</strong> Borda selon lequel un candidat peut être élu<br />

alors qu’il a contre lui une majorité <strong>de</strong> votants 10 .<br />

Finalement, on pourrait soutenir, comme le fait Blanchenay (2004), que l’un <strong>de</strong>s buts<br />

du scrutin uninominal à <strong>de</strong>ux tours, utilisé notamment en France pour les élections<br />

prési<strong>de</strong>ntielles 11 , est d’échapper au paradoxe <strong>de</strong> Borda en revenant artificiellement à une<br />

situation <strong>de</strong> vote où seuls <strong>de</strong>ux candidats s’affrontent, situation dans laquelle le principe <strong>de</strong><br />

la majorité est le meilleur <strong>de</strong>s systèmes. En outre, il permet au vainqueur d’atteindre<br />

mécaniquement la majorité absolue <strong>de</strong>s voix et d’acquérir <strong>de</strong> la sorte une légitimité<br />

« indiscutable ». Malheureusement, le scrutin majoritaire à <strong>de</strong>ux tours souffre <strong>de</strong> plusieurs<br />

défauts. Il ne respecte pas le critère <strong>de</strong> Condorcet selon lequel un candidat qui bat tous ses<br />

concurrents dans <strong>de</strong>s duels majoritaires doit être élu ; il encourage le vote stratégique ; il<br />

n’incite pas à la participation au sens où certains électeurs peuvent avoir intérêt à ne pas<br />

voter. Nous détaillons ci-après ces différents aspects.<br />

Le fait <strong>de</strong> ne pas élire le vainqueur <strong>de</strong> Condorcet<br />

C’est ceci que dénonce le paradoxe <strong>de</strong> Borda : un candidat peut être préféré par tous<br />

à chacun <strong>de</strong> ses concurrents – on l’appelle alors le vainqueur <strong>de</strong> Condorcet – et pourtant ne<br />

pas être désigné vainqueur <strong>de</strong> l’élection. Avec trois candidats ou plus, le scrutin uninominal<br />

à <strong>de</strong>ux tours ne satisfait pas ce critère. Un exemple simple permet <strong>de</strong> s’en convaincre.<br />

10<br />

Ce paradoxe revient en fait à dénoncer le fait que le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> scrutin considéré, ici le scrutin uninominal à un<br />

tour, ne remplit pas le critère <strong>de</strong> Condorcet, que nous détaillons ci-après.<br />

11<br />

En effet, outre la France, ce système <strong>de</strong> vote est utilisé pour les élections prési<strong>de</strong>ntielles dans <strong>de</strong> nombreux<br />

pays : la plupart <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Amérique latine, <strong>de</strong> l’Afrique francophone et en Europe (Autriche, Bulgarie,<br />

Finlan<strong>de</strong>, Portugal, Russie, Ukraine). On le retrouve également lors d’élections parlementaires ou législatives<br />

dans le vote par circonscriptions.<br />

Centre d’analyse stratégique<br />

17<br />

www.strategie.gouv.fr

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