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Texte PDF - Les Presses agronomiques de Gembloux

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B A<br />

S E Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 2010 14(2), 369-378 Le Point sur :<br />

Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s salives <strong>de</strong> pucerons : un préalable au<br />

développement <strong>de</strong> nouveaux bio-insectici<strong>de</strong>s<br />

Nicolas Harmel, Éric Haubruge, Frédéric Francis<br />

Univ. Liège - <strong>Gembloux</strong> Agro-Bio Tech. Unité d’Entomologie fonctionnelle et évolutive. Passage <strong>de</strong>s Déportés, 2.<br />

B-5030 <strong>Gembloux</strong> (Belgique). E-mail : harmelnico@gmail.com<br />

Reçu le 4 juin 2009, accepté le 17 septembre 2009.<br />

<strong>Les</strong> pucerons, insectes ravageurs majeurs <strong>de</strong>s forêts, <strong>de</strong>s cultures céréalières, légumières, maraichères, fruitières et ornementales,<br />

sont combattus essentiellement avec <strong>de</strong>s insectici<strong>de</strong>s <strong>de</strong> synthèse. En raison <strong>de</strong> l’effet nocif <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers sur l’environnement<br />

et du développement <strong>de</strong> populations <strong>de</strong> pucerons résistants, il est primordial d’adopter <strong>de</strong>s alternatives <strong>de</strong> lutte. La salive <strong>de</strong>s<br />

insectes joue un rôle crucial dans leur alimentation. Elle contient une gran<strong>de</strong> variété <strong>de</strong> composés dont la spécificité d’action<br />

permet <strong>de</strong> disséquer certains mécanismes physiologiques qui régissent les interactions entre l’insecte et son hôte. Certains<br />

composés induisent les défenses <strong>de</strong> leur hôte et sont considérés comme <strong>de</strong>s outils prometteurs dans la lutte contre les insectes<br />

ravageurs. Une <strong>de</strong>s stratégies envisageables repose sur la recherche et la valorisation <strong>de</strong> substances présentes dans la salive<br />

<strong>de</strong>s pucerons. Cette approche a surtout été développée chez les insectes hématophages. L’état <strong>de</strong>s connaissances sur la salive<br />

<strong>de</strong>s pucerons est exposé dans cet article en parallèle avec les informations disponibles sur la salive <strong>de</strong>s insectes phytophages<br />

broyeurs et <strong>de</strong>s insectes hématophages.<br />

Mots-clés. Puceron, moustique, salive, glan<strong>de</strong> salivaire, éliciteur, enzyme.<br />

Study of aphid saliva: a prerequisite to new bio-insectici<strong>de</strong>s <strong>de</strong>velopment. Aphids, major insect pests of forests, cereal,<br />

vegetable, fruit and ornamental crops, are controlled mainly by synthetic insectici<strong>de</strong>s. However, due to the adverse effects<br />

of these ones on the environment and the <strong>de</strong>velopment of resistant populations of aphids, it is essential to adopt alternative<br />

control. Aphid saliva plays a key role during insect feeding. It contains a wi<strong>de</strong> variety of compounds whose specificity of<br />

action allows to dissect some physiological mechanisms that govern the interactions between the insect and its host. Some<br />

i<strong>de</strong>ntified compounds were found to induce <strong>de</strong>fences of their host and are therefore consi<strong>de</strong>red promising tools in the fight<br />

against insect pests. One of the possible strategies is based on research and recovery of substances found in aphid saliva. This<br />

approach has been <strong>de</strong>veloped especially in hematophagous insects such as mosquitoes. The current state of knowledge about<br />

aphid saliva is discussed in this article in parallel with saliva of chewing phytophagous and hematophagous insects.<br />

Keywords. Aphid, mosquito, saliva, salivary gland, elicitor, enzyme.<br />

1. Introduction<br />

La salive est un liqui<strong>de</strong> biologique sécrété par les<br />

glan<strong>de</strong>s salivaires (GS). Chez l’homme, elle est<br />

constituée d’eau à 98 % et contient également <strong>de</strong>s<br />

électrolytes, du mucus, <strong>de</strong>s composés antibactériens et<br />

diverses protéines enzymatiques (Dodds et al., 2005).<br />

Elle participe à l’humidification <strong>de</strong>s muqueuses,<br />

prépare les aliments à la digestion, possè<strong>de</strong> un rôle<br />

antiseptique et constitue une réelle interface avec<br />

l’environnement extérieur (Dodds et al., 2005).<br />

Depuis plusieurs années se sont développés <strong>de</strong>s<br />

projets couplant les techniques <strong>de</strong> protéomique et <strong>de</strong><br />

transcriptomique et visant à constituer un véritable<br />

catalogue <strong>de</strong>s protéines salivaires humaines (Hu et al.,<br />

2006), le but étant d’i<strong>de</strong>ntifier parmi celles-ci <strong>de</strong>s<br />

biomarqueurs <strong>de</strong> maladies (Xie et al., 2005 ; Baldini<br />

et al., 2008). À ce titre, plusieurs protéines se sont<br />

révélées être impliquées dans le développement <strong>de</strong><br />

cancers et <strong>de</strong> tumeurs, si bien que certains chercheurs<br />

avancent que <strong>de</strong>s tests salivaires pourraient, dans le<br />

futur, remplacer la traditionnelle prise <strong>de</strong> sang (Denny<br />

et al., 2008 ; Xie et al., 2008).<br />

La salive <strong>de</strong>s insectes est également au centre<br />

<strong>de</strong>s préoccupations scientifiques. Cette matrice est<br />

impliquée dans divers processus comme la digestion,<br />

l’entretien <strong>de</strong>s pièces buccales, l’équilibre hydrique et<br />

la transmission <strong>de</strong> pathogènes (Musser et al., 2005).<br />

Elle peut induire la répulsion <strong>de</strong>s prédateurs <strong>de</strong>s<br />

insectes qui la produisent, peut possé<strong>de</strong>r une activité<br />

antimicrobienne et peut permettre <strong>de</strong> contourner les<br />

défenses <strong>de</strong> l’hôte (Musser, 2005).


370 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 2010 14(2), 369-378 Harmel N., Haubruge é. & Francis F.<br />

Certains insectes phytophages sont munis <strong>de</strong> pièces<br />

buccales piqueuses-suceuses comme les pucerons ou<br />

<strong>de</strong> pièces buccales broyeuses comme les chenilles <strong>de</strong><br />

Lépidoptères. Ils sont fortement dommageables pour<br />

une multitu<strong>de</strong> d’espèces végétales. Depuis 400 millions<br />

d’années <strong>de</strong> coévolution avec les plantes, les insectes<br />

ont développé divers mécanismes <strong>de</strong> résistance<br />

pour faire face aux défenses naturelles <strong>de</strong>s plantes<br />

(Després et al., 2007). De plus, l’utilisation massive<br />

<strong>de</strong>s insectici<strong>de</strong>s a également conduit à la sélection <strong>de</strong><br />

populations résistantes à ces substances (Davies et al.,<br />

2008). Comme la découverte et le développement<br />

<strong>de</strong> nouveaux insectici<strong>de</strong>s chimiques sont désormais<br />

en nette diminution, il reste peu d’alternatives pour<br />

lutter contre ces insectes. Le constat est le même en<br />

ce qui concerne les insectes hématophages (comme<br />

les moustiques) dont les effets sont dramatiques sur<br />

la santé humaine (Li et al., 2007). Consciente <strong>de</strong> cette<br />

problématique, la communauté scientifique a adopté<br />

une stratégie <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> moyens <strong>de</strong> lutte<br />

biologique. À ce titre, Harmel et al. (2008a) ont résumé<br />

ces différents moyens <strong>de</strong> lutte biologique contre les<br />

pucerons. Parmi ces moyens, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la salive<br />

<strong>de</strong>s insectes se révèle être d’une importance capitale<br />

autant dans le domaine agronomique que médical avec<br />

la recherche et l’i<strong>de</strong>ntification d’éliciteurs <strong>de</strong> défenses<br />

végétales chez les insectes phytophages et d’allergènes<br />

chez les insectes hématophages.<br />

L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la salive <strong>de</strong>s insectes et l’i<strong>de</strong>ntification<br />

<strong>de</strong>s composés qu’elle contient permettent <strong>de</strong><br />

comprendre les interactions que ces organismes<br />

exercent avec leur hôte. À ce titre, cet article exposera<br />

dans un premier temps les avancées réalisées dans<br />

l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la salive <strong>de</strong>s insectes hématophages. La<br />

salive <strong>de</strong>s insectes phytophages sera ensuite traitée en<br />

évoquant les cas <strong>de</strong>s insectes munis <strong>de</strong> pièces buccales<br />

broyeuses et celui <strong>de</strong>s pucerons, insectes qui, bien que<br />

phytophages, partagent <strong>de</strong> nombreux points communs<br />

avec les insectes hématophages, notamment au niveau<br />

<strong>de</strong> leur capacité à moduler les réponses <strong>de</strong> défenses <strong>de</strong><br />

leur hôte.<br />

2. Salive <strong>de</strong>s insectes hématophages<br />

De par l’impact négatif que les insectes hématophages<br />

exercent sur les vertébrés et le manque <strong>de</strong> moyens <strong>de</strong><br />

lutte réellement efficaces, <strong>de</strong> nombreuses étu<strong>de</strong>s visent<br />

à i<strong>de</strong>ntifier leurs protéines salivaires. La majorité <strong>de</strong><br />

ces recherches se sont concentrées sur les moustiques<br />

qui constituent un modèle en entomologie médicale.<br />

<strong>Les</strong> femelles exercent <strong>de</strong>s dommages directs par<br />

leurs piqûres mais également indirects en véhiculant<br />

<strong>de</strong> nombreux pathogènes transmissibles à l’homme<br />

comme le paludisme, parasitose due à un protozoaire<br />

du genre Plasmodium transmis par la piqûre <strong>de</strong> femelles<br />

d’Anopheles (Dinglasan et al., 2008). La salive est<br />

injectée à plusieurs reprises durant la pénétration<br />

<strong>de</strong>s pièces buccales dans la peau <strong>de</strong> l’hôte jusqu’aux<br />

capillaires sanguins. Différents composants salivaires<br />

induisent une anesthésie locale et empêchent le sang<br />

<strong>de</strong> coaguler dans la trompe.<br />

La salive <strong>de</strong>s moustiques contient un mélange<br />

<strong>de</strong> molécules qui inhibent et inactivent différentes<br />

composantes <strong>de</strong> la réponse hémostatique <strong>de</strong> l’hôte<br />

ainsi que les réactions inflammatoires produites<br />

par la piqûre pour faciliter l’ingestion <strong>de</strong> sang. Des<br />

composés anticoagulants et antiplaquettaires ainsi que<br />

<strong>de</strong>s vasodilatateurs ont été i<strong>de</strong>ntifiés dans les GS <strong>de</strong>s<br />

moustiques. Ces composés accroissent le fitness <strong>de</strong>s<br />

moustiques en augmentant la vitesse à laquelle le sang<br />

est trouvé et prélevé et en réduisant la probabilité d’être<br />

tué par leur hôte pendant qu’ils se nourrissent (Ribeiro<br />

et al., 2003). Certains composés affectent également<br />

la transmission <strong>de</strong> parasites par leurs vecteurs et<br />

<strong>de</strong>vraient, à terme, servir <strong>de</strong> cibles pour <strong>de</strong>s vaccins<br />

contre ces maladies (Dinglasan et al., 2008). <strong>Les</strong> GS<br />

<strong>de</strong>s moustiques contiennent, entre autres, <strong>de</strong>s enzymes<br />

associés à la digestion <strong>de</strong>s sucres (avec les maltases,<br />

glucosidases et amylases) (Calvo et al., 2004), du<br />

lysozyme qui a un rôle <strong>de</strong> défense antibactérien<br />

(Paskewitz et al., 2008), <strong>de</strong>s endonucléases qui<br />

réduisent la viscosité du sang créée par la libération<br />

d’aci<strong>de</strong> désoxyribonucléique (ADN) <strong>de</strong> l’hôte au<br />

niveau du site <strong>de</strong> piqûre (Calvo et al., 2006), <strong>de</strong>s<br />

aspyrases et d’autres protéines antiplaquettaires qui<br />

inhibent l’agrégation <strong>de</strong>s plaquettes (Champagne et<br />

al., 1995 ; Yoshida et al., 2008). Certaines protéines<br />

salivaires <strong>de</strong> moustiques ont un effet négatif sur<br />

ce <strong>de</strong>rnier comme, par exemple, les chitinases qui<br />

induisent l’élicitation <strong>de</strong> la réponse inflammatoire<br />

<strong>de</strong>s éosinophiles, cellules sanguines ayant un rôle<br />

dans le système immunitaire, suivie <strong>de</strong> la production<br />

d’anticorps dans l’hôte (Owhashi et al., 2007).<br />

La plupart <strong>de</strong> ces composés salivaires ont<br />

été i<strong>de</strong>ntifiés par <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s visant à dresser le<br />

transcriptome et le protéome <strong>de</strong>s GS <strong>de</strong> plusieurs<br />

espèces <strong>de</strong> moustiques adultes femelles. Il a ainsi<br />

été possible d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong> nouveaux transcrits<br />

associés à la nutrition <strong>de</strong>s moustiques et <strong>de</strong> nouvelles<br />

séquences protéiques et peptidiques salivaires<br />

potentielles (Valenzuela et al., 2002 ; 2003). Disposer<br />

<strong>de</strong> banques <strong>de</strong> données contenant <strong>de</strong> telles séquences<br />

est un préalable à l’établissement <strong>de</strong> profils en<br />

protéines salivaires <strong>de</strong>s moustiques, à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> leurs<br />

caractéristiques et propriétés, à la vérification <strong>de</strong> leurs<br />

rôles et au développement <strong>de</strong> stratégies visant à les<br />

bloquer. Le rôle <strong>de</strong> certaines <strong>de</strong> ces protéines a été<br />

étudié en bloquant leur expression par la technique <strong>de</strong><br />

l’aci<strong>de</strong> ribonucléique interférence (ARNi), technique<br />

consistant à introduire un ARN simple ou double<br />

brin qui interfère avec un ARN messager spécifique


étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s salives <strong>de</strong> pucerons 371<br />

conduisant à sa dégradation et à la diminution <strong>de</strong> sa<br />

traduction en protéine (Boisson et al., 2006).<br />

3. Salive <strong>de</strong>s insectes phytophages<br />

<strong>Les</strong> mécanismes <strong>de</strong> défense <strong>de</strong> la plante sont enclenchés<br />

suite à la perception <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> stimuli : l’un est<br />

mécanique, il s’agit <strong>de</strong> la blessure mécanique provoquée<br />

par l’insecte phytophage, l’autre est chimique, il s’agit<br />

<strong>de</strong> l’éliciteur présent dans la salive <strong>de</strong> l’insecte (Walling,<br />

2000). Quand l’insecte se nourrit au détriment d’une<br />

plante, il la blesse. L’étendue <strong>de</strong> cette blessure dépend<br />

du régime alimentaire <strong>de</strong> l’insecte, lui-même fonction<br />

du type <strong>de</strong> pièces buccales <strong>de</strong> l’insecte. Un insecte<br />

piqueur-suceur (comme un puceron), en insérant son<br />

stylet dans la feuille, endommage beaucoup moins les<br />

tissus du végétal qu’un insecte broyeur (Walling, 2000)<br />

(Figure 1). <strong>Les</strong> éliciteurs sont <strong>de</strong>s composés chimiques<br />

capables d’induire <strong>de</strong>s changements physiologiques<br />

chez l’organisme vivant visé, une plante dans notre cas<br />

(Zhao et al., 2005). De tels composés ont été i<strong>de</strong>ntifiés<br />

dans les sécrétions orales (SO) <strong>de</strong> plusieurs espèces<br />

d’insectes broyeurs (Tableau 1).<br />

3.1. Insectes broyeurs et éliciteurs<br />

<strong>Les</strong> éliciteurs i<strong>de</strong>ntifiés chez les insectes broyeurs<br />

appartiennent à <strong>de</strong>ux groupes : celui <strong>de</strong>s dérivés<br />

A. Insecte piqueur-suceur B. Insecte broyeur<br />

phloème<br />

Figure 1. Mo<strong>de</strong> d’alimentation <strong>de</strong>s insectes phytophages<br />

(figure modifiée d’après <strong>de</strong> Vos et al., 2007) — Feeding<br />

style of phytophagous insects (figure modified according to<br />

<strong>de</strong> Vos et al., 2007).<br />

A : les pucerons (insectes piqueurs-suceurs) insèrent dans les<br />

tissus <strong>de</strong> la plante leurs stylets qui progressent entre les cellules<br />

jusqu’à atteindre le phloème, site <strong>de</strong> prise alimentaire — aphids<br />

(piercing-sucking insects) insert in plant tissues their stylets that<br />

follow a pathway between cells to the phloem, their feeding site ;<br />

B : les chenilles (insectes broyeurs) mastiquent et lacèrent les<br />

tissus végétaux avec leurs puissantes mandibules — caterpillars<br />

(chewing insects) chew and tear plant tissues with their strong<br />

mouthparts.<br />

d’aci<strong>de</strong>s gras avec les ami<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’aci<strong>de</strong> linolénique –<br />

parmi lesquels figurent le N-[17-hydroxylinolenoyl]-<br />

L-glutamine (aussi appelé volicitine) (Alborn et al.,<br />

1997), le N-linolenoyl-L-glutamine (Lait et al.,<br />

2003) et d’autres dérivés <strong>de</strong> structure très proche –<br />

et les caeliférines (Alborn et al., 2007) et celui <strong>de</strong>s<br />

composés protéiques avec <strong>de</strong>ux enzymes lytiques – la<br />

β-glucosidase (Mattiaci et al., 1995) et la glucose<br />

oxydase (GOX) (Eichenseer et al., 1999) – et un<br />

pepti<strong>de</strong>, l’inceptine (Schmelz et al., 2007).<br />

Parmi les ami<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’aci<strong>de</strong> linolénique, la<br />

volicitine <strong>de</strong>meure l’éliciteur le plus étudié. Elle a été<br />

pour la première fois isolée <strong>de</strong>s SO <strong>de</strong> chenilles <strong>de</strong><br />

Spodoptera exigua (Hübner) (Alborn et al., 1997). Elle<br />

active, quand elle entre en contact avec <strong>de</strong>s feuilles<br />

endommagées <strong>de</strong> maïs, la biosynthèse <strong>de</strong> novo <strong>de</strong><br />

composés volatils organiques (COV) attractifs pour<br />

Cotesia marginiventris (Cresson), une guêpe qui<br />

parasite les chenilles phytophages. Ces COV servent<br />

ainsi <strong>de</strong> signal <strong>de</strong> défense pour les plants <strong>de</strong> maïs et<br />

agissent comme <strong>de</strong>s synomones en ayant un rôle<br />

positif aussi bien pour l’espèce émettrice que l’espèce<br />

réceptrice (Alborn et al., 1997).<br />

<strong>Les</strong> plantes sont capables d’émettre <strong>de</strong>s bouquets<br />

<strong>de</strong> COV spécifiques <strong>de</strong>s chenilles phytophages qui les<br />

attaquent et attractifs pour les prédateurs et parasitoï<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers (De Moreas et al., 1998 ; Mori et al.,<br />

2001). Ainsi, la volicitine et d’autres dérivés d’aci<strong>de</strong>s<br />

gras présentant une structure très proche <strong>de</strong> celle-ci ont<br />

été i<strong>de</strong>ntifiés dans les SO d’autres espèces <strong>de</strong> chenilles<br />

<strong>de</strong> Lépidoptères (Tumlinson et al., 2005) (Tableau 1).<br />

Une question importante persiste : pourquoi un<br />

insecte phytophage produit-il un composé qui induit,<br />

chez sa plante hôte, <strong>de</strong>s réponses <strong>de</strong> défense qui lui sont<br />

défavorables ? Spiteller et al. (2000) suggèrent que la<br />

volicitine serait produite par la microflore intestinale<br />

<strong>de</strong> l’insecte et fonctionnerait comme surfactant pour<br />

faciliter la digestion. Ainsi, la volicitine aurait un rôle<br />

dans le métabolisme <strong>de</strong> l’insecte et la plante l’aurait<br />

exploitée à ses propres fins (Gatehouse, 2002).<br />

<strong>Les</strong> caeliférines représentent la seule catégorie<br />

d’éliciteurs salivaires i<strong>de</strong>ntifiés chez <strong>de</strong>s insectes<br />

phytophages appartenant à un ordre autre que celui <strong>de</strong>s<br />

Lépidoptères, à savoir celui <strong>de</strong>s Orthoptères (Alborn<br />

et al., 2007) (Tableau 1).<br />

La β-glucosidase a été isolée <strong>de</strong>s SO <strong>de</strong>s chenilles <strong>de</strong><br />

Pieris brassicae L. (Mattiaci et al., 1995). Des feuilles<br />

<strong>de</strong> choux blessées mécaniquement et traitées ensuite<br />

avec la salive <strong>de</strong> l’insecte libèrent un bouquet <strong>de</strong> COV<br />

attractifs (synomones) pour Cotesia glomerata L., un<br />

parasitoï<strong>de</strong> <strong>de</strong> P. brassicae. L’enzyme cliverait les<br />

liaisons entre les COV et les sucres, ce qui entrainerait<br />

la libération <strong>de</strong> COV libres.<br />

Eichenseer et al. (1999) ont i<strong>de</strong>ntifié la GOX dans<br />

les SO <strong>de</strong> Helicoverpa zea Boddie. Musser et al.<br />

(2002) ont montré que <strong>de</strong>s feuilles <strong>de</strong> tabac blessées


372 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 2010 14(2), 369-378 Harmel N., Haubruge é. & Francis F.<br />

Tableau 1. Structure <strong>de</strong>s éliciteurs salivaires d’insectes dérivés d’aci<strong>de</strong>s gras et induisant les défenses <strong>de</strong>s plantes — Structure<br />

of insect salivary fatty acid ami<strong>de</strong>s that have been shown to elicit plant <strong>de</strong>fences.<br />

SE : Spodoptera exigua ; HV : Heliothis virescens ; MS : Manduca sexta ; SA : Schistocerca americana.<br />

mécaniquement et traitées avec <strong>de</strong> la GOX voyaient<br />

leur induction <strong>de</strong> nicotine significativement réduite en<br />

comparaison avec <strong>de</strong>s plants <strong>de</strong> tabac blessés et traités<br />

avec une GOX inactive. Cette nicotine est considérée<br />

comme allomone : elle exerce un effet positif pour<br />

l’espèce émettrice et négatif pour l’espèce réceptrice.<br />

Des résultats similaires ont été obtenus en utilisant<br />

<strong>de</strong>s chenilles dont les GS labiales ont été cautérisées<br />

(Musser et al., 2006). La GOX induit également une<br />

diminution <strong>de</strong> la transcription <strong>de</strong> gènes codant pour<br />

<strong>de</strong>s enzymes à la base <strong>de</strong> la voie <strong>de</strong> biosynthèse <strong>de</strong>s<br />

terpénoï<strong>de</strong>s (synomone) chez le tabac (Be<strong>de</strong> et al.,<br />

2006) et une diminution du contenu <strong>de</strong>s feuilles <strong>de</strong><br />

tomate en inhibiteurs <strong>de</strong> trypsine (allomone) (Musser<br />

et al., 2005).<br />

L’inceptine est un pepti<strong>de</strong> retrouvé dans les SO <strong>de</strong><br />

Spodoptera frugiperda J.E. Smith qui induit l’émission<br />

<strong>de</strong> COV attractifs pour les chenilles néonates <strong>de</strong> la<br />

même espèce par <strong>de</strong>s plants <strong>de</strong> Vigna unguiculata (L.)<br />

Walp. (Schmelz et al., 2007 ; Carrol et al., 2008). Ces<br />

COV agissent comme <strong>de</strong>s kairomones en induisant<br />

un effet négatif pour l’espèce émettrice et positif pour<br />

l’espèce réceptrice. La GOX et l’inceptine sont <strong>de</strong>ux<br />

éliciteurs avec un rôle positif pour l’insecte qui les<br />

produit.<br />

3.2. Particularités <strong>de</strong>s pucerons<br />

<strong>Les</strong> pucerons sont <strong>de</strong>s ravageurs fortement<br />

dommageables pour <strong>de</strong> nombreuses espèces végétales.<br />

Leurs stylets pénètrent l’épi<strong>de</strong>rme <strong>de</strong> la plante et<br />

les cellules du parenchyme pour atteindre les tissus<br />

phloémiens et prélever le phloème dont les pucerons se<br />

nourrissent. Ils occasionnent <strong>de</strong>s dégâts directs moins<br />

marqués que les insectes phytophages munis <strong>de</strong> pièces<br />

buccales broyeuses (Walling, 2000) (Figure 1). Par<br />

contre, ils sont responsables <strong>de</strong> dégâts indirects assez<br />

importants en véhiculant <strong>de</strong>s virus phytopathogènes.<br />

Le contact entre le puceron et le végétal se fait<br />

essentiellement par l’intermédiaire <strong>de</strong> la salive <strong>de</strong><br />

l’insecte. Étudier cette matrice permet <strong>de</strong> décortiquer<br />

les évènements qui séparent l’entrée du puceron dans<br />

la plante et la prise alimentaire phloémienne.<br />

Le puceron doit faire face aux propriétés du phloème<br />

et aux réactions qui s’y déroulent avec notamment <strong>de</strong>s<br />

protéines qui coagulent dans les éléments <strong>de</strong> vaisseau<br />

et dans le stylet du puceron (Tjallingii, 2006). Il semble<br />

que la salive aqueuse <strong>de</strong> l’insecte joue un rôle important<br />

pour empêcher cette obstruction. Cette salivation, qui<br />

intervient avant toute ingestion <strong>de</strong> phloème, se ferait<br />

en quatre pério<strong>de</strong>s (Figure 2). Durant la première, la<br />

salivation gélifiante (1) forme un manchon <strong>de</strong> salive<br />

autour <strong>de</strong>s stylets du puceron entre les cellules <strong>de</strong>s<br />

tissus végétaux pour limiter le contact direct du stylet<br />

avec l’apoplaste <strong>de</strong> la plante. <strong>Les</strong> trois autres pério<strong>de</strong>s<br />

font intervenir une salivation aqueuse tout d’abord<br />

pendant les piqûres brèves intracellulaires (2), ensuite<br />

dans les vaisseaux du phloème (3) et enfin à partir <strong>de</strong> la<br />

sève déjà ingérée (4) (Tjallingii, 2006).<br />

À ce jour, aucun éliciteur n’a été i<strong>de</strong>ntifié dans<br />

la salive <strong>de</strong>s pucerons. Cependant, plusieurs indices<br />

montrent que ces ravageurs sont capables d’induire et<br />

<strong>de</strong> manipuler les défenses <strong>de</strong> leur hôte. Par exemple, <strong>de</strong>s<br />

plants <strong>de</strong> pomme <strong>de</strong> terre infestés par <strong>de</strong>s pucerons, <strong>de</strong>s


étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s salives <strong>de</strong> pucerons 373<br />

4<br />

labium du<br />

puceron<br />

plante<br />

épi<strong>de</strong>rme mésophylle phloème<br />

(CC) (TC)<br />

1 2<br />

Figure 2. <strong>Les</strong> phases <strong>de</strong> salivation du puceron dans la<br />

plante — Salivation periods during plant penetration by<br />

aphids (Tjallingii, 2006).<br />

<strong>Les</strong> quatre types <strong>de</strong> salivation sont excrétés par le canal salivaire<br />

du puceron — The four types of salivations are excreted by the<br />

aphid salivary duct. La salive gélifiante (1) enveloppe les stylets<br />

à la manière d’une gaine lors <strong>de</strong> leur progression intercellulaire.<br />

<strong>Les</strong> trois autres salivations sont liqui<strong>de</strong>s. La salivation (2) est<br />

intracellulaire le long <strong>de</strong>s stylets. <strong>Les</strong> salivations (3) et (4)<br />

interviennent quand les extrémités <strong>de</strong>s stylets se trouvent dans les<br />

TC. La salivation (3) est une salivation primaire qui a lieu dans les<br />

TC du phloème. La salivation (4) (en pointillés le long du stylet)<br />

est une salivation secondaire. Cette salive n’atteint pas la plante<br />

mais est directement mélangée au phloème et est refoulée dans<br />

le canal alimentaire (fermé lors <strong>de</strong>s autres phases) en raison <strong>de</strong><br />

la haute pression hydrostatique exercée dans les TC — Gelling<br />

saliva (1) forms a sheath that envelops the stylets along the track<br />

in the plant tissue intercellularly. The three other periods are<br />

watery, non-gelling salivation. The intracellular salivation (2)<br />

occurs along the stylets. Both salivations (3) and (4) occur when<br />

the stylet tips are in the sieve element. Salivation (4) is a primary<br />

secretion in sieve elements. Salivation (4) (dotted long black<br />

arrow in stylet) is a secondary secretion. This saliva will not reach<br />

the plant; rather it is immediately mixed with the phloem sap that<br />

is forced into the food canal (closed during the other phases) by<br />

the high hydrostatic pressure in the sieve elements ; CC : cellules<br />

compagnes — companion cells ; TC : tubes criblés — sieve<br />

elements.<br />

insectes broyeurs ou blessés mécaniquement libèrent<br />

<strong>de</strong>s bouquets <strong>de</strong> COV différents et présentent <strong>de</strong>s profils<br />

en oxylipines différents (Harmel et al., 2007 ; Gosset<br />

et al., 2009). <strong>Les</strong> pucerons minimisent la réponse<br />

à la blessure normalement induite par les insectes<br />

broyeurs (Thompson et al., 2006). Face aux pucerons,<br />

la plante induit l’expression <strong>de</strong> gènes inefficaces<br />

comme moyen <strong>de</strong> défense (les gènes régulés par le<br />

salicylate) et inactive l’expression <strong>de</strong> gènes efficaces<br />

comme moyen <strong>de</strong> défense (les gènes régulés par le<br />

jasmonate) (Zhu-Salzman et al., 2005). À l’opposé <strong>de</strong><br />

cette manipulation <strong>de</strong>s défenses végétales, les pucerons<br />

induisent <strong>de</strong>s modifications dans la structure <strong>de</strong> la paroi<br />

cellulaire <strong>de</strong>s plantes, ce qui a pour effet <strong>de</strong> renforcer<br />

les barrières dressées contre les insectes qui son<strong>de</strong>nt<br />

3<br />

stylet<br />

les tissus végétaux (Voelckel et al., 2004 ; Qubbaj<br />

et al., 2005). Comme les dégâts mécaniques engendrés<br />

par les pucerons sont limités, leur salive joue un rôle<br />

prépondérant dans ces phénomènes.<br />

<strong>Les</strong> protéines <strong>de</strong> la salive <strong>de</strong>s pucerons sont <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

types : structurelles et enzymatiques. <strong>Les</strong> protéines<br />

structurelles interviennent dans la phase <strong>de</strong> salivation<br />

gélifiante. <strong>Les</strong> enzymes salivaires sont soit <strong>de</strong>s<br />

hydrolases (pectinases, cellulases et oligosaccharases),<br />

soit <strong>de</strong>s enzymes d’oxydation et <strong>de</strong> réduction (phénol<br />

oxydase, glucose oxydase et peroxydases) (Tableau 2).<br />

<strong>Les</strong> phénoloxydases oxy<strong>de</strong>raient les polyphénols<br />

<strong>de</strong> la plante en quinones. La pénétration du stylet du<br />

puceron dans la plante cause l’accumulation <strong>de</strong> ces<br />

polyphénols et surtout <strong>de</strong> la catéchine, certainement<br />

comme réaction <strong>de</strong> défense <strong>de</strong> la plante. On ne sait<br />

cependant pas quel avantage tire le puceron <strong>de</strong> cette<br />

excrétion <strong>de</strong> phénoloxydase. Certains suggèrent une<br />

détoxication <strong>de</strong>s phénols (Cherqui et al., 2000). Comme<br />

il semble qu’il n’y ait pas d’ingestion substantielle<br />

<strong>de</strong> flui<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la plante pendant la formation <strong>de</strong> salive<br />

gélifiante (salive dans laquelle on observe cette<br />

activité), cette explication est discutable (Cherqui et<br />

al., 2000). La peroxydase, une autre oxydoréductase,<br />

utilise le H 2<br />

O 2<br />

(une <strong>de</strong>s formes activées <strong>de</strong> l’oxygène)<br />

pour oxy<strong>de</strong>r les phénols et d’autres dérivés aromatiques<br />

(Urbanska et al., 1998).<br />

Il a été suggéré que les pectinestérases et les<br />

polygalacturonases avaient une importance majeure<br />

lors <strong>de</strong> la pénétration du stylet entre les cellules<br />

en dissolvant la pectine <strong>de</strong> lamelle médiane. Par<br />

microscopie électronique en transmission, il a été<br />

montré que les stylets suivaient les parois secondaires<br />

<strong>de</strong>s cellules en pénétrant entre les couches <strong>de</strong> cellulose<br />

et non via la lamelle. <strong>Les</strong> pectinases pourraient<br />

dégra<strong>de</strong>r les substances pectiques entre les fibres <strong>de</strong><br />

cellulose et hémicellulose mais le stylet semble aller<br />

plus vite que ce que permet l’activité. <strong>Les</strong> pectinases<br />

pourraient conduire à <strong>de</strong>s fragments <strong>de</strong> pectines qui<br />

pourraient agir comme éliciteurs (Cherqui et al., 2000).<br />

<strong>Les</strong> pectines sont <strong>de</strong>s polymères <strong>de</strong> polysacchari<strong>de</strong>s<br />

aci<strong>de</strong>s. Plusieurs poly- et oligosacchari<strong>de</strong>s (comme la<br />

chitine et le chitosan) et leurs fragments (comme les<br />

chitooligosacchari<strong>de</strong>s) sont connus comme éliciteurs<br />

chez Phytophthora sojae Kaufmann & Ger<strong>de</strong>man,<br />

Phytophthora megasperma Drechsler et Pyricularia<br />

oryzae Cavara (Zhao et al., 2005).<br />

<strong>Les</strong> enzymes salivaires <strong>de</strong>s pucerons interviennent<br />

certainement dans la détoxication <strong>de</strong>s défenses <strong>de</strong> la<br />

plante, leur rôle <strong>de</strong>vant encore être précisé. Il est à<br />

noter que, jusqu’ici, nous n’avons parlé que d’enzymes<br />

i<strong>de</strong>ntifiés par leur activité. Un lien hypothétique a été<br />

établi entre ces activités enzymatiques et leur effet<br />

sur la plante mais aucune étu<strong>de</strong> n’a pu le confirmer.<br />

Vérifier l’effet d’un éliciteur salivaire potentiel d’un<br />

insecte broyeur se fait en appliquant ce composé sur une


374 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 2010 14(2), 369-378 Harmel N., Haubruge é. & Francis F.<br />

Tableau 2. Liste <strong>de</strong>s activités enzymatiques détectées dans la salive <strong>de</strong>s pucerons — List of enzymatic activities <strong>de</strong>tected in<br />

aphid saliva.<br />

Enzyme activité détectée (D) Espèce <strong>de</strong> puceron référence<br />

(nomenclature EC) ou non détectée (ND)<br />

α-amylase (EC 3.2.1) ND AP, TT Madhusudhan et al., 1998<br />

Invertase (EC 3.2.1.26) ND ME, MP, NR, AF Miles et al., 1991<br />

Catalase (EC 1.11.1.6) ND AP, TT Madhusudhan et al., 1998<br />

Catechol oxydase D AP, TT Madhusudhan et al., 1998<br />

(EC 1.10.3.1) D ME, MP, NR, AF Miles et al., 1991<br />

D MR Peng et al., 1991<br />

D SA Urbanska et al., 1998<br />

D SA Guo et al., 2006<br />

D SG, AP, MP Cherqui et al., 2000<br />

Peroxydase D SA Urbanska et al., 1998<br />

(EC 1.11.1.7) D SG, AP, MP Cherqui et al., 2000<br />

D MR Peng et al., 1991<br />

D AG, MR, MP Miles et al., 1989<br />

ND DN Ni et al., 2000<br />

Polygalacturonase D AP, TT Madhusudhan et al., 1998<br />

(EC 3.1.1.15) D SA Guo et al., 2006<br />

D SG Ma et al., 1990<br />

D SG, AP, MP Cherqui et al., 2000<br />

Pectinestérase D AP, TT Madhusudhan et al., 1998<br />

(EC 3.1.1.11) D SG Ma et al., 1990<br />

D SG, AP, MP Cherqui et al., 2000<br />

Cellulase D SA Guo et al., 2006<br />

(EC 3.2.1.4) D DN Ni et al., 2000<br />

ND RPa Ni et al., 2000<br />

ND SG, AP, MP Cherqui et al., 2000<br />

Alkaline phosphatase ND Rpo, AG Funk, 2001<br />

(EC 3.1.3.1)<br />

Protéinase ND SG, AP, MP Cherqui et al., 2000<br />

Glucose oxydase<br />

(EC 1.1.3.4) D MP Harmel et al., 2008b<br />

AP : Acyrthosiphon pisum ; TT : Therioaphis trifolii ; ME : Macrosiphon euphorbiae ; MP : Myzus persicae ; NR : Nasonovia ribisnigri ;<br />

AF : Aphis fabae ; MR : Macrosiphum rosae ; SA : Sitobion avenae ; SG : Schizaphis graminum ; DN : Diuraphis noxia ; RPa :<br />

Rhopalosiphum padi ; RPo : Rhodobium porosum ; AG : Aphis gossypii.<br />

blessure mécanique occasionnée par l’expérimentateur<br />

à une plante. Comme l’insecte broyeur occasionne<br />

naturellement <strong>de</strong> telles blessures, aucun biais n’est<br />

introduit dans l’étu<strong>de</strong>. Il n’en est pas <strong>de</strong> même pour<br />

étudier l’effet d’un composé salivaire <strong>de</strong> pucerons sur<br />

les défenses <strong>de</strong>s plantes où l’effet d’une même blessure<br />

mécanique sur les défenses <strong>de</strong>s plantes masquerait<br />

celui du puceron (Zhu-Salzman et al., 2005).<br />

À ce jour, seules <strong>de</strong>ux étu<strong>de</strong>s ont permis d’associer<br />

une fonction à une protéine salivaire <strong>de</strong> puceron. Will<br />

et al. (2007) ont montré que <strong>de</strong>ux protéines salivaires<br />

du puceron Megoura viciae Buckton avaient la capacité<br />

d’empêcher in vitro l’occlusion <strong>de</strong>s tubes criblés (TC)<br />

du tissu phloémien <strong>de</strong> plants <strong>de</strong> fève en modifiant la<br />

conformation <strong>de</strong>s forisomes. <strong>Les</strong> forisomes sont <strong>de</strong>s<br />

inclusions protéiques dont la conformation passe d’un<br />

état contracté (en-<strong>de</strong>ssous d’un seuil <strong>de</strong> concentration<br />

en calcium) qui obstrue les TC à un état dispersé<br />

(au-<strong>de</strong>ssus d’un seuil <strong>de</strong> concentration en calcium) qui<br />

n’obstrue pas les TC. Ces protéines salivaires possè<strong>de</strong>nt<br />

<strong>de</strong>s domaines <strong>de</strong> liaison au calcium. La <strong>de</strong>uxième<br />

expérience a montré que, une fois la traduction <strong>de</strong><br />

la protéine salivaire C002 fortement diminuée par<br />

ARNi, le puceron Acyrthosiphon pisum Harris passait<br />

beaucoup moins <strong>de</strong> temps en contact avec le phloème<br />

et que sa durée <strong>de</strong> vie était réduite <strong>de</strong> 8 jours (Mutti<br />

et al., 2006 ; 2008).<br />

On en est à peine à comprendre comment le puceron<br />

manipule les défenses <strong>de</strong> la plante. C’est pourquoi les<br />

efforts actuels se concentrent sur la caractérisation <strong>de</strong> la<br />

salive <strong>de</strong>s pucerons aux niveaux du transcriptome et du<br />

protéome. L’établissement d’une banque <strong>de</strong> marqueurs


étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s salives <strong>de</strong> pucerons 375<br />

<strong>de</strong> séquences exprimées (préalable au séquençage et à<br />

l’annotation du génome) <strong>de</strong> GS du puceron A. pisum a<br />

conduit à l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> plusieurs transcripts. Parmi<br />

ceux-ci, il s’est révélé que la protéine C002 codée par le<br />

transcrit le plus abondant dans les GS d’A. pisum était<br />

nécessaire à la survie du puceron (Mutti et al., 2006 ;<br />

2008). La constitution <strong>de</strong> telles banques <strong>de</strong> données est<br />

également à la base <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s protéines<br />

salivaires <strong>de</strong>s pucerons Myzus persicae Sulzer (Harmel<br />

et al., 2008b) et A. pisum (Carolan et al., 2009). Ces<br />

<strong>de</strong>ux étu<strong>de</strong>s ont permis d’i<strong>de</strong>ntifier une enzyme <strong>de</strong><br />

conversion <strong>de</strong> l’angiotensine (métalloprotéase M2),<br />

une métalloprotéase M1, un marqueur <strong>de</strong> sénescence<br />

30 (régucalcine) et une glucose-méthanol-cholineoxydoréductase<br />

dans la salive <strong>de</strong> A. pisum (Carolan<br />

et al., 2009) et une glucose oxydase, une glucose<br />

déhydrogénase, une NADH déhydrogénase, une<br />

α-glucosidase et une α-amylase dans la salive <strong>de</strong><br />

M. persicae (Harmel et al., 2008b).<br />

4. Salives et insectes piqueurs : <strong>de</strong><br />

nouveaux enjeux<br />

La majorité <strong>de</strong> nos connaissances sur les protéines<br />

salivaires d’insectes proviennent <strong>de</strong>s moustiques.<br />

La constitution <strong>de</strong> banques d’ADNc <strong>de</strong> leurs GS<br />

a conduit à l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> protéines qui ont un<br />

rôle majeur pour l’insecte. Bien que les moustiques<br />

soient hématophages, ils présentent <strong>de</strong>s similarités<br />

dans leur mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> nutrition avec les pucerons. Ces<br />

sérieux ectoparasites ont développé <strong>de</strong>s stratégies<br />

leur permettant <strong>de</strong> traverser la peau <strong>de</strong> leur hôte et <strong>de</strong><br />

prélever son sang. <strong>Les</strong> moustiques injectent dans leur<br />

hôte une salive qui permet <strong>de</strong> moduler les réponses<br />

immunitaires et <strong>de</strong> favoriser l’ingestion <strong>de</strong> sang grâce à<br />

<strong>de</strong>s anticoagulants, <strong>de</strong>s vasodilatateurs, <strong>de</strong>s inhibiteurs<br />

d’agrégation <strong>de</strong>s plaquettes (Valenzuela et al., 2002).<br />

La stratégie <strong>de</strong>s pucerons, insectes également munis <strong>de</strong><br />

pièces buccales <strong>de</strong> type piqueur-suceur en est proche.<br />

La comparaison ne s’arrête pas là : les dégâts directs<br />

provoqués par le moustique et le puceron sont limités<br />

(pertes <strong>de</strong> sang et <strong>de</strong> sève, respectivement), alors que<br />

leurs dégâts indirects (transmission <strong>de</strong> pathogènes)<br />

sont fortement dommageables pour leur hôte.<br />

<strong>Les</strong> travaux portant sur le protéome et le transcriptome<br />

<strong>de</strong>s GS <strong>de</strong> plusieurs espèces <strong>de</strong> moustiques<br />

sont nombreux (Francischetti et al., 2002 ; Valenzuela<br />

et al., 2002 ; 2003 ; Ribeiro et al., 2004 ; 2007 ; Arcà<br />

et al., 2005 ; 2007 ; Calvo et al., 2008). Rechercher<br />

la fonction <strong>de</strong>s protéines salivaires est primordial.<br />

Disposer <strong>de</strong> banques <strong>de</strong> données contenant <strong>de</strong>s<br />

séquences entières <strong>de</strong> transcrits et <strong>de</strong> protéines est<br />

nécessaire pour associer une fonction à ces protéines,<br />

produire <strong>de</strong>s protéines recombinantes d’intérêt, étudier<br />

leurs structures et propriétés, les inactiver par ARNi,<br />

vérifier leur rôle et développer <strong>de</strong>s stratégies visant<br />

à les bloquer. De telles étu<strong>de</strong>s chez le puceron n’ont<br />

été initiées qu’assez récemment. Le fossé qui existe<br />

entre les connaissances accumulées sur la salive <strong>de</strong>s<br />

moustiques et celles <strong>de</strong>s pucerons est encore important.<br />

<strong>Les</strong> étu<strong>de</strong>s menées sur moustiques doivent servir <strong>de</strong><br />

modèle à celles qui doivent être conduites sur pucerons.<br />

Ainsi, l’analyse du transcriptome <strong>de</strong>s GS d’individus<br />

femelles d’une espèce <strong>de</strong> moustiques non hématophages<br />

a permis d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong>s protéines <strong>de</strong> fonction au<br />

préalable inconnue comme étant uniquement associées<br />

à l’assimilation <strong>de</strong>s sucres (Calvo et al., 2008). La<br />

même démarche doit être appliquée à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> SO<br />

<strong>de</strong>s pucerons. Parmi les diverses possibilités d’étu<strong>de</strong>,<br />

<strong>de</strong>s espèces présentant <strong>de</strong>s comportements alimentaires<br />

nuancés doivent être investiguées afin <strong>de</strong> pouvoir<br />

associer <strong>de</strong>s fonctions aux protéines i<strong>de</strong>ntifiées. Une<br />

autre possibilité serait d’étudier le protéome salivaire<br />

d’une espèce <strong>de</strong> puceron en relation avec la plante sur<br />

laquelle il est élevé ou encore vérifier si les protéomes<br />

salivaires <strong>de</strong> pucerons asymbiotiques et symbiotiques<br />

sont i<strong>de</strong>ntiques (Harmel et al., en préparation). Enfin,<br />

l’utilisation <strong>de</strong> la technique <strong>de</strong> l’ARNi permettra <strong>de</strong><br />

vérifier le rôle <strong>de</strong>s protéines préalablement i<strong>de</strong>ntifiées<br />

pour autant qu’un phénotype visible soit associé à<br />

l’inhibition <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong> la protéine étudiée<br />

(Reeck, communication personnelle).<br />

Des étu<strong>de</strong>s récentes portant sur le transcriptome<br />

et le protéome <strong>de</strong> la salive et <strong>de</strong>s GS <strong>de</strong> pucerons<br />

ont permis <strong>de</strong> se rendre compte que la diversité <strong>de</strong>s<br />

protéines salivaires et <strong>de</strong> leurs cibles était plus élevée<br />

que ce l’on ne pensait (Mutti et al., 2006 ; 2008 ; Will<br />

et al., 2007 ; Harmel et al., 2008b ; Carolan et al., 2009).<br />

La découverte et la compréhension <strong>de</strong>s interactions<br />

biochimiques entre les constituants salivaires <strong>de</strong><br />

l’insecte et les cibles <strong>de</strong> l’hôte sont donc d’un grand<br />

intérêt tant d’un point <strong>de</strong> vue fondamental qu’appliqué.<br />

La valorisation <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong>vra être envisagée<br />

en tenant compte du rôle bénéfique ou défavorable<br />

<strong>de</strong> l’éliciteur i<strong>de</strong>ntifié envers la plante. Si le seul<br />

éliciteur présent dans la salive du puceron réduit les<br />

défenses végétales, il faudra l’inhiber pour lutter<br />

contre l’insecte. De la sorte, l’insecte ne parviendra<br />

pas à manipuler les défenses <strong>de</strong> la plante et à les<br />

détourner à son avantage. C’est pourquoi connaitre le<br />

rôle <strong>de</strong> l’éliciteur, ses effets sur la plante et les voies<br />

métaboliques qu’il induit est primordial. Si un éliciteur<br />

induisant positivement les défenses <strong>de</strong> la plante est<br />

i<strong>de</strong>ntifié, <strong>de</strong>ux approches complémentaires pourront<br />

être combinées : l’application d’une formulation <strong>de</strong><br />

protéines élicitrices <strong>de</strong>s défenses végétales sur les<br />

espèces cultivées et la production <strong>de</strong> variétés végétales<br />

transgéniques exprimant la protéine élicitrice <strong>de</strong><br />

défense après transfert du gène d’intérêt. Dans ce cas,<br />

la plante traitée ou exprimant la protéine élicitrice<br />

développera les mécanismes <strong>de</strong> défense végétale et


376 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 2010 14(2), 369-378 Harmel N., Haubruge é. & Francis F.<br />

sera protégée préventivement <strong>de</strong>s attaques <strong>de</strong> ravageurs<br />

dans le respect <strong>de</strong> l’environnement et en toute sécurité<br />

pour les organismes non cibles, dont l’homme.<br />

En outre, compte tenu du fait que certains composés<br />

salivaires induisent <strong>de</strong>s défenses naturelles <strong>de</strong> leur<br />

hôte, le développement <strong>de</strong> bio-insectici<strong>de</strong>s basés sur<br />

ce principe semble être une alternative séduisante aux<br />

métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> contrôle actuellement disponibles.<br />

Abréviations<br />

ADN : aci<strong>de</strong> désoxyribonucléique<br />

ARNi : aci<strong>de</strong> ribonucléique interférence<br />

COV : composé organique volatile<br />

GOX : glucose oxydase<br />

GS : glan<strong>de</strong> salivaire<br />

SO : sécrétion orale<br />

Remerciements<br />

Nicolas Harmel est financé par une bourse <strong>de</strong>s Fonds<br />

pour la formation à la Recherche dans l’Industrie et dans<br />

l’Agriculture (FRIA).<br />

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