18.03.2015 Views

LES GRANDS NOTABLES DU PREMIER EMPIRE DANS LE DÉPARTEMENT DE LA DYLE

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong><strong>LE</strong>S</strong> <strong>GRANDS</strong> NOTAB<strong><strong>LE</strong>S</strong> <strong>DU</strong> <strong>PREMIER</strong> <strong>EMPIRE</strong><br />

<strong>DANS</strong> <strong>LE</strong> <strong>DÉPARTEMENT</strong> <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> DY<strong>LE</strong><br />

Jacques Logie<br />

2013 – Archives de la Ville de Bruxelles / Archief van de Stad Brussel<br />

FONTES BRUXELLÆ<br />

6


SOMMAIRE<br />

In memoriam de Jean-Pierre Nandrin 4<br />

Préface de Paul Janssens 8<br />

Introduction 18<br />

Sources et bibliographie 33<br />

Listes des notables 34<br />

Liste des soixante propriétaires les plus distingués de la Dyle en 1806 34<br />

Liste des personnes marquantes du département de la Dyle en 1810 44<br />

Etat des plus riches propriétaires du département de la Dyle (1803) 48<br />

Corpus des notables 56<br />

Remerciements 325<br />

3


In memoriam<br />

Jacques Logie,<br />

1938-2007<br />

Dans la nuit du 3 au 4 septembre 2007, Jacques Logie s’éteignait dans sa demeure<br />

de Maransart située au cœur du champ de bataille de Waterloo.<br />

Né à Louvain, Jacques Logie était le fils d’un officier combattant de la première<br />

guerre mondiale et résistant dans la seconde. Il était docteur en droit et licencié<br />

en droit international et en journalisme de l’Université libre de Bruxelles (ULB).<br />

En 1995, il avait soutenu une thèse de doctorat ès lettres à l’Université Paris IV-<br />

Sorbonne sous la direction de Jean Tulard, ce qui lui valu le titre de docteur ès<br />

Lettres<br />

Il entama sa carrière professionnelle aux barreaux de Bruxelles et de Nivelles puis<br />

à la magistrature, et l’acheva comme vice-président du tribunal de commerce de<br />

Bruxelles, institution bicentenaire.<br />

Une vie aux mille facettes telle que l’a connue Jacques Logie ne se laisse pas saisir<br />

aisément. Faut-il pour autant s’interdire d’en rendre compte au risque, inévitable,<br />

d’en réduire la complexité ? Jacques Logie lui-même ne s’est pas privé de brosser<br />

des portraits de nombreux acteurs historiques, connus ou oubliés, dont il fit ses<br />

compagnons de route au cours de ses nombreuses recherches ; il était également<br />

un compagnon de route pour plusieurs d’entre nous, et surtout pour les jeunes<br />

chercheurs qu’il suivait avec beaucoup de sollicitude et d’affection.<br />

Plusieurs passions ont animé sa vie politique et scientifique.<br />

En premier lieu, le droit. De sa formation, il avait retenu le plaisir de la controverse<br />

et surtout le sens de la rigueur qu’il appliqua non seulement dans son métier<br />

d’avocat et de magistrat, mais aussi dans ses recherches historiques. Demeurons<br />

près des textes, ne les tordons pas trop car ils traduisent une approche des faits,<br />

autant ceux plaidés et jugés que ceux livrés par les archives, telle était sa devise.<br />

Comme magistrat, il se plaisait à évoquer les plaidoiries des grands ténors du<br />

barreau bruxellois dans une discipline aussi ardue que le droit commercial ;<br />

c’était, disait-il, comme un sorte de recyclage permanent.<br />

Jacques Logie était un redoutable débateur aux positions parfois tranchées mais<br />

toujours ouvertes et respectueuses de son interlocuteur. Un passionné aussi,<br />

parfois jusqu’à l’excès, de la France et de son histoire, mais toujours disposé à<br />

partager sa connaissance des fonds d’archives à visiter.<br />

4


Bien que chercheur assidu, travailleur infatigable dans les archives judiciaires<br />

qu’il dépouillait sans cesse avec une jubilation communicatrice, Jacque Logie<br />

ne concevait pas un travail scientifique qui ne s’insère dans la vie afin de lui<br />

donner un sens. Comme beaucoup de juristes, il s’engagea donc dans la politique<br />

communale : il fut conseiller, puis échevin de 1970 à 1974. Il quitta la politique<br />

pour entamer sa carrière de magistrat, pour y revenir en 2000 comme conseiller<br />

communal pour le Mouvement réformateur (libéral) à Lasne, commune située au<br />

cœur même du champ de bataille de Waterloo. Il créa ensuite une liste dissidente,<br />

Alternative libérale lasnoise, dont il mena la liste aux élections communales de<br />

2006.<br />

Par ailleurs, il s’engagea dans de nombreux cercles d’histoire locale ; il était<br />

également membre associé de plusieurs centres de recherches universitaires : le<br />

Centre interdisciplinaire de recherche sur l’histoire de Bruxelles (CIRHIBRU)<br />

de l’Université de Bruxelles, le Centre de recherche en histoire du droit et des<br />

institutions (CRHIDI) des Facultés universitaires Saint-Louis à Bruxelles) et le<br />

Centre d’Histoire du droit et de la justice (CHDJ) de Université de Louvain-la-<br />

Neuve.<br />

On comprend dès lors que Clio fut sa passion de tous les jours.<br />

Son premier opus est consacré à l’indépendance de la Belgique en 1830 1 , thème<br />

combien d’actualité et parasité par tant d’idéologies ignorantes. Cet ouvrage,<br />

préfacé par l’historien Jean Stengers, spécialiste notament du début de la Belgique<br />

indépendante, demeure encore aujourd’hui une référence obligée pour l’étude<br />

de la révolution belge. Jean Stengers y louait la probité d’esprit, la sérénité et<br />

l’équilibre dans le jugement. Ajoutons l’étude approfondie et critique des sources<br />

originales, revisitées à la lumière d’une approche exempte de partis pris, et une<br />

écriture limpide et agréable à lire. Jacques Logie avait trouvé sa voie : toujours se<br />

référer aux sources, les confronter et les communiquer au grand public.<br />

On retrouve la rigueur et la passion pour une autre recherche qui l’occupa de<br />

longues années : la magistrature et la révolution française. Sa thèse de doctorat<br />

porte sur les magistrats des cours et tribunaux en Belgique, de1794 à 1814. Cet<br />

« essai d’histoire politique et sociale », publié en 1998 chez Droz 2 , représente<br />

la première tentative régionale d’une étude systématique d’un corps de l’État,<br />

d’autant plus fondateur, qu’il joua un rôle capital dans la formation du nouvel<br />

État. A l’image de son auteur, l’étude dépasse bien des clivages : interprétations<br />

de droite et de gauche, lectures laïques et religieuses, échelle nationale et réalités<br />

1<br />

1830. De la régionalisation à l’indépendance, Paris-Gembloux, Éditions Duculot, 1980.<br />

2<br />

Les magistrats des cours et tribunaux en Belgique. 1794-1814. Essai d’approche politique et<br />

sociale, Genève, Droz, 1998, 513 p. (Collection Ecole pratique des Hautes études. IV e Section,<br />

Sciences historiques et philologiques. V. Hautes études médiévales et modernes. 80).<br />

5


locales, périodes révolutionnaire et napoléonienne, approches d’historiens<br />

« amateurs » et « académiques ». Dans la préface à l’ouvrage, Jean Tulard, le<br />

spécialiste reconnu de la période napoléonienne, souligne que « pour mener à<br />

bien cette enquête, il fallait un historien belge, familier de la période […] mais<br />

aussi un bon connaisseur des archives françaises. Jacques Logie réunissait toutes<br />

ces qualités et d’autres encore : expérience professionnelle et don d’écriture<br />

incontestable ». Jacques Logie était un passionné de la période révolutionnaire<br />

française dont il connaissait tous les épisodes qu’il évoquait au travers les<br />

magistrats des départements réunis.<br />

Très logiquement, Jacques Logie ne pouvait ignorer Waterloo. Il s’investit<br />

donc avec ardeur pour en défendre l’histoire, l’histoire réelle et non imagée ou<br />

fantasmée, et en protéger l’espace. La veille de sa mort, comme président de la<br />

commission provinciale du patrimoine de la province de Brabant wallon, il avait<br />

pu se réjouir de voir accepté un de ses projets, l’extension du classement du site<br />

de la bataille dans la perspective du bicentenaire de 2015. Ce combat ne pouvait<br />

que s’appuyer sur des ouvrages sur Waterloo : ici aussi on retrouve le fil rouge de<br />

sa démarche : recherche, publication et insertion dans le milieu s’interpénètrent<br />

étroitement.<br />

Retenons deux ouvrages majeurs sur Waterloo, en particulier sur la campagne<br />

de 1814 et la bataille de la France contre l’Europe. Le premier, au titre suggestif,<br />

Waterloo. L’évitable défaite 3 , que Jean Tulard a qualifié de remarquable. Pourquoi<br />

Napoléon a-t-il perdu sa dernière campagne ? Confrontant les thèses en présence<br />

dans un esprit de stricte impartialité, Jacques Logie arrive à la conclusion que<br />

c’est par nonchalance que l’Empereur rencontra l’irrémédiable défaite, disculpant<br />

ainsi Grouchy et Ney des reproches qui souvent leur ont été adressés. A la fois<br />

récit de campagne et guide du champ de bataille de Waterloo.<br />

C’est en se souvenant du dicton du poète Boileau, « Cent fois sur le métier<br />

remettez votre ouvrage » que Jacque Logie amplifia son travail dans un second<br />

livre, Waterloo. La campagne de 1815 4 Qu’on en juge par la table des matières<br />

rapidement esquissée ici : la campagne de 1815 décrite de manière exhaustive,<br />

précédée par un aperçu des techniques de la guerre en 1815 ; l’après Waterloo,<br />

suivi par une troisième partie consacrée à Waterloo, lieu de mémoire (les<br />

monuments, le lion, la préservation du champ de bataille, l’historiographie,<br />

le cinéma, la littérature, la peinture et la place de Waterloo dans l’histoire<br />

européenne). L’ouvrage fait aujourd’hui référence pour toute étude de la période<br />

napoléonienne.<br />

Au-delà de l’érudition et de l’histoire, Jacques Logie était soucieux de<br />

3<br />

Waterloo. L’évitable défaite, Bruxelles, Duculot, 1984.<br />

4<br />

Waterloo. La campagne de 1815, Bruxelles Éditions Racine, 2003.<br />

6


combiner l’histoire des institutions et celle des hommes qui les composent et<br />

les font fonctionner. Il fit sienne la devise de Marc Bloch : « Là où il flaire la<br />

chair humaine, il sait que là est le gibier » 5 . A ce titre, il confectionna plusieurs<br />

répertoires biographiques, préalables indispensables pour lui de toute recherche<br />

historique. Il était un fervent partisan de la prosopographie<br />

Pour ne point alourdir l’édition de sa thèse de doctorat, il l’amputa d’une<br />

impressionnante prosopographie des magistrats, résutat d’un immense<br />

dépouillement d’archives, travail ingrat mais indispensable si l’on souhaite<br />

privilégier les hommes, les hommes de justice sans lesquel point d’histoire<br />

rigoureuse. La magistrature, ce sont d’abord des hommes de lois qui « font<br />

tourner la machine », qui inaugurent des jurisprudences d’autant plus fluctuantes<br />

qu’elles subissaient les aléas autant des secousses politiques que des nombreuses<br />

législations promulguées à cette époque. Dans la foulée, il entreprit un des projets<br />

qui le tenait à cœur : une prosopographie des magistrats de la période hollandaise<br />

(1814-1830) dont il connaissait à merveille les fonds d’archives à La Haye, tâche<br />

qu’il ne put achever. Cette obsession de scruter, de décrire et de narrer l’histoire<br />

des hommes et non des idées, le conduisit aussi à élaborer la prosopographie des<br />

grands notables du Brabant.<br />

Jean-Pierre Nandrin<br />

5<br />

Marc BLOCH, Apologie pour l’histoire, Paris, Armand Colin, 1974, p. 35.<br />

7


Préface<br />

Les grands notables dans les départements belges 6<br />

L’annexion de 1795 à 1815 des provinces belges à la France révolutionnaire<br />

et impériale nous a laissé quelques précieuses séries de documents concernant<br />

les personnalités les plus en vue de l’époque. Citons la contribution militaire<br />

de 1794, qui visait indistinctement tous les riches, l’emprunt forcé de l’an IV<br />

(1796), beaucoup plus large, les listes d’électeurs faisant partie des collèges<br />

électoraux des arrondissements et départements, les listes municipales des 100<br />

citoyens les plus imposés et celles des 600 personnes les plus imposées au niveau<br />

départemental.<br />

A la base, des assemblées cantonales appelaient au vote tous les citoyens. Mais<br />

ce droit de vote accordé à tous avait des effets limités. Les citoyens eux-mêmes<br />

n’élisaient aucun représentant. Leur compétence se limitait à désigner des<br />

candidats aux fonctions locales. Il incombait aux autorités supérieures d’opérer<br />

un choix parmi ceux-ci. Au demeurant, les candidats retenus pour faire partie du<br />

conseil municipal devaient tous être inscrits sur la liste des 100 citoyens les plus<br />

imposés de la commune.<br />

La désignation de candidats pour exercer des fonctions régionales ou nationales<br />

était réservée aux collèges électoraux d’arrondissement et de département. Ce<br />

corps électoral restreint (entre 120 et 200 personnes par collège d’arrondissement<br />

et de 200 à 300 personnes par collège départemental) était désigné à vie par les<br />

électeurs cantonaux. Au niveau des arrondissements, leur choix pouvait s’opérer<br />

librement, tandis que les membres du collège électoral du département devaient<br />

tous faire partie de la liste des 600 contribuables les plus imposés. La tâche de<br />

ces collèges électoraux restreints se limitait à la désignation de candidats aux<br />

fonctions de conseiller d’arrondissement ou de département. Ceux-ci étaient<br />

nommés par le pouvoir exécutif. Les collèges électoraux choisissaient également<br />

des candidats jugés aptes à siéger dans les assemblées législatives nationales.<br />

Dans ce cas, c’était l’Empereur lui-même qui opérait le tri 7 .<br />

6<br />

Nous suivons la terminologie de l’époque. Ce sont les révolutionnaire français qui désignent<br />

systématiquement les anciens Pays-Bas autrichiens et la principauté de Liège comme « la<br />

ci-devant Belgique » après leur rattachement à la France. Le vocable se maintient sous le<br />

Premier Empire. Voir, par exemple, Charles OUDIETTE, Dictionnaire géographique et<br />

topographique des treize départements de la Belgique et de la rive gauche du Rhin, Paris,<br />

1804. Ou encore, le commentaire en 1809 du préfet de la Dyle, cité par Jacques Logie : « Le<br />

Belgique perd par la guerre avec l’Autriche les intérêts des nombreux capitaux qu’elle avait<br />

placés à la Banque de Vienne. »<br />

7<br />

Sénatus-consulte organique de la Constitution du 16 thermidor an X (4 août 1802), consulté<br />

le 31 décembre 2012 sur le site http://www.droit-constitutionnel.com/sénatus-consulte-des-<br />

14-et-16-thermidor-an-x---2-et-4-août-1802---texte-intégral.html.<br />

8


Les listes des collèges électoraux sont bien mieux documentées que les listes<br />

purement nominatives des 100 ou 600 contribuables les plus imposés. On y trouve<br />

l’indication de l’état-civil et du nombre d’enfants, les fonctions exercées et le<br />

niveau de fortune. Bien entendu, l’âge de ces électeurs varie (une majorité d’entre<br />

eux ont entre 40 et 60 ans) et les informations disponibles ne vont pas au-delà<br />

de la date de leur désignation au collège électoral. A la différence des collèges<br />

d’arrondissement, qui se composent uniquement des plus gros contribuables, les<br />

collèges d’arrondissement offrent une palette sociale plus variée, mieux à même<br />

d’illustrer le contraste régional.<br />

Ce système électoral complexe permet d’éviter l’élection directe des mandataires,<br />

tout en maintenant l’apparence du suffrage universel. Les millions d’électeurs du<br />

Premier Empire ont pour tâche principale de désigner des ’grands électeurs’. Dans<br />

chaque département, un millier de notables locaux ou provinciaux font partie de<br />

ce corps électoral restreint, le seul qui compte vraiment. Ces ’grands électeurs’<br />

dressent une double ou triple liste de candidats susceptibles de devenir membre<br />

des conseils d’arrondissements et de département ou des assemblées législatives.<br />

Le pouvoir exécutif opère un choix parmi les candidats proposés. Pour mieux<br />

éclairer ce choix, les préfets dressent pour leur part des listes plus sélectives<br />

encore, qui se limitent aux trente ou soixante contribuables les plus imposés<br />

du département. D’autres listes préfectorales, tout aussi sélectives, opèrent un<br />

tri parmi les personnalités les plus marquantes du département, sans référence<br />

explicite à la fortune. Mais que l’on ne s’y trompe pas, il s’agit dans les deux cas<br />

de grands notables (moins d’une centaine de personnes par département).<br />

Électeurs ➝ ’grands électeurs’ ➝ candidats (notables ➝ mandataires<br />

(notables) et grands notables)<br />

Ernest Labrousse le premier avait suggéré une étude systématique des élites<br />

napoléoniennes dans l’ensemble des départements. Les élites auxquelles il<br />

se référait étaient constituées par les membres des collèges départementaux,<br />

« source massive et homogène de la société politique française » 8 . L’idée a<br />

été reprise en 1970 par Louis Bergeron et Guy Chaussinand-Nogaret 9 , qui ont<br />

fait encoder toutes les listes électorales disponibles durant l’époque impériale,<br />

alors que l’informatique appliquée à la recherche historique en était encore à<br />

ses premiers pas. Les quelque cent mille ’grands électeurs’ ainsi rassemblés ont<br />

fait l’objet d’un premier traitement statistique, qui a mis en lumière la diversité<br />

8<br />

Ernest <strong>LA</strong>BROUSSE, Voies nouvelles vers une histoire de la bourgeoisie occidentale (1700-<br />

1850), dans : Xe Congrès international des sciences historiques : 4, Rome, 1955.<br />

9<br />

Robert FORSTER, Guy CHAUSSINAND-NOGARET, Louis BERGERON, Les notables du<br />

Grand Empire, dans : Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 25, 1970, pp. 534 – 535 et<br />

Louis BERGERON, Guy CHAUSSINAND-NOGARET, Robert FORSTER. Les notables du<br />

« Grand Empire » en 1810, dans: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 26, 1971, pp.<br />

1052-1075.<br />

9


marquée d’un département à l’autre 10 . En marge de cette entreprise monumentale,<br />

menée à bien au bout de quelques années à peine, ces deux historiens ont mis en<br />

chantier un programme encore plus ambitieux visant les listes des personnalités<br />

départementales les plus marquantes, établies par les préfets vers 1810. Ces<br />

listes très sélectives n’atteignent qu’un dixième à peine du nombre des ’grands<br />

électeurs’ napoléoniens.<br />

Ces deux projets complémentaires avaient une finalité très différente. L’étude des<br />

’grands’ électeurs était de nature statistique et se fondait sur une vaste banque<br />

de données, qui rassemblait toutes les données extraites des listes rédigées<br />

par l’administration impériale. Tout autre est l’approche des personnalités<br />

marquantes. Il s’agit dans ce cas d’une recherche prosopographique, qui retrace<br />

la carrière toute entière de ces grands notables, tant en amont qu’en aval de la liste<br />

préfectorale arrêtée vers 1810. Pour chaque département, il est fait appel à des<br />

érudits locaux instruits des ressources documentaires du lieu. Le premier tome<br />

des Grands notables paraissait en 1978. Lorsque en 2001 le Centre national de<br />

la recherche scientifique décida brusquement d’interrompre la série, 28 volumes<br />

avaient été publiés couvrant plus du tiers des départements (53 sur 130) 11 .<br />

Dès le départ, la série des Grand notables était ouverte aux départements annexés.<br />

Ainsi, le deuxième volume inclut les départements du Mont-Blanc (Savoie) et du<br />

Leman (Suisse), tandis que le volume suivant réunit entre autres les départements<br />

allemands de Rhin-et-Moselle et de la Roer. Constatant l’absence regrettable des<br />

départements belges dans cette collection, nous avons constitué en 1989 un Groupe<br />

de contact du FNRS en vue de remédier à cette carence 12 . Lors de l’interruption de<br />

la collection en 2001, les départements de Sambre-et-Meuse (Namur), de l’Ourthe<br />

(Liège) et de l’Escaut (Flandre Orientale) avaient été intégrés à la collection 13 .<br />

Les recherches préliminaires concernant le département de Jemappes (Hainaut)<br />

10<br />

Louis BERGERON et Guy CHAUSSINAND-NOGARET, Les ’masses de granit’. Cent mille<br />

notables du Premier Empire, Paris, Ecole des hautes études en sciences sociales, 1979.<br />

11<br />

La liste des différents fascicules, parus sous le titre générique Grands notables du Premier<br />

Empire, peut être consultée sur le site du Centre national de la recherche scientifique à Paris.<br />

(http://www.cnrseditions.fr/115__Grands-Notables-premier-Empire, consulté le 31 décembre<br />

2012). Après plusieurs années d’interruption, la Librairie Guénégaud a repris la publication<br />

de cette collection. En 2010 paraissait un premier volume dédié au département du Cher<br />

(Guillaume Lévêque) et en 2011 un second consacré au département du Rhône (Jean-<br />

Philippe Rey).<br />

12<br />

Paul JANSSENS, De werkzaamheden van de NFWO-Contactgroep ’Vermogen, Prestige,<br />

Macht, 1794-1815’, dans: Het politiek personeel tijdens de overgang van het Ancien Regime<br />

naar het nieuw regiem in België/ Le personnel politique dans la transition de l’ancien régime<br />

au nouveau régime en Belgique (1780-1830), éd. Piet <strong>LE</strong>N<strong>DE</strong>RS, Kortrijk-Heule, UGA,<br />

1993, pp. 99-102 (Standen en Landen 96).<br />

13<br />

Cécile DOUXCHAMPS-<strong>LE</strong>FEVRE, Grands notables du Premier Empire: 22. Sambre-et-<br />

Meuse, Paris, CNRS Editions, 1995, Georges HANSOTTE, Grands notables du Premier<br />

Empire: 23. Ourthe, Paris, CNRS Editions, 1995, Conny <strong>DE</strong>VOL<strong>DE</strong>R, Grands notables du<br />

Premier Empire: 28. Escaut, Paris, CNRS Editions, 2001.<br />

10


ont été présentées sous forme de contribution dans un recueil 14 , tandis que celles<br />

du département de la Lys (Flandre Occidentale) sont restées inédites 15 . Le décès<br />

accidentel de Karel Degryse en 2004 a empêché l’achèvement du fascicule<br />

concernant le département des Deux-Nèthes (Anvers). Sa thèse impressionnante<br />

consacrée aux élites de la ville d’Anvers permet de remédier en partie à cette<br />

carence. La publication de l’étude remarquable de Jacques Logie concernant le<br />

département de la Dyle (Brabant) vient provisoirement clore cette série toujours<br />

inachevée. En mettant côte à côte les données disponibles pour les ’grands’<br />

électeurs et pour les grands notables, on aboutit au résultat suivant :<br />

’grands’ électeurs 16<br />

grands notables<br />

Deux-Nèthes : - (Degryse)<br />

Dyle : - Logie<br />

Escaut : - Devolder<br />

Forêts : + -<br />

Jemappes : - Bruwier<br />

Lys : + (Vincke)<br />

Meuse Inférieure : + -<br />

Ourthe : - Hansotte<br />

Sambre et Meuse : + Douxchamps<br />

Comment se situent les résultats auxquels aboutit l’étude de Jacques Logie par<br />

rapport à ceux des autres départements belges ? La liste des personnes les plus<br />

marquantes rédigée en 1812 par le préfet du département de Sambre-et-Meuse<br />

devait reprendre, selon les instructions, « les fonctionnaires militaires et civils<br />

14<br />

Marinette BRUWIER, Notables du département de Jemappes en 1813, dans: Jan ART et Luc<br />

FRANCOIS, éds., Docendo Discimus, Liber Amicorum Romain Van Eeenoo, Gand, 1999, pp.<br />

865-892.<br />

15<br />

Stephan VINCKE, Notabelen in het Leiedepartement tijdens het Franse keizerrijk, Gand,<br />

1990 (mémoire de licence inédit sous la direction de Luc François).<br />

16<br />

Louis BERGERON et Guy CHAUSSINAND-NOGARET, Les ’masses de granit’. Cent mille<br />

notables du Premier Empire, Paris, Ecole des hautes études en sciences sociales, 1979, pp.<br />

104-106 et 121-122 : tableaux numériques et représentation graphique par arrondissement et<br />

par département.<br />

11


les plus distingués, les propriétaires les plus considérables, les hommes issus des<br />

familles les plus illustres » 17 . En parcourant la liste préfectorale, on s’aperçoit<br />

que les noms des grands négociants et les fabricants côtoient ceux des grands<br />

propriétaires fonciers. Cependant, les aristocrates constituent la majorité des<br />

grands notables namurois. Les fonctionnaires occupent la deuxième place. Ceci<br />

reflète la configuration économique du département, qui ne compte qu’une seule<br />

ville de quelque importance (Namur n’a pas plus de 15.000 habitants).<br />

La thèse magistrale de Luc François et les nombreux articles qui l’ont suivie avaient<br />

déjà mis en évidence pour l’ensemble du pays une continuité frappante dans le<br />

parcours des mandataires et des fonctionnaires 18 . Nombre d’entre eux survivent à<br />

l’ancien régime et poursuivent imperturbablement leur carrière sous le Directoire,<br />

le Premier Empire, le royaume des Pays-Bas et la Belgique indépendante. Il n’en<br />

va pas autrement en Sambre-et-Meuse, mais les belles carrières menées par des<br />

membres de l’aristocratie sont frappantes. Ainsi, Hilarion de Liedekerke, qui est<br />

grand maréchal de la Cour de 1817 à 1830, ou Goswin de Stassart, qui terminera<br />

sa longue carrière comme président du Sénat belge.<br />

Le niveau de fortune des grands notables namurois (ils sont 67) est très varié,<br />

mais il reste pour une majorité de notables modeste en comparaison avec celui<br />

d’autres départements. Ce sont les fonctionnaires et les magistrats qui sont les<br />

plus nombreux dans la catégorie des petites fortunes. A l’inverse, les plus grosses<br />

fortunes appartiennent en majorité la noblesse et dans une moindre mesure aux<br />

acquéreurs de biens nationaux et à quelques hommes d’affaires.<br />

Pour le département de l’Ourthe, la liste des personnes les plus marquantes<br />

est introuvable. A défaut, Hansotte a constitué un groupe de 58 personnes qui<br />

correspondent aux critères retenus à l’époque par les préfets pour dresser leur<br />

liste 19 . Trois critères doivent être retenus : tout d’abord, l’allégeance au régime<br />

napoléonien, ensuite la notoriété résultant des activités personnelles ou familiales,<br />

et enfin la considération sociale qui en découle. La fortune en tant que telle ne<br />

constitue pas un critère distinctif. Les grands notables ne se confondent donc pas<br />

avec les contribuables les plus imposés.<br />

17<br />

Toutes les données concernant le département de Sambre et Meuse sont empruntées à l’étude<br />

citée ci-dessus de Cécile Douxchamps-Lefèvre.<br />

18<br />

Luc FRANCOIS, Elite en gezag: analyse van de Belgische elite in haar relatie tot de<br />

politieke regimewisselingen, 1785-1835, Gand, Faculté de Philosophie et Lettres, 1987, 4<br />

vol. (thèse de doctorat inédite). Pour les articles, voir l’aperçu bibliographique sur le site de<br />

l’université: https://biblio.ugent.be/person/801000430493 (consulté le 31 décembre 2012).<br />

19<br />

Les résultats concernant le département de l’Ourthe se trouvent dans l’étude de Georges<br />

Hansotte citée ci-dessus.<br />

12


Dans l’Ourthe comme ailleurs, les activités exercées par les grands notables<br />

reflètent les spécificités départementales. Pour une part, il est vrai, elles sont<br />

partout les mêmes. L’exercice du pouvoir désigne les membres du Corps législatif<br />

ou du Conseil d’Etat, les conseillers généraux ou de préfecture du département<br />

et même quelques maires et conseillers municipaux. Parmi les magistrats, on<br />

retrouve des membres de la cour impériale, mais aussi quelques membres des<br />

tribunaux d’arrondissement. Tout comme la fonction publique, les rentiers sont<br />

partout bien représentés, en particulier les grands propriétaires fonciers dont la<br />

famille est implantée depuis plusieurs générations dans le département. C’est<br />

finalement le nombre et le profil des négociants et fabricants qui expriment le<br />

mieux les particularités de chaque département. Parmi les grands notables de<br />

l’Ourthe apparaissent des noms prestigieux, tels que les Biolley et les Simonis, qui<br />

ont établi leur renommée au-delà des frontières en introduisant la mécanisation<br />

dans la fabrication du drap.<br />

Mais quels que soient les mérites individuels ou familiaux, le critère politique<br />

reste incontournable. Les révolutionnaires de la première heure, qui se sont<br />

dressés contre l’autorité du prince-évêque, les adeptes de la révolution française,<br />

qui se sont opposés à l’ancien régime, les partisans de l’annexion à la France<br />

révolutionnaire sont irrémédiablement écartés s’ils ne se sont pas ralliés<br />

ouvertement au nouvel ordre instauré par Napoléon. Il n’est donc pas étonnant<br />

que les grands notables soient pour la plupart issus des collèges électoraux<br />

d’arrondissement et de département. Ce sont des gens aisés, mais ils ne font pas<br />

nécessairement partie des contribuables les plus imposés.<br />

L’importance du département de l’Escaut ne prête pas au doute. Suivant le décret du<br />

9 floréal an IV (28 avril 1796) concernant la répartition de l’impôt, l’Escaut figure<br />

au quatrième rang de l’ensemble des départements français. Devolder ne s’est pas<br />

contentée de prendre comme base de ses recherches la Liste des personnes les<br />

plus marquantes du département (1812), qui contient 62 noms 20 . Elle a complété<br />

cette liste en la comparant à celle des trente plus imposés du département (1803),<br />

celle des particuliers distingués par leurs talents ou leurs services, qui ne sont<br />

pas portés sur la liste des plus imposés (1803) et celle soixante propriétaires les<br />

plus distingués et par leur fortune, et par leurs vertus publiques et privées (1805).<br />

Les grands notables ainsi constitués sont une centaine.<br />

Dans la plupart de ces listes, les acquéreurs de biens nationaux sont largement<br />

représentés. Cela n’est pas étonnant, puisqu’ils étaient très fortunés et avaient tout<br />

intérêt au maintien du nouveau régime. Nombre d’entre eux avaient pu acquérir<br />

plusieurs centaines d’hectares. Tous ensembles, ils s’étaient partagé les 27.000<br />

ha mis en vente à bas prix dans le département. Les liens familiaux au sein de ce<br />

20<br />

Les données concernant le département de l’Escaut ont été recueillies par Conny Devolder<br />

dans l’étude mentionnée ci-dessus.<br />

13


groupe sont frappants : des fils y figurent à côté de leurs pères, de neveux et leur<br />

oncle, des frères aussi. Des mariages renforcent encore ses liens et rassemblent<br />

des beaux-frères.<br />

Si l’on compare les départements de Sambre-et-Meuse et de l’Escaut, la différence<br />

entre les niveaux de fortune est frappante. Alors que la moitié des grands notables<br />

Namurois ont un revenu foncier annuel inférieur à 5.000 francs, le seuil de celui<br />

de leurs homologues Flamands atteint 20.000 francs.<br />

Sous le Premier Empire, Gand est un centre économique de première importance.<br />

Liévin Bauwens réussit à importer d’Angleterre le procédé de la filature<br />

mécanique du coton, qui sera à l’origine de l’essor de l’industrie textile. Pourtant,<br />

les négociants et fabricants ne sont pas les plus nombreux au sein des grands<br />

notables. La première place est occupée par les magistrats et fonctionnaires.<br />

Parmi ceux-ci, il est vrai que la moitié s’occupe de la gestion financière du<br />

département ou des municipalités. Les grands propriétaires fonciers n’arrivent<br />

qu’à la troisième place. D’abord assez réticents, les aristocrates finissent par se<br />

rallier à Napoléon, « le monarque bienfaiteur à qui notre patrie doit tout, dira J.<br />

della Faille, le retour à l’ordre, aux mœurs, aux sentiments religieux et à qui elle<br />

devra bientôt la paix. » Mais sur ce dernier point, les partisans du nouvel ordre ne<br />

manqueraient pas d’être cruellement déçus… En attendant, les grands notables du<br />

département de l’Escaut se retrouvent nombreux à tous les niveaux du pouvoir : le<br />

Corps législatif (où siégeait J. della Faille), au conseil de préfecture et au conseil<br />

général du département, comme sous-préfet ou conseiller d’arrondissement,<br />

enfin comme membres du conseil municipal à Gand et dans des localités moins<br />

importantes. Leurs activités ne s’arrêtent pas là. On les retrouve aussi dans des<br />

organismes caritatifs et culturels, s’occupant de botanique, d’enseignement,<br />

d’économie ou de médecine.<br />

Tout comme d’autres auteurs, Jacques Logie s’est basé sur plusieurs listes pour<br />

délimiter les grands notables de l’époque. Ce procédé permet de pallier à l’absence<br />

surprenante de noms illustres sur la liste des personnalités marquantes rédigée<br />

vers 1810. On obtient ainsi une image plus complète des grands notables sous le<br />

Premier Empire, om même sous le Directoire, mais en négligeant le glissement<br />

politique qui s’opère en faveurs des personnes qui se rallient tardivement au<br />

régime napoléonien. Car la fusion des élites s’opère inévitablement au détriment<br />

des révolutionnaires de la première heure. Les plus radicaux d’entre eux sont<br />

écartés et doivent céder la place aux représentants de l’ancien régime. Pour la<br />

Dyle, les deux listes de base datent respectivement de 1806 et 1810. En dépit des<br />

dates rapprochées, le contraste est net. Encore nombreux en 1806 (près du tiers),<br />

la plupart des anciens collaborateurs du Directoire ont été éliminés de la liste en<br />

1810. La noblesse, par contre, y occupe deux tiers des places.<br />

Très attentif aux relations familiales et aux alliances, Logie montre que les grands<br />

notables se cantonnent pour la plupart dans leur propre milieu : les nobles s’allient<br />

14


le plus souvent avec des nobles de même niveau, négociants et fonctionnaires font<br />

de même. Les mariages entre cousins germains ne se rencontrent pas seulement<br />

parmi les nobles, mais aussi au sein de la noblesse.<br />

L’écart entre un département sans grandes villes, comme celui de Sambre-et-<br />

Meuse, et celui de la Dyle se mesure aisément en comparant les niveaux de<br />

revenus annuels issus de la propriété immobilière. Le contraste est d’autant plus<br />

instructif que dans ces deux départements la noblesse est la plus nombreuse<br />

parmi les grands notables. Le nombre de personnes ayant un revenu inférieur à<br />

10.000 francs est négligeable dans le département de la Dyle, alors qu’en Sambreet-Meuse<br />

plus de la moitié des grands notables ne dépassent pas ce seuil. Les<br />

notables richissimes, jouissant d’un revenu immobilier supérieur à 40.000 francs,<br />

sont majoritaires dans le département de la Dyle, alors qu’ils ne sont qu’un sur<br />

cinq dans les départements de l’Escaut et de l’Ourthe, et 5% à peine en Sambreet-Meuse.<br />

Bruxelles, ancienne capitale des Pays-Bas autrichiens, est restée après<br />

l’annexion à la France le point de ralliement de la haute noblesse.<br />

Dans chacun des départements étudiés, les auteurs peuvent constater dans quelle<br />

mesure la tentative de rassembler autour du trône les anciennes et les nouvelles<br />

élites a réussi. L’attention portée aux carrières politiques en-deçà et au-delà de la<br />

constitution des listes de grands notables permet également de mesurer le degré de<br />

continuité dans l’exercice du pouvoir sous les différents qui se sont succédés dans<br />

les provinces belges de la fin de l’ancien régime jusqu’au règne de Léopold Ier.<br />

Jacques Logie souligne avec raison que la souplesse des responsables politiques<br />

ne peut être généralisée. Elle vaut pour le plus grand nombre des grands notables<br />

parce que ceux-ci sont apparemment dépourvus de convictions idéologiques<br />

tranchées ou parce que leurs opinions politiques évoluent. En revanche, ceux qui<br />

s’identifient de manière inconditionnelle à un régime particulier, se retirent les<br />

plus souvent des affaires publiques lorsqu’un nouveau pouvoir se met en place.<br />

Comment conclure ? Le découpage administratif, que ce soit au niveau du<br />

département ou même de l’arrondissement, permet de mettre en évidence<br />

les disparités régionales, mais d’une manière peu précise. La cartographie<br />

administrative ne se confond pas avec la géographie économique et sociale.<br />

Bergeron et Chaussinand-Nogaret avaient montré la voie en analysant les<br />

’grands électeurs’ au niveau de chaque arrondissement avant de procéder à un<br />

regroupement départemental. Malheureusement, cette approche n’a pas pu être<br />

maintenue pour la collection des Grands notables. En y regardant de plus près, on<br />

s’aperçoit que c’est au niveau local que les contrastes sont les plus marqués. Selon<br />

les localités, ce sont tantôt les fonctionnaires et magistrats, tantôt les aristocrates,<br />

ou encore les hommes d’affaires qui tiennent le haut du pavé. S’il n’y a qu’une<br />

seule ville importante dans la circonscription administrative, c’est ce chef-lieu<br />

d’arrondissement ou de département qui confère les caractéristiques spécifiques<br />

15


attribuées à toute une région. Namur en Sambre-et-Meuse en constitue en bon<br />

exemple. Ailleurs, de grandes villes comme Liège, Gand ou Bruxelles écrasent<br />

de leur poids les villes secondaires du département.<br />

L’une de questions essentielles que pose l’étude des grands notables est celle du<br />

renouvellement des élites. La révolution a-t-elle permis l’accès durable au pouvoir<br />

d’une nouvelle classe de fonctionnaires et de magistrats ? A cet égard, le régime<br />

napoléonien constitue un moment privilégié, puisque il avait l’ambition affichée<br />

d’opérer une fusion entre les anciens et les nouveaux notables. Plus précisément,<br />

Napoléon visait à rallier au régime impérial l’aristocratie et la bourgeoisie<br />

d’ancien régime, qui avaient été évincées du pouvoir sous la révolution. Les listes<br />

de grands notables permettent de vérifier le degré d’intégration pour la frange<br />

supérieure de l’élite. Dans la plupart des départements, le balancier penche<br />

en faveur des anciennes élites. On y rencontre de nombreux gentilshommes<br />

d’ancienne extraction, des représentants de la noblesse de robe et des bourgeois<br />

ayant exercé un office avant la Révolution. Les hommes nouveaux, qu’il s’agisse<br />

de révolutionnaires de la première heure, de négociants ou d’acquéreurs de biens<br />

nationaux, n’ont pas pu maintenir leur position majoritaire. L’âge moyen à lui seul<br />

rend compte du brassage opéré. Les grands notables ne constituent nullement une<br />

nouvelle génération de jeunes loups assoiffés de pouvoir. Ce sont pour la plupart<br />

des hommes d’âge mur, qui ont connu l’ancien régime.<br />

Cette politique d’intégration des élites démontre que le prestige des grands<br />

propriétaires fonciers n’a pas été durablement entamé par la Révolution. Ce<br />

n’est pas tant la propriété foncière qui confère la considération sociale, mais la<br />

disponibilité des rentiers aptes à se consacrer aux affaires publiques. En renonçant<br />

aux loisirs que pourrait leur procurer la rente foncière, en s’engageant à l’armée,<br />

dans l’administration ou la magistrature, les propriétaires fonciers se distinguent<br />

des banquiers, négociants et fabricant – eux aussi opulents- qui pour la plupart<br />

continuent à se consacrer à leurs affaires pour s’enrichir toujours plus.<br />

Les listes de grands notables mettent en évidence le rapprochement entre<br />

anciennes et nouvelles élites. Mais l’ampleur du mouvement nous échappe, car<br />

si l’on peut enregistrer les ralliements, les abstentions par contre nous échappent.<br />

Elles constituent la face cachée de nos listes de ’grands’ électeurs et de grands<br />

notables. Pour mesurer plus précisément la fusion des élites sous le régime<br />

napoléonien, il faudrait prendre pour point de départ les listes de notables à la<br />

fin de l’ancien régime d’abord, puis sous le régime révolutionnaire, et décompter<br />

les individus appartenant aux élites anciennes qui font partie des grands notables.<br />

Cela peut se faire au niveau individuel, mais il serait tout aussi intéressant de<br />

relever le profil social des élites associées au pouvoir à ces différents moments.<br />

16


Pour mesurer le degré de participation de la population à l’exercice du pouvoir,<br />

il ne suffit pas d’analyser le profil social des mandataires publics, en mettant en<br />

exergue leur degré d’instruction, la profession exercée, le niveau de leur fortune,<br />

leurs origines familiales, leurs affinités culturelles, leurs convictions religieuses,<br />

les valeurs prônées. Comme le pouvoir est toujours et partout exercé par une<br />

infime minorité de la population, il importe tout autant de savoir de quelle manière<br />

les mandataires politiques sont désignés et par qui. Il faut donc se pencher sur<br />

la composition de l’électorat et sur les conditions d’éligibilité des mandataires.<br />

Alors que les listes de ’grands’ électeurs reflètent la considération sociale dont<br />

jouissent les notables auprès des électeurs de base, celles des grands notables<br />

reflètent le prestige dont jouissaient des personnalités triées sur le volet auprès du<br />

gouvernement. C’est ce qui fait tout l’intérêt de ces documents et des études qui<br />

en découlent. On y saisit sur le vif ce qu’était le régime napoléonien : un régime<br />

autoritaire, largement soutenu par les classes aisées, qui préféraient le nouvel<br />

ordre instauré par Napoléon à l’époque révolutionnaire.<br />

Paul Janssens<br />

17


Introduction<br />

Le département de la Dyle est un des neuf départements réunis à la France par<br />

le décret de la Convention du 9 vendémiaire an IV (1 er octobre 1795). Cette<br />

annexion fut reconnue sur le plan international par les dispositions du traité de<br />

Campo Formio du 27 vendémiaire an VI (18 octobre 1797) et confirmée à la<br />

signature du traité de Lunéville le 9 février 1801.<br />

Son territoire provenait de la division de l’ancien duché de Brabant, la partie<br />

méridionale de celui-ci constituant le département de la Dyle avec pour chef-lieu<br />

Bruxelles, ancienne capitale des Pays-Bas autrichiens, la partie septentrionale,<br />

ancien marquisat d’Anvers, devenant le département des Deux-Nèthes, avec pour<br />

chef-lieu Anvers.<br />

Le département de la Dyle était borné, à l’est, par ceux de la Meuse-Inférieure et<br />

de l’Ourthe, au sud, par ceux de Jemappes et de Sambre-et-Meuse, et à l’ouest,<br />

par celui de l’Escaut. Il occupait donc une place centrale dans les territoires<br />

annexés par la République.<br />

D’après le dénombrement de l’an IX, il figurait au quatrième rang en chiffre de<br />

population parmi les nouveaux départements avec 363.661 habitants alors que<br />

trois autres départements avaient une population largement supérieure (Escaut :<br />

594.619 h., Lys : 459.497 h., Jemappes : 412.760 h.) 21 .<br />

Néanmoins, le département de la Dyle se plaçait au second rang de la richesse<br />

économique puisqu’il était en 1810, le deuxième contributaire pour l’ensemble<br />

des impôts (4.890.961 francs) derrière celui de l’Escaut (7.813.665 francs).<br />

Son territoire était divisé en trois arrondissements, celui de Bruxelles (chef-lieu<br />

du département) comptait 176.074 habitants, celui de Louvain, 111.175 et celui<br />

de Nivelles 76.412 habitants.<br />

La langue vernaculaire des deux premiers était le flamand, à l’exception de la<br />

ville de Bruxelles, dont les classes aisées étaient déjà très francisées, celle du<br />

troisième le wallon, dialecte de langue d’oïl, proche du picard.<br />

A part les villes de Bruxelles (66.000 habitants) et de Louvain (17.000 habitants),<br />

le département était peu urbanisé, le chef-lieu du troisième arrondissement,<br />

Nivelles n’était qu’une bourgade de 6.500 habitants.<br />

21<br />

Ch. OUDIETTE, Dictionnaire géographique et topographique des treize départements de la<br />

Belgique et de la rive gauche du Rhin, Paris, 1804, p. LXI.<br />

18


Les principales ressources provenaient de l’agriculture, les terres de l’ancien<br />

Brabant étant réputées pour leur fertilité. L’activité pré-industrielle était<br />

concentrée à Bruxelles avec entre autres, ses imprimeries de toile ou indienneries,<br />

ses raffineries de sel et de sucre et ses ateliers de carrosserie connus dans toute<br />

l’Europe.<br />

L’arrondissement de Louvain comptait de nombreuses brasseries à Louvain,<br />

Tirlemont (7.000 habitants) et Diest (5.000 habitants), de même la production<br />

d’eau-de-vie de grain ou genièvre y était largement répandue, ainsi qu’à Lembeek,<br />

près de Hal, dans l’arrondissement de Bruxelles.<br />

Le corpus des personnalités marquantes du département de la Dyle sera celui<br />

fourni par deux listes l’une de 1806, l’autre de 1810.<br />

Les noms figurant dans un rapport du 30 mai 1809, du préfet de La Tour du Pin au<br />

ministre de la police, n’ont pas été retenus. Il s’agit en effet, de « renseignements<br />

confidentiels sur les principales familles » du département et non sur les individus.<br />

Trente-et-un notables du corpus figurent parmi les cinquante familles citées dans<br />

ce document, parmi lesquelles on comptait 47 familles nobles 22 .<br />

Deux personnages figurant sur les deux listes retenues pour constituer le corpus<br />

en leur qualité de sénateur, n’ont pas fait l’objet d’une notice.<br />

Il s’agit de Charles Lambrechts, qui a déjà été étudié par Madame C. Douxchamps-<br />

Lefèvre parmi les notables du département de Sambre-et-Meuse 23 ; de plus les<br />

liens de Charles Lambrechts avec le département de la Dyle étaient quasiment<br />

inexistants sous l’Empire, puisqu’il vivait à Paris et ne possédait aucune résidence<br />

à Bruxelles.<br />

De même, Gustave Le Doulcet de Pontécoulant (Caen 9 novembre 1764-Paris<br />

8 avril 1853) devint étranger au département de la Dyle, après sa période<br />

préfectorale à Bruxelles, du 5 germinal an VIII (26 mars 1800) au 12 pluviôse<br />

an XIII (1 er février 1805), même s’il y revint pendant quelques semaines, comme<br />

commissaire extradordinaire dans la 24 e division militaire, du 26 décembre 1813<br />

à début février 1814.<br />

Du point de vue méthodologique, la rédaction des notices individuelles s’est<br />

attachée à mettre en évidence, la parentèle, la carrière, le milieu social des épouses<br />

et la descendance de chaque notable.<br />

22<br />

A.N., F7/8364.<br />

23<br />

C. DOUXCHAMPS-<strong>LE</strong>FEVRE, « Grands Notables du département de Sambre-et-Meuse en<br />

1812 », in Grands Notables du Premier Empire, n° 22, Paris, 1995, p. 50-51.<br />

19


L’approche de la fortune s’est révélée délicate. L’idéal eut été de pouvoir<br />

disposer des déclarations de succession, mais la documentation présente de<br />

sérieuses lacunes à cet égard. De plus, avant 1845, les déclarations de succession<br />

étaient fractionnées : la déclaration principale devait être déposée au bureau de<br />

l’enregistrement du domicile et comporter l’énumération des biens meubles et des<br />

biens immeubles situés dans le ressort du bureau mais, une déclaration distincte<br />

devrait être faite à chaque bureau d’enregistrement dans le ressort duquel se<br />

trouvait un bien immeuble.<br />

A défaut de disposer d’un inventaire successoral qui n’était établi, sauf exception,<br />

que si le défunt laissait des enfants mineurs, retrouver l’ensemble des déclarations<br />

de succession déposées dans tout le pays, était à l’évidence, une tâche impossible.<br />

Les partages successoraux ouvraient une autre possibilité d’investigation, mais<br />

dans ce domaine aussi, les difficultés étaient multiples. Le plus souvent, les biens<br />

restaient en indivision jusqu’au décès de l’époux survivant et parfois n’étaient<br />

partagés que quelques années plus tard. Dans le cas des enfants uniques, il n’y avait<br />

évidemment aucun partage puisque ils bénéficiaient de la saisine successorale.<br />

Ces éléments impliquent qu’à défaut d’un dépouillement systématique des<br />

archives notariales, c’est la bonne fortune qui a permis de retrouver par ce biais,<br />

la composition des patrimoines, où le détail des activités professionnelles d’un<br />

homme comme Maximilien Plovits.<br />

Il fallut donc se référer aux estimations de revenus figurant soit dans les listes de<br />

notabilités, soit dans d’autres documents administratifs tels que les déclarations<br />

de revenus exigées lors d’une nomination à une fonction administrative. Cellesci<br />

fournissent des indications peu contestables même si on peut les suspecter de<br />

sous-évaluation.<br />

Quant aux estimations des revenus faites par les préfets, elles étaient plutôt<br />

inférieures à la réalité. Ainsi, les revenus d’Emmanuel van der Linden<br />

d’Hooghvorst étaient estimés à 40.000 francs, alors que rien que ceux provenant<br />

des fermages s’élevaient à 44.725 francs lors de son décès.<br />

De même, Jacques Marischal, propriétaire de plus de 1.500 hectares donnés en<br />

location, jouissait certainement d’un revenu plus proche de l’estimation figurant<br />

dans l’état des plus riches propriétaires de 1812 (60.000 francs) que de celui porté<br />

dans la liste pour la formation des Gardes d’honneur en 1813 (30.000 francs),<br />

surtout que le produit de ses placements mobiliers n’était pas pris en compte.<br />

La fortune de ces notables restait essentiellement immobilière, car le séisme<br />

révolutionnaire les avait incités à la prudence.<br />

Sous l’Ancien Régime, les fortunes étaient constituées de terres, de rentes sur<br />

20


les particuliers et de placements émis par les Etats provinciaux, les villes et les<br />

corporations. Ces derniers s’étaient révélés désastreux puisque la plupart de ces<br />

débiteurs avaient disparu dans la tourmente ou ne pouvaient plus assurer le service<br />

de leur dette. Certes, l’Etat avait repris certains engagements, mais dans quelles<br />

conditions ! La banqueroute des deux-tiers décidée par le Directoire avait réduit<br />

significativement la valeur des emprunts et le cours de la rente sous l’Empire,<br />

fluctua beaucoup sans jamais atteindre le pair.<br />

Un exemple tiré des archives de la famille d’Olmen montre l’importance des<br />

pertes subies 24 .<br />

Dans une succession, les héritiers avaient trouvé trois rentes, deux à charge des<br />

Etats de Brabant, une autre à charge du Serment de Saint-Sébastien à Gand. Ces<br />

rentes représentaient un capital de 32.666 florins courant qui fut réduit au tiers<br />

par la banqueroute des deux-tiers, soit 12.127 florins ou 22.000 francs portant<br />

intérêt à 5 %. Ces inscriptions au Grand livre de la Dette vendues en 1807, au<br />

cours de 73,8 francs, ne produisirent que 15.998 francs ou 8.818 florins, soit à<br />

peu près le quart du capital investi.<br />

Le sort des capitaux parfois très importants placés à la Banque de Vienne, qui<br />

négociait les emprunts de la monarchie habsbourgeoise, était également incertain.<br />

Le préfet de La Tour du Pin écrivait à ce propos le 30 mai 1809 : « La Belgique<br />

perd par la guerre avec l’Autriche les intérêts des nombreux capitaux qu’elle<br />

avait placés à la Banque de Vienne, c’est bien le cas d’adoucir ses pertes en<br />

permettant aux villes, en état de le faire, de payer les intérêts de leurs rentes » 25 .<br />

La perte des revenus découlant des droits féodaux avait été sensible pour la<br />

noblesse et pour les bourgeois qui en achetant des seigneuries, avaient certes<br />

placé des fonds, mais aussi tenté de s’identifier au premier ordre.<br />

La terre apparaissait donc comme valeur refuge et l’opportunité de belles affaires<br />

s’était présentée sous le Directoire, lors de la vente des biens nationaux. La<br />

bourgeoisie d’affaires s’était empressée de profiter de ces possibilités.<br />

Le système fiscal ne comportait que quatre prélèvements par voie de l’impôt,<br />

la patente, taxation forfaitaire sur les activités commerciales, dont le montant<br />

était d’ailleurs peu élevé, l’impôt foncier frappant la propriété immobilière, la<br />

contribution personnelle et mobilière, et la taxation des portes et fénêtres, liées<br />

aux signes extérieurs de richesse.<br />

24<br />

Archives de l’Etat à Mons, Archives de la famille de Poederlé, n° 81.<br />

25<br />

A.N., F/7/3674 12 .<br />

21


Les produits des activités commerciales et industrielles échappaient donc presque<br />

totalement à l’imposition, ce qui explique les hésitations des préfets quand il<br />

s’agissait d’évaluer les revenus réels des négociants, banquiers et fabricants.<br />

Comme on l’a vu ci-dessus, on dispose de deux listes de notabilités pour le<br />

département de la Dyle.<br />

La première datée du 29 août 1806 fut établie en exécution du décret impérial du<br />

23 ventôse an XIII (14 mars 1805). Il s’agit de la « Liste des soixante propriétaires<br />

les plus distingués et par leur fortune et par leurs vertus publiques et privées,<br />

faisant partie de la liste des six-cents plus imposés et compris tant dans la liste<br />

ancienne qu’à celle supplémentaire ».<br />

Ces critères de sélection sont confirmés par le fait qu’elle fut établie par les<br />

membres de la commission pour la révision de la liste des six cents plus forts<br />

contribuables du département. Au sein de cette commission, figuraient le préfet<br />

(François Mouchard de Chaban), les deux sous-préfets (Beaudouin Berlaimont et<br />

Dominique Duchastel), un conseiller de préfecture (Pierre Baert), deux hommes<br />

d’affaires (François Meeûs et Maximilien Plovits), un noble revenu d’émigration<br />

(Guillaume de Merode Westerloo) et un magistrat (Englebert Ippersiel).<br />

L’influence du préfet y fut certainement prépondérante puisque ses membres<br />

rendirent expressément hommage : « …aux lumières, à la sagesse et aux conseils<br />

dont M. le Préfet l’a pénétrée pour exécuter l’opération dont elle était chargée » 26 .<br />

Ce rôle du préfet amène à s’intéresser à la personnalité de celui-ci.<br />

Avant la Révolution, François-Louis-René Mouchard de Chaban (Paris-Saint-<br />

Eustache-19 août 1757-Hambourg 24 mars 1814) était officier aux Gardes<br />

fançaises. Il démissionna en juillet 1789, et traversa sans encombre, la période<br />

révolutionnaire sans y jouer aucun rôle. Les démarches de sa tante, Fanny de<br />

Beauharnais et l’appui du consul Lebrun lui valurent d’être nommé sous-préfet à<br />

Vendôme (Loir-et-Cher) le 5 floréal an VIII (25 avril 1801), puis préfet de Rhinet-Moselle<br />

le 16 floréal an XI (6 mai 1803) et enfin, préfet du département de la<br />

Dyle le 1 er février 1805 27 .<br />

26<br />

A.N., AF/IV/1426.<br />

27<br />

G. HUBERT, François-Louis-René Mouchard, comte de Chaban, s.l.n.d., p. 95. Nommé à la<br />

Jointe extraordinaire de Toscane le 12 mai 1808, il devint quelques mois plus tard, le 12 février<br />

1809, conseiller d’Etat, directeur à l’administration de la Guerre. Créé comte de l’Empire le<br />

15 novembre 1809, il fut désigné au titre d’intendant des Finances et de l’Intérieur, pour faire<br />

partie de la Commission temporaire chargée de préparer l’annexion des villes hanséatiques<br />

le 18 décembre 1810, puis il devint le 17 juin 1813, intendant général des Finances de la 32 e<br />

division militaire. Il mourut lors du siège de Hambourg, emporté par le typhus.<br />

22


Il y laissa un très bon souvenir que Madame de La Tour du Pin, dont le mari lui<br />

succéda comme préfet du département résuma en quelques mots : « Honnête<br />

homme, éclairé, ferme et excellent administrateur, il avait réformé beaucoup<br />

d’abus, puni les malversations et destitué leurs auteurs. Tous ses actes avaient<br />

été justes et éclairés » 28 .<br />

Cette opinion était partagée par les membres de la commission puisqu’on<br />

discerne au-delà de la complaisance de bon aloi, une réelle admiration pour<br />

l’action de François Mouchard de Chaban : « …magistrat respectable autant par<br />

les sentiments du cœur que par les vertus publiques…d’une activité infatigable et<br />

vigilant sur les objets d’utilité générale » 29 .<br />

La liste de 1806 inspirée par le préfet, donne une image de la volonté consulaire,<br />

qui avait souhaité la réconciliation entre les hommes issus de la période<br />

révolutionnaire et les représentants des anciennes élites, bien que dans les<br />

départements réunis, la Révolution n’eût pas imposé ses paroxysmes et que ses<br />

partisans n’eussent été que les collaborateurs du Directoire.<br />

La liste de 1806 témoigne de cette volonté de fusion : plus du tiers des individus,<br />

qui y figuraient, avaient servi le Directoire. On y trouvait un ministre de la<br />

Justice, quatre membres du Conseil des Cinq-Cents, un élu au Conseil des<br />

Anciens, deux administrateurs de département, deux commissaires du Directoire<br />

près les administrations municipales, un accusateur public près du Tribunal<br />

criminel, un maire et trois officiers municipaux de Bruxelles, le conservateur des<br />

hyptohèques de cette ville, un officier municipal de Nivelles, l’ancien secrétaire<br />

de l’Aministration Centrale et Supérieure de la Belgique et plusieurs magistrats.<br />

En réclamant une liste des soixante personnalités marquantes de chaque<br />

département, le pouvoir impérial souhaitait baliser une réserve de recrutement<br />

pour la fonction publique en identifiant ceux qui étaient « dignes par l’estime que<br />

les citoyens leur accordent, de la confiance du gouvernement » 30 .<br />

La commission chargée d’établir la liste interpréta ces instructions sans grande<br />

imagination. Ses choix se bornèrent, dans une large mesure, à un tableau des<br />

individus qui servaient déjà le régime.<br />

En effet, on y trouve outre les quatre sénateurs, qui avaient leur domicile politique<br />

dans le département de la Dyle, les trois députés au Corps législatif, treize<br />

membres ou anciens membres du Conseil général, un membre d’un Conseil<br />

d’arrondissement, sept magistrats dont le président de la Cour criminelle, et un<br />

28<br />

Marquise de La Tour du Pin, Journal d’une femme de 50 ans, Paris, 1954, p. 298.<br />

29<br />

A.N., AF/IV/1426.<br />

30<br />

A.N., AF/IV/1427.<br />

23


de ses juges suppléants, le président de la Cour d’appel et un de ses conseillers,<br />

le procureur général de celle-ci, un juge et le président du Tribunal de première<br />

instance de Bruxelles, un juge de paix, qui avait été maire de Bruxelles, quatre<br />

conseillers de préfecture sur cinq, deux juges au Tribunal de commerce de<br />

Bruxelles et le greffier de cette juridiction, le conservateur des hypothèques de<br />

la ville, les deux sous-préfets du département, le maire de Bruxelles et deux<br />

conseillers municipaux, soit 42 personnes employées dans les institutions<br />

politiques, administratives ou judiciaires, représentant 70 % des notables de la<br />

liste.<br />

Globalement, on constate que parmi ceux-ci, figurent quelques fonctionnaires<br />

du gouvernement autrichien, le plus souvent des hommes jeunes, qui venaient<br />

de débuter leur carrière administrative avant l’ocupation française, (Joseph<br />

d’Anethan, Guillaume d’Aubremez, Louis de Festraets, Jean-Baptiste Plasschaert,<br />

Jean Versyden de Varick), un ancien chancelier de Brabant (Joseph de Crumpipen),<br />

un haut magistrat (François Beyts), quelques bourgmestres et échevins nommés<br />

au sein du magistrat des villes (Ferdinand de Beeckman de Schoore, Henri de<br />

Haese, Gérard d’Onyn de Chastre) et des officiers appartenant à la noblesse<br />

(Louis d’Arenberg, Henri de Glymes, Chrétien de Lannoy, Guillaume de Merode<br />

Westerloo).<br />

Il faut aussi noter la présence d’anciens officiers français (Dominique Duchastel,<br />

Louis de Ligne et Jean-Baptiste Thuilier-Beaufort).<br />

Parmi les 18 autres personnes figurant sur la liste des soixante, avec la mention<br />

« …n’a point exercé de fonction », étaient mentionnés trois bourgeois et onze<br />

nobles, dont quatre avaient fait partie de la Garde d’honneur du Premier Consul<br />

lors de sa visite à Bruxelles en l’an XI.<br />

Ces hommes, qui auraient dû servir de vivier pour la fonction publique ne furent<br />

employés par le régime que dans une faible mesure.<br />

Parmi les nobles, le comte de Roose devint membre du Conseil général en<br />

1811, Henri de Crumpipen fut, sans succès, candidat à une place de sénateur,<br />

Philippe de Trazegnies, s’il ne remplit aucune charge publique, accepta un titre<br />

de noblesse impériale et fut un commensal du préfet de La Tour du Pin, et les<br />

comtes de Lalaing et van der Meere acceptèrent de devenir maires des villages<br />

dont ils étaient auparavant les seigneurs, mais se confinèrent dans l’attentisme<br />

pour le surplus.<br />

Parmi les bourgeois, deux devinrent conseillers municipaux à Bruxelles, un autre<br />

entra au Conseil général et un autre encore, prit place au sein du Tribunal de<br />

commerce.<br />

La liste des soixante personnalités marquantes devait aussi répondre à l’un des<br />

24


critères du décret impérial du 23 ventôse an XIII : comporter un tiers d’acquéreurs<br />

de biens nationaux. Ce fut le cas puisque au moins 25 d’entre elles avaient acheté<br />

des biens noirs sous le Directoire.<br />

La seconde liste datée du 3 septembre 1810, est l’œuvre personnelle du préfet de<br />

La Tour du Pin. Elle répondait à une instruction du ministre de l’Intérieur, car il<br />

s’agissait de porter à sa connaissance, le nom des personnes les plus marquantes<br />

du département susceptibles de pouvoir présider les assemblées électorales.<br />

Les commentaires du préfet, portés en marge de la liste, ne laissent aucun<br />

doute : « Toutes les personnes portées sur ce tableau jouissent plus ou moins<br />

de la considération publique. J’ai choisi entre elles, les seize personnes qui<br />

m’ont paru soit à tel ou tel titre, mériter l’avantage de fixer l’attention pour<br />

être nommées président du collège électoral du département et des trois conseils<br />

d’arrondissement » 31 .<br />

La personnalité du préfet, Frédéric-Séraphin, comte de La Tour du Pin-Gouvernet<br />

(Paris-Saint-Sulpice-6 janvier 1759-Sainte-Luce en Morney-Lausanne-26 février<br />

1837), qui fut préfet du département de la Dyle du 22 juin 1808 au 12 mars 1813,<br />

était bien différente de celle de son prédécesseur René Mouchard de Chaban 32 .<br />

Il s’était engagé tout jeune dans la carrière des armes et avait fait la guerre<br />

d’Amérique. En 1789, il était colonel du régiment Royal Vaisseaux. Il devint<br />

alors, aide de camp de son père, Jean-Frédéric de La Tour du Pin de Gouvernet,<br />

ministre de la Guerre de Louis XVI. Il fut ensuite chef d’état major de la Garde<br />

nationale de Paris commandée par Lafayette. Nommé ministre plénipotentiaire<br />

à La Haye le 17 octobre 1791, il démissionna après le 10 août 1792, et émigra<br />

aux Etats-Unis. Il ne revint en France que sous le Consulat. Sa nomination<br />

comme préfet du département de la Dyle fut accompagnée d’un titre de baron de<br />

l’Empire. Cet homme d’Ancien Régime allait mener à Bruxelles, une politique<br />

de séduction à l’égard de la noblesse belge.<br />

La liste des notabilités du département établie par ses soins en 1810, a<br />

manifestement été élaborée dans la hâte, et comporte beaucoup de lacunes au<br />

niveau des âges, des prénoms et des carrières. Elle traduit toutefois, clairement<br />

l’importance qu’il attachait à la collaboration de l’aristocratie avec le régime<br />

impérial.<br />

La liste des personnalités reprises en 1810 (48) est plus restreinte par rapport à<br />

31<br />

A.N., F/1cIII/Dyle/2.<br />

32<br />

R. BARGETON, P. BOUGARD, B. <strong>LE</strong>C<strong>LE</strong>RE, P.F. PINAUD, Les préfets du 11 ventôse an VIII<br />

au 4 septembre 1870, Paris, 1981, p. 184-185 ; J. H. ROBERT, Dictionnaire des diplomates de<br />

Napoléon, Paris, 1990, n° 106.<br />

25


celle de 1806 (64) soit une diminution de 25 %. Avec 31 représentants, la noblesse<br />

y occupe 65 % des places. Moins du tiers des notables de 1806 (20) figure encore<br />

parmi ceux de 1810. La bourgeoisie fut la principale victime de cette épuration<br />

puisque 29 de ses membres furent écartés. Parmi les nouveaux membres, on ne<br />

compte que huit bourgeois, mais seize nobles.<br />

La plupart des anciens serviteurs du Directoire ont été éliminés. Le préfet de<br />

La Tour du Pin n’en a conservé que cinq : le sénateur Charles Lambrechts, le<br />

président de la Cour d’appel Antoine Latteur, le procureur général François Beyts,<br />

mais il lui était difficile de faire autrement ; un ex-député au Conseil des Anciens,<br />

la baron François de Godin et un français, Jacques Devals, procureur impérial à<br />

la Cour criminelle, dont il ignorait probablement le passé jacobin.<br />

Les milieux d’affaires ne sont plus représentés que par quatre personnes : François<br />

Meeûs, Maximilien Plovits, Guillaume Van Der Borght et Matthieu Verlat.<br />

Le papetier Daniel Hennessy, le distillateur Jean-Baptiste Claes, le négociant<br />

Antoine Goffin et le marchand de dentelles Henri Meeûs n’ont plus été retenus.<br />

Les sous-préfets de Nivelles et de Louvain ne figurent plus sur la liste. Parmi<br />

les cinq magistrats, dont deux Français, on remarque l’absence du président du<br />

Tribunal de première instance de Bruxelles, tandis qu’est repris celui de Louvain<br />

qui est noble.<br />

Pour l’Université, c’est l’ancien professeur de l’Université de Louvain, Joseph<br />

Van Gobbelschroy qui prend la place de Xavier Tarte, probablement à cause de<br />

ses antécédents de l’époque directoriale. S’il est logique d’y voir figurer le maire<br />

de Bruxelles, le duc Charles d’Ursel, on comprend mal la disparition du prince<br />

de Ligne.<br />

La plupart des nouveaux nobles admis sur la liste, ne sont pas des hommes de<br />

premier plan et ce n’est pas leur rôle public qui justifient leur présence. En effet,<br />

huit d’entre eux n’ont d’autre mérite que d’être le maire du village où ils possèdent<br />

un château, trois autres étaient conseillers municipaux à Bruxelles.<br />

La noblesse d’Empire n’était pas absente de la liste du préfet, mais curieusement<br />

aucune référence n’était faite à leur titre. Cinq comtes d’Empire, dont trois étaient<br />

d’ancienne noblesse (le duc Louis d’Arenberg, le comte Guillaume Merode<br />

Westerloo et le marquis Philippe de Trazegnies) y côtoyaient trois barons. L’un<br />

d’entre eux, Charles Lalaing d’Audenaerde appartenait aussi à l’ancienne<br />

aristocratie.<br />

Les Français de l’Intérieur sont peu nombreux sur les deux listes, deux en 1806,<br />

mais six en 1810. Sur les deux listes, figurent un italien (Paul d’Arconati) et un<br />

espagnol (Charles de La Serna), tous deux établis à Bruxelles de longue date.<br />

Ceux qu’à notre époque, on qualifierait d’intellectuels, sont également peu<br />

26


nombreux : le botaniste Eugène d’Olmen de Poederlé, le bibliophile Charles de<br />

La Serna, le naturaliste Philippe Pollart de Canivris et deux juristes enseignant à<br />

l’Ecole de Droit de Bruxelles, Xavier Tarte (1806) et Joseph Van Gobbelschroy<br />

(1810). Mais plus du tiers des notables figurant dans le corpus sont licenciés ou<br />

docteurs en droit (29 sur 87).<br />

Les hommes d’église sont presque absents sur les deux listes. Seul Matthieu<br />

Verlat avait reçu la prêtrise, mais avait déjà cessé son exercice sous l’Ancien<br />

Régime et Ignace de Steenhault avait été titulaire d’un canonicat.<br />

On note la présence d’un protestant militant, Henri Overman (1806) qui témoigne<br />

de l’importance des hommes d’affaires réformés dans le monde économique<br />

bruxellois.<br />

Si l’on compare le corpus des deux listes à la liste nationale du département, on<br />

constate que le tiers des notables y figure (23 sur 75) et que ceux-ci représentent<br />

également le tiers des hommes les plus riches du département (32 sur 94).<br />

En 1810, 61 notables figurent sur la liste du collège électoral du département, six<br />

sur celle du collège d’arrondissement de Bruxelles, cinq sur celle de Louvain et<br />

un sur celle de Nivelles.<br />

La liste de 1806 montre l’omniprésence des notables bruxellois, 51 sur 60, soit<br />

85 % alors que cinq seulement résident dans l’arrondissement de Louvain (8 %),<br />

trois dans l’arrondissement de Nivelles (6 %), et un dans l’arrondissement de<br />

Bruxelles.<br />

A ces 51 notables de l’ancienne capitale des Pays-Bas, venaient s’ajouter les trois<br />

sénateurs résidant à Bruxelles, mais domiciliés politiquement à Paris.<br />

La sur-représentation des notables habitant au chef-lieu du département est<br />

évidente et apparaît également en 1810.<br />

Si l’on se réfère au domicile politique indiqué sur la liste du préfet de La Tour<br />

du Pin, 32 notables sont domiciliés à Bruxelles, sept dans l’arrondissement de<br />

Louvain, quatre dans celui de Nivelles. En outre, trois des cinq sénateurs, dont le<br />

domicile politique est à Paris, avaient leur résidence à Bruxelles (Guillaume de<br />

Merode, Chrétien de Lannoy, Louis d’Arenberg) de même Charles d’Arberg, qui<br />

entre deux campagnes, demeurait chez son père à Bruxelles.<br />

Tenant compte de ces corrections, les notables bruxellois représentent 75 % de la<br />

liste, ceux de l’arrondissement de Louvain, 15 % et ceux de l’arrondissement de<br />

Nivelles, 8 %.<br />

Les notables figurant dans le corpus sont dans l’ensemble des hommes d’âge<br />

27


mûr, la grande majorité d’entre eux ayant plus de quarante ans.<br />

En 1806, les hommes de moins de cinquante ans représentaient le groupe le<br />

plus nombreux (59 %), mais en 1810, les hommes de plus de cinquante ans sont<br />

largement majoritaires (56 %).<br />

Liste de 1806<br />

(64)<br />

% Liste de 1810<br />

(48)<br />

% Age des entrants<br />

en 1810 (25)<br />

20-29 ans 6 9 % 1 2 % 1 4 %<br />

30-39 ans 9 14 % 10 21 % 8 32 %<br />

40-49 ans 23 36 % 10 21 % 3 12 %<br />

50-59 ans 16 25 % 14 29 % 8 32 %<br />

60 et + ans 10 16 % 13 27 % 5 20 %<br />

Le + jeune 22 29<br />

Le + âgé 75 79<br />

%<br />

Si un quart des notables sont des célibataires ou des couples sans enfant, les<br />

familles nombreuses sont très présentes.<br />

Célibataires 12 14 %<br />

Mariés sans enfant 10 11 %<br />

Mariés avec un enfant 10 11 %<br />

Mariés avec 2 ou 3 enfants 21 24 %<br />

Mariés avec de 4 à 8 enfants 28 32 %<br />

Mariés avec + de 9 enfants 6 7 %<br />

Total 87 100 %<br />

L’âge au premier mariage montre des grandes différences entre les hommes et les<br />

femmes, plus de la moitié de celles-ci a convolé avant 24 ans alors que seulement<br />

15 % des hommes ont adopté un comportement identique, l’écrasante majorité<br />

d’entre eux se mariant entre 25 et 40 ans (70 %).<br />

Age au premier mariage<br />

Hommes (73) % Femmes (68) %<br />

- de 20 ans 3 4 % 18 26 %<br />

de 20 à 24 ans 8 11 % 20 30 %<br />

de 25 à 29 ans 25 34 % 12 18 %<br />

de 30 à 39 ans 26 36 % 11 16 %<br />

de 40 à 49 ans 8 11 % 6 9 %<br />

+ de 50 ans 3 4 % 1 1 %<br />

le + jeune 16 ans 13 ans<br />

le + âgé 54 ans 63 ans<br />

Le divorce est inconnu chez les notables du département de la Dyle.<br />

Sur les 87 personnes reprises sur les deux listes, 9 (10 %) se sont remariés après<br />

28


veuvage, généralement, quelques années plus tard. Un seul notable ayant perdu<br />

ses deux épouses, s’est remarié une troisième fois. Dans 12 cas (14 %), lors du<br />

mariage, la femme est plus âgée que l’homme.<br />

Les alliances matrimoniales se nouent au sein du groupe social. Les représentants<br />

de la grande noblesse comme Arenberg, Ligne ou Ursel s’allient aux familles de<br />

l’aristocratie européenne ; ceux de la noblesse de second rang privilégient des<br />

unions avec des familles auxquelles ils sont déjà liés. Néanmoins, on relève trois<br />

cas où des bourgeois se marient avec des filles de la noblesse (Pierre Wautelée,<br />

Joseph Van Gobbelscroy, Jean-Baptiste Thuilier-Beaufort) et deux cas où des<br />

nobles épousent des bourgeoises (Léopold Colins de Ham et Charles de La Serna).<br />

Les hauts fonctionnaires choisissent leurs épouses dans leur milieu professionnel.<br />

Ainsi, Gommaire Cornet de Grez dont le père sétait allié à deux reprises dans le<br />

milieu des cours de justice, épouse successivement deux femmes issues du même<br />

groupe social. Philippe Huys, frère d’un conseiller de Brabant épouse la sœur<br />

d’un conseiller de Brabant.<br />

Les négociants font de même. Citons le cas de la famille Overman ou celui de<br />

Patrice Hennessy.<br />

Les agriculteurs comme Remi Denison ou Nicolas Vandormael épousent des<br />

filles dont la famille occupe une situation sociale identique.<br />

L’endogamie est fréquente avec des mariages entre cousins, spécialement dans<br />

la noblesse. On retrouve la même pratique dans la bourgeoisie : Guillaume<br />

d’Aubremez s’unit avec une cousine germaine, Pierre Baert épouse une parente<br />

de sa mère, Daniel Hennessy la nièce de son tuteur.<br />

Cette politique matrimoniale eut pour effet de créer une vaste toile dans laquelle<br />

les notables s’insèrent directement reliés par des liens de famille.<br />

Ainsi, Joseph d’Anethan est le beau-frère de Jean Verssyden de Varick et de<br />

Joseph de Crumpipen ; Louis de Festraets est le beau-frère de Charles van der<br />

Fosse et de Charles Godfriaux ; Emmanuel van der Linden d’Hooghvorst épouse<br />

une cousine de Pierre de Roose, lui-même beau-frère d’Antoine de Vischer de<br />

Celles.<br />

A ces liens de famille s’ajoutent la connivence des années d’université, la<br />

conjonction des intérêts commerciaux et financiers dans les milieux d’affaires ou<br />

encore la fraternité des armes chez les treize anciens officiers qui, la plupart, ont<br />

servi dans les armées autrichiennes.<br />

29


Il ne faut pas négliger non plus les liens maçonniques qui unissent dix-neuf des<br />

quatre-vingt-sept notables recensés, soit 22 %. Ces appartenances se trouvent<br />

aussi bien dans la noblesse, où les d’Arberg et les d’Ursel sont maçons de père<br />

en fils, que dans la bourgeoisie. Certains ont été initiés sous l’Ancien Régime, la<br />

plupart après l’occupation française. Parmi eux, se trouvent des francs-maçons<br />

actifs qui occupent des fonctions dirigeantes dans leur loge, tels Jean-Baptiste<br />

Plasschaert, Philippe Malaise, Gérard d’Onyn de Chastre, Nicolas Rouppe ou<br />

encore Nicolas Bonaventure.<br />

La qualité maçonnique se retrouve fréquemment dans la descendance directe des<br />

notables ou dans les alliances de leurs filles. L’exemple le plus typique est celui<br />

de la famille de Pierre Olbrechts dont le beau-frère, un fils et un beau-fils sont<br />

franc-maçons.<br />

Les notables du département de la Dyle sont presque tous des hommes riches et<br />

même très riches. La comparaison des deux listes montre que les revenus entre<br />

10 et 40.000 francs, qui représentent 27 % en 1806, s’élèvent à 43 % du total en<br />

1810, alors que les revenus supérieurs à 40.000 francs sont également représentés<br />

sur les deux listes.<br />

En revanche, les revenus les plus faibles, inférieurs à 10.000 francs, sont<br />

significativement moins présents en 1810.<br />

Dans la noblesse, les grosses fortunes concernent les trois quarts des notables<br />

d’origine aristocratique en 1806, alors que seuls 37 % des bourgeois peuvent être<br />

rangés dans cette catégorie. En 1810, les grosses fortunes bourgeoises et nobles<br />

sont à peu près égales en nombre 33 .<br />

Fortune estimée en revenus des notables figurant sur la liste de 1806<br />

Total 61 % 32 Bourgeois % 25 Nobles %<br />

- 10.000 frs. 8 13 % 8 25 % 0<br />

10 à 19.000 frs. 8 13 % 6 19 % 2 8 %<br />

20 à 29.000 frs. 2 3 % 3 9 % 0<br />

30 à 39.000 frs. 7 11 % 3 9 % 4 16 %<br />

40 à 100.000 frs. 28 46 % 10 31 % 17 68 %<br />

+ de 100.000 frs. 4 6 % 2 6 % 2 8 %<br />

Inconnue 4 6 %<br />

Fortune estimée en revenus des notables figurant sur la liste de 1810<br />

Total 46 % 15 Bourgeois % 28 Nobles %<br />

33<br />

Ces observations rejoignent celles de P. JANSSENS dans L’évolution de la noblesse depuis la<br />

fin du Moyen-Age, Bruxelles, 1998, p. 309-310.<br />

30


- 10.000 frs. 2 5 % 2 13 %<br />

10 à 19.000 frs. 10 21 % 3 20 % 7 25 %<br />

20 à 29.000 frs. 7 17 % 2 13 % 5 18 %<br />

30 à 39.000 frs. 3 5 % 1 7 % 2 7 %<br />

40 à 100.000 frs. 18 44 % 6 40 % 12 43 %<br />

+ de 100.000 frs. 3 7 % 1 7 % 2 7 %<br />

Inconnue 3 7 %<br />

Si l’on met en parallèle les revenus des grands notables des départements réunis<br />

tels qu’ils sont connus par les publications actuelles, on est frappé de la richesse<br />

de ceux du département de la Dyle. Le phénomène s’explique par le rôle de<br />

Bruxelles, qui était la capitale des Pays-Bas sous le régime autrichien. La grande<br />

noblesse, même si elle était possessionnée en province, résidait une partie de<br />

l’année à Bruxelles, où elle disposait d’hôtels particuliers.<br />

Fortune des notables des départements de la Dyle, de l’Escaut, de l’Ourthe<br />

et de Sambre-et-Meuse<br />

Revenus Dyle % Escaut % Ourthe % Sambre- %<br />

et-Meuse<br />

- 10.000 frs. 8 13 % 16 26 % 14 24 % 22 36 %<br />

10 à 19.000 frs. 8 13 % 12 19 % 10 17 % 20 32 %<br />

20 à 29.000 frs. 3 5 % 13 21 % 6 10 % 12 19 %<br />

30 à 39.000 frs. 7 11 % 9 14 % 7 12 % 2 3 %<br />

40 à 100.000 frs. 27 44 % 10 16 % 7 12 % 2 3 %<br />

+ de 100.000 frs. 4 7 % 2 3 % 1 2 % 1 2 %<br />

Inconnue 4 7 % 6 10 % 13 * 23 % 3 5 %<br />

Total 61 100 % 62 100 % 58 100 % 62 100 %<br />

*<br />

Plusieurs hommes d’affaires ayant refusé de répondre à l’enquête préfectorale, les chiffrres des<br />

plus hauts revenus sont probablement inférieurs à la réalité.<br />

La carrière politique de quelques notables napoléoniens se poursuivit avec éclat,<br />

sous Guillaume I er .<br />

Charles d’Ursel fut ministre du Waterstaat (Travaux publics), Guillaume de<br />

Merode Westerloo, Maximilien van der Noot et Philippe de Trazegnies siégèrent<br />

à la Première Chambre des Etats Généraux, Léopold de Colins de Ham, Théodore<br />

Dotrenge, François de Sécus et Antoine de Vischer de Celles sur les bancs de la<br />

Seconde Chambre. Joseph Van Gobbelschroy et Joseph d’Anethan prirent place<br />

au Conseil d’Etat. Jean Versyden de Varick assuma le greffe des Etats Provinciaux<br />

du Brabant méridional. Dominique Duchastel, administra la Loterie nationale et<br />

Charles van der Fosse, un gouvernement de province.<br />

Après la Révolution de 1830, malgré l’écoulement des années et la fidélité<br />

orangiste d’une partie de la noblesse et de la plupart des hauts fonctionnaires qui<br />

31


efusèrent de collaborer avec le nouveau régime, un petit nombre de notables joua<br />

encore un rôle public dans la Belgique indépendante. François Beyts et François<br />

de Sécus siégèrent au Congrès National avant de prendre place au Sénat où les<br />

rejoignit Henri de Merode.<br />

Charles d’Ursel, après voir longtemps boudé Léopold I er , prit également place<br />

dans la haute assemblée après que Guillaume I er eût ratifié le traité des XXIV<br />

articles en 1839.<br />

Emmanuel van der Linden d’Hooghvorst devint général en chef à vie de la Garde<br />

civique et Nicolas Rouppe retrouva sa place de maire de Bruxelles.<br />

L’importance sociale des notables napoléoniens s’affirma également dans la<br />

durée, car la vie politique belge au XIX e siècle resta marquée par le rôle qu’y<br />

joua leur descendance.<br />

Sous Guillaume I er , on peut citer deux ministres, deux gouverneurs de province et<br />

trois membres de la Première Chambre des Etats Généraux.<br />

Après 1830, vingt fils ou gendres de notables napoléoniens furent ministres<br />

ou membres du Parlement, sans compter ceux qui occupèrent des charges de<br />

bourgmestre.<br />

L’implication dans la vie publique des descendants issus de la noblesse fut<br />

nettement plus important que celle des descendants de la bourgeoisie, qui ne<br />

compta que deux hommes politiques de la seconde génération.<br />

En France également, parmi la descendance de ces notables, figurèrent trois pairs,<br />

un sénateur, deux ministres, un conseiller d’Etat et un conseiller à la Cour des<br />

Comptes.<br />

32


Sources et bibliographie<br />

La documentation spécifique à chaque notice particulière se trouve mentionnée<br />

à la fin de celle-ci. La simple datation des informations provenant de l’Etat civil<br />

suffisantes à les rendre vérifiables, il était superflu de les justifier en détail.<br />

Le prénom usuel dans la mesure où il a pu être déterminé est mentionné en<br />

italique.<br />

L’astérisque * suivant un nom indique qu’il s’agit d’un notable repris dans le<br />

corpus.<br />

Vu le recours fréquent à certains ouvrages, leurs références précises figurent ciaprès.<br />

Claude BRUNEEL, Les grands commis du Gouvernement des Pays-Bas<br />

autrichiens. Dictionnaire biographique du personnel des institutions centrales,<br />

Bruxelles, 2001.<br />

F.G.C. BETERAMS, The High Society belgo-luxembourgeoise (avec celle<br />

des arrondissements de Breda, de Maestricht et de Ruremonde) au début du<br />

Gouvernement de Guillaume I er , roi des Pays-Bas (1814-1815), Wetteren, 1973.<br />

J. NAUWE<strong>LA</strong>ERS, Histoire des Avocats au Conseil Souverain de Brabant, 2<br />

volumes, Bruxelles, 1947.<br />

Toutes les indications, sauf mention contraire, relatives à l’appartenance<br />

maçonnique des notables ont été puisées dans P. <strong>DU</strong>CHAINE, La Franc-<br />

Maçonnerie belge au XVIII e siècle, Bruxelles 1911, p. 361-425 ou proviennent<br />

de la documentation du CEDOM du Grand Orient de Belgique à Bruxelles.<br />

Abréviations utilisées dans les sources :<br />

Archives Nationales à Paris : A.N.<br />

Service historique de l’Armée de Terre à Vincennes : S.H.A.T.<br />

Service historique de la Marine à Vincennes : S.H.M.<br />

Archives Générales du Royaume à Bruxelles : A.G.R.<br />

33


Liste de notabilités 1806 (A.N., AF/IV/1426)<br />

Liste des 60 propriétaires du département de la Dyle, les plus distingués par<br />

leur fortune et par leur vertus publiques et privées, faisant partie de la liste des<br />

600 plus imposés et compris tant à la liste ancienne qu’à celle supplémentaire<br />

conformément à l’instruction de Son Excellence le Ministre des Finances annexée<br />

au décret impérial du 23 ventôse an 13. En tête de la liste sont placés quatre<br />

propriétaires distingués par dessus les autres par leur qualité de sénateur.<br />

Nom, prénom &<br />

domicile<br />

Lambrechts (Ch.Jos.<br />

Math.)<br />

Liste ancienne<br />

Montant des<br />

Contributions<br />

Qu’ils paient<br />

Etat ou profession<br />

avant 1789<br />

2.000 f. Docteur en droit et<br />

Recteur magnifique<br />

en l’Université de<br />

Louvain<br />

Observations.<br />

Fonctions publiques<br />

Depuis jurisconsulte.<br />

A rempli avec<br />

distinction diverses<br />

fonctions publiques<br />

de 1 ère classe à<br />

Bruxelles ; a été<br />

Ministre dela Justice<br />

à Paris en l’an VI et<br />

VII. Actuellement<br />

sénateur. Intègre,<br />

juste, autant<br />

qu’irréprochable dans<br />

sa conduite, il jouit<br />

de la considération<br />

publique et mérite<br />

à tous égards,<br />

la confiance du<br />

Gouvernement.<br />

De Lannoy à<br />

Bruxelles<br />

Liste ancienne<br />

5.000 f.<br />

Est sur la liste des 30<br />

Comte et chambellan<br />

de S.M. l’Empereur<br />

d’Allemagne à la<br />

Cour de Bruxelles,<br />

membre des Etats de<br />

Brabant<br />

A été membre du<br />

Conseil municipal de<br />

la ville de Bruxelles,<br />

actuellement sénateur<br />

34


Nom, prénom &<br />

domicile<br />

Montant des<br />

Contributions<br />

Qu’ils paient<br />

Etat ou profession<br />

avant 1789<br />

Observations.<br />

Fonctions publiques<br />

Doulcet Pontécoulant<br />

(Louis-Gustave) à<br />

Paris. Liste ancienne<br />

D’Arenberg (Louis-<br />

Ernest) à Bruxelles.<br />

Liste supplémentaire<br />

De Merode<br />

Westerloo (G me -Ch r .<br />

Ghis.) à Bruxelles.<br />

Liste ancienne<br />

Plovits (Max.Jos.)<br />

à Bruxelles. Liste<br />

ancienne<br />

Grand acquéreur de<br />

domaines nationaux<br />

Festraets (Louis-<br />

Jean-Marie) à<br />

Bruxelles. Liste<br />

ancienne<br />

3.201 f. Parmi les 30<br />

plus imposés<br />

80.000 f. Est sur la<br />

liste des 30<br />

50.900 f. Est sur la<br />

liste des 30<br />

28.000 f. Est sur la<br />

liste des 30<br />

15.000 f. Est sur la<br />

liste des 30<br />

Lieutenant des Gardes<br />

de Corps<br />

Duc d’Arenberg<br />

et d’Aerschot.<br />

Prince Souverain<br />

du St.Empire etc.<br />

Membre des Etats de<br />

Brabant<br />

Marquis de Westerloo,<br />

Chambellan de<br />

S.M. l’Empereur<br />

d’Allemagne<br />

à la Cour de<br />

Brux., ministre<br />

plénipotentaire du<br />

Gvt. Autrichien à La<br />

Haye jusqu’en 1790<br />

Banquier, négociant<br />

Particulier,<br />

propriétaire<br />

Distingué par son<br />

esprit, ses talents,<br />

son attachement<br />

très prononcé<br />

aux principes du<br />

Gouvernement ;<br />

nommé préfet dans<br />

des circonstances<br />

difficiles, il a<br />

sensiblement amélioré<br />

l’administration<br />

existante lors de<br />

sa nomination à<br />

la préfecture de<br />

Bruxelles, a mérité<br />

des éloges pour avoir<br />

arrêté les progrès de<br />

la mendicité, devenue<br />

un fléau qui menaçait<br />

la tranquillité<br />

publique ; a institué et<br />

encouragé plusieurs<br />

établissements<br />

utiles. Actuellement<br />

sénateur.<br />

Grand propriétaire<br />

indemnisé, a eu le<br />

séquestre national sur<br />

ses biens levé en l’an<br />

dix. Actuellement<br />

sénateur.<br />

Membre de la Légion<br />

d’honneur, maire<br />

actuel de la ville de<br />

Bruxelles, président<br />

du collège électoral ;<br />

a eu des biens sous<br />

le séquestre national<br />

jusquen l’an 9,<br />

époque où il est rentré<br />

dans ses propriétés.<br />

Membre de la<br />

Commission.<br />

N’a pas cessé son<br />

état, a été échevin de<br />

la magistrature de la<br />

ville, et a exercé avec<br />

zèle et distinction<br />

plusieurs fonctions<br />

administratives<br />

agratuites ;<br />

actuellement membre<br />

du Conseil général du<br />

département. Membre<br />

de la Commission.<br />

Actuellement membre<br />

et président du<br />

Conseil gén l du Dép t<br />

et du Conseil gén l des<br />

Hospices, il n’a point<br />

pour lui l’opinion<br />

publique, grand<br />

acquéreur de Dom.<br />

Nat x<br />

35


Nom, prénom &<br />

domicile<br />

Vander Meeren<br />

(Ch.Aimé-Em) à<br />

Bruxelles. Liste<br />

ancienne<br />

Vischer de Celles<br />

(Ant.Ph.F.Gh.) à<br />

Bruxelles. Liste<br />

ancienne<br />

De Ligne (Louis-Eug.<br />

Lamoral) à Bruxelles.<br />

Liste ancienne<br />

Bryas Bryas à<br />

Bruxelles. Liste<br />

supplémentaire<br />

Van der Fosse<br />

(Ch. Hyacinthe)<br />

à Bruxelles. Liste<br />

ancienne. Acquéreur<br />

de Dom. Nat.<br />

Marischal (Jacq.<br />

Henri) à Bruxelles.<br />

Liste ancienne Grand<br />

acquéreur de Dom.<br />

Nat.<br />

Vanderdilft (Jean-<br />

Marie-Joseph) à<br />

Bruxelles. Liste<br />

ancienne<br />

Bonaventure<br />

(Nicolas) à Bruxelles.<br />

Liste ancienne<br />

Grand acquéreur de<br />

Dom. Nat.<br />

Montant des<br />

Contributions<br />

Qu’ils paient<br />

12.946 f. Est sur la<br />

liste des 30<br />

10.944 f. Est sur la<br />

liste des 30<br />

10.000 f. Est sur la<br />

liste des 30<br />

10.000 f. Est sur la<br />

liste des 30<br />

10.000 f. Est sur la<br />

liste des 30<br />

10.000 f. Est sur la<br />

liste des 30<br />

10.000 f. Est sur la<br />

liste des 30<br />

9.500 f. Est sur la liste<br />

des 30<br />

Etat ou profession<br />

avant 1789<br />

Comte<br />

Baron de Celles<br />

Prince de Ligne et<br />

colonel au service<br />

de S.M. L’Emp.<br />

d’Allemagne<br />

Très jeune<br />

Très jeune<br />

Jurisconsulte et avocat<br />

Comte<br />

Pensionnaire du<br />

Tournaisis<br />

Observations.<br />

Fonctions publiques<br />

Actuellement membre<br />

de la Garde d’honneur<br />

de S.M. à Bruxelles,<br />

n’a point exercé de<br />

fonction<br />

A été membre du<br />

Cons. municipal de<br />

la ville, maire de la<br />

commune de Laeken,<br />

est nommé membre<br />

du Cons. Gén. du<br />

dépt. Et actuellement<br />

maître de requêtes au<br />

Cons. d’Etat à Paris.<br />

Grand propriétaire, a<br />

été commandant de<br />

la garde d’honneur<br />

de S.M. à Bruxelles,<br />

n’a pas exercé de<br />

fonction.<br />

Propriétaire,<br />

membre de la Garde<br />

d’honneur, du nombre<br />

de ceux qui furent<br />

à Nimègue, n’a pas<br />

exercé de fonction,<br />

d’une conduite<br />

sage et annonce des<br />

dispositions les plus<br />

heureuses.<br />

A rempli plusieurs<br />

fonctions<br />

administratives<br />

gratuites, actuellement<br />

membre et secrétaire<br />

du Cons. Gén. du<br />

Dépt. et du Cons.<br />

Gén. des Hospices,<br />

S’est toujours montré<br />

sous des rapports très<br />

avantageux.<br />

A été membre de<br />

l’administ. centrale de<br />

la Dyle, actuellement<br />

juge suppl. à la Cour<br />

crim. de Bruxelles.<br />

A des qualités qui<br />

lui concilieraient<br />

l’opinion générale<br />

sans le reproche<br />

mérité de faire des<br />

marchés pécuniaires<br />

trop avantageux.<br />

Propriétaire, n’a point<br />

exercé de fonction.<br />

A été membre du<br />

Conseil des Cinq-<br />

Cents. Act. Membre<br />

président de la<br />

Cour crim. Séant à<br />

Bruxelles<br />

36


Nom, prénom &<br />

domicile<br />

Montant des<br />

Contributions<br />

Qu’ils paient<br />

Etat ou profession<br />

avant 1789<br />

Observations.<br />

Fonctions publiques<br />

De Roose (Ch. Pr.<br />

Jos.) à Bruxelles.<br />

Liste ancienne.<br />

De Beeckman de<br />

Schore (Ferd. Ch.<br />

Jos.) à Bruxelles.<br />

Liste ancienne<br />

D’Overchies<br />

Neeryssche (Max.<br />

Em.Marie-Jos.) à<br />

Bruxelles. Liste<br />

ancienne<br />

Baudequin de Peuthy<br />

père à Bruxelles. Liste<br />

anc.<br />

Meeûs (François) à<br />

Bruxelles. Liste anc.<br />

Acquéreur de Dom.<br />

Nat.<br />

Verlat-Artois<br />

(Mathieu) à Louvain.<br />

Liste anc.<br />

Vandernoot d’Assche<br />

(Maximilien) à<br />

Bruxelles. Liste anc.<br />

D’Arconati Visconti<br />

(Paul) à Bruxelles.<br />

Liste anc.<br />

Donyn de Chastres à<br />

Louvain. Liste anc.<br />

De Trazegnies<br />

(Philippe) à Bruxelles.<br />

Liste anc.<br />

De Lalaing (Charles)<br />

à Bruxelles. Liste anc.<br />

9.235 f. Est sur la liste<br />

des 30<br />

9.000 f. Est sur la liste<br />

des 30<br />

8.640 f. Est sur la liste<br />

des 30<br />

8.000 f. Est sur la liste<br />

des 30<br />

8.000 f. Est sur la liste<br />

des 30<br />

8.000 f. Est sur la liste<br />

des 30<br />

7.405 f. Est sur la liste<br />

des 30<br />

6.443 f. Est sur la liste<br />

des 30<br />

5.000 f. Est sur la liste<br />

des 30<br />

5.000 f. Est sur la liste<br />

des 30<br />

4.250 f. Est sur la liste<br />

des 30<br />

Baron de Roose, natif<br />

d’Anvers<br />

Noble<br />

Baron<br />

Baron de Peuthy,<br />

membre des Etats de<br />

Brabant<br />

Négociant<br />

Professeur de<br />

philosophie à<br />

l’Université de<br />

Louvain<br />

Marquis d’Assche.<br />

Chambellan de S.M.<br />

l’Emp. d’All. à la<br />

Cour de Bruxelles<br />

Marquis d’Arconati,<br />

natif de Milan<br />

Propriétaire, a été<br />

amman de la ville<br />

de Bruxelles pour la<br />

police<br />

Noble, chambellan de<br />

S.M. l’Emp. d’All. à<br />

la Cour de Bruxelles<br />

Noble<br />

Propriétaire, n’a pas<br />

exercé de fonction<br />

Propriétaire, n’a pas<br />

exercé de fonction<br />

Actuellement membre<br />

du Cons. Gén. du<br />

département<br />

Recommandable<br />

par son zèle<br />

pour le soutien<br />

d’établissements des<br />

pauvres et par sa<br />

bienfaisance<br />

Continue le<br />

commerce, a été<br />

membre du Cons.<br />

Municipal, act.<br />

Prés. du Trib. de<br />

Commerce, vice-prés.<br />

de la Chambre de<br />

Commerce, membre<br />

du Cons. Gén. du<br />

dépt. et du Conseil<br />

d’enseignement<br />

et de discipline de<br />

l’Ecole spéciale de<br />

Droit, membre de la<br />

Commission<br />

Act. négociant<br />

brasseur, membre du<br />

Cons. Gén. du dépt.<br />

Jouit de l’estime<br />

générale.<br />

Propriétaire, n’a point<br />

exercé de fonction<br />

A été maire de la ville<br />

de Bruxelles. Act.<br />

Membre du Cons.<br />

Gén. du dépt.<br />

Act. Membre du<br />

Cons. Gén. du dépt.<br />

Propriétaire, a été de<br />

la Garde d’Honneur<br />

de S.M. à Bruxelles,<br />

n’a point exercé de<br />

fonction<br />

Propriétaire, n’a point<br />

exercé de fonction<br />

37


Nom, prénom &<br />

domicile<br />

Vandevelde (Léonard)<br />

à Bruxelles. Liste anc.<br />

De Merode fils<br />

(Henri-Marie) à<br />

Bruxelles. Liste<br />

supplémentaire<br />

de La Serna<br />

Santander à<br />

Bruxelles. Liste anc.<br />

Vander Borght<br />

(Guillaume) à Brux.<br />

Liste anc. Acquéreur<br />

de Dom. Nat.<br />

De Coux (Rue du<br />

Lombard) à Brux.<br />

Liste supplém.<br />

Claes (Jean-Bapt.)<br />

à Lembeek (arr. de<br />

Nivelles) Liste suppl.<br />

De Beaufort à Brux.<br />

Liste suppl.<br />

Goffin (Ant. Jos.)<br />

à Brux. Liste suppl.<br />

Acquéreur de Dom.<br />

Nat.<br />

Montant des<br />

Contributions<br />

Qu’ils paient<br />

4.088 f. Est sur la liste<br />

des 30<br />

Etat ou profession<br />

avant 1789<br />

Négociant<br />

4.000 f. Comte de Merode.<br />

Très jeune<br />

4.000 f. Homme de lettres,<br />

idalgos, natif de<br />

Biscaie<br />

Observations.<br />

Fonctions publiques<br />

Continue le<br />

commerce, a été<br />

adjoint maire à<br />

Bruxelles, act. Juge<br />

au trib. de Commerce.<br />

Négociant distingué<br />

jouissant de la<br />

confiance générale.<br />

Acquéreur de Dom.<br />

Nat.<br />

Propriétaire. N’a point<br />

exercé de fonction<br />

Propriétaire, a rempli<br />

diverses fonctions<br />

gratuites, a été<br />

membre de la Com.<br />

des Hospices et du<br />

Cons. Gén. du dépt.,<br />

depuis longtemps<br />

bibliothéciare de la<br />

bibliothèque publique.<br />

4.000 f. Négociant Continue le<br />

commerce, a toujours<br />

exercé des fonctions<br />

administratives<br />

gratuites, act. Membre<br />

du Cons. municipal<br />

de la ville. Son zèle et<br />

son activité ne se sont<br />

jamais ralentis.<br />

4.000 f. Avocat Même état, n’a<br />

point exercé de<br />

fonction, homme<br />

recommandable à tous<br />

égards<br />

4.000 f Distillateur et fermier Même profession,<br />

n’a point exercé de<br />

fonction, cultivateur<br />

estimable<br />

3.000 f. Colonel du Génie au<br />

service de France<br />

Sert avec distinction<br />

depuis 30 ans dans le<br />

corps du Génie, bon<br />

officier, homme de<br />

mérite qui s’est marié<br />

à Brux. Et jouit de<br />

l’estime générale.<br />

3.000 f. Négociant Continue ses affaires,<br />

a été membre de<br />

la municipalité et<br />

juge au Trib. de<br />

Commerce. Il est fort<br />

estimé.<br />

38


Nom, prénom &<br />

domicile<br />

Beyts (Franç.-Jos.) à<br />

Brux.<br />

Liste anc. Acquéreur<br />

de Dom. Nat.<br />

Crumpipen (Jos.<br />

Henri-Ambroise-Jean-<br />

Népomucène) à Brux.<br />

Liste anc.<br />

Le Page Van<br />

Halewyck à Brux.<br />

Liste anc.<br />

Meeûs (Henri-Jos.<br />

Ad.) à Brux. Liste<br />

suppl.<br />

Hennessy (Dan. Pat.<br />

Jos.) à Brux. Liste<br />

suppl. Acquéreur de<br />

Dom. Nat.<br />

Vandormael de<br />

Biland (Nicolas) à<br />

Wavre.<br />

De Poederlé aîné<br />

à Saintes, arr. de<br />

Nivelles. Liste anc.<br />

Latteur à Brux. Liste<br />

suppl. Acquéreur de<br />

Dom. Nat.<br />

Montant des<br />

Contributions<br />

Qu’ils paient<br />

Etat ou profession<br />

avant 1789<br />

2.674 f. Avocat fiscal de S.M.<br />

au Conseil de Flandre<br />

à Gand. A exercé<br />

pmlusieurs fonctions<br />

importantes<br />

Observations.<br />

Fonctions publiques<br />

A été député au<br />

Conseil des Cinq-<br />

Cents, préfet de Loiret-Cher<br />

à Blois, act.<br />

Procureur gén. imp. À<br />

la Cour d’appel séante<br />

à Brux. ; l’un des 5<br />

inspecteurs généraux<br />

des Ecoles de Droit.<br />

Chambellan de la 3 e<br />

cohorte de la Légion<br />

d’honneur. Distingué<br />

par ses connaissances<br />

étendues et son goût<br />

pour les sciences.<br />

2.583 f. Chancelier de Brabant N’a exercé aucune<br />

fonction, présenté à<br />

une grande majorité<br />

aux deux seules<br />

assemblées électorales<br />

comme candidat au<br />

Sénat<br />

2.500 f. Rentier, propriétaire A été pendant<br />

plusieurs années<br />

membre de la Com.<br />

des Hospices. Exerce<br />

depuis longtemps<br />

et continue act.<br />

Les fonctions de<br />

répartiteur. Connu<br />

pour son zèle et son<br />

désintéressement.<br />

2.000 f. Très jeune et sans état Act. Brasseur et<br />

fabricant de dentelles.<br />

N’a point exercé de<br />

fonction. Jouissant de<br />

l’estime générale.<br />

2.000 f. Très jeune Act. Négociant<br />

et tenant une<br />

manufacture de<br />

papier très renommée.<br />

N’a point exercé de<br />

fonction, il jouit de<br />

l’estime publique<br />

1.509 f. Fermier propriétaire Continue son état.<br />

Act. membre du<br />

Cons. Gén. du dépt.<br />

Cultivateur estimable<br />

et instruit.<br />

1.406 f. Baron A été membre du<br />

Cons. Gén. du dépt.<br />

Actuellement maire<br />

de la commune de<br />

Saintes, se distingue<br />

comme naturaliste<br />

observateur<br />

1.200 f. Homme de loi à Mons A été député au<br />

Conseil des Anciens,<br />

act. 1 er prés. en la<br />

Cour d’appel séante à<br />

Brux.<br />

39


Nom, prénom &<br />

domicile<br />

Sterckx à Brux. Liste<br />

anc. Acquéreur de<br />

Dom. Nat.<br />

Tarte l’aîné à Brux.<br />

(Jean-Jos.-Xavier)<br />

Liste anc.<br />

Loyaerts (Louis) à<br />

Tirlemont. Liste anc.<br />

Acquéreur de Dom.<br />

Nat.<br />

Fourmeaux (G.) à<br />

Brux. Liste anc.<br />

Willems (G.) à Brux.<br />

Liste anc.<br />

D’Aubremé (Guil.<br />

Jos.) Liste anc.<br />

Acquéreur de Dom.<br />

Nat.<br />

Denisson (Charles) à<br />

Chapelle-St-Laurent.<br />

Liste anc. Acquéreur<br />

de Dom. Nat.<br />

Verseyden de Varick<br />

à Brux. Liste anc.<br />

Montant des<br />

Contributions<br />

Qu’ils paient<br />

Etat ou profession<br />

avant 1789<br />

Observations.<br />

Fonctions publiques<br />

1.200 f. Avocat A été officier<br />

municipal à Brux.<br />

Membre de l’Adm.<br />

Centrale de la Dyle.<br />

Act. Membre du<br />

Cons. de Préfecture.<br />

Jurisconsulte habile et<br />

désintéressé.<br />

1.200 f. Avocat à Namur A été Substitut<br />

Procureur Gén. imp.<br />

en la Cour d’appel à<br />

Brux. Actuellement<br />

Professeur à l’Ecole<br />

spéciale de Droit<br />

1.200 f. Rentier Actuellement membre<br />

du Cons. Gén. du<br />

dépt.<br />

1.197 f. Quincailler A été membre de la<br />

municipalité et de<br />

l’Adm. Centrale.<br />

Actuellement<br />

conseiller de<br />

préfecture.<br />

1.000 f. Avocat A été membre du<br />

Cons. municipal, du<br />

Cons. Gén. du dépt.<br />

Actuellement député<br />

au Corps légilsatif,<br />

jouissant et méritant<br />

l’estime publique<br />

1.000 f. Auditeur de la<br />

Chambre des Comptes<br />

spécialement chargé<br />

de la partie des Forêts<br />

et de la comptabilité<br />

1.000 f. Cultivateur<br />

propriétaire<br />

1.000 f. Employé à la<br />

Secrétairerie d’Etat à<br />

Brux.<br />

Il est depuis<br />

longtemps receveur<br />

à Brux. pour la<br />

partie forestière ;<br />

il remplit en même<br />

temps, la fonction<br />

de conservateur des<br />

hypothèques, connu<br />

généralement pour<br />

son intelligence et sa<br />

probité.<br />

Même état,<br />

membre du Cons.<br />

d’arrondissement<br />

de Louvain, très<br />

estimé ; jouissant de<br />

la confiance publique<br />

et distingué par son<br />

intelligence.<br />

A été prés. du Cons.<br />

d’arrond., membre<br />

du Cons. gén. des<br />

Hospices et du collège<br />

électoral d’arrond.<br />

Actuellement<br />

secrétaire gén. de la<br />

Préfecture. Il jouit de<br />

l’estime publique<br />

40


Nom, prénom &<br />

domicile<br />

Plasschaert (Jean-<br />

Bpte-Jos.) à Brux.<br />

Liste anc.<br />

Ippersiel (Engl. Jos.)<br />

à Brux. Liste anc.<br />

D’Anethan (Jacq-<br />

Jos.-Dom.) à Brux.<br />

Liste anc.<br />

Berlaimont<br />

(Beaudouin) à<br />

Nivelles. Liste suppl.<br />

Olbrechts (Pierre-<br />

Jos.) à Brux. Liste<br />

anc. Acquéreur de<br />

Dom. Nat.<br />

Dimartinelli à Brux.<br />

Liste suppl. Acquéreur<br />

de Dom. Nat.<br />

Baert (Pierre-Jacq.)<br />

à Brux.<br />

Dehaese à Brux. Liste<br />

suppl.<br />

Overman (Henri-<br />

Jacq.) à Brux. Liste<br />

anc.<br />

Montant des<br />

Contributions<br />

Qu’ils paient<br />

Etat ou profession<br />

avant 1789<br />

Observations.<br />

Fonctions publiques<br />

877 f. Très jeune A été membre du<br />

Cons. municipal<br />

de la ville de Brux.<br />

Conseiller de<br />

préfecture, ensuite<br />

secrétaire gén., act.<br />

député au Corps<br />

législatif. S’est<br />

conduit de manière<br />

à avoir des droits à<br />

l’estime publique.<br />

678 f. Avocat, jurisconsulte Il a toujours exercé<br />

des fonctions<br />

judiciaires. Act. Prés.<br />

du trib. de 1 ère instance<br />

à Brux., membre de la<br />

Commission<br />

623 f. Employé à la<br />

Secrétairerie d’Etat à<br />

Bruxelles<br />

600 f. Avocat et membre du<br />

magistrat de Nivelles<br />

A été membre du<br />

Cons. municipal<br />

de la commune ;<br />

membre de l’Adm.<br />

des Hospices.<br />

Act. conseiller<br />

de préfecture.<br />

Très estimé et très<br />

laborieux<br />

A été membre de<br />

l’adm. municipale,<br />

exerçant act. les<br />

fonctions de souspréfet<br />

du 3 e arr. à<br />

Nivelles, membre de<br />

la Commission<br />

600 f. Négociant A été membre de la<br />

municipalité, ensuite<br />

du Conseil des Cinq-<br />

Cents à Paris, act.<br />

député au Corps<br />

législatif<br />

600 f. Homme de loi à Diest A été membre du<br />

Corps législatif,<br />

act. Membre juge<br />

de la Cour d’appel<br />

séante à Brux. Habile<br />

jurisconsulte.<br />

500 f. Négociant Membre de la<br />

municipalité.<br />

Act. conseiller de<br />

préfecture, membre de<br />

la Commission<br />

500 f. Homme de loi,<br />

jurisconsulte<br />

Actuellement juge au<br />

Trib. de 1 ère instance<br />

à Brux. Distingué par<br />

son zèle et sa droiture<br />

dans l’exercice de ses<br />

fonctions<br />

483 f. Négociant A été membre de la<br />

Com. des Hospices,<br />

act. du Cons.<br />

municipal de Brux.<br />

négociant éclairé et<br />

fonctionnaire zélé.<br />

41


Nom, prénom &<br />

domicile<br />

Wautelé à Brux. Liste<br />

suppl.<br />

Rouppe (Nic.-Jos.) à<br />

Brux. Liste anc.<br />

Duchatel (Dom.) à<br />

Louvain. Liste suppl.<br />

Dotrenge (Théodore)<br />

à Brux. Liste suppl.<br />

Malaise cadet<br />

(Philippe-Roger) à<br />

Brux. Liste suppl.<br />

Montant des<br />

Contributions<br />

Qu’ils paient<br />

Etat ou profession<br />

avant 1789<br />

450 f. Homme de loi à<br />

Louvain<br />

Observations.<br />

Fonctions publiques<br />

Actuel. Vice-prés.<br />

à la Cour d’appel<br />

séante à Brux. Habile<br />

jurisconsulte.<br />

400 f. Jeune encore A été commissaire<br />

du Gvt. près de la<br />

municipalité de<br />

Brux. ; ensuite a<br />

rempli la même<br />

fonctionprès de<br />

l’Adm. Centr.,<br />

membre du Cons. de<br />

préfecture, maire de<br />

Brux. actuel. Juge de<br />

paix et inspecteur des<br />

prisons de Vilvorde ;<br />

officier de la Garde<br />

d’Honneur de S.M.<br />

à Brux. Actif, plein<br />

de zèle, digne de la<br />

bienveillance de S.M.<br />

400 f. Capitaine de cavalerie<br />

au service de France<br />

Comm. du Gvt. près<br />

la municipalité de<br />

Louvain. Exerce<br />

depuis l’an 8, la<br />

fonction de souspréfet<br />

du 2 e arr.<br />

Membre de la<br />

Commission<br />

400 f. Jurisconsulte A rempli plusieurs<br />

fonctions publiques,<br />

actuel. membre du<br />

Cons. municipal,<br />

juge suppl. à la Cour<br />

crim. et greffier du<br />

Trib. de Commerce.<br />

Homme distingué par<br />

ses connaissances et<br />

jouissant de l’estime<br />

publique.<br />

400 f. Très jeune Employé en chef dans<br />

les bureaux de la<br />

mairie à Brux. depuis<br />

un grand nombre<br />

d’années. Distingué<br />

par ses rares talents<br />

pour les affaires<br />

administratives<br />

autant que par son<br />

intelligence, sa<br />

probité et son zèle.<br />

Sa conduite mérite la<br />

confiance du Gvt.<br />

Fait et arrêté par nous, membres le Commission établie pour la révision de la liste<br />

des 600 plus forts contribuables du département de la Dyle en vertu du décret<br />

impérial du 23 ventôse an 13. En séance à Bruxelles, ce 29 août 1806.<br />

Signé : Ippersiel, Chaban, Merode-Westerloo, Baert, Plovits, Franç. Meeûs,<br />

Duchastel, Berlaimont<br />

La Commission en terminant ce travail ne peut qu’exprimer son regret de n’avoir<br />

42


pu comprendre au nombre des notables Monsieur Chaban, préfet du département<br />

et de n’avoir pu s’étendre sur les qualités qui en font un magistrat respectable<br />

autant pas les sentiments du cœur que par les vertus publiques ; de devoir garder<br />

le silence sur son activité infatigable et sa vigilance sur les objets d’utilité générale<br />

et surtout, sur son attrention à exciter par son exemple, sa soumission aux lois, à<br />

faire respecter et chérir les actes qui émanent de Sa Majesté l’Empereur, qualités<br />

qui lui assurent la reconnaissance publique.<br />

La Commission ne peut laisser échapper cette occasion de rendre hommage aux<br />

lumières, à la sagesse et aux conseils dont Monsieur le préfet l’a pénétrée pour<br />

exécuter l’opération dont elle a été chargée.<br />

43


Liste des personnes marquantes du département de la Dyle (1810) –<br />

F/1cIII/Dyle/2<br />

Nom ; prénom ; qualification, profession ou fonctions actuelles ; nombre d’années ;<br />

lieu du domicile politique ; famille ; qualification, profession ou fonctions depuis<br />

l’entrée dans la société ; fortune personnelle évaluée en revenus.<br />

Merode, Charles, sénateur et membre du collège électoral du département, 47<br />

ans, Paris, marié, 5 enfants, comte et ambassadeur d’Autriche en Hollande,<br />

150.000 francs.<br />

Lannoy, sénateur et membre du collège électoral du département, 80 ans, Paris,<br />

veuf, un enfant, comte et chambellan, 60.000 francs.<br />

D’Arenberg, sénateur, 60 ans, Paris, marié, 4 enfants, duc et prince de l’Empire,<br />

5 à 600.000 francs.<br />

Doulcet Pontécoulant, Gustave, sénateur et membre du collège electoral, 45 ans,<br />

Paris, marié, 2 enfants, au service de France avant la Révolution, peu considérable.<br />

Lambrechts, sénateur, 55 ans, Paris, célibataire, docteur en droit à Louvain,<br />

20.000 francs.<br />

De Vischer de Celles, Antoine, maître des requêtes et préfet de la Loire-Inférieure,<br />

30 ans, Nantes, marié, rentier, 40.000 francs.<br />

Trazegnies, Philippe, membre du collège électoral, Bruxelles, marié, 3 enfants,<br />

marquis et chambellan, 60.000 francs.<br />

Plovits, banquier, Bruxelles, veuf, banquier, 100.000 francs, sa fortune en argent<br />

est inconnue.<br />

Meeûs, Josse, négociant et président du tribunal de Commerce, 52 ans, Bruxelles,<br />

marié, 6 enfants, négociant, sa fortune vient de son commerce, 80.000 francs.<br />

Sécus, François-Prosper, propriétaire, 48 ans, Bruxelles, marié, 4 enfants,<br />

propriétaire, 30.000 francs.<br />

Peuthy de Huldenberg, Théodore, maire d’Huldenberg, 30 ans, Huldenberg,<br />

marié, trop jeune pour avoir occupé des places, 25.000 francs.<br />

Vanderfosse, Charles, membre du Conseil d’Etat puis du collège électoral et du<br />

Conseil général, 40 ans, Bruxelles, veuf, un enfant, trop jeune pour avoir occupé<br />

des places, 30.000 francs.<br />

44


Vandernoot d’Assche, Maximilien-Prosper, désigné pour commander la Garde<br />

nationale, 46 ans, Bruxelles, veuf, un enfant, marquis et capitaine au service<br />

d’Autriche, 40.000 francs.<br />

Roose, Charles, Bruxelles, marié, 3 enfants, comte propriétaire, 30 à 40.000<br />

francs.<br />

Desferrières, Emmanuel, administrateur des hospices et membre du Conseil<br />

municipal de Bruxelles, 50 ans, marié, 4 enfants, 15.000 francs de rentes en<br />

terres, il fait une espèce de commerce.<br />

Vanderlinden d’Hooghvorst, Emmanuel-Prosper, maire de Meysse, 29 ans,<br />

Bruxelles, marié, un enfant, trop jeune avant la Révolution, 30.000 francs.<br />

D’Arberg, Charles, chambellan de S.M. l’Empereur, 30 ans, célibataire, trop<br />

jeune avant la Révolution, peu considérable, son père existe encore.<br />

Vanderdilft, 64 ans, Bruxelles, veuf, comte et chambellan, 50.000 francs.<br />

Huys de Thy, 58 ans, Bruxelles, marié, un enfant, baron propriétaire, 25.000<br />

francs.<br />

Verlat, membre du Conseil du département et fabricant de bière à Louvain, 60<br />

ans, Louvain, célibataire, fortune considérable, mais étant dans le commerce ne<br />

peut être calculée.<br />

Trazegnies, Gillon, maire d’Ittre, 38 ans, Ittre, marié, 3 enfants, chambellan<br />

d’Autriche.<br />

Latteur, Paschal, premier président de la Cour d’appel, 60 ans, Bruxelles, marié,<br />

un enfant, avocat.<br />

Beyts, procureur général de la Cour d’appel, 54 ans, Bruxelles, marié, substitut<br />

du procureur impérial près le Conseil de Flandre, 25.000 francs.<br />

D’Ursel, Charles, maire de Bruxelles, 32 ans, Bruxelles, marié, 3 enfants, 150.000<br />

francs.<br />

D’Onyn de Chastre, Paschal, maire de Louvain, 50 ans, Louvain, marié, amman<br />

de Bruxelles, 15.000 francs.<br />

Thuillier-Beaufort, colonel du Génie retiré, officier de la Légion d’honneur, 57<br />

ans, Bruxelles, marié, officier du Génie au service de France, 49.000 francs.<br />

Verseyden de Varick, Jean-Jacques-Victor, secrétaire général du département de<br />

45


la Dyle, 41 ans, Bruxelles, célibataire, secrétaire de l’Empereur d’Autriche près<br />

le gouvernement, 10 à 12.000 francs.<br />

D’Astier, maire de Lumay, 60 ans, Lumay, Marié, 4 enfants, propriétaire, 15 à<br />

20.000 francs.<br />

Knyff (père), Pierre, membre du Conseil municipal des Hospices, 53 ans,<br />

Bruxelles, marié, 3 enfants, chevalier propriétaire, 30.000 francs.<br />

Colins de Ham, maire de Bierges, 54 ans, Bruxelles, marié, 2 enfants, propriétaire,<br />

20.000 francs.<br />

Poederlé l’aîné, maire de Saintes, membre du collège électoral du département,<br />

64 ans, Bruxelles, marié, 3 enfants, baron et chambellan, 10.000 francs.<br />

Godin, François, membre du collège électoral d’arrondissement de Bruxelles, 59<br />

ans, Bruxelles, marié, ex-législateur, 10.000 francs.<br />

Pollart de Canivris, membre du Conseil municipal de Bruxelles, 50 ans,<br />

Bruxelles, marié, un enfant, propriétaire et magistrat, 8.500 frrancs.<br />

D’Audenarde, Charles, écuyer cavalcadour, officier de la Légion d’honneur et<br />

colonel des cuirassiers, 30 ans, Bruxelles, marié, trop jeune avant la Révolution,<br />

inconnue, pas de biens en espèce.<br />

Devals, procureur impérial à la Cour criminelle, 60 ans, Bruxelles, marié, 3<br />

enfants, avocat à Montpellier, inconnue, pas de biens en espèce.<br />

Vangobbelschroy, directeur de l’Ecole de Droit de Bruxelles, 65 ans, Bruxelles,<br />

marié, un enfant, docteur en droit à Louvain, peu considérable.<br />

Spoelberg, président du tribunal de première instance à Louvain, 40 ans, Louvain,<br />

célibataire, avocat, peu considérable.<br />

Dewyels, adjoint au maire de Louvain, 40 ans, Louvain.<br />

Godfriau, Charles, membre du conseil électoral du département, 60 ans,<br />

Gossoncourt, marié, 7 enfants, propriétaire, 25.000 francs.<br />

Buchet, substitut du procureur impérial en la Cour d’appel, Bruxelles.<br />

Paradis, membre du collège électoral de Nivelles et notaire, Nivelles.<br />

Cornet de Grez père, membre du collège électoral du département, 70 ans,<br />

46


Bruxelles, marié, 4 enfants, conseiller privé auprès du Conseil de Brabant, 80.000<br />

francs.<br />

Passy, Louis, receveur général du département, 50 ans, Bruxelles, marié, 5<br />

enfants, destiné à une place de finance, …francs de rentes sans compter sa banque.<br />

Deglymes (père), maire de Jodoigne-Souveraine, 52 ans 1/2, Jodoigne, marié, 10<br />

enfants, comte et propriétaire, 20.000 francs.<br />

Steenhault, Ignace, maire de Vollezeele, 60 ans, Vollezeele, célibataire, ancien<br />

chanoine de Tournai, 12 à 15.000 francs.<br />

T’Serclaes de Wommerson, propriétaire, Wommerson, marié, propriétaire, 12 à<br />

15.000 francs.<br />

Vanderborgt, Guillaume, négociant et propriétaire, 60 ans, Bruxelles, veuf, 7<br />

enfants, négociant et propriétaire, 60.000 francs.<br />

La Serna Santander, bibliothécaire, savant, 63 ans, Bruxelles, savant.<br />

Toutes les personnes portées sur ce tableau jouissent plus ou moins de la<br />

considération publique. J’ai choisi entre elles les seize peronnes qui m’ont paru soit<br />

à tel ou tel titre mériter davantage de fixer l’attention pour être nommé président<br />

du collège électoral du département et des trois conseils d’arrondissement.<br />

Fait par moi, préfet de la Dyle, en vertu des instructions de Son Excellence le<br />

ministre de l’Intérieur, Bruxelles, 3 septembre 1810, Latour Dupin.<br />

47


Etat des plus riches propriétaires du département de la Dyle (1803)-AF/<br />

IV/1052<br />

Nom Etat Revenus présumés<br />

en francs<br />

Observations<br />

D’Arenberg ex duc 450.000 Prince d’Empire<br />

récemment rentré.<br />

Ses revnus allaient<br />

autrefois au double.<br />

Influent dans le pays<br />

par son nom et ses<br />

grandes possessions.<br />

Merode ex-comte 250.000 Il n’a point acquis<br />

de domaines<br />

nationaux. Il a une<br />

terre en Prusse qu’il<br />

a achetée lors de son<br />

émigration. Il est<br />

rentré et rayé. Il est<br />

aimé.<br />

D’Ursel ex-duc 200.000 Il n’a point émigré. Il<br />

a acheté beaucoup de<br />

domaines nationaux<br />

et dans l’ancienne<br />

France et dans la<br />

Belgique. Il a par ce<br />

moyen, réparé une<br />

partie des pertes que<br />

lui a fait éprouver<br />

la Révolution. C’est<br />

le beau-frère du duc<br />

d’Arenberg. Il a<br />

peu d’influence. Sa<br />

famille est vénérée.<br />

Duras comte 200.000 Mort depuis quelques<br />

jours laissant une<br />

seule héritière qui va<br />

se marier avec le fils<br />

du prince de Ligne.<br />

Plovits banquier 150.000 C’est le plus grand<br />

acquéreur de<br />

domaines nationaux,<br />

il a en outre de ce<br />

revenu territorial,<br />

deux raffineries<br />

de sucre et un<br />

portefeuille que l’on<br />

ne connaît pas. Il<br />

doit être attaché au<br />

gouvernement et<br />

par son intérêt et par<br />

principe.<br />

Roose ex-comte 70.000 N’a point acquis de<br />

domaines nationaux.<br />

Arconati ex-marquis 75.000 Italien résidant à<br />

Bruxelles. Ex-maire<br />

de cette ville. Ayant<br />

acquis des biens<br />

nationaux, il est<br />

philanthrope.<br />

Vander Dilft ex-comte 70.000 Il n’a point acheté de<br />

biens nationaux.<br />

48


Nom Etat Revenus présumés<br />

en francs<br />

Observations<br />

Vandevelde négociant 30.000 Ces 30.000 sont en<br />

fonds, mais on le dit<br />

encore possesseur<br />

de 2.000.000 argent<br />

qu’il fait circuler<br />

dans le commerce.<br />

Il est adjoint à la<br />

mairie et n’a que la<br />

considération que lui<br />

donne sa fortune.<br />

Beeckman Vieusart ex-comte 60.000 Il n’a fait aucune<br />

acquisition. Il est<br />

plutôt attaché, à ce<br />

que l’on dit, à l’ancien<br />

qu’au nouveau<br />

gouvernement.<br />

Deman de Lennick noble 60.000 Idem<br />

Crumpipen idem 60.000 Il n’a rien acquis. Il<br />

était chancelier de<br />

Brabant. Il émigra<br />

avec la Cour. Il est<br />

rentré à Bruxelles<br />

depuis quelque temps.<br />

Il est considéré. Son<br />

fils est négociant.<br />

Marischal Juge au tribunal<br />

criminel<br />

60.000 Ex-administrateur du<br />

département avant<br />

le 18 fructidor, il a<br />

acquis beaucoup de<br />

domaines nationaux.<br />

Il est très attaché au<br />

gouvernement actuel.<br />

Lalaing comte 65.000 N’a point fait<br />

d’acquisitions.<br />

Attaché par intérêt au<br />

gouvernement pour<br />

lequel il ne ferait rien.<br />

Sécus baron 60.000 Même note que la<br />

précédente<br />

De Spangen comte 50.000 N’a rien acquis. Sa<br />

fortune a été plus<br />

considérable, mais<br />

il a perdu dans les<br />

emprunts de Paris où<br />

il avait 4 à 500.000<br />

francs.<br />

Beughem comte 70.000 Il a fait depuis peu des<br />

acquisitions. Il jouit<br />

de l’estime publique.<br />

Mosselman négociant 55.000 Une partie de sa<br />

fortune consiste en<br />

domaines acquis<br />

dans différents<br />

départements.<br />

Mosselman frère idem 45.000 Idem<br />

49


Nom Etat Revenus présumés<br />

en francs<br />

Observations<br />

Thiberghien frères idem 100.000 La grande partie en<br />

domaines nationaux.<br />

Six frères et sœurs<br />

partagent cette<br />

fortune sauf l’aîné qui<br />

réside à Paris et qui<br />

passe pour avoir seul<br />

une part presque égale<br />

à celle de tous les<br />

autres ensemble.<br />

Claes de Lembeek distillateur et<br />

fermier<br />

65.000 Il était fort riche avant<br />

la Révlution, il a<br />

augmenté sa fortune<br />

en achetant des<br />

domaines natiponaux.<br />

D’Hooghvorst baron 60.000 Il était membre de<br />

l’ancien Etat de<br />

Brabant. Il n’a rien<br />

acquis et on le dit<br />

plus attaché à l’ancien<br />

qu’au nouveau<br />

gouvernement.<br />

Festraets noble 35.000 Il a une partie<br />

de sa fortune en<br />

biens nationaux.<br />

Il est membre du<br />

Conseil général du<br />

département, attaché<br />

au gouvernement.<br />

Van der Noot<br />

d’Assche<br />

comte et<br />

marquis<br />

60.000 N’a rien acquis.<br />

Est plus attaché,<br />

dit-on, à l’ancien<br />

qu’au nouveau<br />

gouvernement.<br />

Peuthy baron 60.000 N’a rien acquis et<br />

passe pour avoir<br />

moins d’attachement<br />

pour le nouveau<br />

que pour l’ancien<br />

gouvernement.<br />

Cruyckenbourg comte 45.000 N’a rien acquis. A été<br />

émigré.<br />

Hennessy 40.000 Il a beaucoup acquis<br />

depuis longtemps<br />

D’Onyn 40.000 Il a fait quelques<br />

acquisitions<br />

Vilain XIIII fils comte 50.000 N’a rien acquis.<br />

Trazegnies comte 35.000 Idem<br />

Vandorselaer Conseiller de<br />

Brabant<br />

40.000 Il n’a rien acquis.<br />

Attaché à l’ancien<br />

gouvernement. Il était<br />

conseiller de Brabant.<br />

Il passe maintenant<br />

pour être le conseil<br />

des prêtres fanatiques.<br />

50


Nom Etat Revenus présumés<br />

en francs<br />

Observations<br />

Piat Lefebvre banquier 40.000 Il a beaucoup acquis.<br />

Il a en outre un<br />

portefeuille dont on<br />

ne connaît pas la<br />

valeur.<br />

Willebroeck dit<br />

Helman<br />

vicomte 30.000 Il a acquis assez de<br />

biens. Il jouit de<br />

l’estime publique.<br />

de Grimbergen<br />

Walraevens propriétaire 40.000 N’a rien acquis.<br />

D’Overchies de<br />

baron 60.000 Idem<br />

Neeryssche<br />

Crabbé rentier 45.000 mort<br />

Artois brasseur 40.000<br />

Drion Zoude propriétaire 40.000 A acquis beaucoup de<br />

biens.<br />

Tons rentier 50.000 Il a beaucoup perdu,<br />

ayant de l’argent<br />

placé sur la ville de<br />

Bruxelles et sur les<br />

Etats de Brabant.<br />

Lannoy comte 40.000 Il a beaucoup perdu.<br />

Etait membre des<br />

Etats de Brabant et<br />

du conseil municipal.<br />

Il est vénéré dans le<br />

pays et a l’air d’aimer<br />

le gouvernement<br />

actuel.<br />

Beughem Capelle noble 30.000 N’a rien acquis.<br />

Matthieu épicier 40.000<br />

Knyff noble 40.000 A fait beaucoup<br />

d’acquisitions<br />

Fraula baron 40.000 N’a rien acquis.<br />

Lamberts négociant 70.000 Il a acquis beaucoup<br />

de biens à des prix<br />

très considérables.<br />

Vanderborght idem 30.000 A fait beaucoup<br />

d’acquisitions. C’est<br />

une des premières<br />

maisons de banque<br />

et de commerce<br />

de Bruxelles. Il est<br />

généralement aimé,<br />

jouit de la confiance<br />

publique et attaché au<br />

gouvernement.<br />

De Salle baron 36.000 N’a rien acquis.<br />

Ne jouit d’aucune<br />

considération.<br />

51


Nom Etat Revenus présumés<br />

en francs<br />

Observations<br />

Bonaventure Pt. du Tribunal<br />

criminel<br />

40.000 Il a été dans les<br />

administrations avant<br />

et depuis l’entrée des<br />

Français. Il est instruit<br />

et a fait beaucoup<br />

d’acquisitions<br />

et est attaché au<br />

gouvernement.<br />

Baillet comte 45.000 Ancien membre des<br />

Etats de Namur. A fait<br />

des acquisitions.<br />

Poederlé baron 30.000 Il est instruit. N’a rien<br />

acquis.<br />

Cornet de Grez<br />

Ancien membre du gt.<br />

autrichien<br />

45.000 Il est fort instruit, on<br />

ignore s’il a acquis,<br />

mais sa famille<br />

a fait beaucoup<br />

d’acquisitions.<br />

Prud’homme d’Ailly comte 35.000<br />

Huysman noble 30.000 N’a rien acquis<br />

Kessel baron 32.000 A fait des<br />

acquisitions.<br />

De Paepe noble 32.000 N’a rien acquis.<br />

Danoot banquier 40.000<br />

Huysmans Neufcour noble 40.000 N’a rien acquis<br />

De Put vicomte 40.000 idem<br />

Saint-Remy comte 30.000 N’a rien acquis. Il<br />

cherche à acheter.<br />

Vandencruys ex-conseiller<br />

30.000 N’a rien acquis.<br />

de Brabant<br />

Schumacher banquier Sa fortune est dans<br />

le commerce et dans<br />

son portefeuille. Il<br />

est riche et une des<br />

premières maisons de<br />

banque.<br />

Overman idem idem<br />

Dubie idem Idem<br />

De Page rentier 18.000 Est assez partisan de<br />

la Révolution.<br />

Les frères de Roovere idem 22.000 Attachés à l’ancien<br />

régime.<br />

Beaudier noble 12.000 idem<br />

Hozien (?) idem 20.000 Regrette ses pertes<br />

d’Overchies Ex-baron et conseiller 22.000 Il a été émigré. On<br />

de Brabant<br />

le croit partisan<br />

de l’ancien<br />

gouvernement.<br />

Annez rentier 25.000 Attaché à l’ancien<br />

régime.<br />

Les frères Louis idem 25.000 Assez indifférents<br />

52


Nom Etat Revenus présumés<br />

en francs<br />

Observations<br />

Triponnetty juge 15.000 Il a été grand partisan<br />

de la Révolution<br />

Belgique. Il désire<br />

faire du bruit. Il<br />

remplit depuis quatre<br />

ans une place de juge.<br />

Quarré ex-comte 60.000 Vieillard qui<br />

commence à perdre la<br />

raison.<br />

Maldeghem idem 50.000 Vend ses biens. On<br />

croit que c’est pour se<br />

retirer en Allemagne.<br />

Il était attaché au<br />

prince Charles.<br />

De Gavre prince 28.000 Emigré, rentré.<br />

Annoul rentier 18.000 Attaché à l’ancien<br />

régime plutôt qu’au<br />

nouveau.<br />

Goffin négociant 12.000 Il est très actif et fait<br />

le commerce en tout<br />

genre.<br />

D’Arberg père ex-comte 25.000 Il a été émigré. Sa<br />

fortune est beaucoup<br />

diminuée. Sa famille<br />

est respectée et bien<br />

vue partout.<br />

Erixen (d’Herissen) noble 24.000<br />

t’ Kint Vanderborght ex-conseiller de Bt.et<br />

fabricant de dentelles<br />

24.000 De conseiller, il est<br />

devenu commerçant.<br />

Il ne se mêle plus de<br />

politique, cependant<br />

peut être regardé<br />

comme attaché à<br />

l’ancien régime.<br />

Robiano encore mineur 50.000<br />

Laureys ci-dvt. boucher 20.000 Attaché à l’ancien<br />

régime<br />

Van Schelle négociant 22.000 Plutôt attaché au<br />

nouveau qu’à l’ancien<br />

régime.<br />

Stuttberg idem 12.000 Sans être grand<br />

partisan du nouveau<br />

régime, on ne peut le<br />

dire attaché à l’ancien<br />

régime.<br />

Ronsdorf idem 20.000 idem<br />

Saum idem 20.000 idem<br />

Engler idem 20.000 idem<br />

Burbure Wezembeek noble 20.000 Assez indifférent<br />

53


Nom Etat Revenus présumés<br />

en francs<br />

Observations<br />

Baesen père idem 20.000 On le dit plutôt<br />

attaché à l’ancien<br />

qu’au nouveau<br />

régime, il se conduit<br />

bien, sa famille est<br />

très vénérée et jouit à<br />

juste titre, de l’estime<br />

publique.<br />

Reynegom père ex-baron 30.000 Regrettant le temps<br />

passé, mais tranquille.<br />

Delvaux ex-secrétaire du<br />

25.000 Idem<br />

Conseil de Brabant<br />

Deman d’Hobruge noble 20.000 Idem<br />

Robyns noble 25.000 Est plutôt attaché<br />

à l’ancien qu’au<br />

nouveau régime<br />

Snellinck noble 20.000 Il est secrétaire<br />

du conseil<br />

d’arrondissement.<br />

A fait quelques<br />

acquisitions et il<br />

paraît avoir adopté<br />

le nouvel ordre des<br />

choses.<br />

Moris père négociant 25.000 Attaché à l’ancien<br />

régime.<br />

Saint-Pierre ex-comte 22.000<br />

Meeus négociant 15.000 N’a rien fait pour<br />

la Révolution, mais<br />

cependant ne crie pas<br />

contre le nouvel ordre<br />

des choses.<br />

Kersmaecker père épicier en gros 22.000 Attaché à l’ancien<br />

régime<br />

D’Allegambe noble 20.000 A fait quelques<br />

petites acquisitions.<br />

Il ne peut cependant<br />

être regardé comme<br />

partisan de la<br />

Révolution.<br />

Willebrouck ex-baron 18.000 Cette famille assez<br />

nombreuse et assez<br />

opulente ne jouit<br />

point d’une grande<br />

considération<br />

Reynegom noble 25.000 Il se prête au nouvel<br />

ordre de choses<br />

sans pouvoir en être<br />

déclaré partisan<br />

De la Puente ex-marquis 18.000 Se prête de bonne<br />

grâce au nouvel ordre<br />

des choses.<br />

54


Nom Etat Revenus présumés<br />

en francs<br />

Observations<br />

Diert (Diert-Oszij ?) noble 28.000 A fait quelques<br />

acquisitions, mais il<br />

paraît cependant bien<br />

attaché à l’ancien<br />

régime.<br />

De Fraye Schiplaeken noble 28.000 A été commandant<br />

des volontaires belges<br />

et a fait quelques<br />

belles acquisitions.<br />

Vit à la campagne<br />

où il exploite ses<br />

biens ; il pourrait<br />

s’être très bien fait<br />

à la Révolution, un<br />

de ses enfants vient<br />

d’entrer hussard au 2 e<br />

régiment.<br />

Les revenus portés sur cet état est fixé (sic) d’après des tableaux certains. Mais<br />

d’après l’opinion publique, et on sait qu’en pareille circonstance un revenu fixé<br />

par exemple à 60.000 est souvent de 65 ou seulement de 55, cependant, on croit<br />

en général que les proportions sont bien observées. Le tableau des plus forts<br />

imposés dressé à la préfecture présente un taux plus bas, mais si la plupart eussent<br />

voulu fournir des renseignements, on verrait que beaucoup paient trois et quatre<br />

fois plus que ne le suppose le tableau.<br />

55


Corpus des notables<br />

ANETHAN Jacques-Joseph-Dominique, baron d’ (Luxembourg 4 août<br />

1769-Bruxelles 14 juin 1841).<br />

C’était le fils du baron François-Henri-François de Paule-Joseph d’Anethan<br />

(Luxembourg 6 juillet 1743-La Trapperie 15 mars 1824), seigneur d’Altwiers,<br />

licencié en droit, avocat à Luxembourg qui avait exercé la charge de Haut<br />

Forestier de la Gruerie d’Arlon sous l’Ancien Régime. François d’Anethan avait<br />

épousé à Fisbach, le 10 décembre 1767, Anne-Pétronille de Cassal de Bomal<br />

(Luxembourg-Saint-Nicolas et Thérèse-12 février 1747- Fisbach 24 juillet 1778)<br />

fille de Pierre-Arthur de Cassal de Bomal, seigneur de Fisbach, qui était aussi<br />

maître de forges et conseiller d’Epée au Conseil de Luxembourg.<br />

François d’Anethan s’associa avec son beau-père dans les forges de Fisbach, puis<br />

créa sa propre entreprise à La Trapperie. Il se trouvait à la tête d’une fortune<br />

estimée à plus de 500.000 livres en 1795.<br />

Le 23 thermidor an III, il fut désigné par le représentant Joubert pour prendre<br />

place au nouveau tribunal civil créé sur le modèle français après la reddition de la<br />

place de Luxembourg, mais l’annexion des départements belges le 9 vendémiaire<br />

an IV (1 er octobre 1795), empêcha la mise en place de cette juridiction. François<br />

d’Anethan s’abstint de toute activité publique sous le Directoire, mais sous<br />

l’Empire, il siégea au Conseil général du département des Forêts. Le roi Guillaume<br />

I er le fit membre de la première Chambre des Etats généraux où il siégea de 1815<br />

à 1822.<br />

De son mariage, il retint plusieurs enfants dont Joseph était l’aîné.<br />

Après avoir obtenu un doctorat en droit à l’Université de Louvain, Joseph<br />

d’Anethan débuta sa carrière en 1791, comme official à la Secrétairie d’Etat<br />

et de Guerre installée à Bruxelles. Il se tint à l’écart de toute activité publique<br />

sous le Directoire, mais il fut nommé membre de l’administration municipale de<br />

Bruxelles fin messidor an X (juillet 1802) et il y siégea jusqu’au 13 brumaire an<br />

XIII (4 novembre 1804). Il fit aussi partie du Conseil général des Hospices et des<br />

secours de l’arrondissement de Bruxelles.<br />

Le 31 janvier 1806, il fut nommé conseiller de préfecture du département de<br />

la Dyle sur les recommandations des sénateurs de Lannoy * et Le Doulcet de<br />

Pontecoulant, ancien préfet du département. Joseph d’Anethan fut membre du<br />

Collège électoral du département depuis l’an XI. Il dirigea également le Montde-Piété<br />

et l’on pensa à lui pour présider l’assemblée électorale d’un des cantons<br />

de Bruxelles an 1813.<br />

56


Aux yeux du préfet, en 1809, Joseph d’Anethan jouissait « …de la meilleure<br />

réputation, digne par son dévouement au Gouvernement provincial du Brabant<br />

autant que par sa capacité d’occuper toutes les places de l’administration ».<br />

A la chute de l’Empire, Jacques d’Anethan remplaça le préfet en qualité<br />

d’intendant du département de la Dyle, puis il fut nommé gouverneur de la<br />

province du Brabant méridional lors de la création du royaume des Pays-Bas en<br />

1815.<br />

L’année suivante, il fut nommé conseiller d’Etat en service ordinaire, fonction<br />

qu’il exerça jusqu’en 1830. De même, il fut membre du Corps Equestre du<br />

Grand-Duché de Luxembourg de 1817 à 1830.<br />

Tout au long de ces années, Joseph d’Anethan collabora sans arrière pensée à la<br />

politique de Guillaume I er .<br />

Il était catholique, mais anticlérical, car quand le 18 juillet 1815, il fit parvenir<br />

son rapport au Roi, sur les notables proposés pour voter la Loi Fondamentale,<br />

il ajoutait : « Vous y verrez figurer peu d’ecclésiastiques, parce que je crains<br />

que les principes d’intolérance qu’ils professent ne les empêchent de voter pour<br />

l’acceptation d’une constitution qui protégera toutes les religions ». Il n’exerça<br />

plus de charge publique dans la Belgique indépendante, peut-être par fidélité<br />

orangiste, car en 1831, il sollicita mais en vain, un emploi dans le Grand Duché<br />

de Luxembourg resté possession personnelle du roi Guillaume I er .<br />

Joseph d’Anethan avait épousé à Bruxelles le 5 floréal an V-25 avril 1797,<br />

Appoline-Joséphine Versyden de Varick (Bruxelles 25 avril 1771-Bruxelles 1 er<br />

mai 1855), fille du baron Pierre-Yves Versyden de Varick (3 juin 1714-Bruxelles<br />

14 juillet 1782), conseiller maître à la Chambre des comptes (1760), Grand<br />

bailli de la ville et châtellenie d’Audenarde (1771) et de sa seconde épouse<br />

Marie-Anne-Antoinette-Jeanne-Népomucène de Crumpipen (Bruxelles 8 mai<br />

1744-Bruxelles 26 mai 1802). Ce mariage faisait de lui le neveu par alliance, de<br />

l’ancien chancelier Crumpipen * et introduisait le jeune provincial prometteur<br />

qu’était Jacques d’Anethan, dans le milieu des anciens fonctionnaires de la haute<br />

administration des Pays-Bas. Quand il fut nommé conseiller de préfecture, le<br />

secrétaire général de celle-ci n’était autre que son beau-frère, Jean Versyden de<br />

Varick *.<br />

De son mariage, Joseph d’Anethan retint cinq enfants. Le préfet soulignait qu’il<br />

leur donnait « … une éducation qui les rend propres aux différentes carrières<br />

militaires et civiles auxquelles il les destine ».<br />

• Marie-Henriette (Bruxelles 30 messidor an VI -18 juillet 1798- Bruxelles 20<br />

mai 1814).<br />

57


• Victor-Joseph (Bruxelles- 28 ventôse an VIII-17 février 1800-Ypres 20<br />

octobre 1835) chevalier, page du roi Guillaume I er à l’Ecole militaire de Delft,<br />

major de cavalerie qui épousa à La Haye le 13 août 1822, Marie-Henriette<br />

de Burmania, baronne Rengers ( Leeuwaerden 27 jullet 1801-Bruxelles 28<br />

janvier 1850), fille du baron Justinius Sjuck Gerold Juckema, membre du<br />

Corps Equestre de la Frise et de Henriette-Jacoba van Andringa de Kempenaer.<br />

• Jules-Joseph (Bruxelles 3 floréal an XI-23 avril 1803-Schaerbeek 8<br />

octobre 1888). Docteur en droit de l’Université de Louvain en 1824, il fut<br />

successivement, avocat à Bruxelles, substitut au tribunal de Courtrai, puis<br />

de Termonde. C’est après la Révolution belge que sa carrière prit son essor.<br />

Juge au tribunal d’Anvers en novembre 1830, procureur du roi au tribunal<br />

de Louvain (1831), substitut du procureur général (1832), avocat général<br />

à la Cour d’appel de Bruxelles (1836-1843), il fut élu comme député sur<br />

la liste catholique, pour l’arrondissement de Louvain (1844-1848), puis<br />

sénateur pour l’arrondissement de Tielt (1849-1888). Président du Sénat<br />

à plusieurs reprises, il fut ministre de la Justice (1843-1847) et pendant de<br />

brèves périodes, ministre de l’Intérieur (1845), ministre de la guerre (1846),<br />

ministre des Travaux publics (1870), ministre des Affaires Etrangères (1871).<br />

Il obtint de même que ses deux frères survivants, la reconnaissance de son<br />

titre de baron, le 15 février 1840.<br />

Il avait épousé à Bruxelles, le 10 octobre 1827, Marie-Cornélie-Fulvie de Jonghe,<br />

(Bruxelles 13 thermidor an XI-1 er août 1803-Schaerbeek 19 janvier 1864) fille<br />

d’Egide-Corneille de Jonghe (Bruxelles-Finistère-22 mai 1735-Bruxelles 13<br />

avril 1818), conseiller au Conseil de Brabant, membre du Conseil privé du Prince<br />

Souverain des Pays-Bas et président de la Chambre des Comptes (août 1814-15<br />

mars 1815) et de Marie-Antoinette de Roovere (Bruxelles 7 juin 1782-Bruxelles<br />

15 janvier 1841).<br />

Henri-Armand (Bruxelles 21 fructidor an XII- 8 septembre 1804- Bruxelles<br />

6 janvier 1883) fut secrétaire du roi Léopold II. Il épousa le 14 janvier 1847,<br />

à Bruxelles, Marie-Zoé-Joséphine Artan (Saint-Josse-ten-Noode 15 février<br />

1809-Laeken 1 er juillet 1858), fille de Louis-Marie Artan et de Cécile-Jeanne-<br />

Ursule Le Gros, dont postérité.<br />

• Henri-Auguste (Bruxelles 5 mars 1805-Barbençon 10 août 1860) qui épousa<br />

à Bruxelles le 5 décembre 1844, Marie-Louise-Sylvie Artan (Saint-Josse-ten-<br />

Noode 18 octobre 1812-Ty Gwyn -Grande-Bretagne- 26 novembre 1885),<br />

sœur de Zoé Artan que son frère Henri épousera trois ans plus tard, dont<br />

postérité.<br />

Joseph d’Anethan figurait sur la liste des soixante personnalités les plus<br />

marquantes du département en 1806. Il ne payait alors que 623 francs d’impôts,<br />

mais le préfet lui attribuait 15 à 17.000 francs de rentes en 1809.<br />

58


A.N., F/1bII/Dyle/2, F/1cIII/Dyle/1 et 2 , F/7/8364 ; Archives de l’Etat à<br />

Luxembourg, B/122/1474 ; A.G.R., Préfecture de la Dyle, P° 1877 bis, Microfilm<br />

des archives de la famille d’Anethan, n° 170 ; Etat présent de la Noblesse<br />

belge1984, t, I, p. 78-81 ; Le Parlement belge, p. 88-89 ; F. BETERAMS, The<br />

High Society…, p. 4 ; Cl. BRUNEEL Les grands commis…, p. 623-625.<br />

ARBERG de VA<strong>LE</strong>NGIN Charles-Philippe-Alexandre, comte d’ (Mons 1 er<br />

mai 1778- Paris 18 mai 1814).<br />

Charles d’Arberg est un exemple du ralliement au régime napoléonien d’une<br />

partie des anciennes élites, par le biais de la carrière administrative.<br />

Son père, Nicolas-Antoine, comte d’Arberg, de Valengin et du Saint-Empire,<br />

seigneur d’Ollignies (Nivelles 20 juillet 1736-Bruxelles 17 septembre 1813) était<br />

issu d’une vieille famille d’origine suisse établie dans les Pays-Bas.<br />

Il avait fait une brillante carrière dans l’armée autrichienne. Entré très jeune dans<br />

le régiment d’infanterie wallonne de son oncle, Charles-Antoine, il obtint en<br />

1764, le commandement du régiment d’infanterie du prince de Ligne, puis celui<br />

du régiment de Deynse.<br />

Feld-maréchal lieutenant en 1783, il devint gouverneur et Grand bailli du Hainaut<br />

en 1788. Il reçut en outre, les titres de Grand écuyer et de Grand maître des<br />

cuisines de la Cour de Bruxelles. Il participa à la répression de la Révolution<br />

brabançonne, notamment à Gand, mais il le fit avec une mollesse qui lui fut<br />

reprochée, ce qui l’amena à prendre sa retraite lors de la première restauration<br />

autrichienne. Il fut toutefois, élevé à la dignité de conseiller d’Etat d’épée en<br />

1794. Il émigra en 1796, mais il revint à Bruxelles, sous le Consulat sans plus<br />

occuper d’emploi public. En 1770, il fut vénérable maître de la loge montoise<br />

« La Vraie et Parfaite Harmonie « et député à la Grande Loge provinciale des<br />

Pays-Bas autrichiens.<br />

Sa mère, Françoise-Claudine de Stolberg-Gedern (27 juin 1756-1836) était issue<br />

d’une maison princière du Saint-Empire. C’était la fille de Gustave-Adolphe,<br />

prince de Stolberg-Gedern, général-major, gouverneur de Nieuport et d’Elisabeth-<br />

Philippine-Claudine de Hornes. Elle fut dame d’honneur de l’impératrice<br />

Joséphine et la suivit dans sa retraite à Malmaison, après le divorce et fut plus<br />

tard, dame du palais de la reine Marie-Amélie, épouse de Louis-Philippe.<br />

La carrière de leur fils aîné, Charles, se trouvait donc placée sous les meilleurs<br />

auspices. Il fut d’abord nommé conseiller municipal de Bruxelles le 6 germinal<br />

an X (27 mars 1802), mais il démissionna quand il devint auditeur au Conseil<br />

d’Etat le 8 vendémiaire an XII (1 er octobre 1803). Il fut alors chargé par le<br />

Premier Consul d’une mission diplomatique près la Cour de Prusse. Un an plus<br />

59


tard, le 8 vendémiaire an XIII (30 septembre 1804), il fut nommé chambellan<br />

de l’Empereur Napoléon et créé chevalier de la Légion d’honneur le 17 nivôse<br />

suivant (7 janvier 1805).<br />

Capitaine commandant des gardes d’ordonnance de la Garde impériale en octobre<br />

1806, chef d’escadron le 22 mars 1807, il fut à nouveau chargé d’une mission<br />

diplomatique à la Cour de Saint-Pétersbourg en février 1808. Au mois de mai de<br />

cette même année, il devint gouverneur du château de Valençay, où il fut quelque<br />

temps, le geôlier de Ferdinand VII d’Espagne avec lequel, si l’on en croit les<br />

souvenirs du prince de Castellane, il s’entendit fort bien.<br />

Le 3 décembre 1809, il fut créé comte de l’Empire et le 10 janvier 1811, il fut<br />

désigné comme préfet du département des Bouches du Weser. Au mois d’août<br />

1813, il sollicita et obtint un congé de maladie en faisant état d’une santé délabrée<br />

et des fatigues extrêmes qu’entraînait sa tâche dans une Allemagne au bord de<br />

l’insurrection.<br />

Il fut nommé préfet du département du Mont-Tonnerre le 14 décembre 1813,<br />

mais les événements militaires ne lui permirent pas de rejoindre son poste. Il<br />

revint à Paris, où il mourut quelques mois plus tard.<br />

Le 30 juin 1811, il avait été nommé officier de la Légion d’honneur et fut décoré<br />

de la Grand croix de l’Ordre de la Réunion le 22 février 1812. Il était membre de<br />

la loge bruxelloise « La Paix et la Candeur ».<br />

Charles d’Arberg mourut sans alliance.<br />

Une de ses trois sœurs, Caroline-Ferdinande avait épousé en juillet 1808, Louis-<br />

Antoine Klein (1761-1845), général de division, comte de l’Empire, (1807), pair<br />

de France et chevalier de Saint-Louis (1814), Grand croix de la Légion d’honneur<br />

(1834).<br />

Une autre soeur, Félicité-Caroline-Honorine d’Arberg, (Forest-Bruxelles-2 mai<br />

1790-Paris 5 août 1860) avait épousé à Paris, le 22 novembre 1809, le général<br />

Georges Mouton (1770-1838), comte de l’Empire et futur maréchal de France<br />

(1831). Ce mariage avait été voulu et arrangé de toutes pièces, par Napoléon<br />

désireux d’allier ses fidèles à l’ancienne noblesse.<br />

Charles d’Arberg était également beau-frère de Sébastien Jannesson (1779-<br />

1864), préfet de l’Ems oriental en 1811.<br />

Comme la plupart des familles aristocratiques d’Ancien Régime, les d’Arberg<br />

menaient grand train. En 1795, l’hôtel d’Arberg, rue Royale à Bruxelles, abritait<br />

une nombreuse domesticité : trois femmes de chambre, trois domestiques, un<br />

cuisinier, une fille cuisine et un concierge. En 1810, le préfet La Tour du Pin<br />

60


estimait les revenus de Charles d’Arberg comme « …peu considérables, son père<br />

vivant encore « , quant à ce dernier, il lui attribuait 50.000 francs de rentes.<br />

A.N., F/1bI/156/6, F/1cIII/Dyle/1 et 2 ; A.G.R., Enregistrement et Domaines,<br />

Brabant, n° 278, acte 297 ; Archives de la ville de Bruxelles, Recensement de<br />

1795, 7 e section, n° 173, Papiers du duc d’Ursel, liasse 801/6 ; Annuaire de la<br />

Noblesse de Belgique, 1854, p. 47-49 ; Biographie Nationale, 1886,t. I, col.<br />

362-363, notice G. GUIL<strong>LA</strong>UME ; Cl. BRUNEEL, Les grands commis…, p.<br />

57-58 ; Dictionnaire Napoléon, notices Klein et Mouton ; P. <strong>DU</strong>CHAINE, La<br />

Franc-Maçonnerie belge au XVIII e siècle, 1987, p. 370 ; J. VALYNSEE<strong>LE</strong>, Les<br />

maréchaux de la Restauration et de la Monarchie de Juillet, leur famille et leur<br />

descendance, 1962, p. 255-266.<br />

ARCONATI VISCONTI Paul-Marie-Remy, marquis de Busto (Milan 18<br />

octobre 1754-Bruxelles 20 août 1821).<br />

Cet homme original et fantasque était issu de l’aristocratie milanaise.<br />

Son père, Gian-Galeazzo Arconati Visconti (1700-1775) avait été élu parmi les<br />

soixante décurions de Milan le 6 août 1753. Chambellan de l’Empereur, il fut<br />

nommé conseiller intime de l’impératrice Marie-Thérèse (6 août 1771). Il avait<br />

épousé le 3 mai 1767, une riche héritière originaire des Pays-Bas, Henriette-<br />

Josèphe Scockaert (Bruxelles-Saint-Jacques- 16 avril 1745-Milan ?), fille<br />

d’Alexandre-Louis Scockaert, comte de Tirimont, baron de Gaesbeek, conseiller<br />

des Finances, et de Jeanne-Marie-Dorothée Volkaert.<br />

Le couple eut quatre enfants : Charles, l’aîné fut aussi chambellan de l’Empereur<br />

et vécut à Milan ; une fille qui épousa le marquis de Botta Adorno (1680-1774),<br />

ministre plénipotentiaire auprès de Charles de Lorraine (1749-1753), puis grand<br />

maître de la Maison de Léopold, grand duc de Toscane et Joseph qui mourut à 19<br />

ans alors qu’il était capitaine au service de l’Empereur.<br />

Paul Arconati Visconti, le second enfant, entama lui aussi une carrière militaire<br />

comme officier au régiment de Wolfenbuttel. En 1776, alors qu’il n’était que 1 er<br />

lieutenant, il obtint la clé de chambellan de l’Empereur, mais déçu de s’être vu<br />

refuser le commandement qu’il sollicitait et « lassé de sept années de service<br />

qui ne l’avaient mené à rien », il démissionna du service autrichien et « se mit à<br />

voyager et vécut en cosmopolite ou plutôt en nomade, parcourant tous les coins<br />

et recoins de l’Europe ». Il voyagea ainsi en Allemagne, en France, en Russie et<br />

en Pologne, traversant le Danemark, la Suède et la Laponie jusqu’au Cap nord. Il<br />

visita également l’Angleterre, l’Irlande, l’Ecosse et la Turquie.<br />

Après la bataille de Fleurus, il vint s’installer à Bruxelles, auprès de sa tante,<br />

Brigitte-Joseph Schockaert, comtesse de Tirimont, douairière de Templeuve.<br />

Paul D’Arconati, comme il se faisait appeler à l’époque, s’engagea dans la vie<br />

61


politique dès que l’occasion lui en fut donnée, lors des premières élections dans<br />

les départements réunis en l’an V. Facilement élu comme officier municipal du<br />

canton de Bruxelles, en recueillant 587 voix sur 663 votants, il fut installé le 15<br />

prairial et choisi le même jour, à l’unanimité, pour présider la municipalité.<br />

Celle-ci, trop conservatrice, ne survécut pas à l’épuration qui suivit le coup d’Etat<br />

du 18 fructidor. Le 3 vendémiaire an VI, un arrêté du Directoire destitua les<br />

magistrats municipaux pour avoir constamment « …professé l’incivisme, protégé<br />

les prêtres insoumis, négligé les institutions républicaines et le recouvrement des<br />

impôts ».<br />

Paul D’Arconati rentra donc dans l’ombre, mais le régime consulaire lui offrit<br />

une belle revanche quatre ans plus tard.<br />

Nommé maire de Bruxelles le 6 floréal an VIII, il put à nouveau se consacrer<br />

aux affaires de la cité. Les années troublées de la période directoriale avec les<br />

changements incessants à la tête de la municipalité, n’avaient pas favorisé la mise<br />

en place d’une administration efficace, de plus, l’état des finances de la ville<br />

nécessitait des mesures urgentes.<br />

D’Arconati fit rapport, proposa des remèdes, puis deux mois à peine après son<br />

installation, remit sa démission au préfet en invoquant des raisons de santé. Selon<br />

toute vraisemblance, ce furent plutôt le sentiment d’impuissance devant la tâche<br />

à accomplir, l’hostilité perceptible à l’égard des réformes proposées et peut-être<br />

la crainte d’un soutien insuffisant du préfet qui dictèrent sa décision.<br />

Néanmoins, la collaboration de cet aristocrate rallié au régime apparaissait comme<br />

indispensable : il fut donc désigné comme membre du conseil municipal le 8<br />

fructidor an VIII, moins d’un mois après sa démission comme maire. Quelques<br />

mois plus tard, le 6 germinal an IX, il fut nommé au sein du Conseil général du<br />

département où il siégea jusqu’en 1811, écarté à ce moment par le sort.<br />

Cette désignation l’amena dans un premier temps, à démissionner de ses fonctions<br />

au sein du conseil municipal, mais il y fut nommé à nouveau par décret impérial<br />

du 5 brumaire an XIII.<br />

Bien qu’en 1815, l’intendant du département de la Dyle le crût attaché à la maison<br />

d’Autriche, Paul d’Arconati avait voué au Premier Consul, puis à l’Empereur,<br />

une admiration sans bornes.<br />

En 1806, il fit édifier dans le parc de son château de Gaesbeek, un arc de triomphe<br />

en l’honneur de Napoléon. Deux ans plus tard, il proposa de créer une route<br />

pour relier directement son château à la chaussée de Mons et de construire à<br />

l’intersection des deux voies, une pyramide de cent pieds, surmontée d’une statue<br />

de Napoléon « En apothéose à notre immortel souverain ». Mais ce fut en vain<br />

62


qu’il sollicita la croix de chevalier de la Légion d’honneur.<br />

Paul D’Arconati conçut aussi d’autre projets urbanistiques. En 1807, il tenta<br />

de préserver une vieille tour de la seconde enceinte de Bruxelles en proposant<br />

de la racheter pour y établir un réservoir d’eau destiné à l’alimentation de la<br />

partie méridionale de la ville ainsi qu’un observatoire. Le projet n’aboutit pas<br />

et la tour fut démolie. En revanche, il réussit à sauvegarder l’ancienne Halle aux<br />

pains sur la Grand-place de Bruxelles. Il l’acquit comme bien national le 13 avril<br />

1811, la restaura, puis loua le rez-de-chaussée pour y établir des commerces et<br />

installa à l’étage une Chambre de Rhétorique, « Den Wyngaard » qu’il prit sous<br />

sa protection. Il revendit le bien en 1817. Il fit aussi rebâtir, à ses frais, une nef de<br />

l’église du village de Wezembeek où il possédait des biens importants.<br />

Homme du monde, il hantait les salons du premier préfet du département. Doulcet<br />

de Pontécoulant le décrivait en ces termes : « Presque chaque soir, dans un coin,<br />

on remarquait un petit vieillard qu’on distinguait d’abord par l’étrangeté de<br />

ses manières et de son costume presque oriental. C’était le célèbre voyageur,<br />

Monsieur d’Arconaty, homme d’esprit, mais visant à l’effet et possédé de la<br />

manie de se singulariser. Il avait parcouru presque toutes les contrées du globe<br />

et il intéressait en ce moment ses auditeurs par le récit de toutes les aventures<br />

dont il avait été le héros dans une course récente qu’il avait faite en Turquie ».<br />

D’Arconati conserva le goût des voyages jusqu’à un âge avancé. En 1810, il<br />

se rendit à nouveau à Constantinople, pour y rencontrer le sultan. Avec le sens<br />

du faste aristocratique, il avait commandé à l’intention de celui-ci, une pendule<br />

astronomique à un horloger gantois réputé, mais elle ne put lui être livrée à temps<br />

et ses héritiers en firent don bien plus tard, aux Musées royaux d’art et d’histoire.<br />

D’Arconati manifestait un goût immodéré des turqueries. L’officier britannique,<br />

Cavalié Mercer qui visita son château de Gaesbeek en mai 1815 décrivit le<br />

cabinet de style oriental où il recevait ses hôtes : « J’entrai dans une pièce jolie<br />

et haute au plafond arrondi peint en bleu avec des rayures blanches à l’imitation<br />

de l’intérieur d’une tente turque. Aux murs étaient pendus des trophées composés<br />

de sabres, dagues et pistolets, tous richement décorés et de type oriental. Le<br />

mobilier consistait en de grands canapés couverts d’étoffes rayées assorties au<br />

modèle de la tente, rangés le long des murs. Il n’y avait dans la pièce ni chaises<br />

ni tables ».<br />

Il croqua le marquis en ces termes : « D’une taille en-dessous de la moyenne,<br />

un peu courbé par l’âge, mince, le teint bruni par le soleil du sud à moins qu’il<br />

ne fut naturel, des traits réguliers, des yeux étincelants et intelligents donnaient<br />

à sa physionomie une expression de vivacité par opposition à ses joues ridées<br />

d’octogénaire [sic]. Il était complètement habillé à la turque avec le turban blanc<br />

des musulmans, quelque peu souillé, mais garni de pierres précieuses, un ample<br />

caftan bleu avec veste et pantalon de même et un poignard oriental à la ceinture ».<br />

63


Le préfet, Doulcet de Pontécoulant, nous a conservé le récit de ses fantaisies :<br />

« C’était, à vrai dire, un original plein de bizarreries et possédé de la passion de<br />

faire parler de lui par toutes sortes d’excentricités. Sa maison, dans Bruxelles<br />

même ressemblait plutôt à un château des romans d’Anne Radcliffe qu’à<br />

l’habitation d’un paisible citadin ; on n’y voyait que cloisons mouvantes, trappes<br />

et fausses portes ; les allées et les grottes des jardins étaient remplies de jets d’eau<br />

cachés qui, à un signal donné par le maître du logis, inondaient les malheureux<br />

promeneurs qui n’étaient pas sur leurs gardes …Par une prévoyance qui, chez un<br />

autre eût passé pour philosophique, mais qui, chez lui, n’était qu’un nouvel appel<br />

à l’attention publique, M. d’Arconati s’était fait construire un cercueil en bois<br />

précieux d’un très beau travail ; comme un trappiste, il le gardait soigneusement<br />

près de son lit dans sa chambre à coucher. Un jour donc qu’il le montrait<br />

avec ostentation, aux nombreux visiteurs qu’attiraient chez lui sa réputation<br />

d’originalité, et que l’un d’eux avait paru douter que cette espèce de coffre étroit<br />

fût assez vaste pour sa destination, il voulut pour convaincre les incrédules, s’y<br />

coucher tout de son long ; mais à peine y était-il installé, qu’un ressort caché<br />

ayant fait abaisser le couvercle, il se trouva enfermé hermétiquement sans avoir<br />

pu prévoir cet incident. On chercha aussi tôt les moyens de le délivrer, mais le<br />

cercueil fermait par une serrure et la seule clé qui l’ouvrait avait été oubliée à sa<br />

campagne à dix lieues de Bruxelles. Il fallut envoyer un exprès pour la chercher<br />

et le malheureux M. d’Arconati resta enfermé dans son cercueil pendant sept ou<br />

huit heures jusqu’au retour du messager ».<br />

Paul d’Arconati avait été reçu franc-maçon avant de s’établir en Belgique. Il<br />

s’affilia à la loge bruxelloise des « Vrais Amis de l’Union » où il occupa quelques<br />

fonctions subalternes. Il démissionna en juin 1808, non s’en s’être singularisé.<br />

Une note anonyme conservée dans les archives de cette loge signale qu’il se<br />

disait platonicien et adorateur du soleil, avec cette remarque : « … il passe pour<br />

être un peu fou ».<br />

Paul d’Arconati resta célibataire, mais il avait eu une enfant naturelle. En 1789-<br />

1790, il avait vécu sous le nom de M. d’Arc, à Tilff, petit village près de Liège<br />

avec une dame Barbe-Jeanette Taverne. De cette liaison naquit une fille, le 17<br />

décembre 1789 : Marie-Sophie d’Arc. Elle fut élevée aux frais du marquis et<br />

séjourna dans son immédiat entourage. Elle passait aux yeux de tous pour sa fille<br />

et lui-même la présentait comme telle bien que dans les actes officiels, il prétendît<br />

n’être que son tuteur. Il lui avait fait don le 25 novembre 1809, de deux fermes,<br />

l’une de 24 hectares à Hérinnes, l’autre de 64 hectares à Bogaerden.<br />

Il avait marié la jeune femme à un Français, André Masson, adjoint à un<br />

commissaire de guerre. Le duc d’Arenberg commentait ce mariage dans une<br />

lettre à l’intention de son épouse, le 10 février 1807 : « D’Arconati vient de<br />

marier sa demoiselle à un Français qui ne la connaît pas plus que sa fortune et<br />

qui, je crois, fait une meilleure affaire qu’elle, il est vieux et a un beau rattelier<br />

[sic] ». Au décès de Paul d’Arconati, Sophie d’Arc réclama la succession de son<br />

64


père naturel, mais le 27 juillet 1827, elle perdit devant la Cour Supérieure, le<br />

procès qui l’opposait au neveu du défunt.<br />

La fortune de Paul Arconati Visconti, héritée des Scockaert de Tirimont était<br />

considérable. Son frère Charles et lui-même s’étaient entendus au décès de leur<br />

mère et de leur tante les dames Scockaert, pour le partage de leurs biens. Paul<br />

d’Arconati avait cédé à son frère, la pleine propriété de tout ce qui se trouvait en<br />

Italie et dans le Milanais, tandis qu’il se voyait reconnaître l’usufruit de la part<br />

héréditaire de Charles d’Arconati dans les Pays-Bas.<br />

En l’an IX, il payait 7.443 francs d’impôts dans le seul département de la Dyle,<br />

mais il possédait également des biens importants à Bruges, Gand, Grammont<br />

et dans le département de Jemappes. Il occupait le bel hôtel de Tirimont, place<br />

Royale à Bruxelles dont la valeur locative de 2.100 francs figurait parmi les plus<br />

élevées des immeubles de la ville et dont l’ameublement fut évalué à 29.000<br />

francs à son décès. En 1815, on lui attribuait 60.000 francs de revenus. Son<br />

neveu, Joseph d’Arconati (Milan 9 avril 1797-Milan 11 mars 1873), qui recueillit<br />

finalement sa succession, dut s’acquitter de près de 100.000 francs de droits, ce<br />

qui suppose un actif successoral supérieur à 2.000.000 de francs. En 1823, Joseph<br />

d’Arconati, opposé à la présence autrichienne en Lombardie, fut condamné à<br />

mort par contumace pour avoir comploté contre celle-ci et ses biens italiens furent<br />

confisqués. Il s’était réfugié dès 1821, aux Pays-Bas où il obtint la naturalisation<br />

en 1822. Ce militant du Risorgimento, qui put regagner l’Italie en 1840, lutta<br />

toute sa vie pour l’unification italienne.<br />

Paul d’Arconati qui s’était fait reconnaître par Guillaume I er , le titre de marquis de<br />

Busto et fut de ce fait, membre du Corps Equestre du Brabant méridional, fuyait<br />

pourtant le luxe. Cavalié Mercer, après avoir visité son château de Gaesbeek, le<br />

jugeait meublé misérablement et relevait le paradoxe qu’incarnait cet homme<br />

possesseur d’une fortune princière et vivant comme un pauvre. Aux yeux de ses<br />

contemporains, il passait pour un philanthrope qui consacrait une grande partie<br />

de sa fortune à secourir les malheureux en leur procurant du travail et des secours.<br />

A.G.R., Notariat du Brabant, n° 19.116, notaire Caroly, actes 221, 222, 224 à<br />

227, 229, n° 16.352, notaire J. Rayé, acte du 22 nivôse an IV, n° 16.471, notaire<br />

D. Sacasain, acte du 9 octobre 1815, Cour d’Appel, série 1, n° 809-810, procès<br />

d’Arc contre d’Arconati, Fonds d’Arenberg, S.A., n° 10.718 ; Archives du<br />

Château de Gaesbeek, N.39, Papiers de Paul Arconati ; Archives de la ville de<br />

Bruxelles, dossier de recherches 6/177 ; Annuaire de la Noblesse de Belgique,<br />

1861, p. 271-272 ; Biographie Nationale, t. XXXIV, 1967-68, notice R. VAN<br />

NUFFEL ; Etat présent de la Noblesse belge, 1984, p. 95 ; Cl. BRUNEEL, Les<br />

grands commis…, p. 555-556 ; CAVALIE MERCER, Journal of the Waterloo<br />

Campaign, 1927, p. 96-106 ; B. GOOSSENS, « Paul Arconati-Visconti (1754-<br />

1821) », Gasbeca, t. XIX, 1998 ; Ph. LIBERT, Histoire de la plus ancienne loge<br />

de Bruxelles, p. 36-46 ; PONTECOU<strong>LA</strong>NT, comte de, Souvenirs, 1863, t. III, p.<br />

65


8-9 ; R. VAN NUFFEL, « Paul Arconati et Bruxelles », Cahiers bruxellois, t. XI,<br />

1966, p. 277-300.<br />

ARENBERG Louis-Englebert, duc d’ (Bruxelles 3 août 1750-Bruxelles 7 mars<br />

1820).<br />

La famille d’Arenberg appartenait à la plus haute aristocratie européenne.<br />

Possessionée en France, aux Pays-Bas autrichiens, c’était également une famille<br />

régnante et souveraine du Saint-Empire pour leur duché d’Arenberg sur la rive<br />

gauche du Rhin.<br />

Louis Englebert était le fils de Charles-Marie-Raymond (Enghien 1 er avril<br />

1721-Enghien 17 août 1778), cinquième duc d’Arenberg qui avait épousé à<br />

Paris -Saint-Paul- le 18 juin 1748, Louise-Marguerite de La Marck (Paris- Saint-<br />

Sulpice- 18 août 1730-Bruxelles 10 août 1820) fille unique de Louis-Englebert,<br />

comte de La Marck (1701-1773) et de Marie-Anne-Hyacinthe Visdelon, comtesse<br />

de Bienassis.<br />

Charles, duc d’Arenberg avait succédé à son père comme Grand bailli du Hainaut<br />

en 1748, puis il fit une carrière militaire au service de l’Autriche. Général major<br />

dès 1748, décoré de l’ordre de la Toison d’Or en 1757, il s’illustra pendant la<br />

guerre de Sept ans, ce qui lui valut la grand croix de l’ordre de Marie-Thérèse et<br />

la dignité de feld-maréchal en 1766.<br />

Le couple eut huit enfants parmi lesquels :<br />

Marie-Léopoldine (Bruxelles 30 juillet 1751-Prague 26 août 1812) qui épousa à<br />

Bruxelles, le 30 août 1781 Joseph, comte de Windisch-Graetz (1744-1802).<br />

• Marie-Flore (Bruxelles 25 juin 1752-Bruxelles 15 avril 1832) qui épousa à<br />

Heverlee le 18 avril 1771, Guillaume, futur duc d’Ursel* (1750-1804).<br />

• Auguste-Marie-Raymond, prince et duc d’Arenberg (Bruxelles 30 août<br />

1753-Bruxelles 26 septembre 1833), plus connu sous le nom de comte de La<br />

Marck, député à l’Assemblée constituante et ami de Mirabeau.<br />

• Louise-Marie (1757-1795)<br />

• Louise (1764-1835) qui épousa à Heverlee en 1781, Louis, prince de<br />

Starhemberg.<br />

Louis-Englebert, à l’instar de son père, embrassa d’abord l’état militaire, mais<br />

le 9 septembre 1775, il perdit la vue suite à un accident survenu au cours d’une<br />

chasse à Enghien par la faute de Lord Gordon, ministre d’Angleterre à Bruxelles.<br />

66


C’en était désormais fini de la carrière des armes. Quelques mois après la mort<br />

de son père, l’impératrice Marie-Thérèse le fit succéder à celui-ci dans la charge<br />

de Grand bailli du Hainaut (15 avril 1779), mais vu sa cécité, elle voulut que tous<br />

les actes émanant de lui en cette qualité, fussent contresignés par un secrétaire<br />

assermenté.<br />

Le 30 décembre 1782, Louis d’Arenberg était créé chevalier de la Toison d’Or<br />

par l’empereur Joseph II, mais en 1787, le souverain dans sa logique rationnelle,<br />

mais peu politique, estima qu’un aveugle ne pouvait accomplir convenablement<br />

la charge de Grand bailli de Hainaut et l’invita à démissionner de cette charge.<br />

Deux ans plus tard, la Révolution dite brabançonne faisait vaciller l’autorité de<br />

l’Empereur dans les Pays-Bas et les Etats de Hainaut le réintégrèrent dans sa<br />

charge le 2 janvier 1790.<br />

Mais le duc n’adhéra pas pour autant aux idées réactionnaires des partisans de<br />

l’avocat Van der Noot. Comme son frère cadet, le comte de La Marck et comme<br />

son beau-frère, le comte d’Ursel, il porta ses sympathies vers le parti vonckiste,<br />

ce qui lui valut d’être désigné à la vindicte populaire en mars 1790. Le duc se<br />

retira alors dans son château d’Enghien laissant passer l’orage.<br />

S’il fit alors un voyage à Rome au cours duquel il se réconcilia avec le nouvel<br />

empereur, Léopold, frère de Joseph II, il refusa d’être réintégré dans sa charge de<br />

Grand bailli lors de la restauration autrichienne.<br />

De même, quand après la bataille de Jemappes, il fut élu parmi les représentants<br />

provisoires de la ville de Bruxelles le 18 novembre 1792, il demeura sur la<br />

réserve et ne siégea point. Deux ans plus tard, quand les Français réoccupèrent les<br />

Pays-Bas après la bataille de Fleurus, Louis d’Arenberg et sa famille, craignant<br />

les excès de la Terreur qui avait coûté la vie à sa belle-mère, la comtesse de<br />

Lauraguais, se retirèrent en Allemagne dans leur duché, puis à Vienne.<br />

Considéré comme émigré, Louis d’Arenberg vit tous ses biens en France et en<br />

Belgique, placés sous séquestre, de plus, le duché d’Arenberg situé sur la rive<br />

gauche du Rhin ainsi que Kerpen, Saffenburg et Schleiden qui en dépendaient,<br />

furent annexés par la France.<br />

A partir de 1800, toute l’activité du duc tendra désormais à rétablir sa fortune en<br />

obtenant la restitution de ses biens.<br />

Le traité de Lunéville du 9 février 1801 conclu entre le Saint-Empire germanique<br />

et la France reconnut en faveur de celle-ci, l’annexion des Pays-Bas, de la<br />

principauté ecclésiastique de Liège et de la totalité des territoires de la rive gauche<br />

du Rhin. Mais l’Empire germanique s’engageait à donner aux princes dépossédés<br />

un dédommagement.<br />

67


Par le recez du 25 février 1803, la Diète tenue à Ratisbonne réorganisa radicalement<br />

l’Empire dont le nombre d’états fut ramené de 360 à 82 et les villes libres de 51<br />

à quatre.<br />

Le duc d’Arenberg obtint la création d’un nouveau duché, cette fois sur la rive<br />

droite du Rhin et ce aux dépens, de l’évêché de Munster et de l’électorat de<br />

Cologne. Il fut constitué du bailliage de Meppen et du comté de Recklinghausen<br />

avec environ 55.000 habitants et 220.000 francs de revenus annuels.<br />

La qualité de prince allemand ainsi reconnue au duc d’Arenberg lui posa un autre<br />

problème : la loi du 17 ventôse an XI (8 mai 1803), qui allait être incorporée<br />

au Code civil publié l’année suivante, avait pour effet d’interdire à un prince de<br />

l’Empire, donc à un étranger de jouir des droits civils en France.<br />

C’est ainsi que le préfet du département de la Dyle écrivit à Louis d’Arenberg le 3<br />

thermidor an XI (22 juillet 1803) : « Dans cet état de choses, les individus des six<br />

familles ci-dessus (dont celle d’Arenberg), s’ils déclarent être citoyens français<br />

doivent renoncer à leurs Principautés sur la rive droite du Rhin et dans le cas où<br />

ils préféreraient conserver leur Etat dans l’Empire, ils renoncent par là à tous<br />

droits civils en France, ce qui comporte la renonciation à toute succession qui<br />

viendrait s’ouvrir en leur faveur. Quant aux biens dont ils jouissent, on pourra,<br />

conformément à l’esprit du Traité de Lunéville, lever le séquestre et leur donner<br />

le terme de deux ans pour procéder à la vente des sus-dits biens. Cependant, le<br />

gouvernement, voulant faciliter le plus possible tous les arrangements de famille<br />

qui peuvent être dans leurs intérêts, ne voient point d’inconvénient à ce que les<br />

familles se divisent et qu’une partie restant en France, y possèdent les biens<br />

qui sont aujourd’hui sous séquestre … tandis que l’autre partie peut conserver<br />

l’état de sa Maison dans l’Empire, mais ceux-ci doivent savoir que renonçant à<br />

leurs droits civils en France, ils ne peuvent avoir aucun droit aux successions qui<br />

viendront à s’ouvrir par la suite ».<br />

Louis-Englebert d’Arenberg et son fils, Louis-Prosper ne purent qu’accepter le<br />

marché qui leur était imposé. Le père renonça à son Etat allemand qui revint à<br />

son fils et lui-même, regagnant Bruxelles en 1804, fit promesse de fidélité à la<br />

Constitution et récupéra ses propriétés placées sous séquestre.<br />

Napoléon, avec sa volonté de se concilier les anciens aristocrates, ne pouvait<br />

oublier le duc d’Arenberg et se devait de récompenser son ralliement.<br />

Le 4 avril 1806, Louis-Englebert fut nommé membre du Conseil général du<br />

département de la Dyle, charge à laquelle il renonça, car il fut créé sénateur de<br />

l’Empire le 19 mai suivant.<br />

Quelques semaines plus tard, le 25 juillet 1806, l’Empereur lui faisait une nouvelle<br />

68


faveur en annulant les renonciations successorales imposées à son fils Prosper-<br />

Louis par l’arrêté du 6 brumaire an XII (28 novembre 1803).<br />

Le duc d’Arenberg fut créé chevalier, puis officier de la Légion d’honneur (30<br />

juin 1811) et grand officier de l’Ordre de la Réunion (22 février 1812). Napoléon<br />

lui avait aussi conféré le titre de comte de l’Empire le 26 avril 1808, ce qui permit<br />

à Louis-Englebert de faire imprimer, non sans ironie, des cartes de visite avec<br />

l’inscription : « Le comte d’Arenberg né duc d’Arenberg ». En 1786, il était<br />

membre de la loge bruxelloise « L’Heureuse Rencontre ».<br />

Ses dernières années furent assombries par les deuils et de nouveaux soucis<br />

patrimoniaux.<br />

Le 1 er juillet 1810, sa fille Pauline, épouse du prince Joseph Schwartzenberg,<br />

ambassadeur d’Autriche à Paris périt dans l’incendie d’une salle de bal édifiée<br />

dans les jardins de l’ambassade, à l’occasion d’une fête donnée pour le remariage<br />

de l’Empereur.<br />

Deux ans plus tard, ce fut le décès de son épouse Pauline de Brancas, minée par<br />

le chagrin.<br />

En l’absence de son fils Prosper-Louis, prisonnier en Angleterre, le vieux<br />

duc négocia lui-même les indemnisations après l’annexion du nouveau duché<br />

d’Arenberg en 1811.<br />

Il s’éteignit à Bruxelles le 7 mars 1820.<br />

Personnage en vue par sa fortune et l’ancienneté de sa maison, il s’était vu<br />

néanmoins critiquer par l’intendant de la Dyle en 1815 qui constatait que ses<br />

principes politiques avaient varié très souvent.<br />

Louis-Englebert avait épousé à Paris, le 19 janvier 1773, Pauline-Antoinette-<br />

Candide de Brancas-Villars (Paris 23 novembre 1755-Paris 10 août 1812). Le<br />

contrat de mariage avait été signé par le roi Louis XV et tous les membres de la<br />

famille royale.<br />

Pauline de Brancas était la fille de Louis-Léon-Félicité de Brancas (Versailles<br />

3 juillet 1733-Paris 8 octobre 1824), duc de Lauraguais, aristocrate frivole et<br />

dépensier et d’Elisabeth-Pauline de Gand-Isenghien, comtesse de Merode-<br />

Middelbourg. Cinq enfants étaient nés de cette union :<br />

Pauline-Charlotte (Bruxelles 2 septembre 1774-Paris 1 er juillet 1810) qui avait<br />

69


épousé en 1794 Joseph-Jean, prince de Schwartzenberg.<br />

• Prosper-Louis (Enghien 28 avril 1785-Bruxelles 28 février 1861) sans<br />

alliance.<br />

• Philémon-Paul (Bruxelles 10 janvier 1788-Rome 22 janvier 1844), chanoine<br />

à la cathédrale de Namur.<br />

• Pierre d’Alcantara (Paris-Saint Sulpice- 2 octobre 1790-Paris 27 décembre<br />

1877), créé duc et pair de France par Charles X le 14 février 1828. Membre<br />

honoraire de la loge bruxelloise « La Paix et la Candeur ».<br />

• Philippe-Joseph (Vienne 3 octobre 1794-Vienne 1815) décédé d’une chute de<br />

cheval à l’âge de 21 ans.<br />

• La personnalité de Prosper-Louis qui succéda à son père comme 7 e duc<br />

d’Arenberg, mérite quelques développements.<br />

Mis à la tête du nouveau duché d’Arenberg, créé par le recez de Ratisbonne<br />

en 1803, Prosper-Louis vit ses possessions souveraines s’accroître du pays<br />

de Dulmen (10.000 habitants, 40.000 francs de revenus) par le Traité de la<br />

Confédération du Rhin le 12 juillet 1806. Mais un décret impérial du 22 janvier<br />

1811 et une convention de limites entre la France et le Grand duché de Berg du<br />

26 février 1811, partagèrent sans autre forme de procès, le territoire du duché<br />

d’Arenberg entre l’Empire français et le Grand duché de Berg.<br />

Après de laborieuses négociations menées par son père, Prosper-Louis se vit<br />

reconnaître à titre d’indemnité, une rente de 106.702 francs à charge du Grand<br />

duché de Berg et une autre de 134.207 francs à charge du Trésor français.<br />

Le Traité de Vienne ne le rétablit pas dans ses droits, les territoires du duché<br />

d’Arenberg étant attribués cette fois au Hanovre et à la Prusse. Toutefois, plusieurs<br />

années plus tard, ces Etats consentirent à leur tour à l’indemniser par le paiement<br />

d’une rente.<br />

Prosper-Louis d’Arenberg avait levé, à ses frais, en septembre 1806, un régiment<br />

de chevau-légers recruté en Belgique. Cette unité, qui fut incorporée à l’armée<br />

française comme 27 e chasseurs à cheval, servit en Espagne à partir de 1808. C’est<br />

à sa tête que le duc fut blessé et fait prisonnier au combat de Arroyo del Molino le<br />

28 octobre 1811. Il resta prisonnier en Angleterre jusqu’en 1814. Prosper-Louis<br />

avait été créé chevalier de la Légion d’honneur le 6 novembre 1810.<br />

Il avait contracté un premier mariage voulu sinon imposé, par l’Empereur<br />

Napoléon, le 1 er février 1808, à Paris, avec la princesse Stéphanie Tascher, nièce<br />

de l’impératrice Joséphine. Napoléon signa lui-même le contrat de mariage le 31<br />

janvier 1808, assurant à la future une dot d’un million de francs. La jeune femme,<br />

70


dont on avait forcé le consentement, refusa toujours la vie commune avec son<br />

époux.<br />

Après la chute de Napoléon, Prosper-Louis obtint l’annulation du mariage par<br />

jugement du tribunal de première instance de la Seine du 29 août 1816 et devant<br />

l’Officialité de Paris en 1817, décision confirmée par bulle papale du 21 août<br />

1818.<br />

Le 21 janvier 1819, le prince Prosper-Louis épousa à Horzin près de Prague,<br />

Maria-Ludmilla, princesse de Lobkowitz, duchesse de Randwitz (Horzin 15 mars<br />

1798-Bruxelles 10 janvier 1868) dont il eut sept enfants.<br />

La fortune du duc Louis-Englebert d’Arenberg, malgré l’abandon forcé de ses<br />

possessions souveraines en Allemagne, était considérable.<br />

En 1803, un relevé des émigrés propriétaires de bois et de taillis, montre le<br />

duc, son épouse et sa mère en possession de 10.883 hectares de forêts dans les<br />

départements des Ardennes, de la Dyle, de Jemappes, du Jura, du Nord et de<br />

l’Ourthe.<br />

Dès 1778, le duc avait créé avec l’avocat Jean-François Gendebien, son homme de<br />

confiance, une société pour l’exploitation du charbonnage du Gouffre à Châtelineau<br />

(arrondissement de Charleroi). En 1807, ils obtinrent le renouvellement de la<br />

concession pour cinquante ans et furent autorisés à racheter divers petits puits de<br />

mine, ce qui permit d’étendre l’activité sur les territoires de Gilly et de Pont-de-<br />

Loup. Le duc avait également des intérêts dans la mine de Belle-Vue à Charleroi.<br />

Au cours des années 1785-1786, Louis-Englebert fit endiguer et assécher les<br />

polders de Kilderocht et de Leyde, ce qui entraîna un investissement de 600.000<br />

florins. Napoléon confirma l’exemption de contributions sur ces terres pendant<br />

trente ans, que le duc avait obtenue de l’ancien Gouvernement provincial du<br />

Brabant des Pays-Bas.<br />

Outre ses biens en Belgique, il avait des possessions dans les départements du<br />

Finistère, du Nord et du Pas-de-Calais.<br />

Curieux des sciences et des découvertes, il subsidia les travaux de Minckeleers sur<br />

le gaz de houille et des montgolfières gonflées par ce nouveau produit s’élevèrent<br />

du parc de son château d’Heverlée en 1783 et des jardins de son hôtel bruxellois<br />

l’année suivante.<br />

En 1815, l’intendant du département de la Dyle lui attribuait les revenus les plus<br />

élevés de tous les départements belges, soit 400.000 francs par an. Il était le plus<br />

fort contribuable du département en 1806, s’acquittant de 80.000 francs d’impôts.<br />

71


A.N., AF/IV/1426 ; F/1 e /11 ; Biographie Nationale, t. I, 1866, col. 426-432,<br />

notice L. GACHARD, t. XXX, 1958-59, col. 77-79, notice A. <strong>DU</strong>CHESNE ;<br />

J. <strong>DE</strong>SCHEEMAEKER, Histoire de la Maison d’Arenberg, Neuilly, 1969 ; P.<br />

JANSSENS, « Een patrimonium in branding », J. ROEGIERS, « Een arzelend<br />

democraat van de Brabantse tot de Franse Revolutie », in De blinde hertog. Louis<br />

Engelbert van Arenberg & zijn tijd. 1750-1820, sous la direction de M. <strong>DE</strong>REZ,<br />

M. NELISSEN, J.P. TYTGAT, A. VERBRUGGE, Bruxelles, 1996.<br />

ASTIER (Honoré-Dominique) comte d’, (Pradelles-Haute-Loire- 1756-Zetrud-<br />

Lumay 8 octobre 1824).<br />

La famille d’Astier était originaire du Vivarais. Son père, Alexis d’Astier, était<br />

seigneur d’Usserre et sa mère, Marie-Agathe était née Le Forestier de Villeneuve.<br />

Honoré d’Astier servit d’abord comme garde du corps du roi Louis XV à la<br />

compagnie de Noailles (1774), puis le 3 juin 1779, il obtint un brevet de capitaine<br />

de dragons.<br />

Son grand-oncle, le comte d’Albon, Jean-Brunon, gouverneur de Saint-Andiol,<br />

décédé le 6 décembre 1778, lui légua la terre franche et baronie de Zetrud-Lumay<br />

près de Tirlemont. C’était un bien important avec château, moulin à eau, plus de<br />

cent bonniers de terres et 28 bonniers de prairies. Honoré d’Astier démissionna<br />

alors du service français et vint s’installer dans les Pays-Bas autrichiens.<br />

La Chambre héraldique de Bruxelles lui reconnut le titre de comte le 6 mai 1783.<br />

Honoré d’Astier traversa sans encombre la période directoriale, s’abstenant de<br />

toute activité politique, mais il se porta acquéreur d’un moulin à Hoegaerde<br />

acheté pour 926.000 livres, et sous l’Empire, il acheta encore plusieurs biens<br />

nationaux pour une superficie totale de près de 40 hectares.<br />

Il fut nommé membre du Conseil général du département de la Dyle le 4 prairial<br />

an VIII et il présida l’assemblée électorale du 2 e canton de Tirlemont en l’an XII<br />

et en 1812.<br />

Elu membre du Collège électoral en l’an XII, il devint maire de Zetrud Lumay le<br />

11 juillet 1803. Il fut également nommé membre du bureau de bienfaisance de la<br />

ville de Tirlemont le 23 décembre 1806.<br />

Sur ses terres de Zetrud-Lumay, Honoré d’Astier menait la vie paisible d’un riche<br />

propriétaire terrien, qui estimait lui-même ses revenus à 20.000 F par an. Pour le<br />

préfet, qui le présentait à la présidence de l’assemblée électorale du 2 e canton de<br />

Tirlemont en l’an XII, c’était « … un propriétaire aisé qui avait fait preuve de<br />

son attachement au Gouvernement provincial du Brabant ». En 1815, l’intendant<br />

du département de la Dyle lui attribuait un caractère insinuant et emporté lui<br />

72


valant peu de considération. Honoré d’Astier passait pour avoir conservé de<br />

l’attachement pour la France, ce qui trouva son illustration dans la carrière de ses<br />

deux fils dans les armées de l’Empire.<br />

Il avait épousé à Tirlemont le 28 août 1780, Louise-Henriette de Waha de Linter<br />

(Neerlinter 1754-Zetrud-Lumay 7 juin 1829) fille du baron Herman-Théodore de<br />

Waha de Melreux ( Melreux 6 septembre 1722-20 août 1760), seigneur de Neer-<br />

Linter, lieutenant-colonel de dragons au service des Provinces-Unies et d’Anne-<br />

Caroline de Waha de Baillonville.<br />

Il retint cinq enfants de cette union :<br />

Marie-Marthe (Zetrud-Lumay 11 mai 1789- Zetrud-Lumay 7 mai 1856) sans<br />

alliance.<br />

• Marie-Louise (Zetrud-Lumay 7 juin 1792- Bruxelles 15 octobre 1881) sans<br />

alliance.<br />

• Florence-Antoinette (Zetrud-Lumay 14 février 1794-Zedrud-Lumay 15<br />

mars 1864) . Elle épousa le 20 mai 1820, Charles-Joseph, baron Le Gillon,<br />

(Mehaignoul 3 mai 1758- Zetrud-Lumay 31 mars 1821). Il était veuf en<br />

premières noces d’une fille du baron Philippe de Ponty. Ancien seigneur de<br />

Mehaignoul, il fut membre du Collège électoral du département de Sambreet-Meuse<br />

et maire de Meux (arr. de Namur) en 1813. Il mourut quelques mois<br />

après son mariage laissant une fille posthume : Clémence-Louise-Zoé. Celleci<br />

épousa le 22 octobre 1856, Samuel-Marie-Joseph, comte de Limburg-<br />

Stirum (Anvers 2 juin 1824-Ixelles 11 mai 1899) dont la famille possède<br />

toujours le château de Zetrud-Lumay.<br />

• Henri-Louis-Marie-François (Zetrud-Lumay 25 août 1794-Zepperen 13<br />

mai 1828) officier au 2 e chasseurs à cheval sous l’Empire, puis bourgmestre<br />

de Zepperen. Il épousa le 2 février 1818, Marie-Catherine-Barbe-Josèphe<br />

de Pitteurs Hiégaerts (Saint-Trond 4 décembre 1798-Zepperen 22 juillet<br />

1849). C’était la fille de Jean-Théodore Balthazar, avocat, bourgmestre de<br />

Saint-Trond et membre du Conseil général du département de la Meuse-<br />

Inférieure et de Christine-Joséphine Colen. Ce mariage faisait d’Henri<br />

d’Astier le beau-frère de Théodore de Pitteurs-Hiégaerts (Saint-Trond 4<br />

février 1795-Saint-Trond 17 novembre 1874) président du Conseil provincial<br />

du Limbourg (1839-1848), sénateur d’abord libéral, ensuite catholique pour<br />

l’arrondissement de Hasselt (1848-1874) et de Charles de Pitteurs-Hiégaerts<br />

(Saint-Trond 17 septembre 1797-Bruxelles 29 juillet 1863) député catholique<br />

pour l’arrondissement de Hasselt (1856-1863).<br />

• Philippe (Zetrud-Lumay 14 juin 1796- Bruxelles 9 juillet 1817). Après des<br />

études au Prytanée de la Flèche, il fut lieutenant au 1 er régiment de cuirassiers<br />

73


dans les armées impériales, puis lieutenant en 1 er au régiment de cuirassiers<br />

n° 2 au service des Pays-Bas. Sans alliance.<br />

En l’an XII, le préfet attribuait à Honoré d’Astier, de 20 à 25.000 francs de rentes.<br />

Le comte d’Astier avait acheté près de quarante hectares de biens nationaux, dont<br />

le tiers sous le Directoire.<br />

A.N., F/1bII/Dyle/2, F/1cIII/Dyle 1 et 2 ; A.G.R., Préfecture de la Dyle, P° n°<br />

865 et 1747 ; Annuaire de la Noblesse de Belgique 1856, p. 60-62 ; Etat présent<br />

de la noblesse, 1984, p. 125-126 ; F. BETERAMS, The High Society…, p. 4 ; C.<br />

DOUXCHAMPS-<strong>LE</strong>FEVRE, Grands Notables du Premier Empire, p. 51 ; Index<br />

des Eligibles au Sénat (1831-1893), p. 136, 170-172 ; Le Parlement belge, 1831-<br />

1894, p. 200-202 ; J. TARLIER-A. WAUTERS, Géographie et Histoire…Canton<br />

de Tirlemont, Bruxelles 1866, p.153-154, Canton de Léau, 1868, p. 139-140.<br />

AUBREMEZ dit l’aîné, Guillaume-Joseph, D’ (Bruxelles 19 décembre<br />

1762-Bruxelles 8 juillet 1818).<br />

La famille D’Aubremez est originaire du Brabant wallon, il existe toujours à<br />

Grand-Rosières près de Ramillies, une ferme-château appelée ferme d’Aubremez.<br />

Elle émigra à Bruxelles au début du XVIII e siècle.<br />

Le père de Guillaume, Jean-François-Joseph D’Aubremez (Bruxelles La Chapelle<br />

16 novembre 1713-Bruxelles 14 janvier 1777) avait été pendant plus de trente<br />

ans, official commis aux recherches à la Chambre des Comptes. Il avait épousé<br />

Marie-Dorothée Lefrancq (Bruxelles-Sainte-Gudule-1728- Louvain-Grand<br />

Beguinage- 4 septembre 1813) dont il eut deux fils, Guillaume, l’aîné, Charles-<br />

Joseph (Bruxelles- La Chapelle 1765-Vilvorde 22 août 1836), qui comme son<br />

frère, fut employé à la Chambre des Comptes et une fille Bernardine-Joséphine<br />

(Bruxelles-Saint-Jacques-1764-Louvain-Grand Béguinage-6 janvier 1836).<br />

Après trois années d’humanités au collège des Augustins à Bruxelles, Guillaume<br />

D’Aubremez interrompit ses études. Il travailla d’abord chez un négociant anglais<br />

pour y apprendre le commerce, puis il fréquenta le cabinet d’un avocat. Soucieux<br />

d’aider la veuve d’un de leurs anciens employés, le président de la Chambre<br />

des Comptes avait promis à sa mère de le prendre comme official au sein de<br />

l’institution à la première occasion. Il fut donc soumis à une sorte d’examen<br />

organisé par les greffiers de la Chambre qui conclurent à son admission :<br />

« L’écriture de cet aspirant, sans être belle, est bonne. Il est déjà au fait du travail<br />

ayant été attaché à une maison de commerce à Anvers l’espace de cinq à six ans.<br />

Il l’a quittée dans la ferme confiance d’être placé à la Chambre avec un gage qui<br />

lui permette de secourir sa mère, pauvre et infirme. Il a fait des opérations de<br />

calcul et ceux-ci ont été très satisfaisants ».<br />

Il fut donc admis à la Chambre des Comptes le 23 octobre 1782 en qualité<br />

d’official surnuméraire, sans appointements, et fut employé au Bureau de la<br />

74


Jointe des administrations jusqu’en 1787, date de sa prestation de serment. Le<br />

jeune homme donnait toute satisfaction : « … un excellent sujet pour la calcul,<br />

l’écriture et pour toutes les opérations relatives à la rédaction des bilans ». Après<br />

un passage au Bureau de la comptabilité jésuitique, chargé de la liquidation des<br />

biens de l’ordre supprimé en 1773, il fut nommé premier official au gage de 900<br />

florins. On lui proposa une promotion dans les bureaux de la Chambre aulique<br />

à Vienne, mais il refusa prétextant son état de santé. Loin de lui en tenir rigueur,<br />

on l’éleva quelques mois plus tard, au rang d’auditeur : « promotion qui servira<br />

d’encouragement et d ’émulation à tous les employés de la Chambre ».<br />

Guillaume D’Aubremez ne cessa de faire l’objet d’appréciations élogieuses. En<br />

octobre et novembre 1788, on considérait qu’il était celui qui avait contribué le<br />

plus, par son zèle et ses connaissances, à l’introduction de la nouvelle comptabilité<br />

dans l’administration des revenus de la Flandre occidentale. La Révolution<br />

brabançonne aurait pu faire obstacle à la carrière de Guillaume D’Aubremez<br />

vu ses sympathies pour le parti démocrate. En juillet 1790, le directeur de la<br />

Chambre des Comptes, réfugié à Vienne, en faisait le portrait suivant : « Il est<br />

le cousin du marchand de ce nom [Antoine D’Aubremez]qui a été arrêté par<br />

ordre du Gouvernement. Il est rempli de connaissances très utiles au service,<br />

mais à force d’étudier, il n’a pas le tems de corriger son langage et sa plume. Il<br />

est du parti démocratique et désire uniquement que le souverain daigne traiter<br />

avec eux et non avec les aristocrates. Il a fait quelques voyages pour voir le duc<br />

d’Arenberg *, le comte Cornet de Grez *, l’avocat Vonck etc…de manière qu’il<br />

paraît qu’on pourrait le ménager d’autant plus qu’il a de l’ambition et qu’il est<br />

sensible au moindre bien tout comme au moindre mal qui lui arrive ».<br />

Lors de la première restauration autrichienne, D’Aubremez fut réintégré à la<br />

Chambre des Comptes et servit d’intermédiaire entre le secrétaire d’Etat, le<br />

ministre plénipotentiaire et Vonck, réfugié à Lille, qu’il fut chargé de convaincre<br />

de rentrer « au pays pour coopérer au bien général ». Le 14 juillet 1791, il fut<br />

nommé auditeur surnuméraire au gage de 1.000 florins et délégué à la Commission<br />

pour les affaires d’administration et de comptabilité des Etats de Brabant.<br />

Après la bataille de Jemappes qui mit les Pays-Bas aux mains de Dumouriez,<br />

D’Aubremez n’hésita pas, vu ses idées politiques, à se mettre au service du<br />

nouveau régime comme responsable du Bureau d’administration et de comptabilité<br />

des Domaines. Cet engagement fut fatal à la poursuite de sa carrière au sein<br />

de l’administration autrichienne. Malgré un rapport très favorable insistant sur<br />

« … ses connaissances dans les parties d’administration et de comptabilité, sa<br />

méthode et sa facilité dans le travail qui en faisaient un sujet bien utile pour le<br />

service « , il ne fut pas repris au sein de la Chambre des Comptes en avril 1793.<br />

Heureusement pour lui, un an plus tard, en juin 1794, les Français occupaient à<br />

nouveau les Pays-Bas avant de les annexer le 9 vendémiaire an IV (1 er octobre<br />

1795).<br />

75


Très vite, ce partisan des idées nouvelles, et ce spécialiste des matières financières<br />

fut employé par le nouveau régime. Dès le 1 er frimaire an III, il fut nommé receveur<br />

de l’Enregistrement et des Domaines pour le canton de Bruxelles extra muros<br />

et poursuivit sa carrière dans cette nouvelle administration sous le Consulat et<br />

l’Empire.<br />

En 1806, le préfet constatait d’ailleurs que cet homme « …connu pour son<br />

intelligence et sa probité, cumulait depuis longtemps des qualités de receveur<br />

des Domaines pour la partie forestière et de conservateur des hypothèques<br />

à Bruxelles ». Il conserva ces charges jusqu’à la chute de l’Empire et dans le<br />

royaume des Pays-Bas, il fut maintenu comme conservateur des hypothèques et<br />

receveur des Domaines des cantons de Bruxelles et d’Anderlecht.<br />

Un de ses futurs gendres le décrivait en ces termes en 1817 un an avant sa mort :<br />

« Constamment absorbé en sa gestion des hypothèques et des Domaines, il ne<br />

s’occupait guère des relations de société et les abandonnait complètement à sa<br />

femme…C’était un fort digne homme plein de cordialité, généralement estimé et<br />

fort apprécié…Il était très expérimenté en sa partie d’administration publique et<br />

créateur du système des hypothèques adoptées par le Gouvernement provincial<br />

du Brabant précédent à la suite d’un mémoire qu’il avait été chargé à cet effet.<br />

Ce service important lui avait valu, par faveur exceptionnelle, le cumul du double<br />

emploi dont il jouissait, en ajoutant à celui de conservateur des hypothèques,<br />

la recette des rentes domaniales, qu’il administrait du reste avec une intégrité<br />

parfaite jointe à un entier dévouement ».<br />

Guillaume D’Aubremez avait épousé à Bruxelles (Finistère), avec dispense papale,<br />

le 7 janvier 1792, sa cousine, Anne-Marie-Josèphe dite Nannette D’Aubremez<br />

(Bruxelles Saint-Géry, 16 septembre 1764-Vilvorde 9 mars 1838). C’était la fille<br />

de son oncle, Charles-François-Laurent D’Aubremez (Bruxelles La Chapelle 17<br />

novembre 1709- ?) et d’Anne-Marie Léonard, fille du notaire Philippe Léonard,<br />

échevin de Dion-le-Mont et de Wavre. Ce marchand de vin était cité comme l’un<br />

des plus importants négociants de la place de Bruxelles en 1771. Parmi leurs<br />

onze enfants, citons encore :<br />

Antoine-Joseph D’Aubremez (Bruxelles Saint Géry 17 février 1752- 1824) qui<br />

s’associa avec son père, puis lui succéda dans le négoce de vin, mais fut aussi un<br />

des principaux dirigeants du parti vonckiste.<br />

• Alexandre-Charles D’Aubremez (Bruxelles- Saint Géry- 17 juin 1773- Aixla-Chapelle<br />

13 février 1835) qui débuta tout jeune sa carrière dans les rangs<br />

de l’armée des Etats belgiques unis, puis servit dans l’armée française avant<br />

d’être présent à Waterloo du côté allié et de devenir lieutenant général de<br />

l’armée du royaume des Pays-Bas et d’être créé comte par le roi Guillaume<br />

I er .<br />

76


• Guillaume D’Aubremez eut au moins quatre enfants qui parvinrent à l’âge<br />

adulte :<br />

Thérèse-Anne (Bruxelles- Sainte-Gudule- 6 mai 1795-La Haye 29 juin 1861) qui<br />

épousa à Bruxelles le 13 janvier 1819, Jean-François Du Monceau (Bruxelles-<br />

La Chapelle- 12 mars 1790-La Haye 1 er mars 1884) fils de Jean-Baptiste Du<br />

Monceau, général français, maréchal de Hollande, créé comte de Bergendal par<br />

Napoléon et de sa première épouse Anne-Marie-Appoline Colinet. François Du<br />

Monceau, qui avait débuté la carrière des armes sous l’Empire, la termina comme<br />

lieutenant général au service du royaume des Pays-Bas.<br />

• Maximilien-Guillaume (- mort avant 1826) sans alliance. Il fut receveur<br />

des Domaines des cantons de Woluwe-Saint-Etienne et de Tervuren, puis<br />

fonctionnaire dans les Indes néerlandaises où il mourut.<br />

• Cécile-Anne-Marie (Bruxelles 30 fructidor an VI- 16 septembre 1798-Vilvorde<br />

1 er septembre 1869), sans alliance.<br />

• Félix-Maximilien-Théodore (Bruxelles 19 pluviôse an IX- 8 février<br />

1801- 1870) qui fut d’abord employé surnuméraire à la Conservation des<br />

hypothèques à Bruxelles, puis receveur des contributions à Alost. Il épousa<br />

à Forest le 28 juin 1826, une sœur de Jean-François Du Monceau, Elisabeth-<br />

Anne-Lucie-Constance dite Betsy (Groeninge Pays-Bas 14 frimaire an XI-16<br />

décembre 1803-Forest 30 septembre1827) issue du second mariage de Jean-<br />

Baptiste Du Monceau avec Agnès-Wilhelmine Cremers. Félix Du Monceau<br />

s’unit en secondes noces à Alost le 5 octobre 1837, à Isabelle Boone (Alost<br />

13 germinal an XI- 3 avril 1803--Alost 13 avril 1875) fille d’un industriel<br />

tanneur d’Alost, éligible au Sénat, Jacques-Jean-Josse Boone (Alost 29<br />

juillet 1774-Alost 3 juin 1843). C’était la veuve de Romain van Crombeen de<br />

Terbeke (1800-1836).<br />

La famille D’Aubremez avait du bien dès la fin du XVIII e siècle. Après le décès<br />

de son mari, Marie-Dorothée Lefrancq avait acquis le 24 juillet 1779, une maison<br />

au Cul-de-sac-du-Parc dans le quartier nouvellement urbanisé autour du Parc de<br />

Bruxelles pour 4.500 florins payés comptant. Guillaume D’Aubremez hérita de<br />

ce bien avec son frère et sa sœur. Ce furent ses enfants qui l’achetèrent lors de la<br />

sortie d’indivision en 1822.<br />

Au fil des années, Guillaume D’Aubremez avait amassé une fortune confortable<br />

alors qu’il ne figurait que dans la 5 e place des prêteurs forcés de l’emprunt<br />

levé en l’an IV avec 3.000 florins de revenus. Par ses fonctions de receveur des<br />

Domaines, il fut mêlé au milieu des spéculateurs acheteurs de biens nationaux.<br />

En l’an VI, des actes du notaire Coppyn montrent que Guillaume D’Aubremez<br />

fut le mandataire et l’homme de confiance du Français, Jean Tencate qui acheta<br />

beaucoup de biens nationaux en Belgique en rémunération de ses fournitures à la<br />

77


marine du Directoire. A cette époque, Guillaume D’Aubremez fit l’acquisition de<br />

plusieurs terres pour un total de 60 ha dont un bien national de 13 hectares. Quand<br />

il lui fallut fournir caution pour son emploi de conservateur des hypothèques, en<br />

exécution de la loi du 21 ventôse an VII, il put assigner à cette fin, une maison<br />

à Bruxelles et 36 hectares de terres. Il était également propriétaire d’une belle<br />

maison rue de la Loi, face au Parc de Bruxelles. C’était l’ancien refuge de<br />

l’abbaye Sainte-Gerttrude de Nivelles acquis le 13 ventôse an V d’une ancienne<br />

religieuse moyennant une rente viagère de 380 florins, agrandi par l’achat de<br />

l’immeuble voisin en 1811 et revendu à l’Etat belge en 1847 pour 130.000 francs.<br />

Dans les années 1816-1818, son épouse y tenait salon fréquenté par Jacques<br />

Engler *, François-Joseph Meeûs * et des proscrits français régicides tels que<br />

Merlin de Douai, Louis David, Prieur de la Marne, et Ramel avec lequel il s’était<br />

lié d’amitié. Les filles de Guillaume D’Aubremez étaient considérées comme de<br />

beaux partis. Signe d’aisance de la famille, sa veuve fit exécuter son portrait par<br />

le peintre Alexandre Drahonnet en 1823 pour le prix de 4.000 francs. Après la<br />

mort de Guillaume D’Aubremez, sa veuve recueillit les héritages de ses frères<br />

Antoine, Charles et Léopold. Dans ces successions, figurait une belle propriété de<br />

campagne à Vilvorde, rue de Louvain, acquise en 1821 pour 52.000 francs où elle<br />

mourut en 1838. Guillaume D’Aubremez ne figurait pas sur la liste des cent plus<br />

imposés de la ville de Bruxelles alors qu’en 1806, il payait 1.000 francs d’impôts.<br />

A.N., AF/IV/1062, F/1 e /11.5 ; A.G.R., Notariat du Brabant du Brabant, n° 8094,<br />

notaire P. Coppyn, acte du 24 juillet 1779, n° 16.459, notaire D. Sacassain, acte<br />

du 19 septembre 1811, n° 17.154, notaire P. Coppyn, acte du 6 juillet 1822, n°<br />

17.550, notaire C.R. Vanden Bosch, acte du 13 ventôse an V, n° 33.801, notaire<br />

F. Bourdin, acte du 11 mars 1847, n° 35.440, notaire Ph. Coppyn, acte du 28<br />

août 1839 ; Biographie nationale, 1866 t. I, col. 530 ; Ph. MOUREAUX, « Le<br />

grand commerce à Bruxelles en 1771 », Etudes sur le XVIII e siècle, IV, p. 45 ;<br />

J. NAUWE<strong>LA</strong>ERS, Histoire de la ville de Vilvorde, p. 686-701 ; J. PURAYE,<br />

Mémoires du général comte François Du Monceau, t. III, p. 251-253, 272, 294,<br />

302-303, 310 ; S. TASSIER, Les démocrates belges de 1789, passim ; L. VAN<br />

MEERBEEK, Inventaire des archives de l’Enregistrement et Domaines, 1793-<br />

1868, p. 4 et 10.<br />

BAERT Pierre-Jacques ( Bruxelles 10 juin 1754- Bruxelles 2 juillet 1810).<br />

Pierre Baert était issu d’une famille originaire de Renaix en Flandre occidentale,<br />

dont une branche s’était installée à Bruxelles.<br />

Son père Abraham-Egide (Renaix ?- Bruxelles-Sainte-Catherine-15 septembre<br />

1756) avait épousé à Bruxelles, Saint-Jacques- le 8 septembre 1742, Catherine<br />

Lefrancq (Bruxelles-Saint-Jacques- 31 mai 1719-Bruxelles-Sainte-Catherine-<br />

25 avril 1786). Il fut reçu bourgeois de Bruxelles l’année suivante, le 9 avril 1743.<br />

Pierre Baert était négociant en textiles. Lors des événements de 1789, auxquels<br />

78


il ne prit aucune part, il préféra cesser ses affaires pour « … se livrer à l’étude<br />

de quelques arts et sciences ». Témoins de son goût pour les choses de l’esprit,<br />

des manuscrits et des livres provenant de sa bibliothèque furent vendus quand fut<br />

dispersée celle de son gendre, Charles de La Serna-Santander*.<br />

Il entra dans la vie publique sous le Directoire. Il fut élu assesseur du juge de paix<br />

de la 4 e section de Bruxelles en germinal an V, puis en germinal an VII, officier<br />

municipal de Bruxelles, charge qu’il exerça jusqu’à la refonte des institutions<br />

en l’an VIII. Le 19 floréal (9 mai 1800) de cette année, il fut installé comme<br />

conseiller de préfecture du département de la Dyle et le resta jusqu’à sa mort en<br />

1810.<br />

Cet homme laborieux et estimable, comme le qualifiait le préfet Doulcet de<br />

Pontécoulant, fut aussi membre de la Commission chargée d’établir la liste des<br />

six cents plus imposés du département.<br />

Pierre Baert avait épousé à Bruxelles (Sainte-Gudule) le 25 novembre 1783, Marie-<br />

Anne-Françoise Lefrancq (Bruxelles-Sainte-Gudule-1 er février 1752-Bruxelles<br />

7 mars 1837). C’était sa cousine germaine, fille de Pierre-Joseph Lefrancq<br />

(Bruxelles-Saint-Jacques-19 mars 1722- Bruxelles 15 ventôse an VIII-5 mars<br />

1800) et d’Isabelle Bellot (1733-Bruxelles 18 messidor an VII-6 juillet 1799).<br />

Le couple n’eut qu’une fille : Catherine (Bruxelles 7 mars 1785-Bruxelles 1 er<br />

décembre 1819), qui épousa à Bruxelles, le 24 août 1803, Charles de La Serna-<br />

Santander *.<br />

Avant la Révolution, la fortune de Pierre-Joseph Baert lui avait permis de cesser<br />

son activité commerciale pour vivre de ses rentes et se consacrer aux lettres.<br />

En l’an IV, il fut d’ailleurs taxé dans la 7 e classe de l’emprunt forcé, ce qui lui<br />

supposait de 3.500 à 4.000 florins de revenus. Pourtant, en l’an IX, il n’évaluait<br />

plus ses revenus mobiliers qu’à « … deux mille et quelques francs » sans compter<br />

sa maison achetée comme domaine national et les biens provenant de la succession<br />

de ses beaux-parents « …restés jusqu’à présent indivis et sans fruit ». En 1807, il<br />

acheta en commun avec son beau-fils, 32 hectares de terres en Brabant flamand.<br />

Sa présence sur la liste des soixante personnalités les plus marquantes du<br />

département de 1806, était plus liée à son état de conseiller de préfecture qu’au<br />

montant des impôts (500 francs) qu’il acquittait à l’époque.<br />

A.N., F/1cIII/Dyle/2 ; A.G.R., Administration centrale du département de la Dyle,<br />

n° 1341, Préfecture de la Dyle, p° 1012 ; J. CALUWAERTS, H. SIMONART,<br />

Bourgeois de Bruxelles, t. III, 1695-1795, p. 12-13; R. <strong>DE</strong> PEUTER, Brussel in<br />

de achtiende eeuw,1999, p. 84.<br />

79


BAU<strong>DE</strong>QUIN de PEUTHY Idesbalde-Aybert-Jean, baron (Peuthy 16 mai<br />

1744-Peuthy 5 juillet 1820).<br />

On peut s’étonner de la présence sur la liste des personnes les plus marquantes de<br />

ce vieil homme, qui n’exerça jamais aucun emploi public même si aux yeux de<br />

l’intendant du département de la Dyle, il apparaissait en 1815 comme « …on ne<br />

peut plus considéré, mais excessivement dévôt, bon et charitable ».<br />

Sa famille avait été annoblie pour services rendus au souverain.<br />

Son père, Charles-Philippe-Martin Baudequin, seigneur de Peuthy, Battenborg,<br />

Huldenberg, Aertem, Calverskeete, La Plaine, Saive et Lannoy, avait été chef<br />

mayeur de la ville et territoire de Vilvorde, ce qui lui valut d’être créé baron<br />

de Baudequin, par lettres patentes de l’impératrice Marie-Thérèse, le 20 mars<br />

1760. Il avait épousé le 25 mars 1735, Marie-Anne d’Eynatten (morte à Peuthy<br />

le 24 janvier 1777) fille de Nicolas, baron d’Eynatten et de Schoonhoven, ancien<br />

conseiller pensionnaire de la ville de Louvain.<br />

Le baron Idesbalde Baudequin de Peuthy fut membre de l’Etat noble de Brabant<br />

depuis le 8 novembre 1766, du chef de la seigneurie d’Huldenberg. Le roi<br />

Guillaume I er reconnut son titre de baron par arrêté royal du 13 mars 1816, et il fit<br />

partie du Corps Equestre du Brabant méridional de 1817 à 1830.<br />

Sa vie fut celle d’un gentilhomme campagnard consacré à la gestion de ses biens<br />

et sans autres préoccupations que celles de la dévotion et de la charité. Selon<br />

le préfet, il passait pour regretter l’Ancien Régime et disposer de beaucoup<br />

d’influence dans la société, due à sa moralité la plus exemplaire et à son zèle pour<br />

la bienfaisance.<br />

Il épousa le 13 décembre 1772 sa cousine germaine, Gabrielle-Josèphe-Ghislaine<br />

de Croix (Dadizeele 7 janvier 1735-?) fille de Joseph-Adrien-Ferdinand de Croix,<br />

comte de Mauwe, seigneur de Dadizeele et Morslede et de la baronne Marie-<br />

Albertine-Ghislaine de Plotho.<br />

Il retint deux enfants de ce mariage :<br />

Théodore-Albert-Marie (Huldenberg 20 janvier 1779-Bruxelles 23 mai 1863),<br />

baron, maire, puis bourgmestre de Huldenberg (1808-1854), chambellan du roi<br />

Guillaume Ier (1816-1830), sénateur catholique de l’arrondissement de Louvain<br />

(1831-1835 et 1839-1847) qui épousa à Arville, le 11 novembre 1800, Philippine-<br />

Joséphine-Ghislaine de Haultepenne, sœur de Louis de Haultepenne, sénateur<br />

catholique de l’arrondissement d’Anvers (1831-1839). Le nom de Baudequin de<br />

Peuthy s’éteignit avec lui. C’était un homme fortuné dont les revenus étaient<br />

80


évalués à 25.000 francs en 1810. Il fut membre des loges bruxelloises « La<br />

Candeur » et l’Espérance ».<br />

• Marie-Pulchérie-Ferdinande-Charlotte-Madeleine (29 septembre 1781-Gand<br />

28 novembre 1864) baronne, qui épousa à Bruxelles, le 17 brumaire an XI<br />

(8 novembre 1802), le baron Gaspard-Ghislain-Bernard-Colette de Draech<br />

(Gand-Saint Bavon-12 février 1758-Gand 18 août 1831), plus tard, membre<br />

du Corps Equestre de la Flandre orientale (1817-1830) et chambellan du roi<br />

Guillaume I er .<br />

Même si la suppression du régime seigneurial lui avait fait perdre une partie de sa<br />

fortune, Baudequin de Peuthy figurait encore parmi les plus riches propriétaires du<br />

département de la Dyle à qui le préfet attribuait en 1809, de 70 à 80.000 francs de<br />

rentes. En 1806, il figurait au 17 e rang des trente plus imposés du département en<br />

payant 8.000 francs d’impôts. En 1812, il possédait un bel hôtel au Vieux Marché<br />

aux Grains à Bruxelles d’une valeur locative de 1.500 francs, qu’il occupait seul<br />

avec six domestiques.<br />

A.N., AF/IV/1426 et 1052, F/7/8364 ; F.V. GOETHALS, Dictionnaire …, t. I,<br />

1849, p. 157 ; Ch. POPLIMONT, La Belgique héraldique, Bruxelles, 1863, t. I,<br />

p. 340 ; Annuaire de la Noblesse de Belgique, 1850, p. 47 ; F. BETERAMS, The<br />

High Society…, p. 24 ; Le Parlement belge, p. 97-98 ; Etat présent de la Noblesse<br />

belge, 1984, p. 177.<br />

BEECKMAN de SCHORE Ferdinand-Charles, baron de (Vieusart 19<br />

septembre 1740-Bruxelles 16 janvier 1816).<br />

Ce notable faisait partie des fonctionnaires très attachés à la maison d’Autriche.<br />

Son grand-père, Jean-Nicolas, issu d’une lignée de bourgmestres de Liège, avait<br />

été créé chevalier le 17 décembre 1714.<br />

Son père Charles-Ghislain-Joseph (Vieusart 15 juin 1701- Vieusart 9 février<br />

1785), seigneur de Corroy-le-Grand, Vieusart et Neusart, avait été créé baron<br />

par lettres patentes de l’impératrice Marie-Thérèse le 8 mai 1774, à raison de<br />

l’attachement constamment marqué « … à notre auguste maison ». Il avait épousé<br />

au château de Voorde, le 7 février 1734, Marie-Thérèse van der Meere (Voorde 15<br />

septembre 1703-Vieusart 6 novembre 1773).<br />

Leur fils aîné, Jean-Henri-Joseph (Vieusart 9 janvier 1736-Prague 26 avril<br />

1799), licencié en droit de l’Université de Louvain, fut échevin du magistrat de<br />

Bruxelles pendant de longues années, puis bourgmestre de cette ville de 1788<br />

à 1792. Lors de l’insurrection de 1789, il refusa de prêter serment aux Etats<br />

de Brabant et ne retrouva son poste qu’à la restauration autrichienne. Il choisit<br />

l’exil après la bataille de Jemappes et sa réputation de partisan inconditionnel du<br />

pouvoir impérial était telle que pour éviter de mécontenter l’opinion, on le pria de<br />

81


enoncer à ses fonctions lors de la seconde restauration autrichienne.<br />

Ferdinand, le fils cadet, mena sa carrière à l’exemple de son aîné. Après des<br />

études de droit, il fut successivement échevin, conseiller et premier bourgmestre<br />

de Louvain. Dans ces charges, il seconda de tout son pouvoir, la politique de<br />

réforme de Joseph II. Celui-ci l’en récompensa en lui conférant le titre de baron<br />

le 20 mars 1789. Il fut créé vicomte le 18 juin 1794, par l’empereur Léopold<br />

II, peut-être à titre de compensation de la perte de sa place de bourgmestre de<br />

Louvain, mais suite à la défaite de Fleurus, cette nomination resta sans suite.<br />

L’annexion des Pays-Bas par la France mit fin à sa carrière publique bien qu’il<br />

fît partie du collège électoral du département dès l’an XI. Ferdinand Beeckman<br />

partagea désormais son temps, entre son château de Vieusart à Corroy-le-Grand<br />

et son hôtel à Bruxelles, rue aux Laines. Ses dernières années furent assombries<br />

par la surdité.<br />

En 1815, l’intendant du département de la Dyle remarquait son attachement à la<br />

maison d’Autriche et sa nostalgie de l’Ancien Régime.<br />

Il avait épousé à Louvain -Saint-Pierre-, le 16 mai 1774, Jeanne-Charlotte de<br />

Vroey (13 juillet 1755-11 janvier 1836), fille de Jean-Laurent de Vroey, seigneur<br />

de Linden et de Thérèse-Françoise de Spoelberch.<br />

Le couple eut huit enfants dont cinq arrivèrent à l’âge adulte :<br />

Ferdinand-Joseph-Ghislain (Louvain 3 janvier 1777-Bruxelles 7 janvier 1814),<br />

maire de Corroy-le-Grand, décédé sans alliance.<br />

• Maximilien-Henri-Ghislain, baron de Libersart (Louvain 31 janvier 1781-Aixla-Chapelle<br />

8 octobre 1834), qui fit une brillante carrière à la fin de l’Empire :<br />

auditeur au Conseil d’Etat en service extraordinaire (1810), substitut du<br />

procureur général à la Haye (1811), avocat général près la Cour impériale de<br />

Hambourg (1812). Sous Guillaume I er , il devint successivement référendaire<br />

de première classe au Conseil d’Etat et chambellan du Roi (1821-1831),<br />

gouverneur des provinces de Hainaut (1825), puis de Limbourg (1828). Il<br />

avait épousé à Bruxelles le 2 octobre 1815, Augustine-Henriette-Marie de la<br />

Hamayde (1786-1839). Il fut membre de la loge bruxelloise « L’Espérance ».<br />

• Félicité-Françoise-Josèphe (Louvain 2 décembre 1783-Bruxelles 30 décembre<br />

1854) qui épousa à Bruxelles le 8 messidor an XII -27 juin 1804-, Charles-<br />

Eugène-Ferdinand, comte d’Auxy de Neufville (Mons 16 mai 1783-Bruxelles<br />

17 décembre 1856) qui fut chambellan du roi Guillaume I er (1816-1817). Il<br />

fut éligible au Sénat dans la Belgique indépendante.<br />

• Auguste-Charles-Joseph (Louvain 4 juillet 1786-Bruxelles 6 janvier 1876)<br />

82


qui fut membre de la députation permanente des Etats provinciaux du Brabant<br />

méridional de 1814 à 1830, puis de la députation permanente du Conseil<br />

provincial du Brabant de 1830 à 1844. Il épousa en premières noces à Bruxelles<br />

le 14 janvier 1810, Marie-Julie-Ghislaine Huysman de Neufcour (Bruxelles<br />

24 novembre 1786-Bruxelles 4 août 1855) et en secondes noces, à Ixelles le<br />

25 février 1858, Agnès de Belle (Bruxelles 18 novembre 1813- Saint-Gilles<br />

27 mars 1892). Il fut éligible au Sénat dans la Belgique indépendante.<br />

• Victoire-Pauline-Ghislaine (Givet 26 juillet 1790- Linden 28 novembre<br />

1872) qui épousa à Bruxelles le 13 juin 1808, Charles-Gustave-Edouard de<br />

T’Serclaes-Tilly d’Herlaer (Bruxelles 23 février 1785- Bruxelles 17 avril<br />

1869), non titré, puis comte, qui fut brièvement chambellan du roi Guillaume<br />

I er en 1830.<br />

Après le Concordat, Ferdinand de Beeckman avait acquis 34 lots de biens<br />

nationaux pour 297.795 francs et il avait en outre, recueilli la succession de son<br />

frère aîné décédé sans alliance. Il laissa un héritage considérable : pas moins<br />

de quatre châteaux à Court-Saint-Etienne, à Vieusart, à Linden et à Huyzingen.<br />

Il possédait également des fermes à Pellenberg, à Lubbeek, à Linden, à Wavre,<br />

à Grez-Doiceau, ce qui représentait un patrimoine immobilier certainement<br />

supérieur à 1.000 hectares. En outre, il avait vendu au roi des Pays-Bas le 18<br />

décembre 1815, un hôtel à Bruxelles, pour 110.000 francs.<br />

En 1806, il figurait à la 15 e place sur la liste des trente plus imposés du département<br />

en payant 9.000 francs d’impôts. En 1815, ses revenus étaient évalués à 35.000<br />

francs par an.<br />

A.N., F/1cIII/Dyle/2 ; A.G.R. , Enregistrement et Domaines, n° 3.804, partage<br />

successoral du 24 février 1818, Notariat du Brabant général, n°, acte du notaire<br />

Thomas du 18 décembre 1815 ; Annuaire de la Noblesse de Belgique, 1949, p.<br />

52 à 61 ; F. BETERAMS, The High Society…, p. 5 ; Etat présent de la Noblesse<br />

belge, 1984, p. 321 et 1998, p. 217 ; Nationaal Biografisch Woordenboek, t. IX,<br />

col. 43-45.<br />

BER<strong>LA</strong>IMONT Baudouin-Joseph (Nivelles 9 juillet 1753-Nivelles 18 mai<br />

1823).<br />

La famille Berlaimont était originaire de Seneffe en Hainaut, petit village au sud de<br />

Nivelles. Le père de Baudouin, Jean-François Berlaimont (Seneffe 1711-Nivelles<br />

14 ventôse an IX-15 mars 1802) était venu s’installer à Nivelles en 1741, avec sa<br />

femme Marie-Elisabeth Anthoine (Seneffe ?-Nivelles 24 avril 1785). Il y exploita<br />

pendant de nombreuses années le moulin de Béraut.<br />

Baudouin, leur fils cadet, fit ses études de droit à l’Université de Louvain et fut<br />

reçu avocat au Conseil de Brabant bien que son nom ne figure pas sur le registre<br />

83


de la Chancellerie. Il s’installa dans sa ville natale et fut échevin du magistrat<br />

de Nivelles de 1783 à 1787, puis à nouveau en 1791. Baudouin Berlaimont<br />

n’appartenait toutefois pas au milieu des grandes familles nivelloises qui se<br />

partageaient habituellement l’administration de la cité. Le 27 mars 1787, il avait<br />

été élu assesseur du tribunal de première instance qui devait siéger à Nivelles<br />

dans le cadre de la réforme judiciaire voulue par Joseph II, mais l’échec de celleci<br />

rendit sans effet cette nomination.<br />

Lors de la première occupation française, Baudouin Berlaimont fut élu le 18<br />

décembre 1792, administrateur de la ville par une assemblée dominée par les<br />

milieux conservateurs. Cette administration ne resta en place que quatre jours,<br />

mais à la même époque, on trouve Baudouin Berlaimont à la tête de la Société<br />

des Amis de la Liberté et de l’Egalité de Nivelles. Tout naturellement, il retrouva<br />

sa place d’échevin lors de la restauration autrichienne.<br />

Après la bataille de Fleurus, quand les troupes françaises occupèrent à nouveau les<br />

Pays-Bas, il partagea le sort des membres du Magistrat, arrêtés comme suspects<br />

le 10 juillet 1794, incarcérés à Charleroi, mais libérés sur parole le 15 juillet.<br />

Lors des élections de germinal an V, Baudouin Berlaimont fut élu membre de la<br />

municipalité et sous le Directoire, poursuivit ses activités d’avocat.<br />

En l’an VIII, il devint sous-préfet de Nivelles grâce à la recommandation du<br />

sénateur Lambrechts qui le présentait comme « … un homme actif et intelligent,<br />

convenant mieux que quiconque pour cet emploi ». Baudouin Berlaimont, qui<br />

était considéré comme attaché au gouvernement, n’assista pourtant pas au<br />

couronnement de l’Empereur, mais il produisit un certificat médical justifiant<br />

son absence. En 1806, il fut membre de la Commission de révision de la liste des<br />

cinq cents plus imposés du département de la Dyle.<br />

Il fit partie du collège électoral du département à partir de 1810 et en décembre<br />

de cette année, il fut présenté comme suppléant au Corps législatif. Mais le préfet,<br />

La Tour du Pin, commentait son élection en des termes peu flatteurs : « Honnête<br />

homme ayant des moyens et des connaissances, mais d’une indifférence sur tout,<br />

ne faisant point sa place, ayant assez de fortune pour s’en passer. Il doit son<br />

élection à l’extrême popularité dont il jouit et cette popularité à ce qu’il passe<br />

six heures par jour à l’estaminet et à ce qu’il laisse tout aller sans se formaliser<br />

avec rien ».<br />

Dès le 15 février 1811, le préfet demanda le remplacement de Berlaimont comme<br />

sous-préfet, tout en lui reconnaissant certains mérites : « L’administration de<br />

l’arrondissement de Nivelles est confiée à un sous-préfet sur la probité duquel<br />

il n’y a pas le plus léger doute à former. Sa capacité, l’expérience qu’il a des<br />

affaires le rendent également propre à se place si un fond d’indifférence invincible<br />

et de paresse insurmontable ne venaient paralyser ses moyens. Pour peu qu’une<br />

84


affaire soit épineuse, il s’éloigne de lui [sic], il n’en instruit jamais aucune et ne<br />

fait, absolument, que le matériel de sa besogne sans y joindre l’esprit qui vivifie,<br />

aussi tout languit, tout se fait tard et mal, et si cela se prolongeait il en résulterait<br />

de grands inconvénients ».<br />

Quand Baudouin Berlaimont apprit les démarches du préfet, il protesta<br />

véhémentement : « Les propositions que vous me faites de donner ma démission<br />

est un coup de foudre pour moi et me donneraient la mort, car si je ne tiens<br />

pas à l’intérêt et à l’ambition, je tiens beaucoup à l’honneur et une démission<br />

demandée et donnée aussi précipitamment me déshonorerait pour toute la vie<br />

attendu qu’elle serait regardée dans le public comme une destitution ».<br />

Rien n’y fit, le préfet persista à réclamer le départ de Baudouin Berlaimont qui fut<br />

remplacé en décembre 1811, par un Français, Barbotin de Conteneuil.<br />

Dès la chute de l’Empire, en février 1814, Baudouin Berlaimont fut replacé à<br />

la tête de l’arrondissement de Nivelles avec le titre de sous-intendant, puis de<br />

commissaire de district à partir de 1815. Finalement, il fut admis à la retraite en<br />

avril 1818, quand furent mis en place les commissaires d’arrondissement.<br />

Baudouin Berlaimont reprit alors ses activités d’avocat que le préfet en 1810, et<br />

plus tard, l’intendant de la province en 1815, lui reprochaient d’ailleurs de n’avoir<br />

jamais vraiment abandonnées. Il était encore membre du Conseil de régence de<br />

Nivelles quand il mourut le 9 mai 1823 en sa demeure sur la Grand-Place de la<br />

ville.<br />

Baudouin Berlaimont s’était marié à Nivelles le 29 nivôse an X- 19 janvier<br />

1802-, avec Martie-Rose-Catherine Couttume (Nivelles 30 juin 1757-Nivelles 23<br />

novembre 1812) fille de Ignace-Joseph Couttume ( ?-Nivelles 2 mars 1794) qui<br />

avait épousé à Nivelles le 16 mai 1743, Jeanne-Catherine Lejuste (Nivelles 13<br />

mars 1721-Nivelles 2 mars 1794).<br />

Les Couttume appartenaient au milieu des commerçants nivellois. Avant son<br />

mariage, la femme de Baudouin Berlaimont tenait boutique sur la Grand-Place<br />

avec ses deux sœurs, Marie-Catherine (Nivelles 8 décembre 1759-Nivelles 28<br />

février 1837) et Marie-Béatrice (Nivelles 17 juin 1755-Nivelles 2 mars 1825). Leur<br />

frère Pierre-Joseph Couttume (Nivelles 5 août 1746-Nivelles 4 e complémentaire<br />

an VII-20 septembre 1799), qui était orfèvre, avait épousé à Nivelles, le 26 mai<br />

1789, Marie-Thérèse Berlaimont (Nivelles 5 janvier 1747- Nivelles 12 janvier<br />

1813) la sœur aînée de Baudouin.<br />

Baudouin Berlaimont et son épouse n’eurent qu’une fille, Marie-Adrienne-Rose-<br />

Ghislaine, qui mourut à l’âge de trois mois (Nivelles le 12 prairial an X-23 mai<br />

1802-Nivelles 12 fructidor an X- 30 août 1802).<br />

85


La fortune de Baudouin Berlaimont passait pour très confortable : on lui attribuait<br />

8.000 francs de revenus en 1815. A son décès, la déclaration de succession, dans<br />

le seul ressort du bureau de Nivelles, fait état d’une fortune immobilière estimée<br />

à 49.632 florins des Pays-Bas, soit plus de 100.000 francs. Berlaimont avait<br />

acheté des biens nationaux dès l’an VII, pour 232.500 livres. Ces acquisitions<br />

étaient significatives sur le plan de l’engagement politique de l’avocat puisqu’il<br />

s’agissait de biens ayant appartenu au Chapitre de Nivelles, autrefois tout puissant<br />

dans la ville.<br />

Baudouin Berlaimont légua ses biens à un neveu, mais il fit également des legs<br />

particuliers, dont une maison à l’hospice des orphelins de Nivelles, et une demipièce<br />

de vin de bourgogne aux sociétaires du Serment des archers de la ville,<br />

témoignage de sa convivialité.<br />

A.N., F/1bII/Dyle/1/2 et 3 ; A.G.R., Préfecture de la Dyle, P° 1086, Enregistrement<br />

et Domaines, Brabant, n° 6233, déclaration du 15 eptembre 1823 ; F. BETERAMS,<br />

The High Society…, p. 2 ; E. SKIVEE, L’échevinage nivellois de 1740 à 1794,<br />

Mémoire de licence Université de Louvain, 1969, p. 226-230.<br />

BEYTS François-Joseph, (Bruges 17 mai 1769-Bruxelles 15 février 1832).<br />

Son père, François Beyts, originaire d’Amsterdam, s’était établi à Bruges où il<br />

était devenu chirurgien pensionnaire de la Prévôté. De son mariage avec Jeanne-<br />

Thérèse Le Point, il avait eu deux fils.<br />

L’aîné, Pierre (Bruges ca. 1761-Gand 1811) devint médecin. Membre des Amis<br />

de la Liberté et de l’Egalité de Bruges en 1792, il fut ensuite professeur à l’Ecole<br />

Centrale du département de la Lys en l’an VII, puis conseiller de préfecture à<br />

Gand (1804-1811). Il enseigna la chimie et la botanique, fut proviseur du Lycée<br />

impérial de Gand en 1807, puis recteur (1809) et inspecteur de l’Académie à<br />

Bruxelles.<br />

François Beyts, le cadet, fit des études secondaires au Collège des Augustins à<br />

Bruges, puis s’inscrivit en 1780, à la Faculté des Arts de l’Université de Louvain<br />

dont il sortit deux ans plus tard, avec le titre envié de « primus ». Ce fut l’occasion<br />

d’une fête le 25 août 1782, organisée par le Magistrat de Bruges au cours de<br />

laquelle, après avoir été accueilli aux portes de la ville, il fut accompagné en<br />

cortège par les autorités, gildes et métiers jusqu’à sa maison natale. A l’automne,<br />

il retourna à l’Université de Louvain pour y décrocher un diplôme de licencié ès<br />

lois le 22 octobre 1785. A l’issue de ses études, suivant le coutume de la noblesse<br />

et des classes aisées, il entreprit alors un long voyage en Allemagne et en Italie.<br />

En tout cas, il était revenu au pays au début 1787, puisque qu’il fut nommé le 21<br />

mars, secrétaire de l’intendant du Cercle de Bruges, dans le cadre de la grande<br />

réforme administrative de Joseph II. L’échec de celle-ci supprima son emploi le<br />

86


4 juin suivant.<br />

Le jeune Beyts était tenu en haute estime par les autorités autrichiennes puisque<br />

à 29 ans, il fut nommé le 14 avril 1788, substitut procureur général au Conseil<br />

de Flandre. Partisan déclaré de la politique gouvernementale, il n’hésita pas à<br />

inquiéter les opposants, ce qui l’obligea à se réfugier à Dunkerque, quand en<br />

novembre 1789, la Révolution dite brabançonne embrasa le pays. S’il revint à<br />

Bruges, quelques semaines plus tard, il resta écarté de la magistrature.<br />

Lors de la première restauration autrichienne, François Beyts redevint substitut<br />

procureur général et retrouva son zèle en faisant, notamment, rapport sur le<br />

complot ourdi par le prince de Béthune-Charost à partir de Douai.<br />

Après l’occupation de la Belgique suite à la bataille de Jemappes en 1792, il<br />

démissionna et il lui fallut attendre le retour des Autrichiens en 1793 pour retrouver<br />

un emploi public : il fut nommé en décembre de cette année, aux importantes<br />

fonctions de conseiller pensionnaire et greffier de la ville de Bruges et à ce titre,<br />

fut appelé à représenter sa ville natale aux Etats de Flandre.<br />

Quelques mois plus tard, en juin 1794, au retour des armées françaises, Beyts<br />

continua à administrer la ville, mais le 21 janvier 1795, avec d’autres notables<br />

de la cité, il fut arrêté comme otage pour assurer la paiement de la contribution<br />

militaire levée sur la population et incarcéré à Lille, puis à Douai. Libéré le 22<br />

février, il ne retrouva pas pour autant son emploi puisque le Magistrat de la ville<br />

avait démissionné en bloc en signe de protestation contre ces arrestations.<br />

François Beyts s’abstint de toute activité publique au cours des deux années<br />

suivantes, mais lors des élections de germinal an V, il fut aisément élu comme<br />

représentant du département de la Lys au Conseil des Cinq-Cents. Au sein de cette<br />

assemblée, il intervint chaque fois que les intérêts des départements réunis étaient<br />

concernés. Ainsi, il défendit le retrait des lois concernant le clergé, il plaida pour<br />

un assouplissement de la législation concernant les émigrés, demanda l’arrêt des<br />

ventes des domaines nationaux et la modification de certaines lois relatives au<br />

commerce international.<br />

Comme opposant à la politique du Directoire et défenseur des intérêts des anciens<br />

privilégiés, il semble n’avoir échappé que de justesse à la déportation lors du<br />

coup d’Etat du 18 fructidor an V. Néanmoins en l’an VI, il combattit la loi de<br />

finances décrétant la banqueroute des deux tiers, les mesures édictées contre la<br />

noblesse, l’obligation du serment pour tous les prêtres et l’instauration des droits<br />

d’accises sur le tabac.<br />

Lors du coup d’Etat de brumaire, on le plaça, sans que cela soit établi, du côté<br />

de ceux qui réclamèrent la mise hors la loi de Bonaparte. En conséquence, il<br />

fut exclu du Conseil des Cinq-Cents, exilé à 40 lieues de Paris et placé sous<br />

87


surveillance policière.<br />

En tout cas, François Beyts adressa quelques jours plus tard, une protestation à<br />

Bonaparte à laquelle celui-ci répondit le 3 frimaire, par une lettre rendue publique<br />

dans laquelle il réaffirma le caractère définitif du Traité de Campo Formio qui,<br />

selon lui, avait fixé à jamais les destinées de la Belgique.<br />

Après l’adoption de la nouvelle Constitution, le 21 nivôse an VIII, Beyts sollicita<br />

un emploi, de préférence dans l’ordre judiciaire. Soucieux d’apaisement et<br />

d’amalgame, le Premier Consul ne pouvait négliger ses offres de service et le<br />

nomma à la tête du département du Cher, le 1 er mars 1800. C’était à l’époque, le<br />

seul préfet d’origine belge.<br />

Pourtant, le Second Consul, Cambacérès, avait émis des doutes sur l’opportunité<br />

de sa désignation : « Les rapports qu’il a toujours été soupçonné d’avoir avec<br />

la maison d’Autriche font désirer qu’il ne soit pas mis dans les préfectures…<br />

D’ailleurs, il a demandé à être employé dans l’ordre judiciaire, là, il y aurait<br />

beaucoup moins à craindre ».<br />

Quand la nouvelle organisation judiciaire fut définie par la loi du 27 ventôse<br />

an VIII, François Beyts sollicita à nouveau un emploi dans les tribunaux des<br />

départements réunis. Il fut nommé le 17 messidor an VIII (5 juillet 1800),<br />

commissaire du Gouvernement provincial du Brabant près le Tribunal d’appel de<br />

Bruxelles, dont le ressort s’étendait sur les départements de la Dyle, de l’Escaut,<br />

de Jemappes, de la Lys et des Deux-Nèthes.<br />

François Beyts fut un magistrat très actif et très influent, notamment pour toutes<br />

les nominations de magistrats de son ressort. Le secrétaire du Grand Juge,<br />

Galliard en a laissé un portrait très vivant : « Actif, infatigable, courant d’une<br />

traite sans prendre du repos de Paris à Bruxelles, il faisait à l’hôtel du Grand<br />

Juge des apparitions imprévues …M. Regnier trouvait que son procureur général<br />

de Bruxelles avait trop de zèle et qu’il poussait l’humeur voyageuse jusqu’à<br />

l’indiscrétion…M. de Beyts était insistant, méticuleux, opiniâtre, se mettant<br />

à corps perdu pour sa clientèle, ayant toujours quelqu’un à recommander,<br />

quelque affaire majeure à penser, quelque détail négligé à mettre en mémoire ; ni<br />

déplacements, ni démarches ne lui coûtaient. Honnête homme, d’âge mur, ayant<br />

de l’expérience, connaissant à fond son Brabant, informateur parfois importun<br />

et rebuté, mais souvent écouté avec profit, on ne pouvait lui refuser les qualités<br />

qui font le procureur général : la vigilance, le goût de ses fonctions, la capacité<br />

d’administrer la justice, le talent d’embrasser son ressort et de le tenir dans sa<br />

main ».<br />

François Beyts avait des idées arrêtées quant aux qualités requises dans le chef des<br />

magistrats. Il avait conservé un ressentiment certain à l’égard des juges d’opinion<br />

jacobine et ne manquait pas de rappeler leur passé dans ses avis. Il tenait aussi<br />

88


à ce que les juges aient une vie privée exemplaire et n’aient aucun lien avec le<br />

commerce ou les affaires.<br />

Le procureur général ne pratiquait pas pour autant les vertus de délicatesse qu’il<br />

exigeait des autres. Quand sa belle-mère assigna le président du tribunal de Gand,<br />

Beyens, en paiement d’un billet à ordre, François Beyts vint plaider en personne<br />

la cause de sa parente, réclamant la mise en faillite d’un magistrat de son ressort.<br />

Mais en même temps, il faisait rapport au Grand Juge estimant que le magistrat<br />

n’était pas commerçant et qu’il n’était pas en état de cessation de paiement.<br />

Bel exemple de double discours !<br />

François Beyts, appelé procureur général depuis la transformation des tribunaux<br />

d’appel en cours d’appel lors de la proclamation de l’Empire, était aussi un<br />

homme important dans la vie bruxelloise. Inspecteur général des Ecoles de<br />

droit de Bruxelles, Strasbourg et Coblence en 1806, il était également membre<br />

de plusieurs sociétés savantes ou mondaines : la Société centrale de vaccine, la<br />

Société de médecine, la Société littéraire et il présida la Société de jurisprudence<br />

de Bruxelles.<br />

Chevalier de la Légion d’honneur depuis sa création en 1804, il en devint officier<br />

le 1 er août 1805, et chancelier de la 3 e cohorte dont le siège était à Gand.<br />

Après l’annexion du royaume de Hollande à l’Empire, le 9 juillet 1810, Beyts<br />

fut chargé, par décret impérial du 12 novembre de la même année, d’organiser,<br />

sur le modèle français, les tribunaux des départements nouvellement annexés,<br />

conjointement avec Corneille van Maanen, ancien procureur général de la<br />

République batave.<br />

Sa collaboration avec ce dernier fut très mauvaise, car François Beyts avait<br />

tendance à le laisser systématiquement à l’écart des décisions. De plus, il<br />

privilégia les candidats magistrats d’origine belge, répugnant à faire nommer des<br />

Hollandais aux postes supérieurs. A ce propos, un contemporain écrivait quelques<br />

trente ans plus tard, à un de ses correspondants : « Je n’ai pas besoin de vous<br />

dire quels tristes souvenirs sont restés en Hollande de ces imberbes officiers de<br />

parquet, sauf quelques exceptions honorables, c’est encore aujourd’hui ici pour<br />

nos magistrats un antécédent dont ils ne se vantent pas, que d’avoir été compris<br />

dans les grandes migrations Beyts ».<br />

Après la mort du premier président de la Cour de Bruxelles, Antoine Latteur*,<br />

François Beyts multiplia les démarches pour lui succéder. Le 20 mai 1811, il<br />

obtint satisfaction et fut installé dans ses fonctions de premier président de la Cour<br />

impériale de Bruxelles. Le 23 août suivant, Napoléon le créa baron de l’Empire<br />

et le 23 octobre, il fut autorisé à constituer un majorat formé de terres sises dans<br />

l’arrondissement de Bruges représentant un revenu annuel de 5.124 francs.<br />

89


Dès le début de 1813, l’Empire français commença à vaciller. La ville d’Hambourg,<br />

chef-lieu du département des Bouches-de-l’Elbe se souleva en février. Le 10 mai<br />

suivant, le maréchal Davout reprit la ville qui resta entre ses mains jusque fin mai<br />

1814, malgré un long siège de l’armée russe.<br />

François Beyts, qui avait été nommé lieutenant général de justice pour les<br />

départements de la 32 e division militaire, le 12 avril 1813, resta jusqu’au bout<br />

enfermé dans la place.<br />

Cette attitude courageuse lui valut la perte de sa place de premier président de<br />

la Cour de Bruxelles. En effet, magistrats et fonctionnaires avaient été tenus de<br />

prêter serment aux Alliés dès février 1814, alors que François Beyts n’était revenu<br />

à Bruxelles que le 10 juin. Son absence fut le motif officiel avancé par le Prince<br />

souverain des Pays-Bas, Guillaume d’Orange, à l’époque, gouverneur général de<br />

la Belgique, pour refuser de lui rendre la présidence de la cour, qui fut donnée à<br />

Guillaume Wautelée*.<br />

En réalité, François Beyts avait laissé de très mauvais souvenirs de son passage<br />

à La Haye et van Maanen avec qui sa mésentente avait été patente, était devenu<br />

ministre de la Justice. Le roi Guillaume I er ne s’en était d’ailleurs pas caché au<br />

duc d’Ursel au cours d’un entretien : « S’il n’avait pas de place, non plus pour<br />

Monsieur Beyts, c’est que les lois françaises ayant déplu aux Hollandais, ceux<br />

qui les faisaient exécuter d’une manière sévère n’avaient pu manquer de leur<br />

être désagréables et que c’eût été mortifier et désobliger la nation que de les<br />

accueillir dès le principe ».<br />

Il ne restait plus à François Beyts qu’à gérer ses biens, à s’inscrire au barreau de<br />

Bruxelles et à s’adonner aux recherches intellectuelles qui lui étaient chères.<br />

C’est à cette époque, qu’il s’attela à une réflexion philosophique, commentant<br />

à son usage personnel, La Critique de la Raison Pure d’Emmanuel Kant et le<br />

Novum Organum de Francis Bacon. La partie la plus intéressante de ces notes,<br />

qui ont été conservées, s’intitule « Philosophie du baron François Beyts « , sous<br />

forme d’un manuscrit d’une centaine pages. La réflexion du magistrat s’inspire<br />

des Idéologues comme Destutt de Tracy, Cabanis ou Volney et développe une<br />

philosophie de type sensualiste et empiriste.<br />

Ce n’est qu’à la fin du royaume des Pays-Bas, que François Beyts réapparut dans<br />

la vie publique.<br />

Le 1 er juin 1829, l’ancien magistrat, soutenu par la bourgeoisie bruxelloise, fut élu<br />

membre des Etats provinciaux du Brabant méridional. François Beyts se rangea<br />

très vite parmi ceux qui réclamaient le libre emploi des langues, c’est-à-dire du<br />

français, en matière judiciaire et administrative et l’installation de la Haute Cour<br />

à Bruxelles, mais en revanche, il soutint la politique scolaire du gouvernement.<br />

90


S’il se montrait partisan du redressement des griefs des Belges, il entendait rester<br />

dans la légalité et ne remettait pas le régime en cause.<br />

Après la proclamation de l’indépendance de la Belgique, cette attitude d’opposant<br />

valut à François Beyts, d’être élu au Conseil communal (municipal) de la ville de<br />

Bruxelles, le 22 octobre 1830.<br />

Une semaine plus tard, il eut moins de succès lors des élections pour le Congrès<br />

National. Les 1015 voix obtenues sur 2001 suffrages exprimés ne lui valurent<br />

qu’une 4 e suppléance, mais refus et démissions lui permirent de siéger dès le 16<br />

novembre.<br />

François Beyts joua un rôle très actif au sein du Congrès. Il n’intervint pas moins<br />

de 236 fois dont 83 lors de l’élaboration de la Constitution et de ce fait, il fut<br />

parmi les orateurs les plus remarqués de l’assemblée.<br />

Ses discours donnent une idée claire de sa vision politique : il appuya la forme<br />

monarchique du nouvel Etat, se montra favorable à la candidature du duc de<br />

Nemours au trône de Belgique, avant de soutenir celle de Léopold de Saxe<br />

Cobourg. Libéral, mais anticlérical, il craignait que la liberté de l’enseignement<br />

proclamée dans la Constitution ne laissât le champ libre à l’Eglise, dont il<br />

entendait cantonner l’activité au seul plan religieux. Il voyait aussi dans la liberté<br />

d’association, la carrière ouverte aux congrégations.<br />

Bien qu’hostile à toute forme de société d’ordre, il ne voyait aucun inconvénient<br />

à ce que le souverain pût conférer des titres de noblesse, mais c’était aussi un<br />

conservateur, adversaire de l’abaissement du cens électoral.<br />

Le 29 août 1831, il fut appeler à siéger au Sénat par l’arrondissement de Bruxelles<br />

et en assuma la vice-présidence jusqu’à sa mort, après une brève maladie, le 15<br />

février 1832.<br />

Dans sa jeunesse, François Beyts fut aventureux puisque le 21 février 1784, il fut<br />

dans la nacelle du premier aérostat qui, aux Pays-Bas, s’éleva des jardins du duc<br />

d’Arenberg* à Louvain.<br />

Il s’intéressait aussi au théâtre et figura parmi les actionnaires de la compagnie<br />

qui racheta le théâtre de la Guilde Saint-Sébastien à Gand, quand il fut vendu<br />

comme bien national. Il conserva sa participation jusqu’à son rachat en 1821, par<br />

la municipalité de la ville.<br />

La femme du préfet La Tour du Pin voyait en lui : « …un savant allemand [sic]<br />

de beaucoup d’esprit et de capacité ». Sa bibliothèque ne contenait pas moins<br />

de 692 volumes. Les ouvrages juridiques n’y étaient pourtant guère présents (3<br />

%) alors que ceux consacrés aux sciences et aux belles-lettres représentaient<br />

presque la moitié de celle-ci. Les livres écrits en latin (18 %), en anglais (10 %)<br />

91


côtoyaient quelques volumes en italien ou en espagnol. Les récits de voyages de<br />

Cook et de Jung voisinaient avec les grands écrivains français : Molière, Racine,<br />

La Fontaine, Voltaire, Rousseau et Helvétius. Les écrits de Newton, Malthus,<br />

Leibnitz ou Lacépède témoignaient de son intérêt pour la philosophie et les<br />

sciences humaines.<br />

François Beyts avait épousé à Gand, le 29 juin 1789, Marie-Rose Van de Vyvere<br />

(Gand- Saint-Bavon- 15 juillet 1766-Bruxelles 30 novembre 1826), fille de<br />

Bernard Van de Vyvere, avocat au Conseil de Flandre de bonne renommée et de<br />

Marie-Pétronille Vandermaeren. Les deux frères de la jeune épouse pratiquaient<br />

également le barreau à Gand. La famille Van de Vyvere était connue pour ses<br />

sympathies à l’égard de la politique de Joseph II et possédait beaucoup de terres<br />

en pays de Waes. Devenue veuve assez jeune, Marie-Pétronille Vandermaeren<br />

avait épousé en secondes noces, Thomas Daneels, riche commerçant gantois,<br />

receveur des moyens courants de la province de Flandre, qui fut en l’an IV, juge<br />

au tribunal civil du département de l’Escaut, puis administrateur du département.<br />

Le couple Beyts n’eut pas d’enfant.<br />

François Beyts était un homme très fortuné. Dès l’an XI, il passait pour jouir de<br />

30 à 40.000 francs de rentes et en 1806, il figurait parmi les soixante personnes<br />

les plus marquantes du département de la Dyle en payant 2.674 francs d’impôts<br />

à Bruxelles.<br />

Cette fortune était à la fois son œuvre et le fruit d’un riche mariage. Beyts n’avait<br />

hérité de son père qu’une maison à Bruges et de son frère, quelques capitaux,<br />

mais son épouse avait recueilli dans les successions de sa mère et de son beaupère,<br />

plusieurs maisons, près de 147 hectares de terres et un capital de 45.000<br />

francs placé en rentes.<br />

Au cours de leur mariage, les époux Beyts-Van de Vyvere acquirent 256 hectares<br />

de terres et plusieurs fermes. Au décès de François Beyts, on retrouva des valeurs<br />

mobilières s’élevant à 74.635 francs.<br />

Lors du partage successoral en 1837 entre de lointains cousins, la vente des<br />

immeubles rapporta 755.360 francs.<br />

François Beyts ne fit jamais reconnaître son titre de baron de l’Empire ni par le<br />

Roi des Pays-Bas, ni plus tard, dans le cadre de la Belgique indépendante.<br />

A.N., F/1cIII/Dyle/1 ; BB/5/276, rapport Beyts du 11 juin 1809 et lettre du<br />

président Latteur du lendemain ; L. FRANCOIS, Elite en Gezag, thèse de<br />

doctorat inédite, Université de Gand, 1987, t. IV, p. 400 à 471 ; L. FRANCOIS,<br />

« Frans Beyts » dans Handelingen van het Genootschap voor Geschiedenis te<br />

Brugge, 1974, p. 32-55 ; L. <strong>LA</strong>NZAC de <strong>LA</strong>BORIE, La domination française en<br />

92


Belgique, t. I, p. 307 ; « Frans Beyts » dans Nationaal Biografisch Woordenboek,<br />

1974, t. VI, col. 29-33, notice L. FRANCOIS ; Ph. Van HIL<strong>LE</strong>, Het Hof van<br />

Beroep van Brussel en de Rechtbanken van Oost-en-West Vlaanderen onder<br />

het Frans Bewind, 1800-1814, p. 46-49 ; Y. VAN<strong>DE</strong>N BERGHE, Jacobynen<br />

en Traditionalisten. De reacties van de Bruggelingen in de Revolutietijd (1780-<br />

1794), t. I, p. 122-302-378 ; Le Parlement belge 1831-1894, p. 25 ; J. TU<strong>LA</strong>RD,<br />

Napoléon et la noblesse d’Empire, p. 210.<br />

BONAVENTURE Nicolas (Thionville 10 décembre 1753-Jette 24 avril 1831).<br />

Bonaventure était issu d’une famille admise de longue date, au sein de la<br />

bourgeoisie de Thionville. Son grand-père, Nicolas, était maître boulanger, un<br />

parent, Gabriel-Louis, avocat au Parlement de Metz, exerçait au bailliage de<br />

Thionville, un autre, Jean-Balthazar était notaire.<br />

Son père, Georges Bonaventure (Thionville 9 octobre 1725-Thionville 20 mai<br />

1769) s’engagea d’abord comme militaire et fut blessé au siège de Maestricht<br />

en 1747. Au cours de sa convalescence, il rencontra Anne-Madeleine Duvivier<br />

(Tournai 21 décembre 1718-Thionville août 1800), fille d’un marchand tanneur<br />

de Tournai qu’il épousa à Thionville le 14 décembre 1750, alors qu’il avait repris<br />

le commerce familial de boulangerie. Le couple eut six enfants dont les deux<br />

aînés moururent en bas âge.<br />

Nicolas était l’aîné des survivants. Il fit ses études au collège royal de Metz où il<br />

remporta le prix de logique en classe de rhétorique. A la mort de son père, à l’âge<br />

de 44 ans, une de ses tantes, qui tenait un commerce de quincaillerie à Tournai,<br />

l’appela auprès d’elle.<br />

En 1772, il s’inscrivit à l’Université de Louvain pour y mener des études de droit<br />

et il obtint le grade de licencié ès lois en 1775. L’année suivante, il fut reçu avocat<br />

près le Conseil provincial de Tournai.<br />

Comme il était né sujet du roi de France, il lui fallait obtenir des lettres de<br />

naturalité pour pouvoir exercer quelque emploi public, ambition de la pléiade de<br />

juristes qui patrocinaient devant les multiples juridictions de l’Ancien Régime.<br />

Le 20 novembre 1781, il obtint ce sésame.<br />

Deux ans plus tard, le jeune juriste, ayant fait preuve de ses qualités, et fort de<br />

solides appuis, fut nommé par les Etats de la province du Tournaisis, conseiller<br />

pensionnaire adjoint. Cette charge fut pour lui le marchepied de sa carrière.<br />

C’est en tant que tel qu’il fit partie d’une délégation de la province envoyée en<br />

1784 auprès de l’empereur Joseph II. Nommé grand bailli de la cour féodale de<br />

Saint-Amand à Tournai en 1786, il devint troisième conseiller pensionnaire du<br />

magistrat de la ville en 1787.<br />

93


Pendant la révolution brabançonne, Nicolas Bonaventure fut appelé à jouer un<br />

rôle important en tant que représentant de sa province. Il figura parmi les députés<br />

extraordinaires appelés à se prononcer au sein d’un Congrès renforcé qui devait<br />

examiner si en présence du revirement des Puissances, l’intérêt des Belges ne<br />

recommandait pas une entente avec l’Empereur (23-28 août 1790). Ensuite, il fit<br />

partie d’une commission de dix députés réunie à Bruxelles le 24 septembre, qui<br />

conclut à l’opportunité d’une négociation avec Léopold II.<br />

Renvoyé à nouveau au Congrès dans le courant de l’automne, il assista à l’agonie<br />

des Etats-Belgiques Unis, puis il fit partie de la délégation du magistrat de Tournai<br />

qui remit au général Bender la soumission de la ville.<br />

Lors de la première restauration autrichienne, Bonaventure poursuivit ses activités<br />

de pensionnaire de la ville, s’attachant à régler le sort des dettes contractées lors<br />

de la révolution et le litige qui opposait les villes de Gand et de Tournai quant au<br />

transport par eau, des marchandises entre les deux cités.<br />

Après la victoire de Jemappes, il fut élu le 12 novembre 1792, parmi les 22<br />

administrateurs provisoires du peuple de Tournai et il en assuma rapidement la<br />

présidence.<br />

Manœuvrant pour concilier les exigences d’une minorité jacobine avec les<br />

nécessités du maintien de l’ordre, il n’en fut pas moins chargé de rédiger et de<br />

porter à Bruxelles la protestation des représentants provisoires contre le décret de<br />

la Convention du 15 décembre 1792.<br />

Le 6 février 1793, il fut à nouveau élu en qualité d’administrateur par 483 suffrages<br />

sur 700 votants. Il fut aussi le secrétaire de l’assemblée jacobine qui vota la<br />

réunion de Tournai à la France le 1 er mars 1793. Après que les représentants eurent<br />

cassé l’élection du 6 février, il fut à nouveau désigné comme administrateur puis<br />

comme président.<br />

C’est à ce titre, qu’il rédigea leur protestation contre l’enlèvement des argenteries<br />

des églises de la ville et exigea le remboursement des sommes confisquées à<br />

l’évêché et au séminaire.<br />

La défaite de Neerwinden ramena les autorités autrichiennes, et comme si rien ne<br />

s’était passé, Bonaventure reprit ses fonctions au sein du magistrat.<br />

Le retour des armées françaises en Belgique après la bataille de Fleurus, le 8<br />

messidor an II (26 juin 1794) allait marquer un nouveau tournant dans sa carrière.<br />

Après quelque hésitation, la France mena à bien la politique d’annexion des anciens<br />

Pays-Bas esquissée un an et demi auparavant. Les représentants en mission, à la<br />

94


echerche de relais locaux, eurent leur attention attirée par Bonaventure, vu ses<br />

compétences administratives et ses origines françaises qu’il s’était plu à rappeler.<br />

Le 7 brumaire an III (29 octobre 1794), ils l’appelèrent à Bruxelles pour le<br />

désigner au sein de la nouvelle Administration Centrale et Supérieure de la<br />

Belgique, chargée de l’organisation du pays. Cette nomination fut officielle le 28<br />

brumaire (18 novembre) suivant.<br />

Ainsi, depuis 1789, traversant sans encombres, une révolution, deux restaurations<br />

autrichiennes et deux occupations françaises, Bonaventure était parvenu à se<br />

maintenir au premier plan des responsabilités politiques et administratives.<br />

Un de ses adversaires, Maximilien Dorez, appartenant au clan républicain de<br />

Tournai, le décrivait en l’an V, comme un caméléon politique : « Bonaventure a<br />

de grandes connaissances, il a de la logique, mais astucieuse et sophistique [sic].<br />

Il a une prudence très rare et très hypocrite de connaître l’opinion politique de<br />

l’individu avec qui il est en relation avant de manifester la sienne ; une fois cette<br />

connaissance acquise, il est républicain avec les républicains, théocrate avec les<br />

théocrates, aristocrate avec les aristocrates ».<br />

Quand le Conseil de Gouvernement provincial du Brabant remplaça le 1 er<br />

complémentaire an III (17 septembre 1795) l’Administration Centrale et<br />

Supérieure, Bonavenure figura parmi ses dix membres.<br />

Après que l’annexion de la Belgique eut été votée par la Convention le 9<br />

vendémiaire an IV (1 er octobre 1795), Bonaventure refusa dans un premier<br />

temps, la place de commissaire du Directoire près l’administration centrale<br />

du département de Jemappes, mais il accepta finalement celle de président du<br />

tribunal criminel du département de la Dyle lors de la mise en place de la nouvelle<br />

organisation judiciaire le 7 frimaire suivant. Il n’entra toutefois en fonction que<br />

deux mois plus tard.<br />

Certaines décisions d’acquittement prononcées par le jury de la Cour, notamment<br />

dans l’affaire dite des Marolles, poursuivie contre des religieuses de Louvain<br />

accusées d’avoir donné asile à un chef de bande contre-révolutionnaire, altérèrent<br />

le crédit de Bonaventure à Paris.<br />

Le 2 germinal an V (22 mars 1797), il fut destitué sous prétexte d’avoir renouvelé<br />

son serment de fidélité à l’empereur François II, en sa qualité de pensionnaire de<br />

Tournai, lors de la seconde restauration autrichienne.<br />

Fort du soutien des juges belges de la Cour criminelle qui refusèrent de le<br />

remplacer, Bonaventure se posa en victime et comme défenseur des droits des<br />

Belges bafoués par certains actes arbitraires de la République. Il écrivit le 17<br />

germinal an V (6 avril 1797) dans l’Echo des Feuilles politiques et littéraires :<br />

95


« La cause [de ma destitution fut], l’acquittement de La Sonde innocent ; des<br />

religieuses de Louvain innocentes, mes procédés envers des absents belges<br />

innocents, envers des imprimeurs innocents ; tous ces actes que des hommes<br />

qui obsèdent le Directoire et l’ont trompé, appellent désobéissance. Le but …les<br />

élections, dans lesquelles il fallait tenter d’écarter cet insolent républicain, qui<br />

ose déclarer la guerre aux grands voleurs, ne veut pas qu’on assassine, et veut<br />

encore moins assassiner lui-même, voilà le mot de l’énigme ».<br />

Les résultats de cette campagne de presse ne déçurent pas Bonavenure : choisi<br />

comme électeur par l’assemblée primaire de Bruxelles, il fut élu député au<br />

Conseil des Cinq-Cents à la fois par le département de Jemappes et celui de la<br />

Dyle en faveur duquel il opta.<br />

Pendant les quelques mois qui précédèrent le coup d’Etat du 18 fructidor, Nicolas<br />

Bonavenure se mit en évidence à la barre de l’assemblée. Un de ses collègues,<br />

Werbrouck, député du département des Deux-Nèthes, écrivit à son propos :<br />

« Bonaventure jouit ici de la plus grande considération, cet homme peut beaucoup<br />

par ses talents et sa manière de parler à la tribune ».<br />

En matière religieuse, il demanda que l’on suspendît l’exécution en Belgique de<br />

la loi du 3 brumaire an IV en attendant son éventuelle abrogation réclamée par la<br />

droite du Conseil des Cinq-Cents et son porte parole Camille Jordan.<br />

Intervenant sur la question de la dette publique, il critiqua la vente à vil prix,<br />

des biens nationaux en Belgique au bénéfice des fournisseurs de la République<br />

privant ainsi les créanciers belges de leur gage le plus sûr, et proposa la surséance<br />

des ventes.<br />

Cette dernière prise de position était probablement dictée par l’intérêt personnel,<br />

car en arrêtant les ventes, on valorisait les biens déjà cédés et Nicolas Bonaventure,<br />

associé occulte de la Compagnie Suzanne, figurait parmi les acquéreurs les plus<br />

importants dans les départements réunis.<br />

Les prises de position de Nicolas Bonavenure, proches de celles de l’opposition<br />

royaliste, lui firent courir les plus grands risques lors du coup d’Etat de fructidor<br />

et il n’échappa que de justesse à la déportation. Désormais, il n’occupa plus la<br />

tribune qu’à de rares occasions.<br />

Ecarté du Corps législatif après le 18 brumaire an VIII, Nicolas Bonaventure fut<br />

nommé membre du tribunal d’appel de Bruxelles dans la nouvelle organisation<br />

judiciaire et président du tribunal criminel du département de la Dyle le 17<br />

messidor an VIII (6 juillet 1800). Il y siégea pendant dix ans.<br />

Dans l’exercice de ses fonctions, il donna la mesure de sa personnalité.<br />

Le commissaire du Gouvernement provincial du Brabant près le tribunal<br />

96


d’appel, Beyts*, le décrivait en ces termes, le 7 germinal an IX (3 avril 1801) :<br />

« Bonaventure est un excellent jurisconsulte très versé dans les loix criminelles,<br />

une forte tête enfin. Il est l’effroy du crime : ses analyses des procès criminels<br />

aux jurés sont en général faites avec grand talent, au moyen de notes qu’il tient<br />

tachygraphiquement et aussi vite qu’on parle… assurément il est l’âme et le<br />

moteur de ce qui se passe à son tribunal ».<br />

Les honneurs s’accumulèrent sur la tête de ce haut magistrat : il fut choisi comme<br />

membre du collège électoral du département de la Dyle dès l’an XI avec 93<br />

suffrages sur 94 votants, le 22 prairial an XII (11 juin 1802) il fut créé chevalier<br />

de la Légion d’honneur et le 25 avril 1806, il devint membre du Conseil de<br />

discipline et d’enseignement de l’Ecole de Droit de Bruxelles.<br />

Mais au fils des années, l’opinion devint critique à son égard et l’enquête précédant<br />

la mise en œuvre de la nouvelle loi d’organisation judiciaire du 20 avril 1810,<br />

donna une toute autre image du président Bonaventure.<br />

François Beyts écrivait désormais : « M. Bonaventure qui jouissait d’une grande<br />

considération au commencement, a baissé infiniment dans l’opinion publique<br />

depuis quelques années. On peut en attribuer la cause à sa fréquentation<br />

habituelle de ce que l’on appelle dans ce pays, les estaminets. Là, on boit de la<br />

bière et l’on s’y rencontre avec toutes sortes de gens. Cependant qu’il cryptait,<br />

qu’il raisonnait, qu’il discutait les objets qui concernaient exclusivement les<br />

magistrats et même quelques fois, les causes criminelles pendantes encore devant<br />

la cour qu’il présidait et qui n’étaient pas encore décidées ».<br />

Ces critiques ne naissaient pas que sous la plume de Beyts, qui, de longue date,<br />

n’approuvait pas ses fréquentations populaires, mais aussi sous celles du préfet<br />

qui commentait en ces termes sa candidature au Corps législatif présentée par le<br />

collège électoral du département de la Dyle en 1811 : »Il a beaucoup d’esprit, de<br />

feu, de sagacité, mais il est de la plus complète indifférence sur les devoirs de son<br />

état dont il s’occupe fort peu ou quand il le fait, c’est avec une sévérité révoltante,<br />

ce serait également avec partialité si l’occasion s’en présentait. Devenu trop<br />

riche, il n’a nullement besoin de son état ».<br />

Ces critiques scellèrent le sort de Nicolas Bonaventure même si, comme un<br />

dernier coup de chapeau à un vieux serviteur, il fut créé baron de l’Empire le 17<br />

mars 1811.<br />

Un mois plus tard, le 24 avril, quand sortirent les nouvelles nominations, on n’y<br />

trouvait plus le nom de Nicolas Bonaventure, mais comme une aumône pour un<br />

homme riche, il reçut une pension de 1.800 francs.<br />

Il se retira dans la belle propriété qu’il s’était fait construire à Jette, à l’époque<br />

petit village à l’est de Bruxelles, aujourd’hui faubourg de la capitale. Le bâtiment<br />

97


orné de pilastres ioniques sur toute la hauteur de l’édifice était entouré d’un vaste<br />

jardin garni de fausses ruines, de statues, de bosquets, de murs tapissés d’espaliers<br />

avec une grande pièce d’eau agrémentée d’une chute.<br />

A la fin de novembre 1812, il fut nommé maire de sa commune et fidèle à luimême,<br />

il garda ses fonctions pendant les quinze années d’existence du royaume<br />

des Pays-Bas et après l’indépendance de la Belgique, jusqu’à sa mort le 24 avril<br />

1831.<br />

Nicolas Bonaventure fut, semble-t-il, reçu franc-maçon très jeune alors qu’il était<br />

encore à Thionville et il fit partie d’une loge d’étudiants qui fit scandale par ses<br />

débordements bachiques, alors qu’il suivait les cours à l’Université de Louvain<br />

en 1773.<br />

On le retrouve à partir du 30 septembre 1801, sur les colonnes de la loge<br />

bruxelloise « Les Vrais Amis de l’Union » dont il fut orateur de 1802 à 1805 et il<br />

en resta membre jusqu’à son décès.<br />

Nicolas Bonaventure appartenait au milieu de la bourgeoisie commerçante de<br />

Tournai. Sa famille n’était pas sans moyens puisqu’elle lui paya des études<br />

universitaires à Louvain. Lui-même put réunir en 1787, les 20.000 florins de<br />

l’engagère correspondant à la charge de conseiller pensionnaire du magistrat.<br />

Jusqu’au moment où il devint président du tribunal criminel du département de<br />

la Dyle, Nicolas Bonaventure continua parallèlement à ses fonctions publiques,<br />

l’exploitation d’un commerce à Tournai, qui était peut-être celui de la quincaillerie<br />

familiale.<br />

L’annexion de la Belgique et l’introduction de la monnaie républicaine portèrent<br />

un grave préjudice à sa situation financière. Non seulement, il perdit les 20.000<br />

florins de sa médianate, ses rentes sur les villes, mais aussi ses créances qui<br />

furent payées en assignats au pair et ses marchandises, taxées par les lois sur le<br />

maximum.<br />

Pourtant, dès l’an XI, le préfet lui attribuait 40 à 50.000 francs de rentes et en<br />

1806, Nicolas Bonaventure figura parmi les trente plus imposés du département<br />

de la Dyle en payant 9.500 francs d’impôts.<br />

L’origine du rétablissement de sa fortune réside dans son implication dans les<br />

ventes de biens nationaux. Si officiellement, il n’acheta sous son nom dans le<br />

département de la Dyle, que 57 hectares de terres et bâtiments pour 276.000<br />

francs, il fut aussi acquéreur actif en l’an VI et en l’an VII, avec des partenaires<br />

souvent différents, dans les départements de Jemappes et de Sambre-et-Meuse où<br />

il devint propriétaire de plusieurs fermes importantes.<br />

Mais ce fut surtout comme associé occulte de la Compagnie Suzanne qu’il fut<br />

98


un investisseur considérable. Rien que dans le département de la Dyle, celle-ci<br />

acheta pas moins de 856 hectares, dont neuf fermes, le couvent des Bénédictines<br />

et 41 maisons à Bruxelles. Mais Nicolas Bonaventure ne se borna pas aux<br />

investissements en terres, placement traditionnel de son époque, il fut aussi<br />

l’associé d’Isidore Warocqué dans le charbonnage de l’Olive à Morlanwelz<br />

et il posséda des participations dans les mines du Petit Forêt et des Cembles<br />

à Châtelineau. Il fut également associé aux fournisseurs aux armées Bauwens,<br />

Beths & C ie .<br />

En 1823, il investit 20.000 florins des Pays-Bas dans la nouvelle Société Générale,<br />

ce qui le plaçait parmi les soixante actionnaires les plus importants. Nicolas<br />

Bonaventure était resté célibataire, ce furent donc ses deux sœurs survivantes qui<br />

recueillirent à son décès, une fortune s’élevant à plus de deux millions de francs<br />

dont 800 hectares de fermes, terres et bois.<br />

A.N. AF/IV/1426 ; BB/5/273, rapport Beyts du 7 germinal an IX ; BB/18/284 ;<br />

F/1cIII/Dyle/1 et 2 ; A.G.R. Papiers Bouteville, n° 31, Cour d’appel, 1 ère série, n°<br />

869 ; G. BIGWOOD, « L’Ecole puis Faculté de droit de Bruxelles, 1806-1817 »,<br />

Revue de l’U.L.B., T. 28, 1922-1923, p. 277 ; La Constance, Or\de Louvain<br />

5808-5983, s. l, n.d., p. 26-31 ; L. FRANCOIS, « Nicolas Bonaventure » ,<br />

Comté de Jette, 1988, p. 3-17 ; Ph. LIBERT, Histoire de la plus ancienne loge de<br />

Bruxelles, Les Vrais Amis de l’Union et du Progrès, p. 45 ; A. MI<strong>LE</strong>T, « Tournai<br />

et le Tournaisis sous le bonnet rouge-1792-1793 », Publication extraordinaire<br />

de la Société royale d’histoire et d’archéologie de Tournai, t. III, 1986, p. 351 ;<br />

M.-R. THIE<strong>LE</strong>MANS, « Deux institutions centrales sous le régime français en<br />

Belgique », Revue belge de philologie et d’histoire, t. XLI (1963), p. 1112 et suiv. ;<br />

J. TU<strong>LA</strong>RD, Napoléon et la noblesse d’Empire, 1979, p. 211 ; P. VERHAEGEN,<br />

« Notice biographique sur Bonaventure N.M., jurisconsulte tournaisien »,<br />

Fédération historique et archéologique de Belgique, Annales du XXIV e congrès,<br />

1927, p. 287-319 ; A. WAUTERS, Histoire des environs de Bruxelles, Bruxelles,<br />

1855, t. II, p. 9.<br />

BRYAS, Alexandre-François-Ferdinand-Ghislain-Marie, comte de<br />

(Morialmé-dépt. des Ardennes- 1 er octobre 1781-Paris 30 mai 1828).<br />

Si Alexandre de Bryas figure sur une liste des notabilités du département de la<br />

Dyle, c’est uniquement parce qu’il avait conservé son domicile chez sa mère, qui<br />

vécut à Bruxelles de 1806 à 1813, rue du Prévôt. Il était né au sein d’une famille<br />

noble, dont les attaches se situaient aussi bien dans la principauté de Liège que<br />

dans les Pays-Bas autrichiens et en Artois.<br />

Son père, Alphonse-Ferdinand-François-Marie-Frédéric, marquis de<br />

Molingen, baron de Morialmé et de Hemricourt, membre de l’Etat<br />

noble de la principauté de Liège, grand bailli de l’Entre-Sambre-et-<br />

Meuse, grand bailli héréditaire des Bois et Forêts de Hainaut, membre<br />

99


du corps de la noblesse d’Artois, était major dans l’armée autrichienne.<br />

Sa mère, Ernestine-Caroline-Marie-Françoise, marquise de Croix avait été<br />

chanoinesse de Denain. C’était aussi la sœur de Charles-Ludovic-Marie de Croix<br />

(15 octobre 1760-10 avril 1832), député de la noblesse aux Etats Généraux,<br />

comte de l’Empire (24 février 1809), chambellan de Napoléon (1810), sénateur<br />

de l’Empire (5 avril 1813), pair de France (1814).<br />

On connaît peu de la jeunesse d’Alexandre de Bryas qui était l’aîné d’au moins<br />

six enfants. Il semble avoir reçu une éducation soignée puisque suivant une lettre<br />

de son oncle, le sénateur de Croix, il avait une connaissance parfaite de l’allemand<br />

et du latin et parlait quelque peu le polonais.<br />

Dans son dossier militaire, une main anonyme nota « … qu’il fut le premier<br />

Belge de sa classe qui soit entré au service militaire de l’Empereur ». En effet,<br />

Alexandre de Bryas, membre de la Garde d’honneur du Premier Consul lors de<br />

sa visite à Bruxelles, en messidor an XI (juin 1802), fut parmi les cinq de celleci<br />

qui se portèrent volontaires pour accompagner l’Empereur aux armées lors<br />

de la campagne d’Austerlitz. La briéveté des opérations déçut ses espérances,<br />

car il ne put y prendre part, mais il fut attaché comme officier d’ordonnance au<br />

prince Louis Bonaparte, général en chef de l’armée du Nord, le 14 nivôse an XIV<br />

(22 décembre 1805). Lieutenant en second à la 1 ère compagnie des Gendarmes<br />

d’ordonnance le 31 août 1806, il fut ensuite versé au 6 e régiment de cuirassiers.<br />

C’est avec cette unité qu’il il fit les campagnes de Prusse en 1807 et d’Autriche<br />

en 1809. Blessé à Essling, après avoir eu quatre chevaux tués sous lui, il fut fait<br />

prisonnier. Il fit la campagne de Russie et s’illustra à la bataille de la Moskowa,<br />

ce qui lui valut la croix de chevalier de la Légion d’honneur le 11 octobre 1812.<br />

Pendant la retraite, il figura au sein de l’ecadron sacré. Au cours de la campagne<br />

de Saxe, il fut blessé à Leizig.<br />

Capitaine en 1809, il ne gagna ses galons de chef d’escadron qu’à la bataille de<br />

Champaubert en 1814, et à ce titre, commanda son régiment pendant la suite de<br />

la campagne de France et fut blessé devant Paris.<br />

Après l’abdication de Napoléon, Alexandre de Bryas passa avec son grade au 1 er<br />

régiment de cuirassiers du Roi. Le sens politique du jeune officier lui dicta le bon<br />

choix au retour de l’Empereur. Il démissionna le 1 er avril 1815 et obtint son congé<br />

définitif pour rentrer dans ses foyers le 18 avril suivant.<br />

Ceci ne l’empêcha pas de reprendre du service après Waterloo, comme chef<br />

d’escadron au 2 e régiment de cuirassiers de la Garde royale, le 12 octobre 1815.<br />

Breveté lieutenant-colonel en 1818, il devint officier de la Légion d’honneur le<br />

24 août 1820 et chevalier de Saint-Louis le 25 avril 1821.<br />

Au fil des années, Alexandre de Bryas se lassa du service et il démissionna le 11<br />

août 1822. En quittant l’armée, il aurait voulu obtenir le brevet de colonel, à titre<br />

100


honorifique, en renonçant même à toute pension de retraite, mais ce fut en vain<br />

qu’il tenta de convaincre le ministre de la Guerre, car il n’avait pas dix années<br />

d’ancienneté dans son grade de lieutenant-colonel.<br />

Alexandre de Bryas, se retira alors dans une de ses propriétés, dans le Pas-de-<br />

Calais. Il fit brièvement son entrée sur la scène politique, quand il fut élu le 24<br />

novembre 1827, comme député de ce département par 276 voix sur 278 votants.<br />

Son rôle fut très effacé à la Chambre pendant les quelques mois qu’il y siégea. Il<br />

mourut à Paris, l’année suivante, en pleine session parlementaire.<br />

Un de ses frères, Charles de Bryas, servit également au 6 e cuirassiers, mais fut<br />

réformé en 1811 (8 février 1786-Paris 19 avril 1853).<br />

Un de ses lointains cousins, Louis de Bryas (Luxembourg 15 novembre<br />

1781-Bruxelles 5 septembre 1855) servit également dans les armées de l’Empire,<br />

puis dans l’armée des Pays-Bas. Il combattit et fut blessé à Waterloo. Colonel<br />

du régiment de hussards n° 8 le 16 avril 1830, après la Révolution belge, il fut<br />

nommé par le Gouvernement Provisoire général commandant une brigade de<br />

cavalerie le 16 octobre 1831. Il termina sa carrière comme général de division<br />

chargé de l’inspection générale de la cavalerie légère en 1842.<br />

Alexandre de Bryas avait épousé le 20 mai 1816 à Paris, Marie-Thérèse-Louise<br />

d’Hunoldstein (1790-Bryas 3 octobre 1866), fille de Jean-François-Léonard,<br />

baron d’Hunoldstein, ancien premier lieutenant des Gardes du corps du Roi,<br />

compagnie de Grammont et de Gabrielle-Françoise de Cherisey. Le roi Louis<br />

XVIII avait signé le contrat de mariage le 12 avril précédent.<br />

De cette union naquirent :<br />

Marie-Françoise-Gabrielle (25 août 1818-28 mars 1846) qui épousa en juillet<br />

1839, Raymond-Joachim-Antoine-Herman, comte de Hinnisdaele (1808-Paris 4<br />

août 1877)<br />

• Charles-Marie, comte de Bryas (3 octobre 1820- Cannes 16 février 1879),<br />

membre du Conseil général du Pas-de-Calais, membre de l’Assemblée<br />

législative en 1849 qui épousa le 29 juin 1847, Zéphyrine fille du marquis<br />

Léonce-Louis de Vogüe et de N. Mahault d’Arnouville.<br />

• Eugénie-Charlotte-Léonie-Marie (28 octobre 1824- ?) qui épousa le 28 août<br />

1843, le comte Charles d’Oultremont de Wégimont et de Warfuzée (Ayeneux<br />

16 novembre 1819-Châtelet 9 juillet 1874).<br />

Alexandre de Bryas était très fortuné. En 1806, il payait 10.000 francs d’impôts<br />

dans le département de la Dyle. En 1820, on lui attribuait 100.000 francs de<br />

101


entes en faisant remarquer que l’éloignement de ses propriétés lui coûtaient<br />

15.000 francs par an.<br />

A.N., AF/IV/1426 ; S.H.A.T. Vincennes, dossier 2Yc ; Annuaire de la Noblesse<br />

de Belgique, 1852, p. 116-130 et 1881, p. 53-57 ; Etat présent de la Noblesse<br />

belge1985, p. 298 ; Biographie Nationale, t. III, col. 142-143, notice A. ROBAULX<br />

de SOUMOY ; A. ROBERT-E.BOURLOTON-G. COUGNY, Dictionnaire des<br />

Parlementaires français 1789-1889, t. I, p. 522-523.<br />

BUCHET Martin-Joseph (Montsaxonet-Savoie-10 novembre 1760-Bruxelles<br />

24 novembre 1830).<br />

On ne connaît que peu de choses sur sa famille, tout au plus le nom de ses parents,<br />

Joseph Buchet et Marie-Donate Gouinet. De même, ignore-t-on les circonstances<br />

qui amenèrent ce jeune savoyard à venir étudier le droit à l’Université de Louvain<br />

à la fin des années 1770, où il obtint sa licence ès lois puis un doctorat utriusque<br />

juris. Distingué par ses qualités, il devint alors répétiteur, puis professeur de<br />

droit au sein de la prestigieuse université. La suppression de celle-ci en 1797 mit<br />

brutalement fin à une carrière qui semblait toute tracée. Pour survivre, il s’établit<br />

comme défenseur officieux à Louvain et sa qualité d’officier municipal de la ville<br />

de l’an IV à l’an VIII l’aidèrent certainement à se constituer une clientèle.<br />

La réforme judiciaire de l’an VIII en fit un juge suppléant près du nouveau<br />

tribunal de première instance de Louvain (17 messidor-6 juillet 1800), mais<br />

Martin Buchet ne resta pas longtemps dans cette antichambre de la magistrature.<br />

La mise en place des nouvelles juridictions fut difficile : un nombre important<br />

de juges refusèrent leur désignation doutant de la stabilité du régime ou plus<br />

prosaïquement dédaignant l’insuffisance des traitements, il fallut donc compléter<br />

les cadres au plus vite. En vendémiaire an IX, Martin Buchet se vit proposer<br />

une place de juge effectif à Nivelles. Il accepta et quelques semaines plus tard,<br />

le 26 brumaire (17 novembre 1800), il se retrouva président du tribunal du 3 e<br />

arrondissement du département.<br />

Dans ses fonctions, ses qualités de juriste firent merveille ; le commissaire du<br />

Gouvernement près le Tribunal d’appel écrivait à son propos : « Lui seul valait<br />

un tribunal tout entier grâce à ses connaissances des lois », mais Martin Buchet,<br />

au bout de quelques années, se sentit à l’étroit dans ce tribunal de province où de<br />

surcroît, il était mal payé. Il parla de démission à défaut de retour à Bruxelles. Il<br />

fut entendu et le 15 mai 1806, il fut désigné comme procureur impérial à Bruxelles<br />

à titre temporaire, puis le 27 juillet 1807, il devint substitut du procureur général<br />

impérial près la Cour. A cette occasion, le procureur général estimait que Martin<br />

Buchet avait « … une excellente judiciaire, de fort bonnes connaissances, des<br />

mœurs pures, un caractère franc et honnête qui lui ont concilié l’estime de ses<br />

collègues et du public joints à un attachement prononcé pour le Gouvernement ».<br />

102


La mise en vigueur de la loi du 20 avril 1810, qui entraîna un profond<br />

bouleversement au sein des tribunaux, vit Martin Buchet passer du parquet au<br />

siège : le 30 avril 1811, il fut nommé conseiller à la Cour impériale de Bruxelles<br />

sur la proposition du procureur général. En effet, celui-ci justifiait son point<br />

de vue en ces termes : « Magistrat distingué et très éclairé ayant la poitrine et<br />

l’élocution trop faibles pour parler en public, il préférerait la place de conseiller<br />

à celle d’avocat général ».<br />

Comme pour tous ses collègues, la chute de Napoléon et la mise en place du<br />

royaume des Pays-Bas en 1815, ne se remarqua que dans la titulature. La cour<br />

impériale devint Cour Supérieure de Justice et Martin Buchet y poursuivit sa<br />

carrière de conseiller.<br />

Malheureusement, il fut appelé à siéger dans le second procès intenté au journaliste<br />

de l’opposition, Louis de Potter, qui fut condamné à huit ans de bannissement le<br />

30 avril 1830.<br />

Après les journées de septembre, un des premiers actes du Gouvernement<br />

Provisoire fut de suspendre tous les magistrats qui avaient été mêlés aux procès<br />

politiques qui avaient marqué les dernières années du règne de Guillaume I er .<br />

Martin Buchet ne figura plus parmi les conseillers de la Cour supérieure renommés<br />

par arrêté du 10 octobre 1830. Il mourut quelques semaines plus tard.<br />

Martin Buchet avait épousé Marie-Julie Michiels (Tirlemont ca. 1752-Bruxelles<br />

29.08.1850), fille de Joseph-Henri Michiels et de Henriette Immens. Le couple<br />

n’eut pas d’enfant.<br />

Martin Buchet n’avait aucune fortune et ne vivait que de son traitement. Il occupait<br />

un appartement rue Ducale à Bruxelles et n’avait qu’une servante à son service.<br />

A.N., BB/5/273, BB/5/274, BB/6/12 et 13 ; Archives de la ville de Bruxelles,<br />

recensement de 1826.<br />

CHASTEL Denis-Pierre-Dominique, du, écuyer (Haarlem-Pays-Bas- 16 juillet<br />

1748-La Haye 25 septembre 1833).<br />

La famille du Chastel est de vieille noblesse picarde.<br />

Le père de Dominique, Denis-Jean-Joseph, comte du Chastel de la Howarderie<br />

et du Saint-Empire romain (La Howardries ca 1705-Breda-Pays-Bas-6 octobre<br />

1749) fut le fondateur de la branche cadette de la famille, qui s’établit en Hollande.<br />

Ce militaire commença sa carrière comme volontaire dans le régiment du colonel<br />

Vander Duym, puis servit comme cornette au régiment de Birkfeld. Il combattit à<br />

Fontenoy le 11 mai 1745 et à Rocourt près de Liège, le 11 octobre 1746.<br />

103


Dominique était son sixième enfant et le fils aîné de son troisième mariage<br />

contracté à l’église wallonne de Breda avec Ernestine-Christine Lefébure, veuve<br />

Desmarets.<br />

Il suivit l’exemple paternel en s’engageant dans la carrière des armes. Entré en<br />

1767, comme sous-lieutenant au régiment de la Mare au service de France, il<br />

fit deux campagnes en Corse avec cette unité. Lors de la création du régiment<br />

de Nassau-Siegen, levé par le prince Louis de Nassau, il devint aide de camp<br />

de celui-ci et fit l’expédition de l’île de Jersey. Il servit ensuite au régiment de<br />

cavalerie Royal Allemand où il était lieutenant en premier en 1787 et capitaine<br />

en 1790.<br />

Quand le Congrès des Etats-Belgiques Unis leva des troupes, il s’engagea à<br />

son service avec le grade de colonel d’un régiment de dragons recruté dans le<br />

Hainaut et commanda l’aile droite de l’armée des Etats. Lors de la restauration<br />

autrichienne, il s’exila en Angleterre et ne revint en France qu’après la bataille<br />

de Fleurus.<br />

Suivant une tradition rapportée par le comte Paul du Chastel de la Howardries<br />

dans sa généalogie familiale, il aurait été arrêté comme aristocrate, incarcéré à<br />

Valenciennes et n’aurait échappé à un sort funeste sans l’assistance de la fille du<br />

geôlier de la prison, Marie-Jeanne Péchaubès, qui s’enfuit avec lui et qu’il épousa<br />

quelques années plus tard, mais ces péripéties sont peut-être trop romantiques<br />

pour refléter la réalité.<br />

En l’an IV, rallié au nouveau régime, Dominique Duchastel, comme il se faisait<br />

désormais appeler, devint agent national à Assche (près de Bruxelles), ensuite<br />

commissaire du Directoire près les administrations municipales de Brainel’Alleud,<br />

Tirlemont, puis Louvain.<br />

Lors de la réforme consulaire, le sénateur Lambrechts, qui considérait qu’il<br />

s’était acquitté de : « … ses fonctions avec zèle et exactitude, ayant l’estime de<br />

ses concitoyens » le recommanda pour la sous-préfecture de Louvain. Il obtint ce<br />

poste et exerça ces fonctions jusqu’au début de 1810.<br />

A cette époque, le préfet de la Dyle, La Tour du Pin, estimant que l’âge avait<br />

diminué les capacités de Dominique Duchastel, proposa au ministre de l’Intérieur<br />

sa révocation et son remplacement. Une nouvelle fois, Lambrechts intervint<br />

en sa faveur, rappelant les services qu’il avait rendus comme commissaire du<br />

Directoire : « L’un des plus exacts et des plus honnêtes, sans avoir un talent<br />

supérieur, il administrait fort bien parce qu’il y mettait beaucoup d’application.<br />

Si aujourd’hui, l’âge et les infirmités l’on rendu moins propre au travail, personne<br />

n’a plus de titre à une retraite qu’un vieillard estimable chargé d’une femme et de<br />

plusieurs enfants ».<br />

Lambrechts proposait que dans ces conditions, on lui confiât la direction du Mont<br />

de Piété, à Bruxelles. Finalement, Dominique Duchastel fut remplacé par Sterckx<br />

104


* comme sous-préfet de Louvain et occupa la place de celui- ci au sein du conseil<br />

de préfecture du département de la Dyle.<br />

En 1815, Dominique Duchastel fut nommé administrateur de la Loterie royale<br />

à Bruxelles, fonction qu’il exerça jusqu’en 1828, quand il demanda sa retraite.<br />

Après les événements de 1830, il se retira à La Haye auprès d’un de ses fils où il<br />

mourut en 1833, âgé de 80 ans.<br />

Cet homme, à la destinée aventureuse n’était pas dépourvu de curiosité<br />

intellectuelle puisque en 1776, il publia à Liège, un ouvrage de mécanique<br />

intitulé : L’Ame de l’Univers ou le Mouvement.<br />

Dominique Duchastel s’était marié en 1775, avec Hégésippe de Percy d’Herville<br />

(Beaumont- en- Auge-Calvados-7 avril 1758- Nandrin 1798) fille de Philippe<br />

Roland de Percy, seigneur d’Herville et de Marie-Anne de Lannoy. Deux enfants<br />

naquirent de cette union :<br />

Pierre-Dominique-Hégésippe-Marie (Liège 7 avril 1776-La Haye 17 juillet<br />

1839), écuyer, officier au service d’Autriche, puis des Pays-Bas termina sa<br />

carrière comme général major de cavalerie et Grand Veneur des Pays-Bas. Il avait<br />

épousé le 18 septembre 1806, à Milotiz (Moravie), Caroline-Frédérique-Xavière<br />

Walburge, comtesse von Roggendorf von Möllenbürg (Wienensch-Neustadt<br />

26 octobre 1779-Rome 5 mars 1869), fille d’Ernest, comte von Roggendorf,<br />

chambellan de l’empereur d’Autriche et de Wilhelme Frederici von Griwald.<br />

• Eugène (Liège 31 décembre 1777-Louvain 21 août 1849), écuyer, receveur<br />

des contributions directes à Louvain, avait épousé en cette ville, le 2 février<br />

1815, Marie-Thérèse de Cock (Bruxelles 6 octobre 1790-Louvain 25 mars<br />

1875) fille de Marie-Joseph de Cock et de Anne-Marie-Charlotte de Vivario.<br />

• Dominique Duchastel épousa en secondes noces, à Louvain, le 20 thermidor<br />

an VIII (8 août 1800), quelques jours avant la naissance du troisième enfant<br />

du couple, Marie-Jeanne-Josèphe Péchaubès (Valenciennes 9 juillet 1768-<br />

La Haye 13 décembre 1847), fille de Jean-Jacques Péchaubès et de Marie-<br />

Josèphe d’Hecq. De cette union, naquirent plusieurs enfants dont parvinrent<br />

à l’âge adulte :<br />

Marie-Jeanne-Thérèse (Dinant 1 er novembre 1795-Ypres 6 octobre 1867) sans<br />

alliance.<br />

• Dominique-Charles né à Braine-l’Alleud le 2 juin 1796 et décédé en bas âge.<br />

• Jeanne-Marie (Tirlemont 28 ventôse an VI-18 mars 1798-Ixelles 15 avril<br />

1861) sans alliance.<br />

• Eugène-Henri-Fortuné (Louvain 3 fructidor an VIII-22 août 1800-Ixelles 12<br />

105


janvier 1867) contrôleur de la Loterie royale sous Guillaume I er , capitaine de<br />

la Garde communale de Bruxelles, capitaine adjoint au commandement du<br />

quartier général du prince d’Orange à Bruxelles en 1830, puis attaché à l’étatmajor<br />

du prince Frédéric des Pays-Bas. Il fut chevalier du Lion néerlandais<br />

et commandeur de la Couronne de chêne. A la fin de sa vie, il publia sous le<br />

nom de E. H. F. de Cavanes deux ouvrages historiques : Esquisses historiques<br />

des troubles des Pays-Bas au XVI e siècle, Bruxelles, 1865 et Les Malcontents<br />

des provinces wallonnes, Bruxelles, 1867. Il avait épousé le 3 mai 1849, à<br />

La Haye, Gertrude-Henriette-Jeanne Haringman, fille d’Henri Haringman,<br />

officier aux Gardes du Stadhouder Guillaume V et d’Adrienne t’Sertevens.<br />

• Marie-Jeanne-Thérèse-Pauline ( ? -La Haye 24 juillet 1849) dame d’honneur<br />

de la reine des Pays-Bas, épouse du roi Guillaume II.<br />

Dominique Duchastel n’avait aucune fortune et vécut modestement des gages de<br />

ses emplois successifs, car il lui fallut élever plusieurs enfants et pourvoir aux<br />

besoins de sa seconde épouse devenue aveugle peu d’années après son mariage.<br />

A.N., F/1bI/157/19, F/1bI/Dyle/3 ; A.G.R., Préfecture de la Dyle, p° 865,<br />

Gouvernement provincial du Brabant provincial du Brabant, A, n°7 ; Cte P. du<br />

CHASTEL de la HOWARDRIES, Généalogie de la Famille de la Howardries<br />

(1200-1872), 1872, p. 134-138; Etat présent de la Noblesse belge, 1984, p. 148-<br />

163.<br />

C<strong>LA</strong>ES Jean-Baptiste (Lembeek 23 octobre 1748-Lembeek 11 septembre<br />

1822).<br />

Jean-Baptiste Claes appartenait à cette aristocratie de fermiers qui fondaient leur<br />

influence sociale sur leur puissance économique et leurs qualités de représentants<br />

des seigneurs locaux.<br />

C’était le fils aîné de Philippe Claes (Lembeek 18 avril 1716-Lembeek 23 janvier<br />

1784) et de Pétronille Limbourg (Tollenbeek ca. 1717-Lembeek 16 mars 1770).<br />

Son père était un homme entreprenant, qui avait développé la distillerie de<br />

genièvre familiale, et exercé parallèlement, l’engraissement du bétail avec les<br />

sous-produits de la distillerie. Il pratiquait aussi le négoce et exploitait un moulin<br />

à huile.<br />

Echevin, puis maire de la ville et franchise de Lembeek, il avait exercé cette charge<br />

depuis 1749, jusqu’à son décès, concurremment à celle de maire et receveur de la<br />

seigneurie de Jéricho (1789-1783) et de bailli de la seigneurie d’Ottignies (1753-<br />

1764).<br />

Jean-Baptiste Claes fut à la fois agriculteur et distillateur et fit prospérer les<br />

106


affaires familiales en telle sorte qu’en 1814, il était à la tête de quatre distilleries<br />

de genièvre qui produisaient 148.547 litres d’alcool sur une période de six mois.<br />

Dans « l’Etat des plus riches propriétaires du département de la Dyle » établi<br />

par le préfet, celui-ci écrivait à son propos : « Claes est sans doute le plus riche<br />

cultivateur et distillateur de Belgique. Il n’est point fanatique et dès lors, il<br />

devrait voir avec plaisir la Révolution qui nivelait les castes et les rangs. Sa<br />

fortune en terres patrimoniales et nationales et les rentes multipliées sur une<br />

grande quantité de petits cultivateurs lui donnent beaucoup d’influence sur tous<br />

les habitants des campagnes de son arrondissement ».<br />

Sous le Directoire, il fut choisi comme électeur pour le canton de Hal, lors des<br />

élections de germinal an V.<br />

Désigné comme maire de Lembeek en prairial an VIII, il refusa cette charge,<br />

mais il accepta la place de conseiller municipal en 1803, puis devint maire le 10<br />

mai 1808. Présenté comme candidat au Conseil général du département le 21<br />

décembre 1810, il fut nommé à ces fonctions le 11 juillet 1811.<br />

Sous Guillaume I er , il fut désigné comme échevin de la commune de Lembeek le<br />

22 février 1818 et le resta jusqu’à son décès. Jean-Baptiste Claes fut également<br />

membre de la fabrique d’église de Lembeek dès la création de celle-ci et il en<br />

assuma la présidence de 1820 à 1822.<br />

Il avait épousé à Bruxelles, le 17 novembre 1786, Isabelle-Thérèse-Alexandrine<br />

De Cock (Bruxelles 15 juin 1766-Bruxelles 15 mars 1854) qui était la fille de<br />

Jean-Baptiste-Benoît De Cock (Bruxelles 27 mai 1722-Bruxelles 13 thermidor<br />

an VI- 31 juillet 1798), doyen des bateliers de la ville et d’Isabelle-Françoise<br />

Aerts.<br />

C’était une fille fortunée qui hérita de ses parents une belle maison au Quai au<br />

Bois de construction où elle se retira après la mort de son mari. Le couple eut<br />

quatre enfants :<br />

Charles-François (Lembeek 15 septembre 1787-Lembeek 23 janvier 1847). Son<br />

père lui vendit l’usine familiale le 12 juillet 1817 qu’il transforma en entreprise<br />

industrielle en y introduisant la machine à vapeur. Il exploita également<br />

à Lembeek, une raffinerie de sucre de betteraves et en 1836, fut parmi les<br />

fondateurs avec son beau-frère Henri Meeûs, de la S.A. Raffinerie Nationale de<br />

Sucre indigène et exotique. Il réserva certains avantages sociaux à ses ouvriers<br />

et fut aussi le promoteur de l’enseignement communal à Lembeek. Il épousa<br />

à Lembeek, le 5 août 1813, Marie-Anne-Pétronille Walravens (Bruxelles 4<br />

décembre 1787-Lembeek 3 juin 1864), fille de Philippe-Jacques et de Jeanne-<br />

Benoîte De Cock. Membre de la Chambre de Commerce de Bruxelles, éligible<br />

au Sénat, il payait en 1841, 5.600 francs d’impôts pour ses propriétés à Lembeek.<br />

107


• Jean-Baptiste-Benoît (Lembeek 26 juin 1789- 11 septembre 1822), sans<br />

alliance.<br />

• François-Alexandre (Lembeek 4 septembre 1791-Gand 4 juin 1845) qui<br />

épousa le 27 août 1816, à Gand, Adélaïde-Charlotte De Cock (Gand 11<br />

messidor an VI- 29 juin 1798-Gand 21 novembre 1853), sa petite cousine.<br />

C’était la fille de Joseph De Cock, juge au Tribunal de Commerce de Gand<br />

et vice-président de la Chambre de Commerce, et de Liévine-Françoise<br />

Speelman.<br />

• D’abord négociant à Gand, il devint fabricant d’acide sulfurique dans cette<br />

ville, puis s’intéressa à l’industrie du coton. Il fut co-fondateur de la Société<br />

industrielle de Gand (en 1829), administrateur de la Société linière de la Lys<br />

(1830), président de la Société pour l’industrie du coton à Gand (1834), et<br />

membre de la Chambre de Commerce de Gand (1845). Conseiller communal<br />

de Gand (1830-1845), il fut sénateur libéral pour l’arrondissement de Gand<br />

de 1843 à 1845. Il était éligible au Sénat et payait 3.518 francs d’impôts en<br />

1833, pour ses propriétés de Gand et de Baisy-Thy (arr. de Nivelles).<br />

Henriette-Françoise (Lembeek 12 février 1796-Bruxelles 19 juin 1817) qui<br />

épousa à Bruxelles le 31 juin 1816, Henri-Joseph-Louis Meeûs *.<br />

Jean-Baptiste Claes était un homme très riche. Il était très estimé, car charitable,<br />

bon époux et bon père et selon l’intendant du département de la Dyle, il avait<br />

conservé beaucoup de simplicité. En 1810, le préfet notait que « … en sa double<br />

qualité de cultivateur et de distillateur, une partie de sa fortune consiste dans les<br />

fonds qu’il a dans ses établissements sans qu’on puisse évaluer le revenu annuel<br />

qu’il en tire ». Il figurait sur la liste des plus riches propriétaires du département<br />

en 1812 avec 65.000 francs de revenus. Ceux-ci étaient estimés à 60.000 francs<br />

annuels en 1815.<br />

Il avait acquis des biens nationaux essentiellement sous le Directoire, et notamment<br />

la maison conventuelle de l’hôpital de Lembeek et la ferme de Gémioncourt à<br />

Baisy-Thy avec 131 hectares de terres appartenant à l’abbaye de Villers-la-Ville.<br />

Il payait 4.000 francs d’impôts en 1806, et lors du partage de sa succession en<br />

1824, ses deux fils survivants, Charles-François et François-Alexandre, se virent<br />

attribuer chacun à peu près 600 hectares de terres. Ces éléments ne tenaient pas<br />

compte de l’héritage de la mère encore vivante à l’époque.<br />

A.N., AF/IV/1052, Etat des plus riches propriétaires du département de la Dyle,<br />

F/1bII/Dyle/3, F/1cIII/Dyle/1 et 2 ; A.G.R., Préfecture de la Dyle, P° 1746,<br />

Notariat du Brabant Brabant, n° 36.610, notaire Van Den Elschen 1817 acte n°<br />

157, n° 36.617, notaire Van Den Elschen, acte n° ; R. <strong>DE</strong>JONGHE et cts. « De<br />

Familie Claes, van landbouwers tot industrieelen en groot grondbezitters « ,<br />

Hallensia, 9 e année, n° 4, octobre-décembre 1987; Index des Eligibles au Sénat,<br />

p. 41-42 ; Le Parlement belge, p. 63-64 ; N.J. STEVENS, Recueil généalogique de<br />

108


la famille De Cock, comprenant sa parenté directe et collatérale et ses alliances,<br />

1855, Supplément, 1858.<br />

COLINS de HAM François-Joseph-Philippe-Léopold, comte de, (Bruges 18<br />

juin 1754-Bruxelles 12 décembre 1827).<br />

La famille Colins de Ham était une pépinière de militaires au service de l’Autriche<br />

et de l’Espagne.<br />

Le grand-père Charles-Ignace Colins (1687-1748), seigneur de la vicomté de<br />

Ham, prit part à la bataille de Malplaquet. Le père de Léopold, Antoine-Charles-<br />

François Colins, seigneur de la vicomté de Ham, était capitaine au régiment de<br />

Ligne et fut tué à la bataille de Goërlitz, pendant la guerre de Sept Ans (Bruxelles-<br />

Finistère 12 décembre 1721-Goërlitz 7 septembre 1757). Il avait épousé à Namur,<br />

le 12 novembre 1749, une de ses parentes, Marie-Françoise Colins (Tarciennes 24<br />

avril 1719-? décembre 1756), fille de Pierre-Albert colins seigneur de Termeere.<br />

Un oncle de Léopold, Jean-Guillaume (1729-1799) Colins, fit également une<br />

carrière militaire et fut pensionné comme colonel après s’être illustré aux batailles<br />

de Goërlitz et de Adelsbach. Il avait été créé baron en 1777, et fut Grand bailli du<br />

Brabant wallon, chambellan de l’Empereur (1769-1792) et capitaine en second<br />

des hallebardiers à la Cour de Bruxelles (1792). Cet officier eut notamment un fils<br />

naturel, Jean-Guillaume-César-Alexandre-Hippolyte (Bruxelles, 23 décembre<br />

1783-Montrouge 12 novembre 1859), qui, après avoir servi dans la Grande<br />

Armée, devint un des précurseurs de la philosophie socialiste.<br />

La carrière de Léopold Colins de Ham fut plus terne et plus paisible. Membre des<br />

Etats de Hainaut avant 1792, il vécut de ses rentes dans son château de Bierghes.<br />

Maire de ce village sous l’Empire, il fut nommé membre du Conseil général du<br />

département de la Dyle le 1 er mars 1811. Il avait été élu au collège électoral du<br />

département de la Dyle, dès l’an XI, et fut proposé comme candidat au Corps<br />

législatif en l’an XIII.<br />

En 1815, l’intendant du département de la Dyle le décrivait comme un homme<br />

doux, aimant la retraite et la lecture, et très attaché au Gouvernement français.<br />

Guillaume I er lui reconnut le titre de vicomte le 5 mars 1816, et le 16 décembre<br />

1825, il fut autorisé à porter le titre de comte détenu par une branche cadette de<br />

la famille, qui venait de s’éteindre.<br />

Léopold Colins de Ham siégea à la Seconde Chambre des Etats Généraux (1815-<br />

1818) et fit partie du Corps Equestre de la province du Hainaut (1817-1821). Le<br />

roi des Pays-Bas en fit aussi un de ses chambellans en 1818.<br />

Il s’était marié en dehors de son milieu aristocratique en épousant le 13 avril 1789,<br />

à Enghien, Anne-Catherine Parmentier (Enghien, 11 juin 1767- Bruxelles-Saint-<br />

109


Josse-Ten-Noode, 12 janvier 1840). C’était la fille d’André-Joseph Parmentier<br />

(Tubize 22 novembre 1738-Enghien 11 juillet 1796), avocat au Conseil de Brabant,<br />

bailli de Tubize et de Oisquercq, maître de la poste de Tubize et de Marie-Jeanne-<br />

Michelle Horlait (Tubize 29 septembre 1748-Enghien 25 mars 1819).<br />

De cette union, naquirent trois enfants dont deux arrivèrent à l’âge adulte :<br />

Adélaïde-Albertine-Inès (Enghien, 14 février 1792, Schaerbeek 7 janvier 1871)<br />

qui épousa Théodore-Nicolas-Léonard Van de Velde (Bruxelles 1791-Bruxelles<br />

1844), fils de Léonard Van de Velde*, sans postérité.<br />

• Charles-Albert-Léopold (Bierghes 18.07.1793-?)<br />

Les renseignements concernant sa fortune sont contradictoires. D’après<br />

l’administration préfectorale, il aurait bénéficié de 24.000 francs de rentes en<br />

l’an XIII, et de 20.000 francs en 1810. Lui-même déclarait jouir de 15 à 18.000<br />

francs de rentes en 1811.<br />

A.N., F/1bII/Dyle/3, F/1cIII/Dyle/1,2,3 ; A.G.R., Préfecture de la Dyle, P° 1747 ;<br />

Annuaire de la Noblesse de Belgique, 1842, p. 140-144 ; F. BETERAMS, The<br />

High Society…, p. 3 ; Etat présent de la noblesse, 1986, p. 289-290 ; R. GOFFIN,<br />

Généalogies Enghiennoises, Château de Grandmetz, 1969, t. VI, p. 51-52.<br />

CORNET de GREZ Gommaire-Antoine-Ignace, comte d’Elzius, baron de<br />

Tourneppe (Mons-Saint-Germain- 22 octobre 1735-Bois-Seigneur-Isaac 28<br />

août 1811).<br />

Gommaire Cornet de Grez appartenait à la noblesse de robe hennuyère.<br />

Le début de l’ascension sociale de sa famille remontait à son grand-père, François<br />

Cornet (1670-1739). Ce fils de propriétaire foncier de Merbes-le-Château avait<br />

obtenu une licence ès lois à l’Université de Louvain, puis un office de secrétaire<br />

au Conseil privé, avant de devenir membre du Conseil de Hainaut.<br />

Son mariage en 1697, avec Marie-Thérèse (1671-1747), fille de Sigebert d’Elzius,<br />

secrétaire du Conseil Privé, favorisa certainement sa carrière, d’autant que son<br />

beau-frère, Léonard d’Elzius devint membre du Conseil Suprême à Madrid,<br />

chancelier de l’Ordre de la Toison d’Or, avant d’être élevé au rang de comte, titre<br />

expressément transmissible aux enfants de François Cornet. Ce dernier avait été<br />

créé lui-même chevalier par Charles IV, le 20 août 1724.<br />

Léonard-François-Charles (1697-1783) fils de François Cornet fut échevin du<br />

magistrat de Mons et se maria dans le milieu de la robe. Il épousa en premières<br />

noces, Louise Hannecart de Brifoeil, fille d’un président au Parlement de Douai<br />

et en secondes noces, Anne-Rose Daneau de Thimougies, fille d’un membre du<br />

110


Conseil souverain de Hainaut dont il eut onze enfants.<br />

Gommaire était son deuxième fils. L’aîné Marie-Vincent devint receveur général<br />

des Etats de Hainaut, un autre frère Jean-Baptiste fut conseiller pensionnaire de<br />

la ville de Tournai, un autre encore, Gabriel siégea au sein du Conseil souverain<br />

de Hainaut, puis en 1811, à la Cour impériale de Bruxelles.<br />

Gommaire Cornet reçut en partage la seigneurie de Grez et fit une brillante<br />

carrière administrative sous l’Ancien Régime.<br />

Immatriculé à l’Université de Louvain, le 20 janvier 1753, à la pédagogie du<br />

Château, il sortit 2 e sur 108 un an plus tard, et fut licencié utriusque juris en 1758.<br />

La même année, il fut reçu avocat au Grand Conseil de Malines (21 avril) et<br />

obtint la charge de pensionnaire des Etats de Tournai-Tournaisis.<br />

Le 13 octobre 1764, il devint auditeur à la Chambre des Comptes et fut délégué à<br />

la Jointe des administrations, département nouvellement créé en vue d’assurer la<br />

surveillance du Gouvernement provincial du Brabant général sur la comptabilité<br />

des provinces et des villes.<br />

Quatre ans plus tard, l’impératrice Marie-Thérèse le nommait conseiller<br />

surnuméraire au Conseil des Finances (14 septembre 1768) aux gages de 4.000<br />

florins. Affecté au département des Aides et subsides, il conserva toutefois sa<br />

charge de rapporteur à la Jointe des administrations. L’année suivante, ses gages<br />

furent alignés sur ceux d’un conseiller ordinaire.<br />

S’il jouissait ainsi de la faveur impériale, le gouverneur général des Pays-Bas,<br />

Charles de Lorraine se méfiait de lui. Il le considérait comme : « … homme à<br />

projet, violent, avec un air doux, mais dangereux et faux. Il a cependant gagné<br />

la confiance et l’amitié du Trésorier général…Il a l’air assez prévénant et ne<br />

manque pas d’esprit, il travaille et écrit passablement, mais c’est un homme faux,<br />

vindicatif, très emporté, peu modéré dans ce qu’il écrit ». Cette opinion négative<br />

formulée en 1770, ne fit pas obstacle à la carrière de Gommaire Cornet.<br />

Désigné comme juge aux deux Chambres suprêmes des Douanes le 20 janvier<br />

1773, il devint aussi membre du Comité de liquidation des biens jésuitiques (1773-<br />

1776). L’année suivante, le 20 octobre, il reçut les toutes nouvelles fonctions de<br />

commissaire général pour l’intendance de l’armée, tout en continuant à siéger au<br />

Conseil des Finances.<br />

En 1786, Gommaire Cornet parvint au plus haut niveau dans les allées du pouvoir,<br />

car il fut porté à la présidence des Commissions des affaires ecclésiastiques et de<br />

bienfaisance, maillons essentiels de la réorganisation administrative en gestation.<br />

Mais la roche tarpéenne étant proche du Capitole, quelques mois plus tard, sans<br />

que l’on en connaisse précisément les motifs, Joseph II lui ôta ces importantes<br />

111


fonctions et le nomma, peut-être à titre de compensation, conseiller d’Etat à pleins<br />

gages de 7.000 florins. Le 30 avril 1787, il obtint la direction d’un département<br />

du Conseil de Gouvernement.<br />

L’année 1787 fut celle de la mise en place des intendances et des nouveaux<br />

tribunaux dans le cadre de la réforme judiciaire et administrative voulue par<br />

Joseph II. Dès le mois de mai, devant les protestations, les gouverneurs généraux<br />

Albert de Saxe-Teschen et Marie-Christine suspendirent, puis quelques mois plus<br />

tard, supprimèrent les nouvelles institutions.<br />

Appelé à justifier au sein du Conseil de Gouvernement, les abdications successives<br />

de l’autorité devant les mécontents, Gommaire Cornet de Grez prit le parti des<br />

contestataires et conclut à la justification de leur comportement.<br />

Depuis quelques semaines, Joseph II se méfiait de plus en plus de lui ; en juillet,<br />

il écrivait déjà : « M. de Grez qui, par esprit de vengeance et de jalousie de s’être<br />

vu préférer M. le Clerc, avait joué le double rôle d’un fripon de première classe,<br />

en s’entendant avec les états auxquels il rapportait ce qui se disait et se décidait<br />

dans les jointes ainsi que dans le conseil, et leur suggérait le langage violent, et<br />

les prétentions nouvelles à faire vis-à-vis du gouvernement, en proportion de la<br />

frayeur que ce même langage opérait sur l’esprit des membres du Gouvernement<br />

provincial du Brabant « .<br />

Après son rapport au Conseil du Gouvernement, Gommaire Cornet fut révoqué<br />

le 15 octobre. Sa carrière au sein de l’administration autrichienne fut désormais<br />

terminée.<br />

Il passa les années 1788-1789 à Douai où il possèdait du bien.<br />

En 1790, après le succès de la révolte dans les Pays-Bas, il réapparut sur la scène<br />

politique. En février, à la demande des Etats de Flandre, il vint à Gand proposer<br />

un plan de Gouvernement provincial du Brabant et d’administration provinciale<br />

conciliant : « … les principes généraux du droit naturel avec les usages particuliers<br />

anciennement établis « notamment, en introduisant très timidement, une forme<br />

de scrutin censitaire pour désigner certains membres des magistrats communaux.<br />

Encouragé par l’intérêt réservé à ses idées à Gand, Gommaire Cornet vint à<br />

Bruxelles les développer devant les Etats Généraux. Il se heurta cette fois, au<br />

conservatisme des Statistes, et après quelques entrevues avec les chefs du parti<br />

démocratique Vonck et Verlooy, il reprit le chemin de la France.<br />

Le 31 mai 1790, Gommaire Cornet de Grez, qui ne désespérait pas de réconcilier<br />

conservateurs et démocrates, réunit dans sa maison de Douai, des représentants<br />

des Etats et les principaux dirigeants vonckistes en présence de La Fayette.<br />

L’intransigeance des partisans de Van der Noot fit une nouvelle fois échouer le<br />

projet.<br />

112


Après la restauration autrichienne de 1791, Gommaire Cornet demeura à Douai.<br />

La victoire de Dumouriez à Jemappes, le 6 novembre 1792, fit ressuciter les<br />

espoirs des démocrates vonckistes d’autant qu’après les premières semaines de<br />

la conquête, le général français encouragea la création d’une république belge<br />

indépendante.<br />

Le 18 novembre, on procéda à l’élection des représentants provisoires de la ville<br />

de Bruxelles. Gommaire Cornet fut choisi parmi les premiers et figura parmi<br />

ceux « …considérés comme des hommes de premier mérite, déjà connus par leurs<br />

lumières et leur amour de la liberté, qui tous ont été la victime du despotisme des<br />

Autrichiens ou des Etats ». A l’invitation de ses amis vonckistes, il revint donc à<br />

Bruxelles.<br />

Mais le décret du 15 décembre 1792 abolissant l’Ancien Régime de Belgique et<br />

organisant des élections dans tout le pays, indigna Gommaire Cornet qui écrivit<br />

au ministre Lebrun : « Pouvais-je supposer qu’on voulait à tout prix, une réunion<br />

que mes notions politiques me montraient comme le signal d’une guerre à mort<br />

et générale avec toute l’Europe ? ».<br />

Il rentra sur le champ, à Douai où, quelques mois plus tard, soupçonné de<br />

complicité avec Dumouriez, il fut arrêté. Une attaque de goutte interrompit<br />

heureusement son transfert à Paris et le sauva de la guillotine.<br />

Après 1793, son rôle politique est terminé. Trois ans plus tard, il rentra en Belgique<br />

où il vécut dans la retraite, dans son château de Bois-Seigneur-Isaac. C’est ainsi<br />

qu’il refusa le 4 prairial an VIII (le 25 mai 1800), une place au sein du Conseil<br />

général du département de la Dyle qui lui était proposée.<br />

Gommaire Cornet de Grez épousa en premières noces, à Bruxelles, le 17 août<br />

1766, Hélène-Jeanne de Hemptinne (Bruxelles-Sainte-Catherine-16 janvier<br />

1743- Bruxelles-Sainte-Gudule-14 mai 1771). C’était la fille de Guillaume-<br />

François de Hemptinne, procureur général au Conseil de Brabant et de Barbe-<br />

Elisabeth Vreven. Le père de cette dernière, Gérard Vreven (Neerwinden 28<br />

janvier 1691-Tourneppe 21 juillet 1762) avait été nommé conseiller de Brabant<br />

le 28 juillet 1733.<br />

Trois enfants naquirent de cette union :<br />

Charles-Guillaume-Germain (Bruxelles-Sainte-Catherine-15 août 1767-mort en<br />

bas âge).<br />

• Rose-Guillelmine-Jeanne-Ghislaine (Bruxelles-Sainte-Catherine-22<br />

décembre 1768-?) qui épousa à Tournai, le 8 janvier 1793, Charles-François-<br />

113


Maximilien de le Vigne, seigneur de Deurwaerder, ancien conseiller au<br />

Parlement de Douai (Tournai 14 novembre 1748-Tournai 28 novembre 1814).<br />

• François-Marie-Gommaire-Ghislain (Bruxelles-Sainte-Catherine-28 avril<br />

1771-Bruxelles 28 mai 1827) qui épousa à Bruxelle-Finistère- le 26 janvier<br />

1796, Thérèse-Antoinette-Ghislaine de Beughem (Bruxelles-Finistère-18<br />

juillet 1775-Bruxelles 15 décembre 1847). Il fit partie du Conseil municipal<br />

de Bruxelles de l’an XI à 1808 et fut nommé au sein du Conseil général<br />

du département de la Dyle le 23 janvier 1811. Il fut député à la Seconde<br />

Chambre des Etats Généraux (1815-1825) et chambellan du roi Guillaume<br />

I er (1816-1821). Membre du Corps Equestre du Brabant méridional (1817-<br />

1827), il fut maire de Tourneppe où il résidait. On lui attribuait 30.000 francs<br />

de rentes en 1811.<br />

• En secondes noces, Gommaire Cornet de Grez se remaria à Mons-Sainte-<br />

Waudru- le 28 septembre 1778, avec sa cousine germaine, Agnès-Thérèse-<br />

Joseph Daneau (Mons-Saint-Germain-26 mars 1748-Dormael 9 juillet 1813)<br />

fille de François-Ignace-Dieudonné Daneau, seigneur de Thimougies, le frère<br />

de sa mère et de Marie-Hélène Belhomme. Le couple eut deux filles :<br />

Henriette-Aye (30 août 1784- Bruxelles 29 janvier 1815) sans alliance.<br />

• Joséphine-Françoise (Bruxelles-Sainte-Gudule-19 novembre 1785-Ophain-<br />

Bois-Seigneur 29 novembre 1839) qui épousa le 22 décembre 1810, Idesbalde-<br />

François-Ghislain, baron Snoy d’Oppuers (Malines 27 octobre 1777-Paris<br />

2 mars 1840), fils de Philippe-Ghislain Snoy d’Oppuers (Malines 18 juin<br />

1744-Malines 14 mars 1825) et de Marie-Françoise-Alexie van der Gracht<br />

(Tournai 6 juin 1752-Malines 28 janvier 1832). Philippe Snoy fut bourgmestre<br />

de Malines et membre de la loge malinoise « La Constante Fidélité » en<br />

1783. Idesbalde Snoy fut maire d’Oppuers sous l’Empire, chambellan du<br />

roi Guillaume I er (1826-1830), sénateur catholique pour l’arrondissement<br />

de Malines (1831-1840). Un de leurs enfants, Charles Snoy (Tamise 18 mai<br />

1823-Grasse-Var-19 février 1908) fut également sénateur catholique pour<br />

l’arrondissement de Nivelles (1859-1868 et 1870-1876). Un de leurs petitsfils,<br />

Georges Snoy (Paris 21 mars 1844-Braine-l’Alleud 29 novembre 1923)<br />

fut aussi sénateur pour le même parti et la même circonscription de 1884 à<br />

1911.<br />

Gommaire Cornet de Grez était un homme riche. En 1812, il figurait parmi les<br />

108 plus riches propriétaires du département de la Dyle avec 45.000 francs de<br />

revenus. Sa fortune était d’origine familiale avec des biens importants en France<br />

à Douai et en Belgique avec les châteaux et les terres de Bois-Seigneur-Isaac et<br />

de Tourneppe. Il avait aussi des biens dans la région de Tirlemont et une maison<br />

à Bruxelles estimée pro fisco à 12.500 francs. Il avait également investi dans<br />

l’exploitation charbonnière avec des intérêts dans les sociétés des Grand et Petit<br />

Buisson à Hornu, de la Plate Veine à Wasmes et dans le charbonnage d’Elouges<br />

114


dans la région de Mons.<br />

Sous l’Empire, il avait acquis 19 hectares de biens nationaux pour un montant de<br />

17.235 francs.<br />

A.N., AF/IV/1052, F/1 e /11.5 ; A.G.R., Enregistrement et Domaines, n° 276 et<br />

277, Manuscrits divers, n° 5173, Inventaire des archives de la famille Snoy ;<br />

Famille d’Anethan, relevé d’archives microfilmées, n° 504, 512-521, 528, 686,<br />

679, 697, 790, 831, 833 ; Biographie Nationale, t. XXIX, col. 488-491, notice<br />

J. <strong>LE</strong>FEVRE ; Cl. BRUNEEL, Les grands Commis…, p. 187-188 ; Annuaire<br />

de la Noblesse belge, 1888, p. 117 ; Etat présent de la Noblesse, 1987, p. 8 ; G.<br />

PREUD’HOMME, Inventaire des archives de la famille Cornet d’Elzius provenant<br />

du château Vilain XIIII à Maisières, n° 67, 418 et 422 ; P. VERHAEGEN, Le<br />

Conseiller d’Etat, Comte Cornet de Grez-1735-1811, 1934.<br />

CRUMPIPEN Joseph-Henri-Ambroise-Jean-Népomucène, de (Bruxelles- La<br />

Chapelle- 9 septembre 1737, Bruxelles 18 février 1809).<br />

La carrière de Joseph de Crumpipen fut celle d’un haut fonctionnaire du<br />

Gouvernement provincial du Brabant autrichien aux Pays-Bas. Son père, Jean-<br />

Henri de Crumpipen (Warburg, 10 mars 1693-Bruxelles 21 mai 1769) était déjà<br />

un personnage important de cette administration : secrétaire d’Etat et de guerre<br />

(1735) et conseiller d’Etat (1757). Sa mère Victoire de Capitolo ( ?- Bruxelles<br />

17 mai 1778) était la fille d’un maître écuyer à la Cour de Vienne, originaire du<br />

Piémont.<br />

Une sœur de Joseph de Crumpipen, Marie-Anne-Antoinette (8 mai 1744-Bruxelles<br />

23 mai 1802) épousa à Bruxelles-Saint-Jacques-le 8 septembre 1765, Pierre-Yves<br />

Versyden de Varick*. Une autre, Louise-Charlotte ( 11 février 1750-Bruxelles<br />

15 mars 1827) se maria à Bruxelles-Saint-Jacques-le 19 septembre 1775, avec<br />

François-Aurèle-Guidon, comte Helman de Termeere (Bruxelles 1 er octobre<br />

1749-Bruxelles 3 mai 1816), greffier du Conseil de Brabant, puis Grand bailli<br />

d’Alost.<br />

Joseph de Crumpipen fit ses études à l’Université de Louvain et fut diplômé<br />

dans les deux droits le 23 mai 1757. Il fut reçu avocat au Conseil de Brabant le 9<br />

juillet suivant. Ses qualités de juriste, son assiduité dans les prétoires et peut-être<br />

l’influence de son père lui firent obtenir le 7 juillet 1762, une seconde candidature<br />

comme membre du Conseil de Brabant alors qu’il n’avait pas encore 25 ans<br />

accomplis. Il fut nommé le surlendemain avec, faveur particulière, dispense de<br />

payer le droit de médianate.<br />

Ce fut le début d’une carrière exceptionnellement brillante : conseiller au Conseil<br />

privé (3 décembre 1764), chancelier du Conseil de Brabant (26 mai 1769),<br />

conseiller d’Etat (25 septembre 1770). Ces honneurs récompensaient un homme<br />

115


totalement acquis aux idées réformatrices de Cobenzl, ministre plénipotentiaire<br />

aux Pays-Bas de l’impératrice Marie-Thérèse et du comte de Neny, président du<br />

Conseil privé.<br />

Joseph de Crumpipen manifesta le même dévouement aux idées de Joseph II.<br />

Comme chancelier du Conseil de Brabant, il exerça une influence déterminante<br />

pour obtenir notamment, l’enregistrement de l’édit supprimant les couvents où<br />

n’était menée qu’une vie contemplative (17 mars 1783) et sa collaboration fut<br />

acquise au commissaire impérial Martini, chargé de la refonte complète de la<br />

justice aux Pays-Bas (1785-1786).<br />

Le 3 avril 1787, Joseph de Crumpipen fut récompensé de son zèle par sa<br />

nomination à la tête du Conseil Souverain de Justice, désormais autorité suprême<br />

en matière de justice civile et criminelle. L’agitation provoquée par cette réforme<br />

amena la suspension, puis le retrait de ces édits en septembre 1787. Les Etats de<br />

Brabant, à la tête de l’opposition, refusèrent dans un premier temps, de réintégrer<br />

Joseph de Crumpipen dans ses fonctions de chancelier du Conseil de Brabant, et<br />

il ne retrouva sa charge que le 8 novembre 1787.<br />

La position de Joseph de Crumpipen était devenue délicate, car son zèle dans<br />

l’application des réformes impériales l’avait rendu très impopulaire et cette perte<br />

de crédit paralysait son action. Cette situation l’amena à proposer sa démission le<br />

25 septembre 1788. Celle-ci fut refusée, mais quand un an plus tard, l’empereur<br />

Joseph II se décida à briser toute résistance en cassant le Conseil de Brabant le<br />

16 juin 1789, et en renvoyant les Etats deux jours plus tard, Joseph de Crumpipen<br />

perdit son emploi et se retira dans sa maison de campagne à Tamise.<br />

C’est là qu’en octobre 1789, il fut enlevé à moitié habillé et en bonnet de nuit et<br />

fut conduit par un parti d’insurgés en Hollande, à Breda, où s’étaient rassemblés<br />

les opposants au gouvernement. A l’intervention des Provinces Unies, après de<br />

multiples péripéties, Joseph de Crumpipen fut finalement libéré et reconduit à<br />

Bruxelles.<br />

Un mois plus tard, le 12 décembre 1789, les autorités autrichiennes devaient<br />

quitter les Pays-Bas devant l’insurrection générale et Joseph de Crumpipen suivit<br />

le Gouvernement provincial du Brabant dans son exil. .<br />

Lors du retour des forces impériales, il fut réintégré dans ses fonctions de<br />

chancelier auprès du Conseil de Brabant (25 février 1791). Après la bataille de<br />

Jemappes, il se retira avec le Gouvernement à Ruremonde.<br />

Le retour des Autrichiens après Neerwinden, au printemps 1793, n’entraîna<br />

pas cette fois le retour de Joseph de Crumpipen aux affaires. Le Gouvernement<br />

impérial, qui voulait à tout prix conforter son pouvoir face à la menace française,<br />

devait se concilier l’opinion. L’ancien chancelier du Conseil de Brabant était trop<br />

impopulaire et malgré ses insistances, il ne retrouva pas son emploi. Il se résigna<br />

donc à démissionner, mais pour récompenser son geste, on lui accorda la totalité<br />

116


de ses gages de conseiller d’Etat à titre de pension de retraite.<br />

Après la défaite de Fleurus, Joseph de Crumpipen suivit une fois de plus, les<br />

Autrichiens sur les routes de l’exil. Il séjourna avec les siens d’abord à Cologne,<br />

puis à Fulda, où mourut inopinément sa fille Thérèse, ensuite à Francfort et enfin<br />

à Penzing.<br />

Il avait été porté sur la liste des émigrés à Bruxelles dès le 4 floréal an IV. En<br />

1802, il sollicita le bénéfice de l’amnistie, rentra à Bruxelles et prêta le serment<br />

de fidélité aux nouvelles institutions.<br />

Jusqu’à sa mort, sept ans plus tard, il n’eut plus d ’activité publique bien que en<br />

l’an XII, le collège électoral du département de la Dyle et le collège électoral<br />

de l’arrondissement de Bruxelles l’aient présenté comme candidat au Sénat. A<br />

cette époque, il était administrateur de l’hospice des Ursulines et membre de la<br />

fabrique d’église de Notre-Dame des Victoires au Sablon.<br />

Chevalier de l’Ordre royal de Saint-Etienne (30 août 1775), il avait été créé baron<br />

en 1796, alors qu’il était en exil, mais il ne voulut jamais en porter le titre.<br />

Joseph de Crumpipen, en épousant à Bruxelles le 28 mai 1765, Catherine-Marie-<br />

Josèphe-François de Paule de Helman (Bruxelles 23 décembre 1745-Bruxelles 27<br />

juillet 1815), dame de Tamise, Rogere Steenbrugghe, Vierstraeten et Rosierbois,<br />

fit un riche mariage, car sa femme était héritière de la Banque Van Schoor.<br />

De ce mariage naquirent cinq enfants :<br />

Henri-Joseph-Nicolas-Ghislain (Bruxelles 6 décembre 1766-Bruxelles 27<br />

novembre 1829) fit une brillante carrière. Licencié en droit, il prêta le serment<br />

d’avocat en 1786, puis entra en 1791, au service du Conseil du Gouvernement<br />

provincial du Brabant général. Il devint conseiller maître à la Chambre des comptes<br />

en 1794. Il suivit sa famille en émigration, puis rentra à Bruxelles et devint sous<br />

l’Empire, inspecteur général des Postes pour le département de la Dyle. Il épousa<br />

à Bruxelles, le 7 mai 1788, Joséphine-Antoinette Ulrique de Hallberg (Bruxelles<br />

19 mars 1765-Bruxelles 21 décembre 1861), fille de Bernard-Joseph, baron<br />

de Hallberg, seigneur de Bracheleen ( ?- Bruxelles 19 août 1774) et de Anne-<br />

Emerentiane-Josèphe-Thérèse de Reul ( ? -Bruxelles 20 septembre 1780). C’était<br />

un beau parti, car à son décès, elle laissa une succession de 834.000 francs. Le<br />

couple n’eut pas d’enfant.<br />

• Victoire-Marie-Jeanne-Josèphe (Bruxelles-Sainte Gudule- 21 novembre<br />

1768-Vienne 12 décembre 1799) fit également un riche mariage en épousant à<br />

Bruxelles -Saint-Gudule- le 5 mai 1789, Hyacinthe-Julien-Joseph (Bruxelles-<br />

Saint-Jacques-6 juillet 1765-Keiserlautern 16 novembre 1813), comte de<br />

Pestre de Bertinchamps. C’était un fils du richissime Julien de Pestre, comte<br />

117


de Seneffe et de Turnhout, qui avait laissé en 1774, une succession de l’ordre<br />

de 3 millions de florins courants, soit la première fortune d’affaires du pays.<br />

Les époux de Crumpipen-de Pestre, après avoir eu deux enfants, divorcèrent<br />

à Paris en 1794 et Victoire de Crumpipen se retira à Vienne.<br />

• Joseph-Henri (Bruxelles 26 novembre 1771-Valenciennes 19 mars 1831)<br />

dirigea la banque Veuve Michel Van Schoor et fils, qui fit faillite en 1829. Il<br />

resta célibataire.<br />

• Marie-Thérèse (Bruxelles 14 mars 1774- morte en exil à Fulda en 1795).<br />

• Louise-Augustine (Bruxelles 28 août 1777-Bruxelles 9 mars 1856) sans<br />

alliance.<br />

Alors qu’il était en émigration, la fortune apparente de Joseph de Crumpipen<br />

fut estimée à 600.000 livres. Il fut imposé à concurrence de 1.000 florins, argent<br />

courant de Brabant, le 3 brumaire an IV (25 octobre 1795), dans la contribution<br />

de 150.000 florins levée pour secourir les indigents de la ville de Bruxelles.<br />

En ventôse suivant, il fut taxé dans la 16 e classe de l’emprunt forcé de l’an IV, à la<br />

somme de 6.000 livres, ce qui le plaçait parmi les plus forts contributaires.<br />

En 1803, avec 60.000 francs de revenus, Joseph de Crumpipen figurait sur la liste<br />

des plus riches propriétaires du département de la Dyle.<br />

En 1806, il s’acquittait de 2.383 francs d’impôts dans le département de la Dyle.<br />

A.G.R., Enregistrement et Domaines, n° 279 et 3.188 ; Annuaire de la Noblesse<br />

de Belgique, 1856, p. 304-305 ; Biographie Nationale, 1873, t. IV, col. 569-<br />

578, notice C.H. PIOT ; C. BRUNEEL, Les grands commis…, p. 199-201 ; X.<br />

<strong>DU</strong>QUENNE, Le château de Seneffe, Bruxelles, 1978, p. 30 et 35 ; Nationaal<br />

Biografisch Woordenboek, t. I, 1964, col. 355-358, notice J. <strong>LE</strong>FEVRE ; J.<br />

NAUWE<strong>LA</strong>ERS, Histoire des avocats ..., t. II, n° 2184.<br />

<strong>DE</strong>COUX Louis-Gabriel, (Cortil-Noirmont 29 janvier 1749- Limelette 21<br />

novembre 1826).<br />

La famille Decoux était, semble-t-il, originaire du petit village de Maillen, à une<br />

quinzaine de kilomètres au sud de Namur. Au XVIIe sicèle, elle avait essaimé<br />

dans le Namurois et en Brabant wallon. C’était une famille de grands fermiers<br />

propriétaires, jouissant d’une fortune au-dessus de la moyenne des censiers et<br />

fermiers.<br />

Le père de Louis Decoux, Melchior-Bernard, originaire de Emptinne dans le<br />

Namurois, avait épousé Marie-Anne Jamin (Chastre-Blanmont 14 novembre<br />

118


1712- ?). C’était la fille de Gabriel Jamin (? -Cortil-Noirmont 22 juillet 1754),<br />

maire de Blanmont sous Chastre, propriétaire de la ferme de Chaumont achetée<br />

5.600 écus de Brabant en 1725, et de Jeanne Poncelet. Louis était l’aîné de leurs<br />

quatre enfants.<br />

On ne dispose d’aucun élément quant à sa jeunesse et son éducation, toutefois, en<br />

1806, on le disait avoir exercé le barreau avant 1789, mais il ne figure sur aucune<br />

liste des avocats admis par le Conseil de Brabant.<br />

Il n’exerça aucune fonction publique, même s’il fit partie du collège électoral du<br />

département de la Dyle dès l’an XI et s’il fut présenté en 1810, comme candidat<br />

au Conseil général du département.<br />

En 1806, on le jugeait recommandable à tous égards, ce qui était confirmé par le<br />

préfet en 1809, qui l’estimait parfait honnête homme.<br />

Après son mariage, ce rentier s’installa à Bruxelles où il possédait une maison,<br />

rue du Lombard, mais en 1813, il transféra son domicile à Limelette près de<br />

Wavre.<br />

Louis Decoux avait épousé à Jandrenouille, le 14 juin 1784, Marie-Anne Orts<br />

(Bruxelles-Saint-Géry-20 mars 1766-Bruxelles-Saint-Géry-1 er janvier 1788).<br />

C’était la fille unique d’Augustin-Pierre-Joseph Orts (Bruxelles- Sainte-Gudule-<br />

12 septembre 1738-Bruxelles 28 mai 1804), licencié ès lois, avocat au Conseil<br />

de Brabant, secrétaire de la ville de Vilvorde et de Anne-Caroline-Charlotte<br />

Mosselman.<br />

Ce mariage fit entrer Louis Decoux dans le milieu de la magistrature puisque<br />

l’oncle de son épouse était Englebert-Pierre Orts (Bruxelles-Sainte-Gudule-22<br />

janvier 1743-Bruxelles 26 février 1831), nommé membre du Conseil de Brabant<br />

en 1788, lui-même fils de Pierre Orts, conseiller de Brabant.<br />

De cette union, naquirent trois fils dont seul le dernier, Pierre-Emmanuel-Joseph<br />

(Bruxelles-Saint-Géry-27 décembre 1787-Saint-Josse-ten-Noode 2 décembre<br />

1849) parvint à l’âge adulte. Il avait fait des études à l’Ecole de Droit de Bruxelles<br />

et fut maire de Limelette sous l’Empire. Il se faisait appeler de Coux de Saint-<br />

Laurent et se prétendait écuyer.<br />

Il épousa Eugénie-Cécile-Marie, comtesse Duchastel (Wetzlar-Westphalie-15<br />

janvier 1795-Hyères-Var-4 novembre 1849). Elle appartenait à une famille noble<br />

consacrée au métier des armes.<br />

Son frère, Camille, comte Duchastel de la Howardries (24 novembre 1791-18<br />

juin 1815) capitaine commandant au régiment de hussards n° 8, fut tué dans les<br />

rangs des Alliés, à la bataille de Waterloo. Un autre frère, Albéric (2 janvier 1789-<br />

119


27 avril 1864), fit la campagne de Russie sous les ordres de Napoléon, y gagna<br />

la Légion d’honneur, puis passé au service des Pays-Bas, il fut aide de camp du<br />

prince d’Orange à Waterloo, adjudant du roi Guillaume I er , membre de la Seconde<br />

Chambre des Etats Généraux (1819-1829) et commandeur de l’Ordre du Lion<br />

néerlandais.<br />

Louis Decoux était un homme très riche. En 1809, dans un rapport confidentiel, le<br />

préfet La Tour du Pin estimait ses ressources entre 60 et 80.000 francs de rentes.<br />

Le chiffre de 60.000 francs était aussi retenu lors de la formation des Gardes<br />

d’honneur en 1813 alors qu’en 1810, quand il fut présenté comme candidat au<br />

Conseil général, on ne lui attribuait que 18.000 francs de rentes.<br />

Il avait hérité de la ferme de Chaumont à Chastres et avait acheté le château de<br />

Limelette à la succession de Ferdinand Beeckman de Vieusart en 1810.<br />

A.N., F/1bII/Dyle/3, F/1cIII/Dyle/2, F/7/8364 ; Archives de la Ville de Bruxelles,<br />

R3 ; M.A. DO<strong>LE</strong>Z, « Orts, une famille bruxelloise de gens de robe », Tablettes<br />

du Brabant, t. I, p. 313-314 ; L’Intermédiaire des généalogistes, 1965, p. 309,<br />

notice F. COLLON ; J. TARLIER et A.WAUTERS, Géographie et Histoire des<br />

Communes belges, Bruxelles, 1861, Canton de Wavre, p. 151.<br />

<strong>DE</strong> HASE Henri-Maximilien (Bruxelles-Finistère-13 avril 1757-Bruxelles 14<br />

février 1814).<br />

Son père, Maximilien De Hase (Bruxelles-Sainte-Gudule-13 décembre<br />

1713-Bruxelles 24 mai 1781) était peintre d’histoire et avait été membre de<br />

l’Académie Saint-Luc à Rome suivant diplôme du 26 août 1747. Il avait épousé à<br />

Bruxelles (Saint-Nicolas), Catherine-Thérèse t’Serstevens (1 er avril 1729-24 mai<br />

1795).<br />

Le couple avait eu dix-sept enfants dont huit moururent en bas âge. Parmi les enfants<br />

survivants, Maximilien De Hase (Bruxelles-Finistère-21 juin 1758-Bruxelles<br />

1805) en charge de 1786 jusqu’à son décès, fut un notaire bruxellois prospère<br />

puisque lors de la levée de l’emprunt forcé de l’an IV, il fut taxé dans la 13 e classe,<br />

ce qui lui supposait 8 à 9.000 florins de revenus.<br />

Une fille Cornélie (Bruxelles-Finistère-21 décembre 1760-Bruxelles 23 avril<br />

1813) devint religieuse.<br />

Un des fils, Joseph-François (Bruxelles-Finistère-8 octobre 1763-Bruxelles 6<br />

juin 1802) fut curé de l’hôpital Saint-Jean à Bruxelles et en cette qualité, fut au<br />

centre d’une affaire qui défraya la chronique à Bruxelles en 1797.<br />

La loi du 7 vendémiaire an IV sur la police des cultes ne fut promulguée que<br />

progressivement en Belgique pour ne pas heurter une opinion très attachée<br />

120


aux pratiques religieuses traditionnelles. L’article 5 de ce texte qui interdisait<br />

l’exercice du culte aux prêtres qui n’avaient pas au préalable, prêté le serment<br />

de fidélité à la République n’entra en vigueur que le 7 pluviôse an V. Ce texte<br />

souleva une grande controverse au sein du clergé belge, certains estimant pouvoir<br />

faire la déclaration, d’autres s’y refusant.<br />

Après les élections de germinal an V, la question fut portée devant le Conseil<br />

des Cinq-Cents, car certains élus belges, comme Nicolas Bonaventure*, ancien<br />

président du tribunal criminel du département de la Dyle, contestaient le droit<br />

que le Directoire s’était arrogé d’étendre à la Belgique, par simple arrêté,<br />

des lois antérieures à la réunion. Dans ces conditions, nombre de prêtres qui<br />

n’avaient pas fait la déclaration crurent pouvoir continuer leur ministère au moins<br />

provisoirement. Certains bénéficièrent de l’aveuglément volontaire des autorités<br />

en place, d’autres furent poursuivis.<br />

Tel fut le cas de Jean-François De Hase cité devant le tribunal correctionnel de<br />

Bruxelles pour avoir célébré le culte sans justifier de sa déclaration. Condamné<br />

le 9 prairial an V, à trois mois de prison et cinq cents livres d’amende, il fit appel<br />

devant le Tribunal criminel, qui prononça son acquittement le 13 prairial, en<br />

soutenant que la loi du 7 vendémiaire an IV ne pouvait avoir force exécutoire<br />

à défaut d’une délibération du Corps législatif. Le Directoire saisit la Cour de<br />

Cassation qui annula la décision pour excès de pouvoir et renvoya la cause au<br />

Tribunal criminel du département des Deux-Nèthes qui cette fois, confirma la<br />

condamnation du prêtre.<br />

Mais le Directoire entendait voir condamner les trois magistrats belges qui<br />

s’étaient prononcés pour l’acquittement. Après un nouvel arrêt de la Cour de<br />

Cassation, ceux-ci furent convoqués à la barre du Conseil des Cinq-Cents qui<br />

vota une réolution d’accusation à leur charge. Finalement, en floréal an VI, le<br />

Conseil des Anciens jugea cette procédure irrégulière et mit fin aux poursuites.<br />

Henri De Hase obtint un diplôme de droit romain et de droit canon à l’Université<br />

de Louvain le 14 février 1781, et fut reçu avocat au Conseil de Brabant un mois<br />

plus tard.<br />

En 1787, lors de la réforme judiciaire de l’Empereur Joseph II, il occupa pendant<br />

quelques semaines les fonctions de protocoliste de séances et d’archiviste au<br />

tribunal de première instance de Louvain.<br />

Comme un certain nombre d’avocats, Henri De Hase cumula la pratique du<br />

barreau avec les fonctions d’échevin lettré de plusieurs petites cours scabinales<br />

villageoises. En 1789, le Gouvernement provincial du Brabant autrichien le<br />

nomma échevin du chef-banc d’Uccle, importante juridiction qui siégeait en<br />

degré d’appel de nombreuses juridictions du plat pays.<br />

121


Après l’annexion de la Belgique, Henri De Hase fut élu juge suppléant du tribunal<br />

civil du département de la Dyle lors des élections de germinal an VI et il fut<br />

coopté comme greffier de cette juridiction en l’an VII.<br />

Le 17 messidor an VIII (6 juillet 1800), il fut repris dans la nouvelle organisation<br />

judiciaire, comme juge au tribunal de première instance de Bruxelles.<br />

Après son élection sur la liste nationale du département en l’an IX, le préfet<br />

écrivait à son propos : « Tenant à une famille honnête, c’est un magistrat intègre,<br />

actif, zélé, instruit et et estimé ».<br />

Henri De Hase fut nommé juge temporaire à la Cour d’appel de Bruxelles le 20<br />

juillet 1807 et juge effectif le 7 décembre 1808.<br />

Il mourut célibataire six ans plus tard.<br />

Lors de la levée de l’emprunt forcé de l’an IV, on attribuait à Henri De Hase un<br />

revenu de 3.500 florins puisqu’il fut taxé dans la 6 e classe.<br />

A.N., F/1cIII/Dyle/1, BB/6/14 ; A.G.R., Administration centrale du département<br />

de la Dyle, n° 1341 ; J. LOGIE, Les magistrats des Cours et Tribunaux en<br />

Belgique.1794-1814., Genève, 1998, p. 204-205.<br />

<strong>DE</strong>NISON Remi-Joseph (Neerheylissem 25 novembre 1754-Piétrebais 4 février<br />

1832).<br />

Ce propriétaire issu de la bourgeoisie rurale, figura comme acquéreur de biens<br />

nationaux parmi les notables recensés en 1806. Son milieu social était celui des<br />

grands fermiers, hommes de confiance des seigneurs pour lesquels ils recevaient<br />

les droits et fermages et siégeaient dans les cours de justice locales.<br />

Son grand-père, Philippe Denison était censier à la ferme de la Bacquelaine sous<br />

Longueville, pour le compte du prieuré de Val-Duchesse.<br />

Son père, Maximilien Denison (Longueville 7 décembre 1719- Neerheylissem<br />

27 avril 1757) avait épousé à Neerheylissem, le 19 février 1753, Elisabeth Van<br />

Meldert (Neerheylissem 28 novembre 1724- Neerheylissem 6 frimaire an XII-28<br />

novembre 1802), fille de Remi Van Meldert et d’Elisabeth Mahy.<br />

Maximilien Denison, qui s’était établi dans le village natal de son épouse, mourut<br />

à l’âge de 37 ans. Sa veuve se remaria à Neerheylissem, le 18 février 1760, avec<br />

Jean-Joseph Dujardin, mayeur de la haute cour censale et féodale de Haut et<br />

Bas Heylissem. Celui-ci prit en charge l’éducation de Remi Denison, l’envoyant<br />

d’abord en pension à Jauche « … pour ses écoles « , puis en 1763, chez les Pères<br />

augustins à Tirlemont. Il l’inscrivit le 15 octobre 1771, à l’Université de Louvain.<br />

Cette éducation permit à Remi Denison de devenir greffier ou échevin de plusieurs<br />

122


seigneuries dans les environs de Neerheylissem, avant 1789.<br />

Quand le 26 messidor an VI (14 juillet 1798), l’administration centrale du<br />

département de la Dyle mit en vente la ferme de la Nouvelle Chise à Chapelle-<br />

Saint-Laurent, il se porta acquéreur des bâtiments avec 117 hectares, pour le prix<br />

de 1.150.000 livres.<br />

Au fil des années, il agrandit sa propriété en achetant, toujours à Chapelle-Saint-<br />

Laurent, d’autres biens nationaux, soit 22,56 hectares de terres et un bois de<br />

10,85 hectares.<br />

Ces acquisitions, en faisant de lui le plus riche propriétaire du village de Chapelle-<br />

Saint-Laurent, lui assurèrent estime et considération et lui valurent une place au<br />

conseil d’arrondissement de Louvain, où il siégea depuis le 4 prairial an VIII (24<br />

mai 1800) jusqu’en 1814.<br />

Il fut élu au collège électoral du département dès l’an XI, puis présida l’assemblée<br />

cantonnale de Grez en l’an XII, et fut, comme il se doit, maire de Chapelle-Saint-<br />

Laurent sous l’Empire.<br />

Il avait épousé à Nodebais, le 6 mai 1786, Anne-Caroline Bauwens (Nodebais 3<br />

octobre 1760- Piétrebais 23 avril 1851). C’était la fille de Jean-Corneille Bauwens<br />

(mort à Nodebais le 25 mars 1787) et de Anne-Marie Van Meldert, probablement<br />

une parente de sa mère. Anne-Marie Van Meldert était la fille de Jean Van Meldert,<br />

greffier de Wavre-Sainte-Catherine, secrétaire greffier de Waelhem, écoutête de<br />

Duffel, receveur des comtes d’Oignies de Mastaing.<br />

Remi Denison et Caroline Bauwens n’eurent qu’un fils mort en bas âge, aussi,<br />

légua-t-il ses biens à un neveu, Remi-Joseph Lowet. En effet, Remi avait une sœur,<br />

Elisabeth Denison qui avait épousé à Neerheylissem, le 22 février 1793, Robert<br />

Lowet (Attenhoven ca 1755-Neerheylissem 1 er mai 1828), licencié en médecine,<br />

mayeur de Neerheylissem. C’était le fils de Guillaume Lowet, lui-même échevin<br />

de plusieurs seigneuries de la région d’Attenhoven.<br />

En 1806, Remi Denison figurait à la 45 e place sur la liste des soixante personnalités<br />

les plus marquantes du département en payant 1.000 francs d’impôts. Le préfet le<br />

décrivait à ce moment comme : « Très estimé, jouissant de la confiance publique<br />

et distingué par son intelligence ». En 1815, l’intendant du département de la<br />

Dyle lui attribuait 4.000 francs de revenus.<br />

Cet acquéreur de biens nationaux n’en laissa pas moins une rente de 100 florins<br />

de Brabant pour les pauvres de Saint-Laurent à condition qu’ils assistent à<br />

deux messes annuelles célébrées à sa mémoire, ainsi qu’un terrain à la fabrique<br />

d’église sur lequel fut édifié un nouveau sanctuaire en 1866. Son épouse fit un<br />

legs équivalent pour les pauvres et laissa en outre, 6.000 francs à la fabrique<br />

123


d’église.<br />

A.N., F/1bII/Dyle/2, F/1cIII/Dyle/2 ; A.G.R., Département de la Dyle, Préfecture,<br />

P° 1086, Fonds Everaerts de Velp, n° 25 ; F. BETERAMS, The High Society..., p.<br />

39-56 ; J. FOBE, « Les Bauwens de Nodebais » in Brabantica, 1957, t. II, p. 26-<br />

27 ; J. FOBE, « Les Van Meldert » in L’Intermédiaire des Généalogistes, 1959,<br />

p. 346-347.<br />

<strong>DE</strong> PAGE François (Bruxelles- Sainte-Gudule, 5 décembre 1753-Bruxelles 22<br />

mars 1828).<br />

La famille Le Page, appelée De Page à partir de la seconde moitié du XVIII e<br />

siècle, était depuis plusieurs générations, au service de la vénerie des ducs de<br />

Brabant. Installée d’abord à Boitsfort, à l’orée de la grande forêt de Soignes, elle<br />

émigra ensuite à Bruxelles.<br />

Michel-Pierre De Page (Boistfort 1726-Bruxelles 14 août 1790), le père de<br />

François, fut maître farinier, c’est-à-dire marchand de farine à Bruxelles, tout en<br />

faisant carrière dans l’administration des chasses du gouverneur des Pays-Bas, à<br />

l’époque, le duc de Lorraine. Suivant les traces de son père, Jacques Le Page, qui<br />

avait terminé sa carrière comme lieutenant de vénerie en 1698, Michel-Pierre De<br />

Page fut successivement garçon d’armes (1758), valet de lévriers (1763), valet<br />

de suite (1764), premier maître des toiles de la vénerie en 1776, et peu après<br />

collecteur des impôts de la seigneurie de Boitsfort.<br />

Le surnom familial « Le Page van t’Hof », c’est-à-dire Le Page de la Cour,<br />

rappelait encore en 1792, leur lien avec les activités cynégétiques princières.<br />

De son mariage avec Barbe Pasteels (= Bruxelles 2 mai 1787), Michel-Pierre<br />

De Page eut cinq enfants, dont François était l’aîné. L’un de ses frères, Clément<br />

(Bruxelles-Sainte-Gudule-15 mai 1758-Bruxelles 17 juin 1735) fut d’abord,<br />

comme son père, premier maître des toiles (1792) et quand cette charge fut<br />

supprimée lors de l’annexion des Pays-Bas à la France en 1795, il fit le commerce<br />

de draps de lin, avant d’être employé comme économe à l’hospice du Béguinage,<br />

tout en assurant la recette des contributions du village de Neeryssche. Il dirigea<br />

ensuite l’infirmerie des femmes du Grand Béguinage de 1816 à 1827, puis<br />

l’hôpital Saint-Jean de 1828 à 1834.<br />

Son autre frère, Pierre, (Bruxelles Sainte-Gudule- 8 juin 1765-Bruxelles 2 août<br />

1843) fut fabricant et marchand de dentelles, mais aussi receveur général de la<br />

Bienfaisance (1816-1841).<br />

François De Page vécut en rentier, sans jouer aucun rôle politique.<br />

Sa seule approche de la vie publique se solda par une expérience qu’il n’entendit<br />

124


pas renouveler. En effet, François De Page était un ami du leader démocrate,<br />

l’avocat François Vonck, dont il partageait les idées. C’est ainsi, qu’il signa le<br />

15 mars 1790, sa « Requête aux trois Etats unis de Brabant pour former une<br />

assemblée nationale ». Cette prise de position valut à ses quarante signataires,<br />

l’ire des partisans de Van der Noot, l’adversaire conservateur de Vonck. Fin mai<br />

de cette année, tous ceux qui ne purent fuir ou se cacher, furent arrêtés par les<br />

affidés du chef du parti conservateur. François De Page fut incarcéré pendant<br />

deux jours, à la prison de l’ancien couvent des Madelonettes, et ne fut libéré<br />

qu’après avoir fait amende honorable. Après cette aventure, François De Page se<br />

garda pendant de longues années, de toute activité publique, tout en restant fidèle<br />

à ses idées.<br />

Le préfet écrivait à son propos en 1804 : « Le Page [sic] quoiqu’il n’ait pas acquis<br />

[de biens nationaux], on assure qu’il aime mieux le nouveau que l’ancien régime,<br />

parce qu’il est conforme à ses principes et qu’il peut y jouir d’une plus grande<br />

considération ». En 1810, il confirmait son opinion en écrivant : « De Page est<br />

assez partisan de la Révolution ».<br />

En 1815, l’intendant du département de la Dyle le décrivait en ces termes : « C’est<br />

un homme un peu brusque dans ses manières, mais considéré et fort occupé du<br />

soulagement des pauvres, quoique sans instruction ni aptitude aux affaires ».<br />

En effet, si de 1802 à 1811, François De Page fut commissaire répartiteur des<br />

impôts à Bruxelles, la grande préoccupation de son existence fut le soulagement<br />

de l’indigence. De 1806 à 1828, il fut membre de la commission permanente et<br />

du conseil d’administration du refuge des Ursulines qui recueillait les vieillards<br />

indigents des deux sexes. A partir de 1808, il fit partie du conseil d’administration<br />

des Hospices et Secours de la ville de Bruxelles et après 1820, de la même<br />

institution pour l’arrondissement de Bruxelles. Il fut également administrateur<br />

du Mont-de-Piété de Bruxelles de 1819 à 1828. En reconnaissance des services<br />

rendus à ce titre, le roi Guillaume I er en fit un conseiller de la Régence de Bruxelles<br />

le 23 juillet 1817, et il y siégea jusqu’en février 1824.<br />

François De Page avait épousé à Bruxelles-La Chapelle-le 11 septembre 1780,<br />

Catherine-Josèphe van Halewyck (Bruxelles-La-Chapelle-12 février 1734-<br />

Bruxelles 7 mars 1807). C’était la fille cadette de Daniel-Joseph-Benoît Van<br />

Halewyck, avocat au Conseil de Brabant, échevin du magistrat de Bruxelles,<br />

membre du lignage de t’Serghuys et de Marie-Isabelle Pauwens.<br />

C’était un beau mariage qui introduisait François De Page dans les milieux<br />

du patriciat bruxellois. Son épouse recueillit l’année suivante, sa part dans la<br />

succession de ses parents qui s’élevait à 70.000 florins, comprenant une ferme et<br />

des terres à Brusseghem et pas moins de sept maisons à Bruxelles. Ultérieurement,<br />

François De Page racheta pour 50.000 florins, payables sous forme de rente<br />

viagère, la part de sa belle-sœur, Marie-Albertine Van Halewyck, qui, restée<br />

125


célibataire, vivait avec le couple De Page.<br />

Catherine Van Halewyck mourut à Bruxelles, le 7 mars 1807, laissant par<br />

testament du 12 messidor an XI (1 er juillet 1802), tous ses biens à son mari.<br />

François De Page se remaria le 7 mai 1810, à Ypres avec Henriette-Martie-Louise<br />

Vandenpeereboom (Ypres ca 1771-Paris 25 octobre 1828), fille de Emmanuel-<br />

Joseph Vandenpeereboom (= Ypres 19 juin 1807), négociant et de Marie-<br />

Geneviève Demeezemaker (= Ypres 4 janvier 1778). Un des frères de Henriette,<br />

Louis-Olivier Vandepeereboom (Ypres 29 octobre 1769-Ypres 16 mars 1862)<br />

figura parmi les éligibles au Sénat.<br />

François De Page mourut le 22 mars 1828, en sa maison du 15, de la rue d’Accolay<br />

à Bruxelles, qu’il avait fait rebâtir en style empire, en 1821. Le bâtiment appartient<br />

actuellement à la ville de Bruxelles.<br />

Lors de la levée de l’emprunt forcé de l’an IV, François De Page fut imposé dans<br />

la 15 e classe, ce qui revenait à lui attribuer des revenus de 10.000 florins.<br />

En 1813, ses revenus étaient évalués à 25.000 francs.<br />

François De Page n’eut aucune descendance de ses deux mariages et ce furent<br />

donc ses deux frères, Clément et Pierre qui se partagèrent le 19 septembre 1832,<br />

une succession évaluée à 352.000 francs.<br />

A.N., AF/IV/1052/12 ; A.G.R., Administration centrale du département de la<br />

Dyle, n° 1341, Notariat du Brabant du Brabant, n° 17.117/2, acte du notaire<br />

Strens du 8 juin 1797 ; Annuaire de la Noblesse de Belgique, 1857, p. 228, idem,<br />

1876, p. 271 à 273 ; F. BETERAMS, The High Society…, p. 19 ; R. <strong>DE</strong> PAGE,<br />

Les Depage dans la région de Bruxelles de 1672 à 1992, S.C.G.D., 1992 ; R. <strong>DE</strong><br />

PAGE, « les De Page de la rue d’Accolay », in Intermédiaire des Généalogistes,<br />

1993, p. 1-14 ; J. NAUWE<strong>LA</strong>ERS, Histoire des avocats…, t. II, n° 1442, 1821 et<br />

1867 ; SAN<strong>DE</strong>R PIERRON, Histoire illustrée de la forêt de Soignes, Bruxelles,<br />

s.d., t. II, p. 572 et suiv ; S. TASSIER, Les démocrates belges de 1789, Bruxelles,<br />

1989, p. 332, n. 2.<br />

<strong>DE</strong>VALS Jacques André (Montpellier Hérault 9 octobre 1751- ?)<br />

Avocat au Parlement de Toulouse, et à la Cour des Aides de Montpellier, Devals<br />

s’engagea assez tardivement dans la vie publique.<br />

Il fut élu officier municipal à Montpellier en 1793, puis juge de paix en l’an II<br />

avant d’être nommé commissaire du Directoire près l’administration centrale du<br />

département de l’Hérault le 23 fructidor an V.<br />

En germinal an VI, il fut élu au Conseil des Cinq-Cents par l’assemblée électorale<br />

126


de ce département, mais il fut exclu individuellement comme jacobin par la loi du<br />

22 floréal an VI. Il retrouva rapidement un emploi là où son influence ne semblait<br />

pas pouvoir déranger le pouvoir directorial : le 8 messidor an VI, il fut désigné<br />

comme commissaire du Directoire près les tribunaux du département de la Dyle,<br />

fonction qu’il exerça jusqu’à la réforme consulaire.<br />

Le 27 messidor an VIII, il devint commissaire du Gouvernement provincial du<br />

Brabant près le tribunal criminel du département de la Dyle et lors de la réforme<br />

judiciaire de 1811, il fut nommé substitut du procureur général près la Cour<br />

impériale de Bruxelles. A la chute de l’Empire, Devals se retira en France et<br />

sollicita une pension qu’il n’obtint pas.<br />

Pendant les Cent-Jours, il fut nommé conseiller impérial à la Cour impériale de<br />

Montpellier, mais l’on perd sa trace après 1815.<br />

Devals était marié et eut trois enfants. Il n’avait aucune fortune et vivait de son<br />

traitement.<br />

A.N., BB/3/233 et 234, BB/5/271, F/1cIII/Dyle/2 ; A. KUSCINSKI Les députés<br />

au Corps législatif, Conseil des Cinq-Cents et Conseil des Anciens de l’an IV à<br />

l’an VII, Paris, 1905 ; J. SURATTEAU, Les élections de l’an VI et le Coup d’Etat<br />

du 22 floréal (11 mai 1798), Paris, 1971, p. 372.<br />

<strong>DE</strong>WYELS Guillaume-Nicolas-Joseph (Louvain-Sainte-Gertude-29 août<br />

1762-Louvain 20 août 1826).<br />

La famille Dewyels était originaire de Clèves dans le Saint-Empire, et s’était<br />

établie aux Pays-Bas au XVIII e siècle, pour pratiquer sans entrave, la religion<br />

catholique.<br />

Elle revendiquait une reconnaisance de noblesse obtenue en 1661, mais les<br />

ancêtres immédiats de Guillaume Dewyels étaient de condition plus modeste.<br />

Son grand-père était négociant à Lombeek-Notre-Dame et possédait un moulin à<br />

eau à Weert-Saint-Georges.<br />

Guillaume-Adrien Dewyels (Lombeek-Notre-Dame 10 septembre 1713-Louvain-<br />

Sainte-Gertrude-6 mai 1765), son père, fit des études universitaires. Il avait<br />

épousé le 8 février 1757, à Louvain (Sainte-Gertude), Catherine Sterkendries<br />

(Louvain-Saint-Pierre-25 février 1732- ?).<br />

Guillaume Dewyels, son fils, fut immatriculé à l’Université de Louvain en 1780, et<br />

parvint, en produisant une généalogie fantaisiste, à se faire admettre aux lignages<br />

de la ville en 1789, ce qui lui permit de faire carrière au sein du magistrat de la cité.<br />

Lieutenant maire en 1790, puis conseiller de la ville, il fut choisi comme<br />

127


ourgmestre des lignages ou premier bourgmestre, le 27 mai 1793, et à ce titre, il<br />

put siéger aux Etats de Brabant.<br />

Après la bataille de Fleurus, il fut déchargé de ces fonctions le 25 septembre<br />

1794.<br />

Guillaume Dewyels n’eut aucune activité publique sous le Directoire.<br />

Sous l’Empire, il fit partie du collège électoral de l’arrondissement de Louvain<br />

et fut même proposé, en quatrième ordre, il est vrai, pour présider ce collège en<br />

1810. Il fut conseiller municipal de Louvain, devint adjoint au maire et assuma<br />

même cette charge après l’enlèvement de Jean-Baptiste Plasschaert*. Le 17<br />

janvier 1814, il fut destitué par Le Doulcet de Pontecoulant, à l’époque, envoyé<br />

extraordinaire dans la 23 e division militaire, pour avoir diffusé une circulaire<br />

qualifiée de défaitiste, puisqu’elle laissait supposer l’arrivée prochaine des Alliés.<br />

Sous Guillaume I er , il revint siéger au sein de la régence de Louvain en 1817 et<br />

ce jusqu’à sa mort ; il fit de même, partie de l’Ordre des villes au sein des Etats<br />

provinciaux du Brabant méridional.<br />

Guillaume Dewyels avait épousé à Louvain (Saint-Jacques), le 16 avril<br />

1793, Marie-Thérèse-Cécile De Cupere (Louvain-Saint-Pierre-23 novembre<br />

1762-Louvain 14 septembre 1820). C’était la fille de Jacques-Ferdinand De<br />

Cupere (Binkom 7 novembre 1725-Louvain 16 août 1808), qui avait épousé à<br />

Louvain (Saint-Pierre), le 31 janvier 1761, Marie-Thérèse van Crayenwinckel<br />

(Louvain-Saint-Pierre-20 septembre 1729-Louvain 8 mai 1808). La fortune de<br />

ce riche brasseur avait été évaluée à 500.000 livres lors de la levée de l’emprunt<br />

forcé de l’an IV.<br />

Le couple eut trois enfants :<br />

Charles-Ferdinand-François (Louvain 20 floréal an V-9 mai 1797-Louvain 4 juin<br />

1876). Il fut colonel de la garde bourgeoise du canton de Glabbeek, bourgmestre<br />

de Lombeek et obtint reconnaissance de noblesse et concession du titre de<br />

chevalier en 1860. Il épousa à Louvain, le 27 mai 1819, Eulalie-Wilhelmine de<br />

Longpré (Walhain-Saint-Paul 13 fructidor an V-21 août 1797- Louvain 29 janvier<br />

1877). C’était la fille de Jean-Philippe de Longpré, seigneur de la Franche-Comté<br />

et de Profonval, échevin de Bruxelles.<br />

• Marie-Thérèse (Louvain 22 vendemiaire an X-14 octobre 1801-Veltem<br />

Beisem 10 juin 1841) qui épousa à Louvain, le 19 mai 1824, le chevalier<br />

François-Louis Caïmo (Anvers 24 frimaire an VII-14 décembre 1799-Velthem<br />

Beyssem 12 mai 1854). Il fut conseiller communal à Louvain et bourgmestre<br />

de Buekem. C’était le fils de Charles-Emmanuel Caïmo (Bruxelles-<br />

Finistère-15 avril 1757-?) et d’Hélène-Cornélie-Jeanne Van der Cruysse<br />

(Lierre 11 novembre 1771-Schelle 12 janvier 1806), fille de Jean-Baptiste<br />

128


Van der Cruysse, écoutête de Lierre. Le grand-père de François-Louis Caïmo,<br />

Charles, avait été membre du Grand Conseil de Malines et son oncle par<br />

alliance, Aimé Wirix de Tercam avait été auditeur à la Chambre des Comptes.<br />

• Sophie-Jeanne-Thérèse (Louvain 12 germinal an XII-9 avril 1804- Aix-la-<br />

Chapelle 23 août 1836) qui épousa à Lubbeek, le 16 mai 1827, Charles-<br />

Marie-Arnold, baron de Broich (Montzen 9 mai 1797-Richterich-Prusse-24<br />

septembre 1873). Il servit comme officier sous l’Empire, puis au service du<br />

royaume des Pays-Bas. Il fut bourgmestre des communes de Richterich et de<br />

Laurensberg. En sa qualité de seigneur de Schönau, il fut aussi membre de la<br />

Diète rhénane. C’était le fils du baron Charles-Henri de Broich, membre du<br />

Corps Equestre de la province de Liège et membre du collège des curateurs<br />

de l’Université de Liège (1816-1830) et de la baronne Louise de Sluse.<br />

Sous le Directoire, Guillaume Dewyels acheta pour 420.000 livres une maison à<br />

Louvain, ayant appartenu à l’abbaye du Parc. En 1812, il figurait sur la liste des<br />

cent plus imposés de la ville de Louvain avec un revenu estimé à 7.000 francs.<br />

A.N., F/1cIII/Dyle/2 ; A.G.R., Gouvernement provincial du Brabant provincial<br />

du Brabant, Série A, n° 198 ; Annuaire de la Noblesse de Belgique, 1855, p.<br />

185-186, 1874, p. 75 ; Etat présent de la Noblesse belge, 2001, p. 363-364 ; J.<br />

CALUWAERTS, « De familiale achtergrond van de 19 de eeuwse burgemeesters<br />

van Leuven », Vlaamse Stam, 2003, p. 165-204 ; Y. HOVERTIN-PIERARD, Le<br />

magistrat de Louvain de 1758 à 1814, Mémoire de licence inédit, Katholieke<br />

Universitieit Leuven, 1972 ; J. OLCINA, L’opinion publique en Belgique entre<br />

1812 et 1814, Thèse inédite, Paris IV, Sorbonne, 2004, p. 366 ; K. VAN<strong>DE</strong>N<br />

ABBEE<strong>LE</strong>, De gedwongen lening van het jaar IV te Leuven, Bruxelles, 1963, p.<br />

32-33.<br />

DILFT Jean-Marie-Joseph van der, comte (Bruxelles-La Chapelle-6 août<br />

1745 -Bruxelles 14 décembre 1831.<br />

Son grand-père, Eugène van der Dilft, seigneur de Ten Broeck (= 13 avril 1721)<br />

avait été bourgmestre de Louvain.<br />

Son père, Jean-Eugène van der Dilft, seigneur de Ten Broeck (Louvain 14<br />

novembre 1700- Bruxelles 3 février 1771) fit carrière au sein du magistrat de la<br />

ville de Bruxelles, dont il fut successivement échevin, conseiller pensionnaire,<br />

trésorier, bourgmestre, puis premier bourgmestre de 1766 à son décès.<br />

Il avait épousé Rose-Alexandrine Coloma (Malines mai 1710-Bruxelles après<br />

1771), fille de Jean-Pierre Coloma, baron de Moriensart (Anvers 15 mai<br />

1670-Malines 5 mai 1714). Celle-ci, après le décès de son époux, se remaria<br />

à Anvers, le 22 septembre 1729 avec le frère aîné de son premier mari, Jean-<br />

129


Alphonse van der Dilft (Anvers 28 janvier 1677-Bruxelles 7 janvier 1739), créé<br />

comte en 1728, conseiller d’Etat de robe et chef président du Conseil privé.<br />

Jean-Eugène van der Dilft et Rose Coloma eurent trois fils : Jean était l’aîné.<br />

Le second, Pierre-Englebert (Bruxelles-La Chapelle-2 juillet 1746-Autriche<br />

après 1803), licencié dans les deux droits de l’Université de Louvain en 1766,<br />

fit carrière dans l’administration et couronna celle-ci avec sa nomination<br />

comme conseiller des Finances, le 21 août 1791. Considéré comme : « … un<br />

bon gentilhomme apparenté à plusieurs membres des Etats, entendant bien<br />

l’administration des domaines, fort zélé et en général fort bien avec le public « ,<br />

il émigra en 1794. Amnistié en 1802, il se retira en Autriche, après avoir liquidé<br />

ses biens en Belgique.<br />

Le cadet, Antoine-François-Joseph (Bruxelles-La Chapelle-22 août 1748-<br />

Bruxelles 15 juin 1824), fut chanoine de la cathédrale de Tournai, puis doyen de<br />

son chapitre. En 1816, il figura en qualité de trésorier de la Société de Waterloo,<br />

créée pour commémorer le souvenir de la bataille du 18 juin 1815.<br />

La vie de Jean van der Dilft fut celle d’un noble rentier. Par lettres patentes du 12<br />

septembre 1771, l’impératrice Marie-Thérèse l’avait créé comte en récompense<br />

des services rendus par sa famille et notamment par son père, qui fit l’objet de la<br />

même faveur à titre posthume. En 1792, l’empereur François lui conféra aussi la<br />

diginité de chambellan.<br />

Après la bataille de Fleurus, Jean van der Dilft quitta probablement le pays, à la<br />

suite des autorités autrichiennes puisqu’un de ses enfants naquit à Düsseldorf, en<br />

novembre 1794.<br />

Rentra-t-il à Bruxelles dans les délais impartis par les représentants en mission ou<br />

bénéficia-t-il de certificats de complaisance, en tous cas, le comte van der Dilft ne<br />

fut pas inscrit sur les liste des émigrés.<br />

Il ne joua aucun rôle politique sous le Consulat et l’Empire, bien qu’il eût été<br />

membre du collège électoral du département dès l’an XI. Il habitait à Bruxelles,<br />

rue du Bord du Verre, section 2, n° 102, une belle maison avec porte cochère et<br />

60 portes et fenêtres, dont la valeur locative était estimée à 1.500 francs, assisté<br />

de six domestiques.<br />

En 1809, le préfet lui attribuait la réputation d’un « … galant homme, mais<br />

indifférent à tout ». Quelques années plus tard, en 1815, l’intendant du département<br />

de la Dyle le présentait comme : « … un honnête homme toujours attaché à<br />

l’Empereur d’Autriche, mais sans esprit et aucunes connaissances, aimé pour sa<br />

bonté et considéré à raison de sa fortune et de sa naissance ».<br />

130


Quand les départements réunis devinrent des provinces du royaume des Pays-Bas,<br />

Jean van der Dilft fut désigné comme membre du Corps Equestre du Brabant<br />

méridional par l’arrêté royal collectif du 13 mars 1816, et il fut inscrit sur les<br />

registres du Conseil suprême de la noblesse des Pays-Bas le 25 juillet 1825, avec<br />

reconnaissance de son titre de comte transmissible à tous ses descendants. Il fut<br />

chambellan du roi Guillaume I er de 1816 à 1830.<br />

Jean van der Dilft avait épousé à Bruxelles (La Chapelle), le 18 novembre 1785, une<br />

parente, Marie-Thérèse-Constance-Ernestine-Ghislaine de Vischer (Bruxelles-<br />

Saint-Géry-19 août 1766-Bruxelles 1 er brumaire an VII-22 octobre 1798) fille de<br />

Joseph-Albert-Ferdinand-Ghislain (Bruxelles 3 octobre 1735-Bruxelles 8 janvier<br />

1782), baron de Celles, député de l’Etat noble du Brabant. Celui-ci avait épousé<br />

à Malines, le 2 février 1765, Marie-Philippine-Ghislaine Coloma (Malines 3 juin<br />

1746-Bruxelles-Saint-Géry-2 février 1796, dame de la Croix Etoilée par brevet<br />

du 3 mai 1773.<br />

Ce mariage faisait de Jean van der Dilft le beau-frère d’Antoine de Vischer* et<br />

de Pierre de Roose*.<br />

Après vingt ans de veuvage, Jean van der Dilft se remaria à Bruxelles, le 11 juillet<br />

1818, avec Marie-Alexandrine-Louise d’Overschie, (Neeryssche 9 novembre<br />

1771-Bruxelles 29 mars 1823) sœur de Maximilien-Emmanuel d’Overschie*.<br />

De son premier mariage naquirent :<br />

Marie-Anne-Thérèse (Bruxelles-La Chapelle-17 septembre 1789-Beloeil 17<br />

août 1810), sans alliance.<br />

• Henriette-Joseph-Ghislaine (Bruxelles-La Chapelle-11 septembre<br />

1793-Bruxelles-7 brumaire an IX- 30 octobre 1800), sans alliance.<br />

• Antoine-Louis-Eustache (Düsseldorf 22 novembre 1794-Bruxelles 25<br />

novembre 1844). Le préfet Latour du Pin écrivait à son propos dans un rapport<br />

confidentiel du 30 mai 1809 : « Elevé chez son père, incapacité absolue et<br />

inquiétante ». Il fit partie du Corps Equestre du Brabant méridional de 1817<br />

à 1822, mais fut révoqué pour refus du serment à la Loi fondamentale, il<br />

fut également bourgmestre de Leeuw-Saint-Pierre. Il contracta mariage hors<br />

de son milieu, en épousant à Bruxelles, le 22 août 1832, Victoire-Marie<br />

Godfrinon (Bruxelles 1 er mars 1813- Bruxelles 12 décembre 1890) fille de<br />

Constant-Joseph Godfrinon, employé et de Marie Ludovici. Leur fils unique,<br />

Antoine-Victor-Constantin (Leeuw-Saint-Pierre 16 octobre 1833-Saint-<br />

Josse-ten-Noode 9 décembre 1912) fut éligible au Sénat.<br />

En 1806, Le comte Jean van der Dilft figurait au 12 e rang des trente plus imposés<br />

du département, en payant 10.000 francs d’impôts. Il était recensé parmi les<br />

131


plus riches propriétaires en 1812, avec 70.000 francs de rentes et l’intendant<br />

du département de la Dyle lui attribuait 60.000 francs de revenus en 1815. Il<br />

possédait des terres à Céroux-Mousty (château de Moriensart), à Leeuw-Saint-<br />

Pierre (château des Coloma) et à Cortil-Wodon.<br />

A.N., AF/4/1052, F/7/8364, F 7 /8364; A.G.R., Préfecture de la Dyle, P°1866 bis ;<br />

Annuaire de la Noblesse de Belgique, 1872, p. 262-267 ; F. BETERAMS, The<br />

High Society..., p. 14 ; Cl. BRUNEEL, Les grands commis…, p. 180-181 et 219-<br />

220 ; M. de CRAYENCOUR, « van der Dilft », dans De Schakel, t. IX, n° 1,<br />

1995, p. 9 ; Etat présent de la noblesse, 1987, p. 363 ; F. V. GOETHALS, Miroir<br />

des notabilités nobiliaires, Bruxelles, t. I, 1857, p. 890-894.<br />

DI MARTINELLI Jean-Guillaume (Diest-Saint-Sulpice-15 septembre<br />

1757-Bruxelles 8 octobre 1821).<br />

Une branche de la famille, originaire de La Haye (Pays-Bas), s’était fixée à Diest<br />

quand le grand-père de Jean, Antoine Di Martinelli s’y était marié le 25 août<br />

1728.<br />

Son fils aîné, Jean-Antoine-Guillaume (Diest-Saint Sulpice-27 juillet 1730-Diest<br />

22 décembre 1818) épousa le 24 juillet 1755, Marie-Chrisitine Deweerdt (1734- ?).<br />

Il était notaire et exerça de nombreuses années. Lors de la réfome consulaire, il<br />

fut désigné comme membre du Conseil de l’arrondissement de Louvain, mais il<br />

refusa excipant de son grand âge.<br />

Le couple eut quatorze enfants, Jean était l’aîné de ceux-ci.<br />

En 1777, il débuta ses études à l’Université de Louvain, où il obtint le 21 août<br />

1784, le diplôme de docteur utriusque juris. Ce fut un brillant étudiant puisque<br />

quelques mois plus tard, son professeur de droit canon lui proposa de reprendre une<br />

partie de ses cours. La politique de l’empereur Joseph II à l’égard de l’Université<br />

de Louvain suscita bien des remous au sein de celle-ci et Jean Di Martinelli fut<br />

compté parmi les opposants à la politique impériale.<br />

Lors de la Révolution brabançonne, la famille Di Martinelli se rangea aux côtés<br />

du parti vonckiste. Deux fils, Léopold et Vincent, s’engagèrent dans le corps de<br />

volontaires levé par la ville de Diest pour rejoindre l’armée des Etats-Belgiques<br />

Unis.<br />

Quand Jean Di Martinelli quitta l’Université de Louvain, il s’établit comme<br />

avocat dans sa ville natale. Lors de la seconde occupation française, il fut nommé<br />

agent national près la municipalité du canton de Diest.<br />

Le 27 brumaire an III (17 novembre 1794), les représentants en mission le<br />

désignèrent comme membre de l’administration de l’arrondissement de Brabant.<br />

132


Prétextant un état de santé déficient (goutte, maux de tête et fluxion de poitrine),<br />

il ne vint jamais siéger à Bruxelles, et fut finalement remplacé quelques mois<br />

plus tard. Il fut néanmoins nommé commissaire du Directoire exécutif près de la<br />

municipalité de Diest.<br />

Lors des élections de germinal an VI, Jean Di Martinelli fut choisi par l’assemblée<br />

électorale du département de la Dyle comme représentant au Conseil des Cinq-<br />

Cents. A cette occasion, on se rendit compte de sa popularité : la municipalité<br />

organisa un bal en son honneur et lors de son départ pour Paris, une trentaine de<br />

voitures l’accompagnèrent jusqu’à Louvain.<br />

Au sein de l’assemblée directoriale, il était considéré comme républicain, ce qui<br />

lui valut d’en être chassé par la loi du 19 brumaire an VIII, alors même qu’il se<br />

trouvait à Diest lors des débats houleux qui eurent lieu à Saint-Cloud.<br />

Revenu à Paris, Jean Di Martinelli chercha les appuis nécessaires pour trouver<br />

une place dans la nouvelle organisation judiciaire ; avec succès d’ailleurs, puisque<br />

le 17 messidor an VIII (6 juillet 1800), il fut nommé juge au nouveau Tribunal<br />

d’appel, qui devait siéger à Bruxelles.<br />

Maintenu comme conseiller à la Cour impériale en 1811, on songea même à lui<br />

pour occuper la charge de procureur général à La Haye quelques mois plus tard,<br />

mais il refusa de se déplacer. Il resta au sein de la Cour Supérieure de Justice de<br />

Bruxelles jusqu’à son décès en 1821.<br />

Ses qualités de juriste le firent désigner comme membre du Conseil de discipline<br />

et d’enseignement de l’Ecole de droit de Bruxelles le 25 avril 1806, et plus tard,<br />

sous Guillaume I er , il fit partie de la commission chargée de la révision des codes.<br />

Jean Di Martinelli resta célibataire. Il habitait à Bruxelles une grande partie de<br />

l’année, rue du Bois-Sauvage, assisté de deux domestiques, mais il possédait une<br />

belle maison à Diest avec un jardin, où l’on trouvait des plantes exotiques.<br />

On dispose de peu d’informations sur sa fortune. Sous le Directoire, il avait<br />

acquis près de quinze hectares de biens nationaux, dont la maison convenuelle<br />

des Augustins à Diest, pour un total de 53.160 francs.<br />

R. <strong>DE</strong>V<strong>LE</strong>ESCHOUWER, L’arrondissement de Brabant sous l’occupation<br />

française 1794-1795, Bruxelles, s. d., p. 181-182 ; J. SCHEER<strong>DE</strong>R, De familie<br />

Di Martinelli en de Kruisheren te Diest, in Clairlieu, 1975, 33 e année, p. 86 à 97.<br />

DOTRENGE Théodore-Joseph (Bruxelles- La Chapelle-11 janvier 1760-<br />

Bruxelles 15 juin 1836).<br />

S’il fallait définir en peu de mots, la carrière de Théodore Dotrenge, on pourrait<br />

133


dire que ce fut celle d’un intellectuel libéral dans la tourmente politique de son<br />

temps.<br />

Son père, Barthélémy-Joseph (Corbais 9 février 1724-Bruxelles 28 janvier 1796),<br />

brabançon d’origine liégeoise exerçait à Bruxelles, le métier d’agent, défendant<br />

les intérêts de personnes privées ou de collectivités auprès des pouvoirs publics.<br />

Ainsi, fut-il l’agent de l’Université de Louvain et surtout à partir du 23 septembre<br />

1780, celui du prince évêque de Liège auprès du Gouvernement provincial du<br />

Brabant des Pays-Bas et à ce titre, il bénéficia désormais du statut diplomatique.<br />

Sa correspondance politique a été publiée.<br />

Sa mère, Laurette Sironval était la nièce de dom Nicolas Spirlet, abbé de Saint-<br />

Hubert, créateur malchanceux de la forge du Fourneau Saint-Michel et la sœur du<br />

banquier François Sironval, qui fut plus tard, un vonckiste notoire.<br />

Théodore Dotrenge étudia la philosophie et le droit à l’Université de Louvain et<br />

fut reçu avocat au Conseil de Brabant le 1 er août 1782. Partageant les idées de son<br />

père, avec qui il avait collaboré quelques temps comme agent adjoint du prince<br />

évêque de Liège, Théodore Dotrenge se rapprocha du parti vonckiste lors de la<br />

Révolution brabançonne et devint secrétaire de la Société patriotique en février<br />

1790.<br />

Lors des émeutes fomentées par les statistes les 16-18 mars suivants, la maison<br />

des Dotrenge échappa au pillage, mais Théodore jugea prudent de se réfugier à<br />

Lille. Il ne revint à Bruxelles qu’après la restauration autrichienne.<br />

Quand Dumouriez conquit la Belgique, il fut élu représentant provisoire de<br />

la ville de Bruxelles le 18 novembre 1792, et en assuma très rapidement la<br />

présidence. Il fut aussi membre de la Société des Amis de la Liberté et de l’Egalité<br />

à Bruxelles. Ses opinions étaient alors favorables à la création d’une république<br />

belge indépendante. On écrivait à son propos : « Beaucoup de capacité et de<br />

probité, chaud partisan de la Révolution française et connaissant parfaitement<br />

les individus de tous les partis ».<br />

Au cours d’une entrevue à Tirlemont, avec le général Dumouriez le 24 novembre<br />

suivant, Théodore et deux de ses collègues protestèrent vigoureusement contre<br />

l’enlèvement des caisses publiques et la confiscation des biens des Belges au<br />

service de l’Autriche ainsi que ceux des émigrés français dans les Pays-Bas.<br />

Lors de la seconde restauration autrichienne, Théodore Dotrenge ne fut pas<br />

inquiété et reprit l’exercice de sa profession d’avocat.<br />

Après la bataille de Fleurus, la famille Dotrenge, comme beaucoup d’autres,<br />

craignant les excès de la Terreur, se retira quelques semaines au-delà du Rhin,<br />

134


mais elle revint rapidement à Bruxelles, pour éviter d’être considérée comme<br />

émigrée.<br />

Théodore Dotrenge reprit ses activités professionnelles de défenseur officieux et<br />

sa place au sein de la Société littéraire de Bruxelles, dont il était membre depuis<br />

plusieurs années.<br />

En 1798, le commissaire du Directoire près l’administration du département,<br />

François Mallarmé, le jugeait en ces termes : « Homme de loi d’un grand mérite.<br />

Jusqu’au temps de Dumouriez, ami prononcé de la révolution française, mais<br />

depuis la seconde entrée des Français, extrêmement refroidi et devenu avocat<br />

des soi-disants honnêtes gens. Il serait excellent républicain s’il n’avait ni mère<br />

ni famille à ménager ».<br />

Le 17 février 1799, Théodore Dotrenge fut choisi comme greffier par les juges du<br />

tribunal de commerce de Bruxelles. C’était une place rémunératrice qu’il préféra<br />

conserver quand le décret du 14 décembre 1810 interdit son cumul avec la qualité<br />

d’avocat. Il fut l’inamovible greffier du tribunal jusqu’en 1828.<br />

Quand Bonaparte prit les rênes du pouvoir en l’an VIII, Théodore Dotrenge était<br />

entouré de la plus flatteuse réputation.<br />

L’ancien ministre de la justice du Directoire, le belge Lambrechts, le considérait<br />

comme : « Un homme de mérite, de mœurs douces, ayant de la moralité et du<br />

désintéressement « et le recommandait pour une préfecture.<br />

Un an plus tard, le 4 messidor an IX (23 juin 1801), le préfet du département de<br />

la Dyle le dépeignait en ces termes : « Esprit, connaissances, force de caractère,<br />

activité telles sont les qualités qu’on lui reconnaît généralement et qui le rendent<br />

également propre aux fonctions de tribun ou à celles de préfet. Ses opinions<br />

publiques sont irréprochables, mais la pente naturelle de son esprit le portant<br />

à une certaine sévérité de principes, il serait possible que dans une assemblée<br />

délibérante où se discuteraient de grands intérêts, une faction adroite parvînt à<br />

le surprendre et à égarer momentanément sa bonne foi et son ardent amour pour<br />

la liberté ».<br />

Malgré ces opinions élogieuses, Théodore Dotrenge ne fit pas carrière sous le<br />

Consulat, ni sous l’Empire. Certes, il fut nommé conseiller municipal à Bruxelles<br />

en l’an IX, mais il cessa de le fréquenter après 1811 ; de même devint-il suppléant<br />

au tribunal criminel du département de la Dyle le 17 vendémiaire an X (9 octobre<br />

1801), mais ce n’étaient pas là des places dignes des talents dont on lui faisait<br />

crédit.<br />

Quand il fallut composer le cadre de la cour impériale de Bruxelles en 1810,<br />

le procureur général Beyts* le proposa comme conseiller, convaincu de ses<br />

135


qualités : « Dotrange [sic] est un des hommes les plus estimables et les plus<br />

instruits qu’il soit possible de connaître ; avocat consommé et plaidant devant<br />

la cour d’appel de Bruxelles, il jouit d’une assez belle fortune et de beaucoup de<br />

considération publique. Il ne gagnera pas en émoluments en devenant conseiller<br />

à la cour impériale et il ne le demande pas. C’est moi qui l’ai fait appeler et qui<br />

lui ai proposé le premier, comme il n’a pas refusé, j’ai interprété la chose comme<br />

acceptation, si je l’ai proposé c’est parce que ce choix est absolument fait pour<br />

rehausser davantage la considération de la Cour ».<br />

Comme un rapport de police anonyme faisait état de propos inconsidérés tenus<br />

par Théodore Dotrenge à l’égard du gouvernement, les propositions du procureur<br />

général restèrent dans les cartons du ministère.<br />

Ce n’est qu’après la fin de l’Empire, que Théodore Dotrenge donna la pleine<br />

mesure de ses talents. En janvier 1814, après l’occupation de Bruxelles, il fut<br />

envoyé à Paris par la municipalité, avec vander Linden d’Hooghvorst*, de<br />

Lichtervelde, Beaufort, de Godin* et Goubau de Bergijck, pour demander au<br />

quartier général des troupes alliées une diminution de la contribution de guerre<br />

imposée à la ville. A cette occasion, la délégation rencontra Falck, secrétaire<br />

du prince souverain, Guillaume d’Orange et lui déclara qu’après « vingt ans de<br />

calamités « , les Belges entendaient retrouver « leur existence nationale ».<br />

Mais dans un rapport sollicité par le baron Vander Cappellen, représentant<br />

du prince à Bruxelles, Théodore Dotrenge plaida la cause de la réunion des<br />

provinces belges à la Hollande, pour faire barrière à l’expansionnisme français,<br />

allant jusqu’à réclamer la restitution aux Pays-Bas des conquêtes de Louis XIV<br />

en Flandre.<br />

En 1815, Théodore Dotrenge fut nommé au sein de la commission chargée<br />

d’élaborer la nouvelle constitution du royaume des Pays-Bas ou Loi Fondamentale.<br />

L’avocat Jean-François Gendebien, un autre membre de cette commission, dira de<br />

lui : « Il a été vonckiste, il est zélé démocrate. Il est très instruit sur nos histoires<br />

et nos anciennes constitutions. Il a beaucoup d’esprit, il parle bien et de manière<br />

intéressante, il écrit très correctement et rédige ses pensées clairement. Dans les<br />

délibérations, il est franc et opine toujours avec indépendance ».<br />

Au sein de cette commission, Théodore Dotrenge se montra le porte-parole de<br />

la bourgeoisie libérale, défenseur de la responsabilité ministérielle devant le<br />

parlement, de la publicité des débats de celui-ci et de la liberté des cultes.<br />

Le roi Guillaume I er le nomma membre de la Seconde Chambre des Etats généraux,<br />

où il représenta la province du Brabant méridional. Bien qu’il dût sa position à<br />

la faveur royale, Théodore Dotrenge conserva toute son indépendance d’esprit et<br />

se montra un parlementaire actif (454 présences au cours des 686 séances de la<br />

Seconde Chambre entre 1815 et 1828). Il prit la parole à 171 reprises. Au fil de<br />

136


ses interventions, il se posa comme un des chefs de l’opposition, votant les troisquarts<br />

du temps contre les projets gouvernementaux.<br />

Défenseur des droits et libertés individuelles, de la liberté de la presse, du droit<br />

de pétition, il fut également un critique attentif de la politique financière et<br />

économique du gouvernement, s’opposant notamment aux impôts indirects sur<br />

la viande et le pain (droits d’abattage et de mouture).<br />

En revanche, ce libéral éclairé soutint la politique de Guillaume I er en matière<br />

d’enseignement, approuva la fermeture des petits séminaires et appuya la création<br />

d’un Collège philosophique pour assurer une formation solide aux futurs prêtres.<br />

Ses prises de position entraînèrent sa rupture avec l’Union, conclue entre les<br />

libéraux et les catholiques belges, à partir de 1827, pour s’opposer à Guillaume<br />

I er .<br />

Le roi ne nourrissait d’ailleurs aucune hostilité à l’égard de ce parlementaire<br />

critique mais constructif : régulièrement reçu en audience, Théodore Dotrenge<br />

fut décoré de l’Ordre du Lion Belgique en 1825 et fut nommé le 17 septembre<br />

1827, membre du Conseil d’Etat où il siégea dans la commission permanente<br />

chargée des affaires du culte catholique.<br />

Ses nouvelles fonctions l’amenèrent l’année suivante, à démissionner de son<br />

mandat parlementaire et de sa charge de greffier du tribunal de commerce de<br />

Bruxelles.<br />

Sur le plan local, Théodore Dotrenge avait été nommé le 23 juillet 1817, membre<br />

du conseil municipal de Bruxelles où il siégea pendant treize ans.<br />

La Révolution de 1830 mit fin à sa carrière. Comme conseiller d’Etat, il suivit le<br />

prince d’Orange à Anvers, en octobre 1830, dans son ultime et vaine tentative de<br />

sauver le royaume des Pays-Bas, fût-il régionalisé.<br />

Après cet échec, Théodore Dotrenge revint à Bruxelles, où il se positionna très<br />

vite, comme un des dirigeants du courant orangiste. En octobre 1831, un comité<br />

central du mouvement fut créé, plus ou moins clandestinement, à Bruxelles.<br />

Louis Van Gobbelschroy* et Théodore Dotrenge en assumèrent conjointement<br />

la présidence, mais quelques mois plus tard, à l’été 1832, il en démissionna pour<br />

borner désormais, son activité politique à une collaboration épisodique au journal<br />

orangiste Le Lynx. Ayant perdu tout emploi, trop âgé pour reprendre l’exercice du<br />

barreau, la situation matérielle de Théodore Dotrenge fut pénible au cours de ses<br />

dernières années, même s’il reçut un secours de 1.500 florins du roi Guillaume I er<br />

quelques mois avant sa mort.<br />

Ses funérailles en juin 1836, furent un dernier rassemblement des nostalgiques<br />

du royaume des Pays-Bas.<br />

137


Théodore Dotrenge ne se maria jamais. Il vécut presque toute sa vie, dans une<br />

maison au Marché au Bois à Bruxelles, qui appartenait à sa mère. Barthélémy<br />

Dotrenge et son épouse avaient eu quatorze enfants. Théodore était l’aîné des<br />

quatre fils, l’un François, devint capitaine dans l’armée autrichienne et s’installa<br />

à Vienne, l’autre Nicolas-Bernard, après des études de droit à Louvain, devint<br />

chanoine à Bruges, le dernier, Joseph, mourut célibataire à Bruxelles en 1834.<br />

Parmi les neuf filles, Marie-Anne épousa un négociant, Dominique Seghers, beaufrère<br />

de Guillaume Willems* et s’installa à la Nouvelle-Orléans ; Marie-Thérèse<br />

se maria avec Henri Lambelin, un avocat lillois, qui fut substitut du procureur du<br />

roi à Eecloo en 1811, avant de retourner dans sa ville natale en 1814. Les autres<br />

filles vécurent avec leur frère Théodore tout en fabriquant des dentelles.<br />

Même si sa mère fut taxée dans la 9 e classe de l’emprunt forcé de l’an IV, ce qui<br />

lui supposait 4.500 à 5.000 florins de revenus, Théodore Dotrenge ne fut jamais<br />

un homme riche, il ne figurait pas parmi les cent plus imposés de la ville de<br />

Bruxelles et en 1813, ses revenus étaient estimés à 2.000 francs. On doit donc<br />

accueillir avec réserve cette évaluation de ses ressources, car en 1815, l’intendant<br />

du département de la Dyle lui attribuait 7.000 francs de revenus, ce que pouvait<br />

justifier un cabinet d’avocat prospère.<br />

A son décès, il ne possédait qu’une part indivise dans trois maisons vieilles et<br />

caduques au Marché au Bois, grevées d’hypothèques de surcroît. L’actif de sa<br />

succession s’élevait à 9.970 francs, dont des livres estimés à 2.500 francs et un<br />

pauvre mobilier évalué à 560 francs.<br />

A.N., BB/7/29 1 ; F/1bII/Dyle/2 ; F/Ie/11.5 ; A.G.R., Administration centrale du<br />

département de la Dyle, n° 1341 ; L. FRANCOIS, Elite et Gezag, thèse de doctorat<br />

inédite, Université de Gand, 1987, t. IV, p. 887-938 ; Nationaal Biografisch<br />

Woordenboek, t. XIII, col. 242-248, notice L. FRANCOIS ; J. NAUWE<strong>LA</strong>ERS,<br />

Histoire des avocats…, t. I, p. 576 , t. II. n° 2130 ; Ph. VAN HIL<strong>LE</strong>, Het Hof van<br />

beroep van Brussel en de rechtbanken van Oost en West Vlaanderen onder het<br />

frans Bewind, 1800-1814, Handzame, 1970, p. 20, 30, 37.<br />

FESTRAETS Louis-Jean-François-Marie, de (Tirlemont-Saint-Germain-, 6<br />

mars 1757, Bruxelles, 25 janvier 1812).<br />

La famille de Festraets appartenait au patriciat de la petite ville de Tirlemont.<br />

Son père, Louis-Joseph-Charles de Festraets (Tirlemont-Saint-Germain-20<br />

novembre 1717-Tirlemont 14 juillet 1764) admis comme avocat au Conseil de<br />

Brabant le 18 février 1741, avait été échevin, puis bourgmestre de Tirlemont et<br />

à ce titre, avait obtenu une concession de noblesse le 14 février 1756. Il avait<br />

épousé à Tirlemont, le 16 février 1756, Marie-Catherine-Jeanne Dolphin, dame<br />

138


de Budingen et Betz (14 septembre 1739- Tirlemont 30 juin 1824). C’était une<br />

femme fortunée qui laissa une succession évaluée à 144.000 francs en 1825.<br />

Le couple eut quatre enfants :<br />

Louis-Jean-François-Marie<br />

• Joséphine-Pétronille-Marie (Tirlemont-Saint-Germain-19 mars 1759-<br />

Gossoncourt 18 février 1805) qui épousa Charles-François Godfriaux*.<br />

• Jean-Jacques-Dominique-Marie (Tirlemont-Saint-Germain-17 mai<br />

1761-Tirlemont 17 février 1793) qui fut également premier bourgmestre de<br />

Tirlemont<br />

• Thérèse-Gabrielle-Marie (Tirlemont-Saint-Germain-25 septembre<br />

1763-Marburg, 21 juin 1803) qui épousa le 4 juin 1793, Augustin Unger,<br />

commissaire des Guerres au service d’Autriche qu’elle suivit à Vienne.<br />

• Louis de Festraets fit ses études à l’Université de Louvain, où il fut immatriculé<br />

comme noble le 19 mai 1774, et dont il sortit licencié utriusque juris le 29<br />

août 1777. Pendant ses études, il avait été reçu aux lignages de Louvain et de<br />

Bruxelles.<br />

Il entama sa carrière en pratiquant le barreau à Paris pendant deux ans, puis<br />

il revint s’installer à Louvain, où il fut conseiller de ville dès 1780. Très actif,<br />

commissaire pour la plupart des affaires de la ville, il avait la réputation « …d’être<br />

le plus entendu « des membres du Magistrat. Un an plus tard, il fut admis comme<br />

avocat au Conseil de Brabant (20 décembre 1781).<br />

Quand arriva le temps des réformes de l’empereur Joseph II, Louis de Festraets<br />

postula la place de commissaire du futur district de Louvain, pour se désister de<br />

sa candidature quand il fut retenu comme juge au tribunal de première instance<br />

de Louvain.<br />

Après la Révolution brabançonne, vu son engagement antérieur en faveur de la<br />

politique impériale, il obtint une place d’auditeur surnuméraire à la Chambre des<br />

comptes, aux gages de 1000 florins (14 juillet 1791).<br />

Après la bataille de Fleurus, Louis de Festraets n’émigra pas, mais s’il n’eut<br />

aucune activité publique sous le Directoire, il n’hésita pas à se porter acquéreur<br />

de domaines nationaux et se fit appeler Festraets.<br />

Il avait donc le profil de ceux dont Bonaparte entendait peupler les conseils<br />

généraux de ses départements : noble, issu d’une famille influente, instruit, grand<br />

propriétaire terrien et acquéreur de biens nationaux. Il apparaissait comme le<br />

type du notable consulaire.<br />

139


Louis Festraets fut donc nommé membre du Conseil général du département de<br />

la Dyle le 4 prairial an VIII (24 mai 1800) et il en assuma la présidence à partir<br />

de la session de l’an X jusqu’en 1806. A partir de 1807, il ne participa plus aux<br />

travaux du Conseil et lors de la session de 1811, il se fit excuser pour cause de<br />

maladie. C’était quelques mois avant sa mort.<br />

Lors de la visite de Bonaparte à Bruxelles en l’an XI, il fut à l’origine d’un indicent<br />

qui provoqua la démission de cinq conseillers généraux : La Puente,La Serna*,<br />

Willems*, Francolet et d’Olmen*. Ceux-ci se plaignirent au Premier Consul :<br />

« Par un abus révoltant, le président Festraets empruntant le nom du Conseil<br />

général, s’avisa de former à sa guise, une espèce de commission de deux ou trois<br />

membres, ses parents et amis, pour avoir exclusivement l’honneur d’aller vous<br />

porter leur hommage à votre entrée dans le département. Que par suite du même<br />

abus, il se présenta à votre audience avec quelques membres où, toujours au nom<br />

du Conseil général du département, on a fait certaines demandes qui n’avaient<br />

pas été arrêtées par le Conseil ». L’anecdote montre le caractère directif de Louis<br />

de Festraets.<br />

Parallèlement à la présidence du Conseil général, il assuma également celle du<br />

Conseil général des hospices et secours de la ville de Bruxelles et fit partie dès<br />

l’an XI, du Collège électoral du département.<br />

Cétait une personnalité contestée : « Il n’a point pour lui, l’opinion publique « ,<br />

écrivait le préfet en 1806. Peut-être critiquait-on ses tendances autocratiques<br />

illustrées par l’incident de l’an XI ou s’agissait-il de jalousie à l’égard d’une<br />

homme riche qui ne cessa de s’enrichir.<br />

Son père, Louis-Joseph de Festraets avait jeté les bases de la fortune familiale<br />

en achetant au marquis de Viereville le 27 octobre 1758, l’importante seigneurie<br />

de Zuurbempde (arr. de Louvain). Ses deux tantes de Festraets, Ermeline-<br />

Marguerite douairière de Gabriel de l’Escaille, ancien pensionnaire de Tirlemont,<br />

et Christine-Alexandrine, ainsi que Marie-Catherine Dolphin, sa mère, avaient<br />

acheté en 1786, la seigneurie de Linsmeau sous Noduwez (arr. de Jodoigne)<br />

avec un château, un moulin, une brasserie et 110 bonniers de terres pour 115.400<br />

florins argent courant de Brabant.<br />

Louis Festraets recueillit l’essentiel de la succession de son père et de ses tantes<br />

qui en firent leur héritier universel.<br />

Très jeune, il commença à acheter petites ou grandes parcelles de terres, près ou<br />

bois mises en vente aux environs des trois grands biens familiaux à Zuurbempde,<br />

Opheylissem et Noduwez et il ne cessa de rassembler des terres jusqu’à son décès.<br />

140


Sa succession fit l’objet d’un inventaire minutieux vu la présence d’enfants<br />

mineurs.<br />

Outre un capital de 99.000 francs placé en rentes, le défunt possédait 650 hectares<br />

de terres diverses dont 278 hectares avaient été acquis comme biens nationaux.<br />

Ce patrimoine immobilier comptait plus de 200 parcelles différentes et vu la<br />

complexité de sa gestion, le tuteur des enfants, Joseph De Snellinck, un oncle<br />

maternel, demanda et obtint d’ailleurs, du conseil de famille, de se faire assister<br />

par du personnel rémunéré, à concurrence de 5 % du revenu des biens.<br />

En l’an XI, les revenus de Louis Festraets étaient estimés à 70.000 francs et en<br />

1806, il figurait au 5 e rang des trente contribuables les plus imposés du département<br />

en s’acquittant de 10.000 francs d’impôts.<br />

Louis Festraets avait acheté le 6 prairial an X (26 mai 1802), une maison rue de<br />

Belle-Vue près du Parc de Bruxelles, pour le prix de 22.000 francs. Cette demeure<br />

était luxueuse : on y trouvait un mobilier évalué à 26.000 francs dont 6.500 francs<br />

en argenterie, plusieurs services en porcelaine et une cave garnie de plus de 1.500<br />

bouteilles de bourgogne (Volnay), de bordeaux rouge (Saint-Emilion) et blanc, de<br />

vin de Rhin, de Malaga et de Champagne.<br />

Sa bibliothèque était celle d’un homme cultivé, elle comptait plus de 400<br />

titres. Un grand nombre de livres était consacré aux sciences, spécialement à<br />

la botanique, mais on y trouvait aussi, comme toujours à l’époque, des récits de<br />

voyage même dans des pays aussi lointains que la Chine, le Japon, le Levant ou la<br />

Nouvelle Guinée. Les grands auteurs latins : César, Tacite, Plutarque, Virgile, n’y<br />

figuraient qu’en traduction. Ils cotoyaient les oeuvres de Montaigne, d’Helvétius,<br />

de Condillac, de Montesquieu, de Fénelon et l’Arioste du Tasse avec Tom Jones<br />

de Fielding.<br />

La qualité de juriste de Louis Festraets était confirmée par la présence des écrits de<br />

Pothier, des Pandectes de Justinien et des Coutumes du Brabant, mais il manifestait<br />

également un goût prononcé pour l’histoire des Pays-Bas et de la France. On<br />

ne trouvait guère d’ouvrage en langue étrangère dans cette bibliothèque, mais<br />

on remarque la présence de dictionnaires français-anglais, français-allemand et<br />

français-italien.<br />

Louis de Festraets était âgé de 37 ans quand il épousa le 17 juin 1794, au château<br />

de Wyneghem, Joséphine-Dieudonné van der Fosse, Malines-Saint-Jean-16<br />

juillet 1769-Bruxelles 5 mai 1811), sœur cadette de Charles van der Fosse*. Le<br />

couple eut trois enfants :<br />

Pauline-Marie-Ghislaine (Bruxelles 1 er juin 1795-Bruxelles 3 avril 1832) qui<br />

épousa le 14 avril 1815, à Bruxelles, son cousin Edmond-Charles-Guillaume de<br />

la Coste (Malines 24 février 1788-Bruxelles 30 mars 1870), écuyer. Celui-ci avait<br />

déjà entamé une brillante carrière : auditeur au Conseil d’Etat dès 1809, il était<br />

141


devenu sous-préfet à Groningen (Hollande) en 1811, puis à Aix-la-Chapelle en<br />

1813. Sous le règne de Guillaume I er , il fut successivement membre du Conseil<br />

d’Etat (1821), gouverneur de la province d’Anvers (1828), ministre de l’Intérieur<br />

(1829-1830). Après l’indépendance de la Belgique, il fut élu sénateur (1831),<br />

puis membre de la Chambre des représentants (1842-1848 et 1850-1859) sur les<br />

listes libérales, puis catholiques.<br />

• Louis-Dominique-Ghislain (Bruxelles, 1 er ventôse an V-19 février<br />

1797-Bruxelles 18 avril 1878) qui fut membre du Corps équestre du Brabant<br />

méridional (1823) et bourgmestre de Linsmeau. Il épousa Sophie-Marie-Ghislaine<br />

de Marnix (12 novembre 1805-1 er octobre 1874), fille du comte Charles-Ghislain-<br />

Marie de Marnix (Rollencourt -France- 31 mai 1780-Bornem 6 mai 1832), Grand<br />

veneur du roi Guillaume I er , président du Corps équestre de la province d’Anvers<br />

(1817-1830), membre de la Première Chambre des Etats généraux (1824-1829).<br />

Sa mère était Dorothée van der Gracht.<br />

• Eulalie-Thérèse-Alexandrine (Bruxelles 15 messidor an VIII- 3 juillet 1799-<br />

Ternat 11 septembre 1874), qui épousa à Bruxelles, le 22 mai 1823, Henri-<br />

Joseph-Philippe de Fourmeau, comte de Cruquembourg (Bruxelles 26 avril<br />

1785-Bruxelles 13 janvier 1861), aide de camp du Prince d’Orange, puis du roi<br />

Guillaume II, qui termina sa carrière comme lieutenant général au service des<br />

Pays-Bas, titulaire du Grand cordon de l’Ordre du Lion néerlandais.<br />

A.N., AF/IV/1426, F/1cIII/Dyle/1 ; A.G.R., Enregistrement et Domaines, n° 275,<br />

acte 467, n° 276, acte 35, Justice de paix de Bruxelles, A 94, acte du 5 février<br />

1812, Notariat du Brabant, n° 10.067, notaire Van Campenhout à Bruxelles, acte<br />

du 23 août 1783, n° 30779, notaire Lindemans à Bruxelles, acte du 8 février<br />

1812, n°34.588, notaire Philippe Janssens à Tirlemont acte du 29 décembre<br />

1825 ; Annuaire de la Noblesse de Belgique, 1862, p. 101 ; Cl. BRUNEEL, Les<br />

Grands commis …, p. 247 ; Etat présent de la Noblesse belge, 1988, p. 318-319 ;<br />

J. NAUWE<strong>LA</strong>ERS, Histoire des avocats…, t. II, n° 2115 ; J. TARLIER et A.<br />

WAUTERS, Géographie et Histoire des Communes belges, Canton de Glabbeek,<br />

Bruxelles, 1882, p. 9-10, Canton de Jodoigne, Bruxelles, 1872, p. 272.<br />

FOSSE van der, Hyacinthe-Charles-Guillaume (Malines 2 octobre 1770-Aixla-Chapelle<br />

8 septembre 1834).<br />

Charles van der Fosse appartenait à une lignée de fonctionnaires éclairés qui,<br />

sous Joseph II, le Consulat, l’Empire, et le roi Guillaume I er , servirent le même<br />

idéal d’un Etat moderne.<br />

Son grand-père, Guillaume-François, écuyer, fut receveur général de la ville et<br />

châtellenie de Furnes, puis premier conseiller pensionnaire de ces mêmes entités.<br />

Son père, Jean-Baptiste-Nicolas van der Fosse (Furnes 10 septembre<br />

142


1736-Bruxelles 1 er mai 1797), fut avocat au Grand Conseil de Malines, conseiller<br />

pensionnaire de la ville de Malines, puis conseiller au Grand Conseil siégeant en<br />

cette ville, avant d’être promu au Conseil privé le 28 août 1791. Il avait épousé le 2<br />

juillet 1763, à Malines, Catherine-Hyacinthe-Ghislaine, comtesse de Respani (19<br />

février 1738-7 mars 1800) fille unique de François-Frédéric-Charles-Hyacinthe-<br />

Joseph, comte de Respani et d’Isabelle-Alexandrine-Josèphe van Parys.<br />

De cette union, naquirent quatre filles, dont Joséphine-Dieudonné-Ghislaine,<br />

épouse de Louis de Festraets* et deux fils.<br />

L’aîné, Alexandre-François-Ghislain (Malines 20 mai 1769-Malines 28 février<br />

1840), conseiller de préfecture du département de la Lys, puis avocat général près<br />

la Cour impériale de Bruxelles (1811), procureur général près la Cour Supérieure<br />

de Bruxelles (1814), puis gouverneur du Brabant septentrional le 13 juillet 1826,<br />

enfin de la province d’Anvers le 4 février 1830.<br />

Charles van der Fosse était son frère cadet. Il fit ses études au Collège thérésien<br />

à Bruxelles.<br />

Quand les représentants Haussmann et Briez créèrent le 24 vendémiaire an III,<br />

une Administration Centrale et Supérieure de la Belgique, le jeune Charles van<br />

der Fosse en fut nommé secrétaire général adjoint le 24 brumaire.<br />

Les représentants rendaient hommage à son « patriotisme » et il fut même question<br />

qu’il remplaçât le secrétaire général en titre. Dans l’esprit des représentants, être<br />

patriote signifiait nourrir des convictions républicaines et soutenir le projet de<br />

réunion de la Belgique à la France.<br />

Sur ce plan, Charles van der Fosse joua double jeu. En effet, en ventôse an III<br />

(février 1795), sous prétexte d’affaires de famille, il obtint un congé pour se rendre<br />

à Paris où avec l’avocat Barthélémy, envoyé des vicaires généraux de Malines, il<br />

tenta vainement de convaincre la Convention de renoncer à conserver les Pays-<br />

Bas autrichiens. Leur démarche ne recueillit guère d’approbation et Charles van<br />

der Fosse revint à Bruxelles déçu de son échec. Il ne se présenta plus aux séances<br />

de l’Administration Centrale et fut révoqué le 28 germinal suivant (17 avril 1795).<br />

Il s’abstint de toute activité politique pendant les années directoriales, mais son<br />

bref passage à l’Administration Centrale avait impressionné Charles Lambrechts<br />

qui y avait siégé avant de devenir ministre de la Justice du Directoire. Au début du<br />

Consulat, Lambrechts consulté pour presque toutes les nominations en Belgique,<br />

recommanda comme secrétaire général de préfecture cet « … homme d’une<br />

sagacité étonnante pour son âge et doué d’une grande capacité de travail ».<br />

Cette appréciation flatteuse le fit nommer au sein du Conseil municipal de<br />

Bruxelles le 9 floréal an VIII (20 avril 1800). Il contribua à la remise en ordre de<br />

143


l’administration de la ville. Il fit de même au sein du Conseil général des hospices<br />

dont il devint le chef de l’une des divisions.<br />

« Ses formes aimables et ses talents distingués » séduisirent le préfet Douclet<br />

de Pontécoulant, qui le pensait digne d’une place au Tribunat grâce à son<br />

élocution facile, ou d’une charge de préfet, car il possédait « … toutes les qualités<br />

administratives requises ».<br />

Charles van der Fosse dut se contenter d’entrer au Conseil général du département<br />

de la Dyle le 19 germinal an IX (9 avril 1801), il y siégea jusqu’en 1814.<br />

Bien que présenté comme candidat au Corps législatif en cinquième position<br />

en 1810 et président de l’assemblée électorale du 2 e canton de Bruxelles, il ne<br />

parvint toutefois pas à gagner la confiance des préfets qui remplacèrent Doulcet<br />

de Pontécoulant à la tête du département.<br />

La Tour du Pin-Gouvernet ne l’appréciait guère. Il le décrivait en 1810 : « Son<br />

caractère est souple et faux, on ne peut dire qu’il soit fin et adroit puisqu’il<br />

ne donne confiance à personne. Ses opinions seront celles de son caractère et<br />

prendront la teinte de son ambition ».<br />

La carrière de cet homme, qui passait pour partisan du régime français, se<br />

poursuivit après la chute de l’Empire. Le 14 mars 1814, il fut nommé directeur<br />

de l’administration de l’Enregistrement et des Domaines du département de la<br />

Dyle, puis bourgmestre de Bruxelles le 23 juillet 1817.<br />

Le 21 décembre 1820, il devint gouverneur de la province de Flandre occidentale,<br />

gouverneur de la province de Hainaut en 1824 et gouverneur de la province du<br />

Brabant méridional en 1828. C’est dans cette fonction qu’il dut affronter les<br />

événements d’août 1830 à Bruxelles.<br />

Charles van der Fosse avait été membre du Corps équestre du Brabant méridional<br />

le 14 janvier 1817, puis quelques semaines plus tard, membre du Corps équestre<br />

de la Flandre occidentale dont il fit partie jusqu’en 1830.<br />

L’indépendance de la Belgique signifia la fin de la carrière de Charles van der<br />

Fosse. Resté fidèle à la cause orangiste, il partit en exil et mourut à Aix-la-<br />

Chapelle en 1834. Il fut initié à la loge bruxelloise « Les Amis Philanthropes » en<br />

1803, puis fut membre d’une autre loge bruxelloise « L’Espérance ».<br />

Le 23 novembre 1794, Charles s’était uni à Bruxelles-Saint-Jacques-, à Henriette-<br />

Catherine-Ghislaine de Kerpen (?-Bruxelles 27 octobre 1795), fille du baron<br />

Joseph de Kerpen et d’Isabellle de Molo, dont il eut une fille Justine-Françoise-<br />

Ghislaine (Bruxelles-Sainte-Gudule- 3 septembre 1795-Bruxelles 29 août 1861)<br />

décédée sans alliance. Elle fut sa seule descendante.<br />

144


Il se remaria dix ans plus tard, le 20 germinal an XII (10 avril 1804), à Bruxelles,<br />

avec Elisabeth de Beughem (Bruxelles 14 novembre 1781-Bruxelles 16 août<br />

1809), fille du vicomte Ferdinand et de Jeanne de Beughem.<br />

Il contracta un troisième mariage à Bruxelles, le 16 septembre 1817, avec<br />

Léopoldine-Victoire-Emmanuelle Goubau, (Malines 2 février 1791-Bruxelles<br />

13 août 1841) fille de Melchior-Joseph-François-Ghislain Goubau (Malines<br />

14 février 1757-La Haye 18 janvier 1836) et de Jeanne-Julie de Villegas de<br />

Pellenberg (Mons 25 mai 1755-Bruxelles 27 janvier 1838). Melchior Goubau<br />

avait été conseiller au Grand Conseil de Malines (1778), membre de la Chambre<br />

aulique (1801). Il était à l’époque directeur du Culte catholique (1816-1826),<br />

puis il fut un des négociateurs du Concordat entre les Pays-Bas et le Saint-Siège,<br />

enfin il devint membre de la Première Chambre des Etats Généraux et ministre<br />

d’Etat (1826).<br />

Cette troisième union est caractéristique du milieu dans lequel évoluait Charles<br />

van der Fosse. En effet, Melchior Goubau avait été un collègue de son père au<br />

Grand Conseil de Malines. Son frère, Alexandre van der Fosse avait siégé avec<br />

l’oncle de son épouse, Eugène Goubau au sein du Conseil de préfecture du<br />

département de la Lys, puis à la Cour Supérieure de Bruxelles.<br />

La fortune de Charles van der Fosse était très confortable. Lors de la levée de<br />

l’emprunt forcé de l’an IV, il fut taxé dans la classe la plus élevée, la 16 e , ce<br />

qui impliquait des revenus de l’ordre de 11 à 12.000 florins courant de Brabant.<br />

Dès l’an VI, les frères et sœurs van der Fosse avaient constitué entre eux, une<br />

société pour l’acquisition de biens nationaux. A titre personnel, Charles acheta<br />

92 hectares de terres sous le Directoire pour un montant d’1.151.500 livres. Il<br />

figurait à la 10 e place sur la liste des trente plus imposés du département de la<br />

Dyle en 1806 en payant 10.000 francs d’impôts.<br />

Sous l’Empire, il louait à Bruxelles, rue Notre-Dame-aux-Neiges, un hôtel, avec<br />

porte cochère et 27 portes et fenêtres, d’une valeur locative de 750 francs et<br />

occupait trois domestiques.<br />

A.N., AF/IV/1426 et 1052 ; F/1bII/Dyle/2 ; F/1cIII/Dyle/2 ; A.G.R., Administration<br />

centrale du département de la Dyle, n° 1341, Notariat du Brabant, n° 17.130/3,<br />

notaire Coppyn, acte du 7 prairail an VI ; F. BETERAMS, The High Society…,<br />

p. 14 ; C. BRUNEEL, Les Grands commis… p. 264-265 ; Etat présent de la<br />

Noblesse, 1988, p. 353.<br />

FOURMEAUX Joseph-Lambert (Thuillies 1 er mai 1744-Marchienne-au-Pont<br />

après 1823).<br />

Joseph Fourmeaux naquit dans un petit village près de Thuin qui dépendait à<br />

l’époque, de la principauté de Liège. Son père Jean-Joseph Fourneaux avait<br />

épousé Jeanne-Cartherine Camus. C’était un fermier propriétaire suffisamment<br />

145


aisé pour faire accomplir à son fils des études, jusqu’à l’accomplissement de la<br />

philosophie à l’Université de Douai.<br />

Après la mort de ses parents, en 1770, Joseph Fourmeaux vint s’établir à Bruxelles,<br />

où il exerça le commerce de quincaillerie. Il fut reçu bourgeois de la ville le 12<br />

juin 1776.<br />

Il n’eut aucune activité publique avant la seconde occupation française. Il fut alors,<br />

désigné par les représentants en mission près l’armée du Nord et de Sambre-et-<br />

Meuse, comme conseiller des Nations dans le magistrat de la ville de Bruxelles<br />

renouvelé le 24 fructidor an II (10 septembre 1794). Le 1 er floréal an III (20 avril<br />

1795), il devint échevin du magistrat, puis le 25 frimaire an IV (16 décembre<br />

1795), officier municipal et président de la municipalité.<br />

Il ne fut pas maintenu dans ses fonctions lors des élections de germinal an V, et<br />

devint alors, administrateur des Hospices civils de la ville, mais il fut destitué peu<br />

après, par la nouvelle municipalité présidée par Arconati Visconti*.<br />

Après le coup d’Etat du 18 fructidor, il fut désigné par le Directoire comme<br />

administrateur du département de la Dyle. Les élections de l’an VI le ramenèrent<br />

au sein de la municipalité, qu’il présida par intervalle et ce pendant les quatre<br />

années qui précédèrent le coup d’Etat de brumaire an VIII.<br />

Considéré comme un « fonctionnaire à conserver « , Joseph Fourmeaux fut<br />

nommé conseiller de préfecture en remplacement de Nicolas Rouppe*, quand<br />

celui-ci fut nommé maire de Bruxelles le 29 thermidor an VIII (17 août 1800).<br />

Fourmeaux exerça sa charge pendant quinze ans, donnant l’exemple d’une<br />

« conduite irréprochable ».<br />

Lors de la chute de l’Empire en février 1814, le Conseil de préfecture continua<br />

ses fonctions sous le nom de Conseil d’intendance avant d’être supprimé dans<br />

le cadre de la nouvelle organisation administrative du royaume des Pays-Bas, à<br />

l’automne 1815. Joseph Fourmeaux fut alors, mis à la retraite car il était considéré<br />

comme très âgé et le gouverneur de la province du Brabant méridional proposa<br />

qu’il lui fût accordé un traitement de retraite équivalent à ses appointements de<br />

2.000 francs par an. On ignore si cette proposition fut suivie d’effet.<br />

Joseph Fourmeaux liquida ses biens à Bruxelles en 1819, et se retira à Marchienneau-Pont<br />

près de Charleroi, où un cousin de son épouse, Bernard-Dominique<br />

Monnom exploitait une ferme. On perd sa trace après 1823.<br />

Joseph Fourmeaux avait épousé à Bruxelles -La Chapelle-le 15 février 1783,<br />

Marie-Thérèse Monnom, originaire comme lui, de la région de Charleroi. Elle<br />

était née à Nalinnes vers 1754, et mourut à Bruxelles le 21 mai 1811.<br />

Le couple eut trois enfants :<br />

146


Joseph-Lambert (Bruxelles-La Chapelle-2 mars 1784-Bruxelles 5 floréal an<br />

XIII- 26 avril 1805).<br />

• Antoine-Alexandre (Bruxelles -La Chapelle- ?) que son père fit mettre sous<br />

tutelle pour imbécillité, par jugement du tribunal de première instance de<br />

Charleroi du 1 er avril 1820.<br />

• Albertine-Thérèse-Josèphe (Bruxelles-La Chapelle-7 août 1788- Bruxelles<br />

21 juillet 1813) qui avait épousé à Bruxelles le 20 août 1812, Henri-Claude<br />

Greindl (Bruxelles 5 mai 1768- Bruxelles 1 er février 1836). C’était le fils de<br />

Philippe Greindl et Caroline Bauwers. Il était veuf de Pauline Charlier. Le<br />

frère du marié, Joseph Greindl, était à l’époque, juge au tribunal de première<br />

instance de Bruxelles et fut plus tard, conseiller à la Cour supérieure de Justice<br />

de Bruxelles. Joseph Greindl fut membre de la loge bruxelloise « Les Amis<br />

Philanthropes ».<br />

Joseph Fourmeaux était un homme fortuné dès avant le début de sa vie publique.<br />

« Avant la Révolution, écrivait-il en l’an IX, mon patrimoine, celui de ma femme et<br />

mon commerce m’avaient procuré un revenu tant foncier que mobilier d’environ<br />

10.000 francs ». Mais il subit des pertes considérables dans son commerce presque<br />

nul en l’an IX du chef des réquisitions qui lui firent payer au prix du maximum et<br />

au pair ». En l’an IX, il estimait ses ressources à 8.000 francs par an, y compris<br />

son traitement de 2.000 francs et en 1806, il payait 1.197 francs d’impôts dans le<br />

département de la Dyle. Joseph Fourmeaux vivait pourtant modestement, rue des<br />

Aveugles à Bruxelles, avec la seule assistance d’une servante.<br />

Joseph Fourmeaux avait acquis plusieurs biens nationaux sous le Directoire :<br />

dans le département de la Dyle, une ferme à Lillois avec 93 hectares, des terres<br />

à Saintes ; dans le département de Jemappes, une petite ferme à Ham-sur-<br />

Heure et le couvent des Recollettines à Marchienne-au-Pont. Lors du partage<br />

de la communauté avec son beau-fils en 1823, l’ensemble des biens des époux<br />

Fourmeaux-Monnom fut évalué à 160.000 francs.<br />

A.N., F/1bII/Dyle/4 ; A.G.R., Préfecture de la Dyle, P° 1012 , Gouvernement<br />

provincial du Brabant, série A, n°7, Notariat du Brabant n° 20. 009, notaire<br />

Thomas, acte du 19 juillet 1823.<br />

GLYMES de HOL<strong>LE</strong>BECQUE Henri-Joseph-Nicolas, comte de (Thisnes 11<br />

août 1755-Jodoigne-Souveraine 17 août 1813).<br />

Henri de Glymes de Hollebecque, comte du Saint-Empire, membre de la Très<br />

Noble Chambre Aulique de Sa Majesté, vicomte de Jodoigne et de Broucq<br />

appartenait à une famille anoblie le 22 décembre 1643, par l’empereur Ferdinand<br />

III et dont les membres s’étaient consacrés à la carrière des armes.<br />

Il était le fils aîné issu du second mariage de son père, Ernest-Joseph (?<br />

147


-Tirlemont 14 avril 1769) avec dame Philiberte-Josèphe de Boudry (Tubize mai<br />

1731-Tirlemont 27 janvier 1767).<br />

Henri de Glymes fut d’abord militaire au service d’Autriche, puis s’inscrivit<br />

à l’Université de Louvain où il obtint une licence ès lois. Il était sur le point<br />

d’obtenir son entrée aux Etats de Namur et de recevoir la clé de chambellan de<br />

l’Empereur quand éclata la Révolution brabançonne.<br />

Après l’occupation française, il se retira à Wavre, puis en son château de Jodoigne-<br />

Souveraine consacrant son temps à l’exploitation de ses terres à Jodoigne et<br />

Dongelberg. Il traversa sans encombre la période directoriale et sous l’Empire,<br />

devint maire de Jodoigne-Souveraine (1807-1812), membre du Conseil général<br />

du département de la Dyle (1 er mars 1811) et il présida à l’assemblée électorale<br />

du canton de Jodoigne en 1812.<br />

Quand il mourut, il fut enterré, avec la complicité du maire de la ville, dans la<br />

chapelle du Marché, sur la grand-place de Jodoigne, aux côtés de ses ancêtres,<br />

malgré l’interdiction édictée par Joseph II et renouvelée par la loi du 23 prairial<br />

an XII, qui prohibait les inhumations dans les églises. Saisi d’une plainte, le<br />

préfet conseilla de ne pas y donner suite, vu l’influence de la famille de Glymes<br />

dans le canton et le fait que celle-ci s’était ralliée au régime, trois de ses fils<br />

servant dans les armées impériales.<br />

Henri de Glymes avait épousé à Tirlemont, le 20 janvier 1783, Elisabeth-Josèphe<br />

de Lardenois de Ville (Tirlemont 26 octobre 1764-Jodoigne-Souveraine 23<br />

novembre 1828), fille du vicomte Louis-Antoine, seigneur de Villers et agent<br />

général de l’Ordre de Malte dans les Pays-Bas autrichiens, et de Guillelmine-<br />

Françoise de Waha.<br />

Le couple eut onze enfants, dont la destinée fut marquée par la tradition familiale,<br />

quatre des sept fils embrassèrent le métier des armes, les deux autres servirent<br />

l’Etat comme fonctionnaires ; les trois filles se marièrent dans le milieu militaire.<br />

Ernest-Joseph-Henri-Nicolas (Tirlemont 27 mars 1784-Mons 7 juin 1864),<br />

directeur de l’Enregistrement et des Domaines à Mons, sous Guillaume I er , membre<br />

du Corps Equestre du Hainaut (1817-1830) qui épousa Marie-Henriette-Charlotte-<br />

Judith de Berlaymont, dame de Beugnies (Harmignies 18 mai 1782-Harmignies 14<br />

septembre 1862). C’était la fille de Charles-Winand de Berlaymont, écuyer et de la<br />

comtesse Marie-Thérèse de Glymes de Hollebecq. Ernest de Glymes fut éligible<br />

au Sénat pour ses propriétés foncières sises à Spiennes, Harmignies et Mons.<br />

• Louis-Ernest-Henri-Joseph-Nicolas (Tirlemont 8 octobre 1785-Tirlemont 16<br />

avril 1787).<br />

• Théodore-Honoré-Ernest-Henri (Tirlemont 27 septembre 1786- Jodoigne-<br />

Souveraine 1 er août 1854), lieutenant au 69 e régiment d’infanterie dans l’armée<br />

148


impériale, chevalier de la Légion d’honneur, major de la Garde communale<br />

sous Guillaume I er , directeur de l’administration de l’Enregistrement, du<br />

Timbre et des Hypothèques de la province de Hainaut de 1816 à 1825. En<br />

épousant à Jodoigne-Souveraine, le 5 janvier 1831, Agnès Tirou (Mons 13<br />

septembre 1794-Jodoigne-Souveraine 12 octobre 1837), fille de François<br />

Tirou et Elisabeth Halkin, rentiers à Mons, il régularisait une liaison dont<br />

étaient issus deux enfants naturels. François-Adolphe-Théodore, né à Villesur-Hain<br />

le 9 février 1823 et Libert-Joseph, né à Mons le 29 juillet 1824,<br />

furent légitimés par mariage.<br />

• Marie-Louise-Ange-Victoire (Tirlemont 27 septembre 1787- ?) qui épousa<br />

à Jodoigne-Souveraine, le 2 juin 1824, le chevalier Joseph-Henri-Louis<br />

de Mesmacre (Woluwe-Saint-Pierre 20 juin 1770-Bruxelles 7 décembre<br />

1846), vicomte de Lardenois de Ville. Ce général major au service de<br />

l’Empereur d’Autriche était le fils de Philippe-Joseph Bernard de Mesmacre<br />

( Bortmoorbeeck 16 février 1722-Tirlemont 29 mars 1812), ancien directeur<br />

général adjoint des Etats de Brabant et d’Anne-Adrienne-Caroline (Linter 11<br />

juillet 1747-Tirlemont 23 octobre 1831), vicomtesse de Lardenois de Ville. Il<br />

était commandeur de l’Ordre de Saint-Vladimir et chevalier de Saint-Louis.<br />

• Florence-Marie-Huberte-Josèphe-Isabelle (Tirlemont 11 octobre 1788- Paris<br />

?) qui épousa à Jodoigne-Souveraine, le 29 juillet 1818, Antoine-Germain<br />

Bidé, comte de Maureville (Rochefort 17 novembre 1752-Paris 1 er arr. 11 mars<br />

1840). C’était un vieil officier (66 ans) de la Marine Royale. Engagé en 1771,<br />

il avait gravi tous les grades pour devenir capitaine de vaisseau le 1 er janvier<br />

1792, avait participé à la guerre d’Amérique et aux combats d’Ouessant et<br />

de Porto-Rico. Il avait émigré en mars 1792, mais avait repris du service à la<br />

Restauration et avait été nommé contre amiral en 1816. Il appartenait à une<br />

famille où on était officier de marine de génération en génération. Son père, le<br />

comte Hippolyte-Bernard de Maureville avait commandé le port de Rochefort<br />

pendant plusieurs années et portait la Grand-Croix de l’Ordre de Saint-Louis.<br />

Deux frères de Antoine-Germain, comme lui officiers de marine et émigrés,<br />

avaient été tués à Quiberon. Il n’avait d’autre fortune que son traitement, tous<br />

ses biens ayant été vendus du fait de son émigration. Il fut mis à la retraite le<br />

31 août 1830, avec une solde de 4.800 francs, mais à son décès, Florence de<br />

Glymes ne bénéficia que d’une pension de 1.000 francs. Bidé de Maureville<br />

était chevalier de Saint-Louis depuis 1782 et devint chevalier de la Légion<br />

d’honneur en 1820 et officier en 1828.<br />

• Henri-Ferdinand-Ernest-Joseph (Villers-le-Peuplier 18 décembre<br />

1789-Jodoigne-Souveraine 18 janvier 1865), maire de Jodoigne-Souveraine<br />

(25 août 1812-16 juin 1814), commissaire du district de Charleroi (1815-<br />

1830), membre du Corps Equestre de la province de Hainaut (1820-1830),<br />

député permanent du Conseil provincial du Brabant sous Léopold I er . Eligible<br />

au Sénat pour ses propriétés de Jodoigne-Souveraine et de Bruxelles. Il<br />

149


avait épousé le 18 octobre 1815, Marie-Thérèse-Antoinette-Joséphine de<br />

Villers ( Jodoigne 24 janvier 1794-Liège 10 août 1832).<br />

• Adolphe-Joseph-Labre (Tirlemont 14 décembre 1791-Jodoigne-Souveraine<br />

7 juin 1834), major au 69 e régiment d’infanterie dans l’armée impériale,<br />

chevalier de la Légion d’honneur et de l’Ordre du Lys, bourgmestre de<br />

Jodoigne-Souveraine. Il avait épousé à Jodoigne-Souveraine, le 29 avril 1830,<br />

une jeune femme d’origine modeste : Constance-Josèphe Recom (Jauchelette<br />

1 er mars 1797- Jodoigne-Souveraine 26 février 1865), fille de Jean-Théodore<br />

Recom ( ?-Jauchelette 22 juin 1825) et Marie-Josèphe Louis, cultivateurs à<br />

Jauchelette. Il légitima par mariage deux enfants : Emilie née le 8 octobre<br />

1822 et Théodore-Jules né le 26 octobre 1824. Adolphe de Glymes fut reçu<br />

franc-maçon dans la loge louvaniste « La Constance » vers 1826.<br />

• Joseph-Henri-Labre (Jodoigne-Souveraine 23.12.1792-Hanau 26.05.1813)<br />

lieutenant au 147 e régiment de ligne, tué à la bataille de Hanau (Hesse).<br />

•<br />

• Gustave (Wavre 28 février 1796- ?), premier lieutenant au régiment des<br />

hussards de Croÿ sous Guillaume I er .<br />

•<br />

• Joséphine-Louise-Ernestine (Jodoigne-Souveraine 27 fructidor an V- 13<br />

septembre 1795-Paris 17 février 1844) ; qui épousa en premières noces le<br />

27 octobre 1818, à Jodoigne-Souveraine, Charles-Patrice-Edouard, baron<br />

Osy (Rotterdam 27 novembre 1788- Cologne 16 octobre 1862, noyé dans<br />

le Rhin), banquier. C’était le fils de Corneille-Bauduin-Ghislain, seigneur<br />

de Zegwaart (Rotterdam 1757-Bruxelles 1831), éligible au Sénat qui avait<br />

épousé sa cousine, Isabelle-Marie-Françoise Osy.<br />

• Corneille Osy avait été nommé le 3 mars 1814, trésorier général des Finances<br />

de la Belgique et obtenu le 25 février 1817, reconnaissance de noblesse et du<br />

titre de baron. Il siégea de février 1816 à octobre 1830 à la Première Chambre<br />

des Etats-Généraux et figura parmi les conseillers financiers de Guillaume I er .<br />

Il avait acquis le 5 décembre 1811, l’ancien domaine seigneurial de Malèves<br />

qui comprenait un château et s’étendait sur 476 hectares situés dans les<br />

environs de Jodoigne.<br />

Patrice Osy dirigeait la maison de commerce Jean Osy et fils de Rotterdam et la<br />

société Osy et Compagnie à Anvers.<br />

Son mariage avec Joséphine de Glymes fut dissous par jugement de divorce<br />

prononcé par le tribunal de Liège le 10 septembre 1835. En secondes noces,<br />

celle-ci épousa à Paris le 1 er juillet 1837, Alexis-Ghislain-Désiré, baron Daelman<br />

de Wildre (Chimay 17 septembre 1800- Paris 22 juillet 1873) major d’infanterie,<br />

chevalier de la Légion d’honneur, de l’Ordre de Guillaume I er et de l’Ordre de<br />

Léopold.<br />

150


Louis-Henri-Joseph-Dieudonné (Jodoigne-Souveraine 14 frimaire an VII-<br />

Jodoigne-Souveraine 11.05.1830) sans alliance.<br />

La fortune d’Henri-Joseph de Glymes n’était pas négligeable. En 1810, ses<br />

revenus étaient estimés à 20.000 francs. Il possédait à Jodoigne, un château sur<br />

la grand-place, avec une ferme contiguë de 120 bonniers de terres et 18 bonniers<br />

de prairies, 45 bonniers de terres à Sainte-Marie-Geest, le château et la ferme de<br />

Jodoigne-Souveraine avec 132 bonniers de terres et prairies et le château-ferme<br />

de Glymes.<br />

A.N., F/1bII/Dyle/2 et 3, F/1cIII/Dyle/2 ; S.H.M. CC7/203 ; A.G.R., Préfecture<br />

de la Dyle, P° 1747 ; R. HANON de LOUVET, Histoire de la Ville de Jodoigne,<br />

Beauvechain, 1996, t. II, p. 901à 903 ; F.V. GOETHALS, Dictionnaire<br />

généalogique et héraldique des familles nobles de Belgique, t. IV, Bruxelles,<br />

1852, p. 923-924 et Miroir des Notabilités nobiliaires, t. I, Bruxelles, 1857, p.<br />

472 ; J. TORDOIR, Le château de Dongelberg et son domaine à travers l’histoire,<br />

Incourt 2004, p. 73-75 ; J. TARLIER et A. WAUTERS, Histoire et Géographie<br />

des Communes belges, Canton de Jodoigne, Bruxelles, 1872, p. 54-55.<br />

GODFRIAUX Charles-François-Ghislain (Orbais 18 août 1744-Louvain 14<br />

avril 1833).<br />

La famille était originaire du village d’Orbais en Brabant wallon près de Perwez.<br />

Le père de Charles, Ferdinand-Antoine Godfriaux (Orbais 3 juin 1707-Tirlemont<br />

17 mars 1784), possédait la plus importante ferme d’Orbais et quelques petites<br />

seigneuries comme Aubremez, Ast, Aucharden etc…Il avait épousé Anne-<br />

Catherine Jamin (Corroy 4 décembre 1712-Gossoncourt 2 octobre 1795).<br />

Charles était le cadet de leurs six enfants et le seul qui contracta mariage. Il<br />

fut reçu avocat au Conseil de Brabant le 22 décembre 1766. Après avoir résidé<br />

quelque temps à Bruxelles, il hérita d’un « beau bien « dans les environs de<br />

Tirlemont où il se maria en 1776. L’Ordre de Malte lui confia la direction des<br />

biens de la commanderie de Tirlemont, administration dont il s’acquitta « avec<br />

bonheur et assiduité « .<br />

Le 18 septembre 1781, il acheta la seigneurie de Gossoncourt près de Tirlemont,<br />

pour 61.700 florins de Brabant argent de change, avec un manoir, une ferme, 65<br />

bonniers, une brasserie, un cabaret banal et un livre censal. L’année suivante, ses<br />

parents lui donnèrent la cense d’Aubremé à Grand-Rosières avec 117 bonniers de<br />

terres (16 avril 1782) et la ferme du Paenhuys hof à Esemael près de Tirlemont,<br />

avec 39 bonniers de terres et une brasserie (1 er mai 1782) tandis que sa sœur<br />

Marie-Angélique Godfriaux, décédée à Tirlemont le 22 nivôse an X (12 janvier<br />

1802) recevait leur ferme d’Orbais.<br />

Charles Godfriaux se consacra désormais, à l’élevage des chevaux au sein du<br />

151


haras qu’il avait créé.<br />

Les événements de la Révolution brabançonne eurent des conséquences<br />

dramatiques pour lui. Son château et sa ferme de Gossoncourt furent saccagés et<br />

pillés et les émeutiers enlevèrent 48 chevaux de son haras. Les dégâts causés à<br />

ses propriétés furent évalués à 46.667 florins. « Cela ne m’a fait perdre courage,<br />

écrivait-il en l’an VIII, j’ai tâché de remplacer le tout et pour soutenir cette<br />

besogne, j’ai cultivé moi-même deux campagnes à trois lieues l’une de l’autre, je<br />

passe successivement de l’une à l’autre et je ne puis être absent 24 heures sans<br />

des pertes considérables ».<br />

Ces soucis matériels expliquent entre autres, que Charles Godfriaux se soit<br />

abstenu de toute activité publique et n’ait pas accepté la place de membre du<br />

Conseil d’arrondissement de Louvain qui lui fut proposée le 4 prairial an VIII<br />

(25 mai 1800).<br />

En 1815, l’intendant du département de la Dyle faisait un portrait peu flatteur<br />

de cet éleveur de chevaux : « Vivant à la campagne, cet homme violent est peu<br />

considéré « et soulignait qu’il avait conservé son attachement pour la maison<br />

d’Autriche. Charles Godfriaux figura parmi les notables appelés à ratifier la<br />

nouvelle Loi fondamentale.<br />

Charles-François Godfriaux avait épousé en l’église Saint-Germain à Tirlemont,<br />

le 10 juin 1776, Joséphine-Marie-Pétronille Festraets (Tirlemont 19 mars<br />

1759-Gossoncourt 15 février 1805) sœur de Louis Festraets *. Le couple eut<br />

quinze enfants, dont six moururent avant l’âge adulte. Parmi les sept filles<br />

survivantes, trois restèrent sans alliance et deux devinrent religieuses.<br />

• Marie-Ferdinande-Fidèle dite Mimie (Tirlemont 23 mars 1777-Gossoncourt<br />

12 mai 1803), sans alliance.<br />

• Joséphine-Caroline-Anne-Catherine-Marie née à Tirlemont le 1 er septembre<br />

1779 et morte au Couvent du Val Virginal à Overlaere le 16 juillet 1828.<br />

• Marie-Angélique-Josèphe (Tirlemont 25 mai 1781-?) religieuse carmélite à<br />

Amiens.<br />

• Charles-Hermelinde-Jean (Tirlemont 23 mars 1786-Tirlemont 15 avril 1864)<br />

sans alliance.<br />

• Thérèse-Marie-Gabrielle-Agathe (Tirlemont 5 février 1789-Noorderwyckprovince<br />

d’Anvers- 10 mars 1828) épousa à Gossoncourt, le 10 avril<br />

1815, son beau-frère, le baron Victorien-Ghislain-Nicolas de T’Serclaes<br />

(Bruxelles-Finistère-13 novembre 1795-Norderwyck 13 octobre 1848) fils<br />

du baron Augustin-Joseph-Théodore de T’Serclaes (1764-1811), seigneur de<br />

152


Noorderwyck et Zoerle-Perweys et d’Augustine-Françoise-Nicole Le Duc<br />

d’Holdre (1768-1835).<br />

• Charlotte-Françoise (Liège 1 er mai 1790-Westmeerbeek 14 septembre 1859),<br />

sans alliance.<br />

• Louise-Marie-Caroline (Tirlemont 30 septembre 1791-Lierre 3 septembre<br />

1849) qui épousa à Gossoncourt, le 21 avril 1818, Jean-Joseph-François<br />

Montens (Geel 10 octobre 1776-Lierre 30 juin 1852), bourgmestre de<br />

Lierre, fils d’Hubert-Jacques-Joseph Montens (Breda 19 mai 1733-Geel 2<br />

janvier 1809), avocat au Conseil de Brabant et de Colette-Barbe Ooms, dame<br />

d’Oosterwyck-Houtvenne. Jean-Joseph Montens avait épousé en premières<br />

noces le 13 août 1804, Charlotte-Ghislaine-Nicole le Duc, (morte à Malines<br />

19 janvier 1817) fille de Victorien le Duc, dit de Ledalen et de Jeanne-<br />

Catherine Le Duc d’Holdre.<br />

• Eugène-Charles-Joseph (Tirlemont 14 janvier 1794-Dion-le-Val près de<br />

Wavre 28 juillet 1872), épousa à Noorderwyck le 5 octobre 1813, la baronne<br />

Augustine-Jeanne de T’ Serclaes (Bruxelles 9 février 1797-Bruxelles 1 er<br />

février 1852), sœur de Victorien de T’ Serclaes qui hérita du château de Dionle-Val<br />

avec 275 hectares de terres.<br />

• Anne-Marie-Ferdinande-Joséphine-Philippine (Tirlemont 15 vendémiaire an<br />

VI-6 octobre 1797- Bruxelles 3 juillet 1853), sans alliance.<br />

Malgré les pertes qu’il avait subies en 1790, d’autant plus sensibles qu’il avait<br />

beaucoup emprunté pour acheter la seigneurie de Gossoncourt, Charles Godfriaux<br />

passait en 1810, pour jouir de 25.000 francs de rentes.<br />

A.N., F/1cIII/Dyle/1 et 2 ; A.G.R. Préfecture de la Dyle, P° 1747, Notariat du<br />

Brabant, n° 11.416, notaire Stevenart à Jodoigne acte du 16 avril 1782 ; Annuaire<br />

de la Noblesse de Belgique, 1934, I, p. 51-55, notice Vicomte de GHELLINCK ;<br />

F. BETERAMS, The High Society…, p. 11 et 60 ; J. NAUWE<strong>LA</strong>ERS, Histoire<br />

des avocats…, t. II, n° 1896 et 1909 ; J. TARLIER-A.WAUTERS, Géographie<br />

et Histoire des Communes belges, Canton de Jodoigne, Bruxelles, 1872, p. 231,<br />

Canton de Wavre, Bruxelles, 1864, p. 184, Canton de Tirlemont, Bruxelles, 1866,<br />

p. 74-75, 128 et 133.<br />

GODIN François-Louis-Joseph, baron de (Bruxelles-Finistère-21 août<br />

1752-Bruxelles 9 mars 1829).<br />

La famille de Godin était originaire de Valenciennes et une de ses branches s’était<br />

fixée aux Pays-Bas au XVII e siècle.<br />

François de Godin était le dernier des quatre enfants, et seul fils parvenu à l’âge<br />

adulte, de Jean-François-Louis Godin (?- Gand 1819) seigneur de Merlicourt,<br />

153


Beaumetz, Notebeek et de Terborcht.<br />

Celui-ci avait épousé très jeune à Namur- Saint-Loup-,le 19 juin 1745, Jeanne-<br />

Claire-Dominique de Bibaus (Namur- Saint-Jean-l’Evangéliste-24 mars 1729-<br />

?). C’était la fille de Dominique-Ambroise de Bibaus, major dans la compagnie<br />

flamande des Gardes du corps du Roi d’Espagne, lointain descendant d’un<br />

colonel danois établi à Bruges au XV e siècle et de Jeanne d’Auvain.<br />

Ce mariage fut dissous par une décision de divorce prononcée par l’Officialité de<br />

Namur le 22 novembre 1756, car Jean-François de Godin, devenu fou, avait été<br />

placé au couvent des Alexiens à Bruxelles par décision du Conseil de Brabant<br />

du 20 septembre 1756. Il fut ensuite interné au couvent des Pères cellites à Gand<br />

où il mourut en 1819. A partir de 1780, François de Godin assuma la charge de<br />

tuteur de son père.<br />

François de Godin débuta sa carrière comme officier au service de l’Autriche.<br />

Gagné aux idées nouvelles, il fut un des membres influents de la Société<br />

patriotique animée par François Vonck pendant la Révolution brabançonne. Dès<br />

cette épouqe, il séjournait fréquemment à Paris où il fréquentait la « Société de<br />

1789 ».<br />

Il publia le 4 janvier 1790, à Bruxelles, un « Mémoire avec une lettre<br />

d’accompagnement à Messeigneurs les Etats de Brabant », dans laquelle il<br />

critiquait l’exigence de quatre quartiers de noblesse et d’un certain niveau de<br />

fortune pour siéger à l’Etat noble de même que la présence au sein des Etats de<br />

fonctionnaires du gouvernement, car, écrivait-il, « il est impossible de bien servir<br />

deux maîtres à la fois ».<br />

Après la victoire de Dumouriez à Jemappes, François de Godin se présenta le 4<br />

janvier 1793, à la Société des Amis de la Liberté et de l’Egalité à Bruxelles pour<br />

y remettre ses lettres de noblesse afin qu’elles fussent lacérées et brûlées et fut<br />

dès lors admis comme membre en son sein.<br />

Lors des élections de germinal an V, il fut élu comme représentant du département<br />

de la Dyle au Conseil des Anciens où il siégea jusqu’à la fin du Directoire.<br />

Dès 1810, le préfet La Tour du Pin avait pensé à lui pour présider l’assemblée du<br />

collège électoral de l’arrondissement de Bruxelles vu « …son bon esprit, sage<br />

et digne de cette faveur ». Ces qualités lui valurent d’être choisi le 2 avril 1813,<br />

parmi les candidats au Conseil d’arrondissement de Bruxelles.<br />

En 1815, l’intendant du département de la Dyle le fit figurer parmi les notables<br />

appelés, à approuver le projet de Loi fondamentale, vu la considération dont il<br />

jouissait, et ses sentiments politiques considérés comme bons. Il remarquait que<br />

154


François de Godin n’avait pas reçu une grande instruction, mais il soulignait que<br />

cet homme loyal avait « …embrassé, quoique avec modération, les principes de<br />

la Révolution française dans son origine ».<br />

Le 22 avril 1816, François de Godin fut nommé avec le titre de baron, membre du<br />

Corps Equestre du Brabant méridional, mais il n’y siégea jamais.<br />

François de Godin avait épousé en premières noces à Bruxelles (Sainte-Gudule),<br />

le 18 novembre 1786, la sœur d’un camarade de régiment, Anne-Henriette<br />

Christyn de Ribaucourt (Bruxelles-Sainte-Gudule- 5 octobre 1754- Bruxelles-<br />

Sainte-Gudule-2 novembre 1787), fille du comte Libert-François et de Marie-<br />

Thérèse de Vilsteren. Son épouse mourut des suites de l’accouchement d’une<br />

fille mort née.<br />

Il se remaria bien des années plus tard, à Bruxelles, le 1 er ventôse an XII (21<br />

février 1804) avec Caroline -Philippine-Joséphine-Ghislaine de Haultepenne<br />

(Nivelles-3 janvier 1775-Bruxelles 13 novembre 1817) fille de Philippe-Claude-<br />

Henri, baron de Haultepenne, seigneur de Mont-Sainte-Marie et d’Arville, ancien<br />

membre de l’Etat noble de Namur et de Charlotte-Constance-Josèphe-Marie-<br />

Gabrielle Roose de Bouchout.<br />

Le couple eut cinq enfants, dont deux seulement parvinrent à l’âge adulte :<br />

• Charlotte-Françoise-Théodore (Bruxelles 28 octobre 1808-Pailhe 2 octobre<br />

1895) qui épousa le 21 juin 1830, à Huldenberg, Jacques-Bernard, dit James,<br />

comte de Liedekerke de Pailhe (Liège 17 mars 1785-Pailhe 24 mai 1862).<br />

• Frédéric-François-Ignace (Machelen 6 mars 1812-Mozet 24 octobre 1882),<br />

baron de Godin, éligible au Sénat pour ses propriétés dans le Namurois,<br />

décédé sans alliance et dernier du nom.<br />

Jusqu’à l’âge mûr, François de Godin n’eut guère de fortune. En effet, son grandpère,<br />

François-Hyacinthe, décédé à Bruxelles le 12 décembre 1733, capitaine<br />

d’une compagnie wallonne au service d’Espagne, avait avantagé l’aîné de ses<br />

deux fils qui s’appelait comme lui, François-Hyacinthe. Lors du partage de sa<br />

succession en 1744, le fils cadet, Jean-François-Louis de Godin n’avait hérité<br />

que de 1.862 florins en immeubles et des rentes dont le capital était d’une valeur<br />

équivalente.<br />

La branche cadette des Godin dut donc attendre de longues années pour recueillir<br />

l’héritage de François-Hyacinthe de Godin fils, mort en 1780, mais dont la veuve<br />

Henriette-Ghislaine de Vicq jouissait de l’usufruit.<br />

Certes, dès 1784, celle-ci avait cédé à François de Godin, son neveu par alliance,<br />

155


les biens lui revenant sis dans le quartier de Valenciennes à Bavay, Condé, Haspe<br />

et Mastaing, ce qui représentait 8.000 livres de rentes annuelles. Il fallut donc<br />

attendre son décès, le 14 novembre 1803, pour que François de Godin entre en<br />

possession du reste de la succession, soit les biens sis en Hainaut et en Brabant<br />

flamand, dont notamment le domaine de Machelen près de Vilvorde.<br />

Dès 1801, François de Godin vendit ses terres d’Haspe et de Mastaing, ce qui lui<br />

permit de restaurer son hôtel dit de Bergues, rue Neuve à Bruxelles.<br />

Après 1803, il exploita lui-même son domaine de Machelen, ce qui lui vaudra<br />

d’être qualifié « d’agriculteur » dans certains documents tout en résidant à<br />

Bruxelles une partie de l’année.<br />

Avant l’annexion des départements réunis et au début du Directoire, François<br />

de Godin avait spéculé sur la dévaluation des assignats faisant acheter à Paris,<br />

diverses marchandises de luxe telles que pendules, services de table en porcelaine,<br />

bas et châles qu’il revendait à Bruxelles.<br />

Ces divers éléments expliquent les contradictions de l’évaluation de ses revenus<br />

dans les documents administratifs : 10.000 francs en 1810, 5.000 et 20.000 francs<br />

au cours de la même année 1813, et 15.000 francs en 1815.<br />

A.N., F/1bII/Dyle/2, F/1cIII/Dyle/2 et 3; A.G.R., Archives de la famille de Godin,<br />

n° 15,16,19 et 23, Gouvernement provincial du Brabant, série A, n° 7 ; Annuaire<br />

de la Noblesse de Belgique, 1859, p. 162 ; O. COOMANS de BACHENE,<br />

Tableaux ascendants ou quartiers généalogiques des familles de la noblesse<br />

belge, Bruxelles, t. II, 1952, p. 77 ; H. DOUXCHAMPS et J. <strong>LE</strong>FEVRE, « Les<br />

Ribaucourt », Receuil de l’Office généalogique et héraldique belge, XXXIX,<br />

1989, p. 417-420 ; R. HISSEL, Les Jacobins de Bruxelles, Mémoire de licence<br />

inédit, Université Libre de Bruxelles, 1981 ; Index des Eligibles au Sénat, 1975,<br />

p. 108 et 134 ; P. JANSSENS, L. <strong>DU</strong>ERLOO, Armorial de la Noblesse belge,<br />

Bruxelles, T. II, 1992, p. 188-189 ; E. <strong>LE</strong>JOUR, Inventaire détaillé des archives<br />

de la famille de Godin, Bruxelles, 1995, p. 1-6.<br />

GOFFIN Antoine-Joseph (Bruxelles-Saint-Géry-16 juillet 1760-Bruxelles 11<br />

juin 1812).<br />

La famille était originaire de Châtelet près de Charleroi, qui dépendait à l’époque<br />

de la principauté de Liège.<br />

Son père, Guillaume Goffin (Châtelet 18 octobre 1711-Bruxelles-Saint-Géry-12<br />

juin 1775) était négociant et avait été reçu bourgeois de Bruxelles le 9 mai<br />

1744. Il avait épousé à l’église de La Chapelle à Bruxelles, le 4 avril 1747,<br />

Marie-Hyacinthe-Joseph Corbin de Malouy (Châtelet 5 juillet 1726-Bruxelles<br />

156


5 novembre 1790), qui figurait parmi les protecteurs à vie de l’Académie de<br />

peinture, sculpture et architecture de Bruxelles. C’est donc dans un milieu aisé et<br />

cultivé que naquit ce notable.<br />

Antoine Goffin poursuivit la tradition familiale avec des activités commerciales<br />

diversifiées : en l’an X, il payait patente pour la fabrication d’étoffes en gros,<br />

et en 1810, on le signale à la fois comme négociant en épicerie et comme<br />

lainier. Mais à cette époque, un rapport du préfet précise que « … s’il occupait<br />

anciennement de l’article des laines avec la Hollande et l’Allemagne, depuis la<br />

réunion, il se consacrait au commerce des denrées coloniales et à la banque,<br />

cette dernière activité étant devenue la plus importante ». Le préfet ajoutait :<br />

« actif et laborieux, il jouit d’une bonne réputation et d’un grand crédit, car il est<br />

exact dans les affaires ».<br />

Pourtant, ses activités commerciales lui avaient valu de sérieux désagréments<br />

en 1801. Soupçonné d’introduction et d’exportation de marchandises anglaises,<br />

il fut arrêté et incarcéré pendant plusieurs mois au fort de Ham, avant d’être<br />

lavé des accusations portées contre lui, qu’il avait toujours niées. Le maire de<br />

Bruxelles, Nicolas Rouppe * avait pris publiquement sa défense, ce qui lui avait<br />

valu une détention à la prison du Temple à Paris.<br />

Antoine Goffin reconnu par ses pairs, avait siégé au tribunal de commerce de<br />

Bruxelles dès sa création : élu juge suppléant le 2 brumaire an VII (23 octobre<br />

1798), il devint juge effectif le 25 pluviôse an VIII (14 février 1800) et présida la<br />

juridiction le 4 octobre 1810.<br />

En revanche, Antoine Goffin n’eut guère d’activité publique. S’il fut élu comme<br />

représentant provisoire du peuple de Bruxelles en novembre 1792 et s’il fit<br />

partie pendant quelques mois, du Conseil général de la commune à partir du 1 er<br />

floréal an III (20 avril 1795), il refusa une place d’assesseur du juge de paix de<br />

la 3 e section en germinal an V. Il fut toutefois, membre du collège électoral de<br />

l’arrondissement de Bruxelles dès l’an XI.<br />

Ce notable fit partie de la Société littéraire de Bruxelles.<br />

En 1804, selon le préfet, ce négociant très actif n’était pas « … un grand partisan<br />

du régime actuel, mais s’il fallait dire de quel côté penche la balance, on croit<br />

qu’il incline encore plus vers le nouveau que vers l’ancien régime ».<br />

Antoine Goffin avait épousé à Bruxelles (Sainte-Catherine) le 22 novembre 1785,<br />

Jeanne-Marie de Cafmeyer (Bruxelles-Sainte-Catherine- 23 mai 1757-Bruxelles<br />

31 décembre 1828), que certains documents qualifient de banquière. C’était<br />

la fille de Henri de Cafmeyer et de Thérésia Van den Houten. Originaire de<br />

Vlezembeek, Henri de Cafmeyer avait été reçu bourgeois de Bruxelles le 30 juin<br />

1755, et exerçait la profession de mercier.<br />

Le couple eut sept enfants, dont quatre parvinrent à l’âge adulte.<br />

157


Charles-Victor (Bruxelles-Saint-Géry-17 décembre 1789-Bruxelles 21 avril<br />

1858) qui fut brasseur, juge au tribunal de commerce, membre du Conseil de<br />

régence de Bruxelles de 1817 à 1820, président du bureau des marguilliers de<br />

l’église Sainte-Claire. Il décéda sans alliance.<br />

• Catherine-Philippine (Bruxelles -Sainte-Catherine-30 mai 1792-Bruxelles<br />

8 janvier 1857) qui épousa à Bruxelles, le 22 août 1821, François-Joseph<br />

Everard (Attre 1 er septembre 1789-Bruxelles 7 mars 1861), fils de Joseph<br />

Everard, distillateur et de Marie-Catherine Delannoit. François Everard,<br />

négociant, fut adjoint au maire, échevin de sa commune natale de 1811 à<br />

1821. Après son mariage, il s’établit à Bruxelles, où il fut juge au tribunal de<br />

commerce. Le 22 septembre 1830, il était capitaine dans la Garde bourgeoise<br />

quand il fut envoyé comme parlementaire au camp du prince Frédéric des<br />

Pays-Bas sur le point d’attaquer Bruxelles. Il fut conseiller communal de<br />

Bruxelles de 1834 à 1836, échevin de l’Industrie et des Canaux de 1840 à<br />

1845, et promu chevalier de l’Ordre de Léopold à sa descente de charge.<br />

• Edouard-Willem dit Edouard-Guillaume (Bruxelles-Sainte-Catherine-6 mai<br />

1796-Bruxelles 29 mai 1858) qui épousa à Bruxelles, le 26 janvier 1825,<br />

Catherine-Pétronille Matthieu (Bruxelles 30 mai 1794-Berchem-Sainte-<br />

Agathe 17 décembre 1832), fille d’Emerence Brinck (Bruxelles 16 février<br />

1757-Bruxelles 6 juillet 1824) et de Henri-Georges-Gauthier Matthieu<br />

(Bruxelles 10 août 1756- Bruxelles 21 avril 1812). Ce négociant établi rue<br />

d’Anderlecht, jouissait de 25.000 francs de revenus en 1815. Edouard-<br />

Guillaume Goffin, qui fut conseiller communal suppléant à Bruxelles de<br />

1834 à 1836, devint ensuite bourgmestre de Berchem-Sainte-Agathe, dans<br />

la banlieue de Bruxelles. A partir de 1828, il développa avec sa belle-famille<br />

Matthieu, un important établissement sidérurgique, les forges de Clabecq<br />

dans l’arrondissement de Nivelles. Il était éligible au Sénat.<br />

• Benoît-François (Bruxelles 27 vendémiaire an VII-18 octobre 1798-Woluwe-<br />

Saint-Pierre 7 septembre 1836), décédé sans alliance.<br />

Antoine Goffin appartenait à une famille fortunée. Au décès de sa mère, Marie-<br />

Hyacinthe de Malouy, les enfants se partagèrent une succession de 87.612 florins<br />

courant de Brabant, soit plus de 866.000 livres. Antoine Goffin reçut pour sa part,<br />

120.000 livres, il s’agissait en majeure partie de rentes provenant de nombreux<br />

placements mobiliers réalisés par sa mère jusque dans les dernières années de sa<br />

vie. En 1788, il avait aussi reçu de sa belle-mère, Thérésia Van den Houten, une<br />

avance d’hoirie de 10.000 florins, sous forme de prêt.<br />

Lors de l’emprunt forcé de l’an IV, Antoine Goffin fut taxé dans la 14 e classe, ce<br />

qui correspondait à un revenu de 9 à 10.000 florins.<br />

158


La fortune d’Antoine Goffin était évaluée à 30.000 francs en revenus de biens<br />

fonds en 1812, et ceux de sa veuve à 25.000 francs en 1813.<br />

A.N. AF/IV/1052, Etat des plus riches propriétaires du département de la Dyle,<br />

F/12/936 b ; A.G.R., Notariat du Brabant du Brabant, n° 18.989, acte du notaire<br />

Morren 21 janvier 1788, n° 18.991, acte du notaire Morren 14 décembre 1790,<br />

Administration Centrale du département de la Dyle, n° 1832 bis, Gouvernement<br />

provincial du Brabant du Brabant, série A, n° 198 bis ; R. GOFFIN, « La famille<br />

Corbin du Plessis de Malouy » in Annuaire de la Noblesse de Belgique, 1942-<br />

1945, t. I, p. 80-81 ; F. BETERAMS, The High Society…, p. 27 ; R. GOFFIN,<br />

« Précisions généalogiques » in Intermédiaire des Généalogistes, 1957, p. 178 ;<br />

R. GOFFIN, Recherches généalogiques sur la famille Goffin de l’Entre-Sambreet-Meuse,<br />

s. d., p. 42-48 ; F. KOL<strong>LE</strong>R, Annuaire des familles patriciennes, t. II, p.<br />

33 ; J. STENGERS, Les éligibles au Sénat, Bruxelles, 1975, p. 274 ; J. TARLIER<br />

et A. WAUTERS, Géographie et Hisoire des Communes belges, Canton de<br />

Nivelles, Bruxelles,1869, p. 136.<br />

HENNESSY Daniel-Patrice-Joseph (Bruxelles 25 mai 1780-Bruxelles 6 mars<br />

1855)<br />

La famille Hennessy était noble, irlandaise et catholique. Un de ses membres,<br />

Richard, avait émigré en France au XVIII e siècle et s’était installé à Cognac,<br />

où il créa une fabrique de brandy qui produit encore aujourd’hui, les cognacs<br />

Hennessy.<br />

Un cousin de ce Richard Hennessy, Charles (Cork 1700-Ostende 1758), s’établit<br />

à Ostende, comme armateur et négociant. Il devint bourgmestre de la ville.<br />

Son fils, Patrice-Michel Hennessy (Ostende 17 mars 1741-Bruxelles 11 janvier<br />

1784) poursuivit les activités d’armement en y adjoignant un commerce de grain.<br />

Il s’associa à partir de 1782, avec un de ses neveux, Thomas Blake junior, fils de<br />

sa soeur Elisabeth et de Thomas Blake, et avec un lointain cousin, Edmond Blake,<br />

tout en conservant la direction et la majorité des parts de l’entreprise d’armement.<br />

Celle-ci était florissante : tous frais déduits pour la période de 1782 à 1784, elle<br />

avait dégagé un bénéfice annuel de 77.000 florins. Elle traitait avec la plupart<br />

des grands ports européens : Alicante, Lisbonne, Bordeaux, Bayonne, Londres,<br />

Dublin, Rotterdam et Brême. Un de ses navires desservait régulièrement<br />

Philadelphie. C’est chez Patrice Hennessy que Maximilien Plovits * débuta sa<br />

carrière comme commis. La maison Hennessy finançait les droits de douane sur<br />

ses importations grâce aux banques Nettine et Danoot de Bruxelles. Ses relations<br />

d’affaires furent probablement à l’origine du mariage à Bruxelles, le 18 novembre<br />

1776, de Patrice Hennessy, alors échevin d’Ostende et vice-consul de la nation<br />

159


anglaise en cette ville, avec Anne-Marie Danoot, fille aînée du banquier Daniel-<br />

Ignace Danoot. L’année suivante, Patrice Hennessy devint associé de la maison de<br />

banque où il retrouva comme partenaire son ancien commis, Maximilien Plovits.<br />

Désormais, Patrice Hennessy séjourna le plus souvent à Bruxelles où il habitait<br />

avec son beau-père, rue d’Arenberg, et consacra le plus clair de son temps à la<br />

banque. Il mourut en 1784 à l’âge de 43 ans. Il n’avait eu qu’un fils.<br />

Daniel Hennessy, qui avait quatre ans à la mort de son père, perdit successivement<br />

son grand-père maternel, Daniel-Ignace Danoot en 1788, sa grand-mère<br />

maternelle Jeanne-Marie Devos en 1791 et sa mère Anne-Marie Danoot en 1794.<br />

Nicolas-Joseph Danoot, son oncle et Maximilien Plovits, son oncle par alliance,<br />

devinrent ses tuteurs. En 1795, il vivait d’ailleurs chez Maximilien Plovits, au<br />

Rempart des Moines, avec une autre nièce de celui-ci, Sophie Plovits (Watten<br />

17 octobre 1780-28 novembre 1857) qu’il allait épouser à Bruxelles le 10 juillet<br />

1801.<br />

Daniel Hennessy fut considéré par Maximilien Plovits comme son fils adoptif<br />

et il l’associa très tôt dans ses affaires. Il succéda à son père comme partenaire<br />

dans la banque Danoot, mais il consacra une grande partie de ses activités à<br />

l’exploitation d’une papeterie à La Hulpe.<br />

Il l’avait achetée le 13 floréal an XI (3 mai 1803), pour 108.659 francs, mais<br />

il y eut certainement à cette occasion, des accords familiaux. L’usine passait<br />

pour appartenir à Maximilien Plovits, mais la direction en était confiée à Daniel<br />

Hennessy associé à Joseph Libotton, son beau-frère. Ce dernier fut membre de la<br />

loge bruxelloise « La Paix et la Candeur » à partir de 1813. En 1803, l’entreprise<br />

occupait 150 ouvriers et 108, en 1811. Au fil des années, Daniel Hennessy ne<br />

cessa d’apporter des améliorations à cette papeterie pour en faire « … la plus<br />

belle et la plus considérable de la Belgique « . En 1828, l’usine fut notamment<br />

dotée de la première machine continue pour la fabrication du papier, aux Pays-<br />

Bas.<br />

En 1832, Daniel Hennessy racheta la part de Libotton dans les bâtiments et il<br />

se retira des affaires en 1849, date à laquelle il loua tous les locaux à Ferdinand<br />

Demeurs. Après sa mort, la papeterie fut vendue le 10 décembre 1859, à la société<br />

Union des Papeteries du Prince et du Pont d’Oye, dont Ferdinand Demeurs était<br />

un des associés.<br />

Daniel Hennessy ne fut pas seulement un industriel papetier et l’associé de la<br />

banque Danoot, il participa également en 1822, à la création de la Société générale<br />

des Pays-Bas pour favoriser l’Industrie nationale, dont il fut commissaire de<br />

1830 à 1851. Il exerça aussi un mandat d’administrateur au sein de la « Société<br />

160


d’assurances mutuelles Sécurité et Repos », créée en 1819 et fut commissaire de<br />

la « Société civile pour l’agrandissement et l’embellissement de Bruxelles » en<br />

1837.<br />

Daniel Hennessy fut élu juge suppléant au tribunal de commerce de Bruxelles<br />

le 30 novembre 1812, devint juge effectif le 9 décembre 1813, et il y siégea<br />

presque sans interruption jusqu’en 1830. Il fut également membre de la Chambre<br />

de commerce à partir de 1817. Il fut initié à la loge bruxelloise « La Paix et la<br />

Candeur » le 29 décembre 1812.<br />

Daniel Hennessy n’eut aucune activité politique sous l’Empire. Toutefois, en<br />

1807, le préfet envisagea de lui confier la présidence de l’assemblée électorale<br />

du canton de La Hulpe, car, écrivait-il, « …c’est un négociant assez riche, assez<br />

estimé dans le canton « .<br />

Il fut nommé membre du Conseil de régence de Bruxelles le 23 juillet 1817 et<br />

devint le 6 mars 1828, échevin de la ville. Il ne participa plus à la vie publique<br />

après la Révolution de 1830.<br />

Son épouse, Marie-Joseph-Sophie Plovits était la seconde fille du frère aîné de<br />

Maximilien Plovits*, Jean-Baptiste, (Watten 1744- Bruxelles 7 mai 1825) et de<br />

Marie-Claire Hemelsdael (Cappelbrouck -Nord- 1797-La Hulpe 18 août 1829).<br />

Les époux Hennessy-Plovits eurent huit enfants :<br />

• Patrice-Emile-Daniel (Bruxelles 15 ventôse an X- 5 mars 1802-La Hulpe 28<br />

novembre 1839) qui épousa à Bruxelles le 16 septembre 1825, Catherie Knox<br />

(Glasgow 29 juin 1805- Bruxelles 19 juin 1829). Il fut reçu franc-maçon à la<br />

loge bruxelloise « La Paix et la Candeur » en 1818.<br />

• Emile-Théodore-Nicolas (Bruxelles 18 fructidor an XI- 5 septembre<br />

1803-Bruxelles 27 janvier 1836) qui épousa à Verviers le 25 mai 1825, Marie-<br />

Louise-Joséphine Sauvage (Bruxelles 30 brumaire an IX-21 novembre 1800-<br />

Saint-Josse-ten-Noode 12 septembre 1882) fille de Hubert-Joseph Sauvage<br />

(Petit-Rechain 2 juillet 1775-Bruxelles 1 er juin 1859) et de Catherine van den<br />

Clooster (Bruxelles 7 décembre 1776-Bruxelles 28 novembre 1863). Son beaupère<br />

débuta comme négociant à Bruxelles, époque à laquelle adjoint au maire<br />

du 16 floréal an XI-26 avril 1803- au 20 octobre 1810. Il s’installa à Verviers<br />

en 1811, où il fut le premier fabricant de draps à monter une machine à vapeur<br />

dans son tissage. Il fut président du tribunal de commerce de Verviers, membre<br />

des Etats provinciaux de la province de Liège sous Guillaume I er , conseiller<br />

provincial en 1830. Il était membre de la loge « Les Philadelphes » à Verviers.<br />

Marie-Louise devenue veuve se remaria à Bruxelles, le 10 avril 1845, avec un<br />

de ses lointains cousins, Etienne-Noël-Joseph de Sauvage (Liège -Saint-Jean-<br />

161


Baptiste- 24 décembre 1789- Bruxelles 24 août 1867) chevalier, puis comte<br />

(1855) qui fut gouverneur de la province de Liège (20 octobre 1830), membre<br />

du Congrès National et président de chambre à la Cour de Cassation de 1832<br />

jusqu’à sa mort.<br />

• Sophie-Marie-Joséphine (Bruxelles 13 décembre 1804-Saint-Josse-ten-<br />

Noode 1 er décembre 1855) qui épousa à Bruxelles, le 27 mai 1829, Eugène-<br />

Pierre Bousman (Bruxelles 17 floréal an Vlll-7 mai 1800- Bruxelles 9 mai<br />

1861) agent de la Société Générale de Belgique, et membre de la loge<br />

bruxelloise « Les vrais Amis de l’Union ». C’était le fils d’André-Ghislain-<br />

Joseph Bousman, inspecteur général de la Poste aux armées sous l’Empire.<br />

• Félicité-Céline-Henriette-Françoise (Bruxelles 6 juin 1811-Bruxelles 4<br />

août 1863), qui épousa à Bruxelles le 9 juillet 1834, François-Xavier Minet<br />

(Tongrines 6 ventôse an VIII-26 février 1800- Bruxelles 16 octobre<br />

1853) négociant en couleurs, fils de Marc-Antoine Minet (Sart-Risbart<br />

1765-Bruxelles 19 janvier 1827) et d’Anne-Josèphe Pierret (Tongrines 1768-<br />

?) un important fermier qui fut bourgmestre de Thorembais-les-Béguines<br />

(1818-1825).<br />

• Edmond-Constantin-Jacques-Joseph (Bruxelles 8 septembre 1812-Bruxelles<br />

9 décembre 1848), propriétaire, sans alliance.<br />

• Oswald-Joseph-Henri (Bruxelles 3 décembre 1814-Bruxelles 12 mai 1859),<br />

propriétaire, sans alliance.<br />

• Jules-Porphyre-Joseph (Bruxelles 20 mai 1816-Bruxelles 22 janvier 1851),<br />

propriétaire, sans alliance.<br />

• Lucien-Paul-Emile (Bruxelles 20 septembre 1822-La Hulpe 16 avril 1848),<br />

propriétaire, sans alliance.<br />

Daniel Hennessy avait obtenu reconnaissance de noblesse par lettres patentes du<br />

roi Léopold I er le 19 novembre 1845. Son père avait bénéficié de la même faveur<br />

de l’Empereur d’Allemagne le 22 mars 1785.<br />

La fortune de Daniel Hennessy était considérable : elle tenait son origine à la<br />

fois de la prospérité de ses affaires et des biens recueillis dans la succession de<br />

Maximilien Plovits et d’autres membres de sa famille. Un état de ses biens et<br />

revenus établi en 1816, donne une idée précise de son étendue.<br />

Aux bénéfices de la papeterie estimé à 12.000 francs par an, venaient s’ajouter<br />

ceux de la banque évalués à plus de 60.000 francs. Daniel Hennessy avait hérité<br />

de Maximilien Plovits, son hôtel de la rue Royale et le château de Sterrebeek. Il<br />

162


possédait quatre immeubles à Bruxelles, estimés à 155.000 francs et aussi une<br />

maison de campagne à Schaerbeek, évaluée à 100.000 francs, qui avait appartenu<br />

à Adrien Walckiers, puis à Maximilien Plovits. Cette belle propriété, avec des<br />

jardins magnifiques, fut occupée pendant deux ans par le prince d’Orange, héritier<br />

du trône des Pays-Bas, pendant la construction de son pavillon à Tervuren.<br />

Il avait aussi, fait construire à La Hulpe, sur la colline surplombant la papeterie,<br />

un pavillon estimé à 20.000 francs en 1816. Cette demeure était entourée d’un<br />

bois qui porte actuellement le nom de bois d’Hennessy. Daniel Hennessy avait<br />

acheté 200 hectares de biens nationaux, pour un montant nominal de 4.075.000<br />

livres, dont une ferme de 146 hectares à Court-Saint-Etienne et une autre de 48<br />

hectares à Nivelles qu’il revendit ultérieurement.<br />

Daniel Hennessy possédait aussi une collection de tableaux, héritée de la famille<br />

Danoot, estimée à 100.000 francs et d’un manuscrit précieux, le « Livre d’Heures<br />

de Jeanne La Folle », appelé également les « Heures de Notre-Dame », dites<br />

de Hennessy, que ses héritiers vendirent 12.000 francs à la Bibliothèque royale<br />

de Belgique en 1874. Dès 1815, Daniel Hennessy fut membre du Conseil<br />

d’administration de l’Académie royale de peinture, de sculpture et architecture<br />

de Bruxelles, qu’il dirigea après 1822 de même que l’Ecole de dessin de la ville<br />

de Bruxelles.<br />

D’opinion libérale, il apporta son appui financier à la création de l’Université<br />

libre de Bruxelles en 1834. Il fut aussi un des actionnaires du journal libéral « Le<br />

Politique « . Il avait été reçu franc-maçon au sein de la loge bruxelloise « La Paix<br />

et la Candeur » le 11 janvier 1813.<br />

A.G.R. Préfecture de la Dyle, P° 1733, Papiers d’Ursel, cartes et plans n° 437, Cour<br />

d’appel de Bruxelles, 1 ère série, n° 1.543, procès Hennessy-Blake 1784 ; Archives<br />

de la ville de Bruxelles, Instruction publique, I, n° 84,85 et 107; J. BERGER-<br />

CARRIERE, « Note complémentaire à la généalogie Hennessy « , Le Parchemin,<br />

12 e série 1964-65, p. 11-117 ; P. MINET, Extrait de la généalogie et de l’histoire<br />

de la famille Minet du Brabant, Branche de Bruxelles, Embourg, 1996, p. 46-56 ;<br />

La Hulpe, moissons d’histoire, Cercle d’Histoire de La Hulpe, 2001, p. 117-124<br />

et 300; J. TORDOIR, « Sur les ruines de Villers au quartier d’Emellemont « ,<br />

Wavriensia, t. LII, n° 4 et 5 ; J. TORDOIR, « Ferdinand Demeurs et les papeteries<br />

de La Hulpe (XIX e siècle) « , Wavriensia, t. XLI, 1992, n’ 4 et 5, p. 159-160 ; M.-<br />

R. THIE<strong>LE</strong>MANS, « Le démarrage industriel dans l’agglomération bruxelloise<br />

avant 1830 », Bulletin du Crédit communal, n° 149, juillet 1984, p. 177 ; J.B.<br />

VAN<strong>DE</strong>RSTRAETEN-<strong>LE</strong> VIEUX, Liste par ordre chronologique des membres<br />

de la juridiction consulaire du siège de Bruxelles depuis l’an VII de la République<br />

jusqu’à l’année 1872, Bruxelles, 1873.<br />

HUYS Philippe-Clériade-Joseph, baron de Thy (Bruxelles-Sainte-Gudule-2<br />

mai 1747-Bruxelles 27 janvier 1830).<br />

163


Philippe Huys appartenait à une riche famille de la bourgeoisie bruxelloise. Son<br />

arrière grand-père, Jean Huys, était banquier et avait acquis en 1706, la seigneurie<br />

de Thy près de Genappe, qui lui fut cédé par le baron de Reusschenburg en<br />

remboursement d’une dette de 30.000 florins.<br />

Son père, Jean-Joseph (Bruxelles 27 mai 1707-Bruxelles 3 septembre 1780),<br />

licencié ès lois de l’Université de Louvain le 30 juin 1737, avait été reçu avocat au<br />

Conseil de Brabant en octobre suivant, et au lignage patricien bruxellois Sweerts<br />

en 1738.<br />

Par son mariage à Bruxelles (Sainte-Gudule), le 7 avril 1739, avec Marie-<br />

Thérèse Du Chesne, Jean Huys était entré dans le milieu de la haute magistrature<br />

brabançonne. En effet, son épouse était la nièce de Philippe-Clériade Du Chesne<br />

(Bruxelles-Sainte-Gudule-3 janvier 1669- Bruxelles-Sainte-Gudule-31 mai<br />

1747), conseiller ordinaire au Conseil de Brabant depuis 1717, et chancelier de<br />

Brabant depuis le 12 avril 1746. Il fut d’ailleurs le parrain de Philippe Huys.<br />

Le couple eut plusieurs enfants, dont trois fils et une fille, Catherine-Onuphre-<br />

Ghislaine (Bruxelles ? -Bruxelles 5 octobre 1815) sans alliance.<br />

Le fils puîné, Jean-Joseph (Bruxelles-Sainte-Gudule-5 août 1748-Bruxelles 19<br />

décembre 1822), seigneur de Bois-Saint-Jean, Thy et Hattain, licencié utriusque<br />

juris de l’Université de Louvain, fut admis comme avocat au Conseil de Brabant<br />

le 24 novembre 1770. Il devint échevin de la Chambre de Commerce dite Laeken<br />

Gulde (1772-1775), et en 1787, juge à l’éphémère Tribunal de première instance<br />

de Bruxelles installé par la réforme de Joseph II, puis membre du Conseil<br />

Souverain de Brabant le 25 février 1788.<br />

Il se tint à l’écart de la Révolution brabançonne, mais il ne retouva pas son siège<br />

au sein du Conseil, lors de la restauration autrichienne, ayant été nommé sans<br />

présentation préalable de cette juridiction.<br />

Il se retira à l’étranger après la bataille de Jemappes et lors du retour des<br />

Autrichiens, il obtint le 10 août 1793, en compensation de la perte de son emploi,<br />

le titre de conseiller honoraire à la Chambre des Comptes, avec une pension de<br />

3.500 florins, puis celui de conseiller privé honoraire de Sa Majesté. Il émigra<br />

lors de la seconde occupation française, mais revint en Belgique dès 1797. Il avait<br />

été membre de la loge bruxelloise « La Parfaite Amitié « sous l’Ancien Régime.<br />

Le fils cadet, Jean-François (Bruxelles 11 septembre 1751-Andenne 1 er septembre<br />

1790) opta pour la carrière des armes : sous-lieutenant au régiment de Murray,<br />

puis capitaine au régiment de Ligne, il fut tué au combat d’Andenne, pendant la<br />

Révolution brabançonne.<br />

164


Philippe, le fils aîné, fit ses études à l’Université de Louvain où il obtint le diplôme<br />

de licencié ès lois le 1 er décembre 1769, mais il n’exerça pas le barreau.<br />

Il fut créé baron le 25 mai 1792, en considération des services rendus par sa famille<br />

et par ses deux frères ; le titre était déclaré transmissible à tous ses descendants<br />

et à son frère Jean, en l’absence de postérité. Ce titre fut reconnu plus tard, par<br />

Guillaume I er , qui nomma Philippe Huys, membre du Corps équestre du Brabant<br />

méridional le 24 avril 1816. Il figura sous le nom Huys de Thy sur la première<br />

liste des nobles.<br />

Bien qu’en 1815, il fût considéré comme n’ayant pas aimé le gouvernement<br />

français, Philippe Huys, qui faisait partie du collège électoral du département<br />

de la Dyle dès l’an XI, accepta une place de conseiller municipal de la ville de<br />

Bruxelles le 5 brumaire an XIII (27 octobre 1804), où il fit partie de la commission<br />

des finances. Son mandat fut prolongé par décret impérial du 18 mars 1808 et il<br />

siégea jusqu’à la fin de l’Empire.<br />

Guillaume I er le maintint dans ces fonctions le 23 juillet 1817, il les exerça<br />

jusqu’au 10 février 1824.<br />

Philippe Huys fut aussi membre du Conseil d’administration de l’hospice pour<br />

vieillards invalides, établi dans l’ancien couvent des Ursulines, et il fit partie de<br />

la Société littéraire de Bruxelles. En 1783, il était comme son frère Jean-Joseph,<br />

membre de la loge bruxelloise « La Pafaite Amitié ».<br />

En 1815, l’intendant du département de la Dyle voyait en lui : « …un homme<br />

doux et honnête, mais n’ayant que des connaissances médiocres, considéré parce<br />

que baron ».<br />

Philippe Huys épousa à Bruxelles (Finistère) le 10 avril 1782, Anne-Marie de<br />

Jonghe (Bruxelles-Sainte-Gudule-le 23 juillet 1751-Thy 15 octobre 1835), veuve<br />

de René-Emmanuel Haghen, fille de Jean-Charles de Jonghe (29 février 1694- ?),<br />

écuyer, licencié en droit et de Marie-Catherine Orts. Cette union renforça ses liens<br />

avec la haute magistrature du duché de Brabant puisque son épouse était la petite<br />

fille du conseiller Pierre Orts (1696-1768) et la sœur du conseiller Egide-Corneille<br />

dit Gilles-Charles de Jonghe (Bruxelles-Finistère-22 mai 1735-Bruxelles 13 avril<br />

1818) qui fut une figure de proue de l’opposition aux réformes de Joseph II au<br />

sein du Conseil de Brabant.<br />

Le couple n’eut qu’un enfant : le baron Jean-Justin Huys de Thy (Bruxelles-<br />

Sainte-Catherine- 8 mars 1783- Bruxelles 26 septembre 1855), négociant, maire<br />

de Baisy sous l’Empire et sous Guillaume I er , éligible au Sénat, décédé sans<br />

alliance. Il fut membre de la loge bruxelloise « La Paix et la Candeur » à partir<br />

165


de 1806.<br />

Philippe Huys possédait le château de Thy avec 250 hectares de terres, ce qui lui<br />

assurait un revenu de 15.000 francs. En 1809, le préfet signalait qu’il exploitait<br />

également des forges et lui attribuait de ce fait, 25 à 30.000 francs de rentes.<br />

A son décès, son fils Jean-Justin légua tous ses biens aux pauvres des villages de<br />

Baisy et de Ways.<br />

A.N., F/7/8.364, F/1bII/Dyle/5, F/1cIII/Dyle/1 ; A.G.R., Gouvernement provincial<br />

du Brabant du Brabant, série A, n° 537 ; Annuaire de la Noblesse de Belgique,<br />

1864, p. 182 ; Etat présent de la noblesse, 1991, p. 82 ; F. BETERAMS, The High<br />

Society…, p. 12 ; Baron de RYCKMAN de BETZ. Vte F. de JONGHE d’ARDOYE,<br />

Armorial et biographie des chanceliers et conseillers de Brabant, Hombeek, s. d.,<br />

t. I, p. 174-176, t. IV, p. 1150-1151 et 1162-1163 ; G. GUYOT, « H. F. Huys, abbé<br />

de Dieleghem de 1689 à 1720 », Le Parchemin, 1974, p. 8-29 ; J. TARLIER & A.<br />

WAUTERS, Géographie et Histoire des communes belges, Canton de Genappe,<br />

Bruxelles, 1873, p. 39-40 ; A. WAUTERS, Liste par ordre chronologique des<br />

magistrats communaux de Bruxelles, Bruxelles, 1884, p. 18 et 24.<br />

IPPERSIEL Englebert-Joseph, (Geetbeets 5 novembre 1757- Saint-Josse-ten-<br />

Noode 3 décembre 1830)<br />

Son père, Jean-Joseph Ippersiel (Wavre 3 mars 1716-Bossières 20 juillet 1782)<br />

avait épousé à Leefdael, le 21 avril 1736, Jeanne-Marie Goetseels (Leefdael 2 avril<br />

1714-Bossières après 1799). Les époux habitèrent d’abord Wavre, où naquirent<br />

leurs deux premiers enfants, puis s’établirent à Geetbets près de Tirlemont et<br />

enfin à Bossières dans la province de Namur. On ignore tout de la profession de<br />

Jean-Joseph Ippersiel, mais il devait jouir d’une aisance certaine puisque leur<br />

troisième enfant put faire des études universitaires.<br />

Englebert Ippersiel obtint son diplôme de licencié ès lois à l’Université de<br />

Louvain en 1778, et fut reçu avocat au Conseil de Brabant cinq ans plus tard, le<br />

28 février 1783. Il s’installa alors à Bruxelles.<br />

Lors de la seconde occupation française, il devint chef de division au sein de<br />

l’Administration Centrale et Supérieure de la Belgique et quand la nouvelle<br />

organisation judiciaire fut mise en place, après l’annexion des départements<br />

réunis, Englebert Ippersiel fut nommé le 28 frimaire an IV (29 décembre 1795),<br />

juge au tribunal civil du département de la Dyle, par les représentants en mission<br />

Pérès et Portiez.<br />

Ce choix fut ratifié par l’assemblée électorale de germinal an V, qui confirma<br />

Ippersiel dans ses fonctions, par 57 voix sur 70, le plaçant ainsi au 6 e rang de l’ordre<br />

de préséance des 25 juges. Ippersiel devait afficher des opinions républicaines<br />

166


puisqu’il signa une adresse de soutien au Directoire, après le coup d’Etat du 18<br />

fructidor.<br />

Lors de la réforme consulaire de l’an VIII, il fut désigné comme président du<br />

tribunal de première instance de Nivelles, ce qui ne lui convenait guère, car il<br />

était obligé de quitter ses attaches bruxelloises pour s’établir dans une petite ville<br />

de province.<br />

Comme la place de président du tribunal de première instance de Bruxelles vint<br />

à vaquer peu après, il sollicita et obtint cet emploi au chef-lieu du département.<br />

Ippersiel s’acquitta de ses fonctions le mieux qu’il put, mais l’opinion du président<br />

de la Cour d’appel, Latteur, ne lui était guère favorable. Il le dépeignait en ces<br />

termes en 1809 : « Le président actuel est un fort brave homme, actif, honnête et<br />

intègre, assez instruit, mais il n’a pas la fermeté requise, ni le coup d’œil juste tel<br />

qu’il le faut pour présider les audiences de référés …Il n’y a pas d’ordre, pas de<br />

tenue, rien qui inspire le respect et la salle d’audiences, par le bruit confus des<br />

avocats avoués et quelques fois des juges, ressemble assez souvent à une halle ».<br />

Deux ans plus tard, l’avocat général Mercx confirmait ce jugement : « Des mœurs<br />

irréprochables, une probité au-dessus de tout soupçon lui ont concilié la confiance<br />

et l’estime publiques ; sa capacité est médiocre et la tenue des audiences en référé<br />

lui cause beaucoup d’embarras, parce qu’il lui est difficile de saisir promptement<br />

le nœud de la difficulté et d’y prononcer au moment même ».<br />

Les deux magistrats s’accordaient à considérer qu’il convenait de le remplacer à<br />

la tête du tribunal, mais le président Latteur pensait qu’il ne convenait pas de le<br />

déconsidérer, car il avait trop de mérites et avait rendu trop de services : « Le seul<br />

moyen serait de le présenter pour une place de conseiller à la Cour ».<br />

Les nouvelles nominations qui intervinrent an avril 1811, durent décevoir<br />

Ippersiel qui fut rétrogradé à la vice-présidence de son tribunal, mais en 1813, il<br />

prit finalement place au sein de la Cour impériale de Bruxelles.<br />

Il conserva ses fonctions de conseiller à la Cour Supérieure sous Guillaume<br />

I er et eut la bonne fortune d’échapper à l’épuration de ce corps menée par le<br />

Gouvernement Provisoire. Le 2 octobre 1830, il fut confirmé dans ses fonctions,<br />

alors que 21 des 33 magistrats de la Cour étaient mis à la retraite d’office. Il<br />

mourut deux mois plus tard. Son portrait est conservé au tribunal de première<br />

instance de Bruxelles.<br />

Sous le Consulat, Ippersiel avait fait partie de la Commission de révision de la<br />

liste des six cents plus imposés et en 1806, il fut un des rédacteurs de la liste<br />

des soixante personnalités les marquantes du département. En 1811, il avait été<br />

proposé pour présider l’assemblée électorale du canton de Saint-Josse-Ten Noode<br />

où il était domicilié.<br />

167


Englebert Ippersiel avait contracté mariage à Jodoigne, le 20 pluviôse an VII<br />

(8 février 1799), alors qu’il exerçait les fonctions de directeur du jury près le<br />

tribunal correctionnel de cette ville, mais ce républicain affiché avait fait célébrer<br />

au préalable, son mariage religieux le 3 frimaire (23 novembre 1798) par le curé<br />

de Sainte-Gudule à Bruxelles. Son épouse était Marie-Françoise Scroyen (6<br />

février 1777- Saint-Josse-ten-Noode 18 juin 1869) fille de Louis-Henri Scroyen<br />

qui avait été notaire à Bruxelles de 1787 à 1796 et qui fut élu juge de paix du 3 e<br />

arrondissement de Bruxelles en l’an X, et de Marie-Dimphe Vanvelck.<br />

De ce mariage naquirent cinq enfants :<br />

• Joseph- Zénon-Théodore (Bruxelles 22 septembre 1799-Bruxelles 9 avril<br />

1876), docteur en droit de l’Université de Louvain fut chef de division au<br />

ministère des Finances, puis directeur de l’Enregistrement et des Domaines<br />

et receveur des actes civils à Bruxelles. Il épousa une jeune femme d’origine<br />

française, Louise Foullé (Bruxelles 17 octobre 1801- Bruxelles 10 mai 1893),<br />

fille de Louis et d’Anne Ponthieure de Berlaere.<br />

• Louis-Charles-Camille (Bruxelles ?- Gand 29 mars 1868) époux de Françoise<br />

Ryan de Talbot ( ?-Gand 13 avril 1864) receveur des Accises et de la Caisse<br />

de garantie à Gand.<br />

• Jean-Paul-Emile (? 31 mai 1800- Ixelles 19 novembre 1845) qui épousa<br />

Elisabeth Decoster. Lors de son décès, il était secrétaire de la commune<br />

d’Ixelles.<br />

• Caroline-Jeanne-Joséphine-Amélie dite Françoise (Saint-Josse-ten-Noode<br />

12 mai 1809-Saint-Josse-ten-Noode 10 mai 1855), sans alliance.<br />

• Angéline-Caroline (Saint-Josse-ten-Noode 20 décembre 1815-?) épouse de<br />

Joseph Mareska (Saint-Josse-ten-Noode 1805-?).<br />

On dispose de peu de renseignements concernant sa fortune. Il figurait sur la liste<br />

des 550 plus imposés du département de la Dyle en l’an XII, et ses ressources<br />

étaient évaluées à 1.900 francs en 1811. Toutefois, il acheta le 28 novembre<br />

1818, une maison à Saint-Josse-ten-Noode, d’une valeur de 25.145 francs, ce qui<br />

implique une fortune personnelle.<br />

A.N., AF/III/225 2 , BB/5/271, BB/5/273, F/1bII/Dyle/2 ; A.G.R., Enregistrement<br />

et Domaines du Brabant, n° 3165, Notariat du Brabant, n° 30.293, acte du notaire<br />

P. Thomas du 28 novembre 1818 ; J. NAUWE<strong>LA</strong>ERS, Histoire des avocats…, t.<br />

II, n° 2140.<br />

168


KNYFF Pierre-Charles-Joseph, chevalier (Anvers 28 août 1758-Bruxelles 7<br />

avril 1842).<br />

La famille Knyff de confession catholique était originaire de la Gueldre et s’était<br />

fixée à Anvers au XVI e siècle, suite aux troubles religieux de l’époque.<br />

Jacques-Gérard Knyff (1681-1756), le grand-père, avait été plusieurs fois<br />

bourgmestre d’Anvers et avait reçu de l’empereur Charles VI, une concession<br />

de noblesse le 28 septembre 1734. Devenu veuf, il entra dans les ordres et fut<br />

chanoine gradué à la cathédrale d’Anvers.<br />

Le dernier de ses onze enfants, Michel-Antoine (Anvers 28 septembre<br />

1720-Anvers 7 août 1797) fut secrétaire de la ville et se vit accorder le titre de<br />

chevalier du Saint-Empire le 20 septembre 1756 ; un autre, Charles (Anvers 4<br />

décembre 1754-Anvers 15 janvier 1826) devint en 1787, Grand aumonnier<br />

d’Anvers. Il s’agissait d’une confrérie civile créée au XVI e siècle, chargée de<br />

distribuer combustibles, nourriture et vêtements aux pauvres.<br />

Pierre Knyff était l’un des fils issus du mariage le 27 août 1747, de Michel-Antoine<br />

avec Marie-Thérèse Bosschaert (?- 7 avril 1764), qui appartenait également au<br />

milieu du patriciat anversois. Cétait la fille de Charles-François Bosschaert,<br />

seigneur de Westrem et Voorde, et de Marie-Catherine van de Brande.<br />

Pierre Knyff vint s’établir à Bruxelles en 1786. Il n’émigra pas en 1794, mais<br />

aux yeux du commissaire du Directoire près le département de la Dyle, Francois<br />

Mallarmé, il passait en 1798 pour « … détester cordialement la République et les<br />

républicains ».<br />

Il se rallia au régime impérial et fut nommé membre du Conseil municipal de<br />

Bruxelles le 5 brumaire an XIII (28 octobre 1804) où il siégea jusqu’en 1816.<br />

Dans un rapport confidentiel au ministre de la Police du 30 mai 1809, le préfet<br />

de La Tour du Pin écrivait à son propos : « Il désire des places et les mériterait<br />

par ses opinions politiques, mais en est peu digne par sa conduite privée ».<br />

Ces réserves ne l’empêchèrent pas de le proposer comme adjoint au maire de<br />

Bruxelles en 1813.<br />

L’intendant du département, d’Anethan* partageait l’opinion du préfet quand il<br />

constatait le 21 janvier 1815 : « Il [Knyff] était très attaché à Napoléon, mais<br />

sans moralité ni considération ».<br />

Cette fâcheuse réputation était due à l’amour du jeu que Pierre Knyff satisfaisait<br />

au sein du Club de Bruxelles, dont il fut un des fondateurs en 1787, et comme<br />

membre de la Société littéraire qui en fut la continuation à partir du Consulat.<br />

Le roi Guillaume I er reconnut son titre de chevalier transmissible à ses seuls<br />

169


descendants mâles en 1825, mais il ne joua plus aucun rôle politique ni dans le<br />

royaume des Pays-Bas ni dans la Belgique indépendante.<br />

Pierre Knyff avait épousé à Anvers, le 9 septembre 1783, Adrienne d’Henssens<br />

(Paris 3 décembre 1764-Bruxelles 12 novembre 1826), fille de Mathias d’Henssens,<br />

chevalier du Saint-Empire et d’Anne Wilmot. Ils eurent trois enfants :<br />

Pierre-Michel-Charles (Anvers 29 mai 1784-Bruxelles 9 décembre 1847) qui fut<br />

garde d’honneur lors de la visite du Premier Consul à Bruxelles et sous Guillaume<br />

I er , référendaire au Conseil d’Etat, membre de la Commission municipale de<br />

Bruxelles mise en place le 8 mars 1816, puis échevin de la Régence de la ville<br />

du 23 juillet 1817 au 10 février 1824, et ensuite directeur général de la Police de<br />

Bruxelles. Son hôtel fut pillé le 25 août 1830 par les émeutiers. Il avait fait un beau<br />

mariage en épousant à Bruxelles, le 22 juillet 1810, Constance-Eugénie-Louise<br />

de Vinchant de Gontreuil (Luxembourg 17 avril 1790-Bruxelles 11 février 1865).<br />

C’était la fille de Charles-Philippe-Agathon, comte Vinchant de Gontreuil (Mons<br />

Saint-Germain 5 juillet 1755-Vienne 15 juillet 1798) général major de l’armée<br />

autrichienne et chambellan de l’impératrice Marie-Téhérèse, et de Amélie-<br />

Joséphine Depestre (Bruxelles Saint-Jacques 20 décembre 1755-Cologne 20<br />

juillet 1794). Cette dernière était la fille de Julien Depestre comte de La Ferté qui<br />

avait laissé un héritage de 3 millions de florins courant, soit la première fortune<br />

d’affaires des Pays-Bas.<br />

• Jacques-Antoine-Edouard (Bruxelles 9 octobre 1787-Enghien-les-Bains 18<br />

septembre 1877) qui fit une carrière militaire brillante, d’abord dans l’armée<br />

impériale comme lieutenant aux chevau-légers d’Arenberg (27 e chasseurs à<br />

cheval), puis comme aide de camp des généraux Mahler et Du Taillis. Chef<br />

d’escadron des Cuirassiers de la Garde du roi Murat, puis Grand écuyer du<br />

roi de Naples, il passa ensuite au service des Pays-Bas. Il commanda le 1 er<br />

régiment de carabiniers en 1814, puis fut attaché au prince d’Orange en qualité<br />

d’adjudant et à ce titre, combattit à Waterloo. Il fut pensionné comme général<br />

major. Créé baron en 1825, il avait épousé à Verviers, le 8 novembre 1815,<br />

Marie-Charlotte-Eugénie Simonis (Verviers 6 mai 1794-Bruxelles 7 janvier<br />

1817). C’était la fille de François-Xavier Simonis (Verviers 7 septembre<br />

1762-Verviers 3 mars 1825) et de Marie-Eugénie de Goër de Forêt. Les frères<br />

Simonis, Henri-Guillaume (Verviers 17 février 1753-Verviers 29 février<br />

1816), François-Xavier et Yvan (Verviers 6 janvier 1769-Verviers 13 janvier<br />

1829) exploitaient une des plus importantes fabriques de draps de la place<br />

de Verviers et avaient été mêlés sous l’Ancien Régime, à l’administration<br />

municipale de la ville. En 1806, la succession de leur père, Jacques-Joseph<br />

était estimée à 4.600.000 francs. Edouard Knyff devenu veuf, se remaria à<br />

Paris, le 8 février 1826, avec avec Clara Claverling, fille de Sir Thomas-John,<br />

baronnet et de Clara Gallais.<br />

• Elisabeth-Caroline-Adrienne (Bruxelles 13 ventôse an VIII- 3 mars 1799-<br />

Ixelles 24 octobre 1871) qui épousa à Bruxelles, le 15 mai 1823, Clément-<br />

170


Marie Simonis (Verviers 15 prairial an IX- 5 juin 1801-Paris 22.03.1857).<br />

C’était le frère de sa feue belle-sœur, Marie-Charlotte Simonis.<br />

• En l’an XIII, Pierre Knyff estimait ses revenus annuels entre 30 et 40.000<br />

francs. A son décès, il laissa à ses enfants, une succession d’environ 700.000<br />

francs après le paiement des dettes qui s’élevaient à 280.000 francs. L’essentiel<br />

de ses avoirs était constitué du domaine de Loo au nord de Bruxelles, d’une<br />

superficie de près de 300 hectares.<br />

A.N., F/1bII/Dyle 3 et 5, F/7/7379 ; S.H.A.T., dossier Jacques-Antoine-Edouard de<br />

Knyff 2Ye ; Archives de l’Etat à Mons, Archives des familles Knyff, de Gontreuil<br />

et de la Roche, n° 11 ; A.G.R., Notariat du Brabant, n° 35458, acte du notaire<br />

Coppyn du 11 août 1848, liquidation de la succession de Pierre-Michel Knyff ;<br />

Archives de la ville de Bruxelles, Recensement 1795, 2 e section, n° 565 ; Annuaire<br />

de la Noblesse de Belgique, 1852, p. 81 et 1855, p. 62-63 ; X. <strong>DU</strong>QUENNE, Le<br />

Château de Seneffe, Bruxelles, 1978, p. 32 et 182 ; G. HANSOTTE, Grands<br />

Notables du Premier Empire. Ourthe, Paris, 1995, C.N.R.S., p. 129-131, C.N.R.S.,<br />

1995 ; A. LOUANT, Une épistolière en Hainaut. Angélique de Rouillé, châtelaine<br />

d’Ormeignies, Mons, 1970, p. 237 et 314.<br />

<strong>LA</strong><strong>LA</strong>ING Charles-Joseph-Ghislain, comte de (Gand-Saint-Nicolas-28<br />

octobre 1768-Bruxelles 23 août 1816).<br />

Ce grand propriétaire ne fut qu’un rentier de la terre et ne joua aucun rôle politique.<br />

Son grand-père, Maximilien de Lalaing avait été créé comte, par lettres patentes<br />

du 7 avril 1719. Son père, Maximilien-Joseph-Antoine de Lalaing (20 juin<br />

1736-Santbergen 20 février 1789), comte de Thildonck, vicomte d’Audenaerde,<br />

seigneur de Santbergen, fut page du duc Charles de Lorraine dès 1749, avant de<br />

devenir chambellan de l’Empereur, grand bailli de Courtrai et membre de l’Etat<br />

noble de Brabant. Maximilien-Joseph avait servi dans l’armée autrichienne et<br />

terminé sa carrière comme lieutenant colonel au régiment de Saint-Ignon (4 avril<br />

1772).<br />

Il avait épousé à Gand, le 15 novembre 1764, Anne-Marie-Philippe de Draeck<br />

(Gand 21 mars 1747 -Bruxelles 18 juillet 1818), fille du baron Frédéric de<br />

Draeck, seigneur de Ronsele (Gand 25 août 1710- Munster 24 août 1794) et de<br />

Marie-Louise Gage (15 mars 1723-15 octobre 1792), sœur du comte Emmanuel<br />

Gage, chambellan de l’Empereur. Anne de Draeck dame de la Croix étoilée et<br />

dame du Palais de l’archiduchesse Marie-Christine, gouvernante des Pays-Bas.<br />

Le couple eut six enfants.<br />

Charles était l’aîné des quatre fils et comme tel « héritier féodal « de son père.<br />

Sa sœur aînée Marie-Anne-Frédérick-Françoise (1765-1809) épousa le baron<br />

Auguste-Marie-Chrétien d’Overschie (Bruxelles 27 janvier 1773-Bruxelles 29<br />

janvier 1855) officier, éligible au Sénat et frère de Maximilien d’Overschie* .<br />

171


Sa sœur cadette, Hélène-Philippine se maria avec le comte Ferdinand-Charles-<br />

Antoine d’Andelot (Mons 19 décembre 1788-Bruxelles 8 avril 1854) chambellan<br />

du roi Guillaume I er (1815-1829), sénateur pour l’arrondissement de Alost (1831-<br />

1848).<br />

On ne sait que peu de choses sur la vie de Charles de Lalaing. Sans doute,<br />

partageait-il son temps entre son hôtel de la rue du Prévost à Bruxelles, et son<br />

château de Zandbergen dans les environs de Gand.<br />

Membre du collège électoral du département de la Dyle, il se borna à troquer son<br />

titre de seigneur de Santbergen pour celui de maire de ce village du département<br />

de l’Escaut.<br />

En 1806, le préfet écrivait à son propos : « Il fait partie de ces citoyens qui<br />

perdant plus ou moins à la Révolution et aussi la distinction de leur rang, ne sont<br />

cependant pas des ennemis criards contre le régime actuel. Ils sont tranquilles,<br />

suivent exactement les loix, et s’ils ne font rien pour, ils ne font aussi rien contre<br />

le gouvernement ».<br />

L’intendant du département constatait de même en 1815, que Lalaing, homme<br />

instruit et spirituel « … n’avait pas aimé le gouvernement français ».<br />

Charles de Lalaing mourut en son hôtel de la rue du Prévost à Bruxelles, le 14<br />

août 1816, après une longue maladie.<br />

Charles de Lalaing s’était marié sur le tard. Il avait trente-neuf ans quand il<br />

épousa à Bruxelles, le 11 mai 1807, une riche héritière, Marie-Henriette-Octavie-<br />

Ghislaine de Maldeghem (Bruxelles 12 août 1787- Bruxelles 12 août 1866).<br />

C’était la fille cadette du comte Joseph-Alexandre-François de Maldeghem<br />

(Bruxelles-La Chapelle-11 juillet 1753- Bruxelles 17 octobre 1809), grand<br />

veneur du Brabant qui avait épousé à Bruxelles (Saint-Jacques), le 2 février<br />

1785, la comtesse Marie-Anne-Louise-Alexandrine d’Argenteau (Bruxelles-<br />

Sainte-Gudule-28 février 1764-Munster 25 mars 1801). Le comte de Maldeghem<br />

avait émigré et avait même obtenu de l’empereur d’Autriche le 21 septembre<br />

1799, l’indigénat en Bohême. Peu de temps avant sa mort, le préfet, constatant<br />

qu’il vendait certains biens en Belgique, estimait que c’était dans l’intention de<br />

se retirer en Allemagne, car il était attaché à l’archiduc Charles. Il le rangeait<br />

d’ailleurs parmi ceux qui regrettaient le plus l’Ancien Régime.<br />

Par cette union, Charles de Lalaing devenait le beau-frère de Georges de<br />

Trazegnies *.<br />

Le contrat de mariage assurait comme dot à la future épouse, une rente de 9.000<br />

francs jusqu’à ce qu’elle entrât en possession de la succession de ses parents.<br />

172


Lors du partage de celle-ci en 1819, Henriette de Maldeghem hérita de 549.597<br />

francs dont la terre de Blaesveld (département des Deux-Nèthes) provenant de la<br />

succession de sa mère et estimée à 163.729 francs ; les biens sis à Steenhuffel et<br />

Londerzele valant 156.205 francs, les propriétés sises à Eppeghem et Grimbergen,<br />

dont un château à Indevelde pour 166.284 francs.<br />

Après la mort de son mari, Henriette devint dame du Palais de la reine des Pays-<br />

Bas. Après l’indépendance de la Belgique, la comtesse douairière de Lalaing<br />

s’occupa de littérature et d’histoire, pendant de longues années, puisqu’elle vécut<br />

jusqu’à près de 80 ans. En 1849, elle publia « Maldeghem, la Loyale « ouvrage<br />

dans lequel elle retraça non seulement l’histoire de ses ancêtres, mais aussi<br />

celle de leurs biens. Elle publia également des traductions d’œuvres anglaises<br />

et italiennes. La comtesse contribua ainsi, notamment par ses traductions, à<br />

introduire en Belgique, la littérature romantique italienne. Elle avait perfectionné<br />

sa connaissance de la langue en s’entretenant avec des professeurs italiens dont<br />

Vincenzo Gioberti en exil à Bruxelles. Elle traduisit « La Vie de Dante » de<br />

Cesare Barbo, « La Vie du Tasse » de Gian-Battista Manso, « Le Canto Notturno »<br />

et « La Ginestra » de Leopardi. Elle traduisit également de l’anglais « Les<br />

Lamentations du Tasse » et « Manfred » de Lord Byron. Elle possédait une fort<br />

belle bibliothèque, dont les neuf cents volumes furent légués à la Bibliothèque<br />

Royale de Belgique.<br />

De son mariage avec Henriette de Maldeghem, le comte de Lalaing avait eu deux<br />

enfants encore très jeunes lors de son décès.<br />

Charles-Maximilien-Jacques (Bruxelles 24 avril 1811-Bruxelles 12 décembre<br />

1881) qui fit carrière dans la diplomatie et qui fut éligible au Sénat. Il épousa à<br />

Londres le 17 avril 1855, Julie-Ann Vibart (Ramport Boleah- Bengale- 6 janvier<br />

1830-Bruxelles 27 février 1912) fille de Thomas Gowan Vibart et de Jane Russel,<br />

des baronets Macnaghten.<br />

• Camille-Ange (Bruxelles 23 avril 1813-Bruxelles 19 septembre 1840) qui<br />

épousa à Bruxelles le 20 juillet 1836, son cousin germain, le baron Auguste-<br />

Charles d’Overschie (Crainhem 27 juillet 1806-Bruxelles 3 décembre 1877),<br />

ancien membre du Corps équestre du Brabant méridional, éligible au Sénat,<br />

fils du baron Auguste-Chrétien d’Overschie, et de sa tante, Marie-Anne-<br />

Frédérick-Françoise de Lalaing.<br />

• Charles de Lalaing laissait aussi deux enfants naturels non reconnus, nés<br />

d’une française Marie-Constance Armand. Il assura par testament une rente<br />

viagère à ses deux filles Charlotte-Emilie (Bruxelles 23 brumaire an XIII-<br />

14 novembre 1804) et Victoire-Germaine (Bruxelles 14 frimaire an XIV- 5<br />

décembre 1805) qui pouvaient être converties en une dot de 8.000 francs en<br />

173


cas de mariage. On perd leur trace à partir de 1812.<br />

Charles de Lalaing était fort riche, on lui attribuait 65.000 francs de rente en 1806<br />

et il figurait au 6 e rang, parmi les trente plus imposés du département, en payant<br />

à Bruxelles, 4.250 francs d’impôts.<br />

Sa fortune était essentiellement immobilière et provenait de la succession de son<br />

père Maximilien de Lalaing. Le partage de la succession de Charles de Lalaing en<br />

1834, témoigne de l’étendue de sa fortune évaluée à 1.479.839 francs. Il possédait<br />

le château de Santbergen entre Termonde et Ninove, des terres en Flandre et dans<br />

la région de Tournai et un hôtel rue du Prévost à Bruxelles, qui lui avait été donné<br />

par sa mère en 1807.<br />

Le libellé de son testament du 28 juin 1815 montre que Charles de Lalaing était<br />

resté un homme d’Ancien Régime, l’énumération de ses biens ne se réfère en<br />

effet qu’à la terminologie féodale : vicomté d’Audenaerde, terres et seigneurie<br />

de Zandbergen, terres et seigneurie de Thildonck etc... La même nostalgie d’une<br />

époque révolue transparaît dans le testament de sa mère, la douairière de Draeck<br />

qui veillait à ménager pour ses petits enfants, « un revenu qui compense les<br />

pertes qu’ils ont faites par la suppression des droits féodaux ». La succession de<br />

Madame de Draeck également liquidée en 1834, comprenait des terres estimées<br />

à 493.000 francs, près de 80.000 francs d’argent liquide, 17.500 francs de bijoux<br />

et près de 6.500 francs d’argenterie. En outre, la vente de son mobilier avait<br />

rapporté 22.500 francs.<br />

Charles de Lalaing laissa les deux tiers de ses biens à son fils Maximilien, sa sœur<br />

Camille ne recueillant que la réserve légale.<br />

A.N., AF/IV/1052, AF/IV/1426, F/7/8364 ; A.G.R., Enregistrement et Domaines,<br />

n° 3.806, Notariat du Brabant, n° 16333, notaire Van Lint, contrat de mariage, acte<br />

du 14 avril 1807, n° 30050, notaire Bastin, acte du 28 août 1816, testament du 28<br />

juin 1815, n° 30056, notaire Bastin, partage de la succession de Maldeghem, acte<br />

du 6 octobre 1819, n° 30058, notaire Bastin, acte du 14 juillet 1818, testament de<br />

la douairière de Draeck et inventaire de ses biens, acte du 20 juillet 1818, Archives<br />

de la famille de Lalaing, n° 89, partage de la succession de Charles de Lalaing et<br />

de Anne-Marie de Draeck, acte du notaire Barbé du 30 avril 1834 ; Annuaire de la<br />

Noblesse de Belgique, 1851, p. 111 et 1877, p. 72-73 ; F. BETERAMS, The High<br />

Society…, p. 5, 6, 183 ; F.V. GOETHALS, Miroir des Notabilités nobiliaires,<br />

Bruxelles, t. I, 1857, p. 491 et suiv. ; A. VAN NIEUWENHUYSEN, Inventaire<br />

des archives de la famille de Lalaing, Bruxelles, 1970.<br />

<strong>LA</strong><strong>LA</strong>ING d’AU<strong>DE</strong>NAR<strong>DE</strong> Charles-Eugène, comte de (Paris 13 novembre<br />

1779-Paris 5 mars 1859).<br />

Charles de Lalaing appartenait à une famille de vieille noblesse qui, depuis<br />

174


des générations, s’était illustrée au service du Saint-Empire. Chefs d’armée,<br />

diplomates, conseillers, grands baillis ou gouverneurs de villes et de provinces,<br />

les Lalaing avaient compté en moins d’un siècle et demi, douze titulaires de la<br />

Toison d’Or parmi leur parentèle.<br />

Son père, le comte Eugène-François-Thérèse-Fabien dit le vicomte d’Audenarde<br />

( ? -Paris -2 e arr.-3 juillet 1806) était issu du second mariage de Maximilien-Joseph<br />

de Lalaing (1677-1756) avec Digne Van Hove, c’était donc le frère germain de<br />

Maximilien-Joseph-Antoine. Charles-Eugène de Lalaing d’Audenarde était de ce<br />

fait, le cousin germain de Charles, comte de Lalaing*.<br />

Le vicomte d’Audenarde avait été capitaine dans l’armée autrichienne, chambellan<br />

de l’impératrice Marie-Thérèse et était devenu en 1792, grand maître des cuisines<br />

de la Cour de Bruxelles. Il avait épousé en premières noces, Marie-Anne de la<br />

Coste (1728-1774) dont il eut un fils, Maximilien-Joseph décédé à Anvers le 18<br />

novembre 1774, à l’âge de 21 ans. Il était alors capitaine au régiment Saint-Ignon<br />

Dragon.<br />

Le vicomte d’Audenarde se remaria à Paris, le 22 avril 1777, avec Agathe-<br />

Sophie d’Epeyrac ( 20 avril 1759-Grenoble 4 janvier 1829), fille de Jean-Joseph<br />

d’Epeyrac, commissaire général de la Marine au service de France et de Louise-<br />

Françoise de Boisgontier des Operrures.<br />

Charles fut leur seul enfant. Il naquit à Paris le 13 novembre 1779, mais il ne fut<br />

baptisé que plusieurs mois plus tard, le 5 juin 1780, à l’église Saint-Eustache.<br />

Curieusement, son parrain fut un valet de chambre et sa marraine, la fille illettrée<br />

d’un cordonnier.<br />

En 1794, après la bataille de Fleurus, les Lalaing suivirent la Cour de Bruxelles en<br />

exil à Vienne. Après cinq ans comme page à la Cour impériale, Charles fut admis<br />

le 1 er avril 1799, avec le grade de sous-lieutenant, au régiment de cuirassiers n° 6<br />

au service d’Autriche.<br />

Deux après la paix de Lunéville, Charles de Lalaing démissionna et revint en<br />

Belgique. Le 28 juin 1804, il entra au service français, comme capitaine au 112 e<br />

régiment d’infanterie de ligne, formé à Bruxelles. Le 22 juillet 1805, il fut nommé<br />

chef d’escadron dans un régiment de dragons et quelques semaines plus tard, le<br />

5 septembre 1805, il fut affecté au 3 e régiment de cuirassiers, où il servit pendant<br />

sept ans.<br />

Il fit les campagnes de 1805, 1806 et 1807 à la Grande armée, combattant à<br />

Austerlitz, Iéna et Friedland, puis il fut affecté à l’armée d’Espagne avec laquelle<br />

il fit la campagne de 1808 à l’état major impérial. Major depuis le 10 septembre<br />

1807, Charles de Lalaing d’Audenarde devint colonel à la suite de son régiment<br />

le 29 janvier 1809, et colonel titulaire le 7 septembre 1811. Entre-temps, affecté<br />

175


à l’armée d’Allemagne, il avait participé aux batailles d’Eckmülh et d’Essling,<br />

et s’était distingué à Wagram. Charles de Lalaing fit la campagne de Russie,<br />

chargea à la Moscowa et termina la retraite à pied, au sein de l’escadron sacré,<br />

contractant une maladie de poitrine.<br />

Nommé général de brigade le 1 er décembre 1812, après quelques mois de<br />

convalescence, il fit la campagne de Saxe en 1813 où il s’illustra à la bataille de<br />

Dresde. Le 26 décembre de cette même année, il passa dans la Garde impériale<br />

avec le grade de major au 2 e régiment de chevau-légers avec lequel il combattit<br />

en Belgique en 1814, sous les ordres du général Maison.<br />

Après la première abdication, Charles de Lalaing sollicita une place dans la Garde<br />

royale et obtint le 1 er septembre 1814, une lieutenance dans les Gardes de corps<br />

du Roi, compagnie de Noailles.<br />

Pendant les Cent-Jours, il suivit Louis XVIII à Gand, et l’on trouve son nom<br />

parmi les invités au bal donné à Bruxelles, par la duchesse de Richmond le 15<br />

juin 1815, alors que les troupes de l’Empereur venaient d’entrer en Belgique pour<br />

leur dernière campagne.<br />

En récompense de sa fidélité à Louis XVIII, il fut nommé commandant de la<br />

compagnie de Noailles le 1 er novembre 1815, et sera à la tête des escadrons de<br />

guerre de la Maison du Roi, lors de l’intervention française en Espagne en 1823. Le<br />

30 juillet de cette année, il devint lieutenant général. Mis en disponibilité en 1830,<br />

il reprit du service de 1833 à 1846, comme inspecteur général d’arrondissement<br />

de cavalerie. Admis dans le cadre de réserve le 14 novembre 1847, il fut placé à<br />

la retraite le 30 mai 1848.<br />

Après l’avènement du Second Empire, il demanda à reprendre du service et fut<br />

placé dans le cadre de réserve le 1 er janvier 1853.<br />

A son décès, il eut droit à des funérailles solennelles en l’église de la Madeleine et<br />

fut inhumé au cimetière du Père Lachaise, dans le même caveau que son épouse<br />

et ses beaux-parents. Son nom fut inscrit du côté est de l’Arc de Triomphe.<br />

Charles de Lalaing bénéficia des faveurs de tous les régimes qu’il servit.<br />

Il fut pendant quelques mois, au début 1805, écuyer cavalcadour à la Cour de<br />

l’impératrice Joséphine, ce qui revenait à surveiller les attelages et les écuries,<br />

et fut nommé écuyer de l’Empereur en 1809. Napoléon en fit un chevalier de la<br />

Légion d’honneur le 14 avril 1807, et un officier de l’Ordre le 28 février 1810.<br />

Louis XVIII l’éleva au rang de commandeur le 20 août 1814 et de Grand Officier<br />

le 20 août 1817 ; Louis-Philippe lui décerna la Grand Croix le 19 août 1847.<br />

Chevalier de Saint-Louis le 10 juillet 1814, il en devint commandeur le 1 er mai<br />

176


1821.<br />

Napoléon l’avait créé baron de l’Empire le 15 octobre 1809, avec une dotation de<br />

4.000 francs de rente annuelle sur le Hanovre, et une autre de 10.000 francs sur<br />

la Westphalie.<br />

Louis-Philippe en fit un pair de France le 3 octobre 1837, et Napoléon III le<br />

nomma sénateur le 4 mars 1853.<br />

Sa mère Sophie d’Epeyrac fit partie de la petite cour de l’impératrice Joséphine<br />

après le divorce, l’accompagnant au château de Navarre en Normandie, puis à la<br />

Malmaison de 1810 à 1814.<br />

Charles de Lalaing avait fait un beau mariage. Il avait épousé le 27 janvier 1810,<br />

à Paris-10 e arr.-, une jeune fille de quinze ans à peine, Julie Dupuy (Ile-de-<br />

France -Martinique- 10 vendémiaire an IV-2 octobre 1795- Paris 15 novembre<br />

1849), fille d’André-Julien Dupuy (Brioude 13 juin 1753-Paris 6 janvier 1832)<br />

et d’Euphrasie-Thérèse Bolgerd. Son beau-père était un personnage important.<br />

Ancien intendant des Etablissements français du Cap (1789-1800), il avait<br />

participé aux négociations de la paix d’Amiens et en avait été récompensé par<br />

une place de conseiller d’Etat. Choisi comme sénateur le 28 mars 1806, il avait<br />

été créé comte de l’Empire le 26 avril 1808. Il était commandant de la Légion<br />

d’honneur depuis le 13 juin 1804.<br />

Parmi les témoins au mariage, on comptait certains des personnages les plus<br />

importants de l’Empire : Duroc, duc de Frioul ; Savary, duc de Rovigo ; le comte<br />

de Ségur, grand maître des Cérémonies impériales ; le général comte Nansouty,<br />

premier écuyer de l’Empereur ; le comte Garnier, président du Sénat et Bernadotte,<br />

prince de Ponte Corvo. Le couple n’eut pas d’enfant.<br />

A.S.H.A.T. Vincennes, dossier 7Yd/1011 ; W. AERTS, « Le général comte<br />

Charles-Eugène de Lalaing d’Audenarde 1779-1859 « , Carnets de la Fourragère,<br />

11 e année, n° 2, juin 1954, p. 103-131.<br />

<strong>LA</strong>NNOY (Chrétien-Joseph-Ernest-Grégoire) comte de, (Bruxelles-Sainte-<br />

Gudule- 13 mars 1731-Bruxelles 26 mars 1822).<br />

Chrétien de Lannoy était d’ancienne et grande noblesse.<br />

Son père Eugène-Hyacinthe-Marie-Joseph, comte de la Motterie, baron d’Aix<br />

et de Sombreffe (Namur 15 août 1686-Bruxelles 10 septembre 1755) était à la<br />

fois membre des Etats de Brabant et de ceux de Namur, comme possesseur de<br />

la baronnie de Sombreffe, qui s’étendait sur les deux provinces. Il avait épousé<br />

le 17 avril 1727, Albertine-Lamoraldine-Thérèse du Faing (6 juillet 1708-1 er mai<br />

1786), comtesse de Hasselt, baronne de Jamoigne et dame de la Croix étoilée<br />

177


(1733).<br />

Bien qu’il eût débuté sa carrière comme colonel d’un régiment d’infanterie<br />

wallonne en 1718, et qu’il fût par la suite élevé au grade de général-major, la<br />

suite de sa carrière fut administrative. En 1725, il fut nommé Grand maître des<br />

cuisines à la cour de Marie-Elisabeth, puis gouverneur de Termonde (1728),<br />

ensuite gouverneur de Bruxelles (1737). En 1735, il avait été élevé à la dignité de<br />

conseiller d’Etat d’épée. Il devint en 1750, grand maréchal de la Cour et président<br />

du tribunal aulique. Il fut enfin conseiller intime d’Etat de l’impératrice Marie-<br />

Thérèse, général d’artillerie (1754), puis feld-maréchal lieutenant des armées.<br />

Il était le seizième chevalier de la Toison d’Or dans sa famille. Il fut aussi le<br />

protecteur de Jean-Jacques Rousseau.<br />

Son fils unique, Chrétien de Lannoy, débuta sa carrière à l’instar de son père : il<br />

fut membre des Etats de Brabant au titre du comté de Liberchies qu’il hérita de<br />

sa grand-mère, Marie-Isabelle-Ernestine de Gand en 1759, et des Etats de Namur<br />

comme baron de Sombreffe, à la mort de son père en 1755.<br />

Capitaine au régiment d’infanterie de Lorraine, il brilla surtout à la cour de<br />

Bruxelles, où sa prestance physique lui valut d’être appelé le « beau de Lannoy «<br />

et dans les fêtes chorégraphiques de la cour du prince Charles de Lorraine,<br />

il se montra maintes fois, costumé en Appolon. Lui et son ami le comte de<br />

Spangen, étaient considérés comme des modèles d’élégance et de bon goût. Le<br />

comte de Merode Westerloo le décrivait en ces termes, au soir de sa vie : « Le<br />

comte de Lannoy, second mari de ma grand-mère était un homme d’une figure<br />

remarquablement noble et belle, d’un esprit ordinaire, quoique assez moqueur<br />

de caractère, mais soutenu par un grand usage du monde et les manières d’un<br />

grand seigneur… Etant âgé de nonante ans, il vint me voir un soir où j’étais<br />

indisposé : siècle vivant devant moi, semblable dans son fauteuil à un vieux roi<br />

par la noblesse de son maintien et la grâce de ses manières ».<br />

Il obtint tout naturellement la clé de chambellan en 1755, puis fut député de<br />

la noblesse aux Etats de Brabant à partir de 1765. On le trouve sur la liste des<br />

membres de la loge bruxelloise « l’Heureuse Rencontre » sous l’Ancien Régime.<br />

Quand la tension naquit entre les Etats et l’empereur Joseph II, il se rangea aux<br />

côtés des premiers, ce qui lui valut d’être, avec les comtes de Spangen, de Duras<br />

et de Coloma, parmi les membres des Etats qui furent arrêtés comme otages lors<br />

de l’enlèvement du chancelier Crumpipen. On ne peut s’étonner dès lors, qu’il fit<br />

partie du Congrès des Etats-Belgiques Unis comme représentant des châtellenies<br />

de Flandres en 1790. Sa carrière à la Cour fut évidemment terminée lors de la<br />

restauration autrichienne. Il se retira alors au château d’Everberg, qui appartenait<br />

à son épouse, laquelle s’était également compromise par son zèle pour le parti<br />

des Etats.<br />

178


Il n’émigra pas lors de l’arrivée des troupes de la Convention et fut choisi comme<br />

un des électeurs de Bruxelles à l’assemblée électorale du département de la Dyle,<br />

en germinal an V. L’année suivante, la municipalité de Bruxelles lui confia la<br />

présidence d’une commission chargée de la gestion du Parc de la ville.<br />

Cette attitude lui valut les avances du pouvoir consulaire et le préfet Doulcet<br />

de Pontécoulant le convainquit de siéger au Conseil municipal de Bruxelles en<br />

floréal an VIII (avril 1800). Le préfet attachait une grande importance à pouvoir<br />

confier au comte de Lannoy des responsabilités publiques, car estimait-il, c’était<br />

« …le premier grand propriétaire du pays qui ait accepté des fonctions publiques<br />

du gouvernement consulaire ». Il fut désigné comme président de l’assemblée<br />

électorale du 4 e arrondissement de Bruxelles en l’an XII, et fut élu membre du<br />

collège électoral du département en l’an XIII.<br />

Dans le cadre de sa politique de réconciliation, Napoléon, cherchant à intégrer<br />

la noblesse, le nomma sénateur le 1 er floréal an XII (21 avril 1804). Au cours des<br />

années suivantes, il résida souvent à Paris, mais il ne joua qu’un rôle effacé au<br />

sein de la haute assemblée, et le préfet pouvait le considérer en 1809, comme<br />

« … fort attaché au gouvernement ». S’il signa le 1 er avril 1814, l’adresse du<br />

Sénat au peuple français, il ne s’associa pas à l’acte de déchéance de l’Empereur.<br />

Il avait obtenu la Grand Croix de l’Ordre de la Réunion.<br />

Après l’abdication de Napoléon, Chrétien de Lannoy rentra en Belgique où il fit<br />

partie du Corps équestre du Brabant méridional où il siégea de 1817 jusqu’à sa<br />

mort.<br />

Chrétien de Lannoy se maria sur le tard, à 43 ans, et dans circonstances assez<br />

romanesques. Au printemps 1774, il noua une liaison avec la comtesse Marie-<br />

Catherine de Merode (Louvain-Saint-Quentin-10 avril 1743- Bruxelles 26 mars<br />

1794), veuve, avec quatre enfants, de Philippe-Maximilien comte de Merode,<br />

marquis de Westerloo. Comme ils le reconnaîtront deux ans plus tard, quand ils<br />

arrêtèrent leurs conventions matrimoniales le 22 avril 1776 : « Entre eux il y avait<br />

une apparence de mariage au cas que Notre Sainte Mère l’Eglise le permettrait<br />

et qu’espérant oui ».<br />

En mars 1777, la comtesse de Merode raconta à son intendant Bosquet, qu’il y<br />

avait eu mariage secret le 14 mars 1774, connu seulement du prince Charles de<br />

Lorraine, de l’archevêque et de quelques amis et que : « … l’unique raison du<br />

secret de son mariage avait été d’atteindre l’âge suffisant de raison de ses enfants<br />

pour le leur faire trouver bon et les induire en amitié avec leur beau-père ».<br />

Leur liaison fut régularisée par un mariage célébré par le curé de Sainte-Gudule<br />

à Bruxelles, le 14 mai 1776, en l’hôtel de Merode.<br />

Entre-temps, Marie-Catherine de Merode avait accouché secrètement à Strasbourg,<br />

179


le 24 décembre 1774, d’une fille, Marie-Aimée-Désirée-Pauline morte à Paris le<br />

10 juin 1826. Celle-ci épousa à Bruxelles-Sainte-Gudule- le 22 octobre 1793,<br />

Anne-Marie-Renier-Sigismond de Montmorency-Luxembourg (Paris 16 février<br />

1772-décédé en mer au large d’Italie le 8 ou 10 octobre 1799), duc de Châtillon.<br />

C’était un très beau parti, car les biens de son père, le duc Anne-Charles de Piney-<br />

Luxembourg furent évalués à son décès, quelques années plus tard, à 4.000.000<br />

de francs. Sa mère était Madeleine-Renée-Suzanne de Voyer d’Argenson, dame<br />

du palais de la reine Marie-Antoinette.<br />

Les époux émigrèrent à la Révolution et se réfugièrent à Wetzlar, puis à Altona<br />

près de Hambourg. Pour tenter, vainement, d’échapper au séquestre de ses biens,<br />

Marie de Lannoy et son époux essayèrent de faire admettre que la séparation de<br />

biens, qu’ils firent acter devant un notaire de Wetzlar le 1 er juillet 1795, équivalait<br />

à un divorce. C’est en rendant visite à son père réfugié à Naples, qu’Anne de<br />

Montmorency-Luxembourg périt en mer. Son épouse rentra à Bruxelles, et fut<br />

définitivement radiée de la liste des émigrés le 3 messidor an VI.<br />

Après son veuvage, Marie de Lannoy se remaria à Paris, le 18 avril 1806, avec<br />

Antoine-Raymond de Bérenger (Paris-Sainte-Marie-Madeleine- 23 novembre<br />

1774-Paris- 1 er arr.- 25 février 1849) créé pair de France le 5 mars 1819. C’est<br />

dans leur hôtel de la rue de Grenelle, que Chrétien de Lannoy séjournait quand il<br />

participait aux sessions du Sénat.<br />

Avant son mariage, la situation financière de Chrétien de Lannoy n’était guère<br />

brillante. Son père était mort perclus de dettes et sa mère avait dû supplier le<br />

gouvernement pour obtenir trois mois de gages, que son mari percevait au<br />

titre de gouverneur de Bruxelles, et pour son fils, l’équivalent d’une année de<br />

rémunération.<br />

Bien au courant de cette situation, Marie-Catherine de Merode stipula dans le<br />

contrat de mariage, une stricte séparation de biens tout en réservant pour son<br />

mari, s’il lui survivait, l’usufruit de son hôtel à Bruxelles, rue Royale, dans le<br />

nouveau quartier du Parc, de son château d’Everberg et une rente viagère de<br />

8.000 florins.<br />

La situation de Chrétien de Lannoy est connue de manière assez précise suite à<br />

ses démêlés avec l’administration centrale du département de la Dyle quand ses<br />

biens furent mis sous séquestre du chef de l’émigration de sa fille Marie.<br />

Un état général de ses avoirs fut établi contradictoirement le 19 nivôse an VIII.<br />

Le total de ses actifs s’élevait à 544.034 francs, mais le montant de ses dettes<br />

s’élevait à 481.737 francs. Ses difficultés étaient le fruit de sa prodigualité et<br />

de celle de son père. Ainsi, en 1793, il avait emprunté 54.000 florins de change<br />

et encore 24.000 florins l’année suivante. Il était de plus, en procès avec la<br />

famille d’un ancien régisseur qui lui réclamait 222.000 francs. Sa fortune était<br />

180


essentiellement immobilière, fermes, terres et bois dans les départements de<br />

Jemappes, de l’Escaut et de la Lys. Le cabinet de curiosités et la collection de<br />

tableaux décorant l’hôtel de Merode au Parc, appelé hôtel de Lannoy après le<br />

décès de son épouse, étaient renommés.<br />

En l’an VIII, ses revenus s’élevaient, à près de 32.000 livres de France, mais la<br />

suppression des droits féodaux lui avait perdre 15.000 livres de rentrées annuelles.<br />

Ces 32.000 livres étaient grevées des intérêts des sommes empruntées, que l’on<br />

peut estimer à plus ou moins 24.000 livres, mais il bénéficia de la rente viagère<br />

que lui avait léguée son épouse, sans que l’on sache si elle fut effectivement<br />

versée, et de son traitement de sénateur (25.000 francs).<br />

Le montant des estimations de ses revenus par le préfet (60.000 francs en 1809)<br />

et par l’intendant du département de la Dyle (40.000 francs en 1815) traduisent<br />

l’incertitude qui subsiste à propos des ressources réelles du comte de Lannoy.<br />

En tout cas, en 1817, l’intendant de ses biens situés en Flandre lui conseillait<br />

vivement de vendre ceux-ci pour diminuer la charge de ses dettes.<br />

Chrétien de Lannoy figurait à la 26 e place sur la liste des trente plus imposés en<br />

1806, en payant 5.000 francs d’impôts.<br />

A.N., AF/IV/1426, F/7/8364, F/1cIII/Dyle/1 et Dyle /2 ; Archives de la Ville<br />

de Bruxelles, Fonds de Lannoy, n° 7 ; A.G.R., Fonds d’Ursel, <strong>LA</strong>1356, aidemémoire<br />

Bosquet 1773-1775 ; Biographie Nationale, t. XI,1890-91 col. 303-<br />

304, notice A. WAUTERS ; Etat présent de la Noblesse, 1992, p. 241-242 ; F.<br />

BETERAMS, The High Society…, p. 5 ; Cl. BRUNEEL, Les grands commis…,<br />

p. 356-357 ; Bruxelles, ancien et moderne et ses environs, Bruxelles, 1819, p. 72 ;<br />

P. <strong>DU</strong>CHAINE, La Franc-Maçonnerie belge au XVIII e siècle, Bruxelles, 1911, p.<br />

387 ; C te de MERO<strong>DE</strong>-WESTERLOO, Souvenirs, Bruxelles, 1864, t. I, p. 8-20.<br />

<strong>LA</strong> SERNA SANTAN<strong>DE</strong>R Charles-Antoine de, (Colindres -Espagne- 1 er<br />

février 1751-Bruxelles 28 février 1813).<br />

Charles de La Serna était le second fils de Sébastien de La Serna et d’Isabelle de<br />

Santander, tous deux issus de la noblesse espagnole. Une branche de la famille du<br />

côté maternel, les Santander Rada y San Juan s’était fixée aux Pays-Bas depuis<br />

l’époque des archiducs Albert et Isabelle.<br />

Charles de La Serna suivit d’abord l’enseignement du collège des Jésuites de<br />

Villagarcia, puis il y accomplit un noviciat de quinze mois, jusqu’à la suppression<br />

de l’ordre en 1767. Il étudia ensuite la philosophie à l’Université de Valladolid.<br />

En 1772, il vint s’installer à Bruxelles chez son oncle, Don Simon-Antoine de<br />

Santander y San Juan, bibliophile passionné et averti. C’était d’ailleurs le frère<br />

et l’héritier de Don Jean-Emmanuel de Santander Zorilla, prêtre et premier<br />

181


ibliothécaire du roi d’Espagne. Son oncle lui fit partager sa passion pour les<br />

livres anciens et rares et grâce à lui, le jeune homme entra en relation avec les<br />

plus célèbres bibliophiles de son temps tels que Christoffel Gottlieb Murr, Pietro<br />

Antonio Crevrenna et l’abbé Bathélémy Mercier de Saint Léger.<br />

Au décès de son oncle, le 21 février 1792, Charles de La Serna hérita de sa<br />

fortune et de sa riche bibliothèque.<br />

Ce n’est que lors de la seconde occupation française des Pays-Bas autrichiens que<br />

cet homme de cabinet entra dans la vie publique.<br />

La politique de la France après Fleurus fut aussi celle des « conquêtes artistiques ».<br />

Dès le 3 fructidor an II (20 août 1794), quatre commissaires furent envoyés en<br />

Belgique par le Comité de salut public pour recueillir « tous les monuments,<br />

toutes les richesses qui ont rapport aux arts, aux sciences pour enrichir la<br />

République ». Les commissaires avaient notamment, pour instruction d’examiner<br />

les principales bibliothèques, dont une liste précise leur avait été remise.<br />

Leur rapport daté du début vendémiaire an III (fin septembre 1794) montre le<br />

zèle avec lequel ils avaient accompli leur mission : ils avaient confisqué huit mille<br />

ouvrages dans seulement huit bibliothèques et en avaient expédié cinq mille à<br />

Lille.<br />

En frimaire an III (décembre 1794), le représentant Frécine vantait les mérites des<br />

agents de la commission de l’Instruction publique qui « avaient déjà fait passer<br />

en France plus de 60.000 volumes ». Ces enlèvements désordonnés proches du<br />

pillage pur et simple, se heurtèrent à l’opposition progressive de l’Administration<br />

Centrale et Supérieure de la Belgique mise en place pour administrer la conquête.<br />

Après l’annexion, dès le 21 thermidor an IV (8 août 1796), la nouvelle<br />

administration du département de la Dyle inaugura une bibliothèque publique<br />

à Bruxelles. Le jury temporaire des Arts créé par cette administration le 30<br />

ventôse an V (9 août 1796) fut l’instrument d’une vaste action de sauvegarde<br />

des œuvres d’art, livres et objets de science. Charles de La Serna fut chargé en<br />

son sein, de la recherche des richesses littéraires ; il avait d’ailleurs été nommé<br />

bibliothécaire de l’Ecole centrale du département (19 germinal an V-8 avril 1797)<br />

installée solennellement dans les locaux de l’ancienne Cour (Palais de Charles de<br />

Lorraine) le 10 prairial an V (29 mai 1797).<br />

L’œuvre accomplie par La Serna fut considérable : non seulement, il inventoria,<br />

mais rassembla au sein de la nouvelle institution, ce qui restait de l’ancienne<br />

Bibliothèque de Bourgogne, réputée dans toute l’Europe à l’époque autrichienne,<br />

mais aussi les collections de l’ancienne Université de Louvain et du Grand<br />

Conseil de Malines, juridiction suprême des anciens Pays-Bas, et celles des<br />

grandes abbayes supprimées lors de la sécularisation des biens du clergé.<br />

182


L’action de Charles de La Serna s’étendit à toute la sphère culturelle. Suivant le<br />

témoignage de Charles Malaise, conservateur du Musée de Bruxelles en 1817 :<br />

« M. de La Serna ne se borna point à créer la bibliothèque ; secondé par quelques<br />

amis des Arts et des Sciences, il proposa successivement la création du Musée, du<br />

Jardin des Plantes, du cabinet de Physique et du cabinet d’Histoire Naturelle ».<br />

Quand l’Ecole centrale fut supprimée et remplacée par le Lycée de Bruxelles, le<br />

1 er mai 1802, la bibliothèque fut reprise par la municipalité de la ville etLa Serna<br />

fut nommé à sa tête le 15 juin 1803.<br />

Il y poursuivit son action de collecteur de livres (la bibliothèque contenait près de<br />

80.000 volumes en 1813) jusqu’à sa révocation le 30 avril 1811.<br />

La police impériale avait en effet, acquis la conviction que le bibliothécaire avait<br />

accepté le dépôt à son domicile, de brochures clandestines critiquant la politique<br />

de Napoléon vis-à-vis du Pape.<br />

Charles de La Serna était membre correspondant de l’Institut de France et faisait<br />

partie de plusieurs sociétés savantes. Il fut notamment, membre de la Société<br />

d’Histoire Naturelle de Bruxelles fondée en 1795, qui se maintint jusqu’en 1798,<br />

et de la Société Libre des Sciences et des Arts installée en avril 1799, à l’incitation<br />

du ministre de l’Intérieur François Neufchâteau. Dans cette dernière, Charles de<br />

La Serna appartint à la première section de la troisième classe qui traitait des<br />

questions de grammaire, de langues anciennes, de poésie et d’éloquence et dont<br />

presque tous les membres faisaient partie de l’Ecole centrale.<br />

Les publications de Charles de La Serna dans le domaine de la bibliophilie<br />

furent nombreuses et importantes. Il rédigea d’abord le « Catalogue des livres<br />

de la bibliothèque de feu Théodore-Jean-Laurent del Marmol » (1791), puis le<br />

« Catalogue des livres de la bibliothèque de feu Simon de Santander, secrétaire<br />

de Sa Majesté catholique » qui connut deux éditions, l’une en quatre volumes en<br />

1792, l’autre en cinq volumes en l’an XI.<br />

Suivant la tradition, il aurait vendu en 1809, la collection de livres de son oncle<br />

au grand libraire parisien Renouard pour le prix considérable de 60.000 francs.<br />

La même année, il publia son œuvre majeure : « Mémoires historiques sur la<br />

Bibliothèque dite de Bourgogne, présentemment bibliothèque publique de<br />

Bruxelles » qu’il dédia à son ami Charles Van Hulthem, l’autre célèbre bibliophile<br />

belge de l’époque.<br />

Il avait encore publié en 1796, un « Mémoire sur l’origine et le premier usage des<br />

signatures et des chiffres dans l’art typographique » et en 1805, un « Dictionnaire<br />

183


ibliographique choisi du XV e siècle… précédé d’un essai historique sur l’origine<br />

de l’imprimerie » en trois volumes, qui connut une seconde édition en 1807.<br />

Indépendamment de la collection de livres de Simon de Santander, Charles de La<br />

Serna avait rassemblé une bibliothèque personnelle importante. Elle fut dispersée<br />

en vente publique en mars 1816, pour un montant de 11.532 francs.<br />

Parmi plus de 1.300 ouvrages, on trouvait plus de 150 éditions des XV e et XVI e<br />

siècles. Les auteurs grecs et romains y côtoyaient toutes les grandes oeuvres<br />

européennes des XVI e , XVII e et XVIII e siècles. C’est ainsi que les ouvrages<br />

d’Erasme voisinaient avec ceux de Milton (le Paradis perdu), du Tasse (Le Roland<br />

furieux et la Jérusalem délivrée), de Garcilaso de la Vega, Pétrarque, Camöens,<br />

Cervantès, Rabelais, Bossuet et Florian. Les écrits des encyclopédistes brillaient<br />

par leur absence, mais on y trouvait une des premières éditions de l’Imitation de<br />

Jésus-Christ et 250 ouvrages de piété.<br />

Charles de La Serna avait non seulement le goût des livres, mais il avait aussi<br />

réuni une collection de tableaux, peut-être à l’occasion de ses investigations lors<br />

de la création du Musée de Bruxelles. Lors de la vente de sa bibliothèque, on mit<br />

aux enchères 58 tableaux et statues qui firent l’objet d’un catalogue, que nous<br />

n’avons pu retrouver.<br />

Mais sa veuve avait conservé douze tableaux parmi lesquels des œuvres de Van<br />

Dijck, de François Boucher, du Tintoret et de Van Loon.<br />

Charles de La Serna, bien qu’issu d’un milieu très catholique, ne se montra pas<br />

un adversaire du régime laïc mis en place par le Directoire.<br />

Dès 1794, il accepta de s’occuper dans son quartier, de la distribution de secours<br />

aux indigents. En l’an V, il fut choisi comme assesseur du juge de paix de la 1 ère<br />

section de la ville de Bruxelles et fut réélu dans ses fonctions en l’an VII. Il fit<br />

aussi partie de l’administration des hospices et devint membre du Conseil du<br />

département de la Dyle le 7 germinal an IX (28 mars 1801), mais il démissionna<br />

le 8 thermidor an XI (27 juillet 1803) suite à un différend avec son président,<br />

Louis de Festraets*.<br />

Désigné comme membre du Conseil municipal de Bruxelles le 23 novembre 1808,<br />

il figurait également parmi les membres du collège électoral du département en<br />

1810, et fut un des administrateurs du Prytanée français.<br />

Charles de La Serna avait épousé à Bruxelles, le 24 août 1803, Catherine Baert<br />

(Bruxelles 7 mars 1785-Bruxelles 1 er décembre 1819) fille de Pierre-Jacques<br />

Baert* et d’Anne-Marie Lefrancq. Le goût des livres de Pierre Baert et la<br />

profession de son beau-frère appartenant à une lignée d’éditeurs renommés à<br />

Bruxelles au XVIII e siècle, Benoît Lefrancq (Bruxelles 1753-Bruxelles 27 août<br />

1830), pourraient expliquer cette union qui, dans une famille de la noblesse<br />

184


espagnole, dut quand même apparaître comme une mésalliance.<br />

De ce mariage tardif, naquirent au moins quatre enfants :<br />

Marianne (Bruxelles 7 juillet1804- ?)<br />

• Pierre-Ferdinand (Bruxelles 16 novembre 1806-Bruxelles 28 avril 1887)<br />

qui hérita de son oncle Don Fernando de La Serna, ancien consul général à<br />

Paris, le titre castillan de comte de la Laguna de Terminos et le majorat qui y<br />

était attaché. Il fut mis en sa possession, par diplôme du roi d’Espagne le 23<br />

octobre 1839, et fut autorisé à porter le titre en Belgique par lettres patentes<br />

le 20 octobre 1841. Il épousa à Bruges, Julie-Josèphe Van Damme (Bruxelles<br />

21 juin 1819-Ixelles 12 mars 1899) fille de Frans-Joseph-Antoine et Julienne-<br />

Marie Gilliodts.<br />

• Anne-Thérèse née à Bruxelles, le 21 avril 1808 et morte en bas âge.<br />

• Constance (Bruxelles 6 octobre 1809-Saint-Gilles 3 mars 1880)<br />

Au décès de Charles de La Serna, la tutelle de ses enfants mineurs fut assumée<br />

conjointement par sa veuve Catherine Baert et par son homme d’affaires, Augustin<br />

Misonne, en qualité de subrogé tuteur.<br />

Quand Catherine Baert mourut six ans plus tard, ce fut la grand-mère, Anne-<br />

Marie Lefrancq, dans sa retraite au Grand Béguinage de Bruxelles, qui reprit la<br />

charge de tutrice des enfants. Ceux-ci étaient élevés au pensionnat des Dames de<br />

la Charité chrétienne à Gand.<br />

Charles de La Serna était un homme fortuné. Il possédait rue Haute, une belle<br />

maison, estimée dans sa succession à 13.500 francs, où il était servi par trois<br />

domestiques et possédait de son propre aveu, 11.000 francs de revenus. En 1806,<br />

il figurait parmi les soixante personnalités les plus marquantes du département en<br />

payant 4.000 francs d’impôts.<br />

En fait, à partir des éléments successoraux, on peut estimer que ses revenus<br />

annuels s’inscrivaient dans une fourchette de 30 à 40.000 francs.<br />

La base de sa fortune provenait de l’héritage de son oncle, Simon de Santander<br />

qui lui avait laissé d’importants biens immeubles en possession de la famille<br />

depuis le XVII e siècle : une ferme à Gosselies (Charleroi), avec 112 bonniers de<br />

terres, trois autres en Brabant flamand, dont celle du Keukenhof à Puers, avec<br />

une maison de plaisance entourée d’eau et quinze maisons à Bruxelles, rue des<br />

Meuniers, queLa Serna restaura entièrement.<br />

Sous le Directoire, il acheta des biens nationaux et se porta encore acquéreur sous<br />

185


l’Empire. Une cinquantaine d’hectares de terres de cette origine se retrouvèrent<br />

dans sa succession. Il avait encore acquis 32 hectares de terres avec son beaupère,<br />

Pierre-Jacques Baert.<br />

Les placements mobiliers en rentes et prêts de Charles de La Serna s’élevaient<br />

à 73.556 francs. Son mobilier ainsi que sa bibliothèque étaient estimés à 43.634<br />

francs.<br />

A.G.R., Cour d’appel, 1 ère série, n° 1745, Enregistrement et Domaines, n°278,<br />

Notariat du Brabant du Brabant, n° 30.049, acte du notaire Bastin du 18 mars 1816,<br />

procès-verbal de la vente de la bibliothèque, n° 30.056, acte du notaire Bastin du<br />

22 décembre 1819, inventaire de la mortuaire de Catherine Baert, Préfecture de<br />

la Dyle, P° 1746 ; « In memoriam Eugène Claessens », in Intermédiaire des<br />

généalogistes, 1971, p. 66 ; F. REMY, « Un épisode de l’opposition de Napoléon<br />

en Belgique : La destitution de Charles-Antoine de La Serna Santander,<br />

bibliothécaire de la ville de Bruxelles », in Bulletin de la Société belge d’Etudes<br />

napoléoniennes, n° 42 (1963), p. 15-20 et n° 43 (1963), p. 9-14 ; Nationaal<br />

Biografisch Woordenboeck, t. II, col. 426-431, notice F. REMY ; Etat présent<br />

de la Noblesse, 1998, p. 233 ; R. <strong>DE</strong> V<strong>LE</strong>ESHOUWER, L’arrondissement du<br />

Brabant sous l’occupation française 1794-1795, Bruxelles, 1964, p. 451-458 ;<br />

C.H. LHOIR, « La sécularisation des œuvres d’art dans le Brabant (1733-1842),<br />

« La création du Musée de Bruxelles » in Etudes sur le XVIII e siècle, 8 e vol. hors<br />

série, p. 48-71.<br />

<strong>LA</strong>TTEUR, Antoine-Joseph-Pascal (Mons-Sainte-Elisabeth-6 avril<br />

1749-Bruxelles 22 novembre 1810).<br />

Antoine Latteur naquit dans le milieu des commerçants montois. Son père,<br />

Jacques (Binche 28 août 1717-Mons 24 octobre 1794) s’était installé à Mons<br />

comme marchand. Il avait épousé à Naast près de Soignies, le 12 janvier 1745,<br />

Marie-Catherine Fauconnier (Naast vers 1726-Mons 23 juillet 1787) dont il eut<br />

quatorze enfants, mais six moururent en bas âge.<br />

Antoine Latteur était leur troisième fils. Il fit ses études au collège des Jésuites à<br />

Mons, fut tenté par le noviciat, mais finalement entreprit des études de droit.<br />

Après avoir obtenu son diplôme de licencié ès lois à l’Université de Louvain, il<br />

fut reçu avocat au Conseil de Hainaut. Il s’installa dans sa ville natale de Mons,<br />

où il développa un important cabinet, ayant notamment la clientèle de l’opulente<br />

abbaye de Saint-Ghislain.<br />

Quand les réformes de Joseph II entreprirent de bousculer les traditions, Antoine<br />

Latteur se retrouva parmi les opposants à celles-ci. Il fit partie du Comité<br />

patriotique qui préparait clandestinement l’insurrection des Pays-Bas contre<br />

l’Empereur.<br />

Les Autrichiens éventèrent le complot montois, mais il ne fut pas soupçonné,<br />

186


en revanche, l’année suivante, il dut se réfugier à Thuin, qui dépendait de la<br />

principauté de Liège, pour échapper à l’arrestation.<br />

Le succès de la révolte servit les ambitions d’Antoine Latteur qui devint membre<br />

du Conseil de la ville de Mons, secrétaire général du Comité général de la province<br />

de Hainaut et lieutenant colonel placé à la tête des volontaires de la province.<br />

Le jeune avocat accompagna le comte de Thiennes envoyé à Paris en mars<br />

1790, porter un message du Congrès des Etats-Belgiques Unis sollicitant la<br />

reconnaissance d’une république belge par la France.<br />

La restauration du pouvoir autrichien en décembre 1790, renvoya Antoine Latteur<br />

à son cabinet d’avocat, mais en 1791, il redevint membre du Conseil de la ville<br />

de Mons.<br />

Ce partisan des Etats en 1789, se rallia aux idées démocratiques en 1792. Après<br />

la bataille de Jemappes, il fut élu membre de l’Assemblée des représentants du<br />

peuple souverain de Hainaut. Il fit partie de la commission désignée par celle-ci,<br />

pour établir un projet d’organisation judiciaire et accepta de siéger comme juge<br />

au Tribunal supérieur, qui devait prendre la place de l’ancien Conseil de Hainaut.<br />

La défaite de Neerwinden ramena les anciennes institutions, le Conseil de Hainaut<br />

fut rétabli dans ses pouvoirs et obligea Antoine Latteur à réitérer son serment,<br />

pour l’autoriser à reprendre ses activités d’avocat.<br />

Après la victoire de Fleurus, qui entraîna cette fois l’occupation durable des Pays-<br />

Bas et de la principauté de Liège, Antoine Latteur, renonçant au projet d’une<br />

république Belgique, se rallia à l’idée du rattachement du Hainaut à la France.<br />

C’est ainsi qu’il accepta de devenir juge au tribunal de district de Mons, le 14<br />

messidor an II (2 juillet 1794), et fit partie d’une délégation envoyée porter à la<br />

Convention, une adresse en faveur de la réunion.<br />

Tout naturellement, Antoine Latteur, qui était considéré désormais comme rallié<br />

au nouveau régime, fut désigné le 7 brumaire an IV (29 octobre 1795), comme<br />

juge au tribunal civil du département de Jemappes. Il prit rapidement l’ascendant<br />

sur ses collègues, qui le choisirent comme président d’une des sections de la<br />

juridiction.<br />

Le 23 messidor an IV (11 juillet 1796), Bouteville, commissaire du Directoire<br />

dans les nouveaux départements, nomma Antoine Latteur président du tribunal<br />

criminel.<br />

Mais à Mons, le petit nombre des partisans de la République était divisé en<br />

deux clans irréconciliables. Antoine Latteur apparaissait comme le chef des<br />

plus modérés, ceux des anciens partisans des Etats convaincus que désormais, la<br />

réunion à la France était la solution d’avenir ; l’autre parti, constitué d’anciens<br />

187


vonckistes, de caractère plus démocrate, était animé par Pierre Delneufcourt, qui<br />

était devenu commissaire près les tribunaux du département. Ce dernier dénonça<br />

au ministre de la Justice, Merlin de Douai, comme une félonie, le serment prêté<br />

à nouveau par Latteur en 1793, ce qui amena sa mise à l’écart le 17 thermidor an<br />

IV (4 août 1797).<br />

Cette éviction souleva les protestations de la municipalité de Mons et des<br />

administrateurs du département, qui regrettèrent « un citoyen patriote, dévoué<br />

qui, lors des fêtes nationales avec tant d’énergie et d’éloquence, les avantages<br />

de la réunion à la République ». Antoine Latteur avait conservé l’estime de ses<br />

collègues qui, dès que l’occasion se présenta en fructidor an V, le cooptèrent<br />

comme juge au sein du tribunal où il siégea jusqu’aux élections de l’an VII. En<br />

germinal de cette année, l’assemblée électorale du département le choisit comme<br />

député au Conseil des Anciens.<br />

Après le coup d’Etat de brumaire, il ne fut pas maintenu au sein du Corps<br />

législatif, mais il devint le 17 messidor an VIII (6 juillet 1800), président du<br />

Tribunal d’appel -plus tard, Cour d’appel- de Bruxelles, où il siégea jusqu’à son<br />

décès le 22 novembre 1810, après une longue et pénible maladie.<br />

Dès le 25 avril 1806, il siégea comme membre du Conseil de discipline et<br />

d’enseignement de l’Ecole de droit de Bruxelles, avant d’en être le doyen<br />

d’honneur. Il avait reçu les insignes de commandant de la Légion d’honneur le<br />

25 prairial an XII (14 juin 1804) et fut créé baron d’Empire le 25 août 1810,<br />

quelques semaines avant sa mort.<br />

Bien qu’établi à Bruxelles, Antoine Latteur avait conservé des attaches avec son<br />

Hainaut natal. En effet, le 25 novembre 1808, le collège électoral du département<br />

de Jemappes l’avait choisi comme candidat au Corps législatif.<br />

Antoine Latteur avait épousé à Louvain, le 28 novembre 1780, une de ses parentes<br />

au 4 e degré de consanguinité, Marie-Anne-Josèphe-Julienne Rosier (Louvain-<br />

Saint-Pierre-10 janvier 1761-?), fille de Egide Rosier licencié ès lois et de Marie-<br />

Josèphe Latteur. Ce mariage en faisait le beau-frère de Jean-Baptiste Rosier<br />

(Louvain-Saint-Pierre-30 mai 1793-Mons 9 octobre 1824), dont la carrière fut<br />

très semblable à la sienne : avocat, secrétaire du Congrès belgique en 1789,<br />

administrateur de l’arrondissement du Hainaut en l’an III, agent national à Mons<br />

en l’an IV, accusateur public en l’an VII, puis commissaire du Gouvernement près<br />

le tribunal criminel du département de Jemappes en l’an VIII. Cette union faisait<br />

aussi de Latteur le beau-frère de Stanislas Troye (Mons 28 janvier 1770- Thuin<br />

29 décembre 1844), membre de l’administration centrale du département de<br />

Jemappes, puis sous-préfet de Charleroi de 1800 à 1814, membre de la Seconde<br />

Chambre des Etats Généraux de 1815 à 1819, éligible au Sénat.<br />

Trois enfants naquirent du mariage d’Antoine Latteur, dont deux parvinrent à<br />

188


l’âge adulte, tous baptisés à l’église Saint-Germain à Mons :<br />

Marie-Catherine-Julie (11 septembre 1781- ?) qui épousa très jeune, en 1795,<br />

à Mons, Louis Fouquiet et dont elle eut au moins un enfant, Adolphe Fouquiet.<br />

• Jacques-Charles-Xavier (7 janvier 1783- Saint-Josse-ten-Noode 28 juillet<br />

1849) que l’on trouve comme percepteur des contributions à Tirlemont en<br />

1809. Il avait été initié dans une loge montoise et affilié à la loge bruxelloise<br />

« Les Amis Philanthropes » en 1807. Il avait fait un riche mariage en<br />

épousant en 1807, à Deinze, Bernardine Ottevaere (Petteghem novembre<br />

1780-Bruxelles 11 janvier 1809). C’était la fille de François-Bernard Ottevaere<br />

(Deinze 1751-Deinze 1830), ancien fournisseur aux armées, acquéreur de<br />

biens nationaux, membre du Conseil de l’arrondissement de Gand (1800 à<br />

1804) et reçu au sein de la loge bruxelloise « La Paix et la Candeur » en 1807.<br />

Il résidait une partie de l’année à Bruxelles et on lui attribuait 30.000 francs<br />

de revenus.<br />

• Thérèse-Euphrémie née à Mons le 28 juin 1792 et décédée en bas âge.<br />

Antoine Latteur possédait rue de Namur, à Bruxelles, une maison d’une valeur de<br />

25.000 francs. Il avait acquis des biens nationaux aussi bien dans le département<br />

de la Dyle (33 hectares) que dans le département de Jemappes. En 1808, il figurait<br />

d’ailleurs parmi les cent-cinquante plus imposés de ce département. En 1809, le<br />

préfet du département de la Dyle évaluait ses revenus à 30.000 francs.<br />

A.N., AF/III/297, BB/5/277, F/1bII/Dyle/2, F/1cIII/Jemappes/1 et 2, F/7/3645 1 ;<br />

A.G.R., Enregistrement et Domaines, n° 275, déclaration de succession d’Antoine<br />

Latteur, Papiers Bouteville, n° 43 et 44.<br />

LIGNE (Louis-Eugène-Lamoral) prince de, Bruxelles 12 mai 1766-Bruxelles 10<br />

mai 1813.<br />

Issu d’une illustre famille, Louis de Ligne était le second fils du célèbre maréchal<br />

de Ligne.<br />

Celui-ci, Charles-Joseph (Bruxelles-Sainte-Gudule-23 mai 1735-Vienne 13<br />

décembre 1814), était le septième prince de Ligne et du Saint-Empire, chevalier<br />

de la Toison d’Or et Grand d’Espagne, colonel propriétaire du régiment Ligne<br />

Infanterie et général-major à 28 ans.<br />

Tenu en suspicion par le gouvernement autrichien à cause de la liberté de ses<br />

propos et son esprit frondeur, il ne reçut le titre de feld-maréchal qu’à titre<br />

honorifique, en 1808.<br />

L’œuvre littéraire qui fit sa renommée fut celle d’un grand seigneur cosmopolite,<br />

189


écrivain étincelant d’esprit et mémorialiste primesautier.<br />

De son mariage, le 6 août 1755, avec Françoise, princesse de Liechtenstein<br />

(1739-Vienne 17 mai 1821), il avait retenu cinq enfants parvenus à l’âge adulte.<br />

L’aîné, Charles-Antoine (Bruxelles 14 septembre 1759-La Croix-aux-Bois 14<br />

septembre 1792) fut colonel dans l’armée autrichienne et trouva la mort au<br />

cours de la campagne de Valmy. Il avait épousé la princesse polonaise Hélène<br />

Massalska. Il fut membre de la loge montoise « La Ligne Equitable » qui tenait<br />

séance dans son hôtel.<br />

Les trois filles épousèrent des nobles autrichiens : Marie-Léopoldine-Christine<br />

(1757-1830), le comte Jean Clary et Aldringen, conseiller et chambellan impérial ;<br />

Euphémie-Christine (1773-1834), le comte Jean-Baptiste Palffy, conseiller et<br />

chambellan impérial ; Flore (1775-1831) Raban, baron Spiegel, feld-maréchal<br />

lieutenant et chambellan impérial.<br />

Suivant la décision de son père, qui entendait avoir un fils au service de France,<br />

pour sauvegarder ses intérêts dans ce royaume, Louis de Ligne fit ses études au<br />

collège de Clermont à Paris, où il passa cinq ans, puis il fut présenté à la Cour à<br />

Versailles.<br />

Le 18 novembre 1781, à l’âge de 15 ans, il fut nommé sous-lieutenant aux<br />

Dragons de la Reine. Il servit ensuite comme capitaine au régiment Royal<br />

Allemand, puis comme major au régiment Orléans Cavalerie. En 1789, sa qualité<br />

d’officier français ne l’empêcha pas de participer, en civil, à la prise de Gand par<br />

les patriotes insurgés contre la politique de Joseph II, et de se faire remarquer<br />

dans leurs rangs.<br />

Après cette escapade, il rejoignit son régiment en France. Nommé lieutenantcolonel<br />

au 5 e Hussards, il eut à ce moment sous ses ordres, comme maréchal des<br />

logis, le futur maréchal Ney.<br />

La déclaration de guerre de la France au roi de Bohême, la journée du 20 juin<br />

1792, au cours de laquelle Louis XVI apparut comme prisonnier de l’émeute,<br />

la tension des esprits de plus en plus hostiles aux aristocrates, convainquirent le<br />

prince d’émigrer.<br />

Louis de Ligne passa dans les rangs autrichiens, où il devint rapidement aide de<br />

camp du général de Clerfayt. Il participa à la prise de Longwy, puis fut à Jemappes,<br />

où il prit un drapeau aux Français. Il fit la campagne du Tyrol en l’an VII, et fut<br />

fait prisonnier à la bataille de Tauffers. Rapidement échangé, il participa à la<br />

journée de Marengo, puis à celle d’Hohenlinden, au cours de laquelle il fut blessé<br />

et tomba à nouveau aux mains de l’ennemi. S’il avait été identifié comme émigré,<br />

il risquait d’être fusillé, mais il fut reconnu par le général Ney, qui lui sauva la vie<br />

190


en modifiant son identité.<br />

Il ne fut libéré que deux mois plus tard, lors de la signature du traité de Lunéville<br />

le 9 février 1801. Cette campagne avec ses longues marches dans la neige et le<br />

gel éprouva Louis de Ligne, qui eut les pieds à demi gelés et se retrouva perclus<br />

de rhumatismes.<br />

Vu l’émigration de la famille de Ligne, tous leurs biens aux Pays-Bas et en France,<br />

avaient été placés sous scellés, le prince se retrouvait donc ruiné. Il s’installa à<br />

Bruxelles, sollicita sa radiation de la liste des absents et en gage de bonne volonté,<br />

il accepta de commander la Garde d’honneur, lors de la visite du Premier Consul<br />

à Bruxelles, en messidor an XI (juillet 1804).<br />

Quinze jours plus tard, le prince obtenait sa radiation de la liste des émigrés, mais<br />

il lui fallut attendre quelques mois encore, pour que le séquestre des biens des<br />

Ligne fût levé. Ce ne fut qu’à la condition que son père, Charles de Ligne, lui<br />

cédât tous ses biens sur le territoire de la République, et que lui-même renonçât<br />

à sa qualité de prince allemand et se retirât de la Diète de l’Empire. A titre<br />

d’arrangement de famille, Louis de Ligne versa à son père, une rente de 9.000<br />

florins.<br />

Le prince consacra les dernières années de sa vie à la gestion de ses biens et à la<br />

de restauration de son château de Beloeil. A demi paralysé, il mourut à 46 ans,<br />

probablement des suites d’une maladie vénérienne.<br />

Son père, le maréchal de Ligne, était très attaché à Louis. Il en a laissé un portrait<br />

plein d’indulgence qui pourrait être celui de ce qu’on appelera plus tard, un<br />

« dandy » : « Charmant garçon plein d’élan pour la gloire, capable de tout lui<br />

sacrifier, délicat sur tous les articles, sensible extrêmement, sans s’en douter, gai,<br />

drôle, franc, beau comme le jour, ayant beaucoup de tact, de logique et l’esprit<br />

orné. Aussi, malgré lui, car son seul défaut est de perdre son temps à s’habiller,<br />

se déshabiller deux ou trois fois, monter un cheval, en descendre, pour en monter<br />

un autre, ne profitat pas de tous les avantages dont la nature prodigue envers lui<br />

a pris plaisir à le combler ».<br />

Il lui reprochait cependant sa légèreté et sa compromission avec le régime<br />

consulaire : « A quoi sert l’honneur sans le jugement ? Il a autant de l’un qu’il<br />

a peu de l’autre…Un Ligne commandant la garde consulaire, garde de sots<br />

Flamands dont la folie est de faire des entrées. Est-ce pour avoir un bel uniforme<br />

? C’est bien enfant. Est-ce pour la levée de notre séquestre qui se fera sans cela ?<br />

C’est bien bas, et peu fait pour plaire à Bonaparte qu’on ne prend point par des<br />

empressements ».<br />

Louis de Ligne était un homme cultivé et dans la bibliothèque de son hôtel à<br />

Bruxelles, on trouvait l’essentiel de la littérature française du XVIII e siècle avec<br />

191


les œuvres de Jean-Jacques Rousseau et l’abbé Delille, le théâtre de Voltaire et sa<br />

Henriade, les romans de Crébillon fils et les pièces de Regnard.<br />

Louis de Ligne avait épousé à Bruxelles, le 27 avril 1803, la comtesse Louise<br />

van der Noot de Duras (1785-1863), fille du comte Jean van der Noot, baron<br />

de Carloo (1746-1802), maréchal héréditaire de la principauté de Liège et de<br />

Florence de Reuysschen ( 1766-1801), comtesse d’Heylissem.<br />

Après le décès de son mari, Louise van der Noot épousa en secondes noces, le 24<br />

août 1814, à Bruxelles, le comte Charles d’Oultremont (1789-1852).<br />

Les époux de Ligne-van der Noot eurent trois enfants, dont deux moururent<br />

en bas âge. L’aîné, Eugène-François-Charles-Lamoral (Bruxelles 28 janvier<br />

1804-Bruxelles 20 mai 1880), devenu chef de la maison de Ligne à la mort de<br />

son grand-père, en 1814, fit une brillante carrière. En 1830, il fut membre de<br />

la Commission de sûreté à Bruxelles, mais il resta fidèle à la maison d’Orange,<br />

refusant notamment la lieutenance générale du nouveau royaume en 1831. En<br />

1834, il participa à la souscription pour le rachat des chevaux du prince d’Orange,<br />

ce qui lui valut le pillage de son hôtel de Bruxelles, par les émeutiers.<br />

Il ne se rallia au roi Léopold I er qu’en 1838, acceptant alors, de le représenter<br />

au couronnement de la reine Victoria. Il poursuivit une carrière diplomatique<br />

comme ambassadeur, d’abord auprès du roi des Français (1842), puis auprès du<br />

pape (1849). Sénateur libéral de l’arrondissement de Ath en 1848, il présida la<br />

Haute asssemblée pendant 25 ans (1852-1879). Il avait été créé ministre d’Etat<br />

en 1863.<br />

Eugène de Ligne épousa au Roeulx, le 12 mai 1826, Amélie-Constance-Mélanie<br />

de Conflans (Bruxelles 29 prairial an X-18 juin 1802-Florence 31 janvier 1833),<br />

fille du marquis Louis-Gabriel, maréchal de camp du roi Louis XVI et de la<br />

princesse Amélie-Gabrielle des ducs de Croÿ d’Havré.<br />

En secondes noces, il se maria à Bruxelles, le 21 juillet 1834, avec la marquise<br />

Augusta-Charlotte-Nathalie de Trazegnies (Bruxelles 7 septembre 1811-Beloeil<br />

4 juin 1850), fille du marquis Georges-Philippe de Trazegnies* et de la comtesse<br />

Marie-Louise-Madeleine de Maldeghem.<br />

Enfin, à Vienne, le 28 octobre 1838, il convola en troisièmes noces, avec la<br />

princesse Hedwige-Augustine-Jeanne-Eve-Julie-Wanda Lubomirska (Przeworsk-<br />

Galice autrichienne- 29 juin 1815-Bruxelles 14 février 1895), fille du prince<br />

Henri Lubomirski et de la princesse Thérèse Czartoryska.<br />

Il eut des enfants de ses trois mariages.<br />

La famille avait eu un train de vie princier sous l’Ancien Régime. Le maréchal<br />

Charles de Ligne avait dépensé sans compter. Il avouait dans ses « Fragments de<br />

192


l’histoire de ma vie » : « Le train ordinaire de ma maison aux Pays-bas pouvait<br />

aller à 60.000 florins pendant trente ans, sans compter ma maison ambulante<br />

que je fais monter à 30 ou 40 mille ; je compte en tout avoir dépensé six ou sept<br />

millions de nos florins de Vienne ou 20 millions de livres de France depuis que je<br />

suis au monde ».<br />

Malgré les prodigalités paternelles, la fortune de Louis de Ligne restait<br />

considérable. Dans la succession de son fils, Eugène de Ligne, on peut recenser<br />

en biens propres, dont la plus grande partie avait été receuillie en héritage, plus<br />

de 2.650 hectares de terres et 2.500 hectares de bois situés pour l’essentiel, en<br />

Hainaut.<br />

En 1806, il figurait sur la liste des trente plus imposés du département de la Dyle<br />

en s’acquittant de 10.000 francs de contributions.<br />

A.G.R., Notariat du Brabant du Brabant, n° 18.214, acte du notaire Stinghlamber<br />

25 mai 1813, inventaire successoral de la maison rue Ducale à Bruxelles,<br />

Enregistrement et Domaines, n° 277, déclaration de succession de Louis de Ligne,<br />

n° 3204, déclaration de succession d’Eugène de Ligne ; Archives d’Arenberg<br />

à Enghien 41/16, lettre du prince Charles de Ligne au duc d’Arenberg 23<br />

janvier 1813 ; Biographie Nationale, t. XII, 1892-1893, col. 130-194, notice A.<br />

WAUTERS ; Prince A. de LIGNE, Histoire généalogique de la Maison de Ligne,<br />

Bruxelles, 1950 ; Prince CH. de LIGNE, Fragments de l’histoire de ma vie, Paris,<br />

2000, t. I, p. 96 et Caractères et portraits, Paris, 2003, p. 286 ; Le Parlement<br />

belge, 1831-1894, Bruxelles, 1996, p. 166-167 ; Ch. POPLIMONT, La Belgique<br />

héraldique, t. VI, Paris, 1866, p. 345-346.<br />

LIN<strong>DE</strong>N d’HOOGHVORST van der, Emmanuel-Constantin-Pierre-<br />

Ghislain, baron (Bruxelles -Finistère- 7 juin 1781-Bruxelles 15 avril 1866).<br />

La famille van der Linden occupait la charge de Grand forestier du duché de<br />

Brabant depuis plusieurs générations.<br />

La seigneurie d’Hooghvorst, qui s’étendait sur les villages de Kraainem,<br />

Wezembeek, Ophem et Meise au nord de Bruxelles, avait été érigée en baronnie<br />

le 27 septembre 1663, par le roi d’Espagne Philippe IV, en faveur de Philippe<br />

van der Linden, quadrisaieul du baron Emmanuel. Le père d’Emmanuel van der<br />

Linden, Jean-Joseph-Ghislain (Meise 6 juin 1758-Saulieu-Côte-d’or 17 novembre<br />

1806), ayant hérité de la seigneurie d’Hooghvorst, fut autorisé le 2 février 1783,<br />

par l’empereur Joseph II, à porter le titre de baron d’Hooghvorst.<br />

Il devint membre de l’Etat noble de Brabant en 1789 et comme ses ancêtres, il<br />

exerça la charge de Grand forestier de Brabant. Il fut affilié à la loge maçonnique<br />

bruxelloise « l’Union ».<br />

193


Il avait épousé en premières noces à Nivelles, le 18 mai 1780, Angélique-<br />

Philippine-Marie-Colette de Gage, chanoinesse du chapitre noble de Nivelles<br />

(Gand 9 avril 1755-Bruxelles 9 juillet 1783) fille unique du comte Emmanuel-<br />

Philippe de Gage (Gand 6 juin 1727- ?), chambellan de l’impératrice (1761-1789)<br />

et de Marie-Madeleine de Spangen (? -† 4 septembre 1766), dame de la Croix<br />

Etoilée (1747), dont il eut deux fils, Emmanuel et Joseph.<br />

Il épousa en secondes noces, à Anvers-Saint-Jacques-le 31 juillet 1786, Marie-<br />

Caroline de Roose (Anvers 23 avril 1766-Bruxelles 25 octobre 1811), fille du<br />

comte Jean-Alexandre-Joseph de Roose et de Baisy, baron de Bouchout, seigneur<br />

de Loupoigne, major de la ville d’Anvers et de Marie-Anne-Josèphe van de Werve<br />

dont il eut six enfants.<br />

Jean-Joseph van der Linden passait à la fin du Consulat « pour avoir beaucoup<br />

d’influence et être parmi les riches propriétaires qui regrettaient le plus l’Ancien<br />

Régime vu les pertes qu’ils avaient subies tant sur le plan matériel qu’au niveau<br />

du prestige de leur rang ».<br />

Emmanuel van der Linden était donc l’aîné des deux fils issus de son premier<br />

mariage.<br />

Il fit partie du collège électoral du département dès l’an XI, et fut membre de la<br />

Garde d’honneur du Premier Consul lors de sa visite à Bruxelles la même année.<br />

Pour s’attacher cette famille de grands propriétaires terriens, le régime impérial<br />

perpétua Emmanuel dans la tradition familiale en le nommant conservateur des<br />

Eaux et Forêts du département de la Dyle et en le nommant en 1807, maire de la<br />

commune de Meise où se trouvait le château familial.<br />

Il fut choisi par le Collège électoral du département comme candidat au Conseil<br />

général en 1810.<br />

En acceptant l’emploi de conservateur des Eaux et Forêts, Emmanuel<br />

d’Hooghvorst avait sans conteste, collaboré avec le nouveau régime. Pourtant le<br />

21 janvier 1815, l’intendant du département de la Dyle estimait « … qu’il n’avait<br />

pas aimé le Gouvernement français « . Ce haut fonctionnaire, d’Anethan*,<br />

nourrissait d’ailleurs une piètre opinion à l’égard d’Emmanuel d’Hooghvorst : «<br />

Il manque d’instruction, il aime la société, les plaisirs et fort peu le travail pour<br />

lequel il n’a aucune aptitude « . Un autre rapport du 18 juillet 1815 dû à la plume<br />

du sous-intendant de l’arrondissement de Bruxelles était beaucoup plus flatteur :<br />

« …galant homme, très instruit et très considéré « .<br />

Sous le gouvernement de Guillaume I er , Emmanuel d’Hooghvorst ne joua qu’un<br />

rôle effacé, bien qu’il siégeât en qualité de délégué du Corps équestre du Brabant<br />

méridional, au sein des Etats Provinciaux de 1817 à 1830.<br />

194


Son heure de gloire sonna lors des événements de 1830 qui virent les provinces<br />

belges du sud du royaume des Pays-Bas se séparer de celles du nord. Le 28<br />

août, Emmanuel d’Hooghvorst fut choisi par le Conseil de Régence, comme<br />

commandant de la Garde bourgeoise chargée du maintien de l’ordre à Bruxelles,<br />

et il joua un rôle essentiel tout au long des premières semaines de septembre dans<br />

les tumultes qui agitèrent la ville. Il s’était rangé parmi ceux qui ne voulaient que<br />

la séparation administrative du royaume des Pays-Bas et il se montra toujours<br />

fidèle à la dynastie des Nassau dans sa recherche de solutions pacifiques et<br />

négociées.<br />

Pourtant, dès le 24 septembre, il fut l’un des trois membres de la Commission<br />

administrative provisoire établie pour gouverner la ville de Bruxelles et le 4 octobre<br />

1830, il fit partie du Gouvernement provisoire qui proclama l’indépendance de la<br />

Belgique. Elu député suppléant au Congrès National par le district de Bruxelles,<br />

il renonça à ce mandat qu’il jugeait incompatible avec celui de général en chef<br />

à vie de la Garde civique de toute la Belgique que la Haute assemblée lui avait<br />

décerné à l’unanimité, le 31 décembre 1830. Emmanuel van der Linden ne joua<br />

désormais d’autre rôle politique que celui de bourgmestre de Meise. Il y résidait<br />

dans son château de Bouchout ou encore dans son bel hôtel bruxellois de la rue<br />

Fossé aux Loups entouré de quinze domestiques.<br />

Il avait épousé à Bruxelles, le 25 mai 1807, Marie-Charlotte-Guillelmine dite<br />

Caroline de Wal Masbourg (Liège 4 juin 1789-Bruxelles 14 mars 1874), fille du<br />

baron Joseph-Alexandre-Népomucène de Wal Masbourg, membre de l’Etat noble<br />

du pays de Liège et du comté de Looz et de Marie-Philippine de Haultepenne<br />

(Arville 22 décembre 1749-Bruxelles 10 octobre 1833), chanoinesse de Nivelles.<br />

Caroline fut dame de palais de la reine Louise-Marie de 1830 à 1840.<br />

Quatre enfants naquirent de cette union :<br />

• Philippine-Emmanuelle-Ghislaine (Bruxelles 1 er mars 1808-Neeryssche 3<br />

octobre 1869) qui épousa à Bruxelles le 2 juin 1825, le baron Auguste-Joseph-<br />

Ghislain d’Overschie de Neeryssche (Bruxelles 16 mai 1802-Neeryssche<br />

21 juin 1880), fils du baron Maximilien d’Overschie et de Marie-Thérèse<br />

d’Argenteau d’Ochain. Il fut sénateur pour l’arrondissement de Louvain<br />

(1847-1848 et 1856-1880) sur la liste catholique, vice-président du Sénat<br />

(1864-1880), conseiller provincial du Brabant (1848-1856) et bourgmestre de<br />

Neeryssche (1836-1880). Il fut aussi administrateur de deux charbonnages.<br />

• Léon-Joseph-Ghislain (Bruxelles 25 mai 1812-Bruxelles 20 mars 1891)<br />

qui épousa à Bruxelles le 20 juin 1832, sa cousine germaine, la baronne<br />

Philippine-Marie-Ernestine de Wal (Bruxelles 28 janvier 1810-Mirwart 26<br />

avril 1852). C’était la fille de son oncle maternel, Eugène-Joseph, baron de<br />

Wal (Liège 22 décembre 1787- Bruxelles 7 avril 1845) membre du Corps<br />

Equestre du Brabant méridional (1816-1830), bourgmestre de Bousval et de<br />

195


Elisabeth de Sécus (Mons 22 janvier 1789- Bruxelles 26 avril 1810). Léon<br />

succéda à son père, comme bourgmestre de Meise.<br />

• Victor-Joseph-Ghislain (Meise 5 août 1813-Ayeneux 9 août 1847) qui<br />

épousa à Saint-Georges-sur-Meuse, le 14 septembre 1837, la comtesse<br />

Emilie-Olympe-Marie d’ Oultremont de Wégimont (Ayeneux 11 octobre<br />

1818-Florence-Italie- 22 février 1878), fille du comte Emile-Charles-Désiré-<br />

Antoine-Joseph d’Oultremont de Wégimont (Anvers 21 juillet 1787-Saint-<br />

Georges-sur-Meuse 4 août 1851) et de la baronne Marie-Françoise de<br />

Lierneux de Presles. Le comte Emile d’Oultremont, propriétaire et exploitant<br />

de houillères, fut membre du Congrès National pour le district de Liège<br />

et sénateur pour l’arrondissement de Turnhout (1831-1837) sur la liste<br />

catholique. Il fut également ministre plénipotentiaire à Rome et à Florence de<br />

1838 à 1844. La comtesse Emilie d’Oultremont devenenue veuve, fonda la<br />

Congrégation de Marie Réparatrice dont elle fut la Supérieure générale. Elle<br />

fut béatifiée le 12 octobre 1997 par le pape Jean-Paul II.<br />

• Pauline-Marie-Ghislaine (Meise 23 septembre 1814-Meise 9 décembre 1867)<br />

qui épousa<br />

Napoléon-Joseph-Hughes Maret, duc de Bassano (Paris, 14 messidor an XI-3<br />

juillet 1803-Paris 21 mai 1898), secrétaire d’ambassade en Belgique sous Louis-<br />

Philippe, sénateur (1852) et grand chambellan de l’empereur Napoléon III. C’était<br />

le fils de Hughes-Bernard Maret, secrétaire d’Etat de l’empereur Napoléon I er<br />

(1763-1839) et de Marie-Madeleine Lejéas (1780-1827). Pauline van der Linden<br />

d’Hooghvorst fut dame d’honneur de l’impératrice Eugénie.<br />

Le frère cadet d’Emmanuel van der Linden, Joseph-Marie-Jean-Baptiste<br />

(Bruxelles Finistère 24 juin1782-Bruxelles 13 décembre 1846) s’occupa<br />

principalement d’agriculture et d’élevage, mais sa carrière publique n’en pâtit<br />

pas. Auditeur au Conseil d’Etat en 1811, il fut désigné comme maire de Bruxelles<br />

le 24 février 1814, par le Gouverneur général de la Belgique en remplacemnt<br />

du duc d’Ursel, fonction dont il démissionna le 8 mars 1816. Il fut également<br />

chambellan du roi Guillaume I er (1816-1830). Elu au Congrès National pour le<br />

district de Bruxelles, il fut sénateur pour l’arrondissement de Nivelles sur la liste<br />

catholique depuis le 29 août 1831 jusqu’à sa mort. Il siégea également au Conseil<br />

communal de Bruxelles du 22 octobre 1830 jusqu’à sa démission le 19 mai 1840.<br />

Il accomplit en qualité d’envoyé extraordinaire et de ministre plénipotentiaire,<br />

quelques missions auprès de cours allemandes de 1831 à 1833. Il avait épousé<br />

à Bruxelles, le 1 er juin 1820, Marie-Thérèse d’Argenteau (1783-1859), veuve du<br />

baron Maximilien d’Overschie de Neeryssche*.<br />

La famille d’Hooghvorst était très riche. Les revenus du père d’Emmanuel van<br />

der Linden étaient estimés à 60.000 francs en 1804, les siens à 40.000 francs en<br />

1815. En 1866, la déclaration de succession d’Emmanuel van der Linden montre<br />

l’importance de cette fortune : deux hôtels à Bruxelles évalués à 233.983 francs,<br />

196


des terres et des maisons au nord de Bruxelles autour de l’ancienne seigneurie<br />

d’Hooghvorst, le château de Lippeloo, le tout valant 2.388.802 francs et des bois<br />

estimés à 613.067 francs, et procurant un revenu de 44.725 francs. Cet ensemble<br />

était grevé de 425.707 francs de charges hypothécaires ce qui laissait un actif net<br />

successoral de 2.529.094 francs. Léon van der Linden, son fils aîné, hérita de<br />

la moitié de sa sucession, son père lui ayant légué la quotité disponible avec le<br />

château de Bouchout et son parc.<br />

A.N., AF/IV/1052, F/IbIl/Dyle/2, F/7/8364 ; A.G.R., Enregistrement et Domaines,<br />

n° 3192/187 ; Annuaire de la Noblesse de Belgique, 1856, p. 206, 1878, p. 323-<br />

324 ; F. BETERAMS, The High Society…, p. 14 et 67; Etat présent de la noblesse,<br />

1993, V° van der Linden ; Le Parlement belge, Bruxelles, 1966, p. 274-275, p.<br />

569 ; H. GOETHALS, Miroir des Notabilités nobiliaires, t. I, Bruxelles, 1857, p.<br />

354 ; J. VALYNSEE<strong>LE</strong>, Les Princes et Ducs du Premier Empire, Paris, 1959, p.<br />

151 ; J. LOGIE, 1830. De la régionalisation à l’indépendance, Bruxelles, 1980,<br />

p. 128, 145 et suiv.<br />

LOYAERTS Louis-Antoine-Henri-François (Tirlemont-Saint-Germain-14<br />

novembre 1769-Tirlemont 1 er août 1858).<br />

La famille Loyaerts occupait au XVIII e siècle, une place importante à Tirlemont<br />

et figurait parmi le patriciait de cette petite ville.<br />

L’arrière-grand-père de Louis Loyaerts, Lambert (Tirlemont-Saint-Germain-16<br />

septembre 1664-Tirlemont 16 août 1748) fut plusieurs fois échevin du magistrat.<br />

Son grand-père, Jean-Hubert Loyaerts (Tirlemont-Saint-Germain-16 janvier<br />

1698-Tirlemont 22 novembre 1745) fut successivement échevin, puis receveur de la<br />

ville. Il avait épousé le 3 août 1731, Barbe-Elisabeth de l’Escaille (1718-Tirlemont<br />

25 brumaire an XIV-16 novembre 1805), dont le frère, Gabriel-François-Michel<br />

de l’Escaille (Tirlemont-Saint-Germain-22 ctobre 1706-Tirlemont 4 juillet 1780)<br />

fut grand mayeur de la ville et du quartier de Tirlemont de 1749 jusqu’à sa mort.<br />

Un de ses fils, Michel-Raphaël-François de l’Escaille (Tirlemont-Saint-Germain-<br />

24 octobre 17512-Tirlemont 1 er octobre 1815), licencié ès lois, fut successivement<br />

lieutenant mayeur, échevin et bourgmestre de Tirlemont.<br />

Son père, Patrice-Emmanuel Loyaert (Tirlemont-Saint-Germain-25 décembre<br />

1733-Tirlemont 17 décembre 1812), licencié utriusque juris, débuta sa carrière<br />

comme greffier au Conseil de Brabant, fut ensuite pendant de nombreuses<br />

années, pensionnaire de la ville, puis sous l’Empire, conseiller municipal. Il avait<br />

épousé le 21 novembre 1766, à Tirlemont, Anne-Elisabeth-Françoise Van Nerim<br />

(Tirlemont-Saint-Germain-14 septembre 1742-Tirlemont 17 avril 1826), qui<br />

appartenait également à une famille influente de la ville.<br />

Le couple eut six fils et six filles qui presque tous (onze vécurent de longues<br />

197


années).<br />

L’aîné, Jacques-Emmanuel-Hugo Loyaerts (Tirlemont-Saint-Germain-1 er avril<br />

1767-Tirlemont 20 septembre 1829) après des études à l’Université de Louvain,<br />

devint receveur des Etats de Brabant à Tirlemont, puis sous l’Empire, percepteur<br />

et receveur des droits réunis et conseiller municipal en 1819.<br />

Jean-Paul-Patrice Loyaerts (Tirlemont-Saint-Germain-20 mai 1771-Tirlemont<br />

16 mars 1831) assura la recette des douanes de la ville au début du Directoire,<br />

puis fut directeur des postes.<br />

Henri-François-Léandre Loyaerts (Tirlemont-Saint-Germain-26 février<br />

1777-Tirlemont 19 mai 1860) receveur des contributions, entra au conseil<br />

municipal en 1815 et il fut bourgmestre de Tirlemont de 1820 à 1830.<br />

Martin-Lambert-Félix Loyaerts (Tirlemont-Saint-Germain-19 novembre<br />

1780-Tirlemont 26 octobre 1848) fut fonctionnaire sous le Directoire, commandant<br />

de la Garde bourgeoise municipale en 1813 et membre du Conseil de Régence<br />

en 1819.<br />

Charles-Isidore-Marie Loyaerts (Tirlemont-Saint-Germain- 4 avril<br />

1783-Tirlemont 11 avril 1878) vécut plusieurs années à Anvers et fut député pour<br />

l’Ordre des villes aux Etats provinciaux d’Anvers de 1828 à 1830.<br />

Une des filles, Marie-Thérèse-Félicienne Loyaerts (Tirlemont-Saint-Germain- 20<br />

octobre 1773-Tirlemont 17 mars 1857) épousa Roch Janssens, notaire à Glabbeek,<br />

qui présida de longues années, la Chambre de Rhétorique de Tirlemont, Notre-<br />

Dame de la Fontaine.<br />

Un autre fille, Albertine-Henriette-Florence Loyaets (Tirlemont-Saint-<br />

Germain-22 février 1782-Tirlemont 16 novembre 1861) épousa à Tirlemont, le<br />

13 octobre 1813, Pierre-Antoine Van den Bossche (Tirlemont-Saint-Germain-4<br />

avril 1785-Tirlemont 28 juillet 1851), le plus grand acquéreur de biens nationaux<br />

du Canton de Tirlemont, qui fut successivement négociant en laines et raffineur<br />

de sel.<br />

Louis Loyaerts, le second fils de Patrice-Emmanuel naquit le 14 novembre 1769.<br />

Ses parrain et marrainne témoignent du rang social qu’occupaient la famille : le<br />

vicomte Louis-Antoine de Lardenois de Ville et Marie-Henriette de l’Escaille,<br />

une des ses tantes, supérieure du béguinage de Tirlemont.<br />

Il reçut une éducation soignée et s’inscrivit à l’Université de Louvain, le 22<br />

octobre 1787. Lors de la Révolution brabançonne, il abandonna ses études et<br />

s’engagea dans l’armée des Etats-Belgiques Unis et fut l’aide de camp du général<br />

Vander Mersch.<br />

198


Louis Loyaerts se rallia très vite au régime français. Dès le 23 vendémiaire an III<br />

(14 octobre 1794), les représentants en mission le placèrent à la tête du Comité<br />

se surveillance de la ville de Tirlemont et en 1796, il était maître de la poste aux<br />

chevaux, charge qu’il occupa pendant tout le régime français et sous le règne de<br />

Guillaume I er .<br />

Il fut nommé le 4 prairial an VIII (24 mai 1800), membre du Conseil général du<br />

département, il y siégea jusqu’en 1814.<br />

En 1810, il figura au neuvième rang parmi les candidats au Corps législatif<br />

présentés par le collège électoral du département. Le préfet commentait sa<br />

candidature en ces termes : « Il a été mis là parce qu’il a de la fortune et quelque<br />

influence dans son canton. On l’a nommé plutôt pour en écarter d’autres que<br />

pour le placer lui-même, du reste, il n’y a que du bien à en dire de toute façon ».<br />

Louis Loyaerts présida en 1812, l’assemblée électorale du 1 er Canton de Tirlemont<br />

et en 1814, il fit partie de la délégation de la ville envoyée au prince de Saxe-<br />

Weimar pour offrir la soumission de la cité.<br />

En 1815, Louis Loyaerts était considéré par l’intendant du département de la<br />

Dyle comme un homme essentiel comme chef de parti. Les opposants catholiques<br />

ultramontains à l’adoption de la loi fondamentale firent d’ailleurs campagne contre<br />

lui quand il fut proposé comme notable appelé à ratifier la nouvelle constitution<br />

du royaume des Pays-Bas.<br />

Le 10 juin 1816, Louis Loyaerts fut désigné comme représentant de la ville de<br />

Tirlemont aux Etats provinciaux du Brabant méridional et en 1819, il fut appelé<br />

avec ses frères Jacques, Henri et Félix à siéger au Conseil de régence de la ville.<br />

La carrière publique de Louis Loyaerts, considéré comme orangiste, s’acheva<br />

avec la Révolution de 1830.<br />

Il avait épousé à Tirlemont, le 30 thermidor an IX (18 août 1801), une parente,<br />

Marie-Gertrude Van Nerim (Tirlemont-Saint-Germain-8 mai 1768-Tirlemont<br />

26 novembre 1850). C’était la fille de Philippe Van Nerim et de Marie-Gertude<br />

Marnef.<br />

Un des frères de son épouse, Philippe Van Nerim (Tirlemont-Saint-Germain-19<br />

août 1764-Tirlemont 24 décembre 1825) était avocat. Il avait été nommé maire<br />

de Tirlemont par les représentants en mission le 12 floréal an III (1 er mai 1795).<br />

Il fut officier municipal sous le Directoire et fut élu juge de paix du 1 er canton de<br />

Tirlemont en l’an X, fonction qu’il exerça jusqu’à son décès.<br />

Louis Loyaerts et son épouse n’eurent qu’une fille, Emilie-Pauline qui mourut au<br />

199


erceau (2 germinal-17 fructidor an X -4 septembre 1802).<br />

Toute la famille Loyaerts avait acquis des biens nationaux : le père, Patrice<br />

(75 hectares), les frères Louis (33 hectares), Jacques (31 hectares) et Félix (27<br />

hectares). Il en était de même du beau-frère de Louis Loyaerts, Philippe Van<br />

Nerim (60 hectares).<br />

La famille Loyaerts était réputée riche : en 1812, le père, Patrice Loyaerts figurait<br />

au 2 e rang des plus imposés de la ville de Tirlemont. Louis Loyaerts, quand il<br />

entra au Conseil général du département, déclarait jouir de 15.000 francs de<br />

revenus et en 1846, alors qu’il vivait en rentier propriétaire, il avait à son service,<br />

deux domestiques, une cuisinière et une fille de cuisine.<br />

A.N., AF/IV/1426, F/1bII/Dyle/1 et 2 ; A.G.R., Gouvernement provincial du<br />

Brabant, série A, n° 198 ; Archives de la ville de Tirlemont, Recensement de<br />

1846 ; S. TASSIER, Les démocrates belges de 1789, Bruxelles, 1989, p. 220 ;<br />

L. VRANCKEN, « De familie Van den Bossch-Loyaerts. Typering van een<br />

Tiens ondernemingsgeslacht uit de XIX de eeuw », De Brabanse Folklore en<br />

Geschiedenis., n° 272, déc. 1991, p. 307-352.<br />

MA<strong>LA</strong>ISE Philippe-Roger-Joseph (Bruxelles 29 mai 1777-Bruxelles 20<br />

décembre 1826).<br />

On peut s’étonner de la présence de Philippe Malaise parmi les notables du<br />

département de la Dyle, car il ne joua aucun rôle dans la vie publique. Peut-être,<br />

la commission, qui fut en charge de la rédaction de la liste, y fit-elle figurer son<br />

nom pour le remercier de lui avoir apporté son concours ?<br />

On possède peu de renseignements sur sa famille, tout au plus connaît-on l’identité<br />

de ses parents, Tobie-Joseph Malaise et Catherine Vandernoot.<br />

Philippe Malaise débuta sa carrière professionnelle comme employé dans les<br />

bureaux de la ville de Bruxelles. En 1806, le préfet faisait remarquer qu’il y<br />

travaillait depuis un grand nombre d’années et s’était distingué par ses rares<br />

talents pour les affaires administratives autant que par son intelligence, sa probité,<br />

son zèle, et par sa conduite, il méritait la confiance du gouvernement.<br />

En l’an X, il était chef de la 2 e division des bureaux de l’administration municipale<br />

et il fut chargé de l’intérim des fonctions de secrétaire de la mairie, après le<br />

suicide de son titulaire, Jacques Châteignier.<br />

En 1817, il était devenu le directeur de l’entrepôt de Bruxelles ; en 1819, il était<br />

directeur des droits d’entrée et de sortie de la ville et à l’époque de son décès, en<br />

1826, il était receveur des accises.<br />

200


Philippe Malaise resta célibataire. Il avait été initié à la loge bruxelloise « La Paix<br />

et la Candeur » en 1804 et en fut vénérable maître en 1818.<br />

Ses ressources était modestes : en 1813, lors de la formation des Gardes d’honneur,<br />

on les évalua à 2.400 francs. Comme directeur de l’entrepôt, il percevait un salaire<br />

de 2.150 florins des Pays-Bas (4.250 francs) auxquels venait s’ajouter le produit<br />

des actes d’expédition évalués à 1.200 florins annuellement (soit 2.375 francs).<br />

Néanmoins, quand il fut nommé receveur des droits d’entrée et de sortie, il dut<br />

faire appel à des tiers pour fournier le cautionnement exigé de 35.000 florins (soit<br />

63.900 francs).<br />

A.N., F/1cIII/Dyle/2 ; A.G.R., Gouvernement provincial du Brabant, série A, n°<br />

7, Préfecture de la Dyle, P° 863, Notariat du Brabant, n° 30.814, acte du notaire<br />

Lindemans du 27 novembre 1819, cautionnement de 10.000 florins des Pays-Bas<br />

par G. Vanderborcht, acte du 6 décembre 1819, cautionnement de 25.000 florins<br />

par Emerence Brinck.<br />

MARISCHAL Jacques-Herman (Marilles 6 mars 1765-Bossut-Gottechain 21<br />

avril 1825).<br />

Jacques Marischal est un personnage balzacien, qui s’enrichit par la spéculation<br />

sur les biens nationaux et l’usure.<br />

La famille Marischal était originaire de Marilles, petit village près de Jodoigne.<br />

Son père, Jean-Michel Marischal (Marilles 22 septembre 1729- ca.1784) était<br />

locataire de la plus grosse ferme du village, la cense de Brehen avec 107 bonniers<br />

de terres, prairies et bois. C’était aussi l’homme de confiance de son propriétaire,<br />

Louis-Hyacinthe Blondel, baron de Drouet, qui l’avait placé en qualité de mayeur<br />

(maire) à la tête de la cour échevinale locale. Cette situation lui permit de payer<br />

des études de droit à l’Université de Louvain, au seul fils qu’il retint de son union<br />

avec Caroline-Berthe Beckers.<br />

Jacques Marischal s’établit comme homme de loi à Bruxelles, habitant rue de la<br />

Violette, chez ses tantes, Marie et Anne-Thérèse Marischal.<br />

Quand les Pays-Bas furent annexés et que les représentants Pérès et Portiez<br />

mirent en place la nouvelle organisation judiciaire, Jacques Marischal fut désigné<br />

comme juge au tribunal civil du département de la Dyle, le 7 frimaire an IV (28<br />

novembre 1795), mais il refusa la place préférant garder son cabinet, d’autant<br />

que la plupart des avocats, méfiants à l’égard du nouveau régime, refusaient de<br />

plaider comme défenseurs officieux devant les nouvelles juridictions.<br />

Il profita pleinement de cette situation et comparut sans état d’âme devant les<br />

tribunaux, pour y défendre les intérêts qui lui étaient confiés, fussent-ils ceux des<br />

« aristocrates » ou des « moines » tout en étant partisan du nouveau régime.<br />

201


Lors des élections de l’an V, Jacques Marischal fut choisi comme électeur du<br />

canton de Bruxelles, puis fut élu comme administrateur du département de la<br />

Dyle. Pour cet ambitieux, la place était stratégique, car il pouvait espérer influencer<br />

l’administration en faveur de ses clients recrutés dans les milieux conservateurs,<br />

et en toute occurrence, être en première loge, pour participer à la vente des biens<br />

nationaux.<br />

Il s’intéressa d’ailleurs peu à la marche de l’administration, se bornant à lire à<br />

ses collègues les rapports que lui préparait son chef de bureau, mais il fréquentait<br />

assidûment les prétoires. Son manque de zèle et sa clientèle peu digne d’un vrai<br />

républicain le désignèrent pour être parmi les administrateurs écartés après le 18<br />

fructidor.<br />

Désormais, et jusqu’à la fin de sa vie, Jacques Marischal n’aura plus qu’une<br />

préoccupation : s’enrichir. Ses activités publiques s’en trouvèrent placées<br />

au second plan même s’il fut élu assesseur du juge de paix de la 7 e section de<br />

Bruxelles, en l’an VII.<br />

Il fut désigné comme juge suppléant au tribunal criminel du département le 17<br />

messidor an VIII (6 juillet 1800) et il fut élu au sein du collège électoral du<br />

département, dès l’an XII. Comme juge suppléant, il siégea jusqu’à la suppression<br />

de cette juridiction en 1811, mais le président de la cour ne pouvait que déplorer<br />

son manque de diligence : « absorbé par des spéculations de tous genres, il ne<br />

vient pas régulièrement à son poste ou arrive longtemps après l’heure fixée », car<br />

outre la spéculation foncière, Marischal s’était trouvé une vocation de prêteur.<br />

Dans ce domaine, il acquit vite la réputation d’être le plus grand usurier de la<br />

ville de Bruxelles. Un rapport du procureur général Beyts de 1810, est éclairant<br />

à cet égard : « Je connais un pauvre fonctionnaire public (un greffier de justice<br />

de paix chargé de femme et d’enfants) qui a été dans la dure nécessité de lever<br />

chez Marischal l’argent nécessaire pour payer à la Caisse d’amortissement le<br />

cautionnement pour cette petite place. Marischal n’a pas été honteux d’exiger de<br />

lui 18 % l’an en dedans du capital (dans la langue des usuriers) c’est-à-dire un<br />

intérêt de 18 pour un capital fourni de 82, car ces messieurs retranchent sur le<br />

capital l’intérêt d’un an payé d’avance, cela revient à très peu de choses près à<br />

22 % en calcul ordinaire ».<br />

Si ces pratiques l’enrichirent, elles le perdirent dans l’opinion publique et lui<br />

fermèrent toute possibilité de poursuivre une carrière judiciaire. Le procureur<br />

Beyts écrivait encore en 1811, : « Malgré ses millions, je n’oserais le présenter<br />

pour la Cour impériale tant il est déconsidéré et tant il est haï ».<br />

Désormais, et jusqu’à sa mort survenue au cours d’une visite chez des amis, les<br />

Van Dormael à Beausart sous Bossut-Gottechain, Marischal consacra tous ses<br />

soins à l’administration de ses biens et à l’accroissement de sa fortune.<br />

202


Aux yeux du rédacteur de l’Etat des plus riches propriétaires du département<br />

de la Dyle, vers 1805, Jacques Marischal passait un partisan zélé et influent des<br />

idées libérales : « Il a converti toutes ses épargnes et tout ce qu’il a gagné en<br />

domaines, ses propriétés lui donnent de l’influence dans les campagnes, non<br />

seulement chez ses locataires, mais aussi chez tous les autres campagnards qui le<br />

regardent volontiers comme un des leurs avec lequel ils sont à l’aise et dont un<br />

grand nombre s’est bien trouvé d’avoir suivi son exemple et ses conseils ».<br />

Le 9 janvier 1793, bien qu’il résidât déjà à Bruxelles, il avait épousé à Marilles,<br />

une fille de son village, Marie-Thérèse Quarmeau (Marilles 17 février 1760- ?).<br />

C’était la fille de Jean-François Quarmeau (Marilles 13 mars 1731 - ?) et de<br />

Marie-Josèphe Gilard.<br />

La famille Quarmeau figurait parmi les plus notables du village.<br />

L’oncle de la mariée, Gilles Quarmeau (Marilles 1 er octobre 1743 - ?) avait<br />

été nommé échevin le 6 mai 1789. Le père de Marie-Thérèse, Jean-François,<br />

marguillier de la paroisse en 1781, devint agent municipal de la commune en l’an<br />

IV, et fut reconduit dans cette charge, lors du scrutin de l’an V. Un des frères de<br />

Marie-Thérèse, Jean-Joseph avait épousé Marie-Josèphe Hanset dont les parents<br />

exploitaient l’autre grande ferme du village, la cense du Haut Bustiau avec 80<br />

bonniers de terres et de pâtures. Il succéda à son père comme agent municipal aux<br />

élections de l’an VII. Jean-Joseph Quarmeau fut l’associé de Jacques Marischal<br />

dans plusieurs spéculations immobilières.<br />

Le couple Marischal-Quarmeau n’eut qu’un enfant, Marie-Philippine, née à<br />

Marilles le 10 novembre 1793, qui mourut peu après, de même que sa mère.<br />

Jacques Marischal se remaria dix ans plus tard, en 1805, avec Elisabeth-Josèphe<br />

Petit (Mettet 22 mars 1779-Bruxelles 10 avril 1871). De cette union naquirent six<br />

enfants :<br />

Emilie-Félicité (Bruxelles 19 juillet 1808-Bruxelles 1885) qui épousa à Bruxelles,<br />

le 5 septembre 1827, un ami de la famille, Guillaume-Hippolyte Van Volxem<br />

(Bruxelles 13 février 1791-Bruxelles 17 avril 1868), fils de Jean-Baptiste Van<br />

Volxem, avocat, membre de la loge bruxelloise « La Paix et la Candeur » et<br />

d ’Anne-Marie Haelfswaegh. Hippolyte Van Volxem qui était veuf d’Adélaïde<br />

Willems*, fut avocat et brasseur, membre de la Chambre des Représentants<br />

(1837-1845), bourgmestre de Bruxelles (1840-1841), ministre de la Justice<br />

(1841-1842). Cet homme, d’opinion libérale, également membre de la loge « La<br />

Paix et la Candeur », fut aussi directeur de la Société Générale et possédait des<br />

intérêts dans les charbonnages et les chemins de fer. Il était éligible au Sénat<br />

en payant 4.116 francs d’impôt foncier en 1854, pour ses propriétés à Forest,<br />

203


Bruxelles, Vilvorde et Woluwe-Saint-Pierre.<br />

• Henriette-Eulalie-Adèle (Bruxelles 12 février 1810-Bruxelles 20 mars 1875)<br />

qui épousa à Bruxelles, le 10 mai 1830, l’industriel Abel Warocqué (Morlanwelz<br />

16 brumaire an XIV- 7 novembre 1805-Morlanwelz 17 août 1864), bourgmestre<br />

libéral de Morlanwelz (1836-1864), propriétaire de charbonnages, éligible au<br />

Sénat qui payait 7.371 francs d’impôt foncier pour ses propriétés à Bruxelles et<br />

dans le Borinage.<br />

• Juliette-Annette, sa sœur jumelle, qui mourut peu après sa naissance.<br />

• Edouard-Gustave-Auguste (Bruxelles 22 décembre 1814-Bruxelles 15 mars<br />

1817)<br />

• Flore-Antoinette-Mélanie (Bruxelles 1 er décembre 1816- Bruxelles 11 janvier<br />

1905) qui épousa à Bruxelles, le 1 er août 1839, Pierre-François-Ferdinand<br />

Tiberghien (Paris 1 er septembre1806-Turin 14 mai 1868) qui appartenait à une<br />

grande famille d’industriels cotonniers, éligible au Sénat payant 5.281 francs<br />

d’impôt foncier en 1863, pour ses propriétés de Bruxelles, Seneffe et Jodoigne.<br />

• Sophie-Adélaïde-Emilie-Henriette (Bruxelles 22 novembre 1821-Bruxelles<br />

13 novembre 1872) qui épousa à Bruxelles, le 7 février 1842, Jules-Théodore<br />

Delebecque (Omal-4 octobre 1808-Paris 9 septembre 1887). Ce fils de<br />

rentiers montois exerça épisodiquement le barreau. Son frère cadet, Alphonse<br />

Delebecque, fut avocat général à la Cour d’appel de Bruxelles, puis à la Cour<br />

de Cassation en 1844.<br />

Jacques Marischal avait bâti une fortune considérable profitant essentiellement des<br />

circonstances.<br />

Dès la mise en vente des biens nationaux dans le département de la Dyle, en 1796,<br />

il se mêla au petit groupe des intermédiaires immobiliers, notamment avec son ami,<br />

le notaire Henri Van Wel, dont il hérita, qui cadenassèrent le marché en acquérant<br />

comme command, pour compte de tiers ou pour compte propre. Marischal acquit<br />

directement 540 hectares de biens nationaux, dont près de la moitié avant le<br />

Concordat. Ces biens tantôt conservés, tantôt revendus avec profit, furent le noyau<br />

autour duquel il bâtit un formidable ensemble immobilier.<br />

Quelques années après son décès, en 1843, ses héritiers se partagèrent 1.527 hectares<br />

de terres, prés et bois dont plusieurs fermes importantes.<br />

Ce grand propriétaire louait une maison à Bruxelles, rue Royale, dans le plus beau<br />

quartier de la ville, mais il y menait un train de vie modeste avec seulement deux<br />

domestiques à son service, alors qu’en 1813, ses revenus étaient évalués à 30.000<br />

francs par an et que dès 1806, il payait 10.000 francs d’impôts dans le département<br />

204


de la Dyle.<br />

A.N., AF/IV/ 1052 et 1426, BB/5/275, BB/18/290, F/1bII/Dyle/4, F/1cIII/Dyle/ 1 et<br />

2 ; A.G.R., Greffes scabinaux de Marilles, n°3472 à 4003, Notariat du Brabant, n°<br />

33790, acte du notaire Fl. Bourdon du 18 avril 1843 ; Fr. ANTOINE, La vente des<br />

biens nationaux dans le département de la Dyle, Bruxelles, 1997, p. 205 et 257 ; J.<br />

<strong>DE</strong><strong>LA</strong>N<strong>DE</strong>, « Les Marichal originaires de Marilles » in Au fil du temps, 2003, n°<br />

3, p. 24-26 ; J. TARLIER et A. WAUTERS, Géographie et Histoire des Communes<br />

belges, Canton de Jodoigne, Bruxelles, 1872, passim ; J. TORDOIR, Un domaine<br />

de la famille Delebecque-Marischal en Brabant Wallon, La ferme de la Vieille Chise<br />

sous Chapelle-Saint-Laurent, Incourt, 1999.<br />

MEERE de CRUYSHAUTEM van der, Charles-Aimé-Emmanuel, comte,<br />

Audenarde 31 mai 1766-Bruxelles 7 mars 1837.<br />

Issu d’une famille de Flandre orientale, dont un de ses membres, Philippe van der<br />

Meere de Cruyshautem, avait été créé comte le 14 juin 1741.<br />

Le père de Charles van der Meere, Joseph-Charles, ( ?- 1798), seigneur de<br />

Wyngaerden fut bourgmestre d’Audenarde à plusieurs reprises, et siégeait aux Etats<br />

de Flandre dans les rangs de l’Etat noble. Il avait épousé Louise van Slype, dame de<br />

Lambres-lez-Douay, dont la grand-mère était une van der Meere.<br />

Charles van der Meere devait être une personnalité sans grand relief, puisque<br />

l’intendant du département de la Dyle le qualifiait en 1815, « … d’homme sans<br />

instruction, d’un esprit et d’un jugement quelconques ». Cet homme d’Ancien<br />

Régime ne pouvait qu’éprouver de l’éloignement pour tout ce qui était survenu<br />

après 1789.<br />

Resté très attaché à la Maison d’Autriche, il bouda ostensiblement, le régime<br />

impérial et ce n’est que contraint et forcé qu’en 1810, il se soumit à un ordre du<br />

préfet de la Dyle, Latour du Pin, lui enjoignant d’envoyer son fils au Prytanée de la<br />

Flèche. Au reste, la police impériale le considérait comme un honnête homme, très<br />

paisible.<br />

Comme beaucoup d’aristocrates belges, Charles van der Meere fit l’objet des faveurs<br />

de Guillaume I er , soucieux de se concilier ses nouveaux sujets des provinces belges.<br />

Le 14 avril 1816, il fut nommé membre du Corps équestre de la province de Flandre<br />

orientale, avec reconnaissance de son titre comtal. Quelques mois plus tard, le 12<br />

novembre, il se voyait confier la présidence de ce corps, charge qu’il exerça jusqu’en<br />

1830.<br />

Le roi le désigna aussi pour faire partie de la Première Chambre des Etats-Généraux<br />

(1824-1829) et en fit un de ses chambellans (1816-1830) et chevalier de l’ordre<br />

205


du Lion Belgique. Avec la dissolution du royaume des Pays-Bas, s’acheva la vie<br />

publique de Charles van der Meere.<br />

Il avait épousé à Bruxelles (Sainte-Catherine) le 25 juillet 1789, Catherine-<br />

Louise-Jeanne de Beelen-Bertholf (Bruxelles-Sainte-Catherine-23 novembre<br />

1764, Bruxelles 10 avril 1842), fille de Nicolas-Ferdinand-Antoine, seigneur<br />

d’Overhem, substitut du procureur général du Limbourg et pays d’Outre-Meuse<br />

et de Caroline-Eugénie de Castro y Toledo.<br />

Deux enfants naquirent de cette union :<br />

Amélie-Albertine-Antoinette-Eugénie-Désirée (Bruxelles-Sainte-Gudule-16<br />

mars 1795-Bruxelles 7 avril 1871) qui contracta mariage le 1 er septembre 1823,<br />

avec le vicomte Pierre-Charles-Joseph Desmanet de Biesme (Namur 27 janvier<br />

1793-Bruxelles 28 mars 1865). C’était le fils du vicomte Charles Desmanet de<br />

Biesme (Gerpinnes 3 mars 1758-Namur 6 avril 1837) et de Marie-Thérèse de<br />

Zualart. Le vicomte Desmanet de Biesme était un opulent propriétaire terrien<br />

du pays de Namur, à qui on attribuait 40.000 francs de revenus en 1812. Son<br />

fils, Charles, avait servi comme Garde d’honneur et avait gagné la croix de la<br />

Légion d’honneur au cours des campagnes d’Allemagne et de France. Il fut<br />

député au Congrès National, membre de la Chambre des Représentants pour<br />

l’arrondissement de Namur sur la liste libérale (1831-1839), puis sénateur sur la<br />

liste catholique (1839-1859). Il figura parmi les plus importants concessionnaires<br />

de mines de houille dans les bassins de Charleroi et du Borinage et fut également<br />

propriétaire de carrières de marbre.<br />

• Auguste-Louis-Nicolas (Audenarde 22 août 1797-Bruxelles 4 juin 1880) eut<br />

une vie agitée et romanesque. En 1813, il sortit de son séjour forcé au Prytanée<br />

de La Flèche (Sarthe), avec le grade de lieutenant en second. Sous couvert d’un<br />

congé de maladie, il échappa aux dernières campagnes napoléoniennes. En<br />

1815, il s’engagea dans la nouvelle armée des Pays-Bas et assista à la bataille<br />

de Waterloo. En garnison à Namur, il accumula les dettes et les duels, ce qui<br />

l’accula à démissionner du service en 1823. Deux ans plus tard, il s’embarqua<br />

pour les Indes orientales, espérant y faire carrière, mais sans succès. Il fut de<br />

retour en Hollande en 1827, puis il tenta une nouvelle expérience en Guyane<br />

tout aussi infructueuse. Impliqué dans les événements de 1830 à Bruxelles,<br />

il n’y joua finalement qu’un rôle secondaire, mais il se retrouva néanmoins<br />

général de brigade dans l’armée de la Belgique indépendante. Son rôle<br />

ambigu lors de la Campagne des Dix-jours menée par l’armée hollandaise<br />

pour recouvrer les provinces méridionales, porta atteinte à son crédit et à sa<br />

réputation et l’amena à demander sa mise en congé définitif. Rendu à la vie<br />

civile, il multiplia querelles et incartades. A la mort de son père en 1837, il<br />

s’installa à Paris où il mena la vie à grandes guides. Trois ans plus tard, il<br />

revint à Bruxelles désargenté et plus aigri que jamais. Il se rapprocha alors<br />

des milieux orangistes et fut un des protagonistes de la conjuration dite des<br />

« Paniers Percés » par allusion à la situation financière précaire de la plupart des<br />

206


aventuriers qui en furent les acteurs. Il s’agissait de renverser le roi Léopold I er<br />

et son gouvernement, pour restaurer le royaume des Pays-Bas. Le coup d’Etat<br />

fut éventé, Auguste van der Meere et ses complices furent traduits devant la<br />

Cour d’assises de Bruxelles. Le 25 mars 1842, il fut condamné à mort, mai un<br />

an plus tard, cette peine fut commuée en bannissement perprétuel. Il s’exila au<br />

Brésil, où il épousa une jeune-fille d’origine anglaise, Louise-Amélie Bailey,<br />

qui lui donna cinq enfants. En 1880, il fut gracié par Léopold II et put rentrer<br />

à Bruxelles pour y mourir.<br />

Le comte Charles van der Meere jouissait d’une fortune importante figurant à<br />

la 6 e place sur la liste des trente plus imposés en 1806 en payant 12.946 francs<br />

d’impôts. Ses revenus étaient estimés à 60.000 francs en 1815. Il possédait un<br />

château à Kruishoutem, des terres en Flandre et un hôtel à Bruxelles. Lors du<br />

procès d’Auguste van der Meere, ses avocats plaidèrent que sa part d’héritage<br />

s’était elevée à 700.000 francs.<br />

A.N., AF/IV/1426 ; A.G.R., Préfecture de la Dyle, n° 412 ; Etat présent de la<br />

Noblesse belge, 1993, p. 358-359 ; F. BETERAMS, The High Society…, p.<br />

171 ; Biographie Nationale, XXXIX, 1976, col. 683-697, notice L. <strong>LE</strong>CONTE ;<br />

C. BRONNE, La Conspiration des Paniers Percés, Bruxelles, 1959 ; C. <strong>DE</strong><br />

VOL<strong>DE</strong>R, Grands Notables du Premier Empire. N°28, Escaut, Paris, C.N.R.S.,<br />

2001, p. 100-101 ; C. DOUXCHAMPS-<strong>LE</strong>FEVRE, Grands Notables du Premier<br />

Empire. N° 22, Sambre-et-Meuse, Paris, C.N.R.S., 1995, p. 35-36 ; Le Parlement<br />

belge, Bruxelles, 1996, p. 235.<br />

MEEÛS François-Joseph (Bruxelles-La Chapelle-30 mars 1765-Bruxelles 13<br />

août 1821).<br />

François Meeûs naquit dans le milieu des commerçants bruxellois appartenant à<br />

la bonne bourgeoisie de la ville. C’était le cinquième des neuf enfants de Jean-<br />

François-Joseph Meeûs (Bruxelles 13 juillet 1717-Bruxelles 5 janvier 1792) et de<br />

Barbe d’Huvetter (Bruxelles-La Chapelle-23 mars 1736-Bruxelles 13 décembre<br />

1781), et donc le cadet de Henri-Adrien-Joseph Meeûs*.<br />

François Meeûs poursuivit les affaires familiales, comme l’écrivait le préfet le 29<br />

juillet 1810 : « Il faisait à l’étranger, avec toute l’Europe, le commerce de denrées<br />

coloniales et de la banque. Le premier a totalement cessé, il conserve le second et<br />

correspond avec la Banque de France ».<br />

Figurant parmi les commerçants les plus distingués du département, membre de<br />

la Société littéraire de Bruxelles, il accumula les honneurs professionnels. Elu<br />

juge suppléant au Tribunal de commerce de Bruxelles dès le 28 pluviôse an VIII<br />

(17 février 1800), il devint juge effectif le 12 pluviôse an X (1 er février 1802). Il<br />

fut appelé par ses pairs à la présidence de cette juridiction, le 30 prairial an XII<br />

(19 juin 1804) et renouvelé dans ces fonctions, le 4 février 1806. Il démissionna<br />

207


en 1810, lors de la mise en vigueur du nouveau Code de commerce. Membre de<br />

la Chambre de commerce de Bruxelles dès 1802, il en devint vice-président en<br />

1806, puis président.<br />

Son dévouement à la chose publique l’amena à être membre du Conseil<br />

d’enseignement et de discipline de l’Ecole de droit, du Conseil d’agriculture et de<br />

commerce, de la commission consultative pour le projet de code rural (1808), du<br />

Conseil d’inspection et de surveillance du dépôt de mendicité (1812), du Conseil<br />

d’administration de l’établissement des vieillards indigents (1812).<br />

Il entra au Conseil municipal de Bruxelles le 9 germinal an X (30 mars 1802) et<br />

y siégea jusqu’au 18 mars 1808.<br />

Il fut également désigné pour faire partie du Conseil général du département le<br />

14 avril 1806, sur la recommandation du préfet, qui considérait qu’il pouvait y<br />

être « …d’une très grande utilité par ses lumières et ses conseils qui sont toujours<br />

dictés par la probité la plus impartiale et la plus excellente ». Il en présida<br />

d’ailleurs les sessions de 1807 à 1814.<br />

En 1815, l’intendant du département de la Dyle voyait en lui, un partisan, mais<br />

avec modération, du gouvernement français. Il soulignait la qualité de son « …<br />

jugement très sain et son caractère flegmatique et réservé ».<br />

Sa vie publique se poursuivit après la chute de l’Empire. En février 1814, il fut<br />

l’un des cinq membres de la commission temporaire chargée de la gestion des<br />

affaires administratives du département de la Dyle. Le 18 avril suivant, il lui<br />

incomba de vérifier la caisse du receveur général. Le 21 septembre, il fut désigné<br />

pour faire partie de la commission de trois membres de l’examen des créances<br />

des Belges à légard de la France.<br />

Le 12 janvier 1815, il entra au conseil d’administration de l’Académie de peinture,<br />

de sculpture et d’architecture de Bruxelles et l’année suivante, il fut membre du<br />

jury chargé de l’examen d’un projet de palais pour Guillaume I er .<br />

François Meeûs siégea à la Seconde Chambre des Etats-Généraux de 1815 à<br />

1820.<br />

Il avait épousé à Bruxelles, le 30 avril 1790, Marie-Thérèse Van der Borcht<br />

(Bruxelles 22 décembre 1766-Bruxelles 5 août 1815), la fille unique de Marie-<br />

Caroline Leleux et de Jean-Baptiste Van der Borcht. Ce brasseur était très fortuné,<br />

car il fut taxé dans la 16 e classe à l’emprunt forcé de l’an IV, ce qui lui supposait<br />

des revenus de 12.000 florins.<br />

Ils eurent au moins cinq enfants :<br />

Pierre-François-Joseph (Bruxelles 9 août 1792-Paris 28 mars 1867) éligible<br />

au Sénat, qui épousa à Bruxelles, le 7 septembre 1812, Marie-Jeanne Brion<br />

208


(Bruxelles 15 octobre 1793-Bruxelles 28 avril 1846), fille de Paul-Joseph Brion,<br />

archiviste, propriétaire, conseiller municipal de Bruxelles du 9 floréal an VIII (29<br />

avril 1800) au 3 vendémiaire an XI (25 septembre 1802) et de Marie-Josèphe<br />

Lejuste.<br />

• Marie-Françoise (Bruxelles 12 messidor an IV-30 juin 1796-Bruxelles 24<br />

novembre 1835) qui contracta mariage à Bruxelles, le 25 juin 1828, avec le<br />

vicomte François-Joseph-Frédéric de Roest d’Alkemade (Bruxelles 2 juillet<br />

1791- Beersel 15 avril 1864), bourgmestre d’Alsemberg et de Linkebeek.<br />

C’était le fils du vicomte Jacques-Godschalck de Roest d’Alkemade<br />

(Doordrecht 3 janvier 1764-Schaerbeek 11 septembre 1830) et de Elisabeth<br />

de Roest d’Alkemade (Bruxelles 27 septembre 1765- Bruxelles 6 août 1808),<br />

une cousine.<br />

• Ferdinand-Philippe (Bruxelles 9 prairial an VI-28 mai 1798- Bruxelles 5 avril<br />

1861), qui épousa à Bruxelles le 8 mai 1822, sa cousine Anne-Marie-Meeûs<br />

(Bruxelles 5 complémentaire an V- 21 septembre 1797-Ohain 25 août 1874),<br />

fille de Henri-Joseph Meeûs*. Ferdinand connut une réussite éclatante.<br />

Docteur en droit (1819), il se consacra à la banque et aux affaires.<br />

• En 1830, il s’engagea sans hésiter, du côté des patriotes belges, il fit partie<br />

de la Commission de sûreté publique de Bruxelles dès le 11 septembre,<br />

et un mois plus tard, devint membre de la Commission des finances du<br />

Gouverment Provisoire. Elu au Congrès National, il fut nommé gouverneur<br />

de la « Société générale pour favoriser l’industrie nationale », position clé du<br />

monde économique du nouvel Etat, qu’il occupa de 1830 jusqu’à sa mort.<br />

Conseiller communal de Bruxelles (1831-1840), il fut aussi député unioniste<br />

pour l’arrondissement de Bruxelles (1832- 1845).<br />

Il rassembla une fortune considérable. Entre 1832 et 1860, il acquit 3.066<br />

hectares de terres et bois et ses participations financières dans de nombreuses<br />

sociétés, essentiellement dans des charbonnages (86 %) et dans les transports<br />

(10,5 %) étaient estimés en 1867, à près de 7.000.000 de francs. Ses onze enfants<br />

se partagèrent près de 16.000.000 de francs. En 1836, il fut créé comte de Meeûs<br />

par le roi Léopold I er .<br />

Henriette-Françoise Meeûs (Bruxelles 4 fructidor an VIII- 22 août 1800-23<br />

mars 1886) qui épousa à Bruxelles, le 14 juillet 1828, Marie-Charles-Ferdinand-<br />

Balthazar de Macar (Waremme 15 septembre 1785-Liège 24 mars 1866), fils de<br />

Pierre-François-Balthazar de Macar et de Marie-Augustine-Scholastique d’Aoust<br />

de Heuleux. La baron Ferdinand de Macar fit une brillante carrière sous l’Empire,<br />

puis au service de Guillaume I er , et enfin dans la Belgique indépendante. Auditeur<br />

au Conseil d’Etat en 1810, il devint intendant en Silésie en1813 ; désigné comme<br />

référendaire de 1 ère classe au Conseil d’Etat en1816, il siégea comme conseiller à la<br />

Cour Supérieure de Justice de Liège de 1823 à1828, avant de devenir gouverneur<br />

209


de la province de Hainaut (1828-1830). Il fut aussi membre des loges bruxelloises<br />

« La Candeur » et « L’Espérance ».<br />

• Elu sénateur sur la liste libérale pour l’arrondissement de Nivelles (1839-<br />

1848), il acheva sa carrière comme gouverneur de la province de Liège<br />

(1847-1863). Ferdinand de Macar détint des mandats d’administrateur dans<br />

quatre charbonnages, dans la Société anonyme des Hauts Fourneaux, Forges<br />

et Usines du Luxembourg, et à la Banque Foncière.<br />

Anne-Josèphe-Françoise (Bruxelles 19 thermidor an XI-7 août 1803-Ixelles 10<br />

mai 1877) qui épousa le 6 mai 1822, à Bruxelles, le comte Joseph-Hyacinthe-<br />

Jacques Martini (Anvers 7 juillet 1791-Ixelles 17 juillet 1873). Lieutenant dans les<br />

Gardes d’honneur en 1813, il y gagna la croix de chevalier de la Légion d’honneur<br />

et reçut ultérieurement la médaille de Sainte-Hélène. Il fut officier supérieur de la<br />

Garde civique de Bruxelles. Lors de son mariage, il était fonctionnaire supérieur<br />

au ministère des Finances du royaume des Pays-Bas.<br />

Au départ, la fortune de François Meeûs était d’origine familiale, mais le préfet<br />

signalait qu’il l’avait « … considérablement accrue par son mariage avec une<br />

riche héritière et l’industrielle activité montrée dans ses affaires commerciales ».<br />

Effectivement, la déclaration de succession de Marie-Thérèse Van der Borcht<br />

montre que celle-ci disposait de rentes diverses au capital de 42.328 francs<br />

et d’immeubles dans le seul ressort du bureau d’enregistrement de Bruxelles,<br />

évalués à 91.946 francs.<br />

En 1810, les revenus annuels de François Meeûs étaient estimés entre 30 et<br />

40.000 francs, « … outre les fonds de son commerce et la propriété de quelques<br />

immeubles ». Il figurait parmi les cent plus imposés de la ville de Bruxelles et<br />

payait dans le département de la Dyle, 8.000 francs d’impôts en 1806.<br />

Il avait fait construire rue Marché au Bois à Bruxelles, un bel hôtel évalué en<br />

1824 à 62.100 florins des Pays-Bas soit 130.000 francs. Celui-ci fut incendié en<br />

1830, par des émeutiers, qui lui reprochaient ses attaches orangistes. Il s’était<br />

également aménagé une maison de campagne à Laeken sur 19 bonniers. Malgré<br />

des convictions catholiques bien affirmées, François-Joseph Meeûs fut également<br />

un grand acquéreur de biens nationaux. Sous l’Empire, il acheta en première<br />

main, 23 domaines d’une superficie de 56 hectares et en seconde main, en 1806,<br />

579 hectares provenant de diverses abbayes belges. Il fut aussi le partenaire de<br />

Jacques Marischal* dans certaines spéculations immobilières comme l’achat de<br />

plus de 150 hectares à Glabais.<br />

A son décès, François Meeûs se trouvait à la tête d’un vaste domaine de 747<br />

hectares acquis presque totalement entre 1804 et 1806. Ses cinq héritiers se<br />

partagèrent une masse successorale estimée à 1.549.000 francs, sans compter<br />

d’autres biens.<br />

210


A.N., AF/IV/1426, F/1bII/Dyle/2, F/12/936 b ; A.G.R., Préfecture, P° 1735,<br />

Gouvernement provincial du Brabant, Série A, n° 198 bis ; Etat présent de la<br />

Noblesse belge, 1994, p. 47 à 80 ; Le Parlement belge, Bruxelles, 1996, p. 175 et<br />

183 ; F. BETERAMS, The High Society…, p. 12 ; F.V. GOETHALS, Miroir des<br />

notabilités nobiliaires de la Belgique, Bruxelles, 1857, t. I, p. 139-162 ; Nouvelle<br />

Biographie Nationale, t. IV, 1997, col. 114-118, notice J. <strong>LA</strong>UREYSSEN ;<br />

J. STENGERS, Index des Eligibles au Sénat, Bruxelles, 1976, p. 343 ;<br />

J.J.THONISSEN, Vie du comte Ferdinand de Meeûs, Louvain 1863 ; J. L. VAN<br />

BEL<strong>LE</strong>, Meeûs à de Meeûs, Braine-le-Château, 1997, p. 33-51.<br />

MEEÛS Henri-Adrien-Joseph (Bruxelles-La Chapelle-13 mars 1763-Laeken<br />

18 mai 1849)<br />

Henri Meeûs était le frère aîné de François Meeûs*.<br />

Son père, Jean-François-Joseph Meeûs (Bruxelles-La Chapelle-13 juillet<br />

1717-Bruxelles 5 janvier 1792), était maître brasseur et fut choisi à plusieurs<br />

reprises, comme doyen de cette corporation. Il avait épousé le 9 juin 1756, à<br />

l’église de La Chapelle, Barbe d’Huvetter (Bruxelles-La Chapelle-23 mars<br />

1736-Bruxelles 3 décembre 1781) fille de Ferdinand d’Huvetter et de Catherine<br />

Beeckman.<br />

C’était un homme pieux, prévôt de la Confrérie des Ames de l’église Notre-Dame<br />

de La Chapelle, mais aussi un homme riche, qui laissa une succession évaluée à<br />

181.511 florins courant de Brabant. Les deux tiers de ses avoirs étaient constitués<br />

de rentes, mais il possédait outre sa demeure bruxelloise décorée de bronzes et<br />

de tableaux, une maison de campagne au Marly près de Vilvorde, six maisons à<br />

Bruxelles et quelques terres.<br />

Henri Meeûs était le quatrième de leurs neuf enfants. Trois moururent avant l’âge<br />

adulte. L’une des deux filles devint religieuse, l’autre resta célibataire. Parmi les<br />

quatre garçons, Ferdinand, l’aîné (Bruxelles-La Chapelle- 12 juin 1757-Bruxelles<br />

3 avril 1808) fut brasseur comme son père et comme lui, doyen de la corporation.<br />

Le cadet, Jean-Baptiste (Bruxelles- La Chapelle-13 février 1779-Bruxelles 6<br />

décembre 1856) fut un des créateurs du Jardin botanique de Bruxelles en 1821,<br />

présida la Société royale d’horticulture (1833) et construisit dans la capitale du<br />

nouveau royaume de Belgique, un Théâtre des Nouveautés (1844) qui fit faillite<br />

quelques années plus tard.<br />

La personnalité d’Henri Meeûs fut moins éclatante que celle de ses deux frères<br />

cadets Jean-Baptiste et François.<br />

Il était encore célibataire quand éclata la Révolution brabançonne. Il se rangea<br />

sans hésiter aux côtés des Statistes, rejoignant van der Noot à Breda, en 1789.<br />

Il s’engagea dans l’armée des Etats et devint le 22 novembre 1790, capitaine<br />

211


lieutenant du Corps de la compagnie du comte de Merode au sein des volontaires<br />

du Brabant. C’était quelques semaines avant la restauration autrichienne.<br />

Comme son père, Henri Meeûs fut brasseur et le resta toute sa vie. Mais à la suite<br />

de son mariage avec la fille d’un fabricant de dentelles, il poursuivit l’activité de<br />

son beau-père, et devint aussi fabricant de dentelles. En 1829, il possédait l’un des<br />

plus importants ateliers de Bruxelles employant une cinquantaine d’ouvrières.<br />

Catholique zélé, il avait été nommé à l’âge de 21 ans, prévôt de la Confrérie<br />

des Ames de l’église de Notre-Dame de la Chapelle, s’inscrivant ainsi dans<br />

la tradition familiale. Il vint en aide des pauvres des villages de Diegem et<br />

Strombeek, participa aux frais de réparation de l’ancienne église de Laeken et<br />

aida les moines de La Trappe à installer leur monastère à Westmalle.<br />

Il avait le goût des tableaux de famille. Il commanda les portraits de sa femme, de<br />

sa fille et de sa belle-fille au peintre François Navez, chef de l’école néo-classique<br />

en Belgique, et lui-même se fit peindre à trois reprises.<br />

La carrière publique d’Henri Meeûs ne fut guère marquante. En 1806, le préfet<br />

constatait : « … qu’il jouissait de l’estime générale, mais qu’il n’avait point<br />

encore exercé de fonctions ». Deux ans plus tard, le 23 novembre 1808, il fut<br />

nommé membre du Conseil municipal de Bruxelles, où il siégea jusqu’au 25<br />

mars 1815. Ce fut son seul mandat public.<br />

Il avait épousé le 24 mai 1791, à Bruxelles, Marie-Madeleine-Jeanne Van der<br />

Borcht (Bruxelles 21 février 1771-Bruxelles 17 février 1837), fille de Pierre-<br />

Joseph Van der Borcht, un important fabricant bruxellois de dentelles et de<br />

Louise-Françoise Hens. C’était une cousine de la la femme de son frère François.<br />

La sœur de son épouse, Anne-Marie Van der Borcht, épousa le 24 mai 1796,<br />

Jean-Dominique t’Kint (1757-1827), ancien conseiller de Brabant qui s’était<br />

reconverti en fabricant de dentelles<br />

Le couple eut trois enfants :<br />

Pierre-Joseph (Bruxelles 21 juillet 1793- ?1873) qui épousa à Bruxelles, le 29<br />

juillet 1813, Thérèse-Françoise Vandermaelen (Bruxelles 3 juin 1792-Molenbeek-<br />

Saint-Jean 14 mars 1850), fille de Guillaume Vandermaelen, négociant et<br />

savonnier, et de Barbe-Anne de Raymaecker. Cet homme d’affaires entreprenant<br />

initia l’éclairage public au gaz à Bruxelles, dès 1818, et publia une quinzaine<br />

d’opuscules sur des questions économiques et sociales. Greffier de la Cour des<br />

Comptes (1831-1837), il fut aussi bourgmestre de Molenbeek-Saint-Jean (1836-<br />

1842). Un des frères de Thérèse Vandermaelen, Philippe (Bruxelles 1795-Bruxelles<br />

1869), fut un géographe réputé qui publia en 1827, un « Atlas universel » et<br />

fonda en 1830, l’Etablissement géographique de Bruxelles où se trouvaient des<br />

ateliers, une bibliothèque, une mappothèque, une sale de conférences et un jardin<br />

212


otanique. Il fut aussi l’auteur d’une « Carte topographique de la Belgique » et<br />

d’un « Dictionnaire géographique des provinces belges ».<br />

• Henri-Louis-Joseph (Bruxelles 5 février 1795-Paris 24 septembre 1822) qui<br />

épousa à Bruxelles, le 13 juin 1816, Henriette-Françoise Claes (Lembeek 13<br />

février 1796-Bruxelles 19 juin 1817) fille de Jean-Baptiste Claes*, brasseur<br />

et grand distillateur de genièvre et d’Isabelle-Thérèse De Cock.<br />

• Anne-Marie (Bruxelles 5 e complémentaire an V-21 septembre 1797 - Ohain<br />

25 août 1874) qui épousa le 8 mai 1822, à Bruxelles son cousin, Ferdinand-<br />

Philippe Meeûs (Bruxelles 9 prairial an VI-28 mai 1798-Bruxelles 5 avril<br />

1861) fils de son oncle François-Joseph Meeûs* et de Marie-Thérèse Van der<br />

Borcht.<br />

Henri Meeûs était un homme riche, dont les revenus annuels étaient estimés<br />

à 15.000 francs par le préfet en 1813, et à 20.000 francs par l’intendant du<br />

département de la Dyle en 1815. Ses livres de comptes conservés pour la période<br />

postérieure à 1825, montrent que ses revenus s’élevaient en moyenne à 27.000<br />

francs par an. Avant sa mort, Henri Meeûs distribua à ses enfants 562.858 francs<br />

dont 250.000 francs à sa fille Anne. Quelques années auparavant, il avait déjà<br />

donné à son mari, Ferdinand Meeûs, 310.198 francs. Il possédait une belle<br />

maison à Bruxelles, rue du Bord de Verre, d’une valeur locative de 1.100 francs<br />

et il avait hérité de la maison de campagne de son père au Marly, qu’il vendit en<br />

1832, 38.152 francs.<br />

A.N., F/1bII/Dyle/5 ; Archives de la ville de Bruxelles, Recensement 1812-<br />

1816 ; F. BETERAMS, The High Society…, p. 12 ; J.L. VAN BEL<strong>LE</strong>, Meeûs à<br />

de Meeûs, Braine-le-Château, 1997, p. 60-67.<br />

MERO<strong>DE</strong> Guillaume-Charles-Ghislain, comte de, marquis de Westerloo,<br />

prince de Rubempré et d’Everberg (Bruxelles-Saint-Jacques-16 septembre<br />

1762-Bruxelles 18 février 1830).<br />

Issu de la plus haute noblesse des Pays-Bas, il était le fils de Philippe-Maximilien-<br />

Werner-Mathias, comte de Merode et du Saint-Empire, marquis de Westerloo,<br />

Grand d’Espagne de 1 ère classe (4 juillet 1729-Bruxelles 25 janvier 1773),<br />

chambellan impérial et conseiller privé.<br />

Il avait épousé à Bruxelles, le 30 mars 1759, Marie-Catherine-Joséphine, princesse<br />

de Rubempré et d’Everbergh, comtesse de Merode Montfort (10 avril 1743-26<br />

mars 1794), une de ses parentes, qui lui permit de joindre à sa fortune celle<br />

des Rubempré et le marquisat de Trélon. Après son veuvage, Marie-Catherine<br />

de Rubempré se remaria à Bruxelles, le 14 mai 1776, avec Christian-Joseph-<br />

Grégoire-Ernest, comte de Lannoy de la Motterie*.<br />

213


Guillaume de Merode débuta très jeune dans la carrière des armes, au service de<br />

l’Autriche et à vingt ans, il était capitaine au régiment de Ligne. Mais il abandonna<br />

très vite cette voie, pour se former à la diplomatie au sein de la chancellerie du<br />

prince de Kaunitz.<br />

Après avoir été secrétaire de légation auprès du comte de Trautmansdorff à<br />

Mayence, il fut désigné à 26 ans, comme ministre plénipotentiaire de l’empereur<br />

Joseph II auprès des Provinces Unies. Il avait déjà reçu la clef de chambellan à la<br />

Cour de Bruxelles (1783).<br />

Quand éclata la Révolution brabançonne, Guillaume de Merode, conservateur<br />

dans l’âme, ne pouvait que se ranger du côté des Etats. Il démissionna donc de<br />

ses fonctions de ministre plénipotentiaire et de chambellan, et se fit élire par les<br />

Etats du Hainaut pour siéger à l’Etat noble du Congrès des Etats-Belgiques Unis.<br />

En octobre 1790, il fut un des envoyés de celui-ci à La Haye, pour négocier avec<br />

les Provinces-Unies.<br />

Pourtant, lors de la restauration autrichienne, quelques mois plus tard, il fit sa<br />

soumission à l’empereur Léopold II et en 1794, il souscrivit même 40.000 florins,<br />

pour faire face aux frais de la guerre contre la France.<br />

Après la bataille de Fleurus, le comte de Merode émigra d’abord à Maestricht,<br />

puis à Düsseldorf, ensuite à Brunswick, avant de s’installer en Saxe, où il acquit la<br />

seigneurie de Wettin. Il la revendit en 1804 au prince Louis-Ferdinand de Prusse.<br />

Pendant son séjour en Saxe, il reçut une patente de Grand chambellan du Roi de<br />

Prusse.<br />

Mais pour sauvegarder ses biens, qui avaient été placés sous séquestre, il lui fallut<br />

rentrer au plus tôt aux Pays-Bas.<br />

Après une tentative infructueuse en 1797, il obtint le 1 er juillet 1800, sa radiation<br />

de la liste des émigrés, ce qui lui permit de revenir en Belgique. En l’an XI, il fut<br />

élu au collège électoral du département de la Dyle et accepta de faire partie de la<br />

Garde d’honneur lors de la visite du Premier Consul à Bruxelles.<br />

L’année suivante, il présida une assemblée de canton, ce qui lui valut d’être invité<br />

au sacre de Bonaparte.<br />

En 1805, Napoléon, soucieux de montrer le ralliement des grandes familles à<br />

son régime, le nomma maire de Bruxelles, puis le 6 mars 1809, il le fit entrer<br />

au Sénat conservateur. A ce titre, en février 1810, il fit partie de la commission<br />

chargée d’examiner le projet de senatus-consulte entérinant l’annexion des Etats<br />

pontificaux, mais il eut le courage de ne pas approuver celle-ci.<br />

Nonobstant cette manifestation d’indépendance, l’Empereur le chargea de<br />

214


procéder à l’installation de la Cour impériale de Bruxelles en 1811, et il reçut la<br />

Grand-Croix de l’Ordre de la Réunion.<br />

En 1814, après la chute du régime impérial, Guillaume de Merode Westerloo devint<br />

vice-président du Conseil privé chargé de gouverner les anciens départements<br />

réunis pour le compte des Puissances alliées.<br />

En 1815, le roi Guillaume des Pays-Bas, en fit son Grand maréchal de la Cour et le<br />

désigna pour siéger au sein de la commission de rédaction de la Loi fondamentale.<br />

Nommé à la Première chambre des Etats-Généraux, il refusa d’y siéger pour ne pas<br />

devoir prêter le serment constitutionnel qu’il estimait contraire à ses convictions<br />

religieuses et qui était d’ailleurs à l’époque, condamné par l’épiscopat. De même,<br />

il démissionna de ses fonctions de chambellan.<br />

Même si en 1823, Guillaume I er lui accorda la Grand-Croix du Lion néerlandais,<br />

Guillaume de Merode Westerloo persista dans son opposition à la politique<br />

du souverain et il n’hésita pas en 1829, à prendre la tête de la campagne de<br />

pétitionnement en faveur du redressement des griefs de l’Union libérale<br />

catholique. Il mourut quelques mois avant la fin du royaume des Pays-Bas.<br />

Cet aristocrate, dévôt et religieux jusqu’au scrupule, était profondément attaché<br />

aux valeurs de l’Ancien Régime. Un de ses collègues au sein de la commission<br />

de rédaction de la Loi fondamentale, Alexandre Gendebien, le décrivait en ces<br />

termes : « Il ne tient pas à un parti, si ce n’est quand il s’agit de la religion, de la<br />

noblesse et de la prérogative royale, on ne saurait prévoir de quel côté il votera<br />

dans une délibération quelconque. Il professe le dangereux principe que tout a<br />

été fait illégalement depuis 1794. Il attend le rétablissement des seigneuries ».<br />

En épousant le 1 er mai 1778, à Everberg, Marie-Josèphe-Félicité-Ghislaine,<br />

princesse de Grimberghe, comtesse d’Ongnies et Mastaing (Bruxelles-Saint-<br />

Nicolas-20 septembre 1760-Bruxelles 4 août 1842), il faisait un riche mariage,<br />

car son épouse était non seulement l’héritière des biens d’Ongnies Grimberghe,<br />

mais aussi de ceux de la branche Merode Deynze. Elle recueillit aussi par voie<br />

de succession, la grande seigneurie de Buggenhout. Le futur époux n’avait que<br />

dix-sept ans et la future épouse dix-huit ans.<br />

Le couple eut cinq enfants parvenus à l’âge adulte :<br />

Henri-Marie-Ghislain, comte de Merode, marquis de Westerloo*.<br />

• Françoise-Louise-Ghislaine, (Bruxelles-Sainte-Gudule-13 mai<br />

1787-Lombise 25 septembre 1875), qui épousa le 4 e jour complémentaire<br />

an XII (23 septembre 1804), à Everberg, Adolphe-Walter-Waleran, comte de<br />

Thiennes (Mons-Saint-Germain-26 mars 1786-Bruxelles 19 janvier 1814),<br />

fils du comte Charles de Thiennes, secrétaire d’Etat (1815-1816), membre<br />

215


de la Première Chambre des Etats-Généraux et président de ceux-ci (1819-<br />

1823), ministre d’Etat. Sa mère était la comtesse Thérèse de Hinnisdael.<br />

• Philippe-Félix comte de Merode et du Saint-Empire (Maestricht 13 avril<br />

1791- Bruxelles 7 février 1857), qui fut membre du Gouvernement Provisoire<br />

(1830), membre du Congrès National (1830-1831), membre de la Chambre<br />

des Représentants sur la liste catholique (1831-1857) pour l’arrondissement<br />

de Bruxelles, ministre d’Etat (1831), ministre de la Guerre (1832), ministre<br />

des Affaires Etrangères 1833-1834. Il avait épousé à Villersexel (Haute-<br />

Saône) le 4 juillet 1809, Rosalie de Grammont (Paris 9 février 1793-Paris<br />

9 septembre 1823), fille du duc Antoine de Grammont, pair et maréchal de<br />

France, et d’Angélique de Noailles, puis le 27 septembre 1831, à Bruxelles,<br />

avec sa sœur, Philippine de Grammont (Bruxelles-27 thermidor an VIII-15<br />

août 1800-Bruxelles 3 mai 1847).<br />

• Louis-Frédéric-Ghislain (Maestricht-Saint-Jacques-9 juin 1792-Malines 4<br />

novembre 1830) blessé mortellement au combat de Berchem à la tête des<br />

volontaires belges combattant les troupes hollandaises. Il s’était marié à Saint-<br />

Luperce (Eure-et-Loir) le 25 juillet 1811, avec Marie-Antoinette-Françoise du<br />

Cluzel (Amiens-Somme-21 janvier 1793-Saint-Luperce- 29 octobre 1869),<br />

fille du comte Antoine, lieutenant-général au service de France et de Marie-<br />

Thérèse de Cluzel. Elle se remaria avec Charles de Cossé-Brissac.<br />

• Werner-Jean-Baptiste-Ghislain (Brunswick 24 juin 1797-Everbergh 2 août<br />

1840), membre du Congrès National (1830) pour le district de Soignies,<br />

membre de la Chambre des Représentants (1831-1840) pour l’arrondissement<br />

de Louvain sur la liste catholique, bourgmestre d’Everberg (1825-1840),<br />

propriétaire de forges à Trélon (Nord). Il avait épousé à Bruxelles, le 24 juin<br />

1818, Louise-Victoire-Albertine, comtesse de Spangen (Bruxelles 12 ventôse<br />

an V- 12 mars 1797- Paris 23 juillet 1845), fille du comte François-Louis-<br />

Amaury de Spangen et de la baronne Louise-Xavier-Albertine de Flaveau de<br />

la Raudière de Loverval.<br />

La fortune de Guillaume de Merode était considérable. En 1806, il était le 2 e<br />

contribuable du département de la Dyle, en s’acquittant de 50.900 francs d’impôts.<br />

Ses biens étaient répartis dans 13 ou 14 départements. Ses revenus étaient estimés<br />

à plus de 800.000 francs annuellement, mais il était chargé de lourdes dettes qu’il<br />

s’employait à rembourser, ce qui ramenait ses ressources nettes à 60.000 francs<br />

de rentes. Il était propriétaire de plusieurs châteaux dont ceux d’Everberg et de<br />

Rixensart.<br />

A.N., AF/IV/1052, AF/IV/1426 , F/1bII/Dyle/3, F/1cIII/Dyle/2 et 3 ; A.G.R.,<br />

Préfecture de la Dyle, P° 1006 ; Biographie nationale, t. XIV, 1897, col. 534-539,<br />

notice E. <strong>DU</strong>CHESNE ; Etat présent de la Noblesse, 1994, p. 121 et 122 ; E.<br />

RICHARDSON, Histoire de la Maison de Merode, mise à jour par la princesse<br />

Jean de Merode, Bruxelles, 1956, p. 163-166 ; A. WAUTERS, Histoire des<br />

216


environs de Bruxelles, t. III, Bruxelles, 1885, p. 216-219.<br />

MERO<strong>DE</strong> Henri-Marie-Ghislain, comte de, marquis de Westerloo, prince de<br />

Rubempré et d’Everbergh (Bruxelles-Saint-Jacques-15 août 1782, Bruxelles<br />

23 septembre 1847).<br />

Henri de Merode était le fils aîné de Guillaume de Merode* et de Marie d’Ongnies<br />

de Mastaing, princesse de Grimberghe.<br />

Il passa sa jeunesse sur les routes de l’émigration accompagnant sa famille,<br />

notamment à Brunswick, où il séjourna de 1795 à 1800.<br />

Il ne revint en Belgique qu’en juillet 1802, après la proclamation de l’amnistie<br />

accordée aux émigrés et deux ans après son père, qui avait été radié dès le 1 er<br />

juillet 1800.<br />

Désormais, il mena la vie d’un riche aristocrate, demeurant au château familial<br />

d’Everberg près de Louvain, consacrant son temps à des voyages en Italie et en<br />

Suisse et à de nombreuses visites à des parents et amis dans leurs châteaux en<br />

Belgique et en France.<br />

Henri de Merode s’abstint de toute activité publique sous le Consulat et l’Empire<br />

et adopta une attitude d’abord pleine de réserve, il vota contre l’adoption de la<br />

Loi fondamentale en 1815, puis toute d’hostilité à l’égard de la politique du roi<br />

Guillaume I er . Comme son père, il apporta sa signature à la première pétition<br />

pour la liberté de l’enseignement en janvier 1829, et fut à l’origine de la seconde<br />

campagne de pétitionnement à la fin de la même année.<br />

Henri de Merode se trouvait à l’hôtel de ville de Bruxelles le 31 août 1830,<br />

au sein de l’assemblée des notables qui délibéra sur l’envoi d’une députation<br />

au prince d’Orange, sur le point de rentrer dans la ville à la tête des troupes<br />

gouvernementales. Mais aussitôt après, il quitta Bruxelles et se retira dans son<br />

château de Trélon près de Valenciennes, pour y suivre de loin et en sécurité, les<br />

événements qui amenèrent la proclamation d’un Gouvernement Provisoire et de<br />

l’indépendance de la Belgique le 4 octobre 1830.<br />

Henri de Merode fit son entrée en politique dès les débuts du nouvel état. Aux<br />

premières élections d’août 1831, il fut élu sénateur par cinq districts électoraux<br />

différents, bénéficiant de la popularité de ses frères, Férédéric tué au cours des<br />

événements de 1830 et Félix, membre du Gouvernement Provisoire.<br />

Il siégea au sein de la Haute assemblée comme représentant catholique de<br />

l’arrondissement de Bruxelles, jusqu’à sa mort. Il fut chargé par le roi Léopold<br />

I er de le représenter aux cérémonies de l’avènement et du couronnement de<br />

l’empereur d’Autriche, Ferdinand I er , à Vienne et à Milan en 1835.<br />

217


Henri de Merode publia en 1840, à Bruxelles, les « Mémoires du feld-maréchal,<br />

comte de Merode-Westerloo », son bisaieul et en 1845, ses propres souvenirs<br />

intitulés « Les souvenirs de comte de Merode-Westerloo « qui décrivent la vie<br />

oisive et mondaine de la haute aristocratie de son temps.<br />

Très pieux, il avait également rédigé avec son cousin, le marquis de Beaufort,<br />

un essai « De l’Esprit de vie et de l’Esprit de mort « , paru à Paris en 1833, où il<br />

examinait du point de vue catholique, le problème des rapports de l’Eglise et de<br />

l’Etat.<br />

Henri de Merode avait épousé à Paris, le 26 août 1806, Louise-Jeanne de Thésan<br />

(Paris 14 janvier 1787-Bruxelles 27 avril 1862), fille du vicomte Jean-François-<br />

Bérenger de Thésan et de Françoise-Antoinette-Louise de Noailles.<br />

De ce mariage naquirent deux enfants :<br />

Marie-Joséphine-Hildegarde-Ghislaine (Bruxelles 8 novembre 1820- Hyères-<br />

Var-26 mars 1899) qui épousa à Bruxelles, le 27 mai 1844, Adrien-Guy-Marie<br />

de Levis-Mirepoix, duc de Fernando Luis, Grand d’Espagne de première classe<br />

(Paris 14 juillet 1820-Leran-Ariège-6 novembre 1886), fils d’Athanase-Gustave<br />

de Levis-Mirepoix et de Charlotte-Adélaïde de Montmorency-Laval.<br />

• Charles-Antoine-Ghislain (Everbergh 1 er août 1824-Bruxelles 6 avril 1892),<br />

agronome, membre de la Chambre des Représentants (1850-1867) sur la<br />

liste catholique pour l’arrondissement de Turnhout, sénateur (1867-1892),<br />

président du Sénat (1885-1892), ministre d’Etat (1890). Il était président du<br />

Conseil de Fabrique de l’église des Minimes à Bruxelles. Il avait épousé le<br />

7 août 1849, la princesse Marie-Nicolette d’Arenberg (Maffliers-Seine-15<br />

novembre 1830- Westerloo 11 juillet 1905), fille du prince et duc Pierre-<br />

Charles d’Arenberg et de Alix-Charlotte de Talleyrand-Périgord.<br />

En 1806, il payait 4.000 francs d’impôts dans le département de la Dyle.<br />

A.N., AF/IV/1426 ; Biographie Nationale, t.XIV, 1897, col. 563 à 566, notice<br />

E. <strong>DU</strong>CHESNE ; Etat Présent de la Noblesse, 1994, p. 110-128 ; Le Parlement<br />

belge, Bruxelles, 1996, p. 186-187 ; E. RICHARDSON, Histoire de la Maison de<br />

Merode, mise à jour par la princesse Jean de Merode, Bruxelles, 1956, passim.<br />

NOOT Maximilien-Louis, van der, comte (Bruxelles -La Chapelle- 29 mai<br />

1764, Bruxelles 18 mars 1846.<br />

Son père Jean-Antoine-Maximilien-Joseph (Bruxelles 21 septembre 1733- 26<br />

octobre 1792), comte van der Noot, baron de Schoonhoven siégeait à ce titre, au<br />

218


sein de l’Etat noble de Brabant, et avait reçu la clé de chambellan de l’impératrice<br />

reine à la Cour de Bruxelles (1760-1780). Il avait épousé le 16 mai 1763, Marie-<br />

Josèphe Taye (Bruxelles 27 août 1744-Bruxelles 10 novembre 1820), marquise<br />

de Wemmel, chanoinesse de Nivelles et dame de la Croix étoilée.<br />

Elle était la fille de François-Philippe Taye, marquis de Wemmel, commandeur<br />

de Saint-Jacques, colonel d’un régiment d’infanterie, membre de l’Etat noble de<br />

Brabant, chambellan de l’empereur (1755-1757) et de Marie-Louise de Coutereau<br />

marquise d’Assche.<br />

Maximilien était l’aîné de leurs huit enfants, dont la plupart moururent en bas âge.<br />

Un de ses frères, François (1770-1837) fut membre des Etats de Brabant sous<br />

l’Ancien Régime et membre du Corps équestre du Brabant méridional sous<br />

Guillaume I er .<br />

Une de ses sœurs, Constance (1775-1809) épousa le comte Philippe-Jean-Michel<br />

d’Arschot Schoonhoven (Voort 24 décembre 1771-Bruxelles 14 juin 1846),<br />

membre du Conseil général du département de la Meuse-Inférieure (1800-1814),<br />

conseiller d’Etat en service extraordinaire (1819-1830), gouverneur de la province<br />

du Brabant méridional (1819-1823), membre de la Première Chambre des Etats<br />

Généraux (1824-1830), membre du Congrès National, sénateur catholique de<br />

l’arrondissement de Bruxelles (1838-1839), grand maréchal de la Cour (1831-<br />

1846).<br />

Maximilien était un très lointain cousin d’Henri van der Noot, le leader<br />

conservateur de la Révolution brabançonne.<br />

On peut se demander les motifs qui dictèrent son inscription sur la liste des<br />

personnalités marquantes du département de la Dyle en 1806, car Maximilien van<br />

der Noot n’avait jusqu’alors, joué aucun rôle dans la vie publique, se contentant<br />

de jouir de la fortune héritée de son père et de son oncle maternel, Amour-<br />

Joseph-Philippe Taye, marquis d’Assche et de Wemmel (3 avril 1765-Bruxelles<br />

9 décembre 1792), dernier de sa lignée. Il faisait toutefois, partie du collège<br />

électoral du département dès l’an XI.<br />

Le portrait qu’en fit l’intendant du département de la Dyle en 1815, était peu<br />

flatteur. Il le décrivait comme un homme « … sans aucune instruction, de peu<br />

de jugement, violent et peu aimé. Zélé partisan de l’Autriche, il ne jouissait de<br />

considération qu’à raison de sa naissance ». Néanmoins, il partie des notables<br />

appelés à se prononcer sur la Loi fondamentale du nouveau royaume des Pays-<br />

Bas et sa carrière publique prit son essor à partir de 1815.<br />

Le roi Guillaume I er le nomma membre de la Première Chambre des Etats<br />

Généraux (1815-1829) et du Corps équestre du Brabant méridional qu’il présida<br />

219


de 1817 à 1830. Il devint deuxième Grand Maître de la Maison de la Reine (1820-<br />

1830) et fut créé commandeur du Lion néerlandais.<br />

Une reconnaissance de son état nobiliaire et de ses titres de comte van der Noot et de<br />

marquis d’Assche fut enregistrée dès 1816, et il figura sur la première liste officielle du<br />

Conseil suprême de la noblesse, le 25 juillet 1825.<br />

Il contracta successivement deux mariages dans son milieu aristocratique.<br />

En premières noces, il épousa à Anvers, le 30 brumaire an VI (20 novembre 1798),<br />

Albertine-Jeanne-Claire de Roose (Anvers-Saint-Jacques- 12 août 1777-Valence-<br />

Drôme- 4 août 1808) fille de Jean-Alexandre-Joseph, comte de Baisy, baron de<br />

Bouchout et de Marie-Anne-Jeanne van de Werve, des comtes de Vorsselaer, ce qui<br />

faisait de lui le beau-frère de Pierre de Roose *.<br />

De ce mariage, il n’eut qu’une fille Marie-Jeanne-Charlotte-Albertine (Bruxelles 19<br />

avril 1806-Bruxelles 1 er mars 1861), qui fut dame d’honneur de la duchesse de Brabant.<br />

Elle épousa à Bruxelles, le 1 er juillet 1827, le comte Gustave-Ferdinand-Guillaume de<br />

Lannoy (Bruxelles 15 thermidor an VIII- 5 août 1800-Anvaing 6 novembre 1892), fils de<br />

Jacques-Adrien-François de Lannoy, chambellan du roi Guillaume I er et de la comtesse<br />

Louise-Marie-Charlotte d’Ursel. Gustave de Lannoy fut brièvement chambellan du<br />

roi des Pays-Bas en 1830, puis Grand Maître de la Maison du duc et de la duchesse<br />

de Brabant (1853-1864), puis Grand Maître de la Maison de la reine Marie-Henriette<br />

(1865-1892). Il fut député catholique pour l’arrondissement de Soignies (1846-1847),<br />

conseiller provincial du Hainaut (1838-1846) et bourgmestre d’Anvaing (1836-1866).<br />

Maximilien van der Noot s’unit en secondes noces à Bruxelles, le 6 avril 1812, à<br />

la comtesse Adélaïde-Marie-Agnès-Jeanne-Ferdinande d’Yves de Bavay (Bois de<br />

Lessines 8 février 1792-Haren 7 juillet 1879), qui fut dame du palais de la reine des<br />

Pays-Bas (1816-1830). C’était la fille du marquis Ferdinand-Antoine-Joseph d’Yves<br />

de Bavay et de Marie-Jeanne-Françoise von Wildenstein.<br />

Six enfants naquirent du second mariage :<br />

Mathilde-Françoise-Marie-Angélique (Bruxelles 2 mars 1816-Bruxelles 16 mars<br />

1838), sans alliance.<br />

• Mathilde-Apolline-Philippine-Angélique (Bruxelles 1 er juillet 1817-Bruxelles 25<br />

février 1885), sans alliance.<br />

• Théodore-Charles-Antoine (Bruxelles 10 juillet 1818-Haren 13 août 1889),<br />

marquis d’Assche, chambellan du roi Guillaume III des Pays-Bas, éligible au Sénat,<br />

qui épousa Catherine Benardaki (Taganrog -Ukraine- 4 octobre 1825-Bruxelles 3<br />

juin 1905).<br />

• Albertine-Théodore-Nathalie (Bruxelles 15 juin 1820-Bruxelles 2 mai 1861), sans<br />

220


alliance.<br />

• Cecile-Henriette-Joséphine (Bruxelles 21 juin 1821-Bruxelles 24 novembre 1889)<br />

qui épousa à Bruxelles, le 21 février 1865, Joseph Ratomski (Trzesczany –Pologne-<br />

5 avril 1809-Bruxelles 21 juin 1880).<br />

• Paul-Ferdinand-Charles-Auguste (Bruxelles 23 décembre 1825-Bruxelles 21 juin<br />

1880), sans alliance.<br />

La fortune du comte van der Noot était très importante. En 1806, il figurait à la 20 e place<br />

sur la liste des trente plus imposés du département en payant 7.405 francs d’impôts. Ses<br />

revenus étaient estimés à 60.000 francs en 1812, et à 40.000 francs en 1815.<br />

Il demeurait à Bruxelles, rue de Belle-Vue dans un hôtel avec porte cochère et 62 portes<br />

et fenêtres, d’une valeur locative de 1.500 francs, avec l’assistance de huit domestiques.<br />

A.N., AF/IV/1426 ; Annuaire de la Noblesse de Belgique, 1861, p. 233-234 ; F.<br />

BETERAMS, The High Society …, p. 14 et 68 ; Etat présent de la noblesse, 1995, p.<br />

137-138 ; Le Parlement belge, Bruxelles, 1996, p. 90-91 et 155 ; J. STENGERS, Index<br />

des Eligibles au Sénat, Bruxelles, 1975, p. 452.<br />

OLBRECHTS Pierre-Joseph (Neder-Hembeek 7 août 1744-Bruxelles 15 octobre<br />

1815).<br />

Pierre Olbrechts naquit dans un petit village au nord de Bruxelles, aujourd’hui absorbé<br />

par la grande ville.<br />

C’était le second fils parmi les sept enfants de Pierre Olbrechts et de Marie-Thérèse<br />

Vanden Weyer. On ignore tout de la profession du père ainsi que de l’environnement<br />

familial.<br />

Pierre Olbrechts vint à Bruxelles à l’âge de quinze ans, probablement avec ses parents.<br />

Plus tard, il s’y établit comme négociant. Il ne joua aucun rôle public avant l’annexion<br />

des Pays-Bas autrichiens par la France.<br />

Désigné par les représentants en mission comme officier municipal de Bruxelles le<br />

25 frimaire an IV (26 décembre 1795), il resta en charge jusqu’à la mise en place de<br />

la nouvelle municipalité élue en germinal an V. Après que cette administration eût été<br />

destituée suite au coup d’Etat du 18 fructidor, le 13 vendémiaire an VI (4 octobre 1797),<br />

Olbrechts retrouva sa place au sein de la municipalité où il fut chargé des finances et<br />

de l’état civil. Il en assuma la présidence à partir du 6 prairial suivant (25 mai 1798).<br />

Il fut élu député au Conseil des Cinq-Cents en germinal an VII (mars 1798), puis<br />

il siégea sans interruption au Corps législatif depuis l’an VIII jusqu’en 1814. Il fut<br />

membre de la loge bruxelloise « Les Vrais Amis de l’Union ».<br />

221


222


Pierre Olbrechts avait épousé en premières noces à Bruxelles (Sainte-Catherine),<br />

le 23 septembre 1769, Elisabeth Eenens. Elle mourut l’année suivante et fut<br />

enterrée au cimetière de Sainte-Gudule, le 30 juillet 1770, après avoir mis au<br />

monde un fils, Pierre-Joseph (Bruxelles-Saint-Nicolas-19 juin 1770-Bruxelles-<br />

Sainte-Gudule- 16 août 1778).<br />

Pierre Olbrechts se remaria à Bruxelles (Saint-Nicolas) le 3 février 1771 avec<br />

Marie-Françoise Heyvaert (Bruxelles-Saint-Nicolas- 20 juin 1749-Bruxelles<br />

31 décembre 1818). C’était la fille d’un commerçant, François Heyvaert, et<br />

d’Elisabeth Elshocht. Un frère de son épouse, Jean-François Heyvaert (Bruxelles-<br />

Saint-Nicolas-12 février 1751-Bruxelles 7 mars 1816) fut reçu avocat au Conseil<br />

de Brabant le 29 mars 1776, et devint juge de paix du 3 e arrondissement de<br />

Bruxelles le 20 juin 1807. Il fut membre des loges bruxelloises « Les Vrais Amis<br />

de l’Union » (1786) et « l’Espérance » (1805).<br />

Le couple eut dix enfants dont cinq parvinrent à l’âge adulte :<br />

• Jean-Frédéric-Joseph (Bruxelles-Saint-Nicolas-22 décembre 1771-Bruxelles<br />

18 février 1808). Il fut successivement commis négociant chez son père,<br />

contrôleur de la minque ou marché aux poissons de la ville de Bruxelles et<br />

chef de bureau de l’administration des droits réunis. Il avait épousé à Bruxelles<br />

(Sainte-Gudule), le 11 mai 1796, Marie-Jeanne Decamps, qui mourut le 10<br />

frimaire an V (30 novembre 1796) à l’âge de 20 ans.<br />

• Marie-Elisabeth-Jeanne (Bruxelles-Saint-Nicolas-14 juin 1774-Bruxelles 15<br />

prairial an XIII- 4 juin 1805) qui épousa à Bruxelles le 20 floréal an VII<br />

(9 mai 1799) Joseph-Germain Prat, originaire de Neufchâteau (Ardennes),<br />

employé aux hôpitaux militaires, puis directeur des droits réunis à Bruxelles.<br />

• Anne-Catherine-Antoinette (Bruxelles-Sainte-Catherine-10 juin<br />

1777-Bruxelles 30 juin 1840), qui épousa à Bruxelles le 9 thermidor an XIII<br />

(28 juillet 1805), Josse Weverbergh (Bruxelles 21 avril 1770-Bruxelles 6 juillet<br />

1846). Issu d’une famille de négociants, Josse Weverbergh fut contrôleur de<br />

la minque aux poissons de Bruxelles en 1819.<br />

• François-Pierre (Bruxelles-Sainte-Catherine-25 février 1779- † après 1835)<br />

qui fut maître de la minque aux poissons de Bruxelles (1806), inspecteur des<br />

impôts indirects pour le Brabant (1816-1818), et termina sa carrière comme<br />

inspecteur en chef des contributions directes, douanes et accises à la province<br />

d’Anvers (1840). Il fut reçu membre de la loge bruxelloise « Les Vrais Amis<br />

de l’Union » en 1826.<br />

• Jeanne-Marie-Alexandrine dite Jeannette (Bruxelles-Sainte-Catherine-24<br />

mars 1789- ?) qui épousa à Bruxelles, le 23 octobre 1812, Charles-Joseph-<br />

François Malaise (Mons 17 juillet 1785-?) cousin germain de Philippe<br />

223


Malaise*. Charles Malaise fut receveur des douanes à Tournai (1827), puis<br />

receveur des contributions directes à Bruxelles 1840). Il fut membre honoraire<br />

de la loge bruxelloise « La Paix et la Candeur ».<br />

• L’influence de Pierre Olbrechts et de son beau-fils, Joseph Prat ne fut<br />

probablement pas étrangère à la carrière des fils et des gendres qui furent<br />

tous employés au sein de l’administration municipale de Bruxelles ou dans<br />

l’administration des impôts directs ou indirects.<br />

Dès 1793, Pierre Olbrechts avait acquis une maison rue de l’Evêque à Bruxelles,<br />

où toute la famille habita et où il mourut en 1815. Elle fut revendue en 1820, pour<br />

19.000 florins des Pays-Bas, soit 23.620 francs. Il possédait encore deux autres<br />

maisons à Bruxelles, dont une fut réalisée par ses héritiers au prix de 21.670<br />

florins, soit 42.906 francs. Mais ce fut grâce à des achats de biens nationaux<br />

que Pierre Olbrechts bâtit une fortune importante. En l’an VI, il avait acquis<br />

le prieuré de Sept-Fontaines à Rhode-Saint-Genèse, avec maison de campagne,<br />

jardin, étangs et 503 hectares de terres et bois pour 452.000 livres et aussi d’autres<br />

biens nationaux dans le département de l’Aisne. Ces immeubles lui assuraient en<br />

1806, un revenu estimé à 8 à 10.000 francs et il payait à l’époque, 2.000 francs<br />

d’impôts.<br />

A.N., F/1cIII/Dyle/2 ; A.G.R. Affiches de ventes des biens nationaux, n°98/9,<br />

Notariat du Brabant, n° 36.463, acte du 31 octobre 1820 du notaire Heetveld,<br />

n° 36.464, acte du 28 août 1821 du notaire Heetveld,, n° 17.120, acte du 4 août<br />

1827 du notaire Dupré ; Biographie Nationale, t. XVI, 1901, col. 119, notice<br />

Fr. CREPIN ; L. <strong>LA</strong>RTIGUE, Histoire d’une loge : Les Amis Philanthropes à<br />

L’Orient de Bruxelles, Bruxelles, 1972, p. 53.<br />

OLMEN Eugène-Joseph-Charles-Gilain-Hubert d’, baron de Poederlé<br />

(Bruxelles Saint-Géry- 21 septembre 1742-Saintes 17 août 1813).<br />

Son grand-père, Eugène-Joseph le Clercq, dit d’Olmen (ca 1685-Malines 6<br />

décembre 1756), seigneur de Court-au-Bois, Ottignies et Walle avait fait une<br />

brillante carrière dans la magistrature et la haute administration. Président du<br />

Grand Conseil de Malines (1739), conseiller d’Etat (1740), il avait épousé le<br />

11 février 1714 Marie-Hélène-Françoise de Steenhuys, baronne de Poederlé<br />

(31 décembre 1693-27 septembre 1733) fille unique de Jean-Erard-Ignace de<br />

Steenhuys, baron de Poederlé, membre du lignage de Coudenberg. Par lettre<br />

patente du 14 juillet 1717, il fut autorisé à porter le titre de baron de Poederlé<br />

obtenu par son mariage.<br />

De cette union, il avait retenu cinq enfants. Son fils aîné, Philippe-Eugène-Joseph<br />

(Laeken 16 mars 1717-Bruxelles 15 janvier 1781), licencié ès lois de Louvain<br />

(30 août 1741), membre de l’Etat noble de Brabant (11 mars 1777) fut le père<br />

d’Eugène d’Olmen, premier enfant issu de son mariage à Bruxelles (Saint-Géry)<br />

224


le 12 septembre 1741, avec Marie-Livine-Monique de Corte, vicomtesse de<br />

Saint-Albert (Bruxelles Sainte-Gudule 16 août 1724- ? 31 octobre 1774).<br />

Tout jeune, Eugène d’Olmen manifesta un vif intérêt pour l’agronomie et la<br />

sylviculture. Non content d’observer les arbres des propriétés de sa famille et<br />

ceux des parcs et forêts les plus remarquables du pays, il entreprit des voyages,<br />

en France en 1769, en Angleterre en 1771, dont il a laissé des relations, ce qui lui<br />

permit de nouer des contacts avec les botanistes et les agronomes les plus connus<br />

de son époque tels que Duhamel, Daubenton, Buffon et Jussieu en France, Miller<br />

en Angleterre.<br />

En 1772, il fit paraître à Bruxelles un « Manuel de l’arboriste et du forestier<br />

belgique ». Cette publication fut suivie d’un important supplément en 1779 d’une<br />

seconde, puis d’une troisième édition parue en deux volumes en 1792. A côté de<br />

cette œuvre majeure, qui fait de lui le père de la dendrologie en Belgique, il publia<br />

d’autres notices comme « Mémoire sur les différentes manières de cultiver les<br />

terres dans quelques parties de la Flandre, du Brabant et du Hainaut « paru dans<br />

les Mémoires d’agriculture de la Société royale de Paris en 1788 ; « Observation<br />

sur l’élagage adopté dans plusieurs cantons des provinces belgiques « (1789) ;<br />

« Observation sur l’effet qu’a produit le grand froid rigoureux de 1788 à 1789,<br />

sur les végétaux en général et spécialement sur les arbres indigènes et exotiques «<br />

(1791). Eugène d’Olmen introduisit en Belgique entre 1766 et 1778, plusieurs<br />

espèces nouvelles comme le cèdre rouge de Virginie, le thuya d’Orient, le chêne<br />

pyramidal, le vernis du Japon et le frêne à fleurs.<br />

Il fut membre de la Société botanique de Gand et correspondant des Sociétés<br />

royales d’Agriculture de Londres et de Paris.<br />

Le 2 octobre 1792, il fut nommé chambellan de l’Empereur d’Allemagne, cet<br />

honneur lui coûta en droits et taxes féodales 1.856 florins de change.<br />

Au cours de la période difficile qui suivit la seconde restauration autrichienne,<br />

la famille de Poederlé se montra loyale envers son souverain. Eugène dit un don<br />

volontaire de 40 florins par mois à partir de mars 1794, tandis que ses frères et<br />

sœurs apportèrent une contribution de 840 florins.<br />

Après la bataille de Jemappes, Eugène d’Olmen, effrayé comme beaucoup<br />

d’autres nobles par les échos de la Terreur, quitta les Pays-Bas, mais il revint très<br />

vite dans son château de Saintes, ce qui lui permit de ne pas être inscrit sur la liste<br />

des émigrés. Il s’abstint de toute activité publique sous le Directoire, mais il fit<br />

partie de la Société libre des Sciences et des Arts, d’Agriculture et de Commerce<br />

créée à Bruxelles en 1799 sous l’impulsion du ministre de l’Intérieur, François de<br />

Neufchâteau. Il y siégeait au sein de la première classe où il se voyait chargé des<br />

problèmes de l’agriculture.<br />

225


Eugène d’Olmen se rallia sans trop d’hésitation au régime consulaire. Dès l’an IX<br />

et jusqu’à l’an XI, il fit parvenir au préfet du département de la Dyle, des rapports<br />

mensuels fournissant des renseignements tant météorologiques qu’agricoles<br />

relevés dans son domaine où il cultivait les espèces les plus rares.<br />

Il fut nommé membre du Conseil général du département le 8 pluviôse an XI,<br />

mais il en démissionna quelques mois plus tard, le 8 thermidor suite à un différend<br />

personnel avec son président, Festraets *. Il fut membre du Collège électoral<br />

du département dès l’an XIII et devint maire de Saintes. Il présida également<br />

l’assemblée électorale du canton d’Hérinnes en l’an XII, mais il refusa d’assumer<br />

cette charge en 1813 en invoquant : « le peu d’agrément à présider une telle<br />

assemblée entièrement composée de gens de la campagne, par conséquent plus<br />

ou moins tumultuaires [sic] et portée à former des coalitions qui ne tendent qu’à<br />

capter ou gêner les suffrages…Un grand désagrément encore est d’avoir composé<br />

un canton de deux tiers de communes flamandes contre un tiers de communes<br />

wallonnes, le génie et le langage sont différents et l’accord ne peut guère régner<br />

où il y certaine antipathie ».<br />

Eugène d’Olmen avait épousé à Bruxelles (Sainte-Gudule) le 22 février 1773,<br />

Hippolyte-Françoise-Ghislaine de Vicq (Bruxelles- Saint-Jacques- 13 janvier<br />

1751-Bruxelles 14 février 1823). Comme la future épouse était l’une de ses<br />

cousines, il avait obtenu dispense du pape Clément XIV. C’était la fille de<br />

François-Philippe-Charles-Joseph de Vicq, baron de Cumptich et de Marie-<br />

Josèphe Blondel, baronne de Meer. Le couple eut trois enfants :<br />

• Philippe-Ambroise-Eugène-Ghislain (Bruxelles- Saint-Jacques- 7 décembre<br />

1773-Bruxelles 1 er octobre 1815) entré au service autrichien comme enseigne au<br />

régiment de Clerfayt, il fit les campagnes de Belgique (1793-1794) et d’Allemagne<br />

(1795-1797). Rentré en Belgique sous le Consulat, il s’occupa d’agriculture<br />

comme son père. Elu comme candidat au Conseil général du département le<br />

21 décembre 1810, il en fut nommé membre le 11 juillet 1811. A la chute de<br />

l’Empire, il se mit au service du prince souverain des Pays-Bas devenant colonel<br />

du 1 er régiment d’infanterie belge le 1 er mars 1814 et colonel commandant de<br />

la place de Bruxelles le 14 septembre suivant. Il avait épousé à Halle (Saxe) en<br />

1802, une émigrée française, Louise-Charlotte, baronne de Maret de Brouenne,<br />

(ca 1776 - Saintes 29 juin 1853) dont postérité.<br />

• Jean-Charles-Eugène-Hippolyte (Bruxelles-Saint-Jacques-18 février<br />

1775-Bruxelles 22 octobre 1821) sans alliance.<br />

• Henriette-Françoise-Ghislaine (Bruxelles-Sainte-Gudule-18 décembre<br />

1777- ?) qui épousa à Bruxelles le 30 nivôse an VII (8 janvier 1799), un officier<br />

au service de l’Autriche, Charles-Jacques-Ferdinand de Goguel (Montbeillan<br />

18 juin 1767- ?) fils de Charles-Jérémie et de Clémence-Marguerite de La<br />

Baume-Dodelan.<br />

226


En 1810, Eugène d’Olmen passait pour jouir de 10.000 francs de rentes, amis en<br />

1803, on lui attribuait 30.000 francs de revenus. Cette dernière évaluation semble<br />

confirmée par les archives familiales qui permettent d’approcher sa situation<br />

de fortune réelle. En tant qu’aîné, Eugène allait recueillir une grande partie de<br />

l’héritage de ses parents. Ceux-ci dans leur testament conjonctif du 23 février<br />

1764 lui léguaient la terre et vicomté de Saint-Albert, les seigneuries d’Ogieland<br />

et Stelthem en Condroz, la baronnie de Poederlé et la seigneurie de Gierle. Son<br />

père lui laissa en outre, la terre de Saintes, par testament du 6 octobre 1780.<br />

Eugène d’Olmen, en épousant Françoise de Vicq, avait fait un beau mariage<br />

puisque celle-ci recueillit plus de 90.000 florins dans la succession de ses parents.<br />

A son décès, Eugène d’Olmen laissa une succession importante. Il possédait le<br />

château, parc et jardins de Saintes dans le département de la Dyle, avec une ferme,<br />

des terres et des prés (110 hectares), qu’il légua par testament du 10 thermidor<br />

an XI (29 juillet 1803) ; dans le département des Deux-Nèthes, une importante<br />

ferme à Poederlé (108 hectares), et dans le département de l’Escaut, 54 hectares<br />

de terres à Cadzand, une ferme et des terres dans le polder de Saint-Albert à<br />

Assenede (21 hectares) et des biens sous Hamme et Zele (5 hectares).<br />

A côté de ces immeubles, Eugène d’Olmen avait 297.000 francs de capital sous<br />

forme de rentes à charge de particuliers pour la moitié, l’autre moitié étant placée<br />

à la Banque de Vienne ou en emprunts à charge de l’Empereur d’Autriche.<br />

A.N., F/1cIII/Dyle 1 et 2 ; A.G.R., Notariat du Brabant, n° 17147/3, acte du 18<br />

août 1815 du notaire Coppyn, n° 17117/2, acte du 10 thermidor an XI du notaire<br />

Stevens, Préfecture de la Dyle, P° 1746 et P° 1747 ; Archives de l’Etat à Mons,<br />

Papiers d’Olmen de Poederlé, n° 60-61-62-78-78 bis-72-73-80-81-89-90-92-93-<br />

98 ; Annuaire de la Noblesse de Belgique, 1860, p. 349, 1871, p. 189 à 192 ;<br />

Biographie Nationale, t. XVII, 1903, col. 844 à 847, notice F. CREPIN ; Cl.<br />

BRUNEEL, Les grands commis…, p. 463-464 ; Ch. MORREN, A la mémoire<br />

d’Eugène d’Olmen, baron de Poederlé, vicomte de Saint-Albert, s.l., s.d. (ca<br />

1840) ; M.-R. THIE<strong>LE</strong>MANS, « Inventaire des archives de la famille d’Olmen<br />

de Poederlé », dans l’Intermédiaire des Généalogistes, 1957, p. 65-75.<br />

ONYN Gérard-Xavier-Bernard-Joseph d’, dit d’Onyn de Chastre (Louvain-<br />

Sainte-Gertrude-13 avril 1757-Louvain 27 janvier 1837).<br />

La famille d’Onyn, dont les membres étaient écuyers, était établie à Louvain,<br />

mais elle possédait depuis le XVI e siècle, la seigneurie de Chastre en Brabant<br />

wallon.<br />

Le père de Gérard d’Onyn, Jacques-François-Joseph (12 septembre 1729-27<br />

décembre 1785), licencié en droit de l’Université de Louvain le 18 août 1750,<br />

fut d’abord conseiller de la ville de Louvain, puis il devint premier bourgmestre<br />

227


de Louvain le 21 décembre 1773, fonction qu’il exerça pendant douze années<br />

consécutives et à ce titre, il fut premier député aux Etats de Brabant.<br />

Il avait épousé à Louvain, le 31 décembre 1756, Marie-Catherine de Herckenrode<br />

(Louvain 2 juin 1731-Louvain 2 avril 1824) fille de Charles-Alexandre-Michel<br />

de Herckenrode (Louvain 16 septembre 1676-Louvain 2 janvier 1754), seigneur<br />

de Halmael, voué héréditaire de Racourt et de Marie-Isabelle-Adélaïde Hugo,<br />

dame de la baronnie de Roost, de Tendael et de Moorsele.<br />

Gérard d’Onyn obtint la licence en droit à l’Université de Louvain le 7 mai 1781,<br />

et fut reçu avocat au Conseil Souverain de Brabant le 23 août suivant. Dans le<br />

cadre de la réforme judiciaire de Joseph II, il devint juge au tribunal de première<br />

instance de Louvain en 1787, mais l’échec de celle-ci le rendit à son cabinet<br />

d’avocat quelques semaines plus tard. Il fut nommé amman de Bruxelles le 25<br />

février 1791, lors de la première restauration autrichienne, charge qu’il exerça<br />

jusqu’au 24 fructidor an II (10 septembre 1794) .<br />

Sous le Directoire, il fut membre du Conseil des Hospices de la ville de Louvain.<br />

Sa carrière se poursuivit sous le Consulat et l’Empire : président de l’assemblée<br />

électorale du 1 er arrondissement de Louvain en l’an XII et en 1812, maire de<br />

Louvain (7 avril 1808-3 mai 1811), membre du Conseil général du département<br />

le 19 germinal an IX (9 avril 1801) où il siégea jusqu’en 1814. Il entra au Corps<br />

législatif le 3 mai 1811. Il figura également parmi les membres du collège<br />

électoral de l’arrondissement Louvain en 1810.<br />

Le ralliement de Gérard d’Onyn au régime français fut, semble-t-il, progressif.<br />

En 1804, dans un état des plus riches propriétaires du département, le préfet<br />

le rangeait parmi ceux qui ont acquis des biens nationaux, mais dont « … ces<br />

acquisitions ne forment qu’une petite partie de leur fortune (il n’acheta en effet<br />

qu’un petit bois de 3,5 hectares sous le Consulat) et qui ne dépendent pas pour<br />

autant de la Révolution et de sa stabilité ».<br />

Six ans plus tard, le 24 novembre 1810, quand il présenta la candidature<br />

de Gérard d’Onyn au Corps législatif, le préfet employait un ton plus<br />

laudateur : « Parfaitement honnête homme, estimé, aimé, ayant plus d’esprit qu’il<br />

n’en faudrait pour sa place, parfaitement bien disposé pour le Gouvernement ».<br />

En 1815, l’intendant du département de la Dyle avait à son propos, une opinion<br />

très proche : « Il a paru partager, quoique avec modération, les principes du<br />

Gouvernement français …il a rempli avec beaucoup de zèle et de probité les<br />

fonctions qui lui ont été confiées « .<br />

Gérard d’Onyn figura parmi les notables appelés à ratifier la nouvelle Constitution<br />

et poursuivit sa carrière publique sous le règne de Guillaume I er . Il fut élu pour<br />

le Brabant méridional à la Seconde Chambre des Etats Généraux (1815-1819).<br />

228


Nommé membre du Corps équestre du Brabant méridional, le 16 février 1816, il<br />

y siégea de 1817 à 1830 et fut à nouveau bourgmestre de Louvain de 1818 à 1830<br />

et à ce titre, il présida le Collège des curateurs de l’Université de Louvain rétablie<br />

comme université d’Etat en 1817. Il fut créé à cette époque, chevalier de l’Ordre<br />

du Lion Belgique. Il fut également membre et vénérable maître de 1817 à 1830,<br />

de la loge louvaniste « Les Disciples de Salomon ».<br />

Il avait épousé à Louvain, le 29 prairial an XI (11 avril 1801), une cousine<br />

sous-germaine, Marie-Caroline-Philippine-Justine d’Onyn (Namur 19<br />

juillet 1766-Louvain 27 août 1851), fille de Jacques-Antoine-Joseph d’Onyn<br />

( ?-Hévillers 26 avril 1793), seigneur de Wez et d’Henriette Hockx (= 24 mai<br />

1804), fille de Paul Hockx, châtelain de Montaigle et de Philippine de la Rue. Le<br />

couple n’eut pas d’enfant.<br />

Gérard d’Onyn dut attendre l’âge de 66 ans pour jouir de sa fortune, car sa mère,<br />

qui mourut nonagénaire, en était l’usufruitière. Il s’agissait d’un patrimoine<br />

considérable estimé à 700.000 florins en l’an IV, ce qui avait entraîné pour la<br />

douairière d’Onyn une taxation dans la 16 e classe de l’emprunt forcé.<br />

En 1810, Gérard d’Onyn déclarait que ses seuls revenus provenaient de la dot<br />

de sa femme et s’élevaient à 6.000 francs. Parmi les biens familiaux en Brabant<br />

wallon, on peut citer un château à Chastre, une maison de campagne à Hévillers<br />

et une ferme de 80 hectares à Marilles.<br />

A.N., AF/IV/1052 et 1426, F/1cIII/Dyle 1 et 2 ; Annuaire de la Noblesse de<br />

Belgique, 1852, p. 242-245 ; J.B. <strong>LA</strong>MEERE, Aenteckeningen van merkwaerdige<br />

geschiedenissen voorgevallen binen Loven (en omliggende) 1784-1835, Louvain,<br />

1986, p. 331 ; J. NAUWE<strong>LA</strong>ERS, Histoire des avocats…, t. II, n° 2111 ; K.<br />

VAN<strong>DE</strong>N ABEE<strong>LE</strong>, « De gedwongen lening van het jaar IV te Leuven »,<br />

C.I.H.C., n° 31, 1963, p. 32-33.<br />

OVERMAN Henri-Jacques (Düsseldorf 9 septembre 1758 ou 2 mai<br />

1759-Bruxelles 1 er décembre 1820).<br />

La famille Overman de religion protestante, était originaire de Westphalie, mais<br />

on trouvait également des Overman à Francfort et à Amsterdam.<br />

Une branche de la famille avec les frères Dietrich dit Thierry et Johan dit Jean<br />

s’était établie à Bruxelles, dans la seconde moitié du XVIII e siècle. Ils figuraient<br />

parmi les principaux négociants de la ville en 1771 : « Négociants et expéditeurs,<br />

leur commerce consiste en velours de coton, mousseline, toiles de coton qu’ils<br />

font venir de Nancy, de Suisse, d’Angleterre et d’Allemagne et expédient les<br />

marchandises en transit rassemblées dans le magasin d’entrepôt à Louvain ».<br />

229


Les renseignements concernant l’ascendance d’Henri Overman sont très<br />

sommaires. On ne connaît que l’identité de ses parents, Henri-Pierre Overman et<br />

Marie-Christine Lichtenfelz.<br />

Henri Overman rejoignit sa parentèle à Bruxelles en 1779, et fut reçu bourgeois de<br />

la ville le 1 er avril 1783. Il fut d’abord associé gérant d’une société de commerce<br />

créée à Ostende en 1781 jusqu’à sa dissolution en 1803.<br />

Mais il fut surtout partenaire de la société « Frères Overman » aux côtés des<br />

frères Jean et Dietrich Overman et d’Henri-Guillaume Schumacher. Cette société<br />

se consacrait à la fabrication et à la vente de toiles de coton imprimé, mais elle<br />

avait aussi une activité de commission pour compte de tiers entre la place de<br />

Bruxelles et l’étranger.<br />

Le 12 nivôse an VI (1 er janvier 1798), la société arrivée à son terme fut dissoute<br />

et deux nouvelles entités lui succédèrent : l’une qui conserva le nom « Frères<br />

Overman » animée par la veuve de Dietrich Overman et son fils Jean-Henri,<br />

l’autre sous la raison sociale « Schumacher, H.J. Overman & Cie » fut dirigée par<br />

Henri Overman et Henri-Guillaume Schumacher. Cette dernière se consacra à<br />

l’importation de toiles blanches en coton destinées à l’impression et à la revente<br />

ainsi qu’au commerce de transit.<br />

En 1810, la société avait renoncé à cette activité et s’était tournée vers le commerce<br />

de laines indigènes et étrangères faisant affaire avec l’Espagne et l’Allemagne.<br />

Son chiffre d’affaires était à l’époque, de 200.000 francs par an.<br />

Henri Overman fut impliqué dans la vie publique bruxelloise. Il fut nommé officier<br />

municipal le 4 floréal an III (23 avril 1795), mais démissionna peu après. Il n’eut<br />

aucune activité politique sous le Directoire, mais devint conseiller municipal le 9<br />

floréal an VIII (29 avril 1801) et siégea jusqu’en 1815.<br />

Le roi Guillaume I er le désigna à nouveau en cette qualité le 23 juillet 1817 et il<br />

fut réélu le 4 novembre 1819.<br />

Il avait fait partie du Conseil des Hospices depuis sa création en l’an VI, jusqu’en<br />

l’an XI, et était membre du collège électoral du département depuis l’an XI.<br />

Ce négociant avait participé aux activités de la Société libre des Sciences, Arts,<br />

Agriculture et Commerce créée par le ministre François de Neufchâteau en l’an<br />

VII et siégea tout naturellement au sein de la Chambre de Commerce de Bruxelles<br />

dès sa création en l’an XI.<br />

Aux yeux du préfet, en 1812, Henri Overman, jouissait « …de la meilleure<br />

réputation, d’un crédit intact et fondé sur sa probité et son exactitude dans le<br />

230


commerce ». Il le considérait comme « …un des hommes le plus universellement<br />

estimé et aimé de toutes les classes de citoyens, car philanthrope et bienfaisant<br />

par caractère ».<br />

Il fut aussi un adepte convaincu de la religion réformée. Sous l’Ancien Régime,<br />

tous ses enfants furent déclarés à l’Eglise évangélique de Bruxelles et il réunissait<br />

chez lui, ses coreligionnaires avant qu’en 1803, les démarches des notables<br />

protestants de la ville aboutissent à obtenir du préfet que l’ancienne chapelle du<br />

palais de Charles de Lorraine soit assignée au culte réformé. Il fut également<br />

membre de la loge bruxelloise « La Constance » sous l’Ancien Régime.<br />

Henri Overman avait épousé à Ingelbroich (ancien duché de Juliers), le 4 octobre<br />

1785, Marie-Marguerite-Christine Offermann (Ingelbroich 5 septembre 1765-<br />

?), fille de Matthias Offermann (Ingelbroich 1735-1806) et de Jeanne-Elisabeth<br />

Noell.<br />

Par ce mariage, Henri Overman devenait le neveu par alliance, des frères Overman<br />

établis à Bruxelles. En effet, Dietrich Overman avait épousé à Ingelbroich, le<br />

24 septembre 1770, Anne-Catherine-Barbe Offermann (Ingelbroich 23 mai<br />

1743-Bruxelles 23 mars 1809) et Johan ou Jean s’était marié le 24 février 1774, à<br />

Ingelbroich, avec Anne-Gertrude Offermann (Ingelbroich 16 mai 1747-Bruxelles<br />

8 frimaire an V-28 novembre 1796) qui étaient les sœurs cadettes de Matthias<br />

Offermann.<br />

Du mariage de Henri Overman et de Marie-Marguerite Offermann naquirent dix<br />

enfants :<br />

Jean-Frédéric (Bruxelles 10 octobre 1786-Bruxelles 18 janvier 1807), sans<br />

alliance.<br />

• Henri-Charles (Bruxelles 25 octobre 1788- ?)<br />

• Wilhelmine-Julie (Bruxelles 15 août 1790- ?) qui épousa à Bruxelles, le 27<br />

mars 1813, Jean-Godefroid Stoltenhoff (Stolberg-Roër-2 septembre 1784- ?),<br />

fils d’Antoine-Sébastien Stoltenhoff, négociant protestant d’origine rhénane<br />

établi à Bruxelles, et de Catherine-Adélaïde Homberg.<br />

• Georges-Ernest (Bruxelles 4 avril 1792-Bruxelles 25 floréal an VIII -16 mai<br />

1800).<br />

• Jacques-Louis (Bruxelles 4 janvier 1794- ?), négociant à Bruxelles en 1820.<br />

• Théodore-Albert (Bruxelles 12 mai 1796-Bruxelles 4 août 1832) qui fut<br />

lieutenant en garnison à Bruxelles en 1820, puis négociant. Il avait épousé<br />

Rosalie Stuttberg, fille de son parrain, Jean-Pierre Stuttberg, négociant<br />

231


protestant d’origine rhénane établi à Bruxelles, membre de la loge « La<br />

Constance ».<br />

• Amélie-Ernestine (Bruxelles 1798-Bruxelles 16 vendémiaire an IX-8 octobre<br />

1800).<br />

• Marie-Henriette (Bruxelles 2 messidor an VIII-21 juin 1800- ?) qui épousa<br />

à Bruxelles, le 30 septembre 1820, François Bine-Belleroche, négociant à<br />

Anvers (Ostende 13 décembre 1790-?), fils d’Henri-Frédéric Belleroche,<br />

président du Tribunal de commerce d’Ostende (an VIII-1812), membre de la<br />

Chambre de commerce d’Ostende et de Catherine Bine.<br />

• Edouard-Auguste (Bruxelles 23 nivôse an XI -13 janvier 1803-?)<br />

• Gustave-Adolphe (Bruxelles 25 thermidor an XII -14 août 1804-Tournai<br />

16 avril 1869) qui épousa à Tournai, le 21 juillet 1829, Florence-Catherine-<br />

Agnès Delevingne (Tournai 2 février 1807-Tournai 10 novembre 1849), fille<br />

de Jean-Baptiste Delevingne (Tournai ?-Tournai 9 mai 1841), président de<br />

la Chambre de commerce de Tournai, membre du Conseil de régence de la<br />

ville et de Marie-Rosalie Pèrier. En secondes noces, Gustave-Adolphe épousa<br />

Elise-Joséphine-Pétronille Rouma, probablement d’origine italienne. Avec<br />

son cousin, Thierry-Ernest Schumacher (Sprockovel 2 janvier 1789-Tournai<br />

14 juin 1843), fils d’un banquier protestant d’origine rhénane, il reprit et diriga<br />

la manufacture royale de tapis de Tournai. Gustave Overman fut conseiller<br />

communal à Tournai et vice-consul d’Italie.<br />

Selon un rapport du préfet du 29 juillet 1810, la fortune de Henri Overman s’élevait<br />

en revenus à au moins 10.000 francs, elle était ancienne et s’était augmentée par<br />

le travail. Il payait 483 francs d’impôts en 1806.<br />

A.N., F/1bII/Dyle/5, F/12/936 b ; A.G.R., Préfecture de la Dyle, P° 1248 ; J.<br />

CALUWAERTS, H. SIMONART, Les Bourgeois de Bruxelles, Bruxelles, 2000,<br />

t. III, 1695-1795. Ph. MOUREAUX, « Le grand commerce à Bruxelles en 1771 »<br />

in Etudes sur le XVIII e siècle, IV, Bruxelles, 1977, p. 33-48.<br />

OVERSCHIE de NEERYSSCHE Maximilien-Emmanuel-Marie-Joseph d’,<br />

baron (Neeryssche, 22 décembre 1770-Bruxelles 30 mai 1819).<br />

Maximilien d’Overschie appartenait à la noblesse de robe brabançonne.<br />

Son grand-père Charles d’Overschie avait été créé baron par lettres patentes du 6<br />

octobre 1719 appliqué à sa seigneurie de Neeryssche.<br />

Son père, Jean-Albert-Renier-Isebrant (Bruxelles-La Chapelle-26 juillet 1724-<br />

Louvain 22 mai 1774), vicomte de Ruremonde, chambellan de l’Empereur<br />

232


fut membre de l’Etat noble de Brabant comme baron de Neeryssche, et avait<br />

épousé en 1767, Marie-Isabelle de Nassau-Corroy (1744-1782) apparentée aux<br />

Trazegnies.<br />

Alors que son cousin germain, Gaspard-Frédéric-Joseph, baron d’Overschie<br />

(Bruxelles 6 novembre 1751-Bruxelles 17 mai 1804) avait fait carrière dans la<br />

robe, devenant membre du Conseil de Brabant le 11 septembre 1779, et s’était fait<br />

remarquer par son opposition aux réformes de Joseph II, son hostilité aux idées<br />

révolutionnaires et sa nostalgie de l’Ancien Régime, Maximilien d’Overschie<br />

mena une vie paisible de grand propriétaire terrien partagée entre son château de<br />

Neeryssche et son bel hôtel de Bruxelles au Grand Sablon.<br />

Sa seule activité publique fut sa qualité de membre du Conseil général du<br />

département au sein duquel il fut nommé le 4 prairial an VIII (24 mai 1800) et où<br />

il siégea jusque en 1814.<br />

Il n’était pas pour autant partisan du régime napoléonien, car l’intendant<br />

du département de la Dyle écrivait à son propos en 1815 : « Il a montré de<br />

l’éloignement pour le gouvernement français. Bon, mais peu considéré à raison<br />

de sa conduite privée… il n’a aucune aptitude aux affaires ».<br />

Le roi Guillaume I er le fit membre des Etats provinciaux du Brabant dès le 13<br />

mars 1816, et il en fit partie jusqu’à son décès. Il fut reconnu comme baron de<br />

même que sa descendance, par le Conseil supérieur de la noblesse le 25 juillet<br />

1825.<br />

Il avait épousé à Bruxelles, le 10 thermidor an VIII (29 juillet 1800) Marie-Thérèse-<br />

Charlotte d’Argenteau d’Ochain (Liège-Sainte-Véronique-8 juin 1783-Limal 3<br />

octobre 1869) fille du comte Joseph- Louis-Eugène d’Argenteau (Huy 29 octobre<br />

1740- Ochain 12 juin 1795), chambellan de l’Empereur d’Allemagne et de la<br />

comtesse Marie-Josèphe de Limburg-Stirum (Argenteau 29 octobre 1759-Liège<br />

13 novembre 1808), filleule de l’impératrice Marie-Thérèse. Devenue veuve,<br />

Marie-Thérèse d’Argenteau se remaria en 1820, avec le baron Joseph van der<br />

Linden d’Hooghvorst.<br />

Le couple n’eut qu’un fils, Auguste-Joseph-Ghislain (Bruxelles 26 floréal an<br />

X-16 mai 1802-Neeryssche 21 juin 1880), qui fut sénateur catholique pour<br />

l’arrondissement de Louvain, de 1847 à 1848 et de 1856 à 1880, ainsi que<br />

bourgmestre de Neeryssche de 1836 à 1880. Il épousa à Bruxelles, le 22 juin<br />

1825, sa cousine par alliance, Philippine-Emmanuelle-Ghislaine van der Linden<br />

d’Hooghvorst (Bruxelles 1 er mars 1808-Neeryssche 3 octobre 1869), fille du<br />

baron Emmanuel van der Linden d’Hooghvorst*. Son épouse fut dame du palais<br />

de la reine Louise-Marie de Belgique.<br />

233


En 1812, Maximilien d’Overschie figurait sur la liste des plus riches propriétaires<br />

du département de la Dyle avec 60.000 francs de revenus et en 1806, à la 16 e<br />

place de la liste des trente plus imposés en payant 8.640 francs d’impôts.<br />

A.N., AF/IV/1426 et 1052-12 ; A.G.R., Notariat du Brabant, n° 15.579/2, acte<br />

du 15 juin 1819 du notaire F. De Laing, Inventaire de l’hôtel du Grand Sablon ;<br />

F. BETERAMS, The High Society…, p. 7 ; Etat présent de la noblesse, 1995, p.<br />

354-356 ; de RYCKMAN de BETZ et Vte de JONGHE d’ARDOYE, Armorial<br />

et Biographie des chanceliers et conseillers de Brabant, t. IV, Hombeek, s. d. p.<br />

1138-1140; J. TORDOIR, Le château de Dongelberg et son domaine à travers<br />

l’histoire, Incourt, 2004, p. 60-65.<br />

PARADIS Charles-Joseph (Nivelles 7 mai 1761-Nivelles 24 février 1837).<br />

La famille Paradis appartenait à la bourgeoisie nivelloise. Un Henry Paradis<br />

(Nivelles 28 décembre 1705- Nivelles 3 décembre 1769) avait été échevin du<br />

magistrat de 1739 à 1742.<br />

Le père de Charles Paradis (Nivelles 10 octobre 1713-Nivelles 21 janvier<br />

1787) était maître orfèvre et changeur, sa mère Anne-Marie Bouqueau (Vieux-<br />

Genappe 4 octobre 1732-Nivelles 6 août 1810) était issue d’une famille de gros<br />

fermiers de la région de Genappe.<br />

Charles Paradis était le second fils d’une famille d’au moins neuf enfants.<br />

Son frère aîné, Jean-Baptiste (Nivelles 18 novembre 1759-Nivelles 16 juin<br />

1814) fut prêtre et chapelain ; une de ses sœurs cadettes, Anne-Marie (Nivelles 2<br />

octobre1763-Nivelles 22 juin 1852) avait épousé à Nivelles, le 16 août 1791, un<br />

riche avocat nivellois Jean-Joseph Mercier (ca. 1740- Nivelles 7 février 1825),<br />

qui présida la municipalité de la ville en l’an III ; une autre, Adèle-Joséphine-<br />

Marie (Nivelles 19 juin1769-Nivelles 1 er juin 1833) s’était mariée avec François-<br />

Joseph-Théodore Berthels (Wavre 17 novembre 1765-Nivelles 12 mars 1843),<br />

docteur en médecine, membre suppléant du Congrès National.<br />

Son frère cadet, Jean-Joseph Paradis (Nivelles 22 juillet 1773- ?) devint juge au<br />

tribunal de Nivelles en 1807, puis présida le tribunal de Charleroi de 1813 à 1817,<br />

date de sa démission pour ne pas prêter le serment à la Loi fondamentale, ce qui<br />

implique des convictions ultramontaines.<br />

Charles Paradis fut admis comme notaire en 1785, à l’âge de 24 ans, et il exerça<br />

son ministère pendant un demi siècle jusqu’en 1835. Il céda alors ses minutes<br />

à son fils, Albert Paradis. En 1815, l’intendant du département de la Dyle le<br />

considérait comme « … honnête homme, excellent notaire et très considéré ».<br />

234


Pendant quelques années, sous le Consulat et au début de l’Empire, Charles<br />

Paradis fut simultanément notaire et fabricant d’étoffes. Il avait établi un atelier<br />

place Saint-Paul, face à la collégiale dans une maison claustrale du Chapitre,<br />

qu’il avait acquise comme bien national et voisine de sa propre demeure.<br />

La carrière publique de ce notable demeura cantonnée à Nivelles. Elu membre<br />

du Conseil de la ville par l’assemblée conservatrice, qui s’était réunie le 10<br />

décembre 1792, il fut également choisi comme représentant provisoire de la cité<br />

par l’assemblée populaire, qui se tint quelques jours plus tard, le 22 décembre !<br />

Charles Paradis fut nommé membre du Conseil municipal en l’an VIII, et y<br />

siégea plusieurs années ; dès l’an XI, il fit également partie du collège électoral<br />

de l’arrondissement de Nivelles.<br />

Lors des événements de 1830, Charles Paradis fut choisi comme membre de la<br />

Commission administrative et de sûreté, qui géra la ville depuis le 24 septembre,<br />

jusqu’aux élections du 22 octobre. Lors de celles-ci, il fut parmi les scrutateurs.<br />

Il avait épousé à Nivelles, le 20 germinal an VII (9 avril 1799), Thérèse-Albertine-<br />

Ghislaine Warocquier (Nivelles 14 septembre 1779-Nivelles 18 juillet 1863).<br />

C’était la fille de Pierre-Joseph Warocquier (Bassily arr. de Mons 1748- Nivelles<br />

3 avril 1832), un filateur en laine installé à Nivelles en 1776, et de Marie-Rosalie<br />

Campion.<br />

De cette union naquirent huit enfants :<br />

Joseph-Charles-Albert (Nivelles 7 ventôse an VIII- 27 février 1800-Nivelles 17<br />

mai 1817).<br />

• Jean-Joseph (Nivelles 7 nivôse an X -28 décembre 1801- Nivelles 12<br />

thermidor an X- 31 juillet 1802).<br />

• Jean-Joseph (Nivelles 23 thermidor an XI-11 août 1803-Nivelles 3 janvier<br />

1833) fabricant d’étoffes, époux de Marie-Anne Matton.<br />

• Charles-Joseph-Henri (Nivelles 28 janvier 1806-Nivelles 7 octobre 1830)<br />

maître tanneur et corroyeur, qui épousa le 24 décembre 1830, à Nivelles,<br />

Eléonore-Caroline Bouqueau (Baulers 29 juin 1818-Nivelles 18 septembre<br />

1858). D’opinion libérale, il fut parmi les fondateurs de la Société de<br />

l’Alliance de Nivelles en 1846, et figura parmi les membres de son comité<br />

en 1847.<br />

• Thérèse-Théodore (Nivelles 24 avril 1808- Nivelles 7 juin 1842), sans<br />

alliance.<br />

235


• Albert-Alexandre-Pompée (Nivelles 21 mars 1810-Nivelles 26 juillet 1879),<br />

qui succéda à son père, comme notaire de 1835 à 1878. D’opinion libérale,<br />

il succéda à son frère Charles, comme membre du comité de la Société de<br />

l’Alliance et siégea au Conseil communal de la ville de Nivelles à partir de<br />

1853. Il en fut bourgmestre de 1858 à 1872. Il resta célibataire et sa fortune<br />

le rangeait parmi les éligibles au Sénat.<br />

• Adèle-Joséphine-Marie-Louise (Nivelles 30 septembre 1812-Nivelles 6<br />

février 1892). Elle épousa à Nivelles, le 27 août 1831, Constant Berthels<br />

(Nivelles 13 janvier 1798-Nivelles 8 février 1864), docteur en médecine,<br />

membre du Conseil communal de Nivelles (1845-1846) et échevin (1846-<br />

1848). C’était son cousin, fils de sa tante, Adèle-Joséphine Paradis.<br />

• Adrien-Joseph-François (Nivelles 5 janvier 1815-Nivelles 23 janvier 1848)<br />

propriétaire, sans alliance.<br />

• Joseph Paradis (Nivelles 5 août 1816-Nivelles 6 octobre 1841) rentier, sans<br />

alliance.<br />

On connaît peu de choses sur la fortune de Charles Paradis, si ce n’est que ses<br />

revenus étaient estimés à 6.000 francs en 1815. Il avait acquis des biens nationaux :<br />

plus de quatorze hectares de terres, prés et bois et trois maisons à Nivelles, pour<br />

un total de 167.700 francs dont la majeure partie avant le Concordat.<br />

A.N., AF/IV/1052, F/1bII/Dyle/3 ; F/1cIII/Dyle/2 ; A.G.R., Ville de Nivelles, n°<br />

2224, 2225 et 2231, Préfecture de la Dyle, P° 1088 ; J. TORDOIR, Les libéraux<br />

en Brabant wallon, s.l. n.d., p. 235-236 ; G. WIL<strong>LA</strong>ME, La Révolution de 1830<br />

à Nivelles, Bruxelles, s.d., p. 44.<br />

PASSY Louis-François (Etrepagny-Eure-29 février 1760-Girsors-Eure-11<br />

juillet 1834).<br />

Son père, Jean-François Passy (= 1766), prenait à ferme les dîmes levées à Thil,<br />

Etrepagny et autres villages voisins, et en assurait la recette pour le compte des<br />

décimateurs. Il avait épousé en 1763, Barbe-Françoise Rousselin, dont il eut trois<br />

enfants.<br />

Louis Passy était l’aîné. malgré la mort précoce de son père, sa famille réussit à<br />

lui donner une bonne éducation et, selon ses dires, il fit des études de droit. Après<br />

celles-ci, il fut nommé par Louis XVI, commis à l’exercice de la recette générale<br />

des finances de la Généralité de Soissons où il fit carrière jusqu’à la suppression<br />

des receveurs généraux des finances le 1 er janvier 1791.<br />

Emprisonné comme suspect pendant la Terreur, à la prison de la Bourbe, il avait<br />

dû sa relaxe aux démarches incessantes de son épouse.<br />

236


Son expérience et ses compétences, et probablement des relations, lui permirent<br />

de devenir en 1795, un des douze inspecteurs généraux de la Trésorerie nationale.<br />

Le 9 fructidor an VIII (27 août 1800), il fut désigné comme receveur général des<br />

contributions directes du département de la Dyle. C’était une fonction importante<br />

et rémunératrice, car à côté d’un salaires fixe de 6.000 francs par an, le receveur<br />

percevait 5 % sur les sommes perçues et aussitôt transmises à Paris.<br />

Le volume des sommes maniées ne cessa de s’accroître du fait de l’augmentation<br />

incessante des impôts indirects, eux aussi centralisés par les receveurs généraux.<br />

Prallèlement à sa chargede receveur général, qui le mettait sous la dépendance du<br />

ministre des Finances, Louis Passy fut également payeur général du département,<br />

ce qui le plaçait sous la tutelle du ministre du Trésor.<br />

La carrière administrative de Louis Passy s’acheva avec la chute de l’Empire.<br />

En 1814, il regagna Paris, où il séjourna quelques années. C’est ainsi qu’en<br />

septembre 1819, il fonda avec trois associés, un journal « Le Fanal des Théâtres,<br />

de la Littérature, des Sciences et des Arts », dontla parution ne dura que six mois.<br />

Dans le courant de l’année 1820, il s’installa définitivement à Girsors, où il avait<br />

acquis une demeure qu’il fit transformer.<br />

Au cours des longues années passées à Bruxelles, Louis Passy s’était intégré à la<br />

vie publique et sociale du chef-lieu du département de la Dyle. C’est ainsi qu’il<br />

siégea au Conseil municipalà partir du 5 brumaire an XIII (27 octobre 1804) et<br />

qu’il fut membre de la loge bruxelloise « Les Amis Philanthropes ».<br />

Louis Passy avait épousé à Paris (Saint-Roch), en 1791, Jacquette-Pauline-Hélène<br />

D’Aure (Courbevoie 29 janvier 1772-Girsors 10 mai 1843), fille d’Anthoine<br />

D’Aure, régisseur des droits réunis et de Jeanne-Adélaïde Wilknighoff. Une<br />

sœur de sa femme, Jeanne-Antoinette D’Aure avait épousé Benoît-Joseph<br />

Tarlé, intendant des armées royales pendant la guerre d’Amérique. Un frère<br />

de Jacquette D’Aure, Hector D’Aure (1774-1846), fut ordonnateur en chef de<br />

l’armée d’Orient avec laquelle il fit la campagne d’Egypte. Il fit en cette même<br />

qualité, la campagne de Marengo, puis suivit l’expédition de Saint-Domingue.<br />

Il passa ensuite au service de Naples et fut ministre de la Guerre et de la Marine<br />

du roi Murat. Il reprit ses fonctions d’ordonnateur général de la Grande Armée<br />

en 1812. Nommé maître des requêtes au Conseil d’Etat au printemps 1814, il<br />

fut confirmé dans ces fonctions par les Bourbons. Au retour de l’île d’Elbe, il<br />

redevint intendant général de l’armée et servit à Waterloo. Après quelques années<br />

de disgrâce, il redevint intendant militaire en 1818.<br />

Le couple eut sept enfants, dont un mourut en bas âge. Certains firent une brillante<br />

carrière :<br />

237


Antoine-François (Garches-Villeneuve près de Saint-Cloud, 23 avril 1792-Girsors<br />

10 octobre 1873) fit des études de droit, puis fut nommé à la Cour des Comptes en<br />

1823. Il fut préfet du département de l’Eure de 1830 à 1837. Elu à la Chambre des<br />

députés par la circonscription des Andelys de 1837 à 1848, il fut sous-secrétaire à<br />

l’Intérieur de 1840 à 1848, dans le cabinet Guizot. Après la Révolution de 1848,<br />

il se consacra à l’agriculture, fut membre de l’Académie des Sciences (1857) et<br />

membre de la Société d’Agriculture. Il publia une « Description géologique de la<br />

Seine Inférieure » en 1832, et une « Description géologique du département de<br />

l’Eure » en 1875. Il avait été fait commandeur de la Légion d’honneur le 30 avril<br />

1844. Il avait épousé Anne-Henriette Péan de Saint-Gilles (= Girsors 5 septembre<br />

1867), veuve d’Etienne Frochot.<br />

• Hippolyte-Philibert (Garches-Villeneuve 10 octobre 1793- baptisé à<br />

Bruxelles-Saint-Jacques-le 30 septembre 1805-Paris 1 er juin 1880). Admis<br />

à l’Ecole de cavalerie de Saumur en 1809, il fit les dernières campagnes<br />

de l’Empire comme lieutenant de hussards. Rédacteur au journal « Le<br />

National » dès sa fondation, il fut député de l’Eure de 1830 à 1843, ministre<br />

du Commerce dans la cabinet Thiers (1836), des Finances dans le cabinet<br />

Soult (1839-1840) et dans le cabinet Odilon Barrot (1849). Il fut rendu à la<br />

vie civile par le coup d’Etat de Napoléon Louis Bonaparte et se consacra<br />

alors à la publication d’ouvrages d’économie politique. Il était membre de<br />

l’Académie des Sciences morales et politiques depuis 1838 et était entré à<br />

la Chambre des pairs en 1849. Il avait été fait commandeur de la Légion<br />

d’honneur le 24 avril 1845.<br />

• Justin-Félix (Marolles-Seine-et-Oise-3 germinal an III-23 mars 1795-Versailles<br />

18 avril 1872) assista à la bataille de Waterloo comme secrétaire de son oncle,<br />

l’intendant général D’Aure, puis il s’occupa d’industrie. Il entra à la Cour<br />

des Comptes come conseiller référendaire en 1837, devint conseiller maître<br />

en 1847 et conseiller honoraire lors de sa mise à la retraite en 1868. Il était<br />

officier de la Légion d’honneur depuis le 6 juin 1856. Il avait épousé en<br />

premières noces, Marie-Louise Salleron et en secondes, Madame Moricet,<br />

veuve Sageret.<br />

• Alphonse-Victor (Girsors 23 brumaire an V-13 novembre 1796-Girsors 14<br />

ventôse an V-4 mars 1797).<br />

• Auguste-Paulin (Girsors 26 ventôse an VI-16 mars 1798-Paris 17 avril 1861),<br />

capitaine dans les Mousquetaires, puis dans les Lanciers de la Garde royale,<br />

aide de camp du maréchal Gérard au siège d’Anvers en 1832, il démissionna<br />

de l’armée à la mort de son père, et se retira à Girsors près de sa mère.<br />

Chevalier de la Légion d’honneur.<br />

• Hector-Ferdinand (Girsors 25 floréal an VII-14 mai 1799-Girsors 17 février<br />

1858), rentier. Il avait épousé à Girsors, le 10 janvier 1825, Félicité-Clémentine<br />

Rossey, fille du maire de la ville.<br />

238


• Adélaïde-Alexandrine-Clémentine (Bruxelles 1801-? 1849) qui épousa Paul-<br />

Adolphe Dibon, président du Tribunal de commerce de Louviers (Eure).<br />

Louis Passy n’avait receuilli que 5.856 livres dans la succession de son père. Il<br />

parvint néanmoins à rassembler une belle fortune. Quand il fut nommé receveur<br />

général du département de la Dyle, il dut emprunter aux Dix Negociants Réunis,<br />

126.725 francs, montant du cautionnement qu’il devait fournir pour cet emploi.<br />

Un an plus tard, la somme était remboursée à l’échéance convenue. Ce fut un<br />

acquéreur de biens nationaux : 215 hectares dans l’Eure, 72 hectares dans l’Orne,<br />

et une ferme avec 95 hectares dans le département de la Dyle. Il acheta aussi<br />

une belle maison place Royale à Bruxelles, où il menait grand train de maison<br />

avec cocher, cuisinière et fille de cuisine, femme de chambre, domestique et trois<br />

servantes.<br />

En l’an XII, il payait 4.029 francs d’impôts dans le département de la Dyle, et dix<br />

ans plus tard, le préfet estimait ses revenus annuels à 80. 000 francs.<br />

A.N., F/1bII/Dyle/5, F/1cIII/Dyle/1 ; Archives départementales de l’Eure, 3F282 ;<br />

Archives de la ville de Bruxelles, Liste pour la formation des Gardes d’honneur<br />

en 1813 ; A.G.R., Préfecture de la Dyle, P° 863 et 1023 ; B. BODINIER, « Les<br />

biens nationaux dans le département de l’Eure de 1789 à 1827 », in Annales de<br />

Normandie, 1989, n° 1, p. 121-127 ; J.J. HOEBANX, « Quelques aspects de la vie<br />

d’une loge bruxelloise, les Amis Philanthropes, sous le Directoire, le Consulat et<br />

l’Empire 1798-1813 », in Visages de la franc-maçonnerie belge du XVIII e siècle,<br />

Bruxelles, 1983, p. 122 ; ROBERT, BOURLOTON et COUGNY, Dictionnaire<br />

des parlementaires français, Paris, 1889-1891, t. IV, p. 556-557 ; G. VAPEREAU,<br />

Dictionnaire des contemporains, Paris, 1893, p. 1411 ; B. YVERT, Dictionnaire<br />

des ministres, Paris, 1990, p. 168-169.<br />

P<strong>LA</strong>SSCHAERT Jean-Baptiste-Joseph-Ghislain (Bruxelles -Sainte Gudule-<br />

21 mai 1769- Wespelaer 19 mai 1821).<br />

Jean-Baptiste Plasschaert était issu d’une lignée de juristes.<br />

Son grand-père, Antoine-Joseph avait été reçu avocat au Conseil de Brabant le<br />

10 avril 1717, et son père, Jacques-François-Joseph (Bruxelles-SainteGudule-17<br />

août 1731-Bruxelles 7 septembre 1778) avait été admis le 4 février 1757. Ce<br />

dernier couronna sa carrière par sa nomination comme membre au sein du Conseil<br />

de Brabant le 3 avril 1776, mais il mourut deux ans plus tard, à l’âge de 47 ans.<br />

Il avait épousé Marie-Thérèse Goes (Louvain 16-11-1737-Bruxelles 12-11-<br />

1804), fille de Johannes Goes, licencié en droit, greffier de la ville de Louvain<br />

et historiographe de la cité, et d’Isabelle Nys. Celle-ci étit le fille d’un caissier<br />

et contrôleur de la Caisse des Pauvres de Louvain, Philippe Nys. Les époux<br />

Plasschaert vivaient dans l’aisance entre leur maison de la rue des Deux Apôtres,<br />

239


à Bruxelles, et une demeure campagnarde au Stuyvenberg, à Uccle-Stalle acquise<br />

en 1770. Ils n’eurent que deux enfants dont une fille, Marie-Jeanne-Thérèse<br />

qui épousa le 21 juin 1786, Jean-François de Romberg. C’était le fils du baron<br />

Frédéric de Romberg, un des hommes d’affaires les plus importants des Pays-Bas<br />

autrichiens au XVIII e siècle. Le mariage fut concélébré au château de Beaulieu à<br />

Machelen, par le curé de Sainte-Gudule et le pasteur de l’Eglise évangélique de<br />

Genève à Bruxelles, car la famille Romberg était protestante.<br />

Jean-Baptiste Plasschaert fit ses études au Collège thérésien à Bruxelles, puis en<br />

1786, il s’inscrivit à l’Université de Louvain, où il devint bachelier en philosophie,<br />

puis licencié en droit.<br />

Jean-Baptiste Plasschaert fut nommé le 11 juillet 1791, écoutant à la Chambre<br />

des Comptes des Pays-Bas autrichiens, où il travailla gratuitement pendant deux<br />

ans. Il fut détaché en cette qualité, à la Jointe des administrations, puis à la<br />

Jointe administrative des pays conquis. Comme il s’était appliqué « de manière<br />

distinguée « et gratuitement aux tâches qui lui avaient été confiées, il fut proposé<br />

le 11 mars 1794, comme actuaire adjoint avec un honoraire annuel de 1.200<br />

florins.<br />

Quelques mois plus tard, l’occupation des Pays-Bas autrichiens par les armées<br />

françaises après la bataille de Fleurus, amena Jean-Baptiste Plasschaert à suivre<br />

le gouvernement autrichien en exil, mais il revint en Belgique le 3 frimaire an IV<br />

(24 novembre 1795).<br />

Il n’exerça aucune fonction publique et n’eut, semble-t-il, aucune activité<br />

professionnelle sous le Directoire, se consacrant à des travaux littéraires.<br />

Il fut nommé chef de bureau à la préfecture du département de la Dyle en l’an IX<br />

et entra, probablement la même année, au Conseil municipal de Bruxelles.<br />

Dans ces fonctions, il gagna l’estime et la confiance du préfet Doulcet de<br />

Pontécoulant avec qui il collabora à la réorganisation des établissements de<br />

bienfaisance de la ville.<br />

Celui-ci le recommandait le 4 messidor an IX (23 juin 1801) pour une place au<br />

Tribunat en vantant ses qualités : « Il réunit à un esprit juste, étendu et cultivé la<br />

moralité la plus pure et des connaissances pratiques en administration. Il écrit<br />

bien et avec facilité. Egalement distingué par ses vertus publiques et privées, ami<br />

sincère de la liberté, il possède au plus haut degré l’estime et la confiance de ses<br />

concitoyens ».<br />

Le 2 ventôse an XI (21 février 1803), il devint membre du Conseil de préfecture<br />

au sein duquel il fut chargé du contentieux des domaines nationaux.<br />

240


Le 6 thermidor an XIII (25 juillet 1805), il fut désigné comme secrétaire général<br />

de la préfecture et le collège électoral du département le présenta la même année,<br />

avec 66 voix sur 120, comme candidat au Corps législatif. Il fut choisi comme<br />

député et il entra en fonction en vendémiaire an XI (octobre 1805).<br />

Nommé membre de la Légion d’honneur en 1806, il fut créé chevalier de l’Empire<br />

le 22 octobre 1810.<br />

A l’expiration de son mandat, il fut nommé maire de Louvain en 1811. C’est en<br />

cette qualité, qu’il fut assailli lors d’une émeute le 13 décembre 1813, alors qu’un<br />

parti prussien commandé par le major von Colomb, occupait momentanément la<br />

ville. L’intervention de cet officier lui sauva la vie, mais il fut emmené comme<br />

otage à Breda et libéré quelques semaines plus tard. Echaudé par cette aventure,<br />

il démissionna de ses fonctions de maire le 31 janvier 1814.<br />

Ses sympathies supposées ou réelles pour les Français le firent écarter de la liste<br />

des notables appelés à sanctionner la nouvelle Constitution en 1815. Toutefois,<br />

en juillet 1818, il fut élu à la Seconde Chambre des Etats Généraux du nouveau<br />

royaume des Pays-Bas, mais une santé chancelante (depuis 1813, il se rendait<br />

aux eaux à Aix-La-Chapelle pour soigner des rhumatismes et des affections<br />

dermatologiques) l’amena à démissionner l’année suivante. Au cours de son<br />

bref mandat, ses interventions au sein de l’Assemblée, témoignèrent d’un esprit<br />

libéral et démocratique.<br />

Il vécut alors dans la retraite, tantôt au domaine de Wespelaer, tantôt dans sa<br />

maison du Canal à Louvain, où il mourut d’une attaque d’apoplexie le 19 mai<br />

1821.<br />

Jean-Baptiste Plasschaert était un homme très cultivé, ayant beaucoup lu et un<br />

« grand partisan des principes de la philosophie moderne « tel que le décrivit<br />

l’intendant du département de la Dyle en 1815.<br />

A côté de poésies élégiaques dans la mode du temps, restées manuscrites, et de<br />

notes de lecture conservées dans la famille de Spoelberch, il publia plusieurs<br />

opuscules à caractère politique.<br />

Dans une « Esquisse historique sur les langues considérées dans leurs rapports<br />

avec la civilisation et la liberté des peuples « (Bruxelles, 1817), il défendit l’usage<br />

de la langue française en Belgique, en opposition à la politique du roi Guillaume<br />

I er .<br />

Avec son « Essai sur la noblesse, les titres et la féodalité « (Bruxelles,1818),<br />

il combattit toute idée de rétablir les droits féodaux et il s’opposa à l’extension<br />

du droit de chasse sur les propriétés particulières, dans son « Examen impartial<br />

de plusieurs questions de droit public, qui ont été ou doivent être agitées dans<br />

241


la Deuxième Chambre des Etats Généraux du Royaume Uni des Pays-Bas «<br />

(Bruxelles, 1818 ).<br />

Jean-Baptiste Plasschaert fut également un franc-maçon très actif. On ignore où<br />

et quand il fut initié, mais il fut successivement orateur et vénérable maître (1807-<br />

1810) de la loge bruxelloise « La Candeur » et vénérable maître de la loge « Les<br />

Disciples de Salomon » à Louvain de 1811 à 1814. Il était à l’époque, maire de<br />

la cité.<br />

Jean-Baptiste Plasschaert fut également Très Sage, c’est-à-dire président du<br />

Chapitre « La Candeur » à Bruxelles en 1809 et premier Grand Surveillant du Grand<br />

Orient des Pays-Bas et de la Grande Loge d’administration pour les provinces<br />

méridionales en 1818. Les archives de la loge « La Constance » à Louvain,<br />

conservent un manuscrit avec un certain nombre de discours maçonniques de<br />

Jean-Baptiste Plasschaert.<br />

Quand Jean-Baptiste Plasschaert fut nommé maire de Louvain en remplacement de<br />

Guillaume d’Onyn de Chastre*, il retrouva le milieu dans lequel sa mère avait été<br />

élevée. Son amitié pour Matthieu Verlat* ne fut probablement pas étrangère à son<br />

mariage le 3 novembre 1814, avec Jeanne-Marie Artois (Louvain 1762-Louvain<br />

21 juin 1840), copropriétaire et cogérante des très importantes brasseries Artois<br />

à Louvain. Le contrat de mariage stipula d’ailleurs la séparation de biens entre<br />

époux et l’autorisation expresse et irrévocable du mari, pour la gestion et<br />

l’administration par sa femme, des affaires commerciales de l’entreprise. Cette<br />

union contractée alors que Jeanne-Marie avait déjà 52 ans resta stérile.<br />

Léonard Artois, son père, avait acquis aux environs de Louvain en 1787, le<br />

domaine de Wespelaer. Après son mariage, Jean-Baptiste Plasschaert se consacra<br />

à l’aménagement du parc qui fut réalisé par l’architecte Henry. Il fut orné<br />

d’essences rares, de pavillons, de grottes artificielles et de nombreuses statues<br />

du sculpteur Godecharle. C’était, vers 1830, une curiosité que les étrangers<br />

pouvaient visiter.<br />

La fortune de Jean-Baptiste Plasschaert avant son mariage n’était pas considérable.<br />

Sous le Consulat, il avait acheté en indivision avec sa sœur, Marie-Jeanne-Thérèse,<br />

quatorze hectares de terres vendus comme biens nationaux.<br />

En l’an XIII, la succession de Jacques-Joseph Plasschaert avait été partagée entre<br />

ses deux enfants. La part de Jean-Baptiste s’éleva à 27.150 francs et comprenait<br />

cinq maisons à Bruxelles et la maison de campagne à Uccle.<br />

En 1812, ses revenus étaient estimés à 6.000 francs par an.<br />

A.N., F/1bII/Dyle/2 et Dyle/3 ; F/1b1*145 ; A.G.R., Préfecture de la Dyle, P°455<br />

et 1007, registre 4 ; Archives de la ville de Bruxelles, Eglise protestante de<br />

242


Bruxelles, Table des anciens registres 1761-1797 ; Biographie Nationale, t. XVII,<br />

1903, col. 761-764- 1903, notice E. CLOSSON ; Cl. BRUNEEL, Les grands<br />

commis…, p. 492-494 ; X. <strong>DU</strong>QUENNE, Le Parc de Wespelaer, Bruxelles, 2001,<br />

p. 12-14 ; La Constance, Orient de Louvain, 5808-5983, Louvain 1983 ; F. VAN<br />

HULST, Notice sur Jean-Baptiste Plasschaert, Liège 1837 ; Galerie historique<br />

des contemporains, t. VII, Bruxelles 1829, p. 438 . A. WAUTERS, Histoire des<br />

environs de Bruxelles, t. II, Bruxelles, 1855, p. 746.<br />

PLOVITS, Maximilien-Joseph (Watten-Pas-de-Calais-18 novembre<br />

1745-Bruxelles 2 août 1813)<br />

La destinée de Maximilien Plovits fut exceptionnelle. Issu d’un milieu modeste,<br />

il prit place parmi les hommes d’affaires les plus importants de son époque et<br />

rassembla une fortune considérable.<br />

Son père, Joseph Plovits était originaire de Holque, petit village du canton<br />

de Bourbourg (arr. de Dunkerque) et s’était établi comme boulanger dans la<br />

bourgade de Watten. Il avait épousé en premières noces, Marie-Catherine Maerens<br />

( ?-Watten 9 août 1741), dont il eut six enfants, dont quatre moururent en bas âge.<br />

Sa femme étant décédée en couches, il se remaria l’année suivante avec Marie-<br />

Françoise Pringuez originaire d’Estaires. Le couple eut cinq enfants. Jean-<br />

Baptiste (Watten 27 juillet 1743-Bruxelles 7 mai 1825), l’aîné, succéda à son<br />

père comme maître boulanger.<br />

Maximilien était le second fils. On ignore où il fit ses études, mais ses écrits<br />

témoignent d’une excellente instruction. Il débuta sa carrière comme commis<br />

chez un négociant, armateur ostendais, Patrice Hennessy. En 1769, Maximilien<br />

Plovits quitta Ostende, laissant derrière lui, bien des regrets « pour pousser plus<br />

avant sa fortune « , et vint s’installer à Bruxelles.<br />

La nature de ses premières activités commerciales dans la capitale des Pays-Bas<br />

restent inconnues, mais elles durent être lucratives puisque quelques années plus<br />

tard, il disposait déjà de fonds importants.<br />

Dès 1775, Maximilien Plovits, constatant que le commerce de gros de mercerie,<br />

y compris le transit des merceries françaises, était aux mains des Hollandais,<br />

avait tenté, sans succès, d’obtenir du Conseil des Finances le monopole de cette<br />

activité aux Pays-Bas.<br />

Le 24 août 1776, il assura la stabilité financière de ses entreprises futures en<br />

s’associant avec le banquier bruxellois, Daniel-Ignace Danoot et sa famille. Sans<br />

apporter autre chose à l’entreprise que « ses soins, son travail et son industrie « ,<br />

il se voyait attribuer un quart des bénéfices, à charge de supporter les pertes dans<br />

la même proportion, et surtout la codirection de la banque puisque toutes les<br />

243


décisions devaient désormais être prises de commun accord entre lui et Daniel-<br />

Ignace Danoot. La raison sociale de la banque fut désormais Daniel Danoot fils<br />

& C ie .<br />

Quelques mois plus tard, le 18 novembre 1776, la fille aînée de Daniel-Ignace<br />

Danoot, Anne-Marie, épousa Patrice Hennessy, échevin d’Ostende et vice-consul<br />

de la nation anglaise dans ce port. C’était chez lui que Plovits avait appris les<br />

pratiques du commerce.<br />

Suite à ce mariage, Patrice Hennessy fut admis dans la société de banque (23 juin<br />

1777), sans que l’équilibre des intérêts entre les associés, les Danoot d’une part,<br />

et Plovits de l’autre, fussent modifiés. Patrice Hennessy disposa de la signature<br />

sociale avec son beau-père et Maximilien Plovits fut chargé de la direction de la<br />

caisse composant le fonds de la banque.<br />

Le contrat de société fut renouvelé le 20 novembre 1784, à cette occasion, le fils<br />

cadet de Daniel-Ignace Danoot, Nicolas, fit son apparition dans le groupe familial.<br />

Après la mort des parents Danoot, la société fut encore renouvelée pour sept ans,<br />

le 4 juin 1791. Cette fois, Maximilien Plovits se vit attribuer l’entière gestion de<br />

l’entreprise. Les bureaux de la banque restèrent établis rue d’Arenberg, mais les<br />

activités de celle-ci ne se limitaient plus à la place de Bruxelles, une succursale<br />

avait été ouverte à Spa.<br />

Les activités de cette banque étaient celles d’un établissement financier de<br />

l’époque : « Emploi d’argent à payer sur les lettres de crédit, achat ou vente de<br />

lettres ou billets de change soit pour compte propre ou en commission, agiotage<br />

d’or ou d’argent, opérations d’arbitrage en fait de changes étrangers, commerce<br />

d’or et d’argent ».<br />

Les capitaux de la maison Danoot fils & C ie étaient évalués en 1792, à 405.972<br />

florins courant de Brabant. Les actes notariés montrent que la banque traitait avec<br />

Amsterdam, Anvers, Dublin, Londres et Paris.<br />

Elle prêtait également de l’argent à des riches étrangers comme en 1782, à lord<br />

Vincent Dillon, un Irlandais demeurant à Bruxelles (8.543 florins) ou à lord<br />

Torrington, ministre d’Angleterre à Bruxelles (8.646 florins) ou encore à de<br />

grandes familles comme les Burbure de Wezembeek ou les Walckiers, dont elle<br />

fit vendre le château de Helmet pour rembourser sa créance.<br />

L’activité commerciale du jeune et entreprenant homme d’affaires qu’était<br />

Maximilien Plovits ne se limita pas à la banque. En 1777, on le trouvait<br />

exportateur de grains, en effet, il avait acquis 48 tonnes de froment en vue de leur<br />

acheminement vers l’Angleterre. Cette mise de fonds de près de 46.000 florins<br />

de change risquait d’être compromise par une interdiction générale d’exportation<br />

édictée le 14 juillet. Les démarches de Maximilien Plovits auprès du Conseil des<br />

244


Finances aboutirent cette fois et il fut autorisé à exporter son stock de blé étant de<br />

ce fait, sauvé de la ruine.<br />

Cette expérience, qui aurait pu être fatale à sa jeune fortune, l’amena à se tourner<br />

vers une autre spéculation, le raffinage du sucre.<br />

A l’époque, le seul sucre disponible était le sucre de canne produit au Brésil,<br />

à Cuba et dans les Antilles. Sous forme de sucre brut ou moscouade, brun et<br />

mélangé de terre, il devait être cristallisé et raffiné en Europe.<br />

Les premières raffineries de sucre s’étaient établies à Bruxelles vers le milieu du<br />

siècle. Maximilien Plovits s’intéressa à cette activité industrielle au début des<br />

années 80. En 1782, il était propriétaire d’une raffinerie à Bruxelles et d’une autre<br />

à Charleroi, qu’il avait créée dans l’ancien arsenal. Le 9 juillet 1785, il acheta<br />

une autre exploitation à Bruxelles, payant 23.600 florins pour les bâtiments et<br />

14.000 florins pour l’équipement ; quatre ans plus tard, il acquit la plus ancienne<br />

raffinerie bruxelloise établie en 1749, par Rijckaert et Latteur, Quai aux Foins,<br />

pour 35.000 florins et en 1793, il devint propriétaire de la raffinerie Gravez à<br />

Charleroi. A la tête de cinq établissements, Maximilien Plovits n’hésitait pas à<br />

se poser en porte-parole des raffineurs de sucre vis-à-vis du gouvernement, pour<br />

réclamer des mesures protectionnistes.<br />

Pour réaliser ces investissements considérables, il eut en partie, recours à des<br />

associés comme Antoine Hulet, receveur du Grand Scel, qui devint partenaire pour<br />

l’exploitation de la raffinerie à Charleroi, moyennant un apport de 10.000 florins<br />

en 1784, ou le comte Corneille de Spangen, qui en 1787, succéda à Antoine Hulet<br />

non seulement comme associé dans la raffinerie de Charleroi, mais aussi dans<br />

un des établissements bruxellois de Maximilien Plovits, moyennant une mise de<br />

fonds de 125.000 florins. Cette association fut dissoute deux ans plus tard.<br />

Maximilien Plovits assumait la direction générale de ses établissements, mais<br />

la gestion journalière en était confiée à des directeurs et dans le cas des ateliers<br />

de Charleroi, à son frère Pierre-Jacques (Watten 23 septembre 1747- Bruxelles<br />

15 mai 1829) et à sa sœur Henriette-Marie-Françoise (Watten 28 octobre<br />

1744-Bruxelles 15 janvier 1818).<br />

Pour assurer l’approvisionnement en matière brute de ses sucreries, Maximilien<br />

Plovits n’avait pas hésité d’abord à acheter un bateau « La Dame Henriette » en<br />

1789, puis à faire construire en 1792, « La Concorde » à Dunkerque. Ces navires<br />

furent vendus fictivement en 1793, pour passer sous pavillon neutre.<br />

A partir de l’année suivante, l’industrie sucrière amorça son déclin dans les Pays-<br />

Bas, par le fait des guerres incessantes, des difficultés d’approvisionnement et de<br />

la politique douanière de la République.<br />

245


Au cours de sa mission en Belgique en l’an XI, le conseiller d’Etat, Pelet de la<br />

Lozère, attira l’attention du Premier Consul sur les raffineries de sucre : « Celles<br />

de Mr. Plovits, écrivait-il, sont d’autant plus précieuses qu’il a d’énormes<br />

capitaux pour soutenir ses vastes établissements. Les droits exorbitants auxquels<br />

on a assujetti le sucre brut l’empêchent de soutenir la concurrence avec le sucre<br />

introduit en fraude, aussi, est-il sur le point de supprimer ses raffineries « .<br />

Progressivement, Maximilien Plovits réduisit ses activités dans ce domaine, et en<br />

1810, tous ses établissements étaient à l’arrêt.<br />

Quelques années auparavant, il avait réorienté ses activités industrielles en<br />

acquérant le 13 floréal an XI (3 mai 1803), au nom de son neveu, Daniel-Patrice<br />

Hennessy, l’importante papeterie de La Hulpe, à 25 kilomètres de Bruxelles, pour<br />

108.660 francs. Cette usine, qui avait été très prospère vingt ans plus tôt, devait<br />

être modernisée. Maximilien Plovits en confia la direction à Daniel Hennessy,<br />

mais il assuma lui-même les investissements nécessaires comme le constatait le<br />

préfet : « Il fait sans cesse des sacrifices pour perfectionner ses établissements,<br />

sa papeterie surtout acquiert chaque jour, une supériorité remarquable ». L’usine<br />

travaillait surtout pour le marché intérieur français.<br />

En 1810, l’homme d’affaires exceptionnel que fut Maximilien Plovits, était au<br />

faîte de sa réussite. « Sa fortune en fait le plus riche particulier du département<br />

de la Dyle et on lui croit autant de capitaux que Messieurs d’Arenberg et de<br />

Mérode, et on ne lui connaît que peu de charges. On estime son revenu en biens<br />

fonds à 100.000 francs. Elle est le fruit de son industrie commerciale et de ses<br />

acquisitions domaniales ». Le préfet le jugeait encore : « … actif, laborieux avec<br />

des lumières et des vues très certaines dans leur application à ce qui le regarde,<br />

mais souvent peu justes dans les affaires générales. Il jouit de la meilleure<br />

réputation et d’un crédit immense ».<br />

Un homme de l’envergure de Maximilien Plovits ne pouvait rester à l’écart de la<br />

chose publique, même s’il n’y joua pas un rôle de premier plan. L’on peut y voir<br />

le souci d’être, dans la mesure du possible, suffisamment proche du pouvoir pour<br />

que celui-ci ne fasse pas obstacle à ses entreprises, tout en évitant d’apparaître<br />

comme un homme de parti.<br />

Ainsi, au moment de la Révolution brabançonne en octobre 1789, Maximilien<br />

Plovits avança à la ville de Bruxelles, des fonds destinés à la formation d’une<br />

caisse militaire pour lever des troupes.<br />

Le 24 fructidor an II (10 septembre 1794), il fit partie, comme échevin, du<br />

nouveau magistrat de la ville mis en place par les représentants du peuple près<br />

les armées du Nord et de Sambre-et-Meuse, mais il n’exerça ces fonctions que<br />

jusqu’au 18 nivôse an III (7 janvier 1795). Il réapparut dans l’organisation urbaine<br />

quelques mois plus tard, le 1 er floréal an III (20 avril 1795), parmi les notables<br />

composant le Conseil général de la commune qui siégea jusqu’au 18 frimaire an<br />

IV (9 décembre 1795).<br />

246


Lors des élections de germinal an V, Maximilien Plovits fut choisi comme électeur<br />

par l’assemblée primaire du canton de Bruxelles. S’il ne joua aucun autre rôle<br />

politique sous le Directoire, il n’hésita pas à prêter à la ville en 1795, 500.000<br />

francs pour secourir les indigents. Il fallut attendre la réforme consulaire pour<br />

qu’il reprenne place au sein du conseil municipal le 9 floréal an VIII (29 avril<br />

1800), place qu’il quitta le 5 brumaire an XIII (27 octobre 1804), ayant été écarté<br />

par tirage au sort.<br />

En 1805, il fut présenté par les collèges électoraux du département comme<br />

candidat au Conseil général, mais il n’avait recueilli que 63 voix sur 126 suffrages<br />

exprimés. Néanmoins, le préfet insista pour qu’il fût désigné : « Il a acquis une<br />

très grande quantité de biens nationaux, sous ce rapport, le Gouvernement doit<br />

le choisir, sa nomination est nécessaire à l’esprit public ». Il fut effectivement<br />

nommé par décret impérial du 14 avril 1806, et il siégea au Conseil général<br />

jusqu’à sa mort, s’occupant particulièrement des problèmes économiques. Il fut<br />

aussi membre de la Commission de révision de la liste des six cents plus imposés<br />

du département en 1806 et fut élu membre du collège électoral du département<br />

de la Dyle le 15 décembre 1810.<br />

Dans un état de plus riches propriétaires du département de la Dyle établi au<br />

début de l’Empire, le préfet le rangeait parmi ceux qui étaient très attachés au<br />

gouvernement avec ce commentaire : « Il a beaucoup perdu par les assignats,<br />

mais il a acheté depuis les plus beaux domaines du département de la Dyle. Ses<br />

richesses lui donnent de l’influence dans les campagnes où les plus gros fermiers<br />

sont dans ses biens. Il aime la Révolution par principe « .<br />

Maximilien-Joseph Plovits avait épousé à Bruxelles (Sainte-Gudule), le 7<br />

janvier 1790, Elisabeth-Françoise-Thérèse Danoot (Bruxelles-Sainte-Gudule-17<br />

septembre 1739-Bruxelles 11 janvier 1815), veuve de Jean-Baptiste Méan. Le<br />

couple n’eut pas d’enfant.<br />

C’était la fille du banquier Daniel-Ignace Danoot (=Bruxelles 1788) et de Jeanne-<br />

Marie Devos (=Bruxelles 4 juin 1791). Depuis 1776, elle était l’associée de<br />

Maximilien Plovits au sein de la maison Daniel Danoot fils & C ie .<br />

Le 4 janvier 1790, les futurs époux avaient arrêté leurs conventions matrimoniales<br />

par acte du notaire Verrijcken à Bruxelles. Celles-ci furent modifiées ou plutôt<br />

précisées par contrat post nuptial, reçu par le notaire Caroly le 23 novembre 1791,<br />

et confirmées par devant le même notaire le 14 pluviôse an VII (2 février 1799).<br />

Ces actes organisant pour l’essentiel, la succession de Plovits, témoignaient de<br />

l’attachement de celui-ci à son frère Jacques et à sa sœur Henriette, ainsi qu’à ses<br />

collaborateurs à la tête de ses raffineries de sucre.<br />

Par ce mariage, Maximilien Plovits confortait sa position au sein de la banque<br />

Danoot, et il s’alliait à une famille distinguée de la bourgeoisie bruxelloise, dont<br />

247


plusieurs membres avaient siégé au magistrat de la ville. Son beau-père, Daniel-<br />

Ignace avait d’ailleurs été reçu au sein d’un des lignages patriciens de la cité, le<br />

lignage Steenweegs en 1752. La famille portait des armoiries et sa généalogie<br />

avait été certifiée en 1721, par le Roy d’Armes de Sa Majesté Impériale et<br />

Catholique Charles VI d’Autriche.<br />

Daniel-Ignace Danoot s’intéressait à l’art et avait acheté au prince de Rubempré<br />

deux esquisses de Pierre-Paul Rubens. Sa collection de tableaux et d’estampes<br />

était estimée en 1792, à près de 350.000 livres de France. Un guide touristique<br />

de 1819 « Bruxelles, ancien et moderne et ses environs « signalait que « …le<br />

cabinet et collection de tableaux principal de la ville était l’ancien cabinet de M.<br />

Danoot ».<br />

Les relations entre Maximilien Plovits et sa belle-famille furent toujours étroites<br />

et excellentes.<br />

Non seulement, son beau-frère, Nicolas Danoot fut son associé jusqu’à sa mort,<br />

mais il avait aussi la confiance totale de sa bele-mère, Jeanne-Marie Devos qui<br />

le choisit comme exécuteur testamentaire en compagnie de Guillaume Mann,<br />

secrétaire perpétuel de l’Académie impériale de Bruxelles, ce qui témoigne<br />

encore que le réseau de relations de la famille n’était pas restreint au monde du<br />

commerce et de la banque.<br />

La fortune accumulée par Maximilien Plovits fut considérable. Dès 1791, il avait<br />

acheté à la succession du banquier Jean-Antoine Ories, le château de Sterrebeek<br />

avec son mobilier et sept hectares de terres pour 7.800 florins. C’était une toute<br />

nouvelle maison de plaisance entourée d’un parc avec fontaines et arcades.<br />

Le 13 septembre 1794, il avait fait l’acquisition pour 34.000 florins, d’un hôtel au<br />

Parc à Bruxelles, qui appartenait à l’abbaye de Grimbergen, contrainte de vendre<br />

pour payer la contribution militaire imposée par les armées françaises.<br />

Le produit de son commerce lui permit également de se montrer très actif sur le<br />

marché des biens nationaux. Non content d’enchérir directement pour près de<br />

500 hectares de terres dans le département de la Dyle, avec plusieurs fermes, ce<br />

qui représentait un investissement total de 10.800.000 livres, Plovits compléta ses<br />

acquisitions en rachetant d’autres biens en seconde main.<br />

Maximilien Plovits conserva la plupart de ces acquisitions. Le partage de sa<br />

succession, par acte du notaire Nillis le 16 février 1819, décrit un patrimoine<br />

immobilier important : deux raffineries de sucre et une brasserie à Bruxelles,<br />

plusieurs grandes fermes à Thorembais-lez-Béguines, Ligny et Opprebais faisant<br />

en tout 747 hectares et représentant un million de francs. Il était également<br />

propriétaire de trois fermes près de Cambrai, avec 255 hectares, de son hôtel au<br />

Parc et de son château de Sterrebeek légué à son neveu, Daniel Hennessy. Le<br />

248


mobilier garnissant sa résidence à Bruxelles, avait été estimé à 27.188 francs<br />

en 1814. A ces montants devaient s’ajouter des créances mobilières à propos<br />

desquelles on ne dispose que de très peu d’éléments.<br />

Dans la liste des six cents plus imposés du département de la Dyle, Maximilien<br />

Plovits figurait à la deuxième place, juste derrière le duc d’Ursel et avant le comte<br />

de Merode Westerloo en payant 12.765 fransc d’impôts.<br />

A la fois banquier dans la tradition de l’Ancien Régime, propriétaire terrien<br />

comme tous les notables de son époque, raffineur de sucre et papetier, Maximilien<br />

annonce l’engagement de la riche bourgeoisie du XIX e siècle dans l’activité<br />

industrielle.<br />

A.N., AF/IV/1025, AF/IV/1052, rapport Pelet de la Lozère, F/1bII/Dyle/2, F/1cIII/<br />

Dyle/1 ; A.G.R., Notariat de Brabant, notaire F. De Bel, n° 8739, acte du 24 août<br />

1776, n° 8740, acte du 23 juin 1777, n° 8.745, actes des 27 juillet et 22 novembre<br />

1782, n° 8.747, acte du 20 novembre 1784, notaire N. Stuyck, n° 16.647, acte du<br />

31 août 1785, notaire P. Caroly, n° 19.065, acte du 23 novembre 1791, n° 19.066,<br />

acte du 17 novembre 1792, n° 19.067, acte du 22 octobre 1791 et des 6 septembre<br />

et 7 décembre 1793, n° 19.094, actes des 26 janvier et 8 mars 1811, n° 19.097,<br />

actes des 24 janvier et 24 février 1813, n° 19.098, acte du 9 septembre 1813, n°<br />

19.099, actes des 15 et 25 janvier 1814, notaire N. Verrijcken, n° 18.508, acte du<br />

21 juillet 1784, n° 18.511, acte du 17 mars 1787, n° 18.514, acte du 14 janvier<br />

1790, n° 18.515, acte du 8 juin 1791, n° 18.520, acte du 4 messidor an IV, notaire<br />

Cattoir, n° 35.540, acte du 25 janvier 1812, notaire J. Deffonseca, n° 8.591, acte du<br />

14 avril 1784, notaire I. Morren, n° 18.991, acte du 30 mai 1791, notaire Nillis, n°<br />

20.380, acte du 16 février 1819, notaire J. Delvaulx, n° 16.223, acte du 7 prairial<br />

an V ; A.G.R., Enregistrement et Domaines, n° 278, Préfecture de la Dyle, P° n°<br />

1022, 1.087, 1.248 et 1.746 ; R. <strong>DE</strong> PEUTTER, Brussel in de achtiende eeuw,<br />

Bruxelles, 1999, p. 192-199 ; A. WAUTERS, Histoire des environs de Bruxelles,<br />

t. III, Bruxelles, 1855, p. 60 ; A. WAUTERS, Liste chronologique des magistrats<br />

de Bruxelles, Bruxelles, 1884, p. 1,5, 15,17.<br />

POL<strong>LA</strong>RT de CANIVRIS, Philippe-Antoine-Albert-Joseph de, écuyer<br />

(Louvain- Saint-Jacques-17 février 1765-Bruxelles 5 septembre 1828).<br />

La famille Pollart, de petite noblesse, était originaire d’Ormeignies en Hainaut.<br />

Le père de Philippe, Charles-François-Joseph-Théodore Pollart (Ormeignies<br />

6 décembre 1734- Louvain-Saint-Jacques-12 novembre 1767) seigneur de<br />

Canivris était originaire d’Ormeignies, petit village voisin de Ath. Il avait épousé<br />

à Louvain, le 16 février 1764, Marie-Claire-Charlotte Schotte, (Louvain 16<br />

janvier 1737-Uccle 28 prairial an XI-17 juin 1803). C’était la fille de Charles-<br />

Théodore Schotte, vicomte de Berghes Saint Winnoc, bourgmestre de Louvain<br />

et de Jeanne de Amezaga. Après son mariage, Charles Pollart s’établit dans cette<br />

249


ville brabançonne, auprès de ses beaux-parents.<br />

Philippe Pollart de Canivris fut leur unique enfant parvenu à l’âge adulte. Après<br />

des études de droit à l’Université de Louvain, il fut reçu avocat au Conseil de<br />

Brabant, le 11 août 1790. La même année, il « fit preuve « et fut admis aux<br />

lignages de Bruxelles, comme il l’avait été en 1788, aux lignages de Louvain. En<br />

1791, il fut nommé juge au tribunal des affaires de commerce de Bruxelles dit<br />

Laekengilde, où il siégea jusqu’au début de 1793. Le 13 avril de cette année, il<br />

devint échevin du magistrat de la ville, au sein duquel il fut chargé de la police<br />

des étrangers.<br />

Il fut maintenu dans ses fonctions d’échevin par les représentants du peuple<br />

près les armées du Nord et de Sambre-et-Meuse, quand ceux-ci réformèrent le<br />

magistrat de Bruxelles le 24 fructidor an II (10 septembre 1794), mais il ne fut<br />

pas repris dans la nouvelle administration de la ville le 18 nivôse an III (7 janvier<br />

1795).<br />

Il n’exerça plus de charge politique sous le Directoire, ainsi, refusa-t-il la place<br />

d’assesseur du juge de paix de la 8 e section de Bruxelles le 13 nivôse an IV<br />

(3 janvier1796). En revanche, les autorités utilisèrent ses compétences dans le<br />

domaine culturel. En l’an V, il fut nommé membre du Jury d’instruction publique ;<br />

le 3 messidor an VI (21 juin 1798), il fut chargé de la surveillance et de la direction<br />

de l’Ecole centrale du département ; le 23 germinal an VII (12 avril 1799), il fut<br />

désigné par le ministre François de Neuchâteau, pour former la Société des Arts,<br />

de l’Agriculture et du Commerce, « …pour la partie de la physique, de la chimie,<br />

et de l’histoire naturelle « et le 23 pluviôse suivant (12 février 1800), il fut<br />

nommé membre de la Commission topographique et statistique du département<br />

de la Dyle.<br />

L’arrivée de Bonaparte au pouvoir n’interrompit pas la carrière de Philippe Pollart<br />

de Canivris. Le 11 vendémiaire an X (3 octobre 1801), il devint commissaire<br />

collecteur du Refuge des pauvres de Vilvorde ; le 29 nivôse an X (19 janvier<br />

1802), il fut confirmé dans ses fonctions de membre du Jury d’instruction près<br />

l’Ecole centrale, dénommé désormais Jury des Sciences et des Arts et le 10<br />

nivôse an XII (1 er janvier 1804), il fut nommé membre de la Société de vaccine<br />

du département.<br />

Le 23 novembre 1808, il reprit place au sein du Conseil municipal de Bruxelles,<br />

où il siégea jusqu’en 1814. Le roi Guillaume I er le nomma échevin de la ville le<br />

23 juillet 1817, mais il refusa cette charge se contentant d’une place au sein du<br />

Conseil de régence (24 septembre 1817), qu’il occupa jusqu’à son décès, le 5<br />

septembre 1828.<br />

Philippe Pollart de Canivris fut diversement apprécié par l’administration<br />

préfectorale.<br />

250


Présenté par le collège électoral de l’arrondissement de Bruxelles, comme<br />

candidat au Conseil général du département en 1806, le préfet Mouchard de<br />

Chaban le considérait comme un « …naturaliste très instruit, estimé, mais peu<br />

intelligent pour les affaires publiques ». En revanche, son successeur Latour du<br />

Pin, le présentait en 1810, au 4 e rang pour la présidence du collège électoral<br />

de l’arrondissement de Bruxelles avec une appréciation élogieuse : « … actif,<br />

capable, s’employant avec intérêt et zèle aux fonctions dont il a la charge, estimé<br />

et considéré par des qualités réelles ».<br />

En 1812, il le proposa encore comme adjoint au maire de Bruxelles l’estimant<br />

comme « … très probe, exact, intelligent ». L’intendant du département de la Dyle,<br />

le jugeait avec moins de faveur en 1815. Bien que lui reconnaissant de l’esprit<br />

et de l’instruction, il le considérait comme un grand botaniste mais « … un peu<br />

verbeux, pas toujours vrai dans ses discours ». L’intendant voyait aussi en lui, un<br />

ennemi du gouvernement français, ce qui peut sembler paradoxal puisque depuis<br />

vingt ans, Philippe Pollart de Canivris n’avait cessé d’apporter son concours aux<br />

nouvelles institutions.<br />

Philippe Pollart de Canivris avait épousé Marie-Joséphine-Catherine d’Onyn<br />

(Wavre 12 novembre 1762-Bruxelles 1 er août 1829) fille de Antoine-Joseph-<br />

Jérôme d’Onyn, seigneur de Chérimont ( Wavre 10 juin 1732- 27 août 1787) et<br />

de Dominique-Marie Tappers (=Wavre 9 mai 1767).<br />

Le couple n’eut qu’un seul enfant, Flore-Hyacinthe-Marie-Victoire (Bruxelles<br />

2 germinal an XI-23 mars 1803-Bruxelles 5 septembre 1849) qui épousa à<br />

Bruxelles, le 11 mars 1824, le baron Louis-Charles-Ferdinand de Broich (Montzen<br />

10 octobre 1790-Uccle 15 février 1883), officier dans les Gardes d’honneur<br />

sous l’Empire et capitaine au service des Pays-Bas, médaillé de Sainte-Hélène.<br />

C’était le fils du baron Charles-Henri, seigneur de Broich, membre du collège des<br />

curateurs de l’Université de Liège sous Guillaume I er , et de la baronne Louise de<br />

Sluse, fille du baron Jean-Ferdinand de Sluse, ancien bourgmestre de Liège.<br />

Philippe Pollart de Canivris avait hérité d’importants biens fonds provenant de la<br />

succession d’un oncle maternel, Charles-Philippe Schotte, ancien chef mayeur de<br />

la ville et du quartier de Louvain. Estimés en capital, à 577.033 francs en 1793,<br />

ils lui assuraient 14.152 francs de revenus annuels.<br />

A.N., F/1bII/Dyle/2/3/5 ; F/1cIII/Dyle/2 ; Archives de l’Etat à Louvain, Notariat<br />

du Brabant, n° 18.978, acte du notaire Haenen du 14 mai 1789 et n° 12.184, acte<br />

du même notaire du 21 janvier 1793 ; Etat présent de la Noblesse belge, 1996, p.<br />

178 ; F. BETERAMS, The High Society…, p. 31.<br />

251


ROOSE de BAISY Charles-Pierre-Joseph, comte de (Anvers Saint-Jacques-19<br />

août 1778-Bruxelles 30 octobre 1817.<br />

La famille Roose, bien que d’origine anversoise, était possessionnée en Brabant<br />

avec la baronnie de Bouchout et les seigneuries de Baisy et de Loupoigne.<br />

Pierre-Charles-Joseph Roose, son grand-père, major de la ville d’Anvers fut créé<br />

comte de Baisy le 7 juillet 1770. Pierre-Jean-Alexandre (Anvers-Saint-Jacques-21<br />

mai 1724-Anvers-Saint-Jacques-20 décembre 1784), son fils, lui succéda dans<br />

son office et épousa Marie-Anne-Joseph van de Werve (Anvers-Saint-Georges-8<br />

mai 1742-Anvers 18 février 1798). C’était la fille de Charles-Philippe van de<br />

Werve, lieutenant colonel au service de l’impératrice Marie-Thérèse, créé baron<br />

le 17 novembre 1767 et comte le 24 août 1768, titre qu’il appliqua sur la terre de<br />

Vorsselaar.<br />

Pierre de Roose, membre du collège électoral du département de la Dyle dès l’an<br />

XI, fut nommé le 11 mars 1811, membre du Conseil général du département et<br />

le 16 août suivant, conseiller municipal de Bruxelles, charge dont il démissionna<br />

le 3 janvier 1815.<br />

Le 23 août 1812, il avait été désigné comme adjoint au maire de cette ville,<br />

fonction qu’il avait dû refuser car incompatible avec celle de conseiller général.<br />

Le roi Guillaume I er le nomma membre du Corps équestre du Brabant méridional<br />

le 13 mars 1816.<br />

En 1815, l’intendant du département de la Dyle le décrivait en ces termes : « Bon,<br />

fort dévôt et charitable, cherchant peu la société, ignorant à l’excès, sans esprit<br />

ni capacité mais bon citoyen qui a toujours montré beaucoup d’éloignement pour<br />

le gouvernement français ».<br />

Pierre de Roose avait épousé à Bruxelles, le 26 août 1796, à l’église Notre-Dame<br />

de la Chapelle, Henriette-Jeanne-Françoise de Vischer de Celles (Bruxelles<br />

-Saint-Géry- 12 juin 1776-Bruxelles 18 décembre 1873), sœur du comte Antoine<br />

de Vischer de Celles*.<br />

Le couple eut trois filles :<br />

Marie-Caroline-Joséphine-Ghislaine (Bruxelles 12 fructidor an V-29 août 1797-<br />

’s Gravenwezel 9 juin 1850), qui épousa à Bruxelles, le 23 avril 1819, Philippe-<br />

Arnould-Louis-Joseph Gillès dit Gillès de ’s Gravenwezel (Anvers 1 er thermidor an<br />

IV-19 juin 1796- ’s Gravenwezel 30 novembre 1874) écuyer, sénateur catholique<br />

de l’arrondissement de Turnhout (1848-1867), bourgmestre de ’s Gravenwezel<br />

(1830-1874), membre du Conseil général de la Caisse générale d’Epargne et de<br />

Retraite (1865-1874).<br />

252


• Marie-Anne-Joséphine-Jeanne-Amélie-Ghislaine (Bruxelles 18 prairial an<br />

XIII-7 juin 1805-Bruxelles 5 mai 1825), sans alliance.<br />

• Marie-Elisabeth-Joséphine-Antoinette-Jeanne-Ghislaine, dite Elisa<br />

(Bruxelles 13 juillet 1809-Bruxelles 18 décembre 1873) qui épousa à<br />

Bruxelles, le 12 mai 1830, le comte Louis-Léopold-Amédée de Beauffort<br />

(Tournai 4 avril 1806-Bruxelles 28 juillet 1858).<br />

• Ce grand propriétaire terrien, éligible au Sénat, fut inspecteur général<br />

des Beaux-Arts, président de la Commission royale des Monuments et<br />

bourgmestre de Wemmel.<br />

Pierre de Roose était un homme fort riche figurant à la 14 e place, sur la liste des<br />

trente plus imposés en 1806, en payant 9.235 francs d’impôts avec des revenus<br />

estimés à 70.000 francs en 1812 et à 80.000 francs en 1815.<br />

En 1812, Pierre de Roose était propriétaire d’un hôtel de maître, rue du Chêne<br />

à Bruxelles, qui figurait parmi les plus belles maisons de la ville, dont la valeur<br />

locative était estimée à 2.400 francs. Cet hôtel était décoré de tableaux de maîtres<br />

dont quatre œuvres de Pierre-Paul Rubens. Il avait treize domestiques à son<br />

service. Il possédait encore le beau château de Bouchout avec potager, jardin<br />

anglais, promenades, avenues, étangs, parc et bois s’étendant sur 25 hectares. La<br />

fortune de Charles de Roose était essentiellement immobilière. Il était propriétaire<br />

de près de 2.000 hectares, sans compter des biens dans les polders de Terneuzen<br />

et d’Axel. Ses 14 fermes et ses terres lui rapportaient 39.513 florins auxquels<br />

venaient s’ajouter les revenus d’obligations sur l’Autriche, la Hollande, la<br />

France, l’Espagne, la Russie et les rentes sur quelques particuliers. Ces capitaux<br />

mobiliers s’élevaient à plus ou moins 150.000 florins.<br />

A.N., AF/IV/1426, AF/IV1052-12, F/1bII/Dyle/5; A.G.R., Préfecture de la Dyle,<br />

P° 1747, Notariat du Brabant, n° 17578/3, notaire Delaing, Inventaire après décès<br />

9 décembre 1817 ; Annuaire de la Noblesse de Belgique, 1872, p. 285-293 ; F.<br />

BETERAMS, The High Society…, p. 7, 28, 69 ; Etat présent de la Noblesse,1997,<br />

p. 271-272 ; Le Parlement belge, Bruxelles, 1996, p. 320 ; A. WAUTERS, Histoire<br />

des environs de Bruxelles, Bruxelles, 1855, t. II, p. 290.<br />

ROUPPE Nicolas-Jean (Rotterdam 17 avril 1768-Bruxelles 3 août 1838).<br />

Son grand-père, Henri Rouppe (ca 1675-1741) était d’origine suisse. Un de ses<br />

fils, Louis Rouppe (Boulay 16 janvier 1728-Rotterdam 1 er octobre 1815) fit ses<br />

études à Leiden, et devint, chirurgien en chef de l’amirauté le 28 avril 1755.<br />

Poursuivant ses études, il obtint le titre de docteur en médecine le 5 avril 1762. Cet<br />

homme savant publia deux ouvrages relatant ses expériences professionnelles.<br />

Louis Rouppe avait épousé le 19 février 1764, Angélina Kocks (Rotterdam 3 mai<br />

1744-Lierre 4 décembre 1820) professant comme lui la religion catholique.<br />

253


Leur fils aîné, Henri-Guillaume Rouppe (Rotterdam 3 juillet 1765-1816), suivit<br />

l’exemple de son père : médecin, polygraphe, il fut professeur de pharmacie à<br />

l’Académie de Rotterdam.<br />

Nicolas Rouppe était le second fils du couple qui eut douze enfants.<br />

Après ses premières années d’études à Rotterdam, il s’inscrivit le 1 er octobre<br />

1787, à l’Université de Louvain au Collège de Hollande. Il obtint une bourse pour<br />

s’inscrire à la Faculté des Arts en 1788. L’année suivante, il s’inscrivit au cours de<br />

philosophie du Collège d’Acheroy à Douai où il obtint, cum laude, le diplôme de<br />

licencié ès arts le 27 juin 1789. Le 21 janvier 1790, Nicolas Rouppe, de retour à<br />

Louvain, s’inscrivit au cours de théologie du Collège de Hollande, où il séjourna<br />

jusqu’à l’été 1794, date à laquelle il devint sous-diacre.<br />

Mais là, s’arrêta la carrière ecclésiastique de Nicolas Rouppe, dont les sympathies<br />

pour les idées révolutionnaires s’affirmaient de plus en plus.<br />

Lors de l’arrivée des troupes françaises en Belgique, après la victoire de Fleurus,<br />

Rouppe refusa d’être évacué comme les autres étudiants du collège. Le président<br />

de celui-ci, Guillaume Van Leempoel, lui aussi resté sur place, l’envoya alors<br />

à l’Ecole normale supérieure à Paris où il séjourna d’octobre 1794 à fin mai<br />

1795. Revenu à Louvain, Nicolas Rouppe fut nommé le 13 prairial an III (1 er juin<br />

1795), secrétaire greffier-adjoint de la nouvelle municipalité mise en place par<br />

les représentants en mission. Désormais, la carrière de Nicolas Rouppe sera celle<br />

d’un fonctionnaire de la République.<br />

Quelques mois plus tard, après l’annexion des départements réunis, il fut nommé<br />

commissaire du Pouvoir exécutif près la municipalité de Louvain (23 frimaire an<br />

IV-14 décembre 1795) et à ce titre, il prononça le discours au temple de la Loi,<br />

à l’occasion de l’anniversaire de la mort de Louis XVI. Mais dès le 22 ventôse<br />

an IV (12 mars 1796), Nicolas Rouppe quitta Louvain, pour accéder aux mêmes<br />

fonctions à Bruxelles. Sans état d’âme, il s’employa à y faire régner l’ordre<br />

républicain : fermeture des couvents, interdiction des processions, surveillance<br />

des théâtres et mise à l’écart de tous ceux qui refusaient le serment.<br />

La victoire des modérés, sinon des opposants, lors des élections de germinal an V<br />

rendit inconfortable la position de Nicolas Rouppe qui, jusqu’au coup d’Etat du<br />

18 fructidor, se trouva en porte-à-faux, vu l’attentisme du Directoire.<br />

Les mois suivants furent marqués par le conflit qui l’opposa à François-<br />

René Mallarmé, commissaire du Directoire près l’administration centrale du<br />

département de la Dyle.<br />

254


Ancien conventionnel régicide, Mallarmé représentait la ligne la plus dure de la<br />

réaction fructidorienne et il trouvait Nicolas Rouppe trop faible, sinon négligent,<br />

dans l’exercice de ses fonctions, notamment dans le contrôle des passeports.<br />

Le commissaire central déposa plainte contre lui, en brumaire an VI (novembre<br />

1797). Le ministre de la Justice, le belge Charles Lambrechts, qui connaissait<br />

bien Nicolas Rouppe, prit sa défense (22 pluviôse an VI- 10 février 1798) et<br />

l’affaire en resta là.<br />

Mais elle fut réactivée après les élections de l’an VI. Cette fois, ce furent<br />

deux députés du département de la Dyle, Guillaume di Martinelli et Lambert<br />

Doutrepont, qui blanchirent Nicolas Rouppe de ces critiques, dans leurs rapports<br />

au ministre de la Justice. Ces attaques injustifiées furent fatales à Mallarmé qui<br />

fut révoqué et remplacé par Nicolas Rouppe comme commissaire central le 26<br />

pluviôse an VII (14 février 1799).<br />

Le nouveau ministre de l’Intérieur, François de Neufchâteau, soutint Nicolas<br />

Rouppe dans une politique d’apaisement et d’équilibre : libération des otages,<br />

suppression des logements militaires chez les particuliers, mais Nicolas Rouppe<br />

persista à exiger strictement, le serment des prêtres et montra courage et énergie<br />

lors de l’insurrection dite Guerre des paysans.<br />

Ainsi, au début de thermidor an VII (fin juillet 1799), il n’hésita pas à accompagner<br />

une colonne militaire dans la traque de la bande Jacquemin aux environs de<br />

Bruxelles. Victime d’une chute de cheval, il se cassa une jambe.<br />

Pourtant, au cours des mois suivants, Nicolas Rouppe perdit peu à peu, la<br />

confiance de ceux qui l’appuyaient à Paris et notamment, celle de Guillaume Di<br />

Martinelli, car on lui reprochait son laxisme à l’égard de ceux qui manifestaient<br />

des sympathies contre-révolutionnaires.<br />

La mise en place des préfectures priva Nicolas Rouppe de son emploi. Pourtant,<br />

il avait fait l’objet d’appréciations favorables auprès du ministre de l’Intérieur,<br />

Lucien Bonaparte : « … bons principes, bonne tenue « et Charles Lambrechts,<br />

devenu sénateur, lui trouvait : « … de l’intelligence, de la fermeté, du dévouement<br />

aux vrais principes de la liberté « et l’avait recommandé pour la sous-préfecture<br />

de Bruxelles.<br />

Finalement, le nouveau préfet du département, Doulcet de Pontécoulant, le<br />

proposa pour une place de conseiller de préfecture, à laquelle il fut nommé le 6<br />

floréal an VIII (26 avril 1801).<br />

C’était de fait, une rétrogradation, mais l’amertume qu’il dut en ressentir fut<br />

adoucie par l’initiative de près de trois cents bourgeois de Bruxelles, qui lui<br />

remirent le 21 prairial an VIII (10 juin 1800), une médaille en or avec la mention :<br />

255


« En exécutant les lois, il fut juste et bon ». Parmi les souscripteurs, on trouvait<br />

aussi bien des fonctionnaires, les plus importants commerçants de Bruxelles,<br />

mais aussi bon nombre d’aristocrates. Ce témoignage de la popularité de Nicolas<br />

Rouppe ne fut probablement pas étranger à sa nomination comme maire de<br />

Bruxelles, le 29 thermidor an VIII (17 août 1801), suite à la démission de son<br />

prédécesseur, Arconati Visconti*.<br />

Soucieux des intérêts de la cité, il proposa, pour soulager les finances communales,<br />

la mise en vente des anciens remparts. Cette initiative se heurta au veto des<br />

autorités militaires et lui valut un blâme public.<br />

En brumaire an IX (novembre 1800), sur ordre du ministre de la police,<br />

deux négociants bruxellois, Aerts et Goffin* soupçonnés d’avoir importé<br />

clandestinement des marchandises anglaises, furent arrêtés et transférés au fort<br />

de Ham.<br />

Nicolas Rouppe considéra qu’il s’agissait d’arrestations arbitraires puisque ces<br />

hommes n’avaient pas été traduits devant les tribunaux. Il adressa donc une<br />

protestation au Tribunat, la fit imprimer et distribuer. La réaction du pouvoir fut<br />

immédiate : Nicolas Rouppe fut destitué comme maire le 23 pluviôse an X (12<br />

février 1802), convoqué à Paris, arrêté et incarcéré à la prison du Temple, où il fut<br />

détenu jusqu’au 2 germinal suivant (23 mars 1802).<br />

Quelques semaines plus tard, les Bruxellois manifestèrent leur solidarité avec<br />

Nicolas Rouppe en l’élisant juge de paix d’un arrondissement de la ville. Fouché<br />

s’opposa à son entrée en fonction et l’interdit de séjour à Bruxelles et à Paris.<br />

A l’intervention du préfet, son exil prit fin quelques mois plus tard, et il put enfin<br />

siéger comme magistrat cantonal. Doulcet de Pontécoulant avait d’ailleurs une<br />

assez bonne opinion de lui : « Il n’a pas assez de correction de langage, ni de<br />

facilité dans l’élocution pour se présenter avec avantage à la tribune, mais il<br />

serait convenablement placé au Corps législatif ou à la tête d’une administration<br />

départementale. Il est d’ailleurs d’une activité infatigable et l’habitude lui a<br />

rendus très familiers tous les détails de l’administration « (21 prairial an X -10<br />

juin 1802).<br />

Les autorités judiciaires, dont il dépendait comme juge de paix, ne lui portaient<br />

pas la même estime. Le 7 nivôse an XI (28 décembre 1802), le commissaire près<br />

le Tribunal de première instance de Bruxelles le décrivait comme un ambitieux :<br />

« Le C n Rouppe a les talents nécessaires, ne passe pas pour immoral. Il témoigne<br />

de l’attachement au gouvernement, en se permettant toutefois assez souvent des<br />

expressions hasardées sur le compte des hommes en place dont il ne dépend<br />

pas directement ; il a la manie de flagorner les personnes auxquelles il croit de<br />

l’ascendant sur le peuple, je lui crois un désir démesuré de parvenir à des places<br />

supérieures ».<br />

256


Nicolas Rouppe n’avait pas tardé à se rendre compte qu’il convenait de faire<br />

oublier son écart et qu’il fallait rentrer en grâce, s’il voulait poursuivre sa carrière.<br />

Il demanda donc à faire partie du comité de réception de Bonaparte à Bruxelles,<br />

et de sa Garde d’honneur.<br />

Le 2 thermidor an XI (21 juillet 1803), il fut présenté au Premier Consul et il<br />

fut parmi les membres de la Garde d’honneur, qui assistèrent à la cérémonie du<br />

sacre.<br />

Quand la place de secrétaire général de la préfecture devint vacante, le 27<br />

thermidor an XIII (15 août 1805), la nomination de Nicolas Rouppe fut proposée<br />

par le nouveau préfet Mouchard de Chaban. L’ancien maire convoitait cette charge<br />

depuis plusieurs mois, et avait sollicité l’appui des deux députés du département<br />

au Corps législatif, Foubert et Olbrechts* et même celui de l’archevêque de<br />

Malines !<br />

Ses espoirs furent déçus, car le ministre de l’Intérieur refusa de présenter sa<br />

candidature aussi longtemps qu’il ne serait pas rentré dans les « bonnes grâces «<br />

de Napoléon.<br />

Comme il avait pu le craindre, lors du renouvellement par cinquième des juges<br />

de paix du département en l’an XII, Nicolas Rouppe avait été désigné parmi ceux<br />

qu’il convenait de remplacer. Les électeurs du 1 er arrondissement de Bruxelles,<br />

fidèles à leur magistrat cantonal, s’abstinrent de présenter tout autre candidat.<br />

L’Empereur désigna d’autorité un remplaçant, mais celui-ci, Jacques Chateignier,<br />

se suicida avant d’entrer en charge.<br />

Ce n’est que grâce à l’appui enthousiaste du procureur général Beyts et du<br />

sénateur Lambrechts que Nicolas Rouppe retrouva sa place le 16 frimaire an XIV<br />

(7 décembre 1805). Il en démissionna en 1809.<br />

Le 1 er mars 1806, il fut nommé inspecteur général de la prison de Vilvorde :<br />

il pouvait donc désormais, considérer être rentré en grâce auprès du maître. Il<br />

prit ses nouvelles fonctions fort à cœur, supprimant les châtiments corporels et<br />

améliorant les conditions d’hygiène des détenus, dont la mortalité diminua de 90<br />

% en deux ans de temps.<br />

En décembre 1806, il fut nommé receveur des contributions, et à deux reprises,<br />

en 1807 et en 1812, il présida les opérations de l’assemblée électorale du 1 er<br />

arrondissement de Bruxelles.<br />

La fin de l’Empire marqua pour Nicolas Rouppe le début d’une traversée du<br />

désert sur le plan de la vie publique. Pendant les quinze années d’existence du<br />

royaume des Pays-Bas, il se borna à exercer comme avocat à Bruxelles. En effet,<br />

dès le 24 fructidor an XIII (11 septembre 1805), il avait obtenu le diplôme de<br />

257


licencié en droit sur base des dispositions transitoires de la loi du 22 ventôse an<br />

XII, et il était inscrit au tableau des avocats près la Cour impériale de Bruxelles<br />

depuis le 10 juin 1811.<br />

Les événements d’août 1830 à Bruxelles, virent la réapparition de Nicolas Rouppe<br />

sur la scène politique. Il figura parmi les 43 notables bruxellois qui, le 28 août,<br />

rédigèrent une adresse au Roi, pour demander la convocation des Etats Généraux,<br />

et il fit partie des deux délégations de la Garde bourgeoise qui négocièrent à<br />

Vilvorde, le 31 août, l’entrée du prince d’Orange dans la capitale des provinces<br />

méridionales. Il fut aussi membre de la Commission de sûreté désignée le 8<br />

septembre 1830.<br />

Quand la menace d’une intervention de l’armée royale se précisa, Nicolas Rouppe,<br />

comme un grand nombre de personnalités engagées dans la lutte politique,<br />

quitta la ville pour se réfugier en France, mais le 4 octobre, il était de retour<br />

et le Gouvernement Provisoire, nouvellement constitué, le nomma bourgmestre<br />

(maire) de Bruxelles.<br />

Les premières élections municipales en octobre 1830, le confirmèrent dans cette<br />

charge. Mais lors des élections pour le Congrès National, appelé à décider de la<br />

forme du nouvel Etat et en rédiger la constitution, Rouppe eut moins de succès, il<br />

n’obtint qu’une 6 e place de suppléant et ne siégea au sein de cette assemblée que<br />

le 14 février 1831, suite à une cascade de démissions.<br />

Il n’y prit jamais la parole, mais il vota en faveur de la candidature de Léopold de<br />

Saxe-Cobourg au trône de Belgique et contre la ratification du Traité des XVIII<br />

articles.<br />

En août 1831, il fallut élire le nouveau parlement. Nicolas Rouppe y fut un des<br />

députés de la tendance libérale jusqu’à sa démission en 1836, mais à nouveau, il<br />

ne joua qu’un rôle effacé au sein de la Chambre des représentants.<br />

L’homme était resté un municipaliste, avant tout préoccupé de la gestion de<br />

sa ville. Il s’illustra d’ailleurs, par son dévouement et son efficacité lors d’une<br />

épidémie de choléra qui ravagea la cité en 1832, ce qui lui valut la Croix de<br />

chevalier de l’Ordre de Léopold (1 er janvier 1833).<br />

Le 24 avril 1837, la Croix de Fer lui fut accordée pour services rendus pendant la<br />

Révolution de 1830.<br />

Il joua également un rôle important lors de la fondation de l’Université libre de<br />

Bruxelles en 1834, obtenant la mise à disposition de locaux par la municipalité.<br />

Mais en avril de la même année, il ne put, malgré ses efforts, juguler les émeutes<br />

anti-orangistes à Bruxelles, car le ministre de l’Intérieur lui refusa le concours de<br />

la troupe.<br />

258


Réélu au conseil municipal le 14 juillet 1836, confirmé comme bourgmestre<br />

le 19 août suivant, il mourut le 3 août 1838. Ses funérailles à l’église Saint-<br />

Jean-Baptiste, furent suivies par des milliers de personnes témoignant par leur<br />

présence, de son immense popularité. Les autorités maçonniques et le nonce<br />

apostolique Fornari prirent la parole pour saluer « l’homme de toutes les classes<br />

et même de toutes les opinions ».<br />

En 1840, la ville de Bruxelles donna son nom à une place, où huit ans plus tard,<br />

fut érigée une fontaine de bronze due à l’architecte Poelaert et financée par<br />

souscription publique.<br />

La carrière maçonnique de Nicolas Rouppe fut pour le moins singulière. Il ne<br />

fut pas initié, mais il reçut le grade d’apprenti par communication du vénérable<br />

maître de la loge bruxelloise, « Les Vrais Amis de l’Union » en 1796. De la<br />

sorte, l’atelier s’assurait la bienveillance du commissaire du Directoire près la<br />

municipalité, mais Nicolas Rouppe n’assista jamais à aucune réunion. Il figura<br />

néanmoins, parmi les fondateurs de la nouvelle loge bruxelloise « Les Amis<br />

Philanthropes » le 17 février 1798, et en devint le vénérable en 1802, sans être<br />

plus assidu, ce qui lui valut le sobriquet de roi fainéant et son remplacement<br />

rapide. Au cours des années suivantes et spécialement sous l’Empire, ainsi que<br />

pendant le règne de Guillaume I er , il resta fidèle à son engagement au sein de la<br />

loge « Les Amis Philantrhopes », où ses présences furent plus fréquentes.<br />

Au début du Consulat, Nicolas Rouppe fut membre du Bureau de bienfaisance<br />

de la ville de Bruxelles et administrateur du dépôt de mendicité installé dans les<br />

bâtiments de l’ancienne abbaye de la Cambre.<br />

Par sa position dans l’opinion bruxelloise, c’était un homme en vue. Aussi, trouvat-il<br />

tout naturellement, sa place parmi la Société littéraire où se retrouvaient les<br />

élites de la ville.<br />

Le 20 septembre 1832, il fut admis au sein de l’Académie de l’industrie à Paris,<br />

et en octobre 1837, il fut choisi comme commissaire de la Société civile pour<br />

l’agrandissement et l’embellissement de Bruxelles, fonction probablement liée à<br />

sa qualité de bourgmestre de la cité.<br />

La fortune de Nicolas Rouppe fut diversement appréciée par ses contemporains :<br />

en 1807, le préfet estimait ses ressources à 3.000 francs par an et en 1812, à 10.000<br />

francs, pour revenir l’année suivante à 8.000 francs, sur la liste des personnes<br />

appelées à concourir à la formation des Gardes d’honneur.<br />

En tout cas, le 5 février 1823, il souscrivit 25 actions de la « Société générale pour<br />

favoriser l’industrie nationale », fondée quelques mois auparavant, à l’initiative<br />

du roi Guillaume I er , ce qui représentait un investissement de 12.500 florins.<br />

259


En 1828, il porta sa participation à 45 parts sociales, figurant dès lors parmi les<br />

60 actionnaires les plus importants de la société.<br />

S’il vendit 21 actions au début 1830, il en racheta 12 en 1831. On peut supposer<br />

que ces investissements importants étaient le résultat des succès professionnels<br />

de Nicolas Rouppe en tant qu’avocat.<br />

A son décès, il laissa un actif successoral de 81.667 francs, dont une maison à<br />

Bruxelles, et une maison de campagne dans les environs de la capitale. Ces deux<br />

propriétés avaient été achetées comme biens nationaux en l’an VI. Sa bibliothèque<br />

comptait 215 livres, dont 118 étaient des ouvrages juridiques et 26 des livres<br />

d’histoire, mais il était abonné à pas moins de 26 journaux. Nicolas Rouppe était<br />

resté célibataire et à part des gratifications et des rentes à ses domestiques, il<br />

laissa ses biens à un neveu, fils d’une de ses sept sœurs.<br />

A.N., F/1bII/Dyle/1, 2 et 5 ; Biographie Nationale, T. XX, 1898-1910, col. 229-<br />

236, notice V. FRIS ; L. FRANCOIS, Elite en Gezag, thèse de doctorat inédite à<br />

l’Université de Gand, 1987, t. IV, p. 1336-1408 ; L. <strong>LA</strong>RTIGUE, Précis historique<br />

de la Loge Les Amis Philanthropes à l’Orient de Bruxelles, Bruxelles, 1972, p.<br />

44 ; Ph. LIBERT, Histoire de la plus ancienne loge de Bruxelles Les Vrais Amis<br />

de l’Union et du Progrès, Bruxelles, 1996, p. 35-39.<br />

SECUS François-Marie-Joseph-Hubert, baron de, (Mons-Saint-Germain-7<br />

avril 1760-Bruxelles 22 novembre 1836).<br />

Les Sécus appartenaient à la noblesse de robe hennuyère.<br />

L’arrière grand-père, Jean-Baptiste Sécus, lieutenant civil et criminel de la ville et<br />

châtellenie d’Ath avait été anobli le 30 janvier 1699.<br />

Le père de François, Procope-François-Xavier de Sécus (Mons 25 mars<br />

1734-Bruxelles 4 janvier 1813) fit ses études de philosophie au collège d’Anchin<br />

à Douai et fut couronné du titre de primus, après avoir soutenu sa thèse le 26<br />

mars 1751. Il poursuivit sa formation à l’Université de Louvain, obtint le grade<br />

de licencié ès lois, fut admis comme avocat au Conseil Souverain de Hainaut. Il<br />

fut également reconnu comme homme de fief du Hainaut le 27 avril 1765.<br />

Non content d’être juriste, Procope de Sécus, baron et seigneur de Bauffe fut<br />

aussi homme d’affaires. En effet, il s’associa le 4 mai 1789, avec Hyacinthe de<br />

Bousies pour fonder une faïencerie, la « Fabrique impériale et roïale de Nimi »<br />

qui poursuivit ses activités jusqu’en 1951.<br />

Il avait épousé le 18 avril 1759, Marie-Josèphe-Isabelle Dobies (Mons-Saint-<br />

Germain-23 janvier 1739-Mons 25 mars 1769). Son épouse était également issue<br />

du milieu des juristes montois. En effet, c’était la fille de Nicolas-Joseph Dobies<br />

260


(Mons-Saint-Germain-29 décembre 1727-Mons 23 février 1741), avocat au<br />

Conseil Souverain de Hainaut, puis conseiller pensionnaire des Etats de Hainaut,<br />

anobli par lettre patente du 29 décembre 1736 et de Marie-Philippine Soupart<br />

(Mons-Saint-Germain-17 juin 1709-Mons 23 février 1741).<br />

Leur fils unique, François de Sécus, après des études au collège de Houdain à<br />

Mons, s’inscrivit à l’Université de Louvain en 1777, et suivit d’abord les cours<br />

de la Faculté des Arts. Le 18 août 1778, il fut consacré primus in artibus à l’âge<br />

de 18 ans. A cette occasion, il fut fêté à Louvain d’abord, puis à Mons, sa ville<br />

natale. Un petit recueil d’odes latines fut même imprimé en son honneur.<br />

Fidèle au modèle paternel, il poursuivit alors des études de droit et après avoir<br />

obtenu le diplôme de licencié ès lois, il fut reçu avocat au Conseil Souverain de<br />

Hainaut.<br />

Il ne joua aucun rôle pendant la période troublée de 1789 à 1793 vivant dans so<br />

domaine de Bauffe et s’abstenant de toute intervention politique. Mais au début<br />

juin 1794, à l’approche des armées françaises, craignant les persécutions contre<br />

la noblesse initiées lors de la Terreur, il émigra en Allemagne, ce qui le fit placer<br />

sur la liste des émigrés. Ses biens, dont son hôtel de la rue de Nimy à Mons,<br />

furent mis sous séquestre.<br />

Il revint en 1795 et s’établit à Bruxelles. Il figurait parmi les 52 Gardes d’honneur,<br />

qui accueillirent Bonaparte lors de sa visite en l’an XI. Plus qu’une marque<br />

d’attachement au nouveau régime, il s’agissait, pour la plupart des nobles qui en<br />

firent partie, d’obtenir de la sorte et le plus vite possible, la levée du séquestre sur<br />

leurs biens.<br />

S’il fut membre du collège électoral du département de Jemappes le 10 novembre<br />

1808, et s’il devint membre du collège électoral du département de la Dyle en<br />

1810, sa participation à la vie publique sous l’Empire, se limita à accepter de<br />

présider les opérations électorales du canton de Chièvres (arr. de Mons) en juillet<br />

1813, et la place de maire du village de Bauffe (1812-1836) où il séjournait<br />

régulièrement dans son château.<br />

Pourtant, l’intendant du département de la Dyle en 1815, le considérait « … comme<br />

partisan du gouvernement français mais avec modération ».<br />

Il fut placé parmi les notables hennuyers appelés à approuver la nouvelle<br />

constitution, la Loi Fondamentale, en faveur de laquelle il vota d’ailleurs. Le roi<br />

Guillaume I er , pour se le concilier, lui multiplia les marques de faveur. Dès le 23<br />

mars 1815, il fut désigné comme membre du Conseil communal de Bruxelles,<br />

où il résidait le plus souvent, et en septembre 1815, il fut nommé membre de la<br />

Seconde Chambre des Etats Généraux.<br />

261


Le 26 février 1816, il fut créé chevalier de l’Ordre du Lion Belgique et le 26 avril<br />

1816, il fut admis au sein de l’Ordre équestre du Brabant méridional, mais deux<br />

mois plus tard, il obtint de faire plutôt partie de l’Ordre équestre de la province<br />

du Hainaut (1 er juillet).<br />

Pourtant au sein des Etats Généraux, François de Sécus contesta les projets<br />

gouvernementaux, non seulement, en 1816, il vota contre le budget, et l’année<br />

suivante, il s’opposa avec vigueur à la réforme des droits de succession (1817).<br />

Mais les esprits n’étaient pas encore prêts à soutenir une attitude critique à l’égard<br />

de la politique royale, aussi les Etats provinciaux du Hainaut ne renouvelèrent-ils<br />

pas son mandat de député en juillet 1817.<br />

Deux ans plus tard, sa carrière politique prit un nouveau départ. Le Corps équestre<br />

du Hainaut l’envoya siéger au Etats de la province et ceux-ci le désignèrent à<br />

nouveau, comme député à la Seconde Chambre des Etats Généraux en juillet<br />

1820.<br />

Malgré des manœuvres du Gouvernement, qui le considérait dorénavant comme<br />

un opposant déclaré, son mandat fut renouvelé en 1823. Sa réélection ne lui posa<br />

aucun problème : ainsi, le 3 août 1829, il obtint 76 voix sur les 85 suffrages<br />

exprimés.<br />

A partir de 1820, l’opposition de François de Sécus à la politique gouvernementale<br />

fut systématique. Critiquant d’une manière générale la politique fiscale du roi<br />

Guillaume I er , il vota contre presque tous les budgets. Très hostile aux impôts<br />

indirects et en particulier, aux taxes sur la mouture et l’abattage, il combattit<br />

également la loi sur les procédures d’expropriation.<br />

Catholique convaincu, de tendance ultramontaine, il ne pouvait être qu’adversaire<br />

de la politique religieuse du Gouvernement et bien qu’il eût applaudi au Concordat<br />

de 1828 qu’il interprétait comme une victoire de l’Eglise, l’échec de sa mise en<br />

œuvre ne fit qu’aggraver ses réserves à l’égard du roi Guillaume I er.<br />

« Liberté de culte, liberté d’opinions, liberté de la presse, liberté individuelle<br />

ne sont que des mots vides de sens sous le régime du monopole de l’instruction<br />

publique « , déclarait-il.<br />

Ses opinions l’amenèrent à soutenir la proposition de loi de Charles de Brouckère<br />

modifiant la législation en matière de délit de presse et à se faire le défenseur<br />

du droit de pétition. Il participa d’ailleurs aux deux grandes campagnes de<br />

pétitionnement de 1828 et de 1829 pour le redressement des griefs.<br />

Peu à peu, il fut appelé le « Nestor de l’oppostion » vu son âge et sa réputation<br />

de sagesse et c’est comme un chef de celle-ci que son nom apparut fréquemment,<br />

262


dans les rapports des ambassadeurs étrangers à leurs gouvernements. Ce fut bien<br />

souvent chez lui, à Bruxelles, que se concertèrent les adversaires de la politique<br />

royale, tels que Vilain XIIII et d’Hooghvorst* du côté catholique, Stassart et van<br />

de Weyer du côté libéral.<br />

Certains pensaient que François de Sécus était utilisé, consciemment ou non,<br />

par ces derniers pour cautionner leurs projets de son crédit. Il est vrai que des<br />

libéraux engagés tels que van de Weyer, de Potter et Tielemans le désignaient<br />

dans leurs correspondances privées sous des vocables peu flatteurs tels que : « Le<br />

vieux, le bon vieillard, le mannequin ».<br />

Pourtant, François de Sécus n’était pas un adversaire du régime, il ne désirait<br />

que le redressement des griefs. Il restait fidèle à la personne du Roi, mais<br />

contestait sa politique. Cette motivation profonde s’illustra lors des événements<br />

révolutionnaires de l’été 1830.<br />

François de Sécus présida l’assemblée des notables bruxellois qui, le 27 août,<br />

décida de l’envoi d’une délégation au Roi, pour demander la convocation des<br />

Etats Généraux. Il fit partie de la seconde députation, qui négocia à Vilvorde<br />

l’entrée solitaire du prince d’Orange à Bruxelles le 1 er septembre. Mais dans les<br />

jours suivants, il s’opposa au projet de certains libéraux de créer une commission<br />

provisoire pour administrer les provinces méridionales du royaume, avant que<br />

n’ait abouti la demande de séparation administrative qui devait être soumise aux<br />

Etats Généraux, et sans hésiter, il gagna La Haye, pour participer à la session<br />

décisive pour l’avenir du royaume.<br />

François de Sécus vota en faveur de la séparation administrative et il fut parmi<br />

les députés belges qui, le 1 er octobre, s’adressèrent au Roi, pour qu’il envoyât<br />

le prince d’Orange en Belgique afin de mettre en œuvre la décision des Etats<br />

Généraux.<br />

Il ne compta pas parmi les dix membres de la commission consultative qui<br />

accompagna le prince d’Orange à Anvers. Mais à titre personnel, il vint<br />

l’encourager à créer sans délai, une nouvelle administration dans les provinces<br />

méridionales. Le 12 octobre, il regagna Bruxelles en promettant d’appuyer la<br />

candidature du prince d’Orange au trône de Belgique.<br />

Le baron de Sécus fut élu au Congrès National par la ville de Mons avec 724 voix<br />

sur 791 votants, mais à Bruxelles, il n’obtint que la première suppléance, ce qui<br />

prouve son assise montoise alors même qu’il vivait à Bruxelles une grande partie<br />

de l’année.<br />

Au sein du Congrès, il manifesta sa fidélité dynastique et se posa en représentant<br />

de l’opinion catholique traditionnelle. S’il vota en faveur de l’indépendance de la<br />

Belgique, il fut de la petite minorité, qui refusa l’exclusion du trône de la dynastie<br />

Orange-Nassau.<br />

263


Défenseur de la liberté du culte et de l’enseignement, ce qui correspondait aux<br />

revendications de l’épiscopat, il se montra partisan du bicaméralisme, mais avec<br />

un sénat nommé par le roi. Il vota l’appel au trône de Belgique, du duc de Nemours<br />

et plus tard, en faveur du prince Léopold de Saxe-Cobourg. Il fut aussi partisan<br />

de l’adoption du traité des XVIII Articles, pour éviter une guerre européenne qui<br />

ne pouvait, selon lui, qu’aboutir à une restauration du royaume des Pays-Bas ou<br />

à une annexion par la France.<br />

A la fin août 1831, François de Sécus fut élu sénateur pour l’arrondissement<br />

de Mons, et il présida cette assemblée de février 1832 à mai 1835. Il y défendit<br />

l’adoption du traité des XXIV Articles et plaida pour le développement de<br />

l’enseignement de la religion et l’encouragement des congrégations s’occupant<br />

d’enseignement. Il concourut financièrement au rétablissement de l’Université<br />

catholique de Louvain et fut actionnaire du journal catholique, L’Union.<br />

François de Sécus fut un homme à l’assise sociale bien établie. Celui que<br />

l’intendant du département de la Dyle décrivait en 1815, comme « … un homme<br />

d’esprit, très juste, d’une conduite privée et publique fort sage « , fut membre dès<br />

1800, du cercle huppé de Bruxelles, la Société littéraire. Il participa également<br />

aux travaux de l’Académie de peinture et de sculpture de Bruxelles en 1816,<br />

devenue plus tard, Société royale pour l’encouragement des Beaux-Arts et siégea<br />

également au sein de la Commission des Beaux-Arts et de la conservation des<br />

monuments pour le district de Mons et la ville de Saint-Ghislain. Son intérêt pour<br />

les arts avait été remarqué dès 1815, par l’intendant du département de la Dyle,<br />

qui signalait qu’il s’occupait beaucoup de dessin.<br />

Membre de la Chambre de commerce de Mons, il se pencha aussi sur la<br />

misère humaine, comme membre de la « Commission centrale de la Société<br />

de bienfaisance » établie dans les Provinces méridionales des Pays-Bas, pour<br />

l’amélioration de l’état des indigents.<br />

François de Sécus avait une fort belle bibliothèque, plus de 320 ouvrages,<br />

essentiellement juridiques, qui provenaient en partie de son père et de son beaupère.<br />

La plupart des quelques 70 livres qui peuvent être considérés comme des<br />

acquisitions personnelles de François de Sécus appartenaient à ce domaine et en<br />

particulier au droit commercial. L’intérêt majeur de sa bibliothèque actuellement<br />

conservée à l’abbaye de Maredsous, réside dans une collection de projets de lois,<br />

budgets, et travaux de commissions parlementaires relatifs à sa présence à la<br />

Seconde Chambre des Etats Généraux et au Sénat.<br />

François de Sécus avait épousé à Bruxelles (Finistère), le 8 janvier 1787, Marie-<br />

Thérèse-Jeanne-Tabithe Helman de Termeere (Bruxelles-Sainte-Catherine-11<br />

juillet 1760-Bauffe 1 er novembre 1820). C’était la fille du baron Philippe-Joseph-<br />

Hubert Helman de Termeere (Bruxelles-Finistère-2 novembre 1715-Bruxelles<br />

264


10 février 1785), et de Marie-Christine van Overstraeten (Alost-Saint-Martin-15<br />

mars 1719-= après 1786). Par ce mariage, François de Sécus devint le beau-frère<br />

du colonel Jean-Baptiste Thuilier-Beaufort* et du baron Guillaume-Antoine-<br />

François de Feltz qui, sous Guillaume I er , fut conseiller d’Etat et membre de la<br />

Première Chambre des Etats Généraux.<br />

Le couple eut trois enfants :<br />

Frédéric-Marie-Procope-Hubert (Mons-Saint-Germain-5 décembre 1787- Bauffe<br />

28 septembre 1862), nommé auditeur au Conseil d’Etat le 25 janvier 1810, membre<br />

du Congrès National pour le district d’Ath, représentant de l’arrondissement<br />

d’Ath (1831-1848 et 1852-1857) sur la liste catholique, conseiller communal de<br />

Bruxelles (1830-1834), bourgmestre de Bauffe, où il succéda à son père en 1836,<br />

jusqu’à son décès en 1862. Il avait épousé à Bruxelles, le 26 juillet 1815, Louise-<br />

Jeanne, van der Linden d’Hooghvorst, fille de Jean-Joseph-Guillaume van der<br />

Linden d’Hooghvorst*, seigneur de Meysse et de Marie-Anne-Caroline Roose<br />

des comtes de Baisy. Il fut membre des loges bruxelloises « La Candeur » et<br />

« L’Espérance ».<br />

• Elisabeth-Françoise-Eugénie (Mons-Saint-Germain-22 janvier 1789-Wez 2<br />

septembre 1832) qui épousa à Bruxelles le 11 avril 1809, le baron Eugène-<br />

Joseph-Jean-Népomucène de Wal d’Anthine (Liège-Notre-Dame-aux-<br />

Fonts-22 novembre 1787-Bruxelles 7 avril 1843), membre du Corps équestre<br />

du Brabant méridional (1816), député aux Etats provinciaux (1817-1830),<br />

bourgmestre de Bousval. C’était le fils de Joseph-Alexandre de Wal, haut<br />

avoué d’Anthine, Grand bailli et Haut drossard de Herstal, membre de l’Etat<br />

noble de Liège et de Marie-Philippine de Haultepenne, chanoinesse de<br />

Nivelles.<br />

• Elisabeth-Scholastique (Mons-Saint-Germain-21 avril 1791-Bruxelles 3<br />

janvier 1873) qui épousa à Bruxelles, le 28 janvier 1812, le comte Charles dit<br />

Carloman d’Hemricourt de Grunne (Dresde 20 février 1769-Eltville-duché<br />

de Nassau-7 octobre 1853), membre du Corps équestre de la province de<br />

Namur, ministre plénipotentiaire des Pays-Bas à la Diète germanique auprès<br />

des Cours de Saxe, de Nassau et de Saxe électorale, lieutenant général au<br />

service des Pays-Bas. C’était le fils du comte Philippe-Antoine de Hemricourt,<br />

général-major au service de l’Autriche et de Madeleine de Holstein.<br />

François de Sécus était un homme très fortuné, dont la richesse était essentiellement<br />

immobilière. A son décès, il possédait près de 640 hectares de terres, prés et bois.<br />

La majeure partie de ses biens provenait de la succession de son père. François<br />

de Sécus avait toutefois acheté en secondes mains, avant 1805, trois fermes en<br />

Hainaut, respectivement de 77, 55 et 52 hectares vendues comme biens nationaux.<br />

En 1834, il payait 3.555 francs d’impôts pour ses seuls biens situés à Bauffe, ce<br />

265


qui le plaçait parmi les 403 contribuables répartis dans tout le pays, payant le cens<br />

d’éligibilité pour le Sénat de 2.116 francs, soit 1.000 florins.<br />

Il possédait à Bruxelles, un hôtel rue Neuve, avec entrée cochère et 48 fenêtres,<br />

qu’il occupait avec sa famille et huit domestiques. Il figurait sur la liste des cent<br />

plus imposés de Bruxelles en 1813, avec des revenus évalués à 18.000 francs,<br />

mais sur la liste des personnalités marquantes du département en 1810, on lui<br />

attribuait 30.000 francs de rentes et en 1815, l’intendant du département évaluait<br />

ses revenus à 60.000 francs.<br />

A.G.R., Préfecture de la Dyle, P° 1916, Enregistrement et Domaines, Bruxelles<br />

I, 1836/2, déclaration n° 3515 ; Etat Présent de la Noblesse belge, 1980, V°<br />

Hemricourt de Grunne, 1998, V° Sécus ; G. BETERAMS, The High Society…,<br />

p. 8-24-68-271 ; Biographie Nationale, 1914-1920, t. XXII, col. 138-139,<br />

notice P. BERGMANS ; Le Parlement Belge, Bruxelles, 1966, p. 231-232 ; L.<br />

FRANCOIS, « François de Sécus (Mons 1760-Bruxelles 1836), Annales du<br />

Cercle archéologique de Mons, t. LXXIII, 1988, p. 119-146 ; L. KNAEPEN, « La<br />

bibliothèque juridique de François de Sécus », Annales du Cercle archéologique<br />

de Mons, t. LXXVI, 1994, p. 211-220.<br />

SPOELBERCH de LOVENJOUL Jean-Henri-Joseph, vicomte de (Louvain-<br />

Saint-Michel- 9 octobre 1766-Louvain 28 février 1838).<br />

C’était le fils d’André-Emmanuel-Joseph de Spoelberch d’Eynhouts (Louvain<br />

1716-Louvain-Saint-Pierre-22 mars 1785).<br />

Ce licencié ès lois avait été conseiller, puis échevin de la ville de Louvain. Il<br />

s’était marié une première fois à Bois-le-Duc, le 6 mai 1743, avec Pétronille-<br />

Maximilienne de Nagelmaeckers enterrée à Louvain (Saint-Michel) le 11<br />

septembre 1759, dont il eut huit enfants.<br />

Son fils aîné Maximilien-Antoine (Louvain 16 février 1745-Louvain 1 er mai<br />

1821) fut reçu avocat au Conseil de Brabant le 23 mars 1767. Un autre de ses fils,<br />

Jacques-Joseph (26 février 1751-1801) fut chanoine à Saint-Paul à Liège, un autre<br />

encore, Charles-Jean (26 avril 1748-18 janvier 1810) fut curé à Boutersem. Une<br />

de ses quatre filles fut religieuse ursuline, une autre, Marie-Catherine-Joséphine<br />

épousa Michel-Joseph van Gobbelscrooy* et une autre encore, Henriette-<br />

Christine (Louvain 20 novembre 1749- ?), épousa à Diest, le 8 janvier 1780,<br />

Jean-Baptiste Wirix (Louvain-Saint-Pierre-13 avril 1742-Ixelles 28 juillet 1807),<br />

nommé conseiller au Conseil souverain de Brabrant en 1778.<br />

Maximilien-Antoine de Spoelberch contracta un second mariage le 27 mars<br />

1762, avec Marie-Angélique-Louise-Joséphine de Bayol (14 décembre 1729- ?)<br />

fille de Richard de Bayol et de Jacqueline Hocks.<br />

266


Jean de Spoelberch était le second fils des quatre enfants qui naquirent de cette<br />

union. Licencié ès lois de l’Université de Louvain, il fut reçu comme avocat au<br />

Conseil de Brabant le 22 septembre 1790.<br />

L’année suivante, il fut admis au lignage bruxellois de Serhuyghs et fut nommé<br />

juge à la Chambre de commerce de Bruxelles dite Laekenguilde.<br />

Il semble être revenu à Louvain ultérieurement, puisqu’il devint officier municipal<br />

en l’an III, et greffier de la municipalité en l’an IV. Il refusa une place de juge<br />

au tribunal civil du département de la Dyle, à laquelle il avait été nommé par le<br />

commissaire Bouteville le 7 nivôse an V (27 décembre 1796). En revanche, il<br />

accepta de siéger au sein de cette juridiction, quand il fut choisi par l’assemblée<br />

électorale du département en germinal an V. Il resta en fonction jusqu’à la fin<br />

du Directoire. Lors de la réforme consulaire, il fut nommé commissaire du<br />

gouvernement près le tribunal de Louvain en l’an VIII, mais il démissionna sans<br />

qu’on en connaisse le motif en floréal an XIII (mai 1805). Il revint au sein de la<br />

magistrature, comme président du Tribunal de première instance de Louvain en<br />

1807, et fut nommé conseiller à la Cour impériale de Bruxelles en 1811. Il siégea<br />

à la Cour Supérieure de Bruxelles jusqu’à son décès en 1821.<br />

Il épousa à Louvain le 19 juillet 1801, Thérèse-Françoise-Claire de Troostembergh<br />

(Louvain 4 mars 1773- Louvain 27 octobre 1820), fille de François-Maximilien et<br />

de Marie-Thérèse de la Hamayde. Le frère de son épouse, Isidore-Maximilien de<br />

Trootsembergh (Louvain 1 er août 1765-Louvain 23 décembre 1830) avait épousé<br />

le 29 avril 1794, sa sœur Anne-Marie-Françoise de Spoelberch.<br />

De cette union naquirent trois enfants :<br />

Maximilien-Antoine-Théodore (Louvain 11 mai 1802- Lovenjoul 2 septembre<br />

1873) qui épousa à Bruxelles, le 30 mai 1831, sa cousine Hortense-Caroline de<br />

Putte, fille de François-Constantin-Ghislain de Putte et de Henriette-Ghislaine de<br />

Spoelberch.<br />

• Félicité-Caroline-Marie (Louvain 17 avril 1804-Louvain 19 janvier 1882)<br />

qui épousa André-Corneille-Jean de Ryckman (Diest 29 août 1795-Louvain<br />

13 janvier 1869), fils de Lambert-Antoine-Berthold de Ryckman, ancien<br />

écoutête de Diest et de Marie-Barbe van der Vekene. André de Ryckman fut<br />

conseiller provincial du Brabant (1848-1851), sénateur de l’arrondissement<br />

de Louvain (1851-1859) sur la liste catholique, et bourgmestre de Pellenberg<br />

(1827-1841).<br />

• François-Félix-Xavier (Louvain 16 mars 1808- Lovenjoul 20 décembre 1868)<br />

sans alliance.<br />

267


En 1811, on estimait les revenus de Jean-Joseph de Spoelberch de 8 à 10.000<br />

francs. Il avait acquis 30 hectares de biens nationaux sous le Directoire.<br />

A.N., BB/5/271 ; A.G.R., Papiers Bouteville, n° 104 ; Etat présent de la Noblesse<br />

belge, 1998, p. 395-396.<br />

STEENHAULT Ignace-Bernard, de (26 août 1744-Ramillies 5 février 1816).<br />

C’était le fils de Jean-François-Joseph, baron de Steenhault, seigneur de Waerbeek,<br />

Nieuwenhove, Fellignies et Godimont (Vollezeele 13 janvier 1718-Vollezeele 22<br />

janvier 1793), colonel de dragons qui avait épousé le 9 février 1739, une cousine<br />

germaine Anne-Thérèse-Ignace Husmans (Enghien 1 er janvier 1717-Bruxelles 1 er<br />

mai 1757).<br />

Jean de Steenhault était le neveu d’Augustin-Dieudonné de Steenhault (Bruxelles<br />

15 juillet 1672-Bruxelles 3 janvier 1758), conseiller d’Etat de robe et chef<br />

président du Conseil privé. Cette parenté lui valut le titre de baron accordé par<br />

lettres patentes de l’impératrice Marie-Thérèse le 21 février 1766, transmissible<br />

à titre de primogéniture.<br />

Ignace de Steenhault obtint le grade de licencié ès lois à l’Université de Louvain<br />

et fut reçu chanoine à Tournai, le 26 avril 1782.<br />

Sous l’Empire, il fut maire de Vollezeele (département de la Dyle), où se trouvait<br />

le château familial de Waerbeek et semble n’avoir été qu’un paisible propriétaire<br />

terrien jouissant de 12 à 15.000 francs de rentes.<br />

Resté célibataire, il s’éteignit dans sa maison de campagne de Ramillies.<br />

Annuaire de la Noblesse de Belgique, 1887, p. 278 ; Cl. BRUNEEL, Les grands<br />

commis…, p. 576-577.<br />

STERCKX Jean-François (Lennik-Saint-Quentin 15 avril 1762-Louvain 25<br />

décembre 1821)<br />

Jean Sterckx était originaire d’un petit village du Brabant flamand. C’était le<br />

second fils parmi les six enfants de Josse Sterckx (Lennick-Saint-Martin 2 mars<br />

1720- ?) et d’Anne-Marie Nerinckx.<br />

Il fit ses études supérieures à l’Université de Louvain. En 1782, il obtint son<br />

diplôme de philosophie à la première place de la seconde ligne, puis il y poursuivit<br />

des études de droit. Après avoir rempli les fonctions de fisc et doyen pendant six<br />

mois, il fut licencié ès lois en 1786. Quelques mois plus tard, le 28 novembre, il<br />

fut reçu avocat au Conseil de Brabant et installa son cabinet à Bruxelles l’année<br />

suivante.<br />

268


Jean Sterckx ne joua aucun rôle dans la vie politique au cours des années<br />

tourmentées que traversèrent les Pays-Bas autrichiens depuis la Révolution<br />

brabançonne de 1789, jusqu’à leur annexion par la France le 9 vendémiaire an IV<br />

(1 er octobre 1795).<br />

La première charge publique qu’il exerça fut celle d’assesseur du juge de paix de<br />

la 8 e section de Bruxelles, à laquelle il fut élu en germinal an V. L’année suivante,<br />

il fut choisi par les assemblées primaires du canton de Bruxelles, comme officier<br />

municipal de la ville. C’était une position importante dans laquelle il se fit<br />

connaître favorablement, puisqu’aux élections de l’an VII, il fut choisi comme<br />

administrateur du département de la Dyle. Il entra en fonction le 17 prairial (5<br />

juin 1799) et y siégea jusqu’à la suppression de l’Administration centrale le 5<br />

germinal an VIII (26 mars 1800).<br />

Son nom fut cité élogieusement dans un rapport du 17 fructidor an VII (3<br />

septembre 1799) établi par Guillaume di Martinelli*, représentant du département<br />

de la Dyle au Conseil des Cinq-Cents, sur l’opportunité de remplacer Nicolas<br />

Rouppe*comme commissaire du Directoire auprès de l’Administration centrale :<br />

« Sterckx, bon patriote, énergique et zélé est un citoyen instruit et éclairé, il est<br />

homme de loi et digne de sa place ».<br />

Lors de la mise en place des institutions consulaires, Charles Lambrechts, dernier<br />

président de l’Administration centrale et sénateur du nouveau régime, fut consulté<br />

pour la plupart des nominations en Belgique. Il avait gardé une bonne impression<br />

de Jean Sterckx et il n’hésita pas à le proposer pour occuper les fonctions de souspréfet<br />

de l’arrondissement de Bruxelles. Cette place ne fut pourvue que dix ans<br />

plus tard et Jean Sterckx dut se contenter d’être membre du Conseil de préfecture,<br />

où il retrouva d’ailleurs plusieurs de ses anciens collègues administrateurs.<br />

Quand il fut porté parmi les 66 membres de la liste nationale du département<br />

de la Dyle en l’an XI, le préfet le décrivait en ces termes : « Homme de loi et<br />

propriétaire, membre de l’Administration centrale en l’an VII, il s’y est distingué<br />

de ses collègues par ses talents et sa moralité. Les mêmes principes l’ont guidé<br />

depuis qu’il est conseiller de préfecture et lui ont acquis l’estime et la confiance<br />

publique. C’est lui qui a remplacé le préfet pendant ses absences hors du<br />

département au mois de frimaire, il sut malgré l’intrigue et les menées de quelques<br />

malveillants agir avec fermeté et faire respecter les lois et le gouvernement ».<br />

Cette considération publique se traduisit deux ans plus tard, quand en l’an XIII,<br />

Jean Sterckx fut présenté en premier ordre, comme candidat au Corps législatif<br />

par le collège électoral du département, mais il ne fut pas retenu par le Sénat.<br />

Jean Sterckx poursuivit sa carrière de conseiller de préfecture jusqu’en 1810,<br />

quand il fut nommé sous-préfet de l’arrondissement de Louvain, par décret<br />

impérial du 17 mai. Dans ses nouvelles fonctions, il fit preuve des mêmes qualités<br />

269


qu’au sein du Conseil de préfecture. L’intendant du département de la Dyle le<br />

décrivait en janvier 1815 comme un « … homme de grande probité aimant le<br />

travail et bon administrateur ». Maintenu comme commissaire d’arrondissement<br />

de Louvain dans le cadre du royaume des Pays-Bas, il mourut six ans plus tard, le<br />

25 décembre 1821. Lors de son décès, il était membre des Etats provinciaux du<br />

Brabant méridional. Il avait été créé chevalier du Lion Belgique.<br />

Jean Sterckx avait épousé à Bruxelles (Saint-Géry), le 21 juillet 1795, une veuve,<br />

Barbe Van Hoof (Duisburg 2 décembre 1753-Louvain 5 novembre 1813). C’était<br />

la fille de Antoine Van Hoof (=Duisburg 20 mai 1757) et de Marguerite Clabots.<br />

Barbe Van Hoof était venue s’installer à Bruxelles, quand elle avait épousé Jean<br />

Bovie (Goetsenhove ? -Bruxelles 11 novembre 1793) qui exploitait une hôtellerie<br />

réputée, l’hôtel de Brabant, rue Marché au Charbon au centre de la ville. Le<br />

couple avait eu neuf enfants, dont sept étaient encore en bas âge, lors du décès<br />

de leur père. Jean Sterckx ne s’occupa jamais des activités de l’hôtel, qui resta<br />

l’apanage de son épouse. Quand il quitta Bruxelles, pour la sous-préfecture de<br />

Louvain, la gestion en fut confiée par Barbe Van Hoof à l’un de ses fils, Philipe<br />

Bovie, qui l’exploita pendant de nombreuses années.<br />

Le couple Sterckx-Van Hoof n’eut pas d’enfant.<br />

Jean Sterckx fut, comme son beau-fils Philippe Bovie, membre de la loge<br />

bruxelloise « La Paix et la Candeur » dès 1804.<br />

Jean Sterckx géra fort habilement son patrimoine. En l’an IX, il n’avait que des<br />

espérances, son père encore en vie, devant lui laisser 36 à 38.000 francs, mais son<br />

épouse était fortunée, car l’hôtel de Brabant était estimé entre 80 et 85.000 francs.<br />

Pour sa part, il avait acquis 28 domaines nationaux, dont 12 sous le Directoire,<br />

pour une superficie de 43,59 hectares et un prix global de 324.857 francs. L’achat<br />

de terrains ayant appartenu aux Sœurs Urbanistes dites des Riches Claires, fut<br />

pour lui l’occasion d’une opération fructueuse. Achetés le 30 octobre 1805 pour<br />

43.080 francs, Jean Sterckx divisa le bien en huit lots, dont il n’en conserva qu’un<br />

seul, cédant le surplus à sept commands. Six mois plus tard, il obtint du préfet,<br />

le percement de la rue Saint-Christophe au travers de ces biens, ce qui permit<br />

la construction le long de la nouvelle voirie. Jean Sterckx y fit bâtir une maison<br />

qu’il occupa lui-même. Il la vendit 47.723 francs, le 27 juillet 1811, après son<br />

départ pour Louvain.<br />

En 1815, l’intendant du département de la Dyle estimait ses revenus annuels à<br />

6.000 francs.<br />

A.N., F/1bII/Dyle/3, F/1cIII/Dyle/2, liste des candidats au Corps législatif, an<br />

XIII ; A.G.R., Notariat Brabant, n° 19.022, acte du 27 juillet 1811 du notaire<br />

Caroly, Préfecture de la Dyle, P° 1012, Gouvernement provincial du Brabant,<br />

Série A, n°198 b ; Archives de la ville de Bruxelles, Recensements 1795-1799-<br />

270


1802 ; H. DOUXCHAMPS, La famille Nerinc(k) ; Recueil XLII de l’Office<br />

généaloqique de Belgique p. 153-154, note 185 ; A. WAUTERS, Liste par ordre<br />

chronologique des Magistrats communaux de Bruxelles, Bruxelles, 1884, p.10 ;<br />

G. NAUWE<strong>LA</strong>ERS, Histoire des avocats…, t. II, n° 2207 ; F. BETERAMS, The<br />

High Society…, p. 13.<br />

TARTE Jean-Joseph-Xavier dit Tarte aîné (Namur-Saint-Loup-27 janvier<br />

1764-Bruxelles 3 septembre 1841).<br />

Xavier Tarte naquit dans un milieu bourgeois éclairé, mais peu fortuné.<br />

Son père, Nicolas-Joseph Tarte (Bioul 3 février 1737-Namur-Saint-Jean-30 avril<br />

1795) avait été reçu avocat au Conseil de Namur le 8 mars 1756, et avait exercé<br />

le barreau dans cette ville.<br />

A diverses reprises, il avait postulé une place de conseiller au sein de cette<br />

juridiction, mais il lui fallut attendre la réforme judiciaire de Joseph II, pour être<br />

désigné comme président au Tribunal de première instance de Charleroi le 1 er<br />

janvier 1787.<br />

Quelques mois plus tard, l’ambitieux projet de l’Empereur fut abandonné sous la<br />

pression des privilégiés, mais Nicolas Tarte, dont les opinions joséphistes étaient<br />

connues, fut nommé en compensation, au sein du Conseil de Namur, le 10 juillet<br />

1788. Chassé du Conseil lors de la Révolution brabançonne, il ne retrouva pas<br />

son siège lors du rétablissement du pouvoir impérial en 1791, car il fut en butte à<br />

l’hostilité des Etats de Namur qui réclamèrent son éloignement.<br />

Il avait épousé à Namur (Saint-Michel), le 30 juillet 1757, Marie-Thérèse Roquet<br />

(Namur-Saint-Jean 29 décembre 1737-Namur 20 juin 1796) dont il eut deux fils<br />

Jean-Joseph-Xavier et Jean-Henri-Joseph (Namur 30 juin 1765-Ixelles 7 juin<br />

1831.<br />

Après des études secondaires à Namur, Xavier Tarte s’inscrivit à l’Université de<br />

Louvain, le 10 janvier 1782, où il avait obtenu une bourse au collège Winckelius.<br />

Dans la querelle qui, à l’époque, divisait l’université entre ultramontains et<br />

jansénistes, il se rangea aux côtés des étudiants, qui apportaient leur soutien au<br />

professeur Leplat, tenant du second parti.<br />

Le 24 août 1787, il obtint son diplôme de licencié ès lois et fut reçu comme<br />

avocat au Conseil de Namur le 5 octobre, de la même année. L’année suivante,<br />

il s’installa à Malines pour plaider devant le Grand Conseil, juridiction suprême<br />

des Pays-Bas autrichiens.<br />

Après la victoire de Jemappes, il choisit de soutenir le parti français et devint<br />

secrétaire du Comité de Surveillance créé à Malines.<br />

271


Quand l’Administration Centrale et Supérieure de la Belgique fut mise en place<br />

le 30 brumaire an III (20 novembre 1794), Xavier Tarte fut nommé chef de bureau<br />

le 16 frimaire an III (6 décembre 1794). Un an plus tard, le 7 frimaire an IV<br />

(28 novembre 1795) comme commissaire du Directoire près les tribunaux de<br />

Sambre-et-Meuse, mais il n’exerça cette fonction que peu de temps, car le 16<br />

floréal (5 mai 1796), sa nomination ne fut pas confirmée par le Directoire. En<br />

effet, il avait été dénoncé au ministre de la Justice, Merlin de Douai, pour avoir<br />

conclu à l’acquittement de trois moines poursuivis comme émigrés. Selon Xavier<br />

Tarte, ceux-ci n’avaient fait qu’obéir aux ordres de leurs supérieurs et le tribunal<br />

criminel avait suivi son avis en écartant les réquisitions de l’accusateur public.<br />

Cette destitution fit grand bruit à Namur, car Xavier Tarte était tenu en grande<br />

estime par ses collègues belges et français. L’accusateur public, Jean Ballardelle,<br />

dont le patriotisme, sinon le jacobinisme, ne faisait pas de doute, écrivit le 29 floréal<br />

(18 mai 1796), au ministre de la Justice une lettre où perçait son indignation :<br />

« L’homme que vous avez destitué sur des rapports inexacts, sans doute, réunit les<br />

trois caractères qui constituent le républicain : moralité, lumières, civisme… ».<br />

Le substitut du commissaire, le français Pierre Esmangeaud, protesta également<br />

contre la destitution d’un homme qui « … avait acquis dans l’opinion publique<br />

et dans celle de ses collègues, les droits les plus mérités à l’estime et à la<br />

considération ». Xavier Tarte retourna alors au barreau et reprit son cabinet à<br />

Namur.<br />

Sa destitution allait jouer en sa faveur lors des élections de germinal an V.<br />

L’assemblée électorale du département, où comme partout en Belgique, les<br />

conservateurs étaient en nombre, choisit Xavier Tarte comme membre de<br />

l’administration centrale du département de Sambre-et-Meuse, mais quelques<br />

semaines plus tard, après le coup d’Etat du 18 fructidor, tous les administrateurs<br />

furent révoqués. Le commissaire du Directoire près de l’administration centrale<br />

du département, avait rappelé les motifs de sa destitution l’année précédente,<br />

pour en déduire : « Tarte est un incivique, ayant beaucoup de moyens, il est par<br />

là même le plus dangereux ».<br />

Le frère cadet de Xavier, Jean Tarte, désigné par le Directoire comme<br />

administrateur, eut l’élégance de refuser la place, écrivant le 7 vendémiaire an VI<br />

(27 septembre 1797) : « Mon frère était administrateur désigné par le peuple, vous<br />

l’avez destitué. Plus la division de nos opinions entre mon frère et moi a éclaté,<br />

plus je me dois de me défendre de l’inconvenance de profiter de sa disgrâce ». Il<br />

semble en effet que les opinions de Tarte aîné aient été plus modérées que celles<br />

de Tarte cadet.<br />

Xavier Tarte s’installa alors comme défenseur officieux à Bruxelles, persuadé<br />

que son avenir se trouvait désormais dans une grande ville.<br />

272


Sa carrière fut relancée lors de la mise en place des institutions consulaires en<br />

l’an VIII. Grâce à l’influence de son frère cadet, il obtint la place de substitut du<br />

commissaire du Gouvernement près le nouveau Tribunal d’appel de Bruxelles.<br />

En effet, Jean Tarte avait accompli un beau parcours sous le Directoire, maire de<br />

Namur, membre de l’administration de l’arrondissement de Namur en l’an III,<br />

commissaire du Directoire près la municipalité de Malines le 15 frimaire an IV<br />

(6 décembre 1795), puis administrateur du département de la Lys le 15 pluviôse<br />

an IV (4 février 1796), il était finalement, devenu administrateur du département<br />

de Sambre-et-Meuse, après que les membres de l’administration centrale eussent<br />

été une nouvelle fois, destitués le 9 fructidor an VI (26 août 1798).<br />

Aux élections de germinal an VII, il avait été élu au Conseil des Cinq-Cents<br />

pour ce département, et désigné comme membre du Corps législatif, en l’an VIII.<br />

C’est en qualité de membre de la députation du département qu’il put rencontrer<br />

Cambacérès et obtenir pour son frère Xavier, cette place de substitut. Quand cette<br />

juridiction, suite au sénatus-consulte du 28 floréal an XII (18 mai 1804) prit le<br />

nom de Cour d’appel, Xavier Tarte devint substitut du procureur général.<br />

Après l’adoption de la loi du 22 ventôse an XII (13 mars 1804), une Ecole de<br />

droit fut créée à Bruxelles en 1806. Xavier Tarte y fut chargé de la chaire de droit<br />

civil « avec les éléments de droit public et administratif qui s’y rapportent ». Il<br />

estima alors opportun de démissionner de sa fonction de substitut de procureur<br />

général.<br />

Le procureur général à la Cour de cassation, Merlin de Douai, lui adressa à cette<br />

occasion, une lettre de félicitations particulièrement élogieuse : « J’aurais appris<br />

avec bien de la peine votre sortie du parquet de la cour de Bruxelles, si cette<br />

nouvelle affligeante pour la magistrature, ne s’accompagnait de celle de votre<br />

nomination à l’école du droit. Si la justice vous regrette, la jurisprudence va lui<br />

fournir un sujet de consolation, vous formerez par vos mains des élèves ».<br />

Il enseigna jusqu’à la suppression de la Faculté de droit de Bruxelles en 1817.<br />

Depuis 1812, il faisait d’ailleurs partie du Conseil académique de cette institution.<br />

Parallèlement, Xavier Tarte avait repris ses activités au barreau et après le<br />

rétablissement de l’Ordre des avocats en 1811, il figura parmi les membres du<br />

Conseil de discipline dès 1813.<br />

C’est à cette époque que le premier président de la Cour impériale de Bruxelles,<br />

François Beyts*, pensa à lui pour remplacer le procureur général Van de Walle,<br />

qui venait de décéder. Il le présenta en second ordre en ces termes : « Mr. Tarte<br />

possède les talents oratoires à un degré éminent, sa belle prestance, sa diction<br />

claire, élégante et soignée, l’abondance de ses moyens lui assurant toujours des<br />

succès quand il parle en public…Mr. Tarte ne parle pas la langue flamande ou<br />

273


hollandaise, ce qui est un désavantage pour lui, relativement aux dossiers écrits<br />

en cette langue qui arrivent du département de ce ressort ayant fait partie de<br />

l’ancien royaume de Hollande ».<br />

Xavier Tarte ne fut pas nommé, mais il resta un avocat en vue, jouissant de la<br />

réputation d’un jurisconsulte profond. Il plaida notamment en 1816, pour le<br />

duc de Wellington dans le procès que celui-ci intenta et gagna, au Journal de la<br />

Flandre orientale et occidentale, qui avait mis en cause ses relations amoureuses<br />

avec Lady Frances Webster.<br />

Sur le plan politique, Xavier Tarte était considéré en 1815, par l’intendant du<br />

département de la Dyle, comme un partisan du gouvernement français, mais avec<br />

modération. Ces sympathies lui valurent de ne pas figurer parmi les notables<br />

appelés à ratifier la nouvelle Loi fondamentale.<br />

Xavier Tarte avait épousé Marie-Josèphe-Ignace dite Anne-Marie Monseu. Le<br />

couple n’eut pas d’enfant.<br />

Au début de sa carrière, la situation financière de Xavier Tarte était loin d’être<br />

brillante. Son père, Nicolas-Joseph, était criblé de dettes lors de son décès et<br />

« … sa succession n’avait rien produit ».<br />

Lors de la levée de l’emprunt forcé de l’an IV, Xavier Tarte, déclarait le 8 pluviôse<br />

(28 janvier 1796), ne posséder aucun bien immeuble, un maigre mobilier évalué<br />

à 100 florins et une bibliothèque estimée à 300 florins. Il ajoutait que depuis deux<br />

ans, son état d’homme de loi ne lui avait rien rapporté, qu’il avait dépensé toutes<br />

ses économies et ne vivait que de son traitement.<br />

Au fil des années, sa situation matérielle alla en s’améliorant. En l’an VIII, son<br />

traitement de substitut de commissaire du gouvernement, fut de 3.600 francs par<br />

an. Comme professeur à l’Ecole de Droit de Bruxelles, il gagna 4.800 francs plus<br />

des jetons de présence. Le statut des enseignants fut amélioré le 11 mai 1810,<br />

en telle sorte qu’en 1813, les émoluments d’un professeur atteignaient 6.585<br />

francs. A ce montant devaient s’ajouter les honoraires d’un avocat très coté qui<br />

pouvaient atteindre plusieurs dizaines de milliers de francs puisque son frère, qui<br />

ne jouissait pas de sa réputation, prétendait gagner entre 20 et 30.000 francs au<br />

barreau de Bruxelles vers 1818.<br />

Xavier Tarte avait acquis quelques domaines nationaux sous le Directoire :<br />

18 hectares dans le département de la Dyle, une maison à Havelange dans le<br />

département de Sambre-et-Meuse. En 1813, le président de la Cour impériale<br />

de Bruxelles écrivait : « Mr. Tarte et son épouse ont de la fortune, je l’estime à 7<br />

ou 8.000 francs de rentes annuelles. Ils habitent à Bruxelles une grande maison<br />

qu’ils ont fait rebâtir (rue Ducale) et qu’ils ont montée convenablement selon<br />

leur état ».<br />

274


Xavier Tarte était donc devenu un homme riche et un avocat réputé. Il aida<br />

d’ailleurs financièrement son frère dans les années 1820, quand celui-ci, impliqué<br />

dans des procès de presse, fut radié du barreau.<br />

A.N., AF/III/257, Rapport Neukom 28 germinal an VII, AF/III/ 301, F/1bII/<br />

Sambre-et-Meuse/1, rapport du 24 fructidor an V, F/1cIII/Sambre-et-Meuse/1 et<br />

6, BB/18/476 ; Archives de l’Etat à Namur, département de Sambre-et-Meuse,<br />

n° 349, Conseil provincial, n° 78 ; C. DOUXCHAMPS-<strong>LE</strong>FEVRE, « La<br />

réorganisation du Conseil de Namur durant les deux restaurations autrichiennes :<br />

1791-1794 » in Anciens Pays et Assemblées d’Etats, t. XIV, Louvain-Paris, 1957,<br />

p. 157-168 ; J. LOGIE, « Les magistrats des tribunaux du département de Sambreet-Meuse<br />

1792-1814 « , in Annales de la Société archéologique de Namur, t. 72,<br />

1998, p. 178-179 ; Nationaal Biografische Woordenboek, Bruxelles, t. IX, 1981,<br />

col. 725-734, notice L. FRANCOIS ; Biographie nationale, t. XXIV, Bruxelles,<br />

1926-1929, col. 589, Notice P. VERHAEGEN ; G. BIGWOOD, « L’Ecole, puis<br />

Faculté de Droit de Bruxelles. 1806-1817 « , in Revue de l’Université de Bruxelles,<br />

t. XXVIII, 1922-1923, p. 279-290 ; Ph. VAN HIL<strong>LE</strong>, Het hof van Beroep te<br />

Brussel en de Rechtbanken van Eerste Aanleg in Oost-en West-Vlanderne over<br />

het Nederlands Bewind …, Tielt, 1981, p.97.<br />

THUILIER-BEAUFORT Jean-Baptiste (La Chaussée-de-Picquigny-Somme-4<br />

février 1751- Paris 27 juin 1824).<br />

Jean-Baptiste Thuilier-Beaufort appartenait à une famille d’officiers au service<br />

du Roi de France, dont plusieurs avaient été décorés de la croix de Saint-Louis.<br />

Son père, Jean-Baptiste Thuilier, seigneur de Numel, avait épousé Marie-Anne-<br />

Adrienne le Blond et vivait en rentier à La Chaussée.<br />

Jean-Baptiste Thuilier, leur fils aîné, n’appartenait pas à la noblesse. Il adjoignit à<br />

son nom, celui d’une terre appartenant à sa famille, de même qu’un de ses frères,<br />

Pierre-Charles se faisait appeler Thuilier de Monrefuge.<br />

Après des études de belles lettres et de philosophie, Jean-Baptiste Thuilier-<br />

Beaufort entra comme pensionnaire à l’Ecole de mathématiques d’Amiens, puis<br />

fut admis à l’Ecole du Génie à Maisières, grâce à son père qui lui fit une pension<br />

de 800 livres.<br />

Lieutenant en second le 1 er octobre 1774, il fut reçu ingénieur en 1776, et fut<br />

ensuite employé en cette qualité, aux levées et reconnaissances de 1777 à 1779,<br />

tantôt sur les côtes de Provence, tantôt à la frontière suisse.<br />

Il passa les trois années suivantes de 1780 à 1782, à Philipeville et Charlemont<br />

pour procéder aux levées en vue de la construction d’un canal de la Sambre à<br />

l’Escaut.<br />

275


Après un séjour de trois autres années à Douai, puis à Calais, il fut à nouveau<br />

chargé de reconnaître le cours de la Sambre dans l’Entre-Sambre-et-Meuse<br />

(1787-1788). Nommé capitaine, il fut alors chargé de lever une carte du Hainaut.<br />

Les événements révolutionnaires ne tardèrent pas à bouleverser cette paisible<br />

carrière d’ingénieur militaire. L’émigration de nombreux officiers favorisa<br />

l’avancement de ceux qui, comme Jean-Baptiste Thuilier, étaient restés fidèles à<br />

la République.<br />

Il fit la campagne de 1793 à l’Armée du Nord et fut fait prisonnier lors de la<br />

reddition de la place de Condé (10 juillet). Il ne fut rendu à la liberté par voie<br />

d’échange, qu’en floréal an IV (mai 1797). Entre-temps, malgré sa captivité,<br />

il avait été nommé chef de bataillon et sous-directeur des fortifications le 1 er<br />

germinal an III (21 mars 1795).<br />

Chef d’état-major du génie à l’armée de Sambre-et-Meuse sous Hoche en l’an V,<br />

il occupa les mêmes fonctions à l’armée d’Allemagne sous Augereau en l’an VI,<br />

puis à l’armée de Mayence sous Hatry.<br />

En l’an VIII, il servait sous Moreau à l’armée du Rhin où il fit la campagne de<br />

l’an IX et assista à la bataille d’Hohenlinden.<br />

Nommé chef de brigade le 17 thermidor an VIII (5 août 1800), il devint directeur<br />

des fortifications le 3 frimaire an X (22 novembre 1801). En cette qualité, il fut<br />

affecté à la garnison de Bruxelles en 1805.<br />

Il demanda sa mise à la retraite en décembre 1809, après 36 années de services<br />

et six campagnes. Il avait alors plus de 58 ans, et depuis trois ans, il ne pouvait<br />

plus monter à cheval. Néanmoins, il commanda une légion de la Garde nationale<br />

du département de la Dyle d’avril 1813 à février 1814. Il avait été nommé à une<br />

place de conseiller municipal de la ville de Bruxelles le 16 août 1811, dont il<br />

démissionna le 3 janvier 1815. Après la chute de l’Empire, il rentra en France,<br />

où il se retira dans ses propriétés à La Chaussée. Il se fit radier des registres de<br />

population de la ville de Bruxelles le 9 mars 1815.<br />

Malgré qu’il eût fait la proposition d’abandonner au profit du Trésor, une partie<br />

de sa pension de 2.785 francs, il n’obtint pas le grade de maréchal de camp à titre<br />

honorifique, qu’il avait sollicité en 1816.<br />

Il avait été créé chevalier de la Légion d’honneur le 20 frimaire an XII (12<br />

décembre 1803) et officier l’année suivante. Il était également chevalier de<br />

l’Ordre de Saint-Louis.<br />

Jean-Baptiste Thuilier-Beaufort avait épousé à Bruxelles, Sophie-Françoise-<br />

Thérèse Helman-Termeere (Bruxelles 18 mai 1758-Bruxelles 26 mai 1815).<br />

276


C’était la fille du baron Philippe-Joseph-Hubert Helman, seigneur de Termeere<br />

(Bruxelles-Finistère-2 novembre 1715-Bruxelles 10 février 1785), et de la<br />

comtesse Marie-Christine van Overstraeten (Alost-Saint-Martin-15 mars 1719-=<br />

après 1786). Par ce mariage, Jean-Baptiste Thuilier-Beaufort devenait le beaufrère<br />

de François de Sécus*.<br />

Sophie-Françoise Helman était un beau parti : ses revenus s’élevaient à plus<br />

de 40.000 francs et elle constitua d’ailleurs, par contrat de mariage, une rente<br />

viagère de 20.000 francs au profit de son époux, s’il lui survivait. Elle lui légua<br />

l’usufruit de sa maison à Bruxelles, rue des Longs Chariots, d’une valeur de<br />

37.500 francs et son mobilier estimé à 16.441 francs. Elle possédait plusieurs<br />

fermes en Belgique et des biens en Autriche et en France.<br />

Quand il rentra en France en 1814, sa femme, probablement malade, resta à<br />

Bruxelles, où elle succomba l’année suivante, le 26 mai 1815. Ce couple était<br />

resté sans descendance.<br />

Par son mariage, Jean-Baptiste Thuilier-Beaufort était le beau-frère de François<br />

de Sécus*.<br />

Jean-Baptiste Thuilier-Beaufort était un homme cultivé. Il connaissait l’anglais<br />

et l’allemand et dans chacune de ses résidences, il possédait une bibliothèqiue<br />

importante : 390 volumes à Tirimont et 195 à Amiens. On y trouvait, à côté<br />

de nombreux ouvrages d’économie domestique, des livres de piété et des<br />

traductions des « Philippiques » de Démosthène, des « Caractères d’Epictète » et<br />

des « Géorgiques » de Virgile. Les grandes œuvres de la pensée moderne étaient<br />

représentées avec « l’Abrégé d’Astronomie » de Delalande, les « Eléments<br />

de philosophie » de Newton, les « Entretiens sur la pluralité des mondes » de<br />

Fontenelle et « l’Histoire universelle » de Bossuet. « L’Esprit des Lois » de<br />

Montesquieu côtoyait les œuvres complètes de Voltaire, le « Dicours sur l’origine<br />

et le fondement de l’inégalité des hommes » de Jean-Jacques Rousseau, les<br />

œuvres de Buffon, de Racine et de Boileau, les poésies de l’abbé Delille, la « Vie<br />

de Marianne » de Marivaux et le « Génie du Christianisme » de Chateaubriand.<br />

Jean-Baptiste Thuilier-Beaufort avait un faible pour les romans anglais, il lisait<br />

dans le texte original, les œuvres de Ann Radcliff, de Charlotte Smith, de Young,<br />

les « Voyages » du capitaine Cook et les « Lettres Persanes » en traduction<br />

anglaise. Sur les rayons de sa bibliothèque, figuraient également de nombreux<br />

traités concernant l’art des fortifications, les mathématiques et l’algèbre. Il<br />

avait créé une école élementaire dans son village de Thirancourt en assurait le<br />

fonctionement de ses deniers.<br />

Les renseignements sur la fortune de Jean-Baptiste Thuilier-Beaufort sont<br />

contradictoires. En 1806, il payait 3.000 francs d’impôts et en 1810, on lui<br />

attribuait tantôt 30.000, tantôt 60.000 francs de rentes. Il possédait dans la Somme,<br />

277


le domaine familial de Tirimont à La Chaussée et avait acheté en 1818, pour<br />

60.000 francs, une belle maison à Amiens, où il résidait une partie de l’année. A<br />

son décès, son mobilier fut évalué à 36.880 francs. Il avait placé 22.000 francs<br />

en rescription sur le Grand Livre de la Dette publique et possédait un compte<br />

courant créditeur de 16.348 francs, chez un banquier à Paris. Il avait également<br />

une participation dans les péages revenant à la « Compagnie du pont d’Hangert »<br />

dont il avait probablement dirigé la construction.<br />

A.N., F/1bII/Dyle/5 ; S.H.A.T. Vincennes, 2Yf3753 ; Archives départementales<br />

de la Somme, 3 E 27842 et 3 Q 28/159 ; A.G.R., Notariat du Brabant, n° 17.118/2,<br />

acte du notaire Stevens, contrat de mariage du 9 nivôse an XII, n°30.047, acte<br />

du 10 juin 1815 du notaire Bastin, Enregistrement et Domaines, n° 279, actes n°<br />

926, 938 et 940; Annuaire de la Noblesse de Belgique, 1887, p. 130-131.<br />

TRAZEGNIES d’ITTRE Gillion-Charles, marquis de (Nivelles 15 octobre<br />

1772- Corroy-le-Château 3 mai 1847).<br />

La famille de Trazegnies était de très ancienne noblesse hennuyère.<br />

Son grand-père, le marquis Philippe-Ignace de Trazegnies, prince de Rognon,<br />

comte de Villemont, maréchal héréditaire de Liège avait épousé en 1728, Marie-<br />

Eléonore baronne de Bode et par ce riche mariage, avait rétabli la fortune familiale<br />

compromise par d’interminables procès successoraux.<br />

Le couple avait eu cinq enfants, dont une fille qui mourut en bas âge :<br />

• Christine-Philippine-Elisabeth (22 décembre 1728-Namur 5 septembre 1793)<br />

avait épousé Ambroise-Joseph (14 février 1680-Faucuwez 4 août 1759),<br />

marquis de Herzelles, directeur des Finances du gouvernement des Pays-Bas<br />

autrichiens qui était immensément riche et lui légua toute sa fortune qui rvint<br />

ensuite à Gillion de Trazegnies.<br />

• Joseph-Lothaire-Chrétien (?-9 mai 1784), marquis de Trazegnies, père de<br />

Philippe de Trazegnies*<br />

• Maximilien-Richard, comte de Villemont, major au régiment de Ligne, puis<br />

au régiment de Saint-Ignon.<br />

• Eugène-Gillion-Othon (Trazegnies 14 juillet 1739-Trazegnies 21 janvier<br />

1803). Celui-ci avait épousé à Ittre, le 7 octobre 1769, une riche héritière,<br />

cousine des Herzelles, Marie-Victoire de Rifflart, marquise d’Ittre et baronne<br />

de Tongres-Saint-Martin (15 mai 1750-Bruxelles 28 mai 1806). C’était la<br />

fille d’Adrien-Léopold de Rifflart, capitaine général de l’armée d’Espagne,<br />

vice-roi et gouverneur de la Galice et de Joachime Anne de Aguilera Lujan<br />

Lopez de Charles Enriquez Castillo Portocarrero y Orense. Ils eurent quatre<br />

enfants, dont un fils qui mourut en bas âge :<br />

278


• Marie-Josèphe dite Mimie, marquise de Trazegnies d’Ittre, chanoinesse de<br />

Mons (7 juin 1770-24 mars 1824) qui épousa le 23 mai 1813, le marquis<br />

Eustache-Maximilien d’Aoust. Ce dernier était un personnage hors du<br />

commun. Son père, Eustache, marquis d’Aoust, baron de Quincy, s’était<br />

rallié à la Révolution, avait été élu à la Convention et avait voté la mort du Roi<br />

sans sursis, puis il fut sous le Directoire, commissaire près l’administration<br />

centrale du département du Nord. Son fils aîné, général de la République, fut<br />

condamné à mort par le tribunal révolutionnaire, après une défaite face aux<br />

Espagnols.<br />

• La personnalité excentrique de Eustache-Maximilien inspira le roman<br />

populaire de Maurice des Ombiaux « Coq d’Aousse ».<br />

• Gillion-Charles.<br />

• Charles-Maximilien, marquis de Trazegnies d’Ittre (14 mars 1774-13<br />

décembre 1858), d’abord officier aux Gardes du corps du roi d’Espagne,<br />

il servit ensuite comme colonel du 4 e régiment d’infanterie au service du<br />

roi des Pays-Bas. Il épousa le 11 juillet 1810, Marie-Anne d’Argenteau et<br />

d’Ochain (Liège 8 février 1785-24 avril 1822), fille du comte Joseph-Louis-<br />

Eugène d’Argenteau et de la comtesse Marie-Josèphe de Limbourg-Stirum.<br />

Par ce mariage, il devenait le beau-frère du baron Maximilien d’Overschies<br />

de Neeryssche*. En 1815, l’intendant du département de la Dyle considérait<br />

Charles-Maximilien comme « …antagoniste du gouvernement français, très<br />

violent et peu considéré, bien qu’ayant assez d’esprit naturel, mais aucune<br />

instruction ».<br />

• Une de ses filles, Louise de Trazegnies d’Ittre (Ittre 10 novembre<br />

1816-Arcachon 9 janvier 1905) épousa Jacques-Achille le Roy de Saint-<br />

Arnaud (Paris 20 août 1798-Paris 29 septembre 1854), général de division,<br />

ministre de la Guerre et maître d’œuvre du coup d’Etat du 2 décembre 1851,<br />

sénateur, maréchal de France, et vainqueur de la bataille de l’Alma. Une<br />

autre fille, Eugènie de Trazegnies d’Ittre épousa le frère du maréchal Louis-<br />

Adolphe de Saint-Arnaud, avocat à la Cour d’appel de Paris, conseiller d’Etat<br />

et sénateur.<br />

Gillion de Trazegnies d’Ittre fut d’abord officier d’infanterie au service d’Autriche,<br />

puis au service de Bavière.<br />

Considéré commé émigré, il dut bien faire acte d’allégeance au régime consulaire<br />

pour profiter de la loi d’amnistie et récupérer ses biens.<br />

A l’opposé de son cousin, Philippe de Trazegnies, il ne se rallia pas à Napoléon et<br />

resta à l’écart de la vie publique, même si en 1810, il figura parmi les membres du<br />

collège électoral du département de la Dyle. A l’époque, il séjournait fréquemment<br />

279


en Bohême, où il avait acheté un château à Zezack. Il fut d’ailleurs nommé comte<br />

du royaume de Bohême par l’empereur François I er le 23 juillet 1818.<br />

Le roi Guillaume I er en fit un de ses chambellans (1816-1830) et le nomma<br />

membre du Corps Equestre de la province de Namur. Il fut également chambellan<br />

du roi de Bavière.<br />

En 1815, Gillion de Trazegnies d’Ittre passait aux yeux de l’intendant du<br />

département de la Dyle, pour un esprit remuant et borné, peu aimé et faiblement<br />

considéré et regrettant la maison d’Autriche.<br />

Gillion de Trazegnies d’Ittre épousa à Bruxelles, le 13 nivôse an XI (3 janvier<br />

1803), Amélie-Constance de Nassau-Corroy (Corroy 20 décembre 1784-Corroy<br />

7 octobre 1832), fille unique de Charles de Nassau, comte de Corroy, Frasnes,<br />

Halennes et Zwevegem et de la comtesse Constance de Lannoy, baronne de<br />

Wasmes. Le couple eut cinq enfants dont quatre parvinrent à l’âge adulte.<br />

• Charles-Constant-Gillion (Bruxelles 20 janvier 1804-Gand 28 octobre 1865),<br />

marquis de Trazegnies d’Ittre, puis marquis de Trazegnies par extinction de la<br />

branche aînée en 1862. Ce rentier de la terre fut éligible au Sénat, notamment<br />

pour ses propriétés à Corroy-le-Château. Il épousa le 8 octobre 1825, à Corroy,<br />

Raphaëlle de Romrée (Valence 12 octobre 1804-Corroy 22 juin 1869), fille de<br />

Charles-Philippe dit Carlos, comte de Romrée, maréchal de camp aux Gardes<br />

wallonnes et de Maria-Antonia Cebrian y Enriquez.<br />

• Octavie-Ermelinde (Bruxelles 13 prairial an XIII-22 juin 1805-Paris 18 août<br />

1846), sans alliance.<br />

• Annaïde-Isabelle (Ittre 8 février 1808-Hyères-Var-24 décembre 1869), qui<br />

épousa à Corroy, le 14 juillet 1840, Jules-Philippe-Bernard, marquis de<br />

Montebise, lieutenant-colonel au service de France, fils du marquis Augustin<br />

etde Louise Rolland de Villarceaux.<br />

• Euphrasie (Ittre 7 mars 1812-Hyères-Var-1 er décembre 1872), qui épousa à<br />

Bruxelles, le 14 février 1844, Eugène-Etienne de Thysebaert (Bruxelles 29<br />

décembre 1799-Bruxelles 4 octobre 1873), colonel, chef d’état major général<br />

des Gardes civiques du royaume de Belgique. C’était le fils du baron Auguste<br />

de Thysebaert, conservateur du Musée de Bruxelles et Marie-Anne Misson.<br />

En 1815, les revenus de Gillion de Trazegnies d’Ittre étaient estimés à 30.000<br />

francs.<br />

F. BETERAMS, The High Society…, p. 9 ; Etat présent de la Noblesse belge,<br />

1999, p. 341 ; F.V. GOETHALS, Dictionnaire généalogique et héraldique des<br />

familles nobles de Belgique, t. IV, Bruxelles, 1852, p. 646-648 ; Marquis O. de<br />

280


TRAZEGNIES, « Autour de Georges, marquis de Trazegnies (1762-1849) et de<br />

son épouse Marie-Louise, comtesse de Maldeghem (1785-1844) », Le Parchemin,<br />

2002, p. 130-149, 162-191.<br />

TRAZEGNIES Georges-Philippe-Marie-Joseph-Gillion-Ghislain, marquis<br />

de (Namur 6 mars 1762-Bruxelles 16 décembre 1849).<br />

Son père, Joseph-Lothaire, marquis de Trazegnies (1733-1794), avait été<br />

chambellan de l’Empereur (1771-1784) et lieutenant colonel au service de Sa<br />

Majesté impériale. Il avait épousé en 1761, Marie-Caroline-Josèphe-Ermeline<br />

de Namur (1738-1818), baronne de Joncret, dame de l’ordre de la Croix étoilée,<br />

fille unique de Georges-François-Paul-Claude de Namur, mort en émigration à<br />

Miltenberg le 20 avril 1795, et de Ermeline de Namur d’Elzée.<br />

Philippe fut leur seul enfant. Il passa sa jeunesse entre le château de Berzée, que sa<br />

mère avait reçu en dot et les demeures familiales de Villemont et Trazegnies, puis<br />

quand sa mère devenue veuve, s’était retirée à Bruxelles, il voyagea beaucoup en<br />

Angleterre et en Italie après que les armées françaises eussent occupé les Pays-<br />

Bas autrichiens.<br />

Après brumaire, Philippe de Trazegnies se rallia progressivement au nouveau<br />

régime et il fit partie de la Garde d’honneur du Premier Consul lors de sa visite à<br />

Bruxelles, en l’an XI.<br />

L’arrivée du comte de La Tour du Pin comme préfet du département de la Dyle<br />

en 1808, contribua à rapprocher encore le marquis de Trazegnies du nouvel ordre<br />

des choses. Il se lia d’amitié avec celui-ci ce qui lui valut de commander la Garde<br />

d’honneur qui accueillit Napoléon au cours d’une nouvelle visite à Bruxelles le<br />

14 mais 1810. Il fut alors reçu au palais impérial de Laeken, et fut admis à la<br />

partie de whist de l’Empereur. Quelques jours plus tard, son épouse Marie-Louise<br />

de Maldeghem fut nommée dame d’honneur de l’Impératrice et l’année suivante,<br />

le 10 avril 1811, le marquis de Trazegnies fut créé comte de l’Empire français.<br />

A cette époque, il fut présenté par le collège électoral du département de la Dyle<br />

comme candidat au Corps législatif. Le préfet La Tour du Pin le présentait en ces<br />

termes : « Il a voyagé, connu le monde, a quelque esprit, quelques connaissances<br />

et par là, moins de préjugés que ses compatriotes, sa capacité est fort au-dessus<br />

du médiocre. Sa moralité ne laisse rien à désirer. Ses opinions politiques sont<br />

celles d’un homme jusqu’ici indépendant et qui pourrait l’être toute sa vie. Sa<br />

disposition naturelle est d’être frondeur et on a pu en inférer à tort, qu’il n’était<br />

pas partisan du gouvernement français. Son faible est la vanité et quoi qu’il en<br />

sort dérangé dans ses habitudes, il est extrêment flatté de l’honneur qu’il a reçu<br />

par la nomination de sa femme à la place de dame du Palais ».<br />

281


Quand les départements belges furent rattachés au royaume des Pays-Bas, les<br />

Trazegnies se rallièrent à la nouvelle dynastie. Philippe fut nommé membre<br />

de la première chambre des Etats Généraux dès 1815, puis chambellan du roi<br />

Guillaume I er , sa femme parut dans l’entourage de la princesse Anna-Palowna,<br />

épouse du prince d’Orange, fils aîné du Roi. Le marquis de Trazegnies devint luimême<br />

l’intime du prince.<br />

Après la Révolution de 1830, il resta fidèle à ses sentiments orangistes. Elu<br />

au Congrès National, le 10 novembre 1830, par les districts de Bruxelles et de<br />

Charleroi, il démissionna le 6 décembre suivant, après le vote par le Congrès de<br />

l’exclusion à perpétuité des Orange-Nassau du trône de Belgique.<br />

Le marquis de Trazegnies apparut très vite comme une des figures de proue de<br />

l’orangisme. Il figura parmi les souscripteurs pour le rachat des chevaux du prince<br />

d’Orange, ce qui entraîna le pillage de son hôtel lors des émeutes du 6 avril 1834.<br />

Il s’enferma alors dans ses châteaux et dans une opposition dédaigneuse à l’égard<br />

de la nouvelle monarchie des Saxe-Cobourg.<br />

Un geste d’apaisement vint de la Cour quand Léopold I er se fit représenter aux<br />

funérailles de la marquise en 1844, mais à ce moment, l’orangisme était mort<br />

après que le roi Guillaume I er eût ratifié en 1839, le traité des XXIV articles.<br />

En 1845, le vieux marquis accepta finalement de rencontrer le roi Léopold I er . Il<br />

mourut quatre ans plus tard, âgé de 86 ans.<br />

Philippe de Trazegnies avait épousé à Bruxelles, le 5 mai 1805, Marie-Madeleine,<br />

comtesse de Maldeghem (Bruxelles-La Chapelle- 1 er décembre 1785-Bruxelles<br />

24 novembre 1844), fille du comte Joseph-Alexandre de Maldeghem et de la<br />

comtesse Marie-Ghislaine d’Argenteau. Quatre enfants naquirent de ce mariage :<br />

Alexandre-Gillion (Bruxelles 12 avril 1806-Saint-Gilles 26 avril 1862),<br />

chambellan du roi Guillaume I er . Après un bref passage dans la diplomatie, il<br />

vécut le reste de sa vie en célibataire dans son château de Trazegnies.<br />

• Ermelinde (Bruxelles 17 juillet 1808-Uccle 11 mars 1870) sans alliance.<br />

• Clémentine (Bruxelles 2 mai 1810-Bruxelles 13 août 1879), dame du Palais de<br />

la reine Marie-Henriette, qui contracta mariage à Bruxelles, le 27 juin 1848,<br />

avec le comte Albert-Lupido Moirano de Montalto (Acqui-Sardaigne-9 juin<br />

1808-Bruxelles 7 novembre 1875), ministre plénipotentiaire du roi d’Italie à<br />

Bruxelles, puis à Madrid.<br />

• Nathalie (Bruxelles 7 septembre 1811-Beloeil 4 juin 1835), qui épousa à<br />

Bruxelles le 21 juillet 1834, le prince Eugène-Lamoral de Ligne (Bruxelles<br />

28 janvier 1804-Bruxelles 20 mai 1880), diplomate, puis président du Sénat<br />

(1852-1879). C’était le fils du prince Louis de Ligne*.<br />

282


• La fortune de Philippe de Trazegnies le plaçait parmi les plus riches<br />

propriétaires du pays. En 1814, ses revenus étaient estimés à 60.000 francs<br />

par an. En 1836, un état de ses biens recensait 1.130 hectares de terres sur les<br />

territoires de Trazegnies, Gouy et Pont-à-Celles, berceau de la famille, ainsi<br />

qu’autour de Berzée et Joncret hérités de sa mère. Il possédait les châteaux<br />

de Trazegnies et Berzée ainsi qu’un somptueux hôtel à Bruxelles, rue Ducale,<br />

qui à l’heure actuelle, est la résidence du premier ministre belge.<br />

Le marquis, collectionneur de tableaux, avait aussi le goût des porcelaines de<br />

Sèvres, Bruxelles et Paris. L’évaluation des dégâts causés par les pillards en 1834,<br />

156.227 francs donne une idée de la richesse du mobilier de son hôtel.<br />

A.N., AF/IV/1426, F/1cIII/Dyle/2, F/7/8360 ; Annuaire de la Noblesse de Belgique,<br />

1848, p. 194-204, 1849, p. 222-225 ; L. FRANCOIS, Elite en Gezag, thèse de<br />

doctorat inédite, Université de Gand, 1987, t. IV, p. 829-850 ; F.V. GOETHALS,<br />

Dictionnaire généalogique et héraldique des familles nobles de Belgique, t. IV,<br />

Bruxelles, 1852, p. 646-648 ; Marquis O. de TRAZEGNIES, « Autour de Georges,<br />

marquis de Trazegnies (1762-1849) et de son épouse Marie-Louise, comtesse de<br />

Maldeghem (1785-1844) », Le Parchemin, 2002, p. 130-149, 162-191.<br />

T’SERC<strong>LA</strong>ES Jean-François-Charles-Ghislain (Wommerson 9 février<br />

1779-Saint-Josse-Ten Noode 27 avril 1849).<br />

S’il n’avait été membre du collège électoral de l’arrondissement de Louvain, rien<br />

n’appelait apparemment Jean-François t’Serclaes à faire partie des personnalités<br />

marquantes du département.<br />

Son père, Charles-Ernest-Henri-Pépin t’Serclaes (Noorderwyck 22 septembre<br />

1735-Walsbergen 24 juillet 1809) était un notable de la ville de Louvain. Licencié<br />

ès lois le 12 août 1761, il fut reçu comme membre du Collège des sept familles<br />

nobles de Louvain l’année suivante et à partir de 1763, il siégea en cette qualité,<br />

au Conseil de la ville. Le 30 septembre 1768, il avait acheté au comte Philippe de<br />

Limminghe, les seigneuries de Wommerson et de Walsbergen. Il avait épousé le<br />

19 décembre 1764, à Bruxelles, Marie-Madeleine de Nachtegael (Bruxelles 14<br />

décembre 1746-Walsbergen 5 septembre 1812), fille de Pierre-Louis Nachtegael<br />

(Bruxelles-Saint-Géry-3 avril 1693-Bruxelles 22 juillet 1759), avocat, membre<br />

du Conseil Souverain de Brabant (1732) et d’Anne-Marie Casselot de Wanfercée<br />

(Bruxelles-Saint-Géry-2 février 1716-Bruxelles 7 octobre 1752).<br />

Jean-François t’Serclaes était leur quatrième enfant.<br />

Il épousa en premières noces à Malines, le 18 frimaire an IX (10 décembre 1800),<br />

Marie-Anne-Jeanne-Geneviève Wiricx, dame de Kessel (Malines 31 janvier<br />

1769-Malines 10 brumaire an XI-1 er novembre 1802) fille du chevalier Ignace-<br />

Jean Wiricx, seigneur de Kessel, Wolfshaegen et Tenbroecke et de Claire-Jeanne-<br />

283


Constance Domis de Semerpont, dame de Tercam. Marie-Anne Wiricx mourut<br />

en donnant le jour à son fils unique Pépin-Constantin-Marie-Joseph-Ghislain<br />

t’Serclaes de Kessel (Malines 10 brumaire an XI- 1 er novembre 1802-Ixelles<br />

12 mars 1848), qui épousa le 15 mai 1825, Hortense-Marie-Victoire Carton de<br />

Winnezeele (Ypres 21 floréal an VIII-11 mai 1800-Schaerbeek 16 janvier 1871).<br />

De son second mariage célébré à Bruxelles le 27 avril 1807, avec Marie-Catherine-<br />

Ghislaine van der Gote (Bruxelles-Finistère-24 juillet 1780-Wommerson 23 juin<br />

1824) fille de Charles-Ghislain van der Gote seigneur de Metz-Blanc-Bois et de<br />

Catherine-Dominique de Moor, il eut huit enfants, dont trois fils et cinq filles qui<br />

moururent sans alliance, et parmi elles, deux religieuses.<br />

• Théodore-Emile-Dominique-Charles (Bruxelles 20 août 1809-Gand 25 mai<br />

1880), baron à la mort de son père en 1849, puis créé comte le 21 avril 1856.<br />

Docteur en droit de l’Université de Louvain, commissaire d’arrondissement<br />

de Louvain (1830-1835), puis de Bruxelles (1835-1837), secrétaire général<br />

du Ministère des Affaires Etrangères (1837-1847), gouverneur de la province<br />

du Limbourg (1857-1871) et de la Flandre orientale (1871-1879). Député à<br />

la Chambre des Représentants pour l’arrondissement de Saint-Nicolas (1847-<br />

1857) sur la liste catholique, conseiller provincial du Brabant (1836-1846),<br />

bourgmestre de Wommerson (1855-1857). Il avait épousé à Verviers, le 2<br />

juillet 1840, Marie-Anne de Biolley, fille de Raymond de Biolley (Verviers<br />

10 février 1789-Verviers 22 mai 1846), fabricant lainier, sénateur sur la liste<br />

catholique (1831-1846) qui fut annobli avec le titre de vicomte. Sa mère,<br />

Marie-Isabelle Simonis appartenait également au milieu des riches drapiers<br />

verviétois.<br />

• Auguste-Ernest-Jean-Paul-Ghislain (Wommerson 27 août 1813-Bruges<br />

24 mai 1866), baron, docteur en droit, commissaire d’arrondissement de<br />

Dixmude puis de Saint-Nicolas, inspecteur provincial de l’enseignement<br />

primaire. Il avait épousé à Bruges, le 11 janvier 1842, Hermine-Anne-<br />

Bernardine d’Hanins de Moerkerke (Bruges 26 août 1812-Bruxelles 13 mai<br />

1863), fille d’Honoré d’Hanins de Moerkerke et de Anne de Deurwarder.<br />

• Edmond-Oscar-Augustin (Wommerson 29 mai 1818-Ixelles 29 février 1888),<br />

baron, conseiller de légation, président du Conseil héraldique, directeur de<br />

l’Annuaire de la Noblesse de Belgique. Il avait épousé à Ranst, le 10 avril<br />

1849, Hubertine-Marie de Gilman de Zevenbergen née à Ranst le 23 mai<br />

1823.<br />

On ne dispose que de peu de renseignements sur la fortune de Jean-François<br />

de t’Serclaes, tout au plus, figurait-il sur la liste des personnes marquantes du<br />

département en 1810 avec la mention « propriétaire, 12 à 15.000 francs de<br />

rentes ».<br />

284


A.N., F/1cIII/Dyle/2 ; Le Parlement belge 1831-1894, p. 247-248 ; F.V.<br />

GOETHALS, Dictionnaire généalogique et héraldique, t. IV, Bruxelles, 1852, p.<br />

993 ; Etat présent de la Noblesse belge, 1998, p. 218 et suivantes ; J. TARLIER<br />

et A. WAUTERS, Géographie et Histoire des communes belges, Canton de<br />

Tirlemont, Bruxelles, 1866, p. 46-47.<br />

URSEL Charles-Joseph, duc d’ (Bruxelles-Sainte-Gudule-19 août 1777-Hingene<br />

27 septembre 1860).<br />

Charles d’Ursel appartenait à une des plus grandes et des plus illustres familles<br />

nobles des Pays-Bas.<br />

Son père, Wolfgang-Guillaume-Joseph-Léonard-Vital (Bruxelles 28 avril<br />

1750-Bruxelles 17 mai 1804) fut chambellan de l’Empereur (1776-1789) et<br />

officier dans l’armée autrichienne, où il servit notamment comme lieutenant<br />

colonel au régiment de Clerfayt.<br />

Comme un certain nombre de membres de la haute noblesse de son temps,<br />

Wolfgang d’Ursel était favorable aux idées nouvelles issues de la philosophie des<br />

lumières. Il semble avoir partagé certaines idées de François Vonck notamment,<br />

à propos de la limitation des pouvoirs du souverain et de l’accroissement du rôle<br />

du Tiers Etat.<br />

Son épouse, la princesse Flora d’Arenberg (Bruxelles 25 juin 1752-Bruxelles<br />

15 avril 1832) sœur de Prosper d’Arenberg* partageait ces idées avec peut-être<br />

plus d’enthousiasme et de feu. En octobre 1789, le gouvernement des Pays-Bas<br />

la soupçonna de faire partie d’un complot ourdi par les démocrates vonckistes à<br />

Bruxelles et la mit aux arrêts à son domicile. Wolfgang d’Ursel, qui se trouvait à<br />

Vienne, s’adressa personnellement à Joseph II pour que son épouse soit blanchie<br />

de toute accusation. Flora d’Arenberg bénéficia de l’amnistie générale décrétée<br />

le 25 novembre 1789, mais elle n’en persista pas moins dans son opposition à la<br />

politique impériale.<br />

Les sympathies de Wolfgang d’Ursel pour les idées démocratiques lui valurent<br />

d’être incarcéré et détenu de mars à octobre 1790, sur ordre des Statistes qui<br />

régnaient en maîtres à Bruxelles, à ce moment. Dès sa libération, Wolfgang<br />

d’Ursel s’exila en France et ne revint qu’à la restauration autrichienne.<br />

Après la bataille de Fleurus, il émigra avec sa famille en Allemagne, mais regagna<br />

rapidement en Belgique et fut même choisi comme électeur par l’assemblée<br />

électorale primaire de Bruxelles en germinal an V.<br />

Charles d’Ursel vécut toutes ces années dans l’ombre de son père et ses débuts<br />

dans la vie publique datent du 4 prairial an VIII (24 mai 1800), quand il fut<br />

nommé membre du Conseil général du département de la Dyle, fonction qu’il<br />

refusa sans doute par attentisme politique.<br />

285


Sa nomination en 1805, comme maire de Hingene, où se trouvait le château<br />

familial, marque le début de sa collaboration avec le régime napoléonien. En<br />

1809, le préfet de la Dyle, Latour du Pin le convainquit d’accepter la mairie de<br />

Bruxelles et l’année suivante, le 16 décembre 1810, il fut créé comte de l’Empire.<br />

S’agissait-il d’un ralliement sincère ou de pure opportunité ?<br />

Lors de l’arrivée des troupes alliées à Bruxelles en 1814, il adopta une attitude<br />

de neutralité, qui fut prise pour de la francophilie et blâmée comme telle. Devant<br />

ces critiques, Charles d’Ursel démissionna de sa charge de maire. Les Alliés<br />

apprécièrent peu son attitude, ce qui lui valut l’arrestation et l’exil forcé en<br />

Allemagne (février-avril 1814).<br />

Bien que personnellement favorable au rétablissement du pouvoir autrichien,<br />

Charles d’Ursel accepta dès le 6 août 1814, les fonctions de Commissaire pour les<br />

Affaires intérieures des Pays-Bas méridionaux que lui confia le Prince Souverain,<br />

le futur roi Guillaume I er .<br />

Quand le royaume des Pays-Bas fut créé en 1815, d’Ursel fut choisi comme<br />

ministre du Waterstaat et des Travaux publics et lors de la suppression du ministère<br />

en 1819, il fut nommé Grand-Maître de la Maison de la Reine. Il n’abandonna<br />

pas pour autant la vie publique : élu membre des Etats provinciaux de la province<br />

d’Anvers en 1827, il présida au début de l’année 1829, une commission chargée<br />

de préparer une nouvelle loi sur l’enseignement secondaire. Le roi Guillaume I er<br />

l’en remercia en le faisant ministre d’Etat la même année.<br />

Lors des événements de 1830, Charles d’Ursel, que certains avaient cru pouvoir<br />

ranger parmi les opposants catholiques au gouvernement, montra une fidélité<br />

exemplaire au régime.<br />

Il participa aux négociations qui, le 30 septembre, précédèrent l’entrée à Bruxelles<br />

du prince d’Orange. D’initiative, il se rendit à La Haye pour soutenir le projet<br />

de séparation administrative entre les provinces méridionales et septentrionales<br />

du royaume et refusa de faire partie de la Commission de sûreté bruxelloise. Il<br />

fut aussi parmi ceux qui accompagnèrent le prince d’Orange à Anvers au début<br />

octobre, quand celui-ci tenta de sauver le royaume.<br />

Après son échec, Charles d’Ursel démissionna de ses fonctions de conseiller<br />

d’Etat et de Grand Maître de la Maison de la Reine, et rentra à Bruxelles, mais<br />

il refusa son élection au Congrès National, comme membre suppléant pour le<br />

district de Malines et de même, le siège de sénateur qui lui avait été proposé lors<br />

des élections de 1831. Trois ans plus tard, il fut à l’origine de la souscription pour<br />

le rachat des chevaux du prince d’Orange, ce qui lui valut le pillage de son hôtel<br />

au mois d’avril 1834.<br />

286


Il fallut attendre l’acceptation par Guillaume I er du Traité des XXIV articles pour<br />

que Charles d’Ursel se sentît délié de ses serments et participât à la politique<br />

belge.<br />

Il fut élu d’abord sénateur pour l’arrondissement d’Anvers sur la liste catholique<br />

(1839-1847), puis pour l’arrondissement de Malines comme candidat libéral<br />

(1847-1859).<br />

Cet homme de conviction et de fidélité hésitant entre les idées progressistes et<br />

une foi catholique profonde, « d’une dévotion âpre qui confine à l’idiotisme »,<br />

comme le décrivait en 1813, le directeur de la police à Anvers, Bellemare, fut<br />

intimement lié à la vie sociale de son époque. Membre de diverses sociétés<br />

littéraires ou d’agriculture, membre de l’Académie des Sciences, des Lettres et<br />

des Beaux-Arts de Belgique, il fut aussi vénérable d’honneur de la loge bruxelloise<br />

« L’Espérance » et membre honoraire d’une autre loge bruxelloise « La Paix et<br />

la Candeur », suivant ainsi une tradition familiale, puisque son père avait été<br />

vénérable maître de la loge des « Frères Réunis » à Tournai en 1783.<br />

Charles d’Ursel avait épousé à Paris, le 19 frimaire an XIII (10 décembre 1804),<br />

Louise-Victoire Ferrero-Fieschi, princesse de Masserano (Madrid 23 décembre<br />

1779-Bruxelles 18 janvier 1847) fille du prince Charles Ferrero-Fieschi, grand<br />

d’Espagne et d’Adélaïde de Béthune-Pologne. Le couple eut cinq enfants :<br />

Jean Charles-Marie-Léon (Hingene 12 vendémiaire an XIV- 14 octobre<br />

1805-Bruxelles 7 mars 1878), sénateur (1862-1878), bourgmestre d’Hingene<br />

(1860-1878) marié en premières noces à Paris, le 31 juillet 1832 avec Sophie<br />

d’Harcourt (Paris 4 février 1812-Bruxelles 31 mars 1842), puis le 6 octobre 1847,<br />

à Paris X e , avec sa sœur Henriette d’Harcourt (Paris 8 octobre 1828-Gissey-Côte<br />

d’Or-16 mai 1904) toutes deux filles du duc François d’Harcourt, pair de France<br />

et d’Aglaé Terray.<br />

• Marie-Augustine-Caroline (Hingene 21 juin 1807-Bruxelles 5 décembre<br />

1868) sans alliance.<br />

• Louis-Marie, dit Ludovic (Hingene 28 février 1809-Watermael-Boitsfort 13<br />

octobre 1886), membre de la Chambre des représentants (1857-1868), puis<br />

sénateur (1878-1886) marié à Bruxelles, le 5 octobre 1842 avec Marie-Louise-<br />

Eve Gueulluy de Rumigny (Stockolm 19 mars 1820- Bruxelles 5 mars 1872),<br />

fille du marquis Marie-Hippolyte Gueulluy de Rumigny, pair de France et de<br />

Caroline Mortier de Trévise.<br />

• Marie-Adrien-Conrard (Hingene 10 août 1813-Bruxelles 18 janvier 1854)<br />

sans alliance.<br />

• Marie-Auguste (Bruxelles 8 février 1815-Hingene 19 juin 1878) qui avait<br />

287


épousé à Paris VII e , le 15 mai 1860, Marie-Camille de Croix (Paris X e 17 mars<br />

1836-Bruxelles 27 juillet 1910), fille du comte Charles-Edmond de Croix et de<br />

Marie-Amélie de Tournon-Simiane.<br />

La fortune de Charles d’Ursel était considérable. Le rédacteur de l’état des<br />

plus riches propriétaires du département de la Dyle établi en 1812, constatait :<br />

« Il a acheté beaucoup de domaines nationaux en Belgique et dans l’ancienne<br />

France, il a par ce moyen, réparé une partie des pertes que lui a fait éprouver la<br />

Révolution ». A titre d’exemple, il payait en l’an IX, 9.349 francs d’impôts dans<br />

le seul département de la Dyle. Sa fortune, suivant la tradition aristocratique,<br />

était essentiellement immobilière : à son décès, il était propriétaire de près de<br />

3.700 hectares en terres, bois et fermes. En 1837, profitant d’une augmentation<br />

de capital de la Société générale, il souscrivit 152 actions et encore 87 l’année<br />

suivante. Avec ses 237 parts sociales représentant un investissement de 350.000<br />

francs, il put faire partie du collège des commissaires de la banque de 1842 à<br />

1853.<br />

Au total, l’actif brut de la succession s’élevait à 7.600.000 francs et après<br />

déduction des dettes à 4.900.000 d’actif net, ce qui en faisait un des hommes les<br />

plus riches de Belgique.<br />

A.N., F/1cIII/Dyle/1, F/1/e/ 11.5, F/7/7014 ; Etat présent de la Noblesse,<br />

Bruxelles, 2000, p. 3 ; Nationaal Biografisch Woordenboek, Bruxelles, 1990,<br />

t. XIII, col. 789-794, notice L. FRANCOIS ; L. FRANCOIS, Elite en Gezag,<br />

thèse de doctorat inédite de l’Université de Gand, 1987, t. III, p. 1017-106 ; E.<br />

HUYTTENS, Le Congrès National, Bruxelles, 1844, t. V, p. 391 ; Comte B.<br />

d’URSEL, « Les Schetz. La Maison de Grobbendonk & la Maison d’Ursel »,<br />

t. LIV et LV des Recueils de l’Office généalogique et héraldique de Belgique,<br />

Bruxelles, 2004, passim.<br />

VAN <strong>DE</strong>R BORGHT Jean-Guillaume (Bruxelles-Finistère-4 juin<br />

1749-Cortenberg 22 mai 1822)<br />

C’était le fils d’Albert Van der Borght et de Jeanne Lippens.<br />

A la fin de ses études, Guillaume Van der Borght fit son apprentissage en<br />

fréquentant plusieurs maisons de commerce, puis il s’installa à son compte,<br />

comme négociant en gros de denrées coloniales.<br />

En l’an IX, Guillaume Van der Borght fut soupçonné par la police générale<br />

d’importation de marchandises anglaises.<br />

Le maire de Bruxelles, Nicolas Rouppe*, fit personnellement l’enquête, peut-être<br />

avec indulgence, et que rien ne pouvait lui être reproché : « En faisant la visite<br />

de ses magasins, j’ai aperçu, il est vrai, des sucres, brats, des cafés, des tabacs,<br />

288


mais je me suis certiosé [sic] par la production des certificats authentiques que<br />

ces denrées coloniales provenaient du commerce hollandais et danois et que leur<br />

achat avait été directement fait dans les villes d’Amsterdam, Rotterdam, Embden,<br />

Hambourg et Altona. Ce négociant jouit à juste titre, depuis nombre d’années<br />

de la réputation la plus intacte, sa loyauté dans les affaires est généralement<br />

reconnue, la fraude lui a toujours été odieuse, les comptoirs de la douane se<br />

plaisent à lui rendre justice sur cet article ».<br />

L’activité de Guillaume Van der Borght était considérable à cette époque, car<br />

le maire signalait qu’au cours des onze premiers mois de l’an IX, il avait payé<br />

147.754 francs de droits de douane.<br />

En 1813, il semble s’être progressivement éloigné des affaires, car en décembre,<br />

il déclarait transférer son domicile à Lille, auprès d’une de ses filles. Pourtant, il<br />

était revenu à Bruxelles en 1815, puisque l’intendant du département de la Dyle<br />

proposait de le faire figurer sur la liste des notables appelés à ratifier le projet<br />

de Loi Fondamentale bien qu’il le considérât comme modérément, partisan du<br />

gouvernement français.<br />

En 1806, le préfet le classait en effet, parmi les personnes très attachées au régime<br />

impérial par leurs principes ou leur intérêt personnel. Pour lui, Guillaume Van der<br />

Borght s’était « … enrichi par son industrie, mais déjà riche avant la Révolution.<br />

Les négociants, en général ne sont pas ennemis du nouvel ordre des choses parce<br />

qu’ils peuvent y jouir d’une considération plus grande que dans l’Ancien Régime.<br />

Celui-ci cependant, y a montré plus d’attachement que beaucoup d’autres en<br />

achetant plusieurs fermes depuis quatre ou cinq ans, il jouit de la confiance et de<br />

l’estime publiques ».<br />

La carrière publique de Guillaume Van der Borght débuta le 24 fructidor an II (10<br />

septembre 1794) quand les représentants en mission près les armées du Nord et<br />

de Sambre-et-Meuse le désignèrent pour faire partie du magistrat de la ville de<br />

Bruxelles, en tant que conseiller des nations. Mais il ne fit plus partie du nouveau<br />

magistrat mis en place le 18 nivôse an III (7 janvier 1795) et n’eut plus aucune<br />

activité sous le Directoire.<br />

Il fallut attendre le Consulat pour qu’il retrouvât sa place au sein du Conseil<br />

municipal le 9 floréal an VIII (29 avril 1800), il y siégea jusqu’en février 1814.<br />

En octobre 1807, le préfet le proposait pour présider le canton électoral du canton<br />

d’Uccle, en reconnaissant ses mérites : « Van der Borght a rendu beaucoup de<br />

services par ses connaissance au sein du conseil municipal ».<br />

Il siégea comme juge au Tribunal de commerce de Bruxelles depuis le 2 e<br />

complémentaire an VII (20 septembre 1799) et ce pendant de nombreuse années.<br />

Il fut membre de la loge bruxelloise « les Vrais Amis de l’Union ».<br />

289


Guillaume Van der Borght avait épousé à Bruxelles (Saint-Nicolas) le 6 août 1776,<br />

Barbara Van den Branden (Bruxelles-Saint-Nicolas-16 septembre 1746-Uccle 25<br />

août 1806), fille de Jean-Philippe Van den Branden et de Thérèse Marchant.<br />

Le couple eut sept enfants :<br />

Thérèse-Joséphine (Bruxelles Saint-Géry-12 avril 1779-Lille 1811) épousa<br />

en premières noces, à Bruxelles, le 24 vendémiaire an XII (17 octobre 1803),<br />

Pierre-Théodore Lefèvre (Lille 14 octobre 1779-Lille ?) dont naquit un fils, puis<br />

en secondes noces, le 30 avril 1809, à Lille, François Briansiaux (Dunkerque<br />

28 septembre 1769-Lille 1825). Cet important négociant lillois était à la tête<br />

d’une maison de commerce en produits coloniaux, puis il étendit ses activités<br />

à l’assurance, au courtage, à l’armement maritime et à la banque. En 1810, sa<br />

fortune était estimée en capital à 600.000 francs et en revenus à 60.000 francs. Le<br />

couple eut deux filles.<br />

• Jean-Henri (Bruxelles-Saint-Géry-5 mai 1780-Bruxelles 14 novembre 1848)<br />

fut bourgmestre de Leeuw-Saint-Pierre en 1824. Il épousa en premières<br />

noces, à Bruxelles, le 14 thermidor an XI (2 août 1803), Anne-Elisabeth<br />

Sauvage (Petit-Rechain 21 mai 1781-Bruxelles 14 avril 1808), fille d’Aubin<br />

Sauvage et d’Elisabeth Delhez. Un frère de son épouse, Hubert-Joseph<br />

Sauvage, négociant et fabricant de draps était le beau-père d’un des fils de<br />

Daniel Hennessy*. Un beau-frère de la mariée, le négociant François-Laurent<br />

Rittweger-Sauvage fut adjoint au maire de Bruxelles (4 frimaire an IX-25<br />

novembre 1800-30 germinal an X-20 avril 1802), membre du Tribunal de<br />

commerce de la ville et directeur de la Société générale des Pays-Bas pour<br />

favoriser l’industrie nationale. Jean-Henri devenu veuf se remaria avec<br />

Caroline-Françoise Ottevaere (Deinze ca 1785- ? 3 novembre 1862).<br />

• Anne-Josèphe-Barbe (Bruxelles-Saint-Géry-6 mai 1781-?) épousa à Bruxelles,<br />

le 30 ventôse an VII (20 mars 1799) François-Joseph Duwelz (Bruxelles 28<br />

octobre 1770-Bruxelles 6 juin 1835) fils de Jacques-Joseph Duwelz et de<br />

Anne-Philippine Servanx. C’était un fabricant de voitures, veuf en premières<br />

noces de Julie Simons, fille de Jean Simons et nièce de Michel Simons, le<br />

célèbre carrossier. En 1808, François Duwelz sera arrêté en même temps que<br />

Léonard Vandevelde*, comme transporteur de marchandises prohibées. Lors<br />

de son décès en 1835, il était qualifié d’employé.<br />

• Barbe (Bruxelles-La Chapelle-21 mai 1783- Bruxelles 16 octobre 1865)<br />

épousa à Bruxelles, le 5 février 1836, Charles-Benoît-Alexandre De Rons<br />

(Bruxelles-Sainte-Gudule- 3 octobre 1777- Bruxelles 21 mai 1867), licencié<br />

en droit, avoué près le Tribunal de première instance de Bruxelles, membre de<br />

la loge bruxelloise « Les Amis Philanthropes ». C’était le fils de Jean-Baptiste-<br />

Joseph De Rons (Anvers ?-Bruxelles 10 juin 1816), avocat au Conseil de<br />

290


Brabant et de Benoîte-Séraphine Hannotiau. Il était veuf de Jeanne-Marie<br />

Segers. Ce mariage fut dissous par jugement du Tribunal de première instance<br />

de Bruxelles du 20 mars 1841, du chef d’abandon du domicile conjugal et<br />

d’injures, divorce prononcé par défaut, à charge de l’épouse.<br />

• Marie-Pauline (Bruxelles-La Chapelle- 6 juin 1784-Bruxelles 17 novembre<br />

1810) sans alliance.<br />

• Cécile (Bruxelles-La Chapelle-23 août 1785-Bruxelles 23 janvier 1847)<br />

épousa à Bruxelles, le 13 juillet 1809, Louis-Joseph Deman (Bruxelles 21<br />

mars 1774- = après 15 février 1847), fils de Marie-Josèphe Dumont et de<br />

Jean-Baptiste Deman, commissionnaire, puis directeur de salle de ventes.<br />

• Auguste-Nicolas (Bruxelles-La Chapelle-22 juillet 1786- Paris 9 décembre<br />

1855) négociant à Paris dès 1813.<br />

La réussite de Guillaume Van der Borght s’afficha dès avant les années de la<br />

Révolution. En effet, lors de la levée de l’emprunt forcé de l’an IV, il était déjà<br />

taxé dans la 15 e classe, ce qui lui supposait des revenus de l’ordre de 11.000<br />

florins de Brabant et en messidor an XI (juillet 1803), il figurait au 5 e rang des<br />

cent plus imposés de la ville de Bruxelles. En 1806, le préfet estimait ses revenus<br />

à 60.000 francs.<br />

Il avait hérité d’une maison au Marché de La Chapelle qui fut vendue par ses<br />

enfants 6.000 florins des Pays-Bas. Il avait acquis le 17 mai 1781, une grande<br />

maison avec jardin rue du Chêne, qui fut revendue 56.500 florins le 27 juillet 1824.<br />

Il possédait en outre, deux autres maisons rue du Chêne, achetées respectivement<br />

le 2 avril 1792 et le 1 er août 1794, qui furent cédées par ses héritiers aux prix de<br />

14.300 florins et 26.000 florins. Ceux-ci vendirent également le 26 avril 1825,<br />

une ferme à Huldenberg, pour 52.000 florins.<br />

De plus, en dehors de ces biens, l’ensemble de ses propriétés fut évalué en 1824,<br />

à 96.673 florins. Sous l’Empire, Guillaume Van Der Borght avait acquis 174<br />

hectares de domaines nationaux, dont une ferme de 75 hectares à Cortenberg<br />

(1798) et une autre de 86 hectares à Tervuren (1808).<br />

A.N., F/1bII/Dyle/5 ; A.G.R. Préfecture, p° 1747, Administration centrale du<br />

département de la Dyle, n° 1341, Notariat de Brabant, n° 16510, acte du 19<br />

décembre 1824 du notaire Sacassain ; Archives de la Ville de Bruxelles, Liste<br />

pour la formation des Gardes d’honneur 1813.<br />

291


VAN<strong>DE</strong>VEL<strong>DE</strong> Léonard (Bruxelles-Saint-Géry- 21 mars 1762-Bruxelles 8<br />

août 1811).<br />

Son père, Jean Vandevelde, fils de Josse Vandevelde et de Anne Limbosch, était<br />

né dans une famille d’agriculteurs de Woluwe-Saint-Etienne. Il avait épousé à<br />

Bruxelles (Saint-Nicolas), le 7 janvier 1761, Thérèse Deleeuw (Bruxelles-Saint-<br />

Nicolas-10 février 1735- ?). Le couple avait eu deux enfants, Léonard et Catherine<br />

(Bruxelles-Saint-Nicolas-6 janvier 1764-?). Celle-ci épousa en premières noces,<br />

en 1789, Jean-Henri Ropoll, originaire de Vierden en Gueldre hollandaise,<br />

diocèse de Ruremonde, mort à Jette le 7 avril 1817. A cette occasion, elle reçut<br />

de sa mère une dot de 8.000 florins et une rente annuelle de 1.000 florins. Jean-<br />

Henri Ropoll, qui était médecin chirurgien, fut reçu bourgeois de Bruxelles le<br />

30 mai 1795. Il jouissait de 15.000 francs de revenus en 1813 et fut le tuteur<br />

des enfants de Léonard Vandevelde après son décès. Catherine Vandevelde se<br />

remaria à Bruxelles, le 18 février 1818, avec un négociant, Léopold Van den<br />

Stichel (Bruxelles 16 novembre 1769- ?).<br />

Jean Vandevelde fut un commerçant avisé et prospère. Après son décès, sa veuve,<br />

Thérèse Deleeuw, continua son commerce de toiles, batistes, gazes, mousselines,<br />

mouchoirs, serviettes damassées etc…qu’elle céda à son fils en décembre 1788, à<br />

charge d’une rente viagère de 4 % et du paiement après sa mort, d’une somme de<br />

35.000 florins (244.887 francs) à sa soeur Catherine. Cette dette fut remboursée<br />

à concurrence de 170.000 francs en 1821. A l’époque de la cession du fonds<br />

de commerce, les stocks furent estimés à 110.000 florins soit environ 770.000<br />

francs.<br />

Léonard Vandevelde géra ses affaires avec efficacité et bonheur, poursuivant<br />

l’activité familiale d’importation et de commerce en gros de toiles diverses.<br />

Le préfet notait à son propos en 1806 : « Avant la Révolution, il était déjà bon<br />

négociant. Des marchands en détail vinrent lui payer leurs dettes en assignats,<br />

pour en tirer parti, il chercha à spéculer sur la hausse et la baisse. Il avait des<br />

courriers pour l’instruire des cours de Paris et d’Amsterdam et par ce moyen, il<br />

a gagné énormément. Il est riche surtout en numéraire ».<br />

La volonté de Napoléon de combattre l’Angleterre sur le terrain économique en<br />

asphyxiant ses exportations sur le continent, créa des tensions de plus en plus<br />

grandes dans l’empire français, dans la mesure où la lutte contre l’importation<br />

des marchandises d’origine anglaise se renforça au fil des années.<br />

292


Si l’industrie bénéficiant d’un marché protégé, en tira profit au moins jusqu’à<br />

la crise économique de 1811, le grand commerce, qui était encore le principal<br />

moteur de l’activité économique, souffrit énormément de ces contraintes, car<br />

l’approvisionnement en matières premières et en marchandises, qui n’étaient pas<br />

produites dans l’empire français, devint presque impossible. C’était le cas de<br />

la plupart des produits à base de coton. Pour pallier ces difficultés, il n’y avait<br />

qu’une possibilité : la fraude douanière.<br />

Au nord de l’Europe jusque en 1810, les marchandises prohibées étaient<br />

généralement importées en Hollande, par des navires arborant pavillon neutre,<br />

puis introduites à l’intérieur des frontières françaises, moyennant commissions<br />

appelées « assurances » par des transporteurs spécialisés dans ce genre de trafic.<br />

Bon gré, mal gré, les négociants étaient contraints de recourir à ces pratiques<br />

pour pérenniser leurs activités.<br />

Ce fut le cas de Léonard Vandevelde qui s’en justifia plus tard : « Je n’ai jamais<br />

fait la fraude, ni moi, ni les miens. J’ai eu quelques fois à faire à des assureurs.<br />

Il le fallait bien puisque mes confrères faisaient ainsi. Sans cela je n’aurais pu<br />

vendre une aune de toile, je n’avais pas le choix de faire autrement. Toutes les<br />

fois que je l’ai pu, j’ai bien régulièrement payé les droits. Personne n’a plus payé<br />

que moi à la douane ».<br />

La prospérité de ses affaires suscitait les jalousies et faisait naître les soupçons.<br />

Déjà en l’an XII, le ministre de la Police chargea le préfet du département de la<br />

Dyle d’enquêter sur ses activités commerciales, mais le haut fonctionnaire le<br />

rassura : « Je n’oserais affirmer que le sieur Vandevelde n’ait cherché à augmenter<br />

son immense fortune par ces sortes de spéculations…Mais tout porte à croire que<br />

s’il n’y est pas tout à fait étranger, la crainte de se compromettre l’a du moins<br />

déterminé à y renoncer absolument ». (23 vendémiaire an XIII-16 octobre 1803).<br />

L’opinion du préfet fut confirmée par son collègue du département des Deux-<br />

Nèthes qui affirma que le nom de Léonard Vandevelde ne lui était pas connu<br />

comme celui d’un fraudeur. Mais une correspondance compromettante fut saisie<br />

sur un navire anglais, à son arrivée à Rotterdam, ce qui amena Fouché à ordonner<br />

« de faire continuer la surveillance la plus exacte sur la maison Vandevelde » (13<br />

brumaire an XIII-4 novembre 1804), mais sans résultat.<br />

Il fallut attendre quatre années encore, pour qu’un négociant impliqué dans la<br />

contrebande, dénonçât Léonard Vandevelde, dans l’espoir de toucher la prime<br />

équivalente au tiers de la valeur des marchandises saisies.<br />

Le 11 mars 1808, une équipe de policiers venue de Paris, perquisitionna les<br />

bureaux et entreprôts de Vandevelde qui fut arrêté, transféré à la prison du Temple<br />

et maintenu au secret pendant un mois. Finalement, le 20 mai 1808, il fut libéré<br />

avec interdiction de quitter Paris. Mais la moisson des enquêteurs ne correspondit<br />

pas à leur attente. Le ministre Fouché dut en convenir : « Si ces contrebandiers<br />

293


étaient traduits devant les tribunaux, les preuves et aveux réunis contre eux ne<br />

suffiraient pas à les faire condamner parce que 1° beaucoup des délits aujourd’hui<br />

démontrés sont prescrits 2° parce que la marchandise fraudée n’est pas saisie 3°<br />

parce que le procès-verbal voulu par la loi n’existe pas. D’ailleurs, il ne serait<br />

pas impossible qu’un homme riche de plusieurs millions trouvât le moyen de se<br />

faire déclarer innocent par les tribunaux d’un pays où la fraude n’est considérée<br />

que comme une spéculation commerciale un peu hasardeuse ».<br />

Le ministre proposa donc la création d’une commission particulière pour établir<br />

l’étendue des délits et faire des propositions à l’Empereur sur le châtiment qui<br />

devait être infligé au coupable.<br />

La commission entendit Léonard Vandevelde et son défenseur. Comme le<br />

ministre de la Police, elle constata que devant les tribunaux ordinaires, Léonard<br />

Vandevelde ne serait passible d’aucune amende, vu l’absence de procès-verbaux<br />

de saisie, mais elle estima qu’il fallait néanmoins décourager les fraudeurs,<br />

en lui infligeant une amende. Elle évalua cele-ci dans une fourchette allant de<br />

527.044 francs, montant des droits éludés, à 2.633.665 francs, contre-valeur de<br />

la totalité des marchandises introduites sans paiement des droits de douane. Mais<br />

la commission suggérait une forte réduction de ce chiffre en tenant compte de<br />

l’ancienneté de la plupart des faits, car Léonard Vandevelde avait renoncé, dans<br />

une large mesure, à ces importations suspectes depuis 1803.<br />

Soucieux de faire un exemple, Napoléon le condamna néanmoins, à l’amende<br />

maximum, par décret impérial du 18 septembre 1808, ce qui était une illégalité<br />

flagrante, vu que les exigences légales pour fonder les poursuites n’étaient pas<br />

réunies.<br />

Pour obtenir la levée de son assignation de résidence à Paris, Léonard Vandevelde<br />

offrit une hypothèque sur tous ses biens. Le 24 octobre 1808, sa proposition fut<br />

agréée et il put revenir à Bruxelles. Dès lors, sa préoccupation majeure fut d’obtenir<br />

des délais de paiement, pour sauver du naufrage sa fortune et ses affaires. Lors<br />

de son décès, le 8 août 1811, il avait déjà versé 900.000 francs sur le montant de<br />

l’amende. La chute de l’Empire deux ans plus tard, permit à la famille d’arrêter<br />

les paiements et de préserver une bonne partie de son patrimoine.<br />

Pourtant, avant les événements, le préfet considérait Léonard Vandevelde comme<br />

un négociant distingué jouissant de la confiance générale.<br />

Il avait été élu juge suppléant au Tribunal de commerce de Bruxelles, dès sa<br />

création en l’an VII, et devint juge effectif le 18 pluviôse an IX (8 février 1801).<br />

Il fut constamment réélu au fil des années, même en 1810, malgré ses problèmes<br />

judiciaires qui peut-être, lui valaient l’indulgence de ses pairs. Il refusa d’ailleurs<br />

ce nouveau mandat.<br />

294


Il avait été nommé adjoint au maire de Bruxelles le 4 frimaire an IX (25 novembre<br />

1800), mais avait démissionné en l’an XI. Il faisait partie de la Société littéraire<br />

de Bruxelles et fut membre de la loge « Les Amis Philanthropes ».<br />

Léonard Vandevelde avait épousé à Bruxelles (Saint-Nicolas), le 2 novembre<br />

1788, Jeanne-Catherine Droeshoudt (Bruxelles-Saint-Nicolas-24 novembre<br />

1765-Bruxelles 21 mai 1820), fille de Pierre-François Droeshoudt et de Jeanne-<br />

Catherine Devadder.<br />

Deux cousines de sa femme, Claire et Jeanne Droeshoudt, étaient des femmes<br />

d’affaires qui dès l’an VI, avaient créé une indiennerie à Bruxelles. Celleci<br />

employait 225 ouvriers en 1803, mais cette prospérité fut de courte durée<br />

puisqu’en 1808, la fabrique n’emplyait plus que trente personnes et la crise de<br />

1811 lui fut fatale.<br />

Claire Droeshoudt avait également créé une entreprise de tissage à Basse-Wavre,<br />

dans l’ancien prieuré. Elle y employait outre quelques ouvriers et 180 enfants<br />

indigents sous la direction d’un contremaître écossais. Des grèves répétées en<br />

juillet 1810 et en décembre 1812 pour obtenir des augmentations de salaires<br />

entraînèrent la fermeture de l’entreprise, dont le personnel fut débauché par un<br />

concurrent qui s’était établi au couvent des Récollets à Wavre.<br />

Lors de son mariage, Léonard Vandevelde reçut de sa mère, une dot de 8.000<br />

florins.<br />

Le couple eut quatre enfants :<br />

Théodore-Nicolas-Léonard (Bruxelles ca 1791-Bruxelles novembre 1844),<br />

négociant qui épousa AdélaÏde-Albertine-Iris Colins de Ham (Enghien 14 février<br />

1792-Schaerbeek 7 janvier 1871) fille du comte François Colins de Ham* et<br />

d’Anne Parmentier.<br />

• Nicolas-Charles-Henri (Bruxelles-Sainte-Gudule-26 avril 1793-Paris 7<br />

janvier 1847), négociant, sans alliance.<br />

• Jeanne-Catherine-Victoire dite Jenny (Bruxelles-Sainte-Gudule-31 mars<br />

1796-Saint-Josse -ten-Noode 25 janvier 1847), qui épousa à Bruxelles le 31<br />

mai 1813, Edouard Parthon (Nantes 1 er avril 1788-Saint-Gilles 25 février<br />

1877), fils de François Parthon et d’Andrée-Marguerite-Jeanne Thoinet. A<br />

l’époque de son mariage, Edouard Parthon habitait à Paris, chez ses parents,<br />

et figurait avec ses frères, comme associé dans la maison de commerce et de<br />

banque Parthon, qui se livrait aussi à l’armement de navires sous licence. Plus<br />

tard, il fut vice-consul de France à Ostende.<br />

• Edouard-Jean-Joseph (Bruxelles 23 frimaire an VII-13 décembre 1798-Saint-<br />

295


Josse-ten-Noode 12 novembre 1844), qui épousa à Saint-Josse-ten-Noode,<br />

le 6 février 1834, Anne-Henriette-Thérèse de Neck (Bruxelles 27 mars<br />

1808-Saint-Josse-ten-Noode 16 février 1869) fille de Paul-Antoine de Neck,<br />

rentier et de Thérèse-Théodore Kneuppel. Edouard Vandevelde fut éligible<br />

au Sénat de 1839 à sa mort, en payant 2.239 francs d’impôt foncier dans<br />

l’arrondissement de Bruxelles.<br />

Léonard Vandevelde était un homme très riche. En 1795, il habitait rue des<br />

Dominicains à Bruxelles (section 5, n° 715) et avait alors à son service, un<br />

commis négociant, une fille de boutique, une garde d’enfant, une cuisinière et<br />

deux domestiques.<br />

En 1797, ses livres faisaient apparaître une balance positive de 3.500.000 de<br />

francs et au 31 décembre 1806, sa fortune était estimée à six millions. La rumeur<br />

publique lui prêtait d’ailleurs une fortune encore plus colossale se serait élevée<br />

à 28 millions de francs. Au fil des années, il avait accumulé un très important<br />

patrimoine immobilier constitué d’une belle maison à Bruxelles, achetée comme<br />

bien national d’une valeur locative de 2.400 francs, et de nombreuses fermes<br />

importantes un peu partout dans les départements réunis.<br />

Malgré les ventes auxquelles il avait déjà dû procéder en urgence, ses propriétés<br />

au moment de son décès, s’étendaient encore sur plus de 960 hectares et tout<br />

permet de supposer que ce chiffre était inférieur à la réalité, car les actes notariaux<br />

montrent l’existence d’autres biens et notamment, dans l’inventaire dressé par le<br />

conseil de famille, ne figuraient pas le château et les 298 hectares de terres à<br />

Limal, acquis par Léonard Vandevelde le 7 janvier 1807. Une partie de ces biens<br />

fut revendue par sa veuve le 3 mai 1817, à Joseph van der Linden d’Hooghvorst*<br />

pour 435.000 francs.<br />

A.N., AF/IV/1302, BB/7/29 1 , F/7/6444, F/7/8027, F/7/6446, F/7/2028, F/7/727 ;<br />

A.G.R., Notariat du Brabant, n° 18.889, acte du 6 décembre 1788 du notaire<br />

Morren, contrat de mariage de Léonard Vandevelde, n° 18.990, acte du 21 avril<br />

1789 du même notaire, n° 31.672, acte du 19 novembre 1811 du notaire Van<br />

Bevere ; Ch. <strong>DE</strong> VOS, « Limal, heurs et malheurs du château » in Wavriensia, t.<br />

XIX, 1970, n° 3, p. 83 ; M.-R. THIE<strong>LE</strong>MANS, « Le démarrage indusriel dans<br />

l’agglomération bruxelloise avant 1830 », in Bulletin du Crédit Communal, n°<br />

149, juillet 1984, p. 155.<br />

VANDORMAEL Nicolas-Joseph (Bossut 29 juillet 1748-Bruxelles 28 février<br />

1813).<br />

Nicolas Vandormael était issu d’une famille de ces maîtres laboureurs, qui<br />

exploitaient les grandes fermes du Brabant pour le compte des abbayes ou des<br />

seigneurs.<br />

296


Son père, Martin-Joseph Vandormael (Beauvechain 29 décembre 1689-Bossut<br />

28 juin 1780) était locataire de l’abbaye d’Aulne pour l’importante ferme de<br />

Beausart à Bossut-Gottechain près de Wavre.<br />

Il avait épousé en premières noces, le 21 novembre 1719, Catherine-Barbe Wirix<br />

(Bossut 21 décembre 1684-Bossut 28 février 1732), dont les parents occupaient<br />

déjà la ferme de Beausart. Le frère de son épouse, Libert Wirix, après de brillantes<br />

études à l’Université de Louvain, devint régent de la faculté de droit. Le couple<br />

n’eut pas d’enfant.<br />

Martin Vandormael se remaria le 27 juin 1732, à Melin, avec Anne-Marie Maisin<br />

(Melin 1 er janvier 1713-Bossut 3 janvier 1788). Le couple eut sept enfants.<br />

Leur fille aînée, Anne-Marie-Josèphe (Bossut 15 avril 1733-Louvain 1 er octobre<br />

1825) qui épousa le 22 décembre 1752, le nivellois Jean-Remy Jacquelart,<br />

professeur à l’Université de Louvain et médecin général de l’archiduchesse<br />

Marie-Christine et d’Albert de Saxe-Teschen, gouverneurs généraux des Pays-<br />

Bas autrichiens.<br />

Parmi leurs cinq fils : Pierre-Joseph (Bossut 22 août 1738-Longueville 15 janvier<br />

1801) devint curé à Longueville, village voisin de son lieu de naissance.<br />

Deux autres Grégoire-Joseph (Bossut 5 novembre 1743-Bossut 5 juin 1807) et<br />

Nicolas travaillèrent à la ferme de Beausart et en reprirent le bail à la mort de leur<br />

père.<br />

En 1788, Nicolas Vandormael se sépara de son frère qui resta à Beausart, car il<br />

obtint le bail de la ferme de Bilande à Wavre, appartenant à l’abbaye d’Afflighem.<br />

Il s’agissait d’un important domaine qui comptait près de 163 hectares en 1787.<br />

En 1796, il avait à son service quatre domestiques, un berger et trois servantes.<br />

Quand la ferme fut mise en vente comme bien national, elle fut adjugée le 3<br />

floréal an V (22 avril 1797) à un ancien carme d’un couvent de Wavre, pour<br />

323.000 livres qui furent payées en bons de religieux et en rescriptions de la dette<br />

publique. Nicolas Vandormael la lui racheta trois semaines plus tard, pour 88.000<br />

florins dont 76.000 furent payés comptant et le reste constitué par trois rentes<br />

viagères se montant à 1.200 florins au bénéfice d’anciens carmes de la Maison<br />

de Wavre.<br />

Ce fermier, comme son frère, Grégoire-Joseph, qui acheta la ferme de Beausart le<br />

26 messidor an VI (14 juillet 1798), bravaient ainsi les interdits, dont une partie<br />

de l’opinion frappait les acheteurs de biens nationaux. Ils donnèrent une nouvelle<br />

preuve de leur soutien au nouveau régime, en se faisant désigner comme électeurs<br />

par les assemblées primaires en germinal an V, Nicolas dans le canton de Wavre<br />

et Grégoire-Joseph dans le canton de Grez.<br />

297


Lors de la mise en place des institutions consulaires, Nicolas Vandormael fut<br />

nommé membre du Conseil d’arrondissement de Nivelles, le 4 prairial an VIII<br />

(24 mai 1800).<br />

Vandormael était tenu en haute estime par l’autorité préfectorale. Il avait été repris<br />

sur la liste nationale du département en l’an XII et suscitait des commentaires<br />

élogieux : « Riche fermier, le premier du pays qui ait acheté sa ferme devenue<br />

nationale ; plus instruit que les campagnards en général, il est distingué par ses<br />

connaissances et la droiture de son esprit. Fort considéré dans son arrondissement,<br />

il a donné une nouvelle preuve d’attachement à la République en mariant sa<br />

famille à un fonctionnaire public de l’ancienne France ».<br />

Nicolas Vandormael fut présenté comme candidat au Conseil général du<br />

département en l’an XIII, le préfet insista en faveur de sa nomination en ces<br />

termes : « Fort riche, fort estimé, ayant acquis des domaines nationaux, instruit,<br />

méritant d’être choisi par l’influence qu’il peut avoir sur l’esprit public comme<br />

acquéreur et propriétaire de biens nationaux ».<br />

Il fut nommé le 4 avril 1806, et siégea jusqu’à son décès.<br />

Le 7 février 1806, Nicolas Vandormel avait donné en location la ferme de Bilande<br />

avec 133 hectares de terres, tout en se réservant l’occupation d’une partie du<br />

corps de logis et des bâtiments, et transféra son domicile à Bruxelles, rue de la<br />

Pépinière, où il mourut en 1813.<br />

Nicolas Vandormael avait épousé le 22 juillet 1777, à Tourinnes-Beauvechain,<br />

Constance-Eléonore-Joseph Maisin (Melin 12 septembre 1753-Grez 1 er avril<br />

1846).<br />

Son père Jacques-Joseph Maisin (Melin 9 avril 1708-Melin 2 février 1784)<br />

fut pendant 22 ans, greffier de la seigneurie de Melin. Sa mère était également<br />

issue du milieu des riches fermiers, car Marie-Françoise Bauwens (Tourinnes 13<br />

décembre 1721-Tourinnes 21 janvier 1793) était la fille d’un opulent propriétaire,<br />

Jean-Charles Bauwens. Celui-ci possédait des biens très importants à Tourinnes :<br />

la ferme de Gérardmont avec brasserie, forge, 100 bonniers de terres et 10<br />

bonniers de prairies ; la ferme dite de Berkel, le moulin à huile du village, et<br />

encore 133 bonniers de terres, prairies, bois, étangs.<br />

Par ce mariage, Nicolas Vandormael devenait le beau-frère de Jean-Charles<br />

Pierret (11 juin 1742-1 er juin 1809), le fermier de la cense d’Emellemont sous<br />

Thorembais-les-Béguines, membre du Conseil d’arrondissement de Nivelles, qui<br />

avait épousé Anne-Marie-Joseph Maisin, sœur aînée de son épouse.<br />

De ce fait, il devenait aussi le cousin par alliance, du conseiller d’Etat de robe et<br />

président de la Chambre des comptes, François-Anselme de Külberg, qui avait<br />

298


épousé en secondes noces, Marie-Henriette-Albertine de l’Escaille, fille de la<br />

tante de sa femme, Marie-Catherine Maisin et de Henri de l’Escaille, conseiller<br />

des finances.<br />

François de Külberg intervint d’ailleurs auprès du prévôt de l’abbaye d’Afflighem<br />

en faveur de Nicolas Vandormael, pour qu’il obtînt le bail de la ferme de Bilande.<br />

De son mariage avec Constance-Eléonore Maisin, Nicolas Vandormael eut douze<br />

enfants, dont trois moururent en bas âge. Aucun fermier parmi eux, aucune<br />

alliance avec le monde rural, les fils entrèrent dans l’administration, les filles<br />

épousèrent qui un médecin, qui un notaire, qui un fonctionnaire.<br />

Nicolas-Joseph (Wavre 22 avril 1778- ?) percepteur des contributions directes<br />

à Wavre sous l’Empire, et que l’on retrouve en 1828, comme commis de 3 e<br />

classe dans l’administration des accises, en poste à Echternach (Grand Duché de<br />

Luxembourg). Il épousa à Wavre, le 11 juin 1807, Barbe-Thérèse Pettens (Wavre<br />

4 février 1789-Bruxelles 18 novembre 1861), fille de Pierre-Joseph Pettens,<br />

commerçant à Wavre et de Marie-Thérèse Godefroid. C’était un beau parti, car à<br />

son décès, Barbe Pettens laissa une succession s’élevant à 233.878 francs.<br />

• Anne-Josèphe-Constance (Wavre 12 mai 1779-= après 1841) qui épousa à<br />

Wavre, le 30 prairial an IX (19 juin 1801), Ange-Benoît Lesoing (Arras-Pasde-Calais-3<br />

septembre 1776- Arras après 1841), fils de Ange-Alexis Lesoing<br />

et de Constance-Josèphe Flahault. C’est à lui que faisait allusion le préfet en<br />

voyant dans ce mariage, un signe de ralliement à la présence française. Ce jeune<br />

homme de loi était arrivé à Bruxelles en 1794, où il devint d’abord receveur<br />

du Timbre. En 1810, il était receveur de l’Enregistrement et des Domaines à<br />

Wavre, puis il occupa les fonctions de receveur de l’Enregistrement des actes<br />

judiciaires à Anvers en 1814. Il retourna ensuite avec son épouse à Arras, où<br />

il était vérificateur de l’Enregistrement et des Domaines en 1828. Lors de son<br />

séjour en Belgique, sous le Consulat et l’Empire, il avait acheté 42 hectares<br />

de biens nationaux pour 33.500 francs. Il avait été initié à la loge bruxelloise<br />

« L’Espérance » en 1807.<br />

• Marie-Albertine (Wavre 17 juin 1780-Bruxelles 24 janvier 1845), qui épousa<br />

le 13 septembre 1804, à Wavre, Pierre-Joseph Van Bevere (Bruxelles-<br />

Saint-Nicolas-31 juillet 1775- ?) notaire à Bruxelles de 1801 à 1842, fils de<br />

Guillaume-Joseph Van Bevere (Bruxelles-Sainte-Gudule-8 juillet 1747- ?) et<br />

de Elisabeth-Jeanne Depaep. Pierre-Joseph Van Bevere fut initié à la loge<br />

« L’Espérance » en 1807.<br />

• Henriette-Josèphe (Wavre 30 décembre 1782-Grez 6 mars 1851), qui épousa<br />

à Overyse le 14 septembre 1808, Maximilien-Joseph Baugniet (Jauche 5<br />

octobre 1780-Grez 25 janvier 1839) médecin, bourgmestre de Grez en 1828,<br />

fils de Jean-Pierre-Joseph Baugniet et de Marie-Françoise Gauthier.<br />

299


• Eléonore-Françoise (Wavre 22.01.1784- = avant 1828) qui épousa à<br />

Bruxelles le 7 février 1810, Ignace-Joseph Fortamps (Braine-l’Alleud 1786-<br />

?) à l’époque, commis de négociant. C’était le fils de Jean-Joseph Fortamps<br />

(Braine-l’Alleud 31 août 1738-Braine-l’Alleud- ?), notaire à Braine-l’Alleud<br />

(1761-1794) et de Magdelaine-Frédérique-Françoise Cravau. En 1828,<br />

Ignace Fortamps, devenu veuf, était receveur des contributions directes à<br />

Vaals (province du Limbourg).<br />

Un des frères d’Ignace Fortamps, Etienne-Charles (Braine-l’Alleud 1 er octobre<br />

1776-Bruxelles 22 septembre 1848) négociant à Bruxelles, fut en 1832-1833,<br />

député sur la liste catholique de l’arrondissement de Nivelles. Il avait été initié à<br />

la loge « L’Espérance » en 1816.<br />

Catherine-Justine-Josèphe (Wavre 20 mai 1785-Grez 9 janvier 1842), qui épousa<br />

le 21 juillet 1819, à Bruxelles, Josse (ou Judocus) Vanderstraeten (Bruxelles 22<br />

février 1794- ?), fils de Gilles Vanderstraeten, épicier originaire d’Anderlecht<br />

et de Pétronille-Adrienne Lindemans originaire de Pamel. A l’époque de son<br />

mariage, il était employé à la Secrétairie d’Etat et en 1828, il travaillait au service<br />

des Accises à Louvain.<br />

• Marie-Thérèse (Wavre 6 novembre 1786-Schaerbeek 24 décembre 1868),<br />

sans alliance.<br />

• Bernard-Constant (Wavre 8 octobre 1791-Grez 29 décembre 1853), qui fut<br />

percepteur des contributions directes à Grez, en 1814, sans alliance.<br />

• Constance-Thérèse (Wavre 3 janvier 1793-Grez 7 avril 1868), sans alliance.<br />

Quand Nicolas Vandormael se retira à Bruxelles, sa situation financière était<br />

prospère : la location de la ferme de Bilande lui assurait un revenu de 7.256<br />

francs, celle de la ferme de Berkel à Beauvechain, qu’il avait acquise en 1793,<br />

lui rapportait 1.574 francs, soit au total 8.830 francs, ce qui était supérieur à<br />

l’évaluation de ses revenus estimés à 6.000 francs par le préfet en l’an XIII.<br />

Pourtant, sans qu’on n’en connaisse la raison, Nicolas Vandormael commença<br />

à s’endetter, il emprunta 8.000 francs en 1808 et 8.771 francs en 1809. Ses<br />

difficultés financières l’amenèrent à vendre la ferme de Bilande le 31 mai 1810, à<br />

un banquier anversois Jean-François Biard, pour 108.843 francs, soit l’équivalent<br />

de 60.000 florins, c’était une mauvaise affaire puisqu’il l’avait acquise pour<br />

76.000 florins treize ans auparavant. A son décès, il restait propriétaire de la<br />

ferme de Berkel, qui sera vendue en 1828 et de quelques terres, que sa veuve<br />

donnera en location.<br />

A.N., F/1cIII/Dyle/1, F/1bII/Dyle/2, AF/IV/1062 ; A.G.R., Notariat du Brabant,<br />

n° 18.674, acte du 7 février 1806 du notaire Hallaux, n° 18.883, acte du 25 floréal<br />

an V du notaire Mattagne, n° 31.475, acte du 27 septembre 1828 du notaire<br />

300


Lamarre, n° 31.973, acte du 31 mai 1810 du notaire Decorte ; Archives de la<br />

ville de Bruxelles, Recensement de 1812 ; J. MARTIN, « Wavre, la ferme et le<br />

domaine de Bilande », Wavriensia, t. XIX, 1970, n° 4, p. 85-100 ; J. MARTIN,<br />

« Bossut-Gottechain, la ferme de Beausart », Wavriensia, t. XXIII, 1974, n° 3,<br />

p. 51-74 ; P. MINET, Extrait de la généalogie de la famille Minet du Brabant et<br />

de ses alliances, branche de Bruxelles, Embourg, 1966 ; H. de PINCHART, Note<br />

généalogique pour servir à l’histoire de la famille Vandormael, Bruxelles 1964.<br />

VAN GOBBESLSCHROY, Michel-Joseph (Louvain-Saint-Pierre-30 mars<br />

1745-Bruxelles 11 mars 1825).<br />

C’était l’aîné et le seul fils des quatre enfants issus du mariage à Louvain, le 16<br />

mai 1744, de Nicolas-Joseph Van Gobbelschroy avec Thérèse Van Langendonck.<br />

Après avoir fait ses études au collège de la Sainte-Trinité, où il fut premier de la<br />

classe de rhétorique en 1763, il poursuivit ses études à l’Université de Louvain.<br />

Bachelier en droit civil et en doit canon, il remplit avec succès les fonctions de<br />

Fisc et de Doyen de la Société des Bacheliers. Licencié en droit civil et canon, le<br />

13 juin 1770, il fut nommé professeur royal des Institutes le 7 septembre 1775, sur<br />

recommandation du président du Conseil privé de Patrice de Nény, commissaire<br />

royal auprès de l’Université de Louvain, qui faisait remarquer qu’il manifestait<br />

« …de très bons sentiments sur les droits de la puissance temporelle ».<br />

Le 16 juillet 1776, il fut reçu docteur en droit civil et canon et fut élu recteur de<br />

l’Université le 31 août 1781.<br />

A cette époque, deux avis discordant sont formulés à son égard. Le ministre<br />

plénipotentiaire, le comte de Barbiano de Belgiojoso écrivait un rapport sur la<br />

réforme des études à l’Université de Louvain : « Le docteur Van Gobbelschroy a de<br />

l’esprit, bon jugement et assez bonne mémoire, mais est paresseux, n’étudie pas,<br />

n’est pas fort éloquent ; il est sans éducation…on pourrait en faire un professeur<br />

secondaire ». En revanche, le conseiller Jacques Le Clerc, dans un autre projet<br />

de réforme, proposait d’attribuer à Joseph Van Gobbelschroy les cours de droit<br />

public et jugeait que « …le docteur Van Gobbelschroy, qui est dans toute la force<br />

de l’âge, a du talent assez pour s’appliquer avec fruit à ces parties et en donner<br />

une bonne leçon ».<br />

En 1788, il figura parmi les professeurs qui refusèrent de reconnaître le nouveau<br />

recteur nommé par le gouvernement. Promu professeur primaire de droit canon<br />

le 31 décembre 1793, il compta en 1794, parmi les professeurs emmenés comme<br />

otages à Péronne, jusqu’au complet paiement de la contribution d’un million de<br />

livres imposée à l’Université. Après la suppression de celle-ci en 1797, Joseph<br />

Van Gobbelschroy s’établit à Bruxelles.<br />

301


Le 25 janvier 1806, il devint directeur de l’Ecole de droit, où il reprit la chaire<br />

de droit romain, qu’il enseigna jusqu’à la suppression de l’école en 1817. Les<br />

décrets des 17 mars et 17 septembre 1808 ayant rattaché à l’Université impériale,<br />

les Ecoles de droit, désormais dénommées facultés, Joseph Van Gobbelschroy fut<br />

nommé doyen de la Faculté le 24 août 1809.<br />

Bien vu par le régime impérial, il fut proposé en 1810, parmi les candidats à la<br />

présidence du Collège électoral de l’arrondissement de Louvain.<br />

Greffier à la Secrétairie d’Etat de 1815 à 1817, il fut nommé conseiller d’Etat en<br />

service extraordinaire en 1818, et conseiller d’Etat en service ordinaire en 1821.<br />

A ce titre, il fit partie de la Commission attachée à la division des Affaires du<br />

culte catholique et ce jusqu’à son décès.<br />

Il avait la réputation d’un jurisconsulte très éclairé et d’un homme de société<br />

estimable.<br />

En épousant à Louvain, le 27 décembre 1782, Marie-Catherine de Spoelberch<br />

née à Louvain le 25 juin 1753, et qui mourut plus que centenaire le 24 novembre<br />

1853, à Bruxelles, il avait fait un beau mariage. En effet, c’était la fille d’André-<br />

Emmanuel de Spoelberch d’Eynhouts (Louvain 1716- Louvain 22 mars 1785)<br />

licencié ès lois, conseiller, puis échevin de la ville de Louvain et de Pétronille de<br />

Nagelmaeckers (Bois-le-Duc ? -Louvain 10 septembre 1759). Dès lors, Joseph<br />

Van Gobbelschroy devenait le beau-frère de Jean de Spoelberch*.<br />

Il n’eut qu’un fils, Louis-Pierre-Joseph-Servais (Louvain 10 mai 1787-Woluwe-<br />

Saint-Lambert 3 octobre 1850) qui fit une brillante carrière.<br />

Après des études à l’Ecole de droit de Bruxelles, où il fut licencié avec la plus<br />

grande distinction, il fut successivement, auditeur de première classe au Conseil<br />

d’Etat (1810), sous-préfet de Gand (1812) puis de Deventer (1813).<br />

Employé à la Secrétairie d’Etat à Bruxelles en 1814, il devint secrétaire du cabinet<br />

de Guillaume I er en 1816. Le Roi en fit son ministre de l’Intérieur en 1825. Il<br />

dirigea les affaires du culte catholique en 1826, dans un esprit joséphiste. Le 31<br />

décembre 1829, il devint ministre du Waterstraat, de l’Industrie nationale et des<br />

Colonies. En octobre 1830, il accompagna le prince d’Orange à Anvers et après<br />

l’échec de sa mission, il se retira de la vie publique. Louis Van Gobbelschroy,<br />

homme de confiance du roi Guillaume I er , fut aussi un des commissaires de la<br />

Société générale des Pays-Bas pour favoriser l’industrie nationale.<br />

Ruiné par des spéculations financières malheureuses, il se suicida en 1850. Il<br />

resta célibataire, mais vécut de nombreuses années avec la comédienne Marie<br />

Lesueur.<br />

302


La fortune de Joseph van Gobbelschroy était estimée à 100.000 livres et ses revenus<br />

à 4.000 livres, lors de la levée de l’emprunt forcé en l’an IV. En 1810, le préfet<br />

évaluait ses ressources à 6.000 francs par an, mais l’intendant du département de<br />

la Dyle lui attribuait 15.000 francs de revenus en 1815.<br />

A.N., F/1cIII/Dyle/2 ; A.G.R., Administration centrale du département de la Dyle<br />

n° 1356 F, Papiers de la famille de Troostenberg, n° 32 ; BETERAMS, The High<br />

Society…, p. 24 ; Biographie Nationale, t. XXXI, 1961-1962, col. 396-400, notice<br />

R. HENRION ; G. BIGWOOD, « L’Ecole de droit de Bruxelles (1806-1817), in<br />

Revue de l’Université de Bruxelles, t. XXVIII, Bruxelles, 1922-1923, p.306.<br />

VER<strong>LA</strong>T Matthieu (Tirlemont-Saint-Germain-31 janvier 1743-Wespelaer 20<br />

février 1821).<br />

Destinée curieuse que celle de ce prêtre, professeur à l’Université de Louvain,<br />

chanoine, puis homme d’affaires.<br />

Matthieu Verlat était l’aîné de huit enfants. Son père, Ludovic Verlat (1724-1765),<br />

était commerçant et avait épousé à Tirlemont, le 24 janvier 1742, Marie-Jeanne<br />

De Wilde qui tenait boutique.<br />

Le jeune Matthieu fit probablement ses classes dans sa ville natale, où les Ermites<br />

de Saint-Augustin avaient un collège. Le 19 janvier 1761, il entra à l’Université<br />

de Louvain. Immatriculé à la Pédagogie du Porc, il y acquit le grade de bachelier<br />

en théologie. Par actes des 9 octobre 1765 et 2 janvier 1766, il reçut de son oncle<br />

De Wilde, la jouissance d’une maison, tannerie et jardin d’une valeur de 3.500<br />

florins argent courant, pour lui permettre d’accéder à la prêtrise.<br />

L’année suivante, le 27 novembre 1767, il devint professeur de philosophie au<br />

sein de la Pédagogie du Porc où il avait fait ses études. Il y enseigna également la<br />

physique et la mécanique.<br />

Le 5 décembre 1774, il fut élu chanoine de la collégiale Saint-Martin à Liège,<br />

mais pour jouir de cette prébende, qui représentait 1.600 florins liégeois par<br />

an, il lui fallait abandonner son enseignement, car un décret du 18 juillet 1754<br />

interdisait le cumul du professorat et du canonicat.<br />

Vainement, Matthieu Verlat tenta-t-il jusqu’en novembre 1779, d’obtenir une<br />

dérogation des autorités autrichiennes. En avril 1781, il se résolut en faveur du<br />

canonicat, qu’il conserva jusqu’en 1788, et quitta Louvain.<br />

Entre-temps, il était devenu tuteur de Marie-Jeanne Artois, peut-être grâce à<br />

l’intervention du notaire louvaniste Jean-Baptiste Staes, son oncle par alliance,<br />

qui passait tous les actes de cette famille d’importants brasseurs. L’origine de<br />

cette entreprise remontait à Sébastien Artois qui, en 1717, avait acheté la brasserie<br />

303


du Cornet à Louvain ; à sa mort, en 1726, le commerce avait été poursuivi par sa<br />

veuve, Barbara Hermans, puis à partir de 1733, par son fils Adrien qui développa<br />

l’entreprise. A son décès, l’activité brassicole avait été reprise par son fils Léonard,<br />

qui en 1784, y associa ses frères et sœurs.<br />

Sa qualité de tuteur de la sœur cadette, Marie-Jeanne Artois, eut pour effet<br />

d’impliquer étroitement Matthieu Verlat dans la gestion des affaires qui ne<br />

cessaient de s’étendre. En effet, en 1813, la brasserie occupait 110 ouvriers et<br />

produisait annuellement 80.000 hectolitres de bière.<br />

L’ancien chanoine signait désormais, comme fondé de pouvoir de la maison<br />

Artois et on le considérait comme un brasseur.<br />

En décembre 1813, Léonard Artois se retira des affaires et mourut quelques<br />

semaines plus tard, le 26 février 1814. Le 3 novembre 1814, Jeanne-Marie Artois<br />

qui, avec sa sœur Barbe-Marie, était désormais à la tête de la première brasserie<br />

de Louvain, épousa Jean-Baptiste Plasschaert*.<br />

Matthieu Verlat fut témoin à la signature du contrat de mariage comme il sera<br />

témoin du testament de Barbe-Marie. Il était donc l’homme de confiance de la<br />

famille et il demeurait avec les deux sœurs, tantôt dans leur maison à Louvain<br />

au Canal, mais aussi au domaine de Wespelaer, où il occupait une chambre de<br />

l’orangerie. C’est là qu’il décéda d’une attaque de goutte le 20 février 1821.<br />

Quelques mois plus tard, dans son testament olographe du 31 décembre 1821,<br />

Jeanne-Marie Artois faisait son éloge : « Notre digne et respectable ami, Monsieur<br />

le professeur Verlat, par son esprit sage et son bon jugement, a beaucoup contribué<br />

à perfectionner notre commerce, et par là, à augmenter notre fortune, je veux en<br />

témoigner toute ma satisfaction ».<br />

Barbe-Marie Artois, qui fut la dernière survivante de la société familiale qu’elle<br />

dirigea jusqu’à sa mort le 21 juin 1840, légua d’ailleurs toute sa fortune à un<br />

neveu de Matthieu Verlat, Albert Marnef.<br />

L’ancien chanoine devenu homme d’affaires fut rapidement un homme public. Il<br />

commença par faire partie de la commission de répartition des impôts de Louvain<br />

de l’an V à l’an VII. Le 1 er germinal an IX (22 mars 1801), il fut nommé membre<br />

du Conseil général du département, où il siégea jusqu’en 1814 ; le 13 ventôse an<br />

XI (4 mars 1803), il fut désigné pour faire partie du Conseil général des hospices<br />

et secours de Louvain ; le 15 fructidor suivant (2 septembre 1803), il présida<br />

l’assemblée électorale du 2 e canton de la ville. Il fit partie du Collège électoral<br />

du département dès l’an XI, et entra au Conseil municipal de Louvain en l’an<br />

XIII. C’est au château de Wespelaer appartenant à la famille Artois que Matthieu<br />

Verlat organisa le 22 mai 1804, un dîner en l’honneur du préfet Le Doulcet de<br />

Pontécoulant en visite à Louvain.<br />

304


Ordonné prêtre en 1776, Matthieu Verlat n’avait jamais abjuré son état et resta<br />

célibataire. On le considérait comme un grand partisan de la Révolution française,<br />

mais ses compatriotes louvanistes voyaient surtout en lui, un homme doux et<br />

débonnaire.<br />

Les renseignements sur la fortune de Verlat sont contradictoires. Suivant sa<br />

déclaration, il n’aurait eu que 6.000 de revenus en 1811, mais à la même époque,<br />

il figurait à la 19 e place sur la liste des trente plus imposés du département en<br />

payant 8.000 francs d’impôts ! Plus vraisemblable semble l’appréciation de<br />

l’intendant du département de la Dyle qui en 1815, évaluait ses ressources à<br />

40.000 francs annuels.<br />

A.N., AF/IV/1426, F/1bII/Dyle/2 et 3 ; A.G.R., Conseil privé, Registre 475, F°<br />

159 et 423, Préfecture de la Dyle, P° 1747 ; F. BETERAMS, The High Society…,<br />

p. 15 ; Biographie Nationale, T. XXXIII, 1965-1966, col. 46-50, notice R. van<br />

UYTVEN ; P. GODAERT, Matthieu Verlat, 1743-1821, Nauwelaers, 1992 ; J.-<br />

B. <strong>LA</strong>MEERE, Aenteekeningen van merkweerdige geschiedenissen voorgevallen<br />

binnen Loven (en omliggende) 1784-1835, Louvain, 1986, p. 61,156,324.<br />

VERSY<strong>DE</strong>N de VARICK, Jean-Jacques-Victor baron de, (Bruxelles-Saint-<br />

Jacques s/ Coudenberg-3 juillet 1769-Bruxelles 3 février 1854).<br />

La famille Versyden de Varick, de confession catholique, était originaire de<br />

Leiden en Hollande méridionale.<br />

Le père de Jean Versyden de Varick, Pierre-Yves (Leiden 3 juin 1714-Bruxelles<br />

14 juillet 1782) fut d’abord avocat postulant à La Haye, puis après avoir obtenu<br />

aux Pays-Bas, des lettres patentes de naturalisation le 17 janvier 1750, il débuta<br />

la même année, comme auditeur surnuméraire à la Chambre des Comptes, où il<br />

effectua toute sa carrière, terminant comme conseiller maître en 1760. En 1771,<br />

il devint bailli de la ville et châtellenie d’Audenarde, ce qui lui donnait la qualité<br />

de membre et de député de la noblesse aux Etats de Flandre.<br />

Il avait épousé en premières noces, le 1 er septembre 1742, Marie-Catherine van<br />

Campen (La Haye 16 juillet 1710- Bruxelles 29 mai 1762), dont il n’eut pas<br />

d’enfant.<br />

Sa seconde épouse, Marie-Anne de Crumpipen (Bruxelles 8 mai 1744- Bruxelles<br />

26 mai 1802) était la fille de Henri de Crumpipen, conseiller d’Etat de robe et<br />

secrétaire d’Etat et de guerre des Pays-Bas autrichiens. Elle était donc la sœur de<br />

deux personnages essentiels qui secondèrent les réformes de Joseph II dans les<br />

Pays-Bas autrichiens, Henri et Joseph de Crumpipen*. Sa sœur cadette, Joséphine<br />

de Crumpipen (1771-1855) épousa Joseph d’Anethan*.<br />

305


Après des études secondaires en internat, au collège thérésien de Bruxelles, Jean<br />

Versyden de Varick s’inscrivit à l’Université de Louvain à la Pédagogie du Porc,<br />

où il suivit les Arts (4 janvier 1785), mais on ignore s’il poursuivit ses études par<br />

une licence en droit. Il entra ensuite, comme sixième official de la Secrétairie<br />

d’Etat et de guerre le 19 novembre 1791.<br />

Jean Versyden de Varick suivit le gouvernement autrichien en exil, tant à<br />

l ’époque de la Révolution brabançonne que lors de la première occupation<br />

française, reprenant ses fonctions dès que les autorités impériales se réinstallaient<br />

à Bruxelles.<br />

Quelques semaines avant la bataille de Fleurus, il fut nommé secrétaire de Sa<br />

Majesté au sein de l’administration de la Secrétairie d’Etat et de guerre des Pays-<br />

Bas.<br />

Une fois de plus, il quitta le pays devant la marche des armées françaises, mais<br />

il semble que cet exil fut de brève durée, car il explique lui-même : « …mais au<br />

premier appel qui fut fait aux Belges absens, je rentrai dans ma patrie, renonçant<br />

à une pension que me faisait l’Autriche et aux espérances que pouvait me faire<br />

concevoir pour le futur, les services de ma famille et la faveur dont elle jouissait<br />

à la Cour de Vienne ».<br />

La crainte de la confiscation des biens des émigrés dut également inspirer sa<br />

décision.<br />

Sous le Directoire, Jean Versyden de Varick n’eut guère d’activités publiques, se<br />

bornant à paraître à la Société littéraire de Bruxelles.<br />

C’est après brumaire, qu’il fit partie du Conseil général des Hospices et secours<br />

de la ville, s’occupant en particulier, de la comptabilité de la bienfaisance et<br />

siégeant à la section des secours. En 1802, il fut également membre de la Société<br />

centrale de vaccine de Bruxelles. Nommé membre du collège électoral de<br />

l’arrondissement de Bruxelles le 7 ventôse an X (26 février 1802), il en devint<br />

président le 14 fructidor an XII (1 er septembre 1804) et en cette qualité, il assista<br />

aux cérémonies du sacre de Napoléon à Paris.<br />

En 1805, Jean Versyden de Varick fut élu par le collège électoral de l’arrondissement<br />

de Bruxelles comme candidat au Corps législatif. Le préfet commentait cette<br />

désignation en le décrivant comme un : « …homme de sens, de jugement, du<br />

meilleur esprit, ayant une connaissance complette [sic] de l’administration, un<br />

probité qui va jusqu’à la plus scrupuleuse délicatesse, et pour le gouvernement,<br />

un dévouement qui le mit à cet égard en avant de ses compatriotes, et qui a été du<br />

meilleur exemple. M. de Versyden est d’ailleurs parfaitement bien né, de famille<br />

noble, a de la fortune et a tous les titres pour être distingué ».<br />

306


Jean Versyden ne fut pas choisi et quand il fut présenté une seconde fois aux<br />

mêmes fonctions en 1810, malgré des éloges renouvelés du préfet, il ne prit<br />

jamais place au sein du Corps législatif.<br />

En revanche, le 13 janvier 1806, il fut nommé secrétaire général du département<br />

de la Dyle en remplacement de Jean-Baptiste Plasschaert* appelé au Corps<br />

législatif .<br />

Le préfet Mouchard de Chaban appuya vivement cette candidature, en insistant<br />

sur sa parenté avec l’ancien chancelier de Brabant, Joseph de Crumpipen, sur son<br />

zèle au travail et son désintéressement, ajoutant que sa nomination serait la plus<br />

agréable aux habitants du pays.<br />

Il exerça les fonctions de secrétaire du département de la Dyle jusqu’à la fin de<br />

l’Empire. Il y jouissait d’une influence considérable comme l’écrivait l’auteur<br />

d’une lettre anonyme le 4 juin 1810 : « C’est l’homme qui gouverne tout, qui<br />

dispose de tout, qui accorde, qui refuse, qui renvoie, et joue tellement l’homme<br />

d’importance que personne ne peut le souffrir ».<br />

En récompense de ses services, Jean Versyden de Varick reçut la croix de la Légion<br />

d’honneur le 8 février 1811. Mais cette distinction ne lui suffisait pas, il réclama<br />

plus en faisant valoir : « …l’épreuve multipliée de son attachement à Sa Majesté,<br />

et son zèle pour son service ». Il ajouta : « Je suis du petit nombre de ceux qui,<br />

ayant appartenu aux classes ci-devant privilégiées et ayant été employé sous<br />

l’ancien gouvernement ont montré du dévouement et ont accepté des places dès<br />

l’établissement du gouvernement consulaire, or je n’ai obtenu aucune indemnité,<br />

aucune gratification ».<br />

Sa voix fut d’autant plus entendue qu’à la suite des élections pour le Corps législatif<br />

en 1810, sa candidature présentée à nouveau, par le collège d’arrondissement de<br />

Bruxelles, n’avait pas été retenue. Il fut donc créé chevalier de l’Empire le 14<br />

août 1813.<br />

A la chute du régime impérial, il fut déchargé de ses fonctions de secrétaire<br />

général de la préfecture et nommé commissaire spécial, chargé de la bienfaisance<br />

auprès du Ministère de l’Intérieur.<br />

Le nouveau régime se méfiait quelque peu de lui, puisqu’il ne figura pas parmi<br />

les notables appelés à approuver la nouvelle Constitution.<br />

Toutefois, par l’arrêté royal collectif du 26 avril 1816, le roi Guillaume I er lui<br />

accorda reconnaissance de noblesse avec désignation au Corps équestre du<br />

Brabant méridional. Le 8 juillet suivant, il se voyait accorder le titre de baron,<br />

transmissible par ordre de primogéniture.<br />

307


Ces faveurs réconcilièrent Jean Versyden de Varick avec le nouveau pouvoir et il<br />

adressa une lettre d’offre de services au roi Guillaume I er .<br />

Ses avances furent bien accueillies puisque il fut nommé peu après greffier des<br />

Etats provinciaux de Brabant, charge qu’il accomplit jusque 1830 ; le 15 septembre<br />

1817, il reçut la croix de chevalier du Lion néerlandais et le 29 décembre 1818, il<br />

fut autorisé à porter la croix de la Légion d’honneur.<br />

Enfin, le 4 juillet 1829, il devint chambellan de Guillaume I er . Désormais, il était<br />

bien en cour, il était convié aux bals et dîners lors des visites du roi de passage<br />

à Bruxelles et assistait aux audiences accordées aux députations des Etats<br />

provinciaux. Il fréquentait la meilleure société et figurait parmi les commissaires<br />

du Concert Noble, cercle très huppé de la capitale des Pays-Bas méridionaux.<br />

Il ne fut pas mêlé aux événements qui amenèrent la chute du royaume des Pays-Bas<br />

en août-septembre 1830. Le prince de Gavre jugeait son comportement attentiste<br />

assez sévèrement : « Homme assez rusé pour ne se mêler ostensiblement dans<br />

aucun débat politique, mais frondant quelque fois le gouvernement avec assez de<br />

violence, cela dépend des sociétés où il croit pouvoir s’ouvrir davantage ».<br />

Pourtant, il était resté orangiste de cœur, et lors des élections pour le Congrès<br />

National en octobre 1830, cette réputation ne lui permit pas de rassembler<br />

suffisamment de suffrages pour être élu. Il échoua de même à prendre place au<br />

Conseil municipal de Bruxelles.<br />

Toutefois, à l’occasion d’une élection partielle, il entra au Congrès National le<br />

18 mai 1831. Il n’y joua qu’un rôle secondaire, bien qu’il apportât sa voix à la<br />

candidature de Léopold de Saxe-Cobourg et qu’il approuvât le traité des XVIII<br />

articles avec la Hollande.<br />

Il n’acceptait le nouveau régime que du bout des lèvres. Les termes dans lesquels<br />

il décrivait à un correspondant, la cérémonie d’installation de Léopold I er ,<br />

montrent le peu d’estime qu’il portait aux hommes politiques : « Le cortège du<br />

Congrès faisait un effet plus ou moins pittoresque. On y voyait l’honorable Van<br />

Meenen en botte à l’écuyère, graissées ; les honorables De Smedt, De la Haye,<br />

de Cocq et quelques autres députés en chapeau blanc ; plusieurs n’avaient pas<br />

du linge du jour ; d’autres étaient vêtus d’habits râpés ; enfin à vous parler sans<br />

fard, j’étais presque honteux à me trouver au milieu de ces honorables qui sont<br />

de très vilaines gens ».<br />

La carrière politique de Jean Versyden de Varick s’arrêta en 1830.<br />

A l’âge de 54 ans, il avait épousé le 5 octobre 1823, Marie-Angélique Helman de<br />

Willebroeck (Bruxelles 4 août 1760-Bruxelles 24 avril 1834), de près de dix ans<br />

308


son aînée. C’était la fille du baron Jean-Baptiste de Willebroeck et de Adrienne-<br />

Mathilde de Keerebroeck. Le couple n’eut pas de descendance.<br />

La famille de Jean Versyden de Varick était opulente. Un membre du Conseil<br />

privé écrivait à propos de son père : « Le père et la mère tant de lui que de sa<br />

femme sont très riches de sorte que cet auditeur se trouvera un jour avec plus de<br />

20.000 florins de revenus ».<br />

Mais d’après ses déclarations en 1813, Jean Versyden de Varick avait éprouvé<br />

des pertes considérables du fait de la Révolution par la réduction au tiers de ses<br />

rentes sur la France, sur les administrations de la Belgique et sur les ci-devant<br />

Provinces-Unies. En outre, ses rentes en Autriche avaient fortement diminué tant<br />

par la réduction des intérêts, que par les variations de change.<br />

Toutefois, il estimait ses revenus, toutes charges déduites, de 10 à 12.000 francs<br />

en 1806 et de 8 à 10.000 francs en 1813.<br />

En 1837, il acheta quatre parts dans la Société du Renard, créée par la Société<br />

Générale pour la fabrication de machines à vapeur et de locomotives, mais les<br />

résultats de l’entreprise ne répondirent pas aux espérances des actionnaires et la<br />

Société cessa ses activités en 1850.<br />

Lors de son décès, Jean Versyden de Varick laissa une succession évaluée à<br />

environ 277.000 francs, qui comprenait 41 hectares de terres.<br />

A.N., F/1bI/176/9, F/1bII/Dyle/2 et 3, F/1cIII/Dyle/2 ; A.G.R., Préfecture de la<br />

Dyle, P° 1817 bis ; Almanach de la Cour, Bruxelles, s.d., p. 248 ; Annuaire de<br />

la Noblesse de Belgique, 1853, p. 188 ; Cl. BRUNEEL, Les Grands commis…,<br />

p. 623-625 ; Etat présent de la noblesse, 1984, p. 78-79 et 2000, p. 179 ; L.<br />

FRANCOIS, Elite en Gezag, Thèse de doctorat inédite, Université de Gand,<br />

1987, t. IV, p. 1686-1702 ; E. HUYTTENS, Le Congrès National, Bruxelles,<br />

1844, t. III, p. 109 ; J. STENGERS, Index des Eligibles au Sénat, Bruxelles, 1975,<br />

p. 490 ; A. UYTTEBROECK, « L’enseignement secondaire à Bruxelles à la fin de<br />

l’Ancien Régime », Etudes sur le XVIII e siècle, t. IV, 1977, p. 81.<br />

VISSAULT dit VISSAULT-<strong>DE</strong>SFERRIERES Emmanuel-René-Victorin-<br />

Anne-Hyacinthe-Eugène (Rennes-Saint-Germain-28 avril 1776-Charleville 1 er<br />

janvier 1818).<br />

Emmanuel Vissault-Desferrières naquit dans une famille bourgeoise au service<br />

du pouvoir royal.<br />

Son grand-père paternel, Emmanuel-François Vissault des Pantières, était<br />

lieutenant du siège de la baronnie de Vitré à Marcille-Robert. Son père, Victorin-<br />

Michel-Blaise Vissault Desferrières, était avocat au Parlement de Bretagne. Il<br />

309


avait épousé Suzanne-Hyacinthe Paviot dont le père, Michel Paviot avait été<br />

directeur de la correspondance et contrôles de Bretagne.<br />

Un de ses oncles, Monsieur de Saint Ousseau, était fermier général du Comté<br />

nantais et lui avait assuré la survivance de son office.<br />

Emmanuel Vissault-Desferrières débuta sa carrière à 19 ans, le 8 janvier 1785,<br />

dans la ferme du Roi à Nevers. Quelques mois plus tard, il devint commis en<br />

second à cheval, à Châtillon. Nommé receveur à cheval à Beaulieu du Ruffec,<br />

le 1 er novembre 1789, il fut désigné comme contrôleur de la ville de Saint-Jean<br />

d’Angely, le 19 décembre 1790, puis comme contrôleur à Poitiers, le 1 er mars<br />

1791.<br />

Le 30 avril 1792, il fut nommé sous-inspecteur des vivres à l’armée des Côtes de<br />

Brest, puis il fut préposé au directoire des achats à Givet (1 er décembre 1792-12<br />

février 1793) et ensuite, il fut affecté comme régisseur à l’armée des Ardennes,<br />

puis à l’armée de Sambre-et-Meuse. Fin 1793, il fut nommé trésorier de la 2 e<br />

division militaire.<br />

Le 1 er janvier 1796, il devint directeur des vivres de la 24 e division militaire à<br />

Bruxelles, puis quand l’Entreprise Maurin reprit les fournitures à l’armée, il<br />

fut leur agent en chef à Bruxelles, du 1 er germinal an IX (22 mars 1801) au 1 er<br />

octobre 1807.<br />

Il continua les mêmes fonctions dans la nouvelle direction générale des vivres<br />

organisée par le conseiller d’Etat, Hughes Maret.<br />

En février 1814, après l’évacuation de Bruxelles par les autorités françaises,<br />

Emmanuel Vissault-Desferrières se réfugia à Paris, où il servit dans le 3 e escadron<br />

de la garde nationale à cheval. Il tenta alors d’obtenir, mais vainement, une recette<br />

des contributions dans la capitale. Finalement, il revint à son premier métier, en<br />

se faisant désigner le 1 er janvier 1815, comme directeur de la 2 e division militaire<br />

à Charleville.<br />

Après Waterloo, il cumula ces fonctions avec celles de caissier principal des<br />

subsistances militaires de l’armée prussienne d’occupation. Ses contemporains<br />

attribuèrent d’ailleurs, son décès le 1 er janvier 1818, aux fatigues accumulées<br />

dans ces deux charges.<br />

Pendant son séjour dans le département de la Dyle, Emmanuel Vissault-<br />

Desferrières fut membre du collège électoral du département dès l’an XI, et<br />

membre du Conseil général des Hospices et Secours de l’arrondissement de<br />

Bruxelles de 1812 à 1814. Il siégea également au sein du Conseil municipal de<br />

Bruxelles à partir du 5 brumaire an XIII (27 octobre 1804), fit partie de la Société<br />

littéraire et fut membre de la loge bruxelloise « Les Amis Philanthropes ».<br />

310


Il compta parmi les jurés de la Cour d’assises du département de la Dyle, qui<br />

acquitta le maire d’Anvers Werbrouck, poursuivi pour corruption et détournement<br />

dans l’affaire de l’octroi de la ville. Quand il se réinstalla à Charleville, il devint<br />

également conseiller municipal de la ville.<br />

Emmanuel Vissault-Deferrières était un homme cultivé. A son décès, sa<br />

bibliothèque comptait six cents volumes parmi lesquels figuraient des ouvrages<br />

de géographie et d’histoire, les œuvres de Sénèque, Tacite, Virgile et Rabelais.<br />

Les « Sermons de Bourdaloue » et quelques autres livres de piété figuraient aux<br />

côtés de « l’Histoire Naturelle » de Buffon et du « Génie du Christianisme » de<br />

Chateaubriand, mais le courant de pensée encyclopédique n’y était pas représenté.<br />

Le 3 frimaire an III (23 novembre 1794), il avait épousé à Charleville, une<br />

adolescente, à peine âgée de treize ans et six mois : Circule-Louise-Victoire<br />

Toupet.<br />

Son père, Dominique-Pierre Toupet, qui se faisait aussi appeler Toupet des Vignes<br />

(Givet 21 août 1750- ?), avait été conseiller du Roy, et lieutenant particulier des<br />

Eaux et Forêts de la Maîtrise de Givet. Au moment du mariage, il était inspecteur<br />

des vivres de l’armée des Côtes de Cherbourg, où Emmanuel Vissault-Desferrières<br />

avait servi quelques mois auparavant.<br />

Dominique Toupet termina sa carrière comme directeur des vivres de la 2 e division<br />

militaire à Charleville, emploi dans lequel son beau-fils lui succéda en 1815.<br />

Dominique Toupet fut membre de la loge des « Frères Discrets » à l’Orient de<br />

Charleville de 1802 à 1814. Il avait épousé Louise-Victoire-Brigitte-Noël Basset<br />

de Lestra (Givet 25 mars 1781- ?), parente de Louis-Marie Basset de Lestra,<br />

receveur général des Finances de la province de Hainaut.<br />

Emmanuel Vissault-Desferrières et son épouse eurent quatre enfants :<br />

Emmanuel (Bruxelles ca.1796) engagé volontaire dans le 1 er régiment de la Garde<br />

d’honneur en juin 1813, mort d’épuisement à Paris en décembre 1817.<br />

• Gustave-Léonard-Louis ( Bruxelles ? - Charleville 24 décembre 1819).<br />

• Eugénie-Suzanne-Louise (Bruxelles 15 vendémiaire an X-7 octobre 1801- ?)<br />

• Hortense-Joséphine-Anastasie (Bruxelles -?)<br />

Une sœur d’Emmanuel Vissault-Desferrières, Anne-Marie-Hyacinthe Vissault<br />

(Rennes 22 septembre 1767- ?) épousa à Bruxelles, le 22 février 1799, un<br />

important marchand de dentelles de la place, Hyacinthe-François de Reus<br />

(Bruxelles-Sainte-Gudule-14 décembre 1759-Laeken 31 juillet 1844). Hyacinthe<br />

de Reus fut nommé membre du Conseil municipal de Bruxelles le 9 germinal<br />

311


an IX (30 mars 1802). De 1816 à 1825, il fut membre des Etats provinciaux du<br />

Brabant méridional, au titre de l’Ordre des villes, ce qui lui valut d’être créé<br />

chevalier du Lion néerlandais. En 1821, il prit part à la fondation de la compagnie<br />

d’assurances « Les Propriétaires réunis », dont il fut le premier directeur et agent<br />

général. Il compta également parmi les 23 fondateurs de la Société générale de<br />

Belgique. Il participa aussi à la fondation du Grand Hospice de la rue Haute à<br />

Bruxelles, et fut membre du collège des curateurs de l’Ecole publique flamande<br />

de ter Arken, fondation royale en faveur des enfants pauvres des deux sexes.<br />

Hyacinthe de Reus laissa une fortune considérable.<br />

Pendant les nombreuses années que Emmanuel Vissault-Desferrières passa à<br />

Bruxelles, il avait la réputation d’un homme riche. Le préfet lui attribuait de 20<br />

à 25.000 francs de revenus dont 15.000 provenaient de ses propriétés foncières<br />

et le surplus « … d’une espèce de commerce « , c’est-à-dire de son activité de<br />

directeur de vivres.<br />

Il avait acquis près de 83 hectares de biens nationaux sous le Consulat et l’Empire.<br />

Cet investissement de 84.500 francs se révéla productif, car il revendit la plupart<br />

de ces biens avec bénéfice. Lors de son mariage, il avait reçu le domaine de<br />

Taille à Marcille-Robert d’une valeur de 30.000 francs et son épouse, une dot<br />

équivalente avec en outre, une rente annuelle de 600 francs.<br />

Il avait hérité de son père, suivant partage du 20 juillet 1809, plusieurs terres<br />

en Bretagne et il avait acquis ultérieurement, un domaine à Guibarre en Lot-et-<br />

Garonne.<br />

Dès 1814, à son retour en France, Emmanuel Vissault-Desferrières s’était lancé<br />

dans une audacieuse politique d’acquisition foncière : trois maisons à Charleville,<br />

payées 49.420 francs, trois maisons à Paris, représentant un investissement de<br />

193.991 francs, mais au moment de ces achats, il ne disposait pas des fonds<br />

nécessaires.<br />

Aussi, élabora-t-il des montages financiers, échelonnant les paiements à partir de<br />

1818, ou souscrivant des rentes viagères avec des soldes importants payables aux<br />

héritiers des crédit-rentiers. Sa mort prématurée compromit ce bel édifice, car<br />

Emmanuel Vissault-Desferrières avait dû emprunter à tout-va, pour financer les<br />

travaux dans ses immeubles de Charleville (il devait 6.229 francs à divers corps<br />

de métier au moment de son décès). Il comptait certes, sur le produit de la vente<br />

de ses biens en Belgique, mais celle-ci ne se fit que difficilement et il dut à son<br />

tour, consentir des délais de paiement aux acquéreurs de ses propriétés.<br />

Lors de son décès, la situation financière de Emmanuel Vissault-Desferrières était<br />

donc délicate avec plus de 300.000 francs de dettes exigibles. Sa veuve n’accepta<br />

sa succession que sous bénéfice d’inventaire. Tous les biens dépendant de celle-ci<br />

furent vendus et leur produit ne put suffire à satisfaire tous les créanciers.<br />

312


A.N., F/1bII/Dyle/5, F/1cIII/Dyle/1 ; Archives départementales des Ardennes,<br />

3 T 173, actes des 13, 14 et 15 janvier et 1 er et 2 avril du notaire Benissieu ;<br />

S.H.A.T., V yg carton 283 ; G. GAYOT, « Les Francs-maçons à l’Orient de<br />

Charleville.1774-1815 » in Revue historique ardennaise, t. XXV, 2001-2002, p.<br />

37-91 ; M. de REUS, « Généalogie de la famille de Reus », Les Cahiers du<br />

Genealogicum Belgicum, n° 2, 1967, p. 33-35.<br />

VISCHER Antoine-Philippe-Fiacre-Ghislain de, baron de Celles (Bruxelles-<br />

Saint-Géry- 10 octobre 1779-Paris 2 novembre 1841).<br />

Antoine de Vischer était issu d’une famille d’ancienne noblesse. Si la seigneurie<br />

de Celles avait été érigée en baronnie le 1 er septembre 1686, le titre de baron ne<br />

fut conféré qu’à l’oncle d’Antoine, Charles de Vischer de Celles, le 17 décembre<br />

1791 par l’empereur Léopold II.<br />

Son père, Joseph-Albert-Ferdinand (Bruxelles-Sainte-Gudule-4 octobre 1735-<br />

Bruxelles 8 janvier 1782), licencié ès lois, avait été chambellan de l’Empereur<br />

(1771-1782), membre de l’Etat noble de Brabant et député de cet ordre aux Etats<br />

de la province (1781-1782). Sa mère, Marie-Philippine (Malines-Saint-Pierre-13<br />

juin1746-Bruxelles-Saint-Géry-2 février 1796), dame de la Croix étoilée (1773),<br />

était issue des comtes de Coloma (de Leeuw-Saint-Pierre).<br />

Antoine de Vischer était le dernier de leurs sept enfants et le seul fils parvenu à<br />

l’âge adulte. Il débuta sa carrière publique comme maire de Laeken, le 9 ventôse<br />

an IX (28 février 1801). Il fut élu membre du collège électoral du département de<br />

la Dyle, lors de sa première session en l’an XI, et député de ce collège au sacre<br />

de Napoléon en l’an XII.<br />

Officier de la Garde d’honneur du Premier Consul lors de sa visite à Bruxelles,<br />

en l’an XI, il fut nommé membre du conseil municipal le 5 brumaire an XIII (27<br />

octobre 1804) et en fit partie jusqu’à sa démission le 20 février 1806. A ce titre,<br />

il fut chargé par le préfet de remettre de l’ordre dans la comptabilité de la mairie,<br />

et de l’inspection de la maison de détention de Vilvorde.<br />

Le 24 vendémiaire an XIV (16 octobre 1805), il se porta volontaire, avec<br />

quelques autres officiers de la Garde d’honneur, pour suivre l’Empereur lors de<br />

la campagne d’Allemagne, mais la rapidité des succès militaires coupa court à<br />

son initiative. Toutefois, le 14 janvier 1806, il devint, avec le titre de lieutenant,<br />

officier d’ordonnance de Louis Bonaparte, alors général en chef de l’armée du<br />

Nord, qui devint roi de Hollande le 5 juin 1806.<br />

Ayant manifesté un tel enthousiasme pour le régime, et recommandé par le préfet<br />

Mouchard de Chaban qui vantait ses qualités, la carrière d’Antoine de Vischer<br />

débutait sous les meilleurs auspices.<br />

313


Le 11 avril 1806, l’Empereur le nomma auditeur au Conseil d’Etat, section des<br />

Finances et à ce titre, il fut envoyé par le ministre du Trésor, en mission à Melun<br />

(Seine-et-Marne) pour remettre de l’ordre dans les comptes de la ville.<br />

Dès le 11 juin de cette même année, il devint maître de requêtes au Conseil d’Etat<br />

et membre de la commission du contentieux près du ministère de la Justice.<br />

Quelques mois plus tard, le 10 décembre 1806, il fut nommé préfet de la Loire-<br />

Inférieure. Son administration à Nantes fut remarquée par la création d’un lycée,<br />

d’une bibliothèque publique, d’un Museum d’histoire naturelle, la reconstruction<br />

du grand théâtre et la fondation d’un dépôt de mendicité.<br />

Lors de la visite de Napoléon et de l’impératrice Joséphine dans les départements<br />

de l’Ouest, Antoine de Vischer fut créé chevalier de la Légion d’honneur le 10<br />

août 1808, et l’année suivante, le 29 septembre 1809, comte de l’Empire.<br />

Placé le 19 décembre 1810, à la tête du Zuiderzee, département hollandais<br />

nouvellement créé, Antoine de Vischer demeura à Amsterdam, jusqu’au 14<br />

novembre 1813, date de l’évacuation de la ville par le maréchal Molitor. Il se<br />

réfugia alors à Paris, mais après l’abdication de Napoléon, il revint en Belgique.<br />

Bien qu’admis avec le titre de baron, au sein du Corps équestre du Brabant<br />

méridional, par l’arrêté collectif du 13 mars 1816, dans un premier temps, Antoine<br />

de Vischer ne fut pas employé par le roi Guillaume I er . Il passait en effet, comme<br />

entièrement dévoué à l’Empereur déchu et sa fermeté dans la maintien de l’ordre<br />

à Amsterdam, n’avait pas laissé de bons souvenirs dans les milieux orangistes,<br />

qui occupaient désormais, les allées du pouvoir à La Haye.<br />

En 1826, Antoine de Vischer revint toutefois en faveur. Le 12 juillet, il se voyait<br />

reconnaître le titre de comte, transmissible par primogéniture masculine, et le Roi<br />

fit appel à son expérience, en le nommant envoyé extraordinaire et plénipotentiaire<br />

auprès de la Cour pontificale, chargé de négocier un concordat avec le Saint-<br />

Siège, pour pacifier les tensions entre l’opinion catholique et le gouvernement.<br />

Il réussit dans sa mission : le concordat fut signé le 18 juin 1827 et en récompense,<br />

il fut nommé commandeur du Lion Belgique. Toutefois, les difficultés rencontrées<br />

lors de la mise en œuvre de cet accord, dont le comte de Celles fut tenu pour<br />

responsable, entraînèrent sa disgrâce.<br />

Antoine de Vischer, qui avait été élu à la Seconde chambre des Etats Généraux<br />

dès 1821, eut alors la maladresse d’y soutenir le principe de la responsabilité<br />

ministérielle suscitant la colère du Roi qui, par mesure de rétorsion, le démissionna<br />

de son titre d’ambassadeur le 31 décembre 1829. Dès lors, le comte de Celles se<br />

rallia à l’opposition parlementaire, qui ne parvint pas à le faire élire à la présidence<br />

de la Seconde assemblée.<br />

314


La Révolution de 1830 en Belgique le remit sous les feux de l’actualité.<br />

Au début du mois de septembre 1830, Antoine de Vischer fit partie de la délégation<br />

de la bourgeoisie bruxelloise envoyée à La Haye, pour solliciter la séparation<br />

administrative des provinces du nord et du sud du royaume.<br />

Quelques semaines plus tard, élu par le district de Bruxelles au Congrès National,<br />

le comte de Celles fut l’un des cinq membres du Comité diplomatique choisi<br />

par l’assemblée, pour diriger la politique étrangère du nouvel Etat (18 novembre<br />

1830).<br />

Probablement, en raison de ses liens avec la famille d’Orléans puisqu’il avait<br />

épousé la petite-fille de Madame de Genlis, il fut désigné en janvier 1831,<br />

comme chargé d’affaires à Paris. Abusé par les fausses promesses de Sebastiani,<br />

ministre des Affaires Etrangères, Antoine de Vischer soutint la candidature du<br />

duc de Nemours au trône de Belgique. Le prince fut élu roi des Belges le 3 février<br />

1831, mais le roi Louis-Philippe refusa le trône pour son fils cadet. Cet échec<br />

entraîna la disgrâce du comte de Celles, qui fut rappelé à Bruxelles au début mars<br />

1831. Ulcéré et déçu, il démissionna du Congrès le 30 mars, arguant des motifs<br />

familiaux.<br />

Il se fixa alors à Paris, obtint des lettres de grande naturalisation française le<br />

9 février 1832, et fut rappelé au Conseil d’Etat, comme conseiller en service<br />

extraordinaire en 1833. Au moment de son décès, il espérait être nommé pair de<br />

France.<br />

Antoine de Vischer avait reçu une éducation soignée et avait voyagé, séjournant<br />

deux ans en Allemagne, et deux ans en Italie. Il pratiquait et écrivait l’allemand<br />

et l’italien. En 1806, le préfet Mouchard de Chaban le présentait en ces termes :<br />

« Ayant de la fortune, jeune, aimant le plaisir, si [sic] étant quelques fois trop<br />

abandonné, il se livre au travail avec une assiduité rare ». Ces traits de personnalité<br />

subsistèrent au fil des années, puisque en 1815, l’intendant du département de la<br />

Dyle constatait non sans malveillance : « Il a infiniment d’esprit et d’aptitude<br />

aux affaires, mais il est sans principes, violent, capricieux, adonné à la boisson<br />

et généralement méprisé ».<br />

Pourtant on ne peut passer sous silence ses activités philanthropiques comme<br />

fondateur et administrateur de l’Hospice libre des Ursulines à Bruxelles en l’an<br />

XIII et comme membre de la Commission gratuite de vaccine créée en 1802,<br />

par la Société de médecine, chirurgie et pharmacie de Bruxelles. Pour favoriser<br />

l’action de celle-ci, il ouvrit son château de Laeken au vaccinateur Fournier, afin<br />

qu’il puisse dispenser ses soins aux habitants des environs. Il était membre de la<br />

loge bruxelloise « Les Amis Philanthropes ».<br />

315


Antoine de Vischer de Celles avait épousé le 4 mars 1810, à Paris, Philippine-<br />

Séraphine-Félicité dite Félicie de Timbrune de Thiembronne de Valence (Paris-<br />

Saint-Sulpice-13 janvier 1787-Rome 13 janvier 1828), fille de Jean-Baptiste-<br />

Cyrus-Marie-Adélaïde de Timbrune de Thiembronne, comte de Valence<br />

(1757-1822), sénateur (1805), comte de l’Empire (1808), général de division<br />

commandant en Espagne et en Russie, pair de France pendant les Cent-Jours.<br />

Sa mère était Edmée-Nicole-Pulchérie Brulart de Genlis, fille de Madame de<br />

Genlis, qui avait été chargée de l’éducation du futur Louis-Philippe.<br />

Par ce mariage, Antoine de Vischer devint quelques années plus tard, le beaufrère<br />

du général Maurice Gérard, nommé maréchal de France en 1830.<br />

Il retint deux filles de cette union :<br />

• Pulchérie-Félicité-Cyrette-Ghislaine (Paris 8 novembre 1811-Paris 21 février<br />

1888), qui épousa à Paris, le 6 avril 1831, Henry-Louis-Espérance Desacres,<br />

comte de l’Aigle (Paris 18 nivôse an XI-8 janvier 1803-Paris 2 décembre<br />

1875), officier de cavalerie sous la Restauration, député de Compiègne en<br />

1839 et en 1846, député de l’Oise en 1871, conseiller général de l’Oise,<br />

officier de la Légion d’honneur. C’était le fils du comte Louis-Augustin-<br />

Victor Desacres, maréchal de camp, et de la princesse Louise-Constance de<br />

Broglie.<br />

• Edmée-Charlotte-Antoinette dite Antonine (Paris 23 février 1812-Paris 20<br />

février 1856, assassinée dans son hôtel aux Champs-Elysées). Elle avait<br />

épousé à Paris, le 22 avril 1833, Auguste-Louis-Nompar de Caumont, duc de<br />

la Force (Paris 29 vendémiaire an XII-22 octobre 1803-Paris 17 novembre<br />

1882), député du Tarn-et-Garonne au Corps législatif en 1811, nommé pair de<br />

France en 1814. Il était le fils du duc François-Philibert-Bertrand de Caumont<br />

de la Force, pair de France, et de Marie-Constance de Lamoignon.<br />

La fortune du comte de Celles était importante. En l’an XII, le préfet évaluait<br />

ses revenus fonciers à 36.000 francs, les deux tiers provenant de ses biens dans<br />

le département de la Dyle, le surplus de ses propriétés dans les départements de<br />

l’Escaut, de Jemappes, de la Lys et des Deux-Nèthes . En 1806, il figurait à la 7 e<br />

place sur la liste des trente plus imposés du département de la Dyle, en payant<br />

10.944 francs d’impôts.<br />

Ses revenus s’élevaient à 60.000 francs annuellement, mais en 1812, ils n’étaient<br />

plus que de 50.000 francs, car il avait dû puiser 200.000 francs dans son<br />

capital, pour des dépenses liées à ses fonctions préfectorales tant à Nantes qu’à<br />

Amsterdam. Il avait en outre, dû assumer les frais d’un procès successoral qui<br />

l’opposa pendant trente ans, aux héritiers de Lancelot de Gottignies, procès qu’il<br />

perdit d’ailleurs.<br />

316


En 1827, il hérita encore d’un oncle maternel, un comte de Coloma, le château<br />

de Miermont, un moulin à grains à Onoz, un autre moulin à Pepingen, et 371<br />

bonniers de terres, prés et bois.<br />

Quand il fut créé comte en 1809, il constitua un majorat avec le château et ferme<br />

de Schiplaeken et diverses terres situées dans le département de la Dyle, lui<br />

assurant un revenu de 10.183 francs.<br />

A.N., A.F/IV/1426, F/1bI/176/16 ; A.G.R., Préfecture de la Dyle, P° 412<br />

et 874, Notariat du Brabant, n° 18.203, acte du 26 fructidor an VI du notaire<br />

Stinghlamber, n° 18.205/1, acte du 26 fructidor an X du notaire Stinghlamber,<br />

n° 19.128, acte du 28 novembre 1827 du notaire Caroly à Bruxelles ; Almanach<br />

de la Cour, Bruxelles, s.d., p. 116 ; Annuaire de la Noblesse de Belgique, 1872,<br />

p. 262, 267 ; F. BETERAMS, The High Society…, p. 10 ; Biographie Nationale,<br />

t. III, 1872, col. 398-402, notice A. WAUTERS ; Etat présent de la Noblesse<br />

belge, 2000, p. 374-375 ; Ch. TERLIN<strong>DE</strong>N, Guillaume I er , roi des Pays-Bas et<br />

l’Eglise catholique en Belgique, 1814-1830, Bruxelles, 1906, t. II, p. 297-299 ;<br />

M.-R. THIE<strong>LE</strong>MANS, « La vie culturelle dans le département de la Dyle » in<br />

La vie culturelle dans nos provinces à l’époque française, Bruxelles, 1989, p.<br />

24 ; J. VAN LYNSEE<strong>LE</strong>, Les Maréchaux de la Restauration et de la Monarchie<br />

de Juillet, Paris, 1962, p. 219 et suiv. ; A. WAUTERS, Histoire des environs de<br />

Bruxelles, Bruxelles, 1855, t. I, p. 260.<br />

WAUTE<strong>LE</strong>E Pierre (Louvain-Saint-Pierre-9 mars 1762-Bruxelles 20 janvier<br />

1848).<br />

Pierre Wautelée naquit au sein d’une famille de commerçants. Son père,<br />

Guillaume-Benoît Wautelée (ca 1731-Louvain 7 décembre 1806), était marchand<br />

mercier et quincaillier à Louvain. Il avait épousé le 16 septembre 1760, Marthe<br />

Cobus. Lors de la levée de l’emprunt forcé de l’an IV, sa fortune était estimée à<br />

30.000 livres et ses revenus étaient évalués à 1.500 livres, mais il se plaignait de<br />

la rareté de sa clientèle et obtint un important dégrèvement de sa contribution.<br />

Pierre Wautelée débuta son cursus comme étudiant en théologie à l’Université de<br />

Louvain, puis il obtint sa licence en droit et s’établit comme homme de loi dans<br />

sa ville natale, bien qu’il n’apparaisse pas sur les listes d’avocats au Conseil de<br />

Brabant.<br />

Le 25 septembre 1794, il devint échevin dans le nouveau magistrat de la ville<br />

nommé par les autorités françaises. Il n’eut aucune activité publique lors de la<br />

seconde restauration autrichienne et pendant la période d’occupation, qui suivit<br />

la victoire de Fleurus.<br />

Il entra dans la nouvelle organisation judiciaire après l’annexion des départements<br />

réunis dès le 7 frimaire an IV (1 er octobre 1795), en qualité de juge au tribunal<br />

civil du département de la Dyle.<br />

317


Lors des élections de germinal an V, l’assemblée électorale du département<br />

bien qu’aux mains des conservateurs, le choisit comme accusateur public près<br />

le tribunal criminel par 57 voix sur 73 votants. Le journal directorial « Le<br />

Républicain du Nord « faisait son éloge en ces termes, le 26 germinal an V (15<br />

avril 1797) : « La nomination de ce fonctionnaire républicain est la véritable<br />

expression de la reconnaissance. Il n’est personne à Bruxelles, ni dans les<br />

campagnes, qui ne se souvienne de la manière dont il a successivement rempli<br />

à Diest et dans cette commune l’importante fonction de directeur du jury, et de<br />

son zèle infatigable à poursuivre les voleurs et les assassins, dont le département<br />

était infesté à l’époque où il présidait le tribunal correctionnel ».<br />

L’année suivante, Pierre Wautelée fut réélu dans ses fonctions avec une fois<br />

encore, l’expression de la confiance de l’assemblée (55 voix sur 65 votants).<br />

Aux élections de l’an VII, il brigua une place de député au Conseil des Cinq-Cents<br />

et fut élu au 3 e tour, par l’assemblée mère dont les résultats furent validés. Pierre<br />

Wautelée n’était pas le candidat soutenu par le commissaire du Directoire, François<br />

Mallarmé, qui, le 25 germinal an VII (14 avril 1799), dans une correspondance<br />

confidentielle au ministre de l’Intérieur, donnait un portrait peu flatteur du nouvel<br />

élu, par dépit peut-être, car son candidat avait été écarté : « Ledit Wautelée n’a<br />

que des moyens très ordinaires, peu d’éloquence, mais beaucoup d’intrigue ; il<br />

est l’ennemi juré du gouvernement et il en décrie les opérations partout où il se<br />

trouve en assurant que l’ancienne France ne contient pas assez d’honnêtes gens<br />

pour remplir les fonctions publiques ».<br />

Charles Doutrepont, député du département de la Dyle au Conseil des Cinq-<br />

Cents, n’avait pas la même opinion considérant que le choix de l’assemblée avait<br />

été bon.<br />

Après le coup d’Etat de brumaire an VIII, comme un certain nombre de ses<br />

collègues législateurs, Pierre Wautelée fut replacé dans les nouveaux tribunaux<br />

et se retrouva juge et président de section au Tribunal d’appel de Bruxelles.<br />

Comme magistrat, Pierre Wautelée était fort apprécié. François Beyts*, procureur<br />

général près la Cour d’appel de Bruxelles, écrivait à son propos : « Aucun autre<br />

[magistrat] ne lui est comparable ni pour la sévère exactitude de sa logique, ni<br />

pour son expérience des affaires, ni pour son aplomb dans tous les actes de la<br />

magistrature ; il parle et écrit les deux langues, il est également versé dans les<br />

matières civiles et criminelles et il aime la travail ».<br />

Grâce à ses qualités, il fut choisi comme président de la première chambre de<br />

la Cour impériale de Bruxelles lors de la réforme de 1811, et quand François<br />

Beyts fut désigné pour présider la Cour impériale de Hambourg, Pierre Wautelée<br />

assuma la présidence de la Cour de Bruxelles ad intérim.<br />

318


Le 20 avril 1817, il fut officiellement nommé président de la Cour Supérieure de<br />

Bruxelles, nouvelle dénomination de cette juridiction d’appel. Sa réputation de<br />

jurisconsulte était unanimement reconnue, et d’après un rapport confidentiel du<br />

greffier de la Cour Supérieure, on le considérait comme impartial, mais il passait<br />

pour avoir peu d’amis vu son verbe cru et acerbe. Il était craint de tout le monde<br />

et ses ennemis lui reprochaient de passer toutes ses après-midi à boire de la bière<br />

dans un cabaret de Saint-Josse-ten-Noode.<br />

Comme il avait été amené à siéger dans les procès politiques dirigés contre les<br />

journalistes opposés au roi Guillaume I er au cours des années 1828-1829, et qu’il<br />

s’était montré un partisan résolu de sa politique linguistique, Pierre Wautelée fut<br />

une des premières victimes de l’épuration, qui frappa les juridictions bruxelloises<br />

après la Révolution de 1830. Il fut révoqué par le Gouvernement Provisoire dès le<br />

2 novembre, et vécut ensuite dans la retraite jusqu’à sa mort.<br />

Il avait épousé à Bruxelles le 10 prairial an VII (29 mai 1799), une jeune fille<br />

issue de la noblesse brugeoise, Thérèse-Caroline de Vivero (Bruges 25 juin<br />

1778-Bruxelles 9 avril 1847), fille de Maximilien-Hyacinthe de Vivero et de<br />

Marie Le Gillon. Le couple eut quatre enfants :<br />

Guillaume-Auguste (Bruxelles 12 messidor an VIII-30 juin 1800-Bruxelles 26<br />

juillet 1869). Après avoir obtenu un doctorat en droit de l’Université de Leiden,<br />

il fut nommé substitut au tribunal de Turnhout, puis juge au tribunal de Bruges.<br />

Révoqué comme son père en 1830, il s’installa alors à Bruxelles comme avocat.<br />

• Adolphe (Bruxelles le 22 brumaire an X-13 novembre 1801-Bruges 23 avril<br />

1856). Après avoir obtenu une licence en droit, il fut nommé substitut du<br />

procureur du Roi à Termonde le 13 juin 1825, et juge à Anvers le 10 août<br />

1827. Egalement révoqué en 1830, il devint avocat au barreau de Bruxelles,<br />

puis s’installa à Bruges où il fut conseiller communal et lieutenant colonel<br />

commandant la légion de la Garde civique de Bruges. Comme son frère aîné,<br />

il resta célibataire.<br />

• Jeanne-Ernestine-Natalie née à Bruxelles le 27 février 1816, elle décéda en<br />

bas âge.<br />

• Jeanne-Augustine-Natalie (Bruxelles 18 octobre 1822-Ixelles ?), qui épousa<br />

le 24 juillet 1851, Hippolyte-Hubert Legrand (Ixelles 3 janvier 1813-Ixelles<br />

?) fils de Nicolas-Hippolyte Legrand, propriétaire, et de Catherine Van der<br />

Elst.<br />

Son père ayant fait de mauvaises affaires, Pierre Wautelée refusa sa succession,<br />

mais grâce à son mariage et une politique d’économie poursuivie tout au long de<br />

sa vie, il parvint à rassembler une fortune confortable.<br />

319


Sa femme lui avait apporté un beau patrimoine immobilier : près de 145 hectares<br />

de terres avec trois petites fermes, et une plus importante de 40 hectares, toutes<br />

situées dans les environs de Bruges, ainsi que deux maisons l’une à Ostende,<br />

l’autre à Bruges.<br />

Les époux Wautelée continuèrent cette politique d’acquisition immobilière en<br />

Flandre occidentale : quatre petites fermes, cinq autres plus étendues de 15 à 30<br />

hectares, des terres et des prairies pour au total 202 hectares. Ils avaient aussi<br />

acheté à Bruxelles, une belle maison rue du Bois Sauvage, estimée à 60.000<br />

francs.<br />

A.N., AF/III/225, BB/5/ 274, F/1cIII/Dyle/1 ; A.G.R., Administration centrale<br />

du département de la Dyle, n° 1356 et 1400, Enregistrement et Domaines du<br />

Brabant, n° 3.160/187, déclaration de succession de Pierre Wautelée 19 juillet<br />

1848 ; F. BETERAMS, The High Society…, p. 15 ; F.V. GOETHALS, Dictionnaire<br />

généalogique et héraldique, Bruxelles, 1850, t. III, p. 687-690 ; J.B. <strong>LA</strong>MEERE,<br />

Aenteekeningen van merkweerdige geschiedenissen voorgevallen binnen Loven<br />

(en omliggende)-1734-1835, Louvain, 1986, p. 17 et 354 ; Ph. VAN HIL<strong>LE</strong>,<br />

Het Hof van Beroep van Brussel…onder het Frans Bewind, Handzame, 1970,<br />

p. 15 ; Ph. VAN HIL<strong>LE</strong>, Het Hof van Beroep te Brussel…onder het Nederlands<br />

Bewind…, Tielt, 1981, p. 83.<br />

WIL<strong>LE</strong>MS Guillaume-Hippolyte (Louvain 5 janvier 1756-Berchem-Sainte-<br />

Agathe 22 septembre 1813).<br />

La vie de Guillaume Willems témoigne de ces ascensions sociales bourgeoises,<br />

dont les grands notables du département de la Dyle offrent plusieurs exemples.<br />

Son père, Guillaume Willems (Louvain-Saint-Michel-23 janvier 1724- Louvain<br />

22 janvier 1806), reçu bourgeois de Louvain le 26 novembre 1745, avait été admis<br />

au sein du métier des merciers et épiciers le 16 juin 1749. Il avait épousé Marie-<br />

Catherine Schoeps (Louvain -Saint-Pierre-13 juin 1729- Louvain 20 août 1786),<br />

fille d’un marchand mercier.<br />

Guillaume Willems fit ses études de droit à l’Université de Louvain. Il prêta<br />

serment comme avocat au Conseil de Brabant le 3 octobre 1780, et s’installa à<br />

Bruxelles.<br />

Ses idées et l’exercice d’une profession commune le rapprochèrent de<br />

l’avocat Vonck dont il devint un familier. Quand les partisans de la Révolution<br />

brabançonne, qui avaient chassé les Autrichiens des Pays-Bas méridionaux en<br />

1789, se divisèrent l’année suivante, Guillaume Willems fut jeté en prison par<br />

les conservateurs ou statistes, qui désormais persécutaient les démocrates ou<br />

vonckistes. Libre au bout de quelques semaines, il reprit la charge de son cabinet.<br />

320


Après la victoire de Jemappes, il se tint sur la réserve. En effet, on ne le trouve ni<br />

parmi les représentants de la ville de Bruxelles, ni au sein de la Société des Amis<br />

de la Liberté et de l’Egalité de la ville.<br />

A l’époque de l’annexion des départements belges, Guillaume Willems était<br />

recommandé au commissaire du Directoire, Louis Bouteville, comme étant un<br />

“… avocat ayant beaucoup d’esprit et de connaissances qui serait très propre<br />

à un emploi judiciaire “. Guillaume Willems préféra toutefois la pratique de<br />

son cabinet, où il comptait parmi sa clientèle, la noblesse émigrée. C’est ainsi<br />

qu’en messidor an VI, comme fondé de pouvoir de plusieurs absents, il adressa<br />

au Directoire, un mémoire contestant l’application de la loi du 25 brumaire an<br />

III (15 novembre 1794) antérieure à l’annexion de la Belgique, aux émigrés des<br />

départements réunis.<br />

Aux élections de germinal an VI, il fut choisi par l’assemblée électorale du<br />

département de la Dyle, comme haut juré après le désistement de l’ancien<br />

conventionnel Crassous. Cette élection montre l’ambiguïté de la position de<br />

Guillaume Willems, à la fois homme de confiance des conservateurs, et recueillant<br />

les suffrages d’une assemblée à majorité républicaine.<br />

En effet, Guillaume Willems entretenait les meilleures relations avec le clergé<br />

belge. La mise en vigueur dans les départements réunis de la loi du 7 germinal<br />

an IV (27 mars 1796) interdisant aux prêtres le port en public de l’habit<br />

ecclésiastique et l’exercice du culte, s’ils ne prêtaient pas serment de fidélité aux<br />

lois de la République, provoqua une vive agitation et des mesures de rétorsion<br />

de la part des autorités. Pour obtenir le rétablissement de la liberté des cultes,<br />

le clergé belge envoya en prairial an V, l’avocat Willems à Paris, pour nouer des<br />

contacts avec les opposants à la politique religieuse du Directoire. La journée du<br />

18 fructidor mit fin à ses espérances.<br />

Lors de la mise en place des institutions consulaires, Guillaume Willems fut<br />

nommé membre du conseil municipal de Bruxelles le 9 floréal an VIII (29 avril<br />

1800). Il en assura la présidence de floréal an VIII jusqu’au 19 germinal an IX (9<br />

mai 1801), date de sa nomination au sein du Conseil général du département de<br />

la Dyle.<br />

Il en démissionna le 8 thermidor an XI (27 juillet 1803), en même temps que<br />

trois autres conseillers, dont Charles de La Serna* au motif ou sous le prétexte<br />

de n’avoir pas été invité aux fêtes données lors de la visite du Premier Consul à<br />

Bruxelles.<br />

Il fut élu par le collège électoral du département, candidat au Corps législatif en<br />

l’an XII, fut choisi par le Sénat, et entra en fonction en l’an XIII.<br />

321


A cette époque, le préfet du département de la Dyle le décrivait en ces termes :<br />

“Homme intègre, instruit, zélé pour le bien public et attaché au Gouvernement.<br />

On le cite comme un des meilleurs jurisconsultes du département et il est<br />

généralement investi de l’estime publique”.<br />

Quand l’Ordre des avocats près la Cour impériale de Bruxelles fut établi, il figura<br />

à son tableau dès 1811.<br />

Son décès à 57 ans, ne lui permit pas d’assister à la consécration de son ascension<br />

sociale à travers les carrières et les alliances de ses enfants.<br />

Guillaume Willems avait épousé à Bruxelles (Saint-Nicolas) le 9 juin 1780,<br />

Jeanne-Marie-Brigitte-Cornélie Seghers (Bruxelles-Saint-Nicolas-8 octobre<br />

1762-Bruxelles 8 février 1827). C’était la fille d’un négociant, Henri Seghers, et<br />

de Marie-Elisabeth Willems.<br />

Dominique Seghers, son beau-frère, épousa en 1792, Marie-Anne Dotrenge,<br />

sœur de Théodore Dotrenge *.<br />

Les époux Willems-Seghers eurent six enfants :<br />

Henri-Guillaume-Joseph (Bruxelles-Sainte-Gudule-17 avril 1784 -Bruxelles 2<br />

avril 1806 sans alliance.<br />

• Gérard-Xavier-Bernard-Joseph (Bruxelles-Sainte-Gudule-6 septembre<br />

1786-Wamont 20 septembre 1849), qui termina sa carrière comme conseiller<br />

à la Cour des comptes.<br />

• Il avait épousé à Louvain, Elisabeth-Eugénie-Joséphine Prévinaire (Louvain<br />

15 septembre 1807-Saint-Josse-ten-Noode 28 septembre 1870). C’était<br />

la sœur d’Eugène Prévinaire (Louvain 18 octobre 1805-Bruxelles 2 juin<br />

1877) industriel, puis directeur, vice-gouverneur et gouverneur de la Banque<br />

nationale (1850-1877), député de l’arrondissement de Bruxelles (1848-1864)<br />

sur la liste libérale. Elisabeth Prévinaire épousa en secondes noces, le 2 août<br />

1851, à Bruxelles, Florent-Félix-Victor Boudin (Bruxelles 13 fructidor an<br />

XIII-31 août 1805-Pau 5 septembre 1862), notaire du Roi des Belges et<br />

chevalier de l’Ordre de Léopold. C’était le fils de Jean-Louis-Daniel Boudin,<br />

notaire honoraire.<br />

Le seul fils de Xavier Willems, Edmond (Bruxelles 21 janvier 1831-Wespelaer 25<br />

septembre 1895) hérita de son oncle par alliance, Albert Marnef, les brasseries<br />

Artois à Louvain, auxquelles il donna une nouvelle impulsion en y introduisant la<br />

production de bières à fermentation basse. Il fut sénateur pour l’arrondissement<br />

322


de Louvain sur la liste catholique de 1879 jusqu’à son décès, et bourgmestre de<br />

Wespelaer à partir de 1866. Les descendants d’Edmond Willems sont toujours<br />

actionnaires de référence de cette brasserie, qui figure actuellement parmi les<br />

principaux producteurs mondiaux de bière.<br />

Joseph-Dominique (Bruxelles-Sainte-Gudule-30 août 1789-? 1863) fut<br />

successivement, greffier à la Cour Supérieure de Bruxelles, conseiller, puis<br />

président de chambre à la Cour d’appel de Bruxelles. Sans alliance.<br />

• Adélaïde-Marie-Anne (Bruxelles-Finistère-23 septembre 1794-Bruxelles 30<br />

avril 1826), qui épousa à Bruxelles, le 5 août 1816, un ami de la famille,<br />

Guillaume-Hippolyte Van Volxem (Bruxelles 13 février 1791-Bruxelles 17<br />

avril 1868), fils de Jean-Baptiste Van Volxem, avocat, conseiller de Régence à<br />

Bruxelles, directeur de la Société générale pour favoriser l’industrie nationale<br />

et de Jeanne-Caroline de Turck.<br />

• Guillaume Van Volxem fut député pour l’arrondissement de Bruxelles (1837-<br />

1845) sur la liste libérale, ministre de la Justice (1841-1842), bourgmestre<br />

de Bruxelles (1838-1841), administrateur de sociétés, président du Conseil<br />

d’administration de l’Université libre de Bruxelles (1838-1841) et membre<br />

de la loge « Les Vrais Amis de l’Union « à Bruxelles. En secondes noces, il<br />

épousa Félicité, fille de Jacques Marischal*.<br />

Amélie (Bruxelles 29 fructidor an V-15 septembre 1797-Louvain 9 mai 1871),<br />

qui épousa le 30 avril 1823, Albert Marnef (Tirlemont 19 mars 1784-Louvain 12<br />

janvier 1868). Il avait hérité des brasseries Artois et c’était le neveu de Matthieu<br />

Verlat*.<br />

• Eugénie-Henriette (Bruxelles 25 fructidor an VII-11 septembre 1799-château<br />

d’Arthey à Rhisnes 4 septembre 1856), qui épousa à Bruxelles, le 30 octobre<br />

1823, Pierre-Jean Maes (Bruxelles 30 mars 1786- Bruxelles 3 juin 1825,<br />

veuf de Marie-Louise Ternois), avoué au Tribunal de première instance<br />

de Bruxelles. Devenue veuve, elle épousa en secondes noces, le 23 juillet<br />

1829, à Bruxelles, Philippe-François-Gustave de Mévius (Bruxelles 10 mars<br />

1794-château d’Arthey 9 août 1871).<br />

• Un cousin de Guillaume Willems, Joseph-Benoît (Louvain-Saint-Michel-24<br />

janvier 1761-Bruxelles 1844), dont le père, Michel, était perruquier à Louvain,<br />

fit également une belle carrière. Avocat au Conseil de Brabant, il exerça le<br />

barreau à Louvain jusqu’en 1790, puis s’installa à Mons. Il fut nommé substitut<br />

du commissaire du Directoire près les tribunaux du département de Jemappes<br />

le 22 germinal an VII (11 avril 1799). Il devint juge au tribunal criminel de ce<br />

département en l’an VIII, puis conseiller à la Cour impériale de Bruxelles en<br />

1811. Il resta en fonction sous Guillaume I er , avant de démissionner en 1832.<br />

323


Dès la fin de l’Ancien Régime, Guillaume Willems avait établi une solide<br />

clientèle qui lui assurait des revenus importants, puisque il fut taxé dans la 7 e<br />

classe, à l’emprunt forcé de l’an IV, ce qui lui supposait des revenus de l’ordre de<br />

4.000 florins. Il figurait sur la liste des soixante personnes les plus marquantes du<br />

département en 1806, en payant 1.000 francs d’impôts.<br />

Il possédait à Bruxelles, place Saint-Michel, actuellement place des Martyrs,<br />

une maison, dont la valeur locative était évaluée à 520 francs et une maison de<br />

campagne à Berchem-Sainte-Agathe, d’une valeur locative de 650 francs. En<br />

1813, ses revenus étaient évalués à 10.000 francs.<br />

A.N., AF/IV/1426, BB/5/271, BB/6/19 rapport du 24 avril 1811, BB/18/285,<br />

F/1bII/Jemappes/2, F/1cIII/Dyle/2, F/1cIII/Jemappes/2 ; A.G.R., Papiers<br />

Bouteville, n° 418, Administration centrale du département de la Dyle, n° 1.341,<br />

Enregistrement et Domaines du Brabant, n° 278, déclaration de succession du<br />

27 août 1814, Notariat du Brabant, n° 18.214, acte du 7 octobre 1813 du notaire<br />

Stinglamber ; M.-R. <strong>DE</strong>SMED-THIE<strong>LE</strong>MANS, « Le démarrage indusriel dans<br />

l’agglomération bruxelloise avant 1830 », in Bulletin du Crédit communal, n°<br />

149, juillet 1984, p. 53 ; J. NAUWE<strong>LA</strong>ERS, op. cit., t. I, p. 574-576 et t. II, n°<br />

2092 ; P. VERHAEGEN, La Belgique sous la domination française, Bruxelles, t.<br />

II, 1924, p. 326.<br />

324


Remerciements<br />

La rédaction de ces notices a été grandement facilitée par l’aide combien<br />

précieuse de Monsieur André de Walque qui n’a pas ménagé son temps et ses<br />

conseils, de Monsieur Xavier Duquenne qui a mis à notre disposition sa riche<br />

documentation tirée des archives notariales, de Monsieur Benoît Beyer de Ryke<br />

qui a bien voulu analysé la pensée philosophique du baron Beyts, de Monsieur<br />

François Antoine dont le fichier de la vente des biens nationaux nous a été bien<br />

utile, de la Comtesse Suzanne Cornet d’Elzius, de Madame Frédérique Hamm,<br />

directrice des Archives départementales de la Somme, de Messieurs Hubert<br />

Simonart, Joseph Tordoir, Jeroom Vercruysse qui nous ont fourni ponctuellement<br />

des informations, ainsi que Messieurs René Brion et François Libert qui nous ont<br />

ouvert leur documentation maçonnique et tous ceux que nous oublions à regret.<br />

Nos remerciements vont également à Madame Marie-Rose Desmed-Thielemans,<br />

qui a bien volu relire notre manuscrit.<br />

325


Colophon<br />

Direction :<br />

Anne Vandenbulcke, Directrice générale du Département de la Culture<br />

et Thérèse Symons, Directrice Culture et Archiviste-Conservatrice de la Ville de<br />

Bruxelles<br />

Cette publication s’inscrit dans une série initiée par Louis Bergeron, spécialiste de<br />

la période révolutionnaire et impériale et Claude Chaussinaud-Nogaret, auteur de<br />

nombreux ouvrages sur le XVIIIe siècle et de travaux de synthèse sur la noblesse<br />

et les élites (v. Les Masses de Granit. Cent mille notables du Premier Empire,<br />

Paris, 1979). Ils sont tous deux directeurs honoraires à l’Ecole des Hautes Etudes<br />

en Sciences Sociales de Paris. Cette série de travaux sur les Grands Notables du<br />

Premier Empire patronnée par le Centre National de la Recherche Scientifique<br />

en France s’est enrichie de contributions sur divers départements français et<br />

sur trois départements belges rattachés à la France : Sambre-et-Meuse (Cécile<br />

Douxchamps-Lefèvre), Ourthe (Georges Hansotte) et l’Escaut (Conny Devolder).<br />

Comité des éditions des Archives de la Ville de Bruxelles<br />

C. Billen, F. Daelemans, B. de Laveleye, C. Deligne, J.-M. Duvosquel, M. Galand,<br />

D. Guilardian, J. Houssiau, P. Janssens, J.-N. Nandrin, V. Piette, Th. Symons, R.<br />

Vanderhoeven, A. Vandenbulcke, A. Vanrie<br />

Coordination :<br />

Bérengère de Laveleye<br />

Graphisme : BNL Concept sprl<br />

Impression :<br />

Cette publication a été tirée à 100 exemplaires<br />

Dépôt légal : D/2013/9389/1<br />

Archives de la Ville de Bruxelles, rue des Tanneurs 65, 1000 Bruxelles<br />

ISBN : 978-2-87488-012-4<br />

Couverture :<br />

Le Grand salon blanc de l’hôtel Belgiojoso, intégré entre 1816 et 1830 dans le palais<br />

royal de Bruxelles. Salon d’audience du Ministre Plénipotentiaire autrichien, puis<br />

du Préfet de la Dyle. C'est ici que le préfet recevait les notables départementaux.<br />

(photographie réalisée en 1894 par Mary Spencer Warren et conservée aux<br />

Archives du Palais royal de Bruxelles - Hommage Leopold II n°12 - 18).<br />

326


Dans la même collection<br />

1. C. DICKSTEIN-BERNARD, Le livre de la Confrérie de Saint-Jacques d’Overmolen<br />

à Bruxelles (1357-1419), 2005<br />

2. S. JAUMAIN, V. PIETTE (dir.), L’Humour s’en va-t-en guerre. Bruxelles et la caricature<br />

en 14-18, 2005 (également disponible en néerlandais)<br />

3. B. MAJERUS, S. SOUPART, Journal de guerre de Paul Max. Notes d’un Bruxellois<br />

pendant l’occupation (1914-1918), 2006<br />

4. A. <strong>DE</strong>KNOP (dir.), De la ville et ses plaisantes campagnes. Dessins et peintures<br />

de F.- J. Derons et A. Martin, 2007 (également disponible en néerlandais)<br />

5. A. <strong>DE</strong>KNOP, C. GAUTHIER, M. VREBOS, Bruxelles à l’aquarelle. Instantanés 1894-1897.<br />

Jacques Carabain, 2010 (également disponible en néerlandais)<br />

327


328

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!