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Frontalier magazine N° 109 - Avril 2012 - Groupement transfrontalier ...

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EUROPE<br />

Michel Eggs, journaliste à la Tribune de Genève<br />

Le siège du Parlement européen<br />

à Strasbourg vacille<br />

Les pressions pour concentrer les activités des eurodéputés à Bruxelles se multiplient. Un<br />

rapport tente de relativiser le coût financier et environnemental du maintien des deux sites.<br />

Strasbourg (entre 169 et 203 millions d’euros),<br />

la consommation de CO2 (18 884 tonnes),<br />

la surcharge de travail et de stress.<br />

Imaginez la scène : une fois par mois, les<br />

754 eurodéputés, leurs assistants, les<br />

interprètes, la Commission européenne,<br />

une partie de l’administration, des journalistes<br />

et on en oublie, prennent pour quatre<br />

jours le chemin de Strasbourg pour assister<br />

aux séances plénières du Parlement européen.<br />

Cette « transhumance » parlementaire<br />

de plus de 3 000 personnes constitue une<br />

aberration, qui coûte cher en termes financiers,<br />

d’empreinte carbone, voire de santé<br />

des intéressés, clament nombre de députés.<br />

Voilà des années que des voix s’élèvent<br />

pour sacrifier le site de Strasbourg et<br />

concentrer tous les travaux du Parlement<br />

européen à Bruxelles. A défaut de pouvoir<br />

obtenir satisfaction, ils tentent de réduire le<br />

plus possible le poids de Strasbourg. Après<br />

avoir obtenu que le Parlement ne siège plus<br />

en Alsace le vendredi, voilà qu’ils ont fait<br />

voter la réduction de 12 à 11 du nombre<br />

de semaines de sessions organisées à<br />

Strasbourg, les traditionnelles deux séances<br />

d’octobre étant à partir de cet automne<br />

<strong>2012</strong> concentrées en une seule.<br />

Attaques en règle<br />

Symbole de la réconciliation des nations<br />

européennes qui se sont longtemps déchirées<br />

sur les champs de bataille, Strasbourg<br />

accueille depuis 1949 le Conseil de<br />

l’Europe. Lorsque fut créée, en 1952, la<br />

Communauté européenne du charbon et<br />

de l’acier (CECA), esquisse de qui allait<br />

devenir l’Union européenne, le Conseil de<br />

l’Europe mit son hémicycle à la disposition<br />

de l’assemblée parlementaire de la CECA,<br />

devenue plus tard le Parlement européen.<br />

De facto, Strasbourg devint donc le siège<br />

du Parlement européen, statut confirmé par<br />

les chefs d’Etat et de gouvernement à Edimbourg<br />

en 1992, inscrit dans le Traité d’Amsterdam<br />

en 1997 et confirmé par les traités<br />

suivant. Concrètement, Strasbourg est donc<br />

officiellement le siège du Parlement et y<br />

organise douze sessions plénières annuelles,<br />

alors que les séances additionnelles et les<br />

commissions se tiennent à Bruxelles.<br />

Seule une décision unanime des Vingt-Sept<br />

peut ôter à Strasbourg le siège du Parlement<br />

européen.<br />

Cette garantie de siège fait toutefois l’objet<br />

d’attaques en règle. La plus virulente a été<br />

portée par un rapport intitulé « A tale of two<br />

cities » (un conte de deux villes), réquisitoire<br />

en règle contre Strasbourg et en faveur d’un<br />

déplacement du siège à Bruxelles. Parmi les<br />

arguments chocs de ce rapport réalisé à<br />

l’initiative du vice-président britannique du<br />

Parlement européen Mac Millan-Scott, le<br />

surcoût engendré par les déplacements à<br />

La voix de Simone Veil<br />

Ce rapport en a suscité un autre, rendu<br />

public en février dernier par l’Association européenne<br />

des jeunes entrepreneurs (AEJE).<br />

Celle-ci réfute les chiffres avancés par les<br />

anti-Strasbourg, notamment sur le coût<br />

financier et l’impact environnemental du<br />

siège de Strasbourg, qui seraient quatre fois<br />

inférieurs à ceux avancés par le député<br />

MacMillan-Scott. Pour l’AEJE, le coût annuel<br />

du siège de Strasbourg ne serait que de<br />

51,5 millions d’euros, soit dix centimes<br />

d’euro par habitant de l’UE. Et l’empreinte<br />

carbone se limiterait à 4199 tonnes CO2.<br />

L’AEJE reconnaît toutefois les difficultés<br />

d’accès à Strasbourg, très mal desservie,<br />

et recommande une « charte de qualité<br />

hôtelière » pour éviter notamment les excès<br />

tarifaires des hôteliers alsaciens et leur<br />

manque d’accueil.<br />

Le débat est loin d’être clos, surtout en ces<br />

temps où l’austérité est de mise. Et<br />

lorsqu’une voix aussi autorisée et respectée<br />

que celle de Simone Veil dénonce ce<br />

« gâchis de temps et d’argent », on se dit<br />

que Strasbourg a des raisons d’avoir peur.<br />

Des institutions éparpillées<br />

Bruxelles : Conseil de l’Union européenne,<br />

Commission européenne, Comité économique<br />

et social, Comité des régions,<br />

commissions et mini-sessions du Parlement<br />

européen. Strasbourg : Parlement<br />

européen. Luxembourg : Cour de justice<br />

de l’Union européenne, Cour des<br />

comptes, Banque européenne d’investissement,<br />

Secrétariat général du Parlement<br />

européen et ses services, sessions d’avril,<br />

juin et octobre du Conseil de l’UE, divers<br />

services de la Commission européenne<br />

(Eurostat, traduction, etc.). Francfort :<br />

Banque centrale européenne. La Haye :<br />

Office européen de police (Europol).<br />

42 <strong>Frontalier</strong> <strong>magazine</strong> N° <strong>109</strong> - <strong>Avril</strong> <strong>2012</strong>

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