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Le livre Blanc (pdf) - Ifec

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En partenariat avec<br />

<strong>Le</strong> Label RSE de Référence<br />

Présentent leur<br />

<strong>livre</strong> blanc<br />

LA RESPONSABILITÉ SOCIALE D’ENTREPRISE<br />

EST UNE SOURCE DE RICHESSE<br />

ET DE PERFORMANCE POUR LES PME<br />

OU COMMENT CRÉER DE LA RICHESSE<br />

EN ALLIANT LA RSE ET LE PILOTAGE<br />

DES ACTIFS IMMATÉRIELS ?<br />

Auteur : Alan Fustec<br />

Juillet 2012


LA RESPONSABILITÉ SOCIALE D’ENTREPRISE<br />

EST UNE SOURCE DE RICHESSE<br />

ET DE PERFORMANCE POUR LES PME<br />

OU COMMENT CRÉER DE LA RICHESSE<br />

EN ALLIANT LA RSE ET LE PILOTAGE<br />

DES ACTIFS IMMATÉRIELS ?<br />

Alan Fustec<br />

Juillet 2012<br />

Livre <strong>Blanc</strong> édité par l’Agence LUCIE et l’IFEC • Juillet 2012<br />

3


PRÉFACE<br />

« Nous devons reconsidérer la notion de richesse, d’actifs<br />

et de performance… pour mieux piloter et développer<br />

la valeur des entreprises »<br />

Par François Jégard<br />

Expert-comptable / Commissaire aux comptes<br />

Président de la Commission « Responsabilité Sociale des Entreprises & Innovations » de l’IFEC.<br />

Nous sommes intimement persuadés que les démarches de RSE constituent un<br />

puissant effet de levier pour les entreprises et une forte source de compétitivité.<br />

Aujourd’hui la valeur d’une entreprise réside plus dans sa capacité d’adaptation<br />

et dans son agilité pour affronter<br />

des marchés à venir, que dans<br />

l’évaluation de sa capacité à reproduire<br />

à l’identique les cash-flows de<br />

trésorerie qu’elle a su générer dans<br />

le passé. <strong>Le</strong>s deux tiers de la valeur<br />

d’une entreprise sont généralement<br />

constitués par des actifs immatériels.<br />

Pourtant la plupart des<br />

tableaux de bord élaborés pour piloter<br />

la performance des entreprises<br />

ignorent encore le suivi de leurs<br />

valeurs immatérielles.<br />

Lancement du partenariat entre la commission RSE<br />

& Innovation de l’IFEC et le label RSE de référence<br />

LUCIE, lors du salon Produrable.<br />

François Jégard, Bruno Pireyn<br />

L’IFEC invite les Experts-comptables<br />

à revenir en force au cœur de leur<br />

métier de conseil, notamment en<br />

matière de contrôle de gestion,<br />

d'outils de pilotage budgétaire ou<br />

stratégique et d’intégrer dans ces<br />

outils des données non-financières utiles au développement d’une politique RSE<br />

adaptée à chacune des entités conseillées. Ces travaux contribuent à renforcer<br />

durablement les relations client/cabinet et permettent d’aborder, au-delà des<br />

performances chiffrées, les décisions stratégiques que doivent prendre les chefs<br />

d'entreprise pour assurer le développement à long terme de leurs activités.<br />

C’est dans cet esprit que l’IFEC et le Label LUCIE ont décidé, à l’occasion de la<br />

semaine du développement durable d’avril 2012, de promouvoir ensemble les<br />

démarches de RSE auprès des PME et des TPE.<br />

Je remercie très sincèrement Alan Fustec pour la rédaction de ce <strong>livre</strong> blanc qui<br />

démontre de manière très pédagogique tout l’intérêt que représente pour une PME<br />

d’adopter une démarche innovante de RSE ainsi que la valorisation et le pilotage<br />

de ses actifs immatériels, complément indispensable des outils de pilotage<br />

financier.<br />

L’IFEC entraîne résolument les Experts-comptables et Commissaires aux comptes<br />

à développer dans leur cabinet et au cœur de leur métier une démarche RSE<br />

constructive, pragmatique et raisonnée. L’IFEC a notamment publié la Charte du<br />

cabinet responsable, un cahier pratique dédié à la RSE dans les cabinets et mis en<br />

place des cycles de formation dédiés aux thématiques RSE : bilan carbone,<br />

Tour de France de la valorisation des entreprises par leur actifs immatériels,<br />

fil d’information twitter (<strong>Ifec</strong>_RSE) etc.<br />

La commission « Responsabilité Sociale des Entreprises & Innovations » de l’IFEC<br />

accueille en son sein celles et ceux qui souhaitent agir concrètement pour le<br />

développement de la RSE dans les cabinets et chez leurs clients.<br />

Rejoignez nos groupes de réflexion. Vous êtes les bienvenus !<br />

Contact :<br />

f.jegard@jegard.com<br />

www.twitter.com/<strong>Ifec</strong>_RSE<br />

4 RSE et Actifs Immatériels : l’avenir des PME<br />

Livre <strong>Blanc</strong> édité par l’Agence LUCIE et l’IFEC • Juillet 2012<br />

5


SOMMAIRE<br />

Préface page 4<br />

Avant-Propos page 7<br />

• L’agence LUCIE et l’IFEC<br />

en quelques mots<br />

• Présentation de l’auteur<br />

1<br />

INTRODUCTION :<br />

CHRONIQUE DE GRANDS<br />

CHANGEMENTS ANNONCÉS page 9<br />

2<br />

METTRE EN ŒUVRE<br />

LA RSE DANS UNE PME<br />

Qu’est-ce que la RSE ? page 12<br />

Des exemples concrets de contenu page 15<br />

Conduire un projet de RSE page 19<br />

3<br />

LA RELATION ENTRE RSE<br />

ET PERFORMANCE ÉCONOMIQUE<br />

Une relation à plusieurs facettes page 21<br />

Impact de la RSE<br />

sur le compte de résultat page 23<br />

Impact de la RSE<br />

sur la valeur de l’entreprise page 24<br />

• Qu’est-ce que le capital immatériel ?<br />

• Capital immatériel et RSE<br />

4<br />

CONCLUSION :<br />

CONSÉQUENCES POUR L’EXPERT-<br />

COMPTABLE ET LE COMMISSAIRE<br />

AUX COMPTES page 35<br />

AVANT-PROPOS<br />

A propos de l’Agence LUCIE<br />

Créée en 2009 à l’initiative de Qualité France Association (fédération d’associations<br />

de consommateurs créatrice de labels et de certificats de qualité<br />

depuis 65 ans), l’agence LUCIE a pour vocation d’administrer le label LUCIE. Ce<br />

label témoigne de l’engagement d’une organisation en matière de Responsabilité<br />

Sociétale selon les lignes directrices de l’ISO 26 000. L’Agence assure en outre,<br />

la promotion des organisations labellisées par des actions de communication<br />

mutualisées, anime la communauté des labellisés et met à leur disposition une<br />

large base de connaissances sur les différentes thématiques du Développement<br />

Durable.<br />

Sites web : www.labellucie.com et www.membres.labellucie.com<br />

L’agence LUCIE a pour partenaires stratégiques l’AFNOR et VIGEO qui réalisent<br />

les audits de RSE préalables à la délivrance du Label. L’AFNOR est actionnaire<br />

de l’Agence, aux côtés de QFA notamment.<br />

A propos de l’IFEC<br />

L’IFEC, le syndicat représentatif de l’ensemble de la profession comptable.<br />

Créé en 1962, et fort de ses 50 ans d’existence, l’IFEC, Institut Français des<br />

Experts-comptables et des Commissaires aux comptes, est le premier syndicat<br />

patronal de la profession comptable. Avec plus de 4.000 adhérents, répartis<br />

dans 27 sections régionales, l’IFEC représente tous les modes d’exercice de la<br />

profession d’Expert-comptable et de Commissaire aux comptes, et toutes les<br />

tailles de cabinet.<br />

Fortement investi dans le développement de la RSE (Responsabilité Sociale /<br />

Sociétale des Entreprises) auprès des cabinets d’expertise comptable et de<br />

commissariat aux comptes et de leurs clients, l’IFEC dispose d’une commission<br />

« RSE et Innovations » qui propose aux professionnels concernés une approche<br />

pragmatique et innovante de RSE adaptée aux problématiques spécifiques des<br />

professionnels du chiffre et du conseil.<br />

6 RSE et Actifs Immatériels : l’avenir des PME<br />

Livre <strong>Blanc</strong> édité par l’Agence LUCIE et l’IFEC • Juillet 2012<br />

7


L’Institut a publié un Cahier Pratique dédié à la RSE, propose des formations<br />

spécifiques aux problématiques de RSE et de développement durable (Bilan<br />

Carbone, Valorisation des entreprises par les actifs immatériels…) et est à<br />

l’origine de nombreuses publications, conférences, congrès et partenariats<br />

sur ces sujets.<br />

1<br />

INTRODUCTION :<br />

CHRONIQUE DE GRANDS<br />

CHANGEMENTS ANNONCÉS<br />

Pour en savoir plus, Twitter : www.twitter.com/<strong>Ifec</strong>_RSE / IFEC_RSE , www.ifec.fr<br />

Contact : Henriette de Talhouët, Responsable Pôle Etudes et Publications,<br />

139 rue du Faubourg St-Honoré, 75008 Paris - Tél : 01 42 56 83 19<br />

hdetalhouet@ifec.fr<br />

A propos de l’auteur<br />

Alan Fustec est président fondateur du cabinet de<br />

conseil Goodwill-Management, spécialisé en Capital<br />

Immatériel et Responsabilité Sociale des Entreprises.<br />

Ce cabinet, créé en 2003, compte à ce jour 14<br />

collaborateurs. Il est également directeur général de<br />

l’Agence LUCIE qui dé<strong>livre</strong> le label du même nom,<br />

premier label français de Responsabilité Sociale des<br />

Entreprises. Il est, par ailleurs, personnalité associée<br />

du CESE (Conseil Economique, Social et Environnemental)<br />

; directeur scientifique de l’Observatoire de<br />

l’immatériel et enseignant à HEC.<br />

Il est ingénieur agronome et docteur en biologie.<br />

Il est formateur à l’IFEC.<br />

L’humanité, en ce début de 21 ème siècle a initié une profonde<br />

remise en cause de ses modes de fonctionnement. Ce mouvement,<br />

mondial, est né d’une triple prise de conscience largement partagée<br />

aujourd’hui.<br />

PREMIÈRE PRISE DE CONSCIENCE : la dégradation de notre<br />

milieu de vie, la biopshère, est rapide, alarmante et ne se résume pas<br />

au réchauffement climatique : en France, 80 % des eaux de surface<br />

et 57 % des nappes phréatiques sont polluées 1 . Sur les 8 700<br />

décharges officielles de l’Union Européenne, 1,2 milliard de tonnes<br />

de déchets s’accumulent dont une partie est extrêmement toxique<br />

(mercure, toluène, benzène…) 2 . Ainsi, la pollution de l’air, de l’eau et<br />

des sols entraîne une explosion de pathologies nouvelles chez<br />

l’homme : le nombre de cancers a augmenté en France de 63 % en<br />

20 ans 3 . La progression de certaines pathologies animales est également<br />

inquiétante : la mortalité des abeilles, dans certaines régions,<br />

peut atteindre 10 fois la normale 4 . Rappelons qu’elles contribuent par<br />

la pollinisation à la survie et à l’évolution de 80 % des plantes.<br />

La cause de surmortalité des abeilles tient à plusieurs facteurs parmi<br />

lesquels : le parasite Varroa, la raréfaction des sources d’alimentation<br />

liée à l’agriculture intensive, la baisse de la biodiversité végétale<br />

et l’impact des pesticides (5 000 substances chimiques commercialisées<br />

sont pathogènes ou mortelles pour les abeilles).<br />

1<br />

MNHN- Futura Sciences.<br />

2<br />

Eurostat.<br />

3<br />

Approche méthodologique du lien avec l’environnement – coll. Inserm 2005.<br />

4<br />

Agence Française pour la sécurité sanitaire des aliments – Rapport "Mortalités, effondrements<br />

et affaiblissements des colonies d’abeilles" 2008.<br />

8 RSE et Actifs Immatériels : l’avenir des PME Livre <strong>Blanc</strong> édité par l’Agence LUCIE et l’IFEC • Juillet 2012 9


SECOND CONSTAT : L’épuisement des ressources naturelles<br />

concerne presque tous les domaines. La désertification touche<br />

1/3 des terres émergées 5 et la superficie mondiale des surfaces<br />

cultivables stagne depuis 2000 tandis que la population croît de<br />

1,2 % par an 6 . 75 % des stocks halieutiques sont surexploités 7 et<br />

les réserves connues de nombreux métaux seront, au rythme<br />

actuel de consommation, épuisés dans un avenir proche : Or : 17<br />

ans, Argent : 13 ans, Cuivre : 31 ans, Zinc : 17 ans, Plomb : 22 ans,<br />

Palladium : 15 ans 8 . S’ajoute à cette liste, bien sûr, la question du<br />

pétrole.<br />

TROISIÈME RÉALITÉ : La misère persiste. Malgré le développement<br />

rapide de l’économie mondiale et la croissance régulière<br />

du PIB du plus grand nombre des pays de la planète, 925 millions<br />

d’êtres humains souffrent de sous-alimentation. Plus de 3,5<br />

milliards d’individus sont victimes de malnutrition (carences en fer,<br />

iode, vitamine A) 9 . 2 habitants de la planète sur 3 courent le risque<br />

de manquer d’eau douce à brève échéance (consommation<br />

multipliée par 6 en 20 ans 10 ). Un quart de l’humanité (2,5 milliards de<br />

personnes) consomme une eau polluée parce que nous produisons<br />

mille fois plus de produits chimiques qu’en 1935 et qu’une<br />

grande partie finit dans l’eau 11 . En outre, 250 millions d’enfants dans<br />

le monde travaillent dans des conditions épouvantables 12 .<br />

Si la prise de conscience a bien eu lieu comme le montre l’émergence<br />

du concept de développement durable (tenue régulière de<br />

sommets organisés par l’ONU ou encore, en France, le Grenelle<br />

de l’environnement) nous pouvons constater que le vrai passage<br />

à l’acte est encore à venir. <strong>Le</strong>s progrès constatés au cours de la<br />

dernière décennie sont malheureusement bien trop lents au<br />

regard des enjeux : une majorité écrasante des indicateurs<br />

précités poursuivent leur dégradation régulière.<br />

5 6 7<br />

Saquet Anne-Marie Atlas mondial du développement durable, Autrement, 2002.<br />

8<br />

Sciences et Vie hors Série N° 243 Juin 2008.<br />

9<br />

Rapport Annuel d’activité 2010 Action contre la Faim.<br />

10<br />

Laurent de Bartillat et Simon Retallack, Stop, le Seuil, 2003.<br />

11<br />

Laurent de Bartillat et Simon Retallack, Stop, le Seuil, 2003.<br />

12<br />

Selon Unicef.<br />

La somme des bonnes raisons sociales et environnementales qui<br />

militent pour une mise en œuvre rapide du développement durable<br />

ne semble donc pas suffisante malgré son ampleur.<br />

Je suis, compte tenu de mes fonctions, en relation permanente<br />

avec des centaines de PME françaises. J’observe que, dans les<br />

PME, la progression est encore assez lente. Cela s’explique<br />

notamment par la crainte des dirigeants de voir la performance<br />

économique de leur entreprise dégradée par l’ajout de nouveaux<br />

coûts et de nouvelles contraintes liées à la mise en œuvre de ce<br />

que l’on appelle la RSE (Responsabilité Sociale / Sociétale des<br />

Entreprises) qui est la déclinaison du développement durable dans<br />

le monde marchand.<br />

Ces constats globaux comme locaux permettent de formuler<br />

plusieurs pronostics pour le futur :<br />

1 • <strong>Le</strong> développement durable et la RSE ne sont pas des modes<br />

passagères. La question pour le dirigeant n’est plus de savoir<br />

s’il faut intégrer ces concepts dans sa stratégie mais de savoir<br />

comment le faire ;<br />

2 • La montée en puissance de la RSE va s’accélérer et est en train<br />

de devenir un élément incontournable dans l’inconscient<br />

collectif. Demain l’entreprise qui sera restée à l’écart sera<br />

disqualifiée ;<br />

3 • <strong>Le</strong>s dirigeants peuvent avoir, au sujet de la RSE, des idées<br />

reçues qui sont fausses. Ils peuvent, par exemple, penser que<br />

c’est une somme de coûts et de contraintes. Il est important de<br />

leur fournir à ce sujet des informations objectives et de les<br />

aider à changer de point de vue.<br />

Dans ce contexte, la vocation du présent <strong>livre</strong> blanc est triple :<br />

Présenter ce que peut être une démarche RSE pour une PME<br />

Montrer que l’engagement renforce la performance<br />

économique<br />

Exposer les opportunités que cela représente pour l’Expertcomptable<br />

ou le Commissaire aux comptes<br />

10 RSE et Actifs Immatériels : l’avenir des PME<br />

Livre <strong>Blanc</strong> édité par l’Agence LUCIE et l’IFEC • Juillet 2012<br />

11


2<br />

METTRE EN ŒUVRE LA RSE<br />

DANS UNE PME<br />

QU’EST-CE QUE LA RSE ?<br />

La mise en place d’une politique de responsabilité sociale dans<br />

une entreprise vise à établir un mode de fonctionnement qui<br />

respecte toutes les parties prenantes (les clients, les salariés, les<br />

fournisseurs, l’environnement, etc.) et qui prenne en compte leurs<br />

intérêts.<br />

La norme ISO 26 000 13 publiée le 1 er Novembre 2010 est désormais<br />

le référentiel mondial de la RSE (ou de la RSO – Responsabilité<br />

Sociétale des Organisations), qu’elle définit comme : « la responsabilité<br />

d’une organisation vis-à-vis des impacts de ses décisions<br />

et activités sur la société et sur l’environnement, se traduisant par<br />

un comportement transparent et éthique qui :<br />

• Contribue au développement durable, y compris à la santé<br />

et au bien-être de la société,<br />

• Prend en compte les attentes des parties prenantes,<br />

• Respecte les lois en vigueur et est en accord avec les normes<br />

internationales de comportement,<br />

• Est intégré dans l’ensemble de l’organisation et mis en œuvre<br />

dans ses relations. »<br />

13<br />

L’ISO 26 000 en bref : Norme internationale de responsabilité sociétale des organisations. Elle définit<br />

un cadre pour les organisations souhaitant adopter un comportement responsable en matière sociale<br />

et environnementale. Cette norme d’un nouveau genre, parue le 1 er novembre 2010, a pour spécificité<br />

d’être non-certifiable, contrairement à d’autres normes internationales comme l’ISO 9 001 (qualité) ou<br />

l’ISO 14 001 (management environnemental). Basée sur des recommandations et non sur des exigences,<br />

sa vocation est de définir les grandes thématiques de la RSE applicables à une organisation<br />

et non d’évaluer un niveau de performance dans ces domaines. C’est la raison pour laquelle des labels<br />

nationaux, comme LUCIE, alignés sur l’ISO 26 000 sont nécessaires pour apporter la preuve d’un<br />

niveau d’engagement réel et sérieux en la matière.<br />

Au travers de cette définition, trois concepts majeurs qui fondent<br />

la RSE sont clairement révélés : en premier lieu son rattachement<br />

au développement durable ; en second lieu sa prise en compte de<br />

l’éthique que l’on peut aussi traduire de façon vulgarisée comme<br />

« la volonté de prendre en compte les intérêts de toutes les<br />

parties prenantes » ; en troisième lieu, la volonté d’intégrer ces<br />

concepts et pratiques au cœur de l’ADN de l’entreprise et non pas<br />

à sa surface.<br />

Cette norme internationale, publiée au terme de 5 ans de discussion<br />

impliquant 90 pays, comporte 7 questions centrales :<br />

1 • Gouvernance de l’organisation,<br />

2 • Respect des droits de l’homme,<br />

3 • Respect des salariés,<br />

4 • Respect de l’environnement,<br />

5 • Bonnes pratiques des affaires,<br />

6 • Respect des consommateurs et clients,<br />

7 • Engagement pour la société civile.<br />

Fig. 1 : <strong>Le</strong>s 7 questions centrales de l’ISO 26 000<br />

Environnement<br />

Approche holistique<br />

Engagement<br />

sociétal<br />

Questions<br />

relatives aux<br />

consommateurs<br />

Gouvernance<br />

Organisation<br />

de l’organisation<br />

Droits de<br />

l’Homme<br />

Bonnes pratiques<br />

des affaires<br />

Interdépendance<br />

Relations<br />

et Conditions<br />

de travail<br />

12 RSE et Actifs Immatériels : l’avenir des PME<br />

Livre <strong>Blanc</strong> édité par l’Agence LUCIE et l’IFEC • Juillet 2012<br />

13


La PME qui entend mettre en œuvre une démarche de RSE de<br />

manière réelle et sérieuse fait en sorte que sa stratégie, ses<br />

politiques et ses modes de fonctionnement prennent en compte<br />

les exigences de ces 7 chapitres et des thématiques qui les<br />

composent.<br />

Nous ne présenterons pas ici tous ces sujets (ou domaines<br />

d’action, selon la terminologie de l’ISO 26 000).<br />

En voici toutefois une illustration : les “domaines d’action“ de la<br />

question centrale 4 relative à l’environnement.<br />

• Domaine d’action 1 : Prévention de la pollution ;<br />

• Domaine d’action 2 : Utilisation durable des ressources ;<br />

• Domaine d’action 3 : Atténuation des changements climatiques<br />

et adaptation ;<br />

• Domaine d’action 4 : Protection de l’environnement, biodiversité<br />

et réhabilitation des habitats naturels.<br />

Il y a, au total, 37 domaines d’action dans l’ISO 26 000 répartis dans<br />

les 7 chapitres précités.<br />

<strong>Le</strong> simple exposé de ces domaines d’action montre à quel point<br />

une démarche RSE est de nature à provoquer une profonde mutation<br />

des modes de fonctionnement d’une PME. En effet, la politique<br />

commerciale, la gestion des ressources humaines, les relations<br />

avec la société civile, etc., sont impactées par une démarche RSE.<br />

De prime abord ces impacts peuvent générer, chez le dirigeant,<br />

une forme d’inquiétude liée à l’ampleur des changements que cela<br />

pourrait occasionner.<br />

Mais en réalité, sur de nombreux points, sans le savoir, les entreprises<br />

qui sont attirées par le concept de RSE agissent naturellement<br />

de façon conforme aux recommandations de l’ISO 26 000. En outre,<br />

comme nous le verrons plus bas, ces modes de fonctionnement<br />

sont rentables.<br />

DES EXEMPLES CONCRETS DE CONTENU<br />

POUR LES POLITIQUES SOCIALES<br />

ET ENVIRONNEMENTALES<br />

Un grand nombre d’approches ou de méthodologies permettent à<br />

l’entreprise de progresser dans la réduction de ses externalités<br />

environnementales.<br />

En voici quelques exemples :<br />

L’éco-efficacité vise à rendre l’entreprise moins énergivore, moins<br />

consommatrice de matière première et moins productrice de<br />

déchets sans remettre en cause son système de production. <strong>Le</strong>s<br />

progrès constatés peuvent être considérables. Par exemple, au<br />

cours des dernières années le TPS (Toyota Production System)<br />

a permis, dans les usines du groupe, de réduire de 18 % la consommation<br />

d’énergie et de 22 % la consommation d’eau.<br />

L’écoconception est un concept différent qui vise à revoir<br />

totalement la conception du produit afin que celui-ci garde ses<br />

fonctions pour l’utilisateur mais avec un impact environnemental<br />

nettement réduit. Il est, par exemple, nécessaire de mettre en<br />

place une démarche d’écoconception pour concevoir, puis<br />

réaliser un bâtiment à énergie positive, c’est-à-dire qui produit plus<br />

d’énergie qu’il n’en consomme. Il y en a de plus en plus autour de<br />

nous aujourd’hui et leur conception a radicalement changé par<br />

rapport aux pratiques antérieures.<br />

L’économie circulaire vise à produire très peu de déchets soit<br />

parce que les produits sont biodégradables, soit parce qu’ils sont<br />

recyclés. C’est le cas des moquettes proposées par la société<br />

Interface Flor qui recycle elle-même les dalles de moquette usagées.<br />

L’écologie industrielle : c’est une forme élargie d’économie circulaire<br />

: un industriel revend ses excédents ou ses déchets à un<br />

autre industriel pour qui ce sont des ressources. C’est le cas, par<br />

exemple au sein du CEIA (Club d’Ecologie Industrielle de l’Aude) 14<br />

14<br />

Alexandre Dain Analyse et évaluation de la pérennité des démarches d’écologie industrielle et territoriale<br />

– Thèse de Master – Université Sherbrooke et Troye - 2010.<br />

14 RSE et Actifs Immatériels : l’avenir des PME<br />

Livre <strong>Blanc</strong> édité par l’Agence LUCIE et l’IFEC • Juillet 2012<br />

15


où la charcuterie AT France (Troyes) a mis en œuvre une<br />

chaudière qui brûle la graisse de porc (éco-efficacité). Du coup<br />

l’énergie est gratuite et les déchets disparaissent. En outre,<br />

l’entreprise vend une partie de l’énergie qu’elle produit en excédent<br />

à une blanchisserie voisine, la société Dubix.<br />

L’économie positive : Ce concept très ambitieux vise à faire en<br />

sorte que les activités humaines aient non plus des impacts<br />

négatifs mais positifs sur l’environnement. Dans leur <strong>livre</strong> Réparer<br />

la planète, Maximilen Rouer et Anne Gouyon 15 proposent de<br />

multiples solutions d’économie positive : par exemple, ils rapportent<br />

les techniques agricoles de Saveol (leader français de la<br />

production de tomates) qui a remplacé l’usage de pesticides par<br />

des techniques de lutte biologique (les agents qui menacent les<br />

plans de tomates : pucerons, mouches… sont éradiqués par des<br />

insectes amis : coccinelles ou guêpes). En outre, l’entreprise ne<br />

chauffe plus ses serres au gaz mais au bois, etc.<br />

Sur le plan social, le nombre de bonnes pratiques disponibles<br />

qu’une entreprise peut mettre en œuvre est également important.<br />

A nouveau voici quelques exemples :<br />

Sécurité et santé des personnes au travail : c’est une base de la<br />

responsabilité de l’entreprise de ne pas mettre les salariés en<br />

danger à leur poste. A cet égard, notons que les écarts de risque<br />

au travail sont énormes d’une entreprise à l’autre. <strong>Le</strong> taux de<br />

fréquence des accidents du travail (nombre d’accidents par million<br />

d’heures travaillées) est de 29,7 en France. Il atteint 100, voire plus,<br />

dans certaines entreprises mais seulement 5, voire moins, dans<br />

celles qui en ont fait un sujet prioritaire. Par exemple, Air Liquide<br />

malgré ses métiers dangereux est l’une des plus vertueuses<br />

en matière de sécurité avec un taux de fréquence groupe en 2011<br />

de 1,7 16 .<br />

15<br />

Jean-Claude Lattes, 2005.<br />

16<br />

Rapport Annuel de Développement durable 2011.<br />

Formation et employabilité des salariés : la responsabilité de l’employeur<br />

est, par ailleurs, d’aider les salariés à progresser, de maintenir<br />

leurs compétences en phase avec l’évolution des techniques<br />

de sorte qu’ils restent employables dans un monde qui bouge vite.<br />

Ceci passe par les politiques de formation, de mobilité fonctionnelle<br />

(passage d’un métier à l’autre) et de gestion des carrières. En<br />

2009, France Télécom a consacré 5,6 % de sa masse salariale à la<br />

formation 17 alors que la moyenne pour les entreprises de plus de<br />

10 salariés s’établit à 2,9 % 18 et que, pour toutes entreprises<br />

confondues, 26 % des entreprises françaises ne forment pas leurs<br />

salariés 19 .<br />

<strong>Le</strong>s conditions de travail et le climat au travail : en dehors des<br />

sujets qui impactent la santé et la sécurité des salariés, l’entreprise<br />

responsable cherche à ce que les conditions de travail (confort,<br />

espace, bruit, éclairage, ergonomie des outils…) soient bonnes et<br />

que le climat de travail soit positif. Certaines entreprises sont citées<br />

en référence sur ce thème comme le montre le classement Great<br />

Place to Work qui distingue (top 5) : Pepsico, Microsoft, Mars Percare<br />

and Food, Davidson Consulting et <strong>Le</strong>roy Merlin (Classement 2012).<br />

La Rémunération et les avantages : ce thème est bien sûr essentiel<br />

puisqu’il constitue la première motivation pour travailler. Dans ce<br />

domaine, l’entreprise responsable s’assure que les conditions de<br />

rémunération et les avantages qu’elle accorde (congés, primes,<br />

avantages en nature) sont en phase avec les standards de sa profession<br />

et que les conditions sont équitables au sein du personnel.<br />

La gestion des carrières : ce point a un fort impact sur le développement<br />

des compétences, la rémunération mais aussi l’entretien<br />

de la motivation et de la satisfaction. Ici, l’entreprise responsable<br />

cherche à offrir de vraies perspectives à ses salariés. Ainsi, chez<br />

Monoprix par exemple, 70 % des cadres sont issus de la promotion<br />

interne 20 .<br />

17<br />

francetelecom.com/fr_FR/presse/communiques/cp090421_fr1.jsp<br />

18<br />

La dépense nationale pour la formation professionnelle continue et l’apprentissage, en 2007 ?<br />

DARES - 2009.<br />

19<br />

Ministère de l’emploi et de la formation.<br />

20<br />

Rapport Annuel de développement durable de Monoprix.<br />

16 RSE et Actifs Immatériels : l’avenir des PME<br />

Livre <strong>Blanc</strong> édité par l’Agence LUCIE et l’IFEC • Juillet 2012<br />

17


La qualité du dialogue social : le dialogue social est une exigence<br />

réglementaire. <strong>Le</strong> simple fait d’avoir des délégués du personnel,<br />

un CE et un CHSCT ne signifie nullement que l’entreprise est<br />

responsable sur ce thème. Tout dépend de la qualité des relations,<br />

de la réalité d’une coopération entre les instances représentatives<br />

du personnel et les dirigeants pour développer l’entreprise. La<br />

simple lecture de quelques comptes rendus de réunion de CE<br />

suffit à se forger une opinion sur la qualité du dialogue social !<br />

Diversité et lutte contre la discrimination : l’entreprise responsable<br />

s’assure que les processus de gestion des ressources<br />

humaines ne font l’objet d’aucune discrimination relative au genre,<br />

à l’origine ethnique ou sociale, aux convictions politiques ou<br />

religieuses, à l’âge ou au handicap. C’est d’autant plus important<br />

que la discrimination est une réalité en France. Selon une étude<br />

publiée par <strong>Le</strong> Défenseur des Droits (ex. Halde), les personnes qui<br />

ont des origines étrangères (notamment maghrébines) ont en<br />

moyenne 22 % de chances de moins d’être convoquées à un<br />

entretien. <strong>Le</strong>s personnes trop jeunes ou trop vieilles ont 42 % de<br />

chances de moins de l’être.<br />

<strong>Le</strong> contenu d’une démarche RSE inclut également de nombreuses<br />

bonnes pratiques, qu’on ne présentera pas afin de ne pas être trop long.<br />

Notons que l’entreprise qui veut approfondir ces questions a à<br />

sa disposition une littérature professionnelle abondante, peut<br />

accéder à des plateformes d’information sur internet, etc. Elle peut<br />

aussi devenir membre d’un club d’entreprises qui engage des<br />

démarches RSE. Il en existe en France un grand nombre parmi<br />

lesquels : Dirigeants Durables en Midi-Pyrénées, Dirigeants<br />

Responsables de l’Ouest, le Réseau Alliances dans le Nord, Idée-<br />

Alsace, l’association GRANDDE à Rouen, etc.<br />

CONDUIRE UN PROJET DE RSE<br />

Pour faire passer l’entreprise d’un niveau donné de maturité à un<br />

niveau plus élevé, la meilleure formule, à mes yeux, consiste à<br />

engager un projet d’entreprise.<br />

L’expérience montre, en effet, que les salariés sont très motivés<br />

pour y participer. Selon une étude de Macif Gestion en 2008 sur<br />

la place de la RSE dans les entreprises du CAC 40, la RSE est un<br />

facteur de motivation des salariés.<br />

Fig. 2 : <strong>Le</strong> synoptique d’un projet RSE<br />

ENTRÉE TRAITEMENT SORTIE<br />

Diagnostic<br />

Autodiagnostic<br />

Identification<br />

de grands enjeux<br />

Dialogue avec les<br />

parties prenantes<br />

<strong>Le</strong> projet de<br />

développement<br />

durable<br />

• Définir le contenu<br />

• Estimer<br />

• Affecter<br />

• Planifier<br />

• Spécifier<br />

• Réaliser<br />

• Mettre en service<br />

• Piloter<br />

• Rendre compte<br />

Changements<br />

effectifs<br />

Et, dès le début ou plus tard,<br />

Système de<br />

management<br />

• Politique (texte)<br />

• Procédures<br />

• Indicateurs<br />

• Actions de pilotage<br />

Ce projet n’est pas une dépense mais un investissement rentable,<br />

comme nous le verrons plus loin. En outre, entendu que la RSE est<br />

un engagement volontaire, les dirigeants peuvent engager les<br />

travaux à leur vitesse. <strong>Le</strong> cadencement du projet peut être lent ou<br />

soutenu : chaque entreprise peut choisir son rythme et progresser<br />

dans le domaine du développement durable sans stress.<br />

Il est toutefois souhaitable de prévoir des modalités qui permettent à<br />

l’entreprise de progresser à long terme malgré les écueils et les<br />

difficultés du quotidien. Un projet RSE est une démarche de longue<br />

haleine qui a pour risque principal l’enlisement. Il faut y être attentif.<br />

18 RSE et Actifs Immatériels : l’avenir des PME<br />

Livre <strong>Blanc</strong> édité par l’Agence LUCIE et l’IFEC • Juillet 2012<br />

19


Pour gérer ce risque, j’ai trouvé une solution assez efficace et je<br />

m’y suis engagé. J’ai décidé, il y a quelques années, de prendre<br />

une participation dans le label LUCIE qui est délivré aux<br />

entreprises qui atteignent un bon niveau de maturité dans leur<br />

engagement en RSE. LUCIE est le premier label Français aligné<br />

sur les exigences de la norme ISO 26 000 qui a la particularité de<br />

n’être pas certifiable (voir précédemment). Cet engagement était<br />

risqué à l’époque car les PME ne se montraient pas toujours très<br />

motivées pour mettre en œuvre des projets RSE de façon<br />

approfondie. Fort heureusement, les choses ont depuis évolué<br />

dans la bonne direction. Mon choix a été motivé par deux raisons<br />

principales :<br />

D’une part, pour aider les entreprises sincères à se distinguer de<br />

celles qui font du “greenwashing”, un label servant de preuve<br />

leur était nécessaire.<br />

D’autre part, le label est un excellent but à atteindre dans le cadre<br />

d’un projet RSE. Il est structurant et motivant pour l’équipe projet<br />

et pour toute l’entreprise dont il récompense les efforts.<br />

Fig. 3 : Échantillon de la communauté LUCIE (Juin 2012)<br />

3<br />

LA RELATION ENTRE RSE ET<br />

PERFORMANCE ÉCONOMIQUE<br />

UNE RELATION À PLUSIEURS FACETTES<br />

Depuis que le concept de développement durable a fait son<br />

apparition dans l’économie, une question-clé se pose. La RSE<br />

crée-t-elle de la valeur ? <strong>Le</strong> sujet est crucial car si la réponse est<br />

positive, toutes les entreprises ont intérêt à mettre en place<br />

des politiques ambitieuses de développement durable. Mais, à<br />

l’inverse, si la réponse est négative, les changements que la<br />

biosphère et la société civile réclament à grands cris risquent<br />

d’être beaucoup trop lents.<br />

Malheureusement, il est impossible de soutenir que, par essence,<br />

la RSE est rentable comme le montre le tableau ci-dessous.<br />

Fig. 4 : les 4 relations possibles entre RSE et rentabilité :<br />

le dirigeant doit chercher la combinaison gagnante (case en<br />

haut droite) pour que son action responsable puisse durer.<br />

ACTIONS<br />

PAS RENTABLES<br />

RENTABLES<br />

RSE<br />

Développement<br />

durable militant<br />

Attention<br />

Actions rentables<br />

et responsables<br />

à maximiser<br />

Comment<br />

agrandir<br />

cette case ?<br />

Pas RSE<br />

Bête et méchant<br />

Zone<br />

de dilemme<br />

éthique<br />

C’est pour cette raison que les dirigeants de PME hésitent parfois<br />

à s’engager : « le développement durable c’est bien mais je suis en<br />

20 RSE et Actifs Immatériels : l’avenir des PME<br />

Livre <strong>Blanc</strong> édité par l’Agence LUCIE et l’IFEC • Juillet 2012<br />

21


compétition avec des entreprises chinoises qui n’en ont que faire.<br />

<strong>Le</strong> jeu n’est pas égal : si je rajoute des actions coûteuses à mon<br />

fonctionnement, je me disqualifie ».<br />

Cette idée doit être combattue car elle est fausse: la mise en œuvre<br />

du développement durable en entreprise, lorsqu’elle est conduite<br />

avec pertinence, entraîne un accroissement de la performance<br />

économique.<br />

Il faut simplement pour y parvenir que l’entreprise prenne en<br />

compte simultanément ses orientations de RSE et les impacts<br />

économiques de ses décisions.<br />

De nombreux dirigeants parmi mes clients qui ont procédé de la<br />

sorte concluent qu’il existe 4 façons de combiner astucieusement<br />

RSE et rentabilité et de se trouver ainsi toujours dans “a bonne<br />

case” du schéma ci-dessus :<br />

1 • Développer l’activité de l’entreprise grâce à des innovations<br />

responsables (action pour une croissance du chiffre d’affaires).<br />

2 • Réduire les consommations (énergie, matières premières…)<br />

et, par conséquent, faire des économies.<br />

3 • Réduire les risques (accidents, gaspillages…) et faire aussi des<br />

économies à long terme.<br />

4 • Développer son capital immatériel.<br />

Fig. 5 : Quatre façons de conjuguer RSE<br />

et performance économique<br />

Pour agrandir la case, on peut :<br />

Vendre plus ou mieux ■<br />

Réduire les dépenses ■<br />

Réduire les risques ■<br />

Améliorer le capital ■<br />

1<br />

2<br />

3<br />

4<br />

Produits éco-conçus :<br />

accroissement du CA<br />

Bâtiments plus sobres<br />

en énergie : économies<br />

La RSE réduit les risques : Generali<br />

propose des contrats d’assurance<br />

à des tarifs préférentiels aux<br />

entreprises engagées dans la RSE<br />

Ainsi voyons-nous que, lorsqu’elle est conduite avec discernement,<br />

la politique de développement durable impacte à la fois le<br />

compte de résultat (accroissement du CA, économies et réduction<br />

des risques) mais qu’elle a également une influence sur la valeur<br />

de l’entreprise au travers de son capital immatériel.<br />

IMPACT DE LA RSE SUR LE COMPTE DE RÉSULTAT<br />

L’un des actionnaires de l’Agence LUCIE, Goodwill-Management,<br />

dont je suis le fondateur et le dirigeant, est un cabinet de conseil<br />

en développement durable spécialisé dans la mesure du capital<br />

immatériel et de la performance économique de la RSE. La planche<br />

ci-après montre quelques bilans économiques que l’entreprise a<br />

réalisés au cours des 7 dernières années. Par exemple :<br />

• Des études relatives aux coûts et aux bénéfices d’une politique<br />

de lutte contre la discrimination et de management de la diversité<br />

ont été réalisées par Goodwill-Management pour le compte<br />

de Adecco, Axa, l’Oréal, Vinci et Orange. <strong>Le</strong>ur conclusion est que,<br />

lorsqu’il est bien géré, l’accroissement de la diversité est rentable<br />

pour l’entreprise.<br />

• A la demande de Carrefour, les coûts et les bénéfices économiques<br />

de la politique qualité de l’enseigne sur les produits de la<br />

marque ont été étudiés. Une fois encore, la conclusion est que la<br />

politique qualité conduite par ce grand groupe est rentable.<br />

• Gecina est l’une des plus grandes foncières françaises. Une<br />

étude de la rentabilité de sa politique de construction responsable<br />

a également montré que celle-ci était rentable.<br />

Amélioration du capital<br />

de savoir de l’entreprise<br />

lié aux innovations<br />

dont les mobiles sont<br />

environnementaux<br />

L’innovation responsable produit<br />

de la richesse immatérielle :<br />

ici des brevets<br />

22 RSE et Actifs Immatériels : l’avenir des PME<br />

Livre <strong>Blanc</strong> édité par l’Agence LUCIE et l’IFEC • Juillet 2012<br />

23


D’autres études illustrées par le tableau ci-dessous aboutissent<br />

à des conclusions analogues.<br />

Fig. 6 : La RSE est rentable à condition de faire les bons choix<br />

Goodwill-management a montré la rentabilité de la RSE dans<br />

de très nombreuses situations<br />

■ Politique qualité : rentable<br />

■ Construction HQE : rentable<br />

■ Plan de GPEC : rentable<br />

■ Politique diversité : rentable<br />

■ Plan transport : rentables<br />

■ Service à la personne : rentables<br />

■ Politique sociétale : rentable<br />

■ Plan de réduction de la production de déchats,<br />

de la consommation d’eau et d’énergie : évidemment rentables<br />

Ainsi, contrairement à une idée reçue, la RSE ne fragilise pas<br />

l’entreprise, elle la renforce.<br />

C’est pour cette raison que l’Agence LUCIE a intégré à son<br />

bouquet de services gratuits pour ses labellisés un programme<br />

de mesure en continu de la rentabilité des actions RSE réalisées<br />

en leur sein.<br />

IMPACT DE LA RSE SUR LA VALEUR DE L’ENTREPRISE<br />

QU’EST-CE QUE LE CAPITAL IMMATÉRIEL ?<br />

Dans l’approche financière classique, la valeur d’une entreprise<br />

correspond à l’actualisation de ses cash-flows futurs.<br />

<strong>Le</strong>s membres de l’Observatoire de l’Immatériel ne remettent pas<br />

ce principe en cause mais y rajoutent un questionnement de bon<br />

sens : D’où vient la rentabilité future ? Quels en sont les facteurs<br />

de production ? La réponse à cette question est évidente : pour<br />

dégager une rentabilité dans le futur, il faut que des clients,<br />

demain comme aujourd’hui, achètent les produits de l’entreprise.<br />

Mais que faut-il pour créer des produits (ou des services) prêts à<br />

la vente ? Des machines, des actifs financiers, des hommes, des<br />

brevets, des marques, une organisation…<br />

Il apparaît donc ici que les actifs d’une entreprise : ses facteurs de<br />

production de la richesse future sont, d’une part, visibles au bilan :<br />

immobilisation, actifs circulants et quelques incorporels mais<br />

sont, d’autre part, en dehors du bilan : les clients, les hommes,<br />

l’organisation, les fournisseurs. C’est ce qui explique que la valeur<br />

d’une entreprise est rarement égale à sa valeur comptable car le<br />

cédant vend tous les actifs requis pour perpétuer le processus de<br />

création de richesse. En effet, l’acquéreur peut se dire « j’achète<br />

des cash-flows futurs » ou encore « j’achète les cash-flows<br />

futurs, qui existent d’ores et déjà à l’état latent, dans ces actifs qui<br />

en sont les facteurs de production ».<br />

Ainsi, l’étude du bilan ne permet pas de cerner la qualité des<br />

facteurs de production de la richesse future. <strong>Le</strong> business plan qui<br />

est un compte de résultat prévisionnel (une promesse) ne le<br />

permet pas non plus.<br />

<strong>Le</strong> capital immatériel est la discipline économique qui vise à<br />

étudier la qualité (ou la valeur) de tous les facteurs de production<br />

de richesse dont une entreprise dispose. Cette approche part<br />

d’une “évidence“ : les finances ne sont pas la source de la<br />

création de richesse mais son résultat. Il est donc plus pertinent,<br />

pour analyser le potentiel d’une affaire de se focaliser sur les<br />

sources de création de richesse, leur qualité, leur solidité, etc.,<br />

plutôt que de mesurer la richesse accumulée par le passé (analyse<br />

du bilan) en partant du principe que les facteurs de production de<br />

richesse d’hier sont intacts pour produire la valeur de demain.<br />

24 RSE et Actifs Immatériels : l’avenir des PME<br />

Livre <strong>Blanc</strong> édité par l’Agence LUCIE et l’IFEC • Juillet 2012<br />

25


A la fin des années 1980, deux auteurs suédois (<strong>Le</strong>if Edvinsson 21 et<br />

Karl Eric Sveiby 22 ) ont engagé une réflexion théorique de premier<br />

plan sur le capital immatériel : la richesse de l’entreprise invisible<br />

dans les états financiers. Ce concept a connu, depuis lors, un fort<br />

développement, notamment en France. Goodwill-Management,<br />

spécialisé dans la mesure du capital immatériel, est l’un des<br />

fondateurs de l’Observatoire de l’immatériel et de l’Ecole Française<br />

de l’Immatériel qui font beaucoup pour promouvoir cette discipline<br />

en France.<br />

Fig. 7 : Un échantillon d’entreprises françaises qui utilisent Thésaurus-Bercy.<br />

Constatons également, sur la figure ci-dessous, qu’au sein de la<br />

valeur des entreprises en bourse, il y a beaucoup “de gaz” : la<br />

valeur des actifs matériels et financiers ne représente, en effet,<br />

que 15 à 22 % de la valeur totale.<br />

Dans le cadre de ses travaux, l’Observatoire de l’immatériel a<br />

produit Thésaurus-Bercy, le référentiel français de mesure du<br />

capital immatériel des entreprises.<br />

Cette méthodologie lui a été commandée par le ministère de l’économie<br />

et des finances en 2009. Elle a été publiée en 2011. Elle identifie<br />

10 classes d’actifs immatériels 25 , indispensables pour amorcer et<br />

perpétuer un processus de création de valeur. Thésaurus-Bercy est<br />

accessible sur le site de l’Observatoire et libre de droits.<br />

Fig. 8 : La valeur des entreprises du CAC 40 est surtout “gazeuse”<br />

Décomposition de la capitalisation boursière du CAC 40<br />

(source Ricol & Lasteyrie)<br />

En Ma €<br />

85 % 85 % 78 %<br />

622<br />

254<br />

170<br />

185<br />

748<br />

280<br />

179<br />

210<br />

138<br />

311<br />

181<br />

175<br />

Selon les travaux de ces structures, la valeur des entreprises est<br />

immatérielle aux 2/3 23 . Retenons, aussi, que la banque mondiale<br />

estime que l’économie française est immatérielle à 86 % 24 !<br />

21<br />

Edvinsson L. and Malone M.S. (1997), Intellectual Capital, Harper Collins Publishers, inc. New York.<br />

22<br />

Sveiby Sveiby K.E. (1997), New Organizational Wealth: Managing and Measuring — validating new<br />

indicators by analyzing application rationales, Elsevier.<br />

23<br />

Fustec, A. et Marois, B. (2006), Valoriser le capital immatériel de l’entreprise, Editions d’Organisation.<br />

24<br />

Kirk Hamilton & al. (2005) Where Is the Wealth of Nations ? Measuring Capital for the XXI Century,<br />

World Bank Publications, Washington.<br />

Survaleur extra-comptable<br />

Goodwill Comptable<br />

Actifs incorporels identifiés<br />

Actifs corporels et financiers<br />

25<br />

Fustec. A. et al (2011), Thésaurus-Bercy : référentiel de mesure de la valeur extra-financière et<br />

financière des actifs immatériels d’entreprises – Rapport au Ministère de l’économie et des<br />

finances. 149 pages.<br />

26 RSE et Actifs Immatériels : l’avenir des PME<br />

Livre <strong>Blanc</strong> édité par l’Agence LUCIE et l’IFEC • Juillet 2012<br />

27


Que faut-il pour fabriquer un produit ? Il faut une liste d’actifs assez<br />

longue où l’on trouvera évidemment des actifs matériels et financiers<br />

(des machines, des bureaux, des tables, des chaises, des réserves<br />

financières permettant de financer le BFR, etc.) mais aussi :<br />

1 • Des clients qui permettront à l’entreprise de se développer s’ils<br />

sont fidéles, solvables, en croissance régulière, etc. ;<br />

2 • Des hommes : que l’on espère compétents, motivés, sociables<br />

et fidèles à l’entreprise, etc. ;<br />

3 • Une organisation : une structure claire, des processus<br />

efficaces, etc. ;<br />

4 • Un système d’information : avec une bonne couverture métier,<br />

un bon niveau de service, une bonne robustesse, etc. ;<br />

5 • Des savoir-faire : dont certains peuvent être protégés par des<br />

brevets ;<br />

6 • Une marque : qui est connue et inspire confiance parce qu’elle<br />

véhicule auprès du client les valeurs, les compétences et la<br />

fiabilité de l’entreprise ;<br />

7 • Des partenaires et fournisseurs : des sous-traitants, des<br />

constructeurs d’ordinateurs ou de voitures, des partenaires<br />

financiers, etc.<br />

Cette liste de 7 actifs représente les composants du fonctionnement<br />

de l’entreprise au quotidien mais il faut en rajouter 3 autres, encore<br />

moins visibles au jour le jour, sans lesquels rien n’est possible :<br />

• <strong>Le</strong>s actionnaires : l’actionnaire est un actif immatériel qu’on ne<br />

voit pas au bilan. <strong>Le</strong> bilan ne fait apparaître que les fonds qu’il a<br />

prêtés à l’entreprise. Mais selon que l’actionnaire est patient ou<br />

non, de bon conseil ou dormant, influent ou inconnu... il n’a pas<br />

la même valeur pour l’entreprise.<br />

• <strong>Le</strong> capital naturel : dans le bilan d’un hôtel de Meribel, on ne voit<br />

pas la neige. Mais s’il n’y a plus de neige à Meribel : la valeur de<br />

l’hôtel fond également ! On voit donc bien que l’environnement<br />

est un facteur de production de richesse indispensable mais<br />

invisible au bilan. C’est donc bien un actif immatériel.<br />

• <strong>Le</strong> capital territorial ou sociétal : l’entreprise a besoin d’un bon<br />

capital sociétal car la délinquance, les tensions sociales voire<br />

les guerres civiles ou les renversements de gouvernements ne<br />

sont pas propices à un bon développement économique.<br />

La bonne compréhension du processus de création de richesse<br />

au cœur duquel se trouve le capital immatériel permet de réconcilier<br />

le manager et le financier. Cette compréhension révèle, en<br />

effet, que la valeur de l’entreprise est composée de trois phases :<br />

• Du solide (les immobilisations)<br />

• Du liquide (les actifs circulants)<br />

• Du gaz (les actifs immatériels)<br />

Et, dans ce cadre, le rôle du dirigeant est, en premier lieu, de<br />

“créer du gaz” : recruter des bons collaborateurs, trouver des bons<br />

clients, mettre au point de bons procédés, etc. Ensuite, à partir de<br />

cette richesse latente (valeur des hommes, des clients, des<br />

brevets, des marques, etc.), le dirigeant doit agir, prendre de<br />

bonnes décisions pour que le gaz devienne du liquide : du cash. Ce<br />

qui revient à dire, selon cette analogie, que le dirigeant est un<br />

compresseur.<br />

<strong>Le</strong> management moderne par la valeur matérielle et immatérielle<br />

impose donc de mesurer en permanence la qualité de son gaz (de<br />

son capital immatériel) et de sa compression (de son management).<br />

L’arbre page suivante (Fig 9) montre la notation (sur 20) du capital<br />

client B to B d’une entreprise selon Thésaurus-Bercy. On y voit<br />

que l’actif client est décomposé en éléments plus simples : le<br />

carnet de commande, la satisfaction des clients, le risque client,<br />

etc. et que chaque élément terminal de l’arborescence reçoit une<br />

note sur 20. <strong>Le</strong>s notes des composants de niveau supérieur<br />

s’obtiennent par des moyennes (composants bleus) ou des multiplications<br />

(composant rouge) ce qui permet de donner une note<br />

de synthèse à l’actif. <strong>Le</strong>s notes sont elles-mêmes obtenues grâce<br />

à une batterie d’indicateurs étalonnés (Fig 10).<br />

28 RSE et Actifs Immatériels : l’avenir des PME<br />

Livre <strong>Blanc</strong> édité par l’Agence LUCIE et l’IFEC • Juillet 2012<br />

29


9 %, instable<br />

Comment évaluer un segment du capital client B to B ?<br />

11<br />

1er client = 12 % CA 0,95<br />

Rex moyen 5 %,<br />

20 % clients : pb tréso 10<br />

Assez bonne 13,5<br />

10 % marge nette<br />

15<br />

moyenne<br />

80 % fidélité<br />

12<br />

70 % satisfaits 9<br />

Fig. 9 : Évaluation extra-financière du capital client<br />

d’une entreprise selon Thésaurus-Bercy<br />

Dynamique<br />

marché<br />

Risque<br />

Richesse<br />

Notoriété<br />

Rentabilité<br />

Pérénité<br />

Satisfaction<br />

11,7<br />

Potentiel<br />

des clients<br />

Flux de valeur<br />

13,5<br />

10,4<br />

Qualités<br />

collectives<br />

14<br />

Carnet<br />

de commande<br />

Qualités<br />

individuelles<br />

moyennes<br />

11,4<br />

Capital<br />

client<br />

Fig. 10 : Exemple d’indicateur étalonné du capital client : le carnet de commande<br />

Note En moyenne le volume du portefeuille est de :<br />

Source Etudes sectorielles + interview dirigeants<br />

Carnet de commande<br />

20 2 fois le volume moyen du secteur 1 an et plus<br />

15 1,5 fois le volume moyen du secteur 6 mois<br />

14<br />

10 Volume moyen du secteur 3 mois<br />

11,9<br />

Si pas de données sectorielles, en<br />

moyenne le volume du portefeuille est de :<br />

Question aux dirigeants<br />

5 0,5 fois le volume moyen du secteur Un mois de CA<br />

0 0 Vide<br />

14<br />

En complément de ces évaluations extra-financières, la méthode<br />

Thésaurus-Bercy, ainsi que d’autres qui en découlent, permettent<br />

aujourd’hui le calcul de la valeur économique des entreprises. La<br />

figure 11 présente, par exemple, l’établissement de la Reference<br />

Value pour des entreprises du CAC 40. La méthode a été dérivée<br />

de Thésaurus-Bercy et adaptée aux grands groupes. C’est une<br />

valorisation de type DCF (Discounted Cash Flows) qui intègre dans<br />

son facteur d’actualisation (en alternative au WACC) la qualité des<br />

actifs immatériels de l’entreprise.<br />

Fig. 11 : Classement des entreprises du CAC 40 établi selon leur capitalisation<br />

en Reference Value ® en M€ (au 7 mars 2012, clôture de la Bourse)<br />

Reference Value Valeur boursière Ecart RV/<br />

Société<br />

cours<br />

En M€<br />

En<br />

de<br />

€/action Capitalisation Cours de<br />

boursière<br />

bourse en<br />

€/action bourse<br />

Total S.A. 139 310 59,1 97 856 41,5 42,4 %<br />

LVMH Moët Hennessy Louis Vuitton 126 203 248,5 63 959 126,0 97,3 %<br />

Sanofi S.A. 118 767 88,6 75 909 56,6 56,5 %<br />

L’Oréal S.A. 95 943 159,6 52 148 86,8 84 %<br />

GDF Suez S.A. 88 706 39,4 43 859 19,5 102,3 %<br />

Danone S.A. 72 659 113,1 33 108 51,6 119,5 %<br />

Electricité de France S.A. 61 333 33,2 33 770 18,3 81,6 %<br />

BNP Paribas S.A. 52 468 43,4 49 752 41,2 5,5 %<br />

Schneider Electricité S.A. 51 118 93,1 26 800 48,8 90,7 %<br />

AXA S.A. 49 174 20,9 27 891 11,8 76,3 %<br />

France Telecom 47 563 18,0 29 191 11,0 62,9 %<br />

Air Liquide S.A. 42 376 149,3 27 240 95,9 55,6 %<br />

Société Générale S.A. 40 761 52,5 18 455 23,8 120,9 %<br />

Vivendi 38 404 30,8 17 268 13,8 122,4 %<br />

ArcelorMittal 31 245 20,0 23 712 15,2 31,8 %<br />

Pernod Ricard S.A. 24 870 93,9 20 651 78,0 20,4 %<br />

Crédit Agricole S.A. 24 659 9,9 11 601 4,6 112,6 %<br />

Renault S.A. 24 169 81,7 11 450 38,7 111,1 %<br />

Compagnie de Saint-Gobain S.A. 23 337 43,6 18 257 34,1 27,8 %<br />

Vinci S.A. 23 013 40,6 21 760 38,4 5,8 %<br />

Sources : Agence RVS et FACTSET.<br />

Selon la Référence Value ® , le CAC 40 serait aujourd’hui à 5 000 points.<br />

30 RSE et Actifs Immatériels : l’avenir des PME<br />

Livre <strong>Blanc</strong> édité par l’Agence LUCIE et l’IFEC • Juillet 2012<br />

31


CAPITAL IMMATÉRIEL ET RSE<br />

La mise en place d’une politique de responsabilité sociale et<br />

environnementale n’a pas pour vocation de développer le capital<br />

immatériel mais de respecter et de préserver toutes les parties<br />

prenantes de l’entreprise (les clients, les salariés, les fournisseurs,<br />

l’environnement, etc.) et de prendre en compte leurs intérêts.<br />

La figure 12 présente 3 façons de voir la même entreprise : celle du<br />

financier, celle de l’analyste RSE et celle de l’analyste immatériel.<br />

Fig. 12 : 3 façons distinctes d’analyser une entreprise<br />

Questions clés<br />

Salariés<br />

Fournisseurs<br />

Clients Actionnaires Environnement<br />

<strong>Le</strong> capital immatériel nous révèle que ces parties prenantes sont<br />

aussi des actifs immatériels, comme nous l’avons vu plus haut pour<br />

le capital naturel :<br />

• Sans neige, les hôtels d’une station de ski perdent de la valeur ;<br />

• <strong>Le</strong>s marées vertes (prolifération d’algues) en Bretagne, liées à<br />

l’excès d’engrais, qui se retrouvent dans les eaux littorales<br />

réduisent aussi l’attractivité des stations balnéaires ;<br />

• L’assèchement des nappes phréatiques peut ruiner tous les<br />

agriculteurs d’une région ;<br />

• Katrina fut un fléau pour toutes les entreprises de la Nouvelle<br />

Orléans, que l’exercice de leur activité ait ou non besoin du<br />

milieu naturel : la SSII a été pénalisée autant que la clinique, que<br />

la banque ou que l’exploitation agricole.<br />

Ainsi, la politique environnementale d’une entreprise est-elle un<br />

plan d’action qui vise à préserver un actif : la nature.<br />

De même, il est évident qu’une entreprise qui agit sans éthique et<br />

qui, de ce fait, épuise son capital humain ou porte atteinte à son<br />

capital client, détruit de la valeur.<br />

La mise en place d’une politique de RSE apparaît donc ici<br />

clairement comme une condition nécessaire à la création ou à<br />

l’entretien de bons facteurs de production de richesse, c'està-dire<br />

au développement du capital immatériel qui préfigure la<br />

génération de cash-flow.<br />

Pour le dire en termes imagés : la RSE permet de préserver la<br />

valeur gazeuse de l’entreprise puisqu’une entreprise qui néglige<br />

ses parties prenantes détruit sa valeur immatérielle.<br />

Analyse<br />

financière<br />

Notation<br />

RSE<br />

Approche<br />

Capital<br />

Immatériel<br />

Quels volumes ?<br />

Quels équilibres ?<br />

Que fait l’entreprise<br />

pour ses parties<br />

prenantes ?<br />

Quelle est la<br />

valeur des parties<br />

prenantes<br />

pour l’entreprise ?<br />

revenus<br />

créances<br />

qualité<br />

satisfaction<br />

éthique<br />

fidélité<br />

santé<br />

rentabilité<br />

charges<br />

respect<br />

salaires<br />

conditions<br />

de travail<br />

fidélité<br />

compétence<br />

motivation<br />

fonds à<br />

rémunérer<br />

gouvernance<br />

transparence<br />

maturité<br />

patience<br />

charges<br />

dettes<br />

équité<br />

vigilance<br />

loyauté<br />

qualité<br />

Ce tableau révèle que la RSE se centre sur ce que l’entreprise fait :<br />

Agit-elle avec éthique ? Respecte-t-elle ses clients, ses salariés,<br />

l’environnement, etc. ?<br />

Mais l’approche Capital Immatériel ne regarde nullement ce que<br />

l’entreprise fait. Elle étudie ce que l’entreprise possède : des actifs.<br />

<strong>Le</strong> grand enseignement de cette analyse est qu’à force d’agir sans<br />

éthique, les actifs finissent par être altérés.<br />

Il est possible de présenter la chose de façon plus comptable : si<br />

l’entreprise veut avoir de bons actifs matériels et immatériels,<br />

quelles sont les contreparties dont-elle doit s’acquitter ? Cette<br />

question nous renvoie à la structure du bilan comptable en regard<br />

de ce que j’ai, j’inscris ce que je dois.<br />

<strong>Le</strong> capital immatériel et la RSE nous amènent à proposer le bilan<br />

étendu des ressources et des emplois : Si je veux un bon capital<br />

naturel, il me faut m’acquitter de ma dette environnementale, etc.<br />

parfois<br />

une charge<br />

protection<br />

précautions<br />

valeur<br />

emplacements<br />

et ressources<br />

32 RSE et Actifs Immatériels : l’avenir des PME<br />

Livre <strong>Blanc</strong> édité par l’Agence LUCIE et l’IFEC • Juillet 2012<br />

33


Demain un autre bilan ?<br />

Fig. 13 : Présentation comptable de la relation<br />

entre capital immatériel et RSE<br />

4<br />

CONCLUSION<br />

Solide<br />

Liquide<br />

Gazeux<br />

J’AI<br />

Immobilisations<br />

Actifs circulants<br />

Capital client<br />

Capital humain<br />

Capital partenaire<br />

Capital de savoir<br />

Valeur des marques<br />

Capital organisationnel<br />

Système d’information<br />

Capital sociétal<br />

Capital naturel<br />

JE DOIS<br />

Fonds propres<br />

et goodwill<br />

Dettes Partenaires<br />

Dettes Sociales<br />

Dettes Sociétales<br />

Dettes Environnementale<br />

RSE<br />

Nous retiendrons enfin ici qu’introduire le développement durable<br />

en entreprise n’est pas une condition suffisante pour créer de la<br />

valeur : ce n’est pas parce qu’une entreprise respecte ses clients<br />

qu’elle a un bon capital client, ni parce qu’elle se montre responsable<br />

avec ses salariés qu’elle a un bon capital humain. Ce n’est<br />

non plus parce qu’elle respecte l’environnement qu’elle a un bon<br />

capital naturel.<br />

<strong>Le</strong> management du futur intégrera donc à la fois le management de<br />

la RSE (agir bien) et le management du capital immatériel (avoir<br />

de bons actifs).<br />

CONSÉQUENCES POUR L’EXPERT-COMPTABLE<br />

ET LE COMMISSAIRE AUX COMPTES<br />

La RSE et le capital immatériel constituent indubitablement un relais de<br />

croissance fort et pérenne pour l’Expert-comptable et pour le Commissaire<br />

aux comptes.<br />

En premier lieu, le capital immatériel permet de procéder à des<br />

évaluations plus justes d’entreprise lors de fusions, acquisitions, prises<br />

de participations, etc. <strong>Le</strong>s professions comptables auraient donc tout<br />

intérêt à maîtriser le processus de Due Diligence immatérielle.<br />

<strong>Le</strong>s dimensions extra-financières et financières du capital immatériel<br />

permettent, en second lieu, de rapprocher le point de vue du financier<br />

et celui du dirigeant. Ainsi, l’Expert-comptable peut, grâce au capital<br />

immatériel, accroître la pertinence des conseils qu’il donne tous les<br />

jours au dirigeant en y intégrant une dimension plus managériale.<br />

La RSE est, elle aussi, une aubaine pour ces professions : l’Article 225<br />

du grenelle de l’environnement stipule que les entreprises de plus de<br />

500 salariés ou dont le CA est supérieur à 100 M€ ou dont le total bilan<br />

est supérieur à 100 M€ doivent produire un rapport annuel de<br />

développement durable qui met en évidence leurs impacts sociaux et<br />

environnementaux. Ce rapport est exigible selon la taille de l’entreprise<br />

en 2012, 2013 ou 2014. En outre, la fiabilité des données présentées dans<br />

ce rapport doit être vérifiée par un tiers indépendant.<br />

Il apparaît ici évident que l’Expert-comptable est bien placé pour<br />

proposer ses services dans le cadre de la production du rapport RSE.<br />

De son côté, le Commissaire aux comptes est naturellement positionné<br />

pour procéder aux audits de contenu du rapport.<br />

Je me permets donc ici de formuler, à l’endroit de ces professions, une<br />

recommandation très forte : faites de la RSE et du capital immatériel<br />

des axes stratégiques de développement de vos organisations !<br />

34 RSE et Actifs Immatériels : l’avenir des PME<br />

Livre <strong>Blanc</strong> édité par l’Agence LUCIE et l’IFEC • Juillet 2012<br />

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