Rapport CAS Technologies competitives - D'Dline 2020

Rapport CAS Technologies competitives - D'Dline 2020 Rapport CAS Technologies competitives - D'Dline 2020

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Des technologies compétitives au service du développement durable La conception des assemblages des combustibles nucléaires doit répondre aux exigences des performances en termes de puissance attendue des réacteurs et d’adaptation aux variations imposées par le réseau, de confinement de la radioactivité, de durée de vie, de fiabilité et d’économie. Les matériaux des assemblages sont choisis pour leur résistance aux sollicitations mécaniques et thermiques durant le fonctionnement des réacteurs, leur compatibilité avec le caloporteur (corrosion) et pour leurs caractéristiques neutroniques. AREVA fournit des assemblages de combustible pour les réacteurs à eau légère (REP et REB) et les réacteurs de recherche, et maîtrise le processus complet de leur fabrication. Son dispositif de production implanté en France, en Allemagne et aux États-Unis représente près du tiers des capacités mondiales de fabrication. Un assemblage de combustible peut contenir de 200 kg à 500 kg de matière fissile, en fonction du type d’assemblage. Il est constitué de crayons contenant cette matière fissile et d’un cadre métallique, le « squelette », généralement fabriqué en alliage de zirconium. La première étape consiste à défluorer l’hexafluorure d’uranium (UF 6 ) enrichi pour obtenir une poudre d’oxyde d’uranium (UO 2 ). Ensuite, les techniques de la métallurgie de la céramique permettent de comprimer la poudre pour en faire des pastilles. Celles-ci sont ensuite frittées, c’est-à-dire cuites dans des fours à très haute température (environ 1 700 °C), calibrées à quelques micromètres près et enfin enfilées dans des gaines remplies d’hélium et bouchées à chaque extrémité. Ces « crayons » combustibles contiennent environ 300 pastilles d’uranium chacun et sont insérés dans les structures de l’assemblage. Chaque assemblage comporte, dans le cas du parc de production français, 264 crayons. Selon les types de centrales, le cœur du réacteur comprend entre 157 et 250 assemblages combustibles pour les réacteurs à eau pressurisée. Celui des réacteurs EPR en contient 265. Pour assurer la production électronucléaire française, environ 1 200 tonnes de combustibles neufs sont chargées annuellement dans les 58 réacteurs, nécessitant l’extraction d’environ 8 200 tonnes d’uranium naturel. Le traitement des combustibles usés (voir 3.5) permet de récupérer 96 % des matières contenues dans l’assemblage à sa sortie du réacteur. L’activité de recyclage consiste à utiliser l’uranium et le plutonium issus de ce combustible usé pour la fabrication de nouveaux combustibles, comme le « MOX », mélange d’oxydes d’uranium et de plutonium. Le combustible MOX (mixed oxyde fuel) est un mélange d’environ 93 % de poudre d’uranium appauvri et de 7 % de poudre d’oxyde de plutonium. AREVA est leader mondial en matière de fabrication de combustible MOX avec plus de 1 570 tonnes de métal lourd et plus de 3 000 assemblages produits depuis le démarrage de l’usine AREVA Melox en 1995. Le comportement en réacteur du combustible MOX, obtenu grâce au recyclage du plutonium, est globalement comparable à celui du combustible à l’uranium enrichi. Le combustible MOX est utilisé depuis 1972 en Allemagne, 1984 en Suisse, 1987 en France, 1995 en Belgique. En France, 21 réacteurs sont techniquement adaptés pour recevoir ce type de combustible. Ces réacteurs fournissent 20 % à 25 % de la production électrique nationale. Des demandes d’autorisation d’EDF pour charger d’autres réacteurs sont en cours. La Chine a inscrit le recyclage dans sa politique de Centre d’analyse stratégique - 86 - Août 2012 www.strategie.gouv.fr

Le nucléaire gestion des combustibles usés. AREVA, après avoir réalisé des études exploratoires, est en négociation pour la fourniture à la Chine d’une usine de traitement-recyclage. Aux États-Unis, AREVA, en partenariat avec le Groupe Shaw, poursuit, pour le compte du ministère américain de l’Énergie (DoE), la construction de l’usine MFFF (Mixed Fuel Fabrication Facility) de fabrication de combustible MOX à partir de plutonium d’origine militaire. Ce projet s’inscrit dans le cadre des accords signés entre les États-Unis et la Russie pour recycler le plutonium issu du démantèlement des armes nucléaires déclarées en excès, sous forme de combustible à usage civil. L’exploitant a encore de nombreuses attentes en matière d’amélioration de la performance des assemblages en réacteur, qu’il s’agisse de la fiabilité du combustible en exploitation, des possibilités d’optimisation de la longueur des campagnes, de la flexibilité de la gestion des combustibles permettant de s’adapter aux aléas du système électrique, tout ceci, bien sûr, s’inscrivant dans le respect des critères de sûreté aussi bien en fonctionnement normal, qu’incidentel ou accidentel. Des évolutions relevant d’une R & D industrielle sont donc constamment en cours pour accroître les performances des assemblages (pastilles, gainages, structures) et s’adapter aux évolutions à plus long terme du parc de production. On citera à titre d’exemple de R & D industrielle de moyen terme les recherches sur les matériaux et les technologies de structuration pour limiter les déformations des assemblages au cours des quatre cycles dans les paliers 1 300 MW et N4 (1 450 MW). De telles recherches mettent de 10 à 15 ans à partir de l’idée en centre technologique pour déboucher sur un déploiement industriel (5 à 15 tranches du parc). Elles sont menées principalement par le fabricant de combustibles et l’exploitant de réacteurs avec le concours des centres publics de recherche. La « communauté combustible » poursuit aussi des recherches de plus long terme. On citera à titre d’exemple les matériaux de gainage pour empêcher le dégagement d’hydrogène en cas d’accident grave, ou les recherches sur les matériaux utilisant les nanotechnologies pour les gainages des combustibles de quatrième génération à très haut taux de combustion. Il faut de 20 à 30 ans pour que de telles recherches trouvent une application industrielle, si tant est qu’elles aboutissent. Les technologies de fabrication développées pour les combustibles des réacteurs à eau légère actuels sont matures et seront applicables aux réacteurs de troisième génération, tels l’EPR. De plus, AREVA a développé avec le CEA le procédé COEX qui permet de co-extraire l’uranium et le plutonium puis de réaliser la fabrication d’un combustible MOX avec les procédés classiques. Les différentes étapes unitaires de ce procédé sont d’ores et déjà maîtrisées : il pourrait être utilisé pour fabriquer les combustibles MOX des futurs réacteurs de troisième génération. Par ailleurs, dans le cadre des études sur les réacteurs de quatrième génération, un projet de construction d’un Atelier de fabrication du combustible U/Pu des cœurs (AFC) est associé au projet de réalisation du prototype ASTRID. Des études de faisabilité d’un atelier de fabrication d’assemblages chargés en actinides mineurs (ALFA) permettant la poursuite des expériences de transmutation sont également réalisées. Centre d’analyse stratégique - 87 - Août 2012 www.strategie.gouv.fr

Des technologies compétitives au service du développement durable<br />

La conception des assemblages des combustibles nucléaires doit répondre aux<br />

exigences des performances en termes de puissance attendue des réacteurs et<br />

d’adaptation aux variations imposées par le réseau, de confinement de la<br />

radioactivité, de durée de vie, de fiabilité et d’économie. Les matériaux des<br />

assemblages sont choisis pour leur résistance aux sollicitations mécaniques et<br />

thermiques durant le fonctionnement des réacteurs, leur compatibilité avec le<br />

caloporteur (corrosion) et pour leurs caractéristiques neutroniques.<br />

AREVA fournit des assemblages de combustible pour les réacteurs à eau légère (REP<br />

et REB) et les réacteurs de recherche, et maîtrise le processus complet de leur<br />

fabrication. Son dispositif de production implanté en France, en Allemagne et aux<br />

États-Unis représente près du tiers des capacités mondiales de fabrication.<br />

Un assemblage de combustible peut contenir de 200 kg à 500 kg de matière fissile, en<br />

fonction du type d’assemblage. Il est constitué de crayons contenant cette matière<br />

fissile et d’un cadre métallique, le « squelette », généralement fabriqué en alliage de<br />

zirconium.<br />

La première étape consiste à défluorer l’hexafluorure d’uranium (UF 6<br />

) enrichi pour<br />

obtenir une poudre d’oxyde d’uranium (UO 2<br />

). Ensuite, les techniques de la métallurgie<br />

de la céramique permettent de comprimer la poudre pour en faire des pastilles.<br />

Celles-ci sont ensuite frittées, c’est-à-dire cuites dans des fours à très haute<br />

température (environ 1 700 °C), calibrées à quelques micromètres près et enfin<br />

enfilées dans des gaines remplies d’hélium et bouchées à chaque extrémité. Ces<br />

« crayons » combustibles contiennent environ 300 pastilles d’uranium chacun et sont<br />

insérés dans les structures de l’assemblage. Chaque assemblage comporte, dans le<br />

cas du parc de production français, 264 crayons. Selon les types de centrales, le<br />

cœur du réacteur comprend entre 157 et 250 assemblages combustibles pour les<br />

réacteurs à eau pressurisée. Celui des réacteurs EPR en contient 265.<br />

Pour assurer la production électronucléaire française, environ 1 200 tonnes de<br />

combustibles neufs sont chargées annuellement dans les 58 réacteurs, nécessitant<br />

l’extraction d’environ 8 200 tonnes d’uranium naturel.<br />

Le traitement des combustibles usés (voir 3.5) permet de récupérer 96 % des matières<br />

contenues dans l’assemblage à sa sortie du réacteur. L’activité de recyclage consiste à<br />

utiliser l’uranium et le plutonium issus de ce combustible usé pour la fabrication de<br />

nouveaux combustibles, comme le « MOX », mélange d’oxydes d’uranium et de<br />

plutonium. Le combustible MOX (mixed oxyde fuel) est un mélange d’environ 93 % de<br />

poudre d’uranium appauvri et de 7 % de poudre d’oxyde de plutonium.<br />

AREVA est leader mondial en matière de fabrication de combustible MOX avec plus<br />

de 1 570 tonnes de métal lourd et plus de 3 000 assemblages produits depuis le<br />

démarrage de l’usine AREVA Melox en 1995.<br />

Le comportement en réacteur du combustible MOX, obtenu grâce au recyclage du<br />

plutonium, est globalement comparable à celui du combustible à l’uranium enrichi. Le<br />

combustible MOX est utilisé depuis 1972 en Allemagne, 1984 en Suisse, 1987 en<br />

France, 1995 en Belgique. En France, 21 réacteurs sont techniquement adaptés pour<br />

recevoir ce type de combustible. Ces réacteurs fournissent 20 % à 25 % de la<br />

production électrique nationale. Des demandes d’autorisation d’EDF pour charger<br />

d’autres réacteurs sont en cours. La Chine a inscrit le recyclage dans sa politique de<br />

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