Rapport CAS Technologies competitives - D'Dline 2020
Rapport CAS Technologies competitives - D'Dline 2020 Rapport CAS Technologies competitives - D'Dline 2020
Des technologies compétitives au service du développement durable − − équipés de filtres) n’avaient pas été prises et la prévention du risque hydrogène 1 par la présence d’un gaz inerte dans l’enceinte de confinement a perdu toute efficacité lorsque l’hydrogène produit par la fusion du cœur s’est répandu dans le bâtiment réacteur au lieu de se diluer dans l’atmosphère par les cheminées de rejet ; la gestion locale de la crise a été particulièrement difficile. Les systèmes de communication ont été sévèrement touchés tant à l’intérieur du site qu’à l’extérieur. De plus, les difficultés d’acheminement des ressources matérielles et humaines liées à l’ampleur du phénomène et à la concomitance de la crise affectant les populations, ainsi que la perte d’accès au site par voie de terre, ont laissé l’exploitant dans un grand isolement ; le défaut de positionnement clair et rapide de l’Autorité de sûreté japonaise a été un facteur défavorable tant en ce qui concerne la conduite des actions postaccidentelles que la qualité de la communication. L’articulation des décisions entre le niveau local et le niveau national semble avoir souvent mal fonctionné. Au premier degré, on pourrait conclure qu’un tel accident ne saurait se produire en France : un tsunami de cette ampleur touchant l’un des sites de production électronucléaire français apparaît comme un événement peu imaginable, la France se situant géologiquement dans une catégorie de zone très différente du Japon. Il y a cependant des enseignements à tirer, qui confortent globalement les bases de ce qu’on peut appeler notre culture de sûreté : − − − − sans sous-estimer l’importance de la mise en œuvre des technologies les plus performantes, il faut avoir conscience que, au moins autant que la technologie, c’est la manière dont on combine et gère les différentes ressources matérielles et humaines au sein de chaque centrale et au sein d’un parc de production nucléaire qui permet de bâtir les lignes de défense nécessaires à la sûreté ; les critères de dimensionnement des installations face à des agressions externes (sismicité, inondations, etc.) doivent être périodiquement réévalués en fonction de l’acquisition des connaissances, et les conséquences tirées des réexamens doivent se traduire par les modifications nécessaires des installations et par la vérification régulière de leur conformité ; la capacité de la centrale à revenir à une situation stable suite à un certain nombre d’événements hors dimensionnement doit également être réévaluée ; la gestion du système en situation de crise avec pour objectif ultime la protection des populations doit être optimisée et périodiquement testée. (1) La production d’hydrogène en cas d’accident grave est une spécificité des réacteurs à eau. Face au risque d’explosion et de défaillance de l’enceinte, des recombineurs catalytiques d’hydrogène sont disposés dans l’enceinte des réacteurs à eau pressurisée, réduisant significativement le risque lié à une combustion. Ce domaine nécessite toutefois une R & D sur le long terme pour mieux connaître la distribution de l’hydrogène (répartition et stratification dans l’enceinte de confinement) : il s’agit là d’un enjeu majeur pour prévenir tout risque de combustion de déflagration et, dans les cas extrêmes, de détonation risquant d’affecter l’enceinte de confinement. Centre d’analyse stratégique - 74 - Août 2012 www.strategie.gouv.fr
Le nucléaire 2.2. Les évaluations complémentaires de sûreté après Fukushima et les décisions de l’Autorité de sûreté nucléaire Suite à cet accident, des évaluations complémentaires de sûreté (ECS) ont été lancées par l’ASN, à la demande du Premier ministre et du Conseil européen. Le 15 septembre 2011, les exploitants ont transmis le résultat de leurs analyses qui incluent des propositions pour renforcer la robustesse des installations aux aléas extrêmes supérieurs à ceux retenus dans le référentiel actuel. Sur cette base, l’IRSN a finalisé son rapport d’analyse 1 qui a servi de base aux réunions des groupes permanents « Réacteurs » et « Usines » qui ont eu lieu les 8, 9 et 10 novembre 2011 2 et l’ASN a remis publiquement ses conclusions le 3 janvier 2012. Après avoir constaté que « la catastrophe survenue à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi confirme que, malgré les précautions prises pour la conception, la construction et le fonctionnement des installations nucléaires, un accident ne peut jamais être exclu » 3 , l’ASN rappelle que « l’exploitant est le premier responsable de la sûreté de ses installations. L’ASN assure, au nom de l’État, le contrôle de la sûreté nucléaire, avec l’appui technique de l’IRSN et de ses groupes permanents d’experts » et précise que la démarche engagée « constitue la première étape du processus de retour d’expérience de l’accident de Fukushima, qui pourra prendre une dizaine d’années. Elle est complémentaire de la démarche de sûreté conduite de manière permanente sur la base des référentiels de sûreté applicables ». Les conclusions de l’ASN peuvent être résumées en quelques paragraphes. À l’issue des évaluations complémentaires de sûreté des installations nucléaires prioritaires, l’ASN considère que les installations examinées présentent un niveau de sûreté suffisant pour qu’elle ne demande l’arrêt immédiat d’aucune d’entre elles. Dans le même temps, l’ASN souligne que la poursuite de leur exploitation nécessite d’augmenter dans les meilleurs délais, au-delà des marges de sûreté dont elles disposent déjà, leur robustesse face à des situations extrêmes. L’ASN imposera donc aux exploitants un ensemble de dispositions précisées en annexe à son avis. Elle insiste sur l’importance des mesures suivantes : − − mise en place d’un « noyau dur » de dispositions matérielles et organisationnelles permettant de maîtriser les fonctions fondamentales de sûreté dans des situations extrêmes ; pour les centrales électronucléaires : mise en place progressive, à partir de cette année, de la « Force d’action rapide nucléaire (FARN) » proposée par EDF, dispositif national d’intervention rassemblant des équipes spécialisées et des matériels, pouvant assurer la relève des équipes d’un site accidenté et mettre en œuvre des moyens complémentaires d’intervention d’urgence en moins de 24 heures. Le dispositif sera complètement opérationnel fin 2014 ; (1) Le rapport IRSN est accessible sur le site internet de l’Institut : www.irsn.fr. (2) L’avis et les recommandations des groupes permanents sont accessibles sur le site de l’ASN : www.asn.fr. (3) b76 Autorité de sûreté nucléaire (2011), Rapport sur les évaluations complémentaires de sûreté, décembre. Centre d’analyse stratégique - 75 - Août 2012 www.strategie.gouv.fr
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