Rapport CAS Technologies competitives - D'Dline 2020
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Des technologies compétitives au service du développement durable<br />
La captation de courant à de telles vitesses est particulièrement délicate et nécessite<br />
un travail sur la caténaire : sur ses propriétés physiques et sur son système<br />
d’attache. Il s’agit de repousser le « mur » de la caténaire 1 qui, aujourd’hui, se situe<br />
autour de 580 km/h (avec les tensions actuelles) et permet une vitesse en toute<br />
sécurité à 320 km/h.<br />
Concernant la résistance et la stabilité de la voie, la solution de la voie sur dalle<br />
(développée au Japon et en Allemagne) pourrait se généraliser en France (où l’on<br />
utilise généralement du ballast). Ce type de voie, en test sur une portion de la<br />
LGV Est européenne, coûte plus cher à la construction qu’une voie sur ballast et<br />
nécessite une haute technicité de pose, mais sa durée de vie est très longue (plus<br />
de 100 ans) et ses besoins en maintenance sont très faibles en comparaison avec<br />
une voie sur ballast.<br />
Pour le bruit dynamique du train, au-delà de l’utilisation de rails spéciaux (meulage<br />
acoustique : diminution du bruit de 1-3 dB), on peut se poser la question du<br />
développement de technologies de neutralisation des ondes sonores (le bruit<br />
aérodynamique du train étant la principale source de bruit à haute vitesse). Ces<br />
techniques restent pour l’instant (malheureusement) inefficaces en sites ouverts<br />
(du fait de l’irrégularité de l’onde sonore émise par le train, très difficile à annihiler en<br />
temps réel).<br />
Enfin, le dernier obstacle à surmonter est économique, il concerne la consommation<br />
énergétique du train. Celle-ci croît avec le carré de sa vitesse. Atteindre 500 km/h<br />
conduirait ainsi presque à quadrupler la consommation actuelle du train. Des<br />
progrès pourront être faits pour minimiser cette consommation en améliorant son<br />
coefficient de pénétration dans l’air, mais ils resteront faibles. Un fort surcoût est donc<br />
à prévoir (le train devrait toutefois rester compétitif face à l’avion). Cependant, pour<br />
éviter que ce surcoût ne soit trop lourd à porter pour l’usager, une solution pourrait<br />
être de rallonger les rames pour accueillir davantage de passagers (rames de type<br />
Eurostar). Un redimensionnement des alimentations électriques du train serait<br />
toutefois nécessaire.<br />
À plus long terme (horizon 2050) on peut espérer atteindre la vitesse de 500 km/h<br />
grâce au train à sustentation magnétique. Ce train possède de nombreux avantages<br />
(en comparaison du train roulant) : il peut aller plus vite, il est plus sûr (pas de risque<br />
de déraillement), plus silencieux à basse vitesse (entrée et sortie de gare, zones<br />
urbaines : ce qui peut également laisser envisager une application de type tramway) et<br />
peut franchir des pentes plus fortes. Il est pour le moment utilisé sur une ligne à<br />
Shanghai, et est en démonstration au Japon près d’Otsuki (train Maglev : MAGnetic<br />
LEVitation, détenant le record du monde de vitesse pour un système ferroviaire avec<br />
581 km/h, acquis en 2003). Il existe également un projet de liaison Tokyo-Osaka, mais<br />
il possède un inconvénient majeur : son coût. En effet, pour le moment, du fait des<br />
conditions contraignantes d’utilisation de ce système (très basse température), son<br />
coût de mise en place est prohibitif (environ 32,1 M€/km, stations et trains compris,<br />
contre environ 16,5 M€/km pour la LGV française Rhin-Rhône). La construction de la<br />
(1) Lors de son déplacement le long de la caténaire, le pantographe (qui assure le contact entre le<br />
train et la caténaire) fait vibrer la caténaire, et émet donc une onde. La fréquence et la vitesse de<br />
cette onde dépendent des caractéristiques de la caténaire. Si le pantographe va trop vite (au-delà<br />
de 580 km/h actuellement), il rattrape l’onde qu’il a émise et la dépasse : il franchit le « mur » de la<br />
caténaire et celle-ci se rompt.<br />
Centre d’analyse stratégique - 284 - Août 2012<br />
www.strategie.gouv.fr