Rapport CAS Technologies competitives - D'Dline 2020

Rapport CAS Technologies competitives - D'Dline 2020 Rapport CAS Technologies competitives - D'Dline 2020

15.03.2015 Views

Des technologies compétitives au service du développement durable Les techniques de captage, transport et stockage du dioxyde de carbone (CCS) sont des procédés visant à séparer le dioxyde de carbone de ses sources d’émission, majoritairement industrielles et énergétiques, et à le transporter après purification et compression vers un lieu de stockage où il sera isolé de l’atmosphère sur le long terme, entravant ainsi sa contribution au réchauffement climatique. Ces techniques concernent non seulement le secteur de la production d’électricité (centrales thermiques fonctionnant au charbon, au gaz naturel, à la biomasse ou au fioul) mais également des procédés industriels fortement émetteurs de CO 2 comme la sidérurgie, la cimenterie, la papeterie, le traitement du gaz naturel, la production d’ammoniac et de fertilisants, la production de carburants de synthèse (à partir de biomasse ou de gaz naturel) et d’hydrogène. Les champs d’application sont donc très vastes, de même que le potentiel de réduction des émissions associé à ces techniques, aussi bien au niveau français que mondial. En France, les émissions actuelles combinées de CO 2 du secteur de la production d’électricité et de procédés industriels représentent environ 75 millions de tonnes par an (environ 19 % des émissions de CO 2 nationales). Les acteurs français de la filière sont regroupés au sein du « Club CO 2 », créé en 2002 à l’initiative de l’ADEME. Dans le scénario Blue Map de l’AIE, le CCS, en permettant d’éviter environ 10 GT de CO 2 rejetés dans l’atmosphère, contribue à hauteur de 19 % à la réduction des émissions mondiales en 2050 1 . Le CCS est considéré comme une solution majeure pour la réduction des émissions des sites existants (« carbon lockin »). En complément, il faut tenir compte du potentiel de valorisation du CO 2 , c’est-àdire de son utilisation comme matière première, qui n’est pas négligeable. En effet, le CO 2 est d’ores et déjà utilisé soit sans transformation dans des procédés industriels spécifiques, soit après transformation pour obtenir des produits chimiques. 1 Le captage, transport, stockage de CO 2 1.1. Le captage État des lieux Il existe trois principales méthodes de captage du CO 2 , à divers stades de maturité, et testées à des échelles différentes : la précombustion, la postcombustion et l’oxycombustion. Le déploiement commercial dans les centrales électriques et les procédés industriels concernés est envisagé à partir de 2020 2 , en fonction de l’évolution des verrous techniques, économiques et sociétaux. Il est difficile aujourd’hui de déterminer laquelle de ces trois techniques deviendra majoritaire ; des améliorations doivent être réalisées sur chacune d’entre elles. Une coexistence des différentes voies avec application des technologies de captage pertinentes au cas par cas n’est pas à exclure. (1) Cette contribution du CCS à la réduction des émissions mondiales de CO 2 en 2050 se répartit de la manière suivante : 55 % dans le secteur de la production d’électricité (charbon : 65 % ; gaz naturel : 30 %, biomasse : 5 %) ; 16 % dans l’industrie (sidérurgie, cimenterie, chimie, papeterie) ; 29 % dans le traitement du gaz naturel et production des carburants de synthèse et d’hydrogène. (2) La technique de postcombustion, qui consiste à capter le CO 2 provenant des fumées de combustion (aujourd’hui à l’aide de solvant de types solution d’amines ou d’ammoniac refroidi) est une technique bien connue et maîtrisée dans les procédés de séparation du CO 2 du gaz naturel à la sortie des puits d’extraction. Son application à des centrales thermiques ou des procédés industriels nécessite néanmoins des adaptations importantes des équipements et processus. Centre d’analyse stratégique - 204 - Août 2012 www.strategie.gouv.fr

Captage, transport, stockage et valorisation du CO2 Éléments de coûts Le surcoût engendré par la mise en place du CCS est majoritairement dû au captage du CO 2 , dont la contribution est estimée à plus de deux tiers. Cela s’explique notamment par les coûts d’investissements liés à l’installation des équipements de captage (nécessitant parfois des adaptations importantes du site concerné) et une diminution du rendement de la chaudière de 8 % à 10 % 1 (sites de production d’électricité). Les estimations de coûts disponibles aujourd’hui doivent être validées lors de la mise en place des projets. Elles indiquent une fourchette de 35 à 90 euros par tonne de CO 2 évitée 2 . Des projets intégrés de CCS sur centrale à charbon deviendraient ainsi compétitifs à partir d’un prix d’environ 40 euros par tonne de CO 2 dans le cadre de l’EU ETS. Verrous technico-économiques − Réduction de la pénalité énergétique (optimisation énergétique des procédés de captage et de leur intégration dans les sites de production). Ce verrou a également une importante dimension sociétale : une installation engendrant une surconsommation de combustibles fossiles est perçue de façon négative ; − flexibilité des procédés ; − intégration du captage dans des procédés industriels tels que la production d’acier (l’application du captage pouvant améliorer le rendement de l’installation sous réserve de réussir les adaptations à apporter au procédé de production lui-même). Principaux axes de recherche et d’innovation − − − Développement de nouvelles méthodes de séparation du CO 2 moins énergivores tels que des procédés cryogéniques ou la combustion en boucle chimique ; adaptation des procédés de captage à la variation de charge de la centrale électrique ; développement et déploiement de procédés de captage spécifiques pour les procédés industriels ; − amélioration de l’efficacité énergétique de la compression du CO 2 ; − amélioration du rendement des centrales en l’absence de CCS (les rendements PCI d’une centrale au charbon pulvérisé et d’un cycle combiné gaz naturel pourraient ainsi dépasser respectivement 50 % et 65 % à l’horizon 2030). Acteurs et projets En France, les efforts de recherche, développement et déploiement des technologies de CSCV 3 menés par les acteurs publics et privés sont soutenus notamment par (1) La « pénalité énergétique » des procédés de captage est due à la compression, la régénération du solvant dans le cas de la postcombustion et la production d’oxygène dans le cas de l’oxycombustion. (2) En fonction du procédé et du combustible utilisés. Source : ZEP (Zero Emissions Platform) (2011), The Costs of CO 2 Capture, Transport and Storage, juillet. (3) CSCV : captage, stockage et valorisation du CO 2 . Centre d’analyse stratégique - 205 - Août 2012 www.strategie.gouv.fr

Des technologies compétitives au service du développement durable<br />

Les techniques de captage, transport et stockage du dioxyde de carbone (CCS) sont<br />

des procédés visant à séparer le dioxyde de carbone de ses sources d’émission,<br />

majoritairement industrielles et énergétiques, et à le transporter après purification et<br />

compression vers un lieu de stockage où il sera isolé de l’atmosphère sur le long<br />

terme, entravant ainsi sa contribution au réchauffement climatique. Ces techniques<br />

concernent non seulement le secteur de la production d’électricité (centrales<br />

thermiques fonctionnant au charbon, au gaz naturel, à la biomasse ou au fioul) mais<br />

également des procédés industriels fortement émetteurs de CO 2<br />

comme la sidérurgie,<br />

la cimenterie, la papeterie, le traitement du gaz naturel, la production d’ammoniac et<br />

de fertilisants, la production de carburants de synthèse (à partir de biomasse ou de<br />

gaz naturel) et d’hydrogène. Les champs d’application sont donc très vastes, de<br />

même que le potentiel de réduction des émissions associé à ces techniques, aussi<br />

bien au niveau français que mondial. En France, les émissions actuelles combinées de<br />

CO 2<br />

du secteur de la production d’électricité et de procédés industriels représentent<br />

environ 75 millions de tonnes par an (environ 19 % des émissions de CO 2<br />

nationales).<br />

Les acteurs français de la filière sont regroupés au sein du « Club CO 2<br />

», créé en 2002<br />

à l’initiative de l’ADEME. Dans le scénario Blue Map de l’AIE, le CCS, en permettant<br />

d’éviter environ 10 GT de CO 2<br />

rejetés dans l’atmosphère, contribue à hauteur de 19 %<br />

à la réduction des émissions mondiales en 2050 1 . Le CCS est considéré comme une<br />

solution majeure pour la réduction des émissions des sites existants (« carbon lockin<br />

»). En complément, il faut tenir compte du potentiel de valorisation du CO 2<br />

, c’est-àdire<br />

de son utilisation comme matière première, qui n’est pas négligeable. En effet, le<br />

CO 2<br />

est d’ores et déjà utilisé soit sans transformation dans des procédés industriels<br />

spécifiques, soit après transformation pour obtenir des produits chimiques.<br />

1 Le captage, transport, stockage de CO 2<br />

1.1. Le captage<br />

État des lieux<br />

Il existe trois principales méthodes de captage du CO 2<br />

, à divers stades de maturité, et<br />

testées à des échelles différentes : la précombustion, la postcombustion et<br />

l’oxycombustion. Le déploiement commercial dans les centrales électriques et les<br />

procédés industriels concernés est envisagé à partir de <strong>2020</strong> 2 , en fonction de<br />

l’évolution des verrous techniques, économiques et sociétaux. Il est difficile<br />

aujourd’hui de déterminer laquelle de ces trois techniques deviendra majoritaire ; des<br />

améliorations doivent être réalisées sur chacune d’entre elles. Une coexistence des<br />

différentes voies avec application des technologies de captage pertinentes au cas par<br />

cas n’est pas à exclure.<br />

(1) Cette contribution du CCS à la réduction des émissions mondiales de CO 2<br />

en 2050 se répartit de<br />

la manière suivante : 55 % dans le secteur de la production d’électricité (charbon : 65 % ; gaz<br />

naturel : 30 %, biomasse : 5 %) ; 16 % dans l’industrie (sidérurgie, cimenterie, chimie, papeterie) ;<br />

29 % dans le traitement du gaz naturel et production des carburants de synthèse et d’hydrogène.<br />

(2) La technique de postcombustion, qui consiste à capter le CO 2<br />

provenant des fumées de<br />

combustion (aujourd’hui à l’aide de solvant de types solution d’amines ou d’ammoniac refroidi) est<br />

une technique bien connue et maîtrisée dans les procédés de séparation du CO 2<br />

du gaz naturel à la<br />

sortie des puits d’extraction. Son application à des centrales thermiques ou des procédés<br />

industriels nécessite néanmoins des adaptations importantes des équipements et processus.<br />

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