Rapport CAS Technologies competitives - D'Dline 2020

Rapport CAS Technologies competitives - D'Dline 2020 Rapport CAS Technologies competitives - D'Dline 2020

15.03.2015 Views

Des technologies compétitives au service du développement durable En revanche, en Russie, en Asie (en particulier en Chine), en Amérique du Sud et en Afrique, le potentiel de développement de l’hydroélectricité pour la production d’énergie est considérable et les tendances technologiques sont aux turbines de grande puissance. La France possède une grande expérience dans ce domaine, sur les turbines hydrauliques (Alstom est le leader mondial) mais également sur la conception, la construction et l’exploitation des ouvrages hydrauliques. 1.3. Le gaz naturel Les centrales à cycle combiné à gaz (CCG) sont aujourd’hui en plein développement, d’une part car elles offrent des alternatives économiquement raisonnables aux pays qui ne retiennent ni l’option du nucléaire ni celle de centrales à charbon plus fortement émettrices de CO 2 . D’autre part, leur faible durée de construction et leur souplesse d’exploitation offrent des possibilités de régulation des systèmes électriques face aux aléas liés à la demande et à la part croissante des énergies intermittentes dans la production d’électricité. Les performances atteintes par les CCG sont aujourd’hui remarquables : la montée en charge est très rapide (de l’ordre de 10 minutes à puissance réduite et 30 minutes à puissance maximale) et les rendements atteignent les 60 %, ce qui est bien supérieur (de près de 40 %) aux 34-35 % de rendement moyen des centrales à charbon actuellement en exploitation. De telles performances sont obtenues grâce à l’amélioration des turbines à gaz, notamment de leur rendement : utilisation de matériaux particulièrement thermorésistants, mise au point de techniques de refroidissement avancées permettant de limiter les besoins en air de refroidissement. En revanche, dans une perspective à long terme, ce déploiement risque d’être freiné par l’accès aux ressources, très concentrées, par la volatilité des prix du gaz et par l’instabilité des coûts de production qui en résulte (les prix du gaz représentant une part considérable de ceux-ci). Les émissions de méthane 1 associées à l’extraction et au transport du gaz ne sont pas non plus négligeables : selon certaines études, les centrales à cycle combiné gaz émettraient autant de gaz à effet de serre que les centrales à charbon. Les hydrocarbures non conventionnels, les hydrocarbures de roche-mère en particulier, font l’objet depuis peu d’un intérêt marqué, à juste titre : les enjeux sont conséquents puisque les réserves de gaz de roche-mère, pour ne mentionner qu’elles, pourraient être deux fois plus importantes que celles des gaz conventionnels (ce qui équivaut à plus d’une centaine d’années de consommation supplémentaire au rythme de consommation actuel). Ces ressources sont connues de longue date mais c’est la combinaison des techniques de forage horizontal et de fracturation hydraulique qui a permis de rendre économiquement rentable leur exploitation. Il s’agit d’une véritable révolution qui bouleverse le paysage énergétique mondial, ne serait-ce qu’en raison de la probable autosuffisance énergétique qu’elle conférera au continent nordaméricain d’ici quelques années. Le recours à ces nouveaux gisements est en effet déjà une réalité aux États-Unis, où les gaz de roche-mère représentent près de 30 % de la production nationale de gaz naturel, avec pour conséquence une nette diminution des prix du gaz (environ de moitié). Le prix du gaz est ainsi deux fois plus faible qu’en Europe, ce qui apporte aux entreprises américaines un surcroît de compétitivité non négligeable. Cependant, les expériences nord-américaines, menées (1) Le méthane a une capacité radiative 20 à 100 fois supérieure à celle du CO 2 selon sa durée de séjour dans l’atmosphère, de sorte que 1 % de fuites a plus d’impact que la combustion des 99 % restants. Centre d’analyse stratégique - 16 - Août 2012 www.strategie.gouv.fr

Synthèse générale de façon hâtive et peu respectueuses de l’environnement, ont conduit à une forte suspicion des opinions publiques, notamment en France. La fracturation hydraulique n’est pas moins une technologie mature qui semble pourvoir être mise en œuvre de manière responsable. Seuls une expertise pluraliste permettant un retour d’expérience technique et juridique et un dialogue permanent avec les populations locales et les associations d’environnement pourront conduire en France à l’exploitation de cette ressource. L’enjeu est important : l’exploitation de ces gaz pourrait en effet réduire le déficit de notre balance commerciale de cinq milliards d’euros chaque année 1 . Dans une perspective à long terme, les obstacles à une exploitation rationnelle des ressources d’hydrocarbures non conventionnels devraient pouvoir être levés. Il n’en demeure pas moins que l’utilisation du gaz naturel pour la production d’électricité est génératrice de gaz à effet de serre, dans sa combustion (dioxyde de carbone) comme pour sa production et son transport (fuites de méthane). 1.4. Le charbon Le charbon va continuer de tenir une place importance sur la scène internationale pour la production d’électricité : 40 % en 2030 dans le scénario de référence du World Energy Outlook 2011 de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Ainsi, l’amélioration du rendement des centrales à charbon, notamment grâce aux centrales à charbon supercritiques 2 , est un point important, d’autant que sur ce secteur la France dispose d’une technologie qu’elle développe à l’étranger (mais non sur le territoire national). Le rendement moyen actuel du parc mondial des centrales à charbon, toutes générations confondues, s’établit à environ 34-35 %. Cette moyenne recouvre cependant des disparités importantes par régions, selon l’âge moyen des centrales : pour les pays qui disposent d’un parc de centrales anciennes, le rendement moyen est faible (inférieur à 30 % dans les pays d’Europe de l’Est), alors qu’il est de l’ordre de 44 % à 45 % pour les centrales nouvelles (notamment en Chine). À titre d’ordre de grandeur, améliorer le rendement d’une centrale à charbon de 10 points équivaut à réduire de 20 % ses émissions de CO 2 . L’enjeu est donc important et on peut estimer que la réhabilitation à l’horizon 2010-2015, avec les meilleures technologies disponibles, de toutes les centrales existantes dans le monde permettrait de réduire les émissions mondiales de CO 2 de 1,5 Gt à 2 Gt par an. Outre l’amélioration du rendement, la question cruciale reste la maîtrise des technologies de captage et stockage du carbone (CCS, Carbon Capture and Storage), qui se pose de manière encore plus vive que pour le gaz. Des projets de démonstration de centrales thermiques avec CCS intégré sont en cours mais leur développement à grande échelle ne saurait vraisemblablement intervenir avant 2030 : au-delà des difficultés techniques et de l’amélioration nécessaire des conditions économiques de sa (1) Leteurtrois J.-P., Pillet D., Durville J.-L. et Gazeau J.-C. (2012), Les hydrocarbures de roche-mère en France, Conseil général de l’économie, de l’industrie, de l’énergie et à des technologies (CGEIET), Conseil général de l’environnement de l’énergie et des technologies et du développement durable (CGEDD), rapport initial, février. (2) L’adjectif « supercritique » caractérise l’état de la vapeur d’eau c’est-à-dire qu’elle se trouve des conditions de température et pression particulières : au-delà de la température critique (374 °C) et de la pression critique de l’eau (221 bars). Les rendements atteints avec les centrales à charbon (houille) supercritiques peuvent avoisiner les 45 %. Centre d’analyse stratégique - 17 - Août 2012 www.strategie.gouv.fr

Des technologies compétitives au service du développement durable<br />

En revanche, en Russie, en Asie (en particulier en Chine), en Amérique du Sud et en<br />

Afrique, le potentiel de développement de l’hydroélectricité pour la production<br />

d’énergie est considérable et les tendances technologiques sont aux turbines de<br />

grande puissance. La France possède une grande expérience dans ce domaine, sur<br />

les turbines hydrauliques (Alstom est le leader mondial) mais également sur la<br />

conception, la construction et l’exploitation des ouvrages hydrauliques.<br />

1.3. Le gaz naturel<br />

Les centrales à cycle combiné à gaz (CCG) sont aujourd’hui en plein développement,<br />

d’une part car elles offrent des alternatives économiquement raisonnables aux pays<br />

qui ne retiennent ni l’option du nucléaire ni celle de centrales à charbon plus fortement<br />

émettrices de CO 2<br />

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d’exploitation offrent des possibilités de régulation des systèmes électriques face aux<br />

aléas liés à la demande et à la part croissante des énergies intermittentes dans la<br />

production d’électricité. Les performances atteintes par les CCG sont aujourd’hui<br />

remarquables : la montée en charge est très rapide (de l’ordre de 10 minutes à<br />

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les 60 %, ce qui est bien supérieur (de près de 40 %) aux 34-35 % de rendement<br />

moyen des centrales à charbon actuellement en exploitation. De telles performances<br />

sont obtenues grâce à l’amélioration des turbines à gaz, notamment de leur<br />

rendement : utilisation de matériaux particulièrement thermorésistants, mise au point<br />

de techniques de refroidissement avancées permettant de limiter les besoins en air de<br />

refroidissement. En revanche, dans une perspective à long terme, ce déploiement<br />

risque d’être freiné par l’accès aux ressources, très concentrées, par la volatilité des<br />

prix du gaz et par l’instabilité des coûts de production qui en résulte (les prix du gaz<br />

représentant une part considérable de ceux-ci). Les émissions de méthane 1 associées<br />

à l’extraction et au transport du gaz ne sont pas non plus négligeables : selon<br />

certaines études, les centrales à cycle combiné gaz émettraient autant de gaz à effet<br />

de serre que les centrales à charbon.<br />

Les hydrocarbures non conventionnels, les hydrocarbures de roche-mère en<br />

particulier, font l’objet depuis peu d’un intérêt marqué, à juste titre : les enjeux sont<br />

conséquents puisque les réserves de gaz de roche-mère, pour ne mentionner qu’elles,<br />

pourraient être deux fois plus importantes que celles des gaz conventionnels (ce qui<br />

équivaut à plus d’une centaine d’années de consommation supplémentaire au rythme<br />

de consommation actuel). Ces ressources sont connues de longue date mais c’est la<br />

combinaison des techniques de forage horizontal et de fracturation hydraulique qui a<br />

permis de rendre économiquement rentable leur exploitation. Il s’agit d’une véritable<br />

révolution qui bouleverse le paysage énergétique mondial, ne serait-ce qu’en raison<br />

de la probable autosuffisance énergétique qu’elle conférera au continent nordaméricain<br />

d’ici quelques années. Le recours à ces nouveaux gisements est en effet<br />

déjà une réalité aux États-Unis, où les gaz de roche-mère représentent près de 30 %<br />

de la production nationale de gaz naturel, avec pour conséquence une nette<br />

diminution des prix du gaz (environ de moitié). Le prix du gaz est ainsi deux fois plus<br />

faible qu’en Europe, ce qui apporte aux entreprises américaines un surcroît de<br />

compétitivité non négligeable. Cependant, les expériences nord-américaines, menées<br />

(1) Le méthane a une capacité radiative 20 à 100 fois supérieure à celle du CO 2<br />

selon sa durée de<br />

séjour dans l’atmosphère, de sorte que 1 % de fuites a plus d’impact que la combustion des 99 %<br />

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